Vous êtes sur la page 1sur 148

COURS DE DROIT ET REGLEMENTATION

BANCAIRE

Par

Grégoire JIOGUE
Agrégé des Facultés de Droit
Professeur Titulaire des Universités

INTRODUCTION GENERALE

Une multitude de textes régissent l’activité des établissements de crédit dans les Etats
membres de la CEMAC.

1 - Certains de ces textes sont d’origine communautaire. Il s’agit :

- des Conventions signées entre les Etats membres de la CEMAC. Les plus notables
sont : - la Convention du 16 octobre 1990 portant création d’une Commission Bancaire
de l’Afrique Centrale (COBAC) et son annexe ; - la Convention du 17 janvier 1992
portant harmonisation de la réglementation bancaire et son annexe ; - la Convention
régissant la Cour de Justice de la CEMAC.

- des résolutions du Conseil d’administration de la Banque des Etats de l’Afrique


Centrale (BEAC) ;

- des règlements et instructions de la COBAC ;

- des Actes additionnels et règlements CEMAC/UMAC ;

- des lettres circulaires à caractère de décision.

2 - D’autres textes sont d’origine nationale. Aux termes de l’article 2 de la


Convention du 17 janvier 1992, les Etats signataires se réservent la faculté de

1
compléter en tant que de besoin le cadre réglementaire institué par la Convention, dans
le strict respect des dispositions de cette Convention. Ils s’engagent également à s’y
conformer, à en faire observer les prescriptions et à prendre les mesures d’application
stipulées ou qui s’avéreraient nécessaires, y compris l’abrogation de toutes les
réglementations nationales contraires.

L’article 3 de la Convention du 17 janvier 1992 précise que ses dispositions


l’emportent de plein droit sur toutes réglementations nationales qui leur seraient
contraires.

3 - D’autres textes enfin émanent de l’OHADA. Il s’agit notamment de l’Acte


uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique.

Le cours de droit et réglementation bancaire a pour objet l’étude de tous ces textes.
Mais le droit bancaire et la réglementation bancaire sont deux matières distinctes en
raison de leur objet qui est également distinct.
Le cours de droit bancaire a pour objet l’étude des règles qui régissent l’activité des
établissements de crédit dans leurs rapports avec les clients.
Le cours de réglementation bancaire quant à lui a pour objet l’étude des règles qui
régissent l’ensemble de l’activité bancaire, notamment les conditions d’exercice de la
profession bancaire, les fonctions de direction et d’administration, le monopole
bancaire, la tutelle et la gouvernance des établissements de crédit, le contrôle et la
régulation de leurs activités.
Les deux blocs de notre cours n’ont donc pas le même objet et méritent par conséquent
d’être abordés séparément.
Notre cours s’articulera donc autour des deux parties suivantes :
Le droit bancaire (Première Partie)
La réglementation bancaire (Deuxième Partie)

2
PREMIERE PARTIE : LE DROIT BANCAIRE

Le contenu du droit bancaire se décline en deux points :


- L’ACTIVITE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT (TITRE I) ;
- LES OBLIGATIONS DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT (TITRE II).

TITRE I : L’ACTIVITE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT


Les établissements de crédit exercent diverses activités connues sous l’appellation
d’opérations de banque (Chapitre I) dont le support d’encadrement privilégié est le
compte bancaire (Chapitre II), par le moyen essentiel des instruments de paiement
(Chapitre III)1.

CHAPITRE I : LES OPERATIONS DE BANQUE

On distingue les opérations principales de banque (Section 1) des opérations connexes


et accessoires de banque (Section 2).

Section 1 – Les opérations principales de banque


Sont considérées comme opérations principales de banque : la réception des fonds du
public (§1), l’octroi des crédits (§2), la délivrance de garanties en faveur d’autres
établissements de crédit (§3) et la mise à la disposition de la clientèle et la gestion de
moyens de paiement (§4).

1
Les instruments de paiement sont des modes opératoires permettant d’aboutir à la délivrance par une personne
à une autre d’une quantité déterminée d’unités monétaires. Didier R. MARTIN, éléments de droit bancaire, Coll.
ITB 5e éd., page 155.

3
§1 - La réception des fonds du public

Selon l’article 2 du Règlement COBAC R-2009/02, « sont considérés comme fonds


reçus du public, les fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme
de dépôt, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle
de les restituer ». De manière générale, la jurisprudence considère que la réception des
fonds du public, sous forme de dépôt, constitue, quelle que soit leur destination, une
opération de banque (Cass. crim 21 mars 1996 n°1586, Bull. Crim. N° 126).
La réception des fonds du public comporte quatre éléments caractéristiques :
- la remise de fonds, sous plusieurs formes : dépôt, convention de compte courant,
émission de monnaie électronique, etc. ;
- le public, qui est défini à travers la notion de tiers, c’est-à-dire toute personne dotée
d’une personnalité juridique distincte de celle de l’établissement de crédit ;
- le droit pour les établissements de crédit de disposer des fonds pour leur propre
compte, qui implique la liberté pour ceux-ci de disposer des fonds comme ils
l’entendent, ce qui conduit à dire qu’« ils travaillent avec l’argent des autres » ;
- l’obligation de restitution : les établissements de crédit ont l’obligation de restituer
les fonds reçus du public par tous moyens : paiement de chèques ou exécution d’ordres
de virement émis par le déposant, retraits d’espèces, etc.
Ne sont toutefois pas considérés comme fonds reçus du public, aux termes du
même article 2 du Règlement COBAC R-2009/02 :
– les fonds reçus ou laissés en compte par les associés en nom ou les commanditaires
d’une société de personnes, les associés ou actionnaires détenant au moins 5% du
capital social, les administrateurs, les membres du directoire et du conseil de
surveillance ou les gérants ainsi que les fonds provenant de prêts participatifs ;
– les fonds qu’une entreprise reçoit de ses salariés sous réserve que leur montant
n’excède pas 10% de ses capitaux propres. Pour l’appréciation de ce seuil, il n’est pas
tenu compte des fonds reçus des salariés en vertu des dispositions législatives
particulières.

4
§2 - – L’octroi des crédits

L’article 3 du Règlement COBAC R-2009/02 donne une définition très large de


l’opération de crédit : « Constitue une opération de crédit tout acte par lequel une
personne agissant à titre onéreux met ou promet de mettre des fonds à la disposition
d’une autre personne ou prend, dans l’intérêt de celle-ci, un engagement par
signature tel qu’un aval, un cautionnement, ou une garantie. Sont assimilés à des
opérations de crédit le crédit-bail2, et, de manière générale, toute opération de
location assortie d’une option d’achat ».
La rémunération3 est une condition essentielle de l’opération de crédit et se présente
sous forme d’intérêts ou de commissions versés à l’établissement prêteur.
On distingue plusieurs types de crédit dont la classification tient compte de
certains critères.
1 - Suivant la durée
On distingue les crédits à durée déterminée et les crédits à durée indéterminée. Les
crédits à durée déterminée, c’est-à-dire ceux qui prévoient une durée pour l’exécution
sous forme de prêts délivrables ou d’autorisation de découvert, sont à court, moyen et
long terme.
a - Les crédits à court terme
Ils sont accordés pour une durée qui n’excède pas deux ans 4. Ils représentent la plus
grande partie des opérations de crédit dans la mesure où ils sont destinés au
financement des besoins d’exploitation des entreprises ou à la résolution des situations
urgentes des individus. Ils permettent par ailleurs de préserver la trésorerie des
banques tout en optimisant les marges bénéficiaires. Les crédits courts terme peuvent
être octroyés en compte courant ou sous forme de prêts. On peut citer entre autres les

2
Contrat de location d’un bien mobilier ou immobilier avec une option de vente à la fin du contrat. Ainsi, le
crédit-bail consiste à donner en location un bien pendant une certaine période au terme de laquelle le locataire
peut soit racheter ce bien à un prix convenu d’avance et fixé par le contrat de crédit-bail, soit continuer à le louer,
soit mettre fin au contrat et restituer le bien.
3
La rémunération dont s’agit se réfère au taux applicable au crédit ainsi qu’aux frais sous-jacents (mise en place,
étude de dossier, etc.) prélevés au profit de la banque. Il n’existe plus depuis 2008, dans la zone CEMAC, un
taux débiteur maximum. C’est donc désormais la pratique du taux négocié même si les établissements de crédit
sont tenus de respecter depuis les exigences liées au taux effectif global (TEG).
4
Philippe DELEBECQUE et Michel Germain ; Traité de Droit Commercial ; Tome 2, N° 2375 ; 17e édition.

5
escomptes5, l’affacturage6, la facilité de caisse, le découvert bancaire, le crédit de
campagne, le crédit relais, etc.
b - Les crédits à moyen terme
Ils s’étalent sur une durée approximative de deux à sept ans. Ils intéressent
principalement certaines opérations de construction et d’équipement industriel.

Sous un angle de technique générale des crédits à moyen terme, il se pose le problème
classique dit de la « transformation » de dépôts d’épargne (à vue ou à moins de deux
ans) en crédits à plus de deux ans. L’ampleur du risque appelle et implique la
couverture à haut niveau de l’organe bancaire central pour le refinancement des
banquiers prêteurs. Toutefois, il est clair que le recours à ce palliatif n’est pas toujours
évident, pour la simple raison que la banque centrale assure très souvent le rôle
d’organe de régulation et n’hésite de ce fait pas à sanctionner le non respect des ratios
prudentiels par les banques commerciales. Aussi, pour éviter des déconvenues de tous
ordres, celles-ci préfèrent-elles dans la plupart des cas assurer un renforcement optimal
de leurs fonds propres soit par injection des fonds nouveaux par les actionnaires dans
le cadre d’une augmentation de capital, soit par le blocage de comptes courant
associés, soit encore par recours à des emprunts subordonnés 7, ou prêts participatifs8
auprès d’institutions internationales de financement. Vu sous cet angle, les crédits à
moyen terme représentent donc de véritables tourments pour la trésorerie des banques.

c - Les crédits à long terme

5
Opération (inverse de la capitalisation) par laquelle une banque paie d'avance un effet à recevoir pour le compte
d'un client. Selon le principe de l'actualisation, la banque déduit du paiement au client les intérêts calculés
jusqu'à l'échéance, et prélève les frais habituels. En Bourse, escompter signifie aussi anticiper.
6
Forme de financement apparentée au crédit contre cession. Une entreprise transfère tout ou partie de ses
créances sur débiteurs (la plupart du temps à 30-90 jours) au factor (généralement un établissement affilié d'une
grande banque). Ce dernier assure le recouvrement des créances et tient la comptabilité du débiteur moyennant
paiement d'une commission et, le cas échéant, accorde des avances sur débiteurs. Le factor assume alors
normalement le risque d'insolvabilité.
7
Il s’agit de prêts accordés à un établissement de crédit et dont l’exigibilité n’intervient pas avant cinq ans. Ils
sont comptabilisés dans les fonds propres de la banque et augmentent sa capacité de financement (sur le long
terme)
8
Moyen de financement intermédiaire entre le prêt long terme et la prise de participation permettant à un tiers
d’apporter un concours financier à une entreprise commerciale ou industrielle, moyennant le service d’un intérêt
fixe, majoré d’une participation au bénéfice de l’emprunteur (Vocabulaire juridique, Gérard Cornu Association
Henri Capitant, 2009).

6
Ils sont ceux qui s’étendent normalement au-delà de sept ans. Il est pratiqué
essentiellement par des établissements spécialisés dans la construction immobilière, la
construction navale, certaines opérations d’équipement ou d’exportation.

2 - Selon la nature
On distingue les crédits de trésorerie ou par caisse et les crédits par signature, et
c’est à ce titre que la notion de crédit au sens du droit bancaire se distingue du crédit
dans son acception populaire ou encore du prêt du Code civil qui reste un contrat réel.
La jurisprudence est d’ailleurs formelle sur ce point lorsqu’elle affirme sans ambages
que le prêt d’argent consenti par un professionnel du crédit n’est pas un contrat réel
(Cass. Civ. 28 mars 2000 : RDJA 5/00 n° 583). Ainsi, la simple ouverture de crédit ou
encore le découvert qui sont en réalité des promesses, sont qualifiés de crédit. C’est la
raison pour laquelle le législateur, définissant l’opération de crédit, précise qu’elle
consiste aussi bien en une mise à disposition qu’en une promesse de celle-ci.
Par ailleurs, Il résulte de ce dernier type de crédit que le crédit bancaire peut prendre la
forme d’engagement par signature. L’établissement de crédit prend sur ordre et dans
l’intérêt de son client un engagement par signature au profit de tiers sous forme de
cautionnement, d’aval ou de garantie. C’est une pratique courante en matière de
marchés publics (exigence de la caution de soumission, de la caution de soumission
d’avance de démarrage, de la caution de bonne fin et de la caution portant retenue de
garantie) et d’opérations internationales (garantie et contre garantie autonomes, crédit
documentaire, aval de traites, etc.). Selon le cas, les garanties émises par la banque sur
ordre de son client sont soumises aux règles régissant le cautionnement ou les
garanties autonomes, aux règles et usances uniformes sur les garanties internationales
ou le crédit documentaire, aux règles du droit cambiaire pour les avals.
Les crédits octroyés sont généralement assortis de sûretés réelles ou personnelles.

§3 - La délivrance de garanties en faveur d’autres établissements de crédits (Voir


infra)
7
§4 - La mise à la disposition de la clientèle et la gestion des moyens de paiement
Selon l’article 4 du Règlement COBAC R-2009/02, « sont considérés comme moyens
de paiement, tous les instruments qui, quel que soit le support ou le procédé technique
utilisé, permettent à toute personne de transférer des fonds». En d’autres termes, les
moyens de paiement sont des moyens de transfert de fonds, des instruments permettant
de faire circuler l’argent. Il s’agit de moyens qui peuvent être matérialisés sur un
support papier ou magnétique (chèque, lettre de change, virement) ou des moyens
dématérialisés qui reposent sur un procédé technique (instruments de télépaiement ou
de monnaie électronique).
* On parle de mise à la disposition des moyens de paiement lorsqu’un
établissement de crédit crée ou émet des moyens de paiement.
Dans la zone CEMAC, l’exercice habituel de l’émission des moyens de paiement
relève du monopole bancaire et est donc en principe réservé exclusivement aux
établissements de crédit. Toutefois, ce principe connaît des inflexions dans la mesure
où des entreprises obtiennent dans notre contexte l’autorisation d’émettre la monnaie
électronique à l’instar de Orange pour ORANGE MONEY ou MTN pour MOBILE
MONEY. Par ailleurs, il n’est pas exclu l’émission par une entreprise de cartes
qualifiées de privatives qui peuvent être utilisées pour l’achat de biens commercialisés
aussi bien directement par elle-même ou par des commerçants « franchisés » par elle
(ex. : OILYBIA). En tout état de cause, le moyen de paiement doit permettre un
transport de fonds. Tel n’est par exemple pas le cas des chèques cadeaux qui sont des
moyens de transférer des créances sur des débiteurs prédéterminés.
* La gestion des moyens de paiement couvre les opérations de caisse (encaissements
et paiements), la réception des ordres de paiement et les opérations de compensation.
Les moyens de paiement sont gérés au profit de la clientèle. La gestion des moyens de
paiement doit s’entendre de tous les actes matériels et juridiques d’administration
destinés à la conservation des effets, à la sauvegarde et l’exercice des droits y attachés,
de l’émission au paiement (CA Paris, 13 septembre 1999, N° 98-7474, 9 e ch. A : D.
1999 AJ p. 60note XD)

8
En marge des opérations bancaires et dans le double souci de satisfaire leur clientèle et
d’accroître leurs revenus, les établissements de crédit effectuent des opérations non
bancaires.
Section 2 - Les opérations connexes et accessoires de banque
§1 - Les opérations connexes de banque
Certaines opérations de banque sont dites connexes en ce qu’elles se rattachent de près
ou de loin à une opération principale de banque ou s’inscrivent dans la réalisation ou la
continuité de celle-ci. Elles se caractérisent par un lien entre deux opérations. Ce lien
doit être tel que la seconde opération apparaisse comme le « prolongement,
l’accessoire, le complément possible » de la première. Le qualificatif connexe est
utilisé pour désigner les liens ou les rapports étroits qui existent entre deux choses.
Aux termes de l’article 5 du Règlement COBAC R-2009/02, « les établissements de
crédit peuvent effectuer des opérations connexes à leurs activités telles que :
– les opérations de change ;
– les opérations sur or, métaux précieux et pièces ;
– la location de compartiments de coffres-forts ;
– le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs
mobilières et de tout produit financier ;
– le conseil et l’assistance en matière de gestion de patrimoine ou financière,
l’ingénierie financière, et d’une manière générale, tous les services destinés à faciliter
la création et le développement des entreprises, sous réserve des dispositions
législatives relatives à l’exercice illégal de certaines professions ;
– les opérations de location simple de biens mobiliers ou immobiliers pour les
établissements habilités à effectuer des opérations de crédit-bail ».
Il s’agit d’une énumération indicative des opérations connexes confortée par l’emploi
de la locution « telles que ». Cette énumération indicative des activités connexes est
favorable à la distribution de l’assurance par les banques. Celles-ci ont ainsi le droit de
distribuer les contrats d’assurance qu’elles jugent connexes à l’activité bancaire. Bien
entendu, la Commission bancaire est habilitée à sanctionner les abus et à procéder à
des requalifications.

9
Les opérations connexes peuvent être exercées sans limite par les établissements de
crédit, sous réserve du respect de la réglementation propre à ces activités.
La loi considère comme connexes aux opérations de banques, « le placement, la
souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs mobilières et de tout
produit financier ». Elle prévoit également la possibilité pour les banques d’exercer
des activités de conseil et d’assistance en matière de gestion de patrimoine ou de
gestion financière.
Les placements et les opérations relatives aux valeurs mobilières et aux produits
financiers entretiennent des liens de proximité indéniables avec les opérations de
banque. La généralité des termes retenus permettrait au banquier d’exercer comme
activité connexe, toute activité qui s’inscrirait dans le cadre ainsi légalement
déterminé.
§2 - Les opérations accessoires de banque
Il est formellement interdit aux établissements de crédit d’exercer à titre habituel une
activité autre que celles visées aux articles 1 à 4 du Règlement COBAC R-2009/02,
c’est-à-dire les opérations principales de banque, sauf dans les conditions définies par
la COBAC suivant le Règlement fixant le niveau maximal des opérations concernées.
A cet effet, le Règlement COBAC R-93/12 du 19 avril 1993 relatif à l'exercice des
activités autres que celles visées aux articles 4 à 7 de l'Annexe à la Convention du 17
janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire, autorise les
établissements de crédit, sans excéder 10% du produit net bancaire9, à :
- exercer toute activité de mandataire, courtier ou commissionnaire, pour le compte de
filiales ou en prolongement des autres activités autorisées ;
- gérer en propriété un patrimoine immobilier non affecté à leur exploitation ;
- offrir des prestations de services qui constituent l'utilisation accessoire de moyens
principalement affectés à l'exploitation bancaire ;
- apporter à leur clientèle des services qui, tout en n'étant pas connexes à leur activité,
constituent le prolongement d'opérations de banques.

9
Différence entre les produits et les frais bancaires.

10
Ces activités accessoires doivent toutefois demeurer compatibles avec les exigences de
la profession bancaire, notamment la préservation de la réputation de l'établissement
de crédit et la protection de l'intérêt des déposants.
Par ailleurs, relativement aux prises de participation par les établissements de
crédit dans les entreprises, tant l’Annexe à la Convention de 1992 que le Règlement
COBAC R-2009/02 l’interdisent formellement. Ces textes disposent clairement que les
établissements de crédit ne peuvent prendre ou détenir des participations dans les
entreprises (article 9 de l’Annexe à la Convention et article 6 du Règlement COBAC
R-2009/02).
Cette position suscite des interrogations dans la mesure où elle se borne à exclure toute
détention de participation dans les entreprises sans autre précision. Or l’économie
bancaire aujourd’hui se prête mal à l’isolement ou à l’individualisme. D’où la
constitution de groupes financiers avec des participations dans des sociétés filiales (cas
Afriland First Bank ou BGFI en Afrique centrale). Le législateur Communautaire a
certainement omis de faire la précision.
Pourtant, pour tenir compte de cette nécessité, le Règlement COBAC R-93/11 du 19
avril 1993 relatif aux participations d'établissements de crédit dans le capital
d'entreprises prévoyait en son article 4 que la prise de participations par les
établissements de crédit n’était pas limitée dans :
- les établissements de crédit assujettis,
- les entreprises dont l'activité constitue un prolongement de l'activité de
l'établissement détenteur ou consiste, soit en la détention d'immobilisations affectées à
l'exploitation de l'établissement, soit en la fourniture de services nécessaires à
l’exploitation de l’établissement.
Ce texte était d’ailleurs allé plus loin en autorisant, sous réserve des limites à respecter,
les participations dans les entreprises commerciales et industrielles. A cet effet, son
article 3 disposait qu’aucune participation ne pouvait excéder 15% des fonds propres
nets de l’établissement participante. Cette limitation, du reste logique et justifiée, vise
à empêcher les établissements de crédit de prendre des risques excessifs dans des
sociétés commerciales et d’orienter exagérément leurs activités vers des activités

11
autres que les opérations de banque, dont l’encadrement est assuré par l’existence des
comptes bancaires.

CHAPITRE 2 - LE COMPTE BANCAIRE


Le compte bancaire est l’instrument à travers lequel la banque et le client matérialisent
leurs relations réciproques. A la fois un instrument comptable et juridique, il est le
cadre habituel d’enregistrement et de dénouement des opérations intervenant entre un
banquier et son client. Nous envisagerons tour à tour l’ouverture du compte bancaire
(§1), son fonctionnement (§2) et sa clôture (§3).
§1 - L’ouverture du compte bancaire
Aux termes de l’article 7 du Règlement n° 02/03-CEMAC-UMAC-CM du 4 avril 2003
relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement, « toute personne physique ou
morale domiciliée dans un Etat membre de la CEMAC et dépourvue d'un compte de
dépôt, a droit à l'ouverture d'un tel compte dans l'établissement assujetti de son
choix ». Le législateur CEMAC consacre ainsi le droit au compte bancaire. En cas de
refus établi d'au moins trois établissements choisis, la personne peut saisir la BEAC
afin qu'elle désigne un établissement assujetti qui est tenu de lui ouvrir un compte de
dépôt et d'assurer sur ce compte au minimum les services de base liés aux opérations
de dépôt, de retrait et de virement au guichet, au traitement d'avis de prélèvement et à
la remise de toute autre formule de retrait.
L’ouverture du compte bancaire soulève trois types de questions : celles liées à
l’identité du client (A), celles liées à l’ouverture du compte à un non-résident et en
devises (B), et celles liées aux types de comptes (C).
A - L’identité du client 

Les personnes physiques et les personnes morales peuvent ouvrir des comptes
bancaires, mais leur identification ne s’opère pas de la même manière.

1 - L’identification des personnes physiques

Aux termes de l’article 226 du Règlement CEMAC sur les systèmes, moyens et
incidents de paiement, « lors de l'ouverture d'un compte à un nouveau client,
l'établissement assujetti doit s'assurer de l'identité et de l'adresse de celui-ci sur
12
présentation d'un document officiel en cours de validité. S'il s'agit d'un compte
collectif, les mêmes diligences doivent être accomplies à l'égard de chacun des Co-
titulaires ».

Cette exigence est reprise par l’article 9 du Règlement n° 01/CEMAC-UMAC du 11


avril 2016 portant prévention et répression du Blanchiment des Capitaux et du
Financement du terrorisme et de la Prolifération en Afrique Centrale.

L'identité est composée des noms et prénoms, de la date et du lieu de naissance, de la


nationalité et du domicile.

Le particulier apportera la preuve de son identité au moyen d'un document officiel :


carte nationale d'identité, passeport ou carte de séjour ou de résident. L'existence du
domicile sera justifiée par une quittance (loyer, Eneo, Camwater) au nom du client, de
son bailleur ou de son représentant légal (tuteur par exemple).

Lorsqu’il s’agit des personnes morales, celles-ci doivent fournir tous les documents
permettant d’établir leur existence légale.

Il arrive souvent que la banque demande des renseignements complémentaires utiles à


une bonne connaissance de la situation personnelle ou professionnelle de son client.

Avant toute délivrance de chéquier, le banquier devra au préalable s'assurer que le


candidat n'est pas frappé d'une interdiction d'émettre des chèques. Il devra pour le
vérifier se référer au Fichier des Incidents de paiement centralisé par la BEAC.

Le banquier doit enfin s’assurer que le postulant à l’ouverture du compte a la capacité


civile qui permet à une personne d'effectuer seul tous les actes de la vie civile, à gérer
seul ses biens et sa personne. En effet, seules les personnes capables 10 peuvent signer

10
Il est de principe que chaque individu est capable. Chacun est pour ainsi dire apte à jouir de droits - capacité de
jouissance-, et à en exercer ou mettre en œuvre – capacité d’exercice- (par exemple conclure un contrat
d’ouverture de compte).  Mais certaines personnes peuvent être privées de cette dernière prérogative. Elles sont
alors dites «  incapables » et soumises à un régime de protection consistant en la représentation ou l’assistance,
connu sous le nom d’incapacité d’exercice. Cela étant, de telles personnes seront représentées ou assistées dans
le cadre de l’ouverture d’un compte par les personnes habilitées à cet effet notamment l’administrateur légal, le
tuteur ou le curateur selon le cas. L’article 488 du Code civil fixe la majorité à vingt et un an.

13
la convention d’ouverture de compte ou effectuer des opérations bancaires. A défaut,
elles doivent se faire représenter. L’article 488 du Code civil fixe la majorité civile à
vingt et un an.

2 - L’identification des personnes morales

Une personne morale est un groupement de personnes physiques, doté de la


personnalité juridique. Les personnes morales sont de droit public (Etat, collectivités
territoriales décentralisées, établissements publics, etc.) ou de droit privé (sociétés
civiles ou commerciales, associations, syndicats, groupements d'intérêt économique,
etc.).
La personne morale de droit public est créée par l’Acte de création (Décret, Arrêté,
Traité, etc.).
La personne morale de droit privé est en principe créée par les statuts, sauf exception
prévue par la loi. Dans ce cas, l’acquisition de la personnalité juridique peut être
subordonnée à l’accomplissement de certaines formalités administratives ou judiciaires
préalables telles que l’inscription au RCCM pour les sociétés commerciales, la
déclaration à la préfecture pour les associations ordinaires, l’autorisation ministérielle
pour les ONG, etc.

B - L’ouverture de compte bancaire à un non-résident/résident et l’ouverture de


compte bancaire en devises/FCFA

1 – Le compte de résidents en devises


Il résulte des articles 41 à 45 du Règlement CEMAC portant réglementation des
changes ce qui suit :
- L’ouverture d’un compte en devises hors CEMAC est interdite aux personnes
morales résidentes, à l’exception d’établissements de crédit. Toutefois la Banque
Centrale peut autoriser une personne morale résidente à ouvrir un compte en devises
hors de la CEMAC dans les conditions et modalités fixées par Instruction de celle-ci.
- Les comptes des personnes physiques résidentes ouverts à l’étranger sont déclarés à
la Banque Centrale.

14
- L’ouverture d’un compte en devises dans la CEMAC au profit d’un résident
n’est pas autorisée. Toutefois, la Banque Centrale peut autoriser une personne
morale résidente d’avoir un compte en devises dans la CEMAC dans les
conditions et modalités fixées par Instruction de celle-ci.

- Le compte en devises ouvert « exceptionnellement » dans la CEMAC ne peut


être crédité ni de versements en FCFA ni par le débit d’un compte en FCFA. En
outre, il ne peut présenter un solde débiteur.

- Les retraits de devises sur un compte de résident en devises pour la couverture


de besoins locaux sont interdits.

2 – Les comptes de non-résidents

a) Les comptes de non-résidents en devises

Il résulte des articles 46 à 50 du Règlement CEMAC portant réglementation des


changes, ce qui suit :

- L’ouverture de comptes de non-résidents en devises dans les livres des


établissements de crédit est libre dans la CEMAC, sous réserve de l’information a
posteriori de la Banque Centrale.

Le requérant adresse à l’établissement de crédit une demande motivée en vue de


l’ouverture d’un compte de non-résident en devises.

b) Les comptes de non-résidents en FCFA

Il résulte des articles 51 et 52 du Règlement CEMAC portant réglementation des


changes, ce qui suit :

- L'ouverture de comptes de non-résidents en Franc CFA dans les livres des


établissements de crédit est libre dans la CEMAC, sous réserve de la présentation des
documents exigés par la réglementation des changes ;
- Les mouvements au crédit et au débit des comptes de non-résidents en Franc CFA
sont libres, sous réserve du respect de la réglementation en vigueur.

15
C - Les variétés de comptes bancaires

Il existe plusieurs catégories de comptes bancaires : les comptes courants, les comptes
de dépôt, les comptes individuels, les comptes collectifs, les comptes sur livrets, les
comptes dits spéciaux, etc.
1 - Le compte courant et le compte de dépôt
a – Le critère de distinction entre les deux comptes
Le critère de distinction entre ces deux comptes est assez simple.
Par le compte courant, les parties s’entendent pour porter en compte toutes les
opérations génératrices de créances réciproques entre elles et ne procéder au règlement
qu’après la fusion de celles-ci qui fera apparaître le solde lors de la clôture.
Quant au compte de dépôt, il enregistre toutes les opérations de caisse entre le
banquier et son client qui modifieront le dépôt initial effectué lors de l’ouverture du
compte.
La différence essentielle entre les deux comptes tient dans la possibilité de remises
réciproques. Dans le compte de dépôt, les remises sont unilatérales car elles émanent
du seul client alors que dans le compte courant, elles sont réciproques.
b - Le compte courant
Lorsque deux personnes s’accordent pour porter en compte toutes les opérations
génératrices de créances réciproques entre elles et ne procéder au règlement qu’après
la fusion de celles-ci qui fera apparaître un solde à la clôture, on est en présence d’un
compte courant. Il s’agit d’un mode simplifié de règlement des créances entre deux
parties. Dans la majeure partie des cas, le compte courant facilite les relations entre les
établissements de crédit et les commerçants.
Le compte courant doit être distingué des comptes courants d’associés par lesquels des
associés consentent à leurs sociétés des avances ou des prêts en renonçant à percevoir
certaines dividendes ou rémunérations ou en versant des fonds.
i) Les éléments constitutifs du compte courant
- L’élément intentionnel : L’existence d’une convention entre les parties est
nécessaire. Cette convention obéit aux conditions de droit commun de validité du
contrat à savoir le consentement, la capacité, l’objet et la cause. Cette convention doit
clairement indiquer l’intention des parties d’établir un compte courant.
16
- L’élément matériel : L’élément matériel est constitué par ce que l’on appelle
l’alternance ou la réciprocité des remises. Cet élément est essentiel et sa conjonction
avec l’élément intentionnel permetde déterminer l’existence du compte courant. La
remise peut être définie comme étant l’inscription de la créance en compte qui opérera
son règlement. En ce sens, la créance doit être certaine, liquide et exigible. La créance
doit être licite car une créance illicite ou immorale est susceptible d’être annulée et ne
peut entrer dans un compte courant. En l’absence de remises réciproques, la
qualification de compte courant ne peut être retenue en ce sens qu’il est nécessaire
d’avoir des remises alternées provenant des deux parties. L’absence de remises
alternées empêcherait les remises de se compenser de manière comptable.
ii) L’entrée des créances en compte
L’entrée des créances en compte courant est fondamentale, en ce sens qu’elle apparaît
comme la caractéristique fondamentale du compte courant. Lors de sa conclusion, la
convention de compte courant est en quelque sorte une enveloppe vide. Le compte
fonctionnera uniquement lorsqu’il sera alimenté par des créances.
- La remise en compte et l’indivisibilité : Le compte courant forme un ensemble
dont les différents articles sont les éléments du tout. La règle de l’indivisibilité tend à
expliquer la perte d’individualité des différents articles du compte et leur intégration
dans un vaste ensemble : le compte. Du fait de l’existence de cet ensemble, le
remettant ne peut pas être considéré comme le créancier du récepteur en raison de la
remise. Le solde positif ou négatif d’un côté comme de l’autre sera dégagé lors de la
clôture du compte. Pour cette raison, le solde du compte sera exigible le jour de la
clôture.
Autrefois, on faisait jouer au solde provisoire du compte courant un rôle uniquement
comptable. Mais la jurisprudence a décidé, dans une formule devenue classique que «
les opérations d’un compte courant se succédant les unes aux autres jusqu’au
règlement définitif, forment un tout indivisible qu’il n’est pas permis de décomposer ni
de scinder ; tant que le compte reste ouvert, il n’y a ni créance ni dette, mais
seulement des articles de crédit et de débit, et c’est par la balance finale seule que se
détermine les qualités de créancier et de débiteur jusque-là en suspens. »( Cass. civ.,
24 juin 1903 : D. 1903, 472 ; S. 1904, 1, 220) .

