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EFP

AGENTS IMMOBILIERS

DROIT CIVIL – 1ère année

2023 - 2024

Partie I

Pascal Simonon
Marie Godefridi

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OBJECTIFS DU COURS

Le droit devient de plus en plus complexe, tendant à réglementer de manière de plus en plus
précise chaque domaine.

On assiste notamment à un développement des normes de «protection » : le consommateur, la


sécurité sociale, la personne surendettée, etc.

La Belgique étant à présent un état fédéral, la multitude des pouvoirs législatifs (parlements national,
régionaux et communautaires) entraîne une surabondance de textes.

Ce cours n’a donc certainement pas pour but de dresser un inventaire exhaustif de la législation, ni
même de maîtriser juridiquement un sujet déterminé. Le seul contrat d’entreprise permet aux
spécialistes d’éditer un traité de plusieurs centaines de pages…

L’objectif serait plutôt d’attirer l’attention du professionnel sur l’existence de normes et de lui donner
le réflexe d’un comportement basé sur la prudence et l’information.

Un accent particulier sera donné aux dispositions applicables en matière immobilière.

Un comportement inadéquat peut en effet faire perdre un litige d’un point de vue juridique, même si
le professionnel est de bonne foi.

A titre d’exemple, les règles de la preuve en matières civile et commerciale sont très rigoureuses.
Ne réagir à un courrier de plainte d’un client que par une communication verbale s’avère très
dangereux pour l’entrepreneur, qui pourra difficilement le prouver !

Le droit est parfois complexe à cause de la terminologie particulière qu’il utilise. Le but sera aussi
de donner les éléments essentiels du vocabulaire juridique, afin de comprendre les intervenants.

Exemples :

• Vous n’êtes que créancier CHIROGRAPHAIRE (ne disposant d’aucun privilège <> créancier
hypothécaire). En cas de faillite de votre débiteur, et s’il y a insuffisance d’actifs, vous n’aurez droit à
rien ou pratiquement rien.

• Ex : Vente moyennant ARRHES ou ACOMPTE :

ACOMPTE = Paiement partiel à valoir sur le montant d’une somme à payer


ARRHES = Somme (ou chose) remise au moment de la conclusion d’un contrat à titre d’avance et
constituant une faculté de dédit pour les parties.

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Code civil, Art. 1590.
« Si la promesse de vendre a été faite avec des arrhes, chacun des contractants est
maître de s'en départir, celui qui les a données, en les perdant,
Et celui qui les a reçues, en restituant le double. »

L’agent immobilier se trompe et indique « arrhes de 25.000 € » au lieu du mot


acompte, avec dessous de table de 75.000 € (ce qui est bien sûr illégal…)

Conséquence : comme il s’agit d’arrhes et non d’acompte, le vendeur dispose de la


faculté de renoncer à la vente et de rembourser les arrhes x 2 soit ici 50.000 €. Il
fait donc une opération juteuse : il conserve l’immeuble et gagne 50.000€ (75.000
de dessous de table + 25.000 d’arrhes – 50.000 remboursés au candidat
acquéreur).

Par contre si le compromis de vente indique « acompte », le vendeur ne peut plus


se dédire et l’acquéreur peut forcer la vente…

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TITRE I. GENERALITES SUR LE DROIT

1.DEFINITION DU DROIT

Le mot "droit" peut revêtir plusieurs sens : le droit est une science, le droit, est un idéal, le droit est
une discipline, le droit est une norme. Parmi ces différents sens, il en est un qui surgit plus
immédiatement à l'esprit: le droit est une règle, une norme.

On constate que toute vie en société implique des règles. L'agir humain fait l'objet de choix qui se
font non seulement par référence à des valeurs, mais aussi en tenant compte des autres agir humains
souvent imprévisibles. Or, la nature humaine ne peut supporter l'incohérence et l'absurdité des choix
impossibles. D'où la nécessité d'une mise en ordre effective des agir sociaux. Cette mise en ordre est
assurée par la règle juridique.

Mettez deux individus ensemble, ils devront établir des règles de fonctionnement pour structurer
leurs relations.

La règle juridique organise donc les rapports sociaux en vue d'assurer le bien être social.

Exemples :
- Code de la route
- Code pénal
- droit international
- règlement EFPME
- Constitution…

Attention le droit est différent de la « morale » ou de la « Justice » : La morale est subjective et


propre à chaque individu. La Justice est un idéal qui n’est pas forcément de ce monde …

Exemple : acquittement d’un prévenu en raison d’une règle de procédure telle que
la prescription… Droit ? Morale ? Justice ?

Définition : le droit est un ensemble de règles dont se dote une communauté en vue de régir
la vie en société et sanctionnées par la puissance publique.

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2.LES SUBDIVISIONS DU DROIT

Vu l'énormité du phénomène normatif, les juristes ont essayé d'opérer une classification des matières
juridiques, des regroupements rationnels en différentes branches du droit.

L'ensemble des règles qui trouvent leur origine à l'intérieur d'un Etat forme le droit interne de cet
Etat.

Les règles dont la source est internationale forment le droit international.

2.1. Le droit interne

Traditionnellement, on subdivise le droit interne en droit public et droit privé. Il faut en outre y
ajouter le droit social. .

2.1.1.Le droit public

o Définition :

Ensemble de règles organisant le statut de l'Etat et de ses démembrements (Etat fédéral


– Communautés – Régions – Provinces – Communes…) ainsi que les rapports entre la
puissance publique et les particuliers. Les particuliers sont appréhendés en tant que
citoyens de l'Etat.

Le droit public confère des droits politiques aux individus.

Le droit public concerne l'organisation de l'Etat et les rapports juridiques des particuliers
avec les pouvoirs publics.

Ce droit touche à l'ensemble de la société et à son fonctionnement.

o Il se subdivise lui-même en quatre branches:

a)Le droit constitutionnel est la partie du droit public qui fixe la forme de l'Etat,
détermine le statut des pouvoirs et les droits fondamentaux des individus.

Exemples :

• relations entre Etat fédéral, Régions et Communautés, règles de répartition des compétences (tout ce
qui concerne nos institutions)
• droits fondamentaux : liberté individuelle, respect vie privée ou secret de la correspondance… ce sont
les droits les plus essentiels de la vie en société.

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b) Le droit administratif est la partie du droit public qui règle l'organisation et l'activité des
autorités administratives, régit leurs rapports avec les particuliers, détermine les contrôles dont elles
sont l'objet et organise certains des modes de solution des litiges auxquels elles sont parties.

Ce sont les droits et obligations de nos administrations mais aussi les règles qui régissent les
administrations dans leurs rapports avec les particuliers.

Exemples : permis d’urbanisme, permis d’environnement etc.

c) Le droit fiscal est la partie du droit public qui fixe les modalités suivant lesquelles il est contribué
aux charges publiques, en déterminant les contribuables, l'assiette de l'impôt, son mode de calcul,
etc.

d) Le droit criminel qui comprend:

- le droit pénal qui définit les faits qui constituent des infractions, ainsi que les peines et mesures
de sûreté applicables à leurs auteurs ;

- droit de la procédure pénale qui définit les règles selon lesquelles les infractions peuvent être
recherchées et jugées.

Exemple : limitation de vitesse : en agglomération avoir dépassé de plus de 10 km/heure la


vitesse autorisée : amende de 53 EUR + 11 EUR pour chaque Km/h supplémentaire jusqu’à
30.

2.1.2. Le droit privé

o Définition :

Le droit privé est la branche du droit qui régit les rapports des personnes privées entre elles. Le droit
privé confère des droits civils aux individus.

o Il se subdivise lui-même en trois branches:

a) Le droit civil, branche principale du droit privé, constitue le droit commun des rapports entre
particuliers, c'est-à-dire le droit ordinaire, applicable à tous.

Une bonne partie du droit civil est contenue dans le vieux Code civil, aussi appelé Code Napoléon
de 1804. De nombreuses lois y ont cependant apporté des modifications essentielles.

Le Code civil règle le droit des personnes (relatif à la condition juridique des individus - ce droit
touche à l'identité propre), le droit de la famille (qui a trait au mariage et à la parenté), le droit des
biens (qui a trait à la classification des biens et détermine les droits dont ils peuvent faire l'objet) et
le droit des obligations (qui développe les sources des obligations : acte ou fait juridique, contrats)

Une réforme est en cours qui conduit à un Nouveau Code civil. En font partie à ce jour le livre 3 sur

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les biens et le livre 8 sur la preuve.

b) Le droit de l’entreprise (auparavant droit commercial) est la partie du droit privé qui régit les
activités économiques et organise le statut des entrepreneurs;

c) Le droit judiciaire ou droit de la procédure civile règle la conduite des procès civils.

2.1.3.Le droit social

Le droit social est une matière relativement récente qui ne relève pas nettement du droit public ou du
droit privé.

Le droit social est la branche du droit qui régit les relations entre les travailleurs salariés, les
employeurs privés et l'Etat et qui protège tout ou partie de la population contre les risques sociaux.

Il comprend deux parties:

Le droit du travail est la partie du droit social qui s'applique aux relations
individuelles et collectives de travail qui se nouent entre les employeurs privés et les travailleurs
placés sous leur autorité, ainsi qu'aux rapports que ceux-ci ont avec les autorités publiques, dans le
cadre de ces relations.

Le droit de la sécurité sociale est la partie du droit social qui protège tout ou partie
de la population contre les risques sociaux en lui assurant des revenus de complément ou de
remplacement.

2.2. Le droit international

Le droit international règle les rapports humains dépassant la sphère nationale.

Il comprend deux branches:

Le droit international public règle les rapports entre Etats en temps de paix et en temps de
guerre.

Exemples : plus de frontières, libre circulation des travailleurs, Europe, etc.

Le droit international privé règle les relations entre particuliers sujets d'Etats différents.

Exemples :

- J'ai étudié en France, est ce que mon diplôme sera valable au Maroc?
- un individu à un accident de voiture en Hollande, le conducteur est de nationalité grecque et l'autre
automobiliste est belge : quel droit va s'appliquer et dans quelles conditions?

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3. L’ETAT BELGE

3.1. L’ordre international

L’état belge se situe au sein d’un système international et a signé différents traités et a donc
accepté des règles qui s’imposent à lui :

- Union Européenne
- Convention européenne des droits de l’homme
- Organisation des Nations Unies
- Organisation Traité Atlantique Nord
- Conventions internationales (bilatérales – multilatérales…)

3.2. Le fédéralisme

La Belgique est composée de plusieurs groupes linguistiques qui ont décidé de gérer certaines
compétences séparément des autres.
" La Belgique est un État fédéral qui se compose des communautés et des régions. " (art. 1 de la
Constitution)

Un Etat fédéral est un Etat composé de plusieurs collectivités politiques (appelées des entités
fédérées) auxquelles il se superpose.

Comment en est-on arrivés là? Rappel historique.

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3.2.1.L’Etat fédéral

C'est l'entité qui représente l'ensemble du territoire belge et dont les compétences sont nationales.

a) Compétences :

Les compétences de l'Etat fédéral regroupent tout ce qui a trait à l'intérêt général et tout ce qui n'est
pas expressément dévolu aux autres entités fédérées.

Les compétences de l’Etat fédéral sont notamment :

• la justice ;
• la défense
• les finances ;
• les affaires étrangères ;
• la politique nucléaire ;
• la représentation de la Belgique au niveau international (sous réserve de la compétence
des Communautés et des régions dans leurs sphères de compétences respectives) ;
• la sécurité publique : police, sûreté de l’état…

b) Séparation des pouvoirs

Il existe trois pouvoirs au sein de l'Etat fédéral :

Le pouvoir législatif confectionne les lois.


Le pouvoir exécutif exécute les lois.
Le pouvoir judiciaire sanctionne l’application des lois (ou le non respect de celles-ci.).

o Le pouvoir législatif :

Composition

Le pouvoir législatif comprend deux assemblées qui ont des compétences différentes :

La Chambre des représentants

La chambre se compose de 150 députés élus au suffrage universel tous les 4 ans.
Le but de cette chambre est de représenter la population. Le partage des sièges se
fait en fonction du nombre d’habitants de la région concernée.

Il est donc tenu compte dans l'attribution des sièges, des deux groupes linguistiques
et du résultat des élections.

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Le Sénat

Cette Chambre est plus « fédérale », la répartition des sièges étant plutôt opérée en fonction
des appartenances régionales et communautaires.

Depuis 2014, les sénateurs ne sont plus élus directement par les citoyens, mais proviennent
des parlements des communautés et des régions.

Le Roi

Le Roi est la « troisième branche » du pouvoir législatif.


Il sanctionne et promulgue les lois (signature des lois.)
Le Roi n'exerce aucun pouvoir à titre personnel, ce sont les ministres qui prennent la
responsabilité des lois votées.

Partage des compétences au sein du pouvoir législatif :

Parmi les fonctions de la Chambre, on retrouve notamment :

- la confection des lois


- le vote du budget fédéral et le suivi des finances publiques, aidé en cela par la Cour des
comptes

Le Sénat est compétent pour élaborer et voter les modifications de la Constitution ainsi que la
législation relative à l'organisation et au fonctionnement des institutions de l'État fédéral et des
entités fédérées.

Toutes les autres lois relèvent de la compétence exclusive de la Chambre des Représentants.

Pour le reste, le Sénat est globalement perçu comme une assemblée de réflexion sur les grands
problèmes sociétaux.

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o Le pouvoir exécutif

Composition

Le Roi est le chef de l’exécutif. Il nomme et révoque ses ministres. Seuls les Belges
peuvent être ministres. Aucun membre de la famille royale ne peut être ministre.

Il y a 15 ministres au plus, autant de ministres d'expression française que


d'expression néerlandaise, le Premier Ministre éventuellement excepté

En pratique, au sortir des élections fédérales, le roi choisira d’abord un informateur qui
examinera quelles coalitions (groupes de partis) peuvent obtenir la majorité. Après ce
travail le Roi désignera un Formateur, qui deviendra Premier Ministre et qui composera une
équipe gouvernementale, sélectionnant les ministres.

Compétences :

Le pouvoir exécutif exécute les lois. Il peut prendre des arrêtés d'exécution pour répondre aux
questions pratiques et à l'application concrète des lois (souvent imprécises ou trop générales).

Il organise le service public et veille à la sécurité publique.

C'est le pouvoir exécutif qui dirige le pays.

o Le pouvoir judiciaire(voir art. 146à 159 de la Constitution)

Le pouvoir judiciaire regroupe les Cours et Tribunaux (qui disent le droit et l'interprètent).

Il règle les conflits entre les citoyens ou entre les citoyens et l'Etat.

La Constitution protège particulièrement le pouvoir judiciaire en lui accordant une


indépendance totale par rapport aux autres pouvoirs (et notamment du Ministre de la Justice).
Les juges sont nommés à vie, ne peuvent être mutés…

L’indépendance du pouvoir judiciaire se marque également dans la possibilité pour le pouvoir


judiciaire de refuser d’appliquer des arrêtés et règlements du pouvoir exécutif qui seraient
illégaux.

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3.2.2. Les Communautés :

a) Entités :

La Belgique comprend trois communautés: la Communauté française (appelée maintenant


Fédération Wallonie – Bruxelles ), la Communauté flamande et la Communauté
germanophone.(article 2 de la Constitution)

La Fédération Wallonie – Bruxelles = la population de la région bilingue de Bruxelles-


Capitale
parlant français + la population de la région de langue française (la plus grande
partie de la Wallonie sauf la région de langue allemande)

La Communauté flamande = la population de la région bilingue de Bruxelles-Capitale


parlant néerlandais + la population de la région de langue néerlandaise.

La Communauté germanophone = la population de langue allemande.

b) Les compétences communautaires :

Les compétences des communautés se fondent sur l'aspect "population" et sont intimement liées à
la personne. Ces compétences sont notamment :

• La culture (bibliothèques, radio, télévision, théâtres…)


• L’enseignement (à l’exception de certains points comme la durée de l’obligation scolaire, les
conditions minimales pour la délivrance de diplômes…)
• Les matières « personnalisables » : matière liées à l’individu (protection de la jeunesse, aide
sociale…)
• Relations internationales dans le respect de leurs compétences;
• recherche scientifique

c) Les institutions :

Le Conseil de Communauté = Chambre délibérative ou « parlement »

L’exécutif communautaire = Gouvernement

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3.2.3. Les régions

a) Entités :

La Belgique comprend quatre régions linguistiques mais trois régions institutionnelles : la


Région wallonne, la Région flamande et la Région bruxelloise (article 3 de la Constitution).

