Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
bénéficier à l’occasion des prêts1. Ainsi, les garanties facilitent l’accès au crédit en
réduisant les pertes potentielles dues au risque de non-paiement 2.
Le renforcement de la qualité des sûretés est une préoccupation internationale et
justifie de nombreuses réformes entreprises dans différents pays. Nous citerons
l’Ordonnance française du 23 mars 2006 réformant le droit des sû retés. De même, la
Commission des Nations-Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) a
publié en 2008 un guide législatif relatif aux obligations garanties. En Europe, un Groupe
de travail subventionné par la Commission européenne a publié en 2008, les principes
européens des sû retés personnelles.
Le nouvel Acte Uniforme a été inspiré par l’Ordonnance du 23 mars 2006 mais aussi par
les propositions de la CNUDCI.
Le crédit naît du décalage entre deux prestations d’un échange économique. (Exp.
La livraison qui précède le paiement du prix dans le cadre de la vente). Il dépend de la
confiance faite au débiteur. Le mot crédit au sens étymologique et économique
signifie d’ailleurs confiance. De la part du débiteur, avoir du crédit, c’est inspirer
confiance. Cette confiance elle-même est tributaire des qualités de ce dernier. Or il est
aujourd’hui de plus en plus difficile de connaître ces qualités et de les apprécier, notre
société étant une société de masse. La sûreté vient suppléer l’insuffisance des
connaissances des débiteurs et renforcer le paiement futur. Elle a pour fonction
de limiter ces risques inhérents au crédit.
Une bonne sû reté peut assurer la survie ou le développement d’un secteur. On
distingue les sûretés actives et les sûretés passives. Dans les sûretés actives, le
créancier espère que le financement engendrera lui-même les capacités de
remboursement. Ce pari est risqué (Exp. Sû retés prises sur les biens à produire ou sur
le pétrole à extraire).
Les sû retés passives sont celles qui portent sur autres choses que la capacité du
débiteur : un immeuble, un tiers, une somme d’argent etc. Ces sû retés sont certainement
plus solides.
L’existence et le régime des sû retés sont en relation directe avec l’exécution des
obligations puisqu’elles sont constituées en vue de leur exécution.
Les sû retés sont en rapport avec la notion de patrimoine ; le droit de gage général des
créanciers n’est autre chose que le patrimoine de leur débiteur.
1
P. CROCQ, Les grandes orientations du projet de réforme de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés,
Droit &Patrimoine, novembre 2010, p. 52.
2
L. Y. BBLACK, Enjeux économique de la réforme de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés : un atout
pour faciliter l’accès au crédit, Droit &Patrimoine, novembre 2010, p. 46.
2
Selon leur source, on distingue les sû retés conventionnelles, les sû retés légales ou
judiciaires. Selon leur objet, on distingue les sû retés réelles et les sû retés personnelles.
A) Sû retés conventionnelles, légales ou judiciaires
Les sû retés conventionnelles sont celles qui ont été librement voulues par les parties à
un contrat. Les sû retés légales sont celles conférées par la loi à certains bénéficiaires.
Elles expriment le choix d’une hiérarchie des intérêts. Il peut s’agir d’intérêts privés
jugés dignes de la sollicitude du législateur. Elles témoignent parfois de l’intérêt général
sur les intérêts privés. Tel est le cas lorsque les bénéficiaires sont l’Etat ou les
collectivités publiques. Les sû retés judiciaires sont constituées par décision de justice, la
loi délégant le pouvoir au juge.
§ 5) Législation
Au lendemain des indépendances des pays africains de la zone franc, le droit des sû retés
était hérité du droit français notamment le code civil (articles 2011 à 2203), du code de
commerce (pour le gage commercial).
A part le Sénégal et le Mali, aucun autre pays de la zone franc n’avait entrepris la
réforme des sû retés. Ce droit a bien vieilli et nécessitait une réforme. C’est ce que vient
réaliser l’OHADA spécialement l’Acte portant organisation des sû retés du 17 avril 1997.
Cet Acte a été aussi abrogé par l’adoption d’un nouvel Acte le 14 Décembre 2010.
3
Cependant, l’Acte du 17 avril conserve encore une utilité et justifie que soient encore
étudiées ses dispositions. En Aux termes de l’article 227 du nouvel Acte, « Le présent
Acte uniforme, qui abroge l’Acte uniforme portant organisation des sûretés du 17 avril
1997, n’est applicable qu’aux sûretés consenties ou constituées après son entrée en vigueur.
Les sûretés consenties ou constituées antérieurement au présent Acte uniforme et
conformément à la législation alors en vigueur restent soumises à cette législation jusqu’à
leur extinction ».
L’acte uniforme s’applique à toutes les sû retés qu’il organise, quelle que soit la nature
juridique de l’obligation garantie (obligation civile ou commerciale). C’est ce qui résulte
de l’article 1er de l’AUS de l’ancien et du nouvel Acte.
Aux termes de l’article 150 AUS du 17 avril 1997, « Sont abrogés toutes les dispositions
antérieures contraires à celles du présent Acte uniforme ». La doctrine s’est interrogée
sur la portée de cette disposition. Cet article abroge-t-il tous les textes législatifs et
réglementaires nationaux ayant le même objet que lui ou seulement les dispositions de
ces textes qui seraient contraires aux siennes ?
Il convient de relever que l’Acte du 15 décembre apporte dorénavant des réponses à
cette controverse. D’abord à la question de savoir s’il est possible que des dispositions
législatives complémentaires puissent régir les sû retés déjà prévues et réglementées par
l’Acte, on admettra que « la supériorité du droit uniforme par rapport aux droits
nationaux a pour conséquence qu’elles ne sauraient faire l’objet d’une législation
complémentaires »3. Cette analyse est permise puisqu’à la différence de l’article 150
précité, il n’a plus été précisé que seules les dispositions contraires à l’acte sont
abrogées. L’article 4 al. 4 du nouvel Acte précise aussi les cas dans lesquels une
législation particulières peut régir les sûretés.
Ensuite, sur la question de savoir si les parties peuvent ou non librement créer des de
nouvelles sû retés, le nouvel Acte fait une distinction entre sû retés personnelles et
sû retés réelles. S’agissant des sûretés personnelles, la liberté contractuelle subsiste
en la matière. En effet, le nouvel article 4 disposant que « Les sûretés personnelles
au sens du présent Acte … » suggère qu’il puisse y avoir d’autres sûretés
personnelles autres que celles régies par le présent Acte. S’agissant par contre des
sûretés réelles, une réponse négative s’impose. En effet, aux termes de l’al. 2 du
même article, « Sauf disposition contraire du présent Acte uniforme, les sûretés
réelles valablement constituées sont celles qui sont régies par cet acte ». Cette
interdiction se justifierait « d’une part par le principe de l’égalité des créanciers
qui implique que des droits de préférence sur les biens de leur débiteur ne leur
soit reconnu si un texte l’a expressément prévu, et d’autres part, la volonté
d’empêcher de trop grands bouleversements du droit des sûretés … ».
Aux termes de l’article 1er al. 2, « Les sû retés propres au droit fluvial, maritime et aérien
font l’objet de législations particulières ». L’article 4 al. 4 reprend la même idée mais
étend son domaine. Ce texte dispose en effet que « Les sû retés propres au droit fluvial,
maritime et aérien, les sû retés légales autres que celles régies par le présent acte
uniforme, ainsi que les sû retés garantissant l’exécution de contrat conclus exclusivement
3
P. CROCQ, op. cit. p. 54.
4
La qualité d’agent des sûretés est ici réservée aux seules banques ou
établissements de crédit nationaux ou étrangers, c’est-à-dire à des structures dont
l’activité fait l’objet d’un agrément et d’un contrôle étatiques.
La désignation de l’agent des sû retés n’est pas obligatoirement faite dans l’acte qui
constate l’obligation garantie : elle peut être effectuée postérieurement, ce qui donne
beaucoup plus de souplesse au mécanisme.
Cependant l’acte de désignation est soumis à un formalisme. Non seulement il est écrit
mais aussi, à peine de nullité, doit mentionner :
1°) la ou les obligations garanties ou, si elles sont futures, les éléments de nature à
permettre leur individualisation, tels que l'indication de leur débiteur, de leur lieu de
paiement, de leur montant ou l'évaluation de ce dernier, et de leur échéance ;
2°) l'identité, au jour de la désignation de l'agent des sû retés, des créanciers de la ou des
obligations garanties ;
3°) l'identité et le siège social de l'agent des sû retés ;
4°) la durée de sa mission et l'étendue de ses pouvoirs d'administration et de
disposition;
5°) les conditions dans lesquelles l'agent des sû retés rend compte de sa mission aux
créanciers de la ou des obligations garanties.
La mission de l’Agent de sûreté consiste à représenter les créanciers dans leurs
rapports avec les débiteurs et garant, les constituants et les tiers. Il peut
constituer, gérer et réaliser une sûreté au profit du créancier.
5
Première partie
Les sûretés personnelles
Aux termes de l’article 4 al. 1, « Les sû retés personnelles, au sens du présent Acte
uniforme, consistent en l’engagement d’une personne de répondre de l’obligation du
débiteur principal en cas de défaillance de celui-ci ou à première demande du
bénéficiaire garantie». Il importe de présenter les caractères des sû retés personnelles
et leur typologie.
§ 1) Les caractères des sûretés personnelles
La sû reté personnelle se reconnaît à la réunion de deux caractères à savoir la création
d’un droit de créance supplémentaire et l’absence de contribution à la dette par le
garant.
A) Création d’un droit de créance supplémentaire
Il n’y a de sûreté personnelle que par la multiplication des débiteurs et donc des
biens qui répondent de la dette.
Pour cette raison, ne constituent pas en principe des sû retés personnelles :
a) La lettre de confort
C’est la lettre par laquelle une société intervient auprès d’un établissement de crédit afin
que celui-ci accorde son concours à une autre société filiale ou partenaire en promettant
un renfort. Il s’agit d’un acte unilatéral qui, lorsqu’il est accepté soumet son auteur à un
engagement juridique. La portée de l’engagement dépend de la teneur du document.
Mais elle ne peut être considérée comme une sû reté tant qu’elle ne fait pas naître un
engagement direct envers le créancier.
b) La lettre de porte-fort
C’est la convention par laquelle une personne s’engage envers une autre à obtenir
l’approbation d’un tiers à un acte envisagé et s’expose de ce fait à une indemnisation
au cas où le tiers refuserait d’approuver l’acte. Il n’y a pas sû reté parce que l’engagement
du porte-fort ne vient pas s’ajouter à celui du tiers. L’acceptation du tiers libère le porte-
fort.
c) L’action oblique
Parce qu’elle ne crée aucun droit de créance nouveau au profit du créancier, elle ne
constitue pas non plus une sû reté personnelle.
Une précision terminologique devra d’entrée être faite. En effet, le mot cautionnement
revêt plusieurs significations. Il peut désigner un dépô t d’argent à titre de nantissement
destiné à servir de garantie pour des créances éventuelles. L’exemple est donné par les
loyers remis d’avance au bailleur pour garantir les sommes qui seraient dues en fin de
bail. Le mot cautionnement signifie dans ce cas consignation ou encore gage d’espèces.
Il s’agit alors d’une sû reté réelle.
Il paraît aussi utile de préciser la notion de cautionnement réel qui est le contrat par
lequel un garant affecte un ou plusieurs de ses biens à la garantie d’une dette d’un
débiteur principal (art. 12 de l’AUS du 17 avril 1997 ; art. 20 de l’Acte du 14 décembre
2010).
Le cautionnement est régi par les articles 2288 à 2320 C. civ. En ce qui concerne
l’espace OHADA il était régi par les articles 3 à 26 de l’Acte de 1997 et les articles
13 à 38 de l’AUS de 2010. L’article 3 al. 1 de l’AUS de 1997 disposait que « Le
cautionnement est un contrat par lequel la caution s’engage envers le créancier qui
accepte, à exécuter l’obligation du débiteur si celui-ci n’y satisfait pas lui-même ».
L’acte du 15 décembre précise davantage la notion. En effet l’article 13 al. 1 dudit texte
dispose que « Le cautionnement est un contrat par lequel la caution s’engage,
envers le créancier qui l’accepte, à exécuter une obligation présente ou future
contractée par le débiteur, si celui-ci n’y satisfait pas lui-même ».
L’apport de ce texte réside dans le fait qu’il précise que l’obligation garantie peut être
future. En réalité, cette précision en pratique ne modifie rien puisque en pratique, les
obligations futures pouvaient déjà être garanties. Il suffit de songer à la garantie du
9
Il faut souligner que l’Acte du 15 décembre 2010 a reformulé l’article 13 al. 1 qui est
devenu l’article 23. L’obligation d’information a été supprimée de l’article 21 de l’AUS du
15 décembre mais reprise à l’article 22 du même Acte.
L’article 23 de l’Acte du 15 décembre 2010 apporte un amendement important sur la
périodicité de l’obligation d’information. En effet, en dehors de tout incident de
paiement, l’obligation d’information doit être exécutée tous les semestres à compter de
la signature du contrat de cautionnement. L’information doit porter sur l’état des dettes
du débiteur principal. Il sera précisé les causes des dettes, leurs échéances et leurs
montants en principal, intérêts et autres accessoires dus à la fin du semestre écoulé. A
défaut d’accomplissement de ces formalités, le créancier est déchu vis-à -vis de la caution
des intérêts contractuels échus depuis la date de la précédente information jusqu’à la
date de la communication de la nouvelle information.
L’obligation d’information se dédouble, l’obligation en cas d’incident (art. 22 de l’Acte du
15 décembre) et l’obligation d’information en l’absence de tout incident (article 23 du
même Acte).
L’article 22 al. 2 précise qu’ « A défaut, (d’information en cas d’incident), la caution ne
saurait être tenue au paiement des pénalités ou intérêts de retard échus entre la date de
cet incident et la date à laquelle elle a été informée ». Cette formulation vise à protéger la
caution en lui permettant de payer le créancier le plus rapidement possible et d’éviter
ainsi l’accumulation à son détriment des pénalités et intérêts de retard.
- L’obligation de ne pas compromettre les recours de la
caution
Aux termes de l’article 18 al. 2, La caution simple ou solidaire est déchargée quand la
subrogation aux droits et garanties du créancier ne peut plus s’opérer, en sa faveur, par
le fait du créancier. Toute clause contraire est réputée non écrite. Les mêmes
dispositions figurent à l’article 2 7 al. 2 de l’Acte du 15 décembre 2010).
Cette obligation est inspirée de l’exigence de la bonne foi qui impose au créancier de
prendre en compte les intérêts de la caution. Ainsi, en cas de vente avec réserve de
propriété, la caution peut se prévaloir de la décharge lorsque le créancier n’a pas exercé
de revendication dans le délai ouvert à cet effet, ce qui a pour résultat de priver la
caution d’un droit qui pouvait lui profiter4.
B) Relations entre le créancier et le débiteur principal
Cette relation résulte essentiellement de l’obligation principale ou de la dette principale
qui a donné lieu à garantie. Cependant la situation de la caution peut influencer les
relations entre le débiteur principal et le créancier. Ainsi, lorsque la caution fournie
par le débiteur devient insolvable, le créancier peut exiger du débiteur une nouvelle
caution. Le débiteur pourra aussi fournir une sû reté réelle donnant les mêmes garanties
au créancier.
La solvabilité de la caution s’apprécie en tenant compte de tous les éléments de son
patrimoine (Article 13 al. 2 de l’Acte du 15 décembre 2010).
4
Com. 27 fév. 1996, D, Som. 269.
11
solution n’est plus d’actualité. Il n’est donc pas sû r que le législateur OHADA ait
seulement voulu condenser les principes résultant des articles 1326 et 2015 C. civ. Il est
donc probable qu’il ait fait de l’écrit une condition de validité.
Il importe de relever que ce débat n’est plus d’actualité, l ’Acte du 15 décembre
ayant apporté des précisions. En effet, il est substitué à l’expression le
cautionnement « doit être constaté par écrit », une autre formulation à savoir le
cautionnement « se prouve » art. 14 al. 1. Il semble donc que cette nouvelle
rédaction mette l’accent sur le caractère consensuel du cautionnement 7.
Des exigences particulières sont prévues par le même texte s’agissant de la caution qui
ne sait ou ne peut écrire. Dans ce cas, il doit se faire assisté de deux témoins qui
certifient dans l’acte, son identité et sa présence. Ils attestent également que la
nature et les effets de l’acte lui ont été précisés. Cette mesure vise entre autres à
s’assurer que son consentement a été donné en toute connaissance de cause.
3) L’exigence d’une caution solvable
Cette exigence résulte de l’article 2295 C. civ. L’article 2296 précise les conditions de la
solvabilité. « La solvabilité d'une caution ne s'estime qu'eu égard à ses propriétés
foncières, excepté en matière de commerce, ou lorsque la dette est modique.
On n'a point égard aux immeubles litigieux, ou dont la discussion deviendrait trop
difficile par l'éloignement de leur situation ».
La fortune mobilière de la caution pressentie n’est pas prise en considération. Cette
solution manifeste l’adage res mobilis, res vilis. Le législateur français dans le cadre des
reformes aurait pu redresser la situation. Mais ce ne fut pas le cas
Le législateur OHADA retient une solution différente en la matière. En effet, aux termes
de l’article 5 al. AUS (art. 15 de l’Acte de 2010) « La caution doit présenter des garanties
de solvabilité appréciées en tenant compte de tous les éléments de son patrimoine ». Cette
solution est plus conforme à l’évolution de la composition des patrimoines des individus
et à celle des biens. En effet, les biens mobiliers ont aujourd’hui pris de la valeur au point
que la primauté faite aux biens immobiliers ne se justifie plus totalement. Mais il faut
admettre tout comme la solution retenue en Droit français que les biens litigieux ne
doivent pas être pris en considération en raison de la possibilité d’éviction du droit de
propriété de la caution sur ces biens.
7
M. BRIZOUA-BI, Le nouveau visage des sûretés personnelles dans l’espace OHADA, op. cit. p. 62
16
édicté au bénéfice du seul créancier, n'était pas invocable par la caution (Cass. com., 3
mars 1987 : Bull. civ. IV, n° 58 ; Gaz. Pal. 1987, 1, pan. jurispr. p. 118. – CA Paris, 27 janv.
1987 : D. 1987, inf. rap. p. 33). Le créancier peut en revanche y renoncer (Cass. com., 7
févr. 1984 : Gaz. Pal. 1984, 2, pan. jurispr. p. 163, obs. Piédelièvre).
Ce texte a en effet été considéré comme insusceptible d'entraîner l'annulation de
l'engagement de la caution pour erreur (Cass. 1re civ., 7 juin 1988 : Bull. civ. I, n° 173 ; D.
1988, inf. rap. p. 177). Seule la faute précontractuelle de la banque peut donc être
invoquée par la caution. Elle sera caractérisée par deux éléments. D'abord par la
disproportion ; celle-ci doit être particulièrement nette, il faut qu'elle soit manifeste, et
que « l'énormité » de la somme garantie soit avérée. Cette disproportion est
objectivement appréciée. Ensuite, cette disproportion exclut la bonne foi, c'est-à -dire
qu'elle établit le manquement du banquier à une obligation de s'informer qui pèse sur
lui. Le banquier doit en effet questionner la caution sur sa fortune et ses
ressources (actuelles ou prévisibles), ou se renseigner à cet égard (V. l'arrêt Macron,
Cass. com., 17 juin 1997 : Bull. civ. IV, n° 188 ; D. 1998, p. 208, note Casey ; RTD civ.
1998, p. 100, obs. Mestre, et p. 157, obs. Bandrac et Crocq).
– La seconde situation est celle où le banquier n'informe pas suffisamment la caution sur
les risques qu'elle encourt. Il s'agit d'hypothèses très voisines de celles dans lesquelles
les erreurs des cautions ont été découvertes (V. supra n°49 s.). Ici encore, la connaissance
par la caution des affaires du débiteur garanti sera décisive pour exclure la faute du
banquier (dirigeant, Cass. com., 9 nov. 1993 : Gaz. Pal. 1994, 2, p. 638. – Cass. 1re civ., 13
févr. 1996 : JCP G 1996, II, 22725).Il ne faut de toute manière pas perdre de vue
l'affirmation raisonnable selon laquelle il est tout à fait possible de cautionner un
débiteur insolvable, pourvu que cela soit conscient (Cass. com., 10 oct. 1995 : Quot. jur. 9
nov. 1995, p. 2). Que serait le cautionnement s'il ne servait à couvrir les mauvais
débiteurs, ou les risques tarés ?