17
- L’entrée en compte : Elle peut être au disponible ou au différé.
Au disponible, elle s’analyse comme la véritable entrée en compte qui suscite la
modification de la position de ce dernier, car elle produit un effet de règlement. En
effet, les créances sont payées par l’effet de cette fusion. Cette modification de la
position du compte montre bien que l’intention des parties est réalisée, à savoir obtenir
le règlement financier global par la possibilité de remises réciproques. La convention
de compte courant est fondée sur la confiance entre les deux partenaires. L’un des
correspondants accepte d’être payé car il sait qu’il existera dans l’avenir des remises
en sens inverse qui opéreront une sorte de compensation.
Au différé, vont y entrer les créances qui ne peuvent pas être actuellement payées
parce qu’elles ne présentent pas le caractère de fongibilité, de certitude, de liquidité et
d’exigibilité. Ces créances sont dans une position d’attente.
c - Le compte de dépôt
C’est un compte qui a pour objet l’enregistrement des opérations de caisse qui
augmentent ou diminuent le dépôt initial. Le compte de dépôt ne comporte pas de
différé mais un disponible. Ainsi, pour entrer en compte, les créances doivent être
certaines, liquides et exigibles. Si elles ne présentent pas ces caractères, elles restent en
dehors du compte.
Le compte de dépôt apparaît beaucoup plus simple dans son fonctionnement que le
compte courant. Il enregistre toutes les opérations de caisse entre le banquier et son
client qui modifieront le dépôt initial effectué lors de l’ouverture du compte.
La différence fondamentale entre le compte de dépôt et le compte courant est que le
premier ne s’analyse pas en un mécanisme de règlement. Il n’existe pas de remises
réciproques.
d – Le cas particulier des bons de caisse et des dépôts à terme
Le bon de caisse11 est un titre à terme, anonyme ou nominatif, souscrit par une
personne physique auprès d’un établissement de crédit moyennant intérêt et
remboursable à l’échéance de six mois, un an ou deux ans. Il doit contenir les
mentions suivantes :

11
Il est régi au Cameroun par l’Arrêté N° 189/MINFI/CE du 19 juillet 1976 portant émission des bons de caisse,
modifié et complété par l’Arrêté N° 22/MINFI/CE du 26 janvier 1977 et par l’Arrêté N° 359/MINFI/CE du 29
juillet 1980.

18
• Mention bon de caisse ;
• Nom et adresse de la banque émettrice ;
• Lieu et date d’émission ;
• L’échéance ;
• La valeur nominale ;
• Le numéro ;
• La signature de la banque.
Le dépôt à terme quant à lui est tout dépôt dont le titulaire s’engage à ne pas utiliser
avant l’expiration d’un délai minimum d’un mois. En pratique, il est réservé aux
personnes morales12.
2 - Le compte individuel et les comptes collectifs
a - Le compte individuel

Le compte individuel est celui qui n'est ouvert qu'à une seule personne. Seule sa
signature, en l'absence de procuration, est autorisée pour le fonctionnement du compte
individuel.

Il peut arriver cependant qu’une personne soit titulaire de plusieurs comptes dans un
même établissement de crédit. En pareille hypothèse, il est de principe que les comptes
fonctionnent indépendamment les uns les autres. Ainsi, une personne qui a un solde
débiteur sur un compte, ne peut le compenser automatiquement par le solde créditeur
qu’elle a sur un autre compte. De même, elle ne peut reprocher à sa banque de n’avoir
pas procédé, d’elle-même, à une telle compensation. L’article 13 de l’arrêté n°
224/MINFI/DCE du 5 avril 1989 portant conditions de banque dispose d’ailleurs que
toute fusion de comptes ouverts pour le même client sur des places différentes est
interdite13.

Pour pallier l’inconvénient que présente l’indépendance de chacun des comptes en cas
de pluralité de comptes, il est fréquent de stipuler dans la convention de compte que
les différents comptes ouverts à un client chez le banquier ne constituent que les
12
Article 10 nouveau de l’Arrêté N° 224/MINFI/DCE du 5 avril 1989 portant conditions de banque modifié et
complété par l’Arrêté n° 00001/MINEFI/CSB/REP du 04 janvier 1995.
13
Il s’agit de deux places bancables distinctes. Sont réputés places bancables les places (ou villes) sur lesquelles
la BEAC dispose de ses propres installations ou de correspondants (exemples : Yaoundé, Bafoussam, Douala,
LIMBE…).

19
éléments d’un compte unique, résultant de ces différents comptes et dont le solde seul
sera exigible : c’est la convention d’unité de comptes. Il est également fréquent que
soit prévue une clause de compensation ou de fusion de comptes liant entre eux les
différents comptes.

De telles conventions présentent un grand intérêt pour le banquier d’un client en


cessation de paiements, en ce qu’elles lui permettent de compenser les soldes débiteurs
et créditeurs des différents comptes ; il peut ainsi opérer une compensation qui ne
serait autrement pas possible en raison du dessaisissement du débiteur en cessation de
paiements.

Il convient néanmoins de rappeler que cette convention, qui constitue une simple
possibilité pour le banquier et non pas une obligation, n’entraîne pas fusion des
comptes en échelles d’intérêts et n’emporte pas renonciation pour la banque à calculer
ses agios selon les positions respectives de chacun des comptes qui conservent leur
individualité (Paris, 3 dec. 1963. JCP. 1964. II. 13714, note C. Gavalda).

b – Les comptes collectifs

Les comptes collectifs appartiennent à plusieurs co-titulaires et fonctionnent dans le


cadre de deux principes généraux.

D'une part, à défaut de stipulation particulière, la signature de chacun des co-


titulaires est requise pour toute opération de retrait sur le compte.

D'autre part, le compte collectif n'est destiné qu'à enregistrer les opérations
participant aux intérêts communs des co-titulaires. Ces derniers peuvent disposer par
ailleurs de comptes individuels pour leurs besoins personnels.

Deux catégories de comptes collectifs sont à distinguer : le compte indivis et le


compte joint. 

- Le compte indivis : C’est un compte dans lequel les opérations de retrait exigent, en
principe, la signature commune des co-titulaires. En pratique cependant, un mandataire
commun est souvent désigné. A la clôture d’un compte indivis, le banquier ne peut se
dessaisir du solde créditeur qu’avec l’accord de tous les co-titulaires, à moins qu’il soit
20
justifié d’un partage régulier. Généralement, les noms des co-titulaires d’un compte
indivis  sont séparés par la conjonction « ET ». Un compte individuel peut devenir un
compte indivis. C’est le cas du compte du de cujus qui devient, au décès, indivis entre
les héritiers.

- Le compte joint est un compte dans lequel chacun des co-titulaires est créancier du
banquier pour l’intégralité de la somme disponible et peut, par conséquent, effectuer
seul toutes les opérations de retrait jusqu’à épuisement du crédit. Le paiement fait à
l’un des co-titulaires (créanciers solidaires) libère le banquier (débiteur) à l’égard des
autres. Mais si l’un des co-titulaires écrit à la banque pour dénoncer la solidarité, une
telle lettre empêche les autres titulaires du compte d’en disposer (article 1198 du Code
civil). L’intérêt du compte joint est certain du vivant des co-titulaires. En cas de décès
d’un des co-titulaires, le compte n’est pas clôturé et les survivants en conservent la
disposition. Les noms des co-titulaires sont séparés par la conjonction «OU ». 

§2 - Le fonctionnement du compte

Une fois le compte ouvert, il doit fonctionner pour maintenir des relations dynamiques
entre le banquier et son client. Il importe de ce fait de déterminer qui a vocation à
donner les ordres au banquier pour l’exécution des opérations de retrait (A). De plus,
le fonctionnement du compte n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il peut subir
en effet des incidents plus ou moins importants à l’initiative des tiers (B).

A - La signature sur le compte


Le banquier n’est tenu de respecter que les ordres qui lui ont été donnés sur la base de
la signature déposée chez lui par le titulaire du compte ou son mandataire. Il y a un
important risque si les ordres de paiement sont signés par une personne qui n’a pas
qualité.
Qui a pouvoir sur le compte et peut par conséquent donner les ordres au banquier ?
Autrement dit, quelle signature doit-on prendre sur le spécimen de signature rattaché à
un compte ?

Pour les personnes physiques, c’est le titulaire du compte sauf PROCURATION


donnée à un tiers pour agir en ses lieu et place. Pour les personnes morales, ce sont les

21
REPRESENTANTS LEGAUX (Gérant, DG, AG, Président…), sauf
PROCURATION donnée à un tiers pour agir en leurs lieu et place.

1 – Le titulaire du compte et les représentants légaux

Pour une personne physique, c’est le titulaire du compte qui a qualité pour signer sur
la convention d’ouverture de compte et sur le compte. S’il est frappé d’incapacité
(mineur ou majeur incapable), c’est l’administrateur légal ou le tuteur qui a qualité
pour le faire. Le titulaire du compte peut aussi donner procuration à une personne pour
effectuer des opérations de retrait sur son compte.

Pour une personne morale de droit privé (société, ONG, association, syndicat),
c’est le représentant légal qui a qualité pour signer les documents relatifs au
fonctionnement du compte. Il est désigné par un organe délibérant qui peut être
l’Assemblée générale ou le Conseil d’administration.

Pour une personne morale de droit public, celui qui a qualité pour signer sur le
compte est désigné par l’Autorité qui détient les pouvoirs à cet effet. Dans la plupart
des cas, c’est l’agent comptable ou le Receveur, avec la co-signature du chef de
l’Administration concernée, à savoir le Proviseur, le délégué, le Recteur, etc..

Le banquier doit soigneusement analyser l’acte qui donne pouvoir d’agir au nom et
pour le compte de la personne morale. Cet exercice lui permettra de déceler les limites
éventuelles aux pouvoirs dévolus au représentant. Les limitations de pouvoir peuvent
porter sur le temps ou l’étendue (plafond des opérations, catégories d’opérations
limitativement énumérées, etc.). Il ne suffit pas d’être nommé Directeur Général,
gérant, Président, encore faut-il que l’attribution des pouvoirs ne soit pas restreinte. Si
le banquier, professionnel, par négligence, permet au représentant légal d’outrepasser
ses pouvoirs, il pourrait être appelé à en répondre si on rapporte la preuve de ce que la
limitation des pouvoirs lui avait été notifiée.

Il faut donc s’assurer que le représentant légal agit dans le cadre strict de l’étendue de
ses compétences et que son mandat n’est pas échu.

22
Quoi qu’il en soit, la signature se prend devant le banquier. Ne jamais recueillir une
signature à distance et sans avoir identifié le concerné.

2 - Les procurations 
A l'ouverture du compte ou à tout autre moment pendant son fonctionnement, le
titulaire du compte ou celui qui a pouvoir de signature sur le compte peut donner
procuration à un tiers.

La procuration est un acte par lequel une personne (le mandant), donne à une autre
personne (le mandataire), le pouvoir d'agir en son nom et pour son compte. Tous les
actes effectués par le mandataire, dans la limite de ce pouvoir, n'engagent que le
mandant.

La procuration est régie par les articles 1998 et suivants du Code civil. Elle peut être
donnée par le ou les titulaires du compte, les représentants légaux, le mandataire lui-
même, si la procuration ouvre cette possibilité ( Dans le jargon bancaire on parle de
« subdéléguer »).

Elle peut également être donnée à plusieurs personnes ou être accordée


conjointement, les mandataires devant alors effectuer et signer ensemble les
opérations.

La procuration peut être générale, c’est-à-dire sans limitation d'opérations, de


montants, ou de durée, ou spéciale, c'est-à-dire limitée sur l'un ou plusieurs de ces
éléments.

La procuration ne peut être tacite. Un acte doit donc être élaboré et les signatures
précédées des mentions « Bon pour pouvoir » pour le mandant et « Accepte le présent
pouvoir » pour le mandataire.

La procuration n'engage pas personnellement le mandataire lors des opérations qu'il


effectue pour le compte de son mandant, mais seulement ce dernier. En cas de chèque
sans provision par exemple, c'est le titulaire du compte et non son mandataire qui
sera sanctionné. Le mandataire reste, cependant, responsable vis-à-vis de son
mandant.

23
La procuration prend fin :
- à la révocation du mandataire notifiée par écrit au banquier ;
- à la renonciation au mandat par le mandataire notifiée par écrit au banquier ;
- au décès du mandant ou du mandataire (qui met un terme automatique au mandat) ;
- à l'échéance prévue par l'acte.
Dès que la procuration prend fin pour quelque motif que ce soit, le compte ainsi que
toutes les cartes y rattachées doivent être mis sous restriction.

B - Les incidents sur comptes

Un incident sur compte est tout acte ou événement qui fait obstacle au fonctionnement
harmonieux et normal du compte. L’incident émane généralement des tiers et fait
obligation au banquier, en réalité simple dépositaire des avoirs du client, d’y
obtempérer. Les incidents les plus usuels sont les saisies, l’avis à tiers détenteurs et la
sommation à tiers détenteurs.

1 – Les saisies
Il s’agit de la saisie-attribution et de la saisie conservatoire qui sont régies l’Acte
uniforme OHADA relatif aux procédures simplifiées de recouvrement des créances et
des voies d’exécution
a - La saisie-attribution 
La saisie-attribution, qui a remplacé la saisie-arrêt, est une procédure qui permet à un
créancier (le saisissant), d'appréhender immédiatement tout ou partie des sommes
détenues par un tiers (tiers saisi) au nom de son débiteur (le saisi). La saisie-attribution
des comptes bancaires14 est soumise à un régime particulier prévu par les articles 153
et suivants de l’Acte uniforme portant procédures simplifiées de recouvrement des
créances et voies d’exécution. Dans la saisie-attribution des comptes bancaires, le
saisissant est la personne à qui le titulaire du compte doit de l’argent. Le tiers saisi est
la banque et le saisi est le titulaire du compte qui fait l’objet de la saisie-attribution.

14
L’expression usuelle «  saisie d’un compte» est impropre dans la mesure où ce qui est frappé, c’est non le
compte en soi, qui peut continuer à fonctionner, mais le solde provisoire tel qu’il s’établit à un moment donné
en faveur du client de la banque.

24
L’usage de ce moyen de recouvrement est subordonné à la détention par le créancier
d’un titre exécutoire constatant à son profit une créance certaine, liquide et exigible.
Les principaux titres exécutoires sont :
- les décisions de justice ayant force exécutoire ;
- les actes notariés ;
- le titre délivré par un huissier en cas de non-paiement d'un chèque ;
- les titres délivrés par des personnes morales de droit public.

La saisie-attribution a pour effet d'attribuer au créancier saisissant les sommes


saisies à concurrence de la somme pour laquelle elle est pratiquée ; le compte est
en principe bloqué pendant quinze jours, sauf s'il est débiteur car, dans ce cas, la saisie
est inopérante.
Le banquier a l’obligation de déclarer sur le champ le solde du compte. Cette
déclaration est faite au plus tard dans les cinq jours ouvrables de la signification de
l’acte de saisie si celle-ci n’a pas été faite directement au représentant légal (Dg ou
DGA). Toutefois, dans les quinze jours ouvrables qui suivent la saisie, le solde peut
être affecté (augmenté ou diminué) par certaines opérations à condition qu'il soit
prouvé que leur date est antérieure à la saisie. Il peut s’agir :

- au crédit : remises de chèques et d'effets à l'encaissement qui n’étaient pas


encore portées en compte au moment de la saisie ;
- au débit : chèques tirés par le saisi avant la saisie-attribution et remis à
l'encaissement par les bénéficiaires ; impayés ; retraits dans les billetteries avant
la saisie-attribution ; etc.
Si le compte est alimenté par des salaires ou tout avoir ayant un caractère alimentaire,
il y a lieu de respecter la quotité saisissable telle que prévue par le droit social.

Quoique l'effet de la saisie soit limité au montant des sommes pour lesquelles elle est
pratiquée, c'est la totalité des sommes portées sur l'ensemble des comptes du débiteur
qui est bloqué pendant 15 jours.

25
Les fonds saisis ne sont pas remis immédiatement au créancier, mais sont consignés
entre les mains du banquier jusqu’à la production des pièces requises pour le transport
au profit du saisissant.

Une fois la saisie opérée, le saisissant est payé en priorité par rapport à tous les autres
créanciers, même privilégiés, qui opéreraient une saisie ultérieure.

b - La saisie conservatoire 
La saisie conservatoire a pour but de placer les sommes saisies sous mains de justice et
de les rendre indisponibles sur la base d’une ordonnance de saisie conservatoire, d’un
protêt constatant le rejet pour défaut ou insuffisance de provision d’un chèque ou d’un
effet accepté, ou encore d’un contrat de bail écrit dont le loyer est impayé et ce, après
commandement resté sans effet (voir articles 54 et suivants de l’Acte uniforme sur les
voies d’exécution). La saisie conservatoire n’emporte pas immédiatement
attribution en faveur du créancier saisissant.

Elle a un caractère provisoire : si le débiteur ne paie pas, le créancier devra la faire


convertir en saisie-attribution après obtention d’un titre exécutoire, c’est-à-dire
transformer la saisie conservatoire en saisie-attribution avec l'autorisation du juge.
Pour l’essentiel, les règles applicables à la saie-attribution des comptes bancaires lui
sont applicables ainsi que les articles 161 et suivants de l’Acte uniforme sur les voies
d’exécution.

2 - L’avis à tiers détenteur et la sommation à tiers détenteur


L’avis à tiers détenteur (ATD) est une procédure qui permet au Trésor public, à
l’Administration fiscale ou douanière, de récupérer les sommes qui lui sont dues au
titre d'impôts, de droit de douane ou d'amendes impayés, entre les mains de tiers telle
qu’une banque, débiteurs des contribuables ou usagers en situation de recouvrement.

L’Administration concernée sert l’ATD au banquier par simple lettre contre décharge
ou pli recommandé avec accusé de réception.

26
Le régime du traitement de l’ATD est identique à celui de la saisie-attribution à la
seule différence qu’il reste maintenu jusqu’à recouvrement complet de sa créance par
l’administration ou la mainlevée.

La sommation à tiers détenteur (STD) quant à elle est une procédure par laquelle
une entreprise publique ou para-publique à laquelle la loi confère le privilège du trésor,
somme les tiers telle une banque, débiteurs des usagers qui leur sont redevables au titre
de paiement des redevances, de payer entre leurs mains les sommes dues à ceux-ci à
concurrence de leurs dettes à leur égard. Il s’agit par exemple de la CNPS, du CFC, de
la CRTV, du FNE, de la SRC, etc.

Le traitement de la sommation à tiers détenteur est soumis au même régime que celui
de la saisie-attribution.

§3 - La clôture du compte bancaire


Un banquier peut être amené à clôturer le compte d'un client pour trois raisons : le
client veut quitter la banque, le client est décédé ou l’entreprise est dissoute, la banque
souhaite interrompre les relations.

La rupture peut donc être du fait du client (A) ou du banquier (B).

A - La rupture du fait du client

Elle peut être volontaire ou consécutive au décès

1 – La rupture volontaire des relations


Un client peut souhaiter cesser les relations qu'il a avec son banquier pour deux raisons
principales : il n'est pas satisfait des services rendus ou il a trouvé mieux ailleurs.

Il peut clôturer son compte de plusieurs manières :

- en prévenant son banquier par écrit ou par voie orale ;

- en s'arrangeant pour que la position de son compte soit ramenée à zéro par émission
d'un chèque ou par retrait de fonds ;
27
- en cessant de faire fonctionner son compte sur lequel figurera un solde créditeur ou
débiteur.
Si le client manifeste sa volonté de rompre la relation avec le banquier, ce dernier doit
prendre toute une série de mesures :

- demander la restitution des chèques non utilisés et des cartes bancaires ;


- contrôler les engagements du client : débit en compte, crédits en cours, etc. ;
- s'assurer que tous les chèques émis ont été présentés au paiement ;
- percevoir une provision éventuelle pour agios et frais de clôture ;
- éviter la passation de toute écriture postérieure à la clôture ;
- récupérer la clef du compartiment du coffre dont le client peut être locataire ;
- procéder à la déclaration de clôture à la Banque Centrale ;
- donner l’information au guichet pour éviter tout retrait postérieur à la clôture.
Si le compte est créditeur à la clôture, le banquier doit envoyer un chèque pour solde
de tout compte ou procéder au virement du solde créditeur chez le confrère désigné par
le client.

Il doit également procéder au blocage des fonds pendant un certain temps si le client
est parti sans laisser d'adresse et verser ensuite le solde créditeur à la Caisse des
Dépôts et de Consignations15.

Si le compte est débiteur à la clôture, le banquier doit appliquer les règles de


provisionnement dans les conditions prévues par le règlement COBAC R-98/03
relatif à la comptabilisation et au provisionnement des créances en souffrance et
des engagements par signature douteux, et transmettre le dossier au contentieux
pour recouvrement. Il devra plus tard passer le solde en pertes et profits si la créance se
révèle en définitive irrécouvrable.
15
Les dépôts et consignations sont régis au Cameroun par la loi n° 2008/003 du 14 avril 2008 qui crée en son
article 3 la Caisse des Dépôts et Consignations en abrégé « CDEC ». Il s’agit d’un Etablissement Public de type
particulier dont l’organisation et le fonctionnement sont réglementés par le décret n° 2011/105 du 15 avril 2011.
La CDEC a pour mission de recevoir, de conserver et de gérer les sommes et avoirs publics ou privés (entre
autres les fonds issus des comptes inactifs des établissements bancaires) qui jusque là étaient domiciliés dans les
établissements bancaires. C’est dire que sa mise en place effective absorbera une part importante des ressources
qui jusque là renflouaient la trésorerie des banques. Pour ce qui est des fonds issus des comptes inactifs des
banques, ces textes ne prévoient pas dans quel délai il faudra les transférer à la CDEC. En revanche, une fois mis
à la disposition de la CDEC, ils sont acquis au Trésor public si 30 ans après ils n’ont pas fait l’objet d’une
réquisition de paiement adressée à cette institution ou que le compte concerné n’a fait l’objet d’aucun
remboursement.

28
2 – La rupture pour cause de décès du client
Le compte bancaire repose sur un contrat intuitu personae conclu entre le
banquier et son client. Comme tout contrat de cette nature, il prend en principe fin au
décès du client. Encore faudrait-il que le banquier soit informé du décès soit par les
héritiers, soit par une administration publique ou privée. Mais une fois informée du
décès du client, l’attitude de la banque varie selon qu’il s’agit d’un compte individuel
(a), d’un compte joint (b) ou d’un compte indivis (c).

a – L’attitude du banquier en cas de décès du titulaire d’un compte individuel


Lorsque le banquier est informé du décès du titulaire d’un compte individuel, il
doit immédiatement clôturer ledit compte. Les conséquences de la clôture du compte
sont nombreuses.
– Le calcul des intérêts
Dès l’annonce du décès du client, son compte doit être clôturé et ne doit donc
plus produire ni des intérêts débiteurs, ni des intérêts créditeurs.
- Solde du compte débiteur à la clôture

Dans cette hypothèse, le banquier doit s’adresser aux héritiers du de cujus pour
le règlement de sa créance. Les prélèvements et les chèques émis avant son décès par
le titulaire du compte ou son mandataire doivent être rejetés pour inexistence de la
provision.
- Solde du compte créditeur à la clôture
Dans cette hypothèse, le banquier doit mettre la provision dans un compte
appelé compte de cantonnement en attendant la liquidation de la succession du de
cujus. Les prélèvements et les chèques émis avant son décès par le titulaire du compte
ou son mandataire doivent être payés.
– Sort des paiements effectués en faveur du client décédé
La clôture du compte bancaire met fin à la relation contractuelle qui existait
jusque-là entre le banquier et son client et par ricochet, au mandat général que celui-là
avait reçu de celui-ci pour encaisser tous les virements et paiements effectués sur son
compte. Ce mandat ayant cessé à cause du décès du titulaire du compte, le banquier
n’a plus l’obligation de l’exécuter.

29
Mais il peut arriver que les tiers qui ont traité avec le titulaire du compte décédé
et qui ne sont pas encore informés du décès celui-ci, continuent à effectuer des
virements dans son compte ou qu’ils aient effectué des virements en sa faveur avant
son décès. Le mandat conféré au banquier en vertu de l’existence du compte ayant été
révoqué du fait de la clôture dudit compte, l’obligation d’encaisser ces virements ne
pèse plus sur le banquier. En principe, il devrait purement et simplement retourner
l’argent à l’auteur du virement et au besoin en informer les héritiers.
Il peut arriver que les héritiers du de cujus aient pris des dispositions auprès de
la banque en ouvrant par exemple un compte au nom la succession du de cujus. Dans
ce cas, tous les virements effectués en faveur de client décédé seront encaissés dans
ledit compte en vertu du mandat général d’encaisser conféré à la banque par ce
nouveau compte.
Mais, même en l’absence de dispositions prises par les héritiers, le banquier
peut juger opportun de recevoir dans un compte spécial les sommes virées et tenir
informer les héritiers. Si les héritiers approuvent l’acte posé par le banquier, celui-ci
sera fondé à prélever les commissions inhérentes à l’opération d’encaissement. Dans le
cas contraire, le banquier devrait retourner l’argent à l’auteur du virement.

b – L’attitude du banquier en cas de décès d’un des co-titulaires d’un compte


joint

En cas de décès d’un des co-titulaires d’un compte joint, les survivants en
conservent la disposition. Le banquier ne peut donc pas clôturer un compte joint suite
au décès d’un des co-titulaires. Il peut cependant procéder à son blocage à la demande
des héritiers du co-titulaire décédé.

c – L’attitude du banquier en cas de décès d’un des co-titulaires d’un compte


indivis

Le décès d’un des co-titulaires d’un compte indivis ne doit pas entraîner la
clôture du compte, mais les survivants ne peuvent pas effectuer seuls des opérations
de retrait sur le compte. Si ces derniers veulent maintenir le compte, ils doivent
procéder au dépôt de nouvelles signatures sur celui-ci. Il en résulte que le compte

30
indivis ne peut être clôturé en cas de décès d’un des co-titulaires qu’à la demande des
co-titulaires survivants.

B – La rupture du fait de la banque

Le banquier peut souhaiter se séparer d'un client pour de multiples raisons : incidents
de paiement, risques particuliers ou compte jugé non rentable, risques de blanchiment,
etc.

Le banquier doit informer son client de sa décision par courrier recommandé avec
accusé de réception et lui laisser un certain délai pour s'organiser et notamment ouvrir
un compte chez un confrère. Ce délai dit de préavis est généralement prévu dans la
convention de compte.

31
Chapitre III – Les instruments bancaires

Ils sont consacrés sous l’appellation « moyens de paiement ». La notion de moyens de


paiement est clairement définie par l’article 12 du Règlement CEMAC sur les
systèmes, moyens et incidents de paiement qui en donne une énumération. Cet article
dispose :
« Sont considérés comme des moyens de paiement tous les instruments qui permettent
à toute personne de transférer des fonds, quel que soit le support ou le procédé
technique utilisé.
Les moyens de paiement comprennent notamment, le chèque, la lettre de change, le
billet à ordre, le virement, le prélèvement, la carte de paiement et la monnaie
électronique.
Nous allons nous intéresser dans le cadre de ce cours uniquement aux instruments de
paiement les plus usités à savoir : le au chèque (Section unique), le virement et le
prélèvement (Section 2) et la monétique (Section 3).

Section unique - Le Chèque


Le chèque est régi par les articles 13 à 78 du Règlement COBAC relatif aux systèmes,
moyens et incidents de paiement. Il est un écrit par lequel une personne dénommée le
tireur donne l'ordre à une autre personne dénommée le tiré, en l’occurrence un
établissement de crédit, de payer une certaine somme au tireur lui-même ou à un
tiers, appelé le bénéficiaire, à concurrence des fonds déposés ou disponibles chez le
tiré.

Le chèque est un moyen de paiement à vue, c'est-à-dire qu'il est payable dès son
émission. Nous nous intéresserons à la création du chèque (§1), à ses variétés (§2) et à
son paiement (§3).

§1 – La création du chèque

La création du chèque est soumise à des règles de forme (A) et de fond (B).

32
A - Les règles de forme de la création du chèque

Pour être valable, le chèque doit porter des mentions obligatoires. Il peut aussi porter
des mentions facultatives. Dans certains cas, la réglementation fait interdiction au
tireur d’y porter certaines mentions : il s’agit des mentions interdites.

1 - Les mentions obligatoires

Aux termes de l’article 13 du Règlement COBAC relatif aux systèmes, moyens et


incidents de paiement, pour être valablement constitué, le chèque doit comporter un
certain nombre de mentions obligatoires, notamment :

1°) - La dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre et exprimée dans
la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
2°) - Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
3°) - Le nom de celui qui doit payer, dénommé tiré ;
4°) - L'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
5°) - L'indication de la date et du lieu de création du chèque;
6°) - La signature de celui qui émet le chèque, dénommé tireur.

Le titre dans lequel une des mentions ci-dessus fait défaut ne vaut pas comme chèque,
sauf dans les 3 cas suivants :

- à défaut d'indications spéciales, le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé être
le lieu de paiement. Si plusieurs lieux sont indiqués à côté du nom du tiré, le chèque
est payable au premier lieu indiqué ;

- à défaut de ces indications ou de toute autre indication, le chèque est payable au lieu
où le tiré à son établissement principal ;

- le chèque, sans indications du lieu de sa création, est considéré comme souscrit dans
le lieu désigné à côté du nom du tireur.

33
2 - Les mentions facultatives

Plusieurs autres mentions, non interdites, peuvent être portées sur le chèque aux bons
souhaits du tireur. Il s’agit entre autres : du bénéficiaire (un chèque sans indication du
bénéficiaire est considéré comme étant au porteur 16), de la clause « à ordre », « non à
ordre », « au porteur »17, de la certification18, du barrement19, du visa20 (le visa a pour
effet de constater l'existence de la provision à la date à laquelle il est donné), de
l’aval21, etc.

3 - Les mentions interdites

Il est interdit de faire figurer sur le chèque les mentions suivantes :


- l’acceptation du tiré22 ;
- la stipulation d’intérêts23 ;
- l’exonération de garantie du tireur24 ;
- l’endossement conditionnel25 ;
- la date d’échéance26.
Lorsque ces mentions sont portées sur un chèque, elles sont considérées comme non
écrites, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent produire aucun effet juridique sur le sort du
chèque ou les obligations des intervenants au chèque.

16
Article 17 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
17
idem
18
Article 25 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
19
Article 52 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
20
Article 16 alinéa 2 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
21
Article 40 règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
22
Article 16 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
23
Article 19 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
24
Article 24 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
25
Article 29 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
26
Article 42 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement. La pratique des chèques de
garanties n’a aucune incidence sur l’obligation du tiré dans la mesure où le chèque reste un instrument payable à
vue. Quelle que soit la date portée sur le chèque, il est payé ou rejeté pour défaut ou insuffisance de provision
avec toutes les conséquences y attachées, dès qu’il est présenté en paiement. En revanche, si par convention, les
parties avaient stipulé une date pour la présentation et que celle-ci n’a pas été respectée, la partie fautive encourt
une responsabilité contractuelle, notamment la restitution du montant encaissé (Cass Com. 20 nov. 2001, n°
1911 : RJDA 4/02 N° 29)

34
B - Les règles de fond de la création du chèque
Les règles de fond sont liées aux parties et à la provision.

En ce qui concerne les parties, le chèque fait intervenir 2 ou 3 personnes : le tireur,


le tiré et le bénéficiaire.

Le tireur : c'est lui qui établit et signe le chèque; il doit être capable 27. Le défaut de
capacité n’exonère pas néanmoins les endosseurs ou les avalistes qui restent tenues et
exposés au titre du chèque quand bien même ils seraient de bonne foi 28. Par ailleurs,
conformément aux principes généraux des contrats, son consentement doit être exempt
de vices et l’émission du chèque doit reposer sur une cause licite. Toutefois, la règle de
l’inopposabilité des exceptions (voir développements de cette notion en matière de
lettre de change) ne permet pas au tireur d’invoquer le vice de consentement ou
l’illicéité de la cause à l’encontre d’un porteur de bonne foi. Lorsqu’il est notifié
d’une interdiction bancaire ou judiciaire d’émettre les chèques, le titulaire du compte
doit s’abstenir d’émettre des chèques sous peine de sanctions pénales 29. Toutefois, s’il
le faisait au mépris de l’interdiction, le banquier n’en serait pas moins obligé de
payer30.

Le tiré est lui qui détient les fonds et est tenu de payer le chèque. Il s’agit de tout
établissement de crédit ou toute entité habilitée à être tiré de chèque. C’est à lui que
mandat et ordre sont donnés de payer la provision du chèque à un tel. L’article 18 du
règlement sur les systèmes, moyens et incidents de paiement précise cependant que le
chèque ne peut être tiré sur le tireur lui-même sauf dans le cas où il s'agit d'un chèque
tiré entre différents établissements d'un même tireur et à condition que ce chèque ne
soit pas au porteur.

27
La capacité requise pour émettre un chèque est celle pour accomplir le paiement, c’est – à – dire un acte
d’administration. Le chèque n’étant pas un acte de commerce par la forme, il peut être mixte ; Ainsi, si la
créance payée est commerciale, l’émetteur doit avoir la capacité commerciale.
28
Article 22 du règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
29
Il encourt un emprisonnement de six (6) mois à cinq (5) ans et une amende de 100.000 à 2.000.000 F CFA, ou
de l'une de ces deux peines seulement (article 237 et 238 alinéa 3 du Règlement sur les systèmes, Moyens et
incidents de paiement.
30
Article 46 alinéa 1 du Règlement sur les systèmes, Moyens et incidents de paiement.

35
Le bénéficiaire est celui qui reçoit le paiement. Le chèque peut être stipulé payable à
une personne dénommée, ou au porteur (si le chèque est non barré).. Il peut être tiré à
l’ordre du tireur lui-même31.

- En ce qui concerne la provision, l’émission d’un chèque emporte ordre donné au


tiré de remettre au bénéficiaire, tireur lui-même ou tiers, une certaine somme d'argent
soit directement, soit par l'intermédiaire d'un autre établissement de crédit. La
provision doit être constituée par le tireur au moment de l’émission du chèque.
L'existence de fonds chez le banquier constitue la provision du chèque. Celle-ci doit
donc être préalable et disponible, c'est-à-dire exister au moment de la création du
chèque et être à la disposition immédiate de celui qui sera porteur légitime du titre. Du
reste, il revient au tireur de rapporter la preuve, en cas de dénégation, de ce que ceux
sur qui le chèque était tiré avaient la provision au moment de la création du titre; sinon
il est tenu de le garantir quoique le protêt ait été fait après les délais fixés.
En cas de pluralité de comptes, l’existence de la provision s’apprécie non pas sur le
solde global des comptes, mais sur la position du compte sur lequel le chèque est tiré.
En cas d’ouverture de crédit ou d’autorisation de découvert, la provision existe dans la
limite du crédit ouvert ou du découvert.

