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0. INTRODUCTION GENERALE
Ainsi, c’est en réalité le mal que cause le préjudice qui devra faire l’objet
de réparation par l’auteur de l’acte. Ce préjudice qui ne devra faire défaut de preuve, comme
nous l’avons évoqué ci-haut, de ce qu’il avance le demandeur, bien qu’il soit tout à fait
convaincu de la légitimité et de la régularité de son action en justice peut voir cette dernière
être rejetée pour la simple raison qu’il n’a pas de preuve.
En effet, une victime qui ne voit pas le tort qui lui a été intentionnellement ou
sans intention du tout ne pas être réparé peut se s’enfoncer dans une situation de stresse qui lui
faira croire qu’elle se trouve devant un Droit moins juste et équitable. Cependant, toutes les
preuves en rapport avec l’existence du préjudice peuvent être apportées devant la juridiction
compétente, mais que son évaluation pose un problème. L’évaluation du préjudice étant, en
des termes plus clairs, la détermination da la valeur dudit préjudice.
.
[2]
1
MPALA, M., cours d’introduction à la recherche scientifique, UNILU, G2 Droit, 2010, inédit
[3]
Nous avons choisi ce thème car la réparation du préjudice est pour nous un
élément indispensable dans l’administration de la justice. Elle est indispensable dans la
réclamation des droits et obligations. Il ne suffit pas seulement de se prévaloir d’un droit que
l’on ne sait prouver. C’est ainsi que nous avons optés pour ce sujet afin de démontrer quelles
sont les règles qui gouvernent l’évaluation du préjudice moral en droit civil et en droit
commercial mais aussi d’en faire une critique. Le choix du présent sujet n’est pas une
imposition de la faculté de Droit mais plutôt une émanation de notre volonté et de notre
curiosité scientifique.
Au niveau personnel
Au niveau scientifique
étendre ses recherches sur la réparation du préjudice moral en droit congolais, que ce soit en
matière du droit du travail, ou en matière du droit pénal mais aussi en droit des assurances.
Au niveau social
0.4.1. PROBLEMATIQUE
La problématique est l’ensemble des problèmes qui se pose sur un sujet. 3 Pour
notre part, la problématique est comprise comme quelques questions que nous nous posons en
rapport avec notre objet d’étude l afin donner les tenants et les aboutissants par rapport au
thème qu’il a choisi.
Si prouver, c’est de la part de l’une des parties de soumettre au juge saisi d’une
contestation des éléments des convictions propre à justifier la vérité des faits qu’elle allègue et
que l’autre dénie.4Il faut cependant se poser la question au mieux certaines questions sur
l’efficacité, les règles et la possibilité de rectifier ou de changer certains modes de preuve.
2
WENU BEKKER, Recherche scientifique THEORIE ET PRATIQUE, presse universitaire de Lubumbashi,
Lubumbashi ; 2009, P.1
3
Le robert, petit dictionnaire, dépôt légal, 2011, P.358.
4
Aubry Héros cité par KIFWABALA TEKILAZAYA Jean Pierre, cours d’administration de la preuve, G3 Droit prive
et judiciaire, UNILU, 2014, inédit.
[5]
0.4.2. HYPOTHESE
L’hypothèse du travail est la proposition des réponses aux questions que l’on
s’est posé dans la problématique.6
Pour Jacques PIEL, l’hypothèse du travail est l’idée directrice, une tentative
d’exploitation des faits formulées au début de la recherche destinée à guider l’investigation, à
être abandonnée ou maintenue d’après les résultats de l’observation dans la même
perspective d’idées8
5
NIZURI GERO, Méthodes et recherche du travail, notes des cours, UNILU, G1 Sociologie, UNILU, 2013-2014,
inédit.
6
NKWANDA MUJINGA Simplice, Initiation à la recherche scientifique, notes des cours, G2 Droit, UNILU, 2011,
inédit.
7
MBAYA KABAMBA, Méthodes de recherche en science sociale, notes des cours, G2 SPA, UNILU, 2009, inédit.
8
PIEL- J. cité par KABEYA, la règle de primauté de la preuve écrite en Droit civil congolais, mémoire défendu à
l’UNIKI, 2010, inédit.
