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0. PRELIMINAIRES
Le Droit civil « Les Sûretés » est un enseignement clé pour
l'étude du Droit Civil. Elles sont les moyens accordés au créancier par la loi
ou la convention des parties pour garantir l'exécution des obligations quelle
que soit la nature juridique de celles-ci.

Le Droit des sûretés vaut son pesant d'or auprès de tous


ceux qui s'interrogent sur la nature et le fonctionnement des sûretés en
Droit Congolais en rapport avec la réforme OHADA (Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) qui est venue moderniser et
adapter les règles relatives aux sûretés personnelles, aux sûretés réelles et
leur classement.
Il importe de signaler que la grande substance de ces notes
est tirée de l'Acte Uniforme OHADA portant Organisation des Sûretés (A US)
adoptée le 17 Avril 1997 et entrée en vigueur le 1er Janvier 1998 tel que
modifié et complété par l'Acte uniforme du 15 décembre 2010.
Ainsi, l'Acte Uniforme constitue donc le droit commun des
sûretés dont il traite. Il sera fait recours également à la loi n° 73-021 du 20
Juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des sûretés telle que modifiée et complétée par la loin080-008du
18juillet 1980.
Cet enseignement s'adresse plus particulièrement aux
étudiants de l' Licence en Droit et a pour volume horaire 30H.
ère

0.1. Objectifs

0.1.1. Objectif général

Au terme de cet enseignement, l'étudiant devra être capable


de maîtriser non seulement les règles relatives aux sûretés personnelles et
aux sûretés réelles, mais également de la distribution et classement des
sûretés.

0.1.2. Objectifs spécifiques


A la fin de ce cours, l'étudiant devra être capable :
• D’établir une comparaison de deux sûretés personnelles.
Cautionnement et contre-garantie autonome ;
• De comprendre l’énumération des sûretés mobilières à savoir le
droit de rétention, le gage, les nantissements sans ou avec
dépossession, les privilèges.
2

Il devra également être en mesure de comprendre que les


sûretés mobilières soumises à publicité font l'objet d'une inscription au
registre du commerce et du crédit mobilier prévu par les dispositions
portant organisation et fonctionnement de ce Registre ;
 De comprendre que l'hypothèque reste la seule sûreté réelle
immobilière. L'antichrèse avait, déjà été omise par la législation
coloniale ; elle n'a pas été restaurée. Il devra savoir que les
hypothèques sont distinguées selon qu'elles sont conventionnelles ou
forcées ;
 D'établir un classement des sûretés ainsi que la procédure de
distribution du prix des biens réalisés après saisie.

0.2. Contenu du Cours

En dehors de l'introduction et de la conclusion, ce cours


comporte deux parties :

❖ La première partie porte sur « les sûretés personnelles » et contient


deux chapitres, à savoir le Cautionnement (chap. I) et la garantie et contre-
garantie autonomes (chap. Il) ;

❖ La deuxième partie examine « Les Sûretés réelles ».


- Le premier titre est intitulé : « Les Sûretés mobilières » et. contient six
chapitres. Le premier chapitre s'intéresse à une condition
d'opposabilité qui est commune à une grande partie de ces garanties, à
savoir « l'inscription des sûretés mobilières au registre du commerce et
du crédit mobilier (RC CM) ». Le deuxième chapitre qui porte sur le «
Droit de rétention » éclaire l'étudiant sur le fait que ce droit est à
consacrer désormais par des dispositions spéciales car auparavant son
existence n'était que déduite des textes ; Le troisième chapitre énonce
les deux formes possibles de propriétés-sûretés, à savoir « la propriété
retenue ou cédée à titre de garantie » ; Le quatrième chapitre examine
le gage dans sa constitution, ses modalités, ses effets ainsi que son
extinction. Tandis que le cinquième chapitre traite des « nantissements
sans dépossession ». Le sixième chapitre rend compte des « privilèges »
généraux et spéciaux ;
- Le deuxième titre intitulé des « hypothèques » contient également trois
chapitres dont le premier « des généralités » justifie T'hypothèque
comme une sûreté réelle immobilière conventionnelle ou forcée. Le
deuxième chapitre : étudie les hypothèques conventionnelles ; tandis
3

que le troisième examine les « hypothèques forcées » tant légales que


judiciaires, ainsi que leurs effets ;
- Le troisième titre et dernier rend compte de la distribution et du
classement des sûretés conformément à l'Acte uniforme de l'OHADA
renvoyant à la loi nationale.

0.3. Méthode d'enseignement


Le cours se donnera sous la forme des exposés magistraux captivants et
émaillés des exemples à l'occasion desquels les étudiants pourront être
invités à exposer leurs doutes à l'aide des questions. L'approche interactive
sera valorisée autant que possible.

Les travaux pratiques consisteront par ailleurs, à analyser par les étudiants
des sujets relatifs à la pratique des sûretés en RDC.
4

INTRODUCTION
I. Etat de la Question
A. Problématique

Le but du rapport d'obligation est le paiement du créancier.


Tout créancier s'engage en vue du paiement et la créance n'a de valeur
économique que dans la mesure de son paiement. Mais il peut arriver qu'à
l'échéance, le débiteur ne soit pas en mesure de s'exécuter, c'est-à-dire de
payer. Ceci veut dire que tout créancier, en même temps qu'il s'engage court
le risque, mieux le danger d'insolvabilité de son débiteur.

Il faut noter que les causes qui font qu'il ne soit pas payé
sont multiples, à savoir : la négligence du débiteur, la fraude du débiteur, les
aliénations consenties sans fraude mais qui amenuisent son patrimoine, les
dettes nouvelles du débiteur. Ces risques ou dangers d'insolvabilité incitent
le créancier à chercher des garanties d'être payé.,
B. Solutions possibles en cas de non-paiement par le débiteur

Dans son évolution, le Droit offre au créancier un éventail de


solutions en cas de non-paiement par le débiteur que l'on peut classer en 3
catégories :

1. Mesures de contrainte sur la personne du débiteur1


Dans ce système ancien qui a été aboli avec l'évolution du
droit, c'est à la personne du débiteur qui était le gage du créancier.
Le débiteur répondait corporellement des engagements contractés par lui.
Concrètement, dans les sociétés primitives, le créancier non
payé à l'échéance s'acharne sur la personne du débiteur ou d'un membre de
sa famille et il s'empare de lui, le ligote, l'amène chez lui l'enferme et le fait
travailler jusqu'à paiement parfait de la dette. S'il n'y a pas payement, il peut
même devenir esclave de son créancier, être vendu ou mise à mort.
Le fondement de cette solution était que d'abord, les biens
n'étaient pas saisissables, car ils appartiennent à la famille, à la tribu ou au
seigneur. Ensuite, l'insolvabilité du débiteur était considérée comme un
crime et le non-respect de la parole donnée comme un mépris aux dieux.
Dans notre Droit, la contrainte par corps réglementé par l'article 16 du code
pénal livre Ier est une survivance de cette pratique.

2. Les mesures de conservation

1
KALAMBAY Lumpungu. Droit civil. Vol.III. Régimes des sûretés. Kinshasa. PUZ.
1990. pp. 13 et ss
5

Le créancier peut aussi prendre certaines mesures de


conservation. Il peut par exemple s'agir de :
❖ L'apposition des scellés sur les biens du débiteur ;
❖ Le recours à la saisie conservatoire : art. 137 et 138 du Décret
du 7 Mars 1960 portant code de procédure civile ;
❖ L'action oblique ou subrogatoire : art. 64 du CCLIII ;
❖ L'action paulienne ou révocatoire : art. 65 du CCL III.
3. Les mesures d'exécution sur les biens du débiteur
L'art 245 de la loi n° 73l027du 20 Juillet 1973 telle que moitié
et complété par celle n° 80-008 du 18 juillet 1980 dispose: « Tous les biens du
débiteur présents et avenir sont le gage commun de ses créanciers et le prix
s'en distribue entre eux par contribution, à moins qu’il n 'y ait entre les
créanciers des causes légales de préférence ».
L'interprétation qui se dégage de cette disposition est que les
biens du débiteur peuvent répondre de la dette : C'est le droit de gage
général de tous les créanciers sur l'ensemble du patrimoine du débiteur
présent et à venir.

3.1 Patrimoine gage général des créanciers

La loi ne fait aucune distinction entre les biens mobiliers et


immobiliers, corporels ou incorporels.
Aussi, en parlant des biens présents et à venir, la loi voudrait
que le débiteur soit tenu par les biens qui constituent son patrimoine
considéré non au moment où naît son obligation mais au moment de
l'exécution de celle-ci. De même, si l'actif est insuffisant, les créanciers
conservent la faculté de saisir à tout moment les biens acquis ultérieurement
par le débiteur.
Quant aux termes "gage commun des créanciers, le législateur
congolais veut dire que tous les créanciers ont le droit de saisir les biens de
leur débiteur et de se faire payer sur le prix de la vente. Les créanciers n'ont
pas le droit de s'approprier les biens. Ils ne peuvent que les réaliser suivant
les règles du code de procédure civile sur les ventes publiques mobilières et
immobilières.
Toutefois, il convient de noter que les biens déclarés
insaisissables par la loi échappent au gage commun (pension alimentaire de
vieillesse, habits, livres ou outils nécessaires à l'exécution de la profession,
biens de l'Etat etc. (cfr art . 9CCL II)2

3.2. Conséquences du principe « patrimoine, gage général des


créanciers »

2
6

3.2.1. Principe : loi du concours, égalité des créanciers.

Il peut se faire que le débiteur se trouve devant plusieurs


créanciers qui ont saisi ses biens et dont la réalisation n'assure pas le
paiement intégral, comment les départager ?
L'article 245 cité supra donne la réponse : C'est la loi du
concours. En d'autres termes, le principe de l'égalité entre les créanciers en
cas d'insolvabilité du débiteur. Tous les créanciers sont égaux en ce sens
qu'ayant droits identiques, ils sont tous appelés en cas de saisie à « concours
sur les biens du débiteur sans distinction entre eux ». Le prix de la réalisation
se répartira au « marc le franc », c'est-à-dire proportionnellement à
l'importance de leur créance.
Exemple : A doit : I00 Fc à B
200FcàC
300 Fc à D
B.C. et D saisissent les biens de A pour les faire vendre. Si le
produit de la vente s'élève à 600Fc, chacun aura le total de sa créance. Mais
supposons que le produit de la réalisation ne donne que 300 Fc, on repartira
ce montant de la manière suivante :

Formule : créance de chacun X montant réalisé de la vente


Montant total des créances

L'Acte Uniforme de l'OHADA portant Organisation des


Sûretés, étant d'application directe et obligatoire dans les Etats, la procédure
de distribution du prix des biens réalisés après saisie est réglée par les
articles 324 etc. de l'Acte Uniforme sur les voies d'exécution.

L'Acte Uniforme considère que, s'il y a plusieurs créanciers,


ceux-ci peuvent s'entendre sur une répartition consensuelle du prix et
adressent leur convention au greffe ou à l'auxiliaire de justice qui détient les
fonds pour opérer la répartition ; en cas de désaccord, le plus diligent saisit
le président de la juridiction du lieu de la vente ou le magistrat délégué à cet
effet pour statuer sur la répartition.
7

La répartition des deniers provenant de la vente des biens saisis


se fait conformément aux articles 225 et 226 de l'Acte Uniforme OHADA, qui
distinguent selon que ces deniers proviennent de la vente d'un immeuble ou
d'un meuble. Dans les deux cas, l'Acte Uniforme considère que ; en cas
d'insuffisance des deniers pour désintéresser les créanciers venant à rang
égal, ceux-ci concourent à la distribution dans la proportion de leurs
créances totales, au marc le franc.

3.2.2. Exception à la loi du Concours : causes légales de préférence


La loi du concours, comme on peut le constater, dans
l'exemple précité, désavantage le créancier qui craindra toujours de ne
pouvoir récupérer l'entièreté des sommes qui lui sont dues car souvent un
débiteur a plusieurs créanciers et son patrimoine ne fait pas toujours face à
ses obligations.

La loi de l'égalité des créanciers a donc pour conséquence


logique de réduire les moyens de crédit qui sont nécessaires à l'économie
d'un pays en favorisant les transactions mobilières et immobilières.

Aussi, fallait-il trouver un moyen de rassurer ceux qui


accepteraient de placer les fonds dont ils n'avaient pas momentanément
l'emploi ou de fournir moyennant paiement différé des objets mobiliers ou
marchandises. Il était obligatoire de permettre de prendre certaines garanties
destinées à échapper à l'insolvabilité des débiteurs et à la loi du concours.
Ces garanties portent le nom de « SURETE».

II. Notions des sûretés


Le droit OHADA des sûretés nous donne une définition générale et
définit une sûreté comme étant « l'affectation au bénéfice d'un créancier d'un
bien, d'un ensemble de biens ou d'un patrimoine afin de garantir l'exécution
d'une obligation ou d'un ensemble d'obligations, quelle que soit la nature
juridique de celle-ci et notamment qu'elles soient présentes ou futures,
déterminées ou déterminables, conditionnelles ou inconditionnelles, et que leur
montant soit fixe ou fluctuant »3.
La doctrine considère que le terme sûreté évoque l'idée de garantie. Il
vient du latin securatas ; sécurité4. Il peut être défini au sens large et au
sens restreint.
A. Sens large
On peut définir « la sûreté » ou « sûreté » comme :

3 Article 1 ? Acte uniforme OHADA du 15 décembre 2010 portant organisation des suretés Juriscope 2012
4
F. TKINT.. Sûretés et principes généraux du droit de poursuite des créanciers.
Bruxelles. Larcier. 199! .p.5
8

 Une garantie fournie pour l'exécution d'une obligation5 ;


 Le moyen juridique de garantir le paiement d'une créance6 ;
 L'ensemble des moyens juridiques permettant d'assurer aux créanciers
le paiement de leur créance, au cas où les débiteurs ne peuvent ou ne
veulent pas s'exécuter. Ce sont des garanties de paiement7

B. Sens restreint

D'une manière plus précise ou plus technique, les sûretés


sont les garanties accordées dans le dessein précis d'assurer le paiement8
D'une manière plus descriptive, la sûreté peut être définie
comme une prérogative superposée aux prérogatives ordinaires du créancier
par le contrat, la loi ou un jugement et qui a pour finalité juridique exclusive
de le protéger contre l'insolvabilité de son débiteur9.
III. Avantages des sûretés
Ces avantages se retrouvent tant sur le plan économique que
sur le plan juridique.
A. Sur le plan économique
Cet avantage économique concerne le créancier, le débiteur et
l'intérêt général.

1. Pour le créancier
Les sûretés le mettent à l'abri de l'insolvabilité du débiteur.
C'est pour lui un moyen de garantie.

2. Pour le débiteur

Les sûretés lui permettent d'obtenir le crédit dont il a besoin,


plus aisément et à meilleur compte. C'est pour lui un moyen de crédit.

3. Pour l'intérêt général


Les sûretés facilitent la circulation des richesses ; c'est un
facteur de richesse sociale10
B. Sur le plan juridique

5
Idem. p.6
6
H. CAPITANT. vocabulaire juridique.
7
RIPERTet BOULANGER.T.III. 1958
8
Répertoire du Droit civil. Dalloz. T.ll. 1953
9
M.Cabrillac et C.Moulv.Droit des sûretés. Paris.Litec.l993.p.8
Idem, p.8
9

L'avantage sur le plan juridique s'analyse dans une approche


interdisciplinaire dans le rapport des sûretés avec les autres branches de
droit qui lui sont proches.

1. Rapport avec le droit des obligations et des contrats.


Les garanties du créancier assurent l'efficacité et l'exécution
des obligations. En effet, comme affirmé supra, les sûretés sont des
garanties pour assurer le paiement et le créancier voudrait se prémunir, dès
le départ, contre l'insolvabilité de son débiteur. Comme on le voit, la matière
des sûretés s'inscrit donc naturellement dans le prolongement du droit des
obligations et des contrats11
2. Rapport avec le droit judiciaire

La sûreté, à tout le moins la sûreté réelle est mise en œuvre


par la procédure d'exécution12 Ainsi par exemple ; le créancier hypothécaire
sera contraint de recourir à la saisie vente de l'immeuble grevé pour réaliser
son hypothèque ; le vendeur exécutera son privilège en saisissant le bien
vendu, pour en provoquer la vente forcée.

