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IUT d’ORLÉANS Année Universitaire 2021/2022

DEPARTEMENT G.E.A.
BUT 1

ENSEIGNANT : ABDOULAYE MBOTAINGAR


Maître de conférences, Droit Privé

FONDAMENTAUX DU DROIT : DROIT DES OBLIGATIONS


(R1.1.2)
(Semestre 1)

I - INTRODUCTION GÉNÉRALE

! Définition.
- Droit : Ensemble des règles régissant la vie en sociétés. Elles sont mises en place
ou organisées par l’Etat, mais pas toutes. Elles sont de caractère générale, mais
pas toutes, obligatoires, mais pas toutes, sanctionatoires, etc. Il existe plusieurs
classifications de droit dont celle distinguant entre droit objectif ou positif
(ensemble de règles juridiques en vigueur dans un Etat) et du droit subjectif
(ensemble des prérogatives attribuées à un individu, dans son intérêt, lui
permettant de jouir de son identité, d’une chose, d’une valeur, ou d’exiger d’autrui
une prestation).

- droit privé : Ensemble de règles régissant les rapports entre particuliers. Il


exclut les prérogatives de puissance publique qui sont du ressort du droit public. Il
est constitué notamment du droit civil, droit commercial, du droit rural, du
droit du travail, droit de l’entreprise etc.

- droit civil : Ensemble des règles applicables à l’individu et dans les rapports de
celui-ci aux autres, s’agissant notamment de sa personne, de sa famille, de ses
biens ou de ses obligations (contrats et responsabilité). Le droit civil est constitué
des règles communément applicables à tous les individus en l’absence de règles
spéciales, d’où sa qualification de droit commun.

- obligation juridique : une obligation est un lien de droit entre deux ou plusieurs
personnes en vertu duquel l’une des parties, le créancier est en droit d’exiger de
l’autre, le débiteur, l’exécution d’une prestation : livraison d’un bien, paiement
d’une valeur, fourniture d’un service, une abstention, etc.

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! Sources des obligations (art. 1100 C. civ).
- Pluralité :
o Les obligations naissent d’actes juridiques, de faits juridiques, ou de
l’autorité seule de la loi.
o Elles peuvent naître de l’exécution volontaire ou de la promesse
d’exécution d’un devoir de conscience envers autrui (1100).

1-Actes juridiques (art. 1100-1 C. civ.,) :


- Définition : il s’agit des manifestations de volonté destinées à produire des effets
de droit ;

- Nature : ils peuvent être des conventions (plusieurs personnes) ou actes


unilatéraux (une seule personne)

- Exemple d’actes juridique : un contrat (art. 1101 C. civ.) : accord de volontés


entre deux ou plusieurs personnes destiné à produire d’effets de droit. créer,
modifier, transmettre ou éteindre des obligations

- Effets du contrat : il en existe quatre (4) alternatifs ou cumulatifs


• Création d’obligations. Ex/vente
• Modification d’obligations. Ex/ :
Novation ; promotion (droit du travail) ;
révision du prix du loyer, etc.)
• Transmission d’obligations. Ex/cession
de créances ou de dettes ; succession
(héritage de dettes ou de créances)
• Extinction d’une obligation. Ex/remise
ou abandon de dette ou de droit, etc.

2-Faits juridiques (art. 1100-2 C. civ.) :


- Définition. Il s’agit des agissements et des événements (volontaires ou involontaires)
auxquels la loi attache des effets de droit.

- Responsabilité extracontractuelle (dite délictuelle) : Tout fait quelconque de


l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel, il est arrivé
à le réparer (C. civ., art. 1240). Par suite, on est responsable non seulement de son
propre fait volontaire ou involontaire dès lors qu’il est dommageable pour autrui, mais
également de ceux des personnes dont –on a la charge, mais également des choses
dont on a la garde.

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3-Autorité de la seule loi (art. 1100 C. civ.)

