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[1]

0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. PRESENTATION DE L’OBJET D’ETUDE

Appréhender le préjudice comme un mal causé à quelqu’un d’autre quelle que


soit l’intensité de l’intention, c'est-à-dire qu’il s’agisse d’une action dolosive ou intentionnelle
qui est sa cause ou non, ce préjudice est toujours considérable dans la mesure où il aura causé
un dommage à autrui. ce faisant lorsque la victime a la preuve qui cette dernière est en
réalité une nécessité absolue en droit, c’est elle qui sert à convaincre du bien- fondé d’une
réclamation, car il ne suffit pas d’avoir le droit mais il faut le prouver. L’étude critique de
l’admissibilité des modes de preuve en matière civile et en matière commerciale revêt une
importance dans le sens qu’il faudrait démontrer les failles que revêtent certains modes de
preuve ainsi que leur admissibilité.

Ainsi, c’est en réalité le mal que cause le préjudice qui devra faire l’objet
de réparation par l’auteur de l’acte. Ce préjudice qui ne devra faire défaut de preuve, comme
nous l’avons évoqué ci-haut, de ce qu’il avance le demandeur, bien qu’il soit tout à fait
convaincu de la légitimité et de la régularité de son action en justice peut voir cette dernière
être rejetée pour la simple raison qu’il n’a pas de preuve.

En effet, une victime qui ne voit pas le tort qui lui a été intentionnellement ou
sans intention du tout ne pas être réparé peut se s’enfoncer dans une situation de stresse qui lui
faira croire qu’elle se trouve devant un Droit moins juste et équitable. Cependant, toutes les
preuves en rapport avec l’existence du préjudice peuvent être apportées devant la juridiction
compétente, mais que son évaluation pose un problème. L’évaluation du préjudice étant, en
des termes plus clairs, la détermination da la valeur dudit préjudice.

Ce problème devient d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’un préjudice


moral. Le préjudice moral étant la conséquence d’un mal physique causé à une personne mais
qui provoque une certaine altération mentale dans le chef de la victime. C’est ainsi que dans le
cadre de cette étude, nous allons nous focaliser sur la grande difficulté qui se pose dans la
réparation du préjudice moral.

.
[2]

0.2. ETAT DE LA QUESTION

L’état de la question est un inventaire des travaux mené antérieurement sur un


sujet d’étude en vue de découvrir ce que les autres ont écrit sur la matière dont on parle ou sur
une matière similaire.1

Il s’agit d’étudier de manière critique la recevabilité et l’établissement de la


réalité, la vérité d’un fait ou d’une allégation. Certes nous ne sommes pas les premiers à
traiter de cette matière. Il y en a plusieurs qui l’ont abordée dans le même sens que nous ou
dans un autre sens.

1. Le professeur KALUNGA TSHIKALA dans son livre intitulé droit


commercial général, il démontre la portée réelle du principe de la liberté de la preuve en droit
commercial, notamment en invoquant la limitation à ce principe tel que (la vente de fonds de
commerce, la cession des parts sociales) donc la faiblesse de ce principe, qui n’est pas absolu.
Il parle également de l’administration de la preuve par des moyens électroniques qui est
devenu un mode de preuve qu’on ne peut pas s’en passer en matière commerciale.
2. Dans son mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’étude approfondi,
intitulé la problématique de la réparation du préjudice causé aux victimes par ricochet, Aimé
BANZA, focalise sa problématique sur la réparation du préjudice causé aux victimes par
ricochet, qui ce derniers sont ceux qui subissent le mal de manière tout à fait indirecte, et ce
par le fait de leur dépendance de la victime d’une infraction qui ne saura plus assumer ses
charges comme avant la commission de l’acte préjudiciable. Il peut ainsi s’agir des enfants
dont le père a été renversé par un véhicule qui, du fait de cet accident, devient incapable de
fournir un quelconque travail.
3. Pour notre part, nous fondons nos analyses sur l’évaluation du préjudice
moral en droit congolais. Notre démarche connait une démarcation avec ces auteurs précités
dans la mesure où nous allons plutôt nous inscrire ans un cadre tel que la porté du préjudice
n’a pas une valeur monétaire quelconque. Le préjudice porte sur un élément extrapatrimonial.

1
MPALA, M., cours d’introduction à la recherche scientifique, UNILU, G2 Droit, 2010, inédit
[3]

0.3. CHOIX ET INTERET DU SUJET

0.3.1. CHOIX DU SUJET

Nous avons choisi ce thème car la réparation du préjudice est pour nous un
élément indispensable dans l’administration de la justice. Elle est indispensable dans la
réclamation des droits et obligations. Il ne suffit pas seulement de se prévaloir d’un droit que
l’on ne sait prouver. C’est ainsi que nous avons optés pour ce sujet afin de démontrer quelles
sont les règles qui gouvernent l’évaluation du préjudice moral en droit civil et en droit
commercial mais aussi d’en faire une critique. Le choix du présent sujet n’est pas une
imposition de la faculté de Droit mais plutôt une émanation de notre volonté et de notre
curiosité scientifique.

0.3.2. INTERET DU SUJET

L’intérêt de ce sujet se justifie au niveau personnel, au niveau scientifique et


au niveau social.

 Au niveau personnel

En réfléchissant sur ce sujet, nous avons voulu bien approfondir notre


connaissance en cette matière, et surtout apprendre comment le Droit civil congolais réprime
ce comportement barbare qui constitue de violations graves des droits fondamentaux reconnus
par la constitution.

Notre intérêt, en qualité de juriste en formation, consiste également à savoir


qui, et par quel mécanisme ou par quel procédé nous pouvons arriver à évaluer un préjudice
moral causé à une personne.

 Au niveau scientifique

Ce sujet servira aux autres Scientifique juristes ou n’importe quel chercheur


passionné par l’étude du droit afin de mieux faire ses recherche, et comprendre le préjudice,
son évaluation, ou encore mieux le remplacement de certaines valeurs morales par d’autres
biens, en l’occurrence l’argent. Ce sujet pourra encore lui être utile dans le sens qu’il pourra
[4]

étendre ses recherches sur la réparation du préjudice moral en droit congolais, que ce soit en
matière du droit du travail, ou en matière du droit pénal mais aussi en droit des assurances.

 Au niveau social

Ce sujet pourra présenter un intérêt non négligeable pour la population


congolaise tout entière dans la mesure où il s’agira d’une autre piste de solution parmi tant
d’autres en rapport avec la réparation du préjudice moral que peut subir une personne.

0.4. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES

0.4.1. PROBLEMATIQUE

La problématique est l’expression de la Préoccupation majeure qui circonscrit


de façon précise et détermine avec une absolue clarté les dimensions essentielles de l’objet de
l’étude que le chercheur se propose de mener 2.

La problématique est l’ensemble des problèmes qui se pose sur un sujet. 3 Pour
notre part, la problématique est comprise comme quelques questions que nous nous posons en
rapport avec notre objet d’étude l afin donner les tenants et les aboutissants par rapport au
thème qu’il a choisi.

Si prouver, c’est de la part de l’une des parties de soumettre au juge saisi d’une
contestation des éléments des convictions propre à justifier la vérité des faits qu’elle allègue et
que l’autre dénie.4Il faut cependant se poser la question au mieux certaines questions sur
l’efficacité, les règles et la possibilité de rectifier ou de changer certains modes de preuve.

Comment peut-on évaluer le préjudice moral subi par une personne ?

2
WENU BEKKER, Recherche scientifique THEORIE ET PRATIQUE, presse universitaire de Lubumbashi,
Lubumbashi ; 2009, P.1
3
Le robert, petit dictionnaire, dépôt légal, 2011, P.358.
4
Aubry Héros cité par KIFWABALA TEKILAZAYA Jean Pierre, cours d’administration de la preuve, G3 Droit prive
et judiciaire, UNILU, 2014, inédit.
[5]

0.4.2. HYPOTHESE

Par définition, l’hypothèse du travail est la proposition des réponses aux


questions que l’on se pose à propos de l’objet de la recherche formulée en des termes tels que
l’observation et l’analyse puissent fournir une réponse 5

L’hypothèse du travail est la proposition des réponses aux questions que l’on
s’est posé dans la problématique.6

L’hypothèse est aussi toute tentative de la réponse proposée aux questions


posées au niveau de la problématique7

Pour Jacques PIEL, l’hypothèse du travail est l’idée directrice, une tentative
d’exploitation des faits formulées au début de la recherche destinée à guider l’investigation, à
être abandonnée ou maintenue d’après les résultats de l’observation dans la même
perspective d’idées8

Cette relation issue d’une investigation scientifique doit être confirmée,


infirmée ou nuancée selon que le fait est maintenu, rejeté ou amandé.

Il faudrait donc au préalable qu’on prenne conscience de ce qu’on recherche,


de ce que l’on veut apprendre exactement. Cette exigence postule que l’on détermine de façon
unique l’objet du travail.

5
NIZURI GERO, Méthodes et recherche du travail, notes des cours, UNILU, G1 Sociologie, UNILU, 2013-2014,
inédit.
6
NKWANDA MUJINGA Simplice, Initiation à la recherche scientifique, notes des cours, G2 Droit, UNILU, 2011,
inédit.
7
MBAYA KABAMBA, Méthodes de recherche en science sociale, notes des cours, G2 SPA, UNILU, 2009, inédit.
8
PIEL- J. cité par KABEYA, la règle de primauté de la preuve écrite en Droit civil congolais, mémoire défendu à
l’UNIKI, 2010, inédit.
[6]

0.5. METHODES ET TECHNIQUES

0.5.1. METHODES

La méthode est l’ensemble des démarches raisonnées suivies pour parvenir à


un but.9

La méthode est définit par PINTO et GRAWITZ, comme un ensemble


d’opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à étudier les vérités qu’elle
poursuit, les démontrent et les vérifient. 10

En ce qui concerne le présent travail nous avons fait recours aux méthodes
suivantes :

a) Exégétique et juridique : la première consiste à analyser et Interpréter un


texte et à faire des critiques et la seconde se concentre sur les textes juridiques, elle nous
permet de procéder à l’analyse des codes et textes relatifs à notre étude.
b) Comparative : elle nous a permis de faire une étude sur les modes de preuve
en Droit civil et Droit commercial mais elle nous a permis également de comprendre notre
législation sur le préjudice et celles des autres pays notamment la FRANCE et la BELGIQUE.

0.5.2. TECHNIQUES DE RECHERCHE

La technique de recherche est définie comme étant l’ensemble de moyen


pratique que le chercheur adopte en vue de saisir l’objet de son travail et qui aboutit à une
opération intellectuelle capable d’expliquer ses projets.11

Selon ALBOVY, les techniques ne sont que des outils mis à la disposition du
chercheur et organisés par une méthode, elles sont illimitées et sont communes dans la plupart
des sciences.12

Pour la réalisation du présent travail nous nous sommes servi des techniques
suivantes :

9
Le robert, le petit dictionnaire, dépôt légal, 2011 p.286
10
PINTO, R. et GRAWITZ, M., les méthodes des sciences sociales, Dalloz, paris, 1971, P.389.
11
MUSWITA P., Méthode de recherche scientifique, notes de cours, G2 Droit UNILU, 2008, inédit
12
ALBOVY, cité par KABEYA LUTSHA, Op.cit. inédit
[7]

a) La technique documentaire : cette technique consiste à analyser les


documents pour arriver à déterminer les contenus de ces documents. Dans le cas sous examen,
il s’agit principalement des dispositions légales et autres textes juridiques en rapport avec
notre sujet.
b) L’observation directe qui est cette forme d’observation qui porte
directement sur la notion ou les faits étudiés, qu’ils s’agissent des individus devant présenter
la preuve ou ceux devant la recevoir. Elle peut donc être libre, dirigée ou participante, et dans
le cadre de notre travail, nous avons fait recours à l’observation libre.
c) L’interview : la technique d’interview libre nous a permis de récolter une
masse d’information utile à notre étude. Grâce à cette dernière, nous avons rencontrés, sur
terrain, les praticiens de droit (magistrats, avocats, défenseurs judiciaires) qui ont eu à nous
expliquer comment les justiciables parviennent à perdre leur l’estimation en terme de somme
d’argent faute d’une évaluation véritable. Par cette technique, les enseignants de droit, les
praticiens de droit et les penseurs de droit ont eu chacun à nous démontrer comment la loi
congolaise en matière de réparation du préjudice moral est en retard par rapport à la
législation des autres pays.

