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est décédé le 18 novembre

2007.
PREMIERE PARTIE : INITIATION AU DROIT

INTRODUCTION
Parmi les diverses branches de droit, le droit civil occupe la place la plus importante. Cette importance se
situe à deux points de vue :

1. Du point de vue théorique


Le droit civil est le droit le plus ancien et les autres branches du Droit, malgré leur originalité, lui ont
souvent emprunté ses concepts, ses cadres de démonstration. C'est la branche du droit la mieux structurée, la
mieux élaborée.

2. Du point de vue pratique


Le Droit civil est à la base des rapports quotidiens entre les hommes. La connaissance du droit civil est
nécessaire aux simples particuliers pour qu’ils puissent comprendre le sens et les conséquences de leurs
actions les plus usuelles : acheter, vendre, louer, contracter une assurance, demander réparation des
dommages causés par autrui, se marier, divorcer, naître ou mourir, etc.
Sur un plan purement professionnel, la connaissance du droit est indispensable à tous ceux, dont l'activité
concerne le monde des affaires qu'il s'agisse de commerce, d'industrie, d'agriculture, de banque, d'assurance
; sans toutefois oublier ces praticiens du droit que sont les magistrats, les avocats, les huissiers, les notaires,
les commissaires-priseurs, etc.

Titre 1 : NOTION ET SOURCES DE DROIT

CHAPITRE 1 : NOTION DE DROIT

SECTION 1- DEFINITION
La définition du droit fait ressortir deux aspects, tantôt on parle de droit objectif, tantôt on parle de droit
subjectif.

PARAGRAPHE 1- LE DROIT OBJECTIF


Il désigne l'ensemble des règles de conduite qui, dans une société organisée, gouvernent les rapports des
hommes entre eux et s'imposent à eux par le moyen de la contrainte publique.
Dès que des individus vivent en société, il se crée automatiquement un corps (ensemble) de droit objectif ;
car quand on est plus d'un, il faut forcément s'amputer d'une certaine partie de sa liberté pour pouvoir vivre
avec l'autre.

PARAGRAPHE 2- LES DROITS SUBJECTIFS


Ce sont des prérogatives reconnues à un individu (ou à un groupe d'individus) et dont celui-ci peut se
prévaloir dans ses rapports avec les autres individus sous la protection des pouvoirs publics. Il s'agit
généralement des droits patrimoniaux d'une personne.
Le droit subjectif est individualisé : un tel est propriétaire de tel immeuble. Un tel est créancier de telle
personne pour telle date.
Ici le titulaire est appelé le sujet du droit, d'où l'expression de droit subjectif.
Les droits subjectifs naissent et se réalisent sous l'égide du droit objectif.
En d'autres termes, si le droit objectif nous permet de faire quelque chose, nous avons le droit subjectif de le
faire.

SECTION 2- LES CARACTERES DU DROIT OBJECTIF


Au plan de la forme, la règle de droit est reconnaissable à trois caractères cumulatifs. Elle est étatique ;
abstraite et obligatoire.

PARAGRAPHE 1- LE CARACTERE ETATIQUE


Dire de la règle de droit qu'elle est étatique signifie qu'elle est produite par les organes de
l'état où ses démembrements ou par les institutions interétatiques. Le caractère étatique
de la règle de droit permet d'exclure du champ des normes juridiques, les actes des
personnes privées ainsi que les règles morales ; les règles religieuses

PARAGRAPHE 2- LE CARACTERE ABSTRAIT DE LA REGLE DE DROIT.


La règle de droit est abstraite et vise une situation spécifique définie abstraitement. Elle ne vise pas les
personnes mais les situations dans lesquelles elles se trouvent.
Le caractère abstrait de la règle de droit signifie qu’elle est une règle objective. En d’autres termes c’est une
règle à la fois générale, impersonnelle et permanente.
GENERALE, la règle de droit est égale pour tous sans distinction.
Ce caractère général de la règle de droit est une garantie contre l'arbitraire et la discrimination individuelle et
répond ainsi au principe d’égalité des citoyens devant le droit.
Exemple : à celui qui par sa faute a causé un dommage à autrui, la loi impose réparation au profit de celui-
ci (Art. 1382 C.civ) ; à ceux qui s’engagent par un contrat, la loi impose le respect de cette convention (Art.
1134 C.civ).
IMPERSONNELLE, elle vise tous les individus sans distinction (ivoiriens, étrangers, propriétaires,
commerçants…). C’est donc une règle objective.
PERMANENTE, elle l’est aussi bien dans l’espace (sur un même territoire comme la CI, France) que dans
le temps c'est-à-dire qu’elle s’applique chaque fois que les conditions sont remplies et subsiste jusqu’à ce
qu’elle soit abrogée.

PARAGRAPHE 3- LA REGLE DE DROIT, UNE REGLE COERCITIVE


Le caractère coercitif de la règle de droit signifie que son respect peut être imposé par la contrainte étatique
et au moyen de la sanction. La finalité de la règle de droit est d'assurer la sécurité et l'ordre social, elle se
doit donc d’être obligatoire et s'imposer sous peine de sanctions. En effet, nul ne peut déroger à la règle de
droit dès lors qu’il entre dans son champ d’application. Parce qu’il est censé la connaître, le citoyen ne peut
justifier une entorse à la loi par sa méconnaissance de la règle.
La contrainte et la sanction sont donc liées au droit. Ceci dit, si un individu ne respecte pas la règle établie, il
peut être contraint à s’y conformer par la force publique (police, gendarmerie etc.). On constate alors que
seul l’Etat a le monopole de la contrainte qui est ici légitimée. Cela exclut évidemment la vengeance privée.
NB : si toutes les règles de droit sont obligatoires, toutes ne le sont pas au même degré. Selon la fonction
considérée, les règles de droit s’imposent de manière absolue ou seulement relative. Il y a lieu donc
d'apprécier la force obligatoire de la règle de droit à travers la distinction entre règle impérative et règle
supplétive avant d'appréhender la diversité des sanctions de la violation de la règle de droit reflet du
caractère coercitif.

A. La distinction entre règle impérative et règle supplétive


Toute règle de droit est obligatoire. Cependant, pour certaines règles de droit, ce caractère obligatoire est
atténué puisqu’elles sont susceptibles d’être écartées au profit d'autres règles prévues par les parties. On
distingue alors la règle impérative de la règle supplétive.
1. La règle impérative :
Est celle qui s'impose aux personnes dans leurs rapports et ne peuvent l’écarter car elle est d'ordre public.
Elle s’impose de manière absolue en ce sens qu’il n’est pas possible aux intéressés de se soustraire à son
application, même par un accord exprès.
Exemple : Le salaire minimum légal est fixé par la loi et tout accord entre un salarié et un employeur
tendant à l'abaisser est nul. Ainsi, la règle de droit prévoyant le salaire minimum légal est impérative et
aucun accord contraire n'est admis.
2. La règle supplétive :
Est une règle de droit mais qui peut être écartée par les personnes en prévoyant une autre règle qui
s'appliquera à leurs rapports juridiques. En fait, la règle supplétive ne s’applique que si les parties n'ont rien
prévu, elle vient alors suppléer l’absence de volonté exprimée par les intéressés.
Exemple : Le choix du régime matrimonial est organisé par le code de la famille. En cas du défaut de choix,
la loi applique aux époux les régime légal supplétif qui est le Régime des Biens réduits aux acquêts. (La
communauté réduite aux acquêts implique la mise en commun des biens pendant le mariage mais aussi des
dettes contractées pendant le mariage y compris les dettes contractées par un seul conjoint, c’est le principe
de solidarité entre les époux.

B. Les diverses sanctions :


L'inobservation de la règle de droit expose son auteur à une sanction qui peut être civile, pénale ou
administrative.
1. Les sanctions civiles :
On distingue plusieurs sanctions civiles qui peuvent parfois se cumuler.
✓ La nullité de l'acte
Lorsqu’un acte juridique (contrat) a été conclu sans respecter les règles relatives à sa conclusion, la
meilleure manière de réparer ce non-respect est d’anéantir ce contrat et le déclarer nul et de nul effet par le
jeu de la déclaration de nullité.
✓ Le versement de dommages intérêts
Toute personne qui viole une règle de droit et cause un dommage à autrui, est tenue de réparer ce dommage
en versant à la victime une somme d'argent à titre de dommages intérêts. L’exécution par contrainte.
L’autorité chargée de faire respecter la règle en demande directement l’exécution en ayant recours si
nécessaire à la force publique.
Exemple : le créancier qui n’a pas été payé à échéance peut recourir au juge pour demander la saisie et la
vente des biens de son débiteur et se faire payer sur le prix de la vente. De même, le locataire qui ne paye
pas ses loyers peut être expulsé.

2. Les sanctions pénales :


La sanction pénale consiste en des condamnations corporelles privatives de liberté ou pécuniaires et qui sont
prévues par le code pénal. Ces sanctions sont assez variées selon la gravité de l'infraction : la peine de mort,
l'emprisonnement, l'amende...
Il faut souligner que l'amende est une sanction pénale qui consiste à verser une somme d'argent à la
trésorerie de l'Etat (l'automobiliste qui brûle un feu rouge est sanctionné pénalement par une amende), alors
que le versement des dommages intérêts est une sanction civile réparatrice d'un dommage causé à la victime
et qui les perçoivent à titre d'indemnisation.

3. Les sanctions administratives


Il s'agit de sanctions relevant du droit administratif et prise par l'autorité administrative.
Exemples: fermeture d'un établissement pour insalubrité, licenciement d'un fonctionnaire pour faute
grave, blâme, avertissement ...

PARAGRAPHE 4 - LA REGLE DE DROIT ET LES REGLES VOISINES.


Il y a les règles religieuses qui consistent en des commandements formulés par telle ou telle religion.
Les règles morales ont pour objet le perfectionnement intérieur de chaque individu.
Il y a ensuite les règles de bienséance, de politesse, de courtoisie, d’éducation, de savoir-vivre, de mode.

SECTION 3 - LES BRANCHES DU DROIT OBJECTIF


On distingue traditionnellement le droit public du droit privé d'une part, et le droit interne du droit
international d'autre part.

PARAGRAPHE 1 - DROIT PUBLIC ET DROIT PRIVE

A. Le droit public
Le droit public est constitué par l’ensemble des règles qui déterminent l’organisation et le fonctionnement
des pouvoirs publics. Son but est d’assurer la satisfaction de l’intérêt général ; il gouverne les rapports entre
l’Etat et les citoyens.
Le droit public comprend plusieurs branches que sont : Le droit constitutionnel, le droit administratif, les
finances publiques ou droit financier.

1. Le droit constitutionnel
Il regroupe l’ensemble des règles qui régissent l’organisation et le fonctionnement de l’appareil politique de
l’Etat.
Il étudie notamment la répartition des pouvoirs entre le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir
judiciaire ; cette répartition est assortie de la compétence des différentes autorités étatiques à qui se trouvent
dévolus ces pouvoirs (Assemblée Nationale, Président de la république etc.…)

2. Le droit administratif
Il est composé des règles qui régissent la fonction administrative de l’Etat. Il s’agit des règles relatives à
l’organisation et au fonctionnement de l’administration publique (les ministères et leurs services extérieurs,
les Etablissements publics…etc.), ainsi que les règles qui définissent les droits des administrés.

3. Les finances publiques (ou droit financier)


Cette matière concerne les règles relatives à l’élaboration du budget de l’Etat, c'est-à-dire la détermination
des recettes et des dépenses de l’Etat et des autres collectivités publiques.

4. Le droit des libertés publiques


Droits de l'homme reconnus, définis et protégés juridiquement
a. droits individuels qui assurent à l'individu une certaine autonomie face au pouvoir dans les
domaines de l'activité physique (sûreté personnelle, liberté d'aller et venir…), de l'activité
intellectuelle et spirituelle (liberté d'opinion et de conscience…), de l'activité économique
(droit de propriété, liberté du commerce et de l'industrie…)
b. droits politiques qui permettent à l'individu de participer à l'exercice du pouvoir (droit de
vote…), libertés de la presse, de réunion, d'association
c. droits sociaux et économiques qui sont le droit pour l'individu d'exiger de l'Etat certaines
prestations (droit au travail, à l'instruction, à la santé) et des droits collectifs (droit de la
grève, droit syndical).

B. Le droit privé
Le droit privé contient les règles applicables généralement aux rapports entre les personnes physiques entre
les personnes physiques et ceux entre les personnes morales de droit privé. Ce droit se subdivise en plusieurs
matières :
1. Le droit civil
C'est l'ensemble des règles précisant les rapports entre de simples particuliers. C'est le droit commun qui
s'applique chaque fois qu'aucune règle particulière ne régit la situation.

2. La procédure civile
Elle contient les règles applicables à l'organisation judiciaire ainsi qu'aux actions intentées devant les
tribunaux,
3. Le droit commercial
C'est l'ensemble des règles relatives au commerce et qui précisent le statut des commerçants. A l'intérieur de
celui-ci, on retrouve le droit du commerce terrestre
4. Le droit du travail
Il réglemente les conflits pouvant naître à l'occasion de l'exécution du contrat de travail ainsi que les
relations entre employeur et employés.

C. Le droit mixte

1. Le droit pénal
C'est l'ensemble des règles relatives au droit de punir qui appartient à la société. Il précise les sanctions
pécuniaires ou corporelles que l'Etat utilise pour frapper l’individu qui transgresse la règle de droit.
Le droit pénal est un droit mixte en ce sens qu'il est à la limite du droit privé et du droit public.
C'est un droit privé par sa technique de raisonnement, par certains de ses principes essentiels, parce qu’il
vise à protéger au principal des personnes et des biens privés, et surtout parce qu'il est appliqué par les juges
ayant reçu une formation principalement de droit privé.
C'est aussi un droit public dans la mesure où le procès pénal s'analyse comme un procès intenté par la
société à un individu ou groupe d'individus. Ainsi, le procureur qui poursuit ou l'avocat général qui requiert
une peine agit au nom de la société.
Aussi, nombre de sanctions pénales sont des peines de prison dont l'exécution et le contrôle sont confiés à
une administration publique, l'administration pénitentiaire.

2. La procédure pénale
Sa finalité est de réglementer les poursuites qui découlent de l'application du droit pénal

PARAGRAPHE2 : DROIT INTERNE - DROIT INTERNATIONAL

A. Le Droit interne (ou droit national)


C'est le droit positif en vigueur dans un Etat donné, ayant des sources et des sanctions propres à cet Etat. Il
réglemente les rapports sociaux qui se produisent à l'intérieur de cet Etat sans qu'un élément ressortissant
d'un autre Etat intervienne dans ces rapports. Le droit interne peut être public ou privé.

B. Le Droit international
Il a pour objet les rapports sociaux dans lesquels figure un élément étranger. Il est aussi public ou privé en
considération du type de rapports qu'il régit.

CHAPITRE 2 : LES SOURCES DU DROIT


La question des sources du droit a pour but de déterminer l'origine des règles juridiques.
Les règles juridiques se trouvent exprimées par la loi, les règlements, la coutume, la Jurisprudence et la
doctrine.

SECTION 1 - LES SOURCES DIRECTES


Les sources directes sont parfois écrites ou formelles (la constitution, les traités internationaux, la loi et les
règlements) et parfois non écrites ou non formelles (la coutume).
PARAGRAPHE 1- LA CONSTITUTION
La constitution ou loi fondamentale c'est la norme suprême à laquelle doivent se référer toutes les autres
règles de droit.
C'est l'ensemble des règles qui déterminent la forme de l'Etat, l'organisation et l'exercice du pouvoir. La
constitution Ivoirienne date de 2016.

PARAGRAPHE 2- LES TRAITES INTERNATIONAUX


Ce sont des accords qui déterminent les règles applicables aux rapports entre les Etats contractants. Ces
règles deviennent de véritables lois, à condition que le traité, d'abord signé par les plénipotentiaires, ait été
ratifié par l'Assemblée Nationale.

PARAGRAPHE 3- LA LOI ORDINAIRE


La loi est une règle juridique écrite, établie par l'Assemblée Nationale et promulguée par le Président de la
République.

A. L'élaboration de la loi
L'élaboration de la loi obéit à une procédure spéciale dont les étapes sont les suivantes :
1. L'initiative des lois
Elle appartient aussi bien au Gouvernement (projet de loi) qu'aux Députés (proposition de loi).
2. Le vote de la loi
Les Députés examinent le projet ou la proposition de loi d'abord en commission puis en Assemblée plénière.
Ils peuvent le modifier. Après délibération, le texte est voté c'est-à-dire adopté par les Députés.
3. La promulgation et la publication de la loi
Une fois votée, s'ouvre un délai de 30 jours au cours duquel doit intervenir un décret de promulgation
émanant du Président de la République ; la promulgation est le décret qui certifie, de manière authentique,
l'existence du Commandement étatique et qui donne l'ordre de l'exécuter. C'est donc l'acte par lequel, le
Président de la République atteste l'existence et la régularité de la loi.
Ce délai de 30 jours peut être écourté à 5 jours en cas d'urgence.
Avant l'expiration de ce délai, le Président de la République peut demander à l'Assemblée Nationale de
délibérer une nouvelle fois sur la Loi.
Une fois la loi promulguée, s'ouvre un autre délai à l'expiration duquel la loi devient obligatoire. Ce
deuxième délai est de 3 jours francs (de 0 heure à 24 heures). Là aussi, il y a des exceptions : en cas
d'urgence, la loi est transmise au Préfet qui l'affiche, suivie de 3 communiqués radio diffusés.
4. La publication
La loi doit être publiée au Journal officiel et c’est cette publication qui en informe le public puisque
personne n’est censé ignoré la loi. Les lois doivent être publiées mais également les décrets. Les traités
ratifiés doivent être publiés. La loi entre en vigueur sur tout le territoire ivoirien le lendemain de sa
publication. Cependant le législateur peut prévoir les conditions d’entrée en vigueur de la loi dans des
dispositions transitoires qui vont reculer la date d’entrée en vigueur de la loi ou vont prévoir une période de
transition avec le régime antérieur.

B. La suppression de la loi
Elle survient par suite de l'abrogation ou de l’annulation. Celles-ci sont à distinguer de la désuétude.
• L'abrogation se définit comme une abolition de la loi pour l'avenir.
• L'annulation produit un effet rétroactif, elle revient sur le passé et l'anéantit. Tandis que l'abrogation
ne met pas en cause les actes qui ont été accomplis sous l'empire de l'ancienne loi.
• La désuétude équivaut au fait qu'une loi ne soit pas appliquée pendant un laps de temps plus ou moins
long. Cela n'entraîne pas la perte de la force obligatoire de cette loi.
NB : La non-rétroactivité de la loi
L’article 2 du Code civil dit que la loi ne dispose que pour l'avenir, elle n'a pas d'effet rétroactif. La loi
nouvelle ne peut pas s'appliquer à des situations de faits ou de droits antérieures à sa publication. On parle
souvent d'application immédiate de la loi, elle va s'appliquer aux faits en cours mais non aux situations
juridiques déjà nées, dans ce cas il y survie de la loi ancienne.
Toutefois ce principe connaît des exceptions :
• La loi se déclare elle-même rétroactive ;
• Les lois sont interprétatives, ces lois viennent préciser le sens ou la portée d'une loi récemment
promulguée ;
• Les lois pénales plus douces.
PARAGRAPHE4 : LES RÈGLEMENTS
Les règlements sont des règles de Droit édictées par le pouvoir exécutif.
Ce sont des règles de droit à portée générale et impersonnelle édictées par le pouvoir exécutif. On
distingue les décrets et les arrêtés.

A. Les décrets
Ce sont des décisions exécutoires à portée générale ou individuelle émanant du Président de la
République. On distingue :
*Les décrets solennels qui sont signé en conseil des Ministres ;
*Les décrets simples qui sont ceux pris par le chef de l’Etat en dehors du conseil des ministres.

B. Les arrêtés
Ce sont des décisions exécutoires à portée générale ou individuelle émanant d’un ou de plusieurs
ministres (arrêté ministériel ou interministériel) ou de d’autres autorités administratives (arrêté préfectoral
ou municipal)
Les arrêtés sont subordonnés aux décrets, et sont hiérarchisés en fonction du rang de l’autorité qui l’édicte.
On a donc :
• Les arrêtés ministériels (quand ils émanent d’un seul ministre) ;
• Les arrêtés interministériels (lorsqu’ils émanent de plusieurs ministres) ;
• Les arrêtés Préfectoraux (émanant des préfets) ;
• Les arrêtés municipaux (quand ils émanent des maires).
SECTION 2 : LES SOURCES INDIRECTES
Il existe trois sources indirectes du droit ivoirien. Ce sont la coutume, la jurisprudence et la doctrine.

PARAGRAPHE 1 : LA COUTUME
Comme la loi, la coutume est aussi une règle de droit mais elle n'émane pas de l'Etat. Elle se forme peu à
peu par la pratique et la répétition des mêmes actes qui finissent par devenir obligation sans qu'une loi
établisse cette obligation. Elle suppose deux éléments :
• Un élément matériel : qui est l'habitude prolongée de cette pratique.
• Un élément psychologique : la croyance dans le public du caractère obligatoire de cette pratique.
Qui de la loi et de la coutume doit l'emporter sur l'autre ?
La loi offre plus de précision que la coutume parce qu'elle est exprimée dans un texte
Écrit et précis, alors que la coutume est souvent orale. De même, la loi a une application générale, alors que
la coutume est souvent localisée. Enfin il y a une supériorité technique de la loi voulue par la plupart des
constitutions.

PARAGRAPHE 2 : LA JURISPRUDENCE

A. La formation de la jurisprudence
La jurisprudence peut être définie sommairement comme l'ensemble des décisions rendues par les
juridictions.
Au sens restreint, la jurisprudence est l'ensemble des décisions rendues par telle juridiction sur telle question
d'ordre juridique (exemple : la jurisprudence de la Cour de Cassation sur la responsabilité civile).
Au sens large, elle englobe tous les recueils contenant les décisions des juges (recueil de jurisprudence)

B. Le rôle de la jurisprudence
Elle a plusieurs rôles à savoir :
*un rôle d’interprétation : ce rôle permet au juge d’expliquer la loi obscure, floue. C’est le cas lorsque le
sens de la loi n’apparaît pas à l’évidence et qu’il faut que le juge l’explicite.
*un rôle de suppléance : par ce rôle, le juge comble le vide juridique. En effet, le juge a l’obligation de
juger. C’est ce qui ressort de l’article 4 du code civil qui dispose que : « le juge qui refusera de juger, sous
prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi pourra être poursuivi comme coupable de
déni de justice ».
*un rôle d’adaptation : ici, le juge adapte la loi à des situations nouvelles, à l’évolution des faits.

C. La nature de la jurisprudence
La jurisprudence n'est pas une source de droit. Mais elle a été prise comme telle dans certains cas. Ainsi de
l'ensemble des décisions rendues sur telle question d'ordre juridique peuvent se dégager des règles juridiques
inédites ayant en fait, la même force que la loi, puisqu'en cas de litige sur la même question, c'est la solution
donnée par la jurisprudence qui est retenue.

PARAGRAPHE 3 : LA DOCTRINE
La doctrine est l'opinion des auteurs, des juris consultes (Professeurs de droit, Avocat, Magistrats etc.)
L'autorité de la doctrine est nulle en principe. L'interprétation doctrinale constitue néanmoins un avis que les
tribunaux peuvent suivre ou non. Elle n'est pas moins utile, puisque parfois et même souvent, elle a montré
le chemin à suivre.
Remarque : La hiérarchie des sources écrites du droit
Il existe entre les sources formelles du droit une hiérarchie, qui par ordre décroissant, se présente comme
suit : la constitution, les accords internationaux, la loi, les règlements (décrets, arrêtées).
Cette hiérarchie fait l'obligation à la norme inférieure de ne pas contrarier la norme supérieure.
En cas de méconnaissance de l’obligation de non-contrariété, la norme inférieure doit être supprimée.

TITRE 2 : L’ORGANISATION JUDICIAIRE


On a les principes fondamentaux et les principales juridictions

CHAPITRE 1 : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE JUSTICE.


La plupart des principes fondamentaux de justice sont énoncés soit dans la constitution, soit dans les textes
de portée internationale. L’esprit général de ces principes est d’assurer une justice équitable et efficace en
vue de faciliter la condamnation du coupable tout en évitant le risque de punir les innocents. Il permet de
lutter contre l’arbitraire (laisser impunis les coupables et punir les non coupables). Nous pouvons par
exemple citer :
• Le principe de double degré de juridiction : ce principe se définit comme la situation dans laquelle
une personne soumet son affaire devant deux degrés de juridiction successives.
• Le principe de l’indépendance et de l’impartialité de la justice.
Ce principe signifie que le juge est indépendant quant aux décisions qu’il doit rendre et impartial à l’égard
des parties au procès. La jurisprudence déduit de ce principe un autre à savoir le principe général de
séparation des fonctions. En effet, un même juge (magistrat) ne peut par exemple en matière pénale
participer à deux stades successifs de la procédure. On distingue les fonctions de poursuites, des fonctions
de jugement. Ce principe de connait pourtant des exceptions.
La première est celle dans laquelle, le juge a trois casquettes : il est le juge des poursuites ; juge d’instruction
et enfin il juge l’affaire.
La seconde est celle du juge des enfants : il instruit l’affaire et va juger parce que cette juridiction a pour but
de réinsérer l’enfant. C’est donc pour un meilleur suivi de l’enfant.
• Le principe de la présomption d’innocence.
Ce principe signifie que toute personne est supposée être innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été
définitivement établie par une décision de justice. Cette culpabilité doit être établie par une décision
définitive, non susceptible de recours
• Le principe des droits à la défense.
Ce principe implique qu’il peut garantir les droits de la défense de la personne mise en cause. Cela signifie
qu’on ne peut pas condamner une personne sans lui avoir donné la possibilité de faire entendre sa cause. Ce
principe impose le respect d’un certain nombre de règles à travers le principe du contradictoire (possibilité
de discuter les éléments de preuve apportés par la partie adverse.
• Le principe de collégialité.
Il signifie que les décisions sont rendues par le tribunal par une formation comprenant au moins trois
magistrats afin de minimiser les risques d’erreur et de garantir une bonne justice.
Le principe n’est pas appliqué dans certains cas :
✓ En matière civile, commerciale et administrative lorsque l’intérêt du litige excède cinq millions de
francs
✓ En matière de faillite et de liquidation judiciaire…………
• Le principe de l’assistance par un conseil
Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établit à la suite d’un procès
équitable, lui offrant toutes les garanties nécessaires à sa défense. L’état est tenu de procurer un conseil au
mineur délinquant ou à l’accusé qui ne justifie pas de moyen pour le faire.

CHAPITRE 2 : LES PRINCIPALES JURIDICTIONS


Selon la loi qui porte organisation judiciaire en Côte d’Ivoire, les juridictions se subdivisent en deux grands
groupes.
• Celui des juridictions de droit commun (TPI ; cour d’appel ; cour suprême)
• Les juridictions d’exception (juridictions chargées de l’enfance délinquante : la cour d’assise ; le
tribunal militaire ; la haute cour de justice ; le tribunal de travail et le juge des tutelles). Elles sont
aussi appelées juridictions spécialisées, et ne peuvent connaître que de certains types spécifiques de
litiges. Ce sont :

SECTION 1 : LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION


Une juridiction d’exception est une juridiction à compétence expressément restreinte à une catégorie
d’affaire identifiée par un texte. On a d’une par la juridiction en matière pénal et d’autre part en matière
civile.

PARAGRAPHE 1 : LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION EN MATIERE PENALE


On les trouve à tous les paliers de l’organisation des juridictions :
• Au premier degré
• Au second degré
• Au rang des juridictions supérieures

A. LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION DU PREMIER DEGRE


Elles comprennent :
• Les juridictions chargées de l’enfance délinquante
• Les juridictions militaires

1. LES JURIDICTIONS CHARGEES DE L’ENFANCE DELINQUANTE


On en dénombre deux :
• Le juge des enfants
• Le tribunal pour enfant

a. Le juge des enfants


Il est désigné par arrêté du garde des sceaux, ministère de la justice. Le juge des enfants est saisi par le
réquisitoire du procureur de la république des affaires criminelles et délictuelles concernant les mineurs. Il
effectue toutes les diligences et investigation utiles pour parvenir à la manifestation de la vérité et à la
connaissance de la personnalité du mineur ainsi que des moyens appropriés à sa rééducation
Le mineur, au sens des poursuites pénales, est une personne dont l’âge est compris entre 10 et 18 ans avec
un régime de responsabilité pénale que varie selon qu’il appartient aux tranche d’âge comprise entre 10 et 13
ans, 13 et 16 ans puis 16 et 18 ans.

b. Le tribunal pour enfants


Le tribunal pour enfants est compètent en matière de crime commis par les mineurs de seize (16) ans et de
délit commis par les mineurs qui sont renvoyés par ordonnance du juge des enfants

2. LES JURIDICTIONS MILITAIRES


C’est une juridiction spéciale chargée de juger les militaires (FRCI, Gendarmes, Policiers, Marins militaires,
Armée de l’air etc.) qui commettent une infraction dans l’exercice de leur fonction. Les infractions
commises en dehors de l’exercice de leur fonction relèvent de la compétence des juridictions ordinaires.

B. LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION DU SECOND DEGRE


On compte à ce niveau deux juridictions :
• La cour d’Assises
• La cour d’Assises des mineurs
1. La cour d’Assises
C’est une cour qui tient ses sessions deux à trois fois chaque année au siège du tribunal de première
instance. Elle est chargée de juger les personnes soupçonnées d’avoir commis un crime. Le crime est une
infraction que la loi punit d’un emprisonnement perpétuel ou d’un emprisonnement temporaire supérieur ou
égal à 10 ans. C’est une faute sociale d’une gravité extrême. Ex. assassinat. Seul le crime est jugé par la cour
d’Assises à l’exception des délits et des contraventions.
Un délit est une infraction punit par la loi d’un emprisonnement inférieur à 10 ans ou d’une amende
supérieure à 360.000 FCFA. C’est une faute sociale d’une gravité relative.
Une contravention est quant à elle a une infraction sanctionnée par un emprisonnement inférieur ou égal à 2
mois et d’une amende inférieure à 360.000 FCFA. C’est une faute sociale sans gravité.
NB : le principe de double degré de juridiction ne s’applique pas aux Assises. Contre les arrêts de la
cour d’Assises il n’est donc pas exercé l’appel mais plutôt le pourvoi en cassation.
2. LA COUR D’ASSISES DES MINEURS
La cour est compétente pour connaitre exclusivement des crimes commis par le mineur de seize (16) ans au
moins

C. LA HAUTE COUR DE JURIDICTION


C’est une formation juridictionnelle qui est particulièrement animée par des députés et par le sénat en
nombre égal dès la première session du législateur, présidé par le président de la cour suprême et compétente
pour juger le président de la république en cas de haute trahison ainsi que le vice-président et les membres
du gouvernement lorsqu’ils se rendent coupables de faits qualifiés de crime ou de délits dans l’exercice de
leur fonction.

PARAGRAPHE 2 : LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION EN MATIERE CIVILE


On les retrouve au premier degré de juridiction et au niveau supérieur.

A. LES JURIDICTIONS DE PREMIER DEGRE


Cette attribution est exercée par le juge des enfants. La tutelle est un mécanisme de protection autant
personnelle que patrimoniale de certains mineurs.

B. LE TRIBUNAL DU TRAVAIL
Il représente la chambre sociale du tribunal. Laquelle est compétence pour le règlement des conflits qui
naissent de l’exécution des contrats de travail entre les employeurs et les employés. Lesdits conflits peuvent
être individuels comme collectif.

C. LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Cette formation juridictionnelle a pour rôle de :
• Constater la vacance de la présidence de la République.
Il ne peut être saisi à cette fin que par le Président de l’Assemblée Nationale, un quart au moins des députés
ou un tiers au moins des membres du gouvernement.
• Contrôler la conformité des lois et des traités internationaux à la constitution.
Il ne peut être saisi à cette fin que par le Président de la République ou le Président de l’Assemblée
Nationale.
Connaître du contentieux résultant des élections législatives et présidentielles

D. LES JURIDICTIONS ARBITRALES


En dehors de la loi N°93-671 du 09 août 1993, prévoyant la Cour Arbitrale de la Côte d’Ivoire (C.A.C.I.) le
traité de l’OHADA de 1998 a prévu l’arbitrage.
Il permet à des commerçants des Etats membres de l’OHADA de soumettre leur litige à des arbitres désignés
par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA. (C.C.J.A.)
Elles sont saisies en application d’une clause compromissoire (accord par lequel les cocontractants décident
de soumettre leur éventuel litige à l’arbitrage) ou d’un compromis d’arbitrage (convention dans laquelle des
parties à un contrat expriment leur volonté qui prévoit et organise le mode de règlement du litige).
La décision rendue par une juridiction arbitrale est appelée sentence arbitrale
Cette sentence arbitrale dans ce cadre est exécutoire dans tous les 17 Etats membres de l’OHADA après
satisfaction de la procédure d’exequatur qui est une procédure par laquelle l’ordre d’exécution est donné
par l’autorité judiciaire d’une sentence rendue par une juridiction arbitrale.
NB : il existe désormais un tribunal de commerce en côte d’ivoire dont le rôle est de connaitre de tous les
litiges en matière commerciale en premier ressort.
Cependant nous nous intéresserons particulièrement aux juridictions de droit commun.

SECTION 1 : LES JURIDICTION DE CDROIT COMMUN

PARA 1 : LES JURIDICTIONS DE PREMIER DEGRE.


Les juridictions de premier degré se composées des tribunaux de première instance et des sections
détachées. La Côte d’Ivoire compte 10 (neuf) tribunaux de première instance (ABIDJAN PLATEAU ;
ABIDJAN YOPOUGON ; ABENGOUROU ; BOUAKE ; KORHOGO ; MAN ; DALOA ; GAGNOA ; ET
BOUAFLE SANS-PEDRO) ET 35 SECTIONS DETACHEES DE TRIBUNAUX : AGBOVILLE, ADZOPE,
LAKOTA, ABOISSO, GRAND-BASSAM, DABOU, TIASSALE, BONDOUKOU, BOUNA, BEOUMI,
DABAKALA, KATIOLA, M'BAHIAKRO, TIEBISSOU, BOCANDA, BONGOUANOU, TOUMODI,
YAMOUSSOUKRO, BOUNDIALI, FERKESSEDOUGOU, TENGRELA, ODIENNE, ISSIA, SEGUELA,
SINFRA, ZUENOULA, OUME, SASSANDRA, SOUBRE,TABOU, BIANKOUMA, DANANE, GUIGLO,
MANKONO ET TOUBA.
L’article 5 du (CPC) accorde au TPI, la plénitude de juridiction. Ce qui signifie qu’il est juge de droit
commun pour toutes les affaires civiles ; administratives et fiscales pour lesquelles compétences n’est pas
attribuées expressément à une autre juridiction en raison de la nature de l’affaire. C’est donc une
compétence virtuelle qui disparait quand une catégorie précise d’affaire est confiée à une juridiction
d’exception.
Le TPI statut en dernier ressort sur toutes les demandes dont l’intérêt du litige est inférieur à 500 000
Francs. Au-delà de 500 000F, le tribunal statue sur en premier ressort c'est-à-dire en charge d’appel. Il
statue également dans les affaires ou l’intérêt du litige est indéterminé. Aussi dans les affaires ou quel que
soit l’intérêt u litige une personne publique est en cause. Dans les matières relatives à l’état des personnes et
enfin celles relative à la compétence.

REMARQUES : lorsque les tribunaux et leurs sections détachées statuent en droit du travail, on dit qu’ils
statuent en premier et dernier ressort si le litige a une valeur en argent inférieure à 45000f CFA. Si le litige
a une valeur supérieure ou égale à 45000f CFA, ils statuent en charge d’appel. Le premier et dernier ressort
veut dire que le seul recours possible contre le jugement rendu est le pourvoi en cassation. L’affaire ne peut
être portée devant une juridiction de second degré : la cours d’appel.
Le principe est le même en matière commerciale mais la valeur change : valeur inférieure à 500.000f CFA
premier et dernier ressort ; valeur supérieure à 500.000f CFA, premier ressort seulement donc l’appel est
possible

PARA 2 : LES JURIDICTIONS DE SECOND DEGRE : LA COUR D’APPEL.


La cour d’appel est le juge de second degré des décisions rendues en premier ressort contradictoirement ou
par défaut. Que ces décisions soient rendues par les juridictions de droit commun, qu’elles soient gracieuses
ou contentieuses. Elle est parfois mais exceptionnellement compétente en premier et dernier ressort ; c'est-à-
dire notamment de la prise à partie et c’est également le cas lorsque la CA de son droit d’évocation.

PARA 3 : LA COUR SUPREME.


La constitution ivoirienne de 2000 a opéré un éclatement de la cour suprême de Côte d’Ivoire en plusieurs
juridictions suprêmes : la cour de cassation le conseil d’état, la cour des comptes. Mais celle de 2016 m’a
pas prévu sa disparition, seulement que la cour des comptes est détachée de cette cour suprême. Il y a lieu
d’apporter désormais la cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) institué par le traité OHADA.
La cour de cassation est la juridiction qui est placée au sommet de la hiérarchie des juridictions de l’ordre
judiciaire (juridiction civile, juridiction pénale). La cour des comptes est chargée du contrôle des finances
publiques. Désormais elle est compétente pour recevoir la déclaration authentique du président de
république lors de son entrée en fonction et à la fin de celle-ci.
Le conseil d’Etat connait des pouvoirs en cassation contre des décisions rendues en dernier ressort dans les
procédures où une personne morale de droit public est partie. Le conseil d’Etat connait en premier et en
dernier ressort des recours en annulation pour excès s’il a été précédé d’un recours en administratif préalable
appelé recours hiérarchique où gracieux.
La cour commune de justice à l’arbitrage (CCJA) est chargée d’appliquer à interpréter les actes uniformes à
des règlements pris pour l’application du traité de l’OHADA.
NB : La Constitution du 08 novembre 2016 a institué en Côte d’Ivoire une dualité de juridictions, en faisant
une nette séparation entre les juridictions de l’ordre judiciaire et les juridictions de l’ordre administratif. Au
sommet des juridictions de l’ordre administratif, la Constitution prévoit, en son article 149, le Conseil
d’Etat, juridiction suprême, chargée de veiller à l’application de la loi par les juridictions administratives et
de juger de la légalité des actes administratifs ainsi que de la responsabilité des personnes publiques.
Au sommet des juridictions de l’ordre judiciaire, la Constitution prévoit, en son article 148, la Cour de
Cassation, juridiction suprême, chargée de veiller à l’application de la loi par les juridictions judiciaires.
En conséquence, la Constitution institue, en son article 147, une haute juridiction, dénommée la Cour
Suprême, en qualité d’arbitre nécessaire entre les deux ordres de juridiction. Elle est chargée, non pas de
trancher les litiges, mais de déterminer lequel des deux ordres est compétent pour le faire en cas de conflit
de compétence.