- Présentation. Certaines situations peuvent faire naître des obligations alors même
qu’elles ne procèdent ni d’un fait juridique et encore moins d’un acte juridique.
- Exemples :
o Gestion d’affaires ;
o Répétition de l’indu ;
o Obligations fiscales

4-Devoir de conscience (art. 1100, al. 2)

" Présentation. Le devoir de conscience procède plus de la morale que du droit


puisqu’il postule l’accomplissement des actes de bienfaisance (assistance, solidarité,
partage ; compassion) ; ce qui revient à distinguer le bien du mal ; l’équité de
l’iniquité ; le juste de l’injuste ; le bon du mauvais. Or, le droit n’est pas toujours
synonyme du bien, du juste, du bon. Mais il constitue néanmoins et désormais une
source des obligations au même titre que les précédentes, depuis la réforme de 2016.

" Exemples :
- Exécution d’un devoir de conscience envers autrui : mise à disposition d’un SDF
d’un logement ; paiement d’un abonnement à un produit ou à service au bénéfice d’un
indigent. Cette mise à disposition ou ce paiement autorise le SDF ou l’indigent à
engager une action en justice en cas d’interruption en l’absence d’alternative et faute
de meilleure fortune du bénéficiaire.

- Promesse d’exécution volontaire d’un devoir de conscience envers autrui :


promesse de mise à disposition d’un logement au bénéfice d’un SDF ou de paiement
d’un bien ou d’un service au bénéfice d’un indigent. L’inexécution de la promesse
autorise une action en justice de la part du bénéficiaire de la promesse.

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II – PRINCIPES FONDAMENTAUX DES OBLIGATIONS
CONTRACTUELLES

Il existe trois principes fondamentaux des obligations :


" Autonomie de la volonté des parties
" Force obligatoire du contrat
" Bonne foi des parties au contrat

A – Autonomie de la volonté

1- Définition et déclinaison

" autonome : être autonome se dit d’une personne ou d’une chose qui se suffit à lui-
même, c’est-à-dire qui est autosuffisant ;
" déclinaison dans la relation contractuelle : Le contrat doit être l’œuvre de la seule
volonté de celui qui s’engage sans aucune contrainte ou restriction venant de
l’extérieure. Les citoyens naissent et demeurent libres. Chacun est libre de s’engager
ou non dans une relation contractuelle. S’il le fait, c’est nécessairement en toute
connaissance de cause et donc en toute conscience et seulement parce qu’il l’a voulu.
C’est la liberté contractuelle consacrée dans par le Code civil en 1804.

2 – Liberté contractuelle (art. 1102 C. civ.)


Le principe de la liberté contractuelle consacré dans l’article 1102 du Code
civil veut que chacun soit totalement libre de contracter ou de ne pas contracter, de
choisir son cocontractant ; de déterminer le contenu et la forme du contrat qu’il décide
de souscrire. On peut la résumer en ces termes :
- liberté de contracter (ou de ne pas contracter)
- liberté du choix du cocontractant
- liberté de déterminer le contenu du contrat
- liberté de déterminer la forme du contrat (consensuelle ;
solennelle ; etc.)

Pour autant, la liberté contractuelle peut –elle réellement être totale, c’est-à-
dire sans limite aucune ?

3– Atténuations (art. 1102, al. 2

Justification de l’atténuation. L’excès de liberté contractuelle peut conduire à


des abus dans le contexte d’une société où le déséquilibre dans les rapports de forces
est de plus en plus marqué entre les puissants et les faibles ; les riches et les pauvres,
les instruits et les indigents ; les possédants et les travailleurs, etc. A défaut de
restriction ou de correction, elle constituerait, fatalement le véhicule de la soumission,

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de l’asservissement, de la privation, ou encore de l’exposition au risque existentiel des
moins nantis, des imprudents, ou encore de non instruits.

! Enoncé du principe de l’atténuation : La liberté contractuelle ne s’exerce cependant


que dans les limites fixées par loi. Ainsi, elle ne permet pas de déroger aux règles qui
intéressent l’ordre public (art. 1102, al. 2).
! Notion et régime de l’ordre public :
- Notion : l’ordre public se définit comme l’ensemble des règles
juridiques qui s’imposent d’autorité dans les rapports sociaux
pour des raisons morales, de sécurité des personnes et des biens
ou de maintien de la paix en société. Il justifie l’atteinte aux
libertés individuelles et publiques (d’aller et de venir ; de
disposer comme on veut de ses droits et biens). Il en existe
plusieurs déclinaisons (ordre public de direction, ordre public de
protection, ordre public administratif, social, économique
(protection du faible dans une relation contractuelle), etc.). Son
contenu varie selon la nature et le régime.

