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THEME 

TYPOLOGIE CONTEMPORAINE DES


ACTIVITES BANCAIRES EN DROIT
CAMEROUNAIS
Introduction
Le développement du commerce dans la Rome antique a permis la réalisation d’une
série d’opérations à connotation bancaire. Grâce à l’avènement du capitalisme et du
libéralisme au 19e siècle, le système bancaire connaitra une évolution réelle en France 1.
Cependant, après la décolonisation, s’ouvre une période de dirigisme économique se
traduisant par un interventionnisme étatique de plus en plus marqué. Des organismes
professionnels de contrôle des banques ont ainsi vu le jour en Afrique afin d’orienter et
d’encadrer les activités bancaires à l’instar de la COBAC. Actuellement, les banques
effectuent une pléthore d’opérations parmi lesquelles les activités n’ayant pas trait à la
monnaie qui sont de plus en plus grandissantes. Selon CATHERINE KARYOTIS « une
opération de banque consiste à collecter des fonds et à accorder des crédits tout en proposant
et gérant des moyens de paiement pour la clientèle ». Ces opérations se trouvent donc au
centre de notre exposé intitulé « la typologie contemporaine des activités bancaires en droit
bancaire ».

Ce travail met trois concepts au centre de notre travail qui méritent d’être éclairés.
Selon le dictionnaire encyclopédique la typologie désigne l’étude des différentes
caractéristiques des éléments d’un ensemble dans le but de les regrouper en types et d’établir
sur cette base une classification. Ce dictionnaire définit le concept « contemporaine » comme
ce qui renvoie au même temps, la même période chronologique. Elle se dit aussi des
personnes ou des choses qui appartiennent au moment présent. Le droit bancaire Camerounais
est l’ensemble des règles qui régissent les activités bancaires sur le territoire du Cameroun2.

Au vu de ce qui précède, notre travail vise l’étude des différentes caractéristiques


légales actuelles des activités bancaires en droit camerounais.

1
Leslie GIOT, SEPARATION DES ACTIVITES BANCAIRES : l’application d’une réforme visant à séparer
strictement les activités de banque de dépôt et banque d’investissement est-elle encore envisageable a l’heure
actuelle en Belgique ? ? Mémoire Master, Université catholique de LOUVAIN, 2015-2016, P2
2
ORDONNANCE N°85/002 DU 31 AOUT 1985 RELATIVE A L’EXERCICE DES ETABLISSEMENTS DE
CREDIT MODIFIE ET COMPLETE PAR LA LOI N°88/006 DU 15 JUILLET 19988 ET LA LOI N°90/019
DU 10 AOUT 1990

1
Ce sujet pose à cet effet le problème de la caractéristiques légales des activités
bancaires en droit bancaire.

Les opérations effectuées par les banques peuvent varier d’un pays à un autre en
fonction de son système juridique. Dans le cadre de ce travail, nous nous bornerons à l’étude
des activités menées par les banques sur le territoire camerounais

Les banques effectuent plusieurs opérations dans le cadre de son fonctionnement


effectif. Ces opérations sont variées et diversifiées. Dès lors, nous nous posons les questions
de savoir : Existe-t-il une caractérisation légale de la typologie des activités bancaires ?
Qu’est-ce qui fait la distinction des activités bancaires ?

De ces deux interrogations découlent deux intérêts juridique et social. L’intérêt


juridique dans la mesure où le sujet nous renseigne sur l’encadrement des activités bancaires.
L’intérêt social pour la simple raison qu’il permet aux particuliers d’avoir une connaissance
effective des différentes opérations bancaires.

Les banques exercent plusieurs activités parmi lesquelles les activités numéraires
ou de crédit et jouent aussi les missions de conseil et de gestion des instruments. C’est la
raison pour laquelle nous étudierons successivement les activités de typologie monétaires (I)
et les activités extra-monétaires (II) en droit bancaire Camerounais.

I- LES ACTIVITES DE TYPOLOGIE MONETAIRE

Selon l’article 4 de la convention portant harmonisation de la règlementation bancaire dans les États
de l’Afrique Centrale du 17 janvier 1992, constitue l’opération de banque la réception des fonds du
public, l’octroi du crédit, la délivrance de garantie en faveur d’autre établissement de crédit, la mise à
la disposition de la clientèle et la gestion de moyens de payement de banque. La monnaie est donc
au cœur de l’activité bancaire, et constitue ainsi la typologie première des activités bancaires. A la
lecture des textes réglementaires, les activités de typologie monétaire se subdivisent en activités
numéraires (A) et celles concernant le crédit (B).