§2 - Les variétés de chèques

1 - Le chèque de banque est un chèque émis par une banque soit sur l'une de ses
agences, soit sur une autre banque. Compte tenu de la qualité du tireur, qui est une
banque, le porteur du chèque est assuré de son paiement pendant toute la durée de
validité du chèque. Le chèque de banque peut être demandé par un client de la banque
qui lors de sa délivrance débitera le compte du demandeur. Il peut être aussi établi
pour le compte d'une personne n’ayant pas de compte dans la banque. Dans ce dernier
cas, la banque exigera des espèces en contrepartie. Il peut être également émis par le
banquier dans le but de régler ses fournisseurs ou divers créanciers.

31
Article 18 du Règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.

36
2 - Le chèque certifié est un chèque ordinaire émis par le titulaire du compte dont la
banque atteste l'existence de la provision pendant le délai de présentation en apposant,
entre autres, la mention relative à la certification au moyen d'un procédé de marquage
ou d'impression offrant toute garantie de sécurité 32. Le bénéficiaire est assuré dans ce
cas que, s'il fait diligence pour remettre le chèque à l'encaissement, ce dernier sera
payé par la banque.
La certification du chèque peut être demandée par le tireur ou le bénéficiaire, et elle ne
peut être refusée par le tiré que pour insuffisance de provision.

3 - Le chèque visé est un chèque ordinaire dont le tiré garantit à la création


l'existence de la provision. Cette garantie est effectuée par l'apposition d'un visa 33. La
différence entre le chèque certifié et le chèque visé est que dans le premier cas, le tiré a
l’obligation de bloquer la provision pendant tout le délai de présentation du chèque.

4 - Le Chèque barré34 est celui qui ne peut être payé que par remise sur un compte
bancaire, sauf s’il est présenté par le tireur lui-même. Le barrement s’effectue au
moyen de deux barres parallèles apposées au recto du chèque. Le barrement peut être
général ou spécial.

Il est général s’il ne porte entre les deux barres parallèles aucune désignation ou la
mention « banquier » ou un terme équivalent ; il est spécial si le nom d’un
établissement habilité à être tiré de chèque est inscrit entre les deux barres parallèles.

Le barrement général peut être transformé en barrement spécial, mais le barrement


spécial ne peut être transformé en barrement général.

Le tireur d’un chèque peut en assurer le barrement par ses soins. Toutefois, en
pratique, le barrement est l’œuvre du banquier qui, avant la remise du chéquier à son
client, y effectue préalablement le barrement : on dit alors que le chèque est pré
barré.

32
Article 25 du Règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
33
Article 16 alinéa 2 du Règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement.
34
Articles 52 et suivants du Règlement sur les Systèmes, Moyens et incidents de paiement

37
5 - Le chèque non barré est celui qui ne porte pas au recto les deux barres parallèles
de barrement. La provision d’un tel chèque peut donc être encaissée directement au
guichet du tiré par le bénéficiaire.

Il faut cependant souligner qu’en vue de réduire les cas de fraudes par chèques d’une
part et de stimuler la bancarisation de l’économie d’autre part, le Conseil National du
Crédit a érigé en règle la formule de barrement et interdit formellement la création de
chèques non barrés. La décision instituant le barrement est intervenue avant l’entrée en
vigueur du règlement COBAC sur les systèmes, moyens et incidents de paiement,
lequel autorise la création de chèques non barrés. En vertu de la hiérarchie des normes,
le règlement COBAC l’emporte sur la décision du Conseil National du Crédit. Il serait
donc tout à fait légitime pour une banque de remettre à sa clientèle qui le souhaite des
chèques non barrés.

§3 - Le paiement du chèque
A - Le paiement pur et simple

Le chèque est payable à vue. Le banquier a donc l’obligation de payer le chèque s’il
est valable, c’est-à-dire s’il porte toutes les mentions obligatoires. Le chèque peut être
tiré à l’ordre du tireur ou d’un tiers. Dans le premier cas, la réglementation prévoit que
toute personne qui remet un chèque en paiement doit justifier de son identité au moyen
d'un document officiel en cours de validité portant sa photographie35.

Le chèque doit être présenté en paiement dans le délai dit de présentation qui varie en
fonction du lieu de création et de remise en paiement ou à l’encaissement (art. 43 du
règlement sur les systèmes, moyens et incidents de paiement) :

- 8 jours si le chèque est émis et payable sur une même place bancable (une place
bancable correspond au territoire couvert par une agence de la BEAC)  ;
- 20 jours si le chèque est émis et payable sur deux places bancables distinctes ;

35
Article 26 Règlement COBAC sur les moyens et Incidents de paiement.

38
- 45 jours si le chèque est émis dans un pays de la CEMAC et payable dans un autre
pays de la CEMAC ;
- 60 jours si le chèque est émis dans un pays de la CEMAC et payable dans un pays
hors CEMAC.
Le point de départ des délais sus-indiqués est le jour porté sur le chèque comme date
d’émission. La présentation à une Chambre de compensation équivaut à la présentation
au paiement.

Le délai de présentation n’est qu’indicatif du délai à partir duquel le protêt doit être
dressé pour engager les recours purement cambiaires. Autrement dit, le banquier peut
payer sans engager sa responsabilité au-delà du délai de présentation sous réserve de
l’existence de la provision36.

Le Règlement COBAC sur les systèmes, moyens et incidents de paiement ne prévoit


pas expressément de délai de validité du chèque. Toutefois, en référence à l’article 67
alinéa 1er qui dispose que l'action du porteur contre le tiré, se prescrit par un (1) an à
partir de l'expiration du délai de présentation, la pratique s’accorde volontiers sur le
délai d’un (01) an plus le délai de présentation, comme délai de validité du chèque.
Au-delà ce délai de validité, le banquier n’encourt aucune responsabilité s’il rejette le
chèque, quand bien même la provision serait suffisante. Inversement, si le banquier
paie au-delà du délai de prescription, il ne commet non plus aucune faute à l’égard du
tireur. Par prudence, le banquier devrait néanmoins, avant de payer un chèque dont la
date de création suscite une certaine suspicion, informer au préalable le tireur.

Si la provision est inférieure au montant du chèque, le porteur a le droit d'exiger le


paiement jusqu'à concurrence de la provision; il ne peut refuser un paiement partiel.
En cas de paiement partiel, le tiré peut exiger que mention de ce paiement soit faite
sur le chèque avant restitution au bénéficiaire et que quittance du paiement lui en soit
remise. En cas de paiement partiel, le banquier doit informer le tireur avec
transmission d’une copie de la quittance.

36
Article 46 alinéa 1er du Règlement COBAC sur les Moyens et incidents de paiement.

39
Si le chèque est endossable et a été endossé, le banquier a non seulement l’obligation
de vérifier la régularité de la chaîne des endossements, mais aussi celle de payer la
provision au dernier endossataire.

B - Les obstacles au paiement du chèque

Ils sont de trois ordres :

- L’opposition au paiement ;
- La prescription ; 
- L’absence ou l’insuffisance de provision. 
1 - L’opposition au paiement

Le chèque, bien qu’émis, peut être mis en opposition par le tireur ou le porteur.
L’opposition est l’acte par lequel l’émetteur du chèque ou le porteur donne l’ordre au
banquier de ne pas le payer. Le Règlement COBAC sur les systèmes, moyens et
incidents de paiement prévoit en son article 46 alinéa 2 quatre cas d’ouverture de
l’opposition :

- le vol ;

- la perte ;

- l’utilisation frauduleuse du chèque ;


- l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens à
l'égard du porteur.

Toute opposition en dehors des cas ci-dessus énumérés est irrecevable. Ainsi, ni le
décès du tireur, ni son incapacité survenus après l'émission du chèque ne peuvent
fonder l’opposition au paiement. Aussi, si le tireur fait une opposition pour d'autres
causes, le porteur peut-il obtenir du juge des référés une ordonnance de mainlevée sur
simple requête. En tout état de cause, le titulaire du compte qui fait une opposition
irrégulière encourt une sanction pénale et le banquier doit l’en informer
formellement37.
37
Article 46 alinéa 3 du Règlement COBAC sur les Moyens et incidents de paiement. A propos des sanctions
encourues , est punie d'un emprisonnement de six (6) mois à cinq (5) ans et d'une amende de 100.000 à
2.000.000 F CFA, ou de l'une de ces deux peines seulement, toute personne qui fait défense au tiré de payer un

40
L’opposition peut être faite par tout moyen (même par téléphone) à condition d’être
confirmée par écrit. La réglementation ne prévoit toutefois pas le délai de
confirmation. L’opposant devrait donc sans délai faire tenir au banquier par tous
moyens un écrit (même par internet) confirmant son opposition, avec indication du
motif. En pratique, le délai admis est de 48 h.
En cas d’opposition, le banquier se doit d’immobiliser la provision jusqu’à ce
qu’intervienne une décision statuant sur la validité de l’opposition, ou jusqu’à
l’expiration du délai de prescription de l’action à son encontre.

2 - La prescription 

La prescription est la perte, par le porteur d’un chèque, du droit d’entrer en


possession de la provision de ce chèque. Elle s'applique lorsque le chèque est présenté
au-delà d'un an augmenté du délai de présentation, soit :

- 1 an et 8 jours pour le chèque émis et payable sur une même place bancable (chèque
émis à Yaoundé à Yaoundé) ;
- 1 an et 20 jours pour le chèque émis et payable sur deux places bancables distinctes
à l’intérieur d’un pays de la CEMAC (Par exemple, chèque émis à Douala et payable à
Yaoundé) ;
- 1 an et 45 jours pour le chèque émis dans un pays de la CEMAC et payable dans un
autre pays de la CEMAC (chèque émis au Cameroun et payable au Gabon) ;
- 1 an et 60 jours pour le chèque émis dans un pays de la CEMAC et payable dans un
pays hors CEMAC (chèque émis au Cameroun et payable en France).
Le banquier est libre de payer le chèque au-delà du délai de prescription sans
voir sa responsabilité engagée vis-à-vis du tireur. Inversement le banquier qui rejette
un chèque déposé après le délai de prescription ne peut être inquiété par aucun recours
sur le fondement du chèque.

3 – L’absence ou l’insuffisance de provision 

chèque, hors les cas de perte, vol, utilisation frauduleuse de chèque, contrefaçon ou falsification de chèque,
ouverture d'une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens à l’égard du bénéficiaire
(articles 237 et 238 du Règlement COBAC sur les Moyens et incidents de paiement).

41
Le défaut de paiement d’un chèque pour absence ou insuffisance de provision donne
lieu à « incident de paiement sur chèque », bien réglementé par le Règlement COBAC.
Le défaut de provision suffisante est la situation d’un chèque présenté en paiement sur
un compte dont la provision au jour du paiement n’existe pas ou se révèle insuffisante.
Le chèque sans provision donne lieu à l’interdiction bancaire ou judiciaire. Il s’agit
d’une mesure qui consiste pour le banquier ou le juge à interdire à un client la
détention et l’utilisation de chéquier pendant cinq (05) ans suite à l’émission d’un
chèque sans provision ou avec provision insuffisante, et la détention ou l’usage des
cartes de paiement pour le même motif.
Le bénéficiaire, victime de l’émission de chèque retourné impayé faute de provision
suffisante, peut se faire délivrer un certificat de non-paiement. Le tireur en revanche a
la faculté de régulariser l’incident par le règlement du montant du chèque impayé ou la
constitution au compte d’une provision suffisante, disponible et spécialement affectée
au règlement du chèque objet de l’incident de paiement par le tiré.
a - Les obligations de la banque dans la gestion des incidents de paiement
La banque (tiré) qui refuse le paiement d’un chèque pour défaut de provision ou pour
provision insuffisante doit enjoindre le titulaire du compte par lettre avec accusé de
réception ou tout moyen laissant trace de38 :
- restituer à tous les établissements dont il est client les formules de chèque et cartes
de paiement en sa possession ou en celle de ses mandataires ;
- ne plus émettre de chèques autres que ceux permettant d’effectuer des retraits de
fonds auprès du tiré ou ceux faisant l’objet d’une certification, ni utiliser les cartes de
paiements autres que les cartes de retrait.

Le tiré en informe dans le même temps les mandataires éventuels de son client (art.
197 alinéa 3 du règlement).

Aux termes de l’article 198 du Règlement, le tiré doit informer son client dans la
même lettre qu'il recouvrera la faculté d'émettre des chèques et de se faire délivrer une
carte de paiement, s'il justifie, après l’injonction prévue par l’article 197, avoir :

38
Article 197 Règlement N° 02-03/CEMAC/UMAC/CM du 04 Avril 2003 relatif aux systèmes, moyens et
incidents de paiement

42
- réglé le montant du chèque impayé ou constitué au compte une provision suffisante,
disponible et spécialement affectée au règlement dudit chèque par le tiré ;

- acquitté une pénalité libératoire, dans les conditions fixées à l'article 201 du
Règlement CEMAC sur les systèmes, moyens et incidents de paiement, à moins que la
régularisation de l'incident n'intervienne dans les trente jours suivant la date d'envoi de
la lettre d'injonction.

En cas de régularisation de l'incident, le tiré délivre, sur demande, une attestation de


paiement à son client.

Aux termes de l’article 199 du Règlement, A défaut de régularisation de l'incident,


soit par paiement du chèque dans le délai de trente jours à compter de la première
présentation, soit par constitution de la provision dans le même délai, le tiré délivre,
sur sa demande, un certificat de non-paiement au porteur du chèque.

A l'expiration de ce délai, et en cas de rejet après une nouvelle présentation, le tiré


adresse un certificat de non-paiement au porteur du chèque.

La notification effective ou, à défaut, la signification du certificat de non-paiement au


tireur par ministère d'huissier ou par toute personne légalement en charge de
l'exécution vaut sommation de payer.

Le notaire, l'huissier de justice ou la personne légalement en charge de l'exécution, qui


n'a pas reçu justification du paiement du montant du chèque et des frais dans un délai
de 15 jours à compter de la réception de la notification ou de la signification, constate
le non-paiement. Le certificat de non-paiement notifié est remis au greffier en chef de
la juridiction compétente ou à l'autorité judiciaire compétente de l'Etat, qui sans autre
acte de procédure et sans frais, y appose la formule exécutoire. Le certificat de non-
paiement ainsi revêtu de la formule exécutoire constitue le titre exécutoire permettant
de procéder à toute voie d'exécution dans un délai maximum de 08 jours.

Les frais de toute nature occasionnés par le rejet d'un chèque sans provision sont à la
charge du tireur.

43
Aux termes de l’article 200 du Règlement, la pénalité libératoire n'est pas due
lorsque le titulaire du compte qui a émis le chèque ou son mandataire n'a pas émis un
autre chèque rejeté pour défaut de provision suffisante dans les douze mois qui
précèdent l'incident de paiement et qu'il justifie, dans un délai d'un mois à compter de
l'injonction prévue à l'article 195, avoir réglé le montant du chèque ou constitué une
provision suffisante, disponible et spécialement affectée au règlement du chèque par le
tiré.

Aux termes de l’article 201, la pénalité libératoire due est acquise au Trésor Public
pour les trois quarts de son montant et, à la Banque Centrale, pour le quart restant.

La pénalité libératoire est fixée à 10 000 francs CFA par tranche de 100 000 francs
CFA entamée.

Le montant de la pénalité libératoire est porté au double lorsque deux régularisations


ayant permis de retrouver la faculté d'émettre des chèques ont été enregistrées sur le
même compte au cours des douze mois qui précèdent l'incident de paiement. Ce
montant augmente de moitié par rapport à la pénalité précédente, à chaque nouvelle
régularisation à compter de la quatrième qui interviendrait dans les douze mois de la
première.

Aux termes de l’article 202, lorsque le chèque impayé a été émis par un mandataire,
l'interdiction bancaire mise en oeuvre à l'égard du titulaire du compte ne s'applique pas
au mandataire pour ce qui concerne les comptes dont celui-ci pourrait être
personnellement titulaire dans tout établissement assujetti au Règlement sur les
systèmes, moyens et incidents de paiement.

Cependant, le mandataire ne peut plus émettre de chèques sur le compte ayant


enregistré l'incident de paiement pendant toute la période où le titulaire du compte se
trouve lui-même sous le coup de l'interdiction bancaire.

Aux termes de l’article 203 du Règlement, lorsque l'incident de paiement est le fait
de l'un quelconque des titulaires d'un compte collectif, avec ou sans solidarité, les

44
dispositions relatives à l'interdiction bancaire s'appliquent sur l'ensemble des comptes
de celui des co-titulaires auteur de l'incident Elles s'appliquent également à chacun des
autres titulaires, mais seulement pour ce qui concerne le compte ayant enregistré
l'incident.

L'interdiction bancaire est levée lorsqu'elle a été prononcée par suite de circonstances
non imputables au tireur du chèque, notamment à la suite d'une erreur du tiré (article
204 du Règlement).

b - La centralisation des incidents de paiement 


La banque centrale gère et centralise dans un fichier Régional, les informations
collectées par les fichiers nationaux des Etats membres de la CEMAC et communique
au plus tard le 10 de chaque mois les caractéristiques des interdits bancaires et
judiciaires.
Les établissements de crédit ont l’obligation de consulter le Fichier des incidents de
paiement avant la délivrance de formules de chèque ou de cartes de paiement autres
que la carte de retrait à leurs clients 39. Ils enregistrent les incidents de paiements dans
leurs livres et informent la BEAC de l’incident de paiement qui a donné lieu à
l’interdiction bancaire de leur client. Ces formalités doivent en principe être
accomplies dans un délai de 04 jours ouvrables suivant la date de rejet du chèque.

En exécution des dispositions de l’article 210 du Règlement sur les systèmes, moyens
et incidents de paiement, il a été créé, au Cameroun, une Centrale des Incidents de
Paiements (CIP) gérée par le Conseil National du Crédit (CNC) qui collecte et
centralise les incidents déclarés par les Etablissements de crédit.
La consultation de la CIP peut se faire à tout moment soit par internet, soit par simple
courrier adressé au Secrétaire Général du CNC. Les établissements de crédit ont
l’obligation de créer un dispositif d’information permanent de la CIP. Les déclarations
se font par courrier adressé au Secrétaire Général du CNC ou par téléchargement de
fichier.

39
Le règlement CEMAC prévoit une amende de FCFA 100.000 à FCFA 3.000.000 en cas d’inobservation de
cette exigence .

45
Le protocole fixant les modalités de déclarations des données et informations dans la
plateforme intégrée est en cours de signature entre la BEAC nationale, les banques et
le CNC.
En substance, le chèque est un moyen de paiement très usité en pratique. Il n’est certes
pas un effet de commerce et par conséquent pas un acte de commerce par la forme,
mais son importance dans le règlement des transactions économiques aussi bien à
grande qu’à petite échelle reste indéniable. Il peut faire l’objet des mêmes garanties
telles que l’aval et peut circuler, par la voie de l’endossement avec pour effet principal
l’inopposabilité des exceptions. Bien qu’étant également des instruments de paiement,
le virement et le prélèvement n’offre pas autant de sécurité.

Section 2 – Le virement et le prélèvement


Le prélèvement est l'acte par lequel un débiteur titulaire d'un compte, autorise son
créancier à prélever, à une certaine date, des fonds, valeurs, titres ou effets sur son
compte au titre de règlement de sa dette au moyen d'un avis de prélèvement et ordonne
à l'établissement de crédit, teneur de compte, de transférer ces fonds, valeurs, titres ou
effets indiqués au crédit du compte du créancier bénéficiaire de l'avis de prélèvement.
Le prélèvement est régi par les articles 190 à 192 du Règlement COBAC relatif aux
systèmes, moyens et incidents de paiement. Il est très simple dans son exécution et
de moins en moins usité en pratique.
Le virement quant à lui est l'opération par laquelle, un teneur de compte, sur ordre
de son client, transfère des fonds, valeurs, titres ou effets, au profit d'un tiers
bénéficiaire désigné, par le crédit de son compte et le débit du compte du donneur
d'ordre. Il est organisé par les articles 177 et suivants du Règlement relatif aux
systèmes, moyens et incidents de paiement. Très intéressant dans les transactions
bancaires, il repose essentiellement sur un jeu de mandats (§1) et un jeu d’écritures
(§2).

§1 – Le virement est un jeu de mandats

46
L’ordre de virement doit contenir :
- le mandat donné au teneur de compte par son client de transférer des fonds,
valeurs, titres ou effets dont le montant est déterminé ;
- l'indication du compte à débiter ;
- l'indication du compte à créditer et de son titulaire ;
- la date d'exécution ;
- la signature du donneur d'ordre.
Initié entre deux comptes, le virement est mis en œuvre par leurs teneurs respectifs,
soit, en général, par deux banques. Chacune d'elle n'agit à cet effet que par délégation
du titulaire du compte - d'imputation ou d'accueil - qu'elle gère. Or comme le résultat
comptable du virement est strictement inverse pour les parties concernées, les
procurations exercées pour l'accomplir ne peuvent qu'être de sens contraires, c'est-à-
dire ajustés à des rôles, certes complémentaires, mais opposés. Ainsi, d'amont en aval,
Le virement s'articule sur le relais nécessaire d'un mandat de payer et d’un mandat
d'encaisser.
A - Le mandat de payer
C'est celui qui, au début du processus, fonde l'action de la banque du donneur d'ordre.
Que la banque soit regardée comme dépositaire pour des fonds ou comme
intermédiaire pour des valeurs mobilières, l'une ou l'autre qualité fait d’elle la
gardienne des avoirs en compte. Elle ne peut donc en débiter la valeur - pour
virement, prélèvement ou paiement - que sur habilitation générale ou spéciale, mais
certaine, du titulaire du compte. Ainsi, l’ordre de virement, préalable absolu à la
régularité du transfert, n'est que le mandat donné à la banque, par l'initiateur du
virement, d'y procéder.
Quelle que soit la dénomination qu'elle reçoit - mandat de payer ou de délivrer - cette
procuration a pour unique objet la remise scripturale au bénéficiaire, ou à son propre
représentant, d'une certaine quantité de la valeur désignée, par prélèvement sur le solde
du compte donné en référence.
De cette qualification procèdent toutes les suites ordinairement attachées à la relation
de mandat. Il en résulte en particulier que jusqu'à ce que l'ordre ait reçu un début
d'exécution, par débit du compte de son auteur, la réalisation du virement peut être

47
paralysée par retrait de la procuration ou indisponibilité des fonds - du fait notamment
d'une saisie-attribution ou du décès ou de l'incapacité du mandant.
B – Le mandat d’encaisser
La banque domiciliataire du virement, désignée pour le rapatriement effectif des fonds
transférés au compte du bénéficiaire, agit elle-même en qualité d'intermédiaire
mandaté. Si le point n'est pas discuté, il n'en va pas de même de la question de savoir
de qui elle tient son mandat. Investie d'un mandat d'encaisser, la banque domiciliataire
ne tient pas son habilitation d'une procuration spéciale que lui aurait donnée, pour
l'opération, le destinataire des fonds. Elle la fonde, d'ordinaire, sur le pouvoir
général du teneur de comptes de réceptionner les valeurs transmises sous sa
domiciliation pour être portées au crédit de ses clients. Exprès ou implicite, ce pouvoir
dérive, sauf spécification contraire, de la convention même de compte.
Elément essentiel de la relation de compte, il ne peut s'interpréter autrement qu'en une
obligation pour la banque d'accepter l'objet du virement, de l'appliquer avec exactitude
et ponctualité au compte d'accueil, puis d'en donner avis.

§2 – Le virement est un jeu d'écritures


En matière comptable, l'écriture n'est pas une fin en soi. Elle traduit toujours une
réalité juridique sous-jacente. Mais s'agissant d'actifs scripturaux détenus en compte,
sa vertu ne se limite pas à une simple régularisation comptable : l'écriture participe du
mouvement même des avoirs qu'elle symbolise. Si bien que le jeu d'écritures auquel
donne lieu le virement exprime, relativement aux valeurs qui en sont l'objet,
l'accomplissement d'un processus de transfert de titularité.
Amorcé par l'écriture au débit du compte du donneur d'ordre, le transfert s'achève par
l'écriture correspondante portée au crédit du compte du bénéficiaire. L’article 179 du
Règlement CEMAC sur les systèmes, moyens et incidents de paiement fait à ce sujet
une précision remarquable :
« L'ordre de virement est irrévocable à compter du débit du compte du donneur
d'ordre. Le virement est définitif à compter du crédit du compte du
bénéficiaire ».

48
Section 3 - La monétique
L’impressionnante expansion des technologies de l’information et de la
communication (TIC) s’est assurément le plus illustrée dans le secteur des
établissements de crédit où on assiste de plus en plus au développement fulgurant de la
monétique. Ce terme, apparu dans les années 80, est issu de la contraction des mots
"monétaire"et "informatique".

La monétique s’entend comme l’ensemble des techniques informatiques et


électroniques appliquées à la gestion et à la réalisation des transactions bancaires.
Techniquement, les experts la définissent comme "l’ensemble des techniques
électroniques, informatiques et télématiques permettant d’effectuer des transactions,
des transferts de fonds ou toute autre opération qui relie un utilisateur final équipé
d’une carte avec un ensemble de services ". De ce point de vue, la monétique est
étroitement liée au système de paiement électronique qui intègre le triptyque : carte à
puce ou à piste magnétique, terminal de paiement électronique (TPE)/distributeur (ou
guichet) automatique de billets (DAB/GAB), établissement bancaire. Davantage, elle
s’est incontestablement imposée dans le secteur économique par l’usage quasi-
systématisé des moyens électroniques de paiement. Ainsi, les établissements de crédit
ont, au fil des années, déployé des instruments de haute technicité dans le domaine, en
vue de moderniser et d’améliorer la qualité de service offert à la clientèle. En tout état
de cause, ces instruments bancaires présentent des avantages incontestables : une
économie de gestion importante pour les banques, la sécurité, la praticabilité, la
confidentialité, la célérité des opérations et la continuité des services.

La réglementation de la monétique est relativement récente dans la CEMAC où les


premiers textes communautaires en la matière ont été adoptés en 2003 en l’occurrence
le Règlement N°02/03/CEMAC/UMAC du 28 mars 2003 relatif aux systèmes,
moyens et incidents de paiement distingue la monnaie électronique (§1) de la carte
de paiement (§2).

§1 - La monnaie électronique

49
Aux termes de l’article 193 du Règlement sur les systèmes, moyens et incidents de
paiement, la monnaie électronique est un moyen de paiement constituant un titre de
créance incorporé dans un instrument électronique 40 et accepté en paiement par des
tiers autres que l'émetteur. L’exploitation de la monnaie électronique est soumise à des
conditions préalables. De plus, elle met en exergue un rapport contractuel triangulaire.
A - L’émission de la monnaie électronique
En plus des conditions exigées pour l’exercice de l’activité bancaire, l’exploitation de
la monnaie électronique donne lieu à des conditions spécifiques qui sont fixées par le
Règlement n° 01/11/CEMAC/UMAC/COBAC du 18 septembre 2011 relatif à
l’exercice de l’activité d’émission de monnaie électronique, modifié par le Règlement
n° XX/18/CEMAC/UMAC/ COBAC …………………………

En effet, la Décision du Gouverneur de la BEAC n° 20/GR/UMAC du 4 octobre 2004


relative au régime d’émission de la monnaie électronique, précise les modalités
d’émission de celle-ci. Cette émission est subordonnée à une autorisation spéciale
obtenue à la suite d’une demande déposée dans les conditions fixées par la
Réglementation. Il ne suffit donc pas pour émettre la monnaie électronique d’être
établissement de crédit. Il faut en outre introduire une demande et en obtenir
autorisation.
En tout état de cause, l’émetteur de monnaie électronique est tenu d’adopter des
procédures de gestion et des procédures administratives et comptables saines et
prudentes ainsi que des procédures de contrôle internes adéquates pour éviter les
risques de blanchiment d’argent, les risques d’insolvabilité et autres risques financiers
et non financiers. Il doit par ailleurs satisfaire à des exigences en terme de solvabilité,
de fonds propres et de gestion des avoirs. En outre, il est tenu d’assurer la traçabilité
des transactions de chargement et d’encaissement des unités de monnaie électronique
pendant au moins deux ans.

40
L’alinéa 3 de cet article précise que par instrument électronique on entend, l'enregistrement de signaux dans
une mémoire informatique, soit incorporée dans une carte fournie par l'émetteur au porteur, et qui peut être
nominative ou anonyme, soit incluse dans un ordinateur, chargé par l'utilisateur ou géré d'une façon centralisée

50
La monnaie électronique doit être émise pour un montant dont la valeur ne peut être
supérieure à celle des fonds reçus en contrepartie. Par conséquent, la remise de fonds
en contrepartie de la monnaie électronique ne peut en aucun cas générer des intérêts.

La monnaie électronique est un moyen de paiement constituant un titre de créance et


accepté en paiement par des tiers autres que l’émetteur. Cette définition de l’article
193 fondée sur la notion de titre de créance traduit le caractère remboursable de la
monnaie électronique. En toute hypothèse, le porteur de porte-monnaie électronique
peut, pendant la période de validité, exiger de l’émetteur qu’il lui rembourse la valeur
nominale en pièces et en billets de banque ou par virement dans un compte ; Il s’agit
alors d’exiger la conversion des unités électroniques contenues dans un porte-monnaie
électronique en monnaie fiduciaire ou scripturale. L’article 194 du Règlement sur les
systèmes, moyens et incidents de paiement dispose que lorsque la monnaie
électronique n’est pas inscrite en compte, il est précisé contractuellement aux porteurs
que le remboursement peut en être obtenu sans aucun frais que ceux strictement
nécessaires à la réalisation de l’opération pendant la période de validité du moyen de
paiement.

B - Les rapports contractuels créés par la monnaie électronique


La monnaie électronique met généralement en relation trois personnes : l’émetteur de
la carte, le porteur ou titulaire de la carte et le fournisseur ou marchand. Le porteur et
le fournisseur sont liés respectivement à l’organisme émetteur, le premier par un
contrat dit « porteur » et le second par un contrat dit «  accepteur » ou « fournisseur ».
Quant au fournisseur de biens et de services et le porteur de carte, ils sont liés par un
contrat de vente ou de prestations de service.
Le contrat porteur est passé entre l’émetteur et le porteur (professionnel et
consommateur). Il est nécessairement écrit et doit revêtir un minimum de clarté et de
précision. Ce qui n’est pas toujours le cas en pratique étant donné que l’émetteur
élabore un contrat d’adhésion qu’il soumet à sa clientèle. Sur le fond, le contrat est
soumis aux conditions générales de conclusion des contrats (capacité 41, cause, objet et

41
Même si en pratique certains établissements permettent aux mineurs de souscrire des produits de monnaie
électronique.

51
consentement). Le porteur est tenu à une obligation de confidentialité relativement à
son code secret.

Concernant les instruments rechargeables comme le porte-monnaie électronique,


l’émetteur doit permettre au titulaire de vérifier les cinq dernières opérations réalisées
à l’aide de son instrument ainsi que la valeur résiduelle. Selon la Recommandation
Européenne, les informations doivent contenir au minimum :

- la date de l’opération et la date de valeur, une identification de l’opération ;


- le montant débité du compte ;
- le montant des commissions et frais appliqués.
L’émetteur a l’obligation de régler les achats effectués par le porteur auprès des
marchands accepteurs.

§2 - Les cartes de paiement


Aux termes de l’article 166 du Règlement sur les systèmes, moyens et incidents de
paiement, constitue une carte de paiement toute carte émise par un établissement de
crédit et permettant à son titulaire de retirer ou de transférer des fonds. On distingue
deux catégories de carte de paiement : les cartes de crédit et les cartes de retrait.
Constitue une carte de crédit, toute carte de paiement qui, en vertu d'une stipulation
expresse du contrat conclu entre l'émetteur et le titulaire de la carte, donne lieu
notamment à un débit différé du compte du titulaire ou à toute autre forme de crédit.
Contrairement à la carte de crédit, la carte de retrait confère exclusivement à son
titulaire la possibilité de retirer des espèces dans les distributeurs automatiques de
billets, les guichets automatiques de banques ou auprès de l'organisme émetteur et de
faire des paiements jusqu’à concurrence des fonds disponibles sur le compte bancaire.
L’émission de la carte de paiement n’est subordonnée à aucune autorisation
spécifique,, contrairement à l’émission à la monnaie électronique. La seule qualité
d’établissement de crédit suffit pour émettre des cartes de paiement au profit de
titulaires de comptes qui en font la demande. La banque a cependant l’obligation, en ce

52
qui concerne les cartes de crédit, de consulter le fichier des incidents de paiement
avant d’en remettre aux clients qui en font la demande.
Selon le cas, la carte de paiement peut mettre en relation deux (carte de retrait) ou trois
parties (carte de crédit).

Qu’il s’agisse du contrat entre la banque et le client (contrat porteur) ou du contrat


entre la banque et le marchand agréé (contrat marchand ou accepteur), les parties
doivent avant tout respecter les conditions générales de formation des contrats
notamment la cause, l’objet, le consentement et la capacité.

L’exécution du contrat fait naître de part et d’autre des obligations que les parties sont
censées y satisfaire de bonne foi.

Relativement au contrat porteur, le banquier est tenu d’une obligation d’information et


de prudence et ce, avant et après la conclusion du contrat.