La Région Wallonne = la population de la région de langue française et la population


de langue allemande

La Région Flamande = la population de la région de langue néerlandaise.

La Région Bruxelloise = la population de la région bilingue de Bruxelles-Capitale

b) Les compétences régionales :

Les compétences régionales sont intimement liées au territoire. Ces compétences sont notamment :

• La politique économique (exemples : sidérurgie…, labels produits agricoles)


• La politique de l’environnement et de l’eau
• La politique de l’emploi (économie)
• La politique du logement (permis de location…)
• La politique de l’aménagement du territoire (CoDT = Code du développement territorial, en
région wallonne et CoBAT = Code bruxellois de l’Aménagement du Territoire, en région
bruxelloise.)
• La politique de l’énergie (primes à l’isolation, panneaux photovoltaïques (le nucléaire a
cependant un statut fédéral)
• Transports, routes

c) Les institutions :

Le Conseil régional = Chambre délibérative ou « parlement »

L’exécutif régional = Gouvernement

En Flandre, les institutions de la Région et de la Communauté ont fusionné en un parlement


flamand et un gouvernement flamand.

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3.2.4. Les Provinces

a) Entités :

Il y a 10 provinces :

Art. 5. de la Constitution :
La Région wallonne comprend les provinces suivantes: le Brabant wallon, le Hainaut, Liège,
le Luxembourg et Namur. La Région flamande comprend les provinces suivantes: Anvers, le
Brabant flamand, la Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Limbourg.
(+ l’Arrondissement administratif de Bruxelles - Capitale)

Il y a dans chaque province un conseil provincial, une députation et un gouverneur.

Le conseil est « le pouvoir législatif provincial ». Il élit dans son sein une députation qui
sera le « pouvoir exécutif » (Dans les provinces wallonnes, l’exécutif est appelé " Collège
provincial ").

Le gouverneur est le commissaire du Gouvernement dans la province. Il est nommé et


révoqué par le Roi.

b) Compétences:

Les provinces peuvent agir dans une série assez large de domaines. Elles ont développé des
initiatives en matière d'enseignement, d'infrastructures sociales et culturelles, de médecine
préventive et de politique sociale. Elles s'occupent également des situations d’urgence,
d'environnement, ou encore de routes et de cours d'eau, d'économie, de transport, de travaux
publics, de logement, d'emploi des langues,...

Elles poursuivent en quelque sorte le travail des communautés et des régions, sur leur territoires.

En bref, sur son territoire, la province gère tout ce qui est d'intérêt provincial, c'est-à-dire ce qui ne
relève ni de l'intérêt fédéral, communautaire ou régional, ni de l'intérêt communal.

Elles agissent sous le contrôle des autorités supérieures (régionales)

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3.3.5. Les Communes

a) Entités

Il y a dans chacune des 581 communes un corps communal composé de conseillers (qui forment le
conseil communal), du bourgmestre et des échevins.

Les conseillers communaux sont élus pour six ans directement par l'ensemble des électeurs de la
commune (compétences législative).

Les bourgmestres et les échevins (compétences exécutives) sont également nommés ou élus pour
un terme de six ans :

- Les échevins sont élus par le conseil et forment le collège échevinal.

- Le bourgmestre est nommé par le Roi parmi les élus au conseil communal. Ceux-ci peuvent
présenter des candidats en vue de cette nomination.

b) Compétences :

Les compétences communales sont d’ordre local et concernent essentiellement la propreté publique,
la sécurité, la tranquillité et la salubrité.

Les communes assument également des missions en matière d’urbanisme (délivrance des permis),
de population (inscription des personnes, tenue des registres, cartes d’identité)

Voir article 135 de la Nouvelle loi communale.

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4.LES SOURCES DU DROIT

Les sources du droit sont diverses. Nous envisagerons successivement la loi, les sources non
formulées du droit que sont la coutume et les principes généraux du droit, la jurisprudence et la
doctrine.

4.1. La Législation (Loi au sens large)

Actuellement, la loi est la source de droit la plus importante dans notre pays. Il n'en a pas toujours
été de même (dans l'ancien droit, la coutume était la source première) et ce n’est pas le cas dans
tous les pays (ainsi, des pays tels que l'Angleterre conservent un droit essentiellement coutumier).

Sous le vocable « loi au sens large », il faut en réalité regrouper l’ensemble des prescrits édictés
par l'autorité publique (nationale ou internationale) et rendus obligatoires pour tous les citoyens.

Ces normes juridiques peuvent prendre des formes différentes :

4.1.1 La Constitution

Elle fixe la forme de l'Etat, détermine le statut des pouvoirs et les droits fondamentaux des individus.

Exemples de matières traitées par la constitution :

Liberté de presse, de culte, d’expression, de rassemblement…


Droit de vote, de propriété,
Droit à l’enseignement
Organisation des pouvoirs

Elle émane du pouvoir législatif mais ne peut être modifiée qu’à certaines conditions très strictes
de présence des représentants et de suffrages exprimés en faveur des modifications proposées:

Art. 195. de la Constitution :


« Le pouvoir législatif fédéral a le droit de déclarer qu'il y a lieu
à la révision de telle disposition constitutionnelle qu'il désigne.
Après cette déclaration, les deux Chambres sont dissoutes de
plein droit. Il en sera convoqué deux nouvelles, conformément à
l'article 46. Ces Chambres statuent, d'un commun accord avec
le Roi, sur les points soumis à la révision. Dans ce cas, les
Chambres ne pourront délibérer si deux tiers au moins des
membres qui composent chacune d'elles ne sont présents; et nul
changement ne sera adopté s'il ne réunit au moins les deux tiers
des suffrages. »

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4.1.2Les lois, décrets et ordonnances.

a) La loi

La loi est votée par le Parlement fédéral (pouvoir législatif) et s’applique à l’ensemble du pays.

Expliquer comment faire une loi ?

Initiative :

* le parlementaire : proposition de loi

* le ministre : projet de loi : En ce cas le projet doit être approuvé par le conseil des ministres
et devra obligatoirement être examiné par la Section législation du Conseil d’état.

Discussion parlementaire : débats puis vote

Signature royale et promulgation : le Roi en tant que troisième branche du pouvoir législatif,
signe et promulgue la loi. (Remarque : le Roi n’est pas responsable. Ce sont les Ministres qui
endossent la responsabilité de ses actes.)

Tout texte de loi commence et se termine comme suit :

« PHILIPPE, Roi des Belges,


A tous, présents et à venir, Salut.
La Chambre des représentants a adopté et Nous sanctionnons ce qui suit :
[contenu de la loi]
Promulguons la présente loi, ordonnons qu'elle soit revêtue du sceau de l'Etat et publiée par le
Moniteur belge. »

La loi entre en vigueur c-à-d acquiert donc sa force obligatoire au plus tôt le 10e jour après
publication.

Expliquer Moniteur belge.

b) Le décret – l’ordonnance

Le décret est voté par les assemblées communautaires ou régionales et s’applique aux personnes
ou situations qui en relèvent (on parle d’ordonnance pour la Région bruxelloise).

Dans leurs sphères de compétence, le décret et l’ordonnance ont la même valeur que la loi, mais ne
sont d’application que pour les Régions et les Communautés.

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4.1.3 Les Arrêtés et Règlements

L’arrêté est une norme particulière prise par un gouvernement (fédéral, régional ou
communautaire) pour préciser les détails non réglés par la loi ou le décret.

a) Arrêtés Royaux

La constitution confère au Roi (sous la responsabilité du conseil des ministres ou d’un ministre) le
pouvoir d’établir les règlements et arrêtés nécessaires à l’exécution des lois.

Exemple :

Arrêté royal du 29 avril 2019 portant exécution du Code des sociétés et des associations.

b) Arrêtés Ministériels

Décision administrative à portée générale ou individuelle, pouvant être prise par les ministres.

4.1.4.Les règlements provinciaux et communaux

Ce sont les textes réglementaires promulgués respectivement par les provinces et les communes.

Exemple : chaque commune a son règlement général de police.

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4.2. Les sources non formulées de droit

4.2.1. La coutume

A l'origine, la coutume était la seule source de droit. Actuellement, l'importance de la coutume a


diminué. Cependant, elle conserve un certain intérêt, surtout dans le domaine du droit commercial.

Pour qu'on puisse parler d'une coutume en droit, il faut qu'une pratique, issue d'un phénomène
spontané et de comportements personnels, se généralise et acquiert une certaine constance. Il faut
en outre qu'existe le sentiment que si cette pratique n'est pas respectée, il y aura une sanction de
caractère juridique.

Exemple :

- Les fiançailles ;
- Le mandat d’un avocat
- « En principe, la remise consentie par le fournisseur revient au corps de métier qui effectue le placement
du matériel et n'est accordée à l'acheteur que s'il effectue le travail lui-même. L'entrepreneur est dès
lors en droit, conformément à cette coutume et à la clause acceptée par le client, de facturer à prix plein
les matériaux qu'il a dû placer. » (Bruxelles 14 janvier 1992, Entr. et dr. 1993, 306.)

L'avantage de la coutume réside dans sa spontanéité née des nécessités propres à un endroit ou à
une catégorie d'individus, elle répond le mieux aux besoins directs du citoyen. Cependant, elle
présente certains inconvénients majeurs :

- la coutume est parfois difficile à déceler (ce qui peut provoquer des incertitudes),
- il existe une pluralité de coutumes (ce qui peut être à l'origine de conflits de coutumes)
- le système coutumier est souvent très conservateur (il est difficile de se défaire de comportements
habituels) ce qui rend cette source inadaptée aux évolutions.

4.2.2.Les principes généraux du droit

Quand un juge est saisi d'un litige et qu'il ne trouve rien dans la loi ou la coutume, il va statuer en
se référant aux principes généraux du droit.

Il s'agit d'un ensemble de principes généraux qui soit sont consacrés de façon expresse par le
législateur, soit peuvent se dégager de certaines dispositions juridiques particulières (dans ce
dernier cas, il s'agit de rechercher en quelque sorte l'intention cachée du législateur).

Exemples :

- Principe général de droit suivant lequel en matière commerciale, lorsque deux ou plusieurs
personnes agissent conjointement, chacune est tenue pour le tout. (Mons 9 avril 1998, J.T.
1998. 603.)
- Nul ne peut céder plus de droits qu’il n’en possède (applicable à la sous-location consentie
pour une durée plus longue que celle du bail principal.)

- Abus de droit (ex : exiger la démolition complète d’un bâtiment qui empiète de 10 cm sur votre terrain)

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4.3. La jurisprudence

La jurisprudence est composée de l'ensemble des décisions prises par les juridictions du pays.

Bien que le juge ne soit pas tenu de prendre en compte les décisions prises par ses collègues dans
des cas semblables, on constate cependant que le juge s'inspire souvent des décisions antérieures.

Cette façon de faire mène à plus d'uniformité dans l'application et l'interprétation d'un texte de loi.
La Cour de cassation, plus haute juridiction du pays, joue un rôle important à cet égard.

Exemple :

N'est pas enclavé au sens de l'art. 682, § 1er C.civ., le fonds dont l'accès à la voie publique est toléré par le
propriétaire ou l'utilisateur du fonds voisin; en conséquence, il importe peu que cet accès toléré n'est pas le
moins dommageable (art. 682, par. 1er C.civ.). (Cass. (1re ch, 6 avril 2000 (L. / V.), R.G.D.C. 2001, 105)

4.4. La doctrine

La doctrine est constituée par les traités et articles écrits par des théoriciens du droit ou des praticiens
particulièrement spécialisés, sur les lois, les décisions des juridictions ou des cas typiques. Ces écrits
visent la plupart du temps à expliquer la loi l'intention du législateur, le sens des différentes
dispositions. Les auteurs y communiquent également leur interprétation personnelle de certaines
questions de droit.

Exemples : articles de revues juridiques, syllabus de l’EFP etc.

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TITRE II. DROIT DES PERSONNES

1.CAPACITÉ JURIDIQUE

La capacité juridique est l’aptitude de la personne à être titulaire de droits et obligations et à


les exercer. Les droits civils sont accordés aux personnes juridiques c’est-à-dire aux sujets de
droit.

Deux degrés se distinguent dans la capacité : la capacité de jouissance et la capacité


d’exercice.

1.1. La capacité de jouissance

La capacité de jouissance est l’aptitude à avoir des droits et obligations. La capacité de


jouissance s’appelle aussi la « personnalité juridique ».

Notre société reconnait cette capacité de jouissances aux personnes physiques(tous les
individus mais que les individus) et aux personnes morales (entités intellectuelles
abstraites qui représentent des groupements de personnes et de biens – sociétés
commerciales, université, organisations internationales, etc.).

Expliquer que ce n’est pas le cas partout (castes - hommes/femmes) et n’a pas été le cas à
toutes les époques (époque romaine).

En principe, toute personne dispose, de par son existence, de droits, quelque soit sa
nationalité, son âge ou sa condition. La capacité de jouissance s’acquiert dès la naissance (né
vivant viable – voir même avant la naissance, reconnaissance d’une vie, conception).

La loi prévoit que l’étranger dispose des mêmes droits que le belge sauf les exceptions prévues
par la loi. Si l’étranger est établi légalement en Belgique, il y disposera alors de tous les droits
civils reconnus aux citoyens belges.

La constitution interdit que soit prononcée une peine connue sous l’ancien droit : la mort
civile (l’individu était considéré, sur le plan civil comme mort, ne pouvant en conséquence
plus être titulaire de droits ou d’obligations)

Illustration :

Constitution : Art. 18. « La mort civile est abolie; elle ne peut être rétablie. »

Code civil : Art. 3. « L'exercice des droits civils est indépendant de la qualité de citoyen, laquelle ne s'acquiert et
ne se conserve que conformément à la loi constitutionnelle. »

Art. 4. « Tout Belge jouira des droits civils. »

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Art. 5. « L'étranger jouit en Belgique de tous les droits civils reconnus aux Belges, sauf les exceptions établies par la loi.
L'étranger autorisé à s'établir dans le Royaume et inscrit au registre de la population jouit de tous les droits civils
reconnus aux Belges aussi longtemps qu'il continue de
résider en Belgique. »

Les limitations à la capacité de jouissance sont exhaustivement énoncées par la loi.

En matière pénale, pour certaines infractions le condamné peut-être déchu, pour un terme limité ou à
perpétuité suivant la gravité de l’infraction, de certains droits.

Ces droits dont on peut être déchu sont :

1. de remplir des fonctions, emplois ou offices publics;


2. d'éligibilité;
3. de porter aucune décoration, aucun titre de noblesse;
4. d'être juré, expert, témoin instrumentaire ou certificateur dans les actes; de déposer
en justice autrement que pour y donner de simples renseignements;
5. d'être appelé aux fonctions de tuteur, subrogé tuteur ou curateur, si ce n'est de leurs
enfants, comme aussi de remplir les fonctions de conseil d'administrateur d’une personne
protégée;
6. de port d'armes ou de servir dans l'armée.

1.2. La capacité d’exercice

1.2.1 Introduction et définitions

La capacité d’exercice est le pouvoir de mettre en œuvre ses droits et obligations. C’est
l’aptitude d’un individu à exercer lui-même ses droits et obligations.

Attention, il ne faut pas confondre jouissance des droits et capacité à les exercer : un mineur peut avoir un patrimoine
même important (et donc être titulaire de droits de propriété) mais il ne pourra pas le mettre en vente ou en disposer
comme il l’entend.

Si tous les individus ont la capacité de jouissance, tous ne peuvent exercer leurs droits. La capacité
est la règle, l’incapacité l’exception. Seuls sont incapables ceux que la loi détermine. Dans certains
cas l’incapacité découle automatiquement de la loi (ex. les mineurs). Dans d’autres elle ne peut
résulter que d’une décision judiciaire.

L’objectif de cette incapacité légale est a priori de protéger la personne visée par cette incapacité, à
savoir :
les mineurs, les déments, les faibles d’esprit, les prodigues etc.

22
1.2.2. Mécanismes de protection - incapacités

L’incapacité d’exercice est totale ou partielle.

En cas d’incapacité totale, l’incapable ne pourra poser aucun acte juridique.

Les actes juridiques seront accomplis par représentation : il s’agit d’un procédé juridique par lequel
une personne, appelée « représentant », agit au nom et pour le compte d’une autre personne, appelée
« représenté ». Les effets de l’acte passé par le représentant se produisent directement dans le chef
du représenté.

En cas d’incapacité partielle l’incapable sera assisté: procédé juridique par lequel la personne
assistante accompli les actes au côté de la personne protégée ou lui donne préalablement
l’autorisation d’agir.