0.6. DELIMITATION DU SUJET

Dans le cadre scientifique, la prudence est recommandée afin de mieux


appréhender une situation, un phénomène ou une étude d’une manière satisfaisante, il faudrait
le délimiter dans le temps et dans l’espace. Le présent travail ne faira pas exception ; d’où il
sera délimité spatialement et temporellement.

0.6.1. DELIMITATION TEMPORELLE

Dans le temps, le présent travail couvre la période de l’année 2006 année au


cours de laquelle notre pays va mettre en place une nouvelle constitution et cela a marqué
d’énormes changements dans l’organisation et le fonctionnement des institutions publiques ;
jusqu’à l’année 2017, qui est celle de sa rédaction. Cela ne va tout de même pas nous
empêcher à recourir aux dispositions du code civile congolais qui remonte à 1888.
[8]

0.6.2. DELIMITATION DANS L’ESPACE

La délimitation dans l’espace est à la foi interne et internationale. Nous


délimitons ce sujet au niveau interne c'est-à-dire dans les limites de la République
Démocratique Du Congo. C’est en rapport avec la partie consacrée à l’étude de l’évaluation
du préjudice moral. Mais cela ne peut pas nous empêcher à recourir à la jurisprudence
étrangère pour enrichir nos investigations.

0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Tout travail scientifique doit être structuré et articulé selon un échelonnement


intellectuel et logique.

Le présent travail sous analyse et subordonné à la même règle car ne pouvant


pas faire exception. Donc il doit se conformer aux normes scientifiques. C’est ainsi qu’il
comprendra hormis l’introduction générale, et la conclusion, il sera axé sur deux chapitres
qui, à leurs tours seront subdivisés en section, sous-section et paragraphe. Le premier chapitre
portera sur la réparation du préjudice moral en Droit congolais et le second et dernier chapitre,
sera axé sur la réparation du préjudice moral en Droit positif congolais, point focal de notre
étude.
[9]

CHAPITRE : I NOTION GENERALE SUR LA REPARATION DU


PREJUDICE MORAL

SECTION I : LE PREJUDICE MORAL

§1 APPROCHE LEXICALE

Suivant la théorie traditionnelle, le fondement de la responsabilité est la faute,


c’est- à- dire la faute commise par un être doué de raison et de discernement. Ce principe se
trouve textuellement consacré par les articles 258 et suivants du CCCL III dont il résulte que
seul est responsable du dommage, celui par la faute duquel il est arrivé.

Cette réglementation ancienne a été empruntée par notre code au code


napoléon de 1804 pour ne pas citer les codes civils belge et français. Cependant, s’il est vrai
que cette réglementation date de longtemps, il faut aussi souligner qu’elle n’a guère subi des
modifications alors que la mouvance des faits crée continuellement des situations nouvelles.
C’est le cas par exemple du progrès technique et industriel qui, par le fait du machinisme
accroît le nombre de victimes dues aux fautes directes ou indirectes.15 Et les articles précités
insistent sur le fait que le dommage doit être réparé intégralement sans distinguer si l’auteur a
commis une faute légère ou lourde. Cette position légale crée une ouverture tendant à stimuler
tout individu, c’est-à-dire non seulement la victime du comportement incriminé mais
également toute autre personne, quel que soit le niveau de préjudice subi et le niveau de lien
social avec la victime, à réclamer la réparation des dommages subis. 13

13
LALOU H. ; Traité pratique de la responsabilité civile, Paris, Dalloz, Paris, 1955, P. 105.
[10]

Cette observation nous amène à dire que si les articles 258 et suivants
déterminent limitativement le responsable et le civilement responsable incriminé, il reste à
savoir également tranché quant à la limite des bénéficiaires de l’action en responsabilité.

Plusieurs auteurs ont défini le dommage moral ; mais nous nous contenterons
dans le cadre de cette étude de n’en retenir que trois.

Pour définir le dommage moral, HANS Lalou part d’une notion fondamentale,
la notion de droit et oppose le dommage moral au dommage matériel en basant cette
opposition sur la grande division des droits : les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux. « Un dommage, écrit-il, est une atteinte à un droit, or il existe deux
variétés de droits »14

 Les droits patrimoniaux, lesquels aboutissent à procurer à leurs


titulaires des satisfactions pécuniaires ou tout au moins appréciables en argent,
comme les droits réels, les droits personnels, les droits intellectuels, les bénéfices
résultant de l'exercice d'une profession.
 Les droits extrapatrimoniaux comme les droits politiques, les
droits inhérents à la personnalité (droit à la vie, à la liberté de conscience ou de
parole) et les droits de famille résultant de la qualité d’époux, de parents,

C’est sans doute cette idée maîtresse qui a poussé Mazeaud et Tunc à définir
cette notion d’une manière lapidaire en disant que : le dommage matériel, c’est le préjudice
patrimonial, le préjudice moral, c’est le préjudice extrapatrimonial, non économique ». Nous
disons quant à nous que le préjudice moral est une souffrance subie par une personne par le
fait d’un tiers.

La notion que notre travail se propose d’étudier est une notion abstraite,
insaisissable au premier abord. Peut-êtrefaudra-t-il la concrétiser en relevant à travers la
jurisprudence des cas concrets. Ce sera l’objet de notre second chapitre. Mais avant d’en
arriver là, voyons dans une deuxième et troisième section les caractères du dommage moral
réparable et le rôle du dommage dans la responsabilité civile.

14
Idem, p. 953
[11]

SECTION II : CARACTERES DU PREJUDICE MORAL

Tout dommage n’est pas réparable. C’est dire qu’en droit congolais, comme en
droit français et belge, pour être réparé le dommage doit remplir certaines conditions : il doit
être certain, actuel, direct et consister dans la violation d’un intérêt légitime. Le système
congolais de droit écrit limite donc le nombre des dommages pouvant donner lieu à
réparation. En dehors de cette limitation traduite en forme de condition que doit remplir tout
préjudice, il n y a pas de réparation possible. Mais qu’en est-il des bénéficiaires de cette
réparation ? Et que dit le droit coutumier ? Le caractère restrictif du droit écrit est en
opposition avec le droit coutumier. En effet, les actes dommageables pouvant donner lieu à
réparation sont plus nombreux en droit coutumier. Traiter quelqu’ un d’esclave, de sorcier,
constitue un fait dommageable qui doit être réparé Chez les Nyanga, sauf si ses allégations
sont vraies. Le fait pour un mari de dire à sa femme qu’elle sent mauvais est un véritable fait
dommageable. Ce sont là quelques cas pris au hasard ; les exemples sont légion car en droit
coutumier « tout est acte dommageable ».

Nous comprenons cette conception du droit coutumier, « quand nous savons


que ce dernier traduit la manière de vivre des autochtones, leur civilisation particulière, leur
façon d’envisager le monde, les rapports sociaux, la justice » . Cette observation étant faite,
examinons maintenant tour à tour les différents caractères du dommage réparable en Droit
congolais en tant que tel.

§ 1. Le dommage doit être certain et actuel.

Comme le préjudice matériel, pour donner lieu à réparation, le préjudice moral


doit être certain. Est certain non seulement ce qui est mais aussi ce qui sera nécessairement.
Certes, l’intérêt doit être certain et actuel, mais il faut faire entrer dans l’évaluation du
préjudice, le préjudice futur lorsque celui-ci se lie nécessairement au préjudice présent car un
[12]

événement futur peut être aussi certain, le juge devra en tenir compte dans la mesure où il est
« la prolongation certaine et directe d’un état de chose actuel ».15

Cependant, un préjudice peut-être seulement futur, sans la prolongation d’un


préjudice présent. Même dans ce cas, le juge doit faire droit à l’action de la victime lorsque
cette dernière demande réparation pour offense à un droit susceptible d’évaluation immédiate,
toujours à condition que le préjudice apparaisse déjà comme certain : « un préjudice qui n’est
pas réalisé peut justifier une condamnation actuelle si sa réalisation est dès maintenant
certaine parce qu’il sera le développement d’un préjudice certain en évolution.16

En dehors de ce caractère certain du préjudice, la victime doit avoir souffert


personnellement de ce dommage. Cependant, il n’est pas exclu qu’un dommage subi par une
personne porte préjudice à autrui par répercussion. Il faut également tenir compte du fait que
le préjudice frappe à des degrés différents ceux qui en sont victimes. Cette hypothèse se
rencontre surtout dans le cas d’un accident mortel et soulève de nombreux problèmes,
essentiellement celui relatif à la liste des ayants-droit. 17

Le caractère certain et actuel du préjudice moral est fondamental. La


jurisprudence congolaise est unanime et constante à ce sujet.18

La cour retient cependant pour la fille un dommage moral certain qui consiste «
notamment dans les douleurs et souffrances causées par les blessures, dans le sentiment
pénible que provoque la conscience d’une certaine diminution physique, dans la répercussion
que cette invalidité permanente peut avoir sur toutes les activités non professionnelles de la
victime ».19

Le problème de la certitude du dommage réparable va de pair avec la question


des bénéficiaires de l’action en réparation et de la nécessité de la limitation de leur nombre.

15
MAZEAUD ET TUNC ; Traité théorique et pratique de la responsabilité civile délictuelle, t.1, 5è éd. Paris Mont
chrestien, Paris, 1957, P. 378.
16
NYANGA : Communauté tribale vivant dans le territoire de WALIKALE au NORD/KIVU,/ éd. Africa, Kinshasa
1999, p. 48
17
KALONGO MBIKAYI ; « Problèmes d’adaptation des principes moteurs de la responsabilité civile en droit
privé Zaïrois » in cahiers « ex-études congolaises » ( n°1, mars 1970), p. 81.
18
1957, R.J.C.B 1958, P. 14 Elis. Nov. 1915, Jur. Col. 1926, p. 179.
19
23 mars 1965, R.J.C 1965, p. 121 ; Cour d’Appel de Léo, 11 sept. 1958, R.J.C.B 1958, p. 223 ; Cour d’Appel de
Léo, 4 juin
[13]

Nous serons donc obligés d’y revenir plus loin. Cependant, disons déjà que la jurisprudence
congolaise rend difficile les conditions d’exercice de l’action en réparation du dommage
moral. Les décisions auxquelles nous venons de faire allusion confondent deux notions qui, à
notre avis doivent être distinguées : le caractère certain du préjudice d’une part et le degré de
gravité de ce même préjudice d’autre part. Un préjudice tout en étant certain peut être moins
important qu’un autre. Aussi, estimons-nous qu’il faudrait accorder une indemnité qui soit
proportionnée au degré de gravité du dommage. Certes, dans certains cas, cette indemnité sera
fort réduite et ne revêtira qu’un caractère symbolique, mais, au moins, elle aura abouti à une
chose : l’affirmation d’un droit.

Certes, certaines personnes se demanderont comment peut-on apprécier la


gravité du préjudice moral ? Cette gravité s appréciera par rapport aux liens qui unissent la
victime directe d’un fait quelconque au demandeur d’une action en réparation ; aux caractères
certain, actuel, direct du préjudice moral souffert, préjudice qui est né suite à la violation d’un
intérêt légitime. Cette question a rencontré aussi bien notre préoccupation que celle des
doctrinaires dont les écrits ont retenu notre attention (Titre II, chap. II du présent travail).

§ 2. Le dommage doit être direct.

Le dommage réparable, qu’il soit moral ou matériel, doit être direct c’est-à-dire
une suite directe et immédiate de la faute. C’est ce qui ressort de l’article 258 qui exige un
lien de causalité entre le dommage et la faute : ce qu’il faut réparer, nous dit l’article 258,
c’est « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage ».

La tâche du juge ne sera pas facile pour déterminer ce lien de causalité.


