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POLE SCIENCES ECONOMIQUES, JURIDIQUES ET DE L’ADMINISTRATION

(SEJA)
Licence I/Promo 10/Semestre I
Sciences Juridiques (SJ)
Droit Informatique Legaltech (DIL)
DROIT CIVIL
Introduction au Droit-Droit des Personnes
Année Académique 2022-2023

ÉQUIPE PEDAGOGIQUE :
Concepteur : Pr. Bachir NIANG
Animateur : Pr. Jean Louis COREA

TRAVAUX DIRIGES :
Eliane P. N. MBAYE -Papa Lassane Barry SALL-Mamadou Laye BITEYE-Marie Rose
LUDLOFF-Amadou BADJI-Mamadou O. DIALLO-Moumy DIALLO-Idrissa DOLE-Marie
Anique SAMBOU-El Hadji Moussa DIEDHIOU-Papa Sow NIANG-Maydianga DIALLO-
Youssou KEBE-Abdoulaye SEYDI-Babacar SENE -Ababacar NDIAYE-Mamadou DIA-
Hamedine SARR-Yacine BODIAN-Ibrahima DIA-Younouss SANE-Khady DABO-Fatou SENE

Séance n°5
THEME : LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS.
Sous-thème : L’administration de la preuve en droit sénégalais.
NOTE INTRODUCTIVE :
Le succès d’une action en justice suppose que soient démontrés les faits qui la soutiennent ; ou
alors pour se prévaloir d’un droit, il faut être en mesure d’établir que ce droit existe et qu’on en est
titulaire. C’est la problématique de la preuve en droit. Elle reste fondamentale comme le dit l’adage,
la preuve est la rançon du droit. Parler de la preuve en droit revient surtout à s’interroger sur deux
questions essentielles : Qui doit prouver ? Et comment prouver ? Sans pour autant perdre de vu la
question des moyens de preuve tel que déterminer par la loi.
Travail à faire : Cas Pratique.
Cas n°1 :
Pour dédouaner ses marchandises, un commerçant emprunte à l’un de ses collègues du Centre
commercial 2 000 000 F payables sous huitaine.
Deux mois après, le créancier lui rappelle qu’il n’a pas jusqu’ici honoré son engagement de payer
à bref délai. Le débiteur nie lui devoir quoi que ce soit. Il ne se rappelle même pas d’avoir discuté
avec le prétendu créancier d’un problème de dédouanement.
Le tribunal de grande instance de Dakar est saisi pour se prononcer sur ce litige.
Au regard du montant en cause dans cette affaire, le témoignage et les présomptions sont-ils
recevables comme preuve ?
Cas n°2 :
Mme COLY vient d'acheter une maison et se trouve à court d'argent pour régler les frais de notaire.
A cet effet, elle demanda à sa petite sœur Mme BADJI de lui prêter la somme de 500 000 francs
nécessaire, devant leur amie commune et s'engage à la régler dans un délai de six mois. Le terme
venu, Mme BADJI réclame à Mme COLY la somme convenue. Cette dernière de très mauvaise
foi refuse de payer la dette.
Mais Mme BADJI est inquiète et pense ne pas pouvoir recouvrir sa créance puisqu’elle n’a pas pu
dresser un acte écrit à l’occasion. Elle vient vous demander conseil.
Il s’avère que vos conseils ont été fructueux. Et une fois devant le juge Mme COLY prétend s’être
libérée de cette obligation il y a deux mois de cela.
Que dire de cette situation ?
Cas n° 3 :
Souleymane DIAGNE est un commerçant au marché Boucotte de Ziguinchor. Ces dernières
années, il a eu à faire de bonnes affaires et veut étendre ses activités. A cette occasion, il décide de
se lancer dans le commerce électronique. Au cours de ses transactions il a eu à faire des commandes
par voie électronique auprès d’un fournisseur de Dakar et à décider de payer à l’avance. Et son
fournisseur devait lui acheminer les produits commandés dans les 15 jours suivants la commande.
Mais à sa grande surprise ce dernier non seulement ne lui livre pas les produit mais pire encore il
conteste l’existence de la transaction.
Très inquiet de cette situation, il décide de vous prendre comme conseiller pour pouvoir obtenir
gain de cause.
M. Mor doit à M. SECK 500.000 FCFA payable le 13 mars. A terme de la créance, Mor nie la
dette. Qui doit prouver et comment ?
Avec sa femme, ils ont un enfant. Mais M. Mor prétend que ce n’est pas son enfant car il ne lui
ressemble pas. L’enfant va-t-il prouver que Mor est son père ?
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
DIOUF (A. A.), « Étude critique de l’impossibilité morale dans la preuve des actes juridiques en
Afrique noire francophone », Revue internationale de droit comparé. Vol. 65 N°2,2013. pp. 391-
418
NAVARRO, La preuve et l’écrit entre la tradition et la modernité, JCP éd., 2002, I, n°187 J.M.
FERNANDEZ, L’acte sous-seing privé : la faiblesse de sa force probante, Petites Affiches 6 AOUT
1997, n°94, p9.
Buffelan-Lanore (Y.) et Larribau-Teyneyre (V.), Droit civil 1re année, Sirey, 16è éd., 2009.
Carbonnier (J.), Droit civil, Introduction, PUF, coll. Thémis, 2è éd. 2002.
Cornu (G.), Droit civil, Introduction au droit, Montchrestien, coll. « Précis Domat », 13è éd.,
2007.
Malaurie (Ph.) et Morvan (P.), Droit civil, Introduction générale, Défrénois, coll. « Droit civil »,
3è éd., 2009.
Mazeaud (H., L. et J.) et Chabas (F.), Leçons de droit civil : Introduction à l’étude du droit,
