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Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Souissi

Université Mohammed V – Rabat

Master spécialisé Juriste d’affaires (M2)


Module : Droit des sûretés

Semestre 3
Travail de recherche sous le thème :

Soumis sous l’appréciation de :


Mr. RBII Jamal

Réalisé par :
EL OIRDI Halima
HAMDA Asmae

Année universitaire : 2022/2023


Introduction

Chapitre I : le cadre légal de l’hypothèque

Section 1 : notion et caractère

Section 2 : typologie de l’hypothèque

Chapitre II : la constitution de l’hypothèque

Section 1 : conditions de fonds et de forme

Section 2 : transmission de l’hypothèque

Conclusion
Introduction

« Sans sûretés pas de crédit et sans crédit pas d'économie moderne »1

Les institutions qui rendent sûr le rapport d’obligation s’appellent traditionnellement : les
sûretés. Ces sûretés garantissent l’exécution future d’une obligation, car elles permettent au
créancier de se prémunir contre l’insolvabilité du débiteur. L’importance pratique des sûretés
n’est pas à démonter : sans sûreté, pas de crédit, sans crédit pas d’économie moderne. Le crédit
est omniprésent dans le commerce et dans l’industrie, il constitue l’un des moteurs essentiels
de l’économie, toutefois pour qu’un crédit soit octroyé, les banques, opérateurs principaux dans
les crédits, posent certaines règles dont la satisfaction d’une caution est primordiale pour
s’assurer, en cas de l’insolvabilité du débiteur, une source pour regagner son argent. 2

En partant de cette conception de sûreté, il est à noter que les sûretés sont qualifiées de tout
ce qui assure une protection contre l’insolvabilité3. On en distingue deux catégories qui sont
essentielles, les sûretés personnelles et les sûretés réelles.

En fait, les sûretés réelles sont régies par les dispositions de la loi 39-08 portant code des
droits réels publiés au BO du 24 novembre 2011. Cette loi a introduit à travers ses 334 articles
de nouveautés en matière foncière, et plus précisément sur les droits détenus sur les biens.

La sureté la plus appréciée, objet de notre étude, est incontestablement l’hypothèque, qui
est une sûreté par laquelle la valeur d’un immeuble est spécialement affectée à la garantie du
recouvrement d’ une créance, ce procédé est conçu de manière à ne pas gêner gravement le
propriétaire et de lui permettre d’ utiliser pleinement le crédit qui peut lui procurer la valeur de
l’immeuble, le propriétaire reste alors en possession de son bien et peut l’aliéner, le grever de
plusieurs hypothèques successives, le créancier quant à lui jouit d’ une garantie résultant du
droit de préférence dans la distribution du prix de l’immeuble, et un droit de suite lui permettant
de saisir l’immeuble dans le patrimoine d’un acquéreur.

1
Laurent Aynès et pierre Crocq « Droit des sûretés, Droit civil », 2015, 9e éd LGDJ.
2
Piédelièvre, Stéphane « Droit des sûretés » Ed. 3, Ellipses, 2022.
3
PAUL DECROUX « Droit foncier marocain » éd. La porte, 1ère éd., Casablanca, 1977
L’hypothèque est donc considérée comme une sûreté réelle par excellence, elle constitue la
garantie la plus perfectionniste qui puisse se concevoir. À ne pas confondre avec les notions de
gage et de nantissement4.

L’hypothèque est régie par les dispositions des articles de 165 à 213 du code des droits
réels, vu la multitude de ces articles, on constate l’importance qu’il revêt. Il est défini ainsi par
l’article 165 de la loi 39-08 « L’hypothèque est un droit réel accessoire portant sur les biens
immeubles qu’ils soient immatriculés ou en cours d’immatriculation, affecté à la garantie du
paiement d’une créance ».

