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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF : LA REGLE DE DROIT

A ce niveau, vu que le droit objectif constitue un ensemble de règles de


conduite, il est important de définir la règle de droit et ses caractères (Chapitre 1), les
sources de la règle de droit (Chapitre 2) ainsi que les disciplines juridiques (Chapitre
3).

CHAPITRE 1- LES CARACTERES DE LA REGLE DE DROIT


Section I : La règle de droit est générale et permanente
§ 1- Le caractère général
La règle de droit est générale car elle s’applique à un nombre indéterminé de
personnes sans les viser nommément. Ainsi, ceci est une manifestation de l’égalité de
tous devant la loi. Dans ce cadre l’article 6 de la constitution1 précise que « …
l’expression suprême de la volonté de la nation. Tous, personnes physiques ou
morales, y compris les pouvoirs publics, sont égaux devant elle et tenus de s’y
soumettre ».

§ 2- Le caractère impersonnel

La règle de droit est impersonnelle car elle s'applique sans distinction de


personne à quiconque se trouve placé dans la même situation (ex. : règles permettant
de déterminer l'existence juridique d'une personne).

§ 3- Le caractère permanent

La règle de droit est permanente car elle s'applique de manière continue tant
qu'elle n'a pas été supprimée et remplacée par une autre règle de droit.

1
Dahir n° 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la Constitution,
Bulletin officiel n° 5964 bis du 28 chaabane 1432 (30/07/2011).

8
Section II : La règle de droit est obligatoire et sanctionnée
La règle de droit est obligatoire car tous ceux qui sont soumis à la règle de droit
qui régit leur situation ne peuvent y échapper et, s'ils tentent de le faire en la violant,
ils seront sanctionnés soit par une sanction civile (ex.: condamnation à réparer le
préjudice causé par un versement de dommages et intérêts), soit par une sanction
pénale (peine privative de liberté et/ou amende ...), soit par les deux.

§ 1- Règle obligatoire
a- Les lois impératives :
Une loi est dite impérative lorsque tout individu auquel elle s'applique est obligé
de s'y soumettre sans pouvoir opter pour une autre règle.

Également appelée loi d’ordre public, la majorité des règles de droit pénal et de
droit public constitue des règles impérative.

Certaines règles de droit civil sont également impératives: c’est le cas des
empêchements perpétuels du mariage comme par exemple l’interdiction d’épouser sa
mère, sa tante ou sa sœur).

b- Les lois supplétives :


Une loi est dite supplétive lorsqu'elle s'applique en l'absence de toute autre
volonté de l'individu.
Egalement appelées, loi interprétative, la loi supplétive laisse donc aux personnes
la possibilité d'effectuer un autre choix (pourvu que ce choix soit lui-même conforme
au droit en vigueur: respect de l'ordre public et des bonnes mœurs ...) et, en l'absence
de choix de leur part, on leur applique une solution que la loi prévoit.

Exemple: la matière contractuelle

§2- Règle sanctionnée


a- Les sanctions civiles
L’on s’attachera à étudier dans le cadre des sanctions civiles, la nullité, les
dommages-intérêts ainsi que la contrainte.

9
1- La nullité

Lorsque l’une des conditions de validité du contrat prévue par l’article 2 du Dahir
des obligations et contrats (D.O.C.)2 fait défaut, le contrat est annulable. La nullité du
contrat s’exerce en principe contre le contrat tout entier et le fait disparaître
rétroactivement, mais il existe plusieurs sortes de nullités.

La nullité absolue peut être invoquée par toute personne justifiant d'un intérêt :
les contractants eux-mêmes, leurs héritiers, leurs ayants causes à titre particulier, leurs
créanciers chirographaires, mais non pas n’importe quel tiers.

Il est à noter que l’action en nullité relative ne peut être exercée que par la partie
que la règle violée entend protégée) (Art. 313 du D.O.C.), (l’incapable s’il s’agit d’une
nullité pour incapacité, la victime d’un vice du consentement s’il s’agit d’une nullité
pour vice du consentement, le contractant lésé si la rescision se fonde sur la lésion, le
malade et les personnes assimilés si la rescision est demandé en vertu de l’article 54 du
D.O.C).

