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Chapitre I

Les procédures de prévention des difficultés

La procédure de prévention interne

L’article 547 du code de commerce énonce que lorsque le chef de l’entreprise ne procède pas
de son propre chef, au redressement des faits de nature à compromettre l’exploitation, le
commissaire aux comptes, s’il en existe, ou tout associé dans la société informe le chef de l’entreprise
des faits ou des difficultés de nature à compromettre la continuité de l’exploitation, notamment ceux
de nature juridique, économique, financière ou sociale et ce, dans un délai de 8 jours de leur
découverte par lettre recommandée avec accusé de réception, l’invitant à redresser la situation.
I- Les personnes habilitées à déclencher la procédure
L’article 547 habilite deux personnes à déclencher la procédure de prévention interne ; il s’agit
notamment du commissaire aux comptes et des associés. Leur rôle comme déclencheur n’est mis en
œuvre que si le chef de l’entreprise ne procède pas à la correction des problèmes.
1- Le commissaire aux comptes : La procédure de prévention interne peut être
déclenchée par le commissaire aux comptes en tant qu’organe de contrôle, et notamment
dans les sociétés où un tel organe est obligatoire. Il s’agit notamment de la société anonyme
et la société en commandite par actions, ainsi que dans la SARL dont le chiffre d’affaires
dépasse 50 millions de dirhams.
2- Tout associé(s) : Tout associé, seul ou accompagné des autres associés, peut
prévenir le chef de l’entreprise de faits qu’il pense compromettants. Et ce, peu importe qu’il
soit un associé minoritaire où majoritaire.
II- Le déroulement de la procédure de prévention interne
1- La découverte de faits ou de difficultés pouvant compromettre la continuité
de l’exploitation : Il peut s’agir de faits qui peuvent être repérés par le chef de l’entreprise,
par le CAC ou par les associés. Ces faits peuvent être de nature économique, juridique, sociale
ou financière…
Cependant, peu importe la sévérité desdits faits, ils ne peuvent être de nature à causer
la cessation des paiements ; auquel cas il devrait être fait recours aux procédures de
traitement des difficultés, et non aux procédures de prévention.
2- La notification des faits au chef de l’entreprise
Le commissaire aux comptes ou associé(s) ayant découvert les faits compromettant est
tenu d’en aviser le chef de l’entreprise par lettre recommandée avec accusé de réception et
ce, dans les 8 jours qui suivent leur découverte.
Le chef de l’entreprise est par la suite tenu d’agir afin de redresser la situation de
l’entreprise dans les 15 jours de la réception. A défaut de résultat favorable, le chef de
l’entreprise doit faire délibérer l’assemblée générale dans les 15 jours suivants, sur rapport du
CAC s’il en existe un.

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3- La notification du président du tribunal de commerce : Si l’assemblée générale
ne délibère pas, ou si même après délibération elle ne parvient pas à résoudre les problèmes ;
le président du tribunal doit être informé par le CAC, par le chef de l’entreprise ou par un
associé. Art. 548/C.Com
C’est cette étape-là qui marque la fin de la prévention interne, et le début de la
procédure de prévention externe.

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La procédure de prévention externe

La procédure de prévention externe se caractérise par l’intervention d’organes externe à la


société. Elle demeure tout de même une procédure non judiciaire surtout en l’absence de tout litige
au fond. Et finalement, c’est une procédure facultative, puisque son ouverture dépend de la volonté
du président du tribunal.
I- Le déclenchement de la procédure de prévention externe
Conformément à l’article 548 du code de commerce, la procédure de prévention externe est
ouverte devant le président du tribunal dans les cas prévus à l’article 547 ; ou d’office par ce dernier,
lorsqu’il résulte de tout acte, document ou procédure, qu’une entreprise sans être en cessation de
paiement, connait des difficultés juridiques, économiques, financières ou sociales ou des besoins ne
pouvant pas être couverts par un financement adapté aux possibilités de l’entreprise.
Le président du tribunal convoque le chef de l’entreprise pour s’expliquer sur la nature des
difficultés et les moyens d’y faire face.
II- La désignation d’une mandataire spécial
L’alinéa 3 de l’article 549 permet au président du tribunal de désigner un mandataire spécial.
Il peut s’agir selon la nature des difficultés d’un avocat, d’un CAC, d’un entrepreneur…
Son rôle est d’aplanir les difficultés de l’entreprise en faisant face aux oppositions des salariés,
des partenaires ou des associés.
Le président du tribunal lui détermine une mission et un délai pour l’accomplir. Le mandataire
spécial doit dresser un rapport en fin de mission. Il peut proposer au président du tribunal la
prorogation du délai de son mandat ou son remplacement.
En cas d’échec du mandataire dans sa mission, il doit adresser sans délai un rapport au
président du tribunal.
III- La procédure de conciliation Art.551 à 559/C.Com
L’alinéa 3 de l’article 549 permet également au président du tribunal de désigner un
conciliateur chargé de rechercher la conclusion d’un accord avec les créanciers.

1- Les conditions de l’ouverture de la procédure de conciliation


- L’entreprise doit éprouver des difficultés ou doit avoir besoin d’un financement
- L’entreprise ne doit pas être en cessation de paiement
- La présentation d’une requête par le chef de l’entreprise au président du
tribunal. Cette requête doit comporter un exposé de la situation financière, économique et
sociale de l’entreprise, les besoins financiers et les moyens d’y faire face.

2- Le déroulement de la procédure de conciliation

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Dès la réception de la requête, le président du tribunal peut soit refuser la demande pour
non-respect de l’une des conditions nécessaires à l’ouverture de la conciliation ; Soit renvoyer
l’affaire au tribunal s’il lui apparait que l’entreprise était en état de cessation de paiement. Et s’il
trouve que la demande est fondée, et que les difficultés peuvent être aplanies grâce à
l’intervention d’un conciliateur, il en désigne un pour une durée ne dépassant pas 3 mois
renouvelable une fois à la demande du conciliateur.
Par ailleurs, le président du tribunal peut charger un expert pour établir un rapport sur la
situation exacte de l’entreprise.
L’accord conclu entre les créanciers et l’entreprise par intervention du conciliateur doit
être établi par écrit signé des partis et déposé au greffe.
Si le conciliateur estime qu'une suspension provisoire des poursuites serait de nature à
faciliter la conclusion de l'accord, il saisit le président du tribunal qui fixe la suspension pour une
durée n'excédant pas le terme de la mission du conciliateur1.
Si l’accord a été conclu entre l’entreprise et tous ses créanciers, il doit être
obligatoirement homologué par le président du tribunal. Toutefois, si l’accord n’a abouti qu’entre
l’entreprise est ses créanciers principaux, l’homologation reste facultative.
Pour les créances non incluses dans l’accord, le président peut accorder des délais de
paiement après avoir avisé les créanciers concernés. Art. 556/C.Com.
Les créanciers signataires peuvent consentir un nouvel apport en trésorerie de l'entreprise
ou fournir un bien en vue d'assurer la poursuite de son activité. Ils seront payés, pour le montant
de cet apport, par priorité avant toutes les autres créances.

3- Les effets de l’accord


L’accord abouti ne lie que les parties qui l’ont signé ; à savoir l’entreprise débitrice et les
créanciers signataires.
L’article 559 énonce que l'accord suspend, pendant la durée de son exécution, toute
poursuite individuelle et toute action en justice, tant sur les meubles que sur les immeubles de
l'entreprise débitrice dans le but d'obtenir le paiement des créances qui en font l'objet. Il suspend
les délais impartis aux créanciers à peine de déchéance ou de résolution des droits afférents à
ces créanciers. Les cautions, solidaires ou non, ayant garantis la créance incluse dans l'accord
peuvent se prévaloir de la suspension provisoire des actions et procédures.

1 Cette ordonnance suspend ou interdit toute action en «justice de la part de tous les créanciers dont la créance a son
origine antérieurement à ladite ordonnance et tendant : 1) à la condamnation du débiteur au paiement d'une somme
d'argent ; 2) à la résolution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme d'argent. Elle arrête ou interdit
également toute mesure d'exécution de la part de ces créanciers tant sur les meubles que sur les immeubles. Les délais
impartis à peine de déchéance ou de résolution des droits sont, en conséquence, suspendus. Sauf autorisation du
président du tribunal, l'ordonnance qui prononce la suspension provisoire des poursuites interdit au débiteur, à peine de
nullité, de payer, en tout ou partie, une créance quelconque née antérieurement à cette décision, ou de désintéresser les
cautions qui acquitteraient des créances nées antérieurement, ainsi que de faire un acte de disposition étranger à la
gestion normale de l'entreprise ou de consentir une hypothèque ou nantissement. Cette interdiction de payer ne
s'applique pas aux créances résultant du contrat de travail.

