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PARTIE 2-

L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE

CHAPITRE 5 : LE FINANCEMENT DE
L’ÉCONOMIE ET SES ACTEURS

08/12/2015 Oumar F. Dembélé, Maître de Conférences ITB


1
INTRODUCTION
Par définition le financement de l’économie désigne l’ensemble des modalités par
lesquelles les agents économiques se procurent les ressources nécessaires à la
réalisation de leurs activités.
Ainsi, on distingue traditionnellement 2 grands modes de financement: direct et
indirect.
Quelles en sont les caractéristiques ? Quelles sont les possibilités de financement
offertes aux A-E ? Qu’en est-il de l’essor des marchés financiers depuis les années
80.
Dans ce chapitre nous allons :
Appréhender l’évolution du système financier et son importance dans l’économie;
Différencier les notions de marchés ainsi que les métiers de la finance et souligner le
rôle des banques au sein du système au-delà de leur rôle traditionnel
d’intermédiation.

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LES NOTIONS-CLÉS

Finance directe Finance indirecte

Marchés de intermédiation
capitaux bancaire

Les crises financières nous rappellent le rôle décisif des instruments financiers dans le
processus du développement économique. En effet, le financement de l’économique
concerne tous les A-E. En effet, le système financier met en relation ceux qui ont un
besoin de financement avec ceux qui dégagent, au contraire, une capacité de
financement.
Par ailleurs, le démarrage de toute activité comprend la mobilisation de ressources
financières qui peuvent avoir diverses origines.
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1. ÉCONOMIE D’ENDETTEMNT ET ÉCONOMIE DE MARCHÉS FINANCIERS

1.1 Finance directe et finance indirecte (intermédiation financier)


Les A-E ont en effet le choix entre deux formes de financement :

§.
Dans le cas du financement direct : lorsque les épargnants achètent des titres sur
le marché, cela offre des liquidités aux emprunteurs. Les agents financiers
(banque, courtiers, institutions financières spécialisées) ont un rôle qui se limite à
la mise en relation des préteurs et emprunteurs.
§.
Dans le cas du financement indirect ou intermédié, l’intermédiaire financier fait
écran entre les 2 agents : il collecte des ressources auprès des agents AC (à
capacité de financement) qu’il transforme ou prête aux agents à BF (besoin de
financement).

Ainsi, la transformation peut concerner aussi bien l’échéance des titres,


l’intermédiaire prêtant sur longue période des ressources dont le terme est plus
court, que le risque (il finance des projets risqués à partir d’une épargne sécurisée).

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En sus, l'intermédiation financière permet de concilier les souhaits des épargnants et
ceux des emprunteurs, les premiers souhaitant généralement des placements
liquides et peu risqués quand les seconds recherchent en principe des prêts sur le
long terme pour des activités aux rendements incertains.

Dans ce cas, 2 sortes de financements sont énumérés :


§
Lorsque l’institution financière accorde des prêts à partir des ressources
préalables, on dit que « les dépôts font les crédits »
§
S’il s’agit d’une banque, elle peut également créer de la monnaie pour répondre
aux besoins de financement; on dit alors que « les crédits font les dépôts »

1.2 L’ émergence des marchés financiers


Aux premiers stades du développement économique, les marchés financiers étaient
inexistants (en forte en restriction). Ainsi le financement dépendait principalement
des ressources propres de l’entrepreneur ou des emprunts qu’il pouvait contracter
auprès de banquiers ou d’usuriers. Ce sont ces insuffisances qui vont engendrer des
changements institutionnels comme la création des sociétés avec statut (anonyme,
Sarl …. etc .) ou l’organisation et la gestion des places financières.