Le créancier gagiste, dispensé de toute saisie du bien gagé


parce qu'il se trouve remis entre ses mains ne pourra cependant réaliser son
gage que de la permission et sous contrôle du juge. C'est dire que le droit
judiciaire est très proche de la matière des sûretés.

3. Rapport avec le droit commercial

Le droit commercial est lié, en tout cas dans la pratique au


mécanisme des sûretés, et singulièrement, la législation sur la faillite des
dettes commerciales est en effet le terrain d'élection des sûretés.

La défaillance du commerçant conduit à la faillite, c'est-à-dire


une procédure collective de liquidation du patrimoine, spécialement organisé
par le législateur dans le but de maintenir intact le « gage commun » de ses
créanciers, d'éviter des poursuites anarchiques et d'assurer l'égalité dans la
distribution. C'est dans le cadre de la faillite que seront servis les titulaires

11
R. DEKKERS. Droit civil belge. T.IIL Bruxelles. Bruylant,
12
F r'KINT Op.cit.. p.9. : MUKADI Bonyi et KATUALA Kabakashala, Procédure
civile. éd. BATENA NTAMBWA. 1999.pp.159 et s.
10

des sûretés, non sans conflit parfois avec le curateur, gardien des intérêts de
la « masse » des créanciers.13
4. Rapport avec le droit des biens

Le Droit des biens et le Droit des sûretés sont intimement


complémentaires surtout à propos des sûretés réelles qui sont des droits
réels, dont certains doivent être inscrits au certificat d'enregistrement, c'est-
à-dire être immatriculés. En outre, la notion de patrimoine rejoint les deux
branches et permet la satisfaction du créancier14 Ainsi, biens et sûretés
réelles se rejoignent au niveau conceptuel autour de la notion de patrimoine.

On voit immédiatement le lien entre biens et sûretés. Au stade


de l'exécution, le droit des biens autant que le droit des sûretés, parce qu'ils
permettent de déterminer l'assiette et la clé de répartition des produits de la
réalisation, expliquent comment seront satisfaits les créanciers. Dans une
perspective plus préventive, ils permettent d'apprécier la solvabilité et le
crédit de tout débiteur.15

IV. Espèces de sûretés

Au sens strict, il y a des sûretés qui sont limitées aux garanties


accordées dans le dessein d'assurer le paiement. On en distingue deux
sortes : les sûretés personnelles et les sûretés réelles (mobilières et
immobilières).
IV 1. Sûretés personnelles
Elles consistent dans l'adjonction au débiteur de personnes qui
viennent à titre de garants, s'engager à côté de lui. Elles résultent de la
pluralité des sujets passifs de l'obligation.16

Pour l'Acte Uniforme, la sûreté personnelle consiste en


l'engagement d'une personne de répondre de l'obligation du débiteur
principal en cas de défaillance de celui-ci ou à première demande du
bénéficiaire de la garantie17

MASAMBA Makeia, Droit des affaires. Kinshasa. CADIŒC.1996.p.89

15
KALONGO Mbikayi. Droit civil" ûretés. cours polycopié. UNAZA. P .5
16
KALONGO Mbikayi. Idem . m O H A HA
17
Art.2 al. 1" de TActe uniforme portant organisation des sûretés. OH AD A,
3ème éd.2008. p.657
11

Le créancier, au lieu d'avoir un seul débiteur, en a plusieurs.


Mais, il reste créancier chirographaire car c'est une garantie en dehors du
débiteur.

IV. 2. Sûretés réelles


La sûreté réelle consiste dans le droit du créancier de se faire
payer, par préférence, sur le prix de réalisation du bien meuble ou immeuble
affecté à la garantie de l'obligation de son débiteur18
Ce sont les garanties que le créancier trouve dans le
patrimoine du débiteur et qui constituent des causes légales de préférence
en cas de poursuite19.

Elles consistent dans l'affectation faite par le débiteur d'un ou


plusieurs de ses biens à la garantie du créancier. Elles sont des droits réels
accessoires. Elles modifient la qualité du créancier qui cesse d'être un
créancier chirographaire ; elles lui confèrent une situation privilégiée à un
double point de vue :
a) D'une part, s'il n'est pas payé à l'échéance, le créancier a le droit,
non pas de s'attribuer la chose constituée en garantie, mais de la
saisir, de la faire vendre, de se faire payer sur le prix par
préférence aux autres créanciers. Il est ainsi protégé contre les
nouvelles dettes contractées par le débiteur ;
b) D'autre part, le créancier est protégé car il a le droit de préférence
et le droit de suite qui sont attachés à tous les droits réels.

V. Principe du caractère accessoire de la sûreté


Toute sûreté est considérée comme l'accessoire de la créance
à laquelle elle est affectée, ce qui signifie qu'elle suit le même sort que la
créance (validité ; nullité, extinction...), sauf clause contraire ou quand il s'agit
de garantie ou de contre-garantie autonome.

VI. Historique des sûretés en Droit Congolais


A. Avant la loin0 73-021 du 20 juillet 1973 telle que modifiée et
complétée par la loi n° 80-008 ' d u 18 juillet 1980.

Les sûretés ont été organisées dans notre pays depuis


l'époque de l'E.I.C. (1885-1908) et de l'époque coloniale (1908-1960).
Les législateurs de l'E.I.C. et colonial ont reproduit dans
l'ensemble les textes du Droit belge en la matière, sauf quelques rares
exceptions.

18 A H ? ai ? Idem
G KALAMBAY Lumpungu. Droit civil. Vol.lll- Régime des sûretés.
12

Dans le même ordre d'idées, le cautionnement et le gage ont


été réglementés par le décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats ou
obligations conventionnelles devenu le livre III du code civil dans ses titres IX
et XI20.
En ce qui concerne le cautionnement, dans ce code civil, les
articles 552 à 559 sur le cautionnement furent la reproduction des articles
2011 à 2020 du code civil belge à l'exception des articles 2012 et 2019.
Pour le gage, par contre, le législateur colonial s'est largement
inspiré du code civil belge en omettant aussi quelques articles. En effet, le
titre XVII du code civil belge est intitulé : « Du nantissement » et, après deux
articles de définition, il y a deux chapitres consacrés au gage. Le législateur
congolais a reproduit dans son titre XI que les dispositions relatives au gage
en omettant ainsi la définition qu'en donnent les articles 2071 et 2072.

Dans le titre congolais, l'article 2073 devient 598, 2077


devient 601,2076 devient 602,2079 à 2083 deviennent 608 à 612. Les
articles 2074 et 2075 belges qui ont trait à la preuve du gage sont remplacés
par 601, qui renvoient en cette matière au Droit Commun. Dans un article
559, le législateur congolais a précisé que le gage pouvait être institué sur
toutes choses mobilières susceptibles de possession corporelle ou
incorporelle. Les articles 602 et 603 reproduisent les articles 2 et 3 de la loi
du 5 mai 1872 sur le gage commercial. L'article 605 s'inspire de l'article 4 de
la même loi.
Il y a lieu de noter que, cet examen des textes montre la
source nettement belge de la législation sur le gage. Mais dans un but de
simplification, le législateur congolais a incorporé au Droit civil certaines
dispositions de la loi commerciale. Il l e législateur congolais n'a innové
que sur un point : en ce qui concerne la preuve du gage.
Les privilèges ont été réglementés par l'ordonnance du 22 janvier
1896 approuvée par le décret du 25 avril 1896. »
L'hypothèque, quant à elle est l'œuvre du législateur colonial
qui l'introduit par le décret du 15 mai 1922. Ce texte fut inspiré de la loi
hypothécaire belge du 10 décembre 1851 mais amélioré en tenant compte
des principes auxquels se rattachent l'établissement et la transmission de la
propriété immobilière en droit congolais contenus dans le décret du 6 février
1920 dont les dispositions formèrent plus tard le titre III du livre II du code
civil congolais. Ces principes en relation étroite avec la matière des
hypothèques sont :

20 Ordab P, In SOHER.A Droit Civil du Congo Belge T ?I Bruxelles Lader, 1980,p.100


13

1° La propriété privée du sol n'est légalement établie que par un


certificat d'enregistrement du titre concédé ou reconnu par la colonie
(art. 36CCLII devenu 219 dans la loi du 20 juillet 1973). Cet
enregistrement est l'œuvre du conservateur des titres fonciers ;

2a Nulle charge ne frappe la propriété immobilière si elle n'est inscrite


au certificat d'enregistrement. C'est donc un système d'enregistrement
de tous les droits réels et charges foncières, système inspiré de l'Acte
Torrens et mis à jour par le décret du 6 février 1920.

B. Loi n°73-021 du 20 juillet 1973 telle que modifiée et complétée par


la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980
En 1973, le législateur congolais a réuni toutes ces quatre
sûretés en un seul texte, sous la quatrième partie de la loi du 20 juillet 1973
portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des
sûretés comprenant les articles 243 à 366. Le cautionnement, le gage et les
privilèges ont été repris tels quels.
Par contre, il n'y a que les hypothèques qui ont subi des
modifications suite à la nouvelle philosophie qui domine toute la loi de 1973.
En effet, en droit positif congolais, la propriété foncière appartient
uniquement à l'Etat congolais (art. 53). Cette propriété foncière est
inaliénable et n'est donc plus susceptible d'hypothèque.
C. l'acte uniforme du 17 avril 1997 de l'OHADA tel que modifié et
complété par l'Acte uniforme du 15 décembre 2010portant
organisation des sûretés

Depuis 2004, la république Démocratique du Congo était en


négociation comme un dix-septième Etat pour adhérer à l'OHADA et y est
considéré comme membre effectif depuis 2012.

Dès lors, la nécessité d'instaurer un climat de confiance


propice aux investissements étrangers, milite fortement en faveur d'une
harmonisation du droit des affaires autour des règles sûres, stables,
prévisibles et connues, permettant un arbitrage des différends contractuels
et la facilitation des activités des entreprises.

L'Acte uniforme OHADA apporte le plus de modifications aux


dispositions des Etats membres, il se justifiait du fait des lacunes et de la
vétusté des textes concernant les sûretés personnelles et les sûretés réelles.
Les divisions classiques ont été concernées : Sûretés0 personnelles et sûretés
réelles mobilières et immobilière. S'agissant des sûretés réelles, le droit de
rétention est consacré par les dispositions spéciales car auparavant son
14

existence n'était que déduite des textes ; le gage, le nantissement font l'objet
d'une mise à jour ainsi que des privilèges généraux et spéciaux ont subi un
toilettage par rapport à la loi congolaise de 1973. Pour ce qui est des sûretés
immobilières, l'antichrèse n'a pas été restaurée.

A l'analyse des différentes dispositions, on se rend compte


cependant que très souvent, les règles édictées ne peuvent accéder à une vie
juridique autonome : leur articulation avec la loi nationale des Etats parties
est inévitable compte tenu des innombrables renvois qui sont explicites
tantôt implicites21.

VII. Agent des sûretés

1. Définition

L'agent des sûretés est une innovation fondamentale du


Nouvel Acte uniforme OHADA 2012. Il apparait comme un professionnel de
la gestion des sûretés d'autrui, de leur constitution à leur dénouement.

L'agent des sûretés n'est rien d'autre qu'un mandataire


chargé, en vertu d'un contrat avec le créancier, de constituer, inscrire, gérer
et réaliser une ou des sûretés ou toute autre garantie de l'exécution d'une
obligation (Art. 5 AU S, 2012).

L'agent des sûretés est une institution financière ou un


établissement de crédit national ou étranger agissant en son nom et en
qualité de mandataire au profit du ou des créanciers des obligations
garanties qui l'ont désigné à cette fin.

2. Acte de désignation

L'acte de désignation de l'agent des sûretés doit contenir, à peine


de nullité, les mentions indiquées dans l'article 6 AUS, 2012, destinées à
renseigner complètement et clairement les parties au mandat, les débiteurs
et les tiers sur la mission de ce mandataire (identification des obligations
garanties, des créanciers ; des lieux et des échéances de paiement... ; durée,
étendue et compte rendu de la mission).
3. Indication de la qualité de mandataire

21
OHADA. traité et actes uniformes, commentés et annotés, juriscope,
Futuroscope, 2012.4ème édition, p. 981.
15

Dans tout acte accompli au nom de ses mandants, les


créanciers, l'agent des sûretés doit indiquer la qualité en laquelle il agit.

4. Pouvoir de représentation

Sauf clause contraire, l'agent des sûretés à tout pouvoir


pour représenter son ou ses mandants dans leurs relations avec leurs
débiteurs et leurs garants ainsi que pour intenter toutes actions, y compris
en justice (Art. 8 AU S, 2012).
5. Substitution de l'agent des sûretés
L'article 10 al. 1, Acte uniforme OHADA 2012 considère que
l'agent des sûretés peut se substituer, sous sa responsabilité, un tiers pour
accomplir sa mission à condition que cette faculté soit stipulée dans son
mandat. En ce cas, les mandants peuvent agir directement contre le tiers
substitué.
L'alinéa 2 de l'art. 10 signale que l'acte de mandat ait ou
non prévu les conditions de remplacement de l'agent des sûretés en cas de
manquement à ses obligations ou de mise en péril des intérêts confiés à lui
ou d'ouverture d'une procédure collective d'apurement du passif, les
mandants peuvent s'adresser à la justice pour obtenir cette mesure. Ainsi,
les droits et actions que le précédent agent détenait dans l'intérêt de ses
mandants sont transmis à son remplaçant.

6. Responsabilité de l'agent
Sauf stipulation contraire, l'agent des sûretés assume la
responsabilité d'un mandataire salarié face à ses mandants.
16

1er PARTIE : LES SURETES PERSONNELLES

1. Texte : Articles 12 à 49 de l'Acte uniforme OHADA du 15 décembre


2010 portant organisation des sûretés.

2. Plan
Introduction.
Chapitre I : Cautionnement
Chapitre II : Garantie et Contre-Garantie Autonomes.

INTRODUCTION

I. Différence avec les sûretés réelles ^


Les sûretés personnelles sont différentes des sûretés réelles
par leur technique22
En effet, les sûretés personnelles ne soustraient à l'emprise
du créancier aucun élément du patrimoine du débiteur. Les sûretés
personnelles sont extérieures aux biens du débiteur qui sont l'assiette de
son crédit.

II. Caractéristiques des sûretés personnelles

1. Débiteur supplémentaire : garant : pluralité des sujets passifs de


l'obligation.

Les sûretés personnelles procurent un débiteur


supplémentaire au créancier. Un nouveau droit de créance est créé, à I
’encontre d'un tiers

Ainsi, c’est un « plus » le garant ajoute son propre


engagement à celui du débiteur initial.
2. Garant tenu pour autrui et non à titre personnel
Dans les sûretés personnelles, il faut que le garant ne soit
tenu d'aucune contribution à la dette. Il paiera pour autrui.

3. Principe du caractère accessoire

22 F.KINT, Op.Cit, P.353


17

Les sûretés personnelles comme les sûretés réelles ont un


caractère accessoire. Tel est le cas du cautionnement.

4. Volonté des parties

Les sûretés personnelles naissent de la volonté des parties,


c'est-à-dire d'un contrat contrairement aux sûretés réelles où l'on retrouve
les sûretés réelles légales et les sûretés réelles conventionnelles.

III. Catégories
L'Acte uniforme OHADA portant organisation des sûretés
maintient la dualité des sûretés personnelles, à savoir : le cautionnement et
la garantie autonome.

Le pluriel se justifie en matière des sûretés personnelles. A


côté du cautionnement, la garantie et contre-garant sont réglementées par
un texte.

Pour protéger le consentement de la caution, il est désormais


requis, à peine de nullité, que le cautionnement soit exprimé par écrit pour
toute somme déterminée et maximale en principal et accessoires de la dette
garantie.

La refonte du droit des sûretés a été l'occasion d'introduire


sur le plan législatif, afin de l'organiser, une des garanties les plus
répandues dans le monde des affaires : la garantie et contre-garantie
autonomes à première demande.

CHAPITRE I : CAUTIONNEMENT

Le cautionnement est réglementé par les articles 13 à 38 de


l'AUS du 15 décembre 2010.

