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Droit civil : Contrats et Obligations

Les obligations conventionnelles : Le contrat

Depuis 1804, pas de réformes importantes concernant le droit civil. En 2004


ont lieu de grandes réformes du droit contractuel et non contractuel sous la
présidence de Gérard Cornu.
En 2014, les théoriciens ont demandé aux praticiens de donner leur volonté ce
qui donne une réforme du droit des contrats, avec passage par ordonnance (10
février 2016) qui entre en vigueur en septembre 2016 et qui engendre un
changement total du droit des contrats.

Introduction

Définition de l’obligation : Droit personnel. Une obligation est un lien de droit


unissant deux personnes et en vertu duquel l’une (le créancier) a le pouvoir d’exiger
de l’autre (le débiteur), soit une prestation soit une abstention.

Nous étudierons les obligations civiles, celles qui découlent de la loi. Elles
s’opposent aux obligations naturelles correspondant à l’accomplissement d’un devoir
moral, de conscience conformément à l’article 1100 alinéa 2 (comme l’obligation
alimentaire entre frères ou l’obligation de contribution aux charges entre concubins
ou l’engagement d’un père de verser une certaine somme d’argent à son fils
présumé jusqu’à la fin de ses études). Les obligations naturelles ne sont pas
susceptibles d’une exécution forcée contrairement aux obligations légales, mais si le
débiteur de l’obligation naturelle l’a exécutée volontairement, la restitution n’est pas
admise (art. 1302 alinéa 2). Il y a alors une ovation de l’obligation naturelle en
obligation civile.

L’obligation est un droit patrimonial, elle représente donc pour son titulaire un
élément de richesse, et non un droit extrapatrimonial qui n’est pas un droit
directement évaluable en argent (droits de la famille, droit à l’honneur ou droit au
respect de la vie privée).
L’obligation figure à l’actif du patrimoine du créancier et au passif du
patrimoine du débiteur. Elle illustre donc la mise en œuvre des rapports
économiques et a donc une grande importance pratique.

L’obligation est un droit incorporel. Les droits corporels sont les différentes
variétés de choses (meubles et immeubles). L’obligation est plus précisément un
droit de créance, un lien de droits existant entre deux personnes, un droit personnel
et non un droit réel, c’est à dire le pouvoir juridique reconnu à une personne et qui
porte directement sur une chose comme la propriété, le gage ou l’hypothèque.
Classification des obligations : On distingue trois catégories d’obligations :
- Les obligations qui naissent d’un acte juridique, d’une volonté créant des
effets de droits (contrat) ;
- Les obligations qui naissent d’un délit (fait intentionnel : art.1240) ou d’un
quasi-délit (fait provenant de négligence ou imprudence : art.1241) ;
- Les obligations qui naissent de l’autorité seule de la loi (quasi-contrats : article
1300).

Quasi-contrats : Définis à l’article 1300. Ce sont des faits purement volontaires dont
il résulte un engagement de celui qui en profite sans y avoir droit et parfois un
engagement de leur auteur envers autrui.

Classification des quasi-contrats : On distingue trois catégories de quasi-contrats :


- Gestion d’affaires : Art. 1301 : Fait pour une personne d’accomplir des actes
dans l’intérêt d’une autre sans qu’il en ait été chargé (un hôtelier qui héberge
la victime d’un accident).
- Paiement de l’indu : Art.1302 : Ce qui a été reçu sans être dû est sujet à
restitution (caisse de sécurité sociale qui verse des prestations excessives ou
totalement indues).
- Enrichissement injuste / sans cause : Art.1303 : Par exemple les travaux
effectués sur le terrain d’autrui ou l’utilisation par une compagnie de
distribution d’eau d’une conduite appartenant à un particulier, dans ce cas
l’appauvri à droit à une indemnité.

Les actes juridiques sont définis à l’article 1100-1 : « Manifestations de volonté


destinées à produire des effets de droit ». Les contrats constituent la source la plus
importante des actes juridiques, source d’obligations. Les actes juridiques
unilatéraux ne seront pas traités (reconnaissance d’un enfant, testament, démission)
ni les actes juridiques collectifs (décision majoritaire d’une assemblée générale,
conventions collectives de travail).
Notions générales relatives au contrat

Chapitre 1 : Définition du contrat

Article 1101 : Accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné à


créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. Le contrat est une
convention génératrice d’obligations.

• Le contrat est conclu pour créer des obligations. Il s’oppose par son caractère
obligatoire aux accords de complaisance ou de courtoisie. Le contrat s’oppose
aux engagements d’honneur dont l’inexécution n’est pas sanctionnée par la
justice.
• Le contrat suppose un accord de volontés : il faut donc la réunion de deux
personnes. Un contrat est unilatéral s’il ne comporte d’obligations qu’à l’égard
d’une des parties, mais il y a toujours la réunion de deux personnes (dans un
contrat de cautionnement, la personne avec la caution s’engage à payer le
créancier en cas de défaillance du débiteur principal). Il faut distinguer les
contrats unilatéraux des engagement unilatéraux de volonté (une seule
personne engendre des obligations à sa charge (promesse de récompense
publiée dans un journal)). Les contrats unilatéraux n’engagent pas
d’obligations.
La jurisprudence use des sources traditionnelles des obligations pour lui
conférer force obligatoire : le contrat, la responsabilité civile, ou bien la gestion
d’affaire et l’enrichissement injuste.

Chapitre 2 : Classification des contrats

Contrats synallagmatiques et unilatéraux – Art. 1106

Le contrat est synallagmatique lorsque les contractants s’engagent


réciproquement les uns envers les autres (contrat de vente).
Le contrat est unilatéral lorsqu’une ou plusieurs personnes s’engagent envers
une ou plusieurs autres sans qu’il y ait d’engagement réciproque de celles-ci.