CHAPITRE3 : LA PROCEDURE CIVILE ET LE PERSONNEL JUDICIAIRE

SECTION 1 : LA PROCEDURE CIVILE

PARAGRAPHE 1 : DEFINITION
Le droit fournit aux aspects de droit des moyens de faire respecter leurs prérogatives au cas où elles seraient
violées. C’est cet ensemble de règles destinée à assurer par la voie judiciaire, la sanction que l’on appelle la
procédure civile. Toutefois l’expression procédure civile signifie l’ensemble des formalités par lesquelles
une difficulté d’ordre juridique c'est-à-dire un litige peut être soumis à un tribunal. Il convient de rappeler
que le litige est un conflit, une opposition qui se caractérise par un désaccord de volonté relativement à un
objet. La procédure civile stricte, c'est-à-dire l’action en justice comprend les actes et délais de procédure,
qui comprend également la compétence, l’instance, le jugement et les voies de recours.

PARAGRAPHE 2 : LES REGLES DE COMPETENCE MATERIELLE ET TERRITORIALE


L’action en justice exprime le droit d’agir en justice, les fondements les conditions et effets du droit que peut
avoir un individu à saisir une juridiction. Les problèmes compétence indiquent les règles suivant lesquelles
l’organe juridictionnel idoine en fonction du type d’affaire sera saisi. Nous avons généralement la
compétence matérielle et la compétence territoriale.

A. LA COMPETENCE MATERIELLE
Elle concerne l’organe juridictionnel qui doit être saisi en fonction de la nature de l’affaire. A ce niveau, il
convient de faire la distinction entre les affaires civiles ; commerciales et les affaires administratives ; les
affaires ….
La compétence matérielle concerne également la personne qui est poursuivie. Nous avons par exemple le
tribunal pour les enfants, les tribunaux militaires et les tribunaux de travail.

B. LA COMPETENCE TERRITORIALE
Elles varient selon le type d’affaire (civile, travail, commerciale, administrative ou fiscale). Ainsi :
*En matière civile, le tribunal compétent est en principe celui du domicile ou à défaut la résidence du
défendeur. Cependant, il peut exceptionnellement être celui du demandeur si :
Le défendeur est un ivoirien établi à l’étranger ou un étranger n’ayant en CI ni domicile ni résidence.
En matière de pension alimentaire, on a le choix entre le tribunal du domicile du défendeur ou celui du
demandeur.
De même, en cas de responsabilité civile (par exemple une action en justice suite à un accident de la
route), le tribunal compétent est celui du lieu d’accident.
Pour les actions portant sur des immeubles, le tribunal compétent est celui du lieu de la situation de
l’immeuble ;
En matière de succession, le tribunal compétent est celui du lieu de l’ouverture de cette succession.
*En matière de contentieux de travail, le tribunal compétent est en principe celui du lieu de travail.
Toutefois, le travailleur a le choix en cas de résiliation de son contrat entre le tribunal de son lieu de
travail et celui de sa résidence.
*En matière commerciale, le demandeur a le choix entre le tribunal du domicile du défendeur et celui dans
le ressort territorial duquel la promesse a été faite et la marchandise a été livrée ou devrait être livrée ;
*En matière administrative, le tribunal compétent est celui du lieu d’affectation de l’agent pour des mesures
individuelles ou du lieu d’exécution des marchés pour les contrats administratifs ;
*En matière fiscale, le tribunal compétent est celui du lieu d’établissement de l’impôt.

PARAGRAPHE 3 : LES VOIES DE SAISIES ET DE RECOURS.

A. LES VOIES DE SAISIES


Etudier les voies de saisies, revient à se poser des questions de savoir comment matériellement saisir une
juridiction, en d’autres termes il s’agit de modes de saisies des juridictions.

1. L’instance
Les modes de saisine sont les moyens par lesquels un plaideur porte son différend devant une juridiction afin
que celle-ci examine la recevabilité. Mais bien avant, certaines conditions sont à remplir pour exercer cette
action en justice.
En effet, seules les personnes qui ont un intérêt, la qualité, la capacité juridique, peuvent ester en justice. En
effet, seules les personnes qui ont un intérêt, la qualité, la capacité juridique, peuvent ester en justice.
*L’intérêt à agir : celui qui agit en justice doit avoir subi un préjudice et son action doit viser la protection
ou la reconnaissance de ses droits.
*La qualité à agir en justice : en tant qu’héritier, propriétaire ou créancier.
*La capacité d’agir en justice : c’est l’aptitude que la loi reconnait à une personne pour agir en justice.
C’est ainsi que les mineurs non émancipés et les majeurs incapables ne peuvent agir en justice.

2. Les modes de saisine sont les suivants :

• L’assignation ou citation à comparaître


C’est un acte rédigé par un huissier de justice (exploit) suivant un contenu légal permettant d’identifier le
fond de la demande, la juridiction concernée et le délai de comparution. Le demandeur invite l’adversaire à
comparaitre devant les tribunaux.
• La comparution volontaire
Par ce mode, les parties peuvent se présenter directement devant le greffe du tribunal concerné pour y
faire inscrire leurs affaires.
• La requête
C’est une demande écrite adressée directement à un magistrat (au greffe du tribunal) en vue du règlement
d’une situation. Le greffier est chargé de convoquer l’adversaire. La requête ne peut être utilisée que dans
les affaires personnelles (droit des personnes et de la famille), ou dans les affaires de moindre importance
dont l’intérêt n’excède pas 500.000f CFA
• Les conclusions écrites
Quand une instance est déjà en cours et que certaines personnes veulent y intervenir, la jurisprudence
ivoirienne admet qu’elle puisse le faire par simple conclusion écrites. Ces différentes modes de saisine
des juridictions revêtent différentes modalités au fond
3. La procédure
Elle est l’ensemble des formalités qui doivent être suivies pour soumettre une prétention à un juge. Elle
comprend les étapes suivantes :
a. la saisine : elle se fait soit par assignation, soit par comparution volontaire, soit par requête.
b. la citation : c’est le fait pour le président du tribunal saisi de convoquer les parties à
comparaître dans un délai fixé.
c. la comparution des parties : c’est à cette étape que les parties invitées se présentent devant le
juge en compagnie ou non de leurs assistants ou représentants, pour les échanges.
d. l’audience ou le procès : c’est la partie publique des débats. Le président du tribunal qui
dirige les débats interroge les parties et fait comparaître les témoins cités. Il n’interroge
également toute personne dont il estime la déposition utile au règlement du litige. Il peut
pareillement procéder ou faire procéder à des constats ou expertises.
e. le jugement : après audit des parties, des moyens et conclusions, les débats sont clos et le
tribunal délibère immédiatement en secret séance tenante sauf mise en délibéré dans un délai
maximum de 15 jours.

B. LES VOIES DE RECOURS


La voie de recours est un moyen mis à la disposition des plaideurs insatisfaits pour obtenir d’une
juridiction, la réformation ou l’annulation d’une décision de justice leur faisant grief. Il en existe deux à
savoir les voies de recours ordinaires et les voies de recours extraordinaires.

1. les voies de recours ordinaires.


Ce sont l’opposition et l’appel.
a. l’opposition : C’est une voie qui permet au plaideur de saisir le tribunal ayant déjà statué en lui
demandant à nouveau de juger l’affaire pour laquelle elle avait rendu une décision par défaut et cela
dans un délai de 15 jours si l’intéressé est domicilié en côte d’ivoire et de 2 mois 15 jours s’il est
domicilié à l’étranger (jugement par défaut).
b. l’appel : Il donne la possibilité au plaideur en cas d’insatisfaction de porter le procès devant une
juridiction de degré supérieur notamment la cours d’appel lorsque les conditions du taux de litige
sont remplies.

2. les voies de recours extraordinaires. Ce sont :

a. la demande en révision : C’est la voie qui permet de modifier une décision de justice qui contient
une erreur. Elle n’est recevable que contre une décision rendue en dernier ressort pour lesquelles ni
appel ni opposition n’est plus possible.
b. le pourvoi en cassation : C’est une voie de recours qui a pour but d’obtenir l’annulation de la
décision attaquée et de remettre les parties dans l’état ou elles se trouvaient auparavant. Le recours
est exercé au moyen d’un acte appelé pourvoi. Il n’est recevable que contre les décisions rendues en
dernier ressort c'est-à-dire les arrêts rendus par la cour d’appel et les jugements rendus en premier et
dernier ressort par les tribunaux de premières instances.
c. la tierce opposition : c’est la voie de recours ouverte à une personne autre que les parties engagées
dans l’instance et par laquelle elle peut attaquer une décision qui lui cause un préjudice.

SECTION 2 : LE PERSONNEL JUDICIAIRE.


Nous verrons d’abord les magistrats ensuite les auxiliaires de justice et enfin les particuliers

PARAGRAPHE 1 : LES MAGISTRATS


Ils constituent le corps judiciaire et sont nommés par décret. Les magistrats sont recrutés sur concours direct
par l’institut national de formation judiciaire parmi les titulaires de la maîtrise en droit. De façon générale,
les magistrats sont chargés de veiller à l’application de la loi. Selon leur service d’affectation, ils exercent
une fonction précise. Ainsi nous avons les magistrats du siège et les magistrats du parquet.

A. LES MAGISTRATS DU PARQUET


Ils constituent le ministère public qui admet pour autorité hiérarchique le garde des sceaux ministre de la
justice. Ils assurent la défense des intérêts de la société et sont, en toute matières chargé des poursuites, des
réquisitions écrites et orale devant les tribunaux et les cours. Ils exécutent les décisions de justice.

B. LES MAGISTRATS DU SIEGE


Ils instruisent les affaires tant générales que civiles. Ils jugent et rendent justice et veillent à l’administration
de la justice. Pour les protéger ils sont inamovibles c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être mutés que sur leur
accord. L’exercice de leur fonction de magistrat du siège est assorti d’incompatibilités et d’incapacité.

PARAGRAPHE 2 : LES AUXILIAIRES DE JUSTICE.


L’auxiliaire de justice est un homme de loi dont l’attribution est la facilitation de l’instance et la bonne
administration de la justice en assistant les juges ou les parties.
Nous verrons successivement les greffiers, les huissiers de justice et les avocats.

A. LES GREFFIERS
Les greffiers sont recrutés sur concours direct par l’Etat ivoirien parmi les titulaires :
• Du BAC, pour les secrétaires des services judiciaires
• Du DEUG 2, pour les attachés des services judiciaires.
• De la maîtrise, pour les administrateurs des services judiciaires. Ils subissent une formation de deux
ans à l’institut national de formation judiciaire. Ils concourent auprès des magistrats au
fonctionnement de la justice. Ils assistent les juges dans les instances d’enquête et de jugement ;
authentifient les actes et décisions qui résultent des instances citées plus hauts ; conservent les
décisions de justice, concourent à l’exécution des décisions de justice ; conservent les pièces à
conviction ; assurent la gestion financière des juridictions.

B. LES COMMISSAIRES DE JUSTICES.


Les commissaires de justice peuvent être commis par les parties comme ils peuvent l’être d’office par les
autorités judiciaires. Commis, ils dressent des exploits qui peuvent avoir pour objet :
• La saisie des juridictions civiles ou répressive ;
• La citation des parties devant les juridictions ;
• La signification des décisions de justice ;
• Le recouvrement des créances ;
• L’établissement d’un constat ;

Les commissaires de justice assurent en outre les services des audiences. Les huissiers sont organisés en une
chambre dirigée par un président.

C. PARAGRAPHE 3 : LES AVOCATS


Ils représentent les parties ; plaident et concluent pour elles devant les juridictions et les conseils de
disciplines. Exerçant, tout comme les huissiers de justice, une profession libérale ; les parties qu’ils les
consultent assurent leurs honoraires. Les avocats peuvent en dehors des parties être commis d’office dans
certaines affaires (ex : les assises)
L’ensemble des avocats du ressort d’une cour d’appel forment un barreau administré par un conseil de
l’ordre présidé par un bâtonnier.

D. PARAGRAPHE 4 : LES PARTICULIERS


Ce sont les personnes qui interviennent auprès des juridictions pour apporter leur contribution au
déroulement du procès. Ce sont par exemple les jurés, les témoins, les techniciens ou les experts judiciaires.

TITRE 3 : LA PERSONNALITE JURIDIQUE


La personnalité juridique s’apprécie à deux niveaux :
• Au niveau des personnes physiques,
• Au niveau des personnes morales

CHAPITRE 1 : LA PERSONNE PHYSIQUE


Les personnes physiques sont des êtres humains à l'exclusion des choses et des animaux. Elles existent,
possèdent des attributs, peuvent être dotées d'une capacité juridique et sont titulaires de droits et de biens.
Tout être humain a la personnalité juridique ; mais à quel moment commence la personnalité juridique
et quand prend-elle fin?
La personnalité juridique s’acquiert avec la naissance et prend fin avec la mort.

SECTION 1- LE DEBUT DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE


Selon le principe, la personnalité juridique commence avec la naissance.
Mais dans certains cas, pour lui reconnaître par anticipation la personnalité juridique, Le Droit assimile à
l’enfant déjà né, un enfant qui est encore dans le ventre de sa mère au moment où un droit naît à son profit,
c’est-à-dire à l’instant où il est pour lui question d’acquérir un droit : c’est l’exception au principe.

ER
PARAGRAPHE 1 - LE PRINCIPE : LA PERSONNALITE COMMENCE AVEC LA NAISSANCE
La naissance est la condition qui permet à l’enfant d’avoir la personnalité juridique, et d’être titulaire de
droit. Elle est ainsi le point de départ de la personnalité juridique, de la participation de l’enfant à la vie
juridique. Autrement dit, selon ce principe, ce n’est que lorsqu’il est sorti du ventre de sa mère que l’enfant
peut acquérir un droit à savoir : hériter d’un bien en cas de décès de son père ou sa mère ; recevoir un bien,
par exemple une maison, par donation…etc.
A l’inverse, selon toujours ce principe, l’enfant qui n’est pas encore né n’a pas la personnalité ; il n’est donc
pas apte à être titulaire d’un droit, en particulier succéder.
Ce principe a ainsi pour inconvénient d’exclure de la succession de son père, un enfant que porte une femme
dont le mari décède pendant la période de grossesse ; car cet enfant ne figure pas parmi ceux qui sont nés au
moment du décès du père, c’est-à-dire au moment où on cherche à savoir qui a la qualité d’héritier du père
décédé. En application donc de ce principe, cet enfant n’étant pas né, n’a pas la personnalité juridique; il ne
peut donc bénéficier de la succession de son défunt père.
Pour remédier à cette injustice, ce principe selon lequel la personnalité commence à la naissance est frappé
d’une exception.
PARAGRAPHE 2- L’EXCEPTION
La reconnaissance de la personnalité à l’enfant simplement conçu
Par exception, on assimile la conception de l’enfant à la naissance de celui-ci ; autrement dit, on considère
la conception de l’enfant comme équivalant à la naissance de celui-ci, lorsque son intérêt l’exige.
Cette règle exceptionnelle a pour fondement juridique un adage romain qui s’énonce dans les termes
suivants: « Infans conceptus » ; ce qui signifie : l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il y
va de son intérêt.
L’enfant étant encore dans le ventre de sa mère, il n’est pas né à l’instant où son père vient de mourir ;
néanmoins, on le considère comme né parce qu’à la date du décès de son père, à cette date où on essaie de
déterminer et rassembler les héritiers, son intérêt l’exige.

A. Les fondements textuels de l’exception en Droit ivoirien


Deux textes de loi contiennent les éléments indicateurs de la règle ‘’infans conceptus’’ en droit ivoirien : il
s’agit de la loi relative aux successions et celle relative aux donations entre vifs et aux testaments.
Selon l’article 7 de la loi n° 2019-573 du 26 juin 2019 relative aux successions: « Pour succéder, il faut
exister à l’instant de la succession. Sont donc incapables de succéder :
1° - Celui qui n’est pas encore conçu ;
2° - L’enfant qui n’est pas né vivant. »
Il résulte de ces dispositions que celui qui est simplement conçu, étant considéré comme né, est doté ipso
facto de la personnalité depuis le ventre de sa mère.

B. Les conditions d’application de l’exception


ère
Pour être assimilé par anticipation à l’enfant déjà né, l’enfant doit être conçu (1 condition).
ème
Il faut, ensuite, que soit constaté un intérêt, droit né au profit de l’enfant conçu (2 condition). Toutefois,
ce droit qui lui sera attribué par anticipation ne peut être effectif que si l’enfant, le moment venu, naît vivant
ème
(3 condition).

1. L’attribution anticipée de la personnalité juridique est liée à la conception


La loi, principalement dans le cadre de l’attribution de la paternité légitime, indique que si le mari démontre
ème ème
que pendant une période qui court du 300 au 180 jour avant la naissance de l’enfant, il était dans
l’impossibilité physique de cohabiter (autrement dit d’avoir des rapports intimes) avec sa femme, il peut
désavouer l’enfant né de celle-ci (article 4.1° de la loi n° 2019-571 du 26 juin 2019 relative à la filiation).
ème ème
Ce temps qui court du 300 au 180 jour avant la naissance de l’enfant est appelé ‘’la période légale de
conception’’. Autrement dit, ce sont les relations intimes entretenues pendant cette période, par l’homme
avec sa femme, qui ont eu pour résultat la conception de l’enfant. Si le mari était, pendant cette période,
dans l’incapacité d’entretenir de tels rapports, alors il n’est pas le père de l’enfant.
La date de sa conception va être ainsi placée, située, par les défenseurs de l’intérêt de l’enfant (en particulier
ème ème
sa mère) entre le 300 et le 180 jour qui précède sa naissance, en démontrant que pendant cette période
son père était en relations constantes avec sa mère ; il est donc l’auteur de la conception.
Ou, à l’inverse, ce sont les adversaires de l’enfant qui, pour le priver par exemple du droit d’hériter ou de
bénéficier d’une donation, vont démontrer que pendant cette période, son supposé père n’ayant eu aucun
contact avec elle, n’a pu entretenir des rapports intimes avec sa mère ; il n’est donc pas l’auteur de la
conception.
Ainsi, pour déterminer la période légale de conception (période pendant laquelle l’enfant est supposé
conçu), le législateur part d’une date de repère : la date de naissance de l’enfant. Il s’agit donc de compter
les jours un à un, en partant du jour de la naissance qui est la date de référence mais est exclu du décompte,
étant observé que selon la loi, les jours pris en compte sont ceux situés «avant (la date de) la naissance de
cet enfant » (article 4.1° de la loi n° 2019571 du 26 juin 2019 relative à la filiation).
ème
Il faut d’abord fixer la date qui correspond au 180 jour avant la naissance, puis ensuite trouver celle qui
ème
correspond au 300 jour avant la naissance.
La période légale de conception permet également de déclarer irrecevable l’action en recherche de paternité
hors mariage exercée par la mère contre le père d’un enfant naturel (article 24.1°, 2°, 4° de la loi n° 2019-
571 du 26 juin 2019 relative à la filiation).

Exemple : Calculons la période légale de conception d’un enfant né le 30 mai 2008 dont le père

Ce sont les rapports sexuels entretenus par les deux époux entre le 4 août 2007 et le 2 décembre 2007 qui ont
donné lieu à la conception de cet enfant né le 30 mai 2008.
Le père est décédé le 18 novembre 2007 ; la période légale de conception (réelle) s’étend donc du 4 août
2007 au 17 novembre 2007.
2. L’intérêt de l’enfant
La personnalité juridique est reconnue à l’enfant conçu chaque fois qu’il sera pour lui question d’acquérir un
droit, un avantage: un legs ou une donation selon la loi. Mais cette règle est étendue à tous les cas
d’acquisition d’un avantage par l’enfant simplement conçu : tel est le cas de l’indemnité d’une assurance-vie
contractée par le père au profit des enfants; ou encore d’une somme d’argent versée aux enfants d’un
travailleur décédé des suites d’un accident de travail. Ainsi, par fiction juridique, le législateur assimile
l’enfant conçu à un enfant déjà né afin de lui permettre de bénéficier d’un droit.
Il importe de préciser que la règle est inventée par les juristes pour permettre à l’enfant d’acquérir des droits,
donc bénéficier d’avantages matériels ou moraux, et non pour supporter des obligations ou subir les
défaveurs, les inconvénients du Droit.

3. L’enfant doit naître vivant


Le droit dont bénéficie l’enfant du seul fait de sa conception ne sera effectif que si, au moment où la
grossesse sera arrivée à maturité (à terme), ce dernier naît vivant. Cette condition signifie que l’enfant qui
naît vivant, verra se confirmer la personnalité juridique à lui accordée par anticipation à l’instant du décès
du père ; il pourra, par voie de conséquence, devenir effectivement propriétaire du bien objet du partage de
la succession, de la donation ou du legs qui lui a été attribué dès sa conception.
En revanche, l’enfant qui ne naît pas vivant n’aura jamais eu la personnalité ; il sera dépouillé du droit qui
lui a été préalablement reconnu du fait de sa conception.
Mais alors que faut-il entendre par naître vivant?
Est né vivant, l’enfant qui a respiré après l’accouchement. La respiration après l’accouchement est donc le
critère de la vie. L’enfant qui ne respire pas après l’accouchement est un ‘’mort-né’’; il est mort dans le sein
(le ventre) de sa mère avant d’être expulsé ; celui-ci n’étant pas né vivant, il n’acquiert pas la personnalité
juridique.
Il importe de signaler que selon l’ancienne loi de 1964, aujourd’hui abrogée par la loi de 2019, l’enfant doit
non seulement naître vivant, mais en outre il doit naître viable. La question se posait alors de savoir ce que
signifie naître viable.
Est né viable, l’enfant qui naît avec les organes essentiels à la vie, suffisamment constitués pour lui
permettre de vivre.
Aujourd’hui, l’article 7 de la loi n° 2019-573 du 26 juin 2019 relative aux successions a supprimé la
condition relative à la viabilité ; ce texte précis : « Pour succéder, il faut exister à l’instant de la succession.
Sont donc incapables de succéder :
1° - Celui qui n’est pas encore conçu ;
2° - L’enfant qui n’est pas né vivant. »

SECTION 2- LA FIN DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE


Deux cas nous intéressent ici : le décès et les situations d’incertitude sur la fin de la personnalité

Sous-section 1- La mort : point d’effacement de la personnalité juridique


La mort, c’est l’arrêt des fonctions vitales de la personne avec présence de corps.
La personnalité juridique supposant la vie cesse avec la mort. Le terme de la personnalité juridique coïncide
exactement avec le terme naturel de la vie humaine.
Mais le droit, tout en privant le défunt de personnalité, admet que sa volonté puisse produire effet après sa
mort ; il accorde une valeur juridique au testament qui, selon nous, et ce, contrairement à certaines opinions,
ne traduit nullement un prolongement de la personnalité juridique.
Par ailleurs, le cadavre qui n’a pas de personnalité est tout de même une chose digne de respect. Ainsi une
autopsie ne peut être pratiquée sur le corps d’un mort sans l’autorisation de ses parents.

Sous-section 2 - L’incertitude sur la fin de la personnalité juridique


Certaines situations existent, auxquelles le droit attache des conséquences juridiques ; celles-ci se traduisent
par une incertitude sur la vie d’une personne : Il s’agit de l’absence et de la disparition.

Paragraphe 1- L’absence
La nouvelle loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil (article 70) apporte deux
innovations au régime juridique de l’absence :
➢ le jugement déclaratif d’absence emporte désormais la dissolution du mariage de l’absent ;
➢ l’absent peut être judiciairement déclaré décédé dix ans à compter de la date de ses dernières
nouvelles.
Les dispositions du code civil en la matière n’ayant pas été modifiées par les réformes de 2018-
2019, celles-ci continuent de régir la situation d’absence.

Définition.
En droit, l’absence est la situation d’une personne qui a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa
résidence sans laisser de nouvelles, et dont on ignore si elle est encore en vie ou décédée (article 115 du
code civil).
La lecture des dispositions en la matière révèle que la loi organise le régime juridique de l’absence autour de
deux grands axes : la présomption d’absence et la déclaration d’absence. Ce qui met en évidence l’existence
de deux périodes : la période qui précède le jugement déclaratif d’absence et celle qui lui est postérieure.
Enfin, la loi fixe les règles relatives à la fin de l’absence.

A. La présomption d’absence
C’est la situation de l’individu pendant la période antérieure à la déclaration d’absence.
Ce temps qui précède la déclaration d’absence, et qui court à partir de la date des dernières nouvelles de
l’individu, est appelé la période de la présomption d’absence.
Au cours de cette période dont la durée mérite d’être connue, des précautions sont prises par la loi pour
protéger les intérêts de l’individu présumé absent.

1. La durée de la période de la présomption d’absence


Selon l’article115 du code civil, lorsque la personne a quitté son lieu de vie, et que pendant quatre ans on
n’a pas eu de ses nouvelles, son absence peut être déclarée. Cela signifie que les personnes qui entendent
obtenir la déclaration d’absence du présumé absent, doivent, avant de saisir le tribunal, observer un délai de
4 ans au moins, à dater des dernières nouvelles de celui-ci. Ce délai est de 10 ans si le présumé absent, avant
son départ, a désigné un mandataire pour gérer ses biens (article 121 du code civil).
Une fois saisi, le juge qui reçoit la demande de déclaration d’absence dispose d’un délai d’un an pour faire
réaliser une enquête (article 119 du code civil) sur laquelle il va s’appuyer pour rendre sa décision.

2. La protection des intérêts du présumé absent


Deux dispositions sont ici prises par la loi

a. L’administration judiciaire des biens du présumé absent


Pendant la période de la présomption d’absence, les biens du présumé absent peuvent être exposés au risque
de dispersion, de dilapidation. Aussi, la loi prévoit-elle (article 112 du code civil) qu’en cas de ‘’nécessité
de pourvoir à l’administration de tout ou partie des biens laissés par une personne présumée absente’’, le
tribunal pourra nommer un administrateur judiciaire pour les gérer.
L’administrateur judiciaire peut être choisi par le juge parmi les membres de la famille du présumé absent,
comme il peut s’agir d’une personne étrangère à ladite famille. En toute hypothèse, ne peut être désignée par
le juge en qualité d’administrateur judiciaire qu’une personne de bonne moralité, capable de gérer les biens
du présumé absent en bon père de famille.

b. La représentation du présumé absent dans les partages


Lorsqu’une succession (un héritage) est ouverte pendant la période de présomption d’absence, le tribunal, à
la requête de la partie la plus diligente, pourra commettre un notaire pour y représenter le présumé absent. Il
en va de même dans tous les inventaires, comptes, partages et liquidations dans lesquels le présumé absent
est intéressé (Article 113 du code civil).
Il importe, sur ce point, de préciser qu’au sens de l’article 136 du code civil, lorsqu’une succession (un
héritage) est ouverte, à laquelle le présumé absent ou l’absent doit prendre part, « elle sera dévolue
exclusivement à ceux avec lesquels il aurait eu le droit de concourir, ou à ceux qui l’auraient recueillie à son
défaut ». Ce qui signifie que les cohéritiers, notamment les frères et sœurs de l’absent, ont le droit de se
partager à eux seuls cet héritage sans ternir compte de l’absent ; quitte à ce dernier, lors d’un éventuel retour,
d’exercer une action en pétition d’hérédité (action en réclamation de sa part d’héritage) contre les
copartageants, pour se voir restituer la part qui lui revient dans la succession concernée (article 137 du code
civil).

B. La déclaration d’absence
1. Les conditions de la déclaration d’absence
Toute personne intéressée peut présenter une requête en déclaration d’absence auprès du tribunal de
première instance (article 115 du code civil). Peuvent être considérées comme personnes intéressées : les
enfants et le conjoint de l’absent, ainsi que ses créanciers ; les derniers cités étant des personnes vis-à-vis
desquelles l’absent est redevable de l’exécution d’une obligation, par exemple, du paiement d’une somme
d’argent.
Les personnes intéressées sont tenues d’attendre l’écoulement d’un délai de 4 ans pour présenter leur
demande en déclaration d’absence au tribunal qui, à son tour, dispose d’une année pour effectuer son
enquête. Lorsque le présumé absent a laissé un mandataire, le délai de déclaration d’absence de 10 ans est
augmenté de la durée de l’enquête.
Le juge qui reçoit la demande de déclaration d’absence doit, pendant 1 an, mener une enquête dont le but
est de chercher à savoir si effectivement l’on ne peut obtenir aucune nouvelle du présumé absent. L’enquête
est faite dans l’arrondissement de son domicile ou de sa résidence. Le rapport issu de cette enquête servira
de point d’appui au juge pour prendre sa décision.
2. Les effets de la décision de déclaration d’absence
En s’appuyant sur le rapport de l’enquête qu’il a ordonnée, le tribunal a le choix entre :
- déclarer que la personne ne peut être considérée comme absente, parce que des éléments de l’enquête par
lui diligentée indiquent qu’on a de ses nouvelles ;
- déclarer que la personne est absente parce que, malgré toutes les recherches effectuées, on n’a aucune
nouvelle d’elle ; dans ce cas, le juge rend une décision de déclaration d’absence encore appelée jugement
déclaratif d’absence.
Dans cette dernière hypothèse, l’individu dont il s’agit est, dorénavant, officiellement absent ; il n’est plus
présumé absent. Le jugement déclaratif d’absence marque ainsi la fin de la période de présomption
d’absence.

a. Les effets du jugement déclaratif sur le mariage de l’absent


Selon la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018, relative à l’état civil (article 70 alinéa7) « le mariage de
l’absent se dissout à compter du jour où le jugement déclaratif d’absence est devenu définitif »
Désormais, le jugement déclaratif d’absence dissout le mariage de l’absent. Ainsi, l’article 103 de la loi
relative au mariage mentionne l’absence parmi les causes de dissolution du mariage, au même titre que le
décès, le divorce, le décès judiciairement déclaré en cas de disparition et l’annulation du mariage.
Curieusement la loi ne donne aucun délai pour demander la déclaration d’absence ; sur ce point le code civil
s’applique.
En conséquence, le conjoint de l’absent peut contracter un nouveau mariage, puisque le premier est dissous
par le jugement déclaratif d’absence ; car selon la loi, pour pouvoir contracter un nouveau mariage, il faut
que le premier soit préalablement dissous (article 3 de la loi relative au mariage).

b. Les effets du jugement déclaratif sur les enfants de l’absent


Le cas qui nous intéresse ici est celui de l’absent marié. L’enfant qui naît de sa femme moins de 300 jours
après la date de ses dernières nouvelles est présumé être l’enfant de l’absent ; en revanche pour l’enfant né
plus de 300 jours après, l’absent n’en est pas le père (article 3-1° de la loi relative à la paternité et à la
filiation).

c. Les effets du jugement déclaratif d’absence sur les biens de l’absent


➢ L’envoi en possession provisoire
Le jugement déclaratif d’absence envoie les héritiers présomptifs en possession provisoire des biens.
Autrement dit, le juge décide de remettre les biens de l’absent entre les mains de ses héritiers que sont ses
enfants, ses parents ou sa femme.
Bénéficiant de l’envoi en possession provisoire, les héritiers présomptifs ne deviennent pas propriétaires des
biens de l’absent. Ils peuvent seulement administrer ces biens (article 125 du code civil) ; ils peuvent donc
jouir des biens ainsi que de leurs revenus. Mais ils ne peuvent pas disposer de ces biens, autrement dit, ils ne
peuvent pas aliéner ces biens, c’est-à-dire les vendre ou en faire donation à une tierce personne.
Avant d’en jouir, les héritiers présomptifs doivent procéder à l’inventaire des biens reçus et donner caution
pour la sûreté de leur administration (article 120 du code civil).

➢ L’envoi en possession définitive


L’envoi en possession provisoire des biens peut être suivi de l’envoi en possession définitive. En effet, s’il
s’est écoulé un délai de 30 ans à compter de la date du jugement déclaratif d’absence ou 100 ans depuis la
date de naissance de l’absent, les ayants-droit peuvent saisir le tribunal pour l’entendre prononcer l’envoi en
possession définitive, et ordonner, par voie de conséquence, le partage des biens de l’absent (article 129 du
code civil). Les ayants droits envoyés en possession définitive peuvent désormais aliéner des biens de
l’absent.

C. La fin de l’absence
La fin de l’absence est marquée, soit par la déclaration de décès, soit par le retour de l’absent.

1. La déclaration de décès de l’absent


Au terme d’un délai de dix ans à compter de la date des dernières nouvelles, le décès de l’absent peut être
judiciairement déclaré
Le jugement déclaratif de décès valant acte de décès est transcrit dans les registres de l’état civil du dernier
domicile de l’absent en marge de son acte de naissance ou de mariage (article 70 de la loi relative à l’état
civil). Le décès est supposé survenu le jour du prononcé du jugement déclaratif.
A partir de sa transcription, le jugement déclaratif de décès produit tous les effets du décès : notamment la
succession de l’absent s’ouvre immédiatement à la date du jugement déclaratif de décès ; si l’absent est
marié son mariage est dissous.
2. Le retour de l’absent
Le retour de l’absent qui peut intervenir à n’importe quel moment, emporte, par l’intervention d’un nouveau
jugement l’annulant, donc cessation des effets du jugement déclaratif d’absence ou du jugement déclaratif
de décès
a. Le sort des biens de l’absent suite à son retour
L’absent qui reparaît recouvre ses biens dans l’état où ils se trouvent ; s’ils ont été aliénés, c’est-à-dire
vendus, il en recouvre le prix. Si ses biens ont été vendus et l’argent de la vente utilisé pour l’achat d’autres
biens, il recouvre ces biens achetés (article 132 du code civil).
Les héritiers présomptifs qui ont joui des biens de l’absent sont tenus de lui restituer :
- 1/5 des revenus si ce dernier revient avant l’écoulement d’un délai de 15 ans ;
- 1/10 des revenus s’il revient après les 15 ans ;
- après 30 ans la totalité des revenus leur est acquise ; ils ne seront donc tenus d’aucun
remboursement à l’égard de l’absent revenu (article 127 du code civil).

b. Le sort du mariage de l’absent suite à son retour


Nous avons vu que le jugement déclaratif d’absence entraîne la dissolution du mariage de l’absent ; son
mariage étant dissous, le conjoint de l’absent peut contracter un nouveau mariage conformément à l’article
3 de la loi relative au mariage.
Malgré le retour de l’absent, son mariage qui a pris fin avec le jugement déclaratif demeure dissous.
Par ailleurs, revenu, l’absent peut exercer l’action en désaveu de paternité à l’égard des enfants nés moins
de 300 jours après la date des dernières nouvelles (article 3 de la loi relative à la filiation interprété a
contrario).
Si l’absent revient après le jugement déclaratif de décès, son mariage qui a pris fin avec le jugement
déclaratif demeure dissous. S’il a été procédé à la liquidation des biens, les biens reçus en partage
demeurent propres à chacun d’eux.

3. Le décès de l’absent
Si le décès de l’absent est prouvé avant le jugement déclaratif de décès, la procédure de l’absence prend fin
quelle que soit la période dans laquelle on se trouve : présomption d’absence, envoi en possession provisoire
ou envoi en possession définitive. Le décès prouvé entraîne la dissolution du mariage de l’absent. La
succession de l’absent s’ouvre à la date de son décès au profit de ses héritiers.

Paragraphe 2- La disparition
La disparition est la situation d’une personne qui était dans des circonstances de nature à mettre sa vie en
danger mais dont le corps n’a pu être retrouvé.
Il convient d’abord les conditions, ensuite les effets de la disparition.

A. Les conditions de la déclaration de décès


La loi précise la qualité des personnes qui peuvent exercer l’action devant le tribunal compétent aux fins de
déclarer le décès, et ce dans un délai d’un an (article 64 de loi relative à l’état civil).

1. Les personnes habilitées à intenter l’action en déclaration de décès


Selon la loi, le procureur de la république ou les parties intéressées peuvent présenter une requête au tribunal
pour l’entendre déclarer le décès du disparu (article 64 de loi relative à l’état civil). Peuvent être
considérées comme personnes intéressées : les enfants et le conjoint du disparu, ses créanciers ou toute autre
personne ayant intérêt à faire déclarer le décès du disparu. L’action exercée peut se traduire par une requête
individuelle ou collective lorsque plusieurs personnes ont disparu au cours d’un même événement (article
66 de la loi relative à l’état civil).

2. Le tribunal compétent pour prononcer le décès du disparu


Plusieurs hypothèses sont prévues par la loi (article 65 de loi relative à l’état civil).
* La disparition a eu lieu sur le territoire de la Côte d’Ivoire ; dans ce cas, la requête doit être présentée
au tribunal ou la section de tribunal du lieu où l’événement s’est produit.
* La disparition a eu lieu à l’étranger, la requête doit être présentée au tribunal ou la section de tribunal
du domicile ou de la dernière résidence du disparu.
* La disparition a eu lieu à l’étranger à bord d’un navire ou d’un aéronef. Dans cette hypothèse la
requête doit être présentée au tribunal ou la section de tribunal du lieu du port d’attache de l’aéronef ou du
navire.
* A défaut de tout autre, le tribunal d’Abidjan est compétent.
B. Les effets du jugement déclaratif de décès
Contrairement à l’absence, la loi prévoit ici non pas une déclaration de disparition, mais un jugement de
déclaration de décès qui vaut acte de décès. Avant de déclarer le décès, le tribunal peut ordonner toute
mesure d’information complémentaire et requérir notamment une enquête administrative sur les
circonstances de la disparition.
Le juge du lieu de la survenance des événements saisi, rend un jugement déclaratif de décès. Le jugement
déclaratif de décès doit préciser la date du décès qui sera fixée en tenant compte des circonstances de la
disparition ; cette date ne doit jamais être indéterminée (article 67 de la loi relative à l’état civil). Le
jugement déclaratif de décès valant acte de décès est transcrit dans les registres de l’état civil du lieu réel
ou présumé du décès (article 68 de la loi relative à l’état civil).
A partir de sa transcription, le jugement déclaratif de décès produit tous les effets du décès : notamment la
succession du disparu s’ouvre immédiatement à la date du jugement déclaratif de décès ; si le disparu est
marié son mariage est dissous.
En cas de retour du disparu, le procureur de la république ou toute personne intéressée peut demander au
tribunal de prononcer l’annulation du jugement déclaratif de décès. L’annulation a pour effet de rétablir la
personnalité juridique du disparu. Le mariage du disparu reprend son cours normal. Le disparu revenu
recouvre ses biens dans l’état où ils se trouvent.

SECTION 3- IDENTIFICATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE


Identifier une personne physique, c'est la distinguer de ses semblables à l'intérieur du groupe social ou
familial.
L'identification est nécessaire car elle entraîne la reconnaissance des droits et des obligations rattachées à
chaque personne. Les procédés juridiques d’individualisation des personnes humaine sont aux nombres de
quatre : le nom, le domicile, les actes de l’état civil et la nationalité.
• Le nom de la personne,
• les actes de l’état civil.
• Le domicile de la personne,
• La nationalité de la personne.

PARAGRAPHE 1 : LE NOM DE LA PERSONNE PHYSIQUE


C’est l’appellation qui sert à désigner une personne dans la vie sociale. Ce moyen d’identification consiste
dans l’usage d’un ou de plusieurs mots pour désigner une personne. Le nom est composé de plusieurs
éléments qui sont :
• le nom de famille ou patronyme
• le ou les prénoms
• les accessoires du nom.
Avec ces éléments constitutifs, le nom patronymique est un élément de rattachement de l’individu à une
famille, à un pays ou à une région.