Nous examinerons successivement les notions générales


(section I), les conditions de formation (section II), les modalités du
cautionnement (section III), les effets juridiques du cautionnement (section
IV), l'extinction du cautionnement (section V)
Section I Notions générales
§1. Définition
18

Le cautionnement est un contrat par lequel une personne


appelée caution, s'engage envers une autre (le créancier) gui accepte, à
exécuter l'obligation du débiteur principal présente ou future en cas de
défaillance de ce dernier.
Le consentement du débiteur n'est pas requis pour la validité
du cautionnement qui peut être consenti à son insu (art. 13. al 1 et 2 AUS)

A est créancier de B pour un montant de 1000 francs


congolais que B doit payer au plus tard le 30 décembre 2013. Mais A conclu
un contrat de cautionnement envers C. Ce qui signifie que C s'engage sur
ses biens personnels vis-à-vis de A à payer les 1000 Fc dus par B, si celui-ci
ne s'exécute pas à l'échéance.

§3. Terminologie
Le cautionnement peut emprunter certains éléments à ia
technique des sûretés réelles lorsqu'une personne constitue un gage ou une
hypothèque en garantie de la dette d'autrui. Cette personne prend alors le
nom de caution réelle ; elle demeure une caution dans la mesure où elle
n'est tenue qu'à titre subsidiaire, en cas de défaillance du débiteur, mais son
engagement est limité à la chose qu'elle a remise en garantie (art. 16 et 22.
Acte uniforme).

La caution peut aussi se faire cautionner par une autre


personne appelée certificateur de caution qui, sauf stipulation contraire, est
dans la situation d'une caution simple de la caution certifiée (art.21. Acte
uniforme).

§4. Parties au contrat de cautionnement


1. Seules sont parties au contrat la caution et le créancier de
l'obligation cautionnée. Le débiteur de l'obligation cautionnée n'y est pas
parti ;
2. Ceci explique que :
a) La caution peut s'engager à l'insu du débiteur originaire (art. 13 al 2.
acte uniforme) ;
b) Dans le contrat de cautionnement, le débiteur originaire ne joue
aucun rôle.
§5. Avantages du cautionnement
A. Du point de vue du créancier
19

La garantie du créancier provient d'une autre personne qui


s'oblige envers lui à payer en lieu en place du débiteur si celui-ci ne le fait
pas lui-même.

Le créancier va donc augmenter le nombre de ses débiteurs et


par le fait même, ses chances d'obtenir paiement car le patrimoine de la
caution finit par compléter les vides du patrimoine du débiteur. Si ce dernier
est insolvable, le créancier peut immédiatement saisir les biens de la (ou des)
caution(s). Il n'a donc plus à craindre l'insolvabilité du débiteur.
B. Du point de vue économique

On voit donc l'importance que peut revêtir le cautionnement


dans l'octroi des crédits qui permet l'expansion économique d'un pays.

Toute personne qui veut développer ses affaires pourra


obtenir sans trop de peines de fonds nécessaires à cette extension si elle
est démunie de liquidités à la condition de fournir au créancier qui accorde
le crédit la garantie d'une personne solvable qui s'engage avec elle.

§6. Caractères
Il y a lieu de noter que le cautionnement est un contrat, un
contrat accessoire, un contrat bilatéral entre la caution et le créancier dans
la mesure où le créancier doit accepter le cautionnement en signant le
contrat (Art. 14), un contrat consensuel, un contrat de bienfaisance (acte
gratuit, un acte d'assistance pour aider un membre de sa famille, un allié, un
ami qui lui sont chers).

N.B. : Nature civile ou commerciale du contrat de cautionnement

L'obligation de la caution est de nature commerciale quand


elle rentre dans la catégorie des actes commerciaux (art. 2 décret 19 13)

Il en est ainsi quand un commerçant s'oblige comme caution


dès lors que son engagement est justifié par les nécessités de son
commerce23 (banques, fournisseurs caution de ses clients). Dans tous les
autres cas, l'obligation de la caution est civile.

Section II : Conditions de formation ou validité du cautionnement

§1. Conditions de droit commun (art. 1108 C civ.)

23
F. TKINT. Op.cit., n °738
20

- Le consentement exempt de vices (erreur, dol, violence) ;


- La capacité de contracter ;
- Un objet et une cause licite.

§2. Conditions spécifiques de l'AUS

❖ Etre convenu de façon expresse car le cautionnement ne se présume


pas, quelle que soit la nature de l'obligation garantie (art. 14 al. 1er) ;

❖ Il se prouve par un acte comportant la signature de la caution et du


créancier ainsi que la mention, écrite de la main de la caution, en toutes
lettres et en chiffres, de la somme maximale garantie couvrant le principal,
les intérêts et autres accessoires.

En cas de différence, le cautionnement vaut par la somme


exprimée en lettres (art. 14 al. 1 et 2) ;

 Être conclu par écrit authentique ou seing privé signé par les
deux parties et comportant en toutes lettres la mention manuscrite de la
somme maximale garantie. La somme maximale garantie correspond au
principal de la dette, à ses accessoires et aux frais de recouvrement de la
créance dès lors que cela ressort clairement de la mention manuscrite (art.
18). Il en est de même en cas de cautionnement général des dettes du
débiteur principal couvrant « fous ses engagements » ou « le solde débiteur
d'un compte courant (art. 19);

 La caution ne sachant ou ne pouvant écrire est dispensée des


exigences de l'art 14 al. 1 à condition de se faire assister par deux témoins
qui certifient dans l'acte son identité et sa présence attestent la nature et les
effets de son engagement (art. 14 al. 2) ;

 Être fourni par une personne présentant des garanties de


solvabilité. S'agissant d'époux communs en biens, cette condition s'apprécie
par rapport à l'ensemble des biens et revenus de la communauté24

A défaut de pouvoir fournir une telle caution, le débiteur pourra


consentir une sûreté réelle satisfaisante pour le créancier (art. 15 al 2 et 3).
La même solution est retenue lorsque la caution initialement fournie devient
par la suite insolvable (art. 16) ;

Cas.l ere Civ..27 mai 2003. n°00-14.302. Rougier/C Fem


21

Être garantie par une obligation principale valable et à


concurrence du montant de celle-ci, sous peine de nullité ou de réduction à
due concurrence. La confirmation de la nullité par le débiteur sera sans effet
sur la validité du cautionnement. Toutefois, la loi autorise le cautionnement
en connaissance de cause des engagements d'un incapable (art. 17) ;
Etre consenti par une personne ayant le pouvoir d'engager la
personne morale, et dans le cas particulier dès SA, avoir préalablement été
autorisé par le conseil d'administration (art. 449, Acte uniforme sur les
sociétés commerciales).
N.B. : Extension du cautionnement aux accessoires de la créance
garantie « sauf stipulation contraire » (art. 18)

L'acte constitutif de l'obligation principale est désormais


annexé à la convention de cautionnement, à la demande de la caution et
n'est donc plus une formalité obligation comme l'indique l'art. 8 al 1 de l'AUS
1997.

Section III : Modalités du cautionnement


Il existe 2 sortes de cautionnement :
 Le cautionnement simple ;
 Le cautionnement solidaire.
1. Le cautionnement simple

La caution simple peut contraindre le créancier à poursuivre


d'abord le débiteur, à saisir et faire vendre ses biens, avant de l'obliger elle-
même au paiement. Cette faculté qui porte le nom de « bénéfice de
discussion » ne doit pas cependant apparaître comme un moyen dilatoire.

C'est pourquoi la caution est tenue de provoquer la


discussion du patrimoine du débiteur dès les premières poursuites en
désignant les biens à saisir et en avançant les frais de procédure (c. civ, art.
2023 ; Art. 16 al. IAUS 1997, art.27 AUS de 2010.)

Toutes les fois que la caution a fourni les éléments


nécessaires pour la discussion, le créancier est, jusqu'à concurrence des
biens indiqués, responsable à l'égard de la caution de la solvabilité du
débiteur principal qu'il a négligé de poursuivre en temps utile (c. civ., art.
2024).
22

Le bénéfice de discussion est refusé à la caution judiciaire et


au certificateur de caution (c. civ., art. 2042 et 2043, art. 27 AUS). Il
disparait également si la caution y a renoncé lors de la conclusion du
cautionnement.

Si plusieurs cautions se sont engagées à garantir le paiement


de la dette, celle qui est poursuivie peut demander au
La défaillance du débiteur principal doit être avérée et portée
à la connaissance de la caution par tout moyen (signification, commandement
sommation, lettre recommandée.). La caution ne peut être poursuivie qu'après
mise en demeure du débiteur.
Pour échapper à cette obligation, il ne lui reste que deux
moyens : 1° contester la validité du contrat (vice de forme, vice de
consentement, etc.) ou opposer au créancier toutes les exceptions inhérentes
à la dette qui appartiennent au débiteur principal ; 2° établir que son
engagement était disproportionné à ses moyens. Ce dernier moyen n'est pas
négligeable car l'Acte uniforme consacre implicitement le principe de
proportionnalité de la garantie avec les facultés de paiement du garant (Art
15, al 2 AUS).
Le créancier professionnel ne saurait donc se prévaloir d'un
contrat de cautionnement conclu par une personne physique dont
l'engagement était, lors de sa conclusion, manifestement disproportionné à
ses biens et revenus, à moins que le patrimoine de cette caution, au moment
où celle-ci est appelée, ne lui permette de faire face à cette obligation. Il s'agit
ici de sanctionner une attitude réputée fautive du créancier qui n'aurait pas
dû conclure le contrat de cautionnement.
L'exécution du cautionnement peut compter diverses
modalités et met des obligations précises à la charge des parties.

4.1. Obligation permanente d'informer la caution (Art 24 et 25)

Obligation d'informer la caution de toute défaillance du débiteur


principal, et de mettre préalablement ce dernier en demeure de payer.
Obligation d'informer la caution de la prorogation du terme accordé au
débiteur principal par le créancier. La caution peut refuser cette prorogation
et exiger du débiteur principal le paiement de sa dette.
Obligation d'informer la caution de la déchéance du terme accordé au
débiteur principal, même comme celle-ci (déchéance) ne lui est pas
opposable. Ces informations doivent indiquer le reliquat de la créance due,
en principal, en intérêts.

4.2. L'obligation périodique d'informer la caution (art. 25)


23

 Périodicité d'information : le mois qui suit le terme de chaque semestre


civil (soit 6 mois) ;

 L'obligation semestrielle d'information n'a lieu que lorsqu'on est en


présence d'un cautionnement général.

Sanction du défaut d'information :

Déchéance des intérêts dus depuis la dernière information jusqu'à la


date de communication de la nouvelle information.
Section V. Extinction du cautionnement
5.1. Causes légales (Art 36)

De façon générale, le cautionnement s'éteint pour les causes suivantes


:
 Le paiement ;
 La compensation ou la confusion (créancier/caution) ;
 La dation en paiement ;
 La novation de l'obligation principale par changement d'objet ou de cause.

5.2. Résiliation unilatérale


La résiliation peut être consécutive à la révocation de son
engagement par la caution, ou à la renonciation par le créancier.

Si la caution révoque son engagement avant l'échéance, elle


sera tenue d'honorer le paiement de l'encours à la date de cette révocation.
La caution est déchargée de son engagement lorsque le créancier a, en toute
connaissance de cause, renoncé à la sûreté25.

5.3. Autres causes d'extinction du cautionnement

• Décès de la caution (Art. 36 al 4)


Les héritiers de la caution sont, comme la caution elle-même,
tenus des dettes nées antérieurement au décès même si ces dettes ne sont
exigibles qu'à une date ultérieure.

• Faute du créancier portant préjudice à la caution

25
Cass.l ere Civ..6 juin 2001. n°98-22.640. n°978 FS-P. Sté Udeco diffusion
C/Dalloux : Bu 11.Civ. 1. n°161
24

La caution est déchargée de son obligation lorsque la


subrogation aux droits, hypothèques et privilèges du créancier ne peut plus,
par le fait exclusif du créancier, s'opérer en sa faveur. Cette règle est
impérative et ne saurait être écartée par une clause contraire (Art. 29 al 2,
AUS). Elle peut s'appliquer à tout manquement susceptible de priver la
caution de ses recours, notamment :

En toute hypothèse, la caution n'est déchargée qu'à


concurrence de la valeur des droits dont elle a été privée par le fait du
créancier (Art. 29 à 13, AUS).
Le créancier doit ménager les intérêts de la caution et s'abstenir de toute
attitude susceptible de contribuer à l'insolvabilité du débiteur. Une banque
peut notamment engager sa responsabilité à l'égard de la caution lorsque
par le soutien abusif qu'elle a accordé au débiteur, elle a rendu impossible le
remboursement de la dette.
25

CHAPITRE II : GARANTIE ET CONTRE-GARANTIE AUTONOMES

Section I. Définition

La garantie autonome est définie par l'article 39 alinéa 1er de


l'Acte Uniforme portant organisation des sûretés comme « un engagement par
lequel le garant s'oblige, en considération d'une obligation souscrite par le
donneur d'ordre et sur instructions de ce donneur d'ordre, à payer une somme
déterminée au bénéficiaire, soit sur première demande de la part de ce
dernier, soit selon des modalités convenues ».

L'alinéa 2 du même texte définit la « contre-garantie autonome


» comme l'engagement par lequel le « contre-garant s'oblige, en considération
d'une obligation souscrite par le donneur d'ordre et sur instructions de ce
donneur d'ordre, à payer une somme déterminée au garant, soit sur première
demande de la part de ce dernier, soit selon des modalités convenues ».

Il résulte de cette double définition ci-dessus que la garantie


ou contre garantie autonomes, selon le cas, est un contrat qui fait naître à la
charge du garant ou du contre-garant l'obligation de payera un tiers appelé
bénéficiaire ou au garant, sur sa demande, une somme déterminée en
exécution d'une créance que ce dernier détient contre le donneur d'ordre.
L'engagement de payer ainsi souscrite est toutefois une
obligation indépendante du rapport juridique garanti. C'est en cela que la
garantie diffère sensiblement du cautionnement.

Les modalités les plus rencontrées en pratique sont les


suivantes : la garantie de bonne fin : la garantie de soumission ; la garantie
de paiement de droit de douanes ; la garantie de restitution d'acompte, etc.
Section II : Formation des garanties et contre-garantie autonomes
Au-delà des conditions de validité de droit commun des
obligations, Acte uniforme portant organisation des sûretés énonce certaines
conditions particulières qui sont relatives à la personne du garant ou du
contre garant (1) et à la forme de l'acte constatant la garantie (2)

1. L a personne du garant ou du contre garant

En vertu de l'article 40 alinéa 1er de l'Acte uniforme sur les


sûretés, « les garanties et contre-garantie autonomes ne peuvent être
souscrites sous peine de nullité par les personnes physiques ».
26

Cette position est sans doute justifiée par le souci de


protéger les particuliers, l'engagement de garantie à première demande
étant jugé très contraignant.

La garantie peut émaner en principe de toute personne


morale de droit privé ou d'une collectivité publique, sous réserve des règles
prévues par l'Acte uniforme sur les sociétés commerciales en ce qui
concerne la délivrance des garanties personnelles. Toutefois, et d'une
manière générale, les lettres de garantie sont délivrées par les banques à la
demande de leurs clients ou à titre de contre-garantie.

2. La forme de l'acte de garantie et contre-garantie

L'article 41 de l'Acte uniforme prévoit une double exigence


de forme : un écrit qui doit avoir un contenu déterminé.

1* I. 'exigence d'un écrit

La première exigence de forme est que toute convention


tenant lieu de garantie doit, pour être valable, être constatée par un écrit ;
C'est ce qui résulte de l'alinéa 1er de l'article 41 aux termes duquel « les
conventions de garantie ou de contre-garantie ne se présument pas. Elles
doivent être constatées par un écrit... ».
Ce texte subordonne, sans ambiguïté, l'exigence d'un acte
juridique ayant valeur d'engagement à première demande à la rédaction d'un
écrit. A défaut, il n'est donc pas possible au bénéficiaire d'en apporter
autrement la preuve.
Il peut s'agir aussi bien d'un acte sous seing privé que d'un
acte authentique.
2- Le contenu de l'écrit

La lettre de garantie ou de contre-garantie doit, sous peine de


la nullité, comporter un certain nombre de mentions obligatoires prévues par
l'alinéa 2 de l'article 41 : « la dénomination de garantie ou de contre-garantie
autonome ; le nom du donneur d'ordre ; le nom du bénéficiaire ; le nom du
garant ou du contre-garant; la convention de base, l'acte ou le fait, en
considération desquels la garantie ou contre-garantie autonome est émise ; le
montant maximum de la garantie ou de la contre-garantie autonome; la date
ou le fait entraînant l'expiration de la garantie; les conditions de la demande
de paiement, s'il y a lieu ; l'impossibilité, pour le garant ou le contre-garant, de
bénéficier des exceptions de la caution. ».