A- LES ACTIVITES NUMERAIRES

L’on examinera ici la monnaie fiduciaire (1) et les moyens de payement (2).

1- La monnaie fiduciaire

2
La monnaie fiduciaire3 s’entend comme une monnaie circulant sous la forme de billet de
banque et de pièce. Dans cette catégorie on range les opérations de change qui correspondent
à l’échange de la monnaie Celle-ci permet le transfert des fonds avec manipulation de la
monnaie (billet et pièce). Sous l’angle du payement cet instrument est nécessairement
important lorsque le payement se fait en espèce. Dans cette catégorie on range les opérations
de change qui correspondent à l’échange de la monnaie. On classe aussi les opérations sur or
métaux précieux.

2- Les moyens de paiement

Ce sont les instruments juridiques4 destinés à permettre le paiement du créancier et plus


généralement le transfert des fonds sans manipulation de monnaie fiduciaire, seule circule ce
que les économistes appellent monnaie scripturale, c’est-à-dire celle, bien plus importante en
volume, qui résulte des inscriptions en compte et qui est à la disposition des agents
économiques pour effectuer des payements. On range dans ces moyens le chèque (un écrit par
lequel une personne donne l’ordre à un établissement de crédit de payer à vue une certaine
somme à une troisième personne), la carte de payement et le virement.

B- LES ACTIVITES CONCERNANT LE CREDIT

On examinera le crédit normal (1) et les opérations de garantie (2).

1- Le crédit normal et les autres formes de crédit

L’article 6 de la convention portant harmonisation de la règlementation bancaire dans les


États de l’Afrique centrale5 définit le crédit comme tout acte par lequel une personne
agissant à titre onéreux met ou promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre
personne ou prend, dans l’intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu’un aval,
un cautionnement, ou une garantie. Le crédit se décline en crédit-bail ou leasing est
d’après Yvette KALIEU ELONGO l’opération qui permet à une personne appelée crédit-
bailleur d’acquérir des biens qu’elle loue à un locataire appelé crédit-preneur avec
possibilité pour ce dernier d’acquérir la propriété du bien à la fin de la période de

3
Convention portant harmonisation de la règlementation bancaire dans les États de l’Afrique centrale du 17
janvier 1992.

4
Jean GATSI, Nouveau dictionnaire juridique, 2è édition,2010, PUL
5
Françoise Pérochon, Entreprises en difficulté : Instruments de crédit et de paiement, 2006, 5è édition, LGDJ.

3
location . Le mécanisme habituel utilisé se présente comme suit. Une entreprise
commerciale désire acquérir du matériel professionnel mais ne dispose pas de moyen
financier au comptant et elle ne souhaite pas obtenir un crédit classique pour l’acquérir.
Elle contacte un établissement de crédit-bail qui est généralement un établissement de
crédit achète le matériel à la demande de son client auprès d’un fournisseur et le met à sa
disposition. L’établissement de crédit est le bailleur et l’entreprise qui acquiert le matériel
est locataire. Cette dernière payera un loyer en contrepartie de la mise à disposition du
matériel et bénéficiera de la possibilité de devenir propriétaire à la fin de la période du
contrat. Il acquiert la qualité de bailleur, mais par des clauses du contrat, il transfert en
réalité sur le locataire l’essentiel des prérogatives reconnues. Et l’affacturage qui est une
technique et une opération financière par laquelle dans le cadre d’une convention un
organisme spécialisé gère les comptes clients des entreprises en acquérant leur créance, en
assurant le recouvrement pour leur propre compte et en supporte les éventuelles pertes
lorsque les débiteurs sont insolvables.

2- Les opérations de garantie : le cautionnement

Le cautionnement est un contrat par lequel la caution s’engage envers le créancier qui
accepte à exécuter l’obligation du débiteur si celui-ci ni satisfait pas lui-même article 3 de
l’acte uniforme portant organisation des suretés.

Les établissements de crédit 6 ayant accordé un concours financier à son client sous la
condition du cautionnement par une personne physique ou morale, sont tenues, de faire
connaitre à la caution le montant du principal et des intérêts, commissions, frais et
accessoires, restant à courir au titre de l’obligation bénéficiant de la caution ainsi que le terme
de cet engagement. Les établissements de crédit doivent également informer la personne
physique qui s’est porter caution à l’occasion d’une opération de crédit.

Comme nous pouvons le remarquer l’activité bancaire dans le passé faisait toujours
référence à la manipulation des fonds mais aujourd’hui le champ d’activités des banques
s’étend aux opérations non monétaires.