L’hypothèque est d’abord, un droit réel qui confère au créancier le droit de préférence et
droit de suite5. Il présente aussi un caractère accessoire, dans la mesure où il est un droit réel de
garantie qui suppose l’existence d’une obligation principale, d’une créance. L’hypothèque peut
toutefois garantir une créance conditionnelle6

Selon l’article 170 du code des droits réels, l’hypothèque est un droit réel qui peut prendre
diverses formes, à savoir l’hypothèque conventionnelle et l’hypothèque forcée. S’agissant de
l’hypothèque conventionnelle, l’article 174 de la loi 39-08 dispose que l’hypothèque
conventionnelle est conclue par écrit avec le consentement des parties, certes elle ne peut être
valable que si elle est inscrite au titre foncier. Ainsi l’hypothèque forcée, Cette catégorie
d’hypothèque restreint le caractère consensuel de l’acte hypothécaire, car en vertu des
dispositions de l’article 171, L’hypothèque forcée est celle qui est conférée sans le
consentement du débiteur, et seulement dans les cas déterminés par loi.

4
Gaël Piette « L’essentiel du droit des sûretés » 5ème édition, Gualino Lextenso, 2020
5
https://www.village-justice.com/articles/hypotheque-droit-civil-marocain,38891.html
6
Article 179 du Dahir n° 1-11-178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de la loi n° 39-08 portant code
des droits réels.
Notre sujet revêt donc un intérêt théorique qui tend à exposer les différentes catégories
de l’hypothèque. Ainsi, qu’un intérêt pratique en vertu duquel nous levons les voiles sur la
constitution et la transmission de l’hypothèque.

Vu l’importance que tient l’hypothèque dans le développement économique du pays, une


question mérite d’être posée :

Quelles sont les particularités et les conditions de la constitution


d'un contrat d'hypothèque ?

Pour répondre à cette question qui vient d’être soulevée, nous allons en premier lieu traiter
le cadre légal l’hypothèque pour analyser dans un deuxième lieu les conditions de validité et la
transmission de cette hypothèque.
Chapitre I : le cadre légal de l’hypothèque

En pratique l’hypothèque est la plus recherchée des sûretés, elle a été considérée pour
longtemps comme la « reine des sûretés », et ce en raison des avantages appréciables qu’elle
confère au créancier. C’est une sûreté réelle immobilière constituée sans dépossession du
débiteur, ce critère apparait ainsi déterminant quant à la distinction d’autres droits réels. Du
moins lorsque la créance à garantir est d’une valeur importante : en effet le coût global d’une
constitution d’hypothèque ne permet pas d’envisager la concession d’une telle sûreté pour la
garantie de créances de faible montant.

Section 1 : notion et caractères

Notion

La loi n° 39.08 promulguée par le Dahir du 22 novembre 2011 et publiée au Bulletin


officiel du 24 novembre 2011 définit, dans son article 165, l’hypothèque comme étant un droit
réel accessoire portant sur un bien immeuble immatriculé ou en cours d’immatriculation et
affecté à la garantie du paiement d’une créance. L’article 166 de cette loi complète cette
définition en indiquant que l’hypothèque est indivisible, qu’elle porte sur l’ensemble des biens
hypothéqués, sur chacun d’eux et sur toute partie de chacun d’eux. L’article 167 précise que
l’hypothèque porte sur le bien hypothéqué, ses aménagements en construction, et les
améliorations y apportées après le contrat et sur ce qui s’y incorpore par voie d’accession.

En vertu de l’article 157 du dahir du 2 juin 1915 l’hypothèque est un droit réel immobilier
sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une obligation. Elle est de sa nature indivisible
et subsiste en entier sur les immeubles affectés, sur chacun et sur chaque portion de ces
immeubles, elle les suit dans quelques mains qu’ils passent.7

En doctrine, l’hypothèque est définie comme étant une sûreté immobilière constituée sans
la dépossession du débiteur par une convention, un texte de loi ou une décision de justice et
en vertu de laquelle le créancier qui a procédé à l’inscription a la faculté de faire vendre
l’immeuble grevé en quelques mains qu’il se trouve (droit de suite) et d’être payé par