Compte tenu de la complexité de la vie, le problème pour le juge sera de déterminer la cause
exacte ; il peut y avoir plusieurs agissant d’une manière immédiate, lointaine, directe ou
indirecte. Plusieurs théories ont été développées dans ce domaine ; chacune d’elles cherchant
à mettre en valeur la cause ou les causes dont il faudrait tenir compte chaque fois qu’il y aura
un dommage : la théorie de l’équivalence des conditions, la théorie de la proximité de la
causalité adéquate.

Cette matière n’a qu’une incidence indirecte sur notre sujet. Aussi ne la
développerons-nous pas dans le cadre de cette étude. Disons toutefois que ce lien de causalité
n’est pas en soi une condition s’imposant d’une manière objective car certains systèmes
[14]

juridiques n’y attachent pas beaucoup d’importance. Il en est de même pour la plupart des
systèmes africains et de certaines populations paysannes de l’occident.

L’originalité africaine dans cette matière s’explique par la place qu’occupe la


notion de faute en droit coutumier. Comme nous aurons l’occasion de le démontrer dans les
lignes qui vont suivre, le droit traditionnel qui se soucie plus de la victime que de toute idée
de faute ne cherchera pas à connaître l’origine du dommage, mais il en constatera tout
simplement l’existence. Il y a là une objectivation de la responsabilité civile. Dès lors « on
peut comprendre la préoccupation des gens des milieux traditionnels à attribuer à
l’ensorcellement, à l’action des ancêtres ou à toute autre pratique superstitieuse l’origine d’un
dommage qu’il viendrait à subir sans en trouver l’origine et à entreprendre eux-mêmes toute
action superstitieuse ou autre après consultation des devins pour arriver à la suppression de
leur dommage.

Mais notre système de droit écrit inspiré du droit franco-belge attache une
grande importance à la notion de cause et fait de ce lien de causalité une des conditions sans
laquelle tout exercice de l’action en responsabilité civile est impossible.

Mais que faut-il entendre par dommage direct ? Toulemon et Moore répondent
à cette question en ces termes : « pour employer le langage de la mathématique, on peut dire
qu’il y a dommage direct chaque fois que le fait dommageable en est la condition nécessaire
et suffisante ; nécessaire parce que le dommage n’aurait pas eu lieu si la faute ne s’était pas
produite ; suffisante parce que la faute s étant produite, le préjudice devait s’en suivre sans
qu’aucun autre événement, action, ou omission, cas fortuit ou force majeure n’ait concouru
d’une manière notable à la réalisation du dommage ; au contraire d’une manière générale, le
préjudice indirect sera celui dont la cause nécessaire sera le fait dommageable mais qui n’en
sera pas la cause suffisante, un fait distinct et complémentaire étant venu s’ajouter à cette
cause initiale ».20

§ 3. Le préjudice doit consister dans la violation d’un intérêt légitime.

20
TOULEMON et MOORE, le préjudice corporel et moral en droit commun, Sirey, Paris, 1968, P. 130
[15]

A côté des conditions que nous venons d’étudier une autre condition est exigée
: le dommage doit « porter atteinte à un intérêt légitime ». C’est dire que la situation lésée doit
être licite et morale.

Mais la formule employée par la cour de cassation Française dans un arrêt de la


chambre civile du 27 juillet 1937 semble exiger plus qu’un intérêt légitime : « attendu que le
demandeur d’indemnité délictuelle ou quasi délictuelle doit justifier, non d’un dommage
quelconque mais de la lésion certaine d’un intérêt légitime juridiquement protégé ».

Toute l’attention a été portée sur l’expression « juridiquement protégé » et


l’ons’est demandé la valeur qu’il fallait accorder à ces mots. Sur base de ce principe en 1937,
la cour rejeta l’action de la concubine, non seulement parce que le préjudice qu’elle invoque
est immoral ou « illégitime » mais parce que le concubinage ne lui a pas donné de « droit » à
l’encontre de son concubin et qu’il ne peut en conséquence, le lui donner à l’encontre des
tiers.

Nous verrons dans la suite que cette question connaîtra une évolution. L’action
de la concubine ne sera plus rejetée sur base du manque d’un intérêt « juridiquement protégé»
mais sur base d’autres éléments : le manque de garanties de stabilité et le caractère délictueux
du concubinage. 21

SECTION III : LE PREJUDICE ET LA REPARATION

L’action en responsabilité n’est engagée que lorsqu’il y a un dommage, une


faute et un lien de causalité entre la faute et le dommage (art. 258, livre III C.C.C). Le
dommage joue un rôle important car l’on ne peut agir en justice que dans la mesure où il y a
atteinte à un droit. C’est là l’application du principe : « pas d’intérêt, pas d’action ». Cet
intérêt, nous l’avons vu, peut être pécuniaire ou moral.

Cependant malgré cette importance du dommage que nous venons de


souligner, l’institution de la responsabilité civile était présentée en 1804 sous un aspect
essentiellement répressif. C’est dire que les rédacteurs du code de la cour a posé ce principe à
l’occasion d’une action en responsabilité introduite par une concubine à la suite de la mort

21
KALONGO MBIKAYI ; Droit civil-Obligations, Cours polycopié, UNAZA, 1972, P. 134
[16]

accidentelle de son amant. En 1804 les réflexions se sont plus préoccupées du comportement
fautif de l’auteur du dommage que du dommage lui-même.

Suffit-il qu’il y ait dommage pour engager la responsabilité civile ? Non, le


seul dommage ne suffit pas, encore faut-il que ce dommage provienne d’un comportement
fautif. C’est enfin de compte l’affirmation de la primauté de la faute sur le dommage.

Nous comprenons dès lors que plus tard, c’est-à-dire à la fin du XIXe siècle, le
principe de la responsabilité pour faute se soit avéré inadapté et insuffisant devant le nombre
de dommages toujours croissants à la suite du progrès technique. Aussi, nous écartons de
notre étude l’appréciation du dommage et responsabilité civile du point de vue de la matière
qui intéresse le contentieux administratif, domaine qui apprécie différemment le concept
comme « risque». 22

Ainsi poursuivons-nous, l’expérience occidentale nous montre que les


tendances modernes vont dans le sens d’une responsabilité collective, plaçant en second plan
la notion de faute pour se soucier plus de la victime et pour lui garantir la réparation de tout
dommage qu’elle viendrait à subir. Cependant malgré ce vent nouveau, notre droit écrit reste
encore cantonné dans la conception classique de la responsabilité ; consacrant un principe
individualiste et subjectiviste qui relègue au second plan la notion de dommage.

La conception du droit écrit dont nous venons de dégager les principes


directeurs s’oppose à la conception du droit coutumier. « Alors que, écrit Kalongo Mbikayi, la
conception de la responsabilité civile est subjectiviste en droit congolais, la conception
coutumière est objectiviste ; le seul dommage subi suffit pour donner à la victime le droit
d’exiger réparation sans fournir la moindre preuve de la faute ou de toute autre cause
génératrice du dommage. Le droit traditionnel semble se soucier de la victime plutôt que de
tout état psychique de l’auteur du dommage ».23

Là ne s’arrête pas la différence entre notre système du droit écrit et le droit


traditionnel. Nous avons déjà signalé le fait que les actes dommageables sont plus nombreux
en droit coutumier qu’en droit écrit. En outre l’individu est essentiellement dépendant du
groupe, toute atteinte portée à ses droits se répercute sur ceux du groupe.

22
KALONGO MBIKAYI, op.cit, p.102

23
Idem
[17]

Rien ne nous surprend, cette conception reflète la philosophie même des


Bantous, leur civilisation et l’organisation de l’institution familiale. Et c’est non sans raison
que Placide Tempels écrivait que « le droit positif des Bantous cadre avec leur morale
anthologique et tout droit coutumier digne de ce nom est inspiré, animé et justifié du point de
vue bantou par sa philosophie de la force vitale, de l’accroissement, de l’intelligence, de
l’influence et de la hiérarchie vitale »24. Nous venons de dégager une nette différence entre le
droit coutumier et le droit écrit en matière de la responsabilité civile quant au rôle joué par le
dommage dans les deux droits. Mais quels sont les mérites et les inconvénients de la
conception objective ?

Le droit traditionnel se soucie plus de la victime que de l’auteur du dommage.


Tout danger d’insolvabilité est écarté dans ce système ; c’est tout le groupe qui répond du
dommage causé par l’un de ses membres. Cette conception a le mérite de prendre en même
temps en considération les notions de faute et de dommage. En effet, dans ce système, la faute
n’est pas totalement exclue, elle sert de mesure de réparation. On doit cependant déplorer le
fait que le groupe sur lequel pèse l’obligation de réparer n’est pas toujours bien déterminé.
C’est une notion élastique qui varie avec les coutumes : tantôt c’est le clan, tantôt c’est la
cellule familiale. La conception subjectiviste au contraire en faisant peser la charge de la
preuve de la faute sur le demandeur risque dans beaucoup de cas de laisser la victime dans
l’incapacité éventuelle à démontrer la faute de l’auteur du dommage. L’habileté du défendeur
à prouver son innocence risque de laisser le préjudice non réparé. Le droit coutumier est
également imprégné des croyances religieuses ; il est souvent difficile de distinguer le
juridique du religieux car « droit et religion, droit et morale ne font pas un». Ce caractère
sacré n’est pas propre au droit nègre, il semble que « tous les droits anciens, primitifs, avaient
surtout un caractère religieux. Ainsi les historiens du droit romain répètent qu’avant le « jus »,
il y a eu le « fas ».

Nous estimons pour notre part, qu’il faut également désacraliser le doit
coutumier, car l’élasticité de la notion du dommage en droit coutumier ne s’explique que par
le caractère magico religieux de ce même droit. Il faut arriver, nous semble-t-il, à introduire la
notion de lien de causalité pour que tout dommage ne soit pas réparable. Il faut en d’autres
termes limiter le nombre de dommages en excluant de cette matière les causes magiques, les
croyances superstitieuses qui sont loin d’être du droit.

24
Placide TEMPELS cité par KALOMBO MBIKAYI, op.cit, p. 105
[18]

Mises à part ces imperfections, la conception coutumière épouse bien la


conception moderne de la responsabilité civile. Sous l’influence de tout un faisceau de
facteurs : machinisme, désir de venir en aide à toute victime la conception du droit écrit est en
voie de virer vers celle du droit coutumier. Le problème qui se pose, c’est de remédier aux
inconvénients signalés plus haut. KALONGO espère « suppléer à l’inefficacité de la garantie
clanique en développant la socialisation moderne des risques grâce à l’assurance et la sécurité
sociale qui ont chez nous une structure monopolistique ».25

La proposition de KALONGO est heureuse, estimons-nous. Cette situation


pourra réussir à concilier la tradition et le modernisme. Habitué à la dépendance du groupe, à
son contrôle et surtout à sa protection, l’africain ne pourra pas se sentir dépaysé en face « des
techniques occidentales de réparation collective du type assurances ou de la sécurité sociale ».

Nous ne pensons pas nécessaire de marquer une insistance sur la capacité ou


l’incapacité (mineur, dément) de l’auteur du dommage moral parce que cette question trouve
sa solution par l’application des articles 258, 260, 261 et 262 du code civil livre troisième.

Nous aimerions ici fixer la curiosité scientifique de nos lecteurs : le dommage


moral dont il est question ici est la conséquence d’un préjudice principal pour lequel on
sollicite sa réparation. C’est le cas d’une mort occasionnée par la circulation routière
(accident) d’un père de famille qui affecte les survivants de sa famille. Nous voici à la fin de
notre premier chapitre. Après avoir circonscrit la notion même du dommage moral en faisant
l’étude de sa définition, ses caractères et de son rôle en matière de la responsabilité
acquiliènne, il nous faudra rechercher à travers la jurisprudence congolaise les divers cas
pratiques par elle rencontrés de façon à en dégager les différentes catégories du dommage
moral. Ce sera l’objet de notre second chapitre.

25
KALOMBO MBIKAYI, op.cit, p. 10
[19]

CHAPITRE II : LA REPARATION DU PREJUDICE MORAL EN


DROIT CONGOLAIS

SECTION I : L’ACTION EN REPARATION

§1 les bénéficiaires de l’action en réparation.

 Position doctrinale et légale.

Une fois que le dommage, la faute et le lien de causalité sont établis, la victime
du dommage a droit à l’exercice de l’action en réparation. Le problème ne présente pas de
difficulté quand il s’agit de dédommager la victime directe de l’acte fautif.