[6]
0.5.1. METHODES
En ce qui concerne le présent travail nous avons fait recours aux méthodes
suivantes :
Selon ALBOVY, les techniques ne sont que des outils mis à la disposition du
chercheur et organisés par une méthode, elles sont illimitées et sont communes dans la plupart
des sciences.12
Pour la réalisation du présent travail nous nous sommes servi des techniques
suivantes :
9
Le robert, le petit dictionnaire, dépôt légal, 2011 p.286
10
PINTO, R. et GRAWITZ, M., les méthodes des sciences sociales, Dalloz, paris, 1971, P.389.
11
MUSWITA P., Méthode de recherche scientifique, notes de cours, G2 Droit UNILU, 2008, inédit
12
ALBOVY, cité par KABEYA LUTSHA, Op.cit. inédit
[7]
§1 APPROCHE LEXICALE
13
LALOU H. ; Traité pratique de la responsabilité civile, Paris, Dalloz, Paris, 1955, P. 105.
[10]
Cette observation nous amène à dire que si les articles 258 et suivants
déterminent limitativement le responsable et le civilement responsable incriminé, il reste à
savoir également tranché quant à la limite des bénéficiaires de l’action en responsabilité.
Plusieurs auteurs ont défini le dommage moral ; mais nous nous contenterons
dans le cadre de cette étude de n’en retenir que trois.
Pour définir le dommage moral, HANS Lalou part d’une notion fondamentale,
la notion de droit et oppose le dommage moral au dommage matériel en basant cette
opposition sur la grande division des droits : les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux. « Un dommage, écrit-il, est une atteinte à un droit, or il existe deux
variétés de droits »14
C’est sans doute cette idée maîtresse qui a poussé Mazeaud et Tunc à définir
cette notion d’une manière lapidaire en disant que : le dommage matériel, c’est le préjudice
patrimonial, le préjudice moral, c’est le préjudice extrapatrimonial, non économique ». Nous
disons quant à nous que le préjudice moral est une souffrance subie par une personne par le
fait d’un tiers.
La notion que notre travail se propose d’étudier est une notion abstraite,
insaisissable au premier abord. Peut-êtrefaudra-t-il la concrétiser en relevant à travers la
jurisprudence des cas concrets. Ce sera l’objet de notre second chapitre. Mais avant d’en
arriver là, voyons dans une deuxième et troisième section les caractères du dommage moral
réparable et le rôle du dommage dans la responsabilité civile.
14
Idem, p. 953
[11]
Tout dommage n’est pas réparable. C’est dire qu’en droit congolais, comme en
droit français et belge, pour être réparé le dommage doit remplir certaines conditions : il doit
être certain, actuel, direct et consister dans la violation d’un intérêt légitime. Le système
congolais de droit écrit limite donc le nombre des dommages pouvant donner lieu à
réparation. En dehors de cette limitation traduite en forme de condition que doit remplir tout
préjudice, il n y a pas de réparation possible. Mais qu’en est-il des bénéficiaires de cette
réparation ? Et que dit le droit coutumier ? Le caractère restrictif du droit écrit est en
opposition avec le droit coutumier. En effet, les actes dommageables pouvant donner lieu à
réparation sont plus nombreux en droit coutumier. Traiter quelqu’ un d’esclave, de sorcier,
constitue un fait dommageable qui doit être réparé Chez les Nyanga, sauf si ses allégations
sont vraies. Le fait pour un mari de dire à sa femme qu’elle sent mauvais est un véritable fait
dommageable. Ce sont là quelques cas pris au hasard ; les exemples sont légion car en droit
coutumier « tout est acte dommageable ».
événement futur peut être aussi certain, le juge devra en tenir compte dans la mesure où il est
« la prolongation certaine et directe d’un état de chose actuel ».15
La cour retient cependant pour la fille un dommage moral certain qui consiste «
notamment dans les douleurs et souffrances causées par les blessures, dans le sentiment
pénible que provoque la conscience d’une certaine diminution physique, dans la répercussion
que cette invalidité permanente peut avoir sur toutes les activités non professionnelles de la
victime ».19
15
MAZEAUD ET TUNC ; Traité théorique et pratique de la responsabilité civile délictuelle, t.1, 5è éd. Paris Mont
chrestien, Paris, 1957, P. 378.
16
NYANGA : Communauté tribale vivant dans le territoire de WALIKALE au NORD/KIVU,/ éd. Africa, Kinshasa
1999, p. 48
17
KALONGO MBIKAYI ; « Problèmes d’adaptation des principes moteurs de la responsabilité civile en droit
privé Zaïrois » in cahiers « ex-études congolaises » ( n°1, mars 1970), p. 81.