Montchrestien, 12è ed., 2000.
Terré (F.), Introduction générale au droit, Dalloz, coll. « Précis », 8è éd., 2009. (n° 449-571).
DOCUMENTS JOINTS :
Document : Extrait de Introduction au droit et thèmes fondamentaux du droit civil, Jean-Luc
AUBERT, Armand Colin, 9ème éd. 2002, pp. 231-235, 239-241
Chapitre 1 : La preuve des droits subjectifs
Objet et charge de la preuve. Preuve légale et intime conviction. – Pour se prévaloir d’un droit,
il faut être en mesure d’établir que ce droit existe et qu’on en est titulaire. Cette brève observation
suffit pour poser, de la façon la plus générale, le problème de la preuve, problème dont on souligne
usuellement l’importance pratique en remarquant qu’il revient au même de ne pas pouvoir prouver
l’existence de son droit que de ne pas en être titulaire. L’objet de cette preuve est constitué par tous
les faits, tous les événements, qui ont une portée juridique, notamment ceux qui sont de nature à
donner naissance à un droit […] ou en assurer le transfert […]. Et c’est en principe celui qui entend
se prévaloir de l’événement considéré qu’il revient de l’établir : on dit que la charge de la preuve
pèse sur le demandeur, c'est-à-dire celui qui, dans le débat judiciaire, y appuie ses prétentions. Ce
principe d’attribution de la charge de la preuve, dont la mise en œuvre se révèle particulièrement
complexe, doit cependant être nuancé à deux égards. D’abord, en considération de la nature de la
procédure engagée – civile, commerciale, pénale ou administrative. C’est que l’office du juge n’est
pas toujours le même : ainsi, en matière civile, le juge n’a qu’un rôle relativement passif, les parties
au procès ayant – réserves faites de nuances parfois importante- la charge effective de la réunion
des preuves ; en matière pénale, au contraire, c’est le juge qui, à titre principal, assure cette mission.
Il va de soi que, dans ce dernier cas, le poids de la charge de la preuve imposée au demandeur se
trouve, de fait, allégé. En second lieu, il faut tenir compte, en matière civile notamment, de
l’existence de présomptions légales, dont le jeu produit un renversement de la charge de la preuve.
Cette sorte de présomption consiste, en effet, à considérer comme prouvé un fait qui n’est pas
connu, sur le seul fondement de la constatation d’un fait distinct : ainsi, par exemple, l’article 1282
du Code civil affirme-t-il la libération du débiteur- présomption de paiement- du seul fait que le
créancier lui a remis son titre de créance. Il en résulte donc que la loi dispense de preuve celui qui,
normalement, aurait dû établir le fait présumé : en conséquence de l’article 1282, le débiteur n’a
plus à prouver qu’il a payé ; c’est au créancier qu’il revient de démontrer qu’il ne l’a pas fait. Il
reste enfin, - question essentielle […] -- de déterminer de quelle manière doit se faire la preuve.
Notre droit, à cet égard, oscille entre deux système différents : soit que la loi exige que la preuve
soit faite par certains moyens qu’elle désigne précisément et qui ne laissent au juge aucun pouvoir
d’appréciation – c’est le système de preuve légale ; soit au contraire la preuve soit libre – système
dit de la preuve morale - comme l’est, du même coup, l’appréciation du juge qui statut alors par
intime conviction, c'est-à-dire conformément aux convictions que, par les preuves apportées, les
parties ont pu faire naitre en lui. Le droit français ne consacre, en aucune matière, un pur système
de preuve légale. L’opposition se fait plutôt entre le droit civil, caractérisé par un système de preuve
mixte (pour partie preuve légale, pour partie preuve morale), et des systèmes proches de la preuve
morale, que consacre le droit pénal, le droit commerciale et le droit administratif.
Section 1 : Les modes de preuve en matière civile
La distinction des actes et des faits juridiques au regard de la preuve. - Si le système de preuve
en matière civile est mixte, cela tient principalement à ce que le droit civil distingue les actes et les
faits juridiques pour les soumettre à deux régimes de preuve différents. Les faits juridiques sont,
en principe, soumis à un système de preuve libre (preuve morale) : tous les moyens de preuve
peuvent être employés par les parties pour établir le fait considéré. Cette liberté habilite, en
particulier, le témoignage, c'est-à-dire le rapport, par une personne, de ce qu’elle a vu ou entendu
par elle-même. Ce principe s’applique, en particulier, à la responsabilité civile. Il convient
cependant de souligner qu’il supporte des exceptions importantes : l’état civil et la filiation sont
soumis, en effet, à un système de preuves déterminées. Pour les actes juridiques, au contraire, la
loi consacre un système dominant de preuves légales. Le principe est alors, en effet, que la preuve
doit être préconstituée, c’est-à-dire que les parties doivent se ménager la preuve des actes qu’ils