Section III : Les effets des garanties et contre - garantie autonomes


27

§1. L'étendue de la garantie


La détermination de l'étendue de la garantie émise doit en principe résulter «
des seules dispositions de l'écrit », ce qui est un corollaire de son caractère
autonome. Toutefois, l'Acte uniforme sur le droit des sûretés, fixe un certain
nombre de règles limitatives de la volonté des parties et relatives à la durée
et au montant de la garantie.

A. La durée de la garantie (AUS, art. 43)

« Les garanties et contre-garantie autonomes prennent effet à


la date où elles sont émises sauf stipulation d'une prise d'effet à une date
ultérieure».

Ce texte situe donc l'effet de l'engagement de garantie à la date


de son émission. Toutefois, le même texte donne aux parties contractantes la
possibilité de différer l'entrée en vigueur de l'engagement pris par le garant.

Les alinéas 2 et 3 de l'art. 40 précisent que les instructions du


donneur d'ordre ainsi que la garantie et la contre-garantie sont irrévocables
dans le cas d'une garantie ou d'une contre-garantie à durée déterminée et
révocables s'agissant de la garantie ou de la contre-garantie à durée
indéterminée.
B . L e montant de la garantie

Le principe posé en la matière par l'article 44 alinéa 1er de


l'Acte uniforme sur les sûretés est que « le garant et le contre-garant ne sont
obligés qu'à concurrence de la somme stipulée dans la garantie ou de contre-
garantie... ».

Il faut déduire de cette disposition que le montant de


l'engagement du garant doit être déterminé d'avance par les parties.

Possibilité d'une réduction ultérieure de l'assiette de la


garantie. L'art. 33 al 1er précité précise, dans ce sens, que le garant ou le
contre-garant est obligé à concurrence de la somme stipulée dans la lettre de
garantie « sous déduction des paiements antérieurs faits respectivement par le
garant ou le contre-garant conformément aux termes de leur engagement ».
Il est reconnu au garant le droit d'opposer au bénéficiaire les
paiements déjà effectués et que ce dernier admet.
28

§2. L'exécution de la garantie A. L'appel de la garantie

L'Acte uniforme sur les sûretés subordonne la demande


formulée par le bénéficiaire. Selon son art. 45 alinéa 1er, « la demande de
paiement au titre de la garantie autonome doit résulter d'un écrit du
bénéficiaire accompagné de tout autre- document prévu dans la garantie. Cette
demande doit indiquer le manquement reproché au donneur d'ordre dans
l'exécution de l'obligation en considération de laquelle la garantie a été
souscrite ».

Toute demande de contre-garantie doit quant à elle et selon


l'alinéa 2 du même art. 45, « résulter d'un écrit du garant mentionnant que le
garant a reçu une demande de paiement émanant du bénéficiaire et conforme
aux stipulations de la garantie ».
A la lecture de cette disposition, deux remarques s'imposent :

1- D'une part, il n'en résulte que la garantie doit être nécessairement «


justifiée » (C'est-à-dire que le bénéficiaire doit indiquer les raisons de son
appel de garantie) ;
2- D'autre part, le droit uniforme essaie de faire prédominer la
garantie « documentaire » au détriment de la garantie « sur première demande
» (le bénéficiaire doit accompagner sa demande de paiement des documents
prévus au contrat).
Le garant ou le contre-garant qui reçoit une demande de
paiement dispose, aux termes de l'art. 46 al 1er de l'Acte uniforme, « d'un
délai fixe et précis de cinq jours ouvrés » pour l'examen de la conformité de la
demande en paiement aux termes de la garantie ou de la contre-garantie II
est en outre prévu une obligation de notification, dans ce délai au
bénéficiaire ou au garant, de toute décision de rejet du paiement.
B. L 'opposition au paiement

Hormis, l'hypothèse de la non-conformité de l'appel de la


garantie par rapport aux stipulations contractuelles, le garant n'a pas
d'autres moyens pour refuser le paiement. Néanmoins, le donneur
d'ordre, le contre-garant et même le garant ont le droit de s'opposer à
l'exécution de la garantie.

L'art. 47 dispose à cet effet que « le donneur d'ordre ne peut


faire défense de payer au garant que si ta demande de paiement du
bénéficiaire est manifestement abusive ou frauduleuse. Le garant et le
contre-garant disposent de la même faculté dans les mêmes conditions».
29

C. Les actions récursoires (AUS, art 48)

Les recours de la caution contre le donneur d'ordre sont


ouverts au garant ou contre-garant ayant fait « un paiement conformément
aux termes de la garantie ou de la contre-garantie autonome ».

Section VI. Extinction de la lettre de garantie ou contre-garantie (art 49


AUS)

La garantie et contre-garantie autonome cesse lorsque :

• Les conditions arrêtées contractuellement sont réunies. Ainsi,


l'écoulement de la durée convenue par les parties avec
l'arrivée du jour calendaire spécifiée l'expiration du délai
prévu. Présentation par le donneur d'ordre au garant ou
contre-garant des documents libératoires spécifiés dans la
lettre de garantie ou de contre - garantie ;
• La volonté unilatérale du bénéficiaire sous la forme d'une
déclaration écrite du bénéficiaire libérant le garant ou le
contre-garant de son obligation : cette déclaration doit
indiquer, de manière non équivoque, que le bénéficiaire
entend renoncer à sa créance à l'égard du garant et du contre-
garant
30

IIeme PARTIE : LES SURETES REELLES

Lorsqu'un créancier bénéficie d'une sûreté réelle, celle-ci


consiste pour le débiteur à effectuer prioritairement d'un bien, d'un
ensemble des biens ou d'un patrimoine afin de garantir l'exécution d'une
obligation ou d'un ensemble d'obligations.

On distingue traditionnellement, compte tenu de la nature de la chose


affectée en garantie, les sûretés mobilières et les sûretés immobilières.

TITRE I : SURETES MOBILIERES


L'art. 50 de l'Acte uniforme énumère les sûretés mobilières de la
manière que voici : « les sûretés mobilières sont : le droit de rétention, la
propriété retenue ou cédée à titre de garantie, le gage de meubles corporels, le
nantissement de meubles incorporels et les privilèges ».

L'alinéa 2 du même article 50 dispose : « sauf disposition


contraire, les sûretés mobilières soumises à publicité font l'objet d'une
inscription au registre du commerce et du crédit mobilier... ».
31

CHAPITRE I : INSCRIPTION DES SURETES MOBILIERES AU


REGISTRE DU COMMERCE ET DU CREDIT MOBILIER

Texte : Articles.51 à 66AUS

Section I : De l'inscription des sûretés mobilières


L'art. 51 AUS dispose que l'inscription des sûretés mobilières
est faite à la requête du créancier, de l'agent des sûretés ou du constituant.

L'alinéa 2 considère que l'inscription des privilèges généraux du


trésor, de l'Administration des douanes et des institutions de Sécurité
Sociale est effectuée à la diligence du comptable public de l'administration
créancière.

Section II : De la compétence territoriale du RCCM

Pour recevoir la demande d'inscription, la désignation du RCCM diffère


 S'agissant de sûretés mobilières, le RCCM compétent est celui dans le
ressort duquel est immatriculé le constituant de la sûreté ou, s'il n'est
pas soumis à immatriculation, celui dans le ressort duquel est situé,
selon le cas, le siège (société civile, association...) ou le domicile du
constituant (personne physique) ;
 S'agissant de nantissement de créances ou de cession de créance à
titre de garantie, le RCCM compétent est celui du ressort dans lequel
le débiteur de cette créance est domicilié ou, s'il n'est pas soumis à
immatriculation, celui du ressort dans lequel est situé, selon le cas, le
siège ou le domicile de ce débiteur ;
 Pour l'inscription du nantissement des droits des associés et des
valeurs mobilières d'une société commerciale ou d'une personne
morale assujettie à l'immatriculation, le RCCM compétent est celui
dans lequel est immatriculée la société ou cette personne morale ;
 Concernant l'inscription du nantissement du fonds de commerce, le
RCCM compétent est celui dans le ressort duquel est immatriculée la
personne propriétaire du fonds ;
 Quant à l'inscription des privilèges du trésor, de d'Administration des
douanes et des institutions de sécurité sociale, le RCCM compétent est
celui dans le ressort duquel est domicilié le redevable ou, s'il n'est pas
soumis à immatriculation, le siège ou le domicile du redevable.

Section III : Formalités à accomplir par le demandeur


d'inscription
32

Aux fins d'inscription de sa ou ses sûretés, l'Agent des


sûretés, le constituant ou, le cas échéant, le comptable public doit présenter
au greffe chargé de la tenue du RCCM un formulaire d'inscription devant
comporter les mentions décrites dans les sous-alinéas a,b,c,d,e,f de l'alinéa
ler de l'Art. 54.

Ces mentions concernent l'identification et la domiciliation


des parties, la nature et la date du titre générateur de la sûreté, la durée
de l'inscription, le montant maximal de la créance garantie, l'existence d'un
pacte commissoire s'il y en a un, la faculté pour le constituant d'aliéner les
biens fongibles grevés par la sûreté, la désignation du ou des biens grevés.

Les alinéas 2,3 et 4 ajoutent, à ces conditions générales, des


mentions particulières concernant : le nantissement ou le gage de créances,
de nantissement des droits d'associés et valeurs mobilières d'une société
commerciale ou de toute autre personne morale ■ | nantissement du fonds
de commerce ou le privilège du vendeur.

Après vérification du respect de ces mentions, le greffier ou le


responsable de la tenue du RCCM ou de son équivalent procède
immédiatement à l'inscription de la sûreté sur un registre chronologique.

L'inscription ou son refus est notifié par le greffe au débiteur


ou au constituant. Cette dernière recommandation peut faire l'objet d'un
recours dans les 8 jours de sa notification devant le juge des référés ou son
équivalent.
En cas d'irrégularité du formulaire le greffe ou son équivalent
dans l'Etat partie rejette en motivant sa décision.

1. Défaut de notification du rejet

A défaut de notification du rejet, le greffier ou son équivalent


dans l'Etat partie doit, sans délai, mentionner l'inscription au dossier de la
personne contre laquelle l'inscription est prise ; classer dans ce dossier le
formulaire de la déclaration et indiquer la date d'inscription et son numéro
d'ordre ; notifier l'inscription au Fichier national du RCCM en lui
transmettant les documents indiqués au 3° de l'art. 55 AUS.

2 Opposabilité aux tiers


L'inscription régulière d'une sûreté mobilière soumise à publicité
est opposable aux tiers à la date de l'inscription au RCCM. En cas de
pluralité d'inscription le même jour sur le même bien, c'est le titre de créance
33

le plus ancien qui emporte l'antériorité. Dans le cas ou tous les titres portent
la même date, elles sont réputées de même rang (art. 57)

3. Etendue et durée de conservation des sûretés

L'inscription d'une sûreté garantit, au même rang que le


principal, deux années d'intérêt. Les privilèges généraux du Trésor, de
l'Administration des douanes et des institutions de sécurité sociale sont
conservés durant trois années à compter de leur inscription. Pour toutes les
autres sûretés mobilières soumises à publicité, la durée de conservation est
laissée à la convention des parties sans pouvoir dépasser dix années à
compter de leur inscription.
En cas de non renouvellement de l'inscription avant
l'expiration de la durée prévue pour son effet, elle est périmée et radiée
d'office, (art. 58 AUS).

Section IV. Mainlevée, modification, cantonnement


La personne contre qui la sûreté est prise peut saisir la
juridiction compétente de l'Etat partie pour demander la mainlevée
(radiation), la modification {absence, erreur ou insuffisance de mentions ou de
précision de celles-ci dans l'inscription) ou le cantonnement (réduction de
l'assiette de la sûreté ou du montant de la créance) de l'inscription.

Cette juridiction peut, même avant de statuer au fond,


ordonner la mainlevée totale ou partielle de l'inscription si le requérant
justifie de motifs sérieux et légitimes (paiement ; compensation ;
prescription...).

Section V. Radiation
Elle peut être judiciaire ou conventionnelle. Toute radiation
partielle ou totale de l'inscription au registre du commerce et du Crédit
Mobilier n'a d'effet que si elle est inscrite en marge de l'inscription initiale
(art. 62 AUS).
La radiation judiciaire d'une inscription peut être ordonnée
par la juridiction compétente ou par l'autorité compétente dans l'Etat Partie
(art. 63 AUS).
34

La radiation conventionnelle est également possible su


dépôt ou transmission d'un acte authentique ou sous seing privé de
consentement du créancier ou son cessionnaire à la radiation (art. 64 AUS).

Section VI. Inscription frauduleuse ou inexacte et demande


d'information sur des inscriptions

Toute inscription mobilière entachée de fraude ou


comportant des mentions inexactes communiquées de mauvaise foi est
sanctionnée pénalement par la loi pénale nationale et faire l'objet dans la
même décision, d'un ordre de rectification des mentions inexactes (Art. 65
AUS)

Toute personne peut demander sur un formulaire destiné à cet effet, une
information sur les inscriptions de sûretés mobilières au RCCM. Le greffier
ou son équivalent doit y répondre immédiatement ou dans les deux jours
ouvrés en délivrant selon l'objet de la demande un certificat sur le ou les
biens désignés (Art. 66).
35

CHAPITRE II : LE DROIT DE RETENTION

Introduction
Les articles 67 à 70 maintiennent le droit de rétention
comme une sûreté d'application générale, parfaite et achevée. Ce droit peut
garantir toute créance certaine, liquide et exigible ; il peut s'exercer, en
dehors de toute saisie, dès lors qu'un lien de connexité existe entre la
chose retenue et la créance. Il confère au rétenteur la situation d'un
créancier gagiste aussi bien pour le droit de suite que pour le droit de
préférence.

Section I : Définition
C'est à la fois une prérogative reconnue au gagiste de droit
commun et une sûreté autonome dont bénéficie certains créanciers qui
détiennent un bien notamment en vertu d'un contrat et sur lequel ils
s'exercent une mainmise physique. Ce qui parait écarter les créanciers dont
la sûreté implique le maintien de la chose grevée entre les mains du
débiteur. C'est le droit pour le créancier de conserver la chose tant qu'il n'a
pas été désintéressé en totalité par le débiteur.

Section II : Conditions d'exercice du droit de rétention


 Le créancier doit détenir légitimement le bien qu'il prétend retenir ;
 La nature du bien n'est pas précisée mais le fait que le droit de
rétention soit placé parmi les sûretés mobilières implique qu'il doit
s'agir d'un bien meuble;
 La rétention est pratiquée à titre principal et non comme ''accessoire
d'une autre sûreté ;
 La rétention s'exerce jusqu'à complet paiement de ce qUj e$ dû au
créancier. (67 AUS) ;
 La rétention ne peut s'exercer que si la créance est certaine liquide et
exigible.

Section III : Obligation de rétention de la chose

Le créancier rétenteur doit conserver le bien retenu en bon état.


Cette obligation est celle d'un créancier gagiste.
Toutefois si la chose retenue est de nature périssable ou si les
frais de sa garde sont hors de proportion avec sa valeur, il peut obtenir
judiciairement la vente de ce bien. Son droit de rétention se reporte sur le
prix de vente. (Art. 70 AUS)
36

CHAPITRE III : PROPRIETE RETENUE OU CEDEE A TITRE DE


GARANTIE

Introduction
L'Acte uniforme du 15 décembre 2010 portant organisation
des sûretés a consacré la création de deux sûretés nouvelles liées, l'une à la
retenue de la propriété à titre de garantie (clause de réserve de propriété
cédée à titre de garantie), l'autre à la cession de propriété à titre de garantie
(propriété cédée à titre de garantie).