2- Les dommages-intérêts

Les dommages-intérêts constituent la compensation financière à laquelle peut


prétendre une personne qui a subi un préjudice moral ou une atteinte dans son
patrimoine ou les deux la fois.

Il est à noter que l’inexécution de l’obligation par un débiteur dans une obligation
implique le recours à l’exécution par équivalent à savoir la condamnation à des
dommages -intérêts ordonnée par le juge

Les dommages-intérêts constituent une somme d’argent versée au créancier pour


compenser son le préjudice subi par l’inexécution de l’obligation. Aussi, les
dommages et intérêts compensatoires sont versés à la suite de l’inexécution de
l’obligation afin de réparer le préjudice subi par le créancier.

2
Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12 septembre. 1913)

10
Les dommages et intérêts moratoires sont consistent en la réparation du préjudice
causé par le simple fait du retard dans l’exécution.

3- Les sanctions civiles destinées à la contrainte.

Notons que la contrainte peut être directe ou indirect.

Elle est directe dans certaines sanctions civiles exercent une contrainte directe sur
la personne elle-même. Exemple : la personne qui occupe un local sans pouvoir
justifier d’un contrat écrit ou verbal de location risque de faire l’objet d’une mesure
d’expulsion.

Elle est indirecte quand la sanction s’exerce non contre la personne elle-même
mais contre ses biens. Exemple : si un débiteur refuse de payer ses dettes, il sera
possible à la suite d’un jugement de condamnation de procéder à la saisie de ses biens
et de les vendre aux enchères publiques.

b- Les sanctions pénales


1- Les peines et les mesures de suretés

La peine constitue une sanction punitive, qualifiée comme telle par le


législateur, infligée par une juridiction répressive à l’auteur d’une infraction.

L’objectif poursuivi par la sanction étant d’assurer la protection de la société, de


prévenir la commission de nouvelles infractions et de restaurer l’équilibre social, dans
le respect de l’intérêt des victimes.

On distingue, selon leur gravité et en fonction de la classification tripartite des


infractions dans le cadre des peines principales les peines criminelles, les peines
délictuelles et les peines contraventionnelles.

Il existe également des peines accessoires comme l'interdiction légale , la dégradation


civique

La mesure de sûreté est une sanction pénale de nature préventive décidée par un
juge lorsqu'une personne présente un caractère dangereux. L’on retrouve deux types de

11
mesures de suretés : les mesures de suretés personnelles et réelles. Les mesures de
sûretés personnelles visent la protection de la société par la neutralisation de la
personne présentant un caractère dangereux. Il s’agit de la relégation, l'obligation de
résider dans un lieu déterminé, l'interdiction de séjour. Par ailleurs, les mesures de
suretés réelles visent exercer un contrôle sur une personne en se voyant infliger des
mesures comme la confiscation des objets ayant un rapport avec l'infraction ou
des objets nuisibles ou dangereux même s’ils appartiennent à un tiers ou dont la
possession est illicite ou la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre une
infraction.

2- Les différentes sanctions en fonction de la classification des infractions


- Sanctions pénales pour crime

Les crimes constituent des infractions sanctionnées par une peine criminelle
comme la mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une durée de cinq à
trente ans, la résidence forcée, ou la dégradation civique.
- Sanctions pénales pour délit

Le délit est une infraction dont l’auteur est puni de peines correctionnelles.
- DELITS CORRECTIONNELS
Le délit correctionnel est une infraction que la loi punit d'une peine
d'emprisonnement ‫ الحبس‬dont elle fixe le maximum à plus de deux ans est un délit
correctionnel.
- DELITS DE POLICE
Le délit de police est une infraction que la loi punit d'une peine
d'emprisonnement dont elle fixe le maximum à deux ans ou moins de deux ans, ou
d'une amende de plus de 200 dirhams.

12
- Sanctions pénales pour contravention

La contravention constitue l’infraction la moins grave après les crimes et les


délits, sanctionnée de peines contraventionnelles à savoir une peine de détention de
moins d’un mois ou une amende de 30 dirhams à 1.200 dirhams.

CHAPITRE 2 –LES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT


SECTION 1- LES SOURCES PRINCIPALES
§ 1- La constitution
La constitution est l’acte juridique suprême de l’État consignant les règles
constitutionnelles au sens matériel. Elle détermine les compétences des différents
organes de l’Etat, ainsi que ses principes juridiques politiques et économiques.
§2- Les traités
La convention de Vienne de 1969 définit le traité dans son article 2 comme
étant « un accord international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit
international ».