18
1957, R.J.C.B 1958, P. 14 Elis. Nov. 1915, Jur. Col. 1926, p. 179.
19
23 mars 1965, R.J.C 1965, p. 121 ; Cour d’Appel de Léo, 11 sept. 1958, R.J.C.B 1958, p. 223 ; Cour d’Appel de
Léo, 4 juin
[13]
Nous serons donc obligés d’y revenir plus loin. Cependant, disons déjà que la jurisprudence
congolaise rend difficile les conditions d’exercice de l’action en réparation du dommage
moral. Les décisions auxquelles nous venons de faire allusion confondent deux notions qui, à
notre avis doivent être distinguées : le caractère certain du préjudice d’une part et le degré de
gravité de ce même préjudice d’autre part. Un préjudice tout en étant certain peut être moins
important qu’un autre. Aussi, estimons-nous qu’il faudrait accorder une indemnité qui soit
proportionnée au degré de gravité du dommage. Certes, dans certains cas, cette indemnité sera
fort réduite et ne revêtira qu’un caractère symbolique, mais, au moins, elle aura abouti à une
chose : l’affirmation d’un droit.
Le dommage réparable, qu’il soit moral ou matériel, doit être direct c’est-à-dire
une suite directe et immédiate de la faute. C’est ce qui ressort de l’article 258 qui exige un
lien de causalité entre le dommage et la faute : ce qu’il faut réparer, nous dit l’article 258,
c’est « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage ».
Cette matière n’a qu’une incidence indirecte sur notre sujet. Aussi ne la
développerons-nous pas dans le cadre de cette étude. Disons toutefois que ce lien de causalité
n’est pas en soi une condition s’imposant d’une manière objective car certains systèmes
[14]
juridiques n’y attachent pas beaucoup d’importance. Il en est de même pour la plupart des
systèmes africains et de certaines populations paysannes de l’occident.
Mais notre système de droit écrit inspiré du droit franco-belge attache une
grande importance à la notion de cause et fait de ce lien de causalité une des conditions sans
laquelle tout exercice de l’action en responsabilité civile est impossible.
Mais que faut-il entendre par dommage direct ? Toulemon et Moore répondent
à cette question en ces termes : « pour employer le langage de la mathématique, on peut dire
qu’il y a dommage direct chaque fois que le fait dommageable en est la condition nécessaire
et suffisante ; nécessaire parce que le dommage n’aurait pas eu lieu si la faute ne s’était pas
produite ; suffisante parce que la faute s étant produite, le préjudice devait s’en suivre sans
qu’aucun autre événement, action, ou omission, cas fortuit ou force majeure n’ait concouru
d’une manière notable à la réalisation du dommage ; au contraire d’une manière générale, le
préjudice indirect sera celui dont la cause nécessaire sera le fait dommageable mais qui n’en
sera pas la cause suffisante, un fait distinct et complémentaire étant venu s’ajouter à cette
cause initiale ».20
20
TOULEMON et MOORE, le préjudice corporel et moral en droit commun, Sirey, Paris, 1968, P. 130
[15]
A côté des conditions que nous venons d’étudier une autre condition est exigée
: le dommage doit « porter atteinte à un intérêt légitime ». C’est dire que la situation lésée doit
être licite et morale.
Nous verrons dans la suite que cette question connaîtra une évolution. L’action
de la concubine ne sera plus rejetée sur base du manque d’un intérêt « juridiquement protégé»
mais sur base d’autres éléments : le manque de garanties de stabilité et le caractère délictueux
du concubinage. 21
21
KALONGO MBIKAYI ; Droit civil-Obligations, Cours polycopié, UNAZA, 1972, P. 134
[16]
accidentelle de son amant. En 1804 les réflexions se sont plus préoccupées du comportement
fautif de l’auteur du dommage que du dommage lui-même.