Avant la conclusion ou au plus tard au moment de la conclusion, le titulaire doit


recevoir au minimum les informations suivantes :

- les conditions contractuelles régissant l’émission et l’utilisation de


l’instrument ;
- une description de l’instrument et de ses caractéristiques techniques ;
- les utilisations possibles de l’instrument, y compris les utilisations à
l’étranger ;
- les plafonds éventuellement appliqués ;
- dans le cas d’une carte de crédit, les plafonds correspondant aux besoins
propres du titulaire que ce dernier peut choisir ;
- les obligations et responsabilités respectives des parties, ainsi qu’une
description des mesures de prudence que doit prendre le titulaire dans
l’utilisation de son instrument ;
- les conditions et modalités d’exercice de la notification que le titulaire doit
effectuer en cas de perte ou de vol de l’instrument ;

53
- le délai de débit ou de crédit du compte du titulaire ainsi que la date de
valeur ;
- les frais à la charge du titulaire ;
- les conditions et modalités de contestation d’une opération, y compris
l’adresse où envoyer une plainte.

Il est aussi fait obligation à l’émetteur de remettre gratuitement au porteur un


document résumant toutes ces informations. Il s’agit là d’une modalité de l’exécution
du devoir de renseignement qui est mis à la charge de tout contractant professionnel.

Périodiquement, l’émetteur doit fournir un relevé des opérations effectuées avec


l’instrument ; il est question de permettre au titulaire de suivre régulièrement ses
dépenses.

En cas de perte ou de vol, et durant la période postérieure à l’opposition, la banque a le


devoir d’éviter les retraits et à défaut, ne peut débiter le titulaire du montant de ces
retraits.

Le titulaire de la carte est quant à lui tenu à une surveillance physique de la carte et à la
protection du code secret qui lui est attribué lors de la délivrance de la carte. Cette
obligation est aujourd’hui considérée comme une obligation de moyens. Elle perdure
tant que le titulaire reste détenteur de la carte, même après l’avoir déclarée
défectueuse. Dans la pratique, lors de la délivrance de la carte au porteur, il lui est
demandé de garder séparément la carte et le code et de s’assurer qu’il n’y a aucun
regard indiscret lorsqu’il compose son code sur le GAB ou sur le terminal de
paiement.

Le porteur de la carte doit l’utiliser conformément aux stipulations du contrat passé


avec l’émetteur, lequel définit les conditions spécifiques de celle-ci. Il doit respecter
les conditions d’utilisation établies par l’émetteur. Par sa manipulation, le porteur
autorise un débit automatique sur son compte et dans ce cas, la composition de son
code confidentiel sur le GAB ou sur le terminal de paiement constitue la signature
électronique qui matérialise l’instruction (l’ordre) de prélèvement donné à la banque

54
au profit du titulaire lui-même. La banque peut apporter la preuve d’une telle
instruction à travers les enregistrements des GAB ou du terminal de paiement.

De plus, utiliser la carte conformément aux conditions établies implique aussi


l’obligation pour le porteur de payer à l’émetteur le prix de la prestation de service
rendue au moyen d’un prélèvement automatique sur son compte et dont le montant
varie selon les services offerts pour la carte de retrait.

En cas de perte ou de vol, le titulaire de la carte doit faire opposition dans un délai de
trois jours francs après qu’il ait eu connaissance de la perte ou du vol de la carte. Il
supporte les retraits frauduleux effectués avant cette opposition dans la limite d’un
plafond fixé par l’Autorité Monétaire. L’Autorité Monétaire qui est le Ministre des
Finances au Cameroun n’a pas encore fixé ledit plafond. Seules sont autorisées, les
oppositions motivées par la perte, le vol, l’utilisation frauduleuse de la carte ou des
données liées à son utilisation, l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire
ou de liquidation des biens à l’encontre du bénéficiaire du paiement.

Au demeurant, l’industrie bancaire repose sur une activité très dense qui va au-delà des
intérêts strictement liés à l’entreprise. Les établissements de crédit effectuent à titre
habituel les opérations de banque qui s’inscrivent fondamentalement dans
l’exploitation des systèmes et moyens de paiement. Ils jouent un rôle prééminent dans
la sphère économique et sociale. C’est dans cette optique qu’ils sont assujettis à des
obligations contraignantes dont les manquements peuvent déboucher sur la mise en jeu
de leur responsabilité.

55
TITRE II : LES OBLIGATIONS DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Le banquier est tenu, dans le cadre de son activité, d’une multitude d’obligations. Les
unes sont d’abstention (Chapitre I) et les autres de commission (Chapitre II).

Chapitre I - Les Obligations d’abstention

Il s’agit d’obligations pour lesquelles le banquier doit adopter une attitude « négative »
tenant en une obligation de ne pas faire. Dans cette rubrique, on distingue
essentiellement l’obligation de réserve ou de non-ingérence (Section I) et l’obligation
de confidentialité autrement connue sous l’appellation de « secret bancaire » (Section
II).

Section I - L’obligation de réserve ou de non-ingérence

Encore appelée obligation de non-immixtion, l’obligation de réserve ou de non-


ingérence s’entend simplement comme l’interdiction pour le banquier d’intervenir
dans les affaires de son client. Cette obligation ne s’inscrit utilement que dans le cadre
des rapports contractuels et du champ légal des obligations du banquier. A cet effet, il
va de soi qu’elle connaît des limites en ce que la banque est autrement tenue d’une
obligation de conseil et de surveillance. Ainsi, les obligations de réserve, de conseil et
de surveillance se neutralisent mutuellement et ne se déploient que dans la stricte
limite de l’acceptable pour éviter au banquier, en cas d’excès, de voir sa responsabilité
être engagée. Cette obligation peut être analysée tant en matière de crédit (§1) qu’en
matière de service de caisse (§2).

§1 - L’obligation de réserve en matière de crédit

En matière de crédit, cette obligation impose au banquier de ne pas aller au-delà de


l’octroi du prêt, une fois celui-ci mis en place. Si cette solution se justifie dans
l’hypothèse d’un concours bancaire destiné au financement du fonds de roulement, il
en est autrement d’un prêt destiné à un investissement ou à l’exécution d’un ouvrage.
Dans cette hypothèse et en vertu du principe de l’affectation des fonds, le banquier
doit exercer un contrôle sur l’utilisation et la destination des fonds sans toutefois
s’ingérer dans la gestion de l’entreprise au point par exemple de prendre ou

56
d’intervenir dans la prise des décisions stratégiques ; auquel cas il serait solidairement
tenu à l’égard des tiers, victimes des agissements fautifs de son client.

Il est courant que, sans être prêteur, le client et son bailleur de fonds s’accordent avec
le banquier pour l’orientation des fonds objet du prêt domicilié dans ses livres. Dans ce
cas habituellement, les parties ouvrent un compte séquestre et en indiquent au banquier
les modalités de fonctionnement. 

§2 - L’obligation de réserve en matière de service de caisse

En ce qui concerne le service de caisse, la banque doit se contenter d’exécuter les


ordres de son client. Elle n’a pas le droit de s’immiscer dans les affaires de son client
et encore moins le pouvoir d’apprécier l’opportunité de telle ou telle opération. Elle
n’est que dépositaire et doit s’en tenir à ce rôle. Toutefois, en cette qualité, elle doit
s’assurer que les ordres émanent bien de son client ou des personnes ayant reçu
procuration d’agir en son nom et pour son compte, et que ces ordres affichent une
apparente normalité.

Dans cette optique, seule une anomalie susceptible d’éveiller la curiosité et les
soupçons du banquier l’autorise à sortir de son devoir de non-ingérence 42 et l’oblige à
s’informer auprès de son client sur l’opération litigieuse. L’anomalie peut être aussi
bien matérielle (falsification manifeste du chèque ou du bordereau de virement,
surcharge ou grattage) qu’intellectuelle et résulter de mouvements bancaires anormaux
ou de circonstances révélant le caractère illicite l’opération.

Section 2 - L’obligation de confidentialité : le secret bancaire

Le secret bancaire consiste en l'obligation de confidentialité à laquelle sont tenus les


établissements de crédit par rapport aux actes, faits et informations concernant leurs
clients, et dont ils ont connaissance dans l’exercice de leur profession 43. Le secret
bancaire est institué dans l'intérêt du client. De ce fait et puisqu’il s’agit de protéger un

42
Cass. Com. 16 janvier 2001 n° 77 RJDA 4/01 n° 622
43
Article 3 de la loi N° 2003/004 du 21 Avril 2003 relative au secret bancaire. Il faut préciser qu’avant l’entrée
en vigueur de cette loi, l’obligation de confidentialité du banquier était envisagée sous le vocable générique de
secret professionnel prévu par l’article 45 de l’Ordonnance N° 82/002 suscitée.

57
intérêt particulier, la loi autorise le banquier à s'en départir sans responsabilité aucune
quand l'intérêt général le commande. La consécration du secret bancaire (§1) connaît
donc des limites (§2).

§1 - La consécration du secret bancaire


Le banquier a l’obligation de tenir confidentiels, toutes informations, tous actes et faits
qu’il tient sur son client dans le cadre de l’exercice de sa profession. Il convient de
préciser qu’il doit s’agir d’informations purement secrètes. Aussi est-il admis tant par
la jurisprudence que par le législateur que les informations non confidentielles, d’ordre
général, qualifiées par la pratique de « simples renseignements », ne sont pas couvertes
par le secret bancaire.
L’article 6 alinéa 1er de la loi camerounaise n° 2003/004 du 21 avril 2003 relative au
secret bancaire dispose à cet effet que la communication par quelque moyen que ce
soit d'informations à caractère général notamment tout renseignement qu'il est d'usage
de fournir à des tiers, clients ou non de l'établissement de crédit ne constitue pas une
violation du secret bancaire. Ainsi, en est-il par exemple des éléments divulgués dans
le domaine public, ou qui pourraient être obtenus auprès de tiers par des moyens
légitimes.
Matériellement, la violation du secret bancaire consiste en :
- la divulgation, la communication par quelque moyen que ce soit des faits et
informations connus dans l'exercice de leurs fonctions par les employés, les organes
dirigeants ou de contrôle d'un établissement de crédit et notamment les opérations
relatives aux comptes bancaires, les opérations d'escompte, les fournitures de devises,
le résultat des inspections ou des contrôles effectués par les autorités monétaires ;
- la révélation, la divulgation, la communication par quelque moyen que ce soit par les
tiers, des renseignements reçus ou obtenus d'un établissement de crédit ;

- l'exploitation à ses propres fins ainsi que la communication à des tiers par un
établissement de crédit ou par son personnel des faits, études, projets et autres
informations à lui confiés par un client.

58
Hormis les cas de dérogation spécifiquement prévus par la loi, le secret bancaire est
opposable à toute personne. Toutefois, certaines personnes dont les intérêts sont liés à
ceux du client ou qui sont chargées de gérer ses affaires ou d’y interférer d’une façon
ou d’une autre, ne peuvent pas se voir opposer le secret bancaire : le mandataire dans
la limite de l’étendue des pouvoirs qui lui ont été conférés par la procuration 44 ; les
héritiers et légataires universels du client décédé, un autre établissement de crédit, les
organes de la procédure collective45.

Le secret bancaire s’impose à toute personne qui, à quelque titre que ce soit, et quelle
qu'en soit la durée ou la modalité, participe à la direction, à la gestion, au contrôle ou à
la liquidation d'un établissement de crédit ou est employée par celui-ci. La même
obligation s'étend aux personnes qui, sans faire partie du personnel, ont eu
connaissance ou accès de manière indue ou autorisée, aux secrets d'un établissement
de crédit de par leur qualité, leurs aptitudes techniques et intellectuelles ou leur
fonction (avocats, huissiers, notaires, experts judiciaires, etc.).

§2 - Les limites au secret bancaire


La loi camerounaise n° 2003/004 du 21 avril 2003 relative au secret bancaire comme
bien d’autres textes46 prévoit les hypothèses d’inopposabilité du secret bancaire. En
effet, le secret bancaire n’est pas opposable à certaines autorités publiques et à
certaines personnes privées.

En ce qui concerne les autorités publiques, on peut les classer en cinq catégories :

- les autorités judiciaires, notamment les magistrats du parquet ou leurs auxiliaires


agissant sur commission rogatoire du Parquet ;
- l’Administration publique (Impôts, Douane, Trésor, Inspection de l’Etat, MINFI),
- les organes de régulation (COBAC, Conseil National du Crédit, BEAC) ;

44
De façon générale, étant consacré dans l’intérêt du client, celui-ci peut y déroger en autorisant la banque de
communiquer les informations à des tiers.
45
Confère limite au secret bancaire en ce qui concerne les personnes privées.
46
Code des Douanes de la CEMAC, Code général des impôts, Convention du 16 octobre1990 portant création de
la commission bancaire de l’Afrique Centrale, etc.

59
- les sociétés publiques auxquelles le privilège du trésor est reconnu (SRC, CNPS,
CFC) ;
- Les organismes chargés de la lutte contre la corruption et le blanchissement d’argent
(CONAC, ANIF).

Il faut souligner l’existence de conflits entre la loi sur le secret bancaire et certains
textes de portée générale. En effet, la loi de 2003 prévoit en ce qui concerne
l’Administration fiscale, qu’elle n'a le droit ni de prélever, ni de saisir les pièces et de
les emporter ; pareillement, l’Administration des Douanes n’a qu’un pouvoir de
consultation sur place des documents bancaires. Or, le Code Général des Impôts en
son article L. 4547 et le Code des douanes de la CEMAC en ses articles 321 et suivants
leur attribuent des pouvoirs bien plus importants (communications de pièces, saisies,
etc.). En principe, la loi sur le secret bancaire en tant que texte spécial devrait
l’emporter sur les autres qui sont de portée générale.
Relativement aux personnes privées, la loi de 2003 procède à une énumération large
aux articles 16 à 25.
En substance, le banquier est tenu dans une certaine mesure de s’abstenir sous peine
d’engager sa responsabilité pénale ou civile. Il est astreint à une obligation de réserve
et à une obligation de discrétion même si ces obligations connaissent des limites et des
tempéraments. Parfois encore, il a l’obligation de poser plutôt des actes.

47
Article L. 45 du CGI : Le droit de communication s’exerce en principe sur place, mais les agents des impôts
peuvent prendre copie des documents concernés sans que les personnes soumises au droit de communication
puissent s’y opposer.

60
Chapitre II – Les obligations de commission

Trois types d’obligations de commission pèsent sur le banquier à savoir l’obligation de


vigilance (Section I), de conseil (Section II) et d’information (Section III).

Section I – L’obligation de vigilance : la lutte contre le blanchiment des capitaux


et le financement du terrorisme

L’obligation de vigilance du banquier a pour but la lutte contre le blanchiment des


capitaux et le financement du terrorisme. Cette lutte est régie dans le cadre de la
CEMAC par deux importants Règlements :

- le Règlement n° 01/16/CEMAC/UMAC/CM du 11 avril 2016 portant prévention et


répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme et de la
prolifération en Afrique Centrale ( qui abroge le Règlement n°01/03-CEMAC-UMAC
du 04 avril 2003 portant Prévention et Répression du Blanchiment des Capitaux et du
Financement du Terrorisme en Afrique Centrale) ;

- le Règlement R-2005/01 relatif aux diligences des Etablissements assujettis en


matière de lutte contre le Blanchiment des Capitaux et du Financement du Terrorisme
en Afrique Centrale.

Le Blanchiment des capitaux peut être défini comme :

- la conversion ou le transfert des biens provenant d’une qactivité criminelle dans le


but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens ou d’aider toute
personne qui est impliquée dans l’exercice de cette activité criminelle, à échapper aux
conséquences juridiques de son activité ;
- la dissimulation ou le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement, de la
disposition, du mouvement ou de la propriété réels des biens provenant d’une activité
criminelle ou d’une participation à une activité criminelle ;
- l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens, dont celui qui s’y livre,
……………………………… d’une activité criminelle ;
- la participation à l’un des actes ci-dessus,……………………

61
Il repose sur des techniques originales et fait l’objet d’une prévention particulières par
la législation communautaire.
§1- Les Techniques de blanchiment des capitaux

Les blanchisseurs ont au fil des années développé des techniques et modes de
blanchiment qui se révèlent aujourd’hui très complexes. Le banquier reste la cible
majeure du blanchisseur et doit jouer de ce fait un rôle essentiel dans la lutte contre le
blanchiment. Cette lutte est d’autant plus ardue que les blanchisseurs, s’organisant en
réseaux ramifiés, vont très souvent au-delà des limites géographiques des Etats, dans le
but de trouver des pays d’accueil paisibles et propices aux actes de blanchiment.

Le phénomène de blanchiment des capitaux donne lieu à un schéma cyclique


correspondant à ses différentes étapes : le placement, l’empilage et l’intégration.

A - Le placement
Le blanchisseur est tout d’abord préoccupé par le fait de savoir comment convertir les
espèces produites par le crime ou le délit sans attirer l’attention des banques. C’est
dans cette perspective qu’il va s’employer à multiplier les techniques de placement
tout en gardant présent à l’esprit le souci d’y effacer toute trace, garantir l’anonymat et
récupérer les fonds confiés. Le but du placement est donc d’introduire d’importantes
sommes d’argent dans le circuit financier en usant des moyens tenant aux dépôts
bancaires et diverses opérations similaires.

Le système bancaire et le banquier choisis doivent justifier des qualités et


caractéristiques susceptibles de garantir aux blanchisseurs un minimum de sécurité 48.

Concrètement, le blanchisseur pourra faire recours à des techniques diversifiées pour


atteindre son but auprès du banquier, notamment : les dépôts classiques49, les dépôts

48
Il s’agit par exemple de la fiabilité (recours aux institutions bancaires officielles), la rapidité (opérations
réalisables dans des délais très courts), la discrétion (législation sur le secret bancaire rigoureuse), l’absence de
contrôle bancaire, le défaut d’obligation de déclaration de soupçon, les pays où les agences bancaires étrangères
sont nombreuses, l’habitude de corruption, etc. 
49
Multiples remettants sur plusieurs comptes en monnaie locale ou devises sur des comptes résidents ou non, par
transformation en monnaies étrangères auprès d’un agent de change et/ou achat en espèces d’or pour
renégociation chez un courtier contre paiement par chèque, sociétés de transport de fonds, etc.  

62
convertis sous forme d’achats dissimulés 50, les dépôts convertibles51, les dépôts
intégrés aux circuits économiques52.

B - L’empilage
L’empilage consiste à rendre plus difficile tout retour comptable vers l’origine des
dépôts par la multiplication successive des transactions, c’est-à-dire « mettre autant
d’écrans que possible entre la récolte de l’argent et son investissement final ».

Les manières confuses et compliquées selon lesquelles sont empilées, couche après
couche, les activités et transactions s’effectuent grâce à la variété des services
bancaires. De la sorte, les opérations financières sont multipliées, et en conséquence
rendues complexes et opaques. Les traces de l’origine des fonds sont ainsi dissimulées.

L’empilage se concrétise aussi bien dans l’investissement du numéraire que dans les
transferts électroniques de fonds.

Dans le premier cas, les espèces placées avec succès dans un établissement financier
seront ensuite converties en instruments de paiement, chèque de voyage, lettre de
change, billets à ordre, chèque de banque ou en placements (obligations). Cette
conversion rend les produits illicites plus facilement transportables à l’étranger et ils
peuvent également être déposés sur d’autres comptes bancaires. C’est l’achat classique
de biens consomptibles ou fongibles (voitures, or, objet d’art…) à l’aide du numéraire,
puis convertis et/ou revendus dans le pays ou exportés avec des profits sous une forme
autre que du numéraire. Cette technique permet de rendre l’identité de l’acquéreur plus
difficile à détecter et les biens concernés plus difficiles à identifier et à saisir.

Dans le second cas, l’empilage est réalisé par transferts électroniques ou


télégraphiques de fonds dont les avantages résident dans la rapidité, la mondialisation

50
Par achat de jetons dans un casino ou de tickets gagnants loto ou courses de chevaux, achat à particulier de
biens mobiliers (bijoux, œuvres d’art, véhicule automobile pour revente à professionnel et conversion en chèque,
etc. 
51
Par prêts réels ou fictifs, achats immobiliers avec dessous de table important pour revente rapide au prix fort,
compensation hors banque pour commerce import/export, achat de bons de caisse négociables aux guichets de
banques étrangères par la mise à disposition de fonds sur des comptes bancaires, etc.
52
Par apports en cash au chiffre d’affaires de commerces pour dépôt sur compte de l’entreprise et virement
ultérieur (y compris manifestations sportives et spectacles), etc.

63
des réseaux (SWIFT), des traces comptables réduites au minimum et un anonymat
accru compte tenu du volume quotidien important d’opérations.

C - L’intégration
Les plans d’intégration replacent les produits blanchis dans l’économie de telle façon
qu’ils réintègrent le système bancaire en apparaissant alors tels des profits normaux
d’une affaire commerciale. A moins d’avoir pu établir la trace de profits illicites de
façon formelle au cours des deux premiers stades du blanchiment, il va devenir
extrêmement difficile de pouvoir distinguer les richesses légales des richesses
illégales. Les fonds blanchis sont ainsi remis en circulation sous forme de revenus
propres et le plus souvent imposables. C’est donc la phase finale du blanchiment.
L’argent est intégré dans le circuit économique ou la vie sociale à travers des moyens
qui recèlent une apparence légitime notamment les œuvres de bienfaisance, la création
de sociétés en vue de la distribution de dividendes fictifs. De même, l’argent peut être
intégré dans le cadre du financement d’une activité illicite et criminelle à l’instar du
terrorisme : on parle alors de « noircissement ». Dans le même ordre d’idées, la
technique peut consister au prêt garanti par une caution en vue de blanchir des fonds.
Dans ce cas, le bénéficiaire du prêt organise son insolvabilité. La banque se retourne
alors contre la caution qui la désintéresse naturellement.

64
§2 - La prévention de la lutte contre le blanchiment au sein de la banque

L’obligation de vigilance à laquelle est tenu le banquier et qui repose essentiellement


sur la lutte contre le blanchiment des capitaux se manifeste lors de l’entrée en relation
avec le client (§1) et surtout par la surveillance des opérations de la clientèle (§2).

§1 - L’obligation de vigilance lors de l’entrée en relation avec le client


L’idée prédominante ici est le souci de la connaissance du client lors de l’entrée en
relation. Une connaissance élargie de celui-ci lors de l’ouverture du compte serait ainsi
un moyen efficace de prévenir le blanchiment au sein de la banque. Seulement,
l’exigence requise dans le cadre de la lutte contre le blanchiment pourrait
considérablement empiéter sur le volet commercial. C’est la raison pour laquelle il est
impérieux pour le banquier de faire preuve d’ingéniosité et de tact pour pouvoir
concilier ces deux impératifs qui se révèlent quelquefois contradictoires.

Cette prévention du blanchiment se rapporte essentiellement mais non exclusivement à


la production de pièces nécessaires à une ample connaissance du client, ainsi qu’aux
questions qui pourront lui être posées lors de l’ouverture de son compte (Voir en ce
qui concerne les pièces la partie du cours sur l’ouverture du compte) 53. Le droit du
Blanchiment met cependant un accent particulier sur l’origine des fonds et l’activité du
client lors de l’entrée en relation.

§2 - La surveillance des opérations de la clientèle


Les textes de la CEMAC mettent expressément à la charge du banquier une obligation
de surveillance. Le règlement R-2005/01 susvisé prévoit un seuil au-delà duquel toute
opération devrait faire l’objet de surveillance avec un accent particulier sur les
transferts électroniques et plus généralement tout transfert de fonds quel que soit le
mode de réception ou d’exécution de l’ordre (article 17). Ce seuil est fixé par l’autorité
monétaire camerounaise à FCFA 5 millions.

53
Pour la réglementation spécifique au blanchiment, voir les articles 4 et 5 Règlement R-2005/01 relatif aux
diligences des Etablissements assujettis en matière de lutte contre Blanchiment des Capitaux et du Financement
du Terrorisme en Afrique Centrale

65
En tout état de cause, le banquier doit disposer d’un système permettant, pour tous les
comptes, de déceler les activités à caractère inhabituel ou suspect, en recourant par
exemple à des limites par classe ou par catégories de comptes 54.

S’il estime que les conditions de soupçon après renseignements pris auprès de son
client, notamment s’il a le sentiment que l’opération pourrait être liée à une activité
criminelle, il doit en faire la déclaration à l’Agence Nationale d’Investigations
Financières (ANIF) conformément aux articles 26 et suivants du Règlement R-2005/01
relatif aux diligences des Etablissements assujettis en matière de lutte contre
Blanchiment des Capitaux et du Financement du Terrorisme en Afrique Centrale.

Section II – L’obligation de conseil

En sa qualité de professionnel incontesté et bien qu’aucun texte ne le prévoit


formellement, le banquier est de tout temps tenu d’une obligation de conseil à l’égard
de ses clients. Cette obligation est davantage perceptible en matière de crédit (§1) que
dans toutes autres opérations (§2).
§1 – L’obligation de conseil en matière de crédit
C’est une obligation consacrée par la jurisprudence. Celle-ci bien qu’admettant que le
banquier est tenu d’apporter un soutien en terme de conseil à son client lors de l’octroi
de crédit, fait preuve d’indécision quant à la qualification de cette obligation. S’agit –
il d’une obligation de conseil au sens propre du terme ou d’une obligation de simple
mise en garde ? Pendant longtemps, il était question de prodiguer des conseils à
l’emprunteur inexpérimenté en ce qui concerne l’opportunité du crédit, la viabilité du
projet financé et l’adéquation du financement aux capacités de remboursement de
l’emprunteur du crédit, les partenaires, etc.

La jurisprudence, s’appuyant sur la responsabilité spécifique du professionnel à


l’égard du profane, semble aujourd’hui plus à l’aise avec la qualification de « mise en
garde ». En effet, Le banquier est tenu d’un devoir de mise en garde à l’égard des

54
Article 18 du Règlement R-2005/01 relatif aux diligences des Etablissements assujettis en matière de lutte
contre Blanchiment des Capitaux et du Financement du Terrorisme en Afrique Centrale.

66
emprunteurs et cautions non avertis. Cette obligation de mise en garde implique que le
banquier doit attirer l’attention des emprunteurs et cautions non avertis sur les risques
de l’opération envisagée et vérifier que les engagements qu’ils prennent sont
compatibles avec leurs capacités financières. Ce devoir de mise en garde se substitue à
l’obligation de conseil et résulte d’un arrêt de la chambre civile de la Cour de cassation
en date du 12 juillet 2005.

En ce qui concerne les emprunteurs et cautions avertis, ils ne peuvent rechercher la


responsabilité du banquier que s’ils établissent que ce dernier disposait d’informations
sur leur situation financière qu’eux-mêmes ignoraient (Cass. Com. 6 mai 2006).

Qu’il s’agisse d’obligation de conseil ou de mise en garde, elle ne vaut que pour autant
que le banquier est aux prises à un « profane » ou à un « inexpérimenté ».

§2 – L’obligation de conseil concernant d’autres opérations

De manière générale et au-delà des opérations de crédit, le banquier a l’obligation de


prodiguer des conseils à ses clients lorsque les opérations qu’ils accomplissent ou
entendent accomplir, relèvent d’un certain niveau de complexité et de risques
encourus. Il en est ainsi en matière d’opérations de bourse pour les placements et de
change à terme.

Plus simplement encore, lors de l’entrée en relation, la banque a le plus grand intérêt et
l’obligation d’orienter le client sur la nature du compte à ouvrir en fonction des
activités, des objectifs et besoins du client. Il en est de même en cours de
fonctionnement du compte lorsque le client effectue des opérations particulièrement
complexes à l’instar des opérations du commerce international. En ce cas, la banque
doit conseiller le client sur la tenue et la constitution du dossier afin d’éviter au client
des rejets préjudiciables. Il en de même s’il estime que le client s’engage dans une
transaction périlleuse en raison du caractère peu crédible de ses partenaires ou de la
rudesse des cours sur le marché international.

67
A la différence de l’obligation de conseil, l’obligation d’information est consacrée par
les textes.

Section III - L’obligation d’information

Le banquier est tenu d’une obligation d’information tant à l’égard de sa clientèle (§1)
qu’à l’égard des tiers (§2).

§1 - L’obligation d’information à l’égard de la clientèle

A l’égard de la clientèle, les textes prévoient plusieurs hypothèses dans lesquelles la


banque est contrainte d’informer formellement sa clientèle. La plus importante est
certainement celle relative aux conditions de banque à savoir. En effet, chaque
établissement de crédit est tenu de faire périodiquement une large publicité, par voie
de presse et d’affichage dans ses différentes agences, sur les conditions de banque
applicables à la clientèle, notamment :

- les taux de base créditeurs et débiteurs ;


- les prélèvements obligatoires au profit de l’Etat ou d’institutions Publiques ;
- les commissions perçues par l’Etablissement de crédit 55.

Cette exigence à la charge des Etablissements de crédit a été consacrée sur le plan
communautaire par la Décision du Conseil d’administration de la BEAC du 19 mars
1997 notifiée individuellement à Chaque Banque avec note d’instruction y afférente à
l’attention des Présidents des Associations Professionnelles des banques et des
Directeurs Généraux en date du 30 juin 1997.
Plus précisément en ce qui concerne les virements, l’article 181 du Règlement
CEMAC sur les Moyens et incidents de paiement dispose que les établissements
assujettis doivent préalablement informer leurs clients par écrit des conditions dans
lesquelles s'opèrent les virements. Ces informations peuvent être communiquées, le cas
échéant, dans le cadre des conditions générales de banques ou dans la Convention de
compte56.
55
Article 27 de l’Arrêté N° 224/MINFI/DCE du 05 avril 1989 portant conditions de banques.
56
Ces informations doivent en particulier mentionner les éléments suivants :

68
Poursuivant dans le même sens, l’article 182 du même Règlement fait obligation au
banquier de mettre à la disposition du client dans le délai d’un mois maximum au
moyen d'un avis d’opéré spécifique ou à l'occasion de l'envoi d'un relevé de compte,
les informations relatives à chaque virement exécuté notamment :
- le montant de l’opération tel qu’il ressort de l’ordre de virement passé par le client ;
- le montant de tous les frais et commissions qui ont été prélevés par l’établissement
ainsi que toute autre forme de rémunération, s'il en existe ;
- pour le donneur d'ordre, la date à laquelle le compte du client a été débité ;
- pour le bénéficiaire, la date à laquelle le compte du client a été crédité.

D’une manière générale, le banquier a l’obligation de transmettre au client les relevés


mensuels répertoriant les opérations intervenues sur son compte. Il doit également
l’informer de tous les incidents enregistrés sur son compte.

§2 - L’obligation d’information à l’égard des tiers

A l’égard des tiers, le banquier doit communiquer, dans le mois qui suit le terme de
chaque semestre civil à compter de la signature du contrat de cautionnement, à toute
personne qui s’est engagée à son profit à titre de caution, en couverture des
engagements de son client, un état des dettes du débiteur principal précisant leurs
causes, leurs échéances et leurs montants en principal, intérêts, et autres accessoires
restant dus à la fin du semestre écoulé, en lui rappelant la faculté de révocation 57.

Par ailleurs, le banquier a l’obligation de communiquer aux huissiers et agents


d’exécution et en tout état de cause aux personnes à l’égard desquelles le secret
bancaire n’est pas opposable, les informations qu’ils requièrent, dans la limite de ce
qui est communicable au regard de la loi.

- Pour les virements émis, le délai maximum entre, d'une part, la date d’acceptation du virement et, d'autre part,
la date à laquelle le compte de l’établissement du bénéficiaire est crédité ;
- Pour les virements reçus, le délai maximum entre, d'une part, la date de réception des fonds par l'établissement
teneur du compte du bénéficiaire et, d'autre part, la date à laquelle le compte du bénéficiaire est crédité ;
- l’ensemble des modalités de détermination des commissions et frais prélevés sur le client;
- Les procédures de réclamation et les voies de recours en vigueur
- Le cas échéant, les conditions dans lesquelles sont fixés le ou les cours de cours de change retenus pour
l’exécution de l’ordre de virement.
57
Voir article 25 de l’Acte uniforme portant Organisation des sûretés.

69
Enfin, le banquier doit effectuer des communications périodiques à la banque centrale
pour la mise à jour et l’harmonisation des fichiers nécessaires au contrôle du circuit
bancaire et économique, ainsi que pour la sécurité des affaires. Il s’agit des
informations relatives aux incidents de paiement, aux ouvertures et fermetures de
comptes, aux impayés pour la Centrale des risques, etc.

70
DEUXIEME PARTIE : LA REGLEMENTATION BANCAIRE

INTRODUCTION

Les établissements de crédit sont astreints à une réglementation extrêmement


contraignante relative à leur création, leur administration et gestion, leur organisation
et fonctionnement et leur restructuration et dissolution.

L’étude de cette réglementation s’articulera autour de trois grands points :

- L’organisation de l’activité des établissements de crédit (Titre I) ;

- Les modalités de contrôle de l’activité des établissements de crédit (Titre II).

- Le traitement des établissements de crédit en difficulté (Titre III)

71
TITRE I : L’ORGANISATION DE L’ACTIVITE DES ETABLISSEMENTS
DE CREDITS

L’organisation de l’activité des établissements de crédit met en exergue les conditions


d’exercice du commerce de l’argent dans la sous-région de la CEMAC par l’entreprise
bancaire d’une part (Chapitre I), et prévoit d’autre part un corps de règles qui
définissent et organisent les modalités de la tutelle sur l’entreprise bancaire (Chapitre
II).

CHAPITRE I - LES CONDITIONS D’EXERCICE DE L’ACTIVITE


BANCAIRE

Ces conditions s’inscrivent dans le cadre du monopole bancaire dont le principe est de
nos jours plus ou moins universel (Section I). Mais l’entreprise bancaire reste une
société commerciale encadrée tant par la réglementation spécifique aux entreprises
bancaires que par les règles de droit commun sur les sociétés commerciales (Section
II).