§ 2- La loi
a- Définition de la loi
Le mot loi est un terme générique « au sens strict (parfois dit « formel »), règle
de droit écrite, générale et permanente, adoptée par le Parlement selon la procédure
législative et dans le domaine de compétence établis par la Constitution »3.
La loi constitue l’œuvre du pouvoir législatif qui est le Parlement, composé au
Maroc de la chambre des représentants et de la chambre des conseillers. Ce pouvoir
peut être délégué au pouvoir exécutif aux termes de l’article 70 de la Constitution
marocaine par une loi d'habilitation qui peut autoriser le gouvernement, pendant un

3 Serge Guinchard et Thierry Debard, Lexique des termes juridiques, 25ème éd., 2017/2018, Dalloz, Paris, p. 1150.

13
délai limité et en vue d'un objectif déterminé, à prendre par décret des mesures qui
sont normalement du domaine de la loi4 ainsi qu’à travers des décrets- lois5.

b- L’application de la loi
1. Entrée en vigueur de la loi
L’entrée en vigueur de la loi suppose que soient remplies deux formalités : la
promulgation ainsi que la publication de la loi.
- La promulgation

C'est l'acte par lequel le ROI atteste l'existence de la loi et en ordonne la


publication et l'exécution. L’article 50, alinéa 1er de la constitution dispose que « Le
Roi promulgue les lois dans un délai d’un mois qui suivent la transmission au
Gouvernement de la loi définitivement adoptée »

Il est à noter que la constitutionnalité d'une loi peut être contrôlée par un organe
spécial, la cour constitutionnelle (art.133 de la constitution) Une disposition déclarée
inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 133 est abrogée à compter de la date
fixée par la Cour dans sa décision.

Les décisions de la Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles d'aucun recours.


Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et
juridictionnelles (Art. 134 de la constitution).

- La publication

C'est l'insertion de la loi ou du règlement dans le bulletin officiel marocain


afin de la porter à la connaissance du public. Au Maroc, la procédure de publication de
la loi est précisée dans l’article 50, alinéa 2 de la constitution.

En vertu de l'adage selon lequel « nul n'est censé ignorer la loi », celle-ci
s'applique alors en principe un jour franc après que le numéro du bulletin officiel qui

4
Ces décrets doivent être soumis, au terme du délai fixé par la loi d'habilitation, à la ratification du Parlement.
(Art. 70 de la Constitution marocaine).
5
il s’agit des décrets-lois qui doivent être, au cours de la session ordinaire suivante du Parlement, soumis à
ratification de celui-ci (Art. 81 de la Constitution marocaine).

14
la contient est parvenu au chef-lieu d'arrondissement, et ce, sauf dispositions
particulières (délais plus longs pour l'étranger, spécification d'une date précise par le
texte de loi lui-même ...).

2. Cessation des effets de la loi

Une loi cesse ses effets soit par abrogation expresse (une loi nouvelle abroge
expressément une loi ancienne), soit par abrogation tacite (une disposition d'une loi
nouvelle est manifestement incompatible avec une loi ancienne et l'emporte de facto
pour l'avenir sur cette dernière).

Il y a aussi l’abrogation par désuétude, il s’agit d’une loi qui a cessé de


s’appliquer ou qui n’est plus respectée par les particuliers. Le droit marocain interdit
purement et simplement le procédé de l’abrogation par désuétude.

3. Domaine d'application de la loi dans l'espace

A ce niveau, il s’agit de déterminer jusqu'où s'étend géographiquement


l'application d'une loi donnée, pour résoudre ainsi les conflits de lois dans l'espace.

- Principe de la territorialité de la loi

La loi marocaine s'applique sur tout le territoire marocain (aux marocains,


comme aux étrangers) s'il s'agit d'une loi de police ou de sûreté.

-Principe de la personnalité de la loi

La loi marocaine s’applique à tous les marocains même à l’étranger, si elle


concerne leur état civil, leur capacité juridique, leur statut personnel (Art. 3 du Dahir
sur la condition des étrangers au Maroc6.