En ce cas il sera généralement fait distinction entre :

- l’acte d’administration(acte de gestion qui tend à maintenir les droits dans le patrimoine et ne
peut entraîner leur transmission). Ex : payer une dette de loyer, faire fructifier le patrimoine.

- l’acte de disposition (acte contenant la transmission de droits pouvant avoir pour effet de
diminuer la valeur du patrimoine, ex. aliénation, hypothèque, baux de plus de neuf ans,
transiger, plaider, réceptionner un capital mobilier et en donner décharge). Acte qui change la
composition du patrimoine et engage le patrimoine de façon irréversible.

- l’acte conservatoire : protéger le patrimoine. Ex : conclure une assurance pour le bien dont la
personne protégée est propriétaire, etc.

1.2.3. Nullité relative

En règle, les actes accomplis par les incapables peuvent être frappés de nullité (disparition
rétroactive de l’acte juridique au profit de la personne protégée.)

Il s’agit d’une nullité relative : seule la personne protégée ou son représentant peut se prévaloir de
cette nullité. La nullité rendra l’acte accompli invalide.

Exemple : le mineur signe une acte de vente de son bien.

La nullité relative doit être distinguée de la nullité absolue : dans ce dernier cas le juge devra
considérer l’acte comme nul d’office, même si les parties ne demandent pas la nullité.

Exemple de nullité absolue : les parties seraient en litige quant aux prix de vente d’un rein… le juge devra
considérer la convention comme nulle parce que contraire à l’ordre public, le corps humain étant hors
commerce.

23
1.2.4. Le mineur

a) Définition

Art. 388 du Code civil. « Le mineur est l'individu de l'un et de l'autre sexe qui n'a point encore l'âge
de dix-huit ans accomplis. »

Avant le 1/05/1990, l’âge de la majorité était fixé à 21 ans.

b) Régime juridique du mineur

Le mineur jouit de la capacité de jouissance mais pas de la capacité d’exercice, ce qui l’empêche de
poser valablement des actes seul.

Il sera donc soumis à un régime de représentation particulier : l’autorité parentale (voir ci-dessous).

Il existe des exceptions à ce régime de représentation en fonction des actes posés. L’on considère
en effet que le mineur pourra acquérir progressivement, à mesure qu’il avance en âge, une certaine
capacité d’exercice et donc une certaine autonomie de décision et poser certains actes sans
l’intervention de ses parents.

Exemple :

- Actes personnels : reconnaitre un enfant, introduire une dispense d’âge pour un mariage, ouvrir un
compte d'épargne, etc
- Actes conservatoires : percevoir un revenu, déclarer un sinistre à l’assurance, etc.
- Droit d’être entendu en justice à partir de 12 ans, droit de consentement à une adoption, etc.
- Un mineur peut demander son émancipation à partir de 15 ans
- Majorité sexuelle à partir de 16 ans

c) L’Autorité parentale (art 371 à 387 ter du Code civil)

L’autorité parentale est le droit reconnu aux père et mère d’administrer la personne et les biens du
mineur et ce par le simple fait de la filiation. Ce sont eux qui vont poser des actes au nom et pour le
compte de leur enfant mineur. Il s’agit d’un droit fonction (les parents sont au service de leur enfant)
et ce régime de représentation s’éteint instantanément dès la majorité de l’enfant (même si l’enfant
dépend encore de ses parents financièrement).

Exception : parent déchu


Précision : parent légaux >< parent biologique

Le statut d’incapacité et le régime de protection propre au mineur implique notamment :

• Qu’il ne peut poser seul que des actes conservatoires ;


• Qu’il doit agir par voie de son représentant pour les actes d’administration
• Qu’il doit demander au juge une autorisation pour poser des actes de disposition.

Les actes posés en violation de ces règles du régime de protection peuvent être annulés.

24
• La personne

En ce qui concerne la personne, l’administration couvre tout ce qui a trait à la vie sociale, affective,
scolaire, orientation philosophique... du mineur :

les modalités d'hébergement de l'enfant, les décisions importantes


concernant sa santé, son éducation, sa formation (établissement scolaire,
choix du type d’études...), ses loisirs et sur l'orientation religieuse ou
philosophique.

Le législateur organise l’autorité parentale sur la personne du mineur pour qu’elle soit exercée
conjointement par les parents, chacun des père et mère devant s’impliquer dans l’éducation de
l’enfant.

L’art. 373 du code civil prévoit que lorsque les parents vivent ensemble, ceux-ci exercent
conjointement l’autorité parentale.

Sauf exception prévue par la loi, chacun des parents peut agir seul, l’accord de l’autre étant présumé
vis-à-vis des tiers de bonne foi.

Exemple : inscription scolaire.

A défaut d'accord, le père ou la mère peut saisir le Tribunal de la Famille qui peut l’autoriser à agir
seul pour un ou plusieurs actes déterminés.

Même lorsque les père et mère ne vivent pas ensemble, l'exercice de l'autorité parentale reste
conjoint et l’autre parent reste censé avoir marqué son accord sur les décisions prises.

A défaut d'accord le juge compétent peut confier l'exercice exclusif de l'autorité parentale à l'un des
père et mère. Il peut aussi fixer les décisions d'éducation qui ne pourront être prises que moyennant
le consentement des père et mère.

Il fixe les modalités selon lesquelles celui qui n'exerce pas l'autorité parentale maintient des relations
personnelles avec l'enfant. Ces relations ne peuvent être refusées que pour des motifs très graves
(déchéance de l’autorité parentale). Celui qui n'exerce pas l'autorité conserve le droit de surveiller
l'éducation de l'enfant. Il pourra obtenir, de l'autre parent ou tiers, toutes informations utiles à cet égard
et s'adresser au tribunal de la Famille dans l'intérêt de l'enfant. (Art. 374.)

Le juge peut aussi autoriser l’un des parents à poser un acte ou interdire à un parent de poser un
acte.

Dans tous les cas, le juge détermine les modalités d'hébergement de l'enfant et le lieu où il est inscrit
à titre principal dans les registres de la population.

Les enfants de 12 ans peuvent être entendus par le juge sur les questions qui les concernent.

Si le mineur n’a plus qu’un seul de ses parents, celui-ci exerce seul l’autorité parentale (article 375 du
Code civil).

25
• Les biens :

Le principe concernant l’exercice conjoint de l’autorité parentale sur les biens est semblable à celui
sur la personne : lorsque les père et mère exercent conjointement l’autorité sur la personne de leur
enfant mineur (et donc pas forcément lorsqu’ils vivent ensemble), ceux-ci administrent ensemble
ses biens et le représentent ensemble.

Ici aussi chacun des parents est présumé, vis-à-vis des tiers de bonne foi, avoir reçu l’accord de
l’autre.

Lorsque les père et mère n'exercent pas conjointement l'autorité sur la personne de l'enfant, celui
d'entre eux qui exerce cette autorité a seul le droit d'administrer les biens de l'enfant et de le
représenter, sous réserve des exceptions prévues par la loi.

L’autorité parentale emporte le droit de représentation de l’enfant, c’est-à-dire le droit d’agir à sa


place dans certains actes.

Les pouvoirs conférés par l’autorité parentale sur les biens du mineur sont les suivants :

- l’administration des biens : les actes d’administration sont ceux qui ne portent pas atteinte au
capital mais qui permettent au contraire de le conserver et de le faire prospérer. Pour les
actes de disposition, les parents devront introduire une procédure particulière (voir
définition de ces actes et procédure ci-après). Les parents peuvent donc gérer le
patrimoine de leur enfant mais ils doivent lui rendre des comptes.

- les père et mère disposent du droit de jouissance légale des biens de l’enfant : ils peuvent
donc bénéficier des revenus perçus par celui-ci, à l’exception des revenus du travail
(salaire). C’est une sorte de droit d’usufruit mais avec la nuance qui consiste à ce que les
revenus de l’enfant doivent être affectés prioritairement à l’entretien et l’éducation de
l’enfant.

Voir art. 384, 386 et 387 du Code civil).


«384 : Les père et mère ont la jouissance des biens de leurs enfants jusqu'à leur majorité ou leur émancipation.
La jouissance est attachée à l'administration: elle appartient, soit aux père et mère conjointement, soit à celui
des père et mère qui a la charge de l'administration des biens de l'enfant. »

Si le mineur est propriétaire d’une maison, les parents pourront donc, en vertu de ce droit, décider d’y habiter
ou bénéficier du revenu locatif de l’immeuble.

L’article 379, alinéa 2 prévoit une exception au pouvoir de représentation des parents :

Toute décision judiciaire statuant sur des sommes revenant à un mineur ordonne d'office que les
dites sommes soient placées sur un compte ouvert à son nom. Sans préjudice du droit de jouissance
légale, ce compte est frappé d'indisponibilité jusqu'à la majorité du mineur.

Lorsque la décision prévue à l'alinéa précédent est passée en force de chose jugée, le greffier la
notifie en copie, par lettre recommandée à la poste, aux débiteurs, qui ne peuvent dès lors se libérer
valablement qu'en observant la décision du Tribunal de la famille. Si une tutelle est ouverte, il en
adresse également une copie au greffier de la justice de paix dont dépend la tutelle.

26
d) limites au pouvoir de représentation :

L’autorité parentale ne permet pas aux parents de prendre toutes les décisions relatives à la personne
ou aux biens du mineur :

- Actes très personnels : dans certains cas la présence du mineur sera indispensable (exemple
mariage…)

- Appréciation en fonction de l’âge : dans d’autres cas le mineur pourra agir seul (testament pour la
moitié de ses biens, signature d’un contrat de travail à partir de l’âge de 15 ans…)
- Les actes de disposition : les décisions pouvant porter atteinte au capital ou au patrimoine du mineur
devront être avalisées par le juge de paix.

En ce qui concerne les actes de disposition, le Code civil précise quels sont ces actes de disposition,
et prévoit les cas où le tuteur doit obtenir une autorisation spéciale du juge de paix. (voir également
art 1186 du Code judiciaire)

L’article 378 du Code civil est libellé comme suit :

Art. 378. <L 2001-04-29/39, art. 12, 011; En vigueur : 01-08-2001> (§ 1.) Sont subordonnés à
l'autorisation du juge de paix, les actes prévus à l'article 410, § 1er, 1° à 6°, 8°, 9° et 11° à
14° pour lesquels le tuteur doit requérir une autorisation spéciale du juge de paix, sous réserve
de ce qui est prévu à l'article 935, alinéa 3. <L 2003-02-13/54, art. 1,
016; En vigueur : 04-04-2003>
(Est compétent :
- le juge de paix du domicile du mineur en Belgique, et à défaut;
- celui de la résidence du mineur en Belgique, et à défaut,
- celui du dernier domicile commun des père et mère en Belgique ou, le
échéant, celui du dernier domicile en Belgique du parent qui exerce seul
l'autorité parentale, et à défaut,
- celui de la dernière résidence commune des père et mère en Belgique, ou,
le cas échéant, celui de la dernière résidence en Belgique du parent qui
exerce seul l'autorité parentale.
Le juge de paix compétent conformément à l'alinéa précédent peut, dans
l'intérêt du mineur, décider par ordonnance motivée de transmettre le dossier
au juge de paix du canton où le mineur a établi sa résidence principale de
manière durable.) <L 2003-02-13/54, art. 2, 016; En vigueur : 04-04-2003>
Le juge de paix statue sur la requête signée par les parties ou leur avocat. S'il est saisi par
un seul des père et mère, l'autre est entendu ou du moins convoqué par pli
judiciaire. Cette convocation le rend partie à la cause.
(En cas d'opposition d'intérêt entre les père et mère, ou lorsque l'un d'eux fait
défaut, le juge de paix peut autoriser l'un des parents à accomplir seul l'acte
pour lequel l'autorisation est demandée.) <L 2003-02-13/54, art. 2, 016; En
vigueur : 04-04-2003>
En cas d'opposition d'intérêts entre l'enfant et ses père et mère, le juge de
paix désigne un tuteur ad hoc soit à la requête de tout intéressé soit d'office.
(§ 2. Les actes visés à l'article 410, § 1er, 7°, ne son pas soumis à
l'autorisation prévue au § 1er. En cas d'opposition d'intérêt entre le mineur et
ses père et mère, le juge saisi du litige désigne un tuteur ad hoc, soit à la
requête de tout intéressé, soit d'office.) <L 2003-02-13/54, art. 2, 016; En
vigueur : 04-04-2003>

27
Les actes visés sont les suivants :
1. aliéner les biens du mineur, hormis les fruits et objets de rebut;

En d’autres termes, les parents ne pourront décider seuls de vendre un bien


appartenant au mineur.
Si un agent immobilier devait se voir mandater pour vendre un immeuble
appartenant, même très partiellement (par ex. un mineur qui hériterait d’une part
indivise d’un immeuble avec l’ensemble de ses cousins…) à un mineur, il devrait
alors veiller à ce que soit accordé l’autorisation spéciale du juge de paix ou tout
au moins rédiger un compromis de vente assorti d’une condition suspensive.

Cette règle vaut également pour les meubles. Cette règle n’est pas sans poser
certaines difficultés : cela suppose que même les objets dont le mineur ne se
sert plus (vieux livres scolaires, jouets qui ne sont plus de son âge…) ne peuvent
être vendus sans l’autorisation du juge de paix.

2. emprunter;

3. hypothéquer ou donner en gage les biens du mineur;

4. consentir un bail à ferme, un bail commercial ou un bail à loyer de plus de neuf ans
ainsi que pour renouveler un bail commercial;

5. renoncer à une succession ou à un legs universel ou à titre universel ou l'accepter,


ce qui ne pourra se faire que sous bénéfice d'inventaire;

6. accepter une donation ou un legs à titre particulier (pas d’application en l’espèce


pour l’autorité parentale vu l’article 935 al 3du Code civil);

7. conclure un pacte d'indivision;

8. acheter un bien immeuble;

Si un mineur, même disposant d’un patrimoine important décide d’acheter un


bien immeuble, il faudra une autorisation spéciale du juge de paix.

A défaut, la nullité relative de la vente pourrait être demandée par les parents ou
même le mineur.

En cas de volonté d’un mineur d’acquérir un immeuble, il est donc préférable


de rajouter une clause dans le compromis de vente selon laquelle la vente est
conclue sous la condition que l’autorisation du Juge de paix soit accordée dans
un délai précis.

28
9. transiger ou conclure une convention d'arbitrage;

Ainsi, si un mineur est victime d’un accident de la route, ses parents ne


pourront pas accepter d’indemnisation de la compagnie d’assurance sans
avoir obtenu l’accord préalable du Juge de paix.

10. continuer un commerce recueilli dans une succession légale ou testamentaire.


L'administration du commerce peut être confiée à un administrateur spécial sous le
contrôle du tuteur. Le juge de paix peut à tout moment retirer son autorisation;

11. aliéner des souvenirs et autres objets à caractère personnel, même s'il s'agit
d'objets de peu de valeur.

On remarquera donc que la différence entre le tuteur et les parents quant aux pouvoirs de
gestion réside dans la possibilité de représenter le mineur en justice.

Sur le plan de la procédure, pour pouvoir accomplir ces actes, les parents doivent demander
l’autorisation au juge de paix. Le juge de paix est saisi sur requête signée par les parties ou
leur avocat. S'il est saisi par un seul des père et mère, l'autre est entendu ou du moins
convoqué par pli judiciaire. Cette convocation le rend partie à la cause.

En cas d'opposition d'intérêts entre l'enfant et ses père et mère, le juge de paix désigne un
tuteur ad hoc soit à la requête de tout intéressé soit d'office

e) La tutelle

Avant 2001, la tutelle s’ouvrait dès lors que l’enfant n’avait plus qu’un seul de ses père et
mère survivant ou lorsque la filiation n’était établie qu’à l’égard d’un seul de ses parents.

Actuellement : La tutelle des enfants mineurs s'ouvre si les père et mère sont décédés,
légalement inconnus ou dans l'impossibilité durable d'exercer l'autorité parentale ou
d’exprimer leur volonté.

La désignation du tuteur appartient au juge de paix qui choisira de préférence dans le milieu
familial après l’avoir consulté (sous réserve du droit pour les parents de désigner la personne
qu’ils souhaiteraient voir se charger de cette mission en cas de décès).

o Le tuteur

Le tuteur se voit chargé de la gestion de la personne et des biens de l’enfant, selon les
termes de l’article 405 du Code civil :

Art.405 §1er. « Le tuteur prend soin de la personne du mineur. Il l'éduque en se conformant aux
principes éventuellement adoptés par les parents, notamment en ce qui concerne les questions visées

29
à l'article 374, alinéa 2.