A. LE NOM PATRONYMIQUE
1. L’attribution du nom patronymique
Le nom patronymique ou nom de famille est l’élément le plus important du nom. C’est pourquoi l’article
er
1 de la loi sur le nom exige pour toute personne d’avoir un nom patronymique et un ou plusieurs prénoms.
Il s’acquiert par la filiation ou suite à un changement de nom par adoption ou par le mariage.

a. L’attribution du nom patronymique par filiation.


La filiation est le lien juridique entre parents et enfants. L’un des éléments caractéristiques de ce lien étant
le nom patronymique, son attribution à l’enfant tient compte du type d’enfant. Ainsi, il faut distinguer entre
l’enfant légitime et l’enfant naturel.

a.1.le nom de l’enfant légitime :


L’enfant légitime (enfant né dans le mariage) porte le nom de son père ; celui-ci peut demander que soit
er
ajouté le nom de sa mère (article 2 alinéa1 de la loi relative au nom). Cette disposition est une
conséquence de la présomption de paternité. En effet, selon l’article 2 de la loi relative à la filiation, ‘’
l’enfant conçu pendant le mariage... a pour père le mari de sa mère’’ ; ce qui est traduit par la maxime ‘’
Pater is est quem nuptiae demonstrant’’ qui signifie que le mariage (la nuptialité) démontre la paternité.
Le père peut demander que soit ajouté à son nom, le nom de la mère. Dans ce cas, l’enfant portera un nom
patronymique double : au nom du père auquel est ajouté le nom de la mère. Il faut noter que le port de ce
nom patronymique double doit être en harmonie avec les dispositions de l’article 10 de la loi relative au
nom qui interdisent d’ajouter un nom à un nom patronymique double et inversement.

a.2.le nom de l’enfant naturel : Une distinction est faite entre l’enfant naturel simple et l’enfant
naturel adultérin.
➢ Le nom de l’enfant naturel simple :
L’enfant né hors mariage porte le nom de celui de ses parents à l’égard duquel sa filiation est établie (article
3 de la loi relative au nom).
Si la filiation est établie simultanément à l’égard des deux parents, l’enfant prend le nom du père. Si elle est
établie en second lieu à l’égard du père, l’enfant porte le nom de la mère auquel est ajouté le nom du père
(article 3 alinéa 3 de la loi relative au nom) ; autrement dit, le nom de la mère est inscrit en première
position, suivi de celui du père.
Il importe de préciser que cet ajout du nom du père - placé ainsi derrière celui de la mère - se fait sans le
consentement de la mère.
Mais il peut arriver que le père qui le reconnaît en second lieu, donc tardivement, souhaite que son enfant
porte le seul nom de son père, ou le nom du père auquel on ajoute le nom de la mère, le nom de la mère
étant, dans cette hypothèse, placé après celui du père. Dans ces deux dernières hypothèses, c’est seulement
avec le consentement de la mère que le père peut obtenir satisfaction.
Le consentement de la mère peut être donné soit oralement lors de la déclaration de reconnaissance faite par
le père, ou reçu séparément par un officier de l’état civil ou un notaire qui en dressent acte (article 23 de la
loi relative à la paternité et à la filiation)
➢ Le nom de l’enfant naturel adultérin :
L’enfant naturel adultérin est celui né d’un père ou d’une mère se trouvant dans un lien de mariage. Il faut
cependant distinguer entre l’enfant naturel adultérin par le père et l’enfant naturel adultérin par la mère.
✓ L’enfant naturel adultérin par le père :
L’enfant naturel adultérin par le père porte en principe le nom du père à condition que celui-ci ait
préalablement informé son épouse du projet de reconnaissance de l’enfant (article 22 de la loi relative à la
filiation).
L’acte de reconnaissance doit, à peine de nullité, contenir la mention de l’information donnée à l’épouse par
acte de commissaire de justice (acte d’huissier).
Est nulle toute reconnaissance d’un enfant adultérin faite par le père sans l’information donnée à son épouse.
✓ L’enfant naturel adultérin par la mère :
L’enfant naturel adultérin par la mère ne peut être reconnu par l’amant de celle-ci, et porter son nom, que
lorsqu’il a été préalablement désavoué par son père présumé (article 22 alinéa 2 de la loi relative à la
filiation). Si le mari n’opte pas pour le désaveu, l’enfant, en sa qualité d’enfant légitime, portera son nom en
application de l’article 2 de la loi relative au nom.

b. L’attribution du nom patronymique par une autorité administrative


Il s’agit ici de l’hypothèse de l’enfant trouvé. Selon l’article 5 sur le nom, le patronyme de l’enfant trouvé
est attribué par l’officier de l’état civil à qui la naissance ou la découverte a été déclarée.

2. Le changement de nom
La question qui se pose est la suivante :
Peut-on changer de nom patronymique reçu à la naissance pour cause de ridiculité ou parce que l’on veut
adjoindre une particule ?
En la matière il existe un principe : celui de l’immutabilité du nom lequel est assortie de deux exceptions.
Selon ce principe, le nom reçu à la naissance est immuable ; il ne peut être changé ou modifié eu égard à sa
nature juridique, celle d’une institution de police.
er
Ce principe résulte de l’article 11 al 1 sur le nom qui dispose : « nul ne peut porter de noms autres que ceux
exprimés dans son acte de naissance ».
a. Le changement de nom consécutif à un changement d’état
Le changement d’état peut être dû à une modification du lien de filiation ou au mariage.

a.1. Le changement de nom consécutif à une modification du lien de filiation


Cette situation est celle de l’enfant dont la filiation a été établie en second lieu à l’égard du père ou à l’égard
de la mère uniquement et celle de l’enfant adopté.
• Pour le premier, la reconnaissance de l’enfant par le père entraîne une modification de son patronyme
(art 3 sur le nom). De même, lorsque c’est uniquement à l’égard de la mère que la filiation est
établie, l’ordre des noms peut être inversé avec le consentement de la mère ou encore si elle le veut,
le nom du père sera substitué à celui de la mère.
• Pour le second cas, celui de l’enfant adopté, il faut distinguer entre l’adoption simple et l’adoption
plénière.
✓ L’adoption simple : le nom de l’enfant adopté sera un nom patronymique double car l’enfant
maintient les liens avec la famille d’origine. Toutefois si l’adopté est un mineur, le tribunal peut
exceptionnellement ordonner la substitution du nom de l’adoptant à celui de l’adopté qui portera un
nom unique. Par ailleurs si l’adoptant et l’adopté ont le même nom patronymique, aucune
modification ne peut être apportée.
✓ L’adoption plénière : elle entraîne une rupture des liens de l’adopté avec sa famille d’origine.
L’adopté portera désormais le patronyme de l’adoptant et cela est ordonné par le jugement autorisant
l’adoption plénière. En cas d’adoption par deux époux, le nom du mari est substitué à celui de
l’adopté (art 4 bis sur le nom).

a.2.Le changement du nom consécutif au mariage


Le mariage a un incident sur le nom de la femme mariée. L’art 57 relatif au mariage confère à la femme
l’usage du nom de son mari. Elle n’a donc que l’usage c'est-à-dire qu’elle peut à tout moment si elle le veut
y renoncer et se faire désigner par son seul nom de jeune fille.

b. Le changement de nom à titre principal


Il s’agit de la possibilité offerte à un individu de changer son nom alors même qu’il n’a pas changé d’état
c'est-à-dire par substitution. Il peut s’agir également d’un relèvement de nom.

b.1.Le changement de nom par substitution


Cette procédure de changement de nom est relative aux ivoiriens qui avant l’entrée en vigueur de la du 7
octobre 1964 sur le nom, ne portaient pas le patronyme de leurs auteurs. Ainsi les ivoiriens dépourvus de
nom patronymique peuvent demander pour leurs comptes et celui de leurs enfants mineurs nés ou à naître, à
porter le nom de leurs ascendants ou de leurs auteurs. Les articles 4 à 5 ne font pas de distinction selon le
sexe de l’ascendant.
La procédure est la suivante : le demandeur fait une déclaration devant l’officier de l’état civil aux fins
changer son nom dans le registre de l’état civil. Celui-ci remet par la suite une copie de la déclaration au
tribunal pour homologation et ordonner la rectification desdits actes.
NB : le changement peut se faire par adjonction sauf s’il y a application de l’article 10.

b.2.Le relèvement du nom


C’est une procédure inspirée du droit français et qui est réglementé par les articles 7 à 9 sur le nom.
• Les conditions sont les suivantes : la personne dont le nom doit nécessairement être relevé doit être le
dernier représentant mâle de cette famille ce qui traduit l’idée traditionnelle selon laquelle la
transmission doit se faire de mâle en mâle. De même, celui qui veut relever le nom doit démontrer
qu’il a un auteur commun avec le défunt.
• La procédure est la suivante : le releveur doit faire une déclaration devant l’officier de l’état civil du
lieu de son domicile. Cette déclaration doit être faite dans les cinq ans qui suivent le décès de la
personne dont le nom doit être relevé. Si le releveur est mineur, le délai de cinq ans court à compter
de sa majorité au cas où le relèvement n’a pas été fait par ses parents légaux pendant sa minorité.
Une fois que la déclaration est faite, l’officier de l’état civil la transmet au tribunal après son enregistrement
pour homologation. Ce jugement ordonnera la rectification c'est-à-dire l’adjonction du nom relevé au nom
du requérant.
NB : seule l’adjonction est possible dans le cas du relèvement du nom à l’exclusion de la substitution sauf
s’il y a application de l’article 10.

3. La nature juridique et les caractères du nom patronymique


Le nom est une institution de police et le port du nom est un droit de la personnalité.

a. Le nom, institution de police


Le port du nom est à la fois un droit et une obligation car le nom est un élément d’identification des
er
personnes physiques et constitue un élément d’ordre public et de sécurité juridique cf. art 1 sur le nom. De
même, il a un caractère immuable.

b. Le droit au nom, droit de la personnalité


Le nom étant lié à la personne, le droit que nous avons sur le nom ne peut être assimilé à un droit de
propriété à cause de son caractère inaliénable et imprescriptible. Ainsi, on ne peut perdre nos droits au nom
par le non usage prolongé ou inversement l’acquérir par un usage prolongé.
c. La protection du nom patronymique
Aux termes de l’article 13 de la loi relative au nom « le porteur d’un nom ou ses descendants, même s’ils ne
portent pas eux-mêmes ce nom, peuvent s’opposer sans préjudice de dommages et intérêts, à ce qu’il soit
usurpé ou utilisé par un tiers à titre de nom, surnom ou pseudonyme ».
En application de ce texte, une action peut être intentée dans le but de défendre le nom contre toute
usurpation par un tiers. Qui peut intenter cette action ? Contre qui peut-elle être intentée ?

c.1.Les conditions de la protection du nom


Selon l’article 13 sur le nom, « le porteur d’un nom ou ses descendants même s’ils ne portent pas eux-
mêmes ce nom, peuvent s’opposer sans préjudice de dommage-intérêts, à ce qu’il soit usurpé ou utilisé
par un tiers, à titre de nom, surnom ou pseudonyme ». Ainsi, on retient de cet article ce qui suit :
➢ les parties à l’action en défense du nom sont le porteur du nom, ses descendants et le défendeur
est l’usurpateur ;
➢ la forme d’atteinte est l’usurpation du nom patronymique ;
➢ la non exigence d’une faute ou d’un préjudice c'est-à-dire que le titulaire du nom n’a qu’à
prouver simplement l’usurpation.

c.2.Les sanctions de l’atteinte au nom patronymique


Il s’agira une fois l’usurpation avérée, d’interdire le port du nom et de condamner l’usurpateur au paiement
de dommage intérêts.
En l’absence de préjudice, la sanction sera uniquement l’interdiction du port du patronyme. Mais si l’atteinte
est doublée d’une atteinte au droit à l’honneur du titulaire, le tribunal devra cumuler les sanctions de l’article
13 avec les sanctions pénales relatives à la diffamation et à l’injure.

4. Les caractères du nom


Le nom est immuable. Le principe d’immutabilité contenu dans l’article 11 de la loi relative au nom, est
atténué, comme on l’a déjà vu, par le changement de nom consécutif à un changement d’état, ou le
changement de nom à titre principal.

Le nom est inaliénable. Cela signifie que le droit au nom étant un droit extrapatrimonial ne peut être cédé
entre vifs, donné ou vendu, ni transmis par testament. Cependant, ce principe souffre d’une exception. En
effet, notre société outrancièrement capitaliste étant dominée par l’argent, a admis la commercialisation du
nom. Le nom sous lequel un individu fait le commerce (nom commercial) est un élément de son fonds de
commerce qui peut être cédé (vendu) en même temps que ce fonds dont il fait partie. Mais l’utilisation du
nom patronymique devenu commercial doit être exclusivement limitée à l’exploitation du fonds de
commerce.

Le nom est imprescriptible c’est-à-dire qu’il ne peut être perdu en raison d’un défaut d’utilisation. La
prescription, c’est la disparition d’un droit qu’on n’a pas exercé pendant une certaine durée. Les juges
français ont décidé qu’un nom de famille peut être réclamé par les membres de cette famille, malgré le long
temps pendant lequel ce nom n’a pas été porté.

B. LE OU LES PRENOM(S)
Le prénom est une appellation qui permet de distinguer l’individu des autres membres de la famille portant
le même nom patronymique. En principe les parents sont libres d’attribuer à leurs enfants le ou les prénoms
qu’ils désirent. Mais la loi pose des limites à cette liberté de choix ; en effet, selon l’article 6 de la loi
relative au nom « il est interdit aux officiers de l’état civil de donner des noms ou prénoms et de recevoir des
prénoms autres que ceux figurant dans les différents calendriers ou consacrés par les usages et la tradition ».
Concernant l’ordre d’inscription du nom et des prénoms, la loi indique que le nom patronymique doit être
inscrit en premier lieu en majuscules d’imprimerie ; le ou les prénoms sont inscrits en second lieu en
minuscules. Ces règles sont contraires à celles du droit français où le prénom vient avant le nom.

1. L’attribution du prénom
Le choix est laissé aux parents, à la naissance de l’enfant et ceux-ci ne peuvent donner que des prénoms
figurant dans les différents calendriers ou consacré par les usages ou la tradition. En principe le prénom est
immuable. Toutefois la loi prévoit la possibilité de modification et adjonction de nouveau prénom. Encore
faut-il justifier d’un intérêt légitime.

2. Les effets
Les prénoms sont en principe sans conséquence juridiques lorsqu’ils sont isolés du nom. Avec le nom, le
prénom produit tous ces effets.
3. Le changement de prénoms
Le prénom qui complète le nom patronymique est lui aussi soumis au principe de l’immutabilité contenu
dans l’article 11 de la loi relative au nom. Le changement de prénom peut intervenir à la suite d’un
changement d’état ; tel est le cas en matière d’adoption.
Par ailleurs, il est possible de changer de prénoms ou d’adjoindre de nouveaux prénoms à ceux mentionnés
sur l’acte de naissance. Mais celui qui sollicite le changement de prénoms doit justifier d’un intérêt légitime.
L’intérêt légitime peut se traduire par le fait que le prénom reçu des parents est ridicule.
Celui qui désire changer de prénoms doit présenter une requête devant le tribunal ou la section de tribunal
dans le ressort duquel l’acte de naissance a été établie ; le requérant doit préciser les motifs du changement
qui établissent l’existence d’un intérêt légitime

C. LES ACCESSOIRES DU NOM


Il s’agit d’une part du surnom, pseudonyme et d’autre part des particules et titre de noblesse.

1. Le surnom
Le surnom est une appellation donnée à une personne par son entourage et sous laquelle elle est bien
connue. Dans les actes officiels une personne ne peut se faire désigner uniquement par son surnom.
Toutefois, selon la loi, le titulaire d’un surnom peut demander qu’il soit ajouté à ses noms et prénoms sur les
actes d’état civil (article 12 de la loi sur le nom).

2. Le pseudonyme
Le pseudonyme est un nom de fantaisie ou d’emprunt choisi et généralement utilisé par l’intéressé
uniquement pour l’exercice d’une activité. Tel est le cas par exemple d’un pseudonyme employé dans le
cadre d’une activité commerciale ou artistique. Tout comme le surnom il est permis d’ajouter le pseudonyme
aux nom et prénoms réguliers.

3. Les particules et les titres de noblesses


C’est un mot qui précède certains noms ; il détermine le lien de filiation. La loi ivoirienne ne s’est pas
préoccupée de la particule; mais il faut noter que celle-ci est la composante de certains noms patronymiques.
On peut citer par exemple, la particule ’’Bi’’ et ‘’Lou’’ chez les Gouros. Ainsi, si la particule a été oubliée
dans le nom déclaré à l’état civil, l’omission doit être réparée par la rectification judiciaire de l’acte de
naissance.

PARAGRAPHE 2 : L’état civil


L’état civil, c’est la condition d’une personne au regard du droit civil.
L’état est donc l’ensemble des caractéristiques permanentes de la personne, qui déterminent son statut
juridique dans la société. Sont des éléments constitutifs de l’état des personnes : la vie, la mort, la situation
maritale de l’intéressé (célibataire, marié, divorcé ou veuf).
Les éléments de l’état sont constatés officiellement par des actes appelés actes de l’état civil.
er
En effet, selon l’article 1 de la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil qui régit la
matière, « les actes de l’état civil sont des écrits par lesquels l’officier de l’état civil constate d’une manière
authentique les principaux événements dont dépend l’état des personnes »
L’état civil est ainsi un service public administratif qui a pour mission d’enregistrer les différents
événements qui constituent ou modifient l’état des personnes physiques, et de délivrer à cette fin aux usagers
des actes constatant leur état ; ce sont les actes de l’état civil.
La loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil contient les règles portant sur :
Quelles sont les règles d’établissement de ces actes ? (A) Quelle est leur fonction ? (B)
Quelle sont les sanctions liées aux irrégularités dans l’établissement desdits actes ? (C)

A. Les règles d’établissement des actes de l’état civil


Le procédé normal d’établissement des actes de l’état civil résulte de la déclaration c'est-à-dire que ces
différents actes sont rédigés après l’enregistrement de déclarations (1). Toutefois, des mécanismes de
suppléance existent (2).
1. La déclaration, procédé normal d’établissement des actes de l’état civil
• L’acte de naissance :

La déclaration de naissance est faite devant l’officier de l’état civil (article 30 de la loi relative à l’état
civil) par le père, la mère ou un ascendant ou toute personne ayant assisté à la naissance ou encore la
personne chez qui la mère est accouchée (article 43 de la loi relative à l’état civil).
Le délai légal de la déclaration de naissance est de trois mois à compter de la date de l’accouchement
(article 41)
La déclaration de naissance doit être reçue par l’officier ou l’agent de l’état civil du lieu de la naissance.
En pratique, sont exigés pour la déclaration de naissance, le certificat médical d’accouchement, les pièces
d’identité des parents et du déclarant.
Une fois la déclaration de naissance enregistrée, la rédaction de l’acte de naissance doit être immédiate et
comporter la signature du déclarant et celle de l’officier de l’état civil.
La loi (article 42) indique les mentions devant figurer sur l’acte de naissance :
* l’année, le mois, le jour, l’heure et le lieu de naissance de l’enfant ;
* le sexe de l’enfant ;
* le ou les prénoms qui lui sont donnés ;
* les prénoms, noms, âges, professions et domiciles des père et mère et s’il y a lieu ceux du déclarant.

• L’acte de décès :
La déclaration de décès est faite devant l’officier de l’état civil (article 30 de la loi relative à l’état civil) par
l’un des parents du défunt ou par toute personne possédant sur son état civil des renseignements nécessaires
à la déclaration.
Les décès doivent être déclarés dans les 15 jours qui suivent la date du décès (article 53 de la loi relative à
l’état civil)
Les déclarations de décès sont reçues et les actes qui les constatent sont dressés par l’officier ou l’agent de
l’état civil du lieu du décès (article 30 de la loi relative à l’état civil). La loi ne prescrit pas la rédaction
immédiate de l’acte de décès.
La loi (article 54) indique les mentions devant figurer sur l’acte de décès:
* l’année, le mois, le jour, l’heure et le lieu du décès ;
* les nom et prénoms, date et lieu de naissance, profession et domicile de la personne décédée. * les nom et
prénoms, professions et domiciles des père et mère du défunt
* les nom et prénoms de l’autre époux si la personne décédée était mariée, veuve ou divorcée * les nom et
prénoms, âge, profession et domicile du déclarant et s’il y a lieu son degré de parenté avec la personne
décédée.

Pour la déclaration de décès, sont exigés en pratique, le certificat médical (établi par le médecin) ou le
procès-verbal de la police ou la gendarmerie qui constate le décès, les pièces d’identité du défunt et du
déclarant.
NB : contrairement à l’acte de naissance ou la rédaction est immédiate, la rédaction de l’acte de décès n’est
pas immédiate.
• L’acte de mariage :
L’acte de mariage est établi à la suite de la double déclaration (articles 23 de la loi relative au mariage, et
71 de la loi relative à l’état civil) faite devant l’officier de l’état civil, par les futurs époux de se prendre
pour mari et femme ; ceux-ci sont assistés de leurs témoins et éventuellement du père ou de la mère ou du
tuteur qui doit consentir au mariage pour les mineurs.
La loi (article 15 de la loi relative au mariage) énumère les pièces requises pour la constitution du dossier
de mariage : il s’agit des extraits d’acte de naissance des futurs époux datant de moins de trois mois ; la
copie des actes accordant des dispenses et toutes autres pièces propres à établir que les conditions du
mariage sont réunies.
L’acte de mariage doit être dressé sur le champ (article 23 alinéa2 de la loi relative au mariage)
L’article71 de la loi relative à l’état civil expose le contenu de l’acte de mariage ; celui-ci énonce :
- le numéro de référence de l’acte ;
- les prénoms, nom, professions, âges, dates et lieux de naissance, domiciles et résidences des époux ;
- les prénoms noms, professions et domiciles des pères et mères ;
- les consentements ou autorisations donnés en cas de minorité de l’un ou des époux ;
- Les prénoms et nom du précédent conjoint de chacun des époux ;
- la déclaration des contractants de se prendre pour époux et le prononcé de leur union par l’officier de
l’état civil ;
- les prénoms, noms, professions, domiciles des témoins et leur qualité de majeurs ; - l’option
éventuellement faite par les époux en faveur du régime de la séparation des biens.
Il faut souligner qu’à la suite de la célébration du mariage, les nom et prénoms du conjoint sont mentionnés
en marge de l’acte de naissance. Cette mention permet à l’officier de l’état civil invité à célébrer un mariage
de savoir si l’un des futurs époux se trouve déjà dans les liens d’un premier mariage.

• L’acte de reconnaissance volontaire :


C’est un acte établi par un officier de l’état civil ou un notaire de tout ressort territorial sur la déclaration du
père ou de la mère qui soutient être l’auteur de l’enfant (article 19 de la loi relative à la filiation).
Il faut signaler que la reconnaissance par le père d’un enfant de plus de 18 ans n’est valable que du
consentement de ce dernier (article 21 alinéa3).
Le contenu de l’acte de reconnaissance n’est pas précisé par la loi ; naturellement, il doit indiquer :
- l’identité de l’enfant reconnu
- l’identité des père et mère (noms prénoms âge profession, domicile)
- les consentements exigés par la loi, à savoir celui de l’enfant âgé de plus de 21 ans ; celui de l’épouse
pour l’enfant adultérin a patre ; celui de la mère pour la substitution du nom du père à celui de la mère
lorsque le père reconnaît l’enfant en second lieu.

2. Les mécanismes de suppléance


Le législateur a prévu des mesures de suppléance dans deux cas : lorsqu’il y a défaut d’acte d’état civil ; ou
en cas de perte ou de destruction des registres.

a. L’acte de l’état civil sur réquisition


Cet acte intervient en cas de refus de l’officier de l’état civil de recevoir une déclaration et d’en établir l’acte
correspondant pour cause de non-conformité à la loi.
Dans ce cas, il doit aviser le magistrat qui dispose de 15 jours pour apprécier le caractère licite ou non du
refus afin de pallier le défaut de l’acte. Si la déclaration n’est pas contraire à la loi, le juge va requérir
l’officier de recevoir la déclaration et d’établir l’acte. Mais si malgré cela l’acte n’a pas été dressé dans les
15 jours, les parties peuvent présenter une requête au tribunal aux fins de voir ordonner à l’officier de
recevoir la déclaration : on dit alors que l’acte en question est dressé à la suite d’un jugement de réquisition
rendu par le tribunal d’où l’acte de l’état civil sur réquisition.

b. Le jugement supplétif d’acte de l’état civil :


Le législateur a prévu des mesures de suppléance dans deux cas : lorsqu’il y a défaut d’acte d’état civil ; ou
en cas de perte ou de destruction des registres.

b.1- Le défaut d’acte de l’état civil


Aux termes des articles 41 et 53 de la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil,
lorsque l'événement (une naissance ou un décès) n’a pas été déclaré dans le délai légal, l’officier de l’état
civil ne peut le relater sur ses registres qu’en vertu d’un jugement rendu par le tribunal du lieu où il s’est
produit.
Par ailleurs, la loi prévoit que lorsqu’une personne est dans l’impossibilité de se procurer son acte de
naissance, elle peut le suppléer par un acte de notoriété.

➢ Le jugement supplétif du défaut d’acte d’état civil


Lorsque la déclaration (de naissance ou de décès) nécessaire à l’établissement de l’acte de l’état civil n’est
pas effectuée dans le délai prescrit par la loi, celle-ci sera déclarée irrecevable par l’officier de l’état civil,
en l’occurrence le maire ou le sous-préfet. Autrement dit, le délai imposé pour la faire étant arrivé à
expiration, la déclaration ne peut plus être faite devant l’officier de l’état civil qui, naturellement, ne peut
donc pas établir l’acte de l’état civil ; il y a donc défaut d’acte de l’état civil.
En conséquence, la personne intéressée doit introduire une requête auprès du tribunal de première instance
ou de la section détachée du lieu de survenance de l’événement qu’est la naissance ou le décès.
Le juge saisi constate d’abord qu’il y a défaut d’acte de l’état civil ; il rend ensuite un jugement pour
suppléer le défaut d’acte de l’état civil ; d’où l’expression ‘’jugement supplétif de défaut d’acte de naissance
ou jugement supplétif de défaut d’acte de décès’’.
Le dispositif du jugement supplétif de défaut d’acte de l’état civil est transmis par le ministère public à
l’officier de l’état civil (le maire ou le sous-préfet) pour être transcrit dans le registre des actes de l’état civil
(articles 83 à 85 de la loi relative à l’état civil).
Il tient lieu d’acte de l’état civil (acte de naissance ou de décès) dont la copie ou l’extrait peut être délivrée
par l’officier de l’état civil. Ainsi, plutôt que de le solliciter auprès du tribunal, l’intéressé pourra obtenir du
maire ou du sous-préfet, un extrait ou une copie du jugement supplétif d’acte de naissance ou d’acte de
décès.
Il faut noter qu’à côté des audiences ordinaires du tribunal destinées à rendre des jugements supplétifs, des
audiences foraines peuvent être organisées à cette même fin. Cette procédure permet au tribunal de se
déplacer et se rapprocher ainsi des justiciables qui, par ce biais, peuvent aisément obtenir surtout des
jugements supplétifs d’acte de naissance, rendus sur le champ par un juge.

➢ Les actes de notoriété


Ils sont prévus par les articles 97 à 99 de la loi relative à l’état civil. Ce sont des actes dressés par le
président du tribunal (un magistrat) du lieu de naissance ou du domicile afin d’attester de faits notoirement
connus.
L’acte est dressé sur la base de la déclaration de deux témoins majeurs de l’événement. La loi donne ainsi la
faculté à toute personne se trouvant dans l’impossibilité de se procurer son acte de naissance, de le
suppléer par un acte de notoriété établi par le président du tribunal du lieu de naissance ou du domicile.
Il en va ainsi pour le mariage ; la loi exige un extrait d’acte de naissance datant de moins de trois mois. A
défaut de pouvoir se procurer son acte de naissance, le futur époux peut obtenir la délivrance d’un acte de
notoriété.
L’acte de notoriété doit énoncer la fin pour laquelle il a été délivré ; il ne peut plus servir à d’autres fins.
Il ne faut pas confondre l’acte de notoriété avec l’acte notarié. L’acte notarié est un acte authentique, établi
par un notaire pour constater par exemple un contrat de vente d’un immeuble (une maison, un terrain à bâtir
ou une parcelle de forêt).

b.2- La perte ou la disparition des registres de l’état civil


En cas de perte ou de disparition des registres de l’état civil, les articles 86 à 90 de la loi relative à l’état
civil prévoient les modalités de leur reconstitution.
Deux hypothèses peuvent se présenter : un exemplaire des registres a disparu, ou les deux exemplaires ont
disparu.

➢ Dans la première hypothèse,


Le procureur de la république, selon les termes de l’article 87, prescrit au greffier du tribunal ou de la
section du tribunal compétent de faire une copie de l’exemplaire existant sur un nouveau registre côté et
paraphé par le président du tribunal. Après avoir vérifié la fidélité de la copie à l’exemplaire original, le
procureur de la république saisit par requête le tribunal ou la section du tribunal pour lui demander
d’ordonner que la copie servira à remplacer le double manquant.

➢ Dans la deuxième hypothèse,


Il n’est plus possible de faire des copies. La seule solution consiste à reconstituer les actes de l’état civil, en
vue de leur transcription sur deux registres côtés et paraphés par le président du tribunal.
Pour ce faire, le procureur de la république (article 88) invite l’officier ou l’agent de l’état civil de la
circonscription ou du centre secondaire à dresser un état année par année des personnes qui sont nées,
mariées ou décédées pendant ce temps.
Après examen de cet état, le procureur de la République requiert le tribunal compétent d’ordonner une
enquête et toutes mesures de publicité jugées opportunes. L’enquête est faite par un juge commis et un
double de l’enquête est déposé au greffe du tribunal et au chef-lieu de la circonscription ou du centre
secondaire d’état civil où toute personne peut en prendre connaissance.
Une fois l’instruction terminée, le tribunal, sur les conclusions du procureur de la République, ordonne le
rétablissement des actes dont l’existence a été constatée. Un seul jugement contient les actes d’une année
entière pour chaque circonscription ou centre secondaire d’état civil intéressé. Il est transcrit sur deux
registres côtés et paraphés, lesquels sont déposés, l’un au cheflieu de la circonscription d’état civil, l’autre au
greffe du tribunal ou de la section du tribunal.
Il convient d’ajouter que l’article 90 de la loi relative à l’état civil autorise les personnes concernées par la
destruction des deux exemplaires du registre, à demander, devant le tribunal ou la section du tribunal
territorialement compétent, un jugement supplétif de défaut d’acte d’état civil.
Ainsi, les personnes intéressées pourront obtenir un jugement supplétif d’acte de naissance, d’acte de décès
ou d’acte de mariage ; car le jugement supplétif d’acte de mariage est exceptionnellement prévu pour le seul
cas de disparition des deux exemplaires du registre de mariage (article 74 de la loi relative à l’état civil).

B. La fonction des actes de l’état civil


Les actes de l’état civil sont destinés à identifier la personne ; méritent donc attention leur publicité et leur
force probante
1. La publicité des actes de l’état civil
La communication au public des registres de l’état civil est interdite (article 20 de la loi relative à l’état
civil).
Selon la loi, seuls les magistrats chargés de la tenue des registres et les agents des administrations publiques
peuvent être autorisés à consulter directement les registres de l’état civil.
Les particuliers peuvent toutefois obtenir des renseignements figurant sur le registre en demandant à
l’officier ou l’agent de l’état civil de leur délivrer des extraits ou copies des actes de l’état civil.
La copie est la reproduction intégrale de l’acte figurant sur le registre de l’état civil. Elle comporte donc
toutes les mentions en marge et les transcriptions qui figurent sur le registre (article 31 de la loi relative à
l’état civil)...
L’extrait est une reproduction partielle des informations contenues dans le registre de l’état civil. L’extrait
d’acte de naissance, par exemple, doit contenir un minimum d’informations : l’année, le jour, l’heure et le
lieu de naissance, le sexe, les prénoms et le nom de l’enfant tels qu’ils émanent des énonciations de l’acte de
naissance (article 52 de la loi relative à l’état civil).
Les extraits et les copies délivrés par les dépositaires des registres de l’état civil (officiers ou agents de l’état
civil et greffiers) doivent faire mention de la date de leur délivrance et être revêtus de la signature et du
sceau de l’autorité qui les a délivrés (article 31 de la loi relative à l’état civil).

2. La force probante des actes de l’état civil


C’est l’autorité reconnue aux actes de l’état civil en tant qu’instrument de preuve.
er
Selon l’article 1 de la loi relative à l’état civil, « l’état civil des citoyens est établi et prouvé que par les
actes de l’état civil... »
Les événements constatés dans les registres de l’état civil sont soit des faits juridiques (naissance, décès) ou
des actes juridiques (mariage, reconnaissance volontaire d’enfants naturels).
Le législateur a donc imposé la preuve par écrit pour les actes et les faits juridiques. L’écrit exigé est
obligatoirement un acte authentique et non un acte sous-seing privé.
L’acte sous-seing privé est un acte écrit et signé par les particuliers sans l’intervention d’un officier public.
Un acte authentique est un acte établi par un officier public (notaire, officier de l’état civil etc).
Selon l’article 7 de la loi relative à l’état civil, « les officiers de l’état civil sont seuls compétents pour
recevoir les déclarations et dresser les actes de l’état civil auxquels ils confèrent l’authenticité ».
Les actes de l’état civil sont donc des actes authentiques, lesquels font foi jusqu’à inscription de faux ;
c’est-à-dire que celui qui en conteste la teneur doit démontrer que l’officier de l’état civil a fait du faux en y
insérant des déclarations contraires à la vérité.
Cette force probante est valable aussi bien pour les registres que pour les copies et les extraits. Les copies et
les extraits ont la même force probante que l’original, à condition d’avoir été délivrés par l’une des autorités
dépositaires des registres.

C. Les sanctions des irrégularités dans l’établissement des actes de l’état civil
Les sanctions visent d’abord l’officier de l’état civil qui a établi l’acte irrégulier; ensuite l’acte lui-même.

1. La responsabilité de l’officier de l’état civil


En vertu de l’article 12 de la loi relative à l’état civil, l’officier de l’état civil, l’agent de l’état civil et
l’agent de collecte sont responsables civilement, disciplinairement et pénalement des fautes et négligences
qu’ils commettent à l’occasion ou dans l’exercice de leurs fonctions.

a. Les sanctions pénales


En cas d’irrégularité commise par lui dans l’établissement ou la délivrance des actes de l’état civil, des
poursuites pénales peuvent être exercées contre l’officier ou l’agent de l’état civil. L’officier peut être
pénalement sanctionné pour avoir commis un faux en écritures publiques en application des articles 307 à
310 du code pénal.
Selon l’article 307 du code pénal « Est puni d’un emprisonnement de deux à dix ans et d’une amende de
200 000 à 2 000 000 de francs, tout agent public qui commet un faux dans un acte public ou authentique
relevant de l’exercice de ses fonctions… »
En particulier lorsqu’il compromet, détruit ou modifie l’état civil d’un enfant de 10 ans ou d’un enfant plus
âgé atteint d’une infirmité, l’officier de l’état civil est puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans (article 451
du code pénal).
b. Les sanctions civiles
Les victimes de l’acte d’état civil irrégulier peuvent poursuivre l’officier de l’état civil en justice sur le
fondement de l’article 1382 du code civil. La victime doit alors apporter la preuve :
- d’un préjudice par elle subi du fait des agissements de l’officier de l’état civil ;
- d’une faute à lui reprochable et
- d’un lien de causalité entre la faute et le préjudice.

c. Les sanctions disciplinaires


L’officier de l’état civil est frappé de révocation ou de suspension lorsqu’il commet un faux en écritures
publiques ; ou encore lorsqu’il établit ou délivre un acte de naissance à un individu dont la déclaration de
naissance ne figure pas dans les registres de la commune.

2. Les sanctions relatives à l’acte irrégulier


La sanction peut consister soit à annuler, soit à rectifier l’acte irrégulier

a. L’annulation de l’acte de l’état civil


La nullité est la sanction prononcée par le juge qui consiste en la disparition rétroactive de l’acte d’état civil
irrégulier. Aux termes de l’article 106 de la loi relative à l’état civil, l’annulation des actes de l’état civil
est ordonnée par le tribunal dans le ressort duquel l’acte a été dressé ou transcrit.
La nullité sera prononcée ou que les énonciations sont fausses ou sans objet ou encore pour vice grave
touchant à la substance de l’acte.
La requête en annulation peut être présentée par toute personne intéressée ou par le procureur de la
république.
Le procureur de la république est tenu d’agir d’office quand l’acte dressé est manifestement contraire à la loi
(article 107).
La reconnaissance de l’enfant adultérin par le père est nulle à défaut d’information préalable de l’épouse
(article 22 de la loi relative à la filiation).
Le juge du fond dispose d’un pouvoir souverain d’appréciation de la gravité de l’irrégularité qui affecte
l’acte.
Si l’irrégularité est substantielle, le juge prononcera la nullité de l’acte. Il en va ainsi d’un acte établi par une
personne qui n’est pas investie des fonctions d’officier de l’état civil.
En revanche, si l’irrégularité est moins grave, le juge peut refuser de prononcer la nullité. Exemple : une
erreur portant sur le nom de l’intéressé.

b. La rectification de l’acte de l’état civil


La rectification consiste à corriger les erreurs ou omissions commises par l’officier de l’état civil dans la
rédaction de l’acte de l’état civil ; elle peut résulter d’une procédure administrative ou judiciaire.

b 1- La rectification administrative de l’acte de l’état civil


La rectification administrative peut être faite d’office au moment de la rédaction de l’acte de l’état civil ; elle
porte sur les irrégularités commises avant que l’officier ou l’agent de l’état civil ne signe l’acte : Exemple :
une erreur d’orthographe dans l’inscription du nom ou des prénoms, erreur portant sur le sexe de l’enfant.
L’officier ou l’agent de l’état civil peut de sa propre autorité procéder à la rectification de l’acte ; il s’agit de
corrections portées en marge ; car des ratures et renvois peuvent être effectuées dans l’acte en vue de ces
corrections, à condition qu’ils soient approuvés et signés de la même manière que le corps de l’acte (article
17 de la loi relative à l’état civil).
La rectification administrative peut être ordonnée par le procureur de la république. Celui-ci donne
instruction aux dépositaires des registres de procéder à la rectification des erreurs ou omissions purement
matérielles des actes de l’état civil (article 79 de la loi relative à l’état civil)

b 2- La rectification judiciaire de l’acte de l’état civil


La rectification judiciaire est celle ordonnée par le président du tribunal ou de la section du tribunal dans le
ressort duquel l’acte a été dressé (articles 80 à 82 de la loi relative à l’état civil).
La rectification judiciaire est ouverte lorsque l’erreur ou l’omission est grave.
Elle consiste à ajouter des mentions essentielles que l’acte devrait contenir ; exemple : la date ou le lieu de
naissance ou de décès.
Il en va de même lorsque l’acte contient des mentions inexactes, en l’occurrence un nom mal orthographié
ou orthographié sans la particule. La rectification a pour but de corriger l’inexactitude constatée sur l’acte de
l’état civil.
La rectification judiciaire de l’acte peut être la conséquence d’une action en changement d’état.