4. Domaine d'application de la loi dans le temps

Il convient de définir dans le temps le champ d'application d'une loi donnée afin
de résoudre les éventuels conflits entre une loi nouvelle et une loi ancienne.

6
Dahir (9 ramadan 1331) sur la condition civile des Français et des étrangers dans le Protectorat français du
Maroc (B.O. 12 septembre 1913).

15
- Principe: la non- rétroactivité des lois

L’article 6 de la constitution dispose que « la loi ne peut avoir d’effet rétroactif ».


Une loi nouvelle a, en principe, dès sa publication, un effet immédiat et ne s'applique
que pour l'avenir. La loi nouvelle régit donc toutes les situations nées à dater de son
entrée en vigueur mais elle ne s'applique pas à des situations nées avant.

- Principe de l’effet immédiat des lois

Le principe de l'effet immédiat des lois nouvelles implique qu'une loi nouvelle
s'applique sans restriction dès le moment où elle entre en vigueur.
Si la loi nouvelle n’est pas destinée à régir le passé, elle doit s’appliquer
immédiatement, en se substituant à la loi ancienne qui n’a plus raison d’être. Il est à
noter que deux idées expliquent cette situation : d’une part, la loi nouvelle est
présumée meilleure que la loi ancienne, sinon il n’y aurait pas eu réforme, d’autre part,
il faut assurer l’unité du droit, en évitant de faire coexister la loi ancienne et la loi
nouvelle.

Le principe de l’effet immédiat n’est pas toujours absolu. Dans certains cas, il
faut accepter de maintenir en vigueur la loi ancienne

Exceptions :

La loi nouvelle a un effet immédiat et rétroactif lorsqu'il s'agit d'une:

– Loi pénale plus douce aux termes de l’article 6 du code pénal (ex. : qui
allège les peines prévues jusque-là pour une infraction donnée);

– Loi de compétence et de procédure (qui détermine les modalités de


saisine des juridictions ...) ;

– Loi interprétative (qui clarifie une loi antérieure) ;

– Loi expressément rétroactive (la loi nouvelle dispose, par exemple,


qu'elle a vocation à s'appliquer à toutes les situations en cours de jugement et
pourtant nées six mois avant son entrée en vigueur).

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– En pareils cas, les dispositions de la loi nouvelle ont une implication non
seulement sur les situations nées à dater de son entrée en vigueur mais aussi sur les
situations pendantes (non définitivement jugées) nées antérieurement à son entrée en
vigueur.

La loi nouvelle n’a pas d’effet rétroactif mais elle n’a pas davantage d’effet
immédiat :

Ceci vise les contrats en cours d'exécution car leurs effets continuent à être régis
par la loi ancienne sous l'empire de laquelle ils ont été conclus: bien que les effets d'un
contrat en cours d'exécution perdurent après l'entrée en vigueur d'une loi nouvelle,
celle-ci n'aura sur ce contrat aucune incidence et la loi nouvelle ne régira que les
contrats formés à dater de son entrée en vigueur.

§ 3- Les règlements
Les règlements sont les actes émanant du pouvoir exécutif dans des domaines
qui lui sont réservés. Toutes les autres matières autres que celles qui sont du domaine
de la loi appartiennent au domaine réglementaire. (art.72 de la constitution). Les
règlements englobent l'ensemble des décisions du pouvoir exécutif et des autorités
administratives.
On distingue :

- Les règlements d'application: ce sont des destinées à assurer l'exécution d'une loi
(ex. : Décrets précisant le montant du salaire minimum que loi oblige à verser à un
salarié) ;

- Les règlements autonomes: ils sont pris par les autorités administratives
compétentes dans les matières autres que celles réservées à la loi (décrets ministériels
ou arrêtés ministériels, arrêtés préfectoraux, arrêtés municipaux).

Les contraventions, infractions pénales les moins graves, sont créées par
voie réglementaire contrairement aux délits pénaux et aux crimes qui, étant
expressément visés par l'article 34 de la Constitution, nécessitent pour être institués le
vote d'une loi.