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Fonctionnement

Consommation MÉNAGES
Finale
Revenus
Placement
Financement s
s
Epargne
Marché Financement
Création Système s
des
B/S monétaire bancaire
capitaux
FP
Recyclage épargne
Financement Financement
s s
Production Rémunération
ENTREPRISESES

FP : facteurs de production; B/S : biens et services

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2. LES POSSIBILITÉS DE FINANCEMENTS OFFERTES AUX AGENTS
EMPRUNTEURS

2.1 Les Entreprises


v
L ’autofinancement
Les entreprises sont régulièrement confrontées à l’épineuse question du
financement de leurs activités. Pour cela, elles peuvent compter sur leur propre
épargne, d'abord, appelée autofinancement.
L’autofinancement désigne les moyens financiers dont l’entreprise dispose par elle –
même, il s’agit de l’épargne des actionnaires ou propriétaires de l’entreprise ainsi
que des fonds qu’elle met en réserve.
En effet, de bons indicateurs de la capacité à l’autofinancement des entreprises sont
notamment:
.EBIT : Earnings Before Interest and Taxes, correspondant au résultat d’exploitation
dans la norme comptable française.
.EBITDA : EBIT – Depreciation and Amortization, correspond à l’EBE dans la norme
comptable française.
En cas de lourds investissements, ces moyens de financements peuvent présenter des
limites alors l’entreprise devra recourir soit à un financement externe sur le marché,
soit à des établissementsOumar
08/12/2015 de crédit.
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v
Le recours aux marchés financiers : l’émission d’actions et/ou d’obligations

Deux choix s’offrent à l’entreprise : l’émission de titres de propriété supplémentaires


(actions) ou l’émission de titres de créances (obligations, billet de trésorerie….). Ces 2
solutions sont porteuses de contraintes différentes:
§
Dans le cas d’émission d’actions nouvelles, il faudra trouver de nouveaux
partenaires et les attirer par des perspectives de profit. Cette solution est
conditionnée par une économie de marché favorable, en sus l’entreprise doit
toujours veiller sur le circuit de son capital avant d’être la proie d’autres sociétés
(on parle de capital flottant).
§
Dans le cas de l’émission de titres de créance, un remboursement ultérieur et le
versement d’intérêt sont programmés. Il s’agit d’une obligation si la durée de vie
du titre s’inscrit en MLT. Toutefois, en cas de ralentissement de l’activité la charge
de cette dette peut peser lourdement sur la rentabilité de la société. Aussi, en vue
de financer leur FR, les grandes entreprises peuvent – elles émettre directement
sur le marché des billets de trésorerie.

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v
Le recours aux établissements de crédit

les entreprises peuvent également solliciter le concours des établissements de crédit, les
PME y étant généralement contraintes faute d’accès direct au marché. Alors les banques
se chargent de la collecte des fonds auprès des épargnants. Les prêts qu’elles consentent
sont inscrits comme créances à l’actif de leur bilan. Elles en assument le risque et la
plupart du temps, espèrent l’atténuer en recourant à des garanties.
Bien que cette méthode ait fait débat à la suite de la crise financière des subprimes en
2007-2008, par la titrisation, les banques peuvent essayer de s’affranchir des risques de
crédits excessifs en les transférant sur le marché.
En fin dans quelques rares cas, les entreprises peuvent s’abstenir de recourir à
l’emprunt bancaire en sollicitant, en tant que clients, le crédit de leurs fournisseurs via
la négociation de délais de paiements.

2.2 Les ménages


En fin, les ménages peuvent solliciter des crédits du système bancaire pour financier
leurs achats immobiliers ou leurs dépenses de consommation. Leurs dettes sont
principalement à long terme pour le logement.

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2.3 ACTIONS OU OBLIGATIONS ?

L’épargnant est animé de motivations contradictoires : d’un coté la liquidité de son


actif lui permettant d’en disposer quand il l’entend, de l’autre la conservation ou la
progression de la valeur de son placement avec la rémunération la plus élevée
possible.
§
Un placement en actions est rémunéré par la dividende qui varie selon la rentabilité
de la société, par conséquent son rendement est aléatoire et peut être nul. De plus
le cours de l’action dépend des conditions du marché boursier qui peut totalement
s’effondrer.

§
L’obligation garantie quant à elle un remboursement intégrale du capital à
l’échéance ainsi qu’un rendement conventionnel. Ce placement n’en comporte pas
moins un risque de liquidité et de taux d’intérêt ; et les espoirs de gains sont plus
limités qu’avec un placement en action.
L’équation consiste à minimiser les risques et/ou le prélèvement fiscal ; et surtout à
maximiser les rendements.