PARAGRAPHE 2 - LE DOMICILE DE LA PERSONNE PHYSIQUE


Le domicile est le siège légal de la personne, le lieu où la loi la localise. Comme le nom, le domicile sert à
individualiser la personne, en déterminant le lieu, où au regard de la loi, elle est censée être toujours
présente.
Le domicile est défini par l’article 102 du code civil qui dispose : « le domicile de tout ivoirien, quant à
l’exercice de ses droits civils, est au lieu où il a son principal établissement » Le domicile doit être distingué
des notions voisines telles que celles de résidence ou d’habitation.
La résidence et l’habitation correspondent à l’endroit où une personne se trouve effectivement pendant un
certain temps. Ce lieu est qualifié de résidence lorsque la personne y vit de façon normale. L’habitation
désignant le lieu d’un séjour bref et occasionnel.

Exempte : un étudiant mineur qui réside à la cité universitaire a en réalité son domicile chez ses parents.

A. Les fonctions du domicile


Le domicile est un critère qui permet d’attribuer compétence territoriale aux autorités légales.
C’est le critère de détermination de la compétence territoriale des juridictions ; il détermine également
l’officier de l’état civil compétent pour célébrer le mariage.

1. La détermination de la compétence territoriale des juridictions


Le domicile est un critère attributif de compétence territoriale. En effet, le tribunal territorialement
compétent est celui du domicile réel ou élu du défendeur, et en l’absence de domicile, celui de sa résidence
(article 11 du code de procédure civile, commerciale et administrative).
En d’autres termes, le défendeur à un procès doit être assigné devant le tribunal du lieu de son domicile
Dans le même sens, il faut également noter que le paiement d’une créance doit être fait au domicile du
débiteur (article 1247 du code civil) ; autrement dit, le créancier doit lui-même, aller chercher ce qui lui est
dû au domicile du débiteur ; on dit que la dette est quérable et non portable.

Exemple : en cas de litige, le Tribunal compétent à saisir, est celui du domicile du défendeur. Si le
défendeur a son domicile à Bouaké et que le demandeur a le sien à Abidjan, le Tribunal compétent
conformément au principe ci-dessus mentionné est le Tribunal de Bouaké.
Le domicile en tant que lieu de célébration et d'accomplissement de certains actes juridiques.
Exemple : Le mariage ne peut être célébré qu'à l'état civil du domicile du marié ou de la mariée,
L'adoption d'une personne ne peut se faire qu'au Tribunal de première instance ou à la section du Tribunal du
domicile de celui qui se propose d'adopter. Cependant, si l'adoptant n'a pas un domicile en Côte d'Ivoire, il
peut procéder à l'adoption au domicile de la personne à adopter.

2. Le domicile en tant que lieu présomptif de la présence permanente de la personne


Le domicile sert à déterminer la compétence territoriale de l’officier de l’état civil en matière de mariage. En
effet, selon l’article 20 de la loi relative au mariage, « le mariage est célébré publiquement au siège de la
circonscription ou du centre d’état civil du domicile ou de la résidence de l’un ou l’autre des époux ».
Au-delà de la compétence territoriale, le domicile est également le lieu d’accomplissement de certains actes
; il en est ainsi en matière de procédure civile où les significations, les sommations et les commandements
de payer doivent être effectués au domicile réel ou élu de l’intéressé.

B. La détermination du domicile
En principe, une personne fixe librement le lieu de son domicile. Il s'agit du domicile volontaire. Mais il y a
de nombreux cas dans lesquels on n'a pas le choix parce que la loi impose un domicile à certaines personnes,
il s'agit du domicile légal.

1. Le domicile volontaire
Toute personne majeure est en principe libre de choisir son domicile. La volonté individuelle est donc
déterminante. Mais comment reconnaît-on le domicile ? Selon une formule classique, le domicile est le lieu
où la personne a son principal établissement. A côté de cette formule classique, il ressort de l'article 103 du
code civil : "le changement de domicile s'opérera par le fait d'une habitation réelle dans un autre lieu joint à
l'intention d'y fixer son principal établissement ". Il ressort de la formule classique et des termes de l'article
103 qu'il faut essentiellement deux (2) éléments pour qu'il y ait domicile. Ce sont :
• Un élément intentionnel, à savoir la volonté d’établir son principal établissement en un lieu donné,
• Un élément matériel ; à savoir le fait que l'endroit choisi correspond bien au principal établissement.

2. Le domicile légal
Il s'agit du domicile que la loi établit d'office pour certaines personnes. Il en existe 2 sortes :
• le domicile de fonction,
• le domicile de dépendance.

a. Le domicile de fonction
Ce sont des domiciles attribués à certains fonctionnaires qui sont irrévocables. Il en est ainsi des Magistrats,
de certains officiers ministériels tel que les Notaires, les Huissiers qui ont leur domicile au lieu de leur
fonction.

b. Les domiciles de dépendance


Les personnes qui n'ont pas de domicile propre et qui sont domiciliées chez autrui sont rattachées par la loi
au domicile d'une autre personne. Le mineur non émancipé est domicilié chez ses père et mère (article 108
du code civil) ; il s’agit d’un domicile de rattachement de l’enfant au domicile de ses parents. En cas de
divorce ou de séparation de corps, le mineur est domicilié chez le parent auquel le tribunal a confié sa garde.
En cas de décès de ses parents, le mineur est domicilié chez son tuteur.
Il s’agit des personnes qui travaillent habituellement chez autrui ; selon l’art.109 du code civil, « les majeurs
qui servent ou travaillent habituellement chez autrui auront le même domicile que la personne qu’ils servent
ou chez laquelle ils travaillent, lorsqu’ils demeureront avec elle dans la même maison ».
Selon la loi, les gens de maison doivent être déclarés à la caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS)
(article 4 du décret n° 96-209 du 7 mars 1996 relatif aux obligations des employeurs).
Pour la femme mariée il existe un domicile de rattachement qui est l’expression même du lien conjugal. En
effet, selon l’article 108 du code civil, la femme mariée a pour domicile celui de son mari
Ce texte relatif au choix du domicile de la famille a été modifié par La loi n° 2019-570 du 26 juin 2019
relative au mariage dont l’article 60 nouveau dispose : « le domicile de la famille est choisi d’un commun
accord par les époux.
En cas de désaccord, le domicile de la famille est fixé par le juge en tenant compte de l’intérêt de la famille
».

C. Les caractères du domicile


Le domicile a trois caractères principaux : il est obligatoire, unique et fixe.
1. Le caractère obligatoire du domicile
Le domicile sert à rattacher, juridiquement une personne à un lieu ; il en résulte que toute personne a en
principe un seul domicile qui est son siège légal. Le caractère obligatoire du domicile s’explique donc par la
nécessité d’un rattachement géographique de l’individu. En cas de difficulté pour trouver un domicile à une
personne, on peut admettre qu’elle a conservé son domicile d’origine, c’est-à-dire celui qu’elle avait à sa
naissance.

2. Le caractère unique du domicile


Le principe de l’unicité du domicile est conforme à sa fonction de localisation. Comme exception à ce
principe, l’article 111 du code civil consacre la notion de domicile élu ; c’est un domicile théorique choisi
par une personne pour attribuer compétence à un tribunal. On dit que la personne a fait élection de domicile.
L’élection de domicile est ainsi un acte par lequel une personne désigne dans un contrat un lieu autre que
son domicile réel.

3. La fixité du domicile
On ne peut pas changer de domicile par une simple manifestation de volonté. Il faut que cette volonté
s'accompagne d'un déplacement réel concret du principal établissement. Cependant, il existe une exception
importante au principe de la fixité du domicile qui apparaît à travers la notion du domicile élu. Le domicile
élu est un domicile choisi pour une affaire particulière.

4. Le domicile est inviolable


La constitution ivoirienne (article 8) consacre l’inviolabilité du domicile; et la violation du domicile est
réprimée par l’article 449 du code pénal : « est puni d’un emprisonnement de 6 jours à deux mois et d’une
amende de 20 000 à 200 000 F, quiconque s’introduit dans le domicile d’une personne ou s’y maintient
contre sa volonté expressément manifestée ».

PARAGRAPHE 3 : LA NATIONALITE DE LA PERSONNE PHYSIQUE


La nationalité est le lien qui rattache une personne à un Etat déterminé. Seul un Etat indépendant et
souverain peut donner une nationalité.
La Côte d'Ivoire, dans ses textes relatifs à la nationalité, distingue trois types d'ivoiriens qui sont :
• les ivoiriens d'origine,
• les ivoiriens de plein droit,
• les ivoiriens par naturalisation.

A. La nationalité ivoirienne d'origine


La nationalité d'origine est la nationalité que l'on possède à sa naissance. Elle peut avoir pour fondement :
• soit la filiation ou le droit du sang (jus sanguinis),
• soit le lieu de naissance (jus soli)

1. Les titulaires de la nationalité ivoirienne d'origine


En Côte d'Ivoire, le fondement retenu pour être ivoirien d'origine est la filiation c'est-à-dire, le droit du sang
(jus sanguinis). Par conséquent, toute personne qui peut établir une filiation avec un parent ivoirien est
qualifiée d'ivoirien d'origine. Ainsi, l'enfant légitime (issu du mariage légal de ses père et mère), qu'il soit né
en Côte d'Ivoire ou à l'étranger, est ivoirien si l'un de ses parents a lui-même la nationalité ivoirienne.
S'agissant de l'enfant né hors mariage, deux cas se présentent.

er
1 cas: si l'enfant est né en Côte d'Ivoire ou à l'étranger d'une mère ivoirienne, il est ivoirien même s'il est
reconnu par son père de nationalité étrangère.
ème
2 cas : si l'enfant est né en Côte d'Ivoire ou à l'étranger d'une mère étrangère, il est ivoirien s'il est reconnu
par son père de nationalité ivoirienne.
Ces règles d'acquisition de la nationalité d'origine laissent percevoir que certains enfants peuvent être
binationaux c'est-à-dire avoir une double nationalité.
Dans cette situation, s'il naît un conflit de nationalité, il appartient aux tribunaux de le régler.

2. La preuve de la nationalité ivoirienne d'origine


Pour faire preuve de sa nationalité Ivoirienne d'origine, tout intéressé doit prouver que l'un de ses parents, le
père ou la mère est Ivoirien. Cette preuve se matérialise par un acte appelé certificat de nationalité.
3. La perte de la nationalité ivoirienne d'origine
La nationalité Ivoirienne d'origine peut être retirée soit par une autorisation, soit par une déclaration ou
encore par un décret.

a. La perte de la nationalité par autorisation


Les Ivoiriens qui possèdent de plein droit une double nationalité peuvent être autorisés par décret à perdre
leur nationalité ivoirienne.

b. La perte de la nationalité par déclaration


La perte de la nationalité par déclaration concerne la femme ivoirienne qui pour acquérir la nationalité de
son mari est contrainte par la loi du pays du mari à renoncer à sa nationalité d'origine.
La femme ivoirienne qui se trouve confrontée à une telle obligation peut déclarer, avant la célébration du
mariage, qu'elle répudie sa nationalité.
Cette déclaration est souscrite devant le président du Tribunal de première instance, le Juge de section ou les
agents diplomatiques ou consulaires selon le lieu de résidence de l'intéressée. La déclaration est ensuite
enregistrée au ministère de la justice. Elle n'est valable que si la femme acquiert la nationalité du mari.

c. La perte de la nationalité d'office par décret


Selon, la loi relative à la nationalité, perd d'office par décret sa nationalité ivoirienne :
• L’ivoirien qui se comporte en fait comme le national d'un pays étranger à la condition qu'il ait
également la nationalité de ce pays,
• L'ivoirien qui, malgré les injonctions du gouvernement de la quitter, conserve l'emploi qu'il occupe
dans un service public étranger ou dans une armée étrangère.
Cette perte d'office de la nationalité ivoirienne libère la personne concernée de toutes ses obligations à
l'égard de la Côte d'Ivoire.

4. La réintégration dans la nationalité ivoirienne


Le code de la nationalité réserve à ceux qui ont perdu la nationalité Ivoirienne, la possibilité d'y être
réintégrés.
Les personnes pouvant bénéficier de cette réintégration sont celles qui avaient la nationalité Ivoirienne et
l'ont perdue ou en ont été déchus (cas du condamné pour un acte qualifié de crime ou de délit contre la
sûreté intérieure ou extérieure de l'Etat ; du condamné pour crime ou délit contre les institutions ; de la
personne qui s'est livré au profit d'un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité d'ivoirien et
préjudiciables aux intérêts de la Côte d'Ivoire etc.)
L'individu qui a été déchu de la nationalité dans les conditions sus mentionnées, doit avoir obtenu sa
réhabilitation judiciaire avant sa réintégration.

B. La nationalité ivoirienne de plein droit


L'acquisition de la nationalité ivoirienne de plein droit se fait par le seul effet de la loi lorsque certaines
conditions sont réunies.
Le code de la nationalité a prévu trois cas d'acquisition de la nationalité de plein droit :

1. La nationalité ivoirienne de l'enfant adopté


Selon le code de la nationalité : « l'enfant qui a fait l'objet d'une adoption acquiert la nationalité Ivoirienne si
l'un au moins des adoptants est de nationalité Ivoirienne ».

2. La nationalité ivoirienne de la femme étrangère mariée à un ivoirien


Le code de la nationalité dispose : « la femme étrangère qui épouse un Ivoirien acquiert la nationalité
Ivoirienne au moment de la célébration du mariage ».
La femme étrangère n'aura donc aucune demande à faire pour acquérir la nationalité ivoirienne de son mari.
Les seules conditions qu'elle doit remplir sont :
• La validité du mariage,
• La nationalité Ivoirienne du mari.
Toutefois, l'acquisition de plein droit par la femme étrangère de la nationalité Ivoirienne peut se heurter à un
triple obstacle :

✓ La renonciation de la femme à la nationalité Ivoirienne à condition qu'elle apporte la preuve


que la loi de son pays d'origine l'autorise a conservé sa nationalité malgré son mariage avec
un étranger.
✓ L'opposition du gouvernement qui doit se faire au cours d'un délai de 6 mois qui suit la
célébration du mariage.
Cette opposition pourrait être motivée par l'immoralité ou le défaut de loyalisme de la femme étrangère.
Si dans les six mois qui suivent la célébration du mariage, aucune opposition n'est intervenue, la nationalité
Ivoirienne sera réputée acquise de plein droit à la femme étrangère depuis le jour du mariage.
• l'existence contre la femme de mesure d'expulsion ou d'assignation à résidence
La femme étrangère qui fait l'objet d'une telle mesure ne peut acquérir la nationalité ivoirienne.

3. La nationalité ivoirienne de l'enfant mineur dont les parents sont naturalisés Ivoiriens
L'enfant mineur dont l'un des parents est devenu Ivoirien par naturalisation, acquiert la nationalité ivoirienne
de plein droit à la condition que sa filiation à l'égard de ce parent résulte d'un acte d'état civil.
Pour bénéficier des effets de la naturalisation, l'enfant mineur ne doit pas être marié, il ne doit être ni en
service ou avoir servi dans les armées de son pays d'origine. Il ne doit non plus être sous le coup d'un arrêté
d'expulsion ou d'une condamnation à plus de six mois d'emprisonnement pour crime ou délit.
La preuve de la nationalité Ivoirienne acquise de plein droit dans tous les cas résulte d'un certificat de
nationalité délivré par le président du Tribunal de première instance ou le Juge de section.
En ce qui concerne la femme étrangère mariée, elle peut pendant le délai imparti au gouvernement pour
s'opposer, obtenir du Président du Tribunal ou du Juge de section un certificat provisoire. Ce certificat
provisoire est remplacé par un certificat définitif si le gouvernement ne fait pas opposition.

C. L'acquisition de la nationalité ivoirienne par naturalisation

1. Les conditions de la naturalisation


La naturalisation consiste à conférer la nationalité à un étranger. Elle ne peut être accordée qu'à des
conditions d'âge, de résidence, de moralité et de santé.

• Pour l'âge, le code de la nationalité fixe 18 ans comme l'âge à partir duquel la naturalisation peut être
obtenue.
Cependant, le mineur âgé de moins de 18 ans peut solliciter sa naturalisation soit s'il est né hors de la Côte
d'Ivoire et si l'un de ses parents étrangers acquiert la nationalité Ivoirienne, soit s'il n'est pas devenu de plein
droit ivoirien par suite de la naturalisation de ses parents.
• S'agissant de la résidence, le candidat à la naturalisation doit avoir sa résidence habituelle en côte
d'Ivoire. C'est-à-dire qu'il doit justifier d'une présence ininterrompue sur le territoire national pendant
les cinq années qui précèdent sa demande. Cela n'exclut pas de courts séjours à l'étranger à l'occasion
de vacances ou de missions.
Ce délai de résidence de cinq ans peut être réduit à deux ans si le candidat à la naturalisation est né en côte
d'Ivoire ou est marié à une ivoirienne ou s'il a rendu des services importants à la Côte d'Ivoire.

• Concernant la moralité, la loi dispose que nul ne peut être naturalisé s'il n'est de bonne vie et mœurs.
C'est pourquoi il est procédé à une enquête de moralité dans le cadre de l'instruction du dossier.
• En ce qui concerne la bonne santé, sauf pour celui qui a rendu des services exceptionnels à la Côte
d'Ivoire ou dont la naturalisation présente pour la Côte d'Ivoire un intérêt exceptionnel, l'étranger qui
demande sa naturalisation doit être en bon état de santé physique et mentale.

2. La procédure de naturalisation
La procédure comporte trois phases :

a. La demande de naturalisation
Cette demande est présentée sur un papier timbré. Les formulaires de demande sont en vente à l'imprimerie
nationale.
La demande est déposée à la sous-préfecture ou à la préfecture de la résidence de l'intéressé et un récépissé
de dépôt lui est délivré.
En plus du formulaire de demande, le requérant doit produire ses pièces d'état civil et ceux de ses enfants
mineurs, tous documents permettant d'apprécier le bien-fondé de sa demande, deux photographies d'identité
récentes et une quittance attestant que les droits au paiement ont été versés entre les mains de l'agent du
trésor.
b. L'instruction du dossier
L'instruction générale du dossier de demande de naturalisation comporte une enquête de police, un examen
médical et une mise en état du dossier.

c. La transmission du dossier et la décision


Le dossier, avec toutes les pièces, est adressé dans un délai de trois mois à compter de la demande, au
ministre de l'intérieur qui à son tour le fait parvenir avec son avis, au ministre de la santé publique qui donne
son avis sur le plan médical avant de le transmettre pour enregistrement au ministère de la justice.
Si le ministre de la justice accueille favorablement la demande, il propose un décret de naturalisation à la
signature du Président de la République. Une fois signé, le décret de naturalisation est publié au journal
officiel. Une copie certifiée conforme à l'original est délivrée au bénéficiaire. Au vu de la copie, un certificat
de nationalité est délivré au bénéficiaire.

3. Le retrait et la déchéance de la nationalité acquise par naturalisation


La nationalité peut être retirée si l'étranger a usé de manœuvres frauduleuses, a fait sciemment de fausses
déclarations ou présenté des pièces contenant des indications mensongères pour obtenir la naturalisation.
Le retrait se fait par décret qui intervient dans un délai d'un an à partir du jugement de condamnation.
L'étranger naturalisé peut être frappé d'une déchéance qui est une sanction de son comportement indigne.
Cette déchéance peut être étendue à la femme et aux enfants s'ils sont d'origine étrangère et s'ils ont conservé
leur nationalité d'origine.

SECTION 3 - LA CAPACITE JURIDIQUE DE LA PERSONNE PHYSIQUE


La capacité est l’aptitude qu’a une personne à être sujet de droits et d’obligations ; c’est le fait pour une
personne d’être apte à acquérir des droits, à en jouir et à les exercer.
L’aptitude à être titulaires de droits est appelée la capacité de jouissance.
L’aptitude d’une personne à mettre elle-même en œuvre ses droits et exécuter ses obligations, c’est la
capacité d’exercice.
La négation de la capacité, c’est l’incapacité.
L’incapacité est dite de jouissance lorsque la personne qui en est frappée est inapte à être titulaire d’un ou
plusieurs droits. Exemple : une personne condamnée pour crime ou vol peut être dépouillée par le juge de
son droit de vote ou d’être éligible, ou encore de son droit d’exercer le commerce.
L’incapacité est dite d’exercice lorsque la personne qui en est frappée est inapte à mettre elle-même en
œuvre (ou exercer) certains droits dont elle demeure titulaire. L’incapacité d’exercice signifie que la
personne concernée est titulaire de droits ; mais la loi met des restrictions à l’exercice par elle-même desdits
droits. Ainsi, un mineur peut être propriétaire ou créancier ; il a, à cet égard, la capacité de jouissance. Mais
il ne peut pas mettre lui-même en œuvre les prérogatives afférentes à ces droits ; il faut qu’une autre
personne les exerce pour lui. Lui est donc méconnue la capacité d’exercice.
Vont être successivement étudiées, la situation du mineur, puis celle du majeur incapable.

PARAGRAPHE 1- LES INCAPACITES D’EXERCICE


L’incapacité d’exercice est générale et concerne la totalité des droits dont la personne est titulaire. Elle
frappe d’une part le mineur non émancipé et d’autre part le majeur incapable.
Cette mesure répond à un souci de protection du concerné en raison de son jeune âge ou en raison de ce qu’il
souffre de troubles mentaux.

A. LE CAS DU MINEUR
Le statut juridique du mineur est régi par la loi n° 2019-572 du 26 juin 2019 relative à la minorité.
Aux termes de cette loi, « est mineure la personne qui n’a pas encore atteint l’âge de dix-huit ans
er
accomplis» (article 1 ). Le mineur est donc toute personne âgée de moins de 18 ans. La personne âgée de
18 ans et plus est dite majeure.
La loi a instauré au profit du mineur un régime de protection ; mais certains mineurs peuvent échapper à ce
régime par le biais de l’émancipation.

1. Notions de mineur non émancipé


Selon la loi le mineur non émancipé est incapable; par voie de conséquence, elle prévoit à son profit un
régime de protection.
a. L’étendue de l’incapacité du mineur non émancipé
Elle se mesure à travers les actes juridiques, les actions en justice et les faits juridiques

a.1- Les actes juridiques


Aux termes de l’article 32 de la loi relative à la minorité, «le mineur est incapable d’accomplir seul les
actes de la vie civile ». Cela signifie que le mineur ne peut conclure des actes juridiques, c’est-à-dire des
actes (des contrats) résultant d’une manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit.
Les actes juridiques interdits au mineurs sont appelés ‘’actes de disposition’’ ; ce sont ceux qui grèvent
sensiblement le patrimoine du mineur. Exemple : le mineur ne peut pas conclure un contrat d’achat d’une
voiture ou d’une maison, ni un contrat de donation, ni rédiger un testament.

a.2- Les actions en justice


Aux termes de l’article 33 alinéa 2 de la loi relative à la minorité, « le mineur ne peut agir ou défendre en
personne qu’assisté de son représentant légal dans toutes les instances ayant le même objet ». Cela signifie
que le mineur non émancipé ne peut intenter une action en justice qu’avec l’aide de son représentant légal
qui peut être son père, sa mère ou son tuteur ; en réalité c’est le représentant légal qui peut ester en justice au
nom et pour le compte du mineur.

a.3- Les faits juridiques


Il s’agit d’événements indépendant de la volonté d’une personne, mais susceptibles de produire des effets de
droit.
Le mineur est-il responsable d’un fait dont il est l’auteur ?
Selon l’article 36 de la loi relative à la minorité, « le mineur engage son patrimoine par ses délits, ses
quasi-délits et son enrichissement sans cause ». Il est ainsi admis que le mineur est personnellement
responsable de ses faits.
Cette responsabilité peut se combiner avec la responsabilité des parents du mineur sur le fondement de
l’article 1384 alinéas 4 du code civil qui dispose : « les père et mère sont responsables des dommages
causés par leur enfant mineur vivant avec eux ».

b. Les exceptions à l’incapacité du mineur

b.1- Les actes relatifs à la personne du mineur


Selon la loi (article 33 alinéa 2), «les actes qui intéressent personnellement le mineur âgé de plus de 16 ans,
notamment ceux qui concernent son état ou qui engagent sa personne physique, ne peuvent être conclus
qu’avec son consentement».
Le mineur peut donc accomplir seul certains actes qui le concernent et qui impliquent une appréciation
personnelle. Ces actes excluent la représentation du mineur. Il en est ainsi des actes ci-après exposés.

➢ L’adoption
Le mineur âgé de plus de 16 ans doit consentir personnellement à son adoption (article 6 de la loi relative à
l’adoption).
➢ La reconnaissance d’enfant naturel Le mineur peut reconnaître tout seul son enfant.
➢ L’action en recherche de paternité
La mère même mineure peut intenter seule l’action en recherche de paternité (article 26 de la loi relative à
la filiation). La fille, même si elle est mineure, est ainsi autorisée par la loi à poursuivre devant le tribunal
le prétendu père (ou ses héritiers) pour l’amener à reconnaître qu’il est le père de son enfant.

b.2- Les actes relatifs au patrimoine du mineur


La validité de ces actes est admise lorsque ceux-ci ne portent pas une atteinte grave au patrimoine du
mineur.

➢ Les actes de disposition


Ce sont les actes dont la valeur de l’objet porte une atteinte grave au patrimoine du mineur ; exemple :
acheter une maison, une voiture.
➢ Les actes conservatoires
Le mineur est autorisé à accomplir tous les actes conservatoires sur son patrimoine (article 34 de la loi
relative à la minorité)
Ce sont des actes qui ont pour but d’éviter au patrimoine une perte. Exemple : la conclusion d’un contrat
d’assurance pour protéger un immeuble appartenant au mineur.

➢ les actes d’administration


Ce sont des actes de gestion courante du patrimoine du mineur ; exemple : le contrat conclu pour mettre une
maison en location ; ou encore le recouvrement d’une créance. Le mineur non émancipé peut accomplir seul
les actes d’administration.

➢ Les actes de la vie courante


Le mineur peut conclure des contrats traduisant des actes de la vie courante; il est autorisé à conclure des
contrats de menus achats, exemple : acheter un cahier ou un livre, un téléphone portable ; contrat de
transport qui consiste à emprunter un taxi ’’WORO-WORO’’… etc).

➢ Le contrat de travail
Lorsque le mineur est âgé de moins de 16 ans, la conclusion et la rupture du contrat de travail se font par son
représentant légal agissant en son nom et pour son compte.
A partir de 16 ans, le mineur conclut et rompt son contrat de travail avec l’assistance de son représentant
légal qui est le père, la mère ou le tuteur (article 35 de la loi relative à la minorité).

2. Les sanctions à l’incapacité générale d’exercice du mineur non émancipé

a. La nullité de l’acte conclu par le mineur


Selon l’article 37 alinéa3 de la loi relative à la minorité, les actes accomplis par le mineur sont nuls de plein
droit, s’ils sont de ceux que le représentant légal n’aurait pu faire qu’avec une autorisation.
Il s’agit d’une action en nullité relative qui ne peut être exercée que par la personne intéressée. Pendant la
minorité, cette action appartient au représentant légal ; le mineur devenu majeur pourra lui-même exercer
cette action à condition qu’elle ne soit pas prescrite. Le délai d’exercice de l’action en nullité est de 5ans ;
cette action est donc prescrite lorsqu’elle n’est pas exercée pendant un délai de 5 ans (l’article 40 de la loi
relative à la minorité). Cela signifie que passé un délai de 5 ans, l’action en nullité ne peut plus être exercée
devant le tribunal.

b. La rescision pour lésion


La rescision pour lésion est l’annulation du contrat fondée sur un déséquilibre flagrant entre la prestation
reçue par le mineur et celle acquise à son cocontractant. Selon la loi relative à la minorité, l’acte accompli
par le mineur est rescindable en sa faveur, pour cause de lésion, quelle qu’en soit l’importance (article 37
alinéa 2 de la loi relative à la minorité).

c. Les effets de la nullité


Si la nullité est prononcée par le tribunal, elle aura pour effet, l’anéantissement rétroactif de l’acte conclu
entre le mineur et son cocontractant. Chacune des parties est alors tenue de restituer à l’autre la prestation
qu’elle a reçue ; exemple : le vendeur restitue le prix de la marchandise à l’acheteur ; l’acheteur restitue au
vendeur le bien acheté.
Toutefois, le législateur apporte une limite à l’obligation de restitution qui pèse sur le mineur ; car selon
l’article 41 de la loi relative à la minorité, « le mineur n’est tenu au remboursement de ce qui lui a été payé
que s’il est prouvé que ce paiement a tourné à son profit ».

3. Le mineur émancipé
« L’émancipation est l’état du mineur qui est affranchi de l’autorité parentale ou de la tutelle. Il devient
capable, d’accomplir tous les actes de la vie civile et de faire le commerce » (article 119 de la loi relative
à la minorité). L’émancipation est donc l’acte par lequel le mineur est, par anticipation, élevé au rang de
majeur avec les conséquences y assorties.

a. La cause de l’émancipation
L’émancipation résulte de la volonté expresse des père et mère ou des parents adoptifs du mineur (article
120 de la loi relative à la minorité).
Le mineur ne peut faire l’objet d’une émancipation que s’il a atteint l’âge de 16 ans révolus. L’émancipation
s’opère par une déclaration conjointe des parents ou de l’un d’eux en cas de désaccord. Cette déclaration est
reçue par le juge des tutelles; cette déclaration doit être faite conjointement par les père et mère.
Si l’un des parents est dans l’impossibilité physique ou légale de manifester sa volonté, la déclaration de
l’autre suffit, s’il a lui-même conservé l’exercice de l’autorité parentale.
Le juge des tutelles recueille le consentement du mineur et prononce l’émancipation, si celle-ci satisfait aux
intérêts du mineur et s’il y a de justes motifs (article 120 alinéa4 de la loi relative à la minorité).
Dans tous les autres cas où le mineur n’est pas placé sous tutelle, le juge des tutelles peut prononcer
l’émancipation s’il y a de justes motifs, et ce, à la requête du mineur lui-même ou de toute personne
intéressée.
En cas de tutelle, le mineur peut être émancipé si le conseil de famille l’estime opportun eu égard à la
personnalité et à l’intérêt du mineur; le conseil de famille peut, à cette fin, être saisi à la demande du tuteur,
d’un de ses membres ou du mineur lui-même (articles 121 et 122 de la loi relative à la minorité).
Le jugement qui prononce l’émancipation est transmis à l’officier de l’état civil du lieu de naissance à la
diligence du ministère public ou de toute personne intéressée ; l’officier de l’état civil est tenu de mentionner
l’émancipation marge de l’acte de naissance du mineur.
La décision d’émancipation est publiée dans un journal d’annonces légales à la diligence du greffier en chef
(article 123 de la loi relative à la minorité).
b. Les effets de l’émancipation
A l’instar du majeur, le mineur émancipé peut en principe accomplir tous les actes de la vie civile. Il n’a plus
besoin d’assistance ni d’un représentant agissant en son nom et pour son compte. L’émancipation va ainsi
produire ses effets sur la personne et sur les biens du mineur

b.1- La personne du mineur


L’émancipation met fin à l’exercice de l’autorité parentale. Devenu émancipé, le mineur n’a plus besoin de
protection. Le mineur émancipé peut avoir un domicile différent de celui de ses parents.
Ses père et mère ne sont plus responsables du dommage qu’il pourra causer à autrui ((article 124 de la loi
relative à la minorité). Toutefois, le mineur a nécessairement besoin du consentement de ses parents pour
faire l’objet d’une adoption.
Pour l’exercice du commerce, le mineur peut exercer le commerce avec l’autorisation de celui de ses parents
qui exerce l’autorité parentale ou du conseil de famille. Cette autorisation doit être inscrite au registre du
commerce et du crédit mobilier (article 125 de la loi relative à la minorité ).

b.2- Les biens du mineur émancipé


Le mineur émancipé ayant la pleine capacité gère lui-même ses biens ; il peut en disposer librement. Il peut
ainsi faire tous les actes de la vie civile comme un majeur.

B. Le cas des majeurs incapables


Le majeur est la personne ayant atteint l’âge de 18 ans révolus. Le majeur, en principe, est juridiquement
capable ; son incapacité constitue donc une exception.
L’incapacité du majeur peut être une sanction accessoire d’une condamnation pénale ; c’est l’interdiction
légale prévue par le traité de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires), qui tient lieu de code de commerce, lequel interdit l’exercice du commerce aux personnes
condamnées à une peine d’emprisonnement pour avoir commis un crime ou un vol.
L’incapacité du majeur peut également être le résultat d’une altération de ses facultés mentales, notamment
en cas de démence ; ce qui le met dans l’impossibilité de pourvoir seul à ses intérêts. Ici, l’altération des
facultés mentales est la cause de l’incapacité ; car un être privé de raison ne peut participer à la vie juridique
; un acte juridique devant procéder d’une volonté consciente.
Si l’incapacité du majeur est constatée, donc déclarée, celui-ci bénéficie d’une protection ; dans le cas
contraire, si l’incapacité n’a pas été officiellement constatée, le majeur incapable ne bénéficie d’aucune
protection.

1. Les majeurs placés sous interdiction judiciaire


L’interdiction judiciaire c’est l’état d’une personne dépouillée de l’administration de ses biens par une
décision du tribunal ayant constaté l’altération de ses facultés mentales. Selon l’article
489 du code civil, l’interdiction frappe « le majeur qui est dans un état habituel d’imbécilité, de
démence et de fureur, même lorsque cet état présente des intervalles lucides».

a. La procédure de l’interdiction judiciaire


Le droit d’agir en vue d’obtenir l’interdiction judiciaire appartient à tout parent, à son conjoint si l’aliéné est
marié, au ministère public.
La demande en interdiction est adressée au tribunal, appuyée sur des faits dont la preuve est fournie par voie
de témoignages ou de pièces justificatives, en l’occurrence des certificats médicaux.
Avant de rendre sa décision, le juge doit convoquer le conseil de famille pour avis (pour donner son avis sur
l’état de la personne dont l’interdiction est demandée) et procéder à un interrogatoire du prétendu aliéné.
L’interrogatoire a lieu en présence du procureur de la république, en chambre de conseil, donc en dehors du
public
Le jugement quant à lui, est rendu en audience publique. Le tribunal a le choix entre soit rejeter la demande
en interdiction, soit prononcer l’interdiction
En cas de rejet, le tribunal pourra dans le même jugement ordonner qu’un conseil soit nommé pour assister
la personne concernée dans la gestion de ses biens.

b. Les effets de la décision d’interdiction


En cas de prononcé d’un jugement d’interdiction, celui-ci emporte incapacité générale d’exercice à
l’encontre de l’aliéné interdit. Déclaré incapable, l’aliéné ne peut conclure aucun acte juridique, et il est
placé sous tutelle comme le mineur (article 509 du code civil); mais à la différence du mineur, la tutelle de
l’interdit peut durer toute sa vie.
Les actes passés par l’interdit avant le jugement d’interdiction pourront être annulés si les germes de
l’interdiction existaient à l’époque où les actes ont été conclus (article 503 du code civil).
2. Les aliénés internés
Ce sont ceux qui sont nécessairement enfermés dans un établissement psychiatrique soit par un placement
d’office soit par un placement volontaire.
➢ Le placement d’office ou placement administratif concerne les aliénés dangereux qui par leur
comportement compromettent l’ordre public et la sécurité des personnes. La décision d’internement
est prise par une autorité administrative qui est le préfet. La décision du préfet doit s’appuyer sur un
certificat médical confirmant l’état mental de l’intéressé.
➢ Le placement volontaire concerne les aliénés inoffensifs. Il intervient à l’initiative de la famille qui
doit présenter une demande écrite et signée, appuyée d’un certificat médical confirmant l’état mental
de l’intéressé.
Dès la décision d’internement, l’aliéné interné est frappé d’une incapacité générale d’exercice provoquant
l’ouverture d’une tutelle. Les actes juridiques accomplis par l’aliéné après son internement sont nuls.

3. Les prodigues et les faibles d’esprit

a. La définition des prodigues et faibles d’esprit


Les prodigues sont des personnes qui se livrent à de folles dépenses de nature à compromettre leur
patrimoine. Ces dépenses doivent être disproportionnées par rapport aux revenus du prodigue pour qu’on
considère que son patrimoine est menacé.
Le faible d’esprit est celui dont les facultés mentales sont affaiblies sans perte totale de sa raison justifiant le
prononcé d’une interdiction judiciaire.

b. La protection des prodigues et des faibles d’esprit


Les prodigues et les faibles d’esprit ne sont pas frappés d’une incapacité générale d’exercice, mais
seulement d’une incapacité spéciale d’exercice.
Ils conservent l’administration de leurs biens ; mais un conseil judiciaire est nommé par le tribunal à la
demande d’un parent, du conjoint ou du procureur de la république (article 514 du code civil).
Le conseil judiciaire a pour mission d’assister le prodigue ou le faible d’esprit dans la conclusion d’actes
présentant un risque pour son patrimoine.
La loi interdit aux faibles d’esprit et aux prodigues, dès la nomination du conseil judiciaire, de plaider en
justice, de transiger, d’emprunter, de recevoir un capital mobilier et d’en donner conseil judiciaire.

4. Les aliénés mentaux non protégés


Il s’agit de ceux qui souffrent d’une altération de leurs facultés mentales, mais qui ne sont pas officiellement
déclarés. C’est le cas, à titre d’exemple, de ceux qui, abandonnés à eux-mêmes, errent dans les rues
d’Abidjan. Ces personnes, dans la vie quotidienne, peuvent être impliquées dans la conclusion d’actes, soit
dans la commission d’un fait causant un dommage à autrui. Que dit le droit à leur sujet ?
Contrairement au mineur, le majeur incapable n’a pas bénéficié de l’attention du législateur ivoirien ; il n’y a
donc pas de loi ivoirienne spécifique au majeur incapable. Il faut donc recourir au code civil français, dans
ses dispositions antérieures à l’indépendance (1960) pour examiner les actes et les faits juridiques du majeur
incapable.

a. Les actes juridiques


La question concerne la validité, entre autres, d’un testament rédigé, d’un contrat de bail ou de tout autre
acte juridique conclu par un majeur incapable.
La validité des actes juridiques est subordonnée à l’existence de quatre conditions : la capacité, le
consentement, l’objet, la cause (article 1108 du code civil).
Le consentement (la volonté) de l’aliéné nous intéresse particulièrement ici. Pour conclure un contrat, il faut
être saint d’esprit, être lucide et jouir de toutes ses facultés. Or, l’aliéné n’est pas saint d’esprit ; son
consentement n’est pas lucide ; on peut même dire qu’il y a ici absence de consentement.
En conséquence, peut être prononcée, la nullité de l’acte conclu par l’aliéné ; à condition, bien entendu que
la preuve de l’aliénation mentale soit rapportée par témoignages ou à l’aide d’expertises médicales. Il faut
donc faire la preuve de l’existence du trouble mental au moment de la conclusion de l’acte.

b. Les faits juridiques


Le principe est celui de l’irresponsabilité de l’aliéné par application des règles du droit commun de la
responsabilité civile ; car il ne peut y avoir de faute imputable à un individu qui n’est pas saint d’esprit, à
l’exception de la faute commise par l’aliéné en période de lucidité.
A défaut de retenir la responsabilité de l’incapable majeur, il faut y substituer la responsabilité civile de la
personne en charge de l’aliéné (un parent ou même la mairie, autorité administrative), si celle-ci s’est rendue
coupable d’un défaut de surveillance.
Dans ce sens, le code pénal prévoit la démence parmi les cas d’impunité ; autrement dit, un fou qui commet
une infraction (il vole, viole ou tue une personne) ne peut être poursuivi devant un tribunal ; il ne peut donc
être condamné à une peine d’emprisonnement. C’est ce sens qui ressort de l’article 102 du code pénal qui
dispose : « Il n’y a pas de responsabilité pénale lorsque l’auteur des faits est atteint lors de leur
commission d’une altération de ses facultés mentales, ou d’un retard anormal de son développement,
tels que sa volonté est abolie ou qu’il ne peut avoir conscience du caractère illicite de son acte »

PARAGRAPHE 2 : L'INCAPACITE DE JOUISSANCE

L'incapacité de jouissance est spéciale. Elle ne concerne que quelques droits déterminés.
A la base des incapacités de jouissance des personnes physiques, on peut relever trois types de justifications
:
A. L'incapacité de jouissance peut être prononcée à titre de sanction, à la suite d'une infraction
commise par le concerné.
Exemple: celui qui est condamné pour crime est privé, pour une période de 10 ans au moins à compter de
sa libération, du droit d'occuper un emploi dans l'administration, d'exercer dans l'enseignement ou d'être
tuteur d'un incapable mineur ou majeur.