7
M.Jalal Essaid « Introduction à l'étude du droit » 5ème édition 2014.
préférence sur le prix (droit de suite). Utilisée en matière de crédit bancaire, l’hypothèque
permet à l’établissement bancaire prêteur, en cas de défaillance de l’emprunteur de faire saisir
le bien immeuble hypothéqué, de le faire vendre en justice et se faire payer sur le produit de la
vente, par préférence à d’autres créanciers, notamment les créanciers chirographaires.8

Caractères

L’hypothèque est un droit réel qui confère au créancier un droit de préférence et un droit
de suite mais aucune des prérogatives du droit de propriété, le créancier hypothécaire est traité
comme un créancier gagiste, il peut seulement faire vendre un bien hypothéqué en cas de non-
paiement, pour se payer par priorité sur le prix.

 L’hypothèque, droit réel de garantie suppose l’existence d’une obligation principale,


d’une créance. Toutefois, l’hypothèque peut aussi garantir une créance conditionnelle.

 Quant à l’immeuble sur lequel l’hypothèque porte, selon les articles 157 et 158,
l’hypothèque peut porter sur la propriété des immeubles ou sur les droits réels immobiliers
suivants : usufruit, emphytéose, superficie, droits coutumiers musulmans.9

Ce droit immobilier est un droit spécial, en ce qu’il peut porter que sur des immeubles
individuellement envisagé. L’article 177 précise ce que doit comprendre tout acte,
d’hypothèque, toutes fois au terme de l’article 159, l’hypothèque s’étend aux améliorations
survenues à l’immeuble hypothéqué.

 Pour ce qui est de l’indivisibilité, elle signifie d’abord que chaque fraction de la créance
est garantie par la totalité de l’hypothèque. Si la créance est partiellement éteinte, ce qui en
substitue continue à être garanti par l’hypothèque entière.

Si la créance est divisée, notamment à la suite d’une succession, chacun des cohéritiers du
créancier hypothécaire décédé, créancier à son tour pour une fraction, dispose de
l’hypothèque entière pour le paiement de cette fraction.

A l’inverse, le cohéritier du débiteur décédé qui a reçu dans son lot l’immeuble hypothéqué,
devient débiteur hypothécaire pour le tout.

8
« Présentation générale des garanties bancaires conventionnelles usuelles du crédit » rédigé par KETTANI
Mehdi, DLA Piper Casablanca.
9
6102 : ‫" دار النشر المعرفة الطبعة‬80.93 ‫إدريس الفــــــــــــاخوري" الحقوق العينية وفق القانون‬
Cette indivisibilité signifie encore que chacune fraction de l’immeuble hypothéqué garantit
l’intégralité de la créance.10

Section 2 : typologies de l’hypothèque

L’hypothèque, selon l’article 162, peut être soit conventionnelle, soit forcée11. Il peut
toutefois exister une troisième sorte d’hypothèque, hypothèque différée, précisée dans les
articles 184 à 186 de la loi 39.08.
L’hypothèque conventionnelle

Elle résulte d’un accord amiable entre créancier et débiteur, conclu par acte authentique
avec le consentement des deux parties et n’a d’effet qu’après son inscription.12

 L’hypothèque conventionnelle de droit commun :

L’hypothèque conventionnelle est celle qui dépend des conventions. Il s’agit d’un contrat
d’hypothèque, généralement conclu au moment de la naissance de l’obligation à garantir,
mais qui peut être passé après coup. De toute manière, le contrat d’hypothèque est un contrat
distinct de celui qui fait naitre la créance, et il obéit à des conditions de forme et de fonds.
Concernant la forme, le contrat d’hypothèque doit être constitué par écrit, authentique ou
sous seing privé.
Quant au fond, il faut que le constituant, en général le débiteur, soit propriétaire de
l’immeuble hypothéqué ou titulaire d’un droit réel immobilier susceptible d’hypothèque, qu’il
affecte à la garantie de l’obligation.
Rappelons que l’hypothèque de la chose d’autrui est nulle, alors que la vente de la chose
d’autrui peut être valable, au terme de l’article 485 du DOC.