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4- Résolution de l’accord
Le dernier alinéa de l’article 559 énonce qu’en cas d'inexécution des engagements
résultant de l'accord, le président du tribunal constate par ordonnance non susceptible d'aucun
recours la résolution de l'accord ainsi que la déchéance de tout délai de paiement accordé. Il
renvoie l'affaire devant le tribunal aux fins d'ouverture de la procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire.

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Chapitre II
La procédure de Sauvegarde
L’article 560 C.Com dispose que la procédure de Sauvegarde vise à permettre à l’entreprise de
faire face à ses difficultés afin d’assurer la continuité de son activité, la protection des emplois et
l’apurement du passif.
Ainsi, on observe que les objectifs de la procédure de Sauvegarde sont les mêmes que ceux de
la procédure de redressement. La principale distinction demeure quant à la situation de l’entreprise,
qui ne doit pas être en état de cessation des paiements.
Par ailleurs, la procédure de Sauvegarde se distingue par son caractère facultatif, exprimé
dans l’article 561 C.Com.

Conditions et effets de la procédure de Sauvegarde

I- Les conditions d’ouverture de la procédure


1- Condition de fond : L’entreprise ne doit pas être en état de cessation des
paiements.
2- Conditions de forme :
L’article 561 permet au chef de l’entreprise de déposer une demande d’ouverture de la
procédure auprès du greffe du tribunal de commerce compétent. Cette demande demeure
facultative et le chef de l’entreprise n’est nullement obligé d’y procéder.
En outre, la demande doit être accompagnée des documents cités dans l’article 577 C.Com. Il
doit aussi expliquer la nature des difficultés que rencontre l’entreprise, et proposer un projet de
Sauvegarde proposant ainsi des solutions qui lui paraissent envisageables à suivre, conformément à
l’article 562 C.Com. Cette dernière condition étant tellement importante que le législateur considère
nulle toute demande ne comportant pas ledit projet de Sauvegarde.
Par ailleurs, le chef de l’entreprise est tenu de déposer les frais de la procédure auprès de la
caisse du tribunal. Ces frais concernent la publicité de la procédure et son déroulement.
Sur ce point, le législateur permet à tout créancier de procéder au dépôt des frais susvisés,
tout en bénéficiant d’un privilège par rapport aux autres créanciers une fois la procédure est ouverte.
II- Effets de la procédure de Sauvegarde
Une fois les conditions d’ouverture de la procédure de Sauvegarde sont remplies ; le tribunal
analyse la situation de l’entreprise. Il peut ainsi prendre toute mesure lui permettant de construire
une idée sur cette situation, entendre toute personne dont il juge l’audition nécessaire, se faire
communiquer les documents comptables ou même le recours à une expertise comptable.
Le tribunal procède par la suite soit à l’ouverture de la procédure de Sauvegarde si les
conditions sont véritablement remplies, soit à la conversion de la procédure en une procédure de
redressement ou de liquidation selon le cas, ou même le refus de la demande si les conditions
d’aucune procédure ne sont remplies.

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Conformément à l’article 563 C.Com, le tribunal statue dans les 15 jours qui suivent la
demande du chef de l’entreprise après l’audition de ce dernier en chambre du conseil. S’il s’avère au
tribunal que l’entreprise était en état de cessation des paiements, elle détermine sa date et prononce
la conversion en une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Le tribunal procède à la désignation d’un syndic et du juge commissaire, et il détermine la
durée de la procédure sans dépasser 5 ans, et ce conformément à l’article 571 C.Com. Le jugement
est soumis aux mêmes modalités de publicités que celles prévues pour le redressement de
l’entreprise. C’est ainsi qu’une mention du jugement sera faite au niveau du registre de commerce,
une autre publicité est faite par le greffier au niveau du B.O ainsi qu’au registre de la conservation
foncière.
L’article 569 dispose que le syndic procède à la rédaction d’un rapport sur la situation
financière, économique et sociale de l’entreprise, proposant ainsi l’homologation du plan de
Sauvegarde ou sa modification, ou bien le redressement ou la liquidation de l’entreprise.
Par ailleurs, plusieurs effets découlent de l’ouverture de la procédure de Sauvegarde.
Contrairement à la procédure de redressement judiciaire, le syndic ne peut en aucun cas prendre en
charge la gestion de l’entreprise. Le chef de l’entreprise garde tous ses pouvoirs de gestion, mais
demeure soumis au contrôle du syndic quant à la gestion et l’exécution du plan de Sauvegarde.
Art.566/C.Com
En outre, le chef de l’entreprise est tenu de présenter une liste des biens meubles de
l’entreprise et les sûretés les grevant, y compris les droits de l’entreprise sur les tiers, et qui peuvent
être l’objet d’une action en revendication.
Toutes les créances nées après l’ouverture de la procédure doivent être réglées à l’échéance.
A défaut elles bénéficient d’un privilège par rapport à toute autre créance privilégiée ou pas.
Si tout se déroule bien, et que l’entreprise exécute bien le plan de Sauvegarde, le tribunal
prononce la clôture de la procédure. Cependant, l’entreprise pourrait avoir des difficultés à assurer la
bonne exécution du plan.
S’il s’avère que l’entreprise est incapable d’exécuter ses engagements découlant du plan, le
syndic rédige un rapport et le fait parvenir au juge commissaire, qui le redirige à son tour à la
chambre d’audit qui prend tout mesure nécessaire afin de s’assurer que l’entreprise n’est pas
capable de bien exécuter le plan. Elle décide par la suite soit la conversion de la procédure en une
procédure de redressement, auquel cas les créanciers soumis au plan doivent déclarer leurs créances
telles qu’elles étaient pendant le plan, tout en déduisant les sommes dont elles avaient bénéficiées.
Soit l’ouverture d’une procédure de liquidation et les créanciers soumis au plan doivent aussi
déclarer l'intégralité de leurs créances et sûretés déduction faite des sommes perçues.

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Chapitre III
Le traitement des difficultés

Les conditions d'ouverture

En droit marocain, le commerçant, disposant d'un seul patrimoine, une seule procédure peut
être ouverte à son encontre. L’unicité du patrimoine interdit que, vis-à-vis d'un même commerçant,
puissent être ouvertes deux ou plusieurs procédures collectives simultanément, ou successivement
lorsque la première procédure n'est pas encore clôturée, quand bien même il exerçait plusieurs
activités distinctes à travers des fonds de commerce distincts.

I- Cessation de paiement :
La procédure de traitements de difficultés est applicable à tout commerçant en état de
cessation de paiements. Par-là, il convient d'entendre, selon l’expression de l’article 549 du code de
commerce, le fait pour un commerçant de ne pas être en mesure d'honorer à l’échéance ses dettes
exigibles, y compris celles nées de ses engagements conclus dans le cadre de l'accord amiable.
Eléments de définition : Des éléments, liés aussi bien aux dettes du commerçant qu'à sa
capacité de remboursement, peuvent être tirés de cette définition.
Pour ce qui est des dettes :
Seuls sont prises en compte les dettes échues, c'est-à-dire arrivées à leur terme. En France la
cour de cassation avait considéré qu’il ne suffit pas que les dettes soient exigibles, mais aussi exigées,
c’est à dire que les créanciers doivent avoir réclamé le règlement de leurs créances.
Aucune condition relative à la nature des dettes n’est requise, de sorte que, par dettes, il
convient d'entendre aussi bien les dettes commerciales que civiles.
Les dettes ne doivent pas être contestées par le commerçant débiteur. Autrement dit, elles
doivent avoir un caractère certain. Aussi, il a été décidé qu'elle n'est pas en cessation des paiements
l'entreprise qui a réglé toutes ses dettes, auparavant contestées, au sujet desquelles des décisions
judicaires définitives ont été rendues.
Pour ce qui est de la capacité de remboursement :
La capacité du commerçant débiteur de rembourser ses dettes est appréciée par rapport aux
liquidités disponibles (sommes d'argent disponibles dans le compte bancaire) ou immédiatement
mobilisables (facilités de caisses accordées par la banque), ainsi que par rapport aux actifs
immédiatement monnayables (titres d’OPCVM, valeurs négociables sur un marché réglementé : titre
cotés en bourse, bons de trésor...).
A contrario, ne sont pas pris en compte les actifs difficilement réalisables (fonds de
commerce, immeubles...).
Toutefois, de simples difficultés de trésorerie ne sauraient justifier l'ouverture d'une
procédure de redressement judiciaire.