Mais la question devient difficile à résoudre à partir du moment où le préjudice


atteint plusieurs personnes à la fois. En effet, les conséquences d’un accident mortel par
exemple peuvent porter préjudice à plusieurs individus ; un décès cause presque toujours de «
véritables catastrophes bouleversant la situation de tous ceux qui croyaient pouvoir compter
pécuniairement sur le disparu et semant la douleur chez tous ceux qui avaient pour lui une
affection véritable ». Dès lors comment limiter des actions en réparation intentées à la suite
d’un décès accidentel ?

Toutes ces personnes peuvent-elles bénéficier d’une action en responsabilité


contre l’auteur du décès ? C’est là tout le problème des bénéficiaires de l’action en réparation
du dommage moral. Faut-il limiter la liste des bénéficiaires de cette action ? Si oui comment
fixer cette limite ; quels sont les critères de limitation ?

 Adoption d’un critère général : « Les liens de parenté ou


d’alliance»
[20]

La jurisprudence congolaise a fixé un critère général au regard


duquel doivent s’apprécier l’affection, la douleur de la victime d’un dommage. « Le dommage
moral, en effet, résulte des liens étroits de parenté ou d’alliance qui unissent la victime à ceux
qui demandent réparation, il s’apprécie sur base de ces liens, ex aequo et Bono ». Il convient
d’analyser ce critère et en donner la portée réelle. Que faut-il entendre par « liens de parenté
ou d’alliance»?

 Analyse de ce critère.

Le dictionnaire du Droit définit la parenté comme « le lien entre deux


personnes descendant en ligne directe ou en ligne collatérale soit l’une de L’autre soit toutes
deux d’un auteur commun. La ligne directe se subdivise en ligne ascendante et en ligne
descendante. On distingue également la ligne paternelle et maternelle ».

Par ailleurs les alliés sont « des personnes non parentés qui viendraient à la
suite d’un mariage se joindre à la famille. L’alliancen’engendre des rapports qu’entre chaque
époux et les parents de l’autre ».

Ce critère est général. Si notre jurisprudence veut rester logique avec elle-
même, elle devra chaque fois qu’elle y recourra, donner au terme « parent » une portée
générale : ce terme devra viser aussi bien les parents. Nous aurons pu partir des définitions
Zaïroises, mais la jurisprudence écrite qui pose ce critère ne définit nulle part ce qu’elle
entend par parenté ou alliance. Il faut donc tenir compte du fait que les termes parenté et
alliance auront une coloration différente selon que nous voyons les problèmes sous l’angle
droit écrit ou celui de droit coutumier. On a germains, consanguins qu’utérins. Il existe
également plusieurs sortes de parenté : la parenté naturelle et la parenté adoptive.

Cette formule a été reprise par la jurisprudence française. Pour cette


jurisprudence, ce critère a été d’une grande utilité dans la recherche des solutions aux
problèmes que pose la réparation du dommage moral. Il traduit un net progrès quand nous le
comparons à la formule encore plus générale dont a usé la cour de cassation française dans un
arrêt de sa chambre criminelle du 20 février 1863 et dans lequel elle affirmait qu’on ne
pouvait pas tenir compte de la nature du lien qui doit unir en cas de décès la victime du fait
avec celui de ses ayants droit qui en demanderaient réparation ».

Beaucoup d’arrêts de la Cour de cassation française vont dans la suite


reproduire textuellement ce motif sans se rendre compte du fait que la cour de cassation n
[21]

avait usé de cette formule que pour « rejeter certaines distinctions qu’on lui demandait
d’établir entre les membres de la famille de telle sorte qu’elle ne voulait peut-être point
affirmer par-là que le cercle des réclamants puisse dépasser celui de la parenté et d’alliance ».

Cette erreur sur la portée réelle de la formule de la cour de cassation a amené


les juridictions inférieures à interpréter à la lettre l’arrêt précité de 1863. Cette interprétation
aboutissait à l’affirmation selon laquelle « toute personne se prévalant d’une douleur réelle,
quel que soit le lien l unissant au défunt (parenté, alliance, amitié) devait obtenir réparation ».
Aussi verrons-nous dans la suite non seulement des parents éloignés mais aussi des personnes
sans lien de parenté ni d’alliance avec la victime, de simples amis et même des concubines
admises à se plaindre de la lésion éprouvée par leurs sentiments d’affection.

Devant cette multitude d’actions contre un seul responsable, il faudra attendre


l’arrêt du 2 février 1931 pour voir apparaître un critère nouveau, une nouvelle formule plus
restrictive que la première : « le lien de parenté ou d’alliance ». Le principe est posé : seuls les
parents et alliés peuvent exercer l’action en réparation. Mais pourquoi la chambre des
requêtes a-t-elle posé ce critère ?

La première explication réside dans le souci de limiter le nombre d’actions. La


seconde est celle proposée par la doctrine. Elle est d’ordre juridique et part du fait que le «
dommage doit porter atteinte à un droit acquis ». Ce que l’on exige ici est non seulement la
certitude du dommage mais aussi et surtout la lésion a un droit. C’est ce sens qui a été adopté
par le conseil d’Etat. Malheureusement comme le souligne Hans Mazeaud, cette justification
ne pouvait pas conduire à la limitation admise par la chambre des requêtes. Dans le cadre de
notre travail, le droit lésé reste sans doute le droit à l’affection. Peut-on alors limiter ce droit à
l’affection ? Il faut admettre que les parents et alliés sont nombreux. Est-il possible de leur
permettre d’agir tous, chacun pour son compte, en réparation de la douleur éprouvée

C’est ici qu’apparaît la faiblesse du critère. Sans être dépourvu de toute utilité,
ce critère ne joue pas réellement son rôle qui est celui de limiter le nombre d’actions.
Cependant il faut reconnaître qu’il est difficile de poser dans une matière aussi délicate, des
critères rigides sans courir le danger de verser dans l’arbitraire. Le juge ne devrait pas se
sentir trop prisonnier de ce principe.

Nous venons de situer le critère de « lien de parenté ou d’alliance » et de


démontrer en quoi il a constitué pour la jurisprudence française qui s’en est servi la première,
[22]

un progrès manifeste. Il nous reste à voir son application réelle aussi bien en France qu’au
Congo.26

a) Sa portée réelle.

Le critère « liens de parenté ou d’alliance » est resté, comme nous venons de le


voir, dangereux, il est général. La jurisprudence française l’a exploité à fond. Elle a allongé la
liste des personnes qui peuvent agir en justice contre le responsable de l’acte fautif. Cette
action réservée d’abord au conjoint, aux enfants et aux ascendants du défunt, a été étendue à
des frères et sœurs du défunt, aux grands parents d’un enfant naturel et finalement à toute
personne pouvant justifier d’une simple communauté de vie avec la victime. C’est ainsi que la
filleule d’une victime peut avoir droit à l’action en réparation, qu’une mère naturelle, même
sans avoir reconnu son enfant pouvait bénéficier de l’action dans la mesure où elle avait
possession d’état de mère naturelle, n’est-il pas un cas d’indignité ?

Les tribunaux français ont parfois dépassé le cadre circonscrit par le critère de
lien de parenté ou d’alliance en admettant par exemple, l’action d’une fiancée, celle de toute
personne justifiant d’une simple communauté de vie avec la victime, etc.

Cette « extension funeste » a inquiété certains auteurs. « Actuellement, écrit


DE PAGE, on peut voir des frères indifférents ou hostiles l’un à l’autre, de beaux-parents qui
haïssent du fond du cœur leurs beaux enfants, se souvenir de leur affection « légale » pour la
monnayer. Et qui sait, continue-t-il, où l’on s’arrêtera dans cette voie, à présent que toute
limitation sérieuse a disparu : l’arrière petit cousin, l’ami, le voisin vont bientôt être conviés
au partage du butin ».27

Notre jurisprudence n’a pas encore connu de cortège d’ayants droit. Cette
situation, nous semble-t-il, s’expliquerait par le fait que le plus souvent les gens ignorent leurs
droits et n’introduisent pas toujours des actions en réparation du dommage moral, subi à la
suite du décès accidentel d’un parent. Des quelques cas examinés, il ressort que la liste des «
demandeurs se limite soit au conjoint et aux enfants quand il s’agit du père ou de la mère qui

26
Req. 2 février 1931 (D.P 1931.1.18) et rapport PILON, PILON, S. 1931.1.1923 cité par MAZEAUD H. : Op. Cit,
P.79 Voir Pilon.

27
DE PAGE H., Traité élémentaire du droit civil belge, Bruylant, Bruxelles, 1964, P. 953.
[23]

est victime, soit aux parents au sens strict quand la victime est un enfant. Est-ce à dire que
tous les autres parents et alliés : frères, sœurs, neveux, cousins, beaux-parents, amis n’ont pas
droit à l’action en réparation ? Nous ne le pensons pas. Et c’est ici que l’on peut poser le
problème de l’avenir et se demander quelle serait la position des tribunaux Congolais devant
les actions d’un frère, d’une sœur, d’un cousin Devront-ils les déclarer fondées ? C’est une
question de politique législative et de culture de prétoire qui semble engendrer peu d’intérêt
pour le congolais dans ce cas de question préjudicielle.

Nous pensons personnellement que pour rester logique avec elle-même, la


jurisprudence congolaise devra admettre toutes ces actions. Notre opinion se fonde sur le fait
que l’article 258 de notre code civil, livre III milite en faveur de cette solution, compte tenu
du caractère général de ses termes ; ensuite le critère de « lien de parenté ou d’alliance »
adopté par la même jurisprudence reste à son tour général ; il inclut aussi bien l’action d’un
frère, d’une sœur, d’un cousin que celle d’un beau-père. Néanmoins une liste, pensons-nous,
s’impose car le caractère général de cet article ne saurait à tout coup justifier uniquement cet
article. Le problème est encore plus délicat sur le plan du droit coutumier où la solidarité
jouant, la notion de parenté est encore beaucoup plus ressentie. Peut-être, pour ne pas
retomber dans l’excès, faudra-t-il que les tribunaux congolais en arrivent à une meilleure
formule qui « se tiendrait à égale distance entre l’excès de généralité et l’excès de précision »,
mais osons car dit-on, du choc des idées jaillit la lumière.

b) Possibilité d’une pluralité d’ayants droit

Comme nous venons de le voir, le critère adopté par notre jurisprudence est
général. Son seul avantage, c’est qu’il permet d’exclure du bénéfice de l’action en réparation
tous les non parents et les non alliés. Cependant le danger de voir le responsable aux prises
avec une multitude d’actions subsiste. En effet, il existe encore beaucoup de familles
nombreuses et la jurisprudence française nous donne l’exempled’un responsable aux prises
avec une foule d’enfants, frères et sœurs, père et mère.

C’est encore la jurisprudence française qui nous donne l’exempled’un cas où


seize personnes, toutes proches parents réclament réparation de la douleur causée à chacune
d’elle par un décès accidentel. En droit coutumier, le problème présente la même difficulté.
Le terme parenté acquiert une acception plus large compte tenu du rôle joué par les groupes
dans ce droit. En outre, le mariage en droit coutumier apparaît non seulement comme alliance
entre les époux mais aussi comme une alliance entre les deux familles. « Le mariage, écrit A.
[24]

Sohier, se présente comme une institution complexe, composée de deux contrats étroitement
unis, un contrat entre familles et un contrat entre personnes : nous appellerons le premier
l’alliance, le second l’union conjugale ».

Cette conception de la parenté et de l’alliance renforce davantage les liens


d’affection et complique du même coup le problème de la réparation du dommage moral.
Qu’il s’agisse du droit écrit ou du droit coutumier, il sera difficile d’épargner le responsable
du dommage de cette multitude d’actions.