D’autres parts, le constituant doit avoir la capacité d’aliéner, parce que si l’hypothèque ne
constitue pas par elle-même une aliénation, elle est au moins aussi dangereuse qu’une
aliénation : elle compromet en effet l’immeuble qu’on ne peut plus vendre librement, elle peut
aboutir une vente forcée de l’immeuble.

10
La dissertation « L'hypothèque Dans Le Droit Marocain » 22 Janvier 2014
11
Dahir du 02 juin 1915 fixant la législation applicable aux immeubles immatriculés.
12
L’article 174 du Dahir n° 1-11-178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de la loi n° 39-08 portant code
des droits réels.
Quant à son inscription, l’hypothèque étant un droit réel immobilier, doit, pour sa validité
entre les parties et son opposabilité aux tiers, être inscrite sur le titre foncier de l’immeuble
hypothéqué. Une fois inscrite, elle conserve son rang, sans formalité nouvelle, jusqu‘à la
mention de l’acte libératoire de la dette, c'est-à-dire, la radiation de son inscription. Aussi,
aucun délai n’existe pour cette inscription.

 L’hypothèque conventionnelle de droit spéciale :


Ces hypothèques conventionnelles régies par certaines dispositions spéciales :
-L’hypothèque conventionnelle différée :
Une hypothèque peut toutefois être valable alors qu’elle n’a pas été inscrite sur le titre
foncier. C’est une hypothèque à inscription différée.
Un créancier hypothécaire peut lors de dépôt de l’acte constitutif d’hypothèque et du
duplicata du titre foncier intéressé, demander le bénéfice de cette hypothèque spéciale, c'est-à-
dire l’exemption temporaire de l’inscription, faisant défense au conservateur par écrit, de ne
déférer à aucune demande d’inscription au préjudice son droit.
L’inscription de l’hypothèque est différée pendant un délai de 90 jours sans que le
créancier soit exposé à perdre le rang qui lui a été acquis par le dépôt régulier de son acte. Si
pendant 90 jours, une nouvelle inscription vient à être requise, le conservateur procède au
préalable à l’inscription régulière de l’hypothèque différée, qui prendra rang au jour de son
dépôt, cette hypothèque différée est alors comparable a cet égard à une prénotation.
A l’expiration de 90 jours, le créancier doit ou retirer ses pièces ou requérir une inscription
régulière.
L’avantage de cette hypothèque différée est d’éviter le paiement des droits d’inscription
et des droits de radiation.
Cette hypothèque différée est utile à un créancier qui a consenti un prêt à court terme. Elle
est évidemment plus efficace qu’une « mise en gage » du duplicata d’un titre foncier.
- Hypothèque conventionnelle au profit crédit immobilier et hôtelier (C.I.H.), société de
crédit foncier autorisée (dahir du 17 décembre 1968).
Le propriétaire d’un terrain immatriculé, qui sollicite un prêt du C.I.H. pour construction
d’un logement, en demande l’expertise. Le bulletin d’expertise, qui indique le chiffre adopté
comme estimation du terrain, ainsi que le montant du prêt à réaliser, est mentionné sur le livre
foncier, à la demande du propriétaire, auquel est délivré un certificat de cette mention et de
tous les droits et charges existants sur l’immeuble expertisé.13

- Hypothèque conventionnelle sur immeuble non encore immatriculé :


L’hypothèque et le gage sans dépossession ne sont normalement pas réalisable lorsqu’il
s’agit d’immeuble non encore immatriculé car pour ces derniers aucune publicité n’a encore
été organisée mais aussi parce que sans sécurité, seul l’antichrèse ou contrat de Rahnia, est en
ce cas valable, ou encore une vente à réméré.
Toutefois, il est admis qu’il est possible de constituer une hypothèque sur un immeuble en
cours d’immatriculation.14

L’hypothèque forcée

Beaucoup de systèmes juridiques s’en tiennent au régime qui vient d’être étudié
(l’hypothèque conventionnelle) ; Sauf que dans certains cas l’hypothèque peut cependant être
imposée par la loi, ce que l’on appelle une hypothèque forcée, qui demeure soumise au même
régime de l’hypothèque en général ; notamment, elle doit être publiée et son rang ne date que
de son inscription.
L’hypothèque forcée est ainsi admise dans différents cas déterminés par le législateur
dont on va mettre l’œil dans notre sujet.