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L'arrêt de règlement des dettes échues est insuffisant et ne peut justifier l’ouverture d'un
redressement judiciaire, tant qu'il n'est pas établi que l'entreprise est devenue dans I’incapacité
formelle de rembourser ses dettes échues et de rééquilibrer sa situation de manière à faire face aux
dites dettes échues par ses actifs monnayables.
Par ailleurs, il convient de distinguer la cessation des paiements pour déficit de trésorerie réel
et sérieux de l'abstention d'exécuter les décisions de justice. Les procédures de traitement des
difficultés de l’entreprise n'ont pas vocation à assurer l'exécution forcée des jugements.
Pour ce qui est du moment de la constatation de la cessation des paiements :
La cessation des paiements doit être en cours au moment de l'intervention du jugement
d'ouverture, quand bien même elle ait été réelle au moment de l’ouverture de l’action en justice. Par
conséquent, la procédure ne peut être ouverte si le débiteur a désintéressé le créancier demandeur
entre la date de l'ouverture du procès et celle du jugement en 1er ressort, voire l’appel.
Enfin, il ne suffit pas qu'un créancier invoque le défaut de paiement de sa créance pour ouvrir
une procédure de redressement judiciaire à l'encontre de l'entreprise débitrice. Le créancier doit
prouver que le défaut de règlement de sa créance est dû à la situation financière compromise de
l’entreprise débitrice.
1- Date de cessation des paiements :
La date de cessation des paiements est fixée par le jugement d'ouverture des procédures de
traitements des difficultés. La date, ainsi fixée, n’est pas définitive, elle peut être reportée en arrière
une ou plusieurs fois à la demande du syndic. La demande de modification de la date doit être
présentée au tribunal avant l'expiration d'un délai de 15 jours suivant le jugement qui arrête le plan
de continuation ou de cession, ou, si la liquidation a été prononcée, suivant le dépôt de l’état des
créances.
Dans tous les cas, la date de cessation des paiements ne peut être antérieure de plus de 18
mois à celle de l’ouverture de la procédure. Généralement les tribunaux optent pour le délai de 18
mois lorsqu'il n'y a aucun élément permettant de fixer la date réelle de la cessation des paiements.
A défaut de détermination de la date de cessation des paiements par le jugement
d'ouverture, elle est réputée être intervenue à la date du jugement.
2- Preuve de l’état de cessation des paiements :
La preuve de l’état de cessation des paiements de l'entreprise débitrice est à la charge du
demandeur de l'ouverture de la procédure. Ainsi, lorsque la demande est faite par le chef de
l’entreprise, sa déclaration doit énoncer les causes de la cessation des paiements et être
obligatoirement accompagnée de documents devant permettre au juge d'apprécier correctement la
situation financière de l'entreprise. Il s'agit :
-Des états de synthèse du dernier exercice comptable ;
-De l'énumération et l'évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers de l'entreprise ;

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- De la liste des créanciers et des débiteurs avec l’indication de leur résidence, le montant de
leurs droits, créances et garanties à la date de cessation des paiements ;
Ces documents doivent être datés, signés et certifiés par le chef de l'entreprise. Dans le cas où
l'un des documents ne peut être fourni ou ne peut l'être qu'incomplètement, la déclaration doit
contenir l’indication des motifs qui empêchent cette production. Le défaut de production de l’un de
ces documents justifie le rejet de la demande d'ouverture des procédures de traitement.
Responsabilité pour mise en œuvre abusive de la procédure :
En cas de rejet de la demande d'ouverture de la procédure de traitement faite par un
créancier de l'entreprise visée, la responsabilité civile (délictuelle) de celui-ci pourrait être mise en
cause pour assignation abusive.

II- Cas particuliers d'ouverture de La procédure :


1- La procédure de traitement des difficultés de l’entreprise peut être ouverte à
l'encontre d'un commerçant qui a mis fin à son activité ou qui est décédé, dans l'année de sa
retraite ou de son décès, si la cessation des paiements est antérieure à ces événements. Art. 579/
C.Com
2- L'extension à un associé solidaire dans une SNC : Art. 580/ C.Com
La procédure de traitement peut être également ouverte à l'encontre d'un associé tenu
solidairement dans une société en nom collectif, dans le délai d'un an à partir de sa retraite, lorsque
l'état de cessation des paiements est antérieur à cette retraite.
3- Extension par confusion de patrimoines :
L'article 585 prévoit l'extension de la procédure « à une ou plusieurs autres entreprises par
suite d'une confusion de leurs patrimoines ». Cet article prévoit que le tribunal compétent est celui
initialement saisi.

III- Initiateur de la demande d'ouverture : Art. 578/ C.Com


L'ouverture de la procédure de traitement des difficultés de l’entreprise peut être décidée :
- Sur demande du chef de l'entreprise, au plus tard dans les 30 jours suivant la cessation
des paiements Art. 576/ C.Com2;
- Sur l’assignation d’un créancier, quelle que soit la nature de sa créance.
- Sur requête du ministère public, notamment en cas d'inexécution par l'entreprise
débitrice des engagements financiers conclus dans le cadre de l'accord amiable. Il convient de
noter que ce cas n'est pas limitatif, le ministère public peut demander l'ouverture de la procédure
pour d'autres raisons ;
- D'office par le tribunal.

2 L’ancienne loi avait déterminé dans son article 561 une durée de 15 jours au lieu de 30.

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Par ailleurs, le commissaire aux comptes même s'il est chargé par la loi d'informer le président
du tribunal de commerce de la situation compromise de l'entreprise, il n'a pas la prérogative d'initier
l’ouverture de la procédure de traitement.
A noter par ailleurs que, seuls le débiteur, le Ministère public ou le créancier poursuivant
(déclencheur de la procédure), peuvent interjeter appel.

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Le jugement d'ouverture

I- Prononcé et publicité du jugement :


1- Auditions préalables au jugement :
Sous peine de nullité du jugement d’ouverture de la procédure ; le tribunal ne statue sur
l'ouverture qu'après avoir entendu ou dûment appelé le chef de l’entreprise, en chambre du conseil,
Et il peut, s'il le juge utile et préalablement au jugement, procéder à l’audition de toute personne
(salarié, CAC...) sans que cette personne ne puisse invoquer le secret professionnel. Art. 582/ C.Com.
2- Contenu du jugement :
Le tribunal statue dans les 15 jours de sa saisine, conformément à l’article 582. Il prononce le
redressement judiciaire, si la situation de l'entreprise n'est pas irrémédiablement compromise ; Et la
liquidation dans le cas contraire.
Pour ce qui est de la compétence du tribunal ; l’article 11 de la loi 53.95 dispose que les
actions sont portées en matière de difficultés d’entreprise devant le tribunal de commerce du lieu du
principal établissement du commerçant ou du siège social de la société.
3- Publicité et notification du jugement : Art. 584/ C.Com.
Le jugement d'ouverture est mentionné sans délai au RC. Dans les 8 jours de la date du
jugement, un avis de la décision (redressement ou liquidation), est publié dans un JAL, et au B.O.
Dans le même délai, ledit jugement est notifié au débiteur par le greffier.
L'avis porte invitation aux créanciers de l’entreprise débitrice, à déclarer leurs créances au
syndic.
Les créanciers titulaires de suretés ayant fait l'objet de publication, ou de crédit-bail publié
sont avertis personnellement. A défaut de notification, ou si celle-ci comportait des erreurs, de
nature à induire en erreur les créanciers sur l’identité de la société débitrice ; l’effet de forclusion ne
jouerait pas contre eux.
4- Les recours contre le jugement d’ouverture de la procédure
Sauf quelques exceptions, Les jugements et ordonnances rendus en matière de procédure de
traitement des difficultés et de liquidation judiciaire sont exécutoires de plein droit. Art.761/C.Com
- L’appel : Art.762/C.Com
- La tierce opposition : Art.763/C.Com
- La cassation : Art.766/C.Com
II- La période suspecte :
Elle s'étend de la date de cessation des paiements, jusqu’au jugement d'ouverture de la
procédure, augmentée d'une période antérieure pour certains contrats.
1- Effets de la période suspecte sur les actes à titre onéreux et les garanties :