Il a été ensuite jugé que la caution ne pouvait engager la responsabilité du créancier
qu’autant qu’elle démontre que ce dernier aurait eu sur les revenus de la caution, son
patrimoine et ses facultés de remboursement prévisibles, des informations que la
caution elle-même aurait ignorées (Com. 8 oct. 2002 ; Com. 2 fév. 2003 ; chambre
commerciale 26 janvier 2016 N° de pourvoi: 14-20478 ). En réalité, la cour fait une
distinction entre caution profane et caution avertie. C’est à l’égard de la caution avertie
que la banque n’a pas une obligation d’information : « Mais attendu qu’ayant retenu par
les motifs vainement critiqués au premier moyen que la caution était avertie, la cour
d’appel faisant ressortir que la banque n’était tenue d’aucune obligation à son égard, a
légalement justifié sa décision ; que le moyen n’est fondé en aucune de ses branches »8.
B) Condition spéciales
Il faudra signaler les interdictions et les autorisations spéciales se rapportant
cautionnement donné par les personnes morales.
Le cautionnement fait par les sociétés anonymes avec conseil d’administration ou avec
administrateur général en faveur de ses dirigeants est interdits (art. 450 et 507 AUSC).
8
Com. 17 mai 2011, n° de pourvoi 10-11810.
17
Chaque caution peut donc demander la division de la dette entre les cautions solvables.
Ici encore, la caution doit demander le bénéfice de la division dès les premières
poursuites.
D) La caution réelle
Le cautionnement réel est celui dans lequel la caution n’affecte à la garantie de la dette
principale qu’un ou plusieurs de ses biens. L’article 12 de l’AUS (art. 22 de l’Acte de
2010) précise que la caution peut limiter son engagement à la valeur de réalisation du ou
des biens sur lesquels elle a consenti une telle sûreté. Il résulte de ce texte qu’à défaut de
stipulation particulière, la caution est tenue pour la totalité de la dette et non à la seule
valeur des biens donnés en garantie.
Il faut relever que cette question a donné lieu à un débat en droit français. En effet, trois
situations sont à distinguer.
La première est celle dans laquelle, une caution offre en garantie du paiement de la
créance une sû reté réelle. Nous sommes d’abord en présence du cautionnement, sû reté
personnelle qui est ensuite garantie par une sû reté réelle. Dans cette hypothèse, la
nullité du cautionnement par exemple anéantit aussi la sû reté réelle constituée. La
sû reté réelle dans ce cas n’est qu’un accessoire de la sû reté personnelle qu’est le
cautionnement.
La seconde situation est celle de la constitution d’une sureté réelle en garantie de la
dette d’autrui. Ce qui est désigné sous le nom sû reté réelle pour autrui. La nature
juridique de cette opération a donné lieu à un débat. Il s’agissait de savoir si en affectant
un bien en garantie du paiement de la dette d’autrui, le tiers n’entendait pas aussi se
porter caution à la hauteur de la valeur du bien affecté. L’ambiguïté de l’expression
caution réelle pourrait traduire cette hésitation. La cour de cassation avait d’abord
consacré cette conception mixte pour appliquer à cette sû reté certaines règles du
cautionnement9. Il y a eu ensuite un revirement : « Le créancier n’a d’action que sur le
bien affecté en garantie »10. Le cautionnement réel n’est donc pas un cautionnement. Il
s’agit exclusivement d’une sû reté réelle sans aucun rapport avec le cautionnement.
La troisième situation est celle dans laquelle une personne offre un bien en garantie de
la dette d’autrui (sû retés réelle) mais aussi se porte caution indépendamment de cette
sû reté réelle. Dans cette hypothèse le sort de cette sû reté réelle est indépendant de la
validité du cautionnement. Le créancier dispose d’abord d’un droit de gage sur le
patrimoine de la caution, et un droit de préférence sur le bien donné en garantie.
§ 3) L’étendue du cautionnement
L’étendue du cautionnement est d’une grande importance. Elle présente deux aspects,
l’étendue en montant et l’étendue en durée.
1) L’étendue en montant
Dans la pratique des affaires, rares sont les cautionnements qui comportent une limite
chiffrée très précise à l’engagement de la caution. Le législateur OHADA a apporté des
solutions précises concernant le montant du cautionnement et la nature des dettes.
9
Civ. 1re 15 mai 2002, Bull. civ. I, n° 127.
10
Ch. Mixte, 2 décembre 2005, Bull. mixte n° 7
19
Le paiement partiel ne peut être imposé au créancier (Cf. art 1244 C. civ.). Mais dans les
faits le créancier accepte souvent le paiement partiel. Il se pose alors le problème de
l’imputation du paiement en cas de pluralité de dettes. En cas de pluralité de dettes dont
certaines ne sont pas cautionnées, le paiement partiel est imputé d’abord aux dettes
cautionnées car elles sont plus onéreuses. Cette solution est supplétive de la volonté des
parties.
Lorsqu’il s’agit plutô t d’une seule dette partiellement cautionnée, la jurisprudence et la
doctrine admettent que l’imputation doit d’abord se faire sur la fraction non cautionnée.
La solution est expliquée par le fait que le créancier ayant pris soin d’exiger une
garantie, cette dernière devra jouer jusqu’à entière satisfaction.
B) Le payement du cautionnement
Si le débiteur principal ne s’exécute pas, le créancier peut demander directement le
paiement à la caution, qu’il s’agisse de la caution solidaire ou de la caution simple. Cette
dernière pourra cependant invoquer le bénéfice de discussion. L’article 15 al. 2 de l’AUS
(article 27 al. 1 de l’Acte de 2010) dispose que le créancier ne peut poursuivre la caution
simple ou solidaire qu’en appelant en cause le débiteur principal. Il faut relever que la
défaillance du débiteur principal sera constatée par une mise en demeure restée
infructueuse. La caution doit aviser le débiteur principal ou le mettre en cause avant de
payer la dette au créancier poursuivant (article 19 al. 1 de l’AUOS ; Nouvel article 30 al.
1).
Le paiement par la caution soulève quelques interrogations dont celles de savoir à quel
moment la caution doit-elle payer ?
1) Le moment du payement
Le cautionnement étant accessoire, la caution ne doit payer que lorsque la créance est
exigible à l’encontre du débiteur principal. Se pose alors la question de savoir ce qui
adviendrait en cas de déchéance du terme à l’encontre du débiteur principal ou en cas de
prorogation de terme à son profit.
d) La déchéance du terme
La déchéance du terme a pour conséquence que la dette du débiteur principale devient
exigible avant la date initialement convenue. Il en sera ainsi lorsque le débiteur diminue
les sû retés, en cas de liquidation judiciaire ou encore en vertu d’une clause contractuelle.
La caution est-elle tenue de payer immédiatement le créancier ? La jurisprudence a
décidé en France que la caution a son terme propre même en l’absence de toute
stipulation en ce sens. C’est la solution retenue par le législateur OHADA. En effet, aux
termes de l’article 13 al. 4 de l’AUS « Nonobstant toute clause contraire, la déchéance du
terme accordé au débiteur principal ne s’étend pas automatiquement à la caution qui ne
peut être requise de payer qu’à l’échéance fixée à l’époque où la caution a été fournie ».
Les mêmes dispositions sont reprises à l’article 2 3 al. 4 de l’Acte de 2010. La caution
n’encourt la déchéance que par sa propre faute par exemple lorsqu’à l’échéance, elle ne
satisfait pas à ses obligations ou diminue la sû reté réelle consentie.
e) La prorogation du terme
Aux termes de l’article 13 al. 3, (article 23 al. 3 de l’Acte de 2010) « La prorogation du
terme accordée au débiteur principal par le créancier doit être notifiée par ce dernier à
22
2 ) Le remboursement de la caution
La caution ne devant en définitive supporter aucune contribution, elle dispose des
recours juridiques contre le débiteur principal et éventuellement contre les
cofidéjusseurs.
a) le recours contre le débiteur principal
Le recours de la caution s’exerce en principe après payement. Mais il arrive qu’il soit
exercé même avant payement.
) Le recours après payement
La caution dispose de deux actions qui se cumulent, une action personnelle et une action
subrogatoire
L’action personnelle
Elle trouve son fondement dans le contrat ou le lien de droit qui existe entre la caution et
le débiteur principal. La qualification de ce lien importe peu : mandat, gestion d’affaire,
prestation de service etc. La finalité de cette action est de permettre à la caution une
totale indemnisation par suite de tout ce qu’elle a eu à subir en exécutant son
engagement. Il s’agit du principal, des intérêts, des frais engagés et des dommages et
intérêts si l’exécution lui a causé un dommage particulier.
En cas de caution partielle, le créancier ne peut pour le reliquat, être préféré à la caution
qui a payé et agi en fonction de son recours personnel. (article 21 al. 2 ; article 32 al. 2 de
l’Acte de 2010).
Il est admis que lorsque la caution s’engageait à l’insu du débiteur ou contre son
gré, il est mis à l’écart le recours personnel. Mais le recours subrogatoire resterait dû
car il résulte de la seule considération objective du paiement effectué par la caution
entre les mains du créancier. Malgré la nouvelle rédaction de l’article 13 al 2 du nouvel
Acte selon lequel « Cet engagement peut être contracté sans ordre du débiteur »,
l’admission du recours subrogatoire lorsque le cautionnement est effectué à l’insu du
débiteur principal ne devrait pas être remise en cause.
L’action subrogatoire en remboursement
Elle est affirmée par l’article 20 al. 1er (nouvel article 31 al. 1er) qui dispose que « la
caution est subrogée dans tous les droits et garanties du créancier poursuivant pour tout
ce qu’elle a payé ». En vertu de cette action la caution se met à la place du créancier
désintéressé. Elle bénéficie ainsi de tous les droits et avantages que le créancier
s’était ménagé à l’encontre du débiteur principal, notamment le bénéfice des
sûretés du créancier. L’action subrogatoire a pour inconvénient de ne permettre qu’un
remboursement limité au montant payé par la caution. De plus, la caution exerçant
23
l’action du créancier, c’est la même prescription qui continue à courir depuis que
l’obligation est devenue exigible.
S’il y a plusieurs débiteurs principaux solidaire d’une même dette, la caution est
subrogée contre chacun d’eux pour tout ce qu’elle a payé, même si elle n’en a cautionné
qu’un. Si les débiteurs sont conjoints, elle doit diviser ses recours » (Nouvel article 28 al.
2).
Cumul des deux actions
Par une même demande en justice, la caution peut agir sur les deux terrains pour
cumuler leurs avantages respectifs.
Obstacles légaux au remboursement (article 19 al. 2 ; Nouvel article 27 al. 5)
La caution qui a payé sans en aviser le débiteur principal perd son recours contre lui
dans deux cas : si au moment du payement ou antérieurement à ce paiement, le débiteur
avait le moyen de déclarer cette dette éteinte ou s’il avait payé dans l’ignorance du
paiement de la caution. Si le moyen de faire déclarer la dette éteinte est postérieur au
payement, il ne peut constituer un obstacle au remboursement qu’autant que l’exception
existait déjà en germe au moment du payement (cas d’une créance non liquide, ni
exigible mais certaine).
Dans ces hypothèses, la caution dispose d’une action en répétition de l’indu contre le
créancier.
) Le recours avant payement
Elle a pour finalité d’éviter que la situation de la caution ne s’aggrave et que son
remboursement ne soit compromis par l’attente d’un terme prévu au contrat. Il s’agit
donc pour la caution de se prémunir contre l’insolvabilité du débiteur. Il a pour support
l’article 24 de l’AUS (Article 35 de l’Acte de 2010). Aux termes de ce texte, avant même
d’avoir payé, la caution peut agir en paiement contre le débiteur principal ou demander
la conservation de ses droits dans le patrimoine de celui-ci dès qu’elle est poursuivie,
lorsque le débiteur est en état de cessation de payement ou en déconfiture, lorsque le
débiteur ne l’a pas déchargé dans le délai convenu, lorsque la dette est devenue exigible
par l’échéance du terme sous le quel elle avait été contractée.
Ces recours anticipés sont interprétés strictement en ce qu’ils ne sont ouverts que
contre le débiteurs principal et ne peuvent être exercés par la caution contre les
cofidéjusseurs11 ni contre les associés de la société cautionnée ou contre les codébiteurs
solidaires du débiteur garanti12.
b) Le recours contre les cofidéjusseurs
La caution qui a payé peut obtenir des cofidéjusseurs, le remboursement de ce qu’elle a
déboursé en plus de sa part. Mais elle est tenue de diviser ses poursuites entre les
cofidéjusseurs, chacun ne devant payer que sa part. Si une caution est insolvable, la part
doit être répartie entre les autres cautions. Il est admis qu’elle peut agir cumulativement
sur le fondement de son action personnelle et sur celle de l’action subrogatoire.
11
Com. 3 mars 1981, Bull civ. IV, n° 117 ; Com. 27 nov. 1978, Bull. civ. IV, n° 277; Com. 24 nov. 1980, Bull. IV, n°
141.
12
Cf. C. MOULY, Le recours anticipé de la caution contre la sous-caution ; JCP 80, I, 2985.
24
Elle est une innovation apportée par l’AUS aux législations nationales existantes. On
retiendra aussi que la dénomination garantie autonome a été substitué à celle de lettre
de garantie précédemment retenue dans l’Acte de 1997. Le droit des garanties
indépendantes est né de la pratique contractuelle dans les années 1970. Lorsque le
25
cautionnement est rendu moins efficace en raison des exceptions que la caution pouvait
soulever, la pratique a cherché à renforcer l’engagement du garant en le privant des
exceptions. Elle sera par la suite consacrer par la jurisprudence. Malgré le succès connu
par les garanties indépendantes dans le commerce international, il était ignoré par la
plupart des législations nationales. La Chambre de commerce international (CCI) pour
combler ce vide juridique a élaboré en 1978 « Les règles uniformes pour les garanties
contractuelles ». En 1992, elle élabore les nouvelles « Règles uniformes relatives aux
garanties autonomes » afin de prendre en compte les intérêts divergents des parties. La
nouvelle formule reconnaît expressément le droit du bénéficiaire de prétendre à un
paiement inconditionnel de sa sû reté. Mais la demande de paiement doit être écrite et
justifiée pour protéger le débiteur principal contre les appels injustifiés de garantie.
L’AUS s’est inspiré de cette formule. La garantie à première demande se distingue des
autres sû retés, particulièrement du cautionnement. Il faut souligner que l’acte de 2010 a
apporté des modifications dans les règles de formations aussi bien qu’aux effets de la
garantie autonome. Il conviendra de préciser sa nature juridique, les règles de sa
formation, ses effets avant d’aborder les problèmes que pose sa mise en œuvre.
engagement unilatéral. Cette précision implique que la garantie autonome peut exister
même sans l’accord du bénéficiaire. En Belgique et en Allemagne, la garantie autonome
est analysée aussi en un engagement unilatéral.
Le garant est généralement un établissement financier. Mais le garant ne s’engage
envers le bénéficiaire que sur instruction du donneur d’ordre.
Enfin, le bénéficiaire au profit de qui doit se faire ce versement. Il est normalement
créancier du donneur d’ordre et partie au contrat de garantie à première demande avec
le garant.
Le garant peut lui-même demander à être garanti contre la défaillance du donneur
d’ordre. Il lui demandera alors une contregarantie.
Il se pose la question de savoir la nature des rapports entre le donneur d’ordre et le
garant.
Ce rapport a pu être analysé comme un mandat. Le garant serait mandataire du
donneur d’ordre. Cette analyse a été à juste titre critiquée. En effet, le garant prend à
l’égard du bénéficiaire un engagement personnel alors que le mandataire n’agit que pour
le compte et au nom du mandant.
Il faut admettre qu’on est en présence d’un contrat de service par lequel le garant,
chargé par le donneur d’ordre de prendre l’engagement garanti, assume envers
lui une promesse de faire constitutive d’une convention de crédit, se traduisant
pour le garant par un engagement par signature.
Le rapport entre le garant et le contregarant a été aussi analysé en une convention de
crédit par lequel le garant s’engage pour le compte du contregarant.
Les garanties autonomes sont souvent utilisées dans les contrats d’entreprise,
notamment dans les contrats de construction, pour garantir au maître d’ouvrage
l’exécution des obligations prévues au contrat. On distingue :
- La garantie de soumission : Par cette garantie, le garant prend l’engagement de
payer une certaine somme en général un pourcentage, 1 à 2% du montant du
contrat pour lequel le donneur d’ordre, débiteur, soumissionne. Ce montant
serait dû au cas où le soumissionnaire n’accepterait pas de signer un contrat
conforme aux propositions faites dans sa soumission ou dans le cahier des
charges. Cette demande de garantie se justifie par le fait que l’examen des
soumissions est une procédure longue et coû teuse.
- La garantie d’exécution ou de bonne fin : Cette garantie engage le garant à payer
une certaine somme pour le cas où le bénéficiaire ne s’estimerait pas satisfait par
l’exécution du contrat. Elle est aussi un moyen de stimuler le débiteur dans
l’exécution de ses obligations.
- Les garanties de remboursement d’acompte : Par ces garanties, le garant s’engage
à rembourser au bénéficiaire une partie des sommes avancées par le bénéficiaire
au débiteur. Le montant de ces garanties peut être réduit au fur et à mesure que
les avances sont utilisées pour payer des marchandises ou des services délivrés
au bénéficiaire.
27
interrogation a été suscitée du fait que cette garantie est autonome en ce qu’elle
se détache du rapport de base qui lui a donné naissance. L’article 40 al. 2 le rappelle
expressément : « Elles créent des engagements autonomes, distincts des conventions,
actes et faits susceptibles d’en constituer la base ». Mais il est admis que la cause de
l’engagement se situe dans le contrat de base qui lui sert de support économique.
Cette analyse est confortée par l’exigence légale de l’indication dans l’acte de garantie, de
la convention de base, l’action ou le fait cause de l’émission de la garantie (nouvel article
40).
4) L’objet
Le garant s’engage à payer une somme déterminée au bénéficiaire sur première
demande de la part de ce dernier. Cependant, aux termes 33 al. 2 (Nouvel article 44 al.
2), « La lettre de garantie peut stipuler que la somme garantie peut être réduite d’un
montant déterminé ou déterminable à des dates précises ou contre présentation au
garant ou au contregarant de document indiqué à cette fin ». C’est la pratique des
garanties dites glissantes. C’est là une première entorse au caractère autonome de la
garantie ou de la contregarantie puisqu’il est admis la déduction des paiements faits
antérieurement, à conditions que ceux-ci ne soit pas contesté par le bénéficiaire.
B) Conditions de forme
La lettre de garantie ou de contregarantie est soumise à un formalisme. Aux termes de
l’article 30 AUS (Nouvel article 38), elles doivent être écrites. A peine de nullité l’écrit
doit contenir :
- la dénomination de lettre de garantie ou de contregarantie autonome ;
- le nom du bénéficiaire ;
- le nom du garant ou du contregarant ;
- la convention de base, l’action ou le fait, en considération desquelles la garantie
ou la contre-garantie autonome est émise ;
- le montant maximum de la garantie ou de la contregarantie autonome ;
- la date ou le fait entraînant l’expiration de la garantie ;
- les conditions de la demande de paiement, s’il y a lieu ;
- l’impossibilité pour le garant ou le contregarant, de bénéficier des exceptions de
la caution.
Ce formalisme rigoureux vise à attirer d’abord l’attention des parties, particulièrement
le garant sur la nature des engagements pris et surtout leur portée. Le document pourra
aussi éviter les difficultés de preuve.
13
Civ. 1er , 13 mars 1996 RD bancaire et bourse 1996, p. 123.
14
Com. 27 juin 2000 Revue de droit bancaire et financier, novembre/décembre 2000, p. 355.