Ce dernier est ordonné par décision judiciaire à la demande du créancier. Elle est inscrite
sur les biens du débiteur sans son consentement et sans présentation du duplicata du titre
foncier. La mesure par ses conséquences graves sur la propriété privée, est destinée à rétablir
une certaine équité, en préservant les droits des créanciers et en stimulant le remboursement des
dettes contractées. Lorsque les débiteurs n’obtempèrent pas dans les délais, la loi permet
d’engager à leur encontre la vente forcée de leurs biens hypothéqués afin de récupérer les
sommes dues15

13
https://www.village-justice.com/articles/hypotheque-droit-civil-marocain,38891.html consulté le
20/10/2022
14
2011'‘ ‫ دراسة معمقة معززة باالجتهاد القضائي المغربي والمقارن‬.‫ "ضمانة بنكية للدائن المرتهن‬: ‫محمد خيري ''الرهن الرسمي العقاري‬
15
Mohammed Jalaal Essaid « introduction à l’étude du droit » cinquième Edition, 2014
Les principales créances qui peuvent donner lieu à une hypothèque forcée sont les suivantes :

 Les Créances publiques définies par l'article 2 de la loi 15-97 formant le code de
recouvrement des créances publiques.
 La Créance Du Syndicat Copropriétaires pour le paiement des charges communes
 Les créances qui résultent d'un jugement.

Les hypothèques forcées du trésor, compris celles pour les sommes dues des impôts et taxes
égales ou supérieures à 20 000,00 dirhams, de même que les hypothèques des personnes
morales de droit public, peuvent grever des biens meubles ou immeubles.16

Les cas d’hypothèque forcée sont limitativement prévus par la loi. Tels que les hypothèques
légales garantissant le paiement des sommes dues au trésor, aux organismes publics, aux
collectivités publiques ainsi qu’à certaines personnes privées nommément désignées par la loi
(ex : la femme mariée, les entrepreneurs, les architectes...)17.

16
« L’HYPOTHEQUE EN DROIT CIVIL MAROCAIN » rédigé par Kharrouba Othmane, Avocat, 25 Mai 2021
17
Dahir du 2 juin 1915 fixant la législation applicable aux immeubles immatriculés.
CHAPITRE II : la constitution de l’hypothèque

Les articles 174 et suivants de la loi n° 39.08 prévoient certaines exigences pour la
validité de la constitution de l’hypothèque.

Un contrat d’hypothèque s’appuie non seulement sur l’existence d’une créance


certaine mais encore il doit respecter toutes une série de règles de validités.

Section 1 : conditions de fonds et de forme

La validité du contrat hypothécaire conventionnelle dépend de la réalisation des


conditions de fonds généraux nécessaires à la validité des relations contractuelles mentionnées
au deuxième article du code des d’obligations et des contrats, en plus de l'écrit prévu à l'article
174 de la loi n° 39-08 portant code des droits réels.

Au contraire de l’hypothèque forcée, le consensualisme est considéré comme une pierre


angulaire dans la formation du contrat de l’hypothèque conventionnelle18, en effet, le
consentement consensuel existe des lors que les deux volontés contractantes se rencontrent et
ne produit aucun effets juridiques que s'il est valide et non entaché de l'un des vices du
consentement tels que l'erreur, la fraude et la contrainte.

Mais la présence de l'élément de consensualisme seule n'est pas suffisant, il doit plutôt être
délivré par une personne qualifiée.