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Ils peuvent être annulés par le tribunal, lorsqu'ils auront été faits par le débiteur après la date
de cessation des paiements. Toutefois, si ces actes ont été conclus antérieurement ou
concomitamment à la naissance de la créance garantie, ils ne peuvent être annulés.
De même, ne peut être invalidé le paiement d’une lettre de change, d’un billet à ordre, d'un
chèque ou d'une créance professionnel cédée.
Cependant, le syndic peut, exercer une action en rapport contre le tireur de la lettre de
change ou, dans le cas de tirage pour compte, contre le donneur d’ordre, ainsi que contre le
bénéficiaire d'un chèque, le premier endosseur d’un billet à ordre, ainsi que contre le bénéficiaire
d'une créance professionnelle cédée, s’il est établi qu’ils avaient connaissance de la cessation des
paiements au moment de l’acquisition de l'effet de commerce ou de la cession de la créance. Bien
évidemment, la preuve de la connaissance de l’état de cessation des paiements est à la charge du
syndic.
Il convient de préciser que la loi ne conditionne pas cette annulation par la connaissance, cela
implique que l’annulation puisse être fondée sur le caractère exceptionnel ou injustifié de l’acte,
notamment :
- La vente d’un actif de l’entreprise à un prix dérisoire ;
- Le remboursement anticipé d’une dette non encore échue ;
- La constitution de la garantie après naissance de la créance.
2- Effets de la période suspecte Sur les actes à titre gratuit :
Ils sont nuls d'office s'ils ont été conclus après la date de cessation de paiement. Le tribunal
peut annuler les actes à titre gratuit, conclus dans les 6 mois précédant la date de cessation des
paiements.
3- Initiateur de l’action en nullité :
Seul le syndic a compétence pour exercer l'action en nullité. Celle-ci a pour objet de
reconstituer le patrimoine de l’entreprise. Ainsi garantir l'égalité entre les créanciers.
III-Désignation des organes de la procédure
Le jugement d'ouverture désigne le syndic et le juge commissaire, ce dernier désigne à son
tour les contrôleurs.
Aucun parent jusqu'au 4em degré inclusivement du chef de l’entreprise, ne peut être désigné
comme commissaire, syndic ou contrôleur.

1- Le juge commissaire : Art. 671-672/ C.Com.

Chargé de veiller sur le déroulement rapide de la procédure et à la protection des intérêts en


présence. Il statut par ordonnance, sur les demandes en contestation ou revendications, et les
réclamations faites contre le syndic.

2- Le syndic : Art. 673 et suivants/ C.Com.

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L’ancien article 568 de la loi abrogée disposait qu’il pouvait être désigné syndic, le secrétaire
greffe ou un tiers (expert- comptable). La nouvelle loi a supprimé cette disposition afin de rendre la
fonction du syndic exclusive aux tiers, et en l’occurrence les experts comptables vu leurs
compétences et savoir-faire. L’article 673 dans son dernier alinéa dispose que les aptitudes
nécessaires à l'exercice des missions du syndic et les honoraires qu'il perçoit en contre partie desdites
missions seront déterminés par texte règlementaire.
Sa mission s'étend du jugement d'ouverture le désignant, jusqu'à la clôture de la procédure. Il
a seul qualité pour agir au nom et dans l'intérêt des créanciers, sous réserve des attributions des
contrôleurs et de l’assemblée des créanciers. A cet effet, il :
- Surveille l’exécution du plan de continuation ou de cession.
- Vérifie les créances sous le contrôle du juge commissaire.
- Informe le juge commissaire du déroulement de la procédure et lui communique les
observations qui lui sont adressées par les contrôleurs.
- Prend toute mesure pour informer et consulter les créanciers.
Au niveau de la gestion, le syndic est, soit chargé :
- De surveiller les opérations de gestion.
- D’assister le chef de l'entreprise dans la gestion,
- D’assurer seul entièrement ou en partie la gestion de l'entreprise,
Le syndic peut aussi faire fonctionner les comptes bancaires, ou postaux de l'entreprise dans
l'intérêt de celle-ci.
A tout moment, le tribunal peut modifier la mission du syndic, à sa demande ou d’office. Dans
tous les cas, le syndic est tenu d'honorer les obligations du gérant.
Lorsque le syndic ou le chef de l’entreprise envisagent de constituer une hypothèque ou un
nantissement sur les biens de l'entreprise, il en demande une autorisation du juge commissaire. Cette
autorisation est aussi requise si le syndic ou le chef de l'entreprise souhaitent compromettre ou
transiger.
a- Le remplacement du syndic : Art.677 / C.Com.
Le syndic, peut être remplacé par le tribunal sur demande du ministère public, de l’assemblée
des créanciers le cas échéant, le juge commissaire d’office ou sur réclamation du chef de l’entreprise
ou d’un créancier, ou sur demande du chef de l’entreprise ou du créancier dans le cas où le juge
commissaire ne se prononce pas sur leur réclamation dans un délai de 15 jours.
Ce remplacement peut être motivé par une situation de conflit d'intérêts dans laquelle ils se
trouvaient par des fautes qu'il commettait dans l'exercice de ses fonctions.
Le syndic remplacé est tenu de livrer au nouveau syndic tous les documents de la procédure
et un rapport sur la situation comptable de l’entreprise, et ce dans un délai de 10 jours à compter de
son remplacement. Il est tenu au secret professionnel.
b- La responsabilité civile du Syndic :

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Dans l’ancienne loi, le régime de la responsabilité du syndic dépendait de sa qualité
professionnelle. S'il était un simple privé, c'est le régime du droit commun de la responsabilité civile
délictuelle qui s'appliquait. S’il était un agent de l’Etat, on faisait appel, aux articles 79 et 80, relatifs à
la responsabilité des agents de l'Etat.
Cette question ne se pose plus au niveau de la loi 73.13, puisque les fonctions du syndic ne
peuvent être remplies que par un tiers privé.

3- Les contrôleurs : Art. 678 / C.Com.

Le juge commissaire désigne un à trois contrôleurs, personnes physiques ou morales, sur leur
demande ; un parmi les créanciers titulaires de sûretés et un autre parmi les créanciers
chirographaires.
Dans le cadre d’un redressement judiciaire, ils assistent le syndic dans ses fonctions et le juge
commissaire dans sa mission de surveillance de gestion de l'entreprise.
Dans le cadre de la liquidation, ils ne font que contrôler les opérations de liquidation.
Ils prennent connaissance de tous les documents transmis au syndic, et ils rendent compte
aux autres créanciers de l'accomplissement de leur mission à chaque étape de la procédure.
Ils sont tenus au secret professionnel.
VI- Effets du jugement d’ouverture :
Le jugement prend effet à partir de sa date.
1- Effets sur le patrimoine de l’entreprise débitrice :
Prise de mesures conservatoires Art. 679 à 685/C.Com : Dès son entrée en fonction, le syndic
est tenu de requérir du chef de l’entreprise, ou s’il est habilité à le faire lui- même, tous actes
nécessaires à la conservation des droits de l’entreprise contre les débiteurs.
A cet effet, Il a qualité d’inscrire au nom de l’entreprise toutes sûretés, que le chef de
l’entreprise aurait négligé de prendre ou de renouveler. Il se fait remettre, par le chef d’entreprise,
les documents et livres comptables, en vue de leur examen.
Le juge commissaire peut prescrire au syndic, l’apposition des scellés, sur les biens de
l’entreprise.
Si le syndic souhaite procéder à l'inventaire des biens de l’entreprise, il peut requérir la levée
des scellés.
A compter du jugement d' ouverture, les dirigeants de droit ou de fait, rémunérés ou non, ne
peuvent, à peine de nullité, céder les parts sociales, actions ou certificats d'investissement ou de
droit de vote représentant leurs droits sociaux dans la société qui a fait l' objet du jugement
d'ouverture que dans les conditions fixées par le tribunal.
Rappelons qu’à compter du jugement d'ouverture, les dirigeants de droit ou de fait, ne
peuvent, à peine de nullité, céder leurs parts sociales, actions, certificat d'investissement ou droits de

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vote ; Qui sont virés à un compte spécial bloqué. Aucun mouvement ne peut être effectué sur ce
compte sans l'autorisation du juge commissaire. Cette incessibilité est mentionnée au registre de la
société par le syndic.
Ce dernier délivre auxdits dirigeants, un certificat leur permettant de participer aux
assemblées de la société.
Continuation des contrats en cours :
Selon l’article 588, le syndic a seul la prérogative d’exiger l'exécution des contrats en cours
conclus par l'entreprise débitrice. Toutefois, le contractant désirant résilier son contrat, doit en faire
une mise en demeure, adressée au syndic. Qui est seul habilité à en être destinataire.
Le contrat est résilié de plein droit, si la mise en demeure est restée plus d’un mois sans
réponse. Ce délai cours, à compter de la date d'envoi de la mise en demeure.
Si le syndic à la volonté de continuer le contrat, l'entreprise débitrice doit honorer ses
obligations.
Par ailleurs, si le syndic préfère résilier le contrat. La résiliation a lieu de plein droit, et le
syndic doit l'exprimer expressément, sans besoin de faire constater la résiliation par le juge
commissaire.
Dans tous les cas de continuation, le contractant doit remplir ses obligations malgré le défaut
d'exécution par l'entreprise d’obligations antérieures au jugement d'ouverture. Le défaut d'exécution
de ces engagements n’ouvre droit au profit des créanciers qu'à la déclaration au passif.
Si le syndic n'utilise pas la faculté de continuation, l'inexécution peut donner lieu aux
dommages intérêts, dont le montant sera déclaré au passif.
La particularité du contrat de travail :
Le contrat de travail soulevait sous l’ancienne loi, la question de savoir s'il était soumis ou non
à la règle de la continuation des contrats en cours. En effet, ladite loi avait omis toute mention
concernant les salariés de l’entreprise débitrice. La loi 73.17 vient répondre que problématiques que
soulevait la situation des contrats de travail ; C’est ainsi que l’article 588 exclu expressément les
contrats de travail de l’application des dispositions relatives aux contrats en cours.
La rupture du contrat quant à elle présente une certaine particularité, lorsque le
redressement de de la société nécessite le licenciement d’une partie du personnel de l'entreprise
pour alléger ses charges. Dans cette hypothèse de licenciement économique, sont applicables les
dispositions de la section VI du code de travail relatives aux licenciements pour motifs
technologiques, structurels ou économiques.
2- Effets sur les dirigeants :
A compter du jugement d'ouverture, les dirigeants de droit ou de fait, ne peuvent, à peine de
nullité, céder leurs parts sociales, actions, certificat d'investissement ou droits de vote. Qui sont virés
à un compte spécial bloqué. Aucun mouvement ne peut être effectué sur ce compte sans