B. L'incapacité de jouissance peut être une mesure de méfiance ou de défiance (soupçon) :


il est ainsi interdit au tuteur de se porter acquéreur des biens de son pupille, ou au Commissaire-priseur de se
porter acquéreur des biens qu'il est chargé de vendre.

C. L'incapacité de jouissance peut être édictée enfin dans un souci de protection du concerné
dont le manque de discernement fait présumer son impossibilité à poser des actes sensés.
Exemple : il est interdit au mineur (non émancipé) et au majeur interdit de faire des donations, de faire le
commerce, de voter ; aussi, le mineur non émancipé ne peut contracter un mariage sauf 18 ans pour la fille.
L'acte accompli au mépris d'une incapacité de jouissance est atteint de nullité, et son annulation pourra être
judiciairement obtenue.
L'incapacité de jouissance est irrémédiable. L'incapable ne peut accomplir l'acte ; et personne ne peut le
faire pour lui.

CHAPITRE 2 - LES PERSONNES MORALES


A l’instar des personnes physiques, les personnes morales sont aussi des acteurs de la scène juridique.
Ce sont des groupements de personnes ou de biens qui interviennent dans tous les secteurs de la vie
économique ; sociale, culturelle et politique.
Ex. Les sociétés, les associations, les syndicats, l’Etat, les partis politiques, les ONG etc.
Cependant, contrairement aux personnes physiques, les personnes morales n’ont pas toutes la personnalité
juridique appelée ici personnalité morale ou civile.
La personnalité morale est donc l’attribution de droits et d’obligations à des groupements de personnes ou à
des groupements de biens. Aussi, distingue-t-on des personnes morales de droit public et des personnes
morales de droit privé.

SECTION I - LES PERSONNES MORALES DE DROIT PUBLIC


Elles sont composées :
• De l’Etat et de ses démembrements c’est-à-dire les départements, les communes, les régions, les
districts ;
• Des établissements publics nationaux (EPN) qui sont des services publics dotés d’une autonomie
administrative et financière. Ex. Les hôpitaux, les universités etc… ;
• Des personnes morales de droit public à caractère mixte qui sont des collectivités publiques de l’Etat
qualifiées de mixte parce que voyant la participation de personnes privées.
Exemple : LA SOTRA, LA CIE, ETC…

SECTION 2 : LES PERSONNES MORALES DE DROIT PRIVE


Elles sont composées des groupements de personnes et des groupements de biens.

PARAGRAPHE 1 : LES GROUPEMENTS DE PERSONNES


Ces groupements sont classés en fonction du but qu’ils poursuivent. Ils peuvent rechercher un bénéfice ou
pas.
A. LES GROUPEMENTS DE PERSONNES A BUT NON LUCRATIF

1. LES ASSOCIATIONS
Elles sont régies par la loi n° 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations ; selon cette loi, «
L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon
er
permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que lucratif ». (article 1 ).

a. Les différentes formes d’association


La loi distingue deux formes d’association.
Les associations déclarées à la préfecture ou autre circonscription administrative bénéficient de la
personnalité morale.
Les associations reconnues d’utilité publique sont des associations déclarées qui ont demandé et obtenu de
l’Etat de Côte d’Ivoire, la reconnaissance d’utilité publique. Elles bénéficient de la personnalité morale et
ont une capacité juridique plus étendue que celle de l’association simplement déclarée.
L’association non déclarée est privée de personnalité morale.

b. La différence entre l’association et la société


L’association se distingue de la société par une série de critères.
Le but : La société a un but lucratif ; l’association a un but non lucratif
Le nom des membres : Les membres d’une société sont appelés des associés ; les membres d’une
association sont appelés des sociétaires.
La déclaration du groupement. Une association est déclarée à la préfecture ou à la circonscription
administrative où se trouve son siège social. Une société est immatriculée au registre du commerce et du
crédit mobilier tenu au greffe du tribunal du lieu où se trouve son siège social.
Le sort des biens lors de la dissolution du groupement. A la dissolution d’une société, les biens sont
partagés entre les associés ; alors qu’à la dissolution d’une association ses biens sont transférés à une autre
association poursuivant le même but.

2. LES SYNDICATS PROFESSIONNELS


Les syndicats sont des groupements de personnes physiques, notamment des travailleurs ou des employeurs,
« ayant exclusivement pour objet l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux
tant collectifs qu’individuels» de leurs membres (article 51.2 de la loi n° 2015-532 du 20 juillet 2015
portant code du travail).
Le syndicat professionnel jouit de la capacité civile ; il acquiert donc la personnalité morale et peut ester en
justice, à compter de la date de dépôt de ses statuts à la mairie ou à la circonscription administrative du lieu
où est établi son siège social (article 52.1 du code du travail).

3. LES CONGREGATIONS RELIGIEUSES


Leur formation est licite : cependant, elles n’acquièrent la personnalité juridique que par une reconnaissance
administrative.

B. LES GROUPEMENTS DE PERSONNES A BUT LUCRATIF


Les personnes morales à but lucratif sont entre autres, les sociétés dont la raison d’être est la recherche
de bénéfices et les groupements d’intérêt économique.
La société est selon le code civil, « un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes décident de
mettre en commun leurs activités ou leurs biens dans le but de partager le bénéfice qui pourra en
résulter ». On distingue les sociétés civiles des sociétés commerciales.

1. Les sociétés civiles


Elles n’ont pas une activité commerciale. Elles ne peuvent effectuer que des opérations de caractère civil
telles que les activités libérales, l’agriculture, la construction immobilière, l’enseignement etc…

2. Les sociétés commerciales


Elles sont celles qui ont une activité commerciale. Il existe plusieurs formes de sociétés commerciales. Les
sociétés de personnes (SNC, SCS) ; les sociétés de capitaux (SA), les SARL…etc……

3. Les groupements d’intérêt économique (G.I.E)


Ils ont une nature hybride car ils ont pour objet de faciliter et de développer l’activité économique de leurs
membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité.
Ils peuvent aussi rechercher ou non la réalisation et le partage de bénéfices.

PARAGRAPHE 2 : LES GROUPEMENTS DE BIENS


Ils concernent essentiellement la fondation. La fondation est une masse de biens qui est affectée
spécialement et à perpétuité à une œuvre d’intérêt général, charitable et désintéressée par la seule volonté
d’une personne, le fondateur. Cette affectation résulte des donations et des legs effectués par une personne
physique.
Dans la pratique, les fondateurs obtiennent la personnalité juridique par la reconnaissance d’utilité publique.
Ex. Fondation Félix Houphouët-Boigny prix Nobel La fondation Rockefeller….

SECTION 2 : IDENTIFICATION DE LA PERSONNE MORALE


La constitution d’une personne morale est subordonnée à un certain nombre de formalités. A l’origine de la
naissance de la personne morale, il y a d’abord une manifestation de volontés individuelles, volontés de
personnes physiques qui décident de se regrouper. Cette manifestation de volontés se matérialise par un
contrat (les statuts de la société ou de l’association) ou une souscription ou une déclaration unilatérale
accompagnée de formalités. Il peut s’agir d’une simple déclaration, d’un dépôt de statuts ou d’un
enregistrement.
Ensuite, il y a une intervention de l’Etat se traduisant par un agrément, une approbation, une autorisation
administrative ou une reconnaissance d’utilité publique.
Enfin il y a des mesures de publicité, surtout pour les sociétés commerciales qui n’obtiennent la
personnalité morale qu’à la suite de leur immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier. Il
en va de même des associations qui bénéficient de la personnalité morale une fois déclarées à la préfecture
ou autre circonscription administrative.

SECTION 2- LE FONCTIONNEMENT DE LA PERSONNE MORALE


Le statut de la personne morale est calqué par les juristes sur celui de la personne physique. Ainsi le droit
lui reconnaît la capacité juridique, mais aussi des critères d’identification analogues à ceux de la personne
physique.

ER
PARAGRAPHE 1 - L’INDIVIDUALISATION DE LA PERSONNE MORALE
Le Droit reconnaît à la personne morale les attributs de la personne physique ; ainsi, comme la personne
physique, la personne morale a :
- une dénomination sociale ; c’est le nom de la personne morale ;
- un siège social ; c’est le domicile de la personne morale ;
- une nationalité qui permet de savoir la loi qui lui est applicable ; cette nationalité est déterminée par
le lieu où est fixé le siège social de la personne morale.
- Un patrimoine constitué par l’ensemble des biens apportés par les personnes physiques, membres du
groupement, et dont la personne morale est propriétaire. Ce patrimoine est distinct de celui des
membres de la personne morale.
- La capacité juridique qui permet à la personne morale, comme le fait la personne physique,
d’accomplir quotidiennement des actes juridiques.

PARAGRAPHE 2- LA CAPACITE JURIDIQUE DE LA PERSONNE MORALE


La capacité juridique permet à la personne morale d’accomplir des actes juridiques, comme le font les
personnes physiques. Ainsi la personne morale peut contracter : par exemple, elle peut louer un local pour
abriter son siège social ou pour accomplir son activité de production ou de distribution de richesses.
Elle peut conclure un contrat pour engager des travailleurs à travailler pour son compte. Elle peut acheter
du matériel d’exploitation, des matières premières et vendre en retour des produits finis, des marchandises.
La capacité juridique permet à la personne morale de défendre ses intérêts devant les tribunaux : elle peut
intenter une action en justice et, à l’inverse, être poursuivie en justice.
Pour l’exercice de ses droits, la personne morale ne peut qu’avoir recours à une personne physique qui agit
en son nom et pour son compte, en qualité de membre de l’organe représentatif (Président, Directeur,
Administrateur, gérant …etc.).

SECTION 3- LA DISPARITION DE LA PERSONNE MORALE


La personne morale peut cesser d’exister de différentes manières. Elle peut disparaître :
- à l’expiration du temps pour lequel elle a été constituée ;
- par la réalisation ou l’extinction de l’objet social, par la mort, la faillite ou l’incapacité d’un associé ;
- par la liquidation des biens de la personne morale ;
- par la volonté de ses membres (associés ou sociétaires) ;
- par la volonté du gouvernement si la personne morale est constituée sur la base d’une autorisation
administrative qui lui a été retirée, ou encore si elle commet des actes contraires à l’ordre public et aux
bonnes mœurs ;
- par décision judiciaire si son fonctionnement normal n’est plus possible ou s’il est devenu irrégulier.
La personne morale subsiste pendant la période de liquidation de son patrimoine. Lorsque les biens de la
personne morale viennent à être liquidés, le produit de la liquidation sert à payer d’abord ses créanciers, et le
reliquat est partagé entre les associés s’il s’agit d’une société. Les biens de la personne morale dissoute sont
dévolus à un groupement poursuivant un but similaire s’il s’agit d’un groupement à but désintéressé
(exemple une association). Ses biens sont restitués au fondateur ou à ses héritiers s’il s’agit d’une fondation.

TITRE 4 - LES DROITS DES PERSONNES PHYSIQUES


Ils désignent l’ensemble des pouvoirs, prérogatives attribuées par le droit objectif (loi) à chaque personne en
vue d’imposer, d’exiger ou d’interdire quelque chose. Ces attributs ou droits des personnes physiques
peuvent être classés en deux catégories à savoir les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux. Par
ailleurs ces droits portent sur des choses qui en constituent l’objet.

CHAPITRE 1 : LES DROITS EXTRA-PATRIMONIAUX OU DROITS DE LA PERSONNALITE


Ce sont des droits qui ne sont pas directement évaluables en argent. Ils ne peuvent faire partie du patrimoine
car ils sont intimement liés à la personnalité de chacun.
Ex. Droit à l’image, droit à l’honneur, droit à la liberté d’opinion etc…
Ces droits naissent et disparaissent avec les personnes. Ils ne peuvent, ni être transmis aux héritiers, ni être
saisis par les créanciers du titulaire.

SECTION 1 : LES CARACTERES DES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX


Les caractères du patrimoine sont les suivants :
• caractère incessible : les droits ne peuvent être cédés à qui que ce soit.
• caractère intransmissible : ces droits ne peuvent en principe être transmis aux héritiers sauf
qu’exceptionnellement, il est reconnu au conjoint ou aux parents du défunt le droit de protéger la
mémoire, la réputation et la pensée de celui-ci.
• caractère insaisissables : ils ne peuvent être saisis par les créanciers de la personne.
• caractère imprescriptible : ils ne peuvent s’acquérir ou se perdre par l’écoulement du temps.

SECTION 2 : LA CLASSIFICATION DES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX


On distingue d’une part les droits publics de la personnalité ou droits de l’homme et d’autre part les
droits privés de la personnalité.

PARAGRAPHE 1 : LES DROITS PUBLICS EXTRAPATRIMONIAUX OU DROITS DE L’HOMME


Ces droits constituent un ensemble de droits élémentaires et de libertés fondamentales reconnus à toute
personne dans ses rapports avec l’Etat et qui sont opposables aux personnes dans leurs rapports privés.
Ce sont les droits politiques et les libertés publiques.

A. LES DROITS POLITIQUES


Ces droits concernent essentiellement le droit de vote, le droit d’éligibilité, le droit à l’égalité civique et
politique. Ils sont prévus par la constitution en son Titre I relatif aux droits et libertés.

B. LES LIBERTES PUBLIQUES


Il s’agit de libertés définies et prévues par la constitution, des lois particulières ou par des déclarations de
Droits. On a :
1. Le droit à la vie : ce droit est une nécessité. Il permet d’assurer le respect et la protection du droit à la
vie ce qui aura pour conséquence la prohibition de la peine de mort ainsi que l’avortement.
2. Les libertés physiques : c’est précisément la liberté d’aller et venir.

a. La liberté d’aller et de venir


C’est le droit qu’a tout individu de se déplacer, se promener et de s’établir librement sur toute partie du
territoire national (article 21 de la Constitution).

b. Le droit au respect de la dignité de la personne


Il est expressément prévu par la Constitution. L’esclavage, la traite des êtres humains, le travail forcé, la
torture physique ou morale les traitements inhumains, cruels, dégradants et humiliants, les violences
physiques sont interdits (article 5 de la Constitution).

c. L’individu a droit au développement et au plein épanouissement de sa personnalité. Toute


personne a droit à la santé, à l’éducation, et à la formation professionnelle (article 9 de la
Constitution).

3. La liberté morale :
La liberté de pensée et la liberté d’expression, notamment la liberté de conscience, d’opinion philosophique
et de conviction religieuse ou de culte sont garanties par la Constitution.
Ces libertés s’exercent sous la réserve du respect de la loi, des droits d’autrui, de la sécurité nationale et de
l’ordre public (article 19 de la Constitution).

4. Les libertés professionnelles :


La loi reconnaît à tout citoyen la liberté du commerce et de l’industrie ou liberté d’entreprise (article 13 de
la Constitution).
Toute personne a le droit de choisir librement sa profession ou son emploi (article 14 de la Constitution).
La liberté syndicale et le droit de grève reconnus aux travailleurs des secteurs public et privé (article 17 de la
Constitution).

PARAGRAPHE 2 : LES DROITS PRIVES DE LA PERSONNALITE


Ces droits sont reconnus à toute personne dans ses rapports avec les autres et sont opposables à l’Etat. Ils
sont constitués par les droits de la personne et par les droits de la famille.

A. LES DROITS DE LA PERSONNE


Ces droits visent à protéger le corps humain (droit à l’intégrité physique) et les éléments moraux de la
personnalité (droit à l’intégrité morale) en les déclarant hors du commerce juridique. Il s’agit :

1. Du droit à l’intégrité physique


Qui est protégé par le principe de l’indisponibilité et celui de l’inviolabilité du corps humain.
Le principe de l’indisponibilité interdit le commerce juridique du sang humain et ses dérivés ainsi que les
organes humains. Quant au principe de l’inviolabilité, il signifie que tout être humain a le droit d’exiger
qu’aucune atteinte ne soit portée à sa vie ou à sa santé.

2. De droit à l’intégrité morale


Ce droit a pour objet la protection des éléments moraux de la personnalité juridique. L’on cite généralement
le droit à l’image, le droit de chacun au respect de sa vie privée, le droit à l’honneur…

a. Le droit à l’image
C'est le droit reconnu à toute personne sur son image. Par conséquent, elle peut interdire aux tiers la
photographie, la reproduction et la publication de son image.
Le droit à l'image peut se confondre avec le droit au respect de la vie privée (cas d'un journaliste qui
photographie un homme public jouant chez lui avec ses enfants). Mais, le droit à l'image peut se distinguer
nettement du droit au respect de la vie privée (cas d'une danseuse photographiée pendant sa prestation).
La violation du droit à l'image entraîne comme sanction civile le paiement de dommages et intérêts et la
destruction des clichés et ouvrages.
La charge de la preuve des conditions de l'article 1382 du code civil incombe à la victime de l'atteinte au
droit à l'image.
Il n'y a pas de violation si l'on a donné son consentement pour la photo et pour sa divulgation. Mais il y a
faute si l'autorisation a été donnée seulement pour la photo et non pour sa divulgation. Par ailleurs, il n'y a
pas de préjudice si la personne photographiée n'est pas identifiable sur la photo. Cependant il y a des cas où
la prise de photo d’une personne sans son consentement ne constitue pas une faute.
er
1 cas : lorsque la photo est prise dans un lieu public ;
e
2 cas : la prise de photo d’une personne célèbre dans l’exercice de ses fonctions.
EX : un artiste en concert ;
e
3 cas : la publication de l’image d’une personne faisant la une de l’actualité.
En cas d’atteinte au droit à l’image, la victime de l’atteinte peut mettre en œuvre la responsabilité civile de
l’auteur de l’atteinte sur le fondement de l’article 1382 du code civil.

b. Le droit à l’honneur
Ce droit signifie que toute personne a le droit de faire respecter son honneur.
Ce droit est donc exercé chaque fois qu'une autre personne porte atteinte à notre honneur.
S'agissant des cas d'atteinte à l'honneur, on observe deux situations qui sont : la diffamation et l'injure.
La diffamation est « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la
er
considération de la personne ou au corps auquel le fait est imputé » (article 90 alinéa 1 de la loi portant
régime juridique de la presse)d. Pour que l'auteur de l'atteinte à l'honneur soit sanctionné, il faut que cette
atteinte soit intentionnelle. Dans un tel cas, l'auteur subit des sanctions civiles et des sanctions pénales.
Les sanctions civiles consisteront soit à attribuer des dommages et intérêts à la victime, soit à prononcer des
mesures propres à faire cesser l'atteinte.
Quant aux sanctions pénales, le code pénal ivoirien prévoit une infraction sur les injures. Ce qui peut
entraîner le paiement d'une amende ou une peine d'emprisonnement.

c. Le droit au respect de la vie privée,


Tout individu a droit au respect de sa vie privée car il s'agit d'un droit fondamental de la personnalité.
Cependant en pratique ce sont les artistes et les hommes politiques qui sont amenés à faire respecter ce droit.
En effet, étant des personnes publiques, la population est généralement intéressée par leur vie privée de sorte
que par le droit au respect de leur vie privée, ces personnes acquièrent le droit de tenir les tiers en dehors de
leur vie privée. Aussi les tiers n'ont-ils pas le droit de s'immiscer dans la vie privée des autres individus.
La vie privée englobe essentiellement la vie familiale et la vie amoureuse.
Mais pour les personnes publiques, la frontière entre ce qui relève de la vie privée et de la vie publique est'
difficile à déterminer de sorte qu'il revient au juge d'apprécier.
Le droit au secret de sa correspondance et celui au respect de son domicile (principe de l'inviolabilité du
domicile) sont aussi un droit qui protège le-secret de la vie privée.
Les sanctions établies en cas de violation du droit au respect de la vie privée sont d'ordre pénal et civil.
Les sanctions pénales sont prévues par les articles 383 et 385 du code pénal qui répriment la révélation du
secret professionnel, les violations du domicile et les violations de correspondance.
Les sanctions civiles ne sont applicables que si les conditions de l'action en responsabilité civile de l'article
1382 sont réunies, il s'agit d'une faute, d'un préjudice et d'un lien de causalité. Si ces conditions sont
remplies, l'auteur de la violation sera condamné au paiement de dommages et intérêts suivis de la suspension
ou la destruction des articles.

d. Les droits sur les œuvres de l’esprit : Ce sont les droits de la propriété littéraire,
artistique et industrielle.
Tout auteur ou artiste a ainsi un droit moral sur son œuvre.

B. Les droits de la famille


Ces droits appartiennent à une personne en tant que membre d’une famille. Ils résultent du mariage ou de la
filiation.
Dans le premier cas, chacun des époux a droit au secours, à l’assistance ou à la fidélité de l’autre.
Dans le second cas, c’est le droit de garde, de surveillance, d’éducation que les parents ont sur leurs
enfants mineurs.

CHAPITRE 2 : LES DROITS PATRIMONIAUX


Ce sont les droits accordés à la personne juridique pour l'exercice et la protection de libertés ordinaires non
fondamentales.
Les droits patrimoniaux sont susceptibles d'évaluation pécuniaire, aliénables (peuvent être vendus ou cédés),
saisissables, transmissibles à cause de mort.
Les droits patrimoniaux font l'objet de deux subdivisions : la première distingue les droits personnels, la
seconde distingue les droits réels.

SECTION 1 : LES DROITS REELS

PARAGRAPHE 1 : DEFINITION
Le droit réel est celui qui donne à la personne un pouvoir direct sur une chose. Le pouvoir sur la chose est
dit direct parce qu'il s'exerce sans l'entremise d'une autre personne.
Exemple : le droit du propriétaire sur son véhicule, son stylo, etc.

PARAGRAPHE 2 : CARACTERES DU DROIT REEL


Le droit réel est un droit exercé sur une chose, et non contre une personne.
Le droit réel est opposable à tous. En ce sens que son titulaire peut empêcher quiconque de porter atteinte à
son droit, d'en troubler dit-on l'exercice.
Conséquences à déduire de ces caractères : Droit de suite et Droit de préférence
Si un tiers s'empare des biens d'autrui. Celui à qui ce bien appartient peut le revendiquer, le reprendre à
l'usurpateur. C'est le droit de suite. Le propriétaire peut exercer son droit sur la chose dans quelques mains
qu'elle passe. Le droit de préférence est le droit reconnu au titulaire d'un droit réel d'être préféré, en cas de
litiges, au titulaire d'un droit personnel. Exemple : B s'engage envers C à lui vendre son véhicule. Puis B
vend à S le véhicule promis à C. S dévient propriétaire du véhicule et donc titulaire d'un droit réel. C’est
titulaire d'un droit personnel envers B. si S et C réclament le véhicule, S sera préféré à C.
PARAGRAPHE 3 : CLASSIFICATION DES DROITS REELS
Les droits réels se répartissent entre droits réels principaux et accessoires.

A. LES DROITS REELS PRINCIPAUX


Ils ont pour trait caractéristique de conférer à leur titulaire une maîtrise totale de la chose. Maîtrise qui leur
permet de profiter en tout ou en partie des avantages matériels que cette chose est susceptible de procurer.

1. Le droit de propriété
« La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en
fasse pas un usage prohibé par les lois ou les règlements » (article 544 du code civil). De cette définition, il
résulte que le droit de propriété comporte trois prérogatives, encore appelées les attributs du droit de
propriété. Ce sont : l’usus, le fructus et l’abusus

a. Le droit d'usage ou USUS


C’est le droit d’utiliser la chose à sa convenance, c’est-à-dire le droit de s’en servir ou ne pas s’en servir.
Exemple : on peut ne pas porter un vêtement, ou laisser une voiture inutilisée dans un garage.

b. Le droit de percevoir les fruits ou FRUCTUS


C'est le droit de tirer profit de la chose objet de son droit, le droit d'en percevoir les revenus ou fruits.
Exemple : le propriétaire d'une habitation peut en tirer profit en la louant à des tiers.
On distingue plusieurs catégories de fruits :
-les fruits naturels sont ceux que la chose produit spontanément sans que le travail de l'homme soit
nécessaire comme les fruits des arbres, les œufs de poule ;
-les fruits industriels sont ceux produits à l'aide du travail de l'homme, comme la récolte des champs, la
pêche d'un étang ;
-les fruits civils consistent dans les revenus périodiques dus par les tiers aux termes d'un contrat tels que les
loyers des biens loués.

c. Le droit de disposition ou ABUSUS


C'est le droit de disposer d'une chose, soit matériellement en la consommant, en la transformant ou en la
détruisant, soit juridiquement en la cédant à autrui (par vente ou donation).
Exemple : le propriétaire d'un bœuf peut en disposer en le vendant ou en le consommant.

2. Les démembrements du droit de propriété.

a. L'usufruit
Il permet à une personne de se servir de la chose et d'en jouir, mais pas d'en disposer. Cette dernière faculté
reste attribuée au propriétaire qui, ainsi, réduit dans ses prérogatives, est dénommé nu-propriétaire.

b. La nue-propriété
C'est le fait pour une personne de n'avoir sur une chose que le droit d'en disposer, à l'exclusion de l'usufruit.
Exemple : le père qui accorde à son fils le droit d'usage et de perception des fruits sur un de ses immeubles
ne conserve que la nue-propriété.

c. Les servitudes
La servitude est une charge imposée à un immeuble (fond servant) pour l'usage et l'utilité d'un immeuble
voisin (fond dominant) appartenant à un propriétaire distinct.
Elle donne droit au propriétaire du fond dominant de retirer certains avantages d'un fond servant. Ainsi, le
propriétaire d’un immeuble enclavé a une servitude de passage sur le terrain voisin pour accéder à la voie
publique.

d. L’emphytéose :
C’est un droit de jouissance sur un immeuble conféré à une personne pour une période de longue durée. Le
bail emphytéotique consenti pour une durée comprise entre 18 et 99 ans sert essentiellement à mettre en
culture des terres en friche..
B. Les droits réels accessoires
C'est le pouvoir accordé à un créancier par son débiteur, sur une chose lui appartenant en garantie de sa
dette. Il confère au créancier un pouvoir non immédiat sur une chose du débiteur. Si ce dernier ne paie pas sa
dette, il sera substitué à cette dette la chose donnée en garantie. Les droits réels accessoires sont constitués
par l'hypothèque et le gage.

1. le gage
Lorsque les droits réels accessoires portent sur des meubles, ils sont appelés droits réels accessoires
mobiliers ; tel est le cas du gage ou nantissement ; le gage est un contrat par lequel un débiteur remet un
meuble à son créancier pour garantie de sa dette.

2. l’hypothèque :
Lorsque les droits réels accessoires ont pour objet un immeuble ; ils sont appelés droits réels accessoires
immobiliers.
Comme exemple, il faut citer l’hypothèque. C’est un droit réel portant sur un immeuble affecté à l’exécution
d’une obligation. C’est une sûreté réelle pouvant porter sur un ou plusieurs immeubles du débiteur. C’est
une garantie de crédit très commode, car elle laisse au débiteur la propriété et la jouissance du bien
hypothéqué tout en assurant une protection efficace au créancier..
NB : un créancier titulaire d’un gage ou d’une hypothèque a les droits suivants :

a. un droit de préférence : c’est le droit qui permet au créancier bénéficiaire d’être payé
avant les autres créanciers.
b. un droit de suite : c’est le droit qui permet au créancier bénéficiaire de saisir le bien
dans quelques mains que se soient.
3. l’antichrèse : c’est un contrat par lequel le débiteur remet une chose immobilière à son
créancier pour la garantie de sa dette. Elle entraîne de possession du propriétaire de son
immeuble.

SECTION 2 : LES DROITS PERSONNELS

PARAGRAPHE 1 : DEFINITION
Le droit personnel ou droit de créance est celui qui donne à la personne un pouvoir contre une autre
personne, celui d'exiger de cette dernière une certaine prestation. Ce droit appelé droit de créance par rapport
au sujet actif, se nomme obligation par rapport au débiteur, sujet passif. L'obligation peut consister en une
obligation de donner, de faire ou de ne pas faire. L'obligation de donner est celle par laquelle le débiteur
s'engage à transférer au créancier un bien. L'obligation de faire est celle par laquelle le débiteur s'engage à
réaliser quelque chose pour le créancier.

Exemple : obligation du puisatier à creuser un puits, du cordonnier à réparer une chaussure, etc.
L'obligation de ne pas faire est celle par laquelle le débiteur s'engage à une abstention d'agir. L'obligation
peut être en nature ou en argent. L'obligation en nature est celle dont l'objet n'est pas une somme d'argent.
L'obligation en argent est celle dont l'objet est une somme d'argent.

PARAGRAPHE 2 : Caractères des droits personnels


Deux caractères sont à relever :

A. Le droit personnel est un droit exercé contre une personne (physique ou morale) et non
sur une chose.
B. le droit personnel porte sur le patrimoine du débiteur, c'est-à-dire sur l'ensemble des biens
du débiteur.
Le droit personnel ne porte pas sur la personne du débiteur. Le droit personnel ne porte pas sur un ou
plusieurs biens déterminés du débiteur. De sorte qu'en cas d'inexécution, le débiteur ne pourra être vendu
comme esclave, ou être emprisonné pour être contraint à exécution.
Le créancier ne pourra se faire payer qu'en saisissant n'importe quel bien compris dans le patrimoine du
débiteur. On dit alors que le patrimoine du débiteur est le gage général de ces créanciers.
Conséquences à déduire de ces caractères : absence de droit de suite et de droit de préférence

• Absence de droit de suite


Si le débiteur aliène un de ses biens, le créancier ne peut pas suivre le bien, c'est-à-dire, le revendiquer à la
personne entre les mains de laquelle le bien est passé. On dit que le créancier n'a pas de droit de suite.

• Absence de droit de préférence


Si le débiteur contracte de nouvelles dettes, le créancier le plus ancien n'a pas sur les biens du débiteur, le
droit d'être préféré. Il ne sera pas désintéressé avant les autres. Il subira le concours des créanciers les plus
récents. On dit alors que le créancier n'a pas de droit de préférence.

SECTION 3 LES DROITS INTELLECTUELS OU DROIT DE CLIENTELE


Ce sont des droits qui ont une valeur pécuniaire mais que l’on ne peut classer dans les droits réels, car ils ne
portent pas sur une chose corporelle ; on ne peut non plus les ranger dans les droits personnels, car ils n’ont
pas un débiteur déterminé. Ce sont des monopoles d’exploitation ; ils portent :
➢ soit sur des choses de l’esprit, d’où l’appellation de droits intellectuels ; exemple : les droits
d’auteur sur les œuvres littéraires et artistiques.
➢ Soit sur des clientèles, d’où l’appellation de droit de clientèle résultant notamment des brevets
d’invention, des marques de fabrique, des dessins et modèles, d’un nom commercial…etc

CHAPITRE 3 : LES BIENS DES PERSONNES JURIDIQUES


Les biens sont des choses, objet de droit ou des droits exercés sur des choses. Cependant, toutes les choses
ne sont pas des biens. C'est le cas des choses sur lesquelles aucun droit réel ne peut être établi. Il s'agit des
choses communes dont tous les individus usent mais qui n'appartiennent à aucun d'entre eux. Exemple :
l'air, la lumière solaire...
Tous les biens ne sont pas non plus des choses. Les choses ont en principe une consistance matérielle or
certains droits portant sur les éléments incorporels ont un support abstrait, un support intellectuel.
Les biens qui feront l'objet de notre étude seront liés à des choses, c'est pourquoi, il existe plusieurs
classifications des biens en fonction des choses, objet de droit.

SECTION 1 : CLASSIFICATION DES BIENS FONDEE SUR LA NATURE DE LA CHOSE

PARAGRAPHE 1 : LES BIENS MEUBLES


Ce sont des choses corporelles qui par nature sont mobiles. On distingue les meubles par nature, les meubles
par anticipation et les meubles par détermination de la loi.

A. Les meubles par nature


Il s'agit des choses qui peuvent être transportées d'un lieu à un autre.

B. Les meubles par anticipation


Ce sont des biens immobiliers destinés à acquérir la nature mobilière.

C. Les meubles par détermination de la loi


Ce sont tous les droits mobiliers.
Exemple : usufruit portant sur un meuble, gage, droit de propriété sur des parts sociales, le fonds de
commerce.

PARAGRAPHE 2 : LES BIENS IMMEUBLES


Ce sont des choses corporelles qui par nature sont immobiles. Il en existe 3 sortes qui sont : les immeubles
par nature, les immeubles par destination et les immeubles par les objets auxquels ils s'appliquent.

A. LES IMMEUBLES PAR NATURE


Ce sont des biens qui en raison de leur nature physique (leur lien avec le sol) ne peuvent se déplacer ni être
déplacés. Il s'agit :
• du sol ;
• tout ce qui est fixé au sol par des fondations ;
• les végétaux tant qu'ils adhèrent au sol : les arbres.
B. LES IMMEUBLES PAR DESTINATION
Ce sont des meubles que la loi classe dans la catégorie des immeubles en raison des liens étroits qui les
unissent aux immeubles. En effet, ils peuvent concourir avec les immeubles à la même fin économique.
Exemple : animaux de culture, tracteurs, machines agricoles.
Ils peuvent aussi être rattachés aux immeubles en étant scellés au ciment. Ils ne peuvent donc être détachés
sans être eux-mêmes fractionnés ni détériorés ou encore sans briser la partie de l'immeuble où ils sont fixés.

C. LES IMMEUBLES PAR L'OBJET AUQUEL ILS S'APPLIQUENT.


Ce sont tous les droits réels portant sur les immeubles.

Exemple : servitude, usufruit, hypothèque...


Ce sont aussi toutes les actions en justice qui sanctionnent les droits réels immobiliers.

SECTION 2 : CLASSIFICATION DES BIENS FONDEE SUR L'UTILISATION DES CHOSES


Cette classification fait ressortir les distinctions suivantes.

PARAGRAPHE 1 : LES CHOSES FRUGIFERES ET NON FRUGIFERES


Une chose est frugifère ou non lorsqu'elle produit ou non des fruits.

PARAGRAPHE 2 : LES CHOSES CONSOMPTIBLES ET NON CONSOMPTIBLES


Les choses consomptibles disparaissent dès usage.
Les choses non consomptibles peuvent être utilisées plusieurs fois.

PARAGRAPHE 3 : LES CHOSES DE GENRE ET LES CORPS CERTAINS


Les choses de genre ne sont pas individualisées. Elles ne sont déterminées que dans leur espèce. Elles sont
interchangeables, ce qui fait dire qu'elles sont fongibles.
Exemple : 50 bouteilles de vin.
Les corps certains au contraire ont une individualité, un caractère unique Exemple : la maison d'Ernest, le
tableau de Picasso.

SECTION 3 : CLASSIFICATION FONDEE SUR L'APPROPRIATION DES CHOSES


On distingue :

PARAGRAPHE 1 : LES CHOSES COMMUNES


L'air, la lumière solaire etc.

PARAGRAPHE 2 : LES CHOSES SANS MAITRE


Ce sont les biens vacants qui n'ont pas de propriétaire actuellement.

PARAGRAPHE 3 : LES CHOSES HORS DU COMMERCE


Ce sont des choses inaliénables, c'est-à-dire, qu'ils ne peuvent pas être vendus. Il s'agit des biens du domaine
public. Il s'agit aussi des biens frappés d'inaliénabilité, c'est-à-dire des choses appartenant à des propriétaires
qui ne peuvent ni les vendre, ni les donner.

TITRE 5 : LES OBLIGATIONS

CHAPITRE 1 : DEFINITION, SOURCES ET CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS

SECTION 1 : DEFINITION
L'obligation est un lien de droit existant entre deux personnes (ou deux groupes de personnes), en vertu
duquel l'une doit faire quelque chose au profit de l'autre. L'obligation présente donc trois éléments :

1. Elle met en relation deux personnes : le créancier de l'obligation et le débiteur de la dette.


2. Elle consiste en une ou plusieurs prestations : il existe des obligations de donner de faire ou
de ne pas faire.
3. Elle a un caractère obligatoire : le créancier dispose u un pouvoir de contrainte qui lui
permet de recourir à la force publique pour obtenir l'exécution de la prestation.
Exemple 1 : je vous emprunt 10 000 f CFA. J’ai l’obligation de vous restituer ces 10 000 f CFA que vous
m’avez prêtés. Je suis débiteur envers vous (j’ai une dette envers-vous) ; en revanche, vous êtes créancier
et vous êtes titulaire d’une créance envers moi. Dans cet exemple, l’obligation prend sa source dans un
contrat de prêt qui a été cercle entre nous.

Exemple 2 : je prends ma voiture, je renverse un piéton et je le blesse. Dans ce cas, j’ai l’obligation de
réparer le dommage que j’ai fait subir à cette personne ; lui rembourser les frais médicaux, les sommes
qu’elle à perdues en n’allant pas au travail. Dans ce cas, je suis débiteur et le blessé est mon créancier ;
mais à la différence de l’exemple précédent, l’obligation n’a pas pris naissance dans un contrat ; elle est
née à la suite d’un fait juridique (accident).
Ce caractère obligatoire distingue l'obligation juridique de l'obligation dite naturelle, qui n'a pas ou qui a
perdu la sanction étatique, mais peut être volontairement et valablement exécutée.
Exemple : le devoir alimentaire entre frères et sœurs est une obligation de conscience qui n'est pas
sanctionnée par la loi L'obligation prescrite n'est plus susceptible d'exécution forcée ; elle subsiste
comme obligation naturelle.

SECTION 2 : LES SOURCES DES OBLIGATIONS


La source d'une obligation est l'événement donnant naissance à cette obligation : geste malheureux, erreur
involontaire causant un dommage etc. Le code civil distingue cinq sources d'obligations.