II- LES ACTIVITES DE TYPOLOGIE EXTRA-MONETAIRE

6
Dominique Legeais, Suretés et garanties du crédit, 2006, 5è édition, LGDJ

4
Pour THIERRY BONNEAU « les activités monétaires ont un caractère accessoire ».
Cependant avec le développement des activités des établissements de crédit et dans le souci
de la protection du client, les banques ont ainsi surpassé leurs activités monétaires et rendent
de nombreux service extra monétaire à leurs clients. Ces services interviennent pour
rééquilibrer la relation contractuelle des protagonistes. C’est dans cet ordre d’idée que les
banques ont également dans les activités non monétaire les missions de conseil (A) et les
activités en perspective (B).

A- LES MISSIONS DE CONSEIL

Les établissements de crédit rendent de nombreux services aux entreprises sans revenir
sur les services en matière de transferts de fonds et d’opération de crédit, on peut retenir la
gestion de opérations de crédit, on peut retenir la gestion de patrimoine (1) et la gestion
financière (2).

1- La gestion de patrimoine

Le patrimoine 7 est l’ensemble des biens et des obligations d’une personne envisagée
comme mouvant dont l’actif et le passif ne peut être dissocié. La gestion du patrimoine
revient au fait pour une personne morale ou physique d’administrer cet ensemble du passif et
d’actif d’une autre personne. Le patrimoine existe mémé s il n’est composé aucun bien.

La gestion de patrimoine est une pratique courante des établissements de crédit, elle
concerne la prestation de conseil de gestion et même la gestion mandatée de l’ensemble du
patrimoine . Le patrimoine pouvant être constitué des biens divers, les clients n’ont pas
généralement les connaissances techniques et ont donc besoin d’être conseillés et assistés afin
que les investissements qu’ils souhaitent faire soient le plus rentable possible, cette rentabilité
étant liée notamment à la fiscalité et à l’état des marchés. Cette assistance est d’autant plus
nécessaire que les produits proposés sont de plus en plus complexes et que les risques varient
d’un produit à l’autre.

2- La gestion financière

7
Lexique des termes juridiques, Dalloz, 25 éd. P.1499

5
Bien gérer les ressources financières d’une entreprise est indispensable pour sa
pérennité à long temps, en effet le gestionnaire surveille de près l’état de la trésorerie pour
anticiper les insuffisances et placer les excédents, c’est la mission que jouent les banques aux
près de leurs clients qui sont les personnes morales commerçants. Les établissements de crédit
participent à la gestion de la trésorerie des entreprises ce qui est la gestion financière. Cette
gestion désigne la gestion des liquides dont disposent les entreprises et implique ces liquidités
soient placées en des produits divers.

L’établissement de crédit intervient ainsi comme conseiller financier auprès des


entreprises, il peut être également chargé de l’ingénierie financière qui selon THIERRY
BONNEAU désigne l’ensemble des règles applicables aux montages visant à restructurer le
bilan des sociétés commerciales (émission de la valeur mobilière, défaisance, fusion etc.) ainsi
que ceux qui permettent de restructurer l’actionnariat par la production d’un effet de levier
facilitant l’acquisition de son contrôle. L’ingénierie comprend aussi le diagnostic en matière
financière l’ingénierie en matière de commerce international et gestion des entreprises
(gestion de trésorerie défaisance des risques de taux et décharge) et financement des
entreprises.

Cependant, l’on peut dire les activités bancaires ne sont pas statiques puisqu’elles sont
toujours évolutives.

B- LES ACTIVITES BANCAIRES EN PERSPECTIVE

Dans l’attente d’une réglementation, certaines activités sont menées de manière


informelle par les banques dans le but de la multiplication des ses activités. Il s’agit de la
location de coffre-fort (1) et de la banque d’assurance (2).

1- La location de coffre-fort.

Selon le professeur T. BONNEAU, la location de coffre-fort est un « contrat par lequel


un établissement de crédit met à la disposition du client un coffre-fort afin que celui-ci y
dépose des objets ou des valeurs pour les conserver en sécurité »8. De cette définition, la
location de coffre-fort repose sur un contrat qui consiste pour le banquier et son client, comme
dans toutes les activités, à s’engager dans une relation des obligations. Pour le banquier, il a
8
T. BONNEAU, Droit bancaire, 9e éd., Montchrestien, Précis-DOMAT, 2017, pp651

6
une obligation de mettre à la disposition du client une chose pour qu’il en ait la jouissance et
une obligation de surveillance qui a un double aspect. L’une est de contrôler l’accès au
coffre en vérifiant toute personne qui se présente devant lui pour y accéder. Ce dernier est en
principe réserver au titulaire et aux personnes investies du pouvoir. L’autre d’assurer la
sécurité du contenu du coffre. A cet effet, il est débiteur d’une obligation de résultat et en cas
de vol sa responsabilité sera engagé. Le client quant à lui, il a le droit d’avoir accès au coffre
et d’y entreposer les objets de son choix. Tout ceci n’exclut pas la précision de l’importance
de la location de coffre-fort.