Nous comprenons dès lors que plus tard, c’est-à-dire à la fin du XIXe siècle, le
principe de la responsabilité pour faute se soit avéré inadapté et insuffisant devant le nombre
de dommages toujours croissants à la suite du progrès technique. Aussi, nous écartons de
notre étude l’appréciation du dommage et responsabilité civile du point de vue de la matière
qui intéresse le contentieux administratif, domaine qui apprécie différemment le concept
comme « risque». 22
22
KALONGO MBIKAYI, op.cit, p.102
23
Idem
[17]
Nous estimons pour notre part, qu’il faut également désacraliser le doit
coutumier, car l’élasticité de la notion du dommage en droit coutumier ne s’explique que par
le caractère magico religieux de ce même droit. Il faut arriver, nous semble-t-il, à introduire la
notion de lien de causalité pour que tout dommage ne soit pas réparable. Il faut en d’autres
termes limiter le nombre de dommages en excluant de cette matière les causes magiques, les
croyances superstitieuses qui sont loin d’être du droit.
24
Placide TEMPELS cité par KALOMBO MBIKAYI, op.cit, p. 105
[18]
25
KALOMBO MBIKAYI, op.cit, p. 10
[19]
Une fois que le dommage, la faute et le lien de causalité sont établis, la victime
du dommage a droit à l’exercice de l’action en réparation. Le problème ne présente pas de
difficulté quand il s’agit de dédommager la victime directe de l’acte fautif.
Analyse de ce critère.
Par ailleurs les alliés sont « des personnes non parentés qui viendraient à la
suite d’un mariage se joindre à la famille. L’alliancen’engendre des rapports qu’entre chaque
époux et les parents de l’autre ».
Ce critère est général. Si notre jurisprudence veut rester logique avec elle-
même, elle devra chaque fois qu’elle y recourra, donner au terme « parent » une portée
générale : ce terme devra viser aussi bien les parents. Nous aurons pu partir des définitions
Zaïroises, mais la jurisprudence écrite qui pose ce critère ne définit nulle part ce qu’elle
entend par parenté ou alliance. Il faut donc tenir compte du fait que les termes parenté et
alliance auront une coloration différente selon que nous voyons les problèmes sous l’angle
droit écrit ou celui de droit coutumier. On a germains, consanguins qu’utérins. Il existe
également plusieurs sortes de parenté : la parenté naturelle et la parenté adoptive.
avait usé de cette formule que pour « rejeter certaines distinctions qu’on lui demandait
d’établir entre les membres de la famille de telle sorte qu’elle ne voulait peut-être point
affirmer par-là que le cercle des réclamants puisse dépasser celui de la parenté et d’alliance ».
C’est ici qu’apparaît la faiblesse du critère. Sans être dépourvu de toute utilité,
ce critère ne joue pas réellement son rôle qui est celui de limiter le nombre d’actions.
Cependant il faut reconnaître qu’il est difficile de poser dans une matière aussi délicate, des
critères rigides sans courir le danger de verser dans l’arbitraire. Le juge ne devrait pas se
sentir trop prisonnier de ce principe.
un progrès manifeste. Il nous reste à voir son application réelle aussi bien en France qu’au
Congo.26
a) Sa portée réelle.
Les tribunaux français ont parfois dépassé le cadre circonscrit par le critère de
lien de parenté ou d’alliance en admettant par exemple, l’action d’une fiancée, celle de toute
personne justifiant d’une simple communauté de vie avec la victime, etc.
Notre jurisprudence n’a pas encore connu de cortège d’ayants droit. Cette
situation, nous semble-t-il, s’expliquerait par le fait que le plus souvent les gens ignorent leurs
droits et n’introduisent pas toujours des actions en réparation du dommage moral, subi à la
suite du décès accidentel d’un parent. Des quelques cas examinés, il ressort que la liste des «
demandeurs se limite soit au conjoint et aux enfants quand il s’agit du père ou de la mère qui
26
Req. 2 février 1931 (D.P 1931.1.18) et rapport PILON, PILON, S. 1931.1.1923 cité par MAZEAUD H. : Op. Cit,
P.79 Voir Pilon.
27
DE PAGE H., Traité élémentaire du droit civil belge, Bruylant, Bruxelles, 1964, P. 953.
[23]
est victime, soit aux parents au sens strict quand la victime est un enfant. Est-ce à dire que
tous les autres parents et alliés : frères, sœurs, neveux, cousins, beaux-parents, amis n’ont pas
droit à l’action en réparation ? Nous ne le pensons pas. Et c’est ici que l’on peut poser le
problème de l’avenir et se demander quelle serait la position des tribunaux Congolais devant
les actions d’un frère, d’une sœur, d’un cousin Devront-ils les déclarer fondées ? C’est une
question de politique législative et de culture de prétoire qui semble engendrer peu d’intérêt
pour le congolais dans ce cas de question préjudicielle.