Le même problème se pose sur le plan de la réparation. En effet, si la


conception occidentale estime que la réparation doit être l’équivalent du préjudice subi sans se
préoccuper de la situation sociale du responsable, la mentalité africaine s’insurge contre une
telle conception. « La mentalité africaine répugne à condamner une personne à des
dommages-intérêts qu’elle ne sera jamais à mesure de payer. Il y a là un sentiment de justice
sociale. Le droit soviétique partageait la conception africaine qui, condamnant un délinquant
aux dommages-intérêts, tient des ressources de la personne à condamner ». 28

Ce danger a amené certaines législations étrangères à se montrer plus


restrictives. Le code libanais des obligations exige un lien de parenté légitime ou d'alliance;
celui de la république de Pologne de 1934 est encore plus restrictif. En effet, l’art. 166 n
accorde une réparation du préjudice moral, facultative pour le juge, qu’aux membres les plus
proches de la famille du défunt ». L’article 47 du code suisse des obligations relève également
le caractère facultatif de cette réparation et ce, uniquement à « la famille ». Le code civil
autrichien dans son article 1327 va plus loin car la réforme apportée à ce texte en 1917 a eu
pour but d’exclure tous les parents qui n’étaient pas créanciers alimentaires du défunt.

De tout ce qui précède, il résulte que le critère de lien de parenté adopté par
notre jurisprudence risque de susciter de nombreux problèmes insolubles. Peut-être
qu’aujourd’hui rien ne présage un tel danger, mais le problème se posera sûrement pour
l’avenir. Aussi serait-il souhaitable de limiter le nombre d’ayants droit. Cette question fera
l’objet de notre quatrième paragraphe. Mais avant cela, examinons quelques cas particuliers.

§ 2. Etude de quelques cas particuliers.

28
1ère Chambre, 17 novembre (arrêt non publié) (quatre enfants, trois belles-filles, un gendre, huit petits-
enfants) cités par H. MAZEAUD, P. 78, cité par KALONGO MBIKAYI, Op. Cit. UNAZA, P.77.
[25]

Dans ce paragraphe, nous nous proposons d’examiner quelques cas qui pendant
longtemps ont divisé la doctrine et la jurisprudence. Il s’agit des actions d’une concubine,
d’un enfant adultérin et des parents naturels. Notons cependant que des termes comme enfant
adultérin ont été abandonnés au Congo avec l’avènement de notre code de la famille.

a) L’action d’une concubine.

Une concubine peut-elle exercer l’action en réparation du dommage subi par


elle à la suite de la mort accidentelle de son amant ? Cette question a longtemps laissé la
doctrine et la jurisprudence hésitantes. Il nous faudra refaire le chemin parcouru par la
jurisprudence française avant d’en arriver à l’arrêt de la chambre mixte du 27 février 1970 qui
consacre le principe de l’admission de l’action de la concubine. 29

Pendant longtemps la chambre criminelle et le conseil d’Etat répondaient


différemment à cette question. La chambre criminelle fondera sa position sur le caractère
général des termes de l’art 1382 qui exige une interprétation large de la notion du dommage.
C’est ainsi que dès 1863 elle affirmait que « l’article 1382 du code civil en ordonnant en
temps absolu la réparation de tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage
ne limite en rien la nature du lien qui doit unir au cas de décès la victime du fait avec celui de
ses ayants droit qui en demanderaient la réparation ». Avec une conception aussi large le seul
problème qui se posait était de déterminer la certitude du dommage.

En 1926, la chambre criminelle accorde à une concubine réparation du


préjudice matériel « subi par elle du fait du décès de l’homme avec lequel elle vivait
maritalement depuis 28 ans ».

Cependant à la même époque, le conseil d’Etat adoptait une solution différente.


Il estimait en effet que pour obtenir réparation « d’un préjudice matériel (seul préjudice
réparable à l’époque) il ne suffisait pas d’un intérêt, il fallait pouvoir justifier d’un droit lésé
»). Dans cette conception restrictive, le conseil d’Etat exigeait un lien de droit. Aussi va-t-il
rejeter la demande en indemnisation de la concubine, celle de la mère d’un enfant naturel non

29
SOHIER André; Mariage, n° 3, P.5 cité par PAUWELS, Les droits Zaïrois de la famille, 2ème partie : droit
coutumier et législation en matière coutumière, cours polycopié, UNAZA, Kinshasa, 1972, P.21.
[26]

reconnu et « de manière générale, celle des parents et alliés titulaires d’une créance
alimentaire dont les conditions d’exigibilitén’étaient pas réunies à la date du décès ».

Ce jugement du conseil d’Etat est sévère ; heureusement que ce même conseil


d’Etat accordait aux très proches parents réparation du préjudice résultant « des troubles de
toute nature apportés dans leurs conditions existence ».

Les solutions apportées par la chambre criminelle dans cette matière n’ont pas
laissé la doctrine indifférente. Certains auteurs les ont critiquées et ont rejeté l’action de la
concubine du fait qu’il n’y avait pas d’intérêt légitime en raison du caractère immoral du
concubinage ou du fait du caractère incertain du préjudice, en raison de la précarité du
concubinage. Cependant d’autres auteurs allaient faire appel à des arguments d’ordre général :
« Ils considéraient que seules les personnes liées par un lien de droit à la solution du conseil
d’Etat en admettant que seule la lésion d’un droit et non celle d’un simple intérêt, pouvait
ouvrir à réparation ».

Malgré ces protestations, la chambre criminelle continuait à admettre la


réparation du préjudice matériel et d’affection à la concubine. Devant cette situation insolite
de nombreux pourvois vont être introduits ; ils se fondent tous sur l’instabilité et sur
l’immoralité des relations nées du concubinage. A ces pourvois, la chambre criminelle
opposait le caractère général de l’article 1382. La chambre criminelle pouvait-elle maintenir
sa position en cas d’un concubinage adultérin si l’épouse légitime était elle-même intervenue
à l’instance ? Ici, elle excluait l’action de la concubine et estimait que les liens nés du
concubinage ne pouvait donner ouverture à une action en indemnisation que dans la mesure
où ils offraient des garanties de stabilité et de non précarité d’une part et d’autre part dans la
mesure où ils ne présentaient pas un caractère délictueux.

Mais, si la chambre criminelle s’était prononcée clairement en faveur de la


recevabilité de l’action en réparation d’une concubine, la deuxième chambre civile de son
côté n’a pas cessé de rejeter dans ses nombreux arrêts l’action de la concubine qui ne pouvait
selon elle invoquer « la lésion d’un intérêt légitime juridiquement protégé». 30

30
BAYONA BAMEYA ; Procédure pénale, Cours polycopié, UNAZA 1978, P.5, cité par NYABIRUNGU, Procédure
pénale, cours non polycopié, ULPGL, 1992-1993
[27]

De ce qui précède, il se dégage que la jurisprudence ainsi que la doctrine


française ont connu de nombreuses vicissitudes, et des années durant, les solutions de diverses
chambres de la cour de cassation sont restées divergentes alors que la chambre criminelle a
fini par admettre l’action de la concubine en se fondant sur la généralité de l’art. 1382 ; la
chambre civile, elle continuait à la rejeter parce que la concubine n’avait pas d’intérêt «
juridiquement protégé ».

L’arrêt du 27 février 1970 est venu justement mettre fin à cette opposition entre
deux chambres d’une même cour. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le problème a été
tranché : la cour a abondé dans le sens de la chambre criminelle à savoir l’admission de
l’action de la concubine. Vouloir, estime la chambre mixte, subordonner l’application de l’art.
1382 à l’existence d’un intérêt légitime protégé », c’est violer le texte.

En effet, la formule d’un intérêt « juridiquement protégé » invoquée a été


critiquée par la doctrine qui a fondé sa critique sur le principe posé par la même cour de
cassation en 1863 : « attendu que l’art 1382 en ordonnant en termes absolus la réparation de
tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage ne limite rien, ni la nature du
fait dommageable ni la nature du dommage éprouvé, ni la nature du lien qui doit unir, au cas
de décès, la victime du fait avec celui de ses ayants-droit qui en demanderaient la réparation.
31
»

En appliquant cette formule, l’action de la concubine sera rejetée non


seulement parce que le préjudice invoqué est immoral mais aussi parce que le concubinage est
une situation qui ne crée pas de droits. Sur quoi se fonderait-on pour subordonner
l’application de l’art. 1382 à la lésion d’un droit ? Tout intérêt est juridiquement protégé
lorsqu’il n’est pas illégitime.

Cet arrêt a donc posé non seulement le problème des conditions d’application
de l’art 1382 mais aussi celui du sens à donner aux expressions licéité, légitimité et bonnes
mœurs. Quand peut-on dire qu’il y a violation de droit ou de bonnes mœurs ? Peut-on dire que
la réparation du dommage subi par une concubine à la suite du décès accidentel de son
partenaire constitue une violation de l’art. 1382 ?

31
MAZEAUD et TUNC , cité par KALONGO MBIKAYI, Op. Cit, P.48.
[28]

L’on pourrait procéder à une interprétation absolue et dire : pour qu’il y ait
réparation, il faut une faute, un dommage et un lien de causalité. Le dommage doit être
juridiquement protégé apparaît comme une condition qui ne ressort pas du texte, c’est-à-dire
de l’art. 1382.

Cependant, nous ne partageons pas cette interprétation basée sur un argument


fragile : le silence du texte. Certes, l’art. 1382 ne fait pas mention de la condition d’un intérêt
juridiquement protégé, mais il ne faut pas perdre de vue le caractère général et abstrait de tout
texte, il est souvent complété par la jurisprudence et la doctrine.

Même les caractères certains et directs exigés de tout dommage ne ressortent


pas du texte. Pour la chambre mixte, l’indemnisation reste possible sans distinction de rapport
de fait et de droit unissant le défunt au demandeur, à condition que ce rapport ne soit pas
délictueux et illicite. Le concubinage non délictueux est licite.

Cependant subsiste pour certains arrêts une réserve quant à l’action de la


concubine. Seul le concubinage sérieux, stable et non délictueux (pas adultérin) Permettrait à
la concubine d’obtenir une réparation intégrale du préjudice matériel et moral causé par le
décès de son compagnon. Ce « concubinage » est un quasi mariage, un mariage auquel il ne
manque en quelque sorte que la célébration pour reprendre une définition de Justinien
(légitima confunctio sine honesta célébration matrimoine).

Que signifie illicite ?

Une situation est illicite dans la mesure où elle viole une ou plusieurs règles de
droit, l’inverse est la licéité. Et nous pouvons conclure que le concubinage non délictueux ne
viole aucune règle de droit positif. Le mariage est un domaine de liberté et que le couple qui
n’a pas opté pour ce statut civil n’en est pas coupable. Dès lors, le concubinage ne peut pas
être qualifié d illicite en dehors des rapports intimes entre individus qui relèvent du domaine
du non droit. Le droit ne couvre pas tous les aspects de la vie sociale ; « il n’est qu’une mince
pellicule à la surface des relations entre les hommes ».

Si le concubinage ne constitue pas une violation du droit, peut-on dire qu’il


constitue une violation de bonnes mœurs ? Mineur définit les bonnes mœurs comme «
certaines règles morales qui s’intègrent dans le cadre juridique de la société et dont le respect
se trouve assuré par les tribunaux. Les règles de droit, continue-t-il ne sont pas suffisantes
pour satisfaire l’idéal de la société. Un minimum des règles morales est nécessaire pour
[29]

compléter le droit. Toute demande à la justice doit être en harmonie avec ce minimum appelé
« les bonnes mœurs ».32

En parlant de cette définition, la thèse idéaliste qui « établit un certain nombre


de principes abstraits conçus d’une manière rationnelle et inspirés des enseignements
religieux et du système de valeurs traditionnelles qui règnent sur la société « estime que les
gens qui ne se conforment pas à ces principes sont de mauvaises gens et que tout rapport en
dehors du mariage est immoral». Cette thèse évite les réalités sociales.

Il faut tenir compte des circonstances réelles car « la morale doit tenir compte
du malheur des gens à juger, autrement il faudrait procéder à la moralisation de la morale ».

La thèse empirique soutient, au contraire, qu’un rapport sexuel quelconque ne


saurait être condamné s il est toléré et approuvé par l’opinion publique et par la majorité des
membres de la société. Le concubinage non délictueux est-il condamné par l’opinion
publique?