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l'autorisation du juge commissaire. Cette incessibilité est mentionnée au registre de la société par le
syndic.
Ce dernier délivre auxdits dirigeants, un certificat leur permettant de participer aux
assemblées de la société.
3- Effets sur les droits des créanciers :
a) L'arrêt des poursuites individuelles ;
b)L'interdiction de payer ;
c) L'arrêt du cours des intérêts ;
d) L'interdiction d'inscriptions ;
e) La priorité des créances nées après le jugement de redressement ;
f)Effet du jugement d'ouverture à l'égard du porteur d’une lettre de change
a) L’arrêt des poursuites individuelles :
Le jugement suspend ou interdit toute action-en justice de la part de tous les créanciers (y
compris les salariés) dont la créance est antérieure audit jugement et tendant à :
- La condamnation de l'entreprise débitrice, au paiement d'une somme d'argent.
- La résolution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme d'argent.
Le jugement interdit aussi toute voie d’exécution, quel qu'en soit la nature, de la part des
créanciers, tant sur les meubles que sur les immeubles. (Commandement immobilier, mise en
possession des immeubles hypothéqués par l'établissement de crédit foncier bénéficiaire de
l'hypothèque).
L'arrêt des poursuites est applicable à l'égard des mesures d'exécution sur les fonds du
débiteur détenus par un tiers. Toutefois il a été décidé que la saisie arrêt ne peut être considérée
comme mesure conservatoire, puisque sa validation, la transforme d'office en mesure d'exécution.
Les instances en cours sont suspendues jusqu'à ce que le créancier poursuivant ait procédé à
la déclaration de sa créance. Elles sont alors reprises de plein droit, et tendent uniquement à leur
constatation et la fixation de leurs montants.
Les actions en justice et les voie d'exécution autre que celle susvisées sont poursuivies. Ainsi
l'action en résolution d'un contrat de bail, pour un motif autre que le règlement du loyer, ne pourra
être suspendue par le jugement d'ouverture. Il en est de même pour le recouvrement d'une amende
pénale, des actions en annulation et des actions en responsabilité.
b) Interdiction de payer les dettes antérieures au jugement d’ouverture :
Cette interdiction s’opère de plein droit, elle sert le principe d’égalité des créanciers, et
empêche le débiteur de favoriser tel ou tel créancier sur les autres.

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Toutefois, le juge commissaire peut autoriser le syndic à payer des créances antérieures au
jugement, pour retirer le gage ou une chose légitimement retenue, si cela est nécessaire à la
poursuite de l'activité de l’entreprise débitrice.
L’interdiction de payer des créances antérieures au jugement d'ouverture soulève une
question quant à son application en matière de paiement de chèque : La Banque peut-elle payer un
chèque émis avant la date du jugement d’ouverture de la procédure du tireur, mais représenté
postérieurement à cette date ?
La propriété de la provision est transférée au bénéficiaire depuis l'émission du chèque, et non
pas le jour du paiement. Donc la banque est tenue de payer ce chèque.
c)L'arrêt du cours des intérêts :
Le jugement d'ouverture arrête le cours des intérêts légaux et conventionnels, ainsi que, de
tous intérêts de retard et majorations. Les intérêts reprennent leur cours, à la date du jugement
arrêtant le plan de continuation.
d) L’interdiction des inscriptions :
Les hypothèques, nantissements et les privilèges, ne peuvent plus être inscrits
postérieurement au jugement d’ouverture. En outre, celles constituées avant l’ouverture de la
procédure ne sont pas concernées, sous réserve des règles régissant la période suspecte.
e)La priorité des créances nées après le jugement de redressement :
Aux termes de l'article 590 du code de commerce, les créances nées régulièrement après le
jugement d'ouverture du redressement sont payées à leurs dates d’échéance, à défaut elles seront
réglées en priorité à toutes autres créances assorties ou non de privilèges ou de sûretés.
Cette règle est une mesure d'encouragement des créanciers à contracter avec l'entreprise
débitrice. Cependant, le prononcé de la liquidation met fin à l'octroi du privilège.
Le dernier alinéa de l’article 590 prévoit le cas de concurrence entre plusieurs créances
privilégiées, les dispositions en vigueur en la matière doivent être mises en place.
- Nature de la créance :
Celle-ci n'est pas uniquement d'origine contractuelle, elle peut être d’origine contractuelle ou
légale (impôts, indemnités de licenciement...).
- Postériorité de la créance :
Pour se prévaloir du privilège de l'article 590, le titulaire de la créance doit justifier de son
origine postérieure au jugement de redressement.
- Priorité des créances :
Le code de commerce prévoit un ordre de priorité entre plusieurs créances. Ainsi, celles-ci
doivent être classées en fonction de leurs dates d'échéance et des garanties qui y sont attachées,
conformément aux textes en vigueur.

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f)Effet du jugement d'ouverture à l'égard du porteur d’une lettre de change : Art.196
et197/C.Com
Le porteur d'une lettre de change peut exercer ses recours contre les endosseurs, le tireur et
les autres obligés avant même l'échéance de ladite lettre soit dans le cas de redressement ou
liquidation judiciaire du tiré, accepteur ou non, ou de cessation de paiements même non constater
par un jugement, soit dans le cas de redressement ou de liquidation judiciaire du tireur de la lettre
non acceptable.
En cas de cessation des paiements du tiré, accepteur ou non, le porteur ne peut exercer ses
recours qu'après présentation de la lettre au tiré pour le paiement et après confection d'un protêt.
En cas de redressement ou liquidation judiciaire du tiré, accepteur ou non, ainsi qu'en cas de
redressement ou de liquidation judiciaire du tireur d'une lettre non acceptable, la production du
jugement de redressement ou de liquidation judiciaire suffit pour permettre au porteur d'exercer ses
recours.
4- Effets sur les droits du bailleur : Art. 694/ C.Com.
Le bailleur n'a privilège que pour les deux années de loyer, précédant immédiatement le
jugement d'ouverture.
Si Je bail est résilié, le bailleur a privilège pour le loyer de l'année au cours de laquelle la
résiliation a eu lieu.
Si le bail n'a pas été résilié, le bailleur ne peut exiger le paiement des loyers à échoir, sauf
annulation du privilège donné lors de la conclusion du bail.
En cas de cession du bail, le jugement d'ouverture du redressement, rend inopposable au
syndic, toute clause imposant au cédant, des engagements solidaires avec le cessionnaire.
5- Effets sur les droits des cautions : Art. 695/ C.Com.
La caution est tenue de la même manière que le débiteur garantit. Toutefois, elle peut se
prévaloir de la forclusion à l'encontre du créancier, qui n'a pas déclaré sa créance dans les délais
légaux.
6- Effets sur les conjoints : Art. 710/C.Com
Le conjoint du débiteur établit la consistance de ses biens personnels, selon les règles des
régimes matrimoniaux. Le syndic, en prouvant par tous les moyens, que les biens appartenant au
conjoint ou aux enfants mineurs, ont été acquis, avec des valeurs qu'il fournit; peut demander que les
acquisitions ainsi faites, soient réunies à l'actif.
7- La revendication :
- Revendication des meubles :
La revendication des meubles ne peut être exercée que dans le délai de trois mois suivant la
publication du jugement ouvrant la procédure de redressement ou de liquidation judiciaire. Art. 700
/C.Com.