Il représente le mineur dans tous les actes de la vie civile.

Il gère les biens du mineur en bon père de famille et répond des dommages qui pourraient résulter
d'une mauvaise gestion.

A noter qu’à l’inverse des parents, le tuteur ne bénéficie pas de la jouissance légale sur les biens du
mineur.

Il peut, dans la gestion des biens du mineur, se faire assister de personnes qui agissent sous sa
responsabilité, après autorisation expresse du juge de paix.

Le tuteur emploie les revenus du mineur pour assurer l'entretien de celui-ci et lui dispenser des soins,
et requiert l'application de la législation sociale dans l'intérêt du mineur.

§ 2. En cas de conflit grave entre le mineur et le tuteur ou, le cas échéant, le subrogé tuteur, le mineur
peut, sur simple demande écrite ou verbale, s'adresser au procureur du Roi s'il est âgé de douze ans
dans les affaires relatives à sa personne et s'il est âgé de quinze ans dans les affaires relatives à ses
biens.
Le procureur du Roi recueille tous les renseignements utiles. S'il estime la demande fondée, il saisit le
juge de paix par requête afin qu'il tranche le différend.
Le juge de paix statue après avoir entendu le mineur, le tuteur et le subrogé tuteur »

En cas de circonstances exceptionnelles, le juge de paix peut charger deux personnes


différentes, l’une pour la personne de l’enfant, l’autre pour ses biens.

o Le subrogé-tuteur

Un subrogé-tuteur sera désigné de préférence dans l’autre ligne familiale (exemple si le tuteur
est choisi dans la famille du père, le subrogé-tuteur sera désigné dans la famille de la mère).

Le subrogé tuteur a un rôle de surveillance du tuteur.

o Particularité des actes de disposition :

Pour accomplir les actes de disposition, le tuteur doit obtenir une autorisation spéciale du
juge de paix. Ces actes sont visés à l’article 410 du Code civil et sont pratiquement
identiques à ceux pour lesquels les parents doivent également obtenir l’autorisation du juge
de paix (sauf les actes de représentation du mineur en justice et de l’acceptation d’une
donation ou d’un legs à titre particulier).
Le second paragraphe de l’article 410 prévoit la procédure à suivre par le tuteur pour

Vente des biens appartenant au mineur :

La vente des biens meubles ou immeubles du mineur est publique. Le tuteur (ou les parents)
peut toutefois se faire autoriser à vendre de gré à gré les biens meubles ou immeubles.

L'autorisation est accordée si l'intérêt du mineur l'exige. Elle indique expressément la raison
pour laquelle la vente de gré à gré sert l'intérêt du mineur. Lorsqu'il s'agit de la vente d'un
bien immeuble, celle-ci a lieu conformément au projet d'acte de vente dressé par un notaire
et approuvé par le juge de paix.

Le juge de paix s'entoure de tous les renseignements utiles. Il peut notamment recueillir l'avis
de toute personne qu'il estime apte à le renseigner.

Les souvenirs et autres objets de caractère personnel sont, sauf nécessité absolue, exceptés
de l'aliénation et sont gardés à la disposition du mineur jusqu'à sa majorité.

30
En tout cas, le mineur qui possède le discernement requis est invité pour être entendu, s'il le
souhaite, avant que l'autorisation puisse être accordée

f) L’émancipation

Acte juridique par lequel un mineur ayant atteint l’âge de 15 ans accomplis, acquiert la
capacité d’exercice de certains droits, le libérant de l’autorité parentale et de la tutelle.

L’émancipation interviendra de plein droit par le mariage de l’enfant mineur. Dans les autres
cas, elle devra être demandée par les parents ou le tuteur au Tribunal de la famille.

En cas d’abstention des parents ou du tuteur, le mineur qui souhaite l’émancipation pourra
adresser une requête au procureur du Roi afin que celui-ci saisisse le Tribunal de la famille.

Le mineur émancipé pourra accomplir seul certains actes que la loi détermine (il s’agit en
réalité des actes d’administration)

Pour les autres actes, il devra se faire assister d’un curateur (à désigner par le Tribunal de
la famille), lequel ne peut se substituer à lui.

Exemple l’article 482 C.c.:. « Il ne pourra intenter une action immobilière, ni y défendre, même recevoir
et donner décharge d'un capital mobilier, sans l'assistance de son curateur, qui, au dernier cas,
surveillera l'emploi du capital reçu. »

Pour accomplir les actes de disposition les plus importants, le mineur devra préalablement
obtenir l’autorisation spéciale du juge de paix.

Art. 483. Le mineur émancipé ne pourra faire d'emprunts, sous aucun prétexte, sans une
autorisation du juge de paix donnée conformément à l'article 410, § 1er.
Art. 484. Il ne pourra non plus vendre ni aliéner ses immeubles, ni faire aucun acte autre que
ceux de pure administration, sans observer les règles prescrites en matière de tutelle.

A l'égard des obligations qu'il aurait contractées par voie d'achats ou autrement, elles seront
réductibles en cas d'excès; les tribunaux prendront, à ce sujet, en considération, la fortune du
mineur, la bonne ou mauvaise foi des personnes qui auront contracté avec lui, l'utilité ou l'inutilité
des dépenses (art 484 suite).

1.2.5. Autres incapables

Depuis le 1er juin 2014, une personne majeure qui, en raison de son état de santé, est totalement
ou partiellement hors d'état d'assumer elle-même, comme il se doit, sans assistance ou autre
mesure de protection, fût-ce temporairement, la gestion de ses intérêts patrimoniaux ou non
patrimoniaux, peut, si nécessaire, être placé sous protection. (articles 488/1à 502 du Code civil.)

o Avant le 1er juin 2014, différents régimes existaient pour gérer les incapacités des
personnes majeures en fonction de leur situation, à savoir :

- l’administration provisoire,
- la minorité prolongée,

31
- l’interdiction judiciaire
- le conseil judiciaire.

Ces régimes ont été progressivement convertis en protection judiciaire au plus tard le 1er juin
2021.

o Situation depuis le 1er juin 2014 :

Régime unique appelé protection des majeurs pour toutes les personnes protégées, par lequel il
est possible de choisir existe entre les trois mécanismes proposés, voire les combiner.

Ces trois nouveaux mécanismes sont :

- Protection extrajudiciaire sous forme d’un mandat extrajudiciaire (biens);

- Protection judiciaire

- soit sous forme d’une assistance judiciaire (biens et/ou personne);

- soit sous forme d’une représentation judiciaire (biens et/ou personne).

Le but est de recourir aux mesures les moins intrusives possibles dans une sorte de régime à la
carte en vue de maintenir le degré d’autonomie le plus élevé possible chez la personne protégée.

a) Le mandat extrajudiciaire

Le mandat extrajudiciaire permet à une personne encore capable d’exprimer sa volonté, de mandater
quelqu’un d’autre pour la période où elle sera devenue incapable (par exemple atteinte d’Alzheimer).
Le mandat sera soit donné et déposé en justice de paix, soit donné devant notaire. Il sera dans ce
cas enregistré au registre central de la Fédération royale du notariat belge.

Le mandat sera général (tous les actes) ou particulier (certains actes), et, comme tout mandat,
toujours révocable. Il pourra même concerner la gestion de la personne.

Il sera soit à exécution immédiate, soit sous la condition suspensive de l’incapacité du mandant.

Dans ce dernier cas le mandataire appréciera lui-même le moment où le mandant se trouve dans la
situation stipulée, à savoir être hors d'état d'assumer lui-même la gestion de ses intérêts patrimoniaux
ou se trouver dans un état de prodigalité.

Il faut souligner que le mandat extrajudiciaire ne met pas fin à la capacité juridique du mandant qui
peut continuer à poser des actes juridiques.

Aucun contrôle n’est organisé sur la gestion du mandataire. Seule existe la possibilité d’invoquer a
posteriori sa responsabilité pour ses fautes ou ses abus dans sa gestion.

On le voit, cette protection extrajudiciaire est plutôt illusoire puisque que le mandant n’est protégé ni
contre ses propres actes, ni contre ceux posés par un mandataire qui abuserait de sa vulnérabilité.

Seul garde-fou : le juge de paix peut, à la demande de toute personne intéressée ou du procureur du
Roi, mettre fin au mandat et le remplacer par une mesure de protection judiciaire (voir ci-dessous) qui
serait plus conforme aux intérêts du mandant.

32
b) La protection judiciaire

A la demande de toute personne intéressée (parents, entourage, voisin, bailleur, notaire, voire le
Procureur du Roi), le juge de paix peut ordonner une mesure de protection judiciaire de la personne
vulnérable.

Il suffit de déposer une requête (c’est-à-dire une demande) au greffe de la justice de paix du lieu de
résidence de la personne à protéger en y joignant une attestation de résidence et un certificat médical
attestant que la personne n’est pas en état de gérer sa personne et/ou ses biens.

La protection peut porter sur les actes relatifs aux biens et/ou à la personne.

Elle peut consister en des mesures d’assistance ou de représentation.

Une mesure d’assistance est ordonnée lorsque la personne est capable d’accomplir elle-même des
actes relatifs à sa personne et/ou ses biens, mais pas de façon autonome.

La personne protégée accomplit elle-même l’acte mais avec l’assistance de l’administrateur désigné.
Celui-ci peut soumettre l’accomplissement d’un acte à son accord préalable assorti de conditions, ou
même refuser d’assister la personne.

Une mesure de représentation pourra être ordonnée lorsque la personne est incapable d’accomplir
elle-même des actes relatifs à sa personne et/ou ses biens.

Dans ce cas l’administrateur désigné représente la personne protégée et accomplit lui-même les
actes pour le compte de celle-ci.

Les acteurs de ce régime de protection sont :

La personne de confiance est désignée par le juge de paix, en accord avec la personne à protéger.

Sa mission consiste à servir de soutien personnel à la personne protégée et de contact avec


l’administrateur et le juge de paix. Elle a le droit de recevoir toute information sur l’état de
l’administration, y compris copie du rapport annuel de l’administrateur. Elle avertira le juge de paix
lorsque les intérêts de la personne protégée sont menacés.

L’administrateur sera désigné de préférence parmi les proches de la personne à protéger. S’il le juge
opportun, le juge de paix peut désigner un professionnel (en général avocat ou notaire).
L’administrateur professionnel est rémunéré à concurrence de 3% des rentrées de la personne (+
frais).

Une fois par an l’administrateur est tenu de déposer un rapport à la justice de paix sur
l’accomplissement de sa mission, comprenant notamment les comptes annuels. Ce rapport est
communiqué à la personne protégée et à la personne de confiance. Le juge de paix contrôle et

33
approuve le rapport.

Dans son ordonnance, le juge de paix, pour chacun des points ci-dessous, indique expressément si
la personne protégée est oui ou non capable, entre autres:

- d’aliéner ses biens;


- de contracter un emprunt;
- de donner ses biens en gage ou de les hypothéquer ainsi que d’autoriser la
radiation d’une inscription hypothécaire,
- de consentir un bail à ferme, un bail commercial ou un bail à loyer de plus de neuf ans;
- d’acheter un bien immeuble;
- de poser des actes de gestion journalière;

(liste complète à l’art. 492/1. § 1, al.3 du Code civ.)

Au cas où l’administrateur est amené à accomplir un des actes ci-dessus, il doit y être spécialement
autorisé par le juge de paix.

Tous les actes accomplis par la personne protégée à partir du dépôt de la requête, sans qu’elle en
ait la capacité sont nuls.
Cette nullité est relative : elle ne peut être demandée que par la personne protégée ou par son
administrateur provisoire.

L'action en nullité se prescrit par cinq ans mais cette prescription ne court pas contre le protégé
durant la période de protection. (art. 2252 du Code civil)

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2. LES ACTES DE L’ÉTAT CIVIL

2.1. Généralités et définition

L’état civil définit le statut juridique d’une personne et réuni les informations qui déterminent la situation
de cette personne sur les plans individuel ((nom, sexe, domicile, etc.), familial (célibataire, etc.) et citoyen
(nationalité, etc.).

L’acte d’état civil est un acte instrumentaire (= sur support matériel), dressé par l’officier de l’état
civil (c’est-à-dire les fonctionnaires communaux qui représentent l’Etat) ou sous sa responsabilité,
destiné à prouver l’état des personnes. Les registres de l’état civil contiennent tous ces actes.

Ils répondent à des conditions de forme très rigoureuses : concernant les mentions obligatoires (date,
heure, nom, prénom, domicile…), la tenue même des registres (absence de « blancs », pages cotées).

Le non-respect de ses règles est très sévèrement sanctionné : ainsi il a par exemple été jugé :

Cette formalité (la signature de l'acte d'état civil, en l'espèce l'acte de mariage) est rigoureusement indispensable
pour l'officier de l'état civil; il s'agit d'un complément nécessaire l'acte car il atteste de la sincérité des
consentements et en est le cachet authentique. ... Il n'y a dès lors, pas eu mariage; il y a lieu de biffer l'acte
inachevé ... du registre aux actes de mariage de la ville ... » (Civ. Huy, 20 sept. 1993, J.L.M.B., 1994, p. 176).

La loi accorde une valeur probante particulière à l’acte d’état civil : la preuve de la fausseté d'une
constatation ne peut être apportée que par une action judiciaire en faux principal devant la juridiction
pénale ou par une inscription de faux devant la juridiction civile.
Toutefois l'officier de l'état civil qui constate une erreur matérielle dans un acte de l'état civil, sur la base
d'un acte authentique ou d'une attestation officielle, peut rectifier cet acte de l'état civil.

Les actes de l'état civil ont valeur d’actes authentiques.


Depuis le 31-3-2019, les actes de l'état civil sont établis sous forme dématérialisée dans la banque de
données d'actes de l'état civil (en abrégé : BAEC).
Ils sont conservés au moyen d'un service d'archivage électronique.

La personne que l'acte concerne, son époux ou son épouse, son cohabitant légal, son représentant
légal, ses ascendants ou ses descendants, ses héritiers, leur notaire et leur avocat ont droit à un extrait
ou une copie du dit acte.

Les extraits et les copies sont délivrés par l'officier de l'état civil ou par voie électronique via la BAEC.
Vous pouvez aussi, moyennant une demande écrite et signée auprès du service Population de
l'administration communale, recevoir un extrait ou une attestation d’un registre de la population qui
concerne une autre personne mais uniquement lorsque le document est nécessaire pour l'exécution ou
la poursuite d'une procédure.

Exemples: relations entre créancier et débiteur, citation en justice, saisies.

En fonction des actes qu’un individu voudra poser, l’acte de l’état civil servira de preuve de sa qualité à
poser des actes.

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Exemple :

- célibataire : ok pour le mariage


- âge : ok pour conclure un contrat
- lien de filiation : ok pour une succession

L’état civil est l’ADN juridique propre à chaque individu. Il est indisponible c’est-à-dire qu’il ne peut être
modifié sauf conditions légales (on ne modifie pas amiablement notre lien de filiation).

2.2. Naissance

En règle la naissance de l'enfant est déclarée par le père ou par la mère. A défaut une obligation de
déclaration existe dans le chef des médecins.

Art. 42.
« La notification de la naissance, avec attestation médicale, est faite à l'officier de l'état civil du
lieu de naissance au plus tard le premier jour ouvrable qui suit celui de la naissance, par :
1° en cas de naissance dans des hôpitaux ou autres établissements de soins, le responsable
de l'établissement ou son délégué;
2° dans les autres cas, le médecin, l'accoucheuse ou les autres personnes qui ont assisté à
l'accouchement ou chez qui l'accouchement a eu lieu.]

Art. 43.
« § 1er. Le père ou la coparente, et la mère, ou l'un d'eux, font la déclaration de naissance à
l'officier de l'état civil du lieu de naissance dans les quinze jours qui suivent celui de la naissance.
[…].
§ 4. L'officier de l'état civil établit l'acte de naissance sans délai. »

L’enfant peut également faire l’objet d’une reconnaissance, même prénatale, soit s'il n'a pas encore de
filiation paternelle établie, soit si sa filiation paternelle est contestée (dans ce dernier cas, une procédure
en contestation de paternité devra précéder la reconnaissance).
L’acte de reconnaissance nécessite le consentement de la mère ainsi que de l’enfant si celui-ci a atteint
l’âge de 12 ans accomplis.

2.3. Mariage

L’acte de mariage répond également à ce formalisme.