17
Bien entendu, les règlements, doivent respecter les sources du droit «
supérieures» (Constitution, traités, lois).

§ 4- La coutume
C'est un usage suivi de façon générale et prolongée qui finit par avoir un
caractère obligatoire selon l'opinion commune. La règle coutumière, qui est en
principe une règle de droit non écrite, résulte donc de deux éléments: une pratique
répétée dans le temps et la croyance que cette pratique est obligatoire

SECTION 2- LES SOURCES AUXILIAIRES


§1- La jurisprudence
La jurisprudence désignant l'ensemble des décisions rendues par les juges a pour rôle
de combler les lacunes de la loi de remédier aux imperfections de celle-ci à travers un
rôle créateur de droit. Il s'agit donc de décisions précédemment rendues, qui illustrent
comment un problème juridique a été résolu.

§ 2- La doctrine
Elle constitue une source auxiliaire de la règle de droit en donnant une analyse
méthodique de la matière aussi rationnelle que possible.
La critique du droit et la suggestion des réformes visant à l’améliorer.
Elle ne constitue pas une source ayant une valeur obligatoire mais une simple
autorité se faisant respecter par les tribunaux et entendu également par le législateur en
raison de la pertinence de ses raisonnements et la qualité de ses suggestions7.

CHAPITRE 3- LES DISCIPLINES JURIDIQUES


SECTION 1 : DISTICNTION ENTRE DROIT PUBLIC ET DROIT PRIVE
Le droit privé constitue l’ensemble des règles de droit qui sont applicables dans
les rapports des particuliers encore appelés personnes privées, ce qui correspond non
seulement aux individus, mais également aux personnes dites morales

7
Yves Guyon, Droit des affaires, 12ème éd., Economica, Paris, 2003, p. 23.

18
Par ailleurs, le droit public est l’ensemble des règles de droit qui non seulement
organisent les pouvoirs publics mais également applicables aux rapports entre les
pouvoirs publics et les personnes privées

SECTION 2- LES BRANCHES DU DROIT PRIVE


§ 1- Le droit civil
C'est l'ensemble des règles juridiques régissant les rapports des particuliers entre
eux sur le plan individuel, familial et pécuniaire (filiation, mariage, divorce, biens,
succession, contrats, responsabilité civile ... ).
Le droit civil est la branche dite de « droit commun» car elle s'applique, en outre,
à toutes matières en l'absence d'autres dispositions spécifiques.
Le Dahir des obligations et contrats constitue une œuvre original qui s’est inspiré
de trois sources:
- Le droit musulman comme source légère du D.O.C. par référence au « fikh »
notamment l’école « malékite ».
- Le Droit français (code civil de 1804 ) : source directe et principale du DOC
marocain.
§ Autres sources d’inspirations du DOC: Code civil allemand et le Code civil
suisse

§2- Le droit commercial


Le droit commercial est la partie du droit privé encadrant les opérations juridiques
faites par les commerçants, soit entre eux soit avec leurs clients.

Ces opérations de production et de circulation des richesses se rapportent à l’exercice


du commerce, et sont dites pour cette raison actes de commerce.

§ 3- Le droit social
C'est l'ensemble des règles juridiques régissant les relations de travail existant entre
employeurs et salariés, sur le plan individuel (embauche, rémunération, formation,
congés payés, licenciements individuels...) et sur le plan collectif (conventions
collectives, représentation du personnel, licenciements collectifs ... ).
19
§ 4- La procédure civile
La procédure civile est l'ensemble des règles relatives à l'organisation d'une
action en justice devant une juridiction civile. Elle s'entend aussi de toutes les
démarches à entreprendre pour saisir une juridiction civile.

§ 5- Le droit pénal
Le droit pénal peut être défini comme l'ensemble des règles ayant pour objet de
déterminer les actes antisociaux les qualifiant d’infractions (‫ )الجرائم‬, de désigner les
personnes pouvant être déclarées responsables et de fixer les peines )‫ )العقوبات‬qui leur
sont applicables.

§ 6- Le droit international privé


Le droit international privé peut donc être défini par l’ensemble de règles
régissant les relations juridiques (mariage mixtes, contrats internationaux,….) relevant
un élément d’extranéité entre personnes privées (individus, sociétés commerciales,…).

SECTION 2- LES BRANCHES DU DROIT PUBLIC


§ 1- Le droit constitutionnel
Le droit constitutionnel est un ensemble de règles juridique relatives à
l’organisation et au fonctionnement de l’Etat et de l’ensemble des institutions
publiques à caractère politique, il est situé au sommet des sources de droit. Il forme
également les règles relatives à la participation des citoyens à l’exercice de ces
pouvoirs

Les règles fondamentales de ce droit sont en général contenues dans un


document spécial : la Constitution.