Section I : Reserve de propriété

1. Définition
La clause de réserve de propriété a pour but de suspendre
l'effet translatif du contrat de vente jusqu'au paiement complet du prix ou de
l'obligation qu'en la contrepartie. Elle introduit en droit positif une troisième
modalité de date de transfert de la propriété.
2. Nécessité d'un écrit
Cette clause doit, à peine de nullité, résulter d'un écrit établi,
au plus tard, au jour de la livraison ; elle peut également être inscrite dans
un écrit régissant un ensemble d'opérations présentes ou à venir.
L'exigence d'un écrit antérieur ou contemporain (au plus tard)
de la livraison est rigoureuse dans la mesure où ce n'est pas l'écrit qui rend
cette clause opposable aux tiers mais sa publicité au RCCM. (Art. 74 AUS).
3. Nature des biens assujettis à la réserve de propriété

Si la réserve de propriété ne concerne que des corps certains, le


droit du créancier ne peut s'exercer que sur ces biens. par contre, si elle porte
sur des choses fongibles, elle s'exerce sur des biens de même espèce et de
même qualité détenus par le débiteur ou pour son compte (Art. 75)
4. Exercice du droit de suite sur la chose réservée incorporée dans un
autre bien

L'Art. 76 de l'AUS règle l'exercice du droit de suite du


créancier dans le cas de l'incorporation d'un meuble faisant l'objet d'une
réserve de propriété à un autre bien meuble ou immeuble.

Si les deux biens peuvent être séparés sans dommage pour


elles, le créancier peut exercer son droit de propriété. Dans le cas contraire,
le tout appartient au propriétaire de la chose formant la partie principale à
37

charge pour ce dernier de payer à l'autre c'est-à-dire le propriétaire


réservataire la valeur de la chose qui y a été unie.

5. Restitution du bien en cas de non-paiement

En cas de non-paiement complet ou partiel à l'échéance, le


créancier peut exiger la restitution du bien. La valeur du bien repris est
imputée sur le solde de la créance dû et si la valeur du bien restitué est
supérieure au montant du solde dû, le créancier doit la différence au
débiteur.

6. Vente du bien réservé


Si le bien est vendu, le droit de propriété du vendeur est
reporté sur la créance du débiteur envers le sous-acquéreur. Si le bien est
détruit, le droit de propriété est reporté sur l'indemnité d'assurance subrogée
au bien.
38

Section II : Propriété cédée à titre de garantie 1,


Définition

La propriété d'un bien, actuel ou futur, ou d'un ensemble de


biens, peut être cédée en garantie du paiement d'une dette, actuelle ou
future, ou d'un ensemble de dettes aux conditions prévues par les articles 80
à 91.
Sous-section 1. - Cession de créance à titre de garantie

1. Qualité d'établissement bancaire ou de crédit du cessionnaire


et nécessité d'un écrit

Une telle cession de créance à titre de garantie ne peut être


faite qu'au profit d'une personne morale nationale ou étrangère faisant des
opérations de banque ou de crédit à titre de profession habituelle ou pour
son compte.

La cession de créance à titre de garantie doit être constaté par


un écrit contenant les mentions décrites dans l'article 81, à savoir :
1° nom ou raison sociale des parties ; 2° date
de cession ;
3° désignation des créances garanties et des créances cédées.
2. Cession des accessoires de la créance

La cession s'étend aux accessoires de la créance qui sont


transférés aux cessionnaires et sont opposables aux tiers à compter de son
inscription au RCCM quelle que soit la loi applicable à la créance et la loi du
pays de résidence de son débiteur.
N.B. Cas du débiteur professionnel
Si le débiteur de la créance cédée est un débiteur
professionnel selon l'art. 3 AUS, il peut à la demande du cessionnaire
s'engager à le payer et cet engagement doit être constaté par écrit et contenir
l'intitulé « Acte d'acceptation d'une cession de créance de garantie ».

Sous - section 2. Transfert fiduciaire d'une somme d'argent


Il s'agit d'une convention par laquelle un constituant
(débiteur ou tiers) cède des fonds en garantie de l'exécution d'une obligation.
Cette opération nécessite l'intervention d'un tiers puisque ces fonds doivent
être versés et inscrits sur un compte bloqué, ouvert au nom du créancier
dans les livres d'un établissement habilité à les recevoir.
39

Si, à l'échéance, la créance garantie est entièrement payée,


les fonds inscrits sur les comptes sont restitués au constituant. Dans le cas
contraire, 8 jours après que le constituant en a été averti, le créancier peut
se faire remettre les fonds cédés dans la limite du montant des créances
restant impayées.
40

CHAPITRE IV : LE GAGE DES MEUBLES CORPORELS


Section I : Définition et caractères
Selon l'Art. 92 de l'Acte uniforme portant organisation des
sûretés, « le gage est le contrat par lequel le constituant accorde à un
créancier le droit de se faire payer par préférence sur, un bien meuble
corporel ou un ensemble de biens meubles corporels, présents ou
futures ». Cette définition fait apparaître les 4 caractères du gage:

 Il est une sûreté, donc un contrat accessoire à un autre,


généralement un prêt ;

 Il est une sûreté conventionnelle ;

 Il est une sûreté mobilière ;

 Il est une sûreté qui implique la dépossession du débiteur.

Section II : La constitution du gage f- Les conditions de fond

En ce qui concerne la créance garantie, l'art. 92 précise que «


le gage peut être constitué en garantie d'une ou de plusieurs créances
présentes ou futures, à condition que celles-ci ' soient déterminées ou
déterminables ».

S'agissant du bien objet du gage, il est dit à alinéa 2 de l'article 94 du même


texte que « le gage peut également porter sur des sommes ou des valeurs
déposées à titre de consignation par les fonctionnaires, les officiers
ministériels ou toute autre personne pour garantie des abus dont ils
pourraient être responsables et les prêts consentis pour la constitution de
cette consignation.
41

CHAPITRE IV : LE GAGE DES MEUBLES CORPORELS

Section I : Définition et caractères


Selon l'Art. 92 de l'Acte uniforme portant organisation des
sûretés, « le gage est le contrat par lequel le constituant accorde à un
créancier le droit de se faire payer par préférence sur, un bien meuble
corporel ou un ensemble de biens meubles corporels, présents ou
futures ». Cette définition fait apparaître les 4 caractères du gage ;

❖ Il est une sûreté, donc un contrat accessoire à un autre,


généralement un prêt ;

❖ Il est une sûreté conventionnelle ;

❖ Il est une sûreté mobilière ;

❖ Il est une sûreté qui implique la dépossession du débiteur.

Section II : La constitution du gage


1 - Les conditions de fond
En ce qui concerne la créance garantie, l'art. 92 précise que «
le gage peut être constitué en garantie d'une ou de plusieurs créances
présentes ou futures, à condition que celles-ci ' soient déterminées ou
déterminables ».

S'agissant du bien objet du gage, il est dit à alinéa 2 de


l'article 94 du même texte que « le gage peut également porter sur des
sommes ou des valeurs déposées à titre de consignation par les
fonctionnaires, les officiers ministériels ou toute autre personne pour
garantie des abus dont ils pourraient être responsables et les prêts consentis
pour la constitution de cette consignation.
Il résulte de ce texte que le gage peut porter sur une
diversité de droits à la condition qu’ils aient une nature mobilière et qu’ils
soient susceptibles d’une appréhension matérielle. .
Quant aux parties, il est exigé du constituant du gage qu'il
soit le propriétaire de la chose gagée. Lorsqu'il ne l'est pas, j| es( néanmoins
permis au créancier gagiste de bonne foi de s'opposer à la revendication du
propriétaire dans les conditions prévues pour |e possesseur de bonne foi (art.
95). Il n'est cependant pas nécessaire que le constituant du gage soit
débiteur. Il peut être un tiers. Mais dans une telle hypothèse, le constituant
du gage est tenu comme une caution réelle.
42

2. Nécessité d'un écrit


L'Acte uniforme exige l'écrit à peine de nullité. L'écrit doit
contenir la désignation de » la dette garantie, la quantité des biens donnés en
gage, ainsi que leur espèce ou leur nature.
3. Opposabilité aux tiers
L'Art. 97 annonce que le contrat de gage est opposable aux
tiers, soit par l'inscription au RCCM, soit par la remise du bien gagé entre les
mains du créancier gagiste ou d'un tiers convenu.

4. Radiation du gage
Ce n'est qu'une fois la dette garantie intégralement payée (en
principal et accessoire) que le constituant du gage peut exiger la radiation de
l'inscription du gage et la restitution du bien gagé.
Section III : Les effets du gage
Deux sortes d'effets, d'importance inégale, résultent du gage :
le créancier a des prérogatives (1 ), comme il a, en contrepartie, des
obligations (2)
1. Les prérogatives du créancier gagiste
1. Le droit de rétention
Le créancier gagiste exerce, sur la chose qui lui est remise à
titre de gage, un droit de rétention. Ce droit consiste à ne pas se dessaisir du
bien gagé (lui ou le tiers détenteur) tant que la dette n'a pas été
intégralement payée.

Le droit de rétention du créancier gagiste est opposable à


tous, même aux tiers. La possibilité est, de fait, donnée au créancier gagiste,
lorsqu'il est dessaisi contre sa volonté, de revendiquer la chose gagée comme
un possesseur de bonne foi (article 100).

Lorsque le gage avec dépossession porte sur des biens


corporels fongibles, le créancier doit les séparer des choses de même nature
que lui ou le tiers convenu détient, sauf clause contraire. Si cette obligation
n'est pas respectée, le constituant peut réclamer la restitution du bien gagé,
sans préjudice de dommages-intérêts si cette confusion lui a été
dommageable.

Si le créancier est dispensé de cette obligation, il acquiert la


propriété des biens gagés, à charge de restituer la même quantité de choses
semblables.
2. Le droit de réaliser le gage
Lorsque le gage porte sur une chose, la règle est que, « faute de
paiement à l'échéance, le créancier gagiste muni d'un titre exécutoire peut
43

faire procéder à la vente forcée de la chose gagée, huit J°urs après une
sommation faite au débiteur et, s'il y a lieu, au tiers constituant du gage
dans les conditions prévues par les dispositions organisant les voies
d'exécution auxquelles le contrat de gage d’un droit de preference sur le prix
de la chose vendue, dans les conditions de l’article 226 de l’AUS.
Il résulte de ce texte que le créancier, pour procéder à b vente
forcée de la chose, a nécessairement besoin d'une autorisation judiciaire. Le
créancier dispose, par ailleurs, en raison du gage, d'un droit de préférence
sur le prix de la chose vendue, dans les conditions de l'article 226 de l'AUS.

Le créancier gagiste qui n'est pas payé à l'échéance, au lieu


de procéder à la vente du bien, peut saisir la juridiction compétente aux fins
de se voir attribuer le gage. C'est ce qui résulte de l'art. 104 al. 2. : « Le
créancier peut aussi faire ordonner par la juridiction compétente que le bien
gagé lui sera attribué en paiement jusqu'à due concurrence du solde de sa
créance et d'après estimation suivant les cours ou à dire d'expert. »

Enfin, dans le cas où le bien gagé est une somme d'argent ou


un bien dont la valeur fait l'objet d'une cotation officielle, les parties peuvent
convenir son attribution au créancier gagiste. Il en est de même pour les
autres meubles corporels lorsque le débiteur est un débiteur professionnel.
(Art. 104 al. 3)
3. Les obligations du créancier gagiste
• Restituer la chose après paiement. L'art. 113 dispose à cet effet que
« lorsqu'il est entièrement payé du capital, des intérêts et autres accessoires, le
créancier gagiste restitue la chose avec tous ses accessoires. ». Lorsque le
gage porte sur une chose consomptible, « le créancier restitue une chose
équivalente » ;
• En cours de gage, le créancier est également tenu de ne pas user de
la chose et de veiller sur elle en assurant sa conservation.
Le créancier gagiste et, s'il y a lieu, le tiers convenu ou
l'acquéreur de mauvaise foi répondent solidairement de l'inexécution de ces
obligations. (Art. 112) toutefois, si la chose menace de périr, le créancier ou
le tiers convenu peut, sur autorisation de la juridiction compétente statuant
en matière d'urgence, la vendre et les effets du gage sont alors reportés sur
le prix (Art. 111 AUS).

Section IV : L'extinction du gage

L'extinction du gage peut intervenir soit à titre accessoire, soit


à titre principal. Le gage étant une sûreté, donc de nature accessoire, il doit
s'éteindre pour une raison quelconque. Cette règle est posée par l'Art. 116 de
l'Acte uniforme qui dispose : «Le gage prend fin lorsque l'obligation qu'il
44

garantit est entièrement éteinte, tant en capital, qu'en intérêts et autres


accessoires ».
Le gage peut également s'éteindre alors que demeure la créance
qu'il assortissait, c'est-à-dire indépendamment de l'obligation qu'il garantit
lorsque :
❖ Le bien gagé est restitué au constituant volontairement ;
❖ Il est perdu par le fait du créancier gagiste ;
❖ La juridiction compétente en ordonne la restitution pour faute du
créancier gagiste et dans ce cas pour sauver l'existence du gage, il est
possible de désigner un séquestre qui se comportera comme un tiers
convenu.

Section V : Dispositions particulières à certains gages


1 Gage du matériel professionnel et des véhicules automobiles

L'Art. 118 de l'AUS pose le principe que le matériel Professionnel et les


véhicules soumis ou non à une immatriculation administrative et à une
autorisation de circulation peuvent fai d'un gage en application des articles
92 à 117 de l'AUS.

Par contre, l'Art. 119 ajoutes que s'il s'agit des véfy
automobiles assujettis à une déclaration de mise en cire administrative, le
gage doit être mentionné sur |e doc ^ administratif portant ces autorisations
et immatriculation. L'absence ces mentions n'enlève rien à la validité du gage
et à son opposai s'il est régulièrement inscrit au RCCM.

2. Gage des stocks

Innovation importante de l'Acte uniforme sur les sûretés.

Assiette (AUS, art. 120).


• Les matières premières ;
• Les produits d'une exploitation agricole ou industrielle ;
• Les marchandises destinées à la vente.
La nature, le contenu et la publicité de l'Acte de gage des
stocks sont soumis aux règles similaires à celles qui s'appliquent à l'art. 96
de l'Acte uniforme. Les modalités et effets de l'inscription sont conformes aux
arts. 122 et 123 AUS.

Spécificité du gage des stocks


Outre les mentions prévues par l'art. 96 et 121 al.2, le
bordereau remis au débiteur après inscription au RCCM, doit porter les
45

mentions suivantes : « gage des stocks » ; la date de délivrance de ce


document qui doit correspondre à celle de l'inscription au RCCM ; Ie numéro
d'inscription au registre chronologique des dépôts ; la signature du débiteur.
Ensuite le débiteur remet le bordereau du créancier oar voie
d'endossement daté et signé. Par la suite, il peut être endossé par
l'endossataire et avalisé de la même façon qu'un billet à ordre et avec les
mêmes effets cambiaires.

Le débiteur émetteur du bordereau de gage de stocks qui est


en principe propriétaire, conserve le droit de vendre le ou les stocks engagés
à condition de ne les livrer qu'après consignation du prix auprès de
l'établissement domiciliataire.

N.B. : Se rend coupable de l'infraction de « disposition de bien d'autrui » un


créancier qui fait procéder à la vente aux enchères publiques des biens de
son débiteur sur lesquels portait son nantissement dont l'inscription était
périmée du fait de non-renouvellement.
NB. Les meubles corporels peuvent être gagés avec ou sans dépossession
assortie de publicité.

En cas de caractère indivisible, le créancier nanti devra être


informé, qu'il s'agisse d'indivisibilité personnelle (entre plusieurs créanciers
ou débiteur) ou réelle (de par la nature physique ou juridique de la créance
donnée en garantie).

La convention de nantissement de créance, présente ou


future, prend effet entre les parties, quelle que soit la date de sa naissance,
d'échéance ou d'exigibilité de la créance nantie.

Elle ne devient opposable aux tiers qu'à compter de son


inscription au RCCM, quelle que soient la loi applicable à la créance et la loi
du pays de résidence de son débiteur.

Quant au paiement au créancier nanti, dès lors que le


débiteur de la créance nantie est intervenu à l'acte de nantissement ou que
cet acte lui ait été notifié, c'est le créancier garanti qui doit recevoir le
paiement de cette créance, même si le paiement n'est pas poursuivi par lui.
46

Si le créancier garanti perçoit une somme supérieure à celle


qui est due par le débiteur, il répond du surplus en qualité de mandataire du
constituant, sans possibilité de clause contraire.