Art. 54. « L'acte de mariage mentionne :


1° le nom, les prénoms, la date de naissance et le lieu de naissance des époux;
2° la date de mariage;
3° le nom choisi par un époux après la célébration du mariage, conformément au droit de l'Etat dont il a la
nationalité;
4° le cas échéant, le nom, les prénoms, la date de naissance et le lieu de naissance des témoins. »

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2.4. Décès

Art. 55, § 1er. « L'officier de l'état civil du lieu du décès établit sans délai un acte de décès, dès qu'une
attestation de décès établie par le médecin qui a constaté le décès lui est soumise. ».

Art. 56. « L`acte de décès mentionne :


1° le nom, les prénoms, la date de naissance et le lieu de naissance de la personne décédée, ou, s'il s'agit
d'une personne inconnue, les données disponibles au moment de l'établissement de l'acte;
2° le lieu, la date et l'heure du décès ou de la découverte du corps sans vie. »

2.5. Corrections

A l’exception de certaines erreurs matérielles, les erreurs dans la rédaction des actes d’état civil ne
peuvent être corrigées qu’après une procédure en rectification de l’acte devant le Tribunal de la Famille.

3. L'ETAT CIVIL

L'état civil d'une personne comporte notamment les données suivantes :

- le nom;
- le sexe;
- la nationalité;
- le domicile;
- le statut de l'individu (marié, célibataire, veuf, etc.)

3.1 Le Nom

Le nom permet d'identifier et d'individualiser chaque individu.


Le droit au nom est un droit fondamental. Il est d'ailleurs interdit de modifier son nom, hors les cas
expressément prévus par la loi.

L'on distingue :

• le nom patronymique (nom de famille) déterminé par la filiation c'est à dire le lien juridique par
lequel un enfant est rattaché à un ou plusieurs adultes.

Depuis le 1er janvier 2017, les parents peuvent donner à leurs enfants le nom du père, le nom
de la mère ou une combinaison des deux noms, dans l’ordre qu’ils souhaitent. Le nom est choisi
au moment de la déclaration de naissance.
En cas de désaccord, l'enfant porte les noms du père et de la mère accolés par ordre
alphabétique dans la limite d'un nom pour chacun d'eux.

• le prénom, choisi librement et pour lequel l'Officier de l'état civil a un pouvoir "d'appréciation" (il
peut en effet refuser certains prénoms)

Pour changer de nom : formalités à accomplir via le SPF Justice.


Pour changer de prénom : formalités via l’administration communale.

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3.2 Le Sexe

L'égalité homme/femme est un droit fondamental.


Il existe des cas particuliers concernant le sexe des individus comme par exemple l'intersexualisme ou
le transexualisme. Dans certaines circonstances, le sexe de l'individu pourra être modifié au sein de son
état civil.

3.3 La Nationalité
La nationalité fonde l'autorité et la compétence d'un Etat par rapport à ses ressortissants et détermine
la loi qui leur sera applicable. La nationalité est acquise suivant les règles de l'Etat en question,
lesquelles sont généralement liées au lieu de naissance ou à la filiation (droit du sol ou droit du sang).
En l’occurrence, sont Belges :
1° l'enfant né en Belgique d'un auteur belge (ou d’un auteur étranger qui remplit certaines conditions de
résidence) ;
2° l'enfant né à l'étranger d'un auteur belge moyennant certaines conditions.

3.4 Le Domicile

Art. 102 : « Le domicile de tout Belge quant à l'exercice de ses droits civils, est au lieu où il
a son principal établissement. »

Le domicile est le lieu d'habitation réel et intentionnel.

La résidence est le lieu où se trouve en fait une personne.

Exemple : résidence secondaire.

Il existe également la notion de résidence principale en matière de bail. Cette notion coïncide en
principe avec le domicile.

En règle le choix du domicile est libre. L’individu est libre d’en changer, sa seule obligation étant d’en
garder un (et un seul).

Art. 103.
Le changement de domicile s'opérera par le fait d'une habitation réelle dans un autre
lieu, joint à l'intention d'y fixer son principal établissement.

Art. 104.
La preuve de l'intention résultera d'une déclaration expresse, faite tant à la municipalité
du lieu que l'on quittera, qu'à celle du lieu où on aura transféré son domicile.

Art. 105.
A défaut de déclaration expresse, la preuve de l'intention dépendra des
circonstances.

Pour déterminer le lieu du domicile, le juge appréciera souvent en fonction des critères suivants : la
demeure, les affections familiales, l’école des enfants, le siège de la fortune, l’abonnement
télédistribution, les consommations électriques, d’eau…

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Dans certains cas le domicile peut être fixé légalement :

Art. 108 :
« Le mineur non émancipé a son domicile à la résidence commune de ses père et mère
ou, si ceux-ci ne vivent pas ensemble, à la résidence de l'un d'eux.
La personne sous tutelle a son domicile chez son tuteur. »

Dans d’autres cas le « domicile » peut être fixé contractuellement.

Il s’agit du cas de l’élection de domicile ou domicile élu : lieu choisi par les parties à un acte
juridique pour trancher les difficultés d’exécution et attribuer éventuellement compétence au
tribunal.

Art. 111.
« Lorsqu'un acte contiendra, de la part des parties ou de l'une d'elles, élection de
domicile pour l'exécution de ce même acte dans un autre lieu que celui du domicile réel,
les significations, demandes et poursuites relatives à cet acte,
pourront être faites au domicile convenu, et devant le juge de ce domicile. »

Selon l'art. 111 du C.civ., l'élection de domicile est faite pour l'exécution d'un acte;
il s'ensuit que l'élection de domicile a un caractère spécifique et vaut pour tous les
effets attachés à l'exécution de cet acte (Cass., 14 nov. 1986, Pas., 1987, I, p.
327).
Lorsque le contrat est exécuté, le domicile élu devient caduc.

Le domicile au sens du Code civil est différent de celui visé par la Constitution en son article 15 :

« Le domicile est inviolable; aucune visite domiciliaire ne peut avoir lieu que dans les
cas prévus par la loi et dans la forme qu'elle prescrit. »
Dans la définition constitutionnelle, le domicile doit être entendu du lieu, en ce compris
les dépendances propres y encloses, occupé par une personne en vue d'y établir sa
demeure ou sa résidence réelle et où elle a droit, à ce titre, au respect de son intimité,
de sa tranquillité et plus généralement de sa vie privée (Cass., 23 juin 1993, J.L.M.B.,
1993, pp. 1058-1059).
Ainsi défini, le domicile est nettement plus large et couvrira également les
résidences secondaires…

La fonction du domicile est importante notamment au niveau judiciaire : le domicile est en effet le lieu
où la personne est inscrite dans les registres de la population. Les actes judiciaires sont alors
valablement adressés à cette adresse.

Le domicile permet également de déterminer les tribunaux territorialement compétents.

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4. LE MARIAGE

4.1. Généralités et définition

Définition : Le mariage est une institution juridique visant à organiser une communauté de vie entre
deux personnes de sexe différents ou du même sexe, à laquelle les époux adhèrent par un acte
juridique solennel. (article 143 C.civ.)

L'institution du mariage ne laisse pas de place pour l'autonomie de la volonté des époux. C'est un
acte qui crée des effets juridiques légaux (tant au niveau des obligations que l'institution implique,
qu'en ce qui concerne le mode de dissolution du mariage et les effets patrimoniaux).

En droit belge, le mariage est une institution laïque : seul le mariage civil est reconnu par la loi. Le
mariage religieux n'a aucune existence légale.

Les règles qui régissent le mariage sont d'Ordre Public (les époux n'ont pas d'autre choix que d'y
adhérer et ne peuvent pas y déroger).

Il convient de distinguer :

L'institution du mariage :

• acte principal par rapport au contrat de mariage;


• modifie l'état civil des époux;
• fait naitre des effets juridiques liés à l'institution;
• pas de place pour l'autonomie de la volonté.

Le contrat de mariage:

• acte accessoire par rapport à l'institution du mariage;


• pas d'effet sur l'état civil des époux mais bien sur leur patrimoine;
• facultatif;
• il y a place pour une certaine autonomie de la volonté (sur les points prévus par la loi)

4.2. Formation du mariage

4.2.1. Conditions de fond

a) être vivant

Le mariage posthume n'est pas admis en Belgique. (Possible en France sur autorisation du président
de la République si la preuve existe du consentement du futur époux décédé.)

b) être majeur

Nul ne peut contracter mariage avant dix-huit ans.(art. 144 C.c.). Il s'agit d'une protection visant par
exemple à éviter les mariages "arrangés".

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Pour les mineurs, le tribunal de la famille peut, pour motifs graves, autoriser le mariage. La demande
est introduite par requête soit par les père et mère, soit par l'un d'entre eux, soit par le mineur à défaut
de consentement des parents.

Art. 148 : « Le mineur ne peut contracter mariage sans le consentement de ses père et mère.
Ce consentement est constaté par le tribunal de la famille saisi de la demande de dispense d'âge.
Si les père et mère refusent leur consentement, le tribunal peut autoriser le mariage s'il juge le refus abusif.»

c) Consentement

Les époux doivent marquer librement leur accord sur le mariage projeté. Attention, celui qui contracte
sous la contrainte, ne donne pas un consentement valable.

Art. 146.
Il n'y a pas de mariage lorsqu'il n'y a point de consentement.
Art. 146bis. à propos des mariages « blancs » :
Il n'y a pas de mariage lorsque, bien que les consentements formels aient été donnés en vue de celui-ci, il
ressort d'une combinaison de circonstances que l'intention de l'un au moins des époux n'est manifestement pas
la création d'une communauté de vie durable, mais vise uniquement l'obtention d'un avantage en matière de
séjour, lié au statut d'époux.

Art. 146 ter. à propos des mariages forcés :


II n'y a pas de mariage non plus lorsque celui-ci est contracté sans le libre consentement des deux époux ou
que le consentement d'au moins un des époux a été donné sous la violence ou la menace.

Le consentement est valable lorsqu'il est personnel (pas de mariage par procuration), réel (pas
d'aliénation mentale de l'individu), libre (pas de mariage forcé) et sincère (pas d'instrumentalisation
du mariage - les époux doivent manifester leur volonté de se marier dans le but de créer une
communauté de vie et non dans le but de bénéficier d'un avantage social ou d'un droit de séjour par
exemple - voir ci dessous cas des mariages blancs).

Un consentement qui n'est pas librement donné pourra être déclaré nul pour vice de consentement

Exemple de vices de consentement :

- erreur sur la personne (l'erreur sur le patrimoine, l'état de fortune, en raison d'une pathologie, etc. ne sont
pas admis)

- violence: pression sur le plan moral ou religieux.

Cas des mariages blancs : sont des cas où le consentement est simulé. L'officier de l'état civil peut refuser de
célébrer le mariage sur base de certains indices (difficultés de communication entre les époux, méconnaissance
des caractéristiques physiques ou de l'histoire personnelle de l'autre époux, contradictions dans les discours,
orientations sexuelles, etc.)

d) Différence de sexe

Depuis le 1er juin 2003 cette condition n’est plus requise :

« Deux personnes de sexe différent ou de même sexe peuvent contracter


mariage » (art 143 C.c.)

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e) Ne pas être déjà marié

La bigamie est un délit puni par l’article 391 du Code pénal (cinq à dix ans de prison). L'officier de
l'état civil pourrait exiger une attestation de célibat.
Art. 147.
On ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier.

Ce n'est pas le cas dans tous les pays.

f) Absence de certains liens de parenté

Art. 161.
En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants et les alliés dans la même
ligne.
Art. 162.
En ligne collatérale, le mariage est prohibé entre (frères, entre sœurs ou entre frères et sœurs

Art. 163.
Le mariage est encore prohibé entre l'oncle et la nièce ou le neveu, ou entre la tante et la nièce ou le neveu

Art. 164.

Le tribunal de la famille peut lever, pour des causes graves, les prohibitions portées à l’article 163, ainsi que les
prohibitions portées à l'article 161 relativement aux mariages entre alliés en ligne directe.
La ligne collatérale est le lien de parenté existant entre différents individus descendant d’un auteur commun
mais ne descendant pas les uns des autres : ex mon lien avec mes frères et sœurs, oncles et tantes, cousins…
L’alliance est le lien de parenté existant entre un époux et les parents de son conjoint

4.2.2. Conditions de forme

Les fiançailles sont dépourvues d'effet juridique.

Art. 164/1 § 1er. Les personnes qui veulent se marier sont tenues d'en faire la déclaration à l'officier
de l'état civil de la commune où l'un des futurs époux est inscrit.
La méthode de la publication des bans (affichage à la porte de la maison communale) a été
abandonnée en 1999.

Diverses pièces doivent être déposées permettant à l’officier d’état civil de contrôler le respect des
dispositions citées ci-dessus.

L'officier de l'état civil signe la déclaration dans le mois qui suit la délivrance de l'accusé de réception

Le mariage ne peut être célébré avant le 14e jour qui suit la date de la signature de la déclaration (art.
165 C.c.)

Le mariage devra être célébré publiquement (art. 166 C.c.)

Tout mariage contracté sans respecter les conditions de fond mentionnées plus haut peut être attaqué
en nullité soit par les époux eux-mêmes, soit par tous ceux qui y ont intérêt, soit par le procureur du
Roi.

43
4.2.3. Effets du mariage

Attention inutile de soutenir qu’on ne savait pas ! Nul n’est censé ignorer la loi... de plus celle ci est rappelée
au futurs époux avant l’échange des consentements.

Le fait de contracter mariage implique l'adhésion de plein droit à un ensemble de règles appelées le
régime primaire. Le régime primaire implique les devoirs suivants, à charge des époux :

a) Contribution financière en faveur des enfants

Art. 203 § 1er. Les père et mère sont tenus d'assumer, à proportion de leurs facultés, l'hébergement,
l'entretien, la santé, la surveillance, l'éducation, la formation et l'épanouissement de leurs enfants. Si la formation
n'est pas achevée, l'obligation se poursuit après la majorité de l'enfant.

b) Devoir de cohabitation, fidélité, secours et assistance (aspect moral et personnel)

Art. 213.
Les époux ont le devoir d'habiter ensemble; ils se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance.

Devoir de fidélité : implique l'exclusivité sur la sexualité de son conjoint. L'adultère n'est plus une
cause de divorce depuis la loi de 2007.

Devoir de secours: veiller au confort et à la qualité de vie de son conjoint. Veiller à le faire bénéficier
du même confort de vie que le sien tant pendant le mariage (exécution de l'obligation "en nature")
qu'après la séparation, pendant la procédure de divorce (paiement d'un secours alimentaire).

Devoir d'assistance : aspect moral: les époux sont sensés partager leurs joies et leurs peines.

c) Protection de la résidence conjugale

Art. 214.
La résidence conjugale est fixée de commun accord entre les époux. A défaut
d'accord entre eux, le tribunal de la famille statue dans l'intérêt de la famille.

Si l'un des époux est présumé absent, ou si le juge de paix estime que l'un des
époux est dans l'impossibilité ou incapable d'exprimer sa volonté, la résidence
conjugale est fixée par l'autre époux.

Il est essentiel de souligner que les droits des époux, relativement à la résidence conjugale, sont très
limités, que celle-ci soit prise en location ou la propriété d’un ou des deux époux. C'est la protection
du logement principal de la famille.

En cas de propriété des époux ou de l’un d’entre eux, l’accord des deux époux sera nécessaire pour
tout acte de disposition :

art. 215 §1er C.c. « Un époux ne peut, sans l'accord de l'autre, disposer entre vifs à
titre onéreux ou gratuit des droits qu'il possède sur l'immeuble qui sert au logement
principal de la famille, ni hypothéquer cet immeuble.

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Il ne peut, sans le même accord, disposer entre vifs à titre onéreux ou gratuit, des
meubles meublants qui garnissent l'immeuble qui sert au logement principal de la
famille, ni les donner en gage.

Si l'époux, dont l'accord est requis, le refuse sans motifs graves, le conjoint peut se
faire autoriser par le tribunal de la famille et, en cas d'urgence, par le président de ce
tribunal, à passer seul l'acte. »

Exemples :

- un homme hérite d’un immeuble appartenant à ses parents. Plus tard il se marie sous le régime de la
séparation des biens et le domicile conjugal est établi dans cet immeuble. Si cet homme décide ultérieurement
d’hypothéquer ou de mettre en vente l’immeuble, l’accord de son épouse est obligatoire.

- si l'épouse n'a pas donné son consentement à la vente du logement familial, l'époux est limité dans son
droit de disposition vu que ce sont les intérêts de la famille qui priment. La sanction sera la résolution de la
vente. L'art. 215 C.civ. est d'application dès que le domicile conjugal est sis en Belgique. (Civ. Bruxelles 5
mars 1990, Pas. 1990, III, 105).