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Pour les biens faisant l'objet d'un contrat en cours au jour de l'ouverture de la procédure, le
délai court à partir de la résiliation ou du terme du contrat, mais cela en appliquant les dispositions
de l'article 590 du code de commerce.
- Revendication des biens mobiliers incorporés dans un autre bien mobilier: Art.
706/C.Com.
La revendication en nature peut s'exercer sur les biens mobiliers incorporés dans un autre
bien mobilier, lorsque leur récupération peut être effectuée sans dommage matériel pour les biens
eux-mêmes et pour le bien dans lequel ils sont incorporés et sans que cette récupération entraine
une dépréciation excessive des autres actifs de l'entreprise.
- Revendication des marchandises :
Les marchandises qui peuvent être revendiquées, sont celles dont la vente a été résolue
antérieurement au jugement ouvrant la procédure, soit par décision de justice, soit par le jeu d'une
condition résolutoire acquise à condition qu'elles existent en nature, en tout ou en partie. Art.
702/C.Com.
- Revendication des biens tangibles :
La revendication en nature peut s'exercer sur des biens tangibles, lorsqu'ils se trouvent entre
les mains de l’acheteur des biens de même espèce et de même qualité.
- Revendication des biens vendus avec réserve de propriété : Art. 705/C.Com.
Les biens vendus avec une clause de réserve de propriété subordonnant le transfert de
propriété au paiement intégral du prix, peuvent être revendiqués, s’ils se trouvent en nature au
moment de l’ouverture de la procédure.

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La détermination du passif de l’entreprise

I- Les déclarations des créances :


1- Déclaration des créances par le débiteur : Art.722/C.Com.
Le débiteur est tenu de remettre au syndic la liste certifiée de ses créances et du montant de
ses dettes, huit jours au plus tard après le jugement d’ouverture de la procédure.
La liste comporte les noms ou dénomination, siège ou domicile de chaque créancier, avec
l’indication des sommes dues au jour du jugement d’ouverture de la procédure, de la nature de la
créance, des sûretés et privilèges dont chaque créance est assortie.
Il est important de signaler que le législateur n'a prévu aucune sanction pour défaut de
mention par le débiteur de toutes ses dettes dans sa déclaration au syndic. Aussi, le créancier n'ayant
pas déclaré sa créance dans le délai imparti ne pourrait se prévaloir, pour demander la levée de la
forclusion, de la mauvaise foi du débiteur qui n’a pas mentionné sa créance dans la déclaration faite
au syndic. La responsabilité du débiteur pourra toutefois être recherchée, sur le plan de la
responsabilité délictuelle, pour fausse déclaration au sujet de la liste des créanciers.
2- Déclaration des créances par les créanciers : Art. 719 à 721/ C.Com
Tous les créanciers dont la créance, établie ou non par un titre, a son origine antérieurement
au jugement d'ouverture, à l'exception des salariés, adressent la déclaration de leurs créances au
syndic.
La déclaration des créances doit porter, également, sur les créances non encore nées, mais
pouvant potentiellement naître par simple mise en jeu, comme les engagements par signature
(garantie, caution...).
Par ailleurs, les créanciers titulaires de sûretés réelles publiées, ou d’un contrat de crédit-bail
publié, doivent être avertis de l'ouverture de la procédure, par le syndic, soit personnellement, soit
au domicile élu. La loi 73.17 met à la charge du syndic une nouvelle obligation ; notamment celle
d’avertir tous les créanciers dont il connait l’existence ainsi que ceux cités sur la liste qui lui a été
remise par le chef de l’entreprise.
Le code de commerce ne requière aucune formalité précise concernant la déclaration de la
créance. Le créancier est alors libre au choix du formalisme de dépôt de sa créance, comme son
dépôt au greffe du tribunal ou à sa caisse ou encore directement auprès du syndic. Il peut même
mandater quelqu’un pour déclarer sa créance à sa place.
Cependant, la déclaration doit porter sur un certain nombre d’informations, à savoir le
montant de la créance due au jour du jugement d’ouverture de la procédure en précisant dans le cas
de redressement judiciaire la partie due à terme ; ainsi que tout justificatif concernant ladite créance.
Elle précise la nature du privilège ou de la sûreté dont la créance est éventuellement assortie,
et l'indication de la juridiction éventuellement saisie si la créance fait l’objet d’un litige.
a- Délai de déclaration : Art.720/C.Com.

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La déclaration doit être adressée au syndic dans un délai de deux mois à compter de la
publication du jugement d’ouverture au bulletin officiel.
Ce délai est augmenté de deux mois pour les créanciers domiciliés hors du Maroc.
Pour les créanciers titulaires de sûretés ayant fait l’objet d'une publication, ou d'un contrat de
crédit-bail publié, ainsi que pour les créanciers connus du syndic ou dont les créances sont citées sur
la liste remise à celui-ci, ces délais devraient courir à partir de la notification qui leur est faite par le
syndic.
Pour les contrats en cours, le délai de déclaration expire quinze jours après la date à laquelle
la renonciation à continuer le contrat est acquise.
b- La forclusion : Art.723/C.Com
A défaut de déclaration dans les délais ci-dessus, les créanciers ne sont pas admis, dans les
répartitions et dividendes. A moins que le juge commissaire ne leur relève de la forclusion, s’ils
établissent que leur défaillance n'est pas due à leur fait ; auquel cas, ils ne peuvent concourir que
pour la distribution des répartitions postérieures à leur demande.
N'est pas considérée comme défaillance non due au fait du créancier :
- Sa maladie au moment de l'ouverture de la procédure, à moins d'apporter la preuve
que la nature de la maladie était tellement grave, induisant notamment la perte de conscience,
qu’elle a empêché le créancier de constituer un avocat pour le représenter dans la procédure.
- Le défaut de mention de la créance par le débiteur dans la liste des créances remise au
syndic après l’ouverture de la procédure. Dans cette hypothèse, même la mauvaise foi du
débiteur ne peut être appelée au secours du débiteur forclos.
Ne peut se prévaloir également de la levée de la forclusion le créancier qui n'a pas déclaré une
partie de ses créances dans les délais légaux, sous prétexte que leurs montants ne sont pas encore
déterminés, alors même s'il a réservé lors de sa première déclaration le droit de produire d’autres
créances. La loi permet la déclaration d'une créance même si son montant n'a pas été fixé.
Conformément à l’article 723, l’action en relevée de forclusion, ne peut être exercée que dans
le délai d’un an, à compter de la notification des créanciers titulaires de suretés réelles publiées ou de
crédit-bail publié, ou de la notification des créanciers connus du syndic et ceux cités sur la liste qui lui
a été remise. Pour les autres créanciers, le délai court à compter de la date de la publicité de
l'ouverture de la procédure au bulletin officiel.
Si le juge relève un créancier de la forclusion, celui-ci dispose d’un nouveau délai ne dépassant
pas 30 jours à compter de la notification, afin de déclarer sa créance.
La forclusion ne joue pas à l’encontre des créanciers qui doivent être avisés.

II- La vérification des créances : Art. 724 à 728/ C.Com

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D’après l'article 726, la vérification des créances est faite par le syndic en présence du chef de
l’entreprise ou dûment appelé, avec l'assistance des contrôleurs. Le tout sous le contrôle du juge
commissaire.
Ce dernier peut ordonner la vérification par le syndic des créances non contestées par le chef
de l’entreprise.
Si une créance est contestée, le syndic n’est pas habilité à y statuer, son rôle se limite à avise
le créancier de la contestation de sa créance avec lettre recommandée avec accusé de réception. A
l'expiration d’un délai de trente jours, toute contestation ultérieure est interdite.
1- Dispense de vérification :
En cas de cession ou de liquidation judiciaire, il n’est pas procédé à la vérification des créances
chirographaires, s’il apparait que le produit de la réalisation de l’actif a été absorbé par les frais de
justice, et le paiement des créances privilégiées. Sauf s’il s’agit d’une personne morale débitrice ;
auquel cas les dirigeants de droit ou de fait, peuvent être appelés à apurer le passif, en cas de faute
de gestion, conformément à l'article 738.
2- Proposition du syndic : Art. 727/ C.Com
Dans un délai maximum de six mois à compter du jugement d’ouverture de la procédure, le
syndic doit établir la liste des créances déclarées avec les propositions, d’admission, de rejet ou de
renvoi, du chef de l’entreprise. La liste est par la suite remise au juge commissaire.
La loi 73.17 ajoute une disposition tendant à la protection des droits des salariés, à savoir
l’obligation pour le syndic aidé par le chef de l’entreprise et du délégué du personnel, d’établir une
liste des dettes salariales au même délai précité. Le greffier procède à la publication d’un avis au B.O
invitant les salariés à vérifier leurs créances. Et dans le cas d’omission de tout ou partie d’une
créance, le salarié concerné est appelé à agir en justice dans un délai de 2 mois de la publication de
l’avis, sous peine de forclusion.
3- Les décisions du juge commissaire : Art.729/ C.Com
En se basant sur les propositions du syndic, le juge commissaire décide de l’admission ou du
rejet des créances, ou constate soit qu’une instance est en cours, soit qu’il se déclare incompétent.
Les décisions d'incompétences ou statuant sur la contestation d’une créance rendues par le
juge commissaire sont notifiées aux parties par le greffier dans les huit jours par lettre recommandée
avec accusé de réception. Quant aux décisions d’admission sans contestation, elles sont notifiées par
lettre simple aux créanciers.
- Recours contre les décisions du juge commissaire : Art.731/C.Com
Aux termes de l'article 731 du code de commerce, lorsque la matière est de la compétence du
tribunal qui a ouvert la procédure, le recours contre la décision du juge-commissaire est porté devant
la cour d’Appel. Il est ouvert au créancier, au chef de l’entreprise et au syndic.