« L’opinion publique, croyons-nous, ne condamne pas le concubinage. Les


mœurs doivent suivre cette opinion car les mœurs ne sauraient incriminer qu’une conduite
minoritaire. Et si cette conduite se trouve répandue et généralisée, ce seraient les mœurs elles-
mêmes qui seraient à changer ». L’arrêt de la chambre mixte est venue consacrer
juridiquement une situation de fait et montrer que « nous vivons dans une société en pleine
mutation où la famille légitime au sens classique n’est plus le cadre adéquat et unique de la
vie en commun entre un homme et une femme. Et nous nous demandons avec l’auteur si la
formule exigeant un « intérêt légitime juridiquement protégé » ne cédera pas la place à une
autre formule exigeant pour réparer le dommage « un intérêt socialement protégé ». 33

Le problème de l’action en réparation du préjudice moral diligentée par une


concubine a connu une évolution certaine. De l’admission de cette action, de la notion de cette
action, de la notion de « l’intérêt juridiquement protégé » on est passé aux notions de stabilité
et de délit. Le concubinage stable et non délictueux n’est plus considéré comme un domaine

32
VEDAL J., cité par H. de Page, Op. Cit. P.50.

33
Art. 330 à 334 de la loi n°87-010 du 1èr août 1987 portant code de la famille, telle que modifiée et complétée
à ce jour
[30]

du « non droit » contrairement à ce qu’affirme FRANÇOIS CHABAS : aux yeux de


beaucoup, le dommage doit quand même être un « non man s land » juridique. La loi ne peut
pas réglementer une situation qui est celle de la facilité et par cela même offre une redoutable
concurrence à une institution à laquelle tiennent les nations civilisées, à savoir le mariage.34

Qu’en est-il du droit congolais ?

Bien que le droit congolais n’a pas encore clairement posé le principe dans ce
domaine, nous osons croire, vu les jurisprudences peu fournies en matière d’action en
réparation d’une concubine, néanmoins nous découvrons dans certaines dispositions de notre
code de la famille la volonté du législateur, lorsque, parlant des preuves du mariage, il cite en
outre la possession d’état d’époux et que par ailleurs, face à une action en divorce initiée par
l’un des conjoints unis par le mariage coutumier, suspend la procédure jusqu’ à
l’enregistrement de ce mariage avant que le tribunal puisse en connaître sur le fond.

Le législateur ne dit pas qu’un tel mariage est illicite mais il limite seulement
ses effets juridiques jusqu’ à son enregistrement. Le droit coutumier quant à lui semble tenir
compte en matière de concubinage de son caractère stable. La stabilité lui sert de critère pour
identifier cette situation de fait à un état de droit qu’est le mariage. Un concubinage de longue
durée produit des effets analogues à ceux du mariage. Nous pouvons affirmer dès lors qu’il
suffit qu’un concubinage présente des garanties de stabilité pour que les tribunaux déclarent
recevable l’action en réparation d’une concubine. Ce que François Shabas a écrit en 1975 est
donc dépassé par l’évolution de la société à l’an 2000.

Il semble d’ailleurs que le droit coutumier avait, avant de subir l’influence du


droit occidental, une attitude fort différente de celle du droit écrit envers les formes de
cohabitation et de relation en dehors du mariage. Certes, le droit traditionnel protégeait et
favorisait même l’institution du mariage mais il n’était pas comme le droit occidental la
servante d’une certaine morale et son attitude n’était pas purement négative. Pauwels affirme
que les « relations illicites étaient traitées moins comme incompatibles avec la morale que
comme contraires à certains intérêts familiaux ou autres. Ainsi la répression de l’adultère et de
la séduction tiraient leur justification des droits exercés par certains hommes (père, mari,
oncle) sur les femmes placées sous leur autorité. Dans la répression, le droit coutumier prend

34
CHABAS F, cité par H. de page op.cit. P.94
[31]

une attitude beaucoup moins négative que le droit écrit. Il n’y a pas de maximes telles que «
nemo auditur » ou « in pari causa».

Le professeur Pauwels reconnaît cependant que le coutumier dans cette matière


est peu connu et que le concubinage était plutôt rare et difficile à déceler compte tenu de la
variété des formes de mariage en droit coutumier. Ainsi la solution de la chambre mixte se
rapproche plus ou moins de cette conception coutumière. 35
Ce qui est mis en évidence, c’est
plus le caractère de stabilité de certains concubinages plutôt que leur caractère immoral.
Demain nos tribunaux seront peut-être submergés par ce genre d’actions, puissent- ils dans
leurs décisions s’inspirer du droit coutumier pour que tout en restant un élément de stabilité
dans une société organisée, le droit puisse cependant évoluer avec la même société. Dans sa
recherche des solutions aux problèmes congolais, le juge devra d’abord et avant tout s’inspirer
du droit national ; il ne doit pas perdre de vue que le droit congolais à créer devrait s’assigner
deux objectifs : le respect de la mentalité du peuple et l’adaptation aux nouvelles conditions
de vie.

C’est pourquoi, pensons-nous rappeler ce qui suit : le préjudice réparable n’est


pas n’importe quel préjudice certain. S’il ne résulte pas nécessairement de l’atteinte portée à
un droit, les règles de la responsabilité civile ne peuvent pas permettre de sanctionner et de
reconnaître de l’intérêt ou des situations que le droit condamne parce qu’ils sont contraires à
la loi, à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. Pour avoir droit à la réparation, l’intérêt lésé ne
doit pas être illégitime ou, pour dire l’autre face, n’est réparable que le préjudice licite. Il est
seulement légitime, ne heurtant ni la loi ni les bonnes mœurs (Cass. Mixte 27 février 1970,
Veuve Gaudras C. dangereux).36

Cette conception morale choque certains par son archaïsme, la réparation


découle du dommage qui est un fait et non d’un droit préalable. Dès lors ne conviendrait-il
pas de réparer tout préjudice sans porter un jugement de valeur sur la conduite de la victime,
appréciation forcement subjective et variable. Nous l’avons d’ailleurs constaté. La position
inverse conduit au singulier résultat de faire bénéficier l’auteur d’un dommage d’une
irresponsabilité qui, de son côté, ne se justifie d’aucune façon. Pourtant dans certains cas, il ne
paraît pas possible en morale d’accorder une réparation à la victime. La société fait ici un
choix de politique législative.

35 :
PAUWELS, op.cit, P. 23.
36
Idem
[32]

SECTION II : CATEGORIES DES PREJUDICES MORAL

Le dommage peut épouser plusieurs formes. Passons-les en revue en procédant


à une classification de différents cas rencontrés (I. l’atteinte à l’honneur et à la considération,
II. Atteinte au sentiment d’affection).

§1. L’ATTEINTE A L’HONNEUR ET A LA CONSIDERATION.

Toute personne a droit à l’honneur et à la considération. C’est un des droits


inhérents à la personnalité. Toute atteinte portée à ce droit cause un préjudice et l’auteur du
fait dommageable doit répondre des conséquences de son acte. La jurisprudence congolaise a
rencontré à plusieurs reprises ce cas et chaque fois que les conditions étaient réunies, elle a
accordé des dommages intérêts pour préjudice moral.

L’atteinte à l’honneur et à la considération est punie par notre code pénal. Dès
lors, avant d’accorder des dommages intérêts, il faut se référer aux faits constitutifs de
l’infraction. Que faut-il pour parler d’atteinte à l’honneur ? Pour le cas des imputations
dommageables, des injures, la jurisprudence exige une certaine publicité.

L’exposer au mépris public sera puni d’une servitude pénale de huit jours à un
an et d’une amende de vingt-cinq mille francs ou d’une de ces peines seulement ». Dans
d’autres cas, la publicité servira au juge d’instrument de mesure pour apprécier l’importance
du préjudice moral subi : « une gifle qui a causé une blessure a provoqué un dommage
matériel et moral à la victime. La gifle qui n’a pas provoqué de blessure cause un dommage
moral d’autant plus grave qu’elle a été portée en présence des tiers.

En dehors de la publicité, notre jurisprudence tient compte d’un autre élément :


l’intention de nuire. C’est ainsi qu’elle estime que « ne peut être rendu responsable des
conséquences dommageables de sa dénonciation celui qui adresse une plainte à l’autorité
judiciaire alors qu’il a des raisons sérieuses de croire que le fait dénoncé est constitutif
d’infraction.

Une plainte injustifiée peut également porter atteinte à l’honneur et à la


considération de quelqu’un. En effet « celui qui par une plainte injustifiée met
considérablement la justice répressive en mouvement engage sa responsabilité quant aux
conséquences de son acte. Il doit indemniser celui contre qui il a porté plainte de l’entièreté du
dommage que ce dernier a subi de ce fait de son action téméraire et vexatoire.
[33]

La rupture des fiançailles peut être également considérée dans une certaine
mesure comme une atteinte à l’honneur et peut de ce fait engager la responsabilité de l’auteur
de l’acte dommageable. Mais le problème des fiançailles pose la question de leur nature
juridique. Les fiançailles constituent elles un contrat ? Si oui sa rupture peut-elle entraîner une
réparation ?

Pirson et de Villé signalent que la jurisprudence Belge est divisée à ce sujet ;


une partie de la jurisprudence estime que le seul fait de la rupture sans motif légitime est
constitutif de faute ; une autre partie est d’avis que l’absence de motif légitime ne suffit pas, il
faut en outre une faute distincte de la rupture.

Cette assertion a été critiquée par Mineur Bouillenne qui affirme à son tour
qu’il n’existe pas de clans, dans la Jurisprudence Belge. En effet, chaque fois qu’il fallait
savoir si les fiançailles constituaient un contrat, la jurisprudence Belge a toujours répondu par
la négative. Cependant « au nom de l’équité qui exige que tout préjudice réel et certain soit
réparé, elle ordonnait la réparation qui était due cette fois non pas en raison de la rupture elle-
même mais en raison des faits dommageables dont elle a été l’occasion ».

Pour étayer son opinion, Bouillonne fait appel à plusieurs décisions rendues par
les tribunaux belges et qui d’après lui tranchent bien cette question. Un arrêt de la Cour
d’Appel de Bruxelles, écrit-il, a nettement situé la position de la jurisprudence : « attendu que
la rupture ne pourrait être imputée à la faute que dans des cas exceptionnels et lorsque les
circonstances et modalités de cette rupture créeraient des éléments extrinsèques à la rupture
eux-mêmes ; des actes dommageable ».

Pour cette jurisprudence donc, les fiançailles ne constituent pas une situation
contractuelle, il s’agit d’un stade pré conventionnel, d’une situation de pur fait ne donnant
naissance qu’à de simples obligations morales. Dès lors la faute qui donne naissance à des
dommages-intérêts réside non dans la rupture comme telle mais bien dans la manière dont
celle-ci s’est accomplie : raison injurieuses, publicité outrageante, etc. La jurisprudence
Congolaise a adopté la position de la jurisprudence Belge. La jurisprudence coutumière
semble abonder dans le même sens : « la rupture d’un contrat de fiançailles sans motif
suffisant peut entraîner une condamnation à des dommages-intérêts »

Mais la jurisprudence emploie l’expression « contrat de fiançailles » ; est-ce


dire que le droit coutumier a une autre conception de la nature juridique des fiançailles ? C’est
notre avis. D’ailleurs l’expression même « contrat de fiançailles » est mal choisie, elle n’est
[34]

pas à sa place. Le droit coutumier ne connaît pas de fiançailles au sens occidental du terme.
C’est à dire une situation de pur fait, un stade précontractuel qui n a d autre effet que la
naissance de simples obligations morales. En droit coutumier, ce que le droit écrit appelle
fiançailles, est un état de droit faisant naître des obligations réciproques dans le chef des
parties en présence.

A. Etude de cas d’adultère.

Comme l’atteinte à l’honneur et à la considération, l’adultère peut causer un


préjudice moral certain qui demande réparation. La Cour d’Appel de Goma a déjà corroboré
ce point de vue : « l’adultère dont un prévenu s’est rendu coupable a causé un préjudice
certain tant à son épouse qu’au mari de sa complice, préjudice dont celui-ci est fondé à
réclamer réparation conformément au principe général de l’article 258 du Code Civil livre
troisième».