Section II. Nantissement de compte bancaire


C'est une variante du nantissement de créance. En réalité, ce
nantissement porte le solde créditeur du compte, que ce solde soit provisoire
(compte en fonctionnement) ou définitif (compte arrêté) au jour de la
réalisation de la sûreté.
47

CHAPITRE V : NANTISSEMENT DE MEUBLES INCORPORELS


Introduction
§1. Définition
Art. 125 de l'AUS définit le nantissement comme « l'affectation,
conventionnelle ou judiciaire, d'un bien meuble incorporel ou d'un ensemble de
biens de cette nature, présents ou futurs, en garantie d'une ou plusieurs
créances, actuelles ou futures, à condition qu'elles soient déterminées ou
déterminables ».
I. Biens incorporels nantissables
Le législateur OHADA semble limiter le nantissement de
meubles incorporels aux biens suivants :
 Les créances ;
 Le compte bancaire ;
 Les droits d’associés,
 les valeurs mobilières et le compte de titres financiers ;
 Le fonds de commerce ;
 Les droits de propriété intellectuelle.

NB. Ici, il faut se référer à l'Art 258 CCC LUI.

Section 1. Nantissement de créance


Rappelons que, le législateur de l'AUS, considère que les
créances peuvent faire l'objet, soit d'un gage (art.80 à 86), soit d'un
nantissement selon les dispositions de la présente section. Ce nantissement
peut porter sur une fraction de la créance nantie sauf si celle-ci est
indivisible.
Ce solde est calculé en fonction de la régularisation des
opérations en cours selon les modalités de la saisie conservatoire 0u de la
saisie-attribution du solde d'un compte bancaire pratiquée entre les mains
d'un établissement de crédit.
En cas d'ouverture d'une procédure collective d'apurement du
passif contre le débiteur de la créance, les droits du créancier nanti portent
sur le solde créditeur du compte au jour de cette ouverture.

En ce qui concerne le sort du compte après réalisation du


nantissement (au moment de l'échéance de la créance garantie) le
nantissement bancaire subsiste tant que le compte n'a pas été clôturé et que
la créance n'a pas été intégralement payée. En cas de paiement insuffisant
pour solder la créance garantie, le nantissement est maintenu tant que le
compte n'a pas été clôturé dans l'attente et l'espoir d'une revitalisation de ce
compte
48

Section III : Nantissement des droits d'associés, valeurs mobilières et


comptes de titres financiers

§1. Le nantissement des droits d'associés et valeurs mobilières


Ce nantissement ne peut porter que sur les droits pécuniaires
attachés au titre, c'est-à-dire que le créancier nanti percevra les bénéfices
distribués et participera, éventuellement, à la répartition de l'actif social. La
réalisation du nantissement nécessitera le cas échéant l'agrément de
l'acquéreur par la société émettrice des titres, lorsque cette dernière est une
société de personnes.

Dans la SA et la SARL, l'Acte uniforme sur les sociétés


commerciales prévoit l'approbation préalable du projet de nantissement des
parts sociales ou des actions par l'organe compétent désigné par les statuts,
ce consentement valant agrément par anticipation du cessionnaire en cas d e
réalisation forcée du nantissement
Dans la société en nom collectif et la société en commandite
simple, l’associe qui désire nantir ses parts devra donc tout d’abord
obtenir le consentement de tous les associés (par acte authentique) puis
satisfaire aux formalités légales de publicité de l’acte à la société et aux
tiers.
A. Constitution du nantissement
Forme : conventionnel

L'Acte de nantissement doit être passé par écrit authentique


ou sous seing privé dûment enregistré et comportant, à peine de nullité, les
mentions suivantes :
• Les prénoms, noms et domicile du créancier, du débiteur et du
constituant du nantissement si celui-ci est un tiers ;
• Le siège social et le numéro d'immatriculation au RCCM de la
société émettrice ;

• Le nombre et, le cas échéant, les numéros des titres nantis


• Le montant de la créance garantie ;
• L'élection de domicile du créancier dans le ressort de la
juridiction où est tenu le RCCM du lieu d'immatriculation de la société.
Nécessite d'une inscription en cas de nantissement judiciaire
49

Le créancier doit être autorisé à prendre une inscription


provisoire d'un nantissement sur des titres appartenant au débiteur, en
vertu d'une décision du tribunal compétent du domicile de ce dernier.
La décision de justice doit comporter les mentions
énumérées ci-dessus {art. 141 al 2). L'inscription définitive ne pourra
intervenir qu'après une décision sur le fond reconnaissant l'existence de la
créance, dans un délai maximum de 6 mois suivant le jour où ladite décision
est devenue définitive.

L'inobservation du délai prive rétroactivement d'effet


l'inscription provisoire dont la radiation pourra être demandée par toute
personne intéressée aux frais de l'inscrivant (art.213 et s., Acte Uniforme)

Formalités à accomplir
Quelle que soit sa source, et qu'il soit provisoire ou définitif, le
nantissement des droits sociaux et valeurs mobilières suppose pour son
efficacité et son opposabilité l'accomplissement des formalités de l'art. 143
de l'Acte uniforme à savoir :
 L'inscription au RCCM. Elle conserve les droits du créancier pendant 5
années à compter de sa date, et son effet cesse en cas de non
renouvellement avant l'expiration de cette durée ;
 La signification (du nantissement) à la société émettrice.

B. Effets du nantissement (art 144)


Le nantissement confère au créancier 4 prérogatives :
• Droit de suite ;
• Droit de réalisation du nantissement suivant les arts. 104 et 105 »

• Droit de préférence conformément au classement de l'Art 226


• Droit de percevoir les fruits des droits sociaux et valeurs mobilières
nanties.

§2. Nantissement de comptes de titres financiers


L'Acte uniforme définit le nantissement d'un compte de titres
financiers comme la convention par laquelle le constituant affecte en
garantie d'une obligation l'ensemble des valeurs mobilières et autres titres
financiers figurant dans ce compte.

a) Constitution du nantissement
50

Ce nantissement est constitué entre les parties (débiteur et


créancier) et à l'égard de la ou des personnes morales émettrices des titres
financiers se trouvant dans le compte et à l'égard des tiers (créanciers
potentiels ou déjà avérés) par une déclaration datée et signée par le titulaire
du compte.

Cette déclaration contient les mentions identifiant les parties


et le constituant du nantissement
b) Assiette du nantissement (AUS, art 148)
L'assiette du nantissement comprend :
Les titres initialement existants du compte et aussi ceux qui leur
sont substitués ou les complètent ainsi que leurs fruits et produits ;
Tous les titres financiers et les sommes inscrits au crédit
après la date de la déclaration constitutive du nantissement.
c) Utilisation du compte nan ti par le débiteur
Le créancier nanti et le titulaire du compte conviennent
ensemble les conditions dans lesquelles ce dernier peut disposer des titres et
des sommes de toute monnaie.

d) Mise en demeure préalable à la réalisation du nantissement.

Si le débiteur n'honore pas ses engagements à l'échéance


prévue, le créancier peut procéder à la réalisation des titres et sommes d'une
façon simple. Il doit d'abord mettre le débiteur en demeure de s'exécuter
dans un délai de 8 jours sauf délai plus long convenu antérieurement. Cette
mise en demeure doit être adressée du débiteur personnellement et remise à
mains propres et signifiée au constituant. (Art. 152).
La mise en demeure doit contenir les mentions prévues à l'art. 153 AUS, à
savoir:
- Indiquer que, faute de paiement dans le délai de 8 jours ou de tout
autre délai convenu, le nantissement pourra être réalisé ;
- Indiquer que le titulaire peut, durant ce délai, faire savoir au
teneur de compte l'ordre dans lequel les titres financiers et les
sommes devront être attribués au créancier en pleine propriété ou
vendus.

Quant à la réalisation par le créancier et par le teneur du


compte nanti, elle s'opère conformément aux arts. 154 et 155 AUS

Section IV : Nantissement des droits de propriété intellectuelle


51

L'Art 156 de l'Acte uniforme définit ce nantissement des


droits de propriété intellectuelle comme la convention par laquelle le
constituant affecte en garantie d'une obligation tout ou partie de ses droits
de propriété intellectuelle, existants ou futures, tels que des brevets
d'invention, des marques de fabrique et de commerce des dessins et
modèles.

Ce nantissement peut être conventionnel ou judiciaire


HB : L OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) parle
de gage sur ces droits de propriété intellectuelle, législateur OHADA
utilise nantissement.

A) Constitution du nantissement
1 . Forme : Conventionnel

Ecrit authentique ou sous seing privé dûment enregistré et


comportant, à peine de nullité, les mentions suivantes :

 La désignation des parties : créancier, débiteur et constituant ;

 Les éléments identifiant les droits apportés en garantie ;

 Les éléments d'identification de la créance garantie (montant, durée,


échéance...) (AUS, Art 157)
2. Forme : judiciaire

De la même façon que les droits intellectuels peuvent faire


l'objet d'une saisie nécessitant l'intervention du juge compétent, le créancier
peut s'adresser à la justice pour obtenir un nantissement sur eux
conformément aux dispositions de l'Acte uniforme portant voies d'exécution.
La décision de la justice doit contenir les mentions de l'Art. 157.

3. Formalité à accomplir (publicité du nantissement)

Qu'il soit conventionnel ou judiciaire, le nantissement n'est


opposable aux tiers que s'il est inscrit au RCCM et obéit aux règles des Art.
51 à 66 de l'AUS.
B}Effets du nantissement (M. 161)
Le nantissement des droits de propriété intellectuelle confère
au créancier :
 Un droit de suite conformément à l'art. 97 al 2 AUS.
 Un droit de réalisation qu'il exerce suivant les arts. 104 et 105
 Un droit de préférence qu'il exerce suivant l'art. 226 AUS.
52

Section V : Nantissement du fonds de commerce et privilège du vendeur


de fonds de commerce
§1. Nantissement du fonds de commerce
A. Constitution du nantissement conventionnel
1. L'Assiette du nantissement (AUS, art 162)
Le nantissement porte nécessairement sur les principaux
éléments incorporels du fonds de commerce énumérés par l'art. 162 de l'Acte
uniforme, à savoir :

• La clientèle ;
• L'enseigne ;
• Le nom commercial ;
• Le bail commercial ;
• Les licences d'exploitation ;
• Les brevets d'invention ;
53

Les marques de fabriques et de commerce, dessins et modeles, etc.


En revanche, la loi exclut expressement de l’assiette du nantissement, les
droits reels immobiliers conferes ou constates par des baux ou des
conventions soumises à inscription au registre de la des baux publicité
immobilière.
B. Forme et publicité de l'acte de nantissement
 Rédaction d'acte authentique ou sous seing privé dûment enregistré
et, comportant à peine de nullité les mentions obligatoires de l'art. 163
de l'Acte uniforme;
 Inscription du nantissement au RCCM du lieu de l'immatriculation du
fonds de commerce.
§2. Privilège du vendeur de fonds de commerce

Pour bénéficier de son privilège et de l'action résolutoire prévus


par les arts. 115 à 136 de l'Acte uniforme sur le droit commercial général, le
vendeur du fonds de commerce doit faire inscrire la vente au registre du
commerce et du crédit mobilier. Il va de soi, également, que son privilège doit
être prévu dans l'acte de vente pour être considéré comme inscrit et
opposable aux tiers. Le vendeur doit pour cela se conformer aux formalités
de l'art. 47 AUDCG.
§3. Règles de publicité communes au nantissement du fonds de
commerce et au privilège du vendeur.

Lorsque le nantissement ou le privilège porte sur droits de


propriété intellectuelle {brevets d'invention, dessins, modèles, marques), il y a
lieu de procéder à la publicité prévue par les dispositions spéciales prévus à
cet effet.

Si le nantissement ou le privilège du fonds du commerce porte


sur le matériel, on procède à la publicité prévue par l'art. 95 de l'AUS et les
articles 51 à 53 de l'AUDCG.
§4. Effets des inscriptions

Les créanciers inscrits bénéficient :


 D'un droit de suite : .
 D'un droit de réalisation ;
 . D'un droit de préférence conformément au classement de rart.226
de l'AUS.

C'est le droit pour les créanciers inscrits d'être payés par


préférence à tous autres sur le prix de vente.
54

N.B : Chaque créancier exerce son droit de préférence dans l'ordre des
inscriptions (AUS, art. 226-5°).

Le créancier inscrit le premier exerce donc d'abord son


privilège pour l'intégralité de sa créance, puis, et dans la mesure où
l'exercice de ce privilège laisse un solde disponible, le second, etc. Mais, il
faut rappeler que si l'inscription de nantissement a été prise antérieurement
à une inscription de privilège du vendeur, cette dernière est néanmoins
préférable dès lors qu'elle a été inscrite dans la quinzaine de l'acte de vente.

 Droit de surenchère des créanciers chirographaires de l/6eme du prix


de vente du fonds de commerce ;
 Garantie de deux années d'intérêts.
55

CHAPITRE VI : PRIVILEGES

Notions générales
Les notions générales comprennent les définitions (1) ;
terminologie (2) ; caractères (3) et catégories (4).

1. Définition

L'Acte uniforme et la loi congolaise sur les sûretés n'ont pas


expressis verbis défini les privilèges.

En nous référant aux articles 2095 du code civil français et 12


de la loi belge dite loi hypothécaire du 16 décembre 1851, le privilège peut
être défini, au sens technique, comme « un droit que la qualité de la créance
donne à un créancier d'être préféré aux autres créanciers, même hypothécaires
»26

2. Terminologie
1 Assiette :
- Détermination de la base concrète sur laquelle doivent s'accomplir
certains faits ;
- Les biens sur lesquels porte le privilège.
2. Rang : l'ordre de priorité des privilèges ;
3. Privilèges généraux : ceux qui grèvent le patrimoine du débiteur
dans son ensemble ;
4. Privilèges spéciaux : ceux qui grèvent seulement un bien déterminé
du patrimoine du débiteur.
3. Caractères

Cette définition fait ressortir les caractères fondamentaux des


privilèges. C'est d'abord une faveur légale, ensuite il est confère au créancier
en vertu de la qualité de sa créance et en 3eme lieu, il confère au créancier un
droit de préférence absolu et enfin c'est un droit réel.
De l'interprétation de ces caractères, il serait, pensons-de nous de
bonne technique juridique de dire qu'il n'y a pas de privilège sans texte Le
mot privilège vient du latin : privata lex, c'est-à-dire loi fait pour un
particulier, et désigne en droit toute prérogative, tout avantage réservé à une
personne ou à une catégorie limitée des personnes.

H.DE PAGE. Traité élémentaire de Droit civil Belge : Les privilèges, les
hypothèques, la transcription, tome 7. Bruxelles. Bruylant, 1957. p.10.
56

C'est une disposition que la loi établit en faveur d'un intérêt


privé. Les parties ne sont pas libres de faire naître un privilège par l'effet
d'une convention.

Quant à la qualité de la créance, le privilège est conféré au


créancier en vertu de la qualité de la créance. Il est ainsi attaché à la qualité
de la créance et non à la personne du créancier. C'est ce qui le différencie
des autres sûretés. Les raisons qui font qu'une créance soit favorable aux
yeux de la loi sont les considérations d'équité, d'humanité, d'intérêt général
et de la moralité publique.

En ce qui concerne le droit de préférence, le privilège confère


au créancier un droit de préférence absolu. Il sera ainsi payé avant tous les
autres créanciers de son débiteur. Le créancier n'a pas le droit de rétention
lui permettant d'empêcher un autre créancier de saisir le bien et de le faire
vendre Le créancier privilégié sera seulement payé par préférence sur le
produit de la réalisation. L'AUS accorde au premier saisissant la préférence
et les autres en application de l'art 226,5°.

Exercer un privilège c'est faire valoir un droit préférable a


celui d’un concurrent. Tout privilège suppose donc un concurrent en
l'espèce, plusieurs créanciers, qui aspirent à se payer sur les deniers
provenant du patrimoine de leur débiteur commun.

Enfin, le privilège est un droit réel et il crée un rapport


juridique immédiat et direct entre une personne et une chose. (Art. 1* ai 2
loi congolaise de 1973).

4. Catégories des privilèges

1. En général

La loi classe les privilèges d'après leur objet. Les privilèges


peuvent être établis sur les meubles ou sur les immeubles. En réalité, les
privilèges peuvent porter :

A. Soit sur tous les biens du débiteur meubles et immeubles ;


B. Soit sur un seul meuble : C'est sur le produit de la vente de ce
meuble que s'appliquer le droit de préférence. Le privilège est alors : spécial
sur meubles ou privilège mobilier spécial ;
57

C. Soit sur tous les meubles : Ici le privilège, s'applique sur le produit
de la réalisation de tout le patrimoine mobilier du débiteur. Il porte le nom
de « général sur meubles » ou « privilège général mobilier » ;
D. Soit sur un seul immeuble : Le privilège accorde un droit de
préférence au créancier en raison de la qualité de sa créance sur un seul
immeuble du patrimoine du débiteur.