- Régime : une règle d’ordre public est nécessairement


impérative. Il est impossible de se soustraire ou de déroger
(même avec l’accord de la partie protégée par la règle) aux
règles d’ordre public de direction. La dérogation n’est possible
que les règles d’ordre public de protection, mais seulement
après renonciation au droit protégé une fois acquis au
bénéficiaire. Au plan civil, la violation d’une loi d’ordre public
est sanctionnée par la nullité (relative ou absolue) ou le réputé
non écrit.

! Exemples de limitation de la liberté contractuelle :


- Contrats et clauses interdits. Ex : contrats interdits (contrat sur
le corps ou les produits du corps humains ; contrat de vente entre patient et
médecin traitant, de prêt entre une société et son dirigeant personne
physique) ; les clauses abusives (ex : clause de résiliation unilatérale au
bénéfice d’une seul des parties ; clause de détermination et/ou de
modification discrétionnaire et unilatérale du prix ; clause d’irresponsabilité
civile du fabricant en cas de défectuosité du produit ou service) .

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- Contrats ou clauses obligatoires. Ex : contrats obligatoires
(contrats d’assurance de logement ou de véhicule motorisé ; l’interdiction de
refus de vente) ; clauses obligatoires (clause de rétraction dans les
contrats à distance ou sur démarchage entre professionnels et particuliers,
etc).
- Formalisme obligatoire. Ex : Contrats solennels (contrat de vente
immobilière ou contrat de mariage) ou Contrats réels (contrats de gage)

B – Force obligatoire (art. 1103 C. civ.)

! Principe : Les contrats légalement formés ; (c’est-à-dire valables) tiennent lieu de loi
à ceux qui les ont faites. Ils obligent les parties ; lesquelles doivent les exécuter de
bonne foi.

1 – Effets de la force obligatoire du contrat


Le créancier de l’obligation non exécutée peut demander :
- Exécution forcée
- Exception d’inexécution
- Réparation financière
- Résolution du contrat

2– Atténuations de la force obligatoire

a)- Recensement des cas d’atténuations

! Rappel du principe de l’intangibilité et de l’irrévocabilité contractuelle :

! Exceptions à l’intangibilité et l’irrévocabilité contractuelle :

- Modification et révocation consensuelles : les contrats ne


peuvent être modifiés ou révoqués que du consentement mutuel
des parties, pour les causes que la loi autorise (1193)

- Résiliation unilatérale : faculté de résiliation unilatérale du


contrat à durée indéterminée (art. 1211 C. civ.)
- Résolution unilatérale : faculté de résolution unilatérale par le
créancier en cas d’inexécution suffisamment grave par le
débiteur (art. 1226 C. civ.)
- Neutralisation des clauses abusives : pouvoir du juge de
neutraliser d’office les clauses abusives (art. 1171 C. civ.)
- Révision ou résiliation pour imprévision : pouvoir de révision
ou de résiliation du juge en cas d’imprévision (art. 1195 C. civ.)
- Force majeure (infra)

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b) – Spécificité de l’imprévision (art. 1195 C. civ.)

! Une institution nouvelle répondant au besoin d’adaptation du droit :

! Conditions :

- Exigence d’un changement de circonstance : un changement


de circonstance imprévisible lors de la conclusion du contrat
rendant l’exécution excessivement onéreuse pour une partie qui
n’avait pas accepté d’en assumer le risque ;
- Non interruption de l’exécution du contrat : L’exécution du
contrat ne doit pas être interrompue par celui invoque
l’imprévision ;

! Procédure :

- Demande de renégociation par la victime de l’imprévision/


- Résolution d’un commun accord du contrat en cas d’échec ou
de refus de négociation à la date et aux conditions qu’elles
déterminent/
- Demander d’un commun accord au juge de procéder à son
adaptation (révision)/
- Révision ou annulation du contrat par le juge (à la date et aux
conditions qu’il fixe) à la demande d’une partie à défaut
d’accord entre les parties dans un délai raisonnable

b) - Force majeure (art. 1218 C. Civ)