- L'art. 215, par. 1er C.civ. est d'application au mandat qui est conféré à un agent immobilier de vendre
l'immeuble qui sert de logement principal à la famille, en sorte que l'accord de l'autre époux est requis à
cet effet (Gand 19 avril 1994, R.G.D.C. 1995, 289, note MERCHIERS, Y. )

- L'action en passation forcée de l'acte de vente notarié d'une maison d'habitation vendue par l'époux sans
le consentement de sa femme, émanant des 'acheteurs', est rejetée. Les 'acheteurs' se voient toutefois
attribuer une indemnité pour le dommage qu'il ont subi du fait d'avoir été mené en bateau par le conjoint
'vendeur' qui s'était attribué plus de droits qu'il n'en possédait en réalité. (Anvers 28 octobre 1992, Turnh.
Rechtsl. 1995-96, 90).

Attention : l’agent immobilier qui n’aurait pas attiré l’attention d’un vendeur sur la nécessité du
consentement de son conjoint pourrait voir sa responsabilité professionnelle mise en cause.

De même le droit au bail pour un immeuble qui deviendra la résidence conjugale sera commun aux
deux époux (selon les formalités visées par la loi). Il en résultera diverses conséquences pour le
propriétaire :

Art. 215. § 2 « Le droit au bail de l'immeuble loué par l'un ou l'autre époux, même
avant le mariage, et affecté en tout ou en partie au logement principal de la famille,
appartient conjointement aux époux, nonobstant toute convention contraire.

Les congés, notifications et exploits relatifs à ce bail doivent être adressés ou


signifiés séparément à chacun des époux ou émaner de tous deux.

Toutefois, chacun des deux époux ne pourra se prévaloir de la nullité de ces actes
adressés à son conjoint ou émanant de celui-ci qu'à la condition que le bailleur ait
connaissance de leur mariage. Toute contestation entre eux quant à l'exercice de ce
droit est tranchée par le tribunal de la famille. Les dispositions du présent paragraphe
ne s'appliquent ni aux baux commerciaux, ni aux baux à ferme ».

Exemple : une femme prend en location un appartement. Ultérieurement elle se marie et les époux
fixent leur résidence conjugale dans ledit appartement après avoir annoncé à leur propriétaire leur
mariage. Les époux décident de construire une maison et la femme adresse un recommandé de
renom au propriétaire. Le mari peut invoquer la nullité du renom, à défaut d’avoir été signé par les
deux époux.

45
Toujours dans le cas mentionné ci-dessus, au cas où le propriétaire assigne l’épouse seule en
paiement d’arriérés de loyer et expulsion, si l’exploit de citation n’est adressé qu’à l’épouse et que
l’huissier n’en adresse pas un séparément à l’époux, la procédure sera à recommencer.

d) Exercice d’une profession

Art. 216.

§ 1er Chaque époux a le droit d'exercer une profession sans l'accord


de son conjoint.

Toutefois, si celui-ci estime que cette activité est de nature à porter un


préjudice sérieux à ses intérêts moraux ou matériels ou à ceux des enfants
mineurs, il a un droit de recours devant le tribunal de la famille et, en cas
d'urgence, devant le président de ce tribunal.
Le tribunal peut subordonner l'exercice de la profession à la modification
préalable du régime matrimonial des époux.
Les dispositions des deux alinéas précédents ne sont pas applicables à
l'exercice de mandats publics.

§ 2 Aucun des époux ne peut user dans ses relations professionnelles


du nom de son conjoint qu'avec l'accord de celui-ci.
L'accord ne peut être retiré que pour motifs graves. Le retrait ouvre un
recours devant le tribunal de la famille et, en cas d'urgence, devant le
président de ce tribunal.

e) Contributions aux charges du ménage

Les époux ne sont pas tout à fait libres de la manière dont ils dépensent leurs revenus.

L’article 217 du Code civil prévoit que « chaque époux perçoit seul ses
revenus et les affecte par priorité à sa contribution aux charges du mariage.

Chacun des époux contribue aux charges du mariage selon ses facultés
( Art. 221.)

Il résulte de cette disposition que les époux ne doivent pas forcément partager les frais par moitié.
Si l’un des époux n’a aucun revenu professionnel alors que l’autre perçoit un salaire, il appartiendra
à ce dernier d’assumer seul les dépenses du ménage.

Art. 222.
Toute dette contractée par l'un des époux pour les besoins du ménage et
l'éducation des enfants oblige solidairement l'autre époux.

Toutefois, celui-ci n'est pas tenu des dettes excessives eu égard aux ressources
du ménage.

Exemple : les frais de médecin, scolaires... devront être assumés par les deux époux, même si c’est l’autre
qui les a exposés. Par contre si l’un des époux part en vacances dans un club, seul et y laisse une
importante ardoise, il sera difficile de prétendre que la dépense a été exposée pour les besoins du ménage.

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Le paiement du loyer relatif à la résidence principale pourra, le cas échéant, être considérée
comme une dette souscrite pour les besoins du ménage et engager les deux époux.

f) Manquements

Art. 223.
Si l'un des époux manque gravement à ses devoirs, le tribunal de la famille
ordonne, la demande du conjoint, les mesures urgentes et provisoires relatives
à la personne et aux biens des époux et des enfants.

Il en est de même, à la demande d'un des époux, si l'entente entre eux est
sérieusement perturbée.

Le tribunal peut notamment interdire à l'un des époux, pour la durée qu'il
détermine, d'aliéner, d'hypothéquer ou de donner en gage des biens meubles ou
immeubles, propres ou communs, sans l'accord de l'autre; il peut interdire le
déplacement des meubles ou en attribuer l'usage personnel à l'un ou l'autre des
époux.

Le tribunal de la famille peut donc faire interdiction à un époux de vendre tous biens, même ceux
qui lui appartiendraient en propre et qui ne seraient pas affectés à la résidence principale du ménage.

Art. 224.
§ 1er Sont annulables à la demande du conjoint et sans préjudice de l'octroi de
dommages et intérêts:

1. les actes accomplis par l'un des époux, en violation des dispositions de l'article
215 (protection du logement familial)

2. les actes accomplis par l'un des époux, après transcription de la requête ou du
jugement, en violation d'une interdiction d'aliéner ou d'hypothéquer demandée ou
obtenue par application de l'article 223;

3. les donations faites par l'un des époux et qui mettent en péril les intérêts de la
famille;

4. les sûretés personnelles données par l'un des époux et qui mettent en péril les
intérêts de la famille.

Exemple un époux adultérin qui cautionnerait les engagements pris par


sa maîtresse, lors de la prise à bail d’un appartement peuvent être annulés
à la requête de l’épouse bafouée…

§ 2 L'action en nullité ou en dommages et intérêts doit être introduite, à peine de


forclusion, dans l'année du jour où l'époux demandeur a eu connaissance de
l'acte.
Si l'époux décède avant que la forclusion ne soit atteinte, ses héritiers disposent,
à dater du décès, d'un nouveau délai d'

47
4.1.4 Les régimes matrimoniaux (régimes secondaires)

Le mariage a des conséquences sur les patrimoines des époux.

Les règles applicables aux revenus et propriétés des époux constituent le régime matrimonial
secondaire.

Ils ont le choix d'élaborer eux-mêmes un système pour leurs biens ou de laisser s’appliquer le
régime prévu par la loi (régime légal)

Les trois régimes les plus répandus sont :

- le régime légal
- le régime de séparation des biens
- le régime de communauté universelle

Si les époux n'optent pas pour un régime précis en faisant rédiger un contrat de mariage, ils tombent
automatiquement sous le régime légal.

Les époux ne sont pas obligés de conclure un contrat de mariage. Simplement, en l'absence d'un
contrat de mariage, le régime légal est automatiquement d'application.

Toute personne qui a conclu un contrat de mariage, doit en informer l'officier de l'état civil lors de la
déclaration du mariage. Les futurs époux doivent alors présenter une attestation du notaire qui a
rédigé le contrat. Ce dernier sera également mentionné dans le livret de mariage.

Pendant le mariage, les époux ont la faculté de modifier leur régime matrimonial en établissant un
contrat de mariage devant notaire.

a) Le régime légal

Le régime légal est celui prévu par la loi pour régir les relations patrimoniales entre époux qui n’ont
pas fait choix d’un autre régime par contrat de mariage.

Composition des patrimoines :

Le régime légal fait la distinction entre trois patrimoines :

-le patrimoine personnel d'un des deux partenaires (patrimoine propre)


-le patrimoine personnel de l'autre partenaire (patrimoine propre)
-le patrimoine commun

Le régime légal implique une séparation des biens avec communauté réduite aux acquêts (=
acquis) Cela signifie que les partenaires gèrent chacun leur propre patrimoine et gèrent
conjointement le patrimoine commun.

48
Patrimoine propre : éléments actifs et passifs (dettes) du patrimoine d'un des époux c'est à dire :

- tous les biens que les partenaires possédaient avant le mariage, comme par exemple
une voiture, de l'argent sur un compte d'épargne, un terrain à bâtir qu'un des partenaires a
acheté avant le mariage, un commerce qu'un des époux exploitait déjà avant le mariage

- les outils et les instruments servant à l'exercice de la profession.

- les dettes résultant de l’exercice d’une profession (alors que les revenus de cette profession sont
communs)

- les dettes contractées avant le mariage

- tous les biens acquis par un des partenaires par héritage ou donation pendant le mariage

- les dettes qui grèvent les successions et donations qui échoient aux conjoints.

Patrimoine commun : éléments actifs et passifs du patrimoine des deux époux c'est à dire:

- l'ensemble des revenus professionnels, tels que salaires, traitements, indemnités de chômage ...

- les revenus de biens propres et communs, tels que les loyers perçus pour une habitation propre,
les intérêts d'obligations que les époux possédaient déjà avant le mariage

- tous les biens dont on ne peut pas prouver qu'ils appartiennent à un des époux

- les dettes contractées ensemble.

Quelques exemples de biens propres et de biens communs :

- Tous les biens meubles sont présumés être des biens communs, sauf preuve contraire (par
exemple facture établie au nom d'un des époux avant le mariage).

- Si cette facture est postérieure au mariage, on part du principe qu'elle a été payée avec des
revenus communs et que les meubles sont donc la propriété commune des époux.

- Si un époux achète une œuvre d'art avec des fonds propres, par exemple l'argent d'un héritage,
cette œuvre sera un bien propre. L'époux doit toutefois pouvoir apporter la preuve qu'il/elle a acheté
cette œuvre d'art avec son capital personnel.

- Si un partenaire veut acheter un bien immobilier avec du capital propre, comme une maison
ou un terrain, il doit le faire mentionner dans l'acte notarial d'achat, à défaut de quoi le bien immobilier
ne pourra pas être considéré comme un bien propre. Il est important d'en aviser le notaire en temps
voulu.

- L'argent sur les comptes à vue propres est également un bien commun sauf à prouver qu’il
s’agit de sommes possédées avant le mariage ou acquises ensuite par donation ou héritage.

49
Droits des créanciers :

En principe les créanciers d’une dette propre n’ont de recours que sur le patrimoine propre de l’époux
qui a contracté la dette.

Ce principe souffre des exceptions, principalement celle-ci : les créanciers ont un recours sur les
revenus du débiteur d’une dette propre, bien que ces revenus appartiennent au patrimoine commun
(art. 1409 du Code civil.)

En revanche les créanciers d’une dette commune peuvent exercer leur recours sur les trois
patrimoines, sauf exceptions, notamment les dettes engagée par un époux pour les besoins du
ménage mais qui sont excessives (art. 1414 alinéa 2 du Code civil.)

Que se passe-t-il en cas de divorce ?

En cas de divorce, seuls les biens communs seront partagés tandis que chacun conserve ses biens
propres. Il est donc important que les époux puissent prouver quels biens sont leur propriété
personnelle.

Nouveauté depuis le 1-9-2018 : si des biens professionnels ont été acquis avec de l’argent commun,
une distinction sera faite entre le droit de propriété et la valeur de l’actif. En cas de divorce l’époux
pourra conserver son matériel, mais sa valeur patrimoniale au jour de la demande en divorce sera
considérée comme commune.

Les époux disposent de plusieurs moyens pour prouver qu'un bien leur est personnel, comme
par exemple :

- les actes de propriété


- les factures
- un inventaire notarial.

50
b) Le régime de séparation de biens

Pour rappel, ce régime ne peut être adopté que par contrat de mariage.

Il implique deux patrimoines propres :

- le patrimoine propre d'un époux


- le patrimoine propre de l'autre époux

Dans ce régime, les époux conservent chacun leur indépendance financière. Leurs revenus restent
leur propriété personnelle.

Cela ne signifie pas que les époux qui se marient sous le régime de la séparation de biens ne peuvent
pas posséder quelque chose en commun. Les biens qu'ils possèdent ne sont pas communs mais
bien « en indivision », exactement comme deux personnes non mariées peuvent posséder un bien
ensemble.

Biens propres :

En cas de séparation de biens, l'argent qu'un époux a sur des comptes en banque reste entièrement
sa propriété.

La voiture inscrite au nom d'un des époux n'appartient qu'à lui.


Ceci vaut aussi pour toutes les autres biens que chacun des époux achète à son nom au cours du
mariage :
celui qui achète seul un bien en sera aussi le propriétaire.

Biens indivis :

Les achats pour lesquels il n'existe pas de factures ou dont les partenaires ne peuvent en
aucune manière prouver qu'ils sont leur propriété personnelle, sont censés appartenir pour
moitié aux deux époux. Ceci vaut aussi pour l'argent sur des comptes communs.

En cas de divorce ou de décès, les époux ne devront partager que les biens indivis. Les biens
qui sont au nom de l'un des deux ne devront pas être partagés.

Cas où l'un des deux époux n'a pas de revenus.

Un époux qui ne dispose pas d'un revenu, ne dispose pas non plus d'argent propre. Il ne peut
donc pas acquérir de biens à son compte. Une situation particulièrement difficile à vivre en cas de
divorce ou en cas de décès de l'époux qui lui dispose d'un revenu.

Dans ce cas-là, les époux optent souvent pour un contrat de mariage, dans lequel ils stipulent
que le partenaire qui gagne de l'argent doit partager ses revenus, par exemple en versant de
l'argent sur un compte en banque commun.

51
Clause de participation aux acquêts

Si les conjoints optent pour le régime de séparation des biens, ils peuvent ajouter dans le contrat
de mariage une clause de participation aux acquêts. Ainsi, les époux partagent tout de même les
revenus professionnels durant le mariage. Il s’agit toujours d’une séparation des biens, mais qui
favorise le conjoint économiquement le plus faible.

Clause de correction judiciaire en équité

Les époux peuvent également insérer dans leur contrat une clause de correction judiciaire en
équité.
Si cette clause est reprise dans le contrat de mariage, le conjoint qui s’estime lésé lors d’un divorce
pourra demander au juge de lui attribuer une indemnité.

c) Le régime de communauté universelle

Le régime de la communauté universelle est également un régime conventionnel (c-à-d qui


résulte d’un contrat de mariage).

Dans ce régime, tous les biens font partie d’un patrimoine commun. Ils appartiennent aux deux
partenaires, indépendamment de la manière dont ils ont été acquis.

Il importe donc peu de savoir qui a acheté ou payé quelque chose, à quel nom est établi un
compte en banque, à quel nom est établi une facture, si l'un possédait déjà les biens avant le
mariage ou si il/elle les a achetés ou hérités pendant le mariage.

En cas de divorce ou de décès, tout sera partagé 50/50.

52
5 DIVORCE ET SEPARATION

5.1 Choix du mode de séparation

Il existe différents types de séparation :

o Par le divorce, les conjoints mettent fin à leur mariage. Ils liquident et partagent leur
patrimoine commun et seront ensuite considérés comme fiscalement isolés.

o La séparation de fait implique pour les conjoints de ne plus cohabiter, sans que les
liens du mariage soient dissous. La loi ne définit pas la notion de séparation de fait mais
le fisc en tient compte.

En cas de séparation de fait, le juge de paix peut, sur requête d’un époux, prendre des
mesures " urgentes et provisoires " concernant notamment des résidences séparées
pour chacun, l’hébergement des enfants, les « contributions alimentaires » pour leur
éducation et leur entretien, l’éventuelle pension alimentaire d’un époux au profit de l’autre
etc.

o En cas de séparation de corps et de biens, le mariage n'est pas dissous mais les
conjoints ne vivent plus ensemble. De plus, les biens sont partagés. Cette procédure est
rare.