concluent par la confection d’un écrit. Cette exigence de la preuve par écrit comporte cependant
diverses exceptions qui permettent, parfois, de réintroduire le témoignage dans le mécanisme de la
preuve. C’est donc en prenant gardé à cette distinction fondamentale des actes et des faits juridiques
que l’on envisagera les différents modes de preuves admis par la loi : d’abord l’écrit, puis le
témoignage auquel il convient d’adjoindre les présomptions du fait de l’homme et, enfin, deux
modes de preuve particuliers qui ont un rôle en quelque sorte complémentaire des précédents :
l’aveu et le serment.
[…]
Section II : les autres systèmes de preuve
La preuve en matière pénale. – Le particularisme du procès pénal- sa gravité- trouve un écho
nécessaire dans le système de preuve qui est appelé à y fonctionner. Sans doute, ici comme ailleurs,
le principe est-il que la charge de la preuve incombe au demandeur – en l’occurrence le ministère
public ; du moins faut-il remarquer que la tache de celui-ci se trouve nettement définie par
l’existence d’une présomption légale d’innocence. […]
Pour cela le principe est celui de la liberté de la preuve, ce qui est conforme à la nature de fait
juridique qui s’attache à l’infraction. Cela ne signifie pas, cependant, que tous les modes de preuve
du droit civil soient applicables. Ainsi, notamment, le serment décisoire est-il exclu de la procédure
pénale. Cela ne signifie pas davantage qu’hormis ce cas particulier tous les modes de preuve soient
admissibles : il existe en effet un principe général de loyauté dans la recherche des preuves qui
interdit le recours à certains procédés, telles la provocation ou les enregistrements clandestins. A
cela, il convient d’ailleurs d’ajouter que le principe de liberté de la preuve s’inscrit ici dans le cadre
très particulier d’une instruction organisée. La recherche des preuves est, rappelons-le, confié au
juge qui doit instruire à charge comme à décharge, c’est-à-dire rechercher tous les éléments –
favorables ou défavorables à celui qui est soupçonné de délit- propres à permettre la manifestation
de la vérité. Et cette instruction est très précisément réglementée, notamment pour assurer la
protection des droits de la défense, ce qui donne au système de preuve une rigidité qui limite la
portée du principe de liberté de la preuve. En revanche, la souplesse inhérente au système de la
preuve morale se retrouve pleinement –réserve faite de rares exceptions- au plan de l’appréciation
par le juge des preuves produites devant lui. C’est le principe de l’intime conviction du juge qui
joue ici : le juge se prononce selon l’effet qu’on produit sur sa conscience les preuves qui lui ont
été présentées. La preuve en matière administrative. - Devant la juridiction administrative, le
système de preuve se rattache également à celui de la preuve morale. En principe, tous les modes
de preuve sont admis – écrits, témoignages, présomptions … et le juge est conformément au
principe de l’intime conviction, libre dans son appréciation des éléments de preuve qui lui sont
exposés.
Le particularisme majeur de ce système de preuve s’observe à l’occasion de l’attribution de la
charge de la preuve. Certes, le principe est ici encore la charge incombe au demandeur. Mais, la
mise en œuvre de ce principe appelle deux remarques. La première est que, dans les matières
administratives, le jeu de ce principe confère toujours la charge de la preuve à l’adversaire de
l’Administration : c’est la conséquence de la règle de la décision préalable qui place nécessairement
celle-ci en position de défendeur. La seconde est que la jurisprudence du Conseil d’Etat, appuyée
fermement sur le principe d’instruction reconnu au juge administratif, ainsi que son pouvoir de
contrôle des actes de l’Administration, confère une certaine précarité à cette attribution initiale et
automatique du fardeau de la preuve à celui qui se plaint de la décision de l’Administration. […]
La preuve en matière commerciale. - Au contraire du droit civil, le droit commercial consacre
le principe de la liberté de la preuve. En particulier, les actes juridiques et notamment les contrats,
peuvent être prouvés par tous les moyens : témoignages, documents comptables, factures, éléments
de correspondance etc. L’exigence d’un écrit est écartée. Plus précisément, même, l’acte écrit se
trouve, en tant que tel, et lorsqu’il est produit, privé de la force particulière que lui reconnait le
droit civil : contrairement aux dispositions de l’article 1341 du Code civil, il est possible de prouver
outre et contre son contenu par témoignage ou par présomption. Tout est alors affaire de conviction
du juge. Ce principe de liberté se justifie traditionnellement par les besoins de souplesse et de
rapidité propre à l’activité commerciale. […]

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