Conditions de forme

 L’écrit : L'écrit est l'un des moyens les plus importants pour sécuriser les individus dans
les transactions qu'ils effectuent, car il leur permet de faire valoir leurs droits et de les
contester en cas de litige à leur sujet. Cependant, l'hypothèque conventionnelle est
considérée comme un contrat formel avec distinction de sorte qu'il n'est pas possible

18
Jean- Baptiste Seube « Droit des sûretés » Dalloz, 9eme édition, 2018
d'imaginer une hypothèque conventionnelle sans écrit, ce que le législateur marocain
confirme dans l'article 174 de la loi n°39-08 en énonçant que : « l'hypothèque
conventionnelle ne peut être constituée que par écrit avec le consentement des deux
parties et n’a d’effet qu’après son inscription ».19
En conséquence, l’écriture donne droit au créancier d'obtenir un certificat
d'immatriculation spécial, après l'inscription du contrat au registre foncier.
Conformément à l’article 204 du dahir du 2 juin 1915 « Le créancier nanti d'un certificat
d'inscription délivré par le Conservateur de la Propriété Foncière, dans les conditions
prévues à l'article 58 du Dahir sur l'immatriculation et alors même qu'il n'est pas pourvu
d'un titre exécutoire peut, à défaut, de paiement à l'échéance, poursuivre la vente par
expropriation forcée de l'immeuble ou des immeubles sur lesquels il est inscrit.».
Ainsi en ce qui concerne la signature du contrat, pour les tiers analphabètes, dans
ce cas ils peuvent recourir à mettre l’empreinte au lieu de la signature, conformément à
une décision rendue par la cour de cassation, qui a déclaré ce qui suit « Il n'est pas
contraignant pour ses propriétaires tant que le législateur ne l'a pas stipulé dans les règles
de preuves »20.

 L’inscription au registre foncier : Le législateur marocain a exigé l’inscription de


l'hypothèque conventionnelle en vertu de l’article 65 du Dahir relative à
l’immatriculation foncière, qui a été modifié et complété par la loi 14.07. le cas où le
créancier hypothécaire n'est pas en mesure d'inscrire son droit à la conservation foncière,
il peut recourir au tribunal pour contraindre le débiteur hypothécaire à s'inscrire, ou il
peut engager une procédure d'inscription conservatoire pour garantir son droit, car si
l'inscription n'est pas faite, le contrat hypothécaire ne produit aucun effet21.

Les conditions de fonds

 Le constituant : Généralement, le constituant de l’hypothèque est le débiteur.


Toutefois, en tant que sûreté réelle conventionnelle, l’hypothèque peut être consentie
par un tiers22. Ce tiers, qui affecte l’un de ses immeubles en garantie de la dette d’autrui,

19
Article 174 de Dahir n° 1-11-178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de la loi n° 39-08 portant code
des droits réels.
20
C. Cass n 84/2697 du 6 Mars 1989
21 Legeais Dominique « suretés et garantie de crédit » 9ème édition L.G.D.J. 2013

22
Philippe Simler, Philippe Delebecque « Droit civil : les suretés, la publication foncière » 7ème éd : Dalloz,
2016.
n’est pas personnellement débiteur. À peine de nullité23, le constituant, qu’il soit ou non
le débiteur, doit être propriétaire du bien grevé. Le droit de propriété du constituant
s’apprécie au jour de la conclusion de la sûreté. Il convient également de noter qu'il n'est
pas permis d'hypothéquer les biens d'un mineur ou incapable, par le tuteur ou le
demandeur, même par la mère en tant que représentant légal, sauf autorisation du juge
compétent et ce selon l’article 178 de la loi n°39-08 portant code des droits réels.

Le constituant doit avoir la capacité d’aliéner son immeuble, ce qui s’explique par le
fait que l’hypothèque peut aboutir à l’aliénation future de l’immeuble, par le biais d’une
saisie immobilière.