Section L Privilèges généraux

L'acte uniforme distingue les privilèges généraux sans


publicité et ceux soumis à la publicité.

1. Définition

L'AUS en son art 179 dispose que « les privilèges généraux


confèrent un droit de préférence exercé par leurs titulaires selon les
dispositions prévues par les art. 225 et 226 de l'AUS ».

2. Classement des privilèges généraux non soumis à publicité

L'Art 180 consacre, en les classant, les privilèges généraux


non soumis à publicité. L'Acte uniforme constate néanmoins qu'il n'est pas
certain que cet art rassemble tous les privilèges de tous les Etats parties, il
laisse l'opportunité à ces derniers d'en avoir d'autres dans textes spéciaux
et/ou d'en créer certains autres dans l'avenir tout en précisant le rang de
ceux-ci conformément à l'art 179 al 2. Ceci appelle le recours à la loi
congolaise de 1973 telle que modifiée en 1980.

Sont privilégiés, sans publicité et dans l'ordre qui suit :

1 ° Les frais d'inhumation, les frais de la dernière maladie du débiteur ayant


précédé la saisie des biens;

2e Les fournitures de subsistance faites au débiteur pendant la dernière


année ayant précédé son décès, la saisie des biens ou la décision judiciaire
d'ouverture d'une procédure collective ;

3e Les sommes dues aux travailleurs et apprentis pour exécution et


résiliation de leur contrat durant la dernière année ayant précédé le décès
du débiteur, la saisie des biens ou la décision judiciaire d'ouverture d'une
procédure collective ;
58

4° Les sommes dues aux auteurs d'œuvres intellectuelles, littéraires et


artistiques pour les trois dernières années ayant précédé le décès du
débiteur.
5°Dans la limite de la somme fixée légalement pour l'exécution provisoire des
décisions judiciaires, les sommes dues aux organismes de sécurité et de
prévoyance sociale ;
6°Dans la limite de la somme fixée légalement pour l'exécution provisoire des
décisions judiciaires, les sommes dont le débiteur est redevable au titre des
créances fiscales et douanières.

Analyse du privilège des frais d'inhumation du débiteur


Texte (champ d'application) : Art 180 al. 1er de l'AUS parle
des frais d'inhumation.

A. Créance privilégiée

Il s'agit des frais exposés pour l'inhumation du défunt

B. Limités

Ce privilège comporte des limites :

• Il ne comporte que les frais exposés pour pourvoir à l'inhumation dans


les conditions décentes et non des frais somptuaires comme les frais de
faire-part et frais d'anniversaire de deuil de la veuve.

• Les frais exposés doivent être en rapport avec la condition et la fortune


du défunt. Ces deux conditions peuvent malheureusement fournir des
solutions discordantes. Il y a des personnes d'une condition sociale élevée,
mais sans fortune ; d'autres sont riches, mais d'un rang social fort modeste.
Lequel de deux critères l'emporte sur l'autre ?
Il a été jugé que pour apprécier l'étendue du privilège des frais
funéraires, il faut avoir égard, sinon uniquement, au ^ principalement, à la
condition sociale du défunt, son insolvabilité ne devant être prise en
considération que pour autant qu'elle se Soit révélée pendant sa vie. et avec
notoriété suffisante pour entraîner Une sorte de déchéance du rang qu'il
occupait27.
Il faut noter que ce privilège ne garantit pas le payement des
habits de deuil28

27 H.DE PAGE , Op.Cit, p .69


28 AUBRY et RAU, T,IIII ? P.260
59

C. Fondement de ce privilège Ce privilège


repose sur :
1. Le respect dû aux morts, qui exige qu'ils soient enterrés dans les
conditions décentes.
2. L'intérêt de la salubrité publique (qui serait gravement compromise si
les morts n'étaient ensevelis ou détruits. C'est sur ces raisons de piété à
l'égard des morts d'une part, de salubrité publique, d'autre part, qu'est fondé
le privilège des frais funéraires.

D. Bénéficiaires

Ce privilège profite à ceux qui auraient fait l'avance des frais


mais aussi à ceux qui auraient commandé des services personnellement.

E. Assiette

Le privilège s'exerce seulement sur les biens meubles laissés


par défunt

F. Débiteur

Succession du défunt.

3. Privilèges généraux soumis à publicité


Les créances du fisc, de la douane et des organisme de la
sécurité sociale sont privilégiées, au-delà du montant fixé par l’art 105° et 6°,
à condition d'être publiées au RCCM

Elles doivent être inscrites au RCCM dans les six mois de


l'exigibilité des créances, sauf s'il y a eu l'infraction à la législation fiscale,
douanière ou sociale, auquel cas, le délai ne commence à courir qu'à partir
de la notification du titre de poursuite au redevable La publicité s'accomplit
selon les art.56 à 58 de l'AUDCG. L'inscription conserve ces privilèges
pendant 3 ans.

Section II : Privilèges spéciaux

L'Acte uniforme traite des privilèges mobiliers spéciaux dans les


art. 182 à 189 et on les retrouve le plus en droit commercial. Ils sont
nombreux, à savoir :
60

1. le privilège du vendeur de meuble ; art 183


2. le privilège du bailleur d'immeuble ; art 184
3. le privilège du transporteur terrestre ; art 185
4. le privilège du transporteur à domicile ; art 186
5. le privilège des salariés des entreprises ; art 187
6. le privilège du commissionnaire ; art 188
le privilège du conservateur ; art 189.
61

TITRE II : LES HYPOTHEQUES (SURETES REELLES IMMOBILIERES)


CHAPITRE I. DISPOSITIONS GENERALES
Introduction
En ce qui concerne la législation sur les hypothèques, cette
matière est réglementée par les articles 190 à 223 de l'acte uniforme.

Les sûretés immobilières sont celles qui visent au paiement


préférentiel du créancier sur la valeur d'un immeuble appartenant en
principe à son débiteur. L'Acte uniforme de l'OHADA sur les sûretés ne
retient que l'hypothèque immobilière.

L'hypothèque, selon l'art 190 al.2 de l'Acte uniforme, peut être


soit conventionnelle ou judiciaire. Les règles applicables aux hypothèques
conventionnelles constituent indiscutablement le droit commun, dans la
mesure où elles sont, sauf dispositions contraires, applicables aux
hypothèques forcées.

Le législateur OHADA à la page 949 laisse à chaque Etat le


soin de décider de la forme authentique ou sous seing privé de l'hypothèque
sous réserve dans le 2eme cas de l'art.205. Les autres hypothèques forcées
relevant du droit de la famille ou de la comptabilité publique ont été laissées
à la souveraineté de chaque Etat.

Le nouvel Acte uniforme n'a pas remis en cause, certes, les


règles de publicité de la constitution, de la réduction, de la cession, de la
mainlevée et de la radiation des hypothèques pour chaque Etat.
Section I. Définition

D'après l'art 190 AUS, l'hypothèque consiste en l'affectation


par le débiteur ou le constituant qui en est propriétaire à affecter un
immeuble déterminé ou déterminable à la garantie d'une ou plusieurs
créances, présentes ou futures à condition qu'elles soient déterminées ou
déterminâmes.

Elle peut être conventionnelle ou forcée (légale ou judiciaire).

1.1. Immeubles hypothécables

L'art. 192 de l'AUS dispose : "sauf disposition contraire, seuls


les immeubles présents et immatriculés peuvent faire l'objet d'une
hypothèque".
62

Peuvent faire l'objet d'une hypothèque :

l° Les fonds bâtis ou non bâtis et leurs améliorations ou constructions


survenues, à l'exclusion des meubles qui en constituent l'accessoire ;

2e Les droits réels immobiliers régulièrement inscrits selon les règles, de


l'Etat partie
A. Commentaire

1 . i l ressort de cet article 192 que seuls les immeubles immatriculés


peuvent faire l'objet des droits réels immobiliers dont l'hypothèque.

2. Toutefois, il est possible de prendre hypothèque sur un droit réel en


cours d'immatriculation si le texte national c'est-à-dire le droit congolais le
permet.
3. Les fonds bâtis ou non bâtis et leurs accessoires et extensions sauf s'il
s'agit des meubles.
4. Les droits réels immobiliers susceptibles d'être hypothéqués énumérés
par la loi nationale congolaise c'est-à-dire et qui peuvent être dans le
commerce, aliénables, le législateur OHADA et congolais n'ont pas cité :
a) L'usage et l'habitation qui sont des droits réels incessibles ;

b) La servitude et mitoyenneté qui ne se conçoivent pas à l'état isolé, car


les 2 n'ont aucune valeur sans le fonds au profit duquel la servitude est
établie et mitoyenneté ne se conçoit qu'avec la propriété
ou la concession foncière que le mur mitoyen limite.

1.2. Principes à la base du régime de l'hypothèque en Droit congolais


Le régime hypothécaire repose sur deux principes qui assurent
la sécurité du commerce immobilier : la publicité et la spécialité et auxquels
on peut ajouter le droit immobilier et le droit indivisible.
A. Principe de la publicité

Le principe signifie que toute hypothèque prise sur un


immeuble devra être inscrite au livre d'enregistrement, sur le certificat
d'enregistrement de l'immeuble ou du droit immobilier qu'elle grève (Art.264
de la loi congolaise de 1973 telle que modifiée par la loi du 18 juillet 1980) ou
du public et toute personne intéressée pourra consulter les registres et se
rendre compte si l'immeuble est ou non grevé d'une garantie.

La loi a lié la publicité à l'existence même de l'hypothèque.


L'hypothèque ne prendra naissance que par son inscription au certificat
d'enregistrement.
63

8. Principe de spécialité
D'après ce principe, le créancier hypothécaire devra spécifier
dans l'acte soumis à la publicité, la créance garantie et le bien grevé par
l'hypothèque.

Il n'existe plus d'hypothèque générale, c'est-à-dire celle qui


atteint tous les biens du débiteur présents et à venir. Il faut une inscription
par immeuble dont le débiteur est déjà titulaire du droit réel, D'après le
législateur OHADA à l'art 192, l'hypothèque ne peut porter que sur des
immeubles présents (et non futurs, sauf dans ce cas, conclure une promesse
d'hypothèque (voir art 203 AUS) et déterminés (faisant l'objet d'une
identification par un titre foncier).

C. Droit immobilier
Bien qu'elle soit l'accessoire d'une créance, l'hypothèque est
un droit réel immobilier à raison de son assiette qui est un immeuble. Seuls
les immeubles ou les droits réels immobiliers sont susceptibles
d'hypothèque.
D. Droit indivisible
Le caractère indivisible de l'hypothèque ressort de l'art 193
AUS qui dispose : "l'hypothèque est indivisible par nature et subsiste
totalement sur les immeubles affectés jusqu'à complet paiement et malgré la
survenance d'une succession" Le but est de prémunir le créancier contre la
division et de la dette et du bien grevé.

Le désavantage de la divisibilité (matérielle et juridique chacun


pour sa part) est d'obliger le créancier à supporter l'insolvabilité de l'un des
héritiers, ce qui ne lui permettrait de recouvrir l'entièreté de la créance.
Ainsi, avec l'indivisibilité, l'héritier paiera le tout et va se retourner contre ses
cohéritiers.

L'indivisibilité est de nature et non de l'essence de


l'hypothèque, d'où les parties peuvent y renoncer dans la convention.

1.3. Durée de l'inscription


L'inscription conserve l'hypothèque jusqu'à l'expiration d'une
durée déterminée par la convention ou la décision de justice qui ne saurait
excéder 30 ans.
64

1.4.Droits du créancier hypothécaire

Le créancier hypothécaire est investi du droit de suite et du


droit de préférence (art. 197 AUS).

Le droit de préférence permet au créancier hypothécaire de


se faire payer sur le produit de la réalisation du bien grevé par préférence
aux créanciers chirographaires et autres hypothécaires inscrits après lui. Le
droit de préférence n'est pas nécessairement un attribut du droit réel. Mais il
est commun à toutes les sûretés réelles.

Le droit de suite est un attribut du droit réel. Le créancier


peut faire vendre le bien et se faire payer que l'immeuble soit toujours la
propriété du débiteur hypothécaire ou que celui-ci l'ait aliéné à titre onéreux
ou à titre gratuit.

Le droit de suite peut s'exercer en quelques mains que se


trouve le bien même s'il est sorti du patrimoine du débiteur. Ainsi, le tiers
détenteur est obligé de subir l'expropriation.

1.5. Réalisation par attribution judiciaire de l'immeuble hypothéqué


(art. 198 AUS).
C'est une innovation de l'AUS. Le créancier qui n'est pas payé à l'échéance
peut, réaliser l'hypothèque soit par la saisie immobilière selon les voies
d'exécution de l'AUS, soit par une demande en justice de l'attribution de
l'immeuble Ce choix ne lui est ouvert que si l’immeuble pas la résidence
principale du constituant.
65

CHAPITRE II : HYPOTHEQUES CONVENTIONNELLES

Section L Le constituant
L'hypothèque conventionnelle ne peut être consentie que par
celui qui est titulaire du droit réel immobilier régulièrement inscrit et
capable d'en disposer.

Elle doit être consentie pour la garantie de créances,


individualisées par leur cause et leur origine...» seul le titulaire du droit réel
à l'hypothéquer peut consentir l'hypothèque ; le titulaire est la personne
désignée par la publicité foncière.
En cas de copropriété ou cotitularité, le consentement de tous
les copropriétaires ou cotitulaires est nécessaire.
En outre, le constituant de l'hypothèque doit être capable de
disposer de son droit. La capacité s'apprécie selon la loi nationale c'est-à-dire
d'après ici le droit congolais.
Le constituant qui possède un droit réel lui permettant de
construire à son profit sur le domaine public ou sur le domaine national
peut hypothéquer les bâtiments et ouvrages dont la construction est déjà
entreprise ou simplement projetée. Le droit de subrogation est reconnu,
(art.203 AUS).
Section II. La forme de l'acte constitutif d'hypothèque
a) L’acte constitutif d'hypothèque

L'hypothèque, comme du reste l'acte de cession d'un bien


immobilier, est un acte solennel dont la validité est soumise à
l'accomplissement d'une procédure particulière requérant un écrit.
La convention d'hypothèque doit revêtir une certaine forme
selon la loi nationale du lieu de situation de l’immeuble :
 Soit d’un acte authentique établi par le notaire territorialement
compètent ou l’autorité administrative ou judiciaire habilitée à faire de
tels actes : ici, on notera qu’en droit Congolais la forme du contrat
d'hypothèque (art.256, 2" : acte authentique ou constaté par un
jugement coulé en force de chose jugée).
 Soit d'un acte sous seing privé dressé suivant un modèle agréé par la
conservation de la propriété foncière. Il y a lieu de noter que dans la
plupart des pays membres de l'OHADA. le seul acte reconnu par la
conservation de la propriété foncière est l'acte notarié.

b).Les formalités de publicité


66

L'inscription de l'hypothèque au livre foncier est une formalité


particulièrement importante. Car, d'une part, tant qu'elle n'est pas faite,
l'acte d'hypothèque est inopposable aux tiers et ne constitue, entre les
parties, qu'une promesse synallagmatique d'hypothèque entre les parties qui
les oblige à procéder à la publicité (art.206 AUS).
D'autre part, l'inscription détermine le rang de l'hypothèque
par rapport aux autres inscriptions qui ont pu être prises ou qui le seront
sur le bien.

En principe, aucun délai n'est prévu, En fait, le créancier a


intérêt à être diligent, en raison des dangers qu'il court de se voir primer par
un autre.

L'inscription c'est la reproduction portée par le conservateur


au certificat du livre d'enregistrement, du titre conférant au créancier le droit
de prendre hypothèque.

Section III. Les effets de l'hypothèque conventionnelle

1. Les effets à l'égard du débiteur

L'hypothèque n'entraine pas de démembrement du droit de


propriété. Tous les attributs du droit de propriété sur le bien grevé ( I 'usus,
fructus et l'abusus) restent en possession du débiteur Il en résulte que le
débiteur, constituant de l'hypothèque, continue donc d'administrer et de
jouir des fruits de son immeuble hypothéqué.