30
encore ici. Il faut ajouter que cette cession de la créance résultant du rapport de base
n’exonère pas le garant de son obligation à l’égard du bénéficiaire. C’est-dire que malgré
la cession, le garant reste entièrement tenue à l’égard du bénéficiaire en vertu de la
convention de garantie à première demande.
Le principe résultant de l’article 31 a été reformulé dans le nouvel Acte. En effet, aux
termes de l’article 42 de l’Acte de 2010, « Sauf clause ou convention contraire expresse,
le droit à garantie du bénéficiaire n’est pas cessible. Toutefois, l’incessibilité du droit à
garantie n’affecte pas le droit du bénéficiaire de céder tout montant auquel il aurait droit
à la suite de la présentation d’une demande conforme au titre de la garantie ». Il résulte
de cette dernière formulation que le bénéficiaire peut céder les droits nés de la garantie
autonome, mais seulement au moment de la présentation de la demande de paiement.
Cette demande doit être aussi conforme au titre.
D) Irrévocabilité de la garantie
Aux termes de l’article 32 al. 2 de l’Acte de 1997, « Sauf clause contraire expresse les
instructions du donneur d’ordre, la garantie et la contregarantie sont irrévocables ». Ces
dispositions prévoient la possibilité pour l’une des parties, le donneur d’ordre, le garant
ou le contregarant de révoquer son engagement à condition que cette possibilité ait été
expressément prévue dans la convention.
Cette clause si elle venait à être insérée dans l’acte, serait de nature à engendrer une
insécurité quant à la situation du bénéficiaire.
Reste à savoir si cette clause étant prévue, sa mise en œuvre peut-elle être source de
responsabilité ? En principe, sa mise en œuvre n’est que l’exercice d’une faculté ou d’une
disposition du contrat. Mais il n’est pas exclu que sur le fondement de l’abus de droit,
l’on puisse envisager d’engager la responsabilité de celui qui révoque son engagement
de manière abusive, par exemple de manière trop tardive.
L’Acte de 2010 a apporté aussi sur cette question une modification. En effet, aux termes
de l’article 43 al. 2 et 3, « Les instructions du donneur d’ordre, la garantie et la
contregarantie sont irrévocables dans le cas d’une garantie ou d’une contregarantie à
durée déterminée.
Les garanties et contre-garanties à durée indéterminée peuvent être révoquées par le
garant ou le contre-garant- respectivement ».
Ce texte introduit à juste titre la différence de régime entre la garantie à durée
déterminée et la garantie à durée indéterminée. En effet, on le sait, le droit s’oppose aux
engagements illimités dans le temps.
Section 4 : La mise en œuvre de la garantie
§ 1) L’appel à garantie
L’appel à garantie est soumis à l’exigence d’une justification et engendre des obligations
à la charge du garant et du contregarant.
31
A) Justification de l’appel
Aux termes de l’article 34 al. 3 de l’Acte initial, « Toute demande de paiement au titre de
la lettre de garantie ou de contregarantie doit être faite, au plus tard à la date d’expiration
de celle-ci, accompagnée des documents spécifiés, au lieu d’émission de la garantie ou
contregarantie ».
Généralement, la justification requise se limite à une simple affirmation que le risque
s’est réalisé, c’est-à -dire que le donneur d’ordre n’a pas honoré les engagements
envers le bénéficiaire. Il doit être précisé aussi en quoi consistent les manquements du
donneur d’ordre. Dans tous les cas, la demande de paiement doit être écrite.
La convention peut aussi spécifier d’autres documents tels les rapports d’expertise
attestant que l’obligation n’a pas été effectuée ou encore une décision arbitrale, une
attestation des factures non acquittées. La garantie est dite alors documentaire.
Dans la pratique internationale, c’est la garantie à première demande pure et simple qui
est souvent utilisée. C’est dire que la demande du bénéficiaire ne s’accompagne d’aucune
justification. L’OHADA écarte cette forme de garantie en exigeant que la demande soit
accompagnée de documents prévus dans la lettre de garantie.
L’article 45 de l’Acte de 2010 reprend les mêmes exigences : « La demande de paiement
au titre de la garantie autonome doit résulter d’un écrit du bénéficiaire accompagné de
tout autre document prévu dans la garantie. Cette demande doit indiquer le
manquement reproché au donneur d’ordre dans l’exécution de son obligation en
considération de laquelle la garantie a été souscrite ». On retiendra aussi de ce texte que
l’inexécution d’une autre obligation que celle pour laquelle la garantie a été
souscrite ne peut donner lieu à la mise en œuvre de la garantie.
L’alinéa 2 de l’article 34 (Nouvel article 45 al. 2) exige s’agissant de la demande de
contregarantie qu’elle soit accompagnée d’une déclaration écrite du garant selon
laquelle ce dernier a reçu une demande de paiement émanant du bénéficiaire, conforme
aux stipulations des lettres de garantie et de contregarantie.
Ces dispositions attestent que le garant n’est tenu qu’autant que la demande est
conforme aux stipulations de la garantie autonome. Pour s’en assurer, le garant doit
remplir certaines obligations. Ces mêmes obligations incomberont aussi au
contregarant.
précisions sur cette question. En effet, aux termes de l’article 46 al. 1 er « Le garant et le
contre-garant disposent chacun d’un délai de cinq jours ouvrés pour examiner la
conformité de la demande de paiement aux termes de la garantie autonome. Cette
précision règle les éventuels différends qui pourraient résulter de l’appréciation du délai
raisonnable.
Il convient aussi de se demander quelle est l’étendue du contrô le que doit opérer le
garant ou le contregarant. Il s’agit d’un simple contrô le de la matérialité des documents
et de leur conformité à ceux indiqués dans la lettre. Il ne s’agit pas pour le garant de
vérifier si les indications contenues dans les documents sont conformes à la réalité. Il n’a
pas à vérifier si le donneur d’ordre a ou n’a pas effectivement honoré ses engagements.
Le garant ne peut rejeter la demande de paiement qu’à condition de notifier au
bénéficiaire, dans ce délai de cinq jours, l’ensemble des irrégularités qui motivent ce
rejet (Nouvel article 46 al. 2).
2) L’obligation d’informer le donneur d’ordre
Aux termes de l’article 35 al.2, « Avant tout payement, le garant doit transmettre, sans
délai, la demande du bénéficiaire et tous documents accompagnant celle-ci au donneur
d’ordre pour information, le cas échéant, au contregarant pour transmission au donneur
d’ordre aux mêmes fins ». Cette transmission permet au donneur d’ordre de prendre
connaissance de l’appel au paiement et le cas échéant, faire défense de payer. On peut
se demander ce qui pourrait advenir si, sans transmettre au donneur d’ordre
l’appel au paiement, le garant verse au bénéficiaire les sommes garanties. De ce
seul fait, engage-t-il sa responsabilité à l’égard du donneur d’ordre. Il faut répondre par
la négative d’autant plus que l’obligation du garant n’est pas liée à la prestation du
débiteur principal. Cependant, lorsque le donneur d’ordre a un motif valable de
s’opposer au paiement par exemple en cas de fraude, le garant qui n’informe pas le
donneur d’ordre pourra engager sa responsabilité.
Le nouvel Acte a apporté ici aussi une modification. En effet, l’article 46 al. 2 de l’acte de
2010, tout en maintenant cette obligation de transmission des documents, n’en fait plus
un préalable à tout paiement. Il en résulte que le paiement peut se faire
concomitamment à la transmission des documents ou même après le paiement, pourvu
qu’il le fasse sans retard.
§ 2) Le dénouement de la garantie
Le dénouement peut intervenir par le paiement, le refus de paiement et par l’extinction
de la garantie.
A) Le paiement
Aux termes de l’article 33 al. 1 (Nouvel article 44 al. 1) de l’AUS, le garant et le
contregarant ne sont obligés qu’à concurrence de la somme stipulée dans la lettre de
garantie ou de contregarantie, sous déduction des paiements antérieurs faits par le
garant ou le donneur d’ordre, non contestés par le bénéficiaire.
Par ailleurs les parties peuvent aussi s’accorder sur le paiement d’un montant dégressif.
Le garant doit sans délai informer le donneur d’ordre ou le contregarant de toute
réduction de la garantie.
B) Le refus de paiement
33
La décision de refus de paiement doit dans les meilleurs délais être portée à la
connaissance du donneur d’ordre ou le cas échéant, du contregarant qui avisera
le donneur d’ordre.
Le garant ou le contregarant peut refuser le paiement lorsque la demande de paiement
du bénéficiaire est manifestement abusive ou frauduleuse ou non conforme aux
stipulations de la garantie. L’ensemble des irrégularités justifiant le refus de paiement
doit être notifié au bénéficiaire avant l’expiration du délai de cinq jours (article 46 al.1).
Le donneur d’ordre peut aussi faire défense au garant ou au contregarant de payer
lorsque la demande du bénéficiaire est manifestement abusive ou frauduleuse (Nouvel
article 47 al.1). La preuve du caractère manifestement abusif ou frauduleux de la
demande se heurte à quelques difficultés.
La première difficulté résulte du caractère autonome de la lettre de garantie ou de
contregarantie. Il en résulte une exigü ité de la notion de fraude et l’interdiction de se
référer au contrat de base. Une conception trop large de la notion de fraude reviendrait à
méconnaître ce principe d’autonomie. Or la tentation est grande pour le garant ou le
contregarant de tirer prétexte des faits relatifs aux conditions d’exécution du contrat de
base alors que l’autonomie de la garantie interdit toute référence au contrat de base et
aux circonstances de son exécution.
Dans l’OHADA, il y a lieu de souligner que la preuve est facilitée par la consécration de la
formule de garantie justifiée. Il suffit d’établir que la justification de la demande du
bénéficiaire ne répond pas aux faits survenus.
C) Extinction de la garantie
Elle peut résulter de la commune volonté des parties ou de la seule volonté du tiers.
1) Extinction par la commune volonté des parties.
Aux termes de l’article 38 (nouvel article 49) AUS, la lettre de garantie ou de
contregarantie peut cesser par commune volonté des parties exprimée soit par un jour
calendaire spécifié ou un délai d’expiration prévu, soit par une clause stipulant la remise
de documents libératoires.
2) Extinction par la seule volonté du bénéficiaire
La lettre de garantie ou de contregarantie peut aussi cesser par la seule volonté du
bénéficiaire exprimée sous forme de déclaration écrite libérant le garant ou le
contregarant de son obligation (art. 38 AUS ; nouvel article 49). La déclaration doit
indiquer de façon précise, sans équivoque que le bénéficiaire entend renoncer à sa
créance à l’égard du garant et du contregarant. Cette renonciation n’affecte pas
l’exécution du contrat de base.
§ 3) Le recours judiciaire
Le garant et le contregarant après avoir payé, disposent d’un recours en remboursement
contre le donneur d’ordre. Il convient aussi d’évoquer le recours dont disposent aussi le
donneur d’ordre et le bénéficiaire.
A) Le recours en remboursement du garant et du contregarant.
Aux termes de l’article 37 AUS, « Le garant ou le contregarant qui a fait un paiement utile
au bénéficiaire dispose des mêmes recours que la caution contre le donneur d’ordre ».
34
15
Com. 10 juin 1997, cité par F.Aanouka ha et autres, p. 61 ;
35
Le législateur de l’OHADA n’a pas prévu le crédit documentaire dans l’AUS. Les règles
applicables au crédit documentaire ont été dégagées progressivement par la pratique et
la jurisprudence. La chambre de commerce internationale a codifié en 1933 sous le titre
« Règles et usances uniformes relatives au crédit documentaire » les principes sur
lesquels repose cette opération. Ces règles ont été révisées à maintes reprises et
approuvées officiellement par la Commission des Nations unies pour le Droit
commercial international.
On pourra certes relever des similitudes entre la lettre de garantie prévue par l’Acte
uniforme et le crédit documentaire. D’ailleurs, à travers l’expression garantie à première
demande à laquelle s’est référé le législateur dans l’Acte de 1997 (art. 38 AUS) on
pourrait entendre garantie documentaire. Pour autant, la lettre de garantie
documentaire se distingue du crédit documentaire et est en principe un
instrument de règlement du prix des prestations commerciales.
Il s’agit toujours d’une opération bancaire s’appliquant à des marchandises en voie
d’acheminement par laquelle l’acheteur fait ouvrir un crédit qui permettra au vendeur,
se dessaisissant des documents représentatifs de la marchandise, d’obtenir en échange
le prix de celle-ci ou l’acceptation d’une traite donnée par le banquier ou le négociateur
d’un effet, sans même attendre que la marchandise soit arrivée à destination.
Le crédit documentaire offre au vendeur une plus grande sécurité et davantage de
commodité pour l’encaissement de sa créance. La garantie à première demande elle,
déborde le cadre de la vente et s’applique au contrat d’entreprise.
Alors que la mise en œuvre de la garantie à première demande suppose a priori
que le débiteur n’a pas exécuté son obligation (sans que le bénéficiaire soit obligé
d’en rappo rter la preuve), la prestation du banquier dans le crédit documentaire
implique que le débiteur (vendeur) a déjà exécuté son obligation (par exemple
expédition des marchandises).
La preuve de cette exécution résulte des documents fournis. Seul compte l’examen des
documents et non la réalité, la bonne exécution ou les vices de la marchandise (Exp.
Protéger le vendeur contre un refus de paiement par l’acheteur invoquant une baisse de
valeur de la marchandise.
Le problème est de la même nature que celui rencontré dans la garantie à première
demande entre le garant et le donneur d’ordre. Il s’agit d’une convention de crédit se
traduisant pour le banquier par un engagement de signature.
L’ouverture de crédit donne lieu au paiement d’une commission dont le taux diffère
selon que le crédit est révocable ou irrévocable. Le banquier est libre d’exiger la
constitution de garantie s’il l’estime nécessaire (par exemple sous forme de dépô t de
garantie).
Le banquier n’est pas engagé envers le bénéficiaire dès qu’il a conclu la convention de
crédit avec le donneur d’ordre, mais seulement lorsque le bénéficiaire a reçu notification
de l’accréditif.
Le banquier de l’acheteur peut aviser le vendeur de l’ouverture d’un crédit
documentaire en sa faveur en lui adressant soit directement, soit par l’intermédiaire
d’un correspondant local un accréditif dans lequel sont définies les conditions du crédit.
Il est cependant admis qu’il pourrait y avoir une responsabilité extracontractuelle en cas
de notification tardive (Trib. com Nancy, 8 janvier 1988, D. 88, Somm. 181).
Le banquier créditeur est tenu envers le bénéficiaire du crédit, sans pouvoir
opposer à ce dernier la nullité ou l’inexécution de la convention l’unissant au
donneur d’ordre.
L’autonomie de l’obligation du banquier est réelle tout comme dans le cas de la garantie
à première demande.
L’inopposabilité des exceptions nées de la vente s’est imposée dans l’intérêt du vendeur
qui échappe ainsi aux manœuvres de l’acheteur pour retarder le paiement et dans
l’intérêt du banquier qui n’aura pas à se soucier de la validité ou de l’exécution du
contrat de vente auquel il n’est pas partie. Il a cependant l’obligation de s’assurer de
la conformité des documents qui lui sont remis. Il peut les rejeter lorsqu’ils ne sont
pas conformes, sans rechercher si le contrat de base a été exécuté ou non (Com. 24
novembre 1988, JCP 1988, IV, n° 42). Le contrô le se fait par une confrontation des
documents avec l’accréditif.
Si l’irrégularité que présentent les documents semble peu grave, le banquier peut
consentir à réaliser le crédit, mais en assortissant de réserve le paiement, l’acceptation
ou la négociation. Si le donneur d’ordre ratifie l’exécution, celle-ci devient définitive. Si
non, le banquier a un recours contre le bénéficiaire.
En pratique, avant le règlement sous réserve, la banque subordonne sa prestation à la
remise d’une garantie de la part du bénéficiaire (Exp. Cautionnement de la banque du
bénéficiaire de l’obligation de remboursement).
Le banquier peut refuser le règlement en cas de fraude commise par le bénéficiaire en
vertu du principe « la fraude corrompt tout ».(Exp. La marchandise expédiée ne
correspond pas à la description). Mais généralement, la fraude ne sera découverte
qu’après l’exécution du crédit.
Rapport entre le banquier et le donneur d’ordre
Lorsque le banquier a honoré le crédit, il doit transmettre les documents au donneur
d’ordre. La remise des documents est cependant subordonnée au remboursement du
crédit et aux paiements des frais, commissions et intérêts.
Le droit au remboursement n’est ouvert que si le crédit a été réalisé dans les conditions
régulières c’est-à -dire si les documents répondent aux instructions du donneur d’ordre.
38
Deuxième partie
même s’il est divisible. A titre d’exemple, le banquier qui bénéficie d’un nantissement sur
cent titres n’est pas tenu d’en rendre cinquante si la moitié de la dette a été remboursée.
Il faut cependant ajouter que le principe de l’indivisibilité n’est pas d’ordre public.
B) La nature de droit sur la valeur : l’attribution des indemnités d’assurance
Le droit du créancier est assis sur la valeur du bien grevé. Il en résulte que si le bien
vient à être détruit, son droit portera sur l’indemnité d’assurance suivant son rang.
A) La protection du constituant
Le besoin de crédit qu’éprouve un constituant ne doit pas le mettre à la merci d’un
créancier sans scrupules. Ainsi, si la réalisation de la sû reté s’avère nécessaire, elle sera
faite selon les modalités légales permettant de tirer le meilleur parti du bien grevé. Cette
exigence se traduit par une double prohibition. La première est celle de la clause dite de
voie parée. Elle voudrait que l’exécution se fasse en dehors des formes imposées par la
loi.
La seconde concerne le pacte commissoire, stipulation qui autorise le créancier à
s’approprier le bien en cas de défaut de paiement. Cependant lorsque les conventions
qui autorisent le créancier à s’approprier le bien ou à s’affranchir des formalités légales
sont postérieures à la constitution de la sû reté, elles sont valables. On estime qu’elles
interviennent en un moment où le constituant n’est plus en position de faiblesse.
L’acte de 2010 a apporté des atténuations au principe. Ces atténuations résultent des
articles 104 et 199 de l’AUOS.
Aux termes de l’article 104 al. 3, « Si le bien gagé est une somme d'argent ou un bien
dont la valeur fait l'objet d'une cotation officielle, les parties peuvent convenir que la
propriété du bien gagé sera attribuée au créancier gagiste en cas de défaut de paiement.
Il en va de même pour les autres meubles corporels lorsque le débiteur de la dette
garantie est un débiteur professionnel. En ce cas, le bien gagé doit être estimé au jour du
transfert par un expert désigné à l'amiable ou judiciairement, toute clause contraire
étant réputée non écrite ».
Il résulte de ce texte que le pacte commissoire est admis lorsque le débiteur est un
professionnel. Lorsque le débiteur n’est pas un professionnel, le pacte sera admis si le
bien objet du gage est une somme d’argent ou fait l’objet d’une cotation officielle.
S’agissant des hypothèques, le pacte commissoire est aussi admis de façon très
restrictive en vertu de l’acte 199 AUOS.
41
B) Le sauvetage de l’entreprise
L’existence des sû retés réelles peut gêner la poursuite de l’objectif primordial assigné à
la procédure collective. Il peut donc être nécessaire de vendre le bien grevé de sû retés
pour favoriser la restructuration de l’entreprise. Toutefois, les créanciers bénéficiant de
sû retés réelles spéciales ne sont obligés que par les délais et remises particuliers
consentis par eux ; si le concordat comporte des délais n’excédant pas deux ans, ceux-ci
peuvent leur être opposés si les délais consentis par eux sont inférieurs (art. 134 al. 2 de
l’AUOPC). Dans l’acte uniforme, il n’est pas porté atteinte à la substance de leur droit.
D’ailleurs, la cession partielle d’actif ne peut être homologuée que si le prix est suffisant
pour désintéresser les créanciers munis d’une sû reté réelle spéciales sur les biens cédés,
sauf renonciation par eux à cette condition et acceptation des dispositions de l’article
168 (art. 132 al. 2).
Section 2 : Classification des sûretés réelles.
Elle peut se faire suivant leur origine, suivant leur technique d’affectation ou être fondée
sur leur assiette.