B. Etude du cas de concurrence illicite.

Dans un régime libéral, basé sur la liberté de commerce, sur le plan civil, la
concurrence illicite peut causer un dommage soit matériel, soit moral. « Tombe sous le coup
des articles 258 et 259 (2) du Code Civil livre III le fait de dénigrer le produit d’un concurrent
pour vanter par comparaison l’excellence de ses propres produits. Si le préjudice causé est
d’ordre moral plutôt que matériel, la publication de l’arrêt constitue la réparation la mieux
adaptée aux dommages ».

§2. L’ATTEINTE AUX SENTIMENTS D’AFFECTION.

Nous sommes ici en plein domaine des sentiments où la sagacité du juge sera à,
maintes reprises mise à l’épreuve. Il s’agira pour lui, dans chaque cas (2) : Art. 259 : «
Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par
sa négligence ou par son imprudence ». D’espèce de calculer, mesurer la souffrance de ses
semblables. La jurisprudence congolaise a rencontré ces cas plusieurs fois ; les décisions
rendues en cette matière sont nombreuses. 39 A la lumière de tous les différents cas examinés,
nous prouvons dire que les dommages moraux les plus fréquents dans notre jurisprudence
[35]

restent sans conteste l’atteinte à l’honneur et aux sentiments d’affection. Une fille est écrasée
par une voiture, la Cour d’Appel de Léo accorde des indemnités pour dommage moral aux
parents. Une femme et un enfant perdent leur mari et leur père dans un accident d’automobile,
l’auteur de l’acte dommageable indemnise la veuve et l’enfant pour dommage moral.

L’Administration n’échappe pas à cette obligation de réparer. Si à la


suite de sa négligence les routes publiques mal entretenues constituent à certains endroits un
véritable danger pour la circulation et provoque des accidents où des vies humaines sont
sacrifiées, il y a là lésion manifeste d’un droit civil, l’Administration engage sa responsabilité
: la veuve de la victime, le frère du défunt ont droit à des dommages-intérêts pour réparation
du dommage moral qu’ils ont subi.

SECTION III : CONTREVERSES RELATIVES A LA REPARATION DU


PREJUDICE MORAL

Le problème de la réparation du préjudice moral est une vieille question. Le


droit romain l’avait déjà rencontré et tranché. En effet, dans la vie, la notion de valeur ne
consiste pas seulement en argent, au contraire il y a outre l’argent, d’autres biens auxquels
l’homme civilisé attribue une valeur et qu’il veut voir protéger par le droit. Mais si le droit
romain a pu trouver une solution à ce problème, notre doctrine reste encore partagée. Dans
cette section, nous exposerons d’abord cette controverse et déterminerons ensuite la position
du droit Congolais.

§1 : LES OPPOSANTS A LA THESE.

Les négateurs du principe de la réparation du dommage moral partent des


principes généraux qui gouvernent la responsabilité civile et affirment qu’il n’est pas possible
d’assurer cette réparation sans violer ces principes. Il y a d abord le but de l’institution elle-
même. Pourquoi l’auteur d’un dommage doit-il verser des dommages-intérêts à la victime ?
C’est pour réparer, répondent-ils, c’est « pour que la victime se retrouve à nouveau dans la
situation où elle était placée antérieurement ». Et l’argent ne répond sûrement pas à ce but car
« mille ou cent mille francs répareront-ils les blessures qui défigurent, les souffrances
endurées, un préjudice moral quelconque ? Certes, non ; le mal est fait, il est trop tard pour le
« réparer » ; l’argent n’y peut rien, parce qu’il ne s’agit pas d’argent ».
[36]

Ainsi, la douleur, les souffrances ne peuvent pas se monnayer. N’est-il pas


répugnant d’égaliser la joie de toucher une somme d’argent avec l’atteinte à la pudeur ou à
l’honneur de la victime ou avec la peine que lui cause la mort d’un enfant ? Prêter à la victime
le but de faire réparer une souffrance aussi haute par une joie aussi vulgaire, serait la rendre
méprisable. C’est cette même idée qu’exprime sous le régime des Tsars, Cherchevirch quand
il écrit : « la législation qui établit le principe de la compensation en argent du préjudice moral
inspire dans l’esprit des citoyens des motifs immoraux. Il faut être pénétré d’un profond
mépris de la personne d’un homme pour lui suggérer que l’argent est capable de donner une
compensation aux souffrances morales de toute sorte. La transformation d’un préjudice moral
en argent est le résultat de l’esprit bourgeois qui apprécie tout en argent, qui considère que
tout est à vendre ». Nous comprenons très vite cette position qui est le reflet d’un courant
politique de l’époque « le communisme ».

Le juge se trouve donc dans l’impossibilité d’évaluer le juste prix du préjudice


moral. Comment évaluer la douleur, l’affection de quelqu’un ? Sur quels éléments se baserait-
on ? Question difficile et pour sortir de l’impasse, le juge sera obligé de proportionner la
réparation à la faute ; la réparation prendra ainsi le caractère d’une peine privée. Le juge va
par ce fait même violer le principe de la responsabilité civile : « au lieu de réparer, le juge
civil va punir». Cependant, à côté de ces négateurs, nous avons des systèmes intermédiaires
accordant des dommages intérêts dans certains cas et les refusant dans d’autres : ces sont des
systèmes mixtes.

Certains auteurs estiment en effet que la réparation n’est possible que dans la
mesure où le préjudice moral a une incidence matérielle. On a objecté à ces auteurs que cette
façon d’envisager le problème reviendrait à affirmer que seul le dommage matériel pouvait
être réparé. « Autant dire, écrivent Mazeud et Tunc que le préjudice moral ne peut être réparé
».

D’autres font une distinction entre le préjudice moral causé par une
infraction pénale et celui qui n’est pas causé par elle. Ce n’est que dans la première hypothèse
seulement que l’on admet la réparation du dommage moral distinct de tout préjudice
pécuniaire.

D’autres encore, au lieu de baser leur distinction sur la nature de la


faute, ils tirent cette distinction du dommage. Ils divisent les préjudices moraux en préjudices
[37]

moraux relatifs à la partie sociale du patrimoine moral et à la partie affective de ce même


patrimoine. La réparation est admise dans le premier cas et ne l’est pas dans le second cas.
Les atteintes à l’honneur, estime-t-on, entraînent presque toujours avec elles un préjudice
matériel. Il est dès lors possible de traduire les atteintes à l’honneur en argent et non celles
aux sentiments.

Que penser de cette thèse ? L’argumentation des négateurs de la réparation du


préjudice moral est solide. Cependant, faisons remarquer que la réparation en nature que
semblent viser les négateurs du principe de la réparation du dommage moral n’est pas le seul
mode de réparation. Il en existe d’autres qui pourraient convenir au dommage moral. La
difficulté d’évaluer le préjudice moral est réel. Nous pensons cependant que ces difficultés
d’évaluation se rencontrent également dans le cadre du dommage matériel. Toute évaluation
est subjective et nous ne pouvons pas prétendre, même dans la réparation du dommage
matériel à une parfaite reconstruction du passé. D’ailleurs, comme nous le verrons dans les
développements qui vont suivre, les partisans du principe de la réparation du dommage moral
n’ont jamais perdu de vue tous ces problèmes. 37

§2 : LES TENANTS DE LA THESE

Il n’existe pas, bien sûr, de commune mesure entre la souffrance morale et la


somme d’argent allouée à titre de dommages-intérêts. Les défenseurs du principe de la
réparation du dommage moral admettent volontiers qu’une équivalence rigoureuse entre
l’argent et la souffrance ne peut être établie.

Mais, pensent-ils, il faudra surtout s’entendre sur la signification du terme «


Réparer ». Quelle est sa portée exacte ? Réparer, ce n’est sûrement pas remettre en état égal à
celui qui existait avant l’accident. Réparer pour eux, « ce n’est pas toujours refaire ce que l’on
a détruit, c’est le plus souvent donner à la victime la possibilité de se procurer des
satisfactions équivalentes à ce qu’elle a perdu. Le véritable rôle des dommages-intérêts est un
rôle satisfactoire ». Ces dommages-intérêts vont jouer un rôle compensatoire, ils ont un effet
psychologique certain sur la victime du préjudice. 38

37
AUBRY et RAU, cités par MAZEAUD et TUNC, Op.cit. 387

38
IDEM, p. 386
[38]

Cependant les tenants du principe de la réparation du dommage moral n’ont


pas complètement ignoré le danger qu’il y avait à « marchander sur l’honneur et la douleur ».
Cette critique les a conduits à la recherche d’un autre fondement : l’indemnité allouée n’aura
plus un caractère compensatoire mais elle est considérée comme une peine privée ; elle sert
plus à l’affirmation d’un droit qu’à compenser un dommage. Rau Savatier explique le rôle
joué par les dommages-intérêts en pareil cas, en ces termes : « le rôle que nous donnons aux
dommages-intérêts soit pénal, soit d’affirmation permet d’éviter le reproche d’arbitraire qui a
souvent été fait aux indemnités pour préjudice moral Notre système permet plus facilement
d’éviter au débat le caractère d’un marchandage de l’honneur, de l’affection puisqu’il s’agit
de réagir contre l’acte et non de l’affamer même par une compensation. Rien ici n’aura le
caractère d’un bénéfice ».

Cette idée de peine privée expliquera l’influence sur l’évaluation du dommage


moral du degré de culpabilité de l’argent, de l’étendue de ses ressources. Elle poussera
également les tribunaux à frapper plus lourdement l’auteur du dommage moral s il n’est pas
déjà atteint par la réparation d’un préjudice matériel. Aussi si la victime d’un accident mortel
blesse beaucoup de parents proches, « leurs affections réunies ne seront pas indemnisées à
proportion de leur nombre parce que l’indemnité dépasserait alors la sanction équitablement
encourue par le responsable. A la limite, lorsque celui-ci leur semblera déjà suffisamment
frappé ; les tribunaux pourront toujours se restreindre à une condamnation symbolique. 39

Le dernier argument présenté par les défenseurs de la réparation du dommage


moral est un argument de texte. En effet, l’article 258 correspondant à l’article 1382 du code
Napoléon parle de la réparation du dommage tout court. Il ne fait pas de distinction entre le
dommage matériel et le dommage moral. Ce serait violer le texte que de vouloir
arbitrairement limiter le sens du terme « dommage » aux seuls dommages matériels.

Nous adhérons personnellement à cette thèse. Elle a eu le mérite d’affirmer


qu’à côté des droits patrimoniaux, il existe également des droits extra patrimoniaux », « non
économiques » dont la violation mériterait bien une sanction, une réparation. Certes, cette
réparation reste difficile, mais nous ne pouvons pas nous retrancher derrière cette difficulté
d’appréciation pour méconnaître un droit certain et réel. Cette thèse est d’autant plus solide
qu’elle se fonde sur le texte même de l’article 1382 du code Napoléon. Les dispositions de ce
texte restent générales et n’excluent pas le dommage moral. En outre, l’équité exige que celui

39
SAVATIER R, cités par MAZEAUD et TUNC op.cit, p.390
[39]

qui a causé un dommage ; celui qui a posé un acte fautif puisse répondre des conséquences de
son acte.40

§ 3: LA THESE CONGOLAISE

La jurisprudence congolaise admet le principe de la réparation du dommage


moral. Certes, il n’y a pas de commune mesure entre l’argent et la souffrance, mais la
réparation bien qu’imparfaite reste possible. Les dommages-intérêts alloués en pareil cas
revêtent un caractère compensatoire. Tout en admettant la réparation du dommage moral, le
juge Congolais ne nie pas la difficulté qu’il a à établir une équivalence entre la souffrance et
l’argent. Cette difficulté transparaît à travers certaines formules employées par notre
jurisprudence. En effet, dire que compte tenu de la délicatesse de la matière, le droit
Congolais reconnaît au juge un certain pouvoir discrétionnaire.

L’appréciation du juge est souveraine. C’est lui qui, d’après les circonstances
de fait, réduit ou augmente le montant des dommages-intérêts. Cependant, la jurisprudence
congolaise entretient parfois une certaine confusion entre le dommage matériel et le dommage
moral. Certaines décisions traduisent bien la nécessité de distinguer ces deux catégories de
dommage, d’autres se passent de cette distinction ou ne retiennent qu’un seul aspect là où il
faut retenir les deux. Mais cette confusion ne sera que temporaire car notre jurisprudence
connaîtra dans la suite une évolution manifeste, elle se rendra compte que la réduction de la
capacité physique peut entraîner un préjudice matériel bien distinct du préjudice moral. Il est
aussi à constater que les juristes (juge ou avocat) utilisent la formule : tous préjudices
confondus.