! Conditions :
- Evènement échappant au contrôle du débiteur
- Evènement ne pouvant être raisonnablement prévu lors de la
conclusion du contrat
- Evènement ne pouvant être évité par des mesures appropriées
- Evènement empêchant l’exécution du contrat
! Effets :
- Suspension de l’obligation lorsque l’empêchement est
temporaire (sauf si le retard justifie la résolution du contrat)
- Résolution de plein droit et libération des parties de leurs
obligation (art.1351 et 1351-1 C. civ.) lorsque l’empêchement
est définitif.

C – Bonne foi ( art. 1104 C. civ.)

" Définition :
" Caractère impératif : 1104, al.2
" Moment d’appréciation : les contrats doivent être négociés, formés, exécutés
de bonne foi (1104)

- Négociation
- Formation du contrat
- Exécution du contrat

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III – CLASSIFICATION DES CONTRATS

Art. 1105 :
- Les contrats, qu’ils aient ou non une dénomination propre, sont
soumis à des règles générales qui sont l’objet du présent sous-
titre.
- Al. 2 : les règles particulières à certains contrats sont établies
dans les dispositions propres à chacun d’eux.
- Al.3 : les règles générales s’appliquent sous réserve de ces
règles particulières

A – Contrat synallagmatique/contrat unilatéral

Art. 1106 (anc. 1102 et 1103) :


- al. 1 : le contrat est synallagmatique lorsque les contractants
s’obligent réciproquement les uns envers les autres.

- Al.2 : Le contrat est unilatéral lorsqu’une ou plusieurs


personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres sans qu’il y
ait d’engagement réciproque de celles-ci.

B – Contrat onéreux/contrat gratuit

Art. 1107 (anc. 1105 et 1106) :


- Le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit
de l’autre un avantage en contrepartie de celui qu’elle procure ;

- Al. 2 : Il est à titre gratuit lorsque l’une des parties procure à


l’autre un avantage sans attendre, ni recevoir de contrepartie.

C – Contrat commutatif/contrat aléatoire


Art. 1108 (anc. 1104)
- Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s’engage
à procurer à l’autre un avantage qui est regardé comme
l’équivalent de celui qu’elle reçoit ;
- Al. 2 : il est aléatoire lorsque les parties acceptent de faire
dépendre les effets du contrat, quant aux avantages et aux pertes
qui en résulteront, d’un évènement incertain.

D- Contrat consensuel/contrat solennel et contrat réel


Art. 1109
- Al.1er. Le contrat est consensuel lorsqu’il se forme par le seul
échange des consentements quel qu’en soit le mode
d’expression (1109) ;
- Al.2. Le contrat est solennel lorsque la validité est subordonnée
à des formes déterminées par la loi
- Al.3. Le contrat est réel lorsque sa formation est subordonnée
par la remise d’une chose ;
- Le contrat solennel et le contrat réel sont communément appelés
les contrats formalistes.

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E- Contrat de gré-à-gré/contrat d’adhésion
Art. 1110
- Le contrat de gré à gré est celui dont les stipulations sont
librement négociées entre les parties ;
- Al.2. Le contrat d’adhésion est celui qui comporte un ensemble
de clauses non négociables, déterminées à l’avance par l’une
des parties (rédaction issue de la loi de ratification n° 2018-287
du 20 avr. 2018);

F- Contrat cadre/contrat d’application


Art. 1111
Le contrat cadre est un accord par lequel les parties conviennent des
caractéristiques générales de leurs relations contractuelles futures. Des contrats
d’application en précisent les modalités d’exécution.

G- Contrat à exécution instantanée/Contrat à exécution succession


Art. 1111-1

- Le contrat à exécution instantanée est celui dont les obligations


peuvent s’exécuter en une prestation unique.
- Al.2. Le contrat à exécution successive est celui dont les
obligations d’au moins une partie s’exécutent en plusieurs
prestations échelonnés dans le temps.

H- Contrat à durée déterminée/contrat à durée indéterminée

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