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2.4 LE DÉVELOPPEMENT DES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS

La complexité et la diversification des risques de placement couplées à une


recherche des meilleurs titres ont conduit à la création d’Organismes de Placements
Collectifs en Valeurs Mobilières (OPCVM) en 1988. Crées par les institutions financières, ces
structures proposent à l’épargnant l’expertise des gestionnaires de portefeuilles dans le
choix des supports de placements financiers.
Parmi elles, les Sociétés d’Investissement à Capital Variable (SICAV) sont des sociétés
anonymes gestionnaires d’un portefeuille de valeurs mobilières, d’un capital minimum de
7.5 millions d’euros. Il y a aussi les Fonds Communs de Placement (FCP), qui sont une
copropriété de valeurs mobilières pour un montant minimum de 400 000 euros.

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Illustration

Fonds de pension
Sociétés d’assurance
Fonds
Agents en Agents en
d’investissement
déficit INSTITUTIONNEL surplus
Crédits
d’épargne S d’épargne
bancaires
Marché
monétaire
Marché
financiers

Titres de créance = dette senior et/ou titres hybrides= dette junior ou Titres de propriétés
mezzanine (Coupons) (Dividendes)
Émetteur Court terme Moyen terme long
terme
État Bon du trésor action
Effets à moyen Actions assimilés
Banques Certificat de dépôt Obligations
Billets de terme
Sociétés trésorerie

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3. ÉVOLUTION DU MONDE BANCAIRE ET ESSOR DES MARCHÉS

Les années 80 ont été marquées par une vague de changement structurels et d’innovation
financière qualifiés de « 3D » par Henri Bourguinat :
§
La désintermédiation désigne l’autonomisation progressive des agents non-financiers
vis-à-vis des banques;
§
Le décloisonnement signifie l’ouverture internationale des marchés de capitaux par
l’abolition du contrôle des changes et de la distinction des établissements de crédit en
banques de dépôt et banques d’investissement;
§
La déréglementation a consisté à des changements des règles de contrôle des marché,
en la mise en ouvres des nouveaux produits financiers et en une libéralisation de la
rémunération de l’épargne.

3.1 Le développement de la finance directe et les banques


§
La part belle aux banques d’affaires et d‘investissement, le financement direct par
titres devenant négociable est ancien. Ainsi au lendemain de la seconde guerre
mondiale, l’intermédiation financière était alors assimilée à l’intermédiation bancaire.

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Pour éviter les risques d’un nouveau Krach comme en 1929 et l’effondrement du système
financier, les autorités l’encadre fortement, en privilégiant l’intermédiation bancaire, en
parallèle avec un marché boursier, lui-même fortement encadré. Au demeurant, le
marché obligataire était alors limité à l’émission de dette publique par les états… qui ne
s’en privaient pas.

§
Depuis 2000, des banques de détail plus offensives

Cependant, les banques commerciales, notamment en Europe, ont rapidement réagi :


ü
En s’ouvrant à cette nouvelle forme d’intermédiation;
ü
En achetant des intermédiaires actifs en la matière;
ü
En créant elles-mêmes des produits de marché;
ü
En élargissant leurs champs d’activité aux activités para-bancaires;
ü
En rationalisant leurs activités traditionnelles, voire en était présentes
sur tous les métiers.

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3.2 L’intermédiation bancaire et l’intermédiation financière

§
L’éclatement des frontières
L’éclatement des frontières entre marchés, participants et instruments rend de plus en
plus caduque la distinction fondamentale entre l’intermédiation bancaire et
l’intermédiation par les marchés de capitaux :
ü
Tout d’abord, les banques sont devenues les principaux intervenants sur les marchés des
capitaux;
ü
Ensuite, une part croissante des actifs bancaires est négociable ou susceptible de le
devenir par les nouvelles techniques de titrisation;
ü
Par ailleurs, si les actifs conservent dans certains cas leurs caractéristiques d’origine
permettant une distinction entre créances non négociables et titres négociables,
l’expression des dérivés et leur négoce permet de dissocier la créance des risques qui
lui sont associés;
ü
Enfin les nouvelles normes capables et prudentielles, ainsi que l’innovation financière
tendaient jusqu’à, récemment à privilégier l’essor des instruments négociables, au
détriment des prêts traditionnels.