§ 2- Le droit administratif
C'est l'ensemble des règles juridiques réglementant l'organisation de l'Administration,
des collectivités territoriales (communes, provinces, préfectures et régions ...), des
services publics (ONE, ONEP. ) et leurs rapports avec les particuliers.

20
§ 3- Le droit fiscal
C'est l'ensemble des règles juridiques qui déterminent les sortes et modalités
d'impositions (types de prélèvements, assiettes, taux ...).
Le droit public n'a pas seulement un rayonnement national...

§ 4- Le droit international public


C'est l'ensemble des règles juridiques qui régissent les relations entre États
(définition d'espaces territoriaux ...).

DEUXIEME PARTIE LES DROITS SUBJECTIFS


L’on s’attachera à étudier dans le cadre des droits subjectifs, les sujets des droits
subjectifs (Chapitre 1), Les sources des droits subjectifs (Chapitre 2) ainsi que la
classification des droits subjectifs (Chapitre 3).
CHAPITRE 1 : LES SUJETS DES DROITS SUBJECTIFS
SECTION 1- LA PERSONNE PHYSIQUE
§1- L'acquisition de la personnalité juridique
Les personnes physiques constituent les principaux sujets des droits subjectifs.
Elles jouissent de la personnalité juridique. Notons que la personne physique acquiert
la personnalité juridique dès la naissance et la perd à la mort. Ainsi, la personnalité en
soit veut dire l'aptitude à être titulaire de droits et d’obligations et de pouvoir en jouir
librement.
§2- L'identification de la personne physique
- Le nom de famille
Toute personne doit avoir un nom de famille qu'elle choisi lors de la première
inscription à l'état civil. L’état civil est régi par la loi n°37-998. Il est à noter aux
termes de l’article 20 de cette loi le choix du nom de famille ne doit pas être différent
de celui du père ni porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l'ordre public ni être un nom
ridicule, un prénom on un nom étranger ne présentant pas un caractère marocain, un
nom d'une ville, de village ou de tribu, ni un nom composé sauf s'il s'agit d'un nom

8
Dahir n° 1-02-239 du 25 rejeb 1423 portant promulgation de la loi n° 37-99 relative à l'état civil (B O du 7
novembre 2002).

21
composé déjà porté notoirement par la famille paternelle de l'intéressé. Aussi, si le
nom de famille choisi est un nom de chérif, il en sera justifié par une attestation du
Naquib des chorfas correspondant ou, à défaut de Naquib, par un acte adoulaire
(Lafif).
- Le prénom
Le prénom choisi par la personne faisant la déclaration de naissance en vue de
l'inscription sur les registres de l'état civil doit présenter un caractère marocain et ne
doit être ni un nom de famille ni un nom composé de plus de deux prénoms, ni un nom
de ville, de village ou de tribu, comme il ne doit pas être de nature à porter atteinte aux
bonnes mœurs ou à l'ordre public.
- Le domicile
Le domicile représente le lieu où elle a son habitation habituelle et le centre de
ses affaires et de ses intérêts. Il est important de distinguer le domicile réel, légal et
élu.
Le domicile réel de toute personne physique et au lieu où elle a sa résidence
et le centre de ses affaires et de ses intérêts. Le code de procédure civile marocain
précise que « la résidence est le lieu où la personne se trouve effectivement à un
moment déterminé ».
Le domicile légal qui est celui assigné d’office par la loi, pour certaines
personnes : ainsi, Le domicile légal d'un incapable est au lieu du domicile de son
tuteur ou encore le fonctionnaire public est assigné au lieu où il exerce ses fonctions.
Le domicile élu représente le Lieu, autre que le domicile réel, choisi par les
parties à un acte juridique pour l’exécution de cet acte.
- La nationalité
La nationalité constitue le lien de droit rattachant un individu à un Etat. La
nationalité marocaine est encadrée au Maroc par le code de la nationalité 9 traitant
l’acquisition et l’attribution de la nationalité ou encore la perte de la nationalité.
§3- Le régime de la capacité juridique

9
Dahir du 6 septembre 1958 portant code de la nationalité marocaine tel qu'il a été modifié et complété par le
dahir du 23 mars 2007.