En fonction de leur origine, on distingue :
- Les sû retés légales attachées de plein droit par la loi à une créance en raison de
sa qualité ou de la personnalité du créancier. Tel est le cas des privilèges et des
hypothèques légales.
- Les sû retés judiciaires sont celles que le juge peut accorder en vertu d’un pouvoir
qui lui est spécialement conféré par la loi.
- Les sû retés conventionnelles sont celles que la loi propose aux usagers et que
peut faire naître la commune volonté du constituant et du créancier.
En fonction des techniques d’affectation, on distingue d’une part les sû retés qui
entraînent un dessaisissement du constituant, technique la plus fruste et la plus efficace
(Exp. gage), et d’autre part celles dans lesquelles l’affectation est purement intellectuelle,
le constituant gardant la mainmise sur le bien donné en garantie (hypothèque). On
signalera déjà que le nouvel Acte de 2010 a consacré aussi le gage sans dépossession. Il
sera étudié plus loin.
En fonction de l’assiette des sû retés, deux classifications sont possibles. D’une part, on
oppose les sûretés générales aux sûretés spéciales. Les premières portent soit sur
la totalité de l’actif du débiteur, soit sur la partie mobilière ou immobilière de cet
actif. Les secondes sont celles qui ont pour assiette un ou des biens déterminés.
D’autre part, on oppose les sû retés mobilières aux sû retés immobilières.
Section 3 : Les sûretés par voie détournée et les autres garanties
La propriété peut être utilisée à titre de sû retés de même que d’autres garanties
peuvent assortir une créance.
§ 1) La propriété utilisée comme sû retés
La doctrine s’était demandé si les traits fondamentaux de la propriété sont compatibles
avec le rô le d’accessoire de la créance qui serait dévolue à la sû reté-propriété. Ce débat
est aujourd’hui tranché en jurisprudence. La chambre commerciale a reconnu que le
bénéfice de la réserve de propriété était un accessoire de la créance et devait en suivre le
42
sort. Toutefois, toute propriété aménagée en garantie n’est pas nécessairement une
sû reté. Aussi distingue-t-on les propriétés qui constituent de véritables sû retés et les
propriétés à simple effet de garanties.
1) Les propriétés-sûretés
Deux situations sont visées. Il s’agit de la propriété fiduciaire et la propriété réservée. Le
nouvel Acte en a fait de véritables sûretés en consacrant la réserve de propriété
(article 72 à 78 de l’Acte et le transfert fiduciaire d’une somme d’argent (article 87 à 91).
Elles seront étudiées en cette qualité.
Aux termes de l’article 50 al. 2, « Sauf dispositions contraires, les sû retés mobilières
soumises à publicité font l’objet d’une inscription au RCCM … ». Cette inscription est
régie par des règles formulées aux articles 51 à 66 de l’AUS.
Ces règles sont relatives :
- aux personnes à la requête desquelles pourraient se faire l’inscription à savoir le
créancier, l’Agent de sû reté ou le constituant (article 51).
- Le RCCM territorialement compétent pour recevoir l’inscription (article 52)
- Le formulaire d’inscription et les mentions indispensables notamment les
éléments d’identification du créancier, de l’agent des sû retés du débiteur et du
constituant, la date du titre générateur de la sû reté, la durée de l’inscription
convenue par les parties, le montant de la créance garantie, la désignation du
bien grevé et les éléments permettant son identification, la faculté le cas échéant
pour le constituant d’aliéner les biens fongibles grevés de sû retés (article 53).
- Les règles de tenues du RCCM par le greffier, notamment la notification des
inscriptions et des refus d’inscriptions, les recours contre les inscriptions et les
refus d’inscription dans un délai de huit jours (article 54).
- L’ouverture d’un dossier individuel sur la personne contre laquelle est prise
l’inscription, de même que la notification de l’inscription (art. 55).
- Les effets de l’inscription notamment lorsque sur le même bien, la requête
d’inscription a été faite le même jour. Il faut ici relever que l’inscription
régulièrement faite est opposable au tiers à la date de son inscription. Si
l’inscription de plusieurs sû retés portant sur le même bien sont requises le même
jour, sera réputée avoir été inscrite en premier, la sû reté dont le titre est le plus
ancien ; si les sû retés ont été consenties à la même date, elles sont réputées avoir
le même rang à l’exception des cessions à titre de garantie et réserve de propriété
« qui sont alors réputées inscrites avant les autres sû retés dont l’inscription a été
requise le même jour quel que soit l’ordre du registre susvisé ».
On retiendra que la réserve de propriété l’emporte sur la cession à titre de
garantie, lorsque les inscriptions sont requises le même jour.
- La durée de validité de l’inscription des privilèges généraux du trésor, de
l’Administration de la douane et des institutions de sécurité sociales qui est de
trois ans ; celle des autres sû retés sera définie conventionnellement par les
parties sans dépasser 10 ans (art. 58).
- Le renouvellement de l’inscription qui est toujours opposable au tiers dès lors
que le renouvellement intervient avant l’expiration du délai pour lequel
l’inscription initiale a été faite (art. 59) ;
- Les inscriptions modificatives en cas de cession d’antériorité, de subrogation
conventionnelle, de modification conventionnelle ou judiciaire de l’assiette de la
sû reté (article 60) ;
- Les règles se rapportant aux demandes de main levée par les personnes faites par
les personnes contre lesquelles a été inscrite une sû reté (art. 60)
- Les radiations conventionnelles et judiciaires des inscriptions (art. 62 à 64) ;
- La sanction des inscriptions frauduleuse (art. 65).
45
On enseignait que le gage est le contrat par lequel un bien meuble est remis au créancier
ou à un tiers convenu entre les parties pour garantir le paiement d’une dette (article 44
AUS). Il confère un droit de préférence au créancier contrairement au gage général qui
ne crée aucune situation privilégiée par rapport au bien du débiteur. Il est réglementé
par les articles 44 à 62 AUS. Le gage semble plus adapté aux relations privées qu’aux
relations d’affaires en raison de la dépossession qu’il implique pour le débiteur.
L’affirmation doit être nuancée en raison du gage des biens incorporels prévu et
réglementé aux articles 50 et s. de l’AUS de 1997.
L’Acte de 2010 a apporté de réelles modifications qui rendent caducs ces
développements. En effet, le nantissement se distinguait du gage par le fait que le
premier ne donnait pas lieu à la dépossession du débiteur alors que cette dépossession
est inhérente au second. Aujourd’hui, le gage se distingue du nantissement par le fait
qu’il porte sur des meubles corporels alors que le nantissement ne concerne que les
biens incorporels. Le gage peut actuellement être constitué sans dépossession. Cette
situation favorisera la constitution de gages successifs sur un même bien augmentant
ainsi la capacité de crédit du débiteur. Aussi le nouvel Acte définit-il en son article 92 le
gage comme « le contrat par lequel le constituant accorde à un créancier, le droit
de se faire payer par préférence sur un bien meuble corporel ou un ensemble de
biens meubles corporels, présents ou futurs ».
Nous étudierons les conditions de formations du gage, ses effets et les modalités de son
extinction. Les dispositions particulières à certains gages seront aussi examinées.
Le gage est une sû reté et donc un accessoire de la créance garantie. A ce titre, il dépend
de l’existence et de la validité d’une créance principale qu’il garantit. Il s’agit plus
précisément d’un droit réel qui est l’accessoire de la créance garantie.
Il existe une grande souplesse quant à la créance susceptible d’être garantie. Elle
peut être antérieure, future ou même éventuelle. Cela signifie que le gage peut être
bien constitué après que la dette ait été contractée. La jurisprudence retient qu’il suffit
que la créance existe en germe pour que la garantie soit valablement constituée.
L’article 45 de l’Acte de 1997 dispos e que le gage peut être constitué pour « des dettes
antérieures, futures ou éventuelles … ». Dans l’article 93 de l’Acte de 2010, les dettes
« antérieures, futures » ont été remplacées par les créances « présentes et futures ». La
substitution des dettes présentes aux créances antérieures aurait pour but d’éviter
qu’un gage puisse être constitué en garantie d’une dette antérieure qui ne serait plus
exigible, (du fait d’une prescription, par exemple) »16.
Le même article précise que la créance future pouvant donner lieu à la constitution du
gage doit nécessairement être « déterminées ou déterminable ».
Selon l’article 45 AUS la créance ne doit pas avoir été entachée de nullité. Le
caractère accessoire du gage implique que le débiteur puisse se prévaloir de la nullité de
l’obligation principale. Les mêmes exigences sont aussi valables dans le cadre de l’Acte
révisé, en raison du caractère accessoire des sû retés, sauf disposition contraire de la loi.
2 ) Assiette du gage
Le gage étant une sû reté mobilière et à ce titre, seuls les meubles peuvent faire l’objet
d’un gage. Il s’agit, en raison de la nouvelle définition du gage, de meuble corporel. Le
gage des meubles incorporels était admis et obéissait à un régime particulier.
La nature fongible ou non, consomptible ou non est sans véritable incidence sur la
constitution du gage. Ces caractéristiques n’auront d’incidence que sur la conservation
du bien et sa restitution. Alors, il ne s’agira que de l’exécution du contrat de gage.
La loi exigeait que la chose objet du gage existe au moment de la constitution du
gage. Ainsi, le gage portant sur des choses futures était considéré seulement comme une
promesse de gage. Cette promesse donne lieu à une obligation de remettre la chose dans
les conditions convenues (article 48 al. 2 AUS).
Le nouvel acte autorise aujourd’hui le gage portant sur des choses futures.
L’article 92 le dit expressément.
La loi précise que les parties peuvent convenir de la subrogation, en cours
d’exécution du contrat, de la chose gagée par une autre. Le créancier évidemment
n’accepterait une telle subrogation que lorsque le bien offert permet de garantir
utilement la créance.
Il faut relever que la remise d’un bien par une personne tenue comme caution
n’entraîne pas transformation de la nature du lien qui lie les parties. Il n’y pas
contrat de gage mais une caution. Les prétentions du créancier ne se cantonneront pas,
en principe, à la valeur de la chose.
16
Ariane Marceau-Cotte et Louis-Jérôme Laisney, Vers un nouveau droit du gage OHADA, Droit &Patrimoine,
novembre 2010, p. 67.
47
Le gage ne peut concerner les meubles par nature devenus immeubles par destination.
Ces biens pourront au contraire, ensemble avec l’immeuble faire l’objet d’une
hypothèque.
B) Conditions relatives aux parties
Le contrat de gage concerne principalement deux parties, le débiteur ou le constituant et
le créancier, bénéficiaire de la garantie.
1) Le constituant
Logiquement, c’est le débiteur qui offre le bien en garantie de sa dette. Néanmoins rien
n’exclut qu’un tiers puisse offrir un bien en garantie de la dette d’autrui. Le constituant
doit être le propriétaire du bien car on ne peut transmettre plus de droit qu’on en a.
Toutefois, le créancier qui a reçu en gage un bien appartenant à autrui sera protégé s’il
est de bonne foi en vertu de la règle de l’article 2279 à savoir en fait de meuble, la
possession vaut titre. L’article 95 du nouvel Acte le précise « Le constituant d’un gage de
biens présents doit être le propriétaire de la chose gagée. S’il ne l’est pas, le créancier
gagiste peut s’opposer à la revendication du propriétaire dans les conditions prévues
pour le possesseur de bonne foi »
2) Le créancier
Aucune condition particulière n’est expressément requise du créancier gagiste. Mais il
est évident qu’il doit être capable de contracter. A défaut, il ne pourra pas procéder à la
réalisation de sa garantie qui nécessite une procédure judiciaire. Mais il n’est pas exclut
qu’il puisse être représenté dans cette procédure judiciaire, l’incapacité ayant été édicté
dans son intérêt.
§ 2) Formalités du gage
La constitution du gage est soumise à des conditions générales. Parmi les formalités
générales, on citera l’écrit, l’enregistrement et la remise de la chose.
1) L’écrit, une condition de validité
Aux termes de l’article 49 al. 1 AUS de 1997, « Quelle que soit la nature de la dette
garantie, le contrat de gage n’est opposable aux tiers que s’il est constaté par un écrit
dû ment enregistré contenant indication de la somme due, ainsi que l’espèce, la nature et
la qualité des biens meubles donnés en gage ». Il résulte de ce texte que l’écrit était
simplement une condition d’opposabilité du gage au tiers et non de validité du
contrat entre les parties. Une modification notable a été apportée par le nouvel Acte.
En effet, aux termes de l’article 96 « A peine de nullité, le contrat de gage doit être
constaté dans un écrit contenant la désignation de la dette garantie, la quantité des biens
donnés en gage ainsi que leur espèce ou leur nature ». On observera d’abord que les
indications que doit contenir l’écrit permettent une identification sû re du bien gagé et
facilitera aussi la détermination de l’étendue de l’obligation de restitution à la fin du
gage.
2) Les formalités, conditions de l’opposabilité
La loi exigeait la formalité administrative de l’enregistrement. L’enregistrement visait à
donner date certaine à l’acte. Le contrat de gage étant souvent sous seing privé,
l’enregistrement devient une formalité importante pour empêcher un débiteur de
mauvaise foi d’antidater l’acte et soustraire le bien du gage général des créanciers.
48
suspension des poursuites individuelles s’applique à tous les créanciers, même à tous
ceux qui sont munis d’une sû reté comme le gage. Il est aussi impossible de procéder à la
vente forcée lorsque le bien a péri. Le créancier ne peut alors qu’exercer son droit de
préférence sur l’indemnité d’assurance si unetelle garantie existe.
Une fois le bien vendu, le créancier gagiste est désintéressé jusqu’à concurrence de sa
créance. Toutefois, la distribution est faite suivant le rang tel que défini à l’article 149
AUS. Le gagiste occupe le quatrième rang après les créanciers des frais de justice, le
conservateur et les salariés.
2) Attribution judiciaire du gage en propriété (Article 104 al. 2)
C’est une faculté laissée au tribunal qui doit cependant prendre certaines précautions.
Le bien ne peut être attribué en paiement au créancier qu’après une expertise ou
estimation de sa valeur.
3) L’attribution conventionnelle
La clause ou pacte commissoire prévoyant une attribution automatique du bien au
créancier est interdite. Mais on doit admettre sa validité lorsqu’il intervient
postérieurement à la constitution, surtout à l’échéance. Ceci permettra d’éviter les frais
engendrés par la vente forcée ou la procédure judiciaire.
L’Acte révisé a apporté une innovation en la matière. En effet, si le bien gagé est une
somme d’argent ou un bien dont la valeur fait l’objet d’une cotation officielle, les parties
peuvent convenir que la propriété du bien sera attribuée au créancier gagiste en cas de
défaut de paiement (article 104 al. 3).
4) Les droits du créancier en cas de perte ou de détérioration du bien gagé
Aux termes de l’article 106 de l’Acte, « En cas de perte ou de détérioration totale ou
partielle de la chose gagée qui ne serait pas de son fait, le créancier gagiste exerce son
droit de préférence sur l’indemnité d’assurance s’il y a lieu … ».
5) La pluralité de créanciers gagistes
Trois situations sont visées. La première est celle dans laquelle le bien a fait l’objet de
gages successifs sans dépossession. Le rang de chaque créancier est fonction de sa date
d’inscription, à l’instar de l’inscription d’hypothèques. Les dates de constitution
importent peu ; c’est celle de l’inscription qui l’emporte. On peut cependant se demander
si cette solution serait aussi valable si le créancier postérieur qui a inscrit le premier son
gage n’ignorait pas l’existence du gage antérieur. Il s’agit de rapprocher la situation de
l’acquéreur de mauvaise foi d’un meuble appartenant au tiers. On le sait, dans ce dernier
cas, l’acquéreur de mauvaise foi n’est pas protégé par l’article 2279 ancien du code civil.
Cependant, on devra admettre qu’en matière d’inscription d’hypothèque, la
connaissance par le créancier gagiste d’un gage antérieur non inscrit ne fait pas de lui un
gagiste de mauvaise foi. En effet, le premier créancier gagiste peut délibérément refuser
d’inscrire son gage. Rien ne l’y oblige. Ensuite, à la différence de l’aliénation du bien
d’autrui qui est en principe nul en raison du caractère exclusif du droit de propriété, un
même bien peut faire l’objet de plusieurs gages successifs.
La deuxième situation est celle dans laquelle un bien objet d’un gage sans dépossession
régulièrement publié a fait ensuite l’objet d’un gage avec dépossession. Le droit de
préférence du créancier gagiste antérieur l’emporte.
52
Lorsqu’un bien donné en gage avec dépossession a fait l’objet d’un autre gage sans
dépossession régulièrement publié, le créancier gagiste antérieur qui a la maîtrise
matérielle de la chose exerce valablement son droit de rétention jusqu’au complet
paiement.
B) Le créancier désintéressé
Le créancier est tenu de restituer le bien dès qu’il a été désintéressé. Le créancier est
tenu de restituer le bien au débiteur s’il reçoit une sû reté équivalente, conformément à
l’accord des parties. Le bien est restitué avec tous ses accroissements. La restitution peut
intervenir à titre de sanction lorsque le créancier est déchu de ses prérogatives pour
violation de ses obligations.
Le défaut de restitution est passible de sanction civile et pénale, précisément lorsque
l’objet du gage a été détourné.
B. La remise de la dette
Par la remise de la dette, le créancier libère le débiteur en renonçant à la dette. Mais la
remise du bien éteint la garantit et non la dette elle-même.
Le juge peut également ordonner la restitution lorsque le créancier ne respecte pas ses
obligations de conservation par l’usage du bien ou le défaut d’entretien (article 114 de
l’Acte Uniforme de 2010).
Enfin le nouvel Acte ajoute un nouveau cas d’extinction du gage. En effet, si la chose
donnée en gage est perdue par le fait du créancier gagiste, le gage avec dépossession
disparaît indépendamment de l’obligation garantie (article 117). Dans cette hypothèse
quelle serait le sort de l’obligation principale. Cette obligation qui n’est pas encore
exécutée reste due. Cependant, lorsqu’elle sera exécutée, le créancier engagera aussi sa
responsabilité du fait qu’il ne sera pas en mesure de restituer le bien donnée en gage.
Pour se prémunir de la responsabilité qui résulterait de la perte de la chose, le créancier
gagiste avec dépossession aurait parfois intérêt à souscrire une assurance de chose pour
le compte du débiteur, assurance qui couvre au même moment la responsabilité
éventuelle du créancier.
Le gage de stocks obéit d’abord au droit commun des gages ; A ces dispositions il faut
ajouter celles qui lui sont spécifiques. Elles se rapportent à l’émission d’un bordereau, à
la souscription d’une assurance puis à la vente des stocks gagés et à la consignation du
prix.
A) L’émission d’un bordereau de gage de stocks
Elle résulte de l’article 121. Aux termes de ce texte, la constitution d’un gage de stocks
sans dépossession peut donner lieu à l’émission par le greffier, ou par le responsable de
l’organe compétent dans l’Etat partie, d’un bordereau de gage de stocks.
L’Acte constitutif du gage doit comporter les mentions requises, pour tout gage, à
l’article 96. Il s’agit de la désignation de la dette garantie, la quantité des biens donnés en
gage ainsi que leur espèce ou leur nature.
L’acte doit en outre comporter le nom de l’Assureur qui couvre les stocks gagés contre
les risques d’incendie de vol et de détérioration totale ou partielle ainsi que
l’établissement domiciliataire du bordereau de gage de stocks. L’établissement
domiciliataire est celui où serait consigné le prix de vente des marchandises.
B) Les mentions figurant sur le bordereau
Il doit comporter de manière apparente :
- La mention gage de stocks ;
- La date de sa délivrance ; elle correspond à celle de son inscription au RCCM ;
- Le numéro d’inscription au registre chronologique des dépô ts ;
- La signature du débiteur.
Ce bordereau doit être remis au débiteur par le greffier. Ce dernier, par voie
d’endossement daté et signé, le remet au créancier. Tout porteur du bordereau en vertu
d’un endossement a la qualité et les droits d’un créancier gagiste.
