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Ibtissam DAKIRANE
I- Le financement de l’économie :
Les activités économiques de production et de consommation nécessitent un apport financier
initial, que les entrepreneurs ou les ménages ne possèdent pas forcement : on dit qu’ils ont un
besoin de financement. Il faut alors se tourner vers les apporteurs de capitaux que sont les
banques ou les investisseurs financiers privés qui ont une capacité de financement.
A- Capacité́ de financement
On dit qu'un agent dégage « une capacité de financement » lorsque ses revenus (ou recettes)
sont supérieurs à ses besoins (ou dépenses). Il présente donc un solde positif,
ses ressources étant supérieures à ses emplois (consommation ou investissements).
Ressources > Emlpois => « Capacité de financement »
On distingue trois principales catégories d'agents économiques ayant désornais avoir une
capacité de financement :les ménages, les entreprises, et l'Etat.
Parmi ces trois catégories, seuls les ménages présentent habituellement une situation d'excédent
de financement. En effet, même si les ménages ont des besoins de financement à court terme
pour consommer, et à plus long terme pour investir (principalement dans l'acquisition de leur
logement), leurs ressources (revenus du travail, revenus de la propriété : loyers, dividendes...,
revenus de transfert : allocations familiales, indemnités de chômage...) restent supérieures à
leurs besoins.Elles sont donc en partie épargnées. C'est pourquoi elles sont classées dans les
agents à capacité de financement.
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Economie-1ère année-ECT2 CPGE Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE
B- Besoins de financement
On dit qu'un agent dégage « un besoin de financement »lorsque ses revenus sont insuffisants
pour couvrir ses besoins. Il présente donc un solde négatif, ses ressources étant inférieures à
ses emplois(investissements).
Ressources < Emplois => « Besoin de financement »
En effet, pour assurer le développement de son activité, l'entreprise doit trouver les fonds
nécessaires au financement de ses investissements (besoins à long terme) : remplacement,
accroissement ou modernisation de l'appareil de production par exemple... ; elle doit également faire
face à des besoins de financement liés au cycle d'exploitation de son activité (besoins à court terme) :
financement des achats de marchandises par exemple. En outre, le cycle d'exploitation présente
presque toujours un décalage entre les dépenses d'exploitation et les recettes d'exploitation. En
effet, bien avant les ventes (règlement des clients), l'entreprise doit financer sa production
(règlement des approvisionnements auprès des fournisseurs, frais de production...).Or, elle ne
dispose pas nécessairement des ressources internes suffisantes (capacité d'autofinancement) pour
financer ces besoins (rares sont celles qui s’autofinancent). Elle est donc amenée à s'adresser soit
au système bancaire soit directement au marché financier. Les entreprises sont donc des agents
à besoin de financement.
Ainsi, l'Etat est aujourd'hui un véritable acteur de la vie économique. Par ses décisions en matière
de politique économique, l'Etat intervient sur les fonctions de consommation, d'investissement dans
le but de soutenir ou relancer l'activité économique : construction d'infrastructures telles que des
hôpitaux, des écoles ; subventions aux entreprises...
Pour remplir son rôle de d'Etat-providence, l'Etat se trouve bien souvent dans une situation
déficitaire ; cela signifie que les recettes de l'Etat (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés,
TVA...) sont insuffisantes pour assurer le financement de ses dépenses. Au Maroc le déficit
budgétaire progresse de 21% fin novembre 2023, soit 50 MMDH.
N.B :
Pour couvrir les besoins par les capacités de financement, deux solutions sont possibles :
l'intermédiation bancaire ou la finance directe par actions ou obligations.
Cette dernière solution s'est très largement développée depuis vingt ans, malgré
les risques qu'elle fait porter sur l'ensemble de l'économie.
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Le financement interne présente trois avantages majeurs. Le premier, et non des moindres,
réside dans son coût. En effet, contrairement aux financements externes, les financements
internes ne coûtent, en principe, rien. L’agent économique ne supporte donc aucune charge de
financement (intérêts financiers par exemple).
Ensuite, le financement interne contribue à envoyer un signal positif aux partenaires notamment
des entreprises – et éventuellement à ses financeurs externes.
De plus, ils assurent l’indépendance financière des agents. Ces derniers s’ils favorisent le
financement interne, ils ne vont pas dépendre des décisions des banques. De ce fait, ils
deviennent libres dans leurs décisions et n’ont pas à donner de contreparties. Cela accroît leur
crédibilité, et, au final, maximise leur capacité d’endettement future.
B- Le financement externe
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1- Le financement indirect
1-1 Définition
1-2 Mécanisme
Il existe une autre forme d'intermédiation financière à travers les OPC (Organismes de
Placements Collectifs) dont les plus connus sont les OPCVM (les Organismes de Placement
Collectif en Valeurs Mobilières).