 L’assiette de l’hypothèque Le législateur a exigé par le code des droits réels que
l'immeuble faisant l'objet de l'hypothèque soit un immeuble pouvant être traité par lui-
même et susceptible d'être vendu et acheté. En conséquence, il n'est pas justifié de créer
une hypothèque officielle sur un immeuble non négociable en principe, comme les biens
immobiliers inclus dans le domaine public, les biens immobiliers dotés en plus des terres
collectives. Ainsi la dite loi a exigée au débiteur d’identifier le bien hypothéqué avec
précision24. Même si le bien hypothéqué est spécifié en particulier, il doit être spécifié
avec précision selon sa nature, en indiquant s'il s'agit de terres agricoles ou de bâtiments,
ainsi que de mentionner sa superficie, ses caractéristiques et les finalités préparées à cet
effet, en plus de mentionner s'il s'agit d'une pleine propriété ou d'un droit, d'un titre ou
d'un usufruit.
 La créance garantie En tant que sûreté, l’hypothèque suppose une créance à garantir.
En effet, à côté de la détermination précise du bien hypothéqué s’ajoute la dette de
garantie qui doit être spécifiquement précisée pour éviter toute ambiguïté car
l’indication de l'origine de la dette représente une garantie essentielle afin d’établir la
sécurité et l’équilibre contractuelle25. Si le législateur marocain n'a pas prévu de pénalité
pour la non-précision du bien hypothéqué, parce que le numéro de taxe s'en dispense, il
prévoit en contrepartie une pénalité pour la non-attribution de la dette garantie.
Cependant, l’article 175 prévoit que pour être valable le contrat doit contenir à côté

23
Gaël Piette « L’essentiel du droit des sûretés, » 5ème éd, Gualino lextenso, 2020.

24
Gaël Piette « L’essentiel du droit des suretés » 5ème édition, Gualino lextenso, 2020.
25
Legeais Dominique « suretés et garantie de crédit » L.G.D.J. lextenso, 9ème édition, 2013
d’autres mentions le montant de la créance garantie, ainsi qu’il ne prévoie pas la licéité
d'exécution du contrat.

Section 2 : La transmission de l’hypothèque

La garantie hypothécaire peut être transférée pour des motifs divers : décès, aliénation à
titre onéreux, ou à titre gratuit (soit au profit du cessionnaire, soit au profit du débiteur), sûreté.

Le créancier peut transférer la garantie hypothécaire soit à un tiers en cas de transmission


de la créance hypothécaire, soit à un créancier hypothécaire en cas de transmission de
l’hypothèque sans la créance.

- Transmission de la créance hypothécaire :

La créance hypothécaire est étroitement liée avec l’hypothèque qui la garantie. De ce fait
chaque fois que la créance hypothécaire est transmise, l’hypothèque qui la garantie est transmis
avec elle26.

Ainsi en est-il le cas de transmission à cause de mort ou entre vifs : paiement avec
subrogation ou cession de créance. L’article 200 du DOC prévoit que : « La cession d’une
créance comprend les accessoires qui font partie intégrante de la créance, tels que les privilèges,
à l’exception de ceux qui sont personnels au cédant. Elle ne comprend les gages, hypothèques
et cautions que s’il y a stipulation expresse ».

L’article 203 du DOC ajoute que celui qui cède sa créance à titre onéreux, est dans
l’obligation de garantir l’existence des accessoires, tels que les privilèges et les autres droits qui
étaient attachés à la créance ou au droit cédé au moment de la cession, à moins qu n’aient été
expressément exceptés.

En outre, la transmission de l’hypothèque peut se faire par le biais de la subrogation en


vertu de l’article 212 du DOC, à condition que la subrogation soit expresse et faite en même
temps que le paiement. En droit français l’article 2424 du Code civil prévoit que « l’hypothèque

26
Philippe Malaurie, Laurent Aynès « Droit des sûretés, »10ème éd., LGDJ.
est transmise de plein droit avec la créance garantie. Le créancier hypothécaire peut subroger
un autre créancier dans l’hypothèque sa créance ».

Quel que soit le transfert de l’hypothèque, elle doit être rendu publique par une inscription sur
le titre foncier27.