Section I – Le monopole des établissements de crédit

Le monopole des établissements de crédit signifie simplement que l’exercice à titre


habituel des opérations de banque est réservé aux seules entreprises agréées à cet effet
par les autorités compétentes. Ce principe est clairement posé par l’article 24 de
l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale, qui dispose : «  Il est
interdit à toute personne autre qu’un établissement de crédit d’effectuer des
opérations de banque à titre habituel ».

Le monopole signifie aussi que seuls les établissements agréés ont le droit d’adopter
une dénomination susceptible de permettre leur identification par le public comme
ayant pour activité les opérations de banque. Il est question d’éviter que le public soit
trompé sur le statut d’une entreprise se livrant à des activités financières. A cet effet,

72
l’article 28 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992 dispose qu’il « est
interdit à toute entreprise autre qu’un établissement de crédit d’utiliser une
dénomination, une raison sociale, une publicité ou d’une façon générale des
expressions faisant croire qu’elle est agréée en tant qu’établissement de crédit, ou
de créer une confusion à ce sujet ».

L’obligation d’obtenir préalablement un agrément pour exploiter le commerce de


banque est le sens réel du monopole bancaire (§1). Toutefois, appliquée de façon
absolue, cette règle pourrait entraver l’activité d’autres professionnels dont certains
bénéficient d’ailleurs eux-mêmes d’un monopole (§2).

§1 - L’impératif d’un agrément préalable

Le Contrôle public de l’accès à la profession bancaire se révèle être l’expression par


excellence du monopole bancaire. Ce contrôle se matérialise par l’obligation
d’obtention d’un agrément aussi bien de l’établissement bancaire lui-même (I), que de
ses dirigeants (II). L’étude de ces deux points sera suivie par celle relative au retrait de
l’agrément (III).

I - L’Agrément de l’établissement bancaire


Il convient de distinguer l’agrément initial (A) de l’agrément unique (B) et de
l’agrément des filiales (C).
A – L’agrément initial
L’étude de l’agrément initial s’articule autour des conditions et modalités d’obtention
de l’agrément initial (1) et de la décision d’agrément (2).
1 – Les conditions et modalités d’obtention de l’agrément initial

La procédure d’obtention de l’agrément initial est régie par les articles 3 et suivants
du Règlement n° 2/15/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 mars 2015 modifiant et
complétant certaines conditions relatives à l’exercice de la profession bancaire
dans la CEMAC (les articles 3 et suivants du Règlement susvisé ont remplacé les
articles 12 à 17 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992). Elle concerne
aussi bien les organismes de droit local (les sociétés ayant leur siège dans un pays de la
CEMAC, même si les sociétés mères ont leur siège hors de la CEMAC) que les

73
succursales d’établissements de crédit ayant leurs sièges à l’étranger (de simples
démembrements sans personnalité juridique propre de sociétés ayant leur siège à
l’étranger).

La procédure d’obtention de l’agrément se déroule en deux phases : le dépôt de la


demande d’agrément et son instruction.

a - La demande d’agrément

La demande d’agrément est adressée à l’Autorité Monétaire, qui est le Ministère en


charge de la monnaie dans le pays membre concerné, contre récépissé. Une copie de
ladite demande accompagnée du récépissé est transmise par le requérant à la COBAC,
aux fins d’information.

La demande d’agrément doit préciser la catégorie d’établissement de crédit pour


laquelle le requérant postule et être accompagnée d’un dossier complet dont la
composition est précisée aux articles 5 et suivants du Règlement COBAC R- 2016/01
du 16 septembre 2016 relatif aux conditions et modalités de délivrance des agréments
des établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes.

Aux termes de l’article 3 du Règlement COBAC R- 2016/01 du 16 septembre 2016, le


dossier de demande d’agrément doit compoter tous les éléments d’information
permettant à la COBAC de s’assurer du respect des conditions d’exercice et
d’agrément fixés par le règlement du 27 mars 2015.

b - L’instruction de la demande

L’instruction de la demande d’agrément est faite conformément aux articles 17 à 19 du


Règlement COBAC R- 2016/01 du 16 septembre 2016.

Le dossier de demande d’agrément est transmis à la COBAC par l’Autorité monétaire,


pour avis conforme.

A compter de la date de réception du dossier complet, la COBAC dispose d’un délai


de six mois pour statuer et notifier sa décision à l’Autorité Monétaire. L’absence de
décision de la COBAC à l’expiration du délai de six mois vaut avis conforme.

74
Lorsque le dossier de demande d’agrément est incomplet, la COBAC en informe par
écrit le requérant, avec copie à l’Autorité monétaire, et invite le requérant à fournir les
informations et/ou pièces manquantes.

Toute demande d’informations complémentaires suspend le délai d’instruction du


dossier jusqu’à réception des informations sollicitées.

Dans le cadre du processus d’instruction, la COBAC est habilitée à demander aux


promoteurs tous les renseignements jugés utiles, à les entendre ou entendre toute
personne dont l’audition s’avère nécessaire pour l’examen de la demande d’agrément.

2 - La décision d’agrément
L’agrément est délivré par arrêté de l’Autorité Monétaire avec copie au requérant, à
la COBAC, à la Direction Nationale de la BEAC et au conseil National de Crédit.
L’arrêté d’agrément précise la catégorie dans laquelle est classé l’établissement de
crédit ainsi que les opérations de banque qui lui sont autorisées.
L’arrêté d’agrément est publié au Journal Officiel et dans au moins un des principaux
organes de presse de l’Etat membre concerné, aux frais du requérant.
En cas de refus de l’agrément, la décision de refus est notifiée par l’autorité Monétaire
au requérant, avec copie à la COBAC.
Les CNC dressent et tiennent à jour la liste chronologique des établissements de crédit
agréés et leur affectent un numéro d’inscription. Les établissements de crédit doivent
faire figurer ce numéro d’inscription sur toutes leurs correspondances et publications.

B - L’Agrément unique

Les activités des établissements de crédit ont longtemps été confinées à l’intérieur des
frontières nationales. Eu égard à l’objectif de création d’un espace économique et
financier unifié dans la zone CEMAC, il s’est avéré indispensable de favoriser une
plus grande intégration des marchés bancaires et financiers nationaux, en organisant la
libre prestation de services sur l’ensemble du territoire de la CEMAC.

A cette fin, les autorités de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) ont
franchi un pas décisif en adoptant le Règlement n° 01/00/CEMAC/UMAC/COBAC du

75
27 novembre 2000 portant institution de l’Agrément Unique des établissements de
crédit dans la CEMAC. Avec l’entrée en vigueur de cette procédure le 1 er janvier 2001,
les banques et les établissements financiers déjà agréés, c’est-à-dire ayant déjà obtenu
l’agrément initial dans un Etat et désireux de s’implanter dans un autre Etat membre de
la CEMAC, sont dispensés de toute autre procédure d’agrément, pour exercer leurs
activités ou offrir en libre prestation des services dans les autres Etats membres, sous
réserve d’obtenir une Autorisation préalable de la COBAC. Ils peuvent ainsi, s’ils
le souhaitent, s’installer dans un autre Etat membre, y implanter une filiale, une
succursale ou une Agence, sans être astreints à l’accomplissement des formalités
administratives relatives à l’Agrément dans ledit Etat.

Pour bénéficier de l’Agrément unique, les établissements de crédit doivent :

- bénéficier, depuis plus de deux ans, d’un agrément initial ;


- disposer d’une assise financière leur permettant de respecter l’ensemble des normes
prudentielles édictées par la COBAC ;
- justifier de l’aptitude à réaliser leurs objectifs de développement dans les conditions
que requiert la sécurité des déposants ;
- être classés en cotes 1 et 2 par la COBAC.

En ce qui concerne la procédure la procédure d’obtention de l’Agrément unique,


l’article 5 du Règlement du 27 novembre 2000 dispose :

- la procédure d’agrément à l’occasion de la première installation d’un établissement


de crédit dans un Etat membre de la CEMAC reste celle prévue par le Règlement n°
2/15/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 mars 2015 susvisé (modifiant et complétant
certaines conditions relatives à l’exercice de la profession bancaire dans la
CEMAC).

- toute demande d’implantation d’une filiale ou d’une succursale hors du pays ayant
accordé l’agrément initial est soumise à l’autorisation préalable de la COBAC. La
demande est formée auprès du Ministre en charge des Finances du pays de la nouvelle
implantation qui saisit la COBAC pour autorisation préalable.

76
- Le dossier est déposé contre récépissé en double exemplaire, simultanément auprès
du Ministre en charge des finances du pays d’accueil de la nouvelle filiale ou
succursale et de la COBAC.

- Le dossier est instruit par le Secrétaire général de la COBAC qui ne peut toutefois
procéder à l’examen au fond de la demande d’autorisation qu’après avis formel du
Ministre en charge des finances du pays d’accueil. Il faut souligner qu’il s’agit d’un
avis formel et non d’un avis conforme. Autrement dit, la COBAC n’est pas liée
par l’avis de cette Autorité, même si elle ne peut passer outre et examiner au fond le
dossier.

- Le Secrétaire général de la COBAC adresse ensuite une note de présentation à la


COBAC pour autorisation. En cas d’urgence, le président de la COBAC peut procéder,
par voie de consultation à domicile ou sur habilitation spéciale de la COBAC, à la
délivrance de l’autorisation préalable.

- L’autorisation ou le refus d’implantation est notifié au demandeur dans les trois (3)
mois à compter de la réception par le Secrétaire Général de la COBAC, du dossier
complet de demande d’autorisation.

C – L’agrément des filiales en qualité d’établissements de crédit


L’agrément des filiales en qualité d’établissements de crédit est régie par le Règlement
COBAC R-2018/04 du 16 janvier 2018 fixant les modalités d’obtention de l’agrément
en qualité d’établissement de crédit par les filiales, ouvertes sous le régime de
l’agrément unique, d’un établissement de crédit ayant fait l’objet de retrait d’agrément.
Ce Règlement est pris en application de l’alinéa 2 de l’article 81 du Règlement n°
02/14/CEMAC/UMAC/COBAC/CM relatif au traitement des établissements de crédit
en difficulté dans la CEMAC.
Aux termes de l’article 1er alinéa 1er du Règlement du 16 janvier 2018, les filiales
visées sont les établissements de crédit implantées dans un Etat de la CEMAC en
application des dispositions de l’article 5 alinéa 2 du Règlement n°
01/00/CEMAC/UMAC/COBAC portant institution de l’agrément unique des
établissements de crédit dans la CEMAC.

77
L’article 2 alinéa 1er du Règlement du 16 janvier 2018 impartit aux filiales visées un
délai de six mois suivant la notification du retrait de l’agrément prudentiel de la
société mère, établissement de crédit dans la CEMAC, pour adresser une demande
d’agrément à l’Autorité Monétaire du pays d’implantation. Passé ce délai, la COBAC
prononce le retrait d’office de l’autorisation d’implantation.
L’agrément sollicité par la filiale ne peut être accordé que si la société mère en
liquidation :
- ne détient plus de participation dans le capital de la filiale ;
- ou a conclu une ou plusieurs conventions notariées pour la cession de ses
participations.
La filiale poursuit ses activités sur la base de l’autorisation d’implantation délivrée
en application de l’article 5 alinéa 2 du Règlement n° 01/00/CEMAC/UMAC/COBAC
portant institution de l’agrément unique des établissements de crédit dans la CEMAC,
jusqu’à la délivrance de l’agrément ou son refus par l’Autorité Monétaire. Durant cette
période, la COBAC peut fixer des limitations dans l’exercice des activités de de la
filiale.
L’octroi ou le refus de l’agrément en qualité de banque ou d’établissement financier
entraîne automatiquement le retrait de l’autorisation d’implantation.
En cas de refus d’agrément de l’Autorité Monétaire, la COBAC nomme un liquidateur
bancaire qui procède à la liquidation de l’établissement, conformément aux
dispositions du Règlement n° 02/14/CEMAC/UMAC/COBAC/CM relatif au
traitement des établissements de crédit en difficulté dans la CEMAC.

II - L’agrément des dirigeants

Aux termes de l’article 18 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992, la


direction des établissements de crédit doit être assurée par deux personnes au moins
notamment un directeur général et un directeur général adjoint qui doivent être agréés.
Cette exigence est reprise par l’article 15 alinéa 1er du Règlement n°
2/15/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 mars 2015 susvisé (modifiant et complétant
certaines conditions relatives à l’exercice de la profession bancaire dans la CEMAC),
qui a abrogé l’article 18 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992.
78
Aux termes des articles 16 et suivants dudit Règlement, l’exercice des fonctions de
dirigeant d’établissement de crédit est subordonné à l’agrément de l’Autorité
Monétaire, délivré après avis conforme de la COBAC.

A – Les conditions d’octroi de l’agrément des dirigeants

L’octroi de l’agrément aux dirigeants est subordonné à des exigences touchant à la


moralité, aux compétences et aux aptitudes techniques de ces derniers.

1 – Les conditions touchant à la moralité

Sur le plan moral, aux termes de l’article 27 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier


1992 et de l’article 51 du Règlement du 27 mars 2015, nul ne peut être membre du
Conseil d’Administration ou dirigent d’un établissement de crédit, ni, directement ou
par personne interposée, de quelque manière que ce soit, administrer, diriger ou gérer
un établissement de crédit, ni disposer du pouvoir de signer pour le compte d’un tel
établissement :

a) - S’il a fait l’objet d’une condamnation :

- pour crime, atteinte à la sécurité ou au crédit de l’Etat, tentative ou complicité de ces


infractions ;

- pour vol, abus de confiance, escroquerie, émission de chèque sans provision,


infraction à la réglementation des changes et des transferts ;

b) - S’il a été déclaré en faillite, sauf réhabilitation en sa faveur ;

c) - S’il a été condamné en tant que gérant ou dirigeant d’une société en vertu des
législations sur la faillite ou la banqueroute, sauf réhabilitation intervenue en sa
faveur ;

d)- S’il a fait l’objet d’une mesure de destitution de fonctions d’officier ministériel ;

e) - Si le système bancaire et financier des Etats signataires de la Convention du 17


janvier 1992 porte des créances douteuses, au sens défini par les règlements de la

79
COBAC, sur sa signature, ou à l’appréciation de la Commission Bancaire, sur celle
d’entreprises placées sous son contrôle ou sa direction.

f) s’il a fait l’objet d’une mesure disciplinaire, d’une sanction ou d’une condamnation
prévues aux alinéas 1 à 4 de l’article 27 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier
1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique
Centrale, sauf réhabilitation intervenue en sa faveur ;

g) s’il a fait l’objet de l’une des sanctions suivantes prononcée par la COBAC :
suspension, démission d’office ou retrait d’agrément à titre de mesure disciplinaire,
sauf réhabilitation intervenue en sa faveur ou expiration du délai d’interdiction
d’exercice attachée à ladite sanction ;

h) s’il a bénéficié par lui-même ou par personne interposée, de concours d’un


établissement de crédit accordés, en connaissance de cause, en violation du processus
décisionnel interne à l’établissement, en méconnaissance délibérée des limites fixées
par la réglementation bancaire, ou s’il a contribué à la dégradation de la situation d’un
autre établissement de crédit de la CEMAC.

2 – Les compétences techniques

Aux termes de l’article 24 du Règlement COBAC R- 2016/01 du 16 septembre 2016,


les fonctions de directeur général et de directeur général adjoint d’un établissement de
crédit sont incompatibles avec l’exercice de la fonction de mandataire social ou de
tout emploi salarié dans une entité autre que ledit établissement de crédit.
L’article 25 alinéa 1er du même Règlement dispose que les dirigeants des
établissements de crédit doivent :
- soit être titulaires au moins d’un Master en sciences économiques, bancaires,
financières, juridiques ou de gestion ou de tout autre diplôme reconnu équivalent au
moment du dépôt du dossier, et justifier de solides références ainsi que d’une
expérience professionnelle de cinq ans au moins dans des fonctions d’encadrement de
haut niveau ;
- soit, en l’absence du diplôme sus évoqué, être titulaires au moins d’une licence en
sciences économiques, bancaires, financières, juridiques ou de gestion ou de tout autre

80
diplôme reconnu équivalent au moment du dépôt du dossier, et justifier de solides
références ainsi que d’une expérience professionnelle de dix ans au moins dans des
fonctions d’encadrement de haut niveau.
L’article 25 alinéa 2 du même Règlement poursuit qu’on entend par fonction
d’encadrement de haut niveau, les fonctions qui donnent à leur titulaire le pouvoir de
prendre des décisions engageant l’établissement et qui l’habilitent à diriger et orienter
les activités de ses entités. Il s’agit notamment des fonctions de directeur général, de
directeur général adjoint, de directeur et de chef de département.

B – La procédure d’obtention de l’agrément de dirigeant

La demande d’agrément en qualité de dirigeant est adressée à l’Autorité Monétaire


contre récépissé. Une copie de ladite demande accompagnée du récépissé est transmise
à la COBAC, aux fins d’information.

La demande d’agrément doit être accompagnée d’un dossier complet dont la


composition est fixée par les articles 20 et 21 du Règlement COBAC R- 2016/01 du 16
septembre 2016.

Le dossier de demande d’agrément est transmis à la COBAC par l’Autorité Monétaire,


pour avis conforme. A compter de la date de réception du dossier complet, la
COBAC dispose d’un délai d’un mois pour statuer et notifier sa décision à l’Autorité
Monétaire. L’absence de décision à l’expiration de ce délai vaut avis conforme.

Lorsque le dossier de demande d’agrément est incomplet, la COBAC en informe par


écrit le requérant, avec copie à l’Autorité Monétaire, et l’invite à fournir les
informations et/ou pièces manquantes.

Toute demande d’informations complémentaires suspend le délai d’instruction du


dossier jusqu’à la réception des informations sollicitées.

Dans le cadre du processus d’instruction, la COBAC est habilitée à demander au


requérant tous les renseignements jugés utiles, à l’entendre ou entendre toute personne
dont l’audition s’avère nécessaire pour l’examen de la demande d’agrément.

81
L’agrément est délivré par arrêté de l’Autorité Monétaire avec copie au requérant, à la
Commission Bancaire, à la Direction Nationale de la BEAC et au Conseil National de
Crédit. L’arrêté d’agrément est publié au Journal Officiel et dans au moins un des
principaux organes de presse de l’Etat membre concerné, aux frais du bénéficiaire.

La décision de refus d’agrément est notifiée par l’Autorité Monétaire au requérant,


avec copie à la COBAC.

C – Les interdictions et incompatibilités

Elles sont prévues par les articles 47 et suivants du Règlement du 27 mars 2015.

Aux termes de l’article 47 dudit Règlement, toute personne nommée en qualité de


directeur général ou de directeur général adjoint et n’ayant pas encore reçu l’agrément
de l’Autorité Monétaire ne peut engager, par sa signature, l’établissement de crédit
sous peine de refus d’agrément et de sanction, notamment disciplinaire ou pénale.

La décision qui prononce le retrait d’agrément disciplinaire des dirigeants emporte de


plein droit l’interdiction pour ces personnes :

- d’exercer des fonctions au sein de la direction générale ou du conseil


d’administration des établissements de crédit ;

- de contrôler les opérations des établissements de crédit.

L’interdiction d’exercice s’applique sur l’ensemble du territoire des Etats de la


CEMAC pour une durée qui ne peut être inférieure à cinq ans sans excéder dix ans.
Elle court à compter de la date de notification de la décision à l’établissement de crédit
ou aux personnes en cause.

L’interdiction d’exercice cesse de plein droit au terme fixé.

III – Le retrait d’agrément des établissements de crédit et de leurs dirigeants

Le retrait d’agrément des établissements de crédit et de leurs dirigeants est régi par les
articles 31 et suivants du Règlement du 27 mars 2015.
Hors le cas où le retrait d’agrément est lié à une sanction telle que prévue par l’article
16 de la Convention du 16 octobre 1990 portant création de la COBAC, le retrait de

82
l’agrément d’un établissement de crédit ou d’un dirigeant d’établissement de crédit est
prononcé par l’Autorité Monétaire soit à la demande de l’établissement de crédit
concerné, soit à l’initiative de la COBAC ou de l’Autorité Monétaire.
L’Autorité Monétaire qui prend l’initiative du retrait de l’agrément d’un établissement
de crédit ou d’un dirigeant d’un établissement de crédit, est tenue de solliciter l’avis
conforme de la COBAC. Le motif de retrait ainsi que, le cas échéant, copie du dossier
y relatif, sont communiqués à la COBAC qui dispose d’un délai d’un mois pour se
prononcer. L’absence de décision à l’expiration de ce délai vaut avis conforme.
Quand elle sollicite le retrait de l’agrément des établissements de crédit ou de leurs
dirigeants, la COBAC en saisit l’Autorité Monétaire à qui elle communique le motif
du retrait ainsi que, le cas échéant, copie du dossier y relatif. La COBAC informe
l’établissement de crédit concerné de cette initiative par tout moyen laissant trace
écrite de sa réception.
Quand il est prononcé par l’Autorité Monétaire sur sa propre initiative ou à la demande
de la COBAC, le retrait de l’agrément des établissements de crédit ou de leurs
dirigeants intervient d’office lorsque, notamment :
- l’établissement de crédit n’a pas fait usage de son agrément dans un délai de douze
mois à compter de sa délivrance ;
- l’établissement de crédit n’exerce plus son activité depuis au moins six mois ;
- lorsque l’établissement de crédit ou le dirigeant ne remplit plus les conditions au vu
desquelles l’agrément a été délivré ;
- il est établi que les informations sur la base desquelles l’agrément a été délivré sont
fausses ou inexactes.
La décision de retrait de l’agrément est prononcée par l’Autorité Monétaire dans un
délai d’un mois à compter de :
- la notification à l’Autorité Monétaire de l’avis conforme de la COBAC, quand le
retrait d’agrément est prononcé à la demande de l’établissement de crédit ou à
l’initiative de l’Autorité Monétaire ;
- la réception de la demande de la COBAC par l’Autorité Monétaire, quand le retrait
d’agrément est sollicité par la COBAC.

83
La décision de retrait d’agrément initiée par l’établissement de crédit est transmise à la
COBAC par l’Autorité Monétaire, pour avis conforme. A compter de la date de
réception du dossier complet, la COBAC dispose d’un délai d’un mois pour statuer et
notifier sa décision à l’Autorité Monétaire. L’absence de décision à l’expiration de
ce délai vaut avis conforme.
La décision de retrait d’agrément est notifiée à l’établissement de crédit ou dirigeant
concerné. Copie en est adressée, par l’Autorité Monétaire, à la COBAC, à la direction
Nationale de la BEAC et au conseil National de Crédit. Elle est ensuite publiée au
Journal Officiel et dans au moins un des principaux organes de presse de l’Etat
membre concerné.

Para II : Les tempéraments au monopole des établissements de crédit

Les tempéraments au monopole des établissements de crédit sont édictés tant en faveur
des entreprises (A) que de certains organismes (B).

A – Les tempéraments en faveur des entreprises

L’article 26 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992 instaure en faveur des


entreprises et seulement en leur faveur, d’importantes dérogations aux dispositions de
l’article 24 qui interdit à toute personne autre qu’un établissement de crédit d’effectuer
des opérations de banque à titre habituel.

Aux termes de cet article 26, toute entreprise, quelle que soit sa nature, peut :

- Dans l’exercice de son activité professionnelle, consentir à ses contractants des délais
ou avances de paiement. Il s’agit ici de la pratique du crédit fournisseur et, plus
généralement du crédit entreprise. Ce sont des crédits commerciaux consentis par un
fournisseur ou prestataire de services ainsi qu’en sens inverse les avances octroyées
par un client et destinées au préfinancement de fournitures, de travaux ou de services ;

- Conclure des contrats de location de logements assortis d’une option d’achat, c’est-à-
dire faire du crédit-bail immobilier ;

84
- Procéder à des opérations de trésorerie avec des sociétés ayant avec elle, directement
ou indirectement, des liens de capital conférant à l’une des entreprises liées un pouvoir
de contrôle effectif sur les autres. Il faut entendre ici toute opération de crédit, quelle
que soit sa nature (prêt, avance en compte courant, crédit par signature, etc.) ou sa
durée (court, moyen ou long terme). Ces opérations sont réalisées soit directement, soit
par l’intermédiaire d’une « société pivot », le plus souvent société mère ou société
holding, chargée de collecter puis de redistribuer ou de placer les fonds disponibles.
On parle alors de « pools de trésorerie » ou « prêts intergroupe », c’est-à-dire toute
opération de banque entre sociétés d’un groupe qui réalise l’emploi immédiat ou
différé, des excédents de trésorerie de certaines sociétés, et qui tend selon une politique
d’ensemble établie dans l’intérêt commun des sociétés formant le groupe, à un
ajustement de ces excédents aux besoins de financement d’autres sociétés membres.
Cette pratique est l’apanage des groupes de sociétés.

- Emettre des valeurs mobilières (actions et obligations) ainsi que des bons ou billets à
court terme négociables sur un marché réglementé ;

- Emettre des bons et cartes délivrés pour l’achat auprès d’elle d’un bien ou d’un
service déterminé. Ici, la dérogation ne peut jouer que si c’est l’entreprise elle-même
qui fournit le bien ou la prestation de service, ou encore un franchisé. C’est le cas des
cartes privatives d’achat émises par les commerçants. Autrement dit, les cartes émises
pour le compte des tiers n’en bénéficient pas.

- Accorder à ses salariés pour des motifs d’ordre social des avances sur salaires ou des
prêts de caractère exceptionnel.

B – Les tempéraments en faveur de certains organismes

Sans reconnaître le statut d’établissement de crédit à certains organismes, la


réglementation bancaire précise qu’ils sont autorisés à effectuer les opérations de
banque généralement prévues par les dispositions législatives et réglementaires qui les
régissent. C’est le cas :

- du Trésor Public ;

85
- de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale - BEAC - ;

- des services financiers de l’administration des Postes ;

- des organismes financiers multilatéraux (FMI, BM, BAD) et les institutions


publiques étrangères d’aide et de coopération, dont l’intervention sur le territoire des
Etats signataires de la Convention de 1992 est autorisée par des traités, accords ou
conventions souscrits par ceux-ci ;

- de la Caisse de Dépôt et des Consignations ;

- des organismes sans but lucratif qui, dans le cadre de leur mission et pour des motifs
d’ordre social, accordent, sur leurs ressources propres, des prêts à conditions
préférentielles à certains de leurs membres ;

- des organismes qui, exclusivement à titre accessoire à leur activité de constructeur ou


de prestataire de services, consentent aux personnes physiques accédant à la propriété
le paiement différé du prix des logements acquis ou souscrits par elles.

Section II – La société bancaire

L’entreprise bancaire est avant tout une société commerciale et, comme telle, est
soumise aux règles de constitution des sociétés commerciales fixées par
l’AUDSCGIE. Toutefois, en raison de la sensibilité du secteur bancaire, la société
commerciale ayant pour objet le commerce de l’argent est astreinte à des règles
spécifiques concernant par exemple sa forme, son capital social minimum, sa
gouvernance, etc. Pour mieux rendre compte de ces particularités, il convient d’étudier
le statut juridique de la société commerciale bancaire (Para I) avant d’examiner les
types d’établissements de crédit (Para II).

Para I – Le statut juridique de la société bancaire

Le statut juridique de la société bancaire a trait à la constitution (A) et la gouvernance


(B) des établissements de crédit.

86
A – La constitution des établissements de crédit

La réglementation bancaire insiste sur la forme sociale et le montant du capital social.

L’article 16 de l’Annexe à la Convention de 1992 prévoit que les établissements de


crédit sont obligatoirement constitués sous forme de personne morale à l’exception des
succursales d’établissements de crédit ayant leur siège à l’étranger. Sont donc exclues
les entreprises personnelles ou individuelles.

L’article 7 du Règlement COBAC R-2009/02 portant fixation des catégories des


Etablissements de crédit, de leur forme juridique et des activités autorisées, dispose
que les établissements de crédit sont impérativement constitués sous la forme de
société anonyme dotée d’un Conseil d’administration ou de l’organe en tenant lieu.
Sont donc exclues les SA unipersonnelles et les SA avec administrateur général. Sont
également exclues toutes les autres sociétés commerciales par leur forme reconnues
par l’AUDSCGIE à savoir la SNC, la SCS, la SARL et la S.A.S

La SA est la société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes
sociales qu'à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont
représentés par des actions. La liste des actionnaires faisant partie du dossier portant
demande d’agrément, l’instruction menée par la COBAC, permet d’apprécier la valeur
et la moralité des promoteurs du futur établissement de crédit. L’activité bancaire ne
faisant pas bon ménage avec quelque moralité douteuse, il va de soi que la demande
peut être rejetée d’office si la moralité des principaux actionnaires est remise en cause.

L’Acte uniforme prévoit un capital minimum de dix millions (10.000.000) FCFA pour
les sociétés anonymes. Cependant, les banques doivent disposer d’un capital social
minimum de 10 milliards de FCFA et les établissements financiers de 2 milliards de
FCFA conformément aux prévisions du Règlement COBAC R-2009/01 du 1 er avril
2009 portant fixation du capital social minimum des établissements de crédit.

Le capital social ou la dotation pour les succursales étrangères doit être entièrement
libéré avant la demande d’agrément. Ce qui est dérogatoire au droit commun des

87
sociétés qui permet, lorsque les actions sont en numéraire, de libérer au moins le quart
à la constitution de la société et le reliquat dans le délai de 3 ans.

B - Le gouvernement de l’entreprise bancaire

La réglementation bancaire édicte des normes spécifiques à la gouvernance de


l’entreprise bancaire relativement au conseil d’administration (1) et à la direction
générale (2).

1 – Les exigences relatives au conseil d’administration

L’AUDSCGIE prévoit en ce qui concerne les sociétés anonymes, deux modes


d’administration au choix des actionnaires : la société anonyme avec conseil
d’administration et la société anonyme avec administrateur général.

Cette liberté de choix est cependant limitée en ce qui concerne les banques et les
établissements financiers. En effet, aux termes de l’article 7 du Règlement COBAC R-
2009/02 portant fixation des catégories des Etablissements de crédit, de leur forme
juridique et des activités autorisées, ils doivent être constitués sous forme de société
anonyme avec conseil d’administration ou l’organe en tenant lieu. Cette exigence est
reprise par l’article 4 alinéa 1er du REGLEMENT N°
04/08/CEMAC/UMAC/COBAC du 6 octobre 2008 relatif au gouvernement
d’entreprise dans les établissements de crédit de la CEMAC en ces termes : « Les
établissements de crédit doivent être constitués sous une forme permettant l’existence
de Conseils d’Administration ou d’organe en tenant lieu ». Cette exigence est entre
autres justifiée par le fait que les crises bancaires et plus particulièrement celles des
années 80 dans la CEMAC, ont été pour la plupart provoquées par une absence totale
de l’application des bonnes pratiques en matière de gouvernement d’entreprise.

Le REGLEMENT N° 04/08/CEMAC/UMAC/COBAC relatif au gouvernement


d’entreprise dans les établissements de crédit de la CEMAC a pour but de doter ces
établissements d’un système de gouvernance efficace et rigoureux qui ne
s’accommode pas de la concentration des pouvoirs entre les mains d’un individu ou
d’un groupe d’individus. Il doit y avoir une séparation nette entre les fonctions du

88
conseil d’administration et de son Président, et celles de la direction générale.
Autrement dit et contrairement à ce qui est admis en droit commun des sociétés
commerciales, il ne peut y avoir de poste de PDG dans une entreprise bancaire. Le DG
doit donc être distinct du PCA.

On peut retrouver au conseil d’administration trois catégories d’administrateurs à


savoir :

- l’Administrateur exécutif : il s’agit de l’administrateur de l’établissement assujetti


exerçant cumulativement des fonctions au sein de l’organe exécutif dudit
établissement, de l’une des sociétés apparentées ou dans le groupe auquel fait partie
cet établissement ;
- l’Administrateur non-exécutif : il s’agit de l’administrateur de l’établissement
assujetti n’exerçant pas de fonction au sein de l’organe exécutif dudit établissement ;
- l’Administrateur indépendant : il s’agit de l’administrateur de l’établissement
assujetti n’entretenant aucune autre relation de quelque nature que ce soit avec cet
établissement, avec le groupe auquel il appartient ou encore avec sa direction, qui
puisse compromettre l’exercice de sa liberté de jugement.

En tout état de cause et pour des raisons d’indépendance, de professionnalisme et


d’effectivité, l’article 9 du Règlement COBAC sur le Gouvernement d’entreprise
précise que le Conseil d’Administration doit comprendre des administrateurs
indépendants (en pratique et selon les exigences de la COBAC, au moins le tiers).
Pour prévenir les risques de conflits d’intérêts, l’administrateur indépendant ne doit
pas :

- être salarié ou mandataire social de l'établissement assujetti, salarié, administrateur,

Directeur Général ou Directeur Général Adjoint de sa société mère ou d’une société


qu’il contrôle et ne pas avoir exercé l’une de ces fonctions au cours des cinq années
précédentes ;

- être mandataire social d’une société dans laquelle l'établissement assujetti détient
directement ou indirectement un mandat d’administrateur ou dans laquelle un salarié

89
désigné en tant que tel ou un mandataire social actuel ou passé de l'établissement
détient un mandat d’administrateur ;

- être client, fournisseur, banquier d’affaires, banquier de financement de


l'établissement assujetti ou ne doit pas être lié directement ou indirectement à l’une de
ces personnes ;

- avoir de lien familial avec un mandataire social de l’établissement de crédit ;

- avoir été auditeur de l'établissement assujetti au cours des cinq dernières années.

Toujours dans le souci de performance, chaque administrateur doit posséder la


compétence minimale requise pour comprendre le fonctionnement de l'établissement
assujetti et faire preuve d’intégrité suffisante dans l’exercice de sa mission. Il doit en
outre être soucieux de l’intérêt de tous les actionnaires, s’impliquer suffisamment dans
la définition de la stratégie et dans les délibérations pour participer effectivement aux
décisions du Conseil d’Administration.