22
La capacité consiste en l’aptitude à acquérir et à exercer un droit. En droit
marocain, l’âge de la majorité légale est fixé à 18 années grégoriennes révolues aux
termes de l’article 209 du code de la famille. L’article 206 du même code précise qu’il
existe deux sortes de capacité: la capacité de jouissance et de capacité d’exercice.
L’article 207 du même code définit la capacité de jouissance comme étant la faculté
qu’a la personne d’acquérir des droits et d’assumer des devoirs tels que fixés par la loi.
Cette capacité est attachée à la personne durant toute sa vie et ne peut lui être enlevée.
Quant à la définition de la capacité d’exercice, l’article 208 du même code la définit
comme étant la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits personnels et
patrimoniaux et qui rend ses actes valides. La loi fixe les conditions d’acquisition de la
capacité d’exercice et les motifs déterminant la limitation de cette capacité ou sa perte.

SECTION 2- LA PERSONNE MORALE


La personnalité morale constitue « une fiction juridique en vertu de laquelle un
groupement, ici une société, est considéré comme un sujet distinct de la personne des
membres qui la composent»10. Il existe plusieurs types de personnes morales comme
les groupements de biens. L’on retrouve dans cette catégorie les fondations religieuses
(Habous ou Wakf), les fondations laïques comme la Fondation Mohammed V pour la
solidarité ou encore la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de
l’Education Formation. Aussi, il y a les groupements de personnes comme les
personnes morales de droit public à savoir l’Etat, les collectivités territoriales, les
offices et établissements publics. Dans les groupements de personnes, l’on retrouve les
personnes morales de droit privé comme les personnes morales à but lucratifs c’est le
cas les sociétés et celles à but désintéressé (les associations, les coopératives, les
mutuelles, les syndicats professionnel etc).
Dans ce cadre, notons que ans tous les systèmes juridiques, la personnalité
morale résulte de l’accomplissement de la formalité de l’immatriculation au Registre
de commerce tel qu’il est nommé au Maroc11. Il est à noter qu’en droit marocain, les
sociétés civiles et les sociétés commerciales ont la personnalité morale. A ce titre, il

10
S. CHATILLON, op. cit., p. 66.
11
Article 7 de la loi sur la S.A. et l’article 2 de la loi sur les autres types des sociétés.

23
faut dire que les sociétés en participation régies par la loi 5-96 ne jouissent pas de la
personnalité morale (article 88 de la loi 5-96)12.

CHAPITRE 2- LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS


SECTION 1- LES ACTES JURIDIQUES
§1- L’acte unilatéral et la convention
Les actes juridiques constituent des manifestations de volonté accomplies en
vue de produire des effets de droit (ex: contrat ou testament).
L’acte juridique unilatéral est aussi une variété d’acte juridique. Comme le
contrat, il fait intervenir la volonté. Comme le contrat, il peut faire naître des
obligations à la charge d’un individu et au profit d’un autre, mais aussi les modifier,
les transférer (les legs contenu dans un testament) ou les éteindre (actes abdicatifs
comme, par exemple, la renonciation à un droit). par exemple : Les effets de
commerce à savoir les lettres de change, les billets à ordre faisant naître un droit de
paiement de la somme portée sur l’effet au profit à tout endossataire c’est-à-dire à
toute personne à laquelle il a été transmis. Par conséquent, le débiteur qui paiera à
l’échéance peut être considéré ayant pris un acte unilatéral
§2- Les actes à titre gratuit et les actes à titre onéreux
L’acte à titre onéreux est l’accord par lequel chacune des parties s’engage à
donner ou à faire quelque chose et recevra une contrepartie. Toutefois, l’acte à titre
gratuit est l’accord par lequel seulement une des parties procure un avantage à l’autre
sans contrepartie.

§3- Les actes sous seing privé et les actes authentiques


L'acte authentique est celui qui a été reçu avec les solennités requises par des
officiers publics ayant le droit d'instrumenter dans le lieu où l'acte a été rédigé. Les

12
L’article 88 de la loi n°5-96 sur la Société en nom collectif, la Société en commandite simple, la Société en
commandite par actions, la Société à responsabilité limitée et la société en participation dispose que « La société
en participation n’existe que dans les rapports entre associés et n’est pas destinée à être connue des tiers.Elle
n’a pas la personnalité morale. Elle n’est soumise ni à l’immatriculation, ni à aucune formalité de publicité et
son existence peut être prouvée par tous les moyens.Elle peut être créé de fait».