Comme nous venons de le voir, le critère adopté par notre jurisprudence est
général. Son seul avantage, c’est qu’il permet d’exclure du bénéfice de l’action en réparation
tous les non parents et les non alliés. Cependant le danger de voir le responsable aux prises
avec une multitude d’actions subsiste. En effet, il existe encore beaucoup de familles
nombreuses et la jurisprudence française nous donne l’exempled’un responsable aux prises
avec une foule d’enfants, frères et sœurs, père et mère.
Sohier, se présente comme une institution complexe, composée de deux contrats étroitement
unis, un contrat entre familles et un contrat entre personnes : nous appellerons le premier
l’alliance, le second l’union conjugale ».
De tout ce qui précède, il résulte que le critère de lien de parenté adopté par
notre jurisprudence risque de susciter de nombreux problèmes insolubles. Peut-être
qu’aujourd’hui rien ne présage un tel danger, mais le problème se posera sûrement pour
l’avenir. Aussi serait-il souhaitable de limiter le nombre d’ayants droit. Cette question fera
l’objet de notre quatrième paragraphe. Mais avant cela, examinons quelques cas particuliers.
28
1ère Chambre, 17 novembre (arrêt non publié) (quatre enfants, trois belles-filles, un gendre, huit petits-
enfants) cités par H. MAZEAUD, P. 78, cité par KALONGO MBIKAYI, Op. Cit. UNAZA, P.77.
[25]
Dans ce paragraphe, nous nous proposons d’examiner quelques cas qui pendant
longtemps ont divisé la doctrine et la jurisprudence. Il s’agit des actions d’une concubine,
d’un enfant adultérin et des parents naturels. Notons cependant que des termes comme enfant
adultérin ont été abandonnés au Congo avec l’avènement de notre code de la famille.
29
SOHIER André; Mariage, n° 3, P.5 cité par PAUWELS, Les droits Zaïrois de la famille, 2ème partie : droit
coutumier et législation en matière coutumière, cours polycopié, UNAZA, Kinshasa, 1972, P.21.
[26]
reconnu et « de manière générale, celle des parents et alliés titulaires d’une créance
alimentaire dont les conditions d’exigibilitén’étaient pas réunies à la date du décès ».
Les solutions apportées par la chambre criminelle dans cette matière n’ont pas
laissé la doctrine indifférente. Certains auteurs les ont critiquées et ont rejeté l’action de la
concubine du fait qu’il n’y avait pas d’intérêt légitime en raison du caractère immoral du
concubinage ou du fait du caractère incertain du préjudice, en raison de la précarité du
concubinage. Cependant d’autres auteurs allaient faire appel à des arguments d’ordre général :
« Ils considéraient que seules les personnes liées par un lien de droit à la solution du conseil
d’Etat en admettant que seule la lésion d’un droit et non celle d’un simple intérêt, pouvait
ouvrir à réparation ».
30
BAYONA BAMEYA ; Procédure pénale, Cours polycopié, UNAZA 1978, P.5, cité par NYABIRUNGU, Procédure
pénale, cours non polycopié, ULPGL, 1992-1993
[27]
L’arrêt du 27 février 1970 est venu justement mettre fin à cette opposition entre
deux chambres d’une même cour. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le problème a été
tranché : la cour a abondé dans le sens de la chambre criminelle à savoir l’admission de
l’action de la concubine. Vouloir, estime la chambre mixte, subordonner l’application de l’art.
1382 à l’existence d’un intérêt légitime protégé », c’est violer le texte.
Cet arrêt a donc posé non seulement le problème des conditions d’application
de l’art 1382 mais aussi celui du sens à donner aux expressions licéité, légitimité et bonnes
mœurs. Quand peut-on dire qu’il y a violation de droit ou de bonnes mœurs ? Peut-on dire que
la réparation du dommage subi par une concubine à la suite du décès accidentel de son
partenaire constitue une violation de l’art. 1382 ?
31
MAZEAUD et TUNC , cité par KALONGO MBIKAYI, Op. Cit, P.48.
[28]
L’on pourrait procéder à une interprétation absolue et dire : pour qu’il y ait
réparation, il faut une faute, un dommage et un lien de causalité. Le dommage doit être
juridiquement protégé apparaît comme une condition qui ne ressort pas du texte, c’est-à-dire
de l’art. 1382.