C) L’obligation de souscription d’une assurance
Cette obligation apparaît clairement de l’exigence de l’inscription du nom de l’assureur
sur l’acte constitutif du gage (article 121 al. 2). L’obligation d’assurance concerne les
risques de vol, d’incendie et de détérioration. Le nouvel acte ajoute aux risques
d’incendie et de détérioration déjà prévus à l’article 101 al. 3 de l’Acte de 1997, le risque
de vol.
Il faut observer que la constitution d’un gage de stocks avec établissement d’un
bordereau n’est qu’une faculté offerte aux parties. A défaut, elles peuvent se contenter
d’un gage de droit commun, moins exigent. Notamment, l’obligation d’assurance se
limitera aux risques de perte et de détérioration partielle ou totale (article 105 de l’Acte
du 14 décembre 2010).
D) La vente et la consignation du prix
Le débiteur émetteur du bordereau de gage de stocks conserve le droit de vendre les
stocks gagés. Seulement, il ne peut livrer les biens vendus qu’après consignation du prix
auprès de l’établissement domiciliataire.
55
La créance doit être certaine liquide et exigible. C’est là une différence fondamentale
avec les sû retés réelles conventionnelles qui sont consenties aussi bien pour des dettes
échues ou à échoir. Le droit de rétention apparaît ainsi comme une réelle mesure de
coercition exercée contre le débiteur pour obtenir le paiement. Dès lors que l’un de ces
éléments fait défaut, le créancier ne peut exercer son droit de rétention. Il en sera ainsi
lorsque la créance est contestée dans son principe ou non déterminée dans son montant,
ou non encore exigible.
Il doit y avoir un lien de connexité entre la créance et la chose détenue. La réduction
du domaine du droit de rétention tient à la nouvelle définition du lien de connexité. En
effet, aux termes de l’article 42 al. 2 de l’Acte de 1997, « La connexité est réputée établie
si la détention de la chose et la créance sont la conséquence de relation d’affaire entre le
créancier et le débiteur ». L’article 69 de l’Acte de 2010 dispose que « La connexité est
réputée établie :
1°) lorsque la chose retenue a été remise jusqu’à complet paiement de la créance du
détenteur ;
2°) lorsque la créance impayée résulte du contrat qui oblige le rétenteur à livrer la chose
retenue ;
3°) lorsque la créance impayée est née à l’occasion de la détention de la chose retenue.
Ce texte distingue la connexité conventionnelle, la connexité juridique et la connexité
matérielle. Il reprend l’article 2286 du code civil. Et il est admis que le constat d’un
simple courant d’affaire, fait de prestations indépendantes les unes des autres est
insuffisant à constituer un lien de connexité 17.
Exemple de connexité matérielle ou objectif : travaux de comptabilité sur des pièces
comptables fournies par le débiteur ; détention d’une chose ayant causé un dommage.
Connexité juridique ou intellectuelle issu d’un seul rapport juridique (contrat de
réparation sur un véhicule).
Il a le droit de refuser de restituer le bien tant qu’il n’a pas été totalement désintéressé.
Ce droit est indivisible et opposable à tous.
Aux termes de l’article 42 de l’Acte de 1997, le détenteur doit renoncer à la rétention s’il
lui est proposé une sû reté équivalente (article 42 AUS). Cet article a été supprimé dans
l’Acte de 2010 afin de restaurer au droit de rétention toute son efficacité.
B) Effets en cas de non paiement
L’article 43 de l’Acte de 1997 affirmait que si le créancier ne reçoit pas paiement, il peut
après signification faite au débiteur et au propriétaire de la chose, exercer ses droits de
suite et de préférence comme en matière de gage.
Les rédacteurs de l’Acte de 2010 ont observé que le droit de rétention reposant par
nature sur une possibilité de blocage du bien, la reconnaissance d’un droit de suite ne
présente pas d’utilité. Aussi, l’article 43 a-t-il été supprimé. Il a été également observé
qu’un tel blocage ne peut qu’engendrer une situation d’exclusivité sur le bien et aboutit à
exclure tout concours avec d’autres créanciers ; ce qui fait que la reconnaissance d’un
droit de préférence va à l’encontre de la nature du droit de rétention.
Les dispositions de l’Acte de 1997 permettaient la conversion du droit de rétention en
droit de gage en passant à la réalisation de la sû reté. Le texte actuel ne donne pas ces
précisions. Dans tous les cas, le droit de rétention ne peut être indéfini lorsque le
créancier n’est pas payé. Il faudra alors passer à la réalisation du bien conformément
aux procédures de réalisation.
58
cédée à titre de garantie de tout crédit consenti par une personne morale nationale
ou étrangère, faisant à titre de profession habituelle et pour son compte des
opérations de banque ou de crédit ». Ce texte révèle les parties impliquées dans la
cession de créance à titre de garantie de même que la nature de la créance garantie. On
ajoutera aussi que la cession de créance est un contrat formaliste.
1. Les parties impliquées dans la cession de créance
La cession de créance est un contrat intervenant entre le cédant et le cessionnaire. Il
faudra aussi examiner la situation du tiers cédé.
a) Le cessionnaire
C’est le bénéficiaire de la cession. La législation OHADA a restreint le domaine de la
cession de créance en accordant le bénéfice de cette sû reté qu’à « une personne morale
nationale ou étrangère, faisant à titre de profession habituelle et pour son compte des
opérations de banque ou de crédit ». Il s’agit donc des établissements de crédit.
b) Le cédant
C’est le débiteur de l’établissement de crédit à qui ce dernier a consenti un crédit. Il
détient lui-même une créance sur un tiers. Il importe peu que le cédant soit un une
personne physique ou une personne morale, commerçant ou non commerçant. Il n’est
pas non plus exigé que le crédit lui soit accordé dans le cadre de ses activités
professionnelles.
c) Le débiteur cédé
Il n’est pas partie au contrat de cession. Aussi doit-on seulement lui notifier la cession.
Cependant son acceptation de la cession produit d’importantes conséquences.
La notification de la cession au débiteur cédé
Aux termes de l’article 84 de l’AUS, « Pour être opposable au débiteur de la créance
cédée, la cession de créance doit lui être notifiée ou ce dernier doit intervenir à l'acte.
A défaut, le cédant reçoit valablement paiement de la créance ».
Il ressort de ce texte que le consentement du débiteur cédé n’est pas requis. Une simple
notification ou une intervention à l’acte suffit. Cette situation se justifie aisément. La
cession de créance n’aggrave pas la situation du débiteur cédé. Il est tenu à l’égard du
cessionnaire dans les mêmes termes qu’il l’est vis-à -vis du cédant.
La notification a pour effet d’empêcher le débiteur cédé d’effectuer le paiement entre les
mains du débiteur cédant, c’est-à -dire son créancier initial. Il faut cependant souligner
62
Aucune condition spécifique n’est requise s’agissant de la créance cédée. Il peut s’agir
d’une créance professionnelle ou non. Mais il va de soi qu’il ne peut s’agir d’une créance
légalement incessible, par exemple une pension alimentaire.
Lorsque l’incessibilité de la créance est d’origine conventionnelle et qu’elle est née en
raison de l'exercice de la profession du débiteur cédé ou se trouve en rapport direct avec
l'une de ses activités professionnelles, même si celle-ci n'est pas principale, elle n’est pas
opposable au cessionnaire. Il s’agit de deux conditions cumulatives. La créance cédée
peut être actuelle ou future.
3. L’exigence d’un contrat écrit
La cession de créance à titre de garantie est un contrat écrit, à peine de nullité. L’écrit
doit obligatoirement comporter certaines mentions à savoir :
1°) le nom ou la dénomination sociale du cédant et du cessionnaire ;
2°) la date de la cession ;
3°) et la désignation des créances garanties et des créances cédées.
4. L’inscription de la cession de créance
L’inscription de la cession au RCCM rend la cession opposable au tiers. Elle est sans effet
dans les rapports entre les parties puisqu’elle prend effet entre elles dès sa conclusion.
La cession est opposable au tiers signifie que les tiers créanciers du débiteur cédé ne
peuvent plus prétendre saisir cette créance. Elle ne peut plus être considérée comme
faisant partie du gage commun des créanciers.
B. Effets de la cession
La cession de créance cristallise les obligations du débiteur cédé à l’égard du cédant. Il
conviendra aussi d’examiner l’étendue des créances cédées de même que les
conséquences attachées au paiement effectué au profit du cessionnaire.
1. La cristallisation des obligations du débiteur cédé
Aux termes de l’article 82 al.2 de l’AUS, « A compter de la date de la cession, le cédant ne
peut, sans l’accord du cessionnaire, modifier l’étendue des droits attachés à la créance
cédée ». En effet, une fois la cession consentie, le cessionnaire bénéficie de tous les droits
attachés à la créance au moment de la cession. Devenu créancier du débiteur cédé, le
cessionnaire ne peut se voir imposer aucune restriction à ses droits sans son
consentement. Il en sera par exemple ainsi non seulement de la remise partielle ou
totale de dette que le cédant pourrait consentir au débiteur cédé mais aussi de toute
sû reté dont serait assortie la créance cédée. Cette règle est confirmée à l’article 83 de
l’AUS qui dispose que « A moins que les parties n'en conviennent autrement, la cession
s'étend aux accessoires de la créance et entraîne de plein droit leur transfert et son
opposabilité aux tiers sans autre formalité que celle énoncée à l'article précédent ». Non
seulement les sû retés seront transmises de plein droit sauf stipulation contraire, mais
aussi les intérêts que pourrait produire cette créance dès l’inscription de la cession de
créance.
2. Incidence des paiements effectués au profit du cessionnaire
Aux termes de l’article 86 de l’AUS, « Les sommes payées au cessionnaire au titre de la
créance cédée s'imputent sur la créance garantie lorsqu'elle est échue. Le surplus s'il y a
lieu est restitué au cédant. Toute clause contraire est réputée non écrite ».
64
L’imputation de sommes payées sur les sommes garanties rappelle que le cédant n’est
pas libéré de ses obligations du fait de la cession. Il garantit l’exécution par le débiteur
cédé de ses obligations.
Lorsque la créance cédée arrive à échéance postérieurement à la créance garantie, le
cessionnaire devra attendre l’échéance de la créance cédée. Lorsque l’échéance de la
créance cédée intervient avant celle de la créance garantie, le cessionnaire a intérêt à
agir avec diligence et à recouvrer la créance cédée dès son échéance. L’insolvabilité
postérieure du débiteur cédé pourrait lui être reprochée.
a. Un contrat formaliste
Il s’agit d’un contrat écrit qui à peine de nullité doit nécessairement indiquer « les
créances garanties, ainsi que le montant des fonds cédés à titre de garantie. La
convention doit permettre aussi d’identifier le compte ». Cette exigence rappelle la règle
de la spécialité des sû retés réelles.
b. Une sûreté non soumise à la formalité de l’inscription.
Aux termes de l’article 89, « Le transfert fiduciaire devient opposable aux tiers à la date
de sa notification à l’établissement teneur du compte, pourvu que les fonds soient
inscrits sur un compte bloqué ». On le constate, la simple notification à l’établissement
rend la sû reté opposable au tiers. Cette solution se justifie par le fait que le transfert
fiduciaire est considéré comme une sû reté avec dépossession du débiteur. Cette
dépossession se réalise par l’ouverture du compte au nom du créancier. La somme est
transférée au créancier. Le constituant n’étant pas titulaire du compte, ses créanciers ni
lui-même ne peuvent retirer les fonds bloqués sur le compte.
c. Un mécanisme qui assure la protection du débiteur
Du fait que cette somme est inscrite sur un compte bloqué, permet aussi de protéger le
débiteur constituant puisque le créancier au nom duquel le comte a été ouvert ne peut
non plus disposer des fonds. Il ne le pourra que dans le cas strict prévu par la loi,
précisément à l’article 91 l’AUS.
Est-il possible que les créanciers du créancier saisissent le compte ouvert à son nom ? En
principe, rien ne s’oppose à ce que ce compte soit saisi ; cependant, étant donné que le
créancier lui-même ne peut avant l’échéance disposer de ce compte, les droits de ses
propres créanciers connaîtront les mêmes limites.
« Si les fonds cédés produisent intérêts, ces derniers sont portés au crédit du compte,
sauf convention contraire ».
65
d. La situation à l’échéance
Lorsque la créance garantie a été complètement payée, les fonds inscrits sur le compte
sont restitués au constituant.
Lorsque la créance garantie n’a pas été payée, le constituant en ait averti. Un délai de 8
jours commence et au terme duquel le créancier peut se faire remettre les fonds cédés,
dans les limites du montant des créances garanties.
Aux termes de l’article 125 al. 1er de l’AUS, « Le nantissement est l'affectation d'un bien
meuble incorporel ou d'un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs,
en garantie d'une ou plusieurs créances, présentes ou futures, à condition que celles-ci
soient déterminées ou déterminables ».
Cette définition rappelle la distinction faite actuellement entre le gage et le
nantissement, ce dernier ne portant que sur les meubles incorporels.
L’expression du législateur selon lequel « Peuvent notamment être nantis » suppose que
les différents cas de nantissements prévus par le code sont indicatifs. Cependant, en
nous référant aux dispositions de l’article 4 al. 2 on est conduit à dire que cette liste est
exhaustive. Les nantissements organisés par l’AUS portent donc sur :
- les créances,
- le compte bancaire
- les droits d’associés, les valeurs mobilières et comptes de titres financiers
- le fonds de commerce
- Les droits de propriété intellectuelle.
§ 1) Le nantissement de créance
Aux termes de l’article 127 de l’AUS, « A peine de nullité, le nantissement de créance doit
être constaté dans un écrit contenant la désignation des créances garanties et des
créances nanties ou, si elles sont futures, les éléments de nature à permettre leur
66
Le nantissement peut porter sur une fraction de créance, sauf si cette créance est
indivisible. Elle peut porter sur une créance déjà née ou une créance future.
Le nantissement d’une créance s’étend automatiquement à ses accessoires aux termes
de l’article 129. Mais il ne s’agit que d’une règle supplétive de la volonté des parties.
b. Il faut distinguer les effets entre les parties, à l’égard du débiteur de la créance
nantie puis à l’égard des tiers.
Effet entre les parties
Aux termes de l’article 131 AUS, « A la date de sa conclusion, le nantissement d'une
créance, présente ou future, prend effet entre les parties, qu elle que soit la date de
naissance, d'échéance ou d'exigibilité de la créance nantie … ». Entre les parties le
contrat prend effet à la date de la conclusion. Il en résulte que les parties sont liées par
l’engagement souscrit, même si son exécution est différée en ce que les échéances ne
sont pas encore arrivées.
Effet à l’égard des tiers (l’opposabilité)
Le nantissement ne devient opposable aux tiers qu’ « à compter de son inscription au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, et ce, quelles que soient la loi applicable à
la créance et la loi du pays de résidence de son débiteur ».
Cette opposabilité implique le tiers ne peut plus prétendre à un droit sur cette créance.
La possibilité de la saisie de cette créance par le tiers créancier du même débiteur ou
constituant est paralysée.
Effet à l’égard du débiteur de la créance nantie
L’opposabilité du nantissement au débiteur de la créance nantie ne s’opère que soit par
notification qui lui est faite du nantissement, soit qu’il est intervenu à l’Acte de
nantissement. Cette opposabilité a pour effet de lui interdire de payer cette créance au
constituant, c’est-à -dire son propre créancier.
A défaut de notification ou d’intervention à l’Acte, le débiteur de la créance nanti ne peut
payer qu’à son créancier, le constituant. Le cas échéant, il appartiendra au constituant de
verser le montant au créancier nanti.
Après notification ou intervention à l’acte du débiteur de la créance nantie, seul le
créancier nanti reçoit valablement paiement de cette créance tant en capital qu'en
intérêts et autres accessoires, même lorsque le paiement n'a pas été poursuivi par lui.
S’agissant de deux créances, il est fort probable que l’échéance de la créance garantie ne
coïncide pas avec celle de la créance nantie.
Cas où la créance nantie arrive à échéance avant la créance garantie.
Dans ce cas, le créancier nanti conserve les sommes sur un compte ouvert auprès d’un
établissement financier. Si à l’échéance de la créance garantie, le débiteur exécute son
obligation, le créancier nanti restitue au constituant les sommes déposés sur le compte.
Si au contraire le débiteur n’exécute pas son obligation, le créancier met en demeure le
débiteur de payer. Si cette mise en demeure est restée sans effet, passé un délai de 8
jours, le créancier pourra affecter les fonds au remboursement de sa créance. Si la
créance nantie est supérieure à la créance garantie, le solde est reversé au constituant.
Cas où l’échéance de la somme garantie est antérieure à celle de la créance nantie
Si l'échéance de la créance garantie est antérieure à l'échéance de la créance nantie, le
créancier peut se faire attribuer, par la juridiction compétente ou dans les conditions
prévues par la convention, la créance nantie ainsi que tous les droits qui s'y rattachent.
Le créancier nanti peut également attendre l'échéance de la créance nantie.
titulaire peut disposer de des titres et des sommes inscrits au compte. Le teneur est tenu
de respecter les instructions reçues.
Aux termes de l’article 151 al. 1in fine, le créancier nanti bénéficie en toute hypothèse
d’un droit de rétention sur les titres financiers et sommes figurant au compte nanti.
L’attestation de nantissement
Sur simple demande, le créancier nanti peut obtenir du teneur de compte la délivrance
dune attestation de nantissement indiquant l’inventaire des titres financiers et des
sommes inscrits sur le compte à la date de la délivrance de l’attestation.
La réalisation de la sûreté
La réalisation est subordonnée à une mise en demeure préalable. Cette mise en demeure
est faite au débiteur à mains propres ou par lettre recommandée. Elle est aussi notifiée
au constituant lorsqu’il n’est pas le débiteur, ainsi qu’au teneur du compte.
Cette mise en demeure fait courir un délai de 8 jours ou tout autre délai convenu.
A peine de nullité, cette mise en demeure doit comporter intégralement les mentions
suivantes :
1°) « Faute de paiement, le nantissement pourra être réalisé par le créancier dans les
huit jours ou à l'échéance de tout autre délai préalablement convenu avec le titulaire du
compte nanti » ;
2°) « Le titulaire du compte nanti peut, jusqu'à l'expiration du délai mentionné ci-dessus,
faire connaître au teneur de compte l'ordre dans lequel les sommes ou titres financiers
devront être attribués en pleine propriété ou vendues, au choix du créancier ».
Passé le délai indiqué, et dans l’ordre éventuellement indiqué par le titulaire du compte,
les sommes inscrits sur le compte nanti sont transférés en pleine propriété au créancier,
et les titres vendus sur un marché réglementé ou attribué en pleine propriété au
créancier nanti. La quantité de titre est déterminée en fonction du dernier cours
disponible sur un marché réglementé.
70
Aux termes de l’article 2095 C. civ. « Le privilège est un droit que la qualité de la créance
donne à un créancier d’être préféré aux autres créanciers, même hypothécaires ». Deux
éléments caractérisent les privilèges ; leur origine est légale ; leur attribution est
faite en considération de la qualité de la créance. Les privilèges peuvent être
généraux, c’est-à -dire portant sur l’ensemble des biens du débiteurs (Exp. les frais
d’inhumation, les frais de la dernière maladie du débiteur ayant précédé la saisie de ses
biens). Les privilèges spéciaux portent sur des biens déterminés. Ainsi, le bailleur
d’immeuble a un privilège sur les meubles garnissant les lieux loués. Le vendeur a sur le
meuble vendu un privilège pour garantie du paiement du prix non payé, s’il est encore
en la possession du débiteur ou sur le prix encore dû par le sous-acquéreur.
Le droit de préférence est accordé non seulement aux personnes désignées par la loi
mais aussi, par l’effet de la subrogation personnelle, à toutes personnes qui paient à la
place du débiteur.
Section II : Les privilèges spéciaux.
Dans la législation de l’OHADA, les privilèges spéciaux sont exclusivement des privilèges
mobiliers. Aux termes de l’article 109 AUS (nouvel article 182), les créanciers titulaires
de privilèges spéciaux ont sur les meubles qui leur sont affectés comme assiette par la
loi, un droit de préférence qu’ils exercent, après saisie, selon les dispositions des articles
225 et 226 du même Acte uniforme. Les créanciers titulaires de ces privilèges ne sont
pas classés entre eux par la nature de leurs créances mais par l’initiative de saisie qu’ils
prennent.