- Transmission de l’hypothèque sans la créance

L’hypothèque peut également être cédée indépendamment de la créance garantie. On l’appelle


l’hypothèque de la cession d’antériorité, prévue par l’article 2424, du Code civil Français. Dans
ce cas, le titulaire d’une sûreté réelle immobilière, accepte de céder son rang par le bénéficiaire
d’une autre hypothèque portant sur le même immeuble et d’un rang postérieur28.

27
Article 65 de la loi n° 14-07 sur l’immatriculation foncière.
28
Philippe Malaurie, Laurent Aynès « Droit des sûretés, »10ème éd., LGDJ.
Conclusion

En guise de conclusion, on peut dire que les garanties réelles du crédit doivent satisfaire à
une double exigence ; d’une part, la rapidité et la sécurité, et d’autre part, la simplification
dans la création et l’efficacité dans l’exécution.

Malheureusement, malgré les réformes de la loi plusieurs difficultés restent présentes ce


qui diminue l’efficacité de ces garanties. Ainsi, ces garanties ont pour principal but la
protection des créanciers contre l’insolvabilité de leurs débiteurs

Des réformes majeures doivent être mises en œuvre pour assurer la protection totale des
droits des créanciers.29

En fait, l’hypothèque étant la meilleure garantie du prêteur, joue un rôle économique


important puisqu’il est un moyen de garantie aux banques afin d’octroyer des crédits aux
entreprises et aux particuliers et par conséquent le croissement de l’investissement.

29
« LES GARANTIES RÉELLES DU CRÉDIT EN DROIT MAROCAIN » rédigé par Asmaâ Sajide, le 25 janvier 2022
Bibliographie

 Piédelièvre, Stéphane « Droit des sûretés » Ed. 3, Ellipses, 2022.


 Gaël Piette, « L’essentiel du droit des sûretés », 5ème édition, Gualino lextenso, 2020.
 Jean- Baptiste Seube, « Droit des sûretés », Dalloz, 9eme édition, 2018.
 BOURASSIN Manuella – BREMON Vincent, « Droit des sûretés », 6ème édition,
Dalloz, 2018.
 Dumont-Lefrand, Marie-Pierre,Albiges, Christophe « Droit des sûretés » Ed 6:
Dalloz 2017.
 Philippe Simler, Philippe Delebecque « Droit civil : les suretés, la publication
foncière » 7ème éd : Dalloz, 2016.
 Laurent Aynès et pierre Crocq « Droit des sûretés, Droit civil », 9e éd LGDJ, 2015.

 M.Jalal Essaid « Introduction à l'étude du droit » 5ème édition 2014


 Legeais Dominique « suretés et garantie de crédit » 9ème édition L.G.D.J. 2013
 Philippe Malaurie, Laurent Aynès « Droit des sûretés, »10ème éd., LGDJ.
 6102 : ‫" دار النشر المعرفة الطبعة‬80.93 ‫إدريس الفــــــــــــاخوري" الحقوق العينية وفق القانون‬
 ‫ دراسة معمقة معززة باالجتهاد القضائي‬.‫ ضمانة بنكية للدائن المرتهن‬: ‫محمد خيري الرهن الرسمي العقاري‬
‫ المغربي والمقارن‬, 2011

Articles :
 Othmane Kharrouba, « L’hypothèque en droit civil marocain », Revue village de la
justice, article publié le 25 mai 2021

 La dissertation « L'hypothèque Dans Le Droit Marocain » 22 Janvier 2014


 « LES GARANTIES RÉELLES DU CRÉDIT EN DROIT MAROCAIN » rédigé
par Asmaâ Sajide, le 25 janvier 2022.

Textes de lois et Jurisprudence :

 Dahir n° 1-11-178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de la loi n° 39-08


portant code des droits réels.
 Dahir du 2 juin 1915 fixant la législation applicable aux immeubles immatriculés
 la loi n° 14-07 sur l’immatriculation foncière.
 C. Cass n 84/2697 du 6 Mars 1989

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