Une situation est illicite dans la mesure où elle viole une ou plusieurs règles de
droit, l’inverse est la licéité. Et nous pouvons conclure que le concubinage non délictueux ne
viole aucune règle de droit positif. Le mariage est un domaine de liberté et que le couple qui
n’a pas opté pour ce statut civil n’en est pas coupable. Dès lors, le concubinage ne peut pas
être qualifié d illicite en dehors des rapports intimes entre individus qui relèvent du domaine
du non droit. Le droit ne couvre pas tous les aspects de la vie sociale ; « il n’est qu’une mince
pellicule à la surface des relations entre les hommes ».
compléter le droit. Toute demande à la justice doit être en harmonie avec ce minimum appelé
« les bonnes mœurs ».32
Il faut tenir compte des circonstances réelles car « la morale doit tenir compte
du malheur des gens à juger, autrement il faudrait procéder à la moralisation de la morale ».
32
VEDAL J., cité par H. de Page, Op. Cit. P.50.
33
Art. 330 à 334 de la loi n°87-010 du 1èr août 1987 portant code de la famille, telle que modifiée et complétée
à ce jour
[30]
Bien que le droit congolais n’a pas encore clairement posé le principe dans ce
domaine, nous osons croire, vu les jurisprudences peu fournies en matière d’action en
réparation d’une concubine, néanmoins nous découvrons dans certaines dispositions de notre
code de la famille la volonté du législateur, lorsque, parlant des preuves du mariage, il cite en
outre la possession d’état d’époux et que par ailleurs, face à une action en divorce initiée par
l’un des conjoints unis par le mariage coutumier, suspend la procédure jusqu’ à
l’enregistrement de ce mariage avant que le tribunal puisse en connaître sur le fond.
Le législateur ne dit pas qu’un tel mariage est illicite mais il limite seulement
ses effets juridiques jusqu’ à son enregistrement. Le droit coutumier quant à lui semble tenir
compte en matière de concubinage de son caractère stable. La stabilité lui sert de critère pour
identifier cette situation de fait à un état de droit qu’est le mariage. Un concubinage de longue
durée produit des effets analogues à ceux du mariage. Nous pouvons affirmer dès lors qu’il
suffit qu’un concubinage présente des garanties de stabilité pour que les tribunaux déclarent
recevable l’action en réparation d’une concubine. Ce que François Shabas a écrit en 1975 est
donc dépassé par l’évolution de la société à l’an 2000.
34
CHABAS F, cité par H. de page op.cit. P.94
[31]
une attitude beaucoup moins négative que le droit écrit. Il n’y a pas de maximes telles que «
nemo auditur » ou « in pari causa».
35 :
PAUWELS, op.cit, P. 23.
36
Idem
[32]
L’atteinte à l’honneur et à la considération est punie par notre code pénal. Dès
lors, avant d’accorder des dommages intérêts, il faut se référer aux faits constitutifs de
l’infraction. Que faut-il pour parler d’atteinte à l’honneur ? Pour le cas des imputations
dommageables, des injures, la jurisprudence exige une certaine publicité.
L’exposer au mépris public sera puni d’une servitude pénale de huit jours à un
an et d’une amende de vingt-cinq mille francs ou d’une de ces peines seulement ». Dans
d’autres cas, la publicité servira au juge d’instrument de mesure pour apprécier l’importance
du préjudice moral subi : « une gifle qui a causé une blessure a provoqué un dommage
matériel et moral à la victime. La gifle qui n’a pas provoqué de blessure cause un dommage
moral d’autant plus grave qu’elle a été portée en présence des tiers.
La rupture des fiançailles peut être également considérée dans une certaine
mesure comme une atteinte à l’honneur et peut de ce fait engager la responsabilité de l’auteur
de l’acte dommageable. Mais le problème des fiançailles pose la question de leur nature
juridique. Les fiançailles constituent elles un contrat ? Si oui sa rupture peut-elle entraîner une
réparation ?
Cette assertion a été critiquée par Mineur Bouillenne qui affirme à son tour
qu’il n’existe pas de clans, dans la Jurisprudence Belge. En effet, chaque fois qu’il fallait
savoir si les fiançailles constituaient un contrat, la jurisprudence Belge a toujours répondu par
la négative. Cependant « au nom de l’équité qui exige que tout préjudice réel et certain soit
réparé, elle ordonnait la réparation qui était due cette fois non pas en raison de la rupture elle-
même mais en raison des faits dommageables dont elle a été l’occasion ».