• Le contrat
C'est un accord de volonté destiné à créer des obligations.
• Le quasi-contrat
C'est un fait volontaire et licite créateur d'obligation qui ne résulte d'aucun accord de volonté préalable.
Exemple : un propriétaire fait réparer un mur mitoyen sans avoir demandé l’accord de son voisin, il y a
gestion d'affaire obligeant le voisin à participer aux frais de réparation.
• Le délit
C'est un fait intentionnel et illicite qui cause un dommage à autrui, il oblige l'auteur du préjudice à
réparation.
Exemple : l'honneur d'une personne est atteint par diffamation. L'auteur de ce délit peut être condamné
par les tribunaux à réparer le préjudice moral subi par la victime.
• Le quasi-délit
C'est un fait non intentionnel qui cause un dommage à autrui.
Exemple : un pot de fleurs, par un grand vent tombe sur la tête d'un passant Le gardien (propriétaire)
peut être condamné à réparer le dommage involontaire ainsi provoqué.
Ces deux sources, délit et quasi-délit sont regroupées en une seule étude : la responsabilité civile délictuelle
qui aboutit, dans les deux cas, à la réparation du dommage.
• La loi
Le législateur impose directement des obligations à certaines personnes en dehors de tout acte ou fait de leur
part, il en est ainsi de l'obligation alimentaire due par les parents aux enfants (et inversement) ; et de
l'obligation de voisinage.

SECTION 3 : CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS


On peut classer les obligations d'après leur objet.

PARAGRAPHE 1 : OBLIGATION DE DONNER, DE FAIRE ET DE NE PAS FAIRE

A. L’obligation de donner
C'est l'obligation par laquelle le débiteur s'engage à transférer au créancier la propriété d'une chose.
Exemple : le vendeur s'engage à vendre la chose, "donner" n'a pas ici le sens de libéralité ; donner ici
veut dire transférer la propriété.

B. L'obligation de faire
C'est l'obligation par laquelle le débiteur s'engage à accomplir pour le créancier un acte ou à exécuter pour
lui une prestation.
Exemple : le peintre s'engage à faire votre portrait.

C. L'obligation de ne pas faire


C'est une obligation qui impose une abstention. Ainsi, tout vendeur d'un fonds de commerce s'interdit dans
le contrat d'installer le même commerce ou un commerce similaire dans une région déterminée où se trouve
le fonds vendu et durant un certain temps. Une classification plus récente fait ressortir les obligations
suivantes :

PARAGRAPHE 2 : OBLIGATIONS DE MOYENS ET OBLIGATIONS DE RESULTATS

A. Obligation de moyen ou obligation générale de prudence et de diligence


C'est une obligation par laquelle le débiteur est seulement tenu de faire tout ce qui est possible pour
satisfaire le créancier. Il doit mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose mais il ne garantit pas le
résultat.
Exemple : dans le contrat médical, le médecin s'engage à faire tout pour améliorer la santé du patient
mais il ne garantit pas la guérison. Ici, la responsabilité est engagée pour faute (absence de prudence
ou de diligence du médecin).

B. Obligation de résultat ou obligation déterminée


Ici, le débiteur est tenu de procurer au créancier le résultat attendu.
Exemple : celui qui emprunte une somme d'argent s'engage à la restituer.
Obligation de transporter sain et sauf le voyageur. Ici, la responsabilité est engagée sans faute (le constat
que le résultat promis par le transporteur n'a pas été atteint suffit pour engager sa responsabilité).

CHAPITRE 2 : LE CONTRAT
Le code civil définit le contrat et précise ses caractères. Il existe plusieurs contrats qui sont soumis à des
conditions de formation précises et produisent plusieurs types d'effets.

SECTION 1 : DEFINITION (article 1101 du code civil)


Selon le code civil « le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'obligent envers
une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. »

SECTION 2 - CARACTERES DU CONTRAT


L'élément essentiel du contrat est l'accord de volonté par lequel les contractants déterminent les effets du
lien juridique qu’ils créent.
Cet accord forme la loi des parties : c'est l'application du principe de l'autonomie de la volonté qui est
traduite par l'art. 1134 du code civil « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui
les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que par leur consentement mutuel ou pour des causes
que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi. »
Le principe d'autonomie de la volonté s'applique :

PARAGRAPHE 1 : LORS DE LA FORMATION DU CONTRAT

A. Les parties sont libres :


1. De ne pas contracter ;
2. De déterminer le contenu de leurs engagements. Elles peuvent aménager, à leur gré, les effets du
contrat, y insérer les clauses qui leur conviennent, qu'elles soient ou non prévues par la loi.

NB : L'autonomie de la volonté subit néanmoins quelques restrictions : les lois impératives.

Exemple : le contrat ne peut prévoir l'engagement de se livrer à la contrebande ou d'assassiner une


personne.

B. Le seul consentement suffit à créer l'obligation


Les formes (écrit, publicité) n'ont d'utilité que pour la preuve de l'obligation ou pour son opposabilité aux
tiers. C'est le principe du consensualisme. Cependant les contrats formels et réels font exception à ce
principe.

PARAGRAPHE 2 : PENDANT TOUTE LA DUREE DU CONTRAT, SEULES LES PARTIES PAR UN


NOUVEL ACCORD, PEUVENT MODIFIER LES OBLIGATIONS
Le législateur ne peut y porter atteinte, puisqu'en vertu du principe de la non-retro activité, les lois nouvelles
ne s'appliquent pas aux contrats en cours. Le Juge ne peut réviser le contrat au motif que les conditions
économiques ont changé.

SECTION 3 : CLASSIFICATION DES CONTRATS


Il existe de multiples classifications des contrats, selon que l'accent est mis sur le caractère, la nature, la
durée des obligations créées, les formes utilisées, l'importance de la personne, des contractants, etc.
L'on distingue notamment :

PARAGRAGHE1 : LES CONTRATS SYNALLAGMATIQUES (OU BILATERAUX) ET LES


CONTRATS UNILATERAUX

Le contrat synallagmatique crée une ou plusieurs obligations à la charge de chacune des parties.
Exemple : dans la vente, le vendeur est tenu de livrer la chose vendue et l'acheteur de payer les prix
Le contrat unilatéral ne crée d'obligations qu'à la charge d'une seule des parties.
Exemple : le prêt d'argent, l'emprunteur est tenu de l'obligation de rembourser.
Le prêteur n'assume aucune obligation.

Contrat synallagmatique
A — ► B
A < B
A doit à B
B doit à A.

Contrat unilatéral

A B
A doit à B
B ne doit rein à A

Remarque : le contrat unilatéral ne doit pas être confondu avec l'acte unilatéral.
En effet, le contrat unilatéral implique l'accord des deux parties, alors que l'acte unilatéral résulte d'une
seule volonté.
Exemple : dans le contrat de prêt, emprunteur et prêteur sont d'accord, tandis que la donation émane
d'une seule partie.

PARAGRAPHE2 : LES CONTRATS A TITRE ONEREUX ET LES CONTRATS A TITRE GRATUIT.

Dans un contrat à titre onéreux, chacun s'oblige en vue d'obtenir de l'autre contractant, un avantage
correspondant.
Exemple : la vente, le prêt à intérêt ;
Dans un contrat à titre gratuit, l'une des parties procure à l'autre un avantage sans contrepartie.
Exemple : la donation, le prêt sans intérêt.

PARAGRAPHE3 : LES CONTRATS COMMUTATIFS ET CONTRATS ALEATOIRES


Les contrats commutatifs sont des contrats dans lesquels la prestation prévue est à la charge de chaque
partie est certaine, déterminée (connues d'avance).
Exemple : la vente d'un immeuble à tel prix.
Les contrats aléatoires sont des contrats dans lesquels la prestation fournie par l'une des parties, dépend
d'un événement incertain, d'un aléa.
Exemple : la vente d'un immeuble moyennant le versement d'une rente viagère au vendeur : le prix
payé par l'acheteur dépend de la durée de survie du vendeur.

PARAGRAPHE 4 : LES CONTRATS CONSENSUELS, FORMELS, REELS


Les contrats consensuels se forment par le simple accord des parties. Aucune formalité n'est nécessaire à
leur validité. Si un écrit est rédigé, il n'a qu'un rôle de preuve des obligations. En vertu du principe du
consensualisme, la plupart des contrats sont consensuels.
Exemple : les ventes verbales de meubles sont valables.

Les contrats formels (ou solennels) ne sont valables que par l'accomplissement d'une formalité déterminée :
rédaction d'un acte notarié, exigence d'un écrit par exemple.
Exemple : le contrat de vente d'immeuble et d'hypothèque, doivent être rédigés par un notaire.
Les contrats réels nécessitent, outre l'accord des parties, la remise d'une chose.
Exemple : le prêt, le dépôt, le gage, ne sont valablement formés qu'après la remise matérielle de la chose.
Sans cette remise, en effet, l'obligation de restituer ne peut prendre naissance.

PARAGRAPHE5 : LES CONTRATS A EXECUTION INSTANTANEE ET CONTRATS SUCCESSIFS


Les contrats à exécution instantanée créent des obligations susceptibles d'être exécutées en un seul trait de
temps.
Exemple : la vente au détail

Les contrats à exécution successive créent des obligations dont l'exécution s'étend sur une certaine durée
déterminée ou indéterminée.

Exemple : le louage de chose, le prêt, le contrat de travail.

PARAGRAPHE 6 : LES CONTRATS A DUREE DETERMINEE ET A DUREE INDETERMINEE


Le terme du contrat à durée déterminée est fixe de manière certaine, lors que la conclusion ou contrat ; il ne
peut être modifié que par accord des parties ;
Exemple : A et B signent un contrat de travail pour deux ans.

Le contrat à durée indéterminée peut se poursuivre indéfiniment, car aucun terme n'est prévu. La nécessité
de protéger la liberté des co-contractants qui fonde la prohibition des engagements à vie ou de très longue
durée, a pour conséquence que chacun des contractants peut mettre fin unilatéralement à un contrat à durée
indéterminée.

PARAGRAPHE 7 : LES CONTRATS DE GRE A GRE ET CONTRATS D'ADHESION


Les clauses des contrats de gré à gré sont librement débattues par les parties.
Dans les contrats d'adhésion, au contraire, le contenu du contrat est imposé par l'une des parties à l'autre qui
"adhère" au contrat.
Il ne peut qu'accepter ou refuser en bloc le tarif et les horaires qui lui sont présentés.

PARAGRAPHE 8 : LES CONTRATS INDIVIDUELS ET CONTRATS COLLECTIFS


Les contrats individuels créent des droits et obligations au profit ou à la charge des seules parties au contrat.
Les contrats collectifs s'appliquent à des personnes qui ne sont pas parties au contrat.
Exemple : les conventions collectives conclues par certaines organisations syndicales peuvent, dans
certaines conditions, s'appliquer à l'ensemble des travailleurs d'une profession, qu'ils appartiennent ou
non à ces organisations.

PARAGRAPHE 9- LES CONTRATS CONCLUS INTUITU PERSONAE


Le contrat "intuitu personae" est conclu en considération de la personne du co-contractant.
En conséquence :
• l'erreur sur la personne entraîne la nullité du contrat,
• le décès du co-contractant met fin au contrat qui ne se transmet pas aux héritiers.
Exemple : contrat de travail
Toutes ces classifications sont susceptibles de se combiner
Exemple : un même contrat peut être : Synallagmatique, à titre onéreux, à durée déterminée, successif,
consensuel, commutatif et intuitu personae etc. C'est le contrat de travail

SECTION4 : LES CONDITIONS DE FORMATION DES CONTRATS


Le contrat ne peut produire ses effets que s'il est légalement formé.
Le contrat qui ne remplit pas les conditions légales nécessaires à sa formation, est nul.
Pour être légalement formé, un contrat doit satisfaire à quatre conditions de fond (art. 1108 du code civil).
• Les parties doivent consentir à l'acte : consentement,
• Elles doivent être capables de contracter : capacité,
• L'objet et la cause doivent exister et être licites.
Des conditions de forme peuvent également être exigées dans certains cas.

PARAGRAPHE1 : LES CONDITIONS DE FOND

A. LE CONSENTEMENT
Le consentement consiste dans la manifestation de volonté des contractants. Le consentement doit exister et
émaner d'une volonté libre et éclairée.
1. La volonté de contracter

Elle se manifeste expressément ou tacitement.


• Le consentement est exprès lorsqu'il se traduit par des signes extérieurs : Paroles, écrits, gestes.
• Le consentement est tacite lorsqu'il se déduit de certains actes, et notamment d'actes d'exécution du
contrat.
Exemple : le bénéficiaire d'une offre de vente paye l'objet, on en déduit qu'il a implicitement accepté de
l'acquérir.

• Le silence constitue-t-il une manifestation tacite de volonté ? Contrairement à l'adage "


qui ne dit mot
consent", le silence n'a, en principe, aucune signification juridique.

Exemple : le silence de celui qui reçoit d'office un journal ou des livres ne vaut pas acceptation et ne
permet pas à l'expéditeur de réclamer le prix des objets envoyés. Cependant, le silence peut être interprété
comme une manifestation de volonté tacite, lorsqu'il est entouré de circonstances particulières :

• Lorsque les parties sont habituellement en relation d'affaires,


• En matière de contrats successifs arrivés à expiration, ils sont automatiquement renouvelés, sauf
volonté contraire exprimée par les co-contractants. C'est la tacite reconduction.
Exemple : les contrats de bail, d'assurance, se renouvellent par tacite reconduction.

2. La formation du contrat
Elle nécessite l'accord de deux volontés, celle de l'offrant et celle de l'acceptant.
a. L'offre (ou pollicitation) est la manifestation de volonté par laquelle le pollicitant exprime
son intention de conclure le contrat, si une acceptation est formulée.
Elle peut être tacite ou expresse.
Exemple : le commerçant qui expose en vitrine les objets avec indications de leur prix. Le taxi qui attend
à une station fait une offre tacite.
b. L'acceptation est la manifestation de volonté par laquelle le destinataire de l'offre accepte la
proposition qui lui est faite. Cette acceptation peut être expresse ou tacite.
Exemple : le voyageur qui monte dans un autobus accepte tacitement l'offre de transport
c. La rencontre de l'offre et de l'acceptation forme le contrat.
La détermination du lieu de cette rencontre est délicate pour les contrats entre absents conclus par lettre ou
par téléphone.
Exemple : un fournisseur de Bouaké propose des marchandises à un détaillant d'Abidjan. Celui-ci envoie
par lettre son acceptation.

Le contrat est-il formé à Abidjan où l'acceptation est donnée, ou à Bouaké lorsque le fournisseur en a pris
connaissance ? Deux systèmes sont proposés :
• Selon le système de l'émission, le contrat est formé au moment et au lieu où l'acceptation est
émise : Abidjan ;
• Selon le système de la réception, le contrat est formé au moment et au lieu où le pollicitant
reçoit l'acceptation : à Bouaké ;
La jurisprudence décide que la détermination du lieu et du moment de la rencontre du consentement est une
question de fait, laissé à l'appréciation des tribunaux. Ceux-ci ont tendance à préférer le système de la
réception.
Le choix du lieu de rencontre des consentements entraîne des conséquences importantes :
• la loi applicable en cas de litige est celle en vigueur au moment et au lieu où le contrat est conclu ;
• la capacité des parties s'apprécie au moment de la conclusion du contrat ;
• le retrait de l'offre et de l'acceptation est toujours possible jusqu'au moment où le contrat est conclu
• si la chose périt par cas fortuit, le risque est supporté par le pollicitant jusqu'au moment où le contrat
est conclu par l'acceptant ;
• le délai de la prescription commence à courir à partir du jour de la conclusion du contrat

3. Les vices du consentement art. 1109 CODE CIVIL


Le consentement doit émaner d'une volonté libre et éclairée ; il ne doit pas être donné par erreur ou obtenu
par violence ou par tromperie. L'erreur, le dol et la violence constituent des vices du consentement. Le code
civil y a ajouté la lésion.

a. L'erreur
Le contractant commet une erreur lorsqu'il se trompe sur l'un des éléments constitutifs du contrat.
L'influence de l'erreur sur la validité du consentement varie selon la nature de l'élément sur lequel elle porte.
On peut distinguer :
• L'erreur destructrice du consentement (erreur obstacle)
Elle met obstacle à la rencontre des consentements. Ils en sont ainsi de :
✓ l'erreur sur la nature du contrat
Exemple : je crois que l'on me donne une chose alors qu'on me la vend. Il n'y a ni vente, ni donation.
✓ l'erreur sur l'identité de l'objet du contrat.

• L'erreur, vice du consentement.


Elle entraîne la nullité du contrat. Elle porte soit sur la substance, soit dans certains cas sur la personne.
• L’erreur sur la substance de la chose.
La substance consiste dans la qualité substantielle de la chose qui a déterminé le contractant à conclure le
contrat.
Exemple : je crois acheter un bijou en or, alors qu'il n'est qu'en métal doré.

• L’erreur sur la personne.


Elle n'est prise en considération que dans les contrats conclus intuitu personae, (en considération de la
personne). La personne du co-contractant comprend :
✓ Son identité : physique
Exemple : un individu est confondu avec un autre en raison d'une homonymie

✓ Son statut civil : il est marié, divorcé.

• L'erreur dépourvue de conséquence sur le contrat


Il en est ainsi de l'erreur qui porte sur :
✓ Les qualités non substantielles de la chose ;
✓ La personne du co-contractant, dans les contrats qui ne sont pas conclus intuitu personae ;
✓ Les mobiles qui ont poussé une personne à contracter.

b. Le dol
Le dol consiste dans l'usage de moyens frauduleux destinés à tromper une personne et la déterminer à
contracter.
Le dol ne constitue pas par lui-même un vice du consentement.
C'est l'erreur provoquée par le dol qui vicie le consentement. Le contractant qui commet une erreur se
trompe ; le contractant, victime d'un dol est trompé. Eléments constitutifs du dol : le dol consiste en des «
manœuvres, machinations, mises en scène, etc. sont néanmoins considérés comme suffisants :

• Le mensonge, à condition qu'il soit reprouvé par les mœurs : le simple fait de vanter les qualités d'un
objet n'est pas constitutif de dol.
• La réticence, c'est-à-dire le silence gardé sur des éléments importants du contrat.
Ces manœuvres doivent être :
• Le fait de l'un des co-contractants. Le dol d'un tiers est sans influence sur la validité du contrat.
• Commises intentionnellement c'est-à-dire avec l'intention de tromper le co-contractant.
• Déterminantes : sans elles, les contractants n'auraient pas conclu l'accord. Lorsque ces éléments
constitutifs du dol sont réunis, le contrat est nul de nullité relative.

c. La violence
La violence est constituée par la contrainte exercée sur la volonté d'un contractant afin de l'amener, par
crainte, à conclure un contrat.
C'est donc la crainte inspirée par la violence, et non la violence elle-même, qui porte atteinte à la libre
volonté du contractant et constitue un vice du consentement.
La violence comprend :
• Une menace
D'un mal considérable et présent ; Mettant en danger la personne ou les biens du
Co-contractant ou de ses proches.

• Cette menace doit être :


• Intentionnelle : le consentement est extorqué
• Injuste, la menace d'utiliser un droit n'est pas constitutive de violence.

Exemple : le créancier menace de faire saisir les biens de son débiteur pour obtenir paiement de sa créance.
Déterminante : sans la violence, le contractant qui en est victime n'aurait pas contracté,

d. La lésion
La lésion est le préjudice résultant, pour l'un des co-contractants de la disproportion entre la prestation qu'il
fournit et celle qu'il reçoit.
Cette notion, d'ordre purement économique, n'est incluse dans les vices du consentement que parce qu'elle
fait présumer la violence, l'erreur ou le dol.
Elle est plus facile à prouver que l'un de ces trois faits. La lésion n'est prise en considération que dans
certaines hypothèses déterminées. Il faut distinguer :

• Les contrats entre majeurs capables

Le défaut d'équivalence entre les prestations s'apprécie au moment de la formation du contrat. Il n'est pris en
considération que dans les contrats :

✓ À titre onéreux
✓ Commutatifs
✓ Synallagmatiques
✓ La vente d'immeubles car la lésion ne peut être invoquée en matière de vente de
meubles.

La lésion ne peut être invoquée que par le vendeur, parce qu'on peut, par des circonstances malheureuses,
être contraint de vendre, jamais d'acheter. Lorsque le prix de vente est inférieur de plus de 7/12 à la valeur
réelle de l'immeuble.
• Les contrats passés avec des mineurs
La rescision peut être demandée quel que soit le type de contrat et le taux de lésion.
• Les contrats passés avec des majeurs incapables
La rescision pour lésion sanctionne les actes accomplis par les majeurs sous sauvegarde de justice, et qui
causent à ceux-ci un préjudice.
L'existence d'une lésion entraîne la nullité relative du contrat, à moins que le co-contractant ne propose une
révision du contrat, en offrant un supplément de prix ou de part.

B. La capacité des parties ou la capacité de contracter


La loi exige la capacité comme l'une des conditions de fond du contrat.
La capacité est l'aptitude d'une personne à être titulaire de droit, et à les exercer.
En matière contractuelle, la capacité est l'aptitude à contracter. Cette aptitude à contracter est un principe
énoncé par la loi qui stipule "toute personne peut contracter si elle n'est pas déclarée incapable".
Pour pouvoir conclure un contrat, les parties ne doivent pas être frappées d'une incapacité de
Jouissance et d’exercice, c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas être privées de leurs droits ni être dans
l'impossibilité d'exercer seules les droits qu'elles possèdent si tel est le cas, le contrat passé par un incapable
(mineur non émancipé ou majeur incapable) est frappé de nullité.

C. L'objet
Le terme "objet" recouvre deux notions :
• L'objet du contrat, qui est de faire naître des obligations ;
• L’objet des obligations ainsi créées, qui consiste dans la prestation effectivement promise.
Exemple :
• L’objet du contrat de vente est défait naître les obligations de livrer la chose et d'en payer le prix ;
• L’objet de l'obligation est de livrer la chose elle-même qui est cédée : maison, meubles, fonds de
commerce, etc.
Il en résulte que l'objet est toujours le même pour chaque catégorie de contrat (créer des obligations de livrer
la chose et des obligations de payer le prix dans le contrat de vente ; créer des obligations de restituer, dans
le dépôt, de payer les intérêts dans le prêt à intérêt, etc.) : alors qu'il varie avec chaque obligation assumée
(un meuble, une somme d'argent, exécuter tel travail), etc.
L'objet de l'obligation est donc variable à l'infini et doit être licite.

D. La cause

1. Définition
Le terme de "cause" (comme celui d'objet) recouvre deux notions :
• La cause du contrat est constituée par les mobiles, les raisons qui ont poussé les Parties à
contracter : elle a un caractère subjectif. La cause du contrat existe donc toujours (sinon le
contrat serait l'œuvre d'un fou) et elle est variable à l'infini. La question essentielle qui se
pose à son égard est donc de savoir si les mobiles des parties sont juridiquement réguliers :
c'est le problème de la licéité de la cause.

• La cause de l'obligation, au contraire, a un caractère abstrait. Elle est donc identique pour
chaque catégorie de contrat. Le problème qui se pose à son égard est celui de l'existence de
la cause.
Exemple : je loue une maison. La cause de mon obligation de payer le loyer est l'engagement pris par le
propriétaire de m'assurer la jouissance des locaux. La cause du contrat peut être l'intention de me loger
ou d'y installer un repère de gangsters, etc.

2. Existence de la cause de l'obligation


La cause de l'obligation doit exister : la sanction de l'absence de cause est la nullité absolue du contrat, quel
qu'il soit.
3. Licéité de la cause du contrat
Parmi les nombreux mobiles qui motivent la conclusion d'un contrat, il importe d'isoler ceux qui ont été
déterminants de la volonté des contractants ; ils constituent la cause impulsive et déterminante du contrat. La
cause du contrat ainsi définie doit être licite.
Est illicite :
• La cause contraire à l'ordre public et aux lois impératives,
• La cause immorale.
Exemple : un immeuble est acheté pour en faire un établissement de débauche.
L'illicéité de la cause entraîne la nullité absolue du contrat.

PARAGRAPHE 2 : LES CONDITIONS DE FORME


En application du principe du consensualisme, le seul accord des volontés suffit à former le contrat.
Cependant, un certain formalisme est parfois nécessaire. On distingue deux catégories de formes :
• Les unes sont une condition de formation du contrat qui n'est valable que si elles ont été observées : le
contrat est formel
• Les autres ne sont nécessaires qu'à la preuve du contrat.
Les conditions de forme de validité des contrats sont exigées à peine de nullité du contrat. Elles consistent
soit dans la rédaction d'un acte (contrats solennels), soit dans la remise d'une chose (contrats réels).

A. LES CONTRATS SOLENNELS. L’acte peut être :

1. Notarié
Les actes juridiques pour lesquels la forme notariée (authentique) est exigée à peine de nullité sont rares. Ce
sont essentiellement la donation, le contrat de mariage, la constitution d'hypothèque, la vente d'immeuble à
construire etc.

2. Sous seing privé


Doivent être rédigés par écrit : le testament, le contrat d'apprentissage, la vente par démarchage à domicile
etc.

B. Les contrats réels


La remise de la chose est une condition de formation d'un certain nombre de contrats qui font naître une
obligation de restitution de cette chose : prêt, dépôt, gage etc.

SECTION 5 : LES EFFETS DES CONTRATS


Les contrats produisent des effets en principe entre les parties contractantes (A) mais dans certains cas, ces
effets étendent aux tiers (B)

PARAGRAPHE1 : LES EFFETS DES CONTRATS ENTRE LES PARTIES


Entre les parties, le contrat a une force obligatoire de sorte que son inexécution peut impliquer des sanctions.

A. LA FORCE OBLIGATOIRE DU CONTRAT


La force obligatoire du contrat existe certes entre les parties contractantes, mais elle s'étend aussi au juge et à
la loi.
1. La force du contrat entre les parties
Le principe de la force obligatoire du contrat entre les parties est consacré par l'article 1134 du code civil qui
dispose : « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».
Ce texte fait ressortir le fait que les hommes se doivent de respecter la parole qu'ils se sont donnée.
Ainsi, par leur accord de volonté, chaque contractant est lié par le contrat comme il le serait si son obligation
lui était imposée par la loi.
Les parties contractantes sont donc tenues d'une obligation d'exécution, d'une irrévocabilité du contrat et
d'une exécution de bonne foi de leurs conventions.

a. La force du contrat à l'égard du Juge


En principe, le Juge est lié par le contrat, comme il le serait par une loi. Par conséquent, le Juge ne peut
modifier le contrat, il n'est tenu que de son interprétation.
Si la volonté des parties est claire, le juge ne peut écarter les clauses du contrat, ni refuser de les appliquer.
Cependant, si une difficulté surgit sur le sens d'un contrat, le juge doit interpréter le contrat. Cette
interprétation doit se faire comme lorsqu'il interprète la loi.
Le Juge ne doit pas dans l'interprétation inventer des volontés qui, en réalité, lui sont personnelles
Son interprétation ne doit pas consister à dénaturer le sens de la convention qui comporte des clauses claires
et précises et qui ne prêtent à aucune ambiguïté.
L'interprétation du Juge doit se faire selon la bonne foi, l'équité et les usages. Cependant sous prétexte de
bonne foi, le Juge ne peut substituer sa volonté à des contractants.

b. La force du contrat à l'égard de la loi


En principe, les contractants doivent respecter les dispositions légales impératives sous peine de nullité.
Cependant, le contrat peut déroger aux lois qui n'intéressent pas l'ordre public. Ainsi un contrat peut
continuer de s'appliquer, bien que ses clauses soient contraires à une loi promulguée postérieurement.
Toutefois, lorsque la loi nouvelle intéresse l'ordre public, elle prévaut sur le contrat en cours. Le législateur
intervient aussi dans les cas où des circonstances imprévues bouleversent les prévisions des contractants et
entraînent ainsi une disproportion inattendue des prestations réciproques qui pourrait entraîner
l'enrichissement pour l'un des contractants et la ruine pour l'autre.
Dans ce cas, la loi agit pour le rétablissement de l’équilibre du contrat.

2. L'inexécution du contrat
Le contrat ayant force obligatoire, son inexécution est un fait contraire au droit qui appelle normalement une
sanction, à moins que l'inexécution n'ait été rendue possible par la force majeure.
En cas d'inexécution volontaire, le créancier peut soit engager la responsabilité contractuelle du débiteur soit
poursuivre l'exécution forcée ou demander la résolution du contrat.

a. La responsabilité contractuelle
Par exemple : un acteur s'est engagé à jouer une pièce pendant six mois au théâtre de la cité. Après neuf
représentations, le comédien décide unilatéralement de rompre son engagement, obligeant la direction à
pourvoir à son remplacement.

Le contrat conclu entre l'acteur et la direction du théâtre, présente un caractère obligatoire. Son inexécution
par l'une des parties est contraire au droit et doit être sanctionnée.
A défaut d'une exécution volontaire qui constitue le dénouement normal du contrat, il faut recourir à une
exécution forcée.
On peut envisager une exécution forcée en nature.
Dans l'exemple précité, cette mesure est impossible car il peut être question de forcer physiquement un
acteur à jouer sur une scène contre son gré. On doit alors recourir à l'exécution forcée par équivalent.
L'acteur défaillant doit être condamné à payer des dommages et intérêts sous forme d'une somme d'argent
présentant le caractère d'une indemnité et dédommageant la compagnie de théâtre pour le préjudice qu'elle
subit.
L'inexécution d'un contrat présentant en général le caractère d'une faute, et causant un dommage au
créancier, on dit que le débiteur est responsable et que l'exécution forcée par équivalent met enjeu sa
responsabilité contractuelle.

b. L'exécution forcée
L'exécution forcée du contrat a pour objectif le prélèvement, dans le patrimoine du débiteur, d'une somme
d'argent obtenu par la vente aux enchères publiques de ses biens qui ont fait préalablement l'objet de saisies.
Le créancier peut, en principe procéder librement aux saisies. Cependant, la jurisprudence n'hésite pas à
sanctionner les abus dans l'exercice de ce droit.

Exemple : pour une somme modique, le créancier ne doit pas saisir tous les immeubles du débiteur.
Le créancier ne peut pas toujours obtenir l'exécution forcée soit parce qu'il s'agit d'une obligation de faire,
pour laquelle la loi interdit une exécution forcée, soit parce que l'inexécution est définitivement consommée
(exemple : la chose transportée qui devrait être livrée a péri). Dans ces éventualités, le créancier doit se
contenter d'une satisfaction par équivalent qui consiste à lui verser des dommages-intérêts.

B. LES EFFETS DES CONTRATS A L'EGARD DES TIERS


En principe, les contrats ne peuvent ni nuire, ni profiter aux tiers. Cela signifie que les contrats ne sauraient
faire naître un droit à l'encontre ou au profit d'un tiers. Toutefois, il apparaît que les contrats ont non
seulement des effets à l'égard des parties, mais ces effets s'étendent sous certaines distinctions, à leurs ayants
cause.
En plus, les contrats peuvent produire des effets à l'égard des tiers étrangers et les parties elles-mêmes
peuvent prévoir des effets de leur convention à l'égard des tiers.

1. Les effets des contrats à l'égard des ayants cause des parties
Les ayants cause des parties à un contrat sont de trois sortes :
• Les ayants cause à titre universel ;
• Les ayants cause à titre particulier ;
• Les créanciers chirographaires.

a. Les ayants-cause à titre universel


Les ayants cause à titre universel sont les héritiers des parties au contrat qui succèdent aux droits et aux
obligations en cas de décès d'un contractant. Les contrats passés avant le décès continuent après le décès à
produire leurs effets à l'égard des successeurs à titre universel, comme ils les produisaient envers le défunt.
Ainsi, ils seront créanciers ou débiteurs là où leur auteur était lui-même créancier ou débiteur. Ce principe
peut être inefficace si les parties ont stipulé que le contrat ne liera pas leurs héritiers, ou si le contrat a été
conclu intuitu personae.

b. Les ayants-cause à titre particulier


Les ayants causes à titre particulier sont des personnes qui ont acquis d'une personne, un ou plusieurs biens
ou droits déterminés (exemple : un acheteur).
Le contrat ne pourra produire des effets à l'égard de ces personnes que s'il a un rapport avec le bien ou le
droit transmis.
Exemple : l'acquéreur d'un immeuble, ne saurait être tenu de payer la dette de son vendeur, résultant
d'un contrat de prêt qu'il a conclu avec quelqu'un d'autre.

c. Les créanciers chirographaires


Les contrats conclus par les débiteurs peuvent indirectement avoir des répercussions à l'égard des créanciers.
Les créanciers chirographaires ont un droit de gage général sur le patrimoine de leur débiteur. Ainsi, s'il fait
naître des créances, l'actif de son patrimoine augmente ce qui rassure les créanciers.
Mais s'il fait naître des dettes, c'est le passif de son patrimoine qui s'accroît et les créanciers peuvent se voir
opposer les effets des conventions du débiteur qui pourrait certainement être insolvable. En effet, même si le
débiteur contracte de nouveaux engagements, ceux-ci sont opposables aux créanciers chirographaires
antérieurs car tous les créanciers chirographaires viennent sur le même pied, quelle que soit la date à
laquelle ils sont devenus créanciers. Par ailleurs, si le débiteur vend un bien de son patrimoine, ces
créanciers chirographaires ne peuvent pas inquiéter l'acquéreur, du moment que le bien est sorti de son
patrimoine.

2. Les effets des contrats à l'égard des tiers étrangers

a. La promesse de porte-fort
C'est la promesse faite par une personne (A) à une autre (B) qu'une troisième personne (C) s'obligera à son
égard ou ratifiera l'acte passé entre A et B.
Se porter fort pour un tiers, c’est donc promettre soi-même qu’un tiers s’engagera.
Le porte-fort s'oblige donc personnellement à l'égard de son contractant à ce qu'un tiers assume à l'égard de
celui-ci Tel ou Tel engagement. Mais le tiers n'est lié en aucune manière et s'il ne fait pas ce qu'on attendait
de lui, c'est le porte-fort qui sera seul tenu à des dommages-intérêts envers son contractant.

Exemple : lorsqu'un mineur est appelé avec des majeurs à une succession, les cohéritiers majeurs
peuvent vendre les biens héréditaires à l'amiable, mais en se portant fort envers les acquéreurs que le
mineur devenu majeur n'attaquera pas la vente. Si le contraire se produit, les cohéritiers du mineur
devenu majeur dédommageraient les acquéreurs. C'est à partir du moment où le tiers s'engage qu'il est
lié par le contrat.

b. La stipulation pour autrui


Il y a stipulation pour autrui lorsque, dans un contrat, une des parties, appelée le stipulant, stipule de l'autre,
appelée le promettant, qu'elle donnera ou fera quelque chose au profit d'un tiers étranger appelé le
bénéficiaire.
Exemple : un individu stipule d'une compagnie d'assurance moyennant le payement d'une prime
annuelle, qu'elle remettra, lors de son décès, un capital soit à sa veuve, soit à ses enfants.

En principe nul ne pouvant acquérir un droit contre sa volonté, le tiers peut refuser le bénéfice de la
stipulation. Si le bénéficiaire accepte la stipulation, cela aura pour effet de consolider son droit, de rendre
l'opération définitive, en mettant obstacle au droit de révocation du stipulant. Au cas où le promettant
n'exécute pas la prestation qu'il s'est engagé à accomplir en faveur du tiers bénéficiaire, le stipulant peut agir
en résolution du contrat principal ou demander d'autres réparations. S'il le préfère, il peut contraindre le
promettant à exécuter l'engagement.

TITRE 6 : LA RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE

CHAPITRE 1 : LE PRINCIPE DE LA RESPONSABILITE CIVILE

SECTION 1 : LA NOTION DE RESPONSABILITÉ


Exemple : En arrosant les fleurs qui garnissent son balcon, Mme ACKAH commet une maladresse et
laisse échapper un pot dont la chute blesse un passant L'état de la victime exige des soins immédiats et
entraîne un arrêt de travail de cinq jours.

Mme ACKAH dont la maladresse constitue un délit civil est à l'origine de l'accident, elle est dite
civilement responsable et tenue de réparer le dommage subi par la victime. Celle-ci pourra être
indemnisée de toutes les dépenses entraînées par sa blessure et du manque à gagner résultant de son
arrêt de travail.
Il résulte de cet exemple que trois conditions cumulatives sont nécessaires pour qu'il y ait responsabilité
civile. Ce sont :
• Une faute (la maladresse qui cause la chute du pot)
• Un dommage subi par la victime (les conséquences de la blessure)
• Un lien de cause à effet entre la faute et le dommage (c'est la chute du pot qui a blessé le passant).
Lorsque ces trois conditions sont réunies, la responsabilité civile fait naître un lien d'obligation entre le
responsable du dommage et la victime.

PARAGRAPHE1 : L’ÉVOLUTION DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE


La notion de responsabilité est très ancienne mais les principes actuels se sont dégagés progressivement.
Dans les sociétés primitives, la victime avait le droit de se venger directement (la loi du Talion). Plus tard,
l'autorité publique est intervenue et la notion de réparation s'est substituée à celle de vengeance.
C'est ce qu'exprime le principe général énoncé par l'article 1382 du code civil aux termes duquel, « tout fait
quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le
réparer »

PARAGRAPHE 2 : LA RESPONSABILITE CIVILE ET LA RESPONSABILITE PENALE

A. DISTINCTION ENTRE DELIT CIVIL ET DELIT PENAL


Exemple, sur le chantier de construction d'une usine, une altercation oppose un ouvrier à son chef de
chantier. Un camarade qui se trouvait à proximité veut séparer les deux hommes et reçoit un coup de
poing qui le blesse gravement à l'œil.
Cet incident fait apparaître une double faute :

1. Une faute civile


En effet, en causant des dommages corporels à autrui, le coupable a commis un délit civil c'est -à-dire un fait
illicite. La victime est en droit de réclamer la réparation des dommages qu'elle subit.

2. Une faute pénale


En effet, le coupable s'est livré à un acte de violence que la société ne peut pas admettre. Il a commis un
délit pénal et doit être inculpé pour coup et blessure.
A la lumière de cette double faute, on constate qu'un fait causant un dommage à autrui
Constitue à la fois délit civil et un délit pénal.
Il y a donc lieu de distinguer :

✓ La responsabilité civile qui entraîne la réparation du dommage causé ;


✓ Et la responsabilité pénale qui entraîne l'application d'une pénalité.

B. LE LIEN ENTRE LES DEUX ACTIONS EN RESPONSABILITE


Lorsqu'une faute constitue à la fois un délit civil et un délit pénal, le coupable doit répondre de son acte vis-
à-vis de la société et vis-à-vis de la victime. Dans ce cas, deux actions peuvent être entreprises :
• D'abord devant la juridiction répressive, l'action publique met le coupable en accusation et tend à le
condamner à la peine qui doit être appliquée.
• Ensuite devant la juridiction civile, l'action civile permet à la victime d'obtenir réparation du
préjudice subi sous forme de dommages et intérêts.
Mais très souvent, les deux actions en responsabilité sont liées. La victime profite du procès qui est engagé
devant la juridiction pénale pour lier son action civile à l'action publique. On dit alors qu'elle se constitue
partie civile.

SECTION 2 : LES REGIMES DE RESPONSABILITE


Dans les deux exemples précédents, la ménagère maladroite et l'ouvrier palabreur voient leur responsabilité
mise en jeu à la suite d'une faute personnelle. Mais il n'est pas toujours nécessaire qu'une personne commette
personnellement une faute pour être déclarée civilement responsable et tenue de réparer un dommage.
L'article 1384 du code civil énonce que "on est responsable non seulement du dommage que l'on cause par
son propre fait mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des
choses que l'on a sous sa garde."
Ainsi, par exemple, le fonctionnement d'une machine peut engager la responsabilité de son gardien, même si
celui-ci n'a commis aucune faute. Le texte de l'article 1384 nous permet de distinguer trois régimes de
responsabilité.
La responsabilité du fait personnel ; La responsabilité du fait d'autrui ;
La responsabilité du fait des choses.