Ces privilèges sont dits spéciaux car ils portent toujours sur un meuble précis ou sur
un ensemble de meubles déterminés par le législateur pour garantir des créances bien
définies. Les privilèges spéciaux prévus par l’Acte Uniforme peuvent être classés pour
des raisons pédagogiques en trois catégories sans que cette classification ait un
quelconque intérêt pratique pour les créanciers qui en sont titulaires. Les uns reposent
sur l’idée de la conservation d’un bien mobilier dans le patrimoine du débiteur, les
autres soit sur l’idée de l’introduction d’une valeur dans le patrimoine du débiteur,
soit sur l’idée d’un gage tacite.
2) Le privilège du transporteur
Aux termes de l’article 185 de l’acte de 2010 « Le transporteur terrestre a un privilège
sur la chose transportée, pour tout ce qui lui est dû à condition qu'il y ait un lien de
connexité entre la chose transportée et la créance ».
Le transporteur terrestre a un privilège sur la chose transporté à condition qu’il y ait un
lien de connexité entre celle-ci et la créance. Ce privilège existe quel que soit le mode de
transport utilisé. Il suppose un contrat de transport même si l’opération de transport
n’est que l’accessoire du contrat d’entreprise qui l’englobe. La créance garantie est celle
qui correspond au transport proprement dit et à ses accessoires (emballage,
manutention, douanes …).
L’hypothèque est une sû reté réelle immobilière. Elle confère au créancier toutes les
prérogatives attachées à un droit réel sans obérer tout le crédit du débiteur. Elle repose
sur un droit réel nanti de tous ses attributs : le créancier hypothécaire est titulaire du
droit de suite. Avantageuse pour le créancier hypothécaire, elle l’est aussi pour le
débiteur. Elle est une sû reté sans dépossession.
Conformément aux articles 120 et 127 al. 2 de l’AUS de 1997, on exigeait que
l’hypothèque porte sur des immeubles présents et déterminés affectés à la garantie
d’une dette déterminée (art. 120 et 127 al. 2 AUOS).
L’article 189 al. 1 de l’Acte de 2010 reprend les mêmes exigences en affirmant que « sauf
disposition contraire, seuls les immeubles présents et immatriculés peuvent faire l’objet
d’une hypothèque.
L’Acte de 2010 en son article 203 exige aussi que l’hypothèque conventionnelle ne
puisse être consentie que par celui qui est titulaire d’un droit réel immobilier
régulièrement inscrit et capable d’en disposer.
Cependant, exceptionnellement, l’hypothèque peut être consentie sur des
immeubles à venir dans les cas et conditions déterminées (article 203 al. 2).
Cette innovation conduit à donner une nouvelle définition de l’hypothèque. En effet,
l’article 117 de l’AUS de 1997 définissait l’hypothèque comme « une sûreté réelle
immobilière conventionnelle ou forcée. Elle confère à son titulaire un droit de
suite et un droit de préférence ».
L’article 190 de l’Acte révisé dispose que « L’hypothèque est l’affectation d’un
immeuble déterminé ou déterminable appartenant au constituant en garantie
d’une ou de plusieurs créances, présentes ou futures à condition qu’elles soient
déterminées ou déterminables ».
L’article 190 al. 2 dispose que l’hypothèque peut être légale, conventionnelle ou
judiciaire.
Il est possible que le constituant ne soit pas le débiteur. Mais il est indispensable
qu’il soit le propriétaire de l’immeuble. En pratique le plus souvent, le constituant
est le débiteur de l’obligation garantie.
La validité de l’hypothèque est subordonnée à la capacité d’aliéner. Les
hypothèques conventionnelles ne peuvent être consenties que par ceux qui ont la
capacité d’aliéner un immeuble (article 203 al. 1 er de l’Acte révisé). Par contre, il
n’est pas nécessaire que le bénéficiaire ait cette capacité.
18
Civ. 24 mai 1892, D. P. 1892, 1, 327.
76
L’exigence de l’hypothèque sur des immeubles immatriculés a été reprise dans l’Acte
révisé. En effet, aux termes de l’article 203 al. 1 er, « L’hypothèque conventionnelle ne
peut être consentie que par celui qui est titulaire du droit réel immobilier régulièrement
inscrit et capable d’en disposer ».
Il résulte de ce texte que le principe demeure l’hypothèque des immeubles présents.
Aussi l’hypothèque des immeubles à venir apparaît-elle comme une situation
exceptionnelle strictement encadrée.
Le propriétaire débiteur conserve sur l’immeuble hypothéqué des droits aux limites
desquels se trouvent les pouvoirs du créancier hypothécaire.
a) Droit de saisie
Le créancier hypothécaire dispose d’un droit de saisie. Toutefois, en cas de non paiement
à l’échéance, ce droit peut être suspendu si le débiteur prouve que le revenu net et libre
de ses immeubles pendant deux années suffit pour le paiement de sa dette en capital,
frais et intérêts, et s’il en offre la délégation au créancier. La poursuite peut être reprise
au moindre obstacle au paiement (art. 264 AUVE).
b) Droit de préférence
Le droit de préférence s’exerce conformément à l’article 148 AUS. Le créancier
hypothécaire occupe le troisième rang derrière les créanciers de frais de justice et les
créanciers du salaire. Le droit de préférence s’exerce également, par subrogation, sur
l’indemnité d’assurance de l’immeuble sinistré.
c) L’attribution conventionnelle de l’immeuble hypothéqué
Il s’agit là d’une innovation de l’Acte de 2010. En effet, aux termes de l’article 199 de
l’Acte de 2010, sous certaines conditions, « … il peut être convenu dans la convention
d’hypothèque que le créancier deviendra propriétaire de l’immeuble hypothéqué ». On
remarquera que cette clause est concomitante à la formation du contrat. Une clause qui
interviendrait postérieurement n’en serait pas moins valable. Deux conditions sont
requises :
la condition relative au constituant
Le constituant doit être une personne morale ou une personne physique dû ment inscrit
au RCCM. Cette restriction quant à la qualité du constituant vise à protéger les
personnes physiques non commerçantes. En effet, l’attribution conventionnelle prévue
dans l’acte constitutif d’hypothèque peut être lourde de conséquences pour le
constituant. L’exclusion des personnes physiques non commerçantes se justifie donc. Il
faut ajouter que l’entreprenant constituant d’hypothèque ne devrait pas pouvoir
consentir une telle clause puisque qu’aux termes de l’article 30 de l’Acte Uniforme
portant sur le Droit commercial général, il est dispensé de l’immatriculation au RCCM.
79
Le tiers peut aussi délaisser l’immeuble. Le délaissement est l’acte par lequel le tiers
acquéreur abandonne l’immeuble. Il s’agit d’un abandon de la possession matérielle de
l’immeuble.
Il peut également purger l’hypothèque. L’acte uniforme n’organise pas la procédure
de la purge de l’hypothèque quand bien même l’institution est envisagée à l’article 124
in fine. Il faut alors se référer aux dispositions de droit commun du code civil. La purge
de l’hypothèque est la procédure par laquelle un acquéreur ou un donataire d’un
immeuble grevé d’hypothèque, non personnellement tenu à la dette, propose aux
créanciers de restreindre à la somme par lui offerte, les poursuites desdits créanciers,
ces derniers ou l’un d’eux pouvant provoquer la revente en offrant de porter le prix à un
dixième au-dessus de la somme offerte.
Il a été jugé que « qu’en application de l’article 2463 du code civil, le tiers détenteur qui
ne remplit pas les formalités pour purger sa propriété est tenu, ou de payer, ou de
délaisser l’immeuble ; qu’ayant relevé que M. X... était recherché en sa qualité de tiers
détenteur du bien immobilier, débiteur du droit de suite, la cour d’appel a retenu à bon
droit qu’il n’était pas fondé à se prévaloir de la prescription de la créance principale à
l’appui de sa demande de mainlevée du commandement de payer valant saisie »19.
19
Civ. 2e 19 février 2015
81
L’originalité des hypothèques forcées tient davantage à leur source qu’à leur régime qui
pour l’essentiel est identique au régime des hypothèques conventionnelles. Aux termes
de l’article 132 al. 1 AUS (article 209 de l’Acte de 2010), « l’hypothèque forcée est celle
conférée, sans le consentement du débiteur, soit par la loi, soit par une décision de
justice ».
Quelle que soit sa source, légale ou judiciaire, l’hypothèque forcée ne peut porter que sur
des immeubles déterminés et pour la garantie de créances individualisées par leur
origine et leur cause et pour une somme déterminée (art. 132 al. 2).
Outre les hypothèques forcées prévues par l’Acte uniforme, la loi nationale de chaque
pays peut prévoir d’autres propres au droit de la famille ou au droit public.
Nous parlerons de l’hypothèque forcée légale et l’hypothèque forcée judiciaire.
Aux termes de l’article 213 « Pour sû reté de sa créance, en dehors des cas prévus par les
articles 210 à 212 du présent Acte uniforme, le créancier peut être autorisé à prendre
inscription provisoire d'hypothèque sur les immeubles de son débiteur en vertu d'une
décision de la juridiction compétente du domicile du débiteur ou du ressort dans lequel
sont situés les immeubles à saisir…. ». Il s’agit de l’hypothèque judiciaire (ancien article
132).
Tous les créanciers quels qu’ils soient peuvent demander l’inscription d’une hypothèque
conservatoire. Peu importe la nature et l’origine de leur créance. La décision
rendue indique la somme pour laquelle l’hypothèque est autorisée.
Elle fixe au créancier un délai dans lequel il doit, à peine de caducité de l’autorisation,
former devant la juridiction compétente, l’action en validité de l’hypothèque
conservatoire.
La décision fixe en outre le délai pendant lequel le créancier ne peut saisir la juridiction
du fond (Article 213 al. 2 in fine de l’Acte révisé).
83
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que la société Fina France a conclu avec la
Société vicquoise de location, dont M. Y... était le gérant, des contrats relatifs à l’exploitation
de fonds de commerce de distribution de carburants et de lubrifiants ; que la première de ces
sociétés a consenti à la seconde, par actes respectivement des 2 et 5 mai 1984 et 15 et 29 août
de la même année, deux prêts, M. Y... et Mme X..., alors épouse Y..., se portant dans lesdits
actes cautions solidaires de l’emprunteur ; que, par acte du 23 mai 1984, la Société vicquoise
de location a reconnu devoir à la société Fina France une somme d’argent représentant des
fournitures non réglées ; que, par acte séparé du même jour, les époux Y... se sont portés
cautions solidaires de cet engagement ; que, la Société vicquoise de location et M. Y... ayant
été déclarés en liquidation des biens, les 5 novembre et 3 décembre 1984, la société Fina
France, après avoir produit au passif, a assigné Mme X... en exécution de ses engagements de
caution ;
Sur le premier moyen : (sans intérêt) ;
Sur le second moyen :
Attendu que Mme X... reproche encore à la cour d’appel d’avoir statué comme elle a fait
après avoir annulé la convention d’approvisionnement en carburants et lubrifiants pour
indétermination du prix, ainsi que les prêts et la reconnaissance de dette parce qu’ils étaient
indivisibles de cette convention, alors que, quel qu’en soit le fondement, l’obligation de
restituer imposée à l’emprunteur du fait de la nullité du contrat de prêt ne saurait être étendue
à la caution dont l’engagement est limité à la garantie d’un contrat valable et, qu’en outre, en
imposant à la caution de garantir l’exécution d’un contrat nul, la cour d’appel aurait privé
cette nullité de toute efficacité et de tout intérêt ;
Mais attendu que, tant que les parties n’ont pas été remises en l’état antérieur à la conclusion
de leur convention annulée, l’obligation de restituer inhérente au contrat de prêt demeure
valable ; que, dès lors, le cautionnement en considération duquel le prêt a été consenti subsiste
tant que cette obligation valable n’est pas éteinte ; qu’en statuant comme elle l’a fait la cour
d’appel n’a donc encouru aucun des griefs du moyen, lequel ne peut être davantage accueilli
que le précédent ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi
Publication : Bulletin 1992 I N° 154 p. 106
Décision attaquée : Cour d’appel de Paris, du 28 septembre 1990
84
2) Exceptions purement personnelle au débiteur et engagement de la caution
REJETTE le pourvoi ;
Mais attendu que la caution ne peut opposer les exceptions qui sont purement personnelles au
débiteur principal ; que la cour d’appel, qui n’était pas tenue de procéder à une recherche dont
il n’est pas justifié qu’elle ait été demandée, a, par motifs propres et adoptés, retenu
exactement, que M.X... qui n’avait pas été partie au contrat de vente du fonds commerce,
n’était pas recevable à invoquer la nullité relative tirée du dol affectant le consentement du
débiteur principal et qui, destinée à protéger ce dernier, constituait une exception purement
personnelle ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
Les juges du fond déclarent sa demande irrecevable. Le garant forme alors un pourvoi en
cassation. Selon lui, "la caution est recevable à invoquer la nullité pour dol de l'obligation
principale". La cour d'appel aurait ainsi violé les articles 2012 (N° Lexbase : L2247ABT) (2)
et 2036 du Code civil (N° Lexbase : L2281AB4) (3).
La Cour de cassation rejette une telle analyse. Elle relève que "la caution ne peut opposer les
exceptions qui sont purement personnelles au débiteur principal". Elle approuve ainsi les
juges du fond d'avoir relevé que la caution n'était pas partie au contrat de vente et qu'elle
n'était donc pas recevable à invoquer la nullité relative tirée du dol, laquelle constituait une
"exception purement personnelle".
Une telle solution, qui place la notion d'exception purement personnelle au coeur du
raisonnement de la Cour régulatrice, constitue une limite au caractère accessoire du
cautionnement (I) qui fragilise les droits des cautions (II).
La solution dégagée en l'espèce par une Chambre mixte de la Cour de cassation peut, de
prime abord, surprendre. Sans viser l'article 2314 du Code civil (N° Lexbase : L1372HIN,
87
ancien article 2036), la Cour de cassation y fait expressément référence puisqu'elle affirme
que la caution "ne peut opposer les exceptions qui sont purement personnelles au débiteur".
Or, ce texte, qui a longtemps suscité des difficultés d'interprétation, est, aujourd'hui,
unanimement relégué au second plan par la doctrine.
Pour reprendre les mots d'une doctrine avisée (4), "il convient [...] de ne pas se laisser abuser
par les termes de l'article 2036 [...] à partir du moment où le cautionnement est accessoire,
toutes les exceptions affectant l'obligation principale sont potentiellement opposables par la
caution. Autrement dit, la distinction faite par l'article 2036 n'a pas de valeur générale".
Ainsi, la jurisprudence (5), soutenue par la doctrine (6), admet-elle traditionnellement que la
caution p uisse prendre l'initiative d'invoquer la nullité du contrat principal. La solution n'était,
jusqu'alors, pas remise en cause par le caractère relatif de la nullité (7). Si la théorie générale
des nullités semblait s'opposer à une telle action de la caution (8), le caractère accessoire du
cautionnement l'emportait aux yeux de la jurisprudence. L'argument tiré de l'article 2289 du
Code civil était, lui aussi, balayé. On sait, en effet, que ce texte prévoit la possibilité de
cautionner une obligation "encore qu'elle pût être annulée par une exception purement
personnelle à l'obligé ; par exemple, dans le cas de minorité". La doctrine (9) ne s'est pas
embarrassée de la lettre du texte et s'accorde pour limiter l'application du texte au seul cas
d'incapacité du débiteur principal (10). La caution peut donc invoquer la nullité relative de
l'obligation principale, sous la seule réserve de l'incapacité.
C'est, semble-t-il, avec cette tradition que veut rompre la Cour de cassation. En affirmant sans
équivoque que la caution ne peut invoquer les "exceptions purement personnelles" au débiteur
et qu'ainsi, elle n'est pas recevable à invoquer la nullité du contrat principal tirée du dol
affectant le consentement du débiteur principal, la Cour régulatrice met fin à une lecture
restrictive des articles 2313 et 2289 du Code civil. Le doyen Simler (11) avait ainsi pu écrire :
"si la caution ne pouvait opposer au créancier les exceptions personnelles au débiteur, son
engagement ne pourrait pas, sans abus de langage, être qualifié d'accessoire". C'est donc une
nouvelle limite au caractère accessoire du cautionnement (12) que pose aujourd'hui la Cour
régulatrice. La notion d'exception purement personnelle qui avait, semble-t-il, été absorbée
par le "dogme du caractère accessoire du cautionnement" (13), retrouve une place en droit
positif.
La solution retenue par la Cour de cassation risque d'affaiblir considérablement une telle
protection. Sans doute, le principe posé en l'espèce est-il plus en adéquation avec les règles
gouvernant la théorie générale des nullités. Il n'en demeure pas moins que la caution est
exposée au paiement d'une dette dont le débiteur principal a la possibilité de demander la
88
nullité. Le sort de la caution est entre les mains du débiteur de l'obligation principale qui, seul,
peut décider de faire annuler l'obligation principale et, ainsi, libérer la caution.
L'affaiblissement des droits des cautions est d'autant plus grand que la solution paraît avoir un
vaste champ d'application. Si la voie de l'action en nullité est rejetée, en l'espèce, par la Cour
régulatrice, l'exception de nullité est également à exclure, ce que confirme la motivation de
l'arrêt : "la caution ne peut opposer les exceptions purement personnelles au débiteur
principal". La caution perd donc l'initiative de l'action en nullité mais également un moyen de
défense tiré de la nullité relative du contrat principal.
Par ailleurs, on peut légitiment s'interroger sur la notion même d'exception purement
personnelle. En dehors du cas de la nullité relative expressément visé par la Chambre mixte
de la Cour de cassation, quel est exactement le contenu de la notion ? Il est difficile d'y
répondre, mais les créanciers ne manqueront pas de s'engouffrer dans la brèche... Le recours à
la notion d'exception purement personnelle pour justifier la solution risque fort d'accroître un
peu plus le contentieux et donc de déstabiliser le droit du cautionnement.
Une telle évolution jurisprudentielle est d'autant plus surprenante que le Code civil connaît,
désormais, d'autres formes de garanties non accessoires permettant d'assurer un paiement
systématique du créancier en dépit des vices pouvant affecter l'obligation garantie (16). En
introduisant "une dose d'inopposabilité des exceptions" en droit du cautionnement, la Cour de
cassation entretient une certaine confusion ne favorisant pas le développement de ces
nouvelles sûretés personnelles (17).
la personne protégée par la règle violée ; sur cette question, v. notamment. Ph.
Malaurie, L. Aynès et Ph. Stoffel-Munck, Les obligations, Defrénois, 1ère éd., n° 702
p. 316.
(9) J. François, op. cit., n° 183 et s. p. 162 et s.
(10) Sur cette question, v. notamment les critiques de D. Grimaud, Le caractère
accessoire du cautionnement, PUAM 2001, préf. D. Legeais. n° 83 et s. p. 95 et s.
(11) Ph. Simler, Cautionnement et garantie autonome, Litec, 3ème éd.
(12) Il y a peu, la Cour régulatrice affirmait que la caution ne peut se prévaloir de la
renonciation par le créancier à son droit d'agir contre le débiteur principal : Cass.
com., 22 mai 2007, n° 06-12.196, Société Mars Occidentale, FS-P+B (N° Lexbase :
A4900DWE) et nos obs., La caution ne peut se prévaloir de la renonciation par le
créancier à son droit d'agir contre le débiteur principal, Lexbase Hebdo n° 264 du 14
juin 2007 - édition privée générale (N° Lexbase : N3990BBE).
(13) Expression empruntée à D. Grimaud, op. cit..
(14) Cette faiblesse du cautionnement aurait conduit la pratique à s'orienter vers
d'autres formes de garanties et, notamment, la garantie autonome.
(15) Ph. Simler et Ph. Delebecque, op. cit, n° 39 p. 31 : "Le contrat de cautionnement
est le contrat par lequel une personne, la caution, s'engage à l'égard d'un créancier à
payer la dette d'un débiteur [...] au cas où celui-ci est défaillant" (souligné par nos
soins).
(16) On pense, naturellement, à la garantie autonome mais aussi au porte-fort
d'exécution.