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Le délai de recours est de quinze jours, à compter de la notification, pour le créancier et le
débiteur et, à compter de la décision, pour le syndic.
Toutefois, lorsque la matière est de la compétence d'une autre juridiction, la notification de la
décision d'incompétence prononcée par le juge-commissaire fait courir un délai de deux mois au
cours duquel le demandeur doit saisir le tribunal compétent à peine de forclusion.
Les décisions définitives prononcées par le juge commissaire sont susceptible d'opposition et
de tierce opposition formées par tout intéressé devant le juge commissaire lui-même, par déclaration
au greffe, dans les quinze jours à compter de sa publication au bulletin officiel. Art.734/C.Com
Le recours contre la décision du juge-commissaire, rendue au sujet d'une opposition ou d’une
tierce opposition, est porté devant la cour d'Appel dans les quinze jours de la notification, sauf en ce
qui concerne le syndic à l'égard duquel le délai part du jours de la décision. Art.735/C.Com
Lorsqu’une décision d’admission ou de rejet d’une créance acquiert l'autorité de la chose
jugée, elle ne peut plus faire l'objet d'une contestation, ni dans son existence, ni dans sa nature, ni
dans son montant.

III- La responsabilité de la banque dans l’aggravation de la situation financière de


l'entreprise :
La responsabilité du banquier pour aggravation de la situation financière de l’entreprise en
difficulté, peut être mise en jeu dans deux cas de figure opposés : le premier est le soutien abusif ; le
second est la rupture abusive de concours financiers,
1- La responsabilité de la banque pour le soutien abusif :
Les établissements de crédit, créanciers de l'entreprise en difficulté peuvent être tenus pour
responsables de la dégradation de la situation financière de celle-ci, si, en connaissance des
déséquilibres financiers graves qui affectent l'entreprise, continuent à lui accorder des facilités, lui
causant ainsi un préjudice de solvabilité.
Toutefois, la responsabilité de la banque ne devrait pas être retenue lorsque le tiers est averti,
ou est censé l’être, de la situation réelle de l'entreprise débitrice. C'est le cas du dirigeant caution.
Pour prévenir la mise en jeu de sa responsabilité en matière de concours financiers qu'elle
accorde aux entreprises, la banque devrait éviter de consentir son concours financiers ou de le
maintenir sur la base uniquement des garanties reçues de l'entreprise débitrice, sans prendre en
compte la viabilité de celle-ci.
Une autre précaution pourrait être prise par la banque, consiste dans la surveillance de
l’utilisation faite du crédit par la société bénéficiaire, sans s’immiscer dans ses affaires. Cette
précaution vise à s’assurer que l'entreprise ne va pas utiliser le crédit à des fins différentes de ceux
convenus.
2- La responsabilité de la banque pour rupture abusive de crédit: Art. 525/
C.Com

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L’établissement bancaire peut voir sa responsabilité pécuniaire engagée s'il met en difficulté
une entreprise, du fait d’une rupture brutale des concours financiers qu'il lui accordait, notamment
en cas de non-respect du préavis. Sauf si la banque prouve la faute lourde commise par l'entreprise
débitrice, l’utilisation du crédit non conforme à sa destination, ou la cessation notoire de paiement
par l’entreprise en cause.
L'article 525 dispose que l'ouverture du crédit est consentie pour une durée limitée,
renouvelable ou non, ou illimitée.
L'ouverture de crédit à durée illimitée, expresse ou tacite, ne peut être résiliée ou réduite que
sur notification écrite à l’expiration d'un délai fixé lors de l’ouverture de crédit, ce délai ne peut être
inférieur à 60 jours.
L'ouverture du crédit à durée limitée prend fin de plein droit au terme fixé sans que la banque
ait l'obligation d'en avertir le bénéficiaire.
Qu'il soit à durée limitée ou illimitée, l’établissement bancaire peut y mettre fin sans délai en
cas de cessation notoire de paiements du bénéficiaire ou de faute lourde commise à l'égard dudit
établissement ou dans l'utilisation du crédit. Le non-respect de ces dispositions par la banque peut
engager sa responsabilité pécuniaire
Dans tous les cas, et conformément aux dispositions du droit commun de la responsabilité
civile, le lien de causalité entre la faute de la banque et le préjudice subi doit être établi. Ainsi,
l’entreprise débitrice (ou sa caution) qui engage la responsabilité de la banque doit prouver que, le
préjudice qu'elle a subi est dû à la faute de la banque créancière.

25
Préparation de la solution

I- Le rapport du syndic :
Le syndic assisté par le chef de l'entreprise et éventuellement par un ou plusieurs experts, doit
dresser dans un rapport, le bilan financier, économique et social de l'entreprise, par lequel il propose
soit un plan de redressement assurant la continuation ou la cession de l’entreprise à un tiers, soit la
liquidation judiciaire.
Le syndic ne prend en compte, pour la détermination du passif, que le passif certain et non
contesté. S'il propose un plan de redressement, il doit définir les modalités de règlement du passif et
les garanties souscrites pour en assurer l'exécution.
1- Délai d’établissement du rapport du syndic :
Les propositions du syndic doivent être remises au juge-commissaire à l'expiration d'un délai
maximum de 4 mois suivant la date du jugement d'ouverture de la procédure. Ce délai est
renouvelable une fois sur demande du syndic.
2- Les offres de maintien de l’entreprise débitrice : Art. 582/ C.Com
Les tiers peuvent soumettre au syndic les offres tendant au maintien de l'entreprise par son
acquisition. Toute offre faite ne peut être modifiée ou retirée après le dépôt du rapport du syndic, et
son auteur reste lié jusqu'à la décision du tribunal arrêtant le plan, sauf si cette modification vise à
améliorer l'offre.
3- Le règlement des dettes :
Les propositions de règlement des dettes que contient le plan, sont communiquées aux
contrôleurs par le syndic, sous supervision du juge-commissaire.
Le syndic recueille individuellement ou collectivement l’accord des créanciers ayant déclaré
leurs créances, sur les délais et remises qu’il leur demande pour assurer la bonne exécution du plan
de continuation. Ces délais et remises consistent généralement dans :
- L'abandon d'une partie du capital des créances
- L’abandon des intérêts
- L'octroi d'un différé de règlement
- Rééchelonnement des dettes, avec réduction du taux d’intérêts y afférent.
Les créanciers ayant plus de valeur et dont la créance est mieux garantie, disposent d’une
marge de négociation plus importante.
4- Consultation du chef de l’entreprise et des contrôleurs.
Le rapport du syndic est envoyé au chef de l'entreprise et aux contrôleurs par lettre
recommandée avec accusé de réception. Le chef de l'entreprise fait connaître ses observations dans
les 8 jours. Cette consultation donne la validité juridique au rapport du syndic. Art. 589/ C.Com.