Pour étayer son opinion, Bouillonne fait appel à plusieurs décisions rendues par
les tribunaux belges et qui d’après lui tranchent bien cette question. Un arrêt de la Cour
d’Appel de Bruxelles, écrit-il, a nettement situé la position de la jurisprudence : « attendu que
la rupture ne pourrait être imputée à la faute que dans des cas exceptionnels et lorsque les
circonstances et modalités de cette rupture créeraient des éléments extrinsèques à la rupture
eux-mêmes ; des actes dommageable ».
Pour cette jurisprudence donc, les fiançailles ne constituent pas une situation
contractuelle, il s’agit d’un stade pré conventionnel, d’une situation de pur fait ne donnant
naissance qu’à de simples obligations morales. Dès lors la faute qui donne naissance à des
dommages-intérêts réside non dans la rupture comme telle mais bien dans la manière dont
celle-ci s’est accomplie : raison injurieuses, publicité outrageante, etc. La jurisprudence
Congolaise a adopté la position de la jurisprudence Belge. La jurisprudence coutumière
semble abonder dans le même sens : « la rupture d’un contrat de fiançailles sans motif
suffisant peut entraîner une condamnation à des dommages-intérêts »
pas à sa place. Le droit coutumier ne connaît pas de fiançailles au sens occidental du terme.
C’est à dire une situation de pur fait, un stade précontractuel qui n a d autre effet que la
naissance de simples obligations morales. En droit coutumier, ce que le droit écrit appelle
fiançailles, est un état de droit faisant naître des obligations réciproques dans le chef des
parties en présence.
Dans un régime libéral, basé sur la liberté de commerce, sur le plan civil, la
concurrence illicite peut causer un dommage soit matériel, soit moral. « Tombe sous le coup
des articles 258 et 259 (2) du Code Civil livre III le fait de dénigrer le produit d’un concurrent
pour vanter par comparaison l’excellence de ses propres produits. Si le préjudice causé est
d’ordre moral plutôt que matériel, la publication de l’arrêt constitue la réparation la mieux
adaptée aux dommages ».
Nous sommes ici en plein domaine des sentiments où la sagacité du juge sera à,
maintes reprises mise à l’épreuve. Il s’agira pour lui, dans chaque cas (2) : Art. 259 : «
Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par
sa négligence ou par son imprudence ». D’espèce de calculer, mesurer la souffrance de ses
semblables. La jurisprudence congolaise a rencontré ces cas plusieurs fois ; les décisions
rendues en cette matière sont nombreuses. 39 A la lumière de tous les différents cas examinés,
nous prouvons dire que les dommages moraux les plus fréquents dans notre jurisprudence
[35]
restent sans conteste l’atteinte à l’honneur et aux sentiments d’affection. Une fille est écrasée
par une voiture, la Cour d’Appel de Léo accorde des indemnités pour dommage moral aux
parents. Une femme et un enfant perdent leur mari et leur père dans un accident d’automobile,
l’auteur de l’acte dommageable indemnise la veuve et l’enfant pour dommage moral.
Certains auteurs estiment en effet que la réparation n’est possible que dans la
mesure où le préjudice moral a une incidence matérielle. On a objecté à ces auteurs que cette
façon d’envisager le problème reviendrait à affirmer que seul le dommage matériel pouvait
être réparé. « Autant dire, écrivent Mazeud et Tunc que le préjudice moral ne peut être réparé
».
D’autres font une distinction entre le préjudice moral causé par une
infraction pénale et celui qui n’est pas causé par elle. Ce n’est que dans la première hypothèse
seulement que l’on admet la réparation du dommage moral distinct de tout préjudice
pécuniaire.
37
AUBRY et RAU, cités par MAZEAUD et TUNC, Op.cit. 387
38
IDEM, p. 386
[38]
39
SAVATIER R, cités par MAZEAUD et TUNC op.cit, p.390
[39]
qui a causé un dommage ; celui qui a posé un acte fautif puisse répondre des conséquences de
son acte.40
§ 3: LA THESE CONGOLAISE
L’appréciation du juge est souveraine. C’est lui qui, d’après les circonstances
de fait, réduit ou augmente le montant des dommages-intérêts. Cependant, la jurisprudence
congolaise entretient parfois une certaine confusion entre le dommage matériel et le dommage
moral. Certaines décisions traduisent bien la nécessité de distinguer ces deux catégories de
dommage, d’autres se passent de cette distinction ou ne retiennent qu’un seul aspect là où il
faut retenir les deux. Mais cette confusion ne sera que temporaire car notre jurisprudence
connaîtra dans la suite une évolution manifeste, elle se rendra compte que la réduction de la
capacité physique peut entraîner un préjudice matériel bien distinct du préjudice moral. Il est
aussi à constater que les juristes (juge ou avocat) utilisent la formule : tous préjudices
confondus.