Il peut même céder le bien grevé, à charge éventuellement


de désintéresser le créancier hypothécaire sur le prix de vente.

2. Les effets à l'égard du tiers acquéreur et les autres créanciers

 le droit de préférence ;

 le droit de suite.
CHAPITRE III : HYPOTHEQUES FORCEES

Aux termes de l'Art.209 de l'AUS. l’hypothèque forcée est celle


qui est conférée, sans le consentement du débiteur, soi! par la loi soit par
une décision de justice.

Section I. Hypothèques forcées légales


67

Il s'agit en réalité des privilèges spéciaux immobiliers


institués par un texte particulier en considération de la qualité de la créance
en cause et hors le consentement du débiteur et du créancier bénéficiaire.
Cette forme d'hypothèque vise à favoriser le recouvrement de certaines
créances. L'existence de ces hypothèques légales forcées dépend étroitement
du législateur qu'il soit communautaire ou national. Mais, elles confèrent,
pour l'essentiel, les mêmes prérogatives que les hypothèques
conventionnelles.

A/Les conditions d'existence


Aux termes de l'Art.209 de l'AUS. les hypothèques légales
procèdent de 2 sources normatives : la source communautaire et la source
nationale des Etats-parties.
/ . La liste de l'Acte uniforme
Le législateur africain a limité le nombre des hypothèques
forcées légales puisqu'il n'en prévoit que trois (alors que le droit français en
retient 7).
Il s'agit de :
• l'hypothèque légale de la masse des créanciers

La masse des créanciers désigne l'ensemble des créanciers


d'un débiteur soumis à une procédure collective de redressement judiciaire
ou de liquidation des biens dont la créance est A antérieure au jugement
d'ouverture de la procédure. La masse est dotée de la personnalité morale et
est représentée par syndicat qui agit en son nom et pour son compte. Elle
bénéficie du seul fait du jugement d'ouverture d'une hypothèque légale sur
les biens immobiliers du débiteur.
 L'hypothèque légale du vendeur, de l'échangiste et du
copartageant ;
Elle est prévue part l'art.211 de l'AUS pour garantie du
paiement partiel ou intégral du prix de la vente, de la soulte de l’échange ou
des créances résultant du partage (impenses sur l'immeuble revenant à
un autre copartageant).

Elle est fondée sur l'idée d'enrichissement de l'acheteur du


coéchangiste, débiteur de la soulte et du copartageant, bénéficiaire des
impenses, en même temps qu'elle protège les intéressés contre les incidences
du transfert de propriété solo consensus.
Le créancier peut obtenir une hypothèque conventionnelle sur
ledit immeuble ou un autre. A défaut d'une telle hypothèque, il peut obtenir
68

une hypothèque forcée sur cet immeuble par décision de justice, le juge
étant obligé en vertu de la loi d'ordonner une telle hypothèque.

Celle-ci ne peut porter que sur l'immeuble vendu ou ayant


donné lieu à la créance de soulte ou d'impenses (sinon suivre procédure
d'hypothèque judiciaire) »

Cette hypothèque légale profite aussi au prêteur qui a fourni


les deniers pour l'acquisition de l'immeuble vendu, échangé ou partagé dès
lors qu'il est authentiquement constaté par l'acte d'emprunt que la somme
était destinée à cet usage et par la quittance du vendeur, de l'échangiste ou
du copartageant, que le paiement a été fait par des deniers empruntés.
. L'hypothèque forcée des architectes, entrepreneurs et autres
personnes employées à la construction ou a la réparation d'un
immeuble

L'article 212 de l'AUS confère aux architectes, entrepreneurs et


autres personnes employées pour édifier, réparer ou reconstruire des
bâtiments, une hypothèque forcée légale sur l'immeuble ayant fait l'objet des
travaux.
La prise d'hypothèque doit être sollicitée avant le
commencement des travaux. Elle est fondée sur l'idée de plus-value apportée
à l'immeuble par les travaux réalisés. Son Assiette s'étend à l'ensemble de
l'immeuble et donc ne se limite pas à la partie d'immeuble objet des travaux.

L'hypothèque profite aussi à celui qui fournit les deniers pour


rembourser les architectes, entrepreneurs et autres personnes employées
pour édifier, réparer ou reconstruire des bâtiments, à défaut d'une
hypothèque conventionnelle, dans la mesure où l'acte d'emprunt comporte
l'indication que la somme prêtée était destinée à cet emploi et, par la
quittance des entrepreneurs et autres personnes intéressées, que le
paiement a été fait par les deniers empruntés.

2. - La création éventuelle d'hypothèque par la législation nationale


des Etats-parties.
L'article 209 alinéa 2 de l'AUS prévoit expressément la
possibilité pour les Etats-parties de maintenir ou de créer d'autres
hypothèques forcées légales que celles retenue par l'Acte uniforme et cela
dans le cadre du Droit de la famille (hypothèques entre époux, au profit des
incapables...) ou au Droit public (hypothèque de l'Etat sur les comptables
public).
69

Dans le cas du Droit de la famille congolaise, nous Pouvons


examiner :
Celte hypothèque prend date au jour de la requête en divorce
au jour du décès de l'un des conjoints, (art 511 al 3 et 527 de la loi du
15juillet 2016).
Ainsi, l'hypothèque a comme date d'inscription celle de la
dissolution du mariage (divorce, décès). En effet, l’art 577-2° dispose que le
jugement en divorce prend effet le jour de la requête en divorce en ce qui
concerne les rapports matrimoniaux.

Par contre, le principe (de l'inscription, de publicité) souffre


ici d'exception en ce que l'hypothèque existe sans inscription.

Le conservateur en opérant la mutation pour cause de mort


doit inscrire l'hypothèque des époux que l'un deux a fait valoir auprès du
juge qui a reçu la requête en investiture. Il écrira la date du décès de l'autre
conjoint.

B/Le régime juridique de l'hypothèque forcée légale

1. La transposition du régime de l'hypothèque conventionnelle


Comme les hypothèques conventionnelles, les hypothèques
légales sont des droits réels, elles sont indivisibles et confèrent à leur
titulaire un droit de préférence et un droit de suite. Elles sont soumises au
principe de spécialité quant aux créances garanties et quant à leur assiette.
Elles doivent en outre être publiées au livre foncier.

2. L'inscription de l'hypothèque forcée légale


L'hypothèque forcée du vendeur d'immeuble, de
l'échangiste, du copartageant et du prêteur de deniers est inscrite
conformément aux règles de la publicité foncière.
L'hypothèque forcée des architectes, entrepreneurs et autres
personnes employées est prise au début des travaux et inscrite
provisoirement pour le montant de la somme estimée due Elle 'est complétée
à l'issue des travaux par une seconde inscription qui rétroagit à la date de
l'inscription initiale.
70

L'inscription de l'hypothèque légale de la masse des


créanciers doit se faire, à la requête du greffier ou du syndic, dans un délai
de 10 jours à compter de la décision judiciaire conformément aux
dispositions relatives à la publicité foncière. Elle prend rang au jour ou elle a
été inscrite sur chacun des immeubles du débiteur.

Section II : L'hypothèque forcée judiciaire


Elle permet à un créancier dépourvu de titre exécutoire et
dont la créance est menacée de péril, d'anticiper sur jugement de
condamnation, afin de se prémunir précisément contre un débiteur
récalcitrant ou qui tente d'organiser son insolvabilité.
Le débiteur doit cependant justifier que les immeubles grevés,
objet du cantonnement, ont une valeur double par rapport au montant des
sommes garanties.

B / Effets de l'hypothèque judiciaire

Dans la mesure où la créance est reconnue dans son principe


ou son existence, la décision judiciaire statuant sur le fond :
• Soit maintient en totalité ou en partie l'hypothèque déjà inscrite.
• Soit octroie au créancier une hypothèque définitive.
L'inscription provisoire fixe par avance le rang de l'inscription
définitive qui sera prise à l'issue de la procédure au fond. (AUS, art. 221).
L'inscription définitive doit intervenir dans les 6 mois suivant le
jour où la décision statuant sur le fond en maintenant en totalité ou en
partie l'hypothèque conservatoire a acquis l'autorité de la chose jugée.

L'hypothèque maintenue prend rang à la date de l'inscription


provisoire initiale. L'hypothèque octroyée prend rang à la date de l'inscription
définitive. L'inscription conserve le rang du créancier jusqu'à la date fixée
par la décision de justice ; son effet cesse si elle n'est pas renouvelée, avant
l'expiration de ce délai, pour une durée déterminée.
71

CHAPITRE IV. EFFETS DES HYPOTHEQUES


1°Destruction ou dégradation de l'immeuble hypothèque

Si. avant l'échéance de la c r é a n c e g a r a n t i e p a r u n e


hypothèque ou avant la réalisation de celle-ci, la valeur de l'Immeuble
hypothèque devient insuffisante pour garantir la créance (destructions,
dégradations...), le créancier peut poursuivre le paiement de sa créance
avant le terme (déchéance du terme) ou obtenir une autre hypothèque (d'une
autre sûreté).

2° Exercice du droit de suite

Le droit de suite s'exerce selon les règles de la saisie immobilière.


Le créancier exerce son droit de suite contre toute personne
propriétaire ou détentrice (usufruitier, superficialité..,) dont le titre est publié
postérieurement à son hypothèque.

Toutefois, le tiers détenteur de l'immeuble peut désintéresser


totalement le créancier poursuivant en se subrogeant à lui.
72

TITRE III : DISTRIBUTION ET CLASSEMENT DES SURETES

La procédure de distribution du prix sur saisie est fixée par les règles
régissant les voies d'exécution. L'ordre est le suivant :

1. Distribution en matière immobilière (art 225 AUS)


Les deniers provenant de la réalisation des immeubles sont
distribués dans l'ordre suivant :
1° aux créanciers des frais de justice engagés pour parvenir à la
réalisation du bien vendu et à la distribution elle-même du prix ;
2° aux créanciers de salaires superprivilégiés ;
3° aux créanciers titulaires d'une hypothèque conventionnelle ou forcée
et aux créanciers séparatistes inscrits, dans le délai légal, chacun selon le
rang de son inscription au registre de la publicité immobilière,
4° aux créanciers munis d'un privilège général soumis à publicité chacun
selon le rang de son inscription au Registre du commerce et du crédit
mobilier ;
5° aux créanciers munis d'un privilège général non soumis à publicité
selon l'ordre établi par l'article 180 de l'AUS.
6° aux créanciers chirographaires munis d'un titre exécutoire lorsqu'ils
sont intervenus par voie de saisie ou d'opposition à la procédure.
73

En cas d'insuffisance de deniers pour désintéresser les créanciers


désignés aux 1 •), 2<), 5") et 6") venant à rang égal, ceux-ci concourent à la
distribution dans la proposition de leurs créances totales au marc le franc.
2 Distribution en matière mobilière (art 226 AUS)
Les deniers de la réalisation des meubles sont distribués
dans l'ordre suivant :
1° aux créanciers des frais de justice engagés pour parvenir à la réalisation
du bien vendu et à la distribution elle-même du prix ;
2° aux créanciers des frais engagés pour la conservation du bien du débiteur
dans l'intérêt des créanciers dont le titre est antérieur en date ;
3° aux créanciers de salaires super privilégiés ;
4° aux créanciers garantis par un privilège général soumis à publicité, un
gage, ou un nantissement, chacun à la date de son opposabilité aux tiers;
5° aux créanciers munis d'un privilège spécial, chacun suivant le meuble sur
lequel porte le privilège ; en cas de conflit entre créances assorties d'un
privilège spécial sur le même meuble, la préférence est donnée au premier
saisissant ;
6° aux créanciers munis d'un privilège général non soumis à publicité selon
l'ordre établi par l'art. 180 de l'AUS.
7° aux créanciers chirographiques munis d'un titre exécutoire lorsqu'ils sont
intervenus par voie de saisie ou d'opposition à la procédure de distribution.

En cas d'insuffisance des deniers pour désintéresser les créanciers


désignés aux points 101°1°10 et 7° venant à rang égal, ceux-ci concourent à
la distribution dans la proportion de leurs créances totales, au marc le franc.
74

CONCLUSION DU COURS

Ce cours qui a eu pour prérequis les autres branches ri « droit


civil » a pour mérite sur le plan juridique d'analyser dans m* approche
interdisciplinaire le rapport des sûretés avec les autres branches de droit qui
lui sont proches, à savoir le droit des obligations et des contrats, le droit
judiciaire, le droit commercial, le droit des biens, etc.
La substance de cet enseignement a porté sur l'étude de deux
législations qui concourent vers un même objectif, à savoir l'Acte Uniforme
de l'OHADA du 17 avril 1997 portant organisation des sûretés tel que modifié
et complété par l'Acte Uniforme du 15 décembre 2010 et la Loi n° 73-021 du
20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier
et régime des sûretés telle que modifiée et complété par la Loi n°80 du 18
juillet 1980 en République Démocratique du Congo.
En effet, hormis l'introduction et la conclusion, le titre
préliminaire pose une définition générale destinée à couvrir toutes les
sûretés personnelles et réelles et le domaine d'application des sûretés ainsi
que des agents des sûretés. Cet enseignement a tourné autour de deux
parties, notamment : les sûretés personnelles (Partie I), les sûretés réelles
mobilières et immobilières (Partie II) et enfin la distribution des deniers et
classement des sûretés.
Tout compte fait, le droit des sûretés engendre des effets
multiples et complexes qui proviennent non seulement du débiteur et du
créancier ou du tiers contractant, mais aussi de la pluralité des parties en
présence et à leur rôle juridique.
75

BIBLIOGRAPHIE

A. LÉGISLATION
- Loi n° 73 - 021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens,
régime foncier et immobilier et régime des sûretés telle que modifiée
complétée par la loi n° 80 - 008 du 18 juillet 1980 ;
- OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, juriscope, 4e
éd., France, 2012.

B. DOCTRINE
1. CABR1L LAC, M. et MOULY, C. Droit des sûretés, Paris, Litec, 2e. éd.,
1993;
2. DUPONT, C, Aperçu du régime hypothécaire congolais, in Les Novelles,
Tom IV, 1948, Ferdinand Larder, pp. 139 - 216 ;
3. KALAMBAY Lumpungu, G., Droit civil, Vol. III, Régime des sûretés,
Kinshasa, PUZ, 1990;
4. KALOMBO Mbikayi, Code civil et Commercial congolais, Kinshasa,
CRDJ, 1997;
5. KINT, F. T., Sûretés et principes généraux du droit des poursuites des
créanciers congolais Kinshasa, CRDJ.. 1997;
6. LUKOMBE Nghenda, Droit congolais des sociétés T. 1, Kinshasa, PUC,
1999;
7. LUWENYEMA Lule, Précis de droit du travail zaïrois, Kinshasa, éd. LU
LE, 1989;
8. MUK4DI Bonyi, Droit de la sécurité sociale, Kinshasa, Ntobo, 1995 ;
9. NGOMBA T. Kenge, Indemnisation des victimes, Assurance de
responsabilité civile ou Indemnisation d'accidents de la circulation,
Thèse de doctorat, Université de Kinshasa, Faculté de Droit, 1999 ;
10. SOHIER, A.. Droit Civil du.Congo belge, des obligations et des contrats,
in les Novell*. Droit colonial. T. IV. Bruxelles, Ferdinand de 1948,. n 0
853 à 861 ;
11. TSHILOMBO Munyengayi, « Laforce probante du certificat '
d'enregistrement, évolution du principe et situation actuelle » Revue de
droit congolais, n0 2, 1990, pp. 44 - 58 ;
12. Yvette KALIEU ELONGO, les sûretés personnelles dans l'espace
OHADA, Col. Vadémécum, PUA, Yaoundé, 2006,90.p
13. Pierre CROCQ, Lionel Blanck YONDO et aili, le nouvel acte uniforme
portant organisation des sûretés la réforme du droit des sûretés de
l'OHADA), éd. LAMY, France, 2012, p.40.
14. MUGANZA MUYAMBA, La pratique des saisies dans l'espace OHADA,
Club OHADA de Kinshasa, Kinshasa, 2014
76

15. MORTIER, Stéphane, Au cœur de l'unité africaine : le Droit OHADA


en 40 pages, Harmonisation du Droit des affaires et intelligence
économique, Uppr, France, 2017

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