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En se basant sur le rapport du syndic et après avoir entendu le chef d’entreprise, les
contrôleurs et les délégués du personnel ; le tribunal décide soit la continuation de l'entreprise, soit
sa cession, soit sa liquidation judiciaire. Art. 590/ C.Com.
Les sanctions civiles et pénales applicables aux dirigeants de l'entreprise en difficulté : Art.
702/ C.Com
L'article 702 prévoit l'application de sanctions, aux dirigeants de l'entreprise ayant fait l'objet
d'une procédure, qu’ils soient de fait ou de droit, rémunérés ou non.
I- Les sanctions civiles
1- Les sanctions patrimoniales
a) Action en comblement du passif :
En cas de faute de gestion ayant contribué à l’insuffisance d'actif dont souffre l'entreprise, le
tribunal pourrait décider que cette insuffisance sera supportée, en tout ou en partie, avec ou sans
solidarité, par tous les dirigeants ou certains d’entre eux. Seuls les dirigeants de l'entreprise en
fonction au moment de la survenance de la faute de gestion peuvent faire l'objet de l’action en
comblement.
La prescription de cette action est de 3 ans à compter du jugement arrêtant le plan de
redressement.
Par ailleurs, la mise en œuvre de cette action nécessite la réunion de trois éléments :
- La faute de gestion : librement appréciée par le juge, qu'elle soit une action ou une
omission. Ainsi, l’erreur de gestion peut résulter, non seulement d’une erreur dans la gestion ou
d'une négligence ; mais aussi du simple défaut de respect des dispositions légales et statutaires..
- L'insuffisance d'actif : L'action ne peut être ouverte si l'actif est suffisant à
désintéresser l'ensemble des créanciers, même en l'existence de faute de gestion.
- Le lien de causalité entre la faute de gestion et l'insuffisance d'actif.
Les sommes versées par les dirigeants rentrent dans le patrimoine de la société, et servent à
l’acquittement des dettes. En cas de cession ou de liquidation, ces sommes seront réparties entre
tous les créanciers au marc le franc, et indépendamment de leurs privilèges.
b) Extension du redressement ou de la liquidation judiciaire au dirigeant contre
lequel peut être relevé un des faits ci-après :
- L'abus de biens sociaux. Cette extension se fonde sur des relations financières
anormales, causant une confusion des patrimoines du dirigeant et de l’entreprise.
- L’accomplissement d’actes de commerce dans intérêt personnel du dirigeant, sous le
couvert de la société.
- L’utilisation des biens ou des crédits de la société, à un usage contraire à l'intérêt
social, à des fins personnel, ou en faveur d'une autre entreprise qui intéresse le dirigeant
concerné.
- La poursuite abusive d’une exploitation déficitaire.

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- La tenue d’une comptabilité fictive ou la disparition délibérée des documents
comptables de la société, ou l’abstention de tenir toute comptabilité.
- Le détournement de tout ou partie de l'actif de la société, L’augmentation frauduleuse
de son passif.
Il convient d’ajouter que, la date de la cessation des paiements à retenir par le tribunal est
celle fixée par le jugement d'ouverture de la procédure à l'encontre de la société.
2- La déchéance commerciale : Art. 711 à 719/ C.Com
La déchéance emporte l’interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler, directement
ou indirectement, toute entreprise commerciale. Elle n’affecte que les personnes physiques.
II- Les sanctions pénales : Art.754/C.Com (La banqueroute)

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Le plan de cession

Il a été indiqué précédemment que des offres de reprise de l'entreprise en difficulté peuvent être
déposées dès le jugement qui ouvre la procédure de redressement judiciaire. C’est pour permettre
au juge commissaire, sur la base des rapports des syndics, d’opter soit pour un plan de continuation,
soit pour un plan de cession.

La cession de l'entreprise a donc pour but d'assurer le maintien d'activités susceptibles


d'exploitation autonome, de tout ou partie des emplois qui y sont attachés et d'apurer le passif
1. Les conditions de la cession

Ne peuvent être repreneur, directement ou par personne interposée les dirigeants de la personne
morale en redressement judiciaire, les parents ou alliés jusqu'au deuxième degré de ces dirigeants ou
du débiteur. Une dérogation accordée par tribunal est possible pour les exploitations agricoles.

Les articles 604 et suivants du code de commerce marocain précisent le contenu et la présentation
des offres dans la perspective d'un plan de cession. Les offres d'acquisition doivent être reçues par le
syndic dans le délai fixé par celui-ci et qui l'a porté à la connaissance des contrôleurs.

Toute offre doit indiquer :

- les prévisions d'activités de financement ;


- le prix de cession et ses modalités de règlement ;
- la date de réalisation de la cession ;
- le niveau et les perspectives d'emploi justifiés par l'activité considérée ;
- les garanties souscrites en vue d'assurer l'exécution de l'offre ;
- les prévisions de ventes d'actifs au cours des deux ans suivants la cession.

Le juge commissaire peut demander des indications complémentaires.

Le syndic donne au tribunal tout élément permettant de vérifier le caractère sérieux de l'offre.

2. Les types de cession


2.1. La cession totale

L'intégralité de l'actif est alors cédée au repreneur. L’actif englobe les biens meubles,
immeubles et contrats compris dans le plan de cession. Les biens non admis sont vendu selon
les règles relatives à la liquidation judiciaire.

2.2. La cession partielle

Elle porte sur un ensemble d'éléments d'exploitation qui forme une ou plusieurs branches
d'activités autonomes ; sous condition de ne diminuer la valeur des biens non vendus.

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3. Les effets de la cession

Le plan de cession a pour effet principal de transférer au cessionnaire les contrats déterminés par le
tribunal et qui sont nécessaires au maintien de l'activité. Il s'agit des contrats de crédit-bail, de
location, de fournitures de biens ou de services.

3.1. Effets à l’égard des créanciers

A l'égard des créanciers, le plan de cession doit permettre le règlement du passif. Le jugement rend
exigible les dettes non échues. Art. 615/2 C.Com

Pour les salariés, les contrats de travail sont maintenus sous réserve des licenciements prévus par le
plan.

Le prix de cession est réparti par le syndic entre les créanciers suivant leur rang.

3.2. Obligations du cessionnaire : Art.610 à 614 C.Com

La principale obligation est de payer le prix de cession dont le montant, les modalités de payement et
les garanties sont fixés par le tribunal. Tant qu'il n'a pas payé l'intégralité du prix, il ne peut céder les
biens compris dans la cession.

Le cessionnaire doit rendre compte annuellement de l'exécution du plan au commissaire à


l'exécution du plan.

Il doit respecter l'inaliénabilité de certains biens prononcés par le tribunal.

Le non-respect par le cessionnaire de ses obligations entraine la résolution du plan par le tribunal soit
d’office, ou sur demande du syndic ou un créancier ; ainsi que la conversion de la procédure à une
procédure de liquidation judiciaire.

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La liquidation judiciaire

Lorsque l’entreprise se trouve en cessation de paiement et que son activité devient


irrémédiablement compromise ; Le tribunal prononce sa liquidation.

La décision de liquidation judiciaire met en place un liquidateur qui est chargé de la gestion de
l'entreprise jusqu'à sa liquidation complète. Il est interdit au débiteur d'effectuer des actes
tant d'administration que de disposition sur l'ensemble de ses biens.

A. Effets de la décision de liquidation judiciaire


1. Dessaisissement du débiteur

Dès le jugement qui prononce la liquidation judiciaire, et de plein droit, le débiteur est
dessaisi de ses droits, pour l'administration et la disposition de ses biens, tant que la
liquidation judiciaire n'est pas clôturée.

2. Exigibilité des dettes non échues

Toute dette quelque soit sa nature et les suretés la grevant devient exigible immédiatement
après le prononcé de la liquidation.

Les créanciers doivent alors déclarer leurs créances. Les poursuites individuelles seront
arrêtées pendant ce temps. Mais si le syndic ne procède pas à la liquidation des biens grevés
dans les 3 mois, les créanciers privilégiés reprennent leur droit d’agir en justice.

3. Cessation de l’activité

En principe l’activité de l’entreprise cesse, mais le maintien de l'activité peut être prononcé par le
tribunal pour une période ne pouvant excéder 3 mois, si l'intérêt public, ou celui des créanciers
l'exige.

En cas de maintien de l'activité, les créances nées régulièrement après le jugement, du fait de la
poursuite d'activités, son payées à leur échéance.

B. La réalisation de l’actif

Les biens de l'entreprise ayant une certaine valeur vont être mis en vente, soit globalement, soit
individuellement. Toute personne intéressée peut soumettre son offre au liquidateur.

Le liquidateur répartit le produit des ventes, et règle l'ordre entre les créanciers.

C. L’apurement du passif

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La procédure se termine par la clôture des opérations de liquidation, après que les créanciers aient
été réglés du montant de leurs créances jusqu'à épuisement de l'actif. Donc l'apurement du passif
entraîne la répartition du prix entre les créanciers.

Après la vente des immeubles, et le règlement définitif de l'ordre entre les créanciers
hypothécaires et privilégiés, et si les créanciers privilégiés ou hypothécaires n'ont pas été
totalement désintéressés par le prix des immeubles, ils concourent avec les créanciers
chirographaires pour ce qui leur reste dû.

La clôture des opérations de liquidation est prononcée par le tribunal, il peut le faire même d'office
dans les cas suivants :

- Lorsqu'il n'existe plus de passif exigible ou que le liquidateur dispose de sommes suffisantes pour
désintéresser les créanciers ;
- Lorsque la poursuite des opérations de liquidation est rendue impossible par l'insuffisance de
l'actif.

Le jugement de clôture pour insuffisance d'actif ne fait pas recouvrer aux créanciers l'exercice
individuel de leurs actions contre le débiteur. Ils n'auront donc aucune possibilité de récupérer leurs
créances. Celles-ci seront proprement et simplement anéanties.

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