En relevant cette évolution, nous pouvons donner raison à LAMY qui en 1961
déjà s’insurgeait contre une décision du Tribunal de 1 ère Instance d Elisabethville qui avait
estimé qu’ il y avait lieu de confondre le dommage matériel et le dommage moral au cas où le
préjudice atteindrait une victime n’exerçant pas de profession lucrative au moment de
l’accident. « Nous ne croyons pas, écrivait-il, que ce soit dans l’état actuel de l’évolution de la
jurisprudence, une règle constante que de confondre dommage matériel et dommage moral,
même dans le cas où la victime avant l’accident qui a entraîné une invalidité permanente
n’exerçait pas une activité lucrative. A côté du dommage matériel, il peut toujours subsister
un éventuel dommage moral comme les craintes pour l’avenir, le préjudice esthétique, le
sentiment d’une déchéance physique, d’ennui constant d’une gêne, etc. » La position de notre

40
MUKADI BONYI, Droit civil des obligations, p. 34 ULPGL/UNIKIN, 1994 1995, inédit
[40]

jurisprudence se justifie. Les raisons qui ont justifié notre adhésion à la thèse des défenseurs
du principe de la réparation du dommage moral peuvent trouver leur place ici.

CONCLUSION GENERALE

Les développements que nous venons de présenter démontrent que le présent


travail a eu une ambition marquée notamment celle de :

Présenter la notion générale de la réparation sur le préjudice moral Suivant la


théorie traditionnelle, le fondement de la responsabilité est la faute, c’est- à- dire la faute
commise par un être doué de raison et de discernement. Nous avons élucidés tout au long de
ce travail, les caractères d’un dommage réparable étant donné, tout dommage n’est pas
réparable. C’est dire qu’en droit congolais, comme en droit français et belge, pour être réparé
le dommage doit remplir certaines conditions : il doit être certain, actuel, direct et consister
dans la violation d’un intérêt légitime. Le système congolais de droit écrit limite donc le
[41]

nombre des dommages pouvant donner lieu à réparation. En dehors de cette limitation traduite
en forme de condition que doit remplir tout préjudice, il n y’a pas de réparation possible.

Présenter ainsi l’administration de la réparation du préjudice moral en droit


congolais, nous avons dit qu’une fois que le dommage, la faute et le lien de causalité sont
établis, la victime du dommage a droit à l’exercice de l’action en réparation. Le problème ne
présente pas de difficulté quand il s’agit de dédommager la victime directe de l’acte fautif.

Nous avons encore dit que Le dommage peut revêtir plusieurs formes. Et de ce
fait, nous avons Passé en revue en procédant à une classification de différents cas rencontrés à
l’atteinte à l’honneur et à la considération, l’Atteinte au sentiment d’affection, à savoir
différentes formes de dommage.

L’atteinte à l’honneur et à la considération est punie par notre code pénal,


avons-nous précisé. Dès lors, avant d’accorder des dommages intérêts, il faut se référer aux
faits constitutifs de l’infraction. Que faut-il pour parler d’atteinte à l’honneur ? Pour le cas des
imputations dommageables, des injures, la jurisprudence exige une certaine publicité.

Comme l’atteinte à l’honneur et à la considération, l’adultère peut causer un


préjudice moral certain qui demande réparation. Dans un régime libéral, basé sur la liberté de
commerce, sur le plan civil, la concurrence illicite peut causer un dommage soit matériel, soit
moral. Ensuite nous avons fait l’étude de l’atteinte aux sentiments d’affection et pour finir il
nous a été important de soulever que la doctrine n’est pas unanime en ce qui concerne la
réparation du préjudice moral en droit congolais, ce qui nous a permis de donner les points de
vue des opposant à la thèse, des tenants a la thèse et enfin la thèse congolaise.

Rappelons que notre travail a été subdivisé en deux chapitres, dont le premier à
consister à la présentation de l’aperçu générale de la notion de la réparation du préjudice
moral et le second s’est focalisé sur la réparation du préjudice moral en Droit congolais.

Il sied de souligner que pour arriver à confectionner notre travail, nous nous
somme poser une question fondamentale, celle de savoir comment peut-on évaluer le
préjudice moral en droit congolais en vue de reptation ?

Pour parvenir à émettre notre point de vue par rapport à la problématique


sachant bien que il y a des réflexions qui nous ont précédées dans cette thématique, nous
avons utilisé la méthode systémique et la méthode juridique dite exégétique, la première nous
a permis de considérer la réparation du préjudice moral comme étant un ensemble dans lequel
[42]

les éléments doivent être en interdépendance c’est-à-dire que les conditions doivent se réunir
pour parvenir à une réparation. Et la deuxième nous a aidé à l’interprétation des différents
textes des lois afin de comprendre la ratio legis, afin d’arriver à la réparation du préjudice
moral.
[43]

BIBLIOGRAPHIE

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1. LALOU H. ; Traité pratique de la responsabilité civile, Paris, librairie Dalloz, 1955,

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Bruylant Etablissements Bruylant, 1MAZEAUD ET TUNC ; Traité théorique et
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3. NYANGA : Communauté tribale vivant dans le territoire de WALIKALE au


NORD/KIVU.

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responsabilité civile en droit privé Zaïrois » in cahiers (ex-études congolaises) n° 1,
mars 1970.

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Sirey.

6. KALONGO MBIKAYI ; Responsabilité civile et socialisation des risques en droit


zaïrois, PUZ, Kinshasa, 1979.

7. LAMY E.; Introduction historique et comparative à l’étude du droit coutumier


africain, cours polycopié, U.O.C, 1967 1968.

8. H. DE PAGE; Traité élémentaire du droit civil belge, Bruxelles, Ets. Bruylant, 1964
[44]

9. MAZEAUD et TUNC ; Traité pratique et théorique de la responsabilité civile,


délictuelle et contractuelle, 5 ème Ed. Tome 1

10. SAVATIER, R ; traité de la responsabilité civile, T. II, 2 ème éd., N° 525 et S.


DEMONGE

II. TEXTES DES LOIS

1. Code civil des obligations livre)


2. Code napoléon promulgué en 1804 qui a posé le principe de la responsabilité civile, et
aussi géniteur du code civil congolais : des obligations.
3. : Code de la famille
4. Code pénal congolais livre II

III.DICTIONNAIRES

1. Lexique des termes juridique, 12 Ed Dalloz paris


2. Vocabulaire juridique 7 e éd P.U.F. Paris 2005
3. Dictionnaire de Droit, T II, paris, librairie Dalloz, 11, 1960.

IV.NOTES DES COURS


1. NIMPAGARITSE : Progrès Technique et Responsabilité civile, Cours L1 Droit/
ULPGL, U.O.B, 1997, inédit.
2. KALONGO MBIKAYI, Droit Civil des Obligations, notes de Cours,
ULPGL/UNIKIN, 1994, P. 142, Inédit.
3. KALONGO MBIKAYI ; Droit civil-Obligations, Cours polycopié, UNAZA, 1972
4. LAMY E.; Introduction historique et comparative à l’étude du droit coutumier
africain, cours polycopié
5. BAYONA BAMEYA ; Procédure pénale, Cours polycopié, UNAZA 1978
6. MUKADI BONYI ; Droit civil des obligations, cours non polycopié p. 34
ULPGL/UNIKIN 1994 1995, inédit.
[45]

V.AUTRES SOURCES

1. mars 1965, R.J.C 1965, p. 121 ; Cour d’Appel de Léo, 11 sept. 1958, R.J.C.B 1958, p.
223 ; Cour d’Appel de Léo, 4 juin
2. 1957, R.J.C.B 1958, P. 14 Elis. Nov. 1915, Jur. Col. 1926, p. 179
3. Cour d’Appel de Léo, 28 sept 1954, R.J.C.B 1955, p. 89 ; Cour d’Appel d Elis. 17 mai
1960, R.J.C.B 1961, p. 13 Cour d’Appel juillet 1943, R.J.C.B 1944, P. 48
4. CHABAS, F; décision de la cour de cassation (le droit à la réparation de la
concubineadultère) in recueil Dalloz Sirey 1973

5. La Cour d’Appel de Lubumbashi par exemple a condamné le directeur d’un journal de


la place au paiement d’un franc à l U.M.H.K pour réparation du dommage moral qu’elle a
subi à la suite de la publication des propos malveillants tenus à son endroit par le dit journal.
Cour d’Appel Elis. 29 sept. 1942
6. Cour d’Appel de Léo, 23 mars 1954, R.J.C.B 1954, p. 198.
7. Cour d’Appel de Léo, 28 septembre 1954, R.J.C.B 1955, p. 89
8. Cour d’Appel de Léo. 28 septembre 1954 R.J.C.B 1955 p. 89 cour d’Appel d Elis. 17
mai 1960 R.J.C.B 1961 p. 13 cour d’Appel 26 mai 1964 R.J.C.B 1946 p 179.
9. Cour d’Appel d Elis 19 janvier 1946 R.J.C.B, p. 20, Cour d’Appel d Elis, 29
septembre 1942, R.J.C.B, 1945, p. 1 Trib.
10. Cour d’Appel d Elis 19 janvier 1946 R.J.C.B, p. 20, Cour d’Appel d Elis, 29
septembre 1942, R.J.C.B, 1945, p. 1 Trib.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE ...............................................................................................1

PRESENTATION DU SUJET .................................................................................................1


[46]

ETAT DE LA QUESTION .......................................................................................................2

CHOIX ET INTERET DU SUJET ...........................................................................................3

CHOIX DU SUJET ................................................................................................................3

INTERET DU SUJET ............................................................................................................3

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ..................................................................................4

PROBLEMATIQUE ..............................................................................................................4

HYPOTHESE ........................................................................................................................5

METHODES ET TECHNIQUES.............................................................................................6

METHODES ..........................................................................................................................6

TECHNIQUES .......................................................................................................................6

DELIMITATION DU SUJET ..................................................................................................7

DELIMITATION TEMPORELLE .........................................................................................7

DELIMITATION DANS L’ESPACE .....................................................................................8

7. SUBDIVISION DU TRAVAIL .............................................................................................8

CHAPITRE : I NOTION GENERALE SUR LA REPARATION DU PREJUDICE MORAL ......9

SECTION : I LE PREJUDICE MORAL.................................................................................9

§1 APPROCHE LEXICALE ....................................................................................................9

SECTION II : CARACTERES DU PREJUDICE MORAL .....................................................11

§ 1. Le dommage doit être certain et actuel...........................................................................11

§ 2. Le dommage doit être direct...........................................................................................13

§ 3. Le préjudice doit consister dans la violation d’un intérêt légitime. .................................14

SECTION III : LE PREJUDICE ET LA REPARATION .........................................................15

CHAPITRE II : LA REPARATION DU PREJUDICE MORAL EN DROIT CONGOLAIS ......19

SECTION I : L’ACTION EN REPATION .............................................................................19

§1 les bénéficiaires de l’action en réparation. ......................................................................19

§ 2. Etude de quelques cas particuliers. ................................................................................24


[47]

a) L’action d’une concubine. ................................................................................................25

SECTION II : CATEGORIES DES PREJUDICES MORAL ..................................................32

§1. L’ATTEINTE A L’HONNEUR ET A LA CONSIDERATION. ...........................................32

A. Etude de cas d’adultère.................................................................................................34

B. Etude du cas de concurrence illicite. ............................................................................34

§2. L’ATTEINTE AUX SENTIMENTS D’AFFECTION. ........................................................34

SECTION III : CONTREVERSES RELATIVE A LA REPARATION DU PREJUDICE MORAL


.............................................................................................................................................35

SECTION 1 : LES OPPOSANTS A LA THESE. ....................................................................35

SECTION 2 : LES TENANTS DE LA THESE ........................................................................37

SECTION 3: LA THESE CONGOLAISE ...............................................................................39

CONCLUSION ....................................................................................................................40

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................43

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