Les OPCVM sont des fonds d’investissement permettant à des épargnants de toutes natures
(personnes physiques, ou entreprises) d’avoir accès au marché des capitaux en mobilisant les
sommes d’argent collectées auprès des souscripteurs dans la constitution de portefeuilles
diversifiés d’instruments financiers (actions cotées, obligations, bons du trésor etc.).
Les OPCVM peuvent avoir deux formes juridiques différentes :
FCP SICAV
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2- Le financement direct
2-1 Définition
2-2 Mécanisme
Les agents économiques à besoin de financement émettent sur le marché des capitaux des titres
(actions, obligations, TCN) qui seront acquis par des agents économiques à capacité de
financement.
Le marché de capitaux est le marché qui permet de mettre en relation les agents
économiques détenant un excédent de capitaux et ceux qui ont des besoins de financement.
On distingue :
Le marché des capitaux à court terme => le marché monétaire : C’est le marché où
s’échangent des titres de courte durée contre des liquidités. Il comprend deux
compartiments : le marché interbancaire et le marché des créances négociables.
_ Le marché interbancaire est un marché de gré à gré réservé aux banques, au Trésor et
à la banque centrale. Il s’y échange des titres contre des liquidités.
_ Le marché des titres de créances négociables permet d’émettre des titres représentatifs
de dettes à court et moyen terme. Les TCN regroupent les bons du trésor (émis par
l'État), les certificats de dépôts (émis par les banques) et les billets de trésorerie (émis
par les entreprises).
Le marché des capitaux à long terme => le marché financier : C’est le marché où
s’échangent les valeurs mobilières, les devises et les produits dérivés.
Le marché financier se divise en marché secondaire sur lequel des titres anciens
s’échangent à un prix fixé selon la loi de l’offre et de la demande, et marché primaire sur
lequel actions et obligations sont proposées pour la première fois aux investisseurs avant
d’être cédées sur le marché secondaire.
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D’abord, l’activité de production des entreprises suscite des besoins de financement très
importants, leurs investissements productifs devant être amortis sur parfois deux décennies et
même davantage. Les entreprises ont donc des besoins de financement à long terme qu’elles ne
peuvent satisfaire uniquement par leurs propres résultats ; l’épargne brute, est, au niveau
macroéconomique, généralement inférieure aux investissements nécessaires. L’entreprise vit
donc d’emprunts.
Au niveau macroéconomique, la rencontre entre des agents qui souhaitent emprunter, les
entreprises essentiellement, et ceux qui souhaitent prêter engendre des coûts de transaction qu’il
faut tenter de réduire au mieux. De ce fait, l’intermédiation financière est donc un dispositif
institutionnel entraînant une réduction ces coûts. Plutôt que de se fier à une simple coordination
par l’intermédiaire du marché, l’Etat a facilité la création de plusieurs types d’intermédiations
financières. Certains organismes financiers collectent l’épargne des agents en contrepartie de
titres et utilisent les sommes collectées pour accorder des crédits aux agents à besoin de
financement ; d’autres institutions collectent l’épargne sous forme de dépôts et prêtent ensuite
l’argent collecté ; enfin les banques créent de la monnaie en plus des opérations citées.
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Le marché monétaire est la grande composante du marché des capitaux sur lequel s’échangent
des titres courts contre des liquidités et qui constitue un point d’application de la politique
monétaire. Le marché monétaire est un lieu privilégié de régulation de la création de monnaie.
Le marché financier, seconde composante du marché des capitaux, est le lieu d’émission et
d’échange des valeurs mobilières, principalement les actions et les obligations. La Bourse
concilie deux exigences a priori contradictoires : la liquidité du placement pour les épargnants
ou pour les organismes financiers, et l’obtention de capitaux à long terme pour les emprunteurs.
Elle est à la fois un système de préservation de l’épargne, de restructuration du capital et de
distribution de ressources financières dans les entreprises jugées plus profitables. Véritable
« état-major du capitalisme », selon l’expression de J. Schumpeter, la Bourse est vue comme le
grand moyen de faire un usage plus productif des ressources disponibles en assurant une
réallocation des actifs entre les entreprises en fonction de leurs perspectives de développement.
Pour Fama, un marché est efficient si à chaque instant les prix des actifs reflètent
l’ensemble des informations disponibles. Ainsi, dans un marché efficient, les investisseurs
analysent l’ensemble des informations disponibles concernant telle ou telle entreprise
(bilan comptable, part de marché, perspectives de croissance…) et la confrontation de
l’offre et de la demande issue de cette analyse permet d’obtenir un prix de l’action à sa
juste valeur (fair value).
Selon cet auteur, on peut distinguer trois formes d’efficience en fonction des informations
considérées :
l’efficience faible lorsque l’information est représentée par l’ensemble des cours
passés;
l’efficience semi-forte lorsqu’on considère toutes les informations publiques
disponibles (chiffres comptables, annonces d’opérations financières : dividendes,
rachats d’actions, augmentations de capital, etc.) ;
l’efficience forte lorsqu’on considère l’ensemble des informations existantes y compris
celles privées (non rendues publiques).