2 – L’exigence d’une direction générale bicéphale

Aux termes de l’article 18 de l’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992, la


direction générale des établissements de crédit doit être assurée par deux personnes au
moins. Il s’agit en substance, d’un directeur général et d’un directeur général adjoint.
Les actionnaires sont libres de prévoir dans les statuts plus d’un directeur général
adjoint.

Para II – Les catégories d’établissement de crédit

Le Règlement R-2009/02 prévoit deux catégories d’établissement de crédit à savoir les


établissements bancaires et les établissements financiers.
A – Les Etablissements bancaires

Les établissements bancaires sont classés à leur tour en banques universelles et


banques spécialisées.

90
1 - Les banques universelles

Les banques universelles sont des établissements de crédit à compétence générale.


Elles ont vocation à effectuer toutes les opérations de banque, principales ou connexes
telles qu’énumérées à l’article 4 de l’Annexe à la convention de 1992 et reprises à
l’article 1er du Règlement COBAC sur les catégories des établissements de crédit, leur
forme juridique et les activités autorisées.

a) Les opérations principales de banque

Sont considérées comme opérations principales de banque :

- la réception des fonds du public ;

- l’octroi des crédits ;

- la délivrance de garanties en faveur d’autres établissements de crédit ;

- la mise à la disposition de la clientèle et la gestion de moyens de paiement.

b) Les opérations connexes de banque

Certaines opérations de banque sont dites connexes en ce qu’elles se rattachent de près


ou de loin à une opération principale de banque ou s’inscrivent dans la réalisation ou la
continuité de celle-ci. Le qualificatif connexe est utilisé pour désigner les liens ou les
rapports étroits qui existent entre deux choses.
Aux termes de l’article 5 du Règlement COBAC R-2009/02, « les établissements de
crédit peuvent effectuer des opérations connexes à leur activité telles que :
– les opérations de change ;
– les opérations sur or, métaux précieux et pièces ;
– la location de compartiments de coffres-forts ;
– le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs
mobilières et de tout produit financier ;
– le conseil et l’assistance en matière de gestion de patrimoine ou financière,
l’ingénierie financière, et d’une manière générale, tous les services destinés à faciliter

91
la création et le développement des entreprises, sous réserve des dispositions
législatives relatives à l’exercice illégal de certaines professions ;
– les opérations de location simple de biens mobiliers ou immobiliers pour les
établissements habilités à effectuer des opérations de crédit-bail ».
Il s’agit d’une énumération indicative des opérations connexes confortée par l’emploi
de la locution « telles que ». Cette énumération indicative des activités connexes est
favorable à la distribution de l’assurance par les banques. Celles-ci ont ainsi le droit de
distribuer les contrats d’assurance qu’elles jugent connexes à l’activité bancaire. Bien
entendu, la Commission bancaire est habilitée à sanctionner les abus et à procéder à
des requalifications.
Les opérations connexes peuvent être exercées sans limite par les établissements de
crédit, sous réserve du respect de la réglementation propre à ces activités.
La loi considère comme connexes aux opérations de banques, « le placement, la
souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs mobilières et de tout
produit financier ». Elle prévoit également la possibilité pour les banques d’exercer
des activités de conseil et d’assistance en matière de gestion de patrimoine ou de
gestion financière.
Les placements et les opérations relatives aux valeurs mobilières et aux produits
financiers entretiennent des liens de proximité indéniables avec les opérations de
banque. La généralité des termes retenus permettrait au banquier d’exercer comme
activité connexe, toute activité qui s’inscrirait dans le cadre ainsi légalement
déterminé.
2 - Les banques spécialisées

Les banques spécialisées sont également des établissements bancaires mais se


distinguent des banques universelles par le caractère spécifique ou restrictif de leur
champ d’activité. Les opérations de banques qu’elles réalisent sont exclusivement
limitées à l’objet de leur agrément ou des dispositions statutaires, législatives et
réglementaires qui leur sont propres dans le respect toutefois de la réglementation
bancaire. On peut citer le cas du Crédit foncier du Cameroun qui a exclusivement pour
objet le financement de l’immobilier.

92
N.B. : Le capital social minimum requis pour la création des banques universelles
et des banques spécialisées est de 10 milliards de FCFA.

B – Les Etablissements financiers

Ils comprennent les sociétés financières et les institutions financières spécialisées.


1) Les sociétés financières
Elles sont habilitées à recevoir des fonds du public exclusivement à terme et pour une
durée au moins égale à deux ans et financent leurs activités sur capitaux propres ou
fonds d’emprunt ou toute autre voie non contraire à la loi. Dans ce registre, on
retrouve (Décret N°90/1469) :
- les établissements financiers de promotion de la consommation ;
- les établissements financiers de promotion des investissements ;
- les établissements financiers de courtage financier ;
- les établissements financiers de factoring ;
- les établissements financiers de recouvrement ;
- les établissements financiers de crédit-bail 
- les établissements financiers de financement de l’équipement.
L’activité des sociétés financières est exclusivement limitée à l’objet de leur
agrément.
2) Les institutions financières spécialisées

Elles sont dotées des mêmes caractéristiques que les sociétés financières mais s’en
diffèrent en ce qu’elles assument une mission d’intérêt public décidée par l’Autorité
nationale conformément aux textes qui leur sont propres.

N.B. : Le capital social minimum requis pour la création des Etablissements


financiers est de 2 milliards de FCFA

En substance, l’exercice de l’activité bancaire repose sur un principe fondamental, à


savoir le monopole bancaire. Ce principe, même s’il connaît des exceptions est au
cœur de la profession bancaire sous tous les cieux. L’entreprise bancaire est donc

93
soumise à un statut dérogatoire du droit commun qui justifie par ailleurs son contrôle
par des organes de tutelle et de régulation.

SESSION DE RATTRAPAGE

94
Chapitre II : Les organes de tutelle et de contrôle des établissements de crédit

Les organes de tutelle et de contrôle opèrent soit à l’échelle communautaire, c’est-à-


dire au niveau de la CEMAC (Section I), soit à l’échelle nationale (Section II).

Section I : Les organes communautaires de tutelle et de contrôle

Le rôle prééminent de la COBAC dans le fonctionnement du système bancaire en zone


CEMAC est incontestable (Para I). Toutefois, pour une meilleure régulation du secteur
bancaire, elle est accompagnée dans ce rôle par d’autres instances (Para II).

Para I - Le rôle prééminent de la COBAC

Il convient de faire un bref rappel historique du contexte de la création de la COBAC


et de ses missions (A) avant de s’attarder sur sa compétence (B).

A - Le contexte de la naissance de la COBAC et ses missions

1 - Historique

L'inefficacité des techniques de contrôle et la complaisance vis-à-vis des gestionnaires


indélicats et défaillants des établissements de crédit avaient largement contribué à la
crise bancaire des années 80 dans les pays de l’UDEAC, aujourd’hui CEMAC. Les
causes et les conséquences de cette crise bancaire étant pratiquement identiques d'un
pays à l'autre de la sous-région, les gouvernements vont opter pour une institution
communautaire de surveillance bancaire.
Le 16 octobre 1990, les ministres en charge des finances de la sous-région Afrique
centrale se sont réunis à Yaoundé pour signer la Convention portant création d’une
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, en abrégé COBAC. En même que cette
Convention créait la COBAC, elle modifiait le titre premier de la Convention de la
Coopération Monétaire du 22 novembre 1972 signée à l'ère de l'UDEAC pour intégrer
la COBAC comme l'un des organes chargés de la mise en œuvre de la coopération
monétaire entre les Etats de la sous-région (articles 1er et 3).
Les missions générales énumérées par l’Annexe à la convention de 1990 font de la
COBAC, le gendarme de l'activité des établissements de crédit dans la CEMAC.

95
Avec la création de la COBAC, les Gouvernements de l'Afrique Centrale ont réaffirmé
le principe de souveraineté partagée dont le meilleur exemple demeure l'union
monétaire. La convention du 16 octobre 1990 était la convention institutionnelle qui
devait marquer les esprits et constituer un tournant dans le paysage monétaire et
bancaire de l'Afrique Centrale. Elle fût donc une première étape, c'est-à-dire une
réforme de structure.
Mais telle qu'instituée le 16 octobre 1990, la COBAC ne pouvait prendre ses marques
parce que chaque pays membre continuait à appliquer, voire à édicter des lois
bancaires internes. Les ministres en charge des finances ont d'ailleurs reconnu que la
Convention de 1990 n’était qu’une étape essentielle d’un processus. Il était désormais
urgent pour les dirigeants de la sous-région Afrique Centrale d'engager d'autres
réflexions et d'organiser des concertations pour conforter et rendre opérationnelle la
Convention de 1990 dans le sens de la cohésion réglementaire de l'activité bancaire
dans tous les pays de la CEMAC. C'est ainsi qu'une autre convention comportant elle
aussi une annexe sera signée le 17 janvier 1992 à Douala et ayant pour objet
l’harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale.
Cette deuxième convention consacre la primauté du droit communautaire sur les lois
nationales et organise le fonctionnement des établissements de crédit.
La COBAC est effectivement mise en place au milieu de l'année 1992 et ses activités
démarrent en 1993. Son organisation comprend un organe de décision, la Commission
Bancaire et un organe d'exécution, le Secrétariat Général.

2 - Les missions de la COBAC

La COBAC contrôle le respect, par les établissements de crédit, des dispositions


législatives et réglementaires applicables. Elle doit aussi examiner leurs conditions
d’exploitation et veiller à la qualité de leur situation financière. Il lui revient de
constater les éventuels déséquilibres résultant des choix opérés et de s’assurer que les
dirigeants et le conseil d’administration ont effectivement mis en place des procédures
de contrôle interne.

96
Elle s’assure que les règles de gouvernance édictées par la réglementation bancaire
sont scrupuleusement respectées par les organes d’administration et de direction de
l’établissement de crédit.
L’harmonisation des règlements et le contrôle de l’activité bancaire sont assurés par la
COBAC qui est chargée notamment de veiller au respect par les établissements de
crédit des dispositions législatives et règlementaires édictées par les Autorités
nationales, par la BEAC ou par elle-même et de sanctionner les manquements
constatés.

B - Présentation et compétences de la COBAC

1 - Organisation et fonctionnement de la COBAC

La Commission Bancaire de l’Afrique Centrale est présidée par le Gouverneur de


la BEAC, assisté du Vice-Gouverneur, son suppléant ; elle comprend en outre :
- trois censeurs de la BEAC ou leurs suppléants ;
- sept membres choisis pour leur compétence et leur honorabilité et nommés pour un
mandat de trois (3) ans renouvelable deux fois, sur proposition du Gouverneur par le
Conseil d’Administration de la BEAC ;
 - un représentant de la Commission Bancaire Française ou son suppléant désigné par
le Gouverneur de la Banque de France ;
- des personnalités extérieures, le cas échéant, avec voix consultative, conviées par le
Président de la COBAC.
La COBAC délibère valablement lorsque deux tiers de ses membres sont présents.
Ses décisions sont prises à la majorité de deux tiers des voix exprimées et
sont signées du Gouverneur de la BEAC, son Président. Elles sont exécutoires de plein
droit dans les Etats membres dès leur notification aux Autorités nationales
compétentes et aux établissements de crédits ou dirigeants concernés.

2 - Les prérogatives de la COBAC

La COBAC exerce quatre types de prérogatives.

97
a - Le pouvoir administratif de la COBAC

Sur le plan administratif, ce sont les autorités monétaires nationales de chaque pays qui
ont compétence pour délivrer les agréments des établissements de crédit (l’agrément
initial) et de leurs dirigeants.
Toutefois, la COBAC détient le pouvoir d'autorisation préalable sur tous les actes
essentiels à la vie de ces établissements. Aucun établissement de crédit ne peut
s'implanter avant l'avis conforme de la COBAC. Il en est de même pour la désignation
des Directeurs généraux et des Directeurs généraux adjoints ainsi que des
Commissaires aux comptes. Le retrait d'agrément, au plan administratif, est
entièrement de la compétence de l'autorité monétaire nationale.

b - Le pouvoir réglementaire de la COBAC

La COBAC fixe les règles destinées à assurer et à contrôler la liquidité et la solvabilité


des établissements de crédit à l’égard des tiers et plus généralement l’équilibre de leur
structure financière. La COBAC a toutes les compétences pour définir le plan et les
procédures comptables applicables aux établissements de crédit, et les normes
prudentielles de gestion (ratios de solvabilité, de liquidité, de division de risques, de
transformation, de couverture des immobilisations par les ressources permanentes).
La COBAC est également habilitée à établir la liste, la teneur et les délais de
transmission des documents et des informations que les établissements de crédit sont
tenus de lui adresser.
La COBAC assure également l’harmonisation des réglementations relatives à l’activité
bancaire conformément à l’article 31 de la convention CEMAC du 25 juin 2008
régissant l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale. A ce titre, on peut dire que la
COBAC est assez prolifique eu égard au travail exceptionnel de normalisation du
secteur bancaire et de la microfinance ces quinze dernières années par la publication de
règlements, de Directives, de Décisions, etc.
Les règlements pris par la COBAC en vertu de son pourvoir réglementaire sont
d’application immédiate. Ce qui signifie qu’ils s’intègrent automatiquement dans
l’ordre juridique interne des Etats membres sans le concours d’une norme nationale

98
d’introduction. Ils prennent leur place dans l’ordre juridique interne des Etats en tant
que droit communautaire et les juges nationaux ont l’obligation de les appliquer.
Les règlements pris par la COBAC sont également d’applicabilité directe.
L’applicabilité directe signifie que les normes édictées par la COBAC doivent
déployer la plénitude de leurs effets d’une manière uniforme dans tous les Etats
membres à partir de leur entrée en vigueur. L’applicabilité directe a pour effet de
rendre inapplicables de plein droit toute disposition contraire de la législation nationale
existante.

c - Le pouvoir de contrôle de la COBAC

La COBAC contrôle les conditions d’exploitation des établissements de


crédit, veille à la qualité de leur situation financière, et assure le respect des règles
déontologiques de la profession.
Elle organise et exerce la surveillance, sur place et sur pièces, des établissements de
crédit. Elle est habilitée à diligenter toutes les vérifications décidées par la
Commission ou commandées par l'urgence. Les Autorités monétaires nationales sont
simplement informées du déclenchement et du résultat des enquêtes sur place, tandis
que la COBAC garde l'entière maîtrise du déroulement des missions.
Dans le cadre des enquêtes diligentées, les Commissaires aux comptes et tous autres
organismes publics ou privés sont tenus de satisfaire aux demandes motivées des
missions de contrôle de la COBAC, sans pouvoir invoquer le secret professionnel.

d - Le pouvoir de sanction de la COBAC

La COBAC est également un organisme juridictionnel et peut intervenir à titre


disciplinaire, sans préjudice des sanctions que pourront prendre du même chef les
autorités judiciaires nationales.
Ainsi, lorsqu'un établissement de crédit n'a pas déféré à une injonction ou tenu compte
d'une mise en garde ou a enfreint gravement la réglementation bancaire, et après que
ses dirigeants aient été invités à formuler leurs observations, la COBAC peut
prononcer une ou plusieurs des sanctions suivantes : avertissement, blâme, interdiction

99
d'effectuer certaines opérations ou toute autre limitation dans l'exercice de l'activité
bancaire, suspension ou révocation des Commissaires aux comptes, suspension ou
démission d'office des dirigeants responsables, autorisation de retrait d'agrément de
l'établissement de crédit.
Le cumul par la COBAC des pouvoirs d’administration, de réglementation, de
contrôle et de sanction ne manque pas de susciter quelques interrogations, notamment
sur l’impartialité de cet organe de l’UMAC qui « exerce des fonctions administratives,
légifère, contrôle et juge ».
Cette impartialité peut être liée, prima facie, à la personne du Président de cet organe,
en l’occurrence le gouverneur de la BEAC, président du Conseil d’administration de
cet Institut d’Emission et Président de la COBAC ; il peut, ès qualités, prendre des
règlements d’application, prendre des décisions et formuler des recommandations et
des avis, conformément à l’article 20 in fine de l’additif au Traité ; en outre, il « est
habilité en cas d’urgence à prendre toutes les décisions nécessaires » dans le cadre des
pouvoirs administratifs et disciplinaires conférés à la COBAC.
Une telle concentration de pouvoirs est susceptible de générer des abus
Encore qu’au surplus l’impartialité évoquée est davantage fonctionnelle ou
structurelle. Elle s’apprécie indépendamment des convictions et du comportement du
responsable qui exerce les pouvoirs d’administration, de réglementation de contrôle et
de sanction. Le seul exercice successif et cumulatif de fonctions administrative,
normative et disciplinaire suffit à rendre partiale toute personne placée dans la même
situation.
La mission de la COBAC se révèle délicate : la multiplication des établissements de
crédit assujettis défie tout contrôle approfondi et suivi ; il est quand même significatif
à cet égard que la Commission Bancaire de France n’est dotée d’aucune compétence
normative.
Comment justifier la consécration du cumul constaté à la COBAC au mépris du
principe fondamental de la séparation des pouvoirs exécutif, normatif et disciplinaire ?
Pour la doctrine ce cumul ne peut participer que d’une « trahison de l’organisation
démocratique des autorités de régulation ».

100
Un allègement des attributions de la COBAC s’impose afin d’assurer par exemple
de meilleures garanties à la procédure disciplinaire des établissements de crédit et de
leurs dirigeants. La démarche consisterait par exemple à la décharger de la fonction
normative qui serait alors confiée au Comité Ministériel de l’UMAC.
Son domaine de compétence gagne plus en intensité qu’en étendue.
En attendant il faut souhaiter à la COBAC une observation plus stricte du principe
de proportionnalité, impliquant que dans l’exercice de sa fonction normative, elle se
limite à ce qui est nécessaire pour atteindre ses objectifs ; gage de modération, cette
auto censure devrait lui éviter l’adoption des textes qui ne sont pas toujours en parfaite
adéquation avec l’application du droit communautaire dérivé, entre autres dérives
bureaucratiques.

Para II – Les autres organes ou institutions communautaires de tutelle et de


contrôle

Nous étudierons tour à tour l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) et la


Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC).

A – L’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC)

C’est l’une des cinq institutions de la CEMAC dont les missions et prérogatives se
rapportent aux questions monétaires dans la Communauté. Elle est régie par la
Convention du 25 juin 2008. L’UMAC a entre autres pour objectifs, d’adopter une
réglementation bancaire harmonisée, de renforcer la réglementation commune
existante en matière bancaire et financière et d’en assurer le contrôle. Cette
harmonisation et ce contrôle concernent notamment :
-  les règles d’exercice de la profession bancaire et des activités s’y rattachant
ainsi que le contrôle de l’application desdites règles ;
- la répression de la falsification des signes monétaires et l’usage des signes
falsifiés ;
- les règles concernant la collecte et l’affectation de l’épargne financière ;
- les régimes de change.

101
Pour la réalisation de ces objectifs, l’ UMAC est dotée de quatre organes qui disposent
d’un certain nombre d’attributions :
-  la Conférence des Chefs d’Etat ; 
- le Comité Ministériel ;
- l’Institut d’Emission dénommé la Banque Centrale des Etats de l’Afrique
Centrale (BEAC), et
- la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC).
1°) la Conférence des Chefs d’Etat
La Conférence des Chefs d’Etat est l’autorité suprême de l’Union Monétaire ; à ce
titre elle décide de l’adhésion d’un nouveau membre, prend acte du retrait d’un
membre de l’Union, fixe le siège de l’Institut d’Emission, nomme et révoque le
Gouverneur et le Vice-Gouverneur dudit Institut sur proposition du Comité
Ministériel. Elle adopte les actes additionnels qui sont annexés au Traité de la
CEMAC, et oriente l’action du Comité Ministériel.

2°) Le Comité Ministériel


Le Comité Ministériel examine les grandes orientations de politiques économiques
respectives des Etats membres de l’Union Monétaire et en assure la cohérence avec la
politique monétaire commune. Chaque Etat membre y est représenté par deux
Ministres dont le Ministre chargé des Finances, et n’y dispose que d’une voix
exprimée par ce dernier. Les Ministres sont membres de droit du Comité National de
Crédit de leur Etat d’origine.
Le Comité Ministériel statue, selon l’article 13 de la Convention de l’UMAC, sur
proposition du conseil d’administration de la BEAC sur :
- la création et l’émission des billets de banque et de monnaies métalliques ainsi
que leur retrait et leur annulation ;
- la valeur faciale et la forme des coupures, les signatures dont elles doivent être
revêtues ainsi que les modalités de leur identification par Etat ;
- les caractéristiques des monnaies métalliques ;

102
- le délai pendant lequel les billets et monnaies retirés de la circulation doivent
impérativement être présentés à la BEAC sous peine de perdre leur pouvoir
libératoire ;
- l’affectation de la contre-valeur du solde des billets et monnaies retirés de la
circulation non présentés aux guichets de la BEAC.
Il peut prendre toutes dispositions utiles en vue de renforcer la réglementation
commune en matière de législation monétaire, bancaire et financière.
Le Comité Ministériel délibère valablement lorsque chaque Etat membre est
représenté et décide à l’unanimité acquise nonobstant l’abstention de certains
membres, ou à défaut, à la majorité des 5/6 (cinq sixièmes).
Statuant, sur proposition du Gouverneur de la BEAC après avis conforme de son
Conseil d’Administration, il adopte, à l’unanimité, les règlements, et à la majorité
qualifiée de cinq sixièmes, les directives nécessaires à la réalisation de ses objectifs.
Le Gouverneur de la BEAC prépare la réunion du Comité Ministériel et rapporte
les affaires inscrites à l’ordre du jour de travaux. Le Secrétaire Exécutif de l’UEAC
assiste aux réunions en qualité d’observateur.

3°) La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC)


Voir ci-dessous
4°) La COBAC (voir ci-dessus)

B - La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC)

La monnaie repose sur la confiance des agents économiques. Pour cela, sa valeur
présente et future doit être garantie. La présence d’une banque centrale s’impose pour
garantir la stabilité du système bancaire. Pour ce faire, elle doit :
- mettre en œuvre la politique monétaire définie par l’UMAC et l’Autorité monétaire
dans les Etats membres ;
- émettre la monnaie fiduciaire (billets de banque) et la monnaie centrale (avoirs en
compte détenus par les établissements de crédit et assimilés. Il s’agit de la monnaie
scripturale, qui n’est utilisée qu’entre les établissements de crédit) et gérer les systèmes
de paiement et de règlement ;

103
- gérer les risques et surveiller les banques.

Créée en 1972, la BEAC est la plaque tournante du système bancaire dans la Sous-
région de la CEMAC. C’est l’organe d’exécution et la cheville ouvrière de l’UMAC.
La BEAC jouit du privilège exclusif de l’émission monétaire sur le territoire de chaque
Etat membre ; elle est en outre garante de la stabilité de la monnaie.
Elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées dans les Etats
membres de l’Union Monétaire, définit et conduit la politique monétaire de l’Union, et
se charge en outre de promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement.
La BEAC centralise enfin les avoirs extérieurs des Etats dans un fonds commun de
réserve de change déposé auprès du Trésor Français dans un compte courant dénommé
« Compte d’Opération ». Elle conduit également les opérations de change.
La présidence du Conseil d’Administration de la BEAC est assurée par le
Gouverneur de la Banque qui arrête l’ordre du jour des travaux et, en cas
d’empêchement de celui-ci, par le Vice-Gouverneur.
Enfin le Gouverneur de la BEAC arrête des règlements d’application, prend des
décisions et formule des recommandations et des avis.
A côté des organes et institutions communautaire et de contrôle de l’activité bancaire,
il existe également des organes internes.

Section II – Les organes et institutions internes de contrôle et de tutelle

Sur le plan interne, on peut citer essentiellement le Ministère en charge des Finances et
le Conseil national du crédit. Dans une certaine mesure, la BEAC nationale assure une
mission limitée à l’Etat membre. Il reste toutefois qu’elle n’est qu’un démembrement
de l’Institution d’émission dont le déploiement efficace a nécessité une proximité avec
les autorités étatiques et les établissements de crédit.

Para I – Le Ministère en charge des Finances

Le Ministère en charge des Finances (MINFI au Cameroun)) a dans chaque Etat


membre de la CEMAC une lourde responsabilité en ce qui concerne la monnaie en
général et l’activité des établissements de crédit en particulier.
104
Il assure l’élaboration de la réglementation bancaire et financière, sa mise en œuvre et
le contrôle des établissements de crédit, en liaison avec la BEAC et la COBAC. C’est
ainsi que le Ministère en charge des Finances prend des arrêtés qui régissent des
aspects de l’activité bancaire dont les plus importants sont sans doute les arrêtés
relatifs au Service minimum garanti et au Taux Effectif Global (TEG) ;
Le Ministère en charge des Finances assure également le suivi de la politique
monétaire en liaison avec l’institut d’émission. A cet effet, il :
- est chargé du suivi de la position nette du Gouvernement ;
- effectue des études sur la promotion et la protection de l’épargne et des mesures
d’incitation y relatives ;
- assure la conduite des études relatives à la monnaie, au crédit et au financement de
l’Etat et le suivi de l’évolution des principaux indicateurs de la politique financière et
monétaire ;
- délivre les agréments aux établissements de crédit après avis conforme de la
COBAC ;
- suit et contrôle l’application de la réglementation prudentielle par les établissements
de crédit.

Para II – Le Conseil National du Crédit (CNC)

Jadis au centre de l’activité bancaire, le Conseil National du Crédit est réduit à un rôle
purement consultatif après l’institution d’une Commission de contrôle des
établissements de crédit par l’article 34 de l’Ordonnance N° 85/002 du 31 août 1985
relative à l’exercice de l’activité des établissements de crédit modifiée et complétée
subséquemment par les lois de 1988 , 1990 et 1997.
Cette Commission a été remplacée par la COBAC en 1990.
Dans une très moindre mesure et sur des aspects portant définition des modalités
d’exécution des textes pris par la COBAC ou l’Autorité monétaire, le CNC prend des
Décisions ayant portée générale et impersonnelle à l’égard des établissements de
crédit.
L’existence du CNC est aussi ancienne que le droit bancaire camerounais. Sous
l’Ordonnance N° 73 – 27 du 30 août 1973 relative à l’exercice de l’activité bancaire,

105
qui avait abrogé le Décret n° 62 – DF – 90 du 24 mars 1962 portant réglementation de
la profession bancaire au Cameroun, le CNC est non seulement un organisme
consultatif chargé d’émettre des avis sur l’orientation de la politique du crédit, mais
également d’assurer le contrôle de l’activité bancaire.
Sous l’Ordonnance N° 82/005, il est réduit à une mission consultative même s’il est
traité sous le Chapitre IV intitulé Contrôle (articles 31 à 34).
Le CNC est aujourd’hui régi par le Décret N°96/198 du 24 juin 1996 qui l’organise et
détermine son fonctionnement. Il est composé de plusieurs membres venant
d’administrations diverses et du secteur privé et est présidé par le Ministre des finances
et le Directeur national assure le Secrétariat général. Il se réunit au moins 2 fois par an
sur convocation de son président. Il ne peut valablement délibérer qu’en présence des
2/3 au moins de ses membres et les décisions sont prises à la majorité exprimée des
voix. Celle du Président étant prépondérante en cas de partage égal.
Dans le cadre de ses attributions et dans les matières ne relevant pas de la compétence
de la COBAC, le CNC peut être saisi pour avis de tout projet législatif ou
réglementaire relatif à l’activité des établissements de crédit, notamment, la
catégorisation, le capital minimum, la forme juridique et les activités autorisées ; les
conditions de banque, la publication des comptes, etc.
Le CNC peut également être saisi pour avis lors de l’octroi ou du retrait d’agrément
aux établissements de crédit, aux dirigeants, ou aux commissaires aux comptes. Il faut
cependant relever que la sollicitation de cet avis est facultative et non obligatoire
comme c’est le cas pour la COBAC, et de plus le CNC ne rend le cas échéant qu’un
avis consultatif et non conforme, c’est-à-dire qui ne lie pas l’autorité monétaire.
Enfin, dans une certaine mesure, le CNC a un pouvoir normatif. En effet, son Président
prend des Décisions et des Arrêtés relatifs au fonctionnement du système bancaire
dans le seul et unique but de préciser ou de fixer les modalités d’exécution ou
d’application des textes édictés par l’Autorité Monétaire ou les Institutions
Communautaires. Dans ce sens, le CNC a publié en 2013 une série de textes dont
l’importance n’est pas à négliger, notamment :
- l’Arrêté n° 00000008 du 23 janvier 2013 du CNC fixant les modalités de
calcul du coût moyen des ressources bancaires ;

106
- la Décision n° 00000010 du CNC portant création d’un FICHIER
BANCAIRE NATIONAL DES ENTREPRISES (FIBANE) pour le
traitement des incidents de paiements ;
- la Décision N° 00000011 du CNC du 23 janvier 2013 relative au dispositif
de Centralisation et de diffusion des Instruments de Paiement au
Cameroun.
En définitive, la réglementation bancaire est bien enrichie pour autant que le cadre
institutionnel de l’activité des établissements de crédit est concerné. Elle fait étalage
d’un faisceau impressionnant de règles définissant le monopole bancaire et
sanctionnant toute violation dudit monopole. Elle fait aussi référence aux organes ou
institutions de contrôle et de régulation dont l’organisation, le fonctionnement et les
pouvoirs sont assez spécifiés.
Toutes choses qui permettent de réguler le secteur bancaire et la politique monétaire en
général. La réglementation bancaire met aussi un accent particulier sur le contrôle de
l’activité des établissements de crédit.

107
TITRE II : LES MODALITES DE CONTROLE DE L’ACTIVITE DES
ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Les entreprises du secteur bancaire exercent une activité commerciale et, pour cela,
devraient jouir d’une certaine liberté de gestion et d’administration. Toutefois, leur
statut juridique présente un particularisme marqué qui résulte d’un étroit contrôle
public justifié par la fonction monétaire des banques et par l’influence très forte
qu’exercent leurs opérations sur l’activé économique.
La nécessité du contrôle de l’activité des établissements de crédit n’est plus à
démontrer. Les pouvoirs publics, caution morale des établissements de crédit à l’égard
des déposants et garant de la stabilité monétaire, ont l’obligation d’avoir un regard sur
l’activité des établissements de crédit. Le contrôle répond au souci de l’Etat de
conserver la maîtrise de la création et de la circulation de la monnaie d’une part, et au
souci d’assurer la sécurité des déposants et autres créanciers des banques ainsi que la
réputation de la place financière, d’autre part.
La réglementation bancaire et dans une certaine mesure le droit commun des sociétés
commerciales organisent le contrôle de l’activité des entreprises bancaires qui peut être
externe (chapitre I) ou interne (chapitre II).

Chapitre I – LE CONTROLE EXTERNE

Le contrôle externe est celui qui est exercé par des organes externes à l’établissement
de crédit et repose sur un certain nombre de postulats qui méritent une attention
particulière (Section I). Il est diligenté suivant des modalités précises et pourrait
donner lieu à des sanctions (Section II).

Section I – Généralités sur le contrôle de l’activité des établissements de crédit

Le contrôle de l’activité des établissements de crédit porte sur tous les aspects de leur
gestion et de leur fonctionnement sans exception. On peut ainsi citer les rapports avec
la clientèle, les ressources humaines, la qualité et la sécurité du système d’information
(informatique), les agences et autres édifices, bref, le contrôle porte sur le respect de

108
tous les textes régissant quelque aspect que ce soit de la profession bancaire. En raison
de leur importance, il convient de mettre un point d’honneur sur la surveillance de la
gestion financière des établissements de crédit (Para I) et le contrôle du crédit (Para II).

PARA I – LA SURVEILLANCE DE LA GESTION FINANCIERE DES


ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Les autorités de réglementation et de contrôle bancaire ont pris, depuis la fin des
années 90, de nombreuses initiatives en vue de développer et de renforcer le contrôle
de l’activité des établissements de crédit.
Cet enrichissement est une réaction énergique à la crise qui a frappé de plein fouet les
entreprises bancaires dans les années 80 en raison du non-respect par celles-ci des
normes prudentielles. Les règles de gestion financière ainsi élaborées par les Autorités
de régulation, communautaires ou nationales, sont destinées à garantir la solvabilité
(A) et la liquidité (B) pour un équilibre financier.

A - Le contrôle du respect des normes de solvabilité


La COBAC a eu le mérite de légiférer sur les normes de solvabilité autrement connues
sous l’appellation de normes ou ratios prudentiels en s’inspirant des règles fixées par
les Comités de Bâle I et II. L’ensemble des textes sur la question fait ressortir cinq
types de normes prudentielles auxquelles sont soumis les banques et établissements
financiers.
Tous ces ratios sont définis en rapport avec les fonds propres nets de l’établissement
de crédit, qu’il serait indiqué de circonscrire avant de définir les différents types de
ratios prudentiels.

1 - Les fonds propres nets de l’établissement de crédit

Ils sont régis par le REGLEMENT COBAC R-93/02 RELATIF AUX FONDS
PROPRES NETS DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT modifié par le
REGLEMENT COBAC R-2001/01 du 07 mai 2001.