PARAGRAPHE 1 : LA RESPONSABILITÉ DU FAIT PERSONNEL


Chaque personne est d'abord responsable des fautes qu'elle commet personnellement. Ainsi, suivant la
formule de l'article 1382 du code civil, c'est "tout fait quelconque de l'homme" présentant un caractère fautif
qui peut entraîner la responsabilité civile de son auteur.
Quels sont les caractères de la faute personnelle ?
Il y a d'abord le caractère illicite et la faute par action ou la faute par omission.
S'agissant du caractère illicite, le droit fixe les règles qui régissent les relations entre les hommes. Il est
certain qu'un acte contraire au droit présente un caractère fautif.
Exemple, le code de la route fixant la conduite que doit tenir tout usager de la route ; toute inobservation
de ses règles engage la responsabilité civile du contrevenant.

Mais le droit ne peut tout prévoir ni tout réglementer. Ainsi, le caractère illicite d'un acte doit-il s'entendre de
façon plus large. Tout ce qui est contraire à la morale, aux bonnes mœurs, à la pudeur que doit respecter tout
homme pour ne pas nuire à ses semblables peut constituer une faute.
S'agissant de la faute par action ou par omission, lorsqu'on a accompli un acte qu'on ne devrait pas
commettre et qui engage sa responsabilité, il s'agit d'une faute par action.
Par ailleurs, une simple abstention peut aussi constituer une faute : il s'agit d'une faute par omission.
C'est ainsi, par exemple, que la loi fait obligation de porter assistance à personne en danger. Quelqu'un qui
refuserait de porter assistance à une personne en train de se noyer alors qu'il a la possibilité de tendre une
perche ou d'appeler au secours, commettrait une faute par omission susceptible d'engager sa responsabilité.

PARAGRAPHE 2 : LA RESPONSABILITÉ DU FAIT D'AUTRUI


Une personne peut être aussi responsable du dommage causé par le fait d'autres personnes qui sont placées
sous son autorité. Plusieurs cas sont prévus.

A. LA RESPONSABILITE DES PERE ET MERE


Exemple : à la sortie de l'école, un jeune garçon bouscule un de ses camarades qui fait une chute et se
fracture le bras. En bousculant son camarade, il n 'a peut-être pas eu conscience qu'il commettait une
faute : on estime que les parents ont mal éduqué leur enfant et sont responsables de son tempérament
brutal
Les parents de la victime vont pouvoir donc demander réparation des dommages causés, non pas au
coupable lui-même, mais à ses parents.
Les père et mère sont responsables des dommages causés par leurs enfants mineurs non émancipés habitant
avec eux.
Le père qui est présumé avoir mal éduqué ou mal surveillé son enfant, ne peut échapper à cette
responsabilité que dans deux cas :
• Si au moment de l'accident, l'enfant est confié à une personne et n'habite pas avec ses parents.
• S'il peut apporter la preuve qu'il a bien surveillé son enfant et qu'il lui a été absolument impossible
d'empêcher le fait dommageable.

B. LA RESPONSABILITE DE L'ARTISAN, DU FAIT DE SON, APPRENTI


L'artisan est responsable des dommages causés par son apprenti.

C. LA RESPONSABILITE DES ENSEIGNANTS DU FAIT DE LEURS ELEVES


Il en est de même de l'instituteur et du professeur, qui sont responsables des dommages causés par leurs
élèves pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.

D. LA RESPONSABILITE DES COMMETTANTS DU FAIT DE LEURS PREPOSES


Exemple : un chauffeur de camion employé par une entreprise de transport routier effectue
régulièrement le trajet Abidjan-Bouaké. Au cours d'un de ses voyages, il cause un accident »
Est-il tenu d'indemniser personnellement le dommage causé ?
Au moment de l'accident, ce chauffeur qui est salarié est en service et exécute l'ordre qui lui a été donné. La
responsabilité doit incomber à celui qui donne des ordres (le commettant) et non à celui qui les exécute (le
préposé) ; les commettants sont donc responsables du dommage causé par leur préposé dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés.
En général, c'est un contrat de travail qui lie le commettant au préposé. L'employeur tirant profit de l'activité
de son salarié doit en supporter les risques. C'est pourquoi le commettant ne peut être exonéré de sa
responsabilité en prouvant qu'il n'a pas commis de faute. Il pourra toutefois exercer un recours contre son
préposé appelé "action récursoire".

PARAGRAPHE3 : LA RESPONSABILITÉ DU FAIT DES CHOSES


Cette responsabilité découle de l'article 1384 du code civil suivant lequel "on est responsable du dommage
causé par le fait des choses que l'on a sous sa garde".

A. LES RESPONSABILITES PREVUES SPECIALEMENT PAR LE CODE CIVIL


Il y a d'abord la responsabilité du fait des animaux.
Exemple : un fauve s'échappe d'un zoo et erre plusieurs jours avant d'être capturé. Au cours de cette
fugue, il cause de nombreux dégâts matériels et blesse plusieurs personnes.
Même si elle n'a commis aucune faute, la direction du zoo est responsable de tous les dégâts causés par la
fugue de l'animal II en est ainsi chaque fois qu'un animal quelconque cause un dommage à autrui.
Il y a ensuite la responsabilité du fait des bâtiments
Exemple : un bâtiment en mauvaise état fait courir de graves risques aux voisins. Une tempête peut
abattre une palissade, arracher des tuiles... c'est le propriétaire de l'immeuble qui est responsable des
dommages causés. Cette responsabilité l'incite à entretenir son immeuble ou à le démolir s'il est trop
vétusté.

B. LE PRINCIPE GENERAL DE LA RESPONSABILITE DU FAIT DES CHOSES


Dans le but de mieux protéger les victimes d'accidents, en particulier les automobiles, la jurisprudence a
décidé que tout gardien d'une chose était responsable des dommages causés par cette chose sans qu'il soit
nécessaire de prouver une faute.
Ce principe est applicable à toutes les choses et concerne très souvent les véhicules mais peut s'appliquer
aussi aux choses non actionnées par la main de l'homme ou aux choses inertes (branches d'arbres, fils
électriques...)
Exemple : en entrant dans un restaurant, une personne trébuche au contact d'une chaise renversée et se
blesse en tombant sur le sol La chaise est à l'origine du dommage et le restaurateur est responsable. La
personne est donc le gardien de la chose. Le gardien est celui qui a l'usage, la direction et le contrôle de
la chose. C'est donc normalement le propriétaire qui est le gardien. Mais s'il est dépossédé de son bien à
la suite d'un vol, c'est le voleur qui devient gardien.
Aussi, pour que la responsabilité du gardien soit engagée, il suffit qu'il existe un rapport de causalité entre la
chose dont il a la garde et le dommage.

CHAPITRE 2 : LA MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITE CIVILE


Pour que la responsabilité civile d'une personne soit engagée, il faut que la faute qu’elle a commise soit à
l'origine d'un dommage.
Exemple : un automobiliste traverse une agglomération sans respecter l'arrêté municipal limitant la
vitesse. Il peut être pénalisé d'une contravention pour excès de vitesse mais sa responsabilité ne peut être
mise en jeu que s'il provoque un accident.
Ainsi, au cours du procès en responsabilité civile, le demandeur devra établir :
• Qu'il subit un préjudice ;
• Et que ce préjudice est la conséquence du fait dommageable

SECTION I : LE PREJUDICE

PARAGRAPHE 1 : LE PREJUDICE DOIT ETRE CERTAIN


En effet, on ne peut indemniser qu'un dommage qui est déjà réalisé. Le préjudice éventuel n'est pas pris en
considération par les tribunaux.
Exemple : le risque d'incendie qu'entraîne le voisinage d'une ligne de haute tension ne permet pas à un
propriétaire de réclamer une indemnité à la compagnie d'électricité. Tant qu'un incendie ne s'est pas
déclaré, ce propriétaire ne subit aucun préjudice.

PARAGRAPHE 2 : LE PREJUDICE PEUT ETRE MATERIEL OU MORAL


Le préjudice matériel se traduit par une perte évaluable en argent.
Exemple : une personne est blessée à la suite d'un accident Le préjudice matériel comprend à la fois les
dépenses d'hospitalisation : les frais médicaux et d'intervention chirurgicale et, la perte résultant de
l'arrêt de travail

PARAGRAPHE 3 : LE PREJUDICE SUBI PAR LA VICTIME PEUT ETRE AUSSI MORAL.


Exemple : le décès d'une personne aimée frappe ses proches parents dans leur affection. Une diffamation
porte atteinte à l'honneur et à la considération de celui qui en est la victime.
C'est la raison pour laquelle, l'indemnité fixée par le tribunal doit tenir compte non seulement du préjudice
matériel mais aussi du préjudice moral.

SECTION 2 : LE LIEN DECAUSALITÉ


Il doit exister un lien de cause à effet entre le fait générateur de la responsabilité et le préjudice. C'est
pourquoi la jurisprudence exclut la réparation du préjudice indirect et autorise le défendeur à prouver
l'influence d'une cause étrangère.

PARAGRAPHE 1 : LE PREJUDICE DOIT ETRE DIRECT


Exemple : une vache va brouter dans le pré du voisin, Elle est atteinte d'une maladie contagieuse et
contamine tout le troupeau de ce voisin. Celui-ci est obligé d'abattre ses bêtes, ne peut plus payer ses
créanciers et doit céder son exploitation.
Le propriétaire de la vache malade ne peut être tenu responsable de toutes ces conséquences malheureuses.
Seule, la perte du troupeau qui est la conséquence directe du fait dommageable doit être réparée.
Il résulte de ce qui précède que le préjudice indirect n'est pas pris en considération.

PARAGRAPHE 2 : LE DEFENDEUR PEUT INVOQUER UNE CAUSE ETRANGERE


Exemple : un automobiliste roulant à allure modérée renverse un cycliste voulant éviter un enfant qui
surgissant brusquement sur la chaussée, allait se jeter sur la voiture d'une manière tout à fait
imprévisible.
Le geste imprévisible de cet enfant constitue un cas de force majeure qui exonère en principe la
responsabilité de l'automobiliste.
D'une manière générale, tout événement présentant un caractère absolument imprévisible, irrésistible et
extérieur à l'auteur de l'acte constitue un cas de force majeure.
Ainsi si, le défendeur prouve que l'accident est dû à une cause étrangère, sa responsabilité sera dégagée.
Cependant, en matière d'accident de la circulation, la jurisprudence n'admet l'exonération que dans des cas
très rares.

SECTION 3 : LA REPARATION DU PREJUDICE


Après avoir constaté que toutes les conditions de la responsabilité civile sont remplies, le tribunal peut se
prononcer sur le principe de la responsabilité civile et ordonner la réparation du dommage causé.

DEUXIEME PARTIE : DROIT COMMERCIAL

INTRODUCTION
Le droit commercial n'a pas reçu une définition unanime. Mais le droit ivoirien combine les conceptions
ère
subjectives et objectives. Selon la l , le droit commercial est le droit qui s'applique aux commerçants. Selon
la seconde, c'est le droit qui s'applique aux actes et opérations de commerce.
Le droit commercial s'inspire largement du droit civil. Autrement, lorsqu'il existe un vide juridique en droit
commercial, c'est aux règles de droit commun qu'on a recours. Et pourtant, malgré ce lien étroit avec le droit
civil, le droit commercial s'en distingue au regard de ses buts, techniques et solutions, mais aussi de ses
sources.

CHAPITRE I-LA SPECIALITE DU DROIT COMMERCIAL


La spécialité du droit commercial ressort de son but, de l’originalité de ses techniques et de celles des
solutions

SECTION 1 : LE BUT DU DROIT COMMERCIAL


Le but du droit commercial est de répondre aux nécessités du commerce et à ses spécificités c'est-à-dire la
rapidité et la simplicité.

SECTION 2 : L'ORIGINALITE DES TECHNIQUES


Le droit commercial utilise des moyens simplifiés de payement (billet à ordre, lettre de change). Il existe en
droit commercial, un système d'information des tiers : le Registre de Commerce et du Crédit Mobilier (R. C.
O.M.).

SECTION 3 : L'ORIGINALITE DES SOLUTIONS


On peut citer par exemple :
• La cessation de payement : en droit civil elle est qualifiée de déconfiture et le débiteur est laissé à la
tête de son patrimoine. Ce qui fait qu'il a le temps de dilapider ses biens. Au contraire, en droit
commercial, le débiteur est enlevé à la tête de ses biens et remplacé par un syndic.
• Le contrat de bail : le commerçant bénéficie d'un droit au bail alors que le locataire non commerçant
n'en bénéficie pas.
• La solidarité : elle est présumée en droit commercial entre les codébiteurs alors qu'en droit civil, elle
doit être prévue par un texte.
• La preuve : elle se fait par tout moyen en droit commercial alors qu'en droit civil elle n'est pas libre.

CHAPITRE 2 : LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL


Le droit commercial a en commun avec le droit civil, la loi, la coutume, la jurisprudence et la doctrine. Mais
particulièrement, elle a d'autres sources.
Les arrêtés ministériels ; les usages ; les actes uniformes de l'organisation pour l'harmonisation en Afrique
du droit des affaires.
Il faut distinguer entre les sources légales (A) et les sources non légales (B).

A. LES SOURCES LEGALES


Il s'agit principalement des Actes uniformes, puis des lois non contraires aux Actes uniformes

1. Les Actes uniformes


Cette terminologie est issue de l’article 5 alinéa 1 du traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires et
désigne les actes pris pour l'adoption des règles communes applicables dans les États parties. Trois de ces
actes étaient applicables depuis le 1er janvier 1998, tandis que d’autres sont entrés en vigueur en 2004 puis
en 2011.
D'autres actes uniformes viendront compléter ce dispositif au fur et à mesure de l'extension des matières à
harmoniser afin de sécuriser le monde des affaires. Il s'agit notamment du droit des contrats et la
réglementation des sociétés civiles, du droit du travail et de la prévoyance sociale, du droit de la vente aux
consommateurs, etc.
Ces différents Actes uniformes ont vocation à régir l'ensemble du droit des affaires. Mais en ce qui concerne
le droit commercial, les Actes uniformes qui représentent ses principales sources sont l'acte uniforme portant
sur le droit commercial général qui se présente comme le droit commun en matière commerciale et celui
relatif aux sociétés commerciales et au groupement d'intérêt économique.
- L'acte uniforme portant droit commercial général (publié au J.O de l'OHADA du 1er octobre 1997 et au
J.O N°53 du 22 décembre 1997 de la République de Côte d'Ivoire) était applicable depuis le 1er janvier
1998. Il a été abrogé et remplacé par le nouvel Acte uniforme portant sur le droit commercial général adopté
à Lomé le 15 décembre 2010 et publié au J.O de l’OHADA le 15 février 2011. Aux termes des dispositions
de l’article, 307 dudit acte uniforme : « Il sera applicable quatre-vingt-dix jours à compter de sa date de
publication au J.O de l’OHADA conformément à l’article 9 du traité un traité relatif à l'Harmonisation du
Droit des affaires, signé à Port Louis le 17 octobre 1993, tel que révisé à Québec le 17 Octobre 2008. » La
publication a été faite le 15 février 2011 au J.O de l’OHADA. En conséquence, il est entré en vigueur le 15
mai 2011.

- L‘acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique (publié
au J.O, de l'OHADA du 1er octobre 1997 et au J.O, N°53 bis du 22 décembre 1997 de la République de
Côte d'Ivoire est applicable depuis le 1er janvier 1998. La réforme de cet acte est en cours. Les autres sont
les suivants.
Ces actes uniformes ont abrogé toutes les dispositions antérieurement applicables en matière commerciale.
Ils laissent, cependant, subsister les dispositions antérieures qui ne leur sont pas contraires.
En effet dans leur champ d'application, ils précisent que les commerçants, les entreprenants et les sociétés
commerciales de même que les groupements d'intérêt économiques demeurent soumis aux lois non
contraires, applicables dans l'État partie au traité.

2. Les lois non contraires aux actes uniformes


Il s’agit d’une part, du droit commercial, d’autre part, du droit civil.

a. Le droit commercial
Au sujet de l’application des dispositions non contraires du droit commercial antérieur, la République de
Côte d’Ivoire a posé la question suivante à la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage : que faut-il entendre
par loi contraire ?
Une loi ou un règlement ayant le même objet que l'acte uniforme et dont toutes les dispositions seraient
contraires à cet acte ou une loi ou un règlement dont seulement l’une de ses dispositions ou quelques-unes
de celles-ci seraient contraires ?
La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage a donné l’avis suivant, « l’appréciation du caractère contraire
d’une loi étant tributaire de la contexture juridique des cas d'espèce, il s’ensuit qu’une loi contraire peut
s’entendre aussi bien d’une loi ou d’un règlement de droit interne ayant le même objet qu’un acte uniforme
et dont toutes les dispositions sont contraires à cet acte uniforme que d’une loi ou d’un règlement dont
seulement l’une des dispositions ou quelques-unes de celles-ci sont contraires.

Dans ce dernier cas, les dispositions non contraires à celles de l’acte uniforme demeurent applicables.
Dans le cadre de l’acte uniforme sur le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique, les formules « lois contraires » et « dispositions contraires » indifféremment employées sont
absolument équivalentes. »
Cet avis de la CCJA recèle pourtant une ambiguïté. En effet, il est indiqué que la loi ou le règlement est
contraire même lorsque l’une des dispositions ou quelques-unes de celles-ci sont contraires. Mais dans ce
cas, les dispositions non contraires à celles de l'acte uniforme demeurent applicables.
On peut donc penser que dès lors qu’aucune disposition de la loi ou du règlement n'est contraire à l’Acte
uniforme, toute la loi devrait s'appliquer.
Quel serait alors le sort de l'Acte uniforme lui-même ?

En réalité, il convient de dire que, par principe, le droit commercial antérieur est abrogé par les actes
uniformes. Il en va de même de toutes les matières réglementées par les actes uniformes. Autrement dit, la
réglementation antérieure ayant le même objet qu'un acte uniforme disparaît. Sauf cas de renvoi exprès à la
loi nationale ou encore si une disposition de cette réglementation régit une matière non régie par l’acte
uniforme. C’est-à-dire cas de renvoi tacite.

Exemple : aux termes des dispositions de l'article 140 de l'acte uniforme relatif au droit commercial
général applicable depuis le 15 mai 2011, « Le locataire-gérant est tenu d’indiquer en tête de ses bons de
commande, factures et autres documents à caractère financier ou commercial avec son numéro
d’immatriculation au RCCM, sa qualité de locataire-gérant du fonds.

Toute infraction à cette disposition est punie par la loi pénale nationale. »
Dans ce cas de renvoi, on a recours aux peines prévues par la loi n°72-513 du 27 juillet 1972 relative à la
location-gérance du fonds de commerce, pourtant abrogée.
Quant aux textes partiellement contraires aux actes uniformes, toutes les dispositions partielles non
contraires demeurent applicables.

b. Le droit civil

Dans notre conception du droit, le droit civil constitue le droit commun qui régit les relations de droit privé.
C'est lui qui édicte les principes généraux qui président aux relations entre les individus et qui détermine le
statut juridique des personnes.
Le droit des affaires régit également les relations de droit privé, il subit incontestablement l’influence du
droit civil, c'est-à-dire, principalement, du code civil qui en constitue l'une des sources.
Cependant, il faut bien en convenir, il s’agit plutôt des relations spéculatives entre les personnes. C’est en
cela que le droit commercial se caractérise et se distingue du droit civil, même si le statut du commerçant en
tant que personne physique ou morale a une influence déterminante sur son activité.
Le droit commercial apparaît ainsi comme un droit d'exception, c'est-à-dire un ensemble de règles
particulières établies pour une certaine classe de personnes, les commerçants et les entreprenants et une
certaine catégorie d'actes, les actes de commerce.
Ainsi, pour bien comprendre les règles de droit commercial, il faut se référer aux principes généraux du droit
civil et notamment aux règles relatives aux obligations en général.
En effet, en matière de conclusion des conventions, les commerçants doivent respecter les règles de capacité,
de consentement, de licéité et de bonne moralité. Ils doivent exécuter leurs obligations sous peine d’engager
leur responsabilité laquelle est soumise aux règles de droit commun de la responsabilité contractuelle ou
délictuelle.

B. Les sources non légales


Il s'agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine.

a. Les usages
Ce sont des pratiques liées à la vie des commerçants qui, en raison de leur permanence et de leur application
régulière, prennent la valeur d’une règle de droit. La CCJA l'a encore reconnu expressément. Certes ne
s’agit-il pas de règles légales.
Mais elles n'en sont pas moins obligatoires. La CCJA avait été saisie de la question suivante : une sentence
arbitrale encourt-elle l’annulation si les arbitres, ayant pour mission de statuer exclusivement en droit sur les
demandes dont ils étaient saisis ont rendu leur décision en application des usages du commerce ?
Elle a décidé ce qui suit : « Attendu qu’en application du règlement d'arbitrage de la Cour de céans, en son
article 17 auquel les parties avaient convenu de soumettre leur litige, l’arbitre tiendra compte des usages du
commerce dans tous les cas, c'est-à-dire même lorsque les parties ont expressément désigné la loi devant
s’appliquer au différend, qu’en l’espèce, en se référant aux usages du commerce dont l’existence n’est pas
contestée par la requérante, le Tribunal arbitral a statué en droit ainsi qu’il en avait l’obligation... »
Les usages tiennent une place importante en droit commercial, car ils interviennent aussi pour pallier les
insuffisances des différentes réglementations. La loi, elle-même, renvoie aux usages. Ainsi, aux termes des
dispositions de l'article 1873 du code civil, « les dispositions relatives aux sociétés de commerce ne
s‘appliquent que dans les points qui n'ont rien de contraire aux lois et usages du commerce. »

Il en va de même de l‘acte uniforme portant sur le droit commercial général qui, en matière de vente
commerciale, consacre l’usage en son article 239 (207). En effet, aux termes des dispositions dudit article : «
Les parties sont liées par les usages auxquels elles ont consenti et par les habitudes qui se sont établies dans
leurs relations commerciales.

Sauf conventions contraires des parties, celles-ci sont réputées avoir adhéré (s’être tacitement, référées dans
le contrat de vente commerciale) aux usagés professionnels dont elles avaient connaissance ou, auraient dû
avoir connaissance, et qui, dans le commerce sont largement connus et régulièrement observés par les
parties à des contrats de même nature dans la branche d'activité concernée (commerciale considérée). »

Il faut distinguer entre les usages de fait ou encore usages conventionnels et les usages de droit ou encore
coutume.

- L'usage conventionnel se présente, à l‘origine, comme une pratique restreinte, limitée à un petit nombre
de commerçants qui se conforment toujours à la même manière d'agir lorsque les circonstances sont
identiques. Puis par imitation, les mêmes actes juridiques ou les mêmes actes matériels vont se généraliser
pour conférer à ces usages un caractère collectif.

Ainsi va se former une règle tacite qui, en s'incorporant dans des contrats de type déterminé, bénéficie à tous
ceux qui sont engagés dans des liens identiques.

L'usage conventionnel à la valeur d'une règle supplétive. Il tire sa force de l'autonomie de la volonté. Dans le
silence du contrat, il convient de présumer que ceux qui avaient la possibilité de l'écarter et qui ne l'ont pas
fait, sont censés l'avoir adopté ; ce par application de l'article 1160 du code civil aux termes duquel " on doit
suppléer dans le contrat les clauses qui y sont d'usage, quoiqu'elles n'y soient pas exprimées".

Il résulte de tout ce qui précède que c’est la volonté des parties, qu'elle soit expresse ou tacite, qui conduit à
l’application de l’usage conventionnel. Tant que les parties n’y ont pas consenti, l’usage conventionnel ne
s'applique pas.

En cas de litige, il appartient à, celui qui allègue un usage conventionnel d'en établir l'existence. Par ailleurs,
le juge peut écarter l'application de l'usage en faisant état de la volonté contraire des parties qui avaient la
liberté de ne pas le respecter.

Enfin, la violation de l'usage conventionnel par le juge ne donne pas ouverture à cassation.

- L'usage de droit ou encore coutume se forme de façon identique à l'usage conventionnel, mais il n'est pas
admis par interprétation de la volonté des parties : il s'impose par lui-même comme une norme objective.
Cependant, les parties peuvent y déroger par convention. Autrement dit, l‘absence d’expression de la
volonté des parties, conduit à l'application de l'usage de droit. C’est en cela qu'il se distingue de l'usage
conventionnel

L'usage de droit permet de déroger à des dispositions impératives de droit civil. Ainsi, la solidarité est
présumée en matière commerciale contrairement aux dispositions de l'article 1202 alinéa 1 du code civil aux
termes duquel : « La solidarité ne se présume point ; il faut qu’elle soit expressément stipulée. » C’est un
arrêt qui consacre cette présomption de solidarité : Reçu. 20 octobre 1920 (D. 1920 1 161) : « mais attendu,
d’une part, que l’article 1202 c. civ. invoqué par le pourvoi est sans application dans l’espèce ; qu’en effet
selon un usage antérieur au code de commerce et maintenu depuis, les tribunaux de commerce sont conduits
à considérer que la solidarité entre débiteurs se justifie par l’intérêt commun du créancier qu’il incite à
contracter et des débiteurs dont il augmente le crédit... »

- La Cour d'appel d'Abidjan le rappelle dans son arrêt en date du 6 mai 2005 ainsi qu’il suit : « Les
opérations de transit, de transport et de manufacture étant des actes de commerce au sens de l’article 3 de
l’Acte uniforme portant droit commercial, l’article 1202 du code civil n'est pas applicable, en cette matière
où la solidarité se présume...» (in répertoire quinquennal OHADA 2006-2010 T. 2 page 11)

Il en va de même de la règle qui permet la capitalisation des intérêts dans le compte courant alors qu'aux
termes de l'article 1154 du code civil, il faut une demande judiciaire ou une convention spéciale. Il en est de
même de la règle qui admet que la mise en demeure puisse se faire par tous moyens contrairement aux
dispositions de l'article 1139 du code civil.
On peut, enfin, citer la règle autorisant la réfaction du contrat par le juge contrairement à l'article 1184 du
code civil qui édicte la résolution.
Quoique de droit ou ayant un caractère “impératif ” et dérogeant à la loi civile, l'usage de droit ne peut
déroger à une loi commerciale ayant un caractère impératif.
Dans le cours d'une contestation, la preuve de l'usage de droit n'a pas à être rapportée par celui qui l'invoque,
car le juge doit le connaître et l'appliquer comme la loi elle-même. C'est pourquoi la doctrine soutient, à
juste titre, que la violation d'un usage de droit par le juge constitue la violation d‘une règle de droit et qu‘en
conséquence, la cour suprême saisie de ce chef devrait casser la décision rendue.

b. La jurisprudence
Ce sont les décisions rendues par les tribunaux ainsi que les sentences arbitrales rendues sous l’égide de la
Cour d'Arbitrage de Côte d’Ivoire dite CACI, de même que celles rendues en application du règlement
d’arbitrage de la CCJA.
Elles sont importantes, car c’est la jurisprudence commerciale qui intervient pour fixer les usages dont le
rôle est éminent dans le monde des affaires.
En doit ivoirien, les décisions rendues en matière commerciale relevaient de la compétence des tribunaux de
première instance ou de leurs sections détachées statuant en matière commerciale. Par décision n°01/PR du
11 janvier 2012, il a été créé les tribunaux de commerce qui sont des juridictions autonomes de premier
degré.
Désormais, les contestations relatives aux actes de commerce accomplis par les commerçants à l'occasion de
leur commerce et l'ensemble de leurs contestations commerciales comportant même un objet civil sont de la
compétence des tribunaux de commerce.
Toutefois et en l’état, seul le Tribunal de commerce d'Abidjan est opérationnel. Jusqu’à la mise en place
effective des autres tribunaux de commerce, les Tribunaux de droit commun conservent leur compétence en
matière commerciale.
En appel, les décisions sont rendues par les Cours d’appel et en cassation par la Cour Commune de Justice et
d’arbitrage dite CCJA.
L'application des Actes uniformes de l'OHADA, mais surtout la réforme issue du nouvel Acte uniforme,
laisse entrevoir la place prépondérante que va occuper la jurisprudence dans notre droit commercial
nouveau. En effet, comme toute disposition textuelle récente, les actes uniformes de l'OHADA renferment
des ambiguïtés, et parfois même des erreurs pour lesquelles il faut, une décision d‘une institution autorisée.
À côté de cela, les actes uniformes vont s'appliquer dans 17 pays avec tout ce que cela peut comporter
comme divergence dans l'interprétation des textes.
C’est pour résoudre ces problèmes, qu’il a été créé la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA) dans
le but d'harmoniser l'interprétation des textes et d'élaborer une jurisprudence commune à tous les États partis
au traité.

Ainsi, la cour, saisie par la voie du recours en cassation, se prononce sur les décisions rendues en dernier
ressort par les juridictions des États Parties dans toutes les affaires soulevant des questions relatives a
l'application des actes uniformes et de leurs règlements.
La Cour peut être également consultée par les États partis au traité, le Conseil des ministres de l’OHADA
sur toute question relative à l'interprétation et à l’application du traité et de ses règlements d’application. De
même, elle peut être consultée par les juridictions nationales saisies dans le cadre d’un contentieux relatif à
l’application des actes uniformes.
Dans l'application des actes uniformes, la jurisprudence et les avis, comme source du droit en général, vont
trouver toute leur expression.

c. La doctrine
Comme dans les autres disciplines juridiques, la doctrine interprète ou aide à interpréter les textes de loi.
Avec les actes uniformes, le rôle de la doctrine sera renforcé, car plus que par le passé, elle doit veiller à
discerner et à analyser toutes les dispositions nouvelles pour permettre, à travers sa contribution, d'asseoir un
droit commercial cohérent dans son application.
La doctrine commercialiste française pourra servir de référence puisque les actes uniformes de l'OHADA
sont largement inspirés des dispositions déjà en vigueur en France.

SECTION 3 : LES ACTES UNIFORMES DE L'OHADA


er
Depuis le 1 janvier 1998, un nouveau droit commercial est applicable en Côte d'Ivoire car le 17 octobre
1993 à Port Louis (Iles Maurice) 16 États ont signé un traité créant l'Organisation pour l'Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
Ce sont : le Bénin, le Burkina-Faso, le Cameroun, la Centrafrique, les Comores, le Congo Brazzaville, la
Côte d'Ivoire, le Gabon, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, la Guinée Équatoriale, le Mali, le Niger, le
Sénégal, le Tchad et le Togo.
Le droit commercial est donc gouverné par les actes uniformes depuis 1998 :
• Acte Uniforme portant Droit Commercial Général (AUDCG) ;
• Acte Uniforme relatif aux Sociétés Commerciales et au Groupement d'Intérêt Economique ;
• Acte Uniforme portant Organisation des Sûretés ;
• Acte Uniforme relatif aux procédures de recouvrement simplifiés des créances et voies d'exécution,
entré en vigueur en août 1998 ;
• Acte Uniforme portant Procédures collectives et d'apurement du passif, entré en vigueur en janvier
1999.

REMARQUES : TRIBUNAUX DE COMMERCE ET D’ARBITRAGE


En Côte d’Ivoire, il existe désormais un tribunal de commerce dans l’organisation judiciaire comme en
France qui connait en première instance de tout litige opposant les commerçants, régi par la loi n° 2014-424
du 14/07/2014.
Ensuite, en cas d’appel ce sont les chambres commerciales spéciales des cours d’appel qui sont compétentes.
Enfin, les décisions rendues par les juridictions d’appel sont déférées à la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage qui est saisit par la voie du recours en cassation pour connaître des pourvois dirigés contre
lesdites décisions.
Le tribunal de commerce statut sur en premier ressort sur toute demande dont l’intérêt du litige est supérieur
à un milliard (1 000 000 000) F CFA ou indéterminé ; et en premier et dernier ressort lorsque l’intérêt
n’excède pas un milliard.
Il siège de façon collégiale dont un juge professionnel président et deux accesseurs juges consulaires qui
sont des professionnels du domaine commercial, choisis par la chambre de commerce et nommé par décret.
Les juges consulaires ont un mandat de 3 ans renouvelable.

TITRE I : LE COMMERCANT
Plusieurs personnes se livrent au commerce. Mais on ne peut dès le premier abord les qualifier de
commerçants. Il faut donc déterminer les conditions pour être commerçant. Et en tirer les conséquences
c'est- à- dire les obligations des commerçants.

CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS POUR AVOIR LA QUALITE DE COMMERÇANT


Selon l'article 2 de l'acte uniforme portant sur le droit commercial général "est commerçant celui qui fait de
l'accomplissement d'actes de commerce par nature sa profession". A ces conditions, s'ajoute une troisième
d'origine jurisprudentielle qui stipule l'indépendance dans l'accomplissement professionnel des actes de
commerce.

SECTION 1- L'ACCOMPLISSEMENT D'ACTES DE COMMERCE


Il s'agit d'actes de commerce par nature, d'acte de commerce par la forme, d'acte de commerce par accessoire
et des actes mixtes.

PARAGRAPHE 1 LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE


Selon l’article 3 de l’OHADA, l'acte de commerce par nature est celui par lequel une personne s'entremet
dans la circulation des biens qu'elle produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service
avec l'intention d'en tirer un profit pécuniaire. Ont, notamment, le caractère d'actes de commerce par nature
• Les actes de commerce par nature à titre isolé
• Les actes de commerce par nature en entreprise.

A. LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE A TITRE ISOLE


Ils sont de plusieurs ordres et sont les suivants :

1. L'achat de biens meubles ou immeubles en vue de leur revente.


ère
1 condition: Il faut qu’il y ait achat préalable du bien sinon, il n’y a pas accomplissement d’acte de
commerce. Exemples: L’agriculteur qui vend ses produits ou qui les transforme avant de les vendre ne
fait pas d’actes de commerce. Mais lorsqu’il achète les produits des autres pour les transformer et les
revendre ensuite dans une proportion plus grande ou lorsqu’il loue ses machines aux autres, il accomplit
des actes de commerce par nature.
En matière d’élevage, l’activité devient commerciale si les animaux sont exclusivement ou en majeur partie
engraissés avec des produits achetés en dehors de l’exploitation.
ème
2 condition : Il doit exister une intention de revendre. Cette intention résulte de l’activité professionnelle
de l’acheteur.
ème
3 condition : L’intention de revente doit traduire la recherche d’un profit. Peu importe s’il y a eu perte à
la suite de la revente.
Sont aussi exclues les cessions d'œuvres littéraires ou artistiques.

2. Les opérations de banques, de bourse, de change, de courtage, d'assurance


et de transit.
Les opérations de banque et de change : il s'agit d'opération portant sur l'argent et le crédit. Elles doivent
être professionnelles et avec les capitaux d'autrui.
Exemple : escompte d'effet de commerce, dépôt de fonds...

a. Les opérations de bourse : ce sont des opérations portant sur les valeurs mobilières (cession,
contrat de gestion de portefeuille de valeur mobilière...). En principe, les opérations ne sont
pas des actes de commerce pour le donneur d'ordre sauf s'il agit non pas à titre de placement
de fonds mais à titre de spéculation.
b. Les opérations de courtage : elles consistent à mettre en rapport des personnes pour qu'elles
puissent passer un contrat.
c. Les opérations d'assurance : elles consistent à garantir les risques des tiers.
d. Les opérations de transit : elles consistent à accomplir toutes formalités d'entrée et de sortie
des marchandises selon les règles douanières pour le compte du client.
e. Les opérations de location de meubles
Il faut plusieurs opérations. Une seule opération demeure toujours civile. Sont exclus les immeubles dont la
location demeure toujours civile.

3. Les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication :


a. Les opérations de manufacture : ce sont les opérations de fabrication et de transformation de
produits à partir de matières premières achetées.
b. Les opérations de transport : c'est le transport des personnes et de marchandises par air, mer et terre.
c. Les opérations de télécommunication : ce sont les actes liés à l'exploitation du téléphone, fax,
cellulaire et internet.
d. Les opérations des intermédiaires : agences et bureaux d'affaires
Il s'agit de gérer les affaires d'autrui moyennant finance.

Exemple : agences de voyage, de spectacle.

B. Les actes de commerce par nature en entreprise


Ce sont des actes qui ne présentent le caractère commercial que s'ils sont accomplis dans le cadre d'une
entreprise. C'est-à-dire dans un cadre organisé.

1. Entreprise de fournitures
Ce sont des organismes qui s'engagent à effectuer, délivrer ou rendre des services à des termes périodiques
ou d'une façon continue.
Exemple : entreprise fournissant l'eau ou l'électricité (SODECI, CIE)

2. Entreprise de vente à l'encan


Ce sont les entreprises de ventes aux enchères publiques.

3. Les industries extractives


Il faut que l'exploitation soit faite dans des ateliers ou usines avec usage de machine et non sous forme
d'exploitations artisanales ou villageoises.

4. Les entreprises culturelles


Il s'agit de spectacles publics tels le théâtre, le cinéma, les prestations musicales... pour qu'ils soient
commerciaux, il faut que :
Les spectacles soient donnés habituellement ; Les spectacles soient publics ;
Les spectacles soient donnés dans un but de spéculation.

PARAGRAPHE 2 / LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME


On les rencontre lorsque certaines personnes posent des actes.

1. L’émission des effets de commerce:


La signature d’un effet constitue un acte de commerce par la forme. Les effets de commerce sont des
moyens de paiement et des instruments de crédit. On distingue la lettre de change, le billet à ordre et le
warrant:
Lorsque l’effet est émis par le créancier, on parle de lettre de change ; s’il est émis par le débiteur, on
parle de billet à ordre. Le warrant est un billet à ordre garanti par nantissement.

2. La création des sociétés commerciales:


Selon l’OHADA, et quel que soit leur objet, les sociétés que sont: La S N C, la S C S, la S A, la SAS et la S
A R L sont des sociétés commerciales par la forme. Peu importe que ces sociétés aient une activité civile ou
commerciale. En cas de procès, elles sont soumises aux juridictions commerciales.
Celui qui créé donc l’une de ces sociétés accomplit un acte de commerce par la forme.

PARAGRAPHE 3 / LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE


Notion: C’est un acte par nature civile qui devient acte de commerce par accessoire parce qu’accompli par
un commerçant dans le cadre de son activité commerciale.
Exemple: L’opération d’achat d’un véhicule par un commerçant pour les besoins de son commerce devient
un acte de commerce par accessoire..

A. LES CONDITIONS DE LA COMMERCIALITE PAR ACCESSOIRE


Tous les actes accomplis par un commerçant sont présumés effectués pour les besoins de son commerce. Il
faut donc que :
L’auteur de l’acte doit être commerçant c’est à dire une personne qui accompli des actes de commerce à
titre de profession habituelle,
L’acte par nature civil doit être accompli dans le cadre de son activité commerciale c’est à dire pour les
besoins et à l’occasion de son commerce.

Remarque : Il peut y avoir un acte civil par accessoire c’est à dire un acte par nature commerciale mais
accompli par un non commerçant dans le cadre de son activité civile. (Ex: Le dentiste qui achète des
prothèses et qui les revend à ses patients)

B. Le domaine de la commercialité par accessoire


La commercialité par accessoire s'étend au domaine contractuel et extra contractuel. Dans le domaine
contractuel, il s'agit des achats, vente, le gage.
Le cautionnement est civil sauf s'il est fait à titre professionnel. Quant aux actes relatifs aux rapports de
famille, ils demeurent toujours des actes civils (mariage, adoption...)