En relevant cette évolution, nous pouvons donner raison à LAMY qui en 1961
déjà s’insurgeait contre une décision du Tribunal de 1 ère Instance d Elisabethville qui avait
estimé qu’ il y avait lieu de confondre le dommage matériel et le dommage moral au cas où le
préjudice atteindrait une victime n’exerçant pas de profession lucrative au moment de
l’accident. « Nous ne croyons pas, écrivait-il, que ce soit dans l’état actuel de l’évolution de la
jurisprudence, une règle constante que de confondre dommage matériel et dommage moral,
même dans le cas où la victime avant l’accident qui a entraîné une invalidité permanente
n’exerçait pas une activité lucrative. A côté du dommage matériel, il peut toujours subsister
un éventuel dommage moral comme les craintes pour l’avenir, le préjudice esthétique, le
sentiment d’une déchéance physique, d’ennui constant d’une gêne, etc. » La position de notre
40
MUKADI BONYI, Droit civil des obligations, p. 34 ULPGL/UNIKIN, 1994 1995, inédit
[40]
jurisprudence se justifie. Les raisons qui ont justifié notre adhésion à la thèse des défenseurs
du principe de la réparation du dommage moral peuvent trouver leur place ici.
CONCLUSION GENERALE
nombre des dommages pouvant donner lieu à réparation. En dehors de cette limitation traduite
en forme de condition que doit remplir tout préjudice, il n y’a pas de réparation possible.
Nous avons encore dit que Le dommage peut revêtir plusieurs formes. Et de ce
fait, nous avons Passé en revue en procédant à une classification de différents cas rencontrés à
l’atteinte à l’honneur et à la considération, l’Atteinte au sentiment d’affection, à savoir
différentes formes de dommage.
Rappelons que notre travail a été subdivisé en deux chapitres, dont le premier à
consister à la présentation de l’aperçu générale de la notion de la réparation du préjudice
moral et le second s’est focalisé sur la réparation du préjudice moral en Droit congolais.
Il sied de souligner que pour arriver à confectionner notre travail, nous nous
somme poser une question fondamentale, celle de savoir comment peut-on évaluer le
préjudice moral en droit congolais en vue de reptation ?
les éléments doivent être en interdépendance c’est-à-dire que les conditions doivent se réunir
pour parvenir à une réparation. Et la deuxième nous a aidé à l’interprétation des différents
textes des lois afin de comprendre la ratio legis, afin d’arriver à la réparation du préjudice
moral.
[43]
BIBLIOGRAPHIE
I. LES OUVRAGES
8. H. DE PAGE; Traité élémentaire du droit civil belge, Bruxelles, Ets. Bruylant, 1964
[44]
III.DICTIONNAIRES
V.AUTRES SOURCES
1. mars 1965, R.J.C 1965, p. 121 ; Cour d’Appel de Léo, 11 sept. 1958, R.J.C.B 1958, p.
223 ; Cour d’Appel de Léo, 4 juin
2. 1957, R.J.C.B 1958, P. 14 Elis. Nov. 1915, Jur. Col. 1926, p. 179
3. Cour d’Appel de Léo, 28 sept 1954, R.J.C.B 1955, p. 89 ; Cour d’Appel d Elis. 17 mai
1960, R.J.C.B 1961, p. 13 Cour d’Appel juillet 1943, R.J.C.B 1944, P. 48
4. CHABAS, F; décision de la cour de cassation (le droit à la réparation de la
concubineadultère) in recueil Dalloz Sirey 1973
PROBLEMATIQUE ..............................................................................................................4
HYPOTHESE ........................................................................................................................5
METHODES ET TECHNIQUES.............................................................................................6
METHODES ..........................................................................................................................6
TECHNIQUES .......................................................................................................................6
CONCLUSION ....................................................................................................................40
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................43