Il existe 2 types de divorce :

- le divorce par consentement mutuel


- le divorce pour cause de désunion irrémédiable

5.2 Le divorce par consentement mutuel

Le divorce par consentement mutuel nécessite un accord des époux sur tous les aspects du divorce.
Les époux doivent établir au préalable une convention portant notamment sur les points suivants :

- les comptes respectifs ainsi que la liquidation ou le partage de leur patrimoine commun
- la résidence de chacun pendant la procédure
- l'exercice de l'autorité parentale, la résidence des enfants et la contribution alimentaire en leur
faveur
- les éventuelles pensions alimentaires entre les conjoints

53
Les époux doivent donc rechercher un accord, ensuite établir une convention de divorce
par consentement mutuel laquelle sera validée par le Tribunal.

Pour rédiger cette convention, les époux peuvent s'adresser à un notaire ou un avocat.

La procédure s’introduit par requête auprès du tribunal de la famille avec en annexe copie de
la convention. La requête doit être signée soit par les deux époux, soit par au moins un avocat
ou un notaire.

Depuis le 1-9-2018, après le dépôt du dossier au tribunal, les époux ne doivent en principe,
et sauf exceptions, plus comparaître devant le tribunal de la famille. La procédure sera donc
purement écrite.

Le divorce est définitif après un délai de recours d'un mois.

Si un des époux abandonne la procédure de divorce par consentement mutuel peut opter pour
l’autre type de divorce, à savoir la procédure pour cause de désunion irrémédiable.

Dans ce cas, les conventions conclues entre les parties continuent à courir jusqu'à ce qu'elles
deviennent définitives dans le cadre de la nouvelle procédure ou jusqu'à ce que de nouvelles
mesures provisoires soient ordonnées.

5.3 Le divorce pour cause de désunion irrémédiable (art. 229 §1 C. civ.)

Il existe trois variantes de divorce pour cause de désunion irrémédiable.

5.3.1 Désunion prouvée

Le tribunal de la famille prononce le divorce lorsqu'il constate que la désunion du couple est
irrémédiable.

Une désunion est considérée comme irrémédiable lorsqu'elle empêche les époux de vivre
ensemble. La preuve de la désunion peut être apportée par toutes voies de droit.

Exemples : adultère, coups et blessures…

Cette procédure doit être introduite par citation.

5.3.2 Demande conjointe en divorce

En cas de demande de divorce introduite par les deux époux, la désunion irrémédiable est
prouvée par une séparation de fait de plus de six mois.

Cette procédure peut être introduite par requête signée par les deux conjoints, ou du moins
leur avocat ou notaire.

54
5.3.3 Demande de divorce unilatérale

En cas de demande le divorce introduite par un seul des deux époux, la désunion irrémédiable
est prouvée par une séparation de fait de plus d'un an.

Cette procédure peut être introduite par requête unilatérale signée par le requérant ou son
avocat.

5.3.4 Mesures urgentes et provisoires

Pendant la procédure en divorce, le tribunal de la famille statuant en référé (c-à-d en urgence)


peut
ordonner des mesures provisoires concernant notamment les résidences séparées des
époux, l’hébergement des enfants, les contributions alimentaires pour leur éducation et leur
entretien, l’éventuelle pension alimentaire d’un époux au profit de l’autre etc.

5.3.5 Possibilité d’appel

Dans tous les types de divorce, les parties disposent d’un délai d’un mois pour faire appel
après la signification du jugement.

5.3.6 Transcription du divorce

Lorsque le jugement de divorce est « coulé en force de chose jugée », c-à-d devenu définitif
après l’expiration du délai d’appel d’un mois, le greffe du tribunal avertira l’officier de l’état
civil de la commune où le mariage avait été célébré.

Celui-ci transcrira alors dans le mois qui suit le divorce dans le registre de l’état civil. Ce ne
sera qu’à ce moment que le couple sera effectivement divorcé.

5.3.7 Mesures après divorce

Des mesures pourront encore être demandées par les époux après le divorce, dont
notamment l'octroi d'une pension alimentaire dite "après divorce". L'époux qui en fait la
demande ne peut pas avoir commis de faute (bien que le divorce pour faute n'existe plus,
cette notion se retrouve ici).

La pension alimentaire sera octroyée à l'époux qui démontre se trouver dans un état de besoin
particulier, et justifie une dégradation significative de sa situation économique.

La durée d'octroi de la pension alimentaire après divorce est limitée à la durée du mariage et
ne peut être supérieure à u tiers des revenus du débiteur de la pension.

55
6 Cohabitation légale

6.1. Conditions de la cohabitation légale

Par “cohabitation légale”, il y a lieu d'entendre la situation de vie commune de deux personnes ayant
fait une déclaration de cohabitation légale (devant officier état civil du domicile commun)

Pour pouvoir faire pareille déclaration, les cohabitants doivent répondre aux conditions suivantes :

1. ne pas être liés par un mariage ou par une autre cohabitation légale;
2. avoir la capacité juridique de contracter (ne pas être mineur, personne protégée…)

Il n’est donc pas exigé qu’il y ait différence de sexe… attention même des personnes ayant des liens
de parenté peuvent faire cette déclaration (exemple deux frères ou une mère et sa fille)

6.2 Effets de la cohabitation légale

Il faut distinguer les obligations « de base » de celles « optionnelles ».

Les obligations de base sont les suivantes :

- Les articles du code civil relatifs à la protection du logement familial (215, 220, 1er, et 224, § 1er, 1,
du code civil) s'appliquent par analogie à la cohabitation légale.

- Les cohabitants légaux contribuent aux charges de la vie commune en proportion de leurs facultés.

- Toute dette contractée par l'un des cohabitants légaux pour les besoins de la vie commune et des
enfants qu'ils éduquent oblige solidairement l'autre cohabitant.
Toutefois, comme dans le mariage, celui-ci n'est pas tenu des dettes excessives eu égard aux
ressources des cohabitants.

Il faut donc remarquer qu’il n’existe aucun devoir de fidélité, de secours ou d’assistance. Si un des
cohabitants tombait gravement malade, il ne pourrait obliger l’autre à participer aux frais médicaux
occasionnés par la maladie, contrairement aux obligations issues du mariage.

Les obligations « optionnelles » que peuvent souscrire les cohabitant légaux sont visées par
l’article 1478, 4e alinéa :

En outre, les cohabitants règlent les modalités de leur cohabitation légale par convention comme ils le jugent à
propos, pour autant que celle-ci ne contienne aucune clause contraire à l'article 1477, à l'ordre public, aux
bonnes mœurs ou aux règles relatives à l'autorité parentale, a la tutelle et aux règles déterminant l'ordre légal
de la succession. Cette convention est passée en la forme authentique devant notaire, et fait l'objet d'une
mention au registre de la population.

56
Ils peuvent donc par un contrat notarié élargir fortement le champ des obligations de chacune des
parties :

- peuvent être prévues par exemple des obligations de secours et d’assistance.


- en ce qui concerne les droits patrimoniaux, la cohabitation légale ne change rien :

« Chacun des cohabitants légaux conserve les biens dont il peut prouver qu'ils lui
appartiennent, les revenus que procurent ces biens et les revenus du travail. » (1478 al 1)

En cas d’impossibilité de prouver que les biens appartiennent à l’un et pas à l’autre, l’article 1478 al
2 stipule que « Les biens dont aucun des cohabitants légaux ne peut prouver qu'ils lui appartiennent
et les revenus que ceux-ci procurent sont réputés être en indivision. »

Droit d’héritage

Le seul droit d’héritage découlant de la cohabitation légale est celui-ci : en cas de décès du cohabitant
légal propriétaire de l’immeuble servant de résidence aux cohabitants, le survivant bénéficiera d’un
droit d’usufruit sur cet immeuble.

6.3 Litiges et fin de la cohabitation légale

Art. 1479 :
Si l'entente entre les cohabitants légaux est sérieusement perturbée, le tribunal de la famille ordonne, à la
demande d'une des parties, les mesures urgentes et provisoires relatives à l'occupation de la résidence
commune, à la personne et aux biens des cohabitants et des enfants, et aux obligations légales et contractuelles
des deux cohabitants.

Le tribunal fixe la durée de validité des mesures qu'il ordonne. En toute hypothèse, ces mesures cessent de
produire leurs effets au jour de la cessation de la cohabitation légale, telle que prévue à l'article 1476, § 2, alinéa
6.

La cohabitation légale prend fin lorsqu'une des parties se marie, décède ou lorsque les parties le
décident, soit de commun accord, soit unilatéralement par une des parties.

Art. 1479. al 3 :
Après la cessation de la cohabitation légale, et pour autant que la demande ait été introduite dans les trois mois
de cette cessation, le tribunal de la famille ordonne les mesures urgentes et provisoires justifiées par cette
cessation. Il fixe la durée de validité des mesures qu'il ordonne. Cette durée de validité ne peut excéder un an.

57
TITRE III. DROIT DES SUCCESSIONS

1. TERMINOLOGIE

La ligne collatérale est le lien de parenté existant entre différents individus


descendant d’un auteur commun mais ne descendant pas les uns des autres :
ex mon lien avec mes frères et sœurs, oncles et tantes, cousins…

Les collatéraux privilégiés sont les frères et soeurs.

La ligne directe est la suite des degrés entre personnes qui descendent l’une de
l’autre.

* Les ascendants sont les auteurs de la personne prise en considération (père-


mère, grands- parents...).

* Les ascendants privilégiés sont les ascendants du premier degré (père et


mère).

* les descendants sont les personnes issues de celle prise en considération


(enfants, petits-enfants...)

L’alliance est le lien de parenté existant entre un époux et les parents de son
conjoint.

Grand-père G Grand mère H


| |

oncle I père F

| |

frère B A sœur C
I I
|

neveu E neveu D fils K

Par rapport à A :

- Descendant : K
- Ascendant privilégié F
- Ascendants ordinaires G et H
- Collatéraux privilégiés B et C
- Collatéraux ordinaires E, D, I, J
-
58
Le calcul des degrés

Art. 737.
« En ligne directe, on compte autant de degrés qu'il y a de générations entre
les personnes; ainsi, le fils est, à l'égard du père, au premier degré; le petit-fils
au second; et réciproquement du père et de l'aïeul à l'égard des fils et petit-
fils. »

soit :
Grand-père
|
| un degré }
| }

Père } deux degrés


| }

| un degré }
|
Fils

Art. 738.
« En ligne collatérale, les degrés se comptent par les générations, depuis l'un
des parents jusques et non compris l'auteur commun, et depuis celui-ci
jusqu'à l'autre parent.
Ainsi, deux frères sont au deuxième degré; l'oncle et le neveu sont au
troisième degré; les cousins germains au quatrième; ainsi de suite. »

soit :

D Grand-père
______I_____
| I
| I
B Père E Oncle
_____I _____ I
I I I
I I l
A Fils C Fils F Cousin

soit de

A à C (frères) : deux degrés : de A à B et de B à C


A à E (oncle et neveu) : trois degrés : de A à B, de B à D puis de D à E
59
A à F (cousins germains) : quatre degrés : de A à B, de B à D, de D à
E puis de E à F

La succession est soit organisée par testament (dévolution testamentaire), soit selon
les règles de droit commun (dévolution légale)

60
2. DÉVOLUTION LÉGALE (ABSENCE DE TESTAMENT)

2.1. Règles de distribution

Situation 1 (art. 745)

En présence de descendants du défunt ceux-ci excluent de la succession tous les


autres membres de la famille, quels qu'ils soient (exception : le conjoint survivant, v. infra)

Les biens sont divisés en fonction du nombre de descendants.

Les éventuels ascendants, collatéraux privilégiés ou collatéraux ordinaires n'ont


aucun droit.

Grand-père F
_____I_____
| |
| |

A : père† frère E

_______I________
B : Fils C : Fils D: Fille
1/3 1/3 1/3

Situation 2 (art. 746 et s.) règle de la Fente

En présence uniquement d'ascendants (ni descendants, ni frères et sœurs) : la


succession se répartit en deux parts égales.

Une moitié pour l'ascendant le plus proche dans la ligne maternelle et l'autre moitié
pour celui de la ligne paternelle.

Si seul un ascendant dans une des lignes est encore en vie, la succession lui sera
attribuée pour moitié l'autre moitié étant accordée à la personne la plus proche dans
l'autre ligne.
Exemple 1
D :Grand-père† - E : Grand mère†
| |

A :père______ B : mère† F :oncle


|
C fils†

Si C décède (B, D et E sont prédécédés): A et F hériteront chacun de la ½

61
Exemple 2

D :Grand-père†- E : Grand mère†


| | |
A :père_______ B : mère† oncle F tante G
|
C fils†

Si C décède (B, D et E sont prédécédés): A héritera de la ½ et F et G de


l’autre moitié (soit ¼ chacun)

Situation 3 (art.750 et s.)

En présence de collatéraux privilégiés et en l'absence de descendants et


d'ascendants privilégiés, la succession se répartit entre les collatéraux privilégiés en
fonction de leur nombre.

Grand-père - Grand mère


l
| |

A :père† -- B : oncle
mère†

| | | |

frère D C† soeur E soeur F

Si C décède et que A et B sont prédécédés, la succession sera partagée


entre D, E et F (chacun 1/3)

Situation 4 (art.748, 749 et 751)

En présence de collatéraux privilégiés et d'ascendants privilégiés, la répartition se fait


comme suit : 1/4 pour chaque ascendant privilégié encore en vie et le reste pour les
collatéraux privilégiés (diviser le solde en fonction de leur nombre).

Exemple 1

Grand-père Grand mère


| |

A : père - B : mère† oncle

| | | |

62
frère D C† soeur E soeur F

Si C décède et que A est encore en vie alors que B est prédécédé, la


succession sera partagée comme suit : A aura ¼ et D, E et F (chacun 1/3 du
solde 3/4 soit ¼ chacun)

63
Exemple 2
Grand-père - Grand mère
| |

A :père - B : mère G :oncle

| | | |

frère D C† soeur E† soeur F†

Si C décède et que A et B sont encore en vie alors que E et F sont prédécédées,


la succession sera partagée comme suit : A et B auront chacun
¼ et D aura le reste soit la ½

Si E et F étaient toujours en vie : ¼ pour A, ¼ pour B, D E et F se partagent


le solde soit ½ x 1/3 = 1/6 chacun

Situation 5 : la représentation

II s'agit d'une institution qui permet à un successible plus éloigné de monter en degré
pour occuper une place utile dans la succession.

Le but est de corriger les effets considérés comme injustes d'un ordre anormal de
décès.

Lorsqu'un descendant, un collatéral privilégié, ou certains collatéraux ordinaires


(oncles et tante) sont décédés et auraient dû hériter tout ou partie de la succession
d'une personne, leurs descendants (à l'infini), prendront dans l'ordre de la succession
la place de la personne précédée (morte avant ses descendants) mais ne concourront
que par souche (pour la part dont avait droit leur auteur) et non par tête.

Exemple 1

Grand-père Grand mère


| |

A :père B : mère† G:oncle

| | | |

frère D† C† soeur E soeur F

| I
G H

Si C décède et que A est encore en vie alors que B et D sont prédécédés, la succession
sera partagée comme suit :

A aura ¼ et le solde seront partagés entre (G, H), E et F.

64
G et H viennent en représentation de leur auteur D de telle sorte que ils perçoivent 1/8
chacun et E et F ¼ chacun.

65
Exemple 2 :

D :Grand-père† E : Grand mère†


| |
A :père B : mère† oncle F†
| | l

C† cousin G cousin H

Si C décède (B, D et E et F sont prédécédés): A héritera de la ½ et G et H de


l’autre moitié soit ¼ chacun.

Exemple 3

Grand-père - Grand mère


| |
A :père B : mère_______ oncle
| | | |

D : frère C† sœur † E soeur F†


I |
nev G nev nev I
H

66
Dans l’exemple 3, si C décède et que A et B sont encore en vie alors que E et F sont prédécédées mais E a
eu deux descendants (G et H) et F un descendant (I), la succession sera partagée comme suit :
A et B auront chacun ¼
D.(G et H) et I auront le reste soit
D et I (½ x 1/3) = 1/6, G et H (½ x ½ x 1/3) = 1/12 chacun.

Limite de successibilité

Art. 755.
« Les parents au-delà du quatrième degré ne succèdent pas, à moins qu'ils ne soient
appelés par représentation.
A défaut de parents au degré successible dans une ligne, les parents de l'autre ligne
succèdent pour le tout »

2.2. Droits du conjoint survivant (art. 745bis)

2.2.1 Lorsque le défunt laisse des descendants, le conjoint aura l'usufruit de la


totalité de ses biens.