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§
Une nouvelle donne pour les banques

Bien que les établissements de crédit aient perdu leurs prérogatives dans un grand
nombre de domaines mais ils conservent une situation de monopole dans trois domaines :
ü
Le relais de la politique monétaire en gardant le monopole sur les avoirs monétaires;
ü
Leur rôle de clé de voûte au sommet de la pyramide des paiements;
ü
Le privilège du réseau qui leur permet une couverture large tant au niveau
géographique que sectorielle.
Cependant, la dilution des cloisonnements traditionnels et l’importance accrue des
opérations à effet de levier ne sont pas sans soulever des risques systémiques comme l’a
démontré l’asséchement quasi-total des marchés interbancaires lors de la crise de
confiance entre les acteurs en 2008.

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4. LES SPÉCIFITÉS ET LES RISQUES

L’innovation financière désigne la création de produit financiers adaptés aux


besoins des emprunteurs : obligations convertibles en actions, garanties contre
les risques, instruments permettant la flexibilité des rémunération

La volonté d’innover financièrement conduit les financiers à créer des produits élaborés
comme les produits dérivés qui ont été crées durant les années 80 pour faire face aux
risques de prix.
De plus en plus sophistiqués, ces produits financiers permettant de partager les risques
entre de nombreux intervenants sur le marché. L’auteur des 3D déplorait leur manque de
transparence, ce que la crise financière de 2008 a confirmé.
Ainsi, la théorie financière montre que l’efficience des marchés financiers est la condition
indispensable à l’allocation optimale des ressources. Plusieurs autres conditions sont
nécessaires pour parvenir à ce résultat :

L’unicité des cotations;

La libre circulation et l’exactitude de l’information;

Sa diffusion au bon moment.

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Pour cela, différents dispositifs ont été établis :

D’abord, les agents de notation étudient soigneusement la situation des emprunteurs
et décernent des notes informant sur leurs capacités à rembourser leurs emprunts;

Ensuite, interviennent les autorités de contrôle qui ont été crées à cet effet:
l’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACPR) et l'Autorité des Marchés Financiers (AMF);

En haut de l’édifice, la banque centrale exerce son contrôle sur la rémunération à CT
et vise par son action à stabiliser l’inflation à un niveau faible.

Par ailleurs, les liens entre activité économique et sphère financière sont aujourd’hui de
plus en plus étroits : la crises des subprimes de 2007 aux États-Unis a révélé la globalité
des questions financières : la défaillance d’un segment entraînant des effets sur toute la
chaîne (risque systémique).

L’efficacité économique exige une circulation de l’information rapide et une


interconnexion des marchés, de sorte que les projets les plus rentables soient financés
prioritairement.

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5. LES NOUVEAUX ACTEURS

5.1 Le système bancaire parallèle : « la finance de l’ombre où le shadow banking »


Selon le conseil de stabilité Financière (CSF) le shadow banking est un système
d’intermédiation de crédit auquel concourent des entités et activités extérieures au
système bancaire régulé.
Ainsi, ce système concerne des activités de transformation d’échéances et de risques de
crédit, fonctions traditionnelles des banques, sans être soumis à la réglementation.

5.2 La finance participative ou le crowdfunding


Pur produit de l ’économie numérique, il s’agit de financer via des plate-formes
internet des projets de création, d’investissement ou de développement.
Les fonds sont en effet levés auprès d’un large public afin de permettre aux PME, TPE,
Artisans, entrepreneurs individuels, artistes de créer leur entreprise, de financer des
projets ou des investissement.
En sus, les plate-formes concernées par cette activité propose certaines garanties aux
investisseurs et notamment une certaine transparence.

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ATTENTION

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