109
Les fonds propres nets sont constitués par la somme des fonds propres de base et des
fonds propres complémentaires (jadis appelés ressources assimilées) de laquelle sont
déduites les créances et les participations.
a) Par fonds propres de base, le règlement entend les capitaux propres des
établissements de crédit, notamment :
- le capital ainsi que les primes y attachées et les fonds assimilés au capital social par
la réglementation en vigueur ;
- les réserves légales qui sont de 10% du bénéfice net de chaque exercice, ou
statutaires le cas échéant ;
- Le report à nouveau créditeur, c’est-à-dire la partie du bénéfice non reversée aux
actionnaires ni consacrée à la constitution des réserves, mais reporté sur l’exercice n+1
suivant décision des actionnaires réunis en assemblée générale ordinaire qui statue sur
l’affectation des résultats ;
- Les subventions d’équipement et autres subventions, publiques ou privées,
définitivement acquises généralement pour les établissements dans lesquels l’Etat a
des parts et y octroie des subventions ou que des prélèvements à titre de redevance
sont effectués sur les revenus des usagers à l’instar du Crédit Foncier ;
- Les fonds de financement et de garantie, constitués de ressources propres provenant
de l’affectation des résultats, de dons extérieurs ou de taxes parafiscales ;
- Les provisions pour risques bancaires généraux, à l’exclusion de toute provision
affectée à la couverture de charges ou de risques définis, probables ou certains ;
- Le résultat du dernier exercice clos, approuvé par les organes compétents et certifié
par les commissaires aux comptes, dans l’attente de son affectation, diminué de la
distribution de dividendes à prévoir.
Les fonds propres de base peuvent en outre comprendre le bénéfice arrêté à des
dates intermédiaires, à condition :
- qu’il soit déterminé après comptabilisation de toutes les charges afférentes à la
période et des dotations aux comptes d’amortissements et de provisions ;
- qu’il soit calculé net d’impôt prévisible ;
- qu’il soit certifié par les commissaires aux comptes.
Il est déduit du calcul des fonds propres nets les non valeurs qui sont :

110
- la part non versée du capital social. Cette hypothèse est envisageable uniquement
dans le cadre d’une augmentation du capital social. En effet, l’exigence de la libération
totale des actions souscrites ne tient qu’à la création de l’entreprise bancaire ; lorsqu’il
y a augmentation du capital en cours de vie sociale, le délai de trois ans prévu en droit
commun, c’est-à-dire par l’AUDSCGIE, pour la libération des actions souscrites peut
être observé ;
- les actions propres détenues, évaluées à leur valeur comptable ;
- le report à nouveau lorsqu’il est débiteur ;
- les immobilisations incorporelles, y compris les frais d’établissement et le fonds de
commerce ;
- les pertes en instance d’approbation ;
- le cas échéant, le résultat déficitaire déterminé à des dates intermédiaires ;
- les dividendes à distribuer ;
- les provisions complémentaires à constituer pour dépréciation ou risques de non
recouvrement d’actifs, ou pour charges et pertes diverses.

b) Les fonds propres complémentaires sont constitués des apports en compte


courant associés, des prêts participatifs ou subordonnés dans les conditions fixées
par le règlement (un emprunt est qualifié de subordonné et rentre dans le calcul des
fonds propres nets, lorsque la durée est au moins égale à cinq ans et qu’on ne peut
envisager le début du remboursement qu’après cette période et après autorisation du
Secrétaire général de la COBAC. Il est remboursé en cas de liquidation de
l’établissement de crédit, après désintéressement de tous les autres créanciers).
Dans tous les cas, les fonds propres complémentaires ne peuvent être inclus dans le
calcul des fonds propres nets qu'à hauteur du montant des fonds propres de base. Ce
qui veut dire que les fonds propres complémentaires sont toujours inférieurs ou égaux
à hauteur de 100% des fonds propres de base.

2 - Les catégories de ratios prudentiels

On distingue cinq ratios prudentiels à savoir :


- Le ratio de division des risques ;

111
- Le ratio de couverture des risques ;
- Le ratio de couverture des immobilisations ;
- Le ratio de prise de participation au capital ;
- Le ratio des concours aux actionnaires et autres (administrateurs, dirigeants et
autres personnes).

a) Le ratio de division des risques


Il est prévu par le Règlement COBAC R- 2001/04 modifié et complété par les
Règlements COBAC R-2003/07 et R-2010/02. En substance, il faut retenir que les
établissements de crédit sont tenus de respecter un rapport maximum entre le
montant de leurs fonds propres nets et l'ensemble des risques qu'ils encourent du
fait de leurs opérations avec un même bénéficiaire ayant reçu des concours
supérieurs à une certaine proportion desdits fonds propres nets.
Il est fait interdiction aux établissements de crédit de s'engager en faveur d'un
seul client pour un montant excédant 45% de leurs fonds propres nets et en
faveur de leurs gros clients (encore qualifiés de grands risques par le
REGLEMENT, il s’agit des clients qui ont chacun des engagements supérieurs à
15 % des fonds propres nets) pour un montant de crédits supérieurs à l'octuple
de leurs fonds propres nets.
Il est fait obligation aux établissements de crédit de justifier en permanence que leurs
fonds propres nets couvrent au minimum 5% de l'ensemble de leurs concours. Il
convient de préciser que les engagements bénéficiant aux Etats sont pris en compte
sans pondération dans le calcul des risques.

b) Le ratio de couverture des risques


Les établissements de crédit sont tenus de respecter en permanence un rapport
minimum de 8%, dit rapport de couverture des risques, entre le montant de leurs
fonds propres nets et celui des risques qu’ils encourent du fait de leurs opérations
avec leur clientèle.
Ainsi, en vertu de l’article 1er du Règlement COBAC R-2010/01, il est fait obligation
aux établissements de crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets

112
couvrent au minimum 8% de l'ensemble de leurs concours. Il convient de préciser
que les engagements bénéficiant aux Etats sont pris en compte sans pondération dans
le calcul des risques. Par contre la loi prévoit pour certaines catégories d’engagements
des taux de pondération (article 4 du Règlement).

c) Le ratio de couverture des immobilisations


Il est prévu par le Règlement COBAC R-93/05 modifié par le règlement COBAC R-
2001/06. En substance, ce ratio stipule que les établissements de crédit sont tenus de
respecter un rapport minimum de 100% entre le montant de leurs fonds propres
nets et de leurs ressources permanentes, d'une part, et celui des immobilisations
(actifs d’utilisation durable pour une entité) d'autre part.
En bref, ce ratio oblige les établissements de crédit à financer leurs immobilisations au
minimum à 100 % par leurs ressources permanentes. Celles-ci comprennent les
emprunts obligataires et titres de créances négociables à plus de cinq ans de terme
initial émis par l’établissement et non affectés à des emplois bancaires, ainsi que, le
cas échéant, l’excédent des emprunts contractés auprès d’établissements de crédit et
d’institutions financières, sur les prêts accordés de même nature et sur les titres de
créances négociables.
Les immobilisations prises en compte quant à elles sont nettes des amortissements et
des provisions. Elles doivent être en exploitation ou en location, des autres
immobilisations corporelles et des titres de participation (à l’exclusion des bons
d’équipement et autres titres de même nature).

d) Le ratio de prise de participation au capital


Cette norme est prévue par le Règlement COBAC R-93/11 relatif aux participations
d’établissements de crédit dans le capital d’entreprises. La participation d’un
établissement de crédit dans une entreprise est limitée à 15 % de ses fonds propres
nets, l'ensemble des participations ne pouvant dépasser 45 %.
Ne sont toutefois pas compris dans la limitation :
- les participations détenues dans des établissements de crédit assujettis ;

113
- les participations dans des entreprises dont l’activité constitue un prolongement de
l’activité de l’établissement détenteur ou consiste, soit en la détention
d’immobilisations affectées à l’exploitation de l’établissement, soit en la fourniture de
services nécessaires à l’exploitation de l’établissement ;
- les titres détenus pour compte de tiers en vertu d’un accord formel ou faisant l’objet
d’un engagement irrévocable d’achat reçu d’un tiers, à concurrence des fonds reçus
des tiers par l’établissement en couverture de l’opération.
Sont considérés comme participations au sens du règlement, les titres qui confèrent au
moins 10 % du capital ou des droits de vote dans une entreprise ou qui permettent
d’exercer, directement ou indirectement, une influence tangible sur la gestion et la
politique financière d’une entreprise.

e) Le ratio sur les concours aux actionnaires et autres


Conformément à ce ratio, l’encours global des engagements portés directement ou
indirectement par un établissement de crédit sur ses actionnaires, administrateurs,
dirigeants et personnel, ne peut excéder 15 % du montant des fonds propres nets
de l’établissement. Lorsqu’ils excèdent 5 % des fonds propres nets sur une seule de
ces personnes, lesdits engagements viennent en déduction du passif interne pris en
compte pour la représentation du capital minimum et du montant des fonds propres
nets (cependant pour les associés, il doit s’agir de ceux qui détiennent au moins 10%
du capital social).
Sont pris en compte pour ce ratio aussi bien les crédits par caisse que les crédits par
signature. En revanche, ne sont pas soumis aux dispositions du règlement fixant le
ratio sur les concours aux actionnaires et autres, les engagements sur l’Etat, sur des
établissements eux-mêmes assujettis et sur des établissements agréés à l’étranger.

B - Le contrôle du respect des normes de liquidité

La réglementation sur le contrôle astreint les établissements de crédit au respect de


deux normes de liquidité : le ratio de liquidité et le ratio de transformation à long
terme.

114
1 - Le ratio de liquidité

Ce ratio est régi par le Règlement COBAC R-93/06 du 19 avril 1993, modifié par les
Règlements COBAC R-93/01 et COBAC R – 2013/04. C’est le rapport entre les
disponibilités (sommes dont on peut disposer) et les concours dont l’échéance est
à court terme, d’une part, et les exigibilités à court terme, d’autre part.

Ce ratio oblige les établissements de crédit à justifier en permanence des ressources


immédiatement disponibles et susceptibles de couvrir au minimum l'intégralité de leurs
dettes à échoir dans un mois au plus : c’est le « rapport de liquidité ». Ce rapport,
calculé sur la base d’un numérateur de rapport de liquidité et d’un dénominateur du
même rapport doit, à tout moment, être au moins égal à 100 %.

Pour les besoins de contrôle du respect de ce ratio, les établissements de crédit


communiquent chaque fin de mois au Secrétariat Général de la Commission Bancaire
le rapport de liquidité du mois à venir. Ils soumettent également chaque mois un état
complémentaire des emplois, ressources et engagements selon la durée restant à courir.

2 - Le ratio de transformation à long terme

Les établissements de crédit sont tenus de respecter un rapport minimum entre leurs
emplois et engagements (crédits en général) à plus de cinq ans d’échéance et leurs
ressources (dépôts des clients) de même terme. Ce rapport est dit « coefficient de
transformation à long terme » dont le seuil minimum est de 50 % entre les emplois et
les engagements à plus de 5 ans d'échéance et les ressources de même terme.

Para II – Le contrôle du crédit

Le contrôle du crédit, composante indispensable de la politique monétaire interne et


externe, s’articule autour de l’institution des réserves obligatoires et la régulation par
les taux d’intérêt d’une part et, le marché monétaire d’autre part.

115
A - Système des réserves obligatoires et régulation par les taux d’intérêt

1) Le système des réserves obligatoires

L’entreprise bancaire, à la différence de la société anonyme de droit commun, est


soumise à deux types de réserves obligatoires : la réserve légale bancaire et la
réserve légale ordinaire.

La réserve légale bancaire consiste dans l’obligation faite aux établissements de


crédit de disposer en compte à la BEAC, d’une fraction des dépôts qu’ils reçoivent
de leur clientèle. Ainsi est stérilisée une part variable des ressources bancaires et réglé
indirectement le volume des crédits distribués (emplois). Cette réserve obligatoire en
zone CEMAC est régie par la Décision N° 02/CPM/2009 du 23 mars 2009 portant
réaménagement des réserves obligatoires des banques. D’après ce texte, les
coefficients des réserves obligatoires sont aménagés en fonction de la situation de
liquidité de chaque pays. Au Cameroun, où la situation est jugée satisfaisante, ce
coefficient est de 11.75% pour les dépôts à vue et de 9.25% pour les dépôts à
terme. Concrètement, chaque banque est tenue de maintenir en permanence à la
BEAC dans un compte 11.75% et 9.25 % de ses dépôts à vue et à terme ; cette mesure
permet d’assurer dans une certaine mesure l’épargne des déposants. Ces réserves
obligatoires sont rémunérées à hauteur de 0.05% par la BEAC.

En tant que société commerciale, la société bancaire impérativement créée sous la


forme de société, a l’obligation de constituer une réserve obligatoire par ponction
d’une fraction de ses bénéfices. La réserve légale ordinaire constitue, tout comme le
capital et les autres fonds propres, une garantie pour les tiers, épargnant ou non, qui
traitent avec la société. Elle ne peut dès lors être distribuée sous aucun prétexte aux
actionnaires. Son utilité apparaît en cas de perte en ce qu’elle sert en pareille
circonstance à combler les déficits constatés par les bilans annuels lorsque ces déficits
ne peuvent pas être imputés sur d’autres réserves (réserves facultatives par exemple).
L’article 546 de l’AUDSCGIE à cet égard dispose qu’: «  à peine de nullité de toute
délibération contraire, il est pratiqué sur le bénéfice de l'exercice diminué, le cas
échéant, des pertes antérieures, une dotation égale à un dixième au moins affectée à
116
la formation d'un fonds de réserve légale. Cette dotation cesse d'être obligatoire
lorsque la réserve atteint le cinquième du montant du capital social ».

2) La régulation par les taux d’intérêt

Les établissements de crédit financent une partie de leurs opérations au moyen des
dépôts de la clientèle. Cette ressource n’est cependant pas suffisante. Il leur faut le plus
souvent recourir à la banque centrale (BEAC) pour un soutien en terme de réescompte
à taux fixe des crédits à la clientèle ; il s’agit de refinancement du portefeuille clientèle
généralement organisé dans le cadre d’accords de classement et sous réserves du
respect des limites prévues par le REGLEMENT COBAC R-96/01 RELATIF A LA
STRUCTURE DU PORTEFEUILLE-CREDIT DES ETABLISSEMENTS DE
CREDIT.

B – Le marché monétaire

La Banque centrale intervient sur le système monétaire à travers, entre autres, le


marché monétaire. Celui-ci est réglementé par la Décision du Gouverneur de la BEAC
N° 002/MM/94 du 29 juin 1994 réorganisant le refinancement et instituant le Marché
monétaire dans les Etats membres de la BEAC. Cette décision a été modifiée et
complétée par plusieurs autres Décisions.
Le marché monétaire est constitué de deux compartiments à savoir : le compartiment
interbancaire et celui se rapportant aux interventions de la BEAC soit pour injecter de
l’argent, soit pour le ponctionner.

1 - Le marché interbancaire

Il est encore appelé « niveau 1 » du marché monétaire. C’est un compartiment


spécifique du marché monétaire sur lequel un nombre limité d’intervenants
(établissements de crédit, institutions financières publiques et la banque centrale)
échangent entre eux des liquidités en compte à la banque Centrale, à des conditions de
montants, de taux, de durée et éventuellement de garantie, librement débattues sans
l’interférence de l’Autorité monétaire ou l’institut d’Emission. C’est un cadre formel

117
où les intervenants entre eux, sous la coordination de la BEAC, peuvent prêter ou
emprunter des fonds contre des billets globaux de mobilisation d’effets publics et
privés dans des conditions négociées. Il est reconnu à ce marché un monopole, c’est-à-
dire qu’il est interdit aux établissements de crédit de céder ou de mettre en pension des
créances au profit de personnes autres que celles autorisées à intervenir sur ce marché.

Sur le plan opérationnel, les transactions se font sous la forme de prêt ou d’emprunt en
blanc, c’est-à-dire sans remise d’effets à titre de garantie. Elles donnent lieu à
l’émission d’un bon de virement BEAC par le donneur d’ordre en faveur du
bénéficiaire. Autrement dit, une fois que les parties se sont accordées sur le taux, le
montant et la durée, la suite correspond à une opération ordinaire de virement. La
banque Centrale coordonne, sans y interférer à titre de courtier, les opérations du
marché bancaire à partir de la salle du Marché.

2 - Les interventions de la BEAC

Il s’agit du niveau 2 du Marché monétaire. Le niveau 1 est réservé aux seuls


intervenants qui négocient à l’insu de la BEAC les conditions de leurs transactions. Par
contre, dans le niveau 2, la BEAC est l’acteur prédominant en ce qu’elle est
compétente pour agir sur les taux selon la technique de l’Open Market (Appel
d’offres) en injectant ou en reprenant les liquidités. Sur cette base, la BEAC contrôle la
stabilité monétaire et les velléités inflationnistes. En effet, compte tenu des orientations
de politique monétaire et de crédit proposées dans le cadre de l’exercice de
programmation monétaire et approuvées par le conseil d’administration de la BEAC
d’une part, et de l’évolution des facteurs de la liquidité bancaire d’autre part, la BEAC
est amenée à intervenir pour refinancer le système bancaire.
Les interventions de la BEAC en faveur des banques s’inscrivent dans le cadre du
GUICHET A (guichet principal) selon les mécanismes d’appel d’offres ou de prise à
pension, ou dans celui du Guichet B (guichet spécial) institué pour tenir compte des
crédits à moyen terme irrévocables qui ne peuvent être refinancés selon les conditions
variables du marché monétaire.

118
Les ratios imposés aux banques et établissements financiers sont certes contraignants,
mais restent le gage d’un système bancaire stable et le socle de la sécurité des
épargnants, lorsqu’ils sont respectés. Le contrôle du respect de ces normes de
solvabilité et de liquidité s’effectue suivant des modalités précises et donne lieu à des
sanctions en cas de violation.

Section II – Les modalités du contrôle externe

Le contrôle effectué par les autorités à l’effet de s’assurer du respect de la


réglementation par les établissements de crédit en général peut être permanent (§1) ou
périodique (§2).

§1 - Le contrôle permanent

Les Autorités de régulation et de contrôle assurent un contrôle permanent de l’activité


des établissements de crédit spécifiquement en ce qui concerne les ratios. En effet, les
banques et établissements financiers sont tenus de communiquer en permanence des
informations au Ministère en charge des finances, à la BEAC ou à la COBAC.
Il doit par exemple être fait déclaration mensuelle pour les banques, trimestrielle pour
les établissements financiers, au Secrétariat de la COBAC, des informations requises
pour l’appréciation des données relatives au respect des ratios prudentiels et des
normes de liquidité. Dans le même sens, les états cerber, les rapports sur les ouvertures
et clôtures de comptes, les incidents de paiement, transmis à la BEAC/COBAC
chaque fin de mois, et l’état des ressources (dépôts) chaque semaine, permettent
d’assurer un contrôle permanent de l’activité des établissements de crédit.

§2 - Le contrôle périodique
La COBAC effectue des contrôles périodiques, planifiés ou inopinés, dans les
établissements de crédits. La COBAC arrête le programme des enquêtes (contrôle
planifié). En cas d’urgence, les enquêtes sont diligentées par le Président de la
COBAC qui rend compte à cette dernière à sa prochaine séance (très souvent il s’agit
d’un contrôle inopiné). En cas contrôle inopiné, l’établissement n’est prévenu que
quelques jours avant le début des enquêtes.

119
La COBAC transmet, lorsqu’il s’agit d’un contrôle planifié, un ordre de passage à
l’établissement et lui indique les points sur lesquels le contrôle portera ainsi que la
durée. L’établissement de crédit a donc l’obligation de préparer les dossiers et
documents objet du contrôle. La définition de l’objet du contrôle est à la discrétion de
la COBAC et peut porter sur tous les aspects de l’activité de l’établissement de crédit,
même les plus banales. Quoi qu’il en soit, la COBAC détermine la liste, la teneur et les
délais de transmission des documents et informations qui doivent lui être remis. Elle
peut demander aux établissements de crédit tous renseignements ou justificatifs utiles
à l’exercice de sa mission (article 9 in fine de l’Annexe à la Convention de 1990
portant création de la COBAC).

La BEAC organise et exerce au nom de la Commission Bancaire le contrôle sur pièces


et sur place des établissements de crédit. Les autorités nationales prêtent en tant que de
besoin leur concours aux contrôles effectués par la BEAC. L’Autorité monétaire est
informée du déclenchement et des résultats des enquêtes qui peuvent déboucher sur
des sanctions.

CHAP II – LE CONTROLE INTERNE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Le contrôle exercé au sein de l’entreprise bancaire est d’une importance capitale. Il est
minutieusement réglementé par le Règlement COBAC R-2016/04 du 8 mars 2016
relatif au contrôle interne dans les établissements de crédit et les holdings financiers.
Ce Règlement fixe les exigences minimales relatives au système de contrôle interne
que les établissements assujettis doivent mettre en oeuvre.

Le contrôle interne peut être exercé par certaines directions de l’établissement de


crédit (Section I) ou par les commissaires aux comptes (Section II).

Section I – Le contrôle par certaines directions de l’établissement de crédit

La COBAC a institué par règlement un contrôle interne au sein de la banque qu’il


convient d’analyser (para I) avant d’aborder la question des directions en charge du
contrôle en général au sein de l’établissement de crédit (para II).

120
PARA I : L’INSTITUTION D’UN CONTROLE INTERNE

Le Règlement COBAC R-2016/04 du 8 mars 2016 a pour objet de renforcer le


dispositif de contrôle de la COBAC par l’institution d’un contrôle de premier plan. Il
est important de se pencher sur ses fondements (A) avant de présenter son objet (B).

A – Les fondements du contrôle interne

Malgré l’utilité des ratios quantitatifs comme outil de mesure et de limitation de


certains risques, ni les banquiers, ni les autorités ne sauraient s’en contenter. En effet,
les ratios ne permettent pas de détecter les risques. De plus, leur caractère uniforme et
simplificateur ne permet pas non plus de répondre à chaque situation prise
individuellement. Le système bancaire se trouvait donc toujours fragilisé.
Le Règlement COBAC R-2001/07 relatif au contrôle interne dans les établissements
de crédit, abrogé par le Règlement COBAC R-2016/04 du 8 mars 2016 a permis le
renforcement du contrôle interne (celui-ci existait déjà sans être une réglementation
particulière et appropriée à l’activité bancaire) en définissant des instruments plus
adaptés à la maîtrise des risques bancaires.
Dans un contexte de concurrence accrue, la différence se fait au niveau de la qualité de
l’organisation et des procédures. L’efficacité du contrôle interne constitue la meilleure
réponse à la maîtrise des risques et à la satisfaction de la clientèle.
La COBAC a voulu rationaliser la gestion des établissements de crédit et les
contraindre à faire preuve d’une plus grande rigueur tout en laissant aux dirigeants et à
l’organe délibérant notamment le conseil d’administration, la responsabilité de définir
et de mettre en place les moyens appropriés.
L’accent est donc mis ici sur la prévention des risques. Les autorités de la sous-région
ont donc voulu élever le contrôle interne au niveau des standards internationaux.
En effet, l’exigence d’un contrôle interne adéquat était devenue une préoccupation
majeure sur le plan international. Ainsi, le Comité de Bâle avait publié dès septembre
1997 « 25 principes fondamentaux pour un contrôle interne efficace ». Ces principes
sont destinés à compléter les dispositifs réglementaires locaux. Ils ont été conçus en
étroite concertation avec plusieurs autorités de contrôle du monde entier. Cette
publication marque donc une nouvelle étape dans le renforcement de la coopération

121
internationale entre autorités de surveillance. C’est ainsi qu’à partir de 1997, les
systèmes bancaires se sont dotés de textes et normes en matière de contrôle interne en
application des résolutions prises par le comité, et la COBAC n’était pas en reste.
Le Comité de Bâle a également publié en 1998 un document sur la gestion des risques
liés à la monnaie électronique. L’ambition de ce document n’est pas d’édicter des
nouvelles normes prudentielles mais de souligner l’existence de risques ; risques qui
doivent être pris en considération dans les systèmes de contrôle interne des
établissements de crédit (garantir l’intégrité, l’authenticité et la confidentialité des
données).

B – La présentation du contrôle interne  

Le risque est défini par le Règlement COBAC comme étant une circonstance ou un
événement qui peut produire des conséquences défavorables sur la situation de
l’établissement de crédit, et en particulier, qui menace la réalisation des objectifs
établis par les organes délibérant et exécutif. On distingue plusieurs types de risques :

- Risque de crédit ;.

- Risque de marché ;.

- Risque de taux d’intérêt global ;

- Risque de liquidité ;

- Risque de règlement-livraison ;

- Risque d’intermédiation ;

- Risque Opérationnel ;

- etc.

Dans l’exercice de leurs activités, les établissements de crédit supportent différents


types de risques. En fonction de leur taille et de la complexité de leurs activités, les
établissements de crédit devraient mettre en place des systèmes de gestion du risque à

122
savoir les processus de détection, de mesure et de contrôle des expositions aux risques
pour toutes les principales catégories de risques encourus. Le contrôle interne a donc
pour objet :

Un dispositif de contrôle régulier : c’est un contrôle permanent, souvent désigné


comme un contrôle de premier niveau. Il s’exerce sous la responsabilité d’entités
internes de type Back ou Middle-office et s’intègre dans les processus opérationnels et
fonctionnels pour en assurer le déroulement correct. Il vise à s’assurer de l’exactitude
et de la conformité des opérations, du déroulement correct des procédures et de leur
adéquation à la nature des opérations et des risques qui y sont associés. Il requiert un
recensement permanent des fonctions exercées et des risques liés à celles-ci.

Le contrôle des systèmes internes de contrôle  : il a pour objectif de vérifier le


fonctionnement correct du dispositif de contrôle permanent et de confirmer son
aptitude à maîtriser les risques de l’établissement de crédit. Un responsable est nommé
à cet effet. Le fonctionnement de ce dispositif doit répondre aux conditions de qualité
relatives à son positionnement, ses travaux et ses moyens. C’est donc un contrôle a
posteriori de l’efficacité et de la cohérence des systèmes de contrôle interne.

Para II – Les acteurs du contrôle interne au sein de l’entreprise bancaire

Plusieurs acteurs sont visés par le règlement 

A - L’organe délibérant

" On entend par organe délibérant le conseil d’administration "


Il était nécessaire que des compléments soient apportés au dispositif réglementaire
relatif au contrôle interne, pour que les établissements de crédit se dotent de systèmes
de contrôle performants et adéquats par rapport aux risques encourus. En premier lieu
la responsabilité et la nécessaire implication du conseil d’administration ont été
réaffirmées :
 Il doit veiller à l’instauration d’un système de contrôle interne adéquat, fixer les
grandes stratégies et principales politiques ainsi que la structure
organisationnelle globale. 
123
 Il a désormais un rôle actif dans le processus de surveillance et de maîtrise des
risques. En effet, il est informé, chaque année, par l’organe exécutif et le
responsable du contrôle interne de l’activité et des résultats du contrôle interne.
Tous les rapports établis à la suite de contrôles lui sont communiqués. De même
il dispose du rapport annuel sur le contrôle interne. Il s’implique également
dans la compréhension des principaux risques encourus par les établissements
de crédit. Il doit les connaître et approuver la façon dont ils sont évalués et
maîtrisés. A ce titre, il fixe des niveaux acceptables pour chaque risque, dits
limites globales, et veille à ce que des procédures soient établies pour réduire
l’exposition de l’établissement de crédit vis-à-vis des risques encourus.
L’organe exécutif, lui, fait une présentation annuelle sur la mesure des risques
et sur la fixation et le respect des limites. 
Il assure donc le contrôle de l’orientation de l’activité : il accompagne l’action des
dirigeants par le contrôle qu’il exerce. 
 Enfin il est chargé de nommer le responsable de l’Audit qui est directement
sous son autorité pour des raisons d’indépendance. Il est d’ailleurs institué par
le règlement COBAC relatif au Gouvernement d’entreprise dans les
établissements de crédit, un comité d’audit au sein du Conseil qui l’assiste dans
sa mission de surveillance. 

B - L’organe exécutif 

" Il regroupe l’ensemble des personnes qui assurent la détermination effective de


l’orientation de l’activité de l’établissement  de crédit"
Il est donc directement impliqué dans l’organisation et le fonctionnement du système
de contrôle interne, puisque les dirigeants mettent en œuvre la stratégie définie par le
conseil d’administration, en gérant les aspects pratiques relatifs au bon fonctionnement
et à l’efficacité du contrôle interne. 
Il organise le contrôle interne. Dans ce but, il est chargé de mettre en place une
structure de contrôle appropriée, pour garantir de contrôles internes efficaces, et ce en
définissant les activités de contrôle à chaque niveau opérationnel. Il doit s’assurer
régulièrement que les domaines de la banque sont conformes aux procédures établies

124
et que les politiques existantes restent adéquates. Il doit donc vérifier en permanence
l’efficacité du contrôle interne à travers des opérations quotidiennes, ce qui permet de
découvrir et de corriger rapidement des évolutions anormales. De plus, il détermine les
objectifs annuels de contrôle en fixant clairement des orientations et en définissant les
procédures de décision. Une fois par an, il est chargé de fixer et d’actualiser les limites
globales des risques, en tenant compte des fonds propres de l’établissement de crédit 
Pour assurer tout cela, il doit se doter de moyens humains et de matériel appropriés et
définir une politique de sécurité.
Enfin, il participe à la promotion de critères d’éthique et d’intégrité, ainsi qu’à
l’instauration d’une culture et d’un environnement démontrant l’importance du
contrôle interne. Chaque agent de la banque doit comprendre son rôle dans le dispositif
du contrôle interne et y être totalement impliqué.

C - L’audit interne et le contrôle de gestion

L’inspection ou Audit Interne, chargé de veiller à la cohérence et à l’efficacité du


contrôle interne, est au cœur du processus de mise en place de ce contrôle. Le
Directeur de l’audit interne est l’inspecteur général. Il rend compte de l’exercice de sa
mission à l’organe exécutif (pour mesures idoines à prendre) et au comité d’audit du
conseil d’administration. Il lui revient également d’élaborer un rapport annuel sur les
conditions dans lesquelles le contrôle interne est assuré.
Le contrôle de gestion a pour mission essentielle de communiquer à la direction
générale les informations nécessaires et suffisantes pour assurer la prise de décision et
la maîtrise de la gestion. C’est l’une des composantes essentielles du système de
contrôle interne. En effet, le contrôle interne doit également permettre d’assurer le
respect des normes de gestion édictées par la réglementation ou les procédures. Il est
généralement assuré selon le cas par la direction financière et comptable (Cas Afriland
First Bank).
Le contrôle peut également être assuré par les commissaires aux comptes.

Section II – Le contrôle exercé par les commissaires aux comptes

125
L’institution du commissariat aux comptes dans les établissements de crédit obéit aux
règles du droit commun des sociétés et à celles du droit bancaire. Toutefois ces deux
réglementations ne sont pas contradictoires. Nous aborderons le choix des
commissaires aux comptes et les missions du commissaire aux comptes.

Para I – Le choix du commissaire aux comptes

Pour exercer la fonction de contrôle d'une société bancaire, il faut avoir, et la qualité et
le mandat de commissaire aux comptes, et être agréé.

A – La qualité

Peuvent avoir la qualité de commissaire aux comptes, les personnes d'une certaine
compétence et d'une liberté assurée. Leur compétence est tirée de la qualification
exigée. Seuls des experts comptables peuvent être désignés commissaires aux comptes,
à condition qu'ils aient été agrées par l'ordre des Experts comptables. La liberté des
commissaires aux comptes est recherchée à travers les nombreuses incompatibilités
qui sont désormais posées. Ainsi, les fonctions de commissaire aux comptes sont
incompatibles :
- avec toute activité ou tout acte de nature à porter atteinte à son indépendance ;
- avec tout emploi salarié sauf lorsqu'il s'agit d'enseignement ;
- avec toute activité commerciale, qu'elle soit exercée directement ou par personne
interposée.
Par ailleurs, ne peuvent être commissaires aux comptes :
- les fondateurs, apporteurs, bénéficiaires d'avantages particuliers, dirigeants sociaux
de la société ou de ses filiales, ainsi que leur conjoint ;
- les parents et alliés, jusqu'au quatrième degré inclusivement, des personnes ci-dessus,
- les dirigeants sociaux de sociétés possédant le dixième du capital de la société ou
dont celle-ci possède le dixième du capital, ainsi que leur conjoint ;
- les personnes qui, directement ou indirectement, ou par personne interposée,
reçoivent, soit des personnes figurant au paragraphe 1°) du présent article, soit des
sociétés susvisées, un salaire ou une rémunération quelconque en raison d'une activité

126
permanente autre que celle de commissaire aux comptes; il en est de même pour les
conjoints de ces personnes ;
- les sociétés de commissaires aux comptes dont l'un des associés, actionnaires ou
dirigeants se trouve dans l'une des situations visées aux alinéas précédents ;
Enfin, on distingue des incompatibilités liées à la fin des fonctions de commissaires
aux comptes.
Ainsi, le commissaire aux comptes ne peut être nommé administrateur, administrateur
général, administrateur général adjoint, directeur général ou directeur général adjoint
des sociétés qu'il contrôle moins de cinq années après la cessation de sa mission de
contrôle de ladite société. La même interdiction est applicable aux associés d'une
société de commissaires aux comptes. Pendant le même délai, il ne peut exercer la
même mission de contrôle ni dans les sociétés possédant le dixième du capital de la
société contrôlée par lui, ni dans les sociétés dans lesquelles la société contrôlée par lui
possède le dixième du capital, lors de la cessation de sa mission de contrôle de
commissaire aux comptes.
L’appréciation de la participation se fait au moment de la cessation de la première
mission. Cette interdiction constitue une disposition impérative de l’AUDSCGIE dont
la violation a pour effet d’entraîner la nullité de la nomination de l’ancien commissaire
aux comptes aux fonctions d’administrateur ou de directeur général.
De même, les personnes ayant été administrateurs, administrateurs généraux,
administrateurs généraux adjoints, directeurs généraux ou directeurs généraux adjoints,
gérants ou salariés d'une société ne peuvent être nommées commissaires aux comptes
de la société moins de cinq années après la cessation de leurs fonctions dans ladite
société. Pendant le même délai, elles ne peuvent être nommées commissaires aux
comptes dans les sociétés possédant 10% du capital de la société dans laquelle elles
exerçaient leurs fonctions ou dont celles-ci possédaient 10% du capital lors de la
cessation de leurs fonctions.
Ces interdictions sont également applicables aux sociétés de commissaires aux
comptes dont lesdites personnes sont associées, actionnaires ou dirigeantes
Les délibérations prises par l'assemblée des actionnaires sur le rapport d'un
commissaire aux comptes irrégulièrement désigné sont nulles. La délibération ne peut

127
être expurgée du vice qui l'infecte que si elle est expressément confirmée par une
assemblée générale, sur le rapport des commissaires régulièrement désignés. Mais, il
ne suffit pas de remplir les conditions légales pour exercer effectivement les fonctions
de commissaire aux comptes auprès d'une société. Encore faut-il être désigné par ses
organes, autrement dit, recevoir mandat d'eux.