(17) La doctrine se montre relativement pessimiste sur l'avenir de la garantie
autonome en droit interne, v. par ex., F. Jacob, L'avenir des garanties autonomes en
droit interne, 15 ans après, in Etudes offertes au doyen Philippe Simler, p. 341 et s..
ou d’omission, mais imputable au créancier, c’est-à-dire fautif et que le créancier gagiste n’est
pas tenu de demander l’attribution judiciaire de son gage ; qu’en énonçant, pour décharger M.
X... de son obligation de caution envers la banque créancière, que le moyen de défense de
celle-ci, qui se contente de soutenir qu’elle n’avait aucune obligation de solliciter l’attribution
judiciaire de son gage, ne saurait la convaincre, la cour d’appel a violé, par fausse application,
l’article 2078 du Code civil, ensemble l’article 2037 du même code ;
2 / qu’en se bornant à affirmer qu’en négligeant de faire valoir ses droits de créancier nanti
dans le cadre de la liquidation judiciaire de la société, la banque avait indubitablement privé la
caution de son droit préférentiel sur le gage, la cour d’appel, qui n’a pas caractérisé une faute
imputable à la banque créancière, titulaire d’un nantissement sur le matériel et l’outillage ne
lui conférant pas un droit de rétention, n’a pas donné de base légale à sa décision au regard de
l’article 2037 du Code civil ;
Mais attendu qu’en retenant que la banque avait renoncé au bénéfice du gage, la cour d’appel
en a exactement déduit que la caution était déchargée de son obligation ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
Publication : Bulletin 2005 Chambre mixte n° 5 p. 13
Décision attaquée : Cour d’appel de Grenoble, du 16 octobre 2002
RÉPUBLIQUEFRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE
ET ÉCONOMIQUE, DU 17 FÉVRIER 2021
La société Banque populaire Grand Ouest, dont le siège est [...] , venant aux droits de la
société Banque populaire Atlantique, a formé le pourvoi n° R 19-16.075 contre l'arrêt rendu le
5 mars 2019 par la cour d'appel de Poitiers (2e chambre civile), dans le litige l'opposant :
1°/ à M. I... B..., domicilié [...] ,
2°/ à la société Financière Ampère Lavoisier (FIAL), société à responsabilité limitée, dont le
siège est [...] ,
3°/ à la société Dolley Collet, société civile professionnelle, dont le siège est [...] , prise en
qualité de mandataire judiciaire de la procédure de sauvegarde de la société Financière
Ampère Lavoisier,
défendeurs à la cassation.
La demanderesse invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen unique de cassation annexé au
présent arrêt.
Le dossier a été communiqué au procureur général.
Sur le rapport de Mme Graff-Daudret, conseiller, les observations de la SCP de Chaisemartin,
Doumic-Seiller, avocat de la société Banque populaire Grand Ouest, venant aux droits de la
société Banque populaire Atlantique, et l'avis de Mme Guinamant, avocat général
référendaire, après débats en l'audience publique du 5 janvier 2021 où étaient présents M.
Rémery, conseiller doyen faisant fonction de président, Mme Graff-Daudret, conseiller
rapporteur, Mme Vaissette, conseiller, et Mme Fornarelli, greffier de chambre,
la chambre commerciale, financière et économique de la Cour de cassation, composée des
président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le
présent arrêt.
91
Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Poitiers, 5 mars 2019), le 17 mars 2009, la société Banque populaire
Atlantique, aux droits de laquelle est venue la société Banque populaire Grand Ouest (la
banque), a ouvert dans ses livres un compte courant au profit de la société Financière Ampère
Lavoisier (la société FIAL), qui a demandé un prêt destiné à financer l'acquisition de la nue-
propriété des 7 497 actions composant le capital de la société SN Intercycles (société
Intercycles) dont elle détenait déjà l'usufruit. Par un acte du 24 mars 2009, la banque s'est fait
consentir, préalablement à l'octroi du prêt, le cautionnement de M. B..., gérant de la société.
Par un acte du 30 mars 2009, la banque a accordé à la société le prêt demandé, également
garanti par le nantissement de la pleine propriété des 7 497 actions de la société Intercycles.
3. Le 20 octobre 2014, après avoir prononcé la déchéance du terme et la clôture des comptes,
la banque a assigné la société FIAL et M. B..., en qualité de caution, en paiement de sommes
au titre du solde débiteur du compte courant et du prêt. La caution a invoqué sa décharge, sur
le fondement de l'article 2314 du code civil, en soutenant avoir été privée de la possibilité de
se voir subrogée dans les droits de la banque, qui n'avait pas mis en oeuvre le nantissement
dont elle bénéficiait lors de la vente des actions de la société Intercycles. L'arrêt attaqué a
accueilli cette demande.
4. Par jugement du 11 février 2015, la société FIAL a été mise en sauvegarde.
Examen du moyen
Sur le moyen, pris en sa première branche
Enoncé du moyen
5. La banque fait grief à l'arrêt d'accueillir la demande de décharge de M. B..., alors « que le
juge a l'obligation de ne pas dénaturer l'écrit qui lui est soumis ; qu'en l'espèce, l'article 5 de
l'acte de cautionnement solidaire souscrit par M. B... le 24 mars 2009 stipulait qu' "en tant que
de besoin, il est précisé que le présent engagement de caution s'ajoute aux autres garanties que
LA CAUTION a déjà pu ou qu'elle pourra donner à la BANQUE en faveur de
l'EMPRUNTEUR ainsi qu'à celles constituées par ce dernier ou par un tiers" ; que dès lors, en
déclarant qu'il importait peu que M. B... soit dans l'ignorance du nantissement qui ne sera
constitué que postérieurement à son engagement de caution, puisque les termes de son
engagement lui permettaient de se prévaloir de toute garantie existante ou future, quand l'acte
de cautionnement solidaire litigieuse ne prévoyait pas que l'engagement de caution s'ajouterait
aux garanties futures constituées par l'emprunteur ou par un tiers, cette extension ne
concernant que les garanties prises par la caution elle-même, la cour d'appel a dénaturé l'acte
de caution, en violation du principe susvisé. »
Réponse de la Cour
Vu l'obligation pour le juge de ne pas dénaturer l'écrit qui lui est soumis :
6. Pour décharger M. B... de son engagement de caution, l'arrêt retient que l'acte de
cautionnement contient une clause 5 aux termes de laquelle il est indiqué qu' « En tant que de
besoin, il est précisé que le présent engagement de caution s'ajoute aux autres garanties que
LA CAUTION a déjà pu ou qu'elle pourra donner à la BANQUE en faveur de
L'EMPRUNTEUR ainsi qu'à celles constituées par ce dernier ou par un tiers » et que, dès lors,
il importe peu que M. B... ait été dans l'ignorance du nantissement qui ne sera constitué que
postérieurement à son engagement, puisque les termes du cautionnement lui permettaient de
92
11. En se déterminant ainsi, alors que la caution n'est libérée, lorsque la subrogation aux
droits, privilèges et hypothèques du créancier ne peut plus s'opérer en sa faveur, que si
ces garanties existaient antérieurement à son engagement ou étaient entrées dans les
prévisions des parties, la cour d'appel qui, constatant que le nantissement des actions avait
été consenti à la banque postérieurement au cautionnement, n'a pas recherché si la banque
93
s'était engagée à l'obtenir ou si la caution avait légitimement pu croire qu'elle le prendrait, n'a
pas donné de base légale à sa décision.
PAR CES MOTIFS, la Cour :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce que, confirmant le jugement du 22 août 2017, il
décharge M. B... de son cautionnement du 24 mars 2009, l'arrêt rendu le 5 mars 2019, entre
les parties, par la cour d'appel de Poitiers ;
Sous-caution
_________________________
Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Amiens, 21 mai 2019), M. [E] et M. [T] étaient les dirigeants d'un
groupe de promotion immobilière dénommé Finaxiome, composé notamment de sociétés
civiles de construction vente (les Sccv), dont les sociétés [O], [F], [R], [Y], [W], [C] et [H],
destinées, chacune, à réaliser ou faire réaliser un ensemble immobilier.
2. Pour chacune des résidences à construire, la société Groupement français de caution (le
GFC) a fourni une garantie d'achèvement, contre-garantie par les cautionnements de M. [E] et
M. [T].
3. Les Sccv ayant été mises en liquidation judiciaire, tandis que la construction des immeubles
n'était pas achevée, le GFC a payé les sommes nécessaires à leur achèvement, puis a assigné
M. [E] et M. [T] en exécution de leurs engagements.
« 1°/ que le cautionnement ne peut être entendu au-delà des limites dans lesquelles il a été
contracté ; que la cour d'appel a constaté que par un acte du 11 mai 2010, MM. [T] et [E]
s'étaient chacun, portés caution personnelle et solidaire, avec renonciation au bénéfice de
94
discussion au profit du GFC, dans la limite de 100 000 euros, pour une durée expirant le 30
septembre 2012, s'engageant ainsi à rembourser les sommes dues si la Sccv [O] n'y satisfaisait
pas ; qu'en se bornant à énoncer, pour juger recevable le GFC en ses demandes à l'encontre
des cautions, que la comparaison de la pièce n° 29 (tableau récapitulatif de ses dépenses) et de
la pièce 11 (estimation des travaux d'achèvement de la Sccv avec les chèques et quittances
subrogatives produits (pièce 31) établissait la réalité des paiements excédant le montant des
cautionnements, sans rechercher, ainsi qu'elle y était invitée, si la circonstance que les
paiements avaient tous été effectués postérieurement au 30 septembre 2012, n'établissait que
la dette était née postérieurement à l'expiration de l'obligation de couverture et étant donc
exclue de la garantie, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article
1134 du code civil, devenu l'article 1103 du même code, ensemble l'article 2292 du même
code ;
2°/ que le cautionnement ne peut être étendu au-delà, des limites dans lesquelles il a été
contracté ; que la cour d'appel a constaté que par un acte du 28 juin 2010, MM. [T] et [E]
s'était, chacun, portés caution personnelle et solidaire, avec renonciation au bénéfice de
discussion au profit du GFC, dans la limite de 100 000 euros, pour une durée expirant le 30
septembre 2012, s'engageant ainsi à rembourser les sommes dues si la Sccv [F] n'y satisfaisait
pas ; qu'en se bornant à énoncer, pour juger recevable le GFC en ses demandes à l'encontre
des cautions, que la comparaison de la pièce n° 30 (tableau récapitulatif de ses dépenses) et de
la pièce 12 (estimation des travaux d'achèvement de la Sccv avec les chèques et quittances
subrogatives produits (pièce 32) établissait la réalité des paiements excédant le montant des
cautionnements, sans rechercher, ainsi qu'elle y était invitée, si la circonstance que les
paiements avaient tous été effectués postérieurement au 30 septembre 2012, n'établissait pas
l'existence d'une dette née postérieurement à l'expiration de l'obligation de couverture et donc
exclue de la garantie, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article
1134 du code civil, devenu l'article 1103 du même code, ensemble l'article 2292 du même
code ;
3°/ que l'autorité de la chose jugée qui s'attache à l'admission définitive d'une créance à la
procédure collective d'un débiteur n'interdit pas à la caution solidaire d'opposer au créancier
toutes les exceptions qui lui sont personnelles, dont celle tirées de ce que la créance n'était pas
née durant la période de garantie ; que la cour d'appel a constaté que par un acte du 29 octobre
2010, MM. [E] et [T] s'étaient, chacun, portés caution personnelle et solidaire, avec
renonciation au bénéfice de discussion au profit du GFC, dans la limite de 150 000 euros,
pour une durée expirant le 31 décembre 2011, s'engageant ainsi à rembourser les sommes
dues si la Sccv [R] n'y satisfaisait pas ; qu'en énonçant, pour dire que la créance du GFC était
née pendant la durée des engagements de caution, que cette créance avait été admise pour un
montant de 1 154 407,30 euros par un arrêt irrévocable du 23 mars 2017, la cour d'appel s'est
prononcée par un motif inopérant, la décision d'admission de la créance établissant le principe
et le quantum de la créance du GFC vis-à-vis de la Sccv [R] mais étant inopérante à établir
que cette dette était née avant le 31 décembre 2011, date de l'expiration de l'obligation de
couverture ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de
l'article 1134 du code civil, devenu 1103 du même code, ensemble l'article 2292 du même
code ;
4°/ que l'autorité de la chose jugée qui s'attache à l'admission définitive d'une créance à la
procédure collective d'un débiteur n'interdit pas à la caution solidaire d'opposer au créancier
toutes les exceptions qui lui sont personnelles, dont celle tirées de ce que la créance n'était pas
née durant la période de garantie ; que la cour d'appel a constaté que par un acte du 29 octobre
95
2010, MM. [E] et [T] s'étaient, chacun, portés caution personnelle et solidaire, avec
renonciation au bénéfice de discussion au profit du GFC, dans la limite de 150 000 euros,
pour une durée expirant le 31 décembre 2011, s'engageant ainsi à rembourser les sommes
dues si la Sccv [Y] n'y satisfaisait pas ; qu'en énonçant pour dire que la créance du GFC était
née pendant la durée des engagements de caution, que cette créance avait été admise pour un
montant de 1 711 606,30 euros par un arrêt irrévocable du 30 janvier 2014, la cour d'appel
s'est prononcée par un motif inopérant, la décision d'admission de la créance établissant le
principe et le quantum de la créance du GFC vis-à-vis de la Sccv [Y] mais étant inopérante à
établir que cette dette était née avant le 31 décembre 2011, date de l'expiration de l'obligation
de couverture ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard
de l'article 1134 du code civil, devenu 1103 du même code, ensemble l'article 2292 du même
code. »
Réponse de la Cour
7. Ayant d'abord relevé que M. [E] et M. [T] s'étaient, chacun, rendu caution, pour une durée
expirant le 30 septembre 2012, de la garantie d'achèvement délivrée par le GFC,
respectivement à la Sccv [O] et à la Sccv [F], et que cette date constituait le terme de
l'obligation de couverture, puisqu'il résultait de l'article 5.3 des conditions particulières du
contrat, avec lesquelles les cautionnements faisaient corps, que les cautions s'engageaient à
remplir l'obligation principale comme si elles étaient le débiteur principal, la cour d'appel, qui
n'était pas tenue d'effectuer la recherche invoquée par les première et deuxième branches que
ses constatations rendaient inopérante dès lors que la date de naissance de l'obligation
couverte par la garantie extrinsèque, cautionnée par M. [E] et M. [T], correspondait à celle des
contrats de vente en l'état futur d'achèvement couverts par la garantie d'achèvement du GFC,
dont il n'était pas contesté qu'ils étaient antérieurs au 30 septembre 2012, a légalement justifié
sa décision en retenant que les dettes des sous-cautions étaient nées pendant la durée de leur
engagement.
8. Après avoir ensuite relevé que M. [E] et M. [T] s'étaient, chacun, rendu caution, pour une
durée expirant le 31 décembre 2011, terme de leur obligation de couverture, de la garantie
d'achèvement délivrée par le GFC, respectivement à la Sccv [R] et à la Sccv [Y], et
exactement énoncé que ce n'est pas la date à laquelle le paiement a été réclamé aux cautions
qui doit être prise en compte pour dire si elles sont tenues ou pas, mais celle de la naissance
de l'obligation garantie, l'arrêt retient que la créance du GFC a été admise par arrêt irrévocable
à la liquidation judiciaire de la Sccv [R] et par ordonnance du juge-commissaire à celle de la
Sccv [Y], et qu'au vu des motifs de ces décisions, il s'agit de sommes payées par le garant
d'achèvement à la suite de la défaillance desdites Sccv, de sorte que ces créances ont pris
96
naissance avant l'expiration des cautionnements, faisant ressortir que les sommes payées par
le GFC concernaient des contrats de vente en l'état futur d'achèvement conclus avant le terme
des sous-cautionnements litigieux.
9. Le moyen n'est donc pas fondé.
PAR CES MOTIFS, la Cour :
REJETTE le pourvoi ;
Sur le troisième moyen : Attendu, selon l’arrêt attaqué (Colmar, 22 juin 2006), que par
contrat du 12 septembre 1990, les consorts X... ont chargé la société Selam (la société) de la
construction d’un immeuble ; que par acte du 20 décembre 1990, M. Y... s’est rendu caution
de la société en faveur du Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine (la banque) ; que cette
dernière a cautionné la société au profit du maître de l’ouvrage ; que la société ayant été mise
en redressement judiciaire, les consorts X..., estimant avoir versé des acomptes indus en
raison du non-achèvement des travaux, ont assigné la banque en exécution de son engagement
; qu’après avoir réglé les créanciers, la banque a poursuivi M. Y... ; Attendu que M. Y...
reproche à l’arrêt de l’avoir condamné à verser à la banque, substituée en qualité de caution,
dans les droits des créanciers désintéressés, les consorts X..., la somme de 137 204,11 euros
avec intérêts au taux légal à compter du 8 juin 1993 au titre d’un acte de cautionnement, alors,
selon le moyen, que la caution peut opposer au créancier, ou à toute personne substituée,
toutes les exceptions qui appartiennent au débiteur et qui sont inhérentes à la dette ; que la
cour d’appel a considéré que, si M. Y... était en droit d’opposer à la banque toutes les
exceptions inhérentes à la dette, cependant l’éventuelle compensation que la société pourrait
opposer aux consorts X... relative à un cautionnement distinct de l’engagement de M. Y... ne
constituait pas une exception inhérente à la dette pouvant être invoquée par M. Y... dans ses
rapports avec la banque ; qu’en se limitant à retenir l’inopposabilité de l’exception tirée de la
compensation entre les créances de la banque et des créanciers, sans rechercher, ainsi qu’il le
lui était demandé, si les autres exceptions inhérentes à la dette expressément soulevées par M.