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« Ainsi, Minsky affirme que ‘la stabilité est instable’, car elle porte en elle les germes
de sa propre chute. L'instabilité est par conséquent endogène au système financier, et
non exogène. »
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De même, Michel Aglietta explique la récurrence des crises financières dans la même logique
comme suit : « … Le mouvement de l’économie globale est entièrement asservi au cycle
financier qui décrit la dynamique interactive du levier d’endettement et de l’alternance des
phases d’appréciation et de dépréciation des prix d’actifs. Le cycle financier dirige ainsi
l’économie en provoquant des phases de hausse du levier de dette et d’appréciation des actifs,
suivies de phases de réduction du levier et de baisse des prix d’actifs. Le retournement est
marqué par une crise financière qui éclate sur un marché d’actifs spécifique. Si cette crise est
particulièrement grave, elle devient systémique par contagion et par connectivité dans le
système financier. C’est alors le régime de croissance financiarisé dans son ensemble qui entre
en crise et pose le problème de sa viabilité. Telle est la situation dans laquelle nous sommes
depuis 2008. »
En effet, pour Michel Aglietta :
3- La régulation financière
La récurrence des crises financières ainsi que le caractère endogène de plusieurs d’entre elles a
remis en cause les thèses prônant l’autorégulation et l’efficience des marchés financiers. En
outre, la fameuse crise financière de 2008 a poussé les Etats et les institutions internationales à
revoir la régulation des activités financières. Il s’agit de mettre en œuvre un ensemble de
mesures dans le but d’avoir plus de contrôle dans le domaine bancaire et financier afin d’éviter
l’émergence de crises financières ou de bulles.
La régulation financière vise principalement à contrôler les activités des banques et des
institutions financières étant les plus à même de provoquer des crises systémiques.
Elle ‘vise à permettre la stabilité du système bancaire et financier par l’adoption de mesures de
régulation respectées individuellement par les établissements bancaires et financiers. Ainsi, la
stabilité de l’ensemble du système bancaire et financier repose sur la solidité individuelle des
établissements’.
Les régulations microprudentielles ont été mises en place par le comité de Bâle créé en 1974
par les Banques centrales du G10 sous l’égide de la BRI (Banque des Règlements
Internationaux).
En 1988 : Les accords de Bâle I ont mis en place le Ratio Cooke. Ce dernier incite les banques
à respecter un ratio de 8% entre leurs fonds propres et les crédits distribués, pondérés par les
risques.
Fonds propres
𝑹𝒂𝒕𝒊𝒐 𝑪𝒐𝒐𝒌𝒆 = > 8%
Engagements (crédits et autres placements)
pondérés en fonction des risques
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En 2004 : Les accords de Bâle II ont mis en place un deuxième ratio, appelé le Ratio
McDonough. Ce dernier s’insère dans la même logique que celle du premier ratio, mais il
intègre la notion de risque de façon plus approfondie.
𝐹𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒𝑠
𝐑𝐚𝐭𝐢𝐨 𝐌𝐜𝐃𝐨𝐧𝐨𝐮𝐠𝐡 = > 8%
𝑅𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑟é𝑑𝑖𝑡 × 0,75
+𝑅𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒 𝑜𝑝é𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑒𝑙 × 0,2
+𝑅𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑟𝑐ℎé × 0,05
En effet, il prend en compte non seulement le risque de crédit mais également le risque de
marché et le risque opérationnel :
Le risque opérationnel : Il comprend les risques de gestion interne (exp : non-respect des
procédures, mauvaise gestion, …), les risques informatiques (exp : défauts de conceptions
de logiciels) et les risques relatifs à la sécurité des personnes et des biens ( exp : les risques
d’incendie, d’inondation, de vols, de fraudes ….)
Le risque de marché : Il résulte d’une évolution défavorable des paramètres de marché (les
cours de marché) et de leur volatilité. Il comprend le risque de taux d’intérêt, le risque de
change et de portefeuille et le risque de liquidité.
En 2010 : Suite aux effets dévastateurs de la crise des subprimes, le Comité de Bâle a décidé
de compléter les deux ratios précédents (Bâle I et II) par de nouveaux ratios visant le
renforcement du niveau et de la qualité des fonds propres bancaires ainsi qu’une gestion plus
stricte des risques de liquidité.
La gestion de la liquidité a été améliorée avec l’introduction des ratios de liquidité :
Ratio de liquidité à court terme : le LCR (Liquidity Coverage Ratio) => Son but est de
s’assurer que les réserves de liquidités des banques soient supérieures aux sorties nettes de
trésoreries sur un mois.
Le ratio structurel de liquidité à long terme : le NSFR (Net Stable Funding Ratio) =>
Son but est de renforcer la résilience à plus long terme des banques en les incitant à financer
leurs activités « au moyen de sources structurellement plus stables ».
La maîtrise de l’effet de levier, avec l’introduction d’un ratio de levier, supérieur ou égal à 3%,
permettant de réduire le recours abusif à l’endettement.
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