B – La désignation

Les établissements de crédit doivent nommés au moins deux commissaires aux


comptes à moins que le total bilan n’atteigne pas le seuil fixé par la réglementation. Ils
doivent être agrées au même titre que les dirigeants. Les premiers commissaires aux
comptes et leurs suppléants sont désignés dans les statuts ou par l'assemblée générale
constitutive pour deux exercices sociaux. Ce mandat, renouvelable, est porté à six
exercices lorsque le commissaire aux comptes et son suppléant sont désignés par
l'assemblée générale ordinaire en cours de vie sociale.
Exceptionnellement, le commissaire aux comptes peut être désigné judiciairement. Il
faut supposer alors que l'assemblée générale ait omis d'en désigner un. Tout
actionnaire peut demander en référé au président de la juridiction compétente de
suppléer à cette lacune. Tant que cela n'est pas fait, sauf refus exprès, le commissaire
aux comptes reste en poste jusqu'à la plus prochaine assemblée générale ordinaire
annuelle.
Est frappée de nullité toute délibération prise à défaut de désignation régulière de
commissaires aux comptes ou sur le rapport d’un commissaire aux comptes titulaire
nommé ou demeuré en fonction en violation des règles gouvernant cette nomination.

128
Para II – La mission du commissaire aux comptes

Il s'agit essentiellement d'une mission de contrôle. La forme et les moyens dont


dispose le commissaire aux comptes ont été diversifiés tout comme les suites de ce
contrôle.

A - Forme et moyens de contrôle

Les commissaires aux comptes ont tout au long de l'exercice une mission permanente
de contrôle sur les valeurs et les documents comptables de la société. C'est pour
atteindre cette fin qu'ils ont le droit de se faire communiquer sur place tous contrats,
livres, documents comptables et registres des procès-verbaux appartenant à la société
contrôlée. Il peut même recueillir toutes informations utiles auprès des tiers qui ont
accompli des opérations pour le compte de la société. Mais de ceux-ci, sauf décision
de justice, il ne saurait exiger communication des pièces. La loi vise ainsi non pas tous
les tiers ayant contracté avec la société mais les tiers mandataires de la société :
notaires, huissiers, experts divers, etc.
Pendant cette mission permanente de contrôle le commissaire aux comptes peut, sous
sa responsabilité, se faire assister ou représenter par des experts ou collaborateurs de
son choix qu'il fait connaître nommément à la société.
De manière plus ponctuelle, le commissaire aux comptes est appelé à exercer deux
types de contrôle.
Tantôt il s'agit de certifier que les états financiers de synthèse de la société contrôlée,
ou même le cas échéant de ses filiales, sont réguliers et sincères et donnent une image
fidèle du résultat des opérations de l'exercice écoulé ainsi que la situation financière et
patrimoniale de la société à la fin de l'exercice.
Tantôt le commissaire aux comptes doit s'assurer que l'égalité entre les associés est
respectée. A titre d'exemple, il doit vérifier que les actions d'une même catégorie
bénéficient des mêmes droits, à l'occasion notamment du partage des dividendes ou de
distribution du droit de vote.
Dans l'un et l'autre cas, le commissaire aux comptes ne doit pas s'immiscer dans la
gestion de la société. Mais il est obligé de donner certaines suites à son contrôle.
129
B - Suites du contrôle

Le législateur fait reposer sur le commissaire aux comptes à l'issue du contrôle un


devoir d'information et un devoir de dénonciation.
La mission d'information consiste à porter à la connaissance des dirigeants sociaux et
des actionnaires ou de la COBAC des faits découverts au cours de ces investigations.
Il est tenu de dresser un rapport qu'il adresse au conseil d'administration ou à
l'administrateur général faisant état des investigations auxquelles il a procédé et des
irrégularités qu'il a découvertes. De même est-il tenu de signaler à la plus prochaine
assemblée générale, les irrégularités et inexactitudes relevées au cours de sa mission.
Le commissaire aux comptes a également le devoir de déclencher une procédure
d'alerte dès qu'il a connaissance dans l'exercice de sa mission des faits de nature à
compromettre la continuité de l'exploitation. Il doit adresser une demande
d'explications aux dirigeants et si le vice persiste, faire convoquer l'assemblée des
actionnaires pour les en informer. En cas de résistance des dirigeants, il peut lui-même
convoquer cette assemblée pour porter l'information à leur attention.
La mission de dénonciation consiste à porter à la connaissance du ministère public
les faits délictueux découverts lors du contrôle. L'Acte uniforme précise que la
responsabilité du commissaire aux comptes ne peut être engagée par cette révélation,
dans le cas notamment où les faits dénoncés ne sont pas punissables.

130
TITRE III : LE TRAITEMENT DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
EN DIFFICULTE

Les règles relatives au traitement des établissements de crédit en difficulté sont


fixées par le Règlement n° 02/14/CEMAC/UMAC/COBAC/C du 25 avril 2014 relatif
au traitement des établissements de crédit en difficulté dans la CEMAC qui a pour
objet de fixer le régime applicable aux établissements de crédit en difficulté dans
l’exercice de leur activité bancaire à travers des dispositions relatives à
l’assainissement de leur situation et la liquidation de leur patrimoine.
Aux termes de l’article 4 du Règlement du 25 avril 2014, un établissement de crédit est
considéré en difficulté lorsque la COBAC constate des dysfonctionnements majeurs de
toute nature ayant un impact immédiat ou prévisible sur sa gestion et/ou sa situation
financière. Il s’agit notamment des cas où :
- l’établissement de crédit présente de sérieuses carences dans le respect de la
réglementation qui lui est applicable ;
- la gestion ou la situation financière de l’établissement de crédit n’offrent pas de
garanties suffisantes sur le plan de la solvabilité, de la liquidité ou de la rentabilité et,
de façon plus générale, sont de nature à compromettre la bonne fin de ses
engagements ;
- les structures de gestion de l’établissement de crédit, son organisation administrative
ou comptable ou son contrôle interne présentent des lacunes graves.
Suivant le type de difficulté que connaît un établissement de crédit, on peut
faire recours soit aux mesures d’assainissement (Chapitre I), soit aux procédures
collectives d’apurement du passif (Chapitre II).

131
CHAPITRE 1 : LES MESURES D’ASSAINISSEMENT

L’assainissement de la situation d’un établissement de crédit en difficulté a pour objet


de préserver ou rétablir les conditions normales d’exploitation à travers la mise en
œuvre des mesures préventives (Section I), des mesures disciplinaires (Section II) et
des mesures de restructuration (Section III) qui sont toutes prévues par le Règlement
du 25 avril 2014.

Section I - Les mesures préventives

Les mesures préventives sont au nombre de six.

§1 – La recommandation

Elle est prévue par l’article 7 du Règlement qui dispose que le Secrétaire Général ou le
Secrétaire Général Adjoint de la COBAC peut adresser à un établissement de crédit
une recommandation à l’effet notamment de :
- rétablir ou renforcer sa situation financière ;
- améliorer ses méthodes de gestion ;
- assurer l’adéquation de son organisation à ses activités, à ses risques ou à ses
objectifs de développement.
Le Secrétaire Général ou le Secrétaire Général Adjoint de la COBAC fixe le délai dans
lequel l’établissement de crédit est tenu de répondre.
§2 – La mise en garde

Elle est prévue par les articles 8 et 9 du Règlement du 25 avril 2014.


En cas de manquement d’un établissement de crédit aux règles de bonne conduite de la
profession ou si un établissement de crédit n’a pas répondu à une recommandation, la
COBAC ou son Président peut, après avoir mis en demeure ses dirigeants sociaux de
s’expliquer, leur adresser une mise en garde. La décision de mise en garde est notifiée
aux personnes intéressées et à l’Autorité monétaire concernée, avec ampliation à la
Direction Nationale de la BEAC.

132
§3 – L’injonction

Elle prévue par les articles 10 à 12 du Règlement du 25 avril 2014.

Lorsque la situation d’un établissement de crédit le justifie, la COBAC peut lui


adresser une injonction à l’effet notamment de prendre toutes les mesures destinées à :

- rétablir ou renforcer sa situation financière y compris par la prescription de normes


prudentielles plus restrictives et la cession de tout ou partie des actions détenues à titre
de participation ;

- améliorer ses méthodes de gestion ;

- assurer l’adéquation de son organisation à ses activités, à ses risques ou à ses


objectifs de développement.

La COBAC peut en particulier enjoindre à l’établissement de crédit de porter le


montant de ses fonds propres à un niveau en relation avec la spécificité de ses risques
et exiger qu’il applique à ses actifs une politique appropriée de traitement ou de
provisionnement, au regard des exigences en fonds propres. Elle peut aussi lui
enjoindre de restreindre ou de limiter à titre temporaire son activité.

La COBAC peut enjoindre à l’établissement de crédit de soumettre à son appréciation


un plan de redressement pour la mise en œuvre effective de ces mesures. Elle fixe le
délai dans lequel l’établissement de crédit est tenu de répondre aux termes de
l’injonction. La décision d’injonction est notifiée à l’établissement de crédit, à
l’autorité monétaire concernée avec ampliation à la Direction Nationale de la BEAC.

L’établissement de crédit qui n’aura pas satisfait dans le délai imparti à l’injonction
encourt des astreintes dont les modalités de calcul sont fixées par règlement COBAC
du 25 avril 2014.

§4 – La contribution des actionnaires

Aux termes de l’article 13 du règlement du 25 avril 2014, lorsque la gravité de la


situation d’un établissement de crédit le justifie, ses actionnaires sont admis à
présenter à la COBAC les solutions appropriées tel que l’apport financier nécessaire à

133
son assainissement, en particulier à travers l’augmentation du capital social ou tout
autre concours, ainsi que le calendrier de mise en œuvre de ces solutions.

La présentation des solutions appropriées à la COBAC est faite sur invitation du


Président de la COBAC ou sur l’initiative des actionnaires.

§5 – La solidarité de place

Aux termes de l’article 14, lorsque la gravité de la situation d’un établissement de


crédit le justifie, le Président de la COBAC peut demander à l’APEC dont
l’établissement de crédit est adhérent de soumettre à la COBAC les conditions dans
lesquelles ses autres adhérents pourraient concourir à son assainissement.

§6 – L’intervention de la BEAC

Aux termes de l’article 15, lorsque la gravité de la situation d’un établissement de


crédit le justifie, la COBAC échange avec la BEAC toutes informations nécessaires à
la mise en œuvre de mesures circonstanciées, en conformité avec les statuts de la
BEAC, pour l’assainissement dudit établissement.

Section II – Les mesures disciplinaires

Elles sont prévues par les articles 16 et suivants du Règlement du 25 avril 2014.

La procédure disciplinaire ouverte par la COBAC a pour objet de sanctionner les


manquements imputables aux personnes physiques et morales assujetties aux
dispositions de la Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale dans l’exercice par
l’établissement de crédit de son activité bancaire.

Aux termes de l’article 17 du Règlement du 25 avril 2014, si un établissement de


crédit n’a pas tenu compte d’une mise en garde, n’a pas déféré à une injonction, n’a
pas respecté les conditions posées ou les engagements pris à l’occasion d’une demande
d’agrément ou d’autorisation préalable, ou a enfreint gravement la réglementation qui
lui est applicable, la Commission Bancaire peut ouvrir une procédure disciplinaire et

134
prononcer une ou plusieurs des sanctions disciplinaires suivantes prévues par l’article
19 du Règlement du 25 avril 2014 :

- l’avertissement ;

- le blâme ;

- la suspension temporaire ou l’interdiction d’effectuer tout ou partie de certaines


opérations ou toutes autres limitations dans l’exercice des activités de l’établissement
de crédit ;

- l’interdiction temporaire ou définitive de disposer de tout ou partie des actifs de


l’établissement de crédit ;

- l’interdiction ou la limitation de la distribution d’un dividende aux actionnaires ;

- la révocation ou le retrait d’agrément disciplinaire du ou des commissaires aux


comptes ;

- la suspension, la démission d’office ou le retrait d’agrément disciplinaire des


dirigeants ;

- la démission d’office du ou des membres du conseil d’administration ;

- le retrait d’agrément disciplinaire de l’établissement de crédit.

La décision de sanction disciplinaire est notifiée à l’établissement de crédit et à


l’Autorité monétaire, avec ampliation à la FAPEC (Fédération des Associations
Professionnelles des Etablissements de Crédit), à l’APEC (L’Association
Professionnelle des Etablissements de Crédit) et à la Direction Nationale de la BEAC.

La décision qui prononce la révocation, la démission d’office ou le retrait d’agrément


disciplinaire des commissaires aux comptes, des dirigeants de droit ou de fait ou des
membres du conseil d’administration emporte de plein droit l’interdiction pour ces
personnes :

- de contrôler les opérations des établissements de crédit ;

135
- d’exercer des fonctions au sein de la direction générale ou du conseil
d’administration des établissements de crédit.

L’interdiction d’exercice opère sur l’ensemble du territoire des Etats membres de la


CEMAC.

La COBAC fixe la durée de l’interdiction d’exercice qui ne peut être inférieure à cinq
(5) ans et supérieure à dix ans à compter de la date de notification de la décision à
l’établissement de crédit concerné. L’interdiction d’exercice cesse de plein droit au
terme fixé, sans qu’il y ait lieu pour la COBAC de prendre une décision.

Les sanctions disciplinaires ne peuvent être prononcées qu’après que les responsables
de l’établissement en cause, qui peuvent requérir l’assistance d’un représentant de leur
Association Professionnelle ou de toute autre personne de leur choix, aient été invités à
formuler leurs observations soit par écrit, soit oralement en séance plénière.

Section III – Les mesures de restructuration

Aux termes de l’article 26 du Règlement du 25 avril 2014, la restructuration d’un


établissement de crédit est l’ensemble des opérations visant un ou plusieurs des
objectifs suivants :

- le rétablissement d’une gestion conforme à la réglementation, lorsque les dirigeants


sociaux ne sont plus en mesure d’exercer normalement leurs fonctions ou ne les
exercent plus en vertu notamment d’une sanction disciplinaire de suspension, de
démission d’office ou de retrait d’agrément ;

- le rétablissement d’une administration conforme à la réglementation, lorsqu’il y a


carence ou paralysie dans le fonctionnement normal des organes sociaux ;

- le rétablissement des équilibres financiers fondamentaux et la mise en œuvre des


règles et des procédures internes nécessaires au fonctionnement normal de
l’établissement de crédit.

Ces opérations, qui peuvent être de nature et de forme diverses, relèvent de


l’administration provisoire (§1) et/ou de la restructuration spéciale (§2)

136
§1 – L’administration provisoire

Elle est régie par les articles 27 et suivants du Règlement du 25 avril 2014.

L’administration provisoire est définie comme une procédure applicable aux


établissements de crédit qui rencontrent des difficultés telles qu’il apparait nécessaire,
pour le retour à des conditions normales d’exploitation, de procéder de manière
provisoire à la substitution du conseil d’administration et de la direction générale par
un dirigeant ad hoc. L’administration provisoire peut en outre être appliquée dans un
but conservatoire en cas de retrait d’agrément prudentiel.

A – L’ouverture de l’administration provisoire

La COBAC prononce la mise sous administration provisoire sur saisine propre ou à


l’initiative des dirigeants sociaux ou de l’Autorité monétaire et nomme un dirigeant ad
hoc en qualité d’administrateur provisoire. A cet effet, le Secrétaire Général ou le
Secrétaire Général Adjoint de la COBAC propose à la COBAC un panel comportant
au minimum trois (3) dossiers de candidatures.

En cas d’urgence, le Président de la COBAC procède à la nomination de


l’administrateur provisoire, sous réserve de ratification par la COBAC lors de sa
prochaine session.

L’administrateur provisoire est désigné par la COBAC sur une liste dressée par
l’Autorité Monétaire Nationale ou, à défaut, à sa propre initiative.

La décision de nomination d’un administrateur provisoire est notifiée à l’établissement


de crédit, à l’Autorité monétaire avec ampliation à la FAPEC, à l’APEC concernée et à
la Direction Nationale de la BEAC.

B – Les pouvoirs de l’administrateur provisoire

Les pouvoirs de l’administrateur provisoire sont très étendus. En effet, dès notification
de la décision le nommant, les pouvoirs du conseil d’administration et de la
direction générale prennent fin, et tous les pouvoirs d’administration, de direction et
de représentation de la personne morale sont transférés à l’administrateur provisoire.

137
Ce dernier les exerce dans la limite de l’objet social et sous réserve de ceux
expressément attribués aux assemblées générales des actionnaires. Il a seul qualité
pour présenter le projet de plan de redressement de l’établissement de crédit à la
COBAC (art. 33 du Règlement).

Il est tenu au respect des obligations légales et conventionnelles incombant au


représentant légal de l’établissement de crédit (art. 33 al. 4 du Règlement).

C – Les missions de l’administrateur provisoire

Les missions de l’administrateur provisoire sont fixées dans la décision le nommant.


Ces missions sont cependant encadrés par les articles 35 et suivants du Règlement. En
vertu de ces articles, l’administrateur provisoire ne représente pas la COBAC. Il assure
l’administration et la gestion de l’établissement de crédit d’une manière honnête,
loyale et professionnelle. Il prend les mesures conservatoires et accomplit les actes de
gestion courante entrant dans l’activité habituelle de l’établissement de crédit,
conformément aux usages de la profession.

Il convoque les assemblées générales des actionnaires et les préside. Il ne peut poser
des actes de disposition qu’avec l’autorisation de l’assemblée générale des
actionnaires, sauf en cas de restructuration spéciale.

L’administrateur provisoire rend compte de l’exécution de sa mission à la COBAC à


travers des rapports écrits, selon une périodicité définie dans la décision le désignant.

La décision nommant l’administrateur provisoire circonscrit le délai d’exécution de ses


missions dans une durée maximale d’un an. Toutefois, cette durée maximale peut être
prorogée, le cas échéant, pour une période supplémentaire ne pouvant excéder six mois
ou pour une période supplémentaire arrêtée dans le cadre de la restructuration spéciale.
En cas d’urgence, le Président de la COBAC procède à la prorogation de cette durée
sous réserve de ratification par la COBAC lors de sa prochaine session.

D – La rémunération de l’administrateur provisoire

Elle est encadrée par les articles 39 et suivants du Règlement. La décision nommant
l’administrateur provisoire fixe sa rémunération et les éventuels avantages en nature.
138
E – La responsabilité de l’administrateur provisoire

L’administrateur provisoire est seul responsable de l’exécution des missions fixées


dans la décision le nommant (art. 42 du Règlement).

F – La fin de l’administration provisoire

L’administration provisoire peut se solder par un succès ou par un échec.

1 – La levée de l’administration provisoire

La COBAC prononce la levée de l’administration provisoire lorsque les conditions


normales d’exploitation de l’établissement de crédit sont rétablies notamment avec la
restructuration de la solvabilité et la mise en place de tous les organes sociaux (art. 51
du Règlement).

2 – L’impossibilité de rétablir les conditions normales d’exploitation

Cette hypothèse est prévue par les articles 52 et suivants du Règlement.

L’administrateur provisoire dresse un rapport de sa mission concluant à l’impossibilité


de rétablir les conditions normales d’exploitation de l’établissement de crédit à défaut :

- de réunion de l’assemblée générale extraordinaire appelée à se prononcer sur la


poursuite de l’activité de l’établissement de crédit ;

- de délibération régulière de l’assemblée générale extraordinaire sur sa dernière


convocation ;

- de projet de plan de restructuration adopté par l’assemblée générale extraordinaire


des actionnaires et jugé crédible par la COBAC.

L’administrateur provisoire transmet son rapport à la COBAC qui informe sans délai
l’Autorité monétaire.

La COBAC prononce le retrait d’agrément prudentiel lorsque l’administration


provisoire débouche sur l’impossibilité de rétablir les conditions normales
d’exploitation et nomme un liquidateur. La décision de retrait d’agrément prudentiel

139
est notifiée à l’établissement de crédit concerné par lettre recommandée avec accusé de
réception ou par lettre portée contre décharge avec ampliation à l’Autorité monétaire, à
la FAPEC et à l’APEC et la Direction Nationale de la BEAC.

Les effets particuliers du retrait d’agrément prudentiel sont prévus par les articles 78 et
suivants du règlement.

§2 - La restructuration spéciale

Elle est régie par les articles 56 et suivants du Règlement du 25 avril 2014.

La procédure de restructuration spéciale est réservée aux établissements de crédit


d’importance systémique et qui rencontrent des difficultés telles qu’il apparaît
nécessaire, pour le retour à des conditions normales d’exploitation, d’imposer la mise
en œuvre d’un plan de restructuration affectant les droits préexistants des actionnaires,
afin de permettre la poursuite de l’activité, la préservation de l’intérêt public y compris
celui des déposants et la stabilité du système bancaire et financier de la CEMAC.

Les établissements de crédit d’importance systémique sont identifiés sur la base


notamment des indicateurs de taille, d’interdépendance de leur activité, de l’absence de
substituts directs ou d’infrastructure financière pour leurs prestations de services, de
leur activité à l’échelle sous régionale, régionale ou mondiale et de leur complexité.

Les critères d’identification des établissements de crédit d’importance systémique sont


précisés par le Règlement COBAC R-2018/03 du 16 janvier 2018 relatif à
l’identification et à la surveillance des établissements d’importance systémique dans la
CEMAC.

Le Règlement du 25 avril 2014 traite des points suivants :

- l’ouverture de la restructuration spéciale (articles 57 à 63) ;

- les modalités de la restructuration spéciale (articles 64 à 68) ;

- la clôture de la restructuration spéciale (articles 69 à 73).

140
CHAPITRE II : LES PROCEDURES D’APUREMENT DU PASSIF

Aux termes de l’article 85 du Règlement du 25 avril 2014, les dispositions de droit


commun instituées par l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif (AUPC) relatives au règlement préventif, au redressement
judiciaire et à la liquidation des biens, sont applicables aux établissements de crédit
tant qu’il n’y est pas dérogé par les dispositions spéciales prévues par ledit
Règlement.

Les établissements de crédit sont en état de cessation des paiements lorsqu’ils ne sont
pas en mesure d’assurer leurs paiements, immédiatement ou dans un délai de trente
(30) jours. Tout retrait d’agrément d’un établissement de crédit vaut également
cessation des paiements (art. 86 du Règlement).

Section I – Le règlement préventif et le redressement judiciaire

Le représentant légal d’un établissement de crédit qui envisage de déposer une requête
tendant à l’ouverture de la procédure de règlement préventif doit obtenir l’autorisation
préalable de la COBAC, avant toute saisine de la juridiction compétente.

A compter de la réception de la demande du représentant légal d’un établissement de


crédit, la COBAC dispose de deux mois pour statuer , et si le dossier est incomplet, à
compter de la transmission des renseignements nécessaires à la prise de décision.
L’absence de décision de la COBAC à l’expiration du délai prescrit vaut autorisation
préalable.

La procédure de redressement judiciaire visant un établissement de crédit est ouverte,


sous réserve de l’avis conforme de la COBAC, par la juridiction compétente saisie par
voie de requête. La COBAC est saisie pour avis conforme par une demande écrite du
Président de la juridiction compétente exposant la situation financière de
l’établissement de crédit et comportant les documents prévus aux articles 26 et 27 de
l’AUPC.

141
La COBAC dispose d’un délai de deux mois pour statuer, à compter de la réception de
la demande. La décision de la COBAC est notifiée au Président de la juridiction
compétente et à l’Autorité monétaire. L’absence de décision de la COBAC à
l’expiration du délai prescrit vaut avis conforme.

Aucune procédure de règlement préventif ou de redressement judiciaire ne peut être


ouverte à l’égard d’un établissement de crédit placé sous le régime de l’administration
provisoire ou celui de la restructuration spéciale.

Section II – La liquidation des biens

Les articles 93 et suivants du règlement du 25 avril 2014 instituent une procédure de


liquidation des biens dérogatoires au droit commun spécifique à l’activité bancaire
destinée à préserver la confiance dans le secteur bancaire et financier dans son
ensemble et à assurer des déposants. Cette procédure est applicable aux
établissements de crédit et aux entreprises qui, en violation des dispositions
légales en vigueur, exercent l’activité bancaire en l’absence d’agrément de
l’Autorité monétaire nationale. L’ouverture de la procédure de liquidation des biens
d’un établissement de crédit ne peut résulter que d’une décision de retrait de son
agrément. A cet effet, la juridiction compétente est tenue d’aviser la COBAC des
actions engagées aux fins d’ouverture de ladite procédure.

§1 – Le patrimoine de l’établissement de crédit

La liquidation des biens d’un établissement de crédit porte sur deux compartiments
distincts : le compartiment bancaire et le compartiment non-bancaire.

Le compartiment bancaire comprend les éléments d’actifs et de passif générés par


l’activité bancaire de l’établissement de crédit. Il inclut, le cas échéant, les éléments
d’actifs et de passif afférents à l’activité connexe de l’établissement de crédit. Le
compartiment bancaire exclut toutes les dettes, obligations et engagements non
générés par l’activité bancaire ainsi que tous les biens affectés à l’exploitation de
l’établissement de crédit.

142
Le compartiment non-bancaire comprend l’ensemble des éléments de l’actif et du
passif de l’établissement de crédit n’appartenant pas au compartiment bancaire.

La composition de chacun des compartiments est fixée par le Règlement COBAC R-


2018/05 du 16 janvier 2018 portant fixation de la composition des compartiments
bancaire et non-bancaire du patrimoine des établissements de crédit et microfinance en
liquidation.

Par dérogation au principe de l’unité du patrimoine du débiteur, selon lequel


l’ensemble de ses biens formes le gage commun de créances, il est admis pour
l’application du règlement du 25 avril 2014 que les actifs d’un compartiment
déterminé ne répondent que des dettes, engagements et obligations et ne bénéficient
que des créances qui concernent ce compartiment.

Chaque compartiment donne lieu à une gestion séparée qui fait l’objet, au sein de la
comptabilité de l’établissement, d’une comptabilité distincte.

Si la liquidation des actifs du compartiment non-bancaire permet de payer toutes les


créances admises dans ledit compartiment à l’exception des emprunts et dettes
subordonnées et des dettes à l’égard des actionnaires, le liquidateur bancaire transfère
sans délai le surplus d’actifs dans le compartiment bancaire.

§2 – Le liquidateur bancaire

A – La nomination du liquidateur bancaire

Le liquidateur bancaire peut être nommé par la COBAC auprès des établissements de
crédit qui ont fait l’objet d’un retrait d’agrément et des entreprises qui exercent sans
agrément l’activité bancaire. Il peut être une personne physique ou morale. Dans ce
dernier cas, la personne morale désigne en son sein la personne physique pour la
représenter dans l’accomplissement de la mission qui lui est confiée.

B – Les pouvoirs du liquidateur bancaire

Dès la notification de la décision nommant le liquidateur bancaire aux dirigeants


sociaux et à l’Autorité monétaire avec ampliation à la Direction nationale de la BEAC,

143
les pouvoirs du conseil d’administration et de la direction générale prennent fin. Tous
les pouvoirs d’administration, de direction et de représentation de la personne morale
sont transférés au liquidateur bancaire qui engage la personne morale pour tous les
actes de la liquidation des biens.

Les actes, droits et actions de la personne morale concernant son patrimoine sont
accomplis ou exercés, pendant toute la durée de la liquidation des biens, par le
liquidateur bancaire, lequel est investi des pouvoirs les plus étendus pour réaliser
l’actif.

En contrepartie des pouvoirs qui lui sont reconnus, le liquidateur bancaire est seul
responsable de l’exécution des missions fixées dans la décision le nommant.

C – La durée et la fin de la mission du liquidateur bancaire et sa responsabilité

Le liquidateur bancaire est nommé pour une durée maximale d’un an renouvelable. La
période de liquidation bancaire ne devra pas excéder trois ans.

Les fonctions de liquidateur bancaire prennent fin notamment par le terme de sa


mission, le non-renouvellement de son mandat ou par révocation.

§3 – L’ouverture de la procédure de liquidation des biens

Le liquidateur fait, au plus tard un mois après sa prise de fonction, une déclaration de
cessation des paiements de l’établissement de crédit auprès de la juridiction
compétente aux fins d’obtenir l’ouverture d’office de la procédure de liquidation des
biens et l’homologation d’office de sa nomination. Il adresse à la COBAC copie de
cette déclaration avec les pièces afférentes.

La liquidation des biens d’un établissement de crédit est placée sous la responsabilité
exclusive du liquidateur bancaire qui procède à la liquidation des deux compartiments
ainsi qu’aux licenciements.

La liquidation du compartiment bancaire, ou liquidation bancaire, obéit aux


règles fixées par le Règlement du 25 avril 2014 et est soumise au contrôle de la
COBAC.

144
La liquidation du compartiment non-bancaire, ou liquidation judiciaire, de même
que les licenciements sont régis par les règles de droit commun fixées par l’AUPC
et placés sous la surveillance du juge commissaire.

La juridiction compétente fixe la date de la cessation des paiements. A défaut, elle


est réputée être intervenue à la date de la décision de retrait d’agrément de
l’établissement de crédit.

Le liquidateur bancaire entre en fonction dès notification de la décision de retrait


d’agrément de l’établissement de crédit et doit, sans délai entamer les opérations de
liquidation du compartiment bancaire. La décision de la juridiction compétente ouvre
les opérations de liquidation du comportement non-bancaire et les licenciements.

§4 – Les actes communs aux deux compartiments

Le liquidateur bancaire est tenu de n’effectuer que des opérations strictement


nécessaires à l’apurement de la situation de l’établissement. Il procède à l’inventaire
des actifs, à la vérification des créances, l’apurement des opérations en cours, la
conservation, la récupération et la réalisation des actifs et le recouvrement des
créances.

Il est tenu de requérir, ou selon le cas, de faire lui-même, tous les actes nécessaires à
la conservation des droits de la personne morale contre ses débiteurs et à la
préservation des actifs et, le cas échéant, à la continuité de l’activité pendant la
période de liquidation des biens.

Le liquidateur bancaire porte à la connaissance du public le retrait d’agrément de


l’établissement de crédit puis la mise en liquidation des biens de l’établissement par
l’insertion de la décision le nommant et du jugement d’ouverture de la procédure dans
un journal habilité à recevoir les annonces légales et par diffusion de ces informations
par voie de presse locale et sous régionale ou par tout autre support de communication.

145
§5 – Les actes spécifiques à la liquidation bancaire

La COBAC est habilitée à exiger que soit soumis à son autorisation préalable certains
actes de dispositions du liquidateur bancaire et la faculté de passer des compromis ou
de transiger prévus dans le cadre de la mission du liquidateur bancaire.

Le liquidateur bancaire rend compte de sa mission et du déroulement de la liquidation


bancaire à la COBAC selon une périodicité définie dans la décision le nommant.

Les déposants sont dispensés de la déclaration prévue à l’article 78 de l’AUPC du


10 septembre 2015, pour leurs créances entrant pour tout ou partie dans le
champ d’intervention du FOGADAC (Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique
Centrale). Ce dernier transmet au liquidateur bancaire le détail par déposant des
créances indemnisées par lui et celles qui ne l’ont pas été.

Le liquidateur bancaire procède à l’indemnisation des déposants pour la partie de leurs


dépôts non couverte par le FOGADAC.

Les deniers provenant de la réalisation des actifs du compartiment bancaire, majorés le


cas échéant des deniers provenant du surplus d’actifs du compartiment non-bancaire
sont distribués dans l’ordre qui suit :

- aux créanciers des frais de justice engagés pour la réalisation de l’actif du patrimoine
bancaire ou le recouvrement de la créance bancaire ;

- aux créanciers de salaires super-privilégiés ;

- au FOGADAC, aux déposants ;

- aux créanciers non-déposants ;

- aux créanciers porteurs de prêts ou de créances subordonnés ;

- aux actionnaires.

§6 – La clôture de la liquidation bancaire

146
La clôture de la liquidation bancaire peut intervenir à tout moment lorsque :

- il n’existe plus de passif du compartiment bancaire exigible ;

- la poursuite des opérations de liquidation bancaire est rendue impossible en raison


de l’insuffisance de l’actif du compartiment bancaire ;

- la continuation des opérations ne peut être poursuivie en raison, notamment, de la


gravité de la situation.

Préalablement à la clôture de la liquidation bancaire, le liquidateur bancaire dresse un


bilan de la liquidation bancaire annexé à son rapport définitif transmis à la COBAC,
avec copie au juge commissaire. L’approbation des comptes de la liquidation bancaire
donne décharge au liquidateur bancaire pour la gestion du compartiment bancaire.

A la suite du rapport définitif, la COBAC, ou en cas d’urgence son Président, décide


de la clôture des opérations de la liquidation bancaire. Le liquidateur bancaire procède
au dépôt de la décision auprès de la juridiction compétente. La liquidation du
compartiment non-bancaire se poursuit le cas échéant.

Si la clôture de la liquidation bancaire est décidée pour insuffisance d’actifs bancaires


et s’il apparaît que des actifs bancaires ont été dissimulés ou des cas de fraude établie,
la procédure de la liquidation bancaire pourra être reprise par décision spéciale
motivée de la juridiction compétente.

147
148

Vous aimerez peut-être aussi