PARAGRAPHE 4/ LES ACTES MIXTES


Ce sont des actes qui sont commerciaux pour une partie et civiles pour l'autre. L'intérêt de l'étude des actes
mixtes se situe au niveau de leurs régimes juridiques.
Ainsi en matière de :

* La preuve : Si l’acte accompli est commercial et l’auteur commerçant, la preuve peut être faite par tout
moyen à son égard. En droit civil, il faut nécessairement un écrit.
* La solidarité des codébiteurs : Elle est présumée dans tous les actes ou plusieurs commerçants sont
codébiteurs. En matière civile, la solidarité doit être stipulée clairement.
* Le délai de prescription : La prescription est un délai au-delà duquel on ne peut plus réclamer son droit en
justice. Elle est de 30 ans en matière civile et de 5 ans en matière commerciale.
* La mise en demeure : Elle peut être faite par tout moyen à l’égard du commerçant et du non-commerçant.
* La clause compromissoire : Elle est valable entre commerçants et nulle en matière civile.
* La clause attributive de compétence : C’est celle par laquelle les parties décident de se rendre devant un
tribunal autre que celui qui est normalement compétent pour connaître de leur litige. Cette clause n’est
possible qu’entre commerçants.
* La compétence juridictionnelle: Les tribunaux de commerce sont compétents pour les contestations entre
commerçants et pour celles qui concernent les actes de commerce entre toutes personnes lorsqu’il s’agit des
actes de commerce par nature et par la forme; s’agissant des actes mixtes, voir régime juridique
correspondant.
NB : LA DETERMINATION D'UN CRITERE GENERAL L'ACTE DE COMMERCE
L'acte uniforme n'épuise pas la liste des actes de commerce. Il faut donc trouver un critère permettant de
classer les actes non envisagés par l'acte uniforme.

A. LES CRITERES
Il existe trois critères qu'il faut souvent combiner

1. Le critère de la spéculation
Il s'agit de la réalisation d'un profit. L'acte commercial est celui qui est fait dans le but de réaliser un profit.

2. Le critère de la circulation
Dans ce cas, c'est un acte d'entremise dans la circulation des richesses depuis la production jusqu'à la
consommation.

3. Le critère de l'entreprise
L'acte de commerce est celui qui est fait par une entreprise c'est-à-dire une organisation qui met en œuvre
des moyens matériels et humains.

B. Intérêt de la détermination des actes de commerce


• La prescription des créances commerciales est de 5 ans alors qu'elle est de 30 ans pour les créances
civiles.
• Le délai de grâce est écarté pour le chèque, le billet à ordre et la lettre de change.

SECTION II. L'ACCOMPLISSEMENT D'ACTES A TITRE DE PROFESSION HABITUELLE


C’est une occupation déterminée dont une personne tire les moyens de subsistance. Elle suppose une
organisation, une compétence, une répétition dans certains nombres d’actes.

NB: La question a été posée de savoir si la profession commerciale doit être exclusive ou si elle doit être
exécutée concomitamment avec une profession civile et conférer la qualité de commerçant. Distinguons
trois cas :
• 1er cas : L’activité commerciale peut être l’activité principale : Application de la théorie de
l’accessoire, l’auteur est commerçant.
• 2ème cas : L’activité commerciale peut être secondaire mais sans lien avec l’activité civile : L’auteur
est à la fois commerçant et civil (la théorie de l’accessoire ne joue pas car les deux activités n’ont pas
de lien. La condition exigée est que les actes de commerce doivent avoir un caractère habituel et non
occasionnel)
• 3ème cas : L’activité commerciale est le complément nécessaire d’une activité civile : l’auteur n’est
pas commerçant (théorie de l’acte civil par accessoire)

SECTION III. L'INDEPENDANCE DANS L'ACCOMPLISSEMENT PROFESSIONNEL DES ACTES


DE COMMERCE
Cela suppose que la personne doit d’accomplir librement accomplir les actes.
➢ N’est donc pas commerçant, celui qui travaille pour le compte d’autrui. Exemple: Les salariés liés
au commerçant par un contrat de travail, les mandataires qui agissent pour le compte d’autrui, les
gérants des SARL et les administrateurs des SA, les gérants des succursales sauf s’il s’agit d’une
location gérance…
➢ Il en va de même de celui qui est obligé d’accomplir les actes de commerce. Exemple : Cas de celui
qui vend à l’avance une partie de sa récolte et qui ne peut plus honorer ses engagements auprès de
son client habituel; et qui de ce fait doit acheter les produits chez d’autres. Certes, il y a achat pour
revente mais l’acte d’achat est involontaire, conditionné; et ne suffit pas pour qualifier d’habitude.

REMARQUE : DISTINCTION ENTRE COMMERÇANT ET AUTRES ROFESSIONS VOISINES


Il faut marquer une nette distinction entre le commerçant et certaines activités que sont l'artisanat et les
professions libérales.

A. DISTINCTION ENTRE COMMERÇANT ET ARTISAN


1. Notion d’artisan:
L’artisan est un professionnel indépendant qui vit du produit de son travail principalement manuel et
exerçant seul sa profession ou avec l’aide de parents ou amis et de quelques apprentis. L’artisan n’est pas un
commerçant ; il est soumis aux règles du droit civil. Il est immatriculé au répertoire des métiers. L’artisan
peut être une personne morale ou physique classée en fonction de la formation acquise, du savoir-faire et de
l’expérience professionnelle de l’agent, à savoir :
• Le maitre-artisan : jugé apte à donner une formation professionnelle dans une entreprise ou
établissement de formation à une ou plusieurs personnes et qui satisfait à des conditions (Brevet
professionnel, avoir 10 ans d’exercice, agréé)
• L’artisan : qualifié et reconnu tel dans son milieu ou titulaire d’un Certificat d’apprentissage ou d’un
diplôme d’un centre agréé.
• Le compagnon artisan : employé salarié ayant terminé son apprentissage ou justifiant d’une
qualification professionnelle.
• L’apprenti-artisan : personne sans qualification préalable placé auprès du maitre-artisan dans le
cadre d’un contrat d’apprentissage en vue d’une formation
• L’aide familiale : issue de la cellule familiale de l’artisan âgée d’au moins 15 ans et qui l’aide à
exercer son activité.
Les 3 premiers doivent être majeurs ou mineurs émancipés ayant la capacité juridique ou s’il est mineur non
émancipé, avoir 17 ans révolus et autorisé à exercer dans l’artisanat
Toutefois, l’artisan quoique non assujetti aux règles du droit commercial, bénéficie du droit au du bail
professionnel et à son renouvellement, de la preuve par tous moyens, dans les mêmes conditions que les
commerçants selon les termes de l’art 17 de la loi n° 2014-338 du 5/06/2014 relative à l’artisanat.

2. Conditions pour être artisan :


Plusieurs conditions sont exigées pour avoir la qualité d’artisan :
* L’exigence d’un travail essentiellement manuel,
* L’indépendance,
* L’acquisition de connaissances techniques,
* Une main d’œuvre réduite (10 ouvriers au maximum) * L’inscription de l’artisan au
répertoire des métiers.

B. La qualité d’entreprenant.

1. Notion d’entreprenant:
L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple déclaration, exerce une
activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole.

2. Les obligations de l’entreprenant:


* Il est tenu d’établir, au jour le jour, un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le montant
de ses ressources, la destination et le montant de ses emplois.
* L’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises, d’objets, de fournitures et denrées
ou de fourniture de logement doit tenir un registre, récapitulé par année, présentant le détail des achats et
précisant leur mode de règlement et les références des pièces justificatives.

CHAPITRE 2 : LES CONDITIONS DE CAPACITE


Pour faire le commerce, il faut avoir la capacité commerciale. Elle est fixée à 21 ans. Donc, il faut être
majeur. C'est pourquoi sont exclus, les mineurs et les majeurs incapables. Quant à la femme mariée, il lui est
exigé une profession séparée.

SECTION 1- LES MINEURS


Il faut distinguer selon que le mineur est émancipé ou non.

PARAGRAPHE 1/LES MINEURS NON EMANCIPES


Il ne peut avoir la qualité de commerçant ni effectuer des actes de commerce. Tous les actes qu'il accompli
sont nuls mais de nullité relative car le mineur est obligé par ses fautes. Son représentant légal ne peut non
plus accomplir des actes de commerce en son nom.
S'il hérite d'un fonds de commerce, il ne peut pas l'exploiter lui-même, le fonds est soit vendu, soit mis en
location gérance ou même apporté en société.
NB: Cependant, son représentant légal peut gérer ce fonds puisqu'il a un droit de jouissance sur les biens de
l'enfant mineur.

PARAGRAPHE 2/ LES MINEURS EMANCIPES


Selon le même texte, l'émancipation suffit à donner cette capacité. Il suffit d'être émancipé. Par conséquent,
les conditions de l'art. 114 de la loi n° 70-483 du 3 août 1970 sur la minorité à savoir, mineur âgé de 18 ans
disposant d'une autorisation spéciale publiée au registre de commerce, ne sont plus nécessaires.

SECTION 2- LES MAJEURS INCAPABLES


Ce sont ceux qui sont dans un état habituel d’imbécillité, de démence ou de fureur pour lesquels
l’interdiction a été prononcée par le tribunal.
Ils n’ont pas la capacité de faire le commerce. Leurs représentants légaux ne peuvent le faire en leur nom.

A. les majeurs représentés


Ce sont les majeurs en tuteur qui sont des personnes dont les facultés sont altérées par une infirmité, une
maladie ou un affaiblissement dû à l’âge. Ainsi donc « l’intérêt est assimilé pour au majeur pour sa personne
et pour ses bien, c’est-à-dire qu’il ne peut être commerçant, même par représentation car, il n’y a pas de
représentation possible dans l’exercice d’une profession ».
B. les majeurs assistés
Contrairement à la représentation du majeur, l’assistance renvoie au régime de la curatelle car à telle
hypothèse, le majeur sans être hors de temps de manifester sa volonté a besoin d’être conseiller ou contrôler
dans les actes de la vie civile en raison de sa prodigalité et de son oisiveté.

SECTION 3- LES FEMMES MARIEES


Selon l'art. 7 al. 2 de l'AUDCG. « Le conjoint du commerçant n'a la qualité de commerçant que s'il
accomplit les actes visés aux articles 3 et 4 ci-dessus, à titre de profession et séparément de ceux de l'autre
conjoint ». Mais, il faut analyser les pouvoirs de la femme.

PARAGRAPHE 1/LA PROFESSION SEPAREE


La femme n'est commerçante que si son activité est séparée de celle de son mari.
En conséquence, si les deux époux exploitent ensemble un fonds de commerce, le mari seul est commerçant
; Cette règle évite que les deux époux soient mis en faillite. Par ailleurs, les époux se doivent aide et
assistance. En conséquence, on estime que la femme ne fait qu'aider son mari. Mais, il ne peut s'agir que
d'une présomption simple.
La femme peut démontrer qu'elle a conclu un contrat de travail comme elle peut montrer que c'est elle la
commerçante et non son mari, un simple subordonné.
Toutefois, si la femme sert de prête-nom à son mari ou si celui-ci s'immisce habituellement dans sa gestion,
il sera ainsi considéré comme commerçant, contre sa femme.

PARAGRAPHE 2/ LE POUVOIR DE LA FEMME


La femme mariée est libre de faire le commerce. Cependant, elle ne sera qualifiée de commerçante que si
elle accomplit des actes de commerce à titre de profession habituelle et séparément de ceux de son mari.
Toutefois si l’exercice de l’activité commerciale de la femme mariée s’avère contraire à l’intérêt de la
famille, sur demande de son époux, le tribunal peut prononcer la cessation de l’activité.
Dans l’exercice de son activité séparée, la femme a la libre administration, jouissance et disposition sur tous
ses gains et biens.
Elle engage dans l’exercice de cette activité des biens qui sont variables en fonction de son régime
matrimonial.
• S’il s’agit du régime de la séparation des biens, elle n’engage que ses biens.
• S’il s’agit du régime de la communauté des biens, il faut distinguer entre les biens propres de chacun
des époux, les biens communs et les biens réservés.
• La femme engage toujours les biens réservés quand elle exerce le commerce ;
• Pour les autres biens, il faut distinguer si le mari a fait opposition fondée ou non.
• En cas d’opposition, si la femme continue son activité, elle engage ses biens propres (plus les biens
réservés).
• S’il n’y a pas eu opposition ou si elle n’est pas fondée, elle engage les biens communs + les biens
propres de chacun des époux (plus les biens réservés).

CHAPITRE 3 : LES CONDITIONS DE MORALITE


En plus de l'accomplissement des actes de commerce à titre de profession habituelle, à titre indépendant et la
capacité commerciale, celui qui veut être commerçant doit avoir une bonne moralité. Ce qui pose le
problème des incompatibilités, des déchéances et des interdictions.

SECTION I - LES INCOMPATIBILITES


Le cumul d’activités commerciales et non commerciales est parfois interdit, car le commerce apparaît
comme une activité risquée sur les plans financier et déontologique. Ainsi, il est interdit aux fonctionnaires,
aux officiers ministériels et aux auxiliaires de justice (avocats, huissiers, notaires, commissaires-priseurs...),
aux membres de certains ordres (architectes, experts comptables, médecins…) d’exercer le commerce.
NB : Les actes de commerce accomplis par un « cumulard » restent valables et peuvent faire considérer leur
auteur comme un commerçant de fait. Par conséquent, il pourra être mis en faillite et pourra aussi encourir
des sanctions disciplinaires telles la révocation, la destitution ou la radiation.

SECTION 2- LES DECHEANCES ET LES INTERDICTIONS

PARAGRAPHE 1 : LES INDERTICTIONS


Dans un but d’assainissement des professions commerciales, la loi prévoit qu’un commerçant puisse être
interdit de façon générale et définitive ou temporaire de l’exercice d’une activité commerciale.
Cette mesure peut être prononcée soit par un tribunal comme peine principale ou comme peine
complémentaire soit par une juridiction professionnelle.
L’interdiction peut être levée à la demande de l’interdit après au moins 5 ans par la juridiction qui l’a
prononcée.
L’interdit ne peut faire le commerce dans l’intervalle, ni être gérant, ni être administrateur d’une société
commerciale.
S’il passe outre, il devra assumer toutes les conséquences y compris les sanctions pénales.

PARAGRAPHE 2 : LES DECHEANCES


Sont frappées de déchéance, les personnes ayant été condamnées à une peine de prison de plus de 3 mois,
sans sursis, pour vol, escroquerie, infraction aux lois des sociétés.
La déchéance est liée automatiquement au jugement de condamnation ; c’est-à-dire que le tribunal n’a pas
besoin de le prononcer expressément.
Le déchu ne peut faire le commerce, ni être gérant, ni être administrateur d’une société commerciale.
S’il passe outre, il devra assumer toutes les conséquences y compris les sanctions pénales.

TITRE 2 : LES OBLIGATIONS DES COMMERCANTS


Le commerçant a des obligations d'ordre fiscal, d'ordre social et d'ordre commercial. Ce sont ces dernières
qui concernent son activité. Il s'agit de l'obligation de :
• L'immatriculation au R. C. C. M ;
• La tenue des livres comptables ;
• La loyale concurrence

CHAPITRE 1 : L'OBLIGATION D'IMMATRICULATION AU RCCM


L'obligation d'Immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (IRCCM) indique la
nécessité de cette obligation et les effets qu'elle produit.

SECTION 1- LA NECESSITE D'IMMATRICULATION


Tout commerçant doit dans le premier mois d'exploitation de son commerce demander au Greffier son
immatriculation au RCCM. Il en va de même pour les sociétés dans le mois de leur constitution.
• La déclaration est établie en 4 exemplaires ;
• Le défaut d'immatriculation est sanctionné par une amende ;

SECTION 2/ LES EFFETS DE L’IMATRICULATION


L'immatriculation fait présumer la qualité de commerçant. Mais cette présomption est simple.
L'immatriculation confère les droits et obligations au commerçant. Si bien que celui qui n'est pas
immatriculé dans le délai d'un mois ne peut se prévaloir de la qualité de commerçant.
Exemple : il ne peut bénéficier du bail commercial, voté à la chambre etc.
Par ailleurs, les faits et actes qui auraient dû être mentionnés au registre du commerce et qui ne l'ont pas été
sont inopposables aux tiers. Toutefois, seuls les tiers de bonne foi peuvent invoquer cette inopposabilité.
Mais, ils peuvent s'en prévaloir contre le commerçant.
NB : L’acte uniforme innove en exigeant une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant
qu’il n’est frappé d’aucune interdiction. Cette déclaration sur l’honneur est complétée dans un délai de
75 jours à compter de l’immatriculation par un extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document
qui en tient lieu.
Cette disposition vise à assainir la profession et à faciliter le contrôle administratif de la corporation. Le
numéro d’immatriculation est personnel et doit être radié dans le mois de la cessation de l’activité
commerciale.
L’immatriculation est désormais possible par voie électronique.

CHAPITRE 2 - LA TENUE DES LIVRES DE COMMERCE


Le commerçant doit tenir certains livres suivant les règles précises dont le non-respect est sanctionné.

SECTION 1 - LES LIVRES A TENIR


Les livres à tenir sont trois ordres. Il y a des livres obligatoires et des livres facultatifs.
• Les livres obligatoires sont le livre journal (enregistre jour par jour les opérations de l’entreprise), le
livre d’inventaire (consiste en un recensement des éléments actif et passif en vue de l’établissement
d’un tableau descriptif et estimatif), le grand livre (il est tenu par compte de clients et de
fournisseurs). Et La balance générale des comptes (cet renferme le solde créditeur et débiteur)
Ces livres doivent être tenus conformément aux dispositions de l’acte uniforme relatif à l’organisation et à
l’harmonisation des comptabilités des entreprises.

• Les livres facultatifs sont le livre de caisse, le livre des effets, le livres brouillard ou main courante, et
de façon générale tous les livres qui paraissent utiles au commerçant.
Les livres obligatoires doivent être côté et signés par le président de la juridiction compétente. Ils doivent
être tenus sans blanc ni altérations d’aucune sorte. De plus, les livres comptables doivent être classés et
conservés pendant 10 ans. En outre, les livres irrégulièrement tenus ne peuvent être produits en justice ni
faire foi au profit de ceux qui les tiennent.
Enfin, les commerçants qui tiennent des livres incomplets ou irréguliers sont passibles de 1 à 6 mois et d’une
amende de 50 000 à 1 000 000 FCFA. Ceux qui falsifient leurs livres s’exposent à une sanction de 1à 5 ans
d’emprisonnement et à une amende de 100 000 à 1 000000 FCFA.

SECTION 2 - LES REGLES DE TENUE DES LIVRES


Elles s'appliquent uniquement aux livres obligatoires. Ainsi ces livres doivent être côtés c'est-à-dire
numérotés et paraphés c'est-à-dire signés par le Président de la juridiction compétente.
Ils doivent mentionner le numéro d'immatriculation au R. C. C. M. et être tenus sans blanc, ni altération
d'aucune sorte. Pour corriger donc une écriture passée à tort on recourt à la contre-passation d'écriture.
Enfin, les livres doivent être conservés pendant 15ans.

SECTION 3- LES SANCTIONS DES REGLES DE TENUE


La mauvaise tenue entraîne des sanctions. Mais quelle que soit la gravité de la sanction, les livres peuvent
être utilisés comme moyens de preuve à divers degrés.

PARAGRAPHE 1- LA SANCTION
Lorsque les livres sont irrégulièrement tenus, ils ne peuvent être produits en justice ni faire foi au profit de
ceux qui les tiennent. Le Juge pourra seulement les retenir à titre de présomption en raison de la liberté de
preuve en matière commerciale. Ainsi, si en face, un autre commerçant a des livres régulièrement tenus,
ceux-ci seront préférés par rapport aux livres mal tenus. Cependant, les livres mal tenus peuvent être
invoqués par les tiers pour faire preuve contre le commerçant.
Par ailleurs, le commerçant peut être emprisonné pour 1à 6mois ou être amendé de 50 000 à 1 000000 F. En
plus, il peut être interdit de faire le commerce pendant au moins 6 mois et au plus pendant 5 ans.

PARAGRAPHE 2 - LA PREUVE PAR LES LIVRES DE COMMERCE

A. LA PREUVE CONTRE LE COMMERÇANT


Les livres de commerce font toujours preuve contre celui qui les tient car ce sont des aveux du commerçant.
Mais celui qui utilise les livres contre le commerçant prend à son compte aussi bien les mentions favorables
que les mentions défavorables. Toutefois, ces livres ont une force relative car la preuve contraire peut être
rapportée.

B. LA PREUVE AU PROFIT DU COMMERÇANT


Le commerçant peut se servir des livres de commerce comme moyen de preuve à condition que son
adversaire soit un commerçant. Ici aussi, les livres ont une présomption simple.

C. LA REPRESENTATION DES LIVRES DE COMMERCE EN JUSTICE


Dans le cadre d'une contestation, une partie peut demander à son adversaire de représenter ses livres de
commerce. La représentation peut aussi être ordonnée d'office par le Juge. Dans ces cas, la représentation est
faite à l'effet d'en extraire ce qui concerne le différend. Le commerçant ne montre donc que ce qui concerne
le litige pour conserver le secret des affaires.

CHAPITRE 3 - L'OBLIGATION DE LOYALE CONCURRENCE


Cette obligation se précise à travers l'action en concurrence déloyale et les divers moyens de protection
autorisés par la loi.

SECTION 1- L'ACTION EN CONCURRENCE DELOYALE


En régime d'économie libérale, c'est la liberté de commerce. Mais la concurrence doit être saine sinon elle
est considérée comme déloyale. Cette action est fondée sur l'art. 1382 du code civil qui dispose : "tout fait
quelconque de l'homme qui cause un dommage à autrui oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer". Ce qui suppose une faute, un préjudice et un lien de causalité.

PARAGRAPHE 1 - LA FAUTE
Elle est constituée par les actes de concurrence déloyale. Il s'agit entre autres de l'atteinte au nom
commercial, à l'enseigne et du dénigrement.

A. L'ATTEINTE AU NOM COMMERCIAL


Elle résulte de l'usurpation du nom dans le but de semer la confusion afin d'induire la clientèle du concurrent
en erreur.
Lorsque le concurrent a le même nom patronymique, on ne peut l'empêcher évidemment d’utiliser son nom.
Mais ce droit est restreint en raison de l’antériorité de l’emploi par un autre. Cette restriction consiste à
prendre des mesures pour éviter la confusion. Exemple : l'adjoint d'un prénom.

B. L'ATTEINTE A L'ENSEIGNE
Pour être protégée, l'enseigne doit être spécifique et non générique. Suivant la nature de l'activité et sa
notoriété, la protection peut s'étendre à une ville ou à toute la Côte d'Ivoire.

C. LE DENIGREMENT ET LA MENACE ADRESSEE A LA CLIENTELE


C'est le fait d'attaquer un commerçant dans son honorabilité ou à sa solvabilité.

D. LA DESORGANISATION GENERALE DU MARCHE


Elle peut se faire par une publicité mensongère, la vente à perte par boule de neige.

PARAGRAPHE 2 - LE PREJUDICE
Il consiste dans le détournement de la clientèle. Mais il n'est pas nécessaire qu'il soit actuel.

PARAGRAPHE 3 - LE LIEN DE CAUSALITE


Cela signifie que le préjudice doit résulter de la faute.
En dehors de cette action judiciaire, la protection contre la concurrence déloyale peut résulter d'une
convention entre les parties.

SECTION 2 - LA PROTECTION CONVENTIONNELLE CONTRE LA CONCURRENCE DELOYALE

PARAGRAPHE 1 LES CLAUSES DE NON CONCURRENCE


Elles sont généralement incluses dans les contrats de travail et s'appliquent en cours ou à l'expiration du
contrat de travail.
A travers celle-ci, un employeur obtient du salarié qu'à l'expiration du contrat de travail, il n'ouvrira pas une
entreprise concurrente ou alors n'offrira pas ses services à une entreprise concurrente.
Pour éviter les abus, la validité de ces clauses avait été soumise à certaines conditions : il fallait une
limitation dans l'espace et le temps.
Aujourd'hui, aucune clause de non-concurrence ne peut être valablement insérée dans un contrat de travail à
l'expiration de celui-ci (art. 15.5 de la loi du 12 janvier portant code du travail)

PARAGRAPHE 2 LES CLAUSES DE NON-ETABLISSEMET


Elles sont généralement insérées dans les ventes ou location-gérance de fonds de commerce ; et cela chaque
fois que la personnalité du commerçant, son nom, ou son expertise ont une influence sur la conservation du
fonds de commerce.
Dans un tel cas, il est interdit au commerçant vendeur, personnellement ou par prête-nom d'exercer un
commerce semblable à celui qu'il exerçait.
Pour que cette clause soit valable, il faut qu’elle soit limitée soit dans le temps soit dans l'espace.

TITRE 3 : LE FONDS DE COMMERCE


Le fonds de Commerce est un ensemble de moyens permettant au commerçant d’attirer et de conserver la
clientèle. Après avoir analysé sa composition, nous étudierons quelques contrats portant sur le fonds de
commerce.

CHAPITRE 1 : LA COMPOSITION DU FONDS DE COMMERCE


Il y a les éléments principaux et les éléments secondaires ;

SECTION1-LES ELEMENTS OBLIGATOIRES DU FONDS DE COMMERCE


Il s'agit du fonds commercial composé de la clientèle, l'enseigne et le nom commercial. Ces éléments sont
incorporels.

PARAGRAPHE 1/LA CLIENTELE


C'est l'ensemble des personnes qui s'approvisionnent chez le commerçant. Mais-la clientèle désigne celles
qui lui sont fidèles et l'achalandage celles qui sont de passage.

PARAGRAPHE 2/ LE NOM COMMERCIAL ET L'ENSEIGNE


Le nom commercial, c'est l'appellation sous laquelle le commerçant exerce son commerce. Il peut être cédé.
Quant à l'enseigne, c'est l'élément d'individualisation du fonds et de ralliement de la clientèle. C'est soit une
dénomination de fantaisie ou un emblème.

SECTION 2- LES ELEMENTS FACULTATIFS DU FONDS DE COMMERCE


Ils font partie du fonds de commerce lorsqu'ils sont nommément désignés. Nous avons les éléments
corporels et les éléments incorporels.

PARAGRAPHE 1 - LES ÉLÉMENTS CORPORELS


Ils s'identifient à travers les éléments suivants :
• les meubles servant à l'exploitation, ce sont: les matériels, les installations, les aménagements et les
agencements à condition qu'ils conservent leur nature mobilière. Ainsi, un bien meuble qui devient
immeuble ne fait plus partie du fonds de commerce.
• les marchandises : elles sont constituées par les stocks des matières premières ou par les produits
destinés à la vente.

PARAGRAPHE 2 LES ELEMENTS INCORPORELS


Il y a : le droit au bail, les licences d'exploitation et les droits de propriété industrielle et commerciale.

A. LE DROIT AU BAIL
Le droit au bail est un élément très important du fonds de commerce mais l'acte uniforme l'a classé parmi les
éléments secondaires du fonds de commerce. Cependant, l'acte uniforme prévoit à propos du nantissement
que le droit au bail fait partie du fonds de commerce. Selon l'acte uniforme sur le droit commercial général
en son art. 69, les locaux à usage commercial, industriel, artisanal ou professionnel ont droit au bail. Ce droit
au bail doit être renouvelé à certaines conditions.

1. Le droit au renouvellement du bail


Peuvent prétendre au renouvellement de leurs baux arrivés à expiration, les locataires des immeubles, ou
locaux à usage commercial, industriel, artisanal ou professionnel.

2. Les baux des locaux accessoires sont soumis au même régime.


Peut aussi prétendre au renouvellement de son bail arrivé à expiration, tout preneur se trouvant dans une
ville de plus de 5.000 habitants et qui justifie avoir exploité pendant une durée de 2 ans minimum l'activité
en cause. Dans le cas contraire, le renouvellement n'est nullement possible. En cas de renouvellement, la
durée du bail est fonction du terme fixé par les parties.
Le locataire qui désire obtenir le renouvellement de son bail, doit en faire la demande par acte
extrajudiciaire au plus tard 3 mois avant la date d'expiration du bail et ce, sous peine de déchéance.
Les conséquences du refus de renouvellement Selon l'acte uniforme, « le bailleur peut s'opposer au droit au
;
renouvellement du bail à durée déterminée ou indéterminée en réglant au locataire une indemnité d éviction
». Cependant, il y a des cas où le bailleur ne verse pas d'indemnité d'éviction : On dit qu'il dispose de justes
motifs, ces cas sont les suivants :
• Il doit disposer d'un motif grave et légitime à rencontre du locataire sortant.
Exemple : le non-paiement des loyers.
Mais ce motif ne pourra être invoqué que si les faits se sont poursuivis ou renouvelés plus de 2 mois après
mise en demeure du locataire par acte extrajudiciaire, d'avoir à les faire cesser.
• Il doit être établi que l'immeuble est vétusté ou insalubre et donc doit être démoli en vue de sa
restauration ou de sa rénovation. Mais après l'aménagement ou la reconstruction, le locataire à un
droit de priorité à la relocation. Dans le cas contraire, le bailleur doit lui verser une indemnité
d'éviction.
• le bailleur peut refuser de renouveler le bail portant sur les locaux d'habitation accessoires des locaux
principaux pour les habiter lui-même ou y faire habiter sa famille. Mais, cette reprise n'est pas
possible si le preneur prouve que cela lui cause un trouble grave à la jouissance du bail des locaux
principaux, ou lorsque les locaux principaux et les locaux d'habitation forment un tout indivisible.

B. LES LICENCES D'EXPLOITATION


Ces licences sont exigées pour l'exercice de nombreuses activités commerciales.
Exemple : les débits de boissons, le transport, la pharmacie...
Lorsqu'elles ont un caractère personnel, elles ne peuvent être cédées avec le fonds. Cependant, lorsqu'elles
n'ont pas un caractère personnel, elles peuvent être cédées.

C. LES DROITS DE PROPRIETE INDUSTRIELLE COMMERCIALE


Ce sont les brevets d'invention, les marques de fabrique et de commerce, les dessins et les modèles.

SECTION 3- L'ELEMENT LE PLUS IMPORTANT DU FONDS DE COMMERCE


L'acte uniforme distingue les éléments principaux des éléments secondaires. Ainsi, on pourrait considérer
que seuls les éléments principaux sont essentiels.
Mais parmi ceux-ci, l'élément dont la cession ou la réserve a pour effet de faire considérer que le fonds a été
cédé ou non est la clientèle.
La jurisprudence soutient que la clientèle représente l'élément le plus important du fonds de commerce.
En effet, on peut concevoir un fonds de commerce sans droit au bail, sans enseigne, sans licence etc. mais on
ne peut imaginer un fonds sans clientèle ou sans achalandage. La clientèle est donc la substance même du
fonds de commerce.

SECTION 4-NATURE JURIDIQUE DU FONDS DE COMMERCE


Le fonds de commerce est une universalité c'est-à-dire un tout soumis à un régime juridique distinct du
régime applicable aux éléments qui le composent. Le fonds de commerce est un élément comme un autre du
patrimoine du commerçant. Il ne comprend que des régimes mobiliers.
Ainsi, il est lui-même un meuble soumis aux règles applicables aux biens meubles.

CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS JURIDIQUES SUR LE FONDS COMMERCE

SECTION 1-LOCATION-GÉRANCE DU FONDS DE COMMERCE.


Selon l'acte uniforme, "la location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire du fonds de
commerce, personne physique ou morale en concède la location à un gérant, personne physique ou morale,
qui l'exploite à ses risques et périls".
En la matière, il y a séparation de la propriété du fonds et son exploitation et le locataire-gérant à la qualité
de commerçant.

PARAGRAPHE 1/ LES CONDITIONS DE FOND DE LA LOCATION-GERANCE


Elles sont relatives au bailleur d'une part et au locataire-gérant d'autre part.

A. LES CONDITIONS EXIGÉES AU BAILLEUR


Celui-ci doit 3 conditions cumulatives :
1. Il ne doit pas avoir été interdit ou déchu de l'exercice d'une profession commerciale ;
2. Il doit avoir été commerçant pendant 2 ans ou avoir exercé pendant une durée équivalente des
fonctions de gérant ou de directeur commercial ou technique d'une société.
3. Il doit avoir exploité pendant 1 an au moins en qualité de commerçant le fonds mis en
gérance.
Ces conditions ne sont pas applicables aux personnes morales publiques, aux incapables en ce qui concerne
le fonds dont ils étaient propriétaires avant la survenance de leur incapacité, aux héritiers d'un commerçant
décédé en ce qui concerne le fonds exploité par ce dernier.
B. LES CONDITIONS RELATIVES AU GÉRANT
Il doit avoir la capacité commerciale. Il ne doit pas être frappé d'incompatibilité de déchéance ou
d'interdiction commerciale.

PARAGRAPHE 2/ LES CONDITIONS DE FORME DE LA LOCATION-GERANCE


Le locataire-gérant doit se faire immatriculer au registre de commerce.
Quant au bailleur, il doit faire modifier son inscription personnelle avec la mention expresse de la location-
gérance. Le contrat lui-même doit être publié sous forme d'extrait ou d'avis dans un journal d'annonces
légales dans les 15 jours suivant sa conclusion.

PARAGRAPHE 2 : LES EFFETS DE LA LOCATION-GÉRANCE


La location gérance produit des effets entre les parties à l'égard des tiers.

A. LES EFFETS À L'ÉGARD DES PARTIES


La location confère au locataire-gérant, la qualité de commerçant. Alors que le bailleur cesse d'être
commerçant.
Le contrat est conclu intuitu personae, le locataire ne peut ni céder ses droits ni sous-louer le fonds sans
l'autorisation du bailleur.
Jusqu'à la publication du contrat, le bailleur est solidairement responsable avec le locataire-gérant des dettes
contractées par celui-ci à l'occasion de l'exploitation du fonds. Ainsi :
• Pour les dettes nées avant le contrat, le bailleur est seul responsable ;
• Pour les dettes nées après la location et avant la publication du contrat, le bailleur et le locataire sont
solidairement responsables.
• Pour les dettes survenues après publication, le locataire est le seul responsable

B. LES EFFETS A L'EGARD DES TIERS


Dans le délai de 3 mois à dater de la publication du contrat, les créanciers du bailleur du fonds de commerce
peuvent s'ils estiment que la location-gérance met en péril le recouvrement de leurs créances afférentes à
l'exploitation du fonds, saisir le tribunal qui pourra déclarer celles-ci immédiatement exigibles.
De même la fin de la location rend immédiatement exigibles les dettes afférentes à l'exploitation du fonds
contracté par le locataire-gérant pendant la durée de la gérance.

SECTION 2-LE NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

PARAGRAPHE 1 /DEFINITION ET OBJET DU NANTISSEMENT


Le nantissement du fonds de commerce est le contrat par lequel un commerçant débiteur affecte, en garantie
du remboursement de sa dette, son fonds de commerce ou certains de ses éléments.
Selon l'Acte Uniforme portant Organisation des Sûretés, le nantissement peut porter sur le fonds commercial
(clientèle, nom commercial ou enseigne) ou sur (tes éléments facultatifs, à l'exclusion des marchandises
destinées à la vente. Les éléments nantis ou engagés doivent être énumérés dans le contrat de nantissement.

PARAGRAPHE 2/ LES DIFFERENTS TYPES DE NANTISSEMENT ET LEURS EFFETS


Le nantissement peut être conventionnel ou judiciaire.
A. Le nantissement conventionnel est celui constitué de commun accord par le commerçant
débiteur et son créancier.
B. Le nantissement judiciaire, c'est celui autorisé par le juge à la demande du créancier
craignant l'insolvabilité de son débiteur commerçant.
S'agissant des effets : le propriétaire conserve tous les éléments nantis et non nantis ; il continue d'exploiter
son fonds. On retient donc que le nantissement un gage sans dépossession. Enfin, le créancier nanti peut
faire ordonner la vente des éléments mis en gage 15 jours après sommation faite de payer sa créance restée
infructueuse. Il bénéficie dès lors d'un droit de suite et de préférence sur le prix de la vente.

SECTION 3/LACESSION OU VENTE DU FONDS DE COMMERCE


C'est la cession à titre onéreux du fonds de commerce par son propriétaire à une autre personne
(l'acquéreur). Cette vente est soumise à des conditions de fond et de forme. Elle produit aussi des effets.

PARAGRAPHE 1/ LES CONDITIONS DE LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE


A. LES CONDITIONS DE FOND
• La capacité : Il faut avoir la capacité de faire le commerce. Toutefois si le vendeur est mineur la
vente sera faite par son représentant légal avec l’autorisation du juge des tutelles.
• Le consentement : I1 ne doit pas être vicié par l’erreur, le dol (en effet, il est possible de se
tromper ou d’être trompé sur la clientèle ou le chiffre d’affaires) ou la violence (lorsque la vente
a été consentie suite à des actes de chantage).
• L’objet et la cause : Ils doivent être licites et non contraire aux bonnes mœurs.
La cession du fonds, comprend obligatoirement le fonds commercial. Pour les autres éléments, il faut une
stipulation expresse dans l’acte de vente.
Quant au prix du fonds, il est fixé librement par les parties sous réserve de la surenchère qui peut être faite
par les créanciers du fonds s’ils estiment que le fonds a été vendu à un prix trop bas.

B. LES CONDITIONS DE FORME


La cession du fonds de commerce doit se faire par écrit. Elle doit être publiée dans un journal d'annonces
légales dans les 15 jours de sa conclusion.

PARAGRAPHE 2/ LES CONDITIONS DE LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE

A. LES OBLIGATIONS DES PARTIES


1. Obligations du vendeur : Il doit mettre le fonds à la disposition de l’acheteur à la date prévue dans
l’acte de cession. Il devra lui présenter la clientèle.
Il lui doit aussi la garantie contre l’éviction (c’est-à-dire le garantir contre les troubles de droit provenant
d’un tiers) ; la garantie contre les vices cachés (c’est-à-dire le garantir contre la diminution de jouissance
qu’il pourrait subir et ayant une importance telle qu’il n’aurait pas acheté s’il en avait eu connaissance) et la
garantie de son fait personnel (c’est-à-dire ne rien faire qui puisse troubler l’acquéreur dans l’exercice des
droits qui lui ont été transmis).
Il ne doit pas détourner la clientèle.
2. Obligations de l’acheteur : Il doit payer le prix au jour et au lieu fixé dans l’acte de vente. Ce
paiement a lieu entre les mains du notaire ou d’un établissement bancaire désigné d’accord parties.

B. LES GARANTIES DU VENDEUR NON PAYE


Les lois commerciales ont institué deux garanties en faveur d'un vendeur du fonds de commerce dont le prix
n'est pas payé comptant : ce sont un privilège sur le fonds de commerce et une action résolutoire. Le
privilège lui donne un droit de suite et de préférence dans la revente du même fonds. A défaut d'exercer son
privilège, le vendeur non payé peut demander par voie judiciaire la résolution de la vente et reprendre la
propriété de son fonds de commerce.
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