Le principal avantage d’un coffre-fort loué à la banque repose évidemment sur la


sécurité. En cas de cambriolage d’une maison ou d’un appartement les voleurs s’intéressent
prioritairement aux objets de valeur, tels que des bijoux ou les œuvres d’art, ainsi qu’aux
somme d’argent en espèce. Les documents importants peuvent également être déposer à la
banque. Ces documents sont par exemple les projets ; le testament ; les titres de propriété ; les
diplômes ainsi les brevets d’invention

2- La banque d’assurance

Encore appelé la bancassurance, elle désigne selon BONNEAU «  le rapprochement


des banques et des compagnies d’assurance, soit par la création de société d’assurance filiales
captives des banques, soit par des participations des groupes d’assurance dans des groupes
bancaires »9. Les produits d’assurance proposé par la banque sont de deux réalités. Une réalité
de service financier qui intègre les activités de banque et d’assurance, est l’association
d’assurance-vie à crédit bancaire. L’assurance-vie « est le contrat par lequel l’assureur
s’engage envers le souscripteur, moyennant une prime, à verser une somme déterminée au
bénéficiaire désigné, l’exécution de son obligation dépendant de la durée de la vie de
l’assuré »10. Le crédit bancaire est quant à lui une sorte de financement de particuliers ou
d’entreprise la plus courante. Il en est ainsi lorsqu’une filiale bancaire offre de consentir le
crédit destiné à financer la prime unique du contrat d’assurance-vie proposé par la société-
mère, compagnie d’assurance. Deux autres produits de la banque d’assurance sont ceux de
l’assurance-vie et les bons de capitalisation. Le premier est géré par le second. Elle consiste à
faire de l’épargne pour produire des intérêts qui s’ajoute au capital afin que ceux-ci produisent
eux même des intérêts et donne lieu au versement d’une somme forfaitaire dont le montant est
stipulé au contrat et qui pend la forme d’un capital ou d’une rente.

9
T. BONNEAU, op. cit., p 631.
10
Y. LAMBERT-FAIVRE et L. LEVENEUR, Droit des assurances, 12e éd., Paris, Dalloz, 2005, n 888.

7
CONCLUSION

En somme, Tout au long de notre réflexion sur la typologie des opérations bancaires


contemporaines, on doit faire le constat que le commerce de la monnaie reste le cœur de
l’activité bancaire. Mais, la recherche a révélé l’avènement des activités non monétaires dans
les établissements de crédit. On a ainsi recensé les activités règlementées en droit Cameroun.

Cependant, dans les autres pays, les activités bancaires s’étendent de jour en jour et
l’on assisterait dans les années avenir à des innovations dans le domaine bancaire au
Cameroun à l’instar de la location de compartiment de coffres forts. Ainsi, l’avenir des
activités bancaires s’avère très prometteuse avec le développement du numérique.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I-OUVRAGES

-BONNEAU (T), Droit bancaire,9e éd Montchrestien précis -DOMAT P651.


-BONHOMME (R), Instruments de crédit et paiement : introduction au droit bancaire, 12e
éd.

-PEROCHON (F), Entreprises en difficultés : Instruments de crédit et de paiement, 2006, 5e


éd, LGDJ.

-GATSI (J), Nouveau dictionnaire juridique, 2e éd, 2010, PUL.

-LEAGEAS (D), Suretés et garanties du crédit, 2006,5e éd, LGDJ.

-KARYOTIS (C), L’essentiel de la banque, Gualino lextenso,4e éd, 2016-2018, P18

II- MEMOIRES

-GIO (L), SEPARATION DES ACTIVITES BANCAIRES : l’application d’une réforme


visant à séparer strictement les activités de banque de dépôt et banque d’investissement est-

8
elle encore envisageable a l’heure actuelle en Belgique ? Mémoire Master, Université
catholique de LOUVAIN, 2015-2016, P2.

III- ARTICLES

-KAMWE MOUAFFO (M-C), « Le nouveau droit du crédit hypothécaire en OHADA


appliqué au consommateur camerounais » …

-KAMWE MOUAFFO (M-C) « Lecture prospective de la loi n°2014/006 du 23 avril 2014


régissant l’activité de l’affacturage au Cameroun »

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