24
décisions de justice rendues par les tribunaux marocains et étrangers constituent
également des actes authentiques.
Les actes sous seing privé constituent des actes juridiques rédigés par les parties à
l'acte ou par un tiers dès lors que celui-ci n'agit pas en tant qu'officier public. Au
contraire des actes authentiques les actes sous seing privé ne sont soumis à aucun
formalisme sauf la signature. L'acte sous seing privé, reconnu par celui auquel on
l'oppose, ou légalement tenu pour reconnu, fait la même foi que l'acte authentique,
envers toutes personnes.
SECTION 2 - LES FAITS JURIDIQUES
Les faits juridiques constituent des événements quelconques auxquels une règle
de droit attache des effets juridiques qui n’ont pas été spécialement voulus par les
intéressés (accident, le décès…). Le délit civil, le quasi-civil et les quasi-contrats
constituent des faits juridiques.

Les quasi-contrats constituent des faits licites et volontaires d’où découlent des
obligations soumises à un régime s’appartenant à celui des contrats à la charge de son
auteur et d’un tiers, non lien entre eux par une convention. Ex : la gestion d’affaires.

Les délits civils quant é eux constituent tout fait illicite de l’homme engageant sa
responsabilité civile en raison du dommage causé à autrui résultant d’une faute
intentionnelle.

Les quasi-délits constituent sont les faits de l’homme illicite mais commis sans
intention de nuire, qui cause un dommage à autrui et oblige son auteur à le réparer.

CHAPITRE 3 - LA CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS


SECTION 1- LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

Les droits extra –patrimoniaux ne font pas partie du patrimoine du sujet


auquel ils sont rattachés. Ils n’ont pas de valeur pécuniaire. Ces droits ne peuvent ni
être cédés, ni échangés ni saisis par les créanciers. L’on peut donner à titre d’exemple,
les droits politiques du citoyen comme la liberté de circuler, la liberté

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d’association….ou encore les droits familiaux comme l’obligation alimentaire ou la
garde de l’enfant.

SECTION 2- LES DROITS PATRIMONIAUX

Les droits patrimoniaux font partie du patrimoine du sujet de droit c'est-à-dire


qu’ils ont une valeur pécuniaire. C’est le cas du droit de la propriété ou de créance. Ils
sont cessibles, transmissibles aux héritiers, saisissables par les créanciers, et
prescriptibles. L’on peut faire entrer dans ce cadre : la vente, l’hypothèque, l’emprunt
…. A ce titre, il est important de parler des droits réels qui sont divisés en deux
catégories : les droits réels principaux et les droits réels accessoires.
Pour les droits réels principaux, ils concernent le droit de propriété et ses
démembrements: Le droit de propriété, le droit d’usufruit, le droit des Habous, les
droits d’usage et d’habitation, le droit de l’emphytéose, le droit de superficie, le droit
de servitude.
Quant aux droits réels accessoires, ils sont liés à l’existence d’une créance dont
ils garantissent le recouvrement. C’est le cas essentiellement de l’hypothèque et du
gage.
Il est également important de parler des droits personnels ou de créance dans le
cadre des droits patrimoniaux, le droit personnel ou de créance lie deux personnes. Il
peut être défini comme étant le droit subjectif qu'a une personne, appelée créancier,
d'exiger d'une autre personne, le débiteur, une certaine prestation.
Dans le cadre de l’étude des droits patrimoniaux, il est important de parler des
droits de la propriété intellectuelle qui sont divisés en droits de propriété industrielle
ou commerciale ainsi que les droits de propriété littéraire et artistique (droits d'auteur).
- Les droits de propriété industrielle ou commerciale qui regroupent d'une part les
droits sur les signes distinctifs (en particulier les marques), d'autre part les droits sur
les créations (brevets d'invention, dessins et modèles…).
- Les droits de propriété littéraire et artistique ou encore les droits d'auteur sont appliqués également aux
logiciels, aux bases de données et aux oeuvres " numériques " ou " multimédias ".

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