Y... dans ses conclusions d’appel liées, d’une part, à l’imputabilité aux créanciers de la
rupture du contrat d’entreprise à raison des modifications substantielles répétitives exigées et,
d’autre part, à leur état de débiteur au regard des sommes importantes dues au titre de
l’exécution du contrat d’entreprise, n’étaient pas également opposables à la banque, la cour
d’appel a privé son arrêt de base légale au regard de l’article 2036 du code civil ; Mais attendu
que la sous-caution, qui garantit la créance de la caution à l’égard du débiteur principal et non
la créance du créancier initial à l’égard de ce débiteur, ne peut se prévaloir des exceptions
inhérentes à la dette du débiteur principal à l’égard de ce créancier, sauf à rechercher la
responsabilité de la caution pour avoir fautivement omis d’invoquer lesdites exceptions ;
Et attendu que les exceptions invoquées par M. Y..., portant sur l’imputabilité aux consorts
X..., créanciers initiaux, de la rupture du contrat d’entreprise et l’existence d’une créance du
débiteur principal à leur égard, étant inhérentes à la dette de ce dernier envers ces créanciers,
c’est à bon droit que la cour d’appel, qui a effectué la recherche prétendument omise, a retenu
que M. Y... ne pouvait se prévaloir de ces exceptions dans ses rapports avec la banque,
caution ; que le moyen n’est pas fondé; Et attendu que le premier et le deuxième moyens ne
seraient pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ; PAR CES MOTIFS (…) :
REJETTE le pourvoi
97
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 3 novembre 2010
N° de pourvoi: 09-70312
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l’arrêt suivant :
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Reims, 8 septembre 2009), que le 20 septembre 2004, la SCI
99
Pereca (la SCI) a été condamnée à payer à la société Financière de crédit immobilier de
Picardie-Champagne-Ardenne (la FCI) certaines sommes au titre d’un contrat de prêt ; que la
FCI a inscrit une hypothèque judiciaire sur un immeuble appartenant à la SCI ; que les 21
avril et 15 mai 2008, la FCI a délivré commandement de payer valant saisie-vente de
l’immeuble aux associés de la SCI, M. René X..., Mme Danielle Y... épouse X..., M. Frédéric
X..., M. François X..., Mme Pénélope X..., M. Pierre X..., Mme Cassandre Y... et Mme
Rebecca X... (les consorts X...) qui avait été mise en liquidation judiciaire le 4 septembre
2007 ; que le 29 juillet 2008, la FCI a assigné la SCI et les consorts X... à comparaître devant
le juge de l’exécution à une audience d’orientation ;
Sur le premier moyen :
Attendu que la SCI et les consorts X... font grief à l’arrêt d’avoir déclaré irrecevables leurs
contestations tenant au pouvoir aux fins de saisie immobilière et à la compétence territoriale
de l’huissier de justice instrumentaire, alors, selon le moyen, qu’à peine d’irrecevabilité
prononcée d’office, aucune contestation ni aucune demande incidente ne peut, sauf
disposition contraire, être formée après l’audience d’orientation ; que la contestation incidente
portant sur l’existence d’un vice de fond entachant l’acte d’huissier de justice constitue un
moyen touchant le fond du droit et peut être soulevée en tout état de cause ; qu’en déclarant
irrecevables les demandes de la SCI et des consorts X... portant sur la validité de l’acte de
saisie au regard du pouvoir et de la compétence territoriale de l’huissier de justice
instrumentaire pour la raison qu’elles n’avaient pas été présentées devant le juge de
l’exécution, quand ces demandes portaient sur un moyen touchant au fond du droit et
pouvaient, dès lors, être soulevées en tout état de cause, la cour d’appel a violé l’article 6 du
décret n° 2006-936 du 27 juillet 2006 ;
Mais attendu qu’à peine d’irrecevabilité prononcée d’office, aucune contestation ni aucune
demande incidente ne peut, sauf disposition contraire, être formée après l’audience
d’orientation, à moins qu’elle porte sur les actes de procédure postérieurs à celle-ci ; qu’ayant
constaté que les contestations, formées pour la première fois en cause d’appel, avaient été
présentées après l’audience d’orientation et portaient sur le commandement valant saisie, la
cour d’appel en a exactement déduit qu’elles étaient irrecevables ; que le moyen n’est pas
fondé ;
Sur le deuxième moyen :
Attendu que la SCI et les consorts X... font grief à l’arrêt d’avoir dit que la créance de la FCI
était inopposable à la liquidation judiciaire de Mme Rebecca X..., alors, selon le moyen, qu’à
défaut de déclaration d’une créance dans les délais fixés par décret en Conseil d’Etat, les
créanciers ne sont pas admis dans les répartitions et les dividendes ; qu’en décidant qu’à
défaut de déclaration à la liquidation judiciaire de Mme Rebecca X... la créance de la FCI était
uniquement opposable à cette procédure et non pas éteinte, quand une telle sanction n’était
pas encore prévue par les textes, la cour d’appel a violé l’article L. 622-26, alinéa 1er, du code
de commerce issu de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises dans sa rédaction
antérieure à l’ordonnance du 18 décembre 2008 ;
Mais attendu qu’il résulte de l’article L. 622-26 du code de commerce dans sa rédaction
antérieure à l’ordonnance du 18 décembre 2008 que, si les créanciers qui n’ont pas déclaré
leur créance ne sont pas, sauf à être relevés de la forclusion encourue, admis dans les
répartitions et les dividendes, cette créance n’est pas éteinte ; que la cour d’appel en a
déduit à bon droit que la créance de la FCI, qui n’avait pas été déclarée au passif de Mme
Rebecca X..., était inopposable à sa liquidation judiciaire ;
Et attendu que le troisième moyen ne serait pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
Publication : Bulletin 2010, IV, n° 165
100
(1) C'est « calmement » que la Cour de cassation, après les juridictions du fond (V., par ex.,
Paris, 25 févr. 2009, 5 e ch. A, RG n° 06/12522), vient faire sienne l'analyse doctrinale
unanime, forgée pour la première fois sans doute par
Pierre-Michel Le Corre, dès 2004 (P.-M. Le Corre, Les créanciers antérieurs dans le projet de
sauvegarde des entreprises, colloque CRAJEFE du 27 mars 2004, LPA 10 juin 2004, p. 25, n°
14), du sort de la créance non déclarée après suppression par la loi du 26 juillet 2005 de la
règle d'extinction de la créance. La solution n'était plus douteuse, même si la Cour de
cassation n'avait pas encore eu l'occasion de la formuler. Après la réforme de 2005, ne
subsistait plus dans l'article L. 622-26 du code de commerce que cette seule sanction pour les
créanciers n'ayant pas déclaré dans les délais, sans avoir été relevés de forclusion : l'exclusion
des répartitions et dividendes. Ce qui signifiait l'inopposabilité de la créance à la procédure.
L'intérêt de cet arrêt du 3 novembre 2010 est de voir cette «vérité » aujourd'hui prononcée par
la chambre commerciale.
Mais c'est tout. La décision ne nous apprend rien de plus, et, bien sûr, puisqu'à cette
qualification juridique de la situation du créancier forclos se limitait l'objet du pourvoi, la
Cour n'y répond à aucune des nombreuses interrogations que soulève cette « inopposabilité »
(V. le commentaire de l'art. L. 622-26 au Code des procédures collectives Dalloz). D'autant
moins que, depuis l'ordonnance du 18 décembre 2008, qui a consacré cette analyse mais à sa
manière, les questions se sont un peu déplacées. Cherchant à « pacifier » le vif débat ouvert
par la loi de 2005 sur ce point, les rédacteurs de la réforme de 2008 ont, en effet, complété
l'article L. 622-26 par cette précision
: « les créances non déclarées régulièrement dans ces délais sont inopposables au débiteur
pendant l'exécution du plan et après cette exécution lorsque les engagements énoncés dans le
plan ou décidés par le tribunal ont été tenus. Pendant l'exécution du plan, elles sont également
inopposables aux personnes physiques coobligées ou ayant consenti une sûreté personnelle ou
ayant affecté ou cédé un bien en garantie ». Ce dont le bon sens commande de déduire que le
législateur de 2008 a implicitement considéré comme acquise l'inopposabilité de la créance
non déclarée à la procédure durant celle-ci. De sorte que l'inopposabilité «à la procédure»
durerait tant que dure cette dernière, et qu'elle serait relayée, et là selon l'expression du
nouveau texte, par une inopposabilité au débiteur, durant le plan et après en cas de bonne
exécution de celui-ci (F. Pérochon et R. Bonhomme, Entreprises en difficulté, Instruments de
crédit et de paiement, LGDJ, 8e éd., 2009, n° 536-1).
Il en résulte plus que jamais, avec cette décision du 3 novembre 2010, que, pour les
procédures ouvertes entre le 1e r janvier 2006 et le 15 février 2009, tout comme pour celles
ouvertes depuis cette dernière date, les créances non déclarées sont inopposables à la
procédure. Une fois encore, l'interprétation de la Cour de cassation conduit à unifier les
régimes issus des réformes de 2005 et de 2008, dans une hypothèse, là, il est vrai, où n'existait
vraiment aucune alternative.
A. Lienhard
base légale au regard de l’article 2292 du code civil, ensemble l’article L. 236-1 du code de
commerce ;
3°/ que si le silence ne vaut pas à lui seul acceptation, il n’en est pas de même lorsque les
circonstances permettent de donner à ce silence la signification d’une acceptation ; qu’en
affirmant néanmoins que le silence du liquidateur faisant suite au courrier lui ayant été
adressé le 6 décembre 2005 par la banque pour l’informer qu’elle réglerait, en qualité de
caution, à la société Casino la somme de 38 115 euros en libérant le compte à terme
garantissant le cautionnement des sommes dues à la société Medis ne pouvait valoir
acceptation tacite de ce transfert de garantie au profit du nouvel engagement de caution
souscrit par la banque, après avoir pourtant constaté que le liquidateur avait bénéficié d’une
information préalable et ne s’était pas opposé au paiement par la banque, ce dont il se
déduisait qu’il avait tacitement donné son accord à l’exécution par la banque de son
engagement de caution, la cour d’appel a violé les articles 1108 et 1134 du code civil ;
Mais attendu, en premier lieu, que la cour d’appel a retenu à bon droit que la fusion-
absorption de la société Médis, entraînant sa disparition avait eu pour conséquence de
limiter l’engagement de caution de la banque aux sommes dues par la société Cuggia à
la date de cette fusion-absorption ;
Attendu, en second lieu, que l’arrêt retient que si la banque a accepté de cautionner à
l’égard de la société absorbante de nouvelles dettes de la société Cuggia, ce seul
engagement n’a pu, à défaut d’accord de celle-ci ou de son liquidateur, avoir pour effet
de transférer la garantie dont était assorti le cautionnement antérieurement consenti en
faveur de la société absorbée ; qu’il retient encore qu’un tel accord ne saurait se déduire du
seul paiement par la société Cuggia des frais afférents à la caution ni du maintien de ses
relations commerciales avec la société Casino, dès lors qu’elle n’avait pas connaissance à
cette date de la volonté de la banque de maintenir sa caution envers cette dernière, ni du
silence du liquidateur à réception du courrier de la banque du 6 décembre 2005 l’informant
qu’elle exécuterait son engagement de caution envers la société Casino ; que par ces
constatations et appréciations souveraines de la valeur et la portée des éléments de preuve qui
lui étaient soumis, la cour d’appel, qui a procédé à la recherche prétendument omise, a
légalement justifié sa décision ;
D’où il suit que le moyen, qui ne peut être accueilli en sa deuxième branche, n’est pas fondé
pour le surplus ;
Et attendu que le second moyen ne serait pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
Publication : Bulletin 2014, IV, n° 117
Décision attaquée : Cour d’appel de Lyon , du 21 mars 2013
7) Fusion disparition du débiteur et cautionnement
Le : 08/07/2020
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 8 novembre 2005
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
103
78654société SIIIF, celle-ci devait donc obligatoirement réitérer son engagement au profit de
la société absorbante, Cye holding, pour que la SCI puisse lui réclamer le paiement des loyers
impayés du chef de cette dernière ;
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que le contrat de bail en exécution duquel étaient
dus les loyers avait été souscrit par la société PII avant sa dissolution, et qu’ainsi, la
dette était née avant la fusion, peu important qu’elle n’ait pas été exigible à cette date, la
cour d’appel a violé les dispositions susvisées ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 28 mai 2002, entre les
parties, par la cour d’appel de Versailles ;
remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel d’Orléans ;
Publication : Bulletin 2005 IV N° 219 p. 235
Décision attaquée : Cour d’appel de Versailles , du 28 mai 2002
9) Lettre d’intention
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Lyon, 6 novembre 1998), que la Banque populaire de
Bourgogne a accordé à la société Loiseau mécanique (société Loiseau) divers concours
financiers ; que, pour obtenir le maintien des crédits de trésorerie et de découvert, la société
Sofiber, aujourd’hui dénommée Exel industries, actionnaire majoritaire, a remis à la banque
une lettre d’intention, dont la durée de validité était fixée au 30 septembre 1993 ; que, le 23
septembre 1993, la banque a signifié à la société Loiseau qu’elle n’était plus disposée à
maintenir les crédits à durée indéterminée consentis qui prendraient fin à l’expiration d’un
délai de 30 jours pour l’escompte commercial et autres crédits de mobilisation de créances et
de 60 jours pour les autres concours ; qu’elle a dénoncé cet avis à la société Sofiber le même
jour ; que la société Loiseau ayant été mise en redressement judiciaire, la Banque populaire de
Bourgogne a assigné la société Sofiber en paiement des sommes dues par la première,
invoquant l’engagement pris par la lettre d’intention ;
Sur le premier moyen, pris en ses deux branches :
Attendu que la société Sofiber fait grief à l’arrêt de sa condamnation à payer à la Banque
populaire de Bourgogne la somme de 1 300 000 francs, alors, selon le moyen :
1° que l’engagement pris par une société “ de faire le nécessaire “ pour qu’une de ses filiales
“ dispose d’une trésorerie suffisante pour faire face à ses engagements “ constitue une
obligation de moyens et non de résultat, la cour d’appel a violé les articles 1134 et 1147
du Code civil ;
2° que toute garantie donnée par le président du conseil d’administration d’une société
anonyme des engagements de tiers, notamment d’une filiale, devant être préalablement
autorisée par le conseil d’administration, la cour d’appel s’est prononcée par un motif
inopérant, en violation des articles 455 du nouveau Code de procédure civile, 1134 et 1147 du
Code civil, et 98 de la loi du 24 juillet 1966, en déduisant de l’existence d’une telle
autorisation que l’engagement de garantie donné par le président s’analysait en une obligation
de résultat et non en une obligation de moyens ;
106
Mais attendu qu’ayant relevé que la lettre litigieuse contenait l’engagement ferme de la
société Sofiber de faire le nécessaire pour que la société Loiseau dispose d’une trésorerie
suffisante lui permettant de faire face à ses engagements au titre des crédits de trésorerie
et de découvert envers la Banque de Bourgogne, ce dont elle a déduit que la première
s’obligeait à l’obtention du résultat, la cour d’appel, qui ne s’est pas fondée sur l’existence
d’une autorisation du conseil d’administration, a pu décider que le souscripteur de la lettre
avait garanti au créancier le remboursement de la dette en cas de défaillance de
l’emprunteur ; d’où il suit que le moyen n’est fondé en aucune de ses branches ;
Et sur le second moyen, pris en ses deux branches :
Attendu que la société Sofiber fait le même grief à l’arrêt alors, selon le moyen :
1° que la dénonciation d’un concours consenti par un organisme de crédit n’ayant pas pour
effet, sauf circonstances particulières, de rendre ce concours exigible, mais de fixer le point de
départ du délai contractuel à l’issue duquel il le deviendrait, la cour d’appel a violé l’article 60
de la loi du 24 janvier 1984 en fixant l’exigibilité des crédits consentis par la Banque
populaire de Bourgogne à la société Loiseau à la date de leur dénonciation ;
2° que, ayant relevé que la garantie de la société Sofiber expirait le 30 septembre 1993, et que
par son courrier du 23 septembre 1993 la banque signifiait à la société Loiseau que les crédits
qu’elle lui avait consentis prendraient fin à l’expiration d’un délai de 30 jours pour l’escompte
commercial et autres crédits de mobilisation de créances et de 60 jours pour les autres
concours, la cour d’appel n’a pas tiré les conséquences de ses propres constatations, et a violé
l’article 1134 du Code civil, en énonçant que les crédits consentis à la société Loiseau étaient
devenus exigibles avant l’expiration de la garantie donnée par la société Sofiber ;
Mais attendu, d’une part, que l’arrêt ne fixe pas l’exigibilité des crédits à la date de leur
dénonciation ;
Attendu, d’autre part, qu’en retenant que la dénonciation par la Banque populaire de
Bourgogne des concours octroyés à la société Sofiber et l’invocation du bénéfice de la
garantie avant l’arrivée du terme empêchait le souscripteur de la lettre d’opposer à la banque
l’extinction de son engagement, la cour d’appel, qui a fait ressortir que la dette du débiteur
principal était antérieure à la date limite de la garantie, a appliqué la loi du contrat ;
D’où il suit qu’irrecevable en sa première branche, le moyen n’est pas fondé pour le
surplus ; Par ces motifs :
REJETTE le pourvoi.
Publication : Bulletin 2002 IV N° 43 p. 43
Décision attaquée : Cour d’appel de Lyon, du 6 novembre 199
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu que le liquidateur fait grief à l’arrêt d’avoir dit que la société Lahitte exerçait à juste
titre le droit de rétention pour avoir paiement de la somme de 64 211,05 francs, montant de la
créance déclarée au passif de la société Spavia à titre chirographaire, alors, selon le pourvoi,
que le droit de rétention, droit réel dont le régime juridique est assimilé à celui du gage par
l’article 159 de la loi du 25 janvier 1985, constitue une sûreté au sens de l’article 51 de la
même loi ; d’où il suit que la cour d’appel, qui décide que la société Lahitte, qui a déclaré, à
titre chirographaire, sa créance à la liquidation judiciaire de la société Spavia, oppose à juste
titre au liquidateur, son droit de rétention sur le véhicule appartenant à la société débitrice, a
violé les textes susvisés ;
Mais attendu que le droit de rétention n’est pas une sûreté et n’est pas assimilable au gage ;
que, dès lors que le rétenteur a déclaré au passif sa créance, le liquidateur judiciaire ne peut
retirer la chose retenue qu’en payant, avec l’autorisation du juge-commissaire, cette créance ;
qu’il peut aussi procéder à sa réalisation, sous la même autorisation, dans les 6 mois du
jugement de liquidation, le droit de rétention du créancier étant de plein droit reporté sur le
prix ; que c’est donc à bon droit qu’en l’absence de paiement de la créance de la société
Lahitte la cour d’appel a dit opposable son droit de rétention au liquidateur judiciaire ; que le
moyen n’est pas fondé ;
rétention sur ces mêmes documents qui ne constituent plus, dès lors, que les accessoires de
ces véhicules sur lesquels elle ne dispose en droit d’aucune garantie ; Attendu qu’en se
déterminant ainsi, alors que les parties n’avaient pas entendu inscrire un gage sur les véhicules
et que la détention des documents litigieux et la créance de la société FCF avaient leur source
dans un même rapport juridique, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l’arrêt suivant :
Sur le moyen unique :
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Douai, 7 décembre 2011), que la société Fleurbaix distribution
(la société Fleurbaix) a été mise en liquidation judiciaire le 28 octobre 2008 ; que la société
CSF, aux droits de laquelle est venue la société CSF France, avec laquelle la société Fleurbaix
avait conclu un contrat d’approvisionnement non exclusif, incluant une clause de réserve de
propriété, a déclaré à titre privilégié une créance d’un montant de 14 198,25 euros ; que le
liquidateur a contesté le caractère privilégié de la créance ;
Attendu que la société CSF France fait grief à l’arrêt d’avoir confirmé l’ordonnance du juge-
commissaire en ce qu’elle a dit que le caractère privilégié de la créance déclarée par la
société CSF France, à la liquidation judiciaire de la société Fleurbaix, n’était pas justifié
et devait, en conséquence, être rejeté, alors, selon le moyen, que la propriété réservée
constitue une sûreté opposable à la procédure collective, sans exercice de l’action en
revendication ; qu’en l’espèce, la cour, qui a décidé que la créance de la société CSF France
ne pouvait être admise à titre privilégié, car, faute d’action en revendication exercée dans le
délai légal, le droit de propriété de la créancière était inopposable à la procédure
collective, a violé les articles 2323 et 2329 du code civil, ensemble les articles L. 624-9 et
L. 622-25 du code de commerce ;
Mais attendu qu’en application des dispositions combinées des articles 2329 du code civil et
L. 624-9 du code de commerce, si la clause de réserve de propriété constitue une sûreté
réelle, elle ne confère à son bénéficiaire aucun droit de préférence dans les répartitions ;
que par ce motif de pur droit substitué à ceux de la cour d’appel, après avertissement donné au
demandeur au pourvoi, l’arrêt se trouve justifié ; que le moyen n’est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
DECLARE IRRECEVABLE le pourvoi n° S 12-14.944 ;
REJETTE le pourvoi n° S 13-10.463 ;
13 ) Hypothèques judiciaires
109
l’hypothèque judiciaire définitive de 1998 a été inscrite le 19 juin 1998 au-delà du délai de
deux mois suivant le prononcé de l’arrêt du 24 mars 1998, expirant le 24 mai 1998, de sorte
qu’elles n’ont pas été confirmées par une inscription définitive dans le délai requis ;
Qu’en statuant ainsi après avoir constaté que l’hypothèque avait été inscrite au vu d’un
jugement du 8 avril 1994, lequel a été confirmé par un arrêt du 24 mars 1998, de sorte
que cette hypothèque était celle que la loi attache aux jugements de condamnation et
découlait de plein droit de ce jugement et n’était pas soumise aux dispositions de la loi n°
91-650 du 9 juillet 1991 et de son décret d’application du 31 juillet 1992, relatives aux
mesures conservatoires provisoires, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le premier moyen du pourvoi
incident :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a décidé que les hypothèques provisoires
du 10 mars 1995 sont rétroactivement privées d’effet et que le partage ordonné ne peut porter
atteinte à la donation du 28 mars 1997, l’arrêt rendu le 13 septembre 2010, entre les parties,
par la cour d’appel de Nancy ; remet, en conséquence, sur ces points, la cause et les parties
dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la
cour d’appel de Metz ;
Publication : Bulletin 2012, I, n° 57
Décision attaquée : Cour d’appel de Nancy, du 13 septembre 2010.