Exemple 1

_____A † épouse B______


| I I I
fille D fils C fille E fils F

A décède. Son épouse B aura l’usufruit sur la totalité des biens, ses enfants disposant
de la nue-propriété chacun pour leur part (1/4 chacun)

Exemple 2

Grand-père - Grand mère


| l
oncle A† - épouse B

I| | |

f fils C † filleGE† fils F


i |
l p-f H
l
e
D
|
p
-
f

67
A décède. Son épouse aura l’usufruit sur la totalité des biens, ses enfants
disposants de la nue-propriété chacun pour leur part. C et E sont prédécédés,
C ayant eu un enfant H ; D a aussi eu un enfant. la succession (en nue
propriété) se partagera comme suit : D 1/3, H 1/3 et F 1/3

2.2.2 Si le défunt laisse des successibles qui ne sont pas des descendants, le
conjoint aura l'usufruit du patrimoine propre et la pleine propriété du
patrimoine commun.

Exemple :
D :Grand-père†- E : Grand mère†
| |
A :père B : mère† oncle F† |
| |

C - épouse H cousin G cousin H

Si C décède (B, D et E et F sont prédécédés): H héritera de la moitié du patrimoine


commun (= la part du patrimoine commun qui appartenait à C).
H aura l’usufruit du patrimoine propre dont la nue propriété sera partagée entre A
pour la ½ du et G et H pour l’autre moitié soit ¼ chacun.

2.2.3 A défaut de patrimoine commun (régime matrimonial de séparation de bien) le


conjoint survivant aura l'usufruit de la totalité de la succession (=patrimoine propre).

2.2.4 A défaut de successible, le conjoint aura la pleine propriété de la totalité.


Le conjoint recueille donc la propriété de toute la succession lorsque le défunt ne laisse
que des collatéraux au-delà du quatrième degré (donc au-delà de grand-oncle
et cousin germain).

68
2. 3. Successions dévolues à l'état

Les successions ne trouvant pas de successeur en rang utile sont appelées


vacantes.

L'article 768 du code civil accorde à l'état le droit (mais pas l’obligation) de recueillir les
successions en déshérence.

L'état doit suivre la procédure d'envoi en possession qui implique la publicité de la demande
(publication au Moniteur belge) permettant ainsi la réaction éventuelle d'héritiers qui feraient
échec aux prétentions de l'Etat.

3. DÉVOLUTION TESTAMENTAIRE
3. 1. Formes

Le testament peut être olographe (écrit par la main du défunt) ou authentique


(notarié).

Art. 970.
« Le testament olographe ne sera point valable, s'il n'est écrit en entier, daté
et signé de la main du testateur: il n'est assujetti à aucune autre forme . »

Art. 971.
« Le testament par acte public est celui qui est reçu par un notaire, en
présence de deux témoins, ou par deux notaires. »
Conformément aux règles de la preuve le second aura une valeur probante
supérieure au premier.

3.2. Limites à l'autonomie de la volonté

3.2.1 Incapacités à bénéficier d’un testament

Art. 909 du Code civil : « Les docteurs en médecine, chirurgie et accouchements, les officiers de santé et
les pharmaciens qui auront traité une personne pendant la maladie dont elle meurt, ne pourront profiter
des dispositions entre-vifs ou testamentaires qu'elle aurait faites en leur faveur pendant le cours de cette
maladie.
Les gestionnaires et membres du personnel de maisons de repos, maisons de repos et de soins ainsi que
de toute autre structure d'hébergement collectif pour personnes âgées ne pourront profiter des
dispositions entre vifs ou testamentaires qu'une personne hébergée dans leur établissement aurait faites
en leur faveur durant son séjour. »

Sont exceptées les dispositions rémunératoires faites à titre particulier, eu égard aux facultés du
disposant et aux services rendus…

69
3.2.2 Le système de la réserve

En présence de certains héritiers que le législateur veut protéger, la liberté du défunt


de disposer de ses biens est limitée.

La loi réserve à certains héritiers une part de la succession.

Si le défunt a disposé de celle-ci, les héritiers réservataires peuvent faire réduire le


leg à due concurrence.

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I. Réserve des descendants:

Les descendants du de cujus (= en latin « celui dont la succession est ouverte » = le défunt)
ne pourront être privés d’une part de la succession variant en fonction du nombre d’enfants :

Nombre d’enfants Quotité disponible Réserve par enfant

1 ½ ½

2 ½ ¼

3 ½ 1/6

4 ½ 1/8

5 ½ 1/10

2. Réserve des ascendants

Pour mémoire : la réserve des ascendants, qui était de ¼ pour chaque parent, en l’absence d’enfants,
est supprimée depuis le 1-9-2018.
En compensation de la suppression de la réserve parentale, la loi stipule que si les parents sont dans le
besoin, ils pourront réclamer à ceux qui héritent une créance alimentaire (sous la forme d’un capital ou
d’une rente viagère).

3. Réserve du conjoint survivant

Il y a dans le cas du conjoint survivant deux réserves distinctes.

La réserve du conjoint s'élève à une moitié en usufruit de la totalité de la succession.


Il s’agit de la réserve abstraite.

En toutes hypothèses la réserve du conjoint comprendra l’usufruit sur certains biens


préférentiels à savoir l'immeuble qui au jour du décès est le logement principal de la
famille ainsi que les meubles qui, au décès, le garnissent. Il s’agit de la réserve
concrète. Celle-ci peut dépasser la moitié de la totalité de la succession.

Le conjoint ne peut cumuler la réserve abstraite avec la réserve concrète.

Lorsque les biens préférentiels valent moins que la moitié de la succession, il peut la
compléter par un usufruit à due concurrence.

Si les époux ont entrepris une procédure de séparation avec réclamation de


résidences séparées, le conjoint survivant peut-être privé de sa réserve si la
séparation perdure depuis plus de 6 mois (915bis§3)

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Application :

C est marié et n’a pas d’enfant. Il entretient une liaison avec une dame G avec
qui il vit et qu’il institue pour unique héritière par testament notarié. L’unique
richesse de C est constituée d’une importante demeure qui a servi de dernière
résidence conjugale et dans laquelle l’épouse habite. Aucune procédure de
séparation n’a été entreprise.

Au décès de C, son épouse pourra réclamer l’usufruit sur la moitié de la


succession (réserve abstraite). Mais comme l’immeuble servant à la résidence
conjugale (et les meubles le garnissant) est la seule richesse de C, l’épouse
pourra réclamer l’usufruit de cette maison et de tous les meubles la garnissant
(réserve concrète).

La succession se partagera donc comme suit :

La totalité en nue propriété pour la maîtresse et la totalité en usufruit pour


l’épouse.

Si la succession de C avait comporté d’autres biens que la dernière résidence


conjugale, ceux-ci auraient été attribués en pleine propriété à sa maîtresse.

3. 2. 4. Les pactes successoraux.

Jusqu’en 2018 les « pactes sur succession future » étaient totalement interdits, c-à-d que vous ne
pouviez pas conclure d’accords avec vos futurs héritiers sur votre héritage après votre décès.

Depuis 2018 cette interdiction est assouplie et des pactes impliquant tout ou partie des héritiers sont
autorisés à condition qu’ils soient conclus à l’intervention d’un notaire.

Par un tel pacte, un héritier pourrait par exemple renoncer à l’avance à tout ou partie de sa réserve.

4. Le rapport des libéralités

En ce qui concerne le partage des biens du défunt, la loi présume que les libéralités, donations,
avantages indirects faits à un héritier en ligne directe sont de simples avances (= avances d’hoiries) de
telle sorte qu'elles doivent être rapportées à la succession du défunt à moins que celui-ci l'en ait
dispensé.

L'article 852 prévoit quelques cas non soumis au rapport : il s’agit des frais de nourriture, d'entretien,
d'éducation, d'apprentissage, les frais ordinaires d'équipement, ceux de noces et cadeaux d'usage.

L'héritier en ligne directe qui doit le rapport d'une libéralité en verse le montant à la succession de telle
sorte que le bien rapporté, à la demande des cohéritiers, gonflera la masse partageable dont il recevra
ensuite une part.

72
Le donateur peut lors d'une donation à un de ses héritiers prévoir une clause de
dispense de rapport (donation « par préciput et hors part ».)

Celle-ci peut même être tacite et résulter de l'acte lui-même; la charge de la preuve
incombant à celui qui invoque la dispense.

Même à l’égard des immeubles, le rapport ne peut plus être exigé en nature (depuis le 1-9-2018).
Cela signifie que le bénéficiaire de la donation peut conserver l’immeuble reçu et que la valeur de ce bien
à l’époque de la donation sera simplement déduite de la part d’héritage revenant à l’héritier donataire.
Le cas échéant, si la valeur de la donation excédait sa part d’héritage, il devra verser une compensation
aux autres héritiers.

5. CONVERSION DE L'USUFRUIT

4.1. Définition

Convertir un usufruit c'est le transformer en :

-un droit de propriété sur certains biens successoraux

-une somme d'agent

- une rente viagère.

4.2. Qui peut la demander et pour quels biens ?

* en présence de descendants du conjoint prédécédé : (745quater§1er)

Si le conjoint est en concours avec des descendants tant le conjoint survivant que les
descendants peuvent la demander.

Le Tribunal ne pourra toutefois jamais ordonner d’office la conversion de l’usufruit


concernant les biens préférentiels (logement principal de la famille et meubles
meublants) sans l’accord du conjoint survivant (745quater§4).

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* en présence d’autres héritiers :

Si le conjoint est en concours avec d'autres héritiers, il peut exiger à tout moment que lui soit
attribué la nue-propriété des biens préférentiels. (La nue-propriété cumulée avec l’usufruit
équivaut à une pleine propriété.)

Pour les autres biens, II peut exiger durant les 5 premières années la conversion de
tout ou partie de son usufruit.

Dans tous les autres cas (demande des héritiers, demande du conjoint survivant après 5 ans...)
le Tribunal pourra accorder la conversion s'il considère que celle ci est juste et non nuisible
(à l'exception des biens préférentiels pour lesquels l'accord du conjoint est requis).

Elle doit se faire moyennant une contrepartie vue comme équivalente.

La loi fixe quelques critères d'évaluation (voir article 745 sexies §3 du C.c.)

4.3. Forme de la conversion

4.3.1. Conversion amiable

Si toutes les parties sont majeures et d'accord sur le principe, les modalités et la
contrepartie de la conversion, elle se fait sans formalité.

Si elle porte sur un immeuble un acte notarié est indispensable.

4.3.2. Conversion judiciaire

A défaut d'accord le Tribunal de la famille peut ordonner la conversion selon les


modalités qu'il détermine.

74
5. ATTITUDES POSSIBLES SUITE À UN DÉCÈS, OUVERTURE D'UNE
SUCCESSION

5.1. Conséquence d'un héritage

Les héritiers poursuivent la personnalité du défunt, reprenant à leur compte l’actif et


le passif de celui-ci.
Exemple : en cas de décès d’un locataire, le contrat de bail se poursuit dans le chef de ses
héritiers. Il leur appartiendra de donner préavis s’ils souhaitent y renoncer.

A noter qu’en région bruxelloise, la réglementation prévoit que le bail sera automatiquement résilié
deux mois après le décès si le loyer demeure impayé.

5.2. Acceptation tacite ou expresse

L’acceptation est un acte par lequel une partie prend qualité d’héritier ;

Art. 778.
« L'acceptation peut être expresse ou tacite: elle est expresse, quand on
prend le titre ou la qualité d'héritier dans un acte authentique ou privé; elle est
tacite, quand l'héritier fait un acte qui suppose nécessairement son intention
d'accepter, et qu'il n'aurait droit de faire qu'en sa qualité d'héritier . »

On retiendra à titre d’indices d’acceptation tacite : inventaire, déclaration de


succession, procuration, mainlevée, lettre non confidentielle…

Par contre le fait de régler les modalités de l’enterrement, et même de le financer ne


prouve pas l’acceptation de la succession, ces actes résultant d’une obligation
naturelle (celle de donner une sépulture décente au défunt).

La règle générale prescrite par l’article 780 du Code judiciaire consiste à dire que tout
acte de disposition (vente, donation…) implique acceptation de la succession (en
opposition avec les actes conservatoires ou de surveillance tels que souscrire une
assurance… qui ne constitueront éventuellement que des indices.)

75
5.3. Renonciation

La renonciation est un acte qui se traduit par une déclaration devant notaire.

La personne est censée n'avoir jamais hérité.

La part du renonçant accroît celle des autres héritiers.

La substitution ou « saut de génération »

Avant le 21-1-2013, les enfants ne pouvaient pas prétendre à l’héritage lorsque celui-ci
était refusé (renonciation) par leurs parents : la partie rejetée de l’héritage revenait aux
cohéritiers par exemple les frères et sœurs.

Depuis 2013, la substitution a été introduite dans le Code civil.


Cela signifie que lorsqu’un héritier renonce à la succession de ses parents,
les enfants de cet héritier peuvent prendre sa place (substitution) et hériter ainsi de
leurs grands-parents.

5.4. Acceptation sous bénéfice d'inventaire

L'héritier qui accepte sous bénéfice d'inventaire ne sera tenu des dettes de la
succession qu'à concurrence de l'actif de celle-ci c'est à dire sur les biens
successoraux et non sur son patrimoine propre.

L'héritier doit pour bénéficier de cette protection procéder à une déclaration devant
notaire.

L'héritier aura cependant la charge de l'administration et de la liquidation de la


succession.

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TITRE IV LES LIBERALITES

1. LES DONATIONS

1.1. Une donation est un contrat.

Une donation implique un échange de consentement le donataire devant marquer


son accord.

1.2. Une donation est un contrat solennel

Des formes substantielles doivent être respectées.

II faut un acte passé devant notaire en présence de deux témoins.

L'acceptation du donataire doit être mentionnée et si une personne est représentée,


la procuration doit avoir été passée devant notaire.

1.3. Une donation est un acte irrévocable

Le principe de la convention loi est renforcé.

II n'est pas possible de prévoir des possibilités de reprise du bien donné (sauf cas de
donation avec charges, par exemple donation avec réserve d’usufruit)

De plus la dépossession du donateur doit être immédiate en faveur du donataire.

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Exceptions

1. Les donations entre époux


Les donations entre époux faites pendant le mariage sont toujours révocables.

2. Révocation pour ingratitude

Indépendamment du non respect des charges liées à une donation celle ci peut être
résolue pour ingratitude.

On distingue trois grandes causes d’ingratitude :

-Attentat à la vie du donateur

-Sévices, injures graves, délits,

-Refus d'aliment

Il appartient au Tribunal de déterminer si il y a ingratitude.

Les héritiers peuvent poursuivre l'action ou l'intenter (dans le délai)d’un an) si le


donateur est décédé dans l’année du fait.

Le délai peut ne courir qu’à dater de la prise de connaissance du fait ou à la fin de


ceux-ci s'ils sont continus.

Conséquence de la résolution :
La donation est annulée à effet rétroactif mais les aliénations ou hypothèques faites par le
donataire
restent valables si elles ont été transcrites avant l'inscription marginale de l'action en résolution.

2. LE DON MANUEL

Il s'agit de la remise de la main à la main d'un bien à une autre personne (c-à-d sans
formalité.).

Mis à part cette caractéristique particulière toutes les autres particularités de la


donation s'appliquent.

Un écrit n'est pas indispensable mais permet de constater le don ainsi que sa cause
ou ses modalités.

Le don manuel n'est possible qu’avec des biens meubles (donc pas d’immeuble). Il
n'entraîne la perception d'aucun droit d'enregistrement puisqu’il n’est pas constaté
par un document écrit.

Cependant, si le donateur décède moins de 3 ans après la donation, le donataire


devra payer des droits de succession.

Il est donc utile de se réserver une preuve de la date de la donation, par exemple
par un échange de lettres.

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Donation d’argent ou de meubles à taux de taxation réduit.

Afin de pallier au risque de devoir acquitter des droits de succession en cas de


décès du donateur dans les 3 ans suivant la donation, il est possible de faire
enregistrer un don d’argent en payant immédiatement un droit d’enregistrement
réduit (entre 3% et 7,7% selon le lien de parenté et la région.)

Cette taxation sera libératoire ce qui signifie qu’en cas de décès endéans les 3 ans,
il ne sera pas tenu compte des montants donnés dans le calcul des droits de
succession.

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