La preuve d’un contrat synallagmatique doit être apportée par un acte sous
signature privée établi en autant d’originaux qu’il y a de parties ayant un intérêt
distinct (art.1375). La preuve d’un contrat unilatéral constatant à une obligation de
payer une somme d’argent (chèque) ou de livrer une chose fongible (qui se
consomme par l’usage ou qui peut être remplacée par une chose de même qualité,
quantité ou de même nombre). Un tel contrat doit comporter, outre la signature de
celui qui s’engage, la mention écrite par lui même de la somme de la quantité, écrite
en toutes lettres et en tous chiffres (art.1376).
Les obligations des parties étant réciproques, si l’un des contractants
n’exécute pas son obligation, l’autre peut se retrancher derrière cette inexécution
pour ne pas exécuter la sienne (exception d’inexécution : Art.1219). De même, un
contractant ayant exécuté son obligation mais n’ayant pas reçu celle de son
partenaire peut demander restitution de sa prestation (résolution pour inexécution :
Art.1224 et suivants).

Contrats à titre gratuit et à titre onéreux – Art. 1107

Le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit de l’autre un
avantage en contrepartie de celui qu’elle procure.
Le contrat est à titre gratuit lorsqu’une des parties procure à l’autre un
avantage sans attendre ni recevoir de contrepartie (la donation, le bail sans
stipulation de loyer, le prêt sans intérêt, le mandat non rémunéré).

La formation du contrat à titre gratuit est généralement soumise à des


conditions plus rigoureuses quant aux conditions de forme et de capacité. En effet, la
personne qui s’engage sans contreparties doit être davantage protégée. En
revanche, la charge qui pèse sur celui qui accomplit gratuitement une prestation est
moins lourde sur celle qui pèse sur un débiteur à titre onéreux. Il n’est par exemple
pas soumis à la garantie des vices cachés. D’autre part, la responsabilité du débiteur
en cas d’inexécution est appréciée moins sévèrement dans les contrats à titre gratuit
que dans les contrats à titre onéreux.

Contrats commutatifs et aléatoires – Art. 1108

Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à procurer à


l’autre un avantage qui est regardé comme l’équivalent de celui qu’elle reçoit (la
vente).
Le contrat est aléatoire lorsque les parties acceptent de faire dépendre les
effets du contrat quant aux avantages et aux pertes qui en résulteront d’un
événement incertain (la vente contre rente viagère : l’acheteur s’engage à verser au
vendeur une rente jusqu’à sa mort : l’assurance : contrat par lequel moyennant le
versement périodique de prime par l’assuré, l’assureur versera une prestation à ce
dernier lorsque se réalisera un risque).
Dans les contrats commutatifs, la rescision pour lésion (sanction en cas de
déséquilibre de prestations) est admise. La rescision pour lésion n’est pas admise
pour les contrats aléatoires (l’aléa chasse la lésion).

Contrats consensuels, solennels et réels – Art. 1109

Le contrat consensuel est la catégorie de principe, c’est-à-dire que presque


tous les contrats sont consensuels. L’idée est que le contrat se forme par le seul
échange du consentement quel qu’en soit le mode d’expression (ex : vente). La
formation par étape et l’intervention du notaire dans une vente immobilière n’en
détruit pas le caractère consensuel.
Le contrat solennel est soumis au respect d’une formalité, généralement la
rédaction d’un écrit. C’est la plupart du temps un acte authentique ou bien un acte
sous signature privé. Du temps du Code Civil, il y en avait 4 :
- Le mandat à effet posthume : acte par lequel une personne désigne celle
qu’elle charge de gérer tout ou partie de ses biens après sa mort pour le
compte et dans l’intérêt de ses héritiers : Art. 812-1-1 alinéa 3 ;
- La donation : Art. 931, elle se fait par acte notarié ;
- Le contrat de mariage ;
- La constitution d’hypothèque : Art. 1416.
On assiste également à une renaissance du formalisme sous l’influence de la
protection des consommateurs depuis les années 1970.
Le contrat réel (3 au temps du Code Civil, plus que 2 aujourd’hui) s’informe que
de la remise de la chose objet du contrat. Donc la remise de la chose n’est pas le
premier acte d’exécution mais elle en constitue le dernier.
- Le dépôt : Art. 1919 ;
- Le prêt : Art. 1875 (chose) et 1892 (argent).

Un contrat solennel dont la formalité n’est pas respectée ou un contrat réel où il


n’y a pas remise de la chose seront nuls.

Contrats de gré à gré et d’adhésion – Art. 1110

Le contrat de gré à gré est celui dont les stipulations sont librement négociées
par les parties.
Le contrat d’adhésion est celui dont les conditions générales soustraites à la
négociation sont déterminées à l’avance par l’une des parties. Il y a supériorité
économique d’une partie sur l’autre et le contrat est préétabli.

Les clauses d’un contrat d’adhésion s’interprètent contre la partie qui les a
proposées (Art. 1190). Les clauses créant un déséquilibre significatif entre les droits
et obligations entre les parties sont réputées non écrites (Art. 1171).

Contrats cadres et d’application – Art. 1111

Le contrat cadre est un accord par lequel les parties conviennent des
caractéristiques essentielles de leur relation contractuelle future.
Le contrat d’application précise les modalités d’exécutions d’un contrat cadre.

Contrats à exécution instantanée et à exécution excessive – Art. 1111-1

Le contrat à exécution instantanée est celui dont les obligations peuvent


s’exécuter en une prestation unique.
Le contrat à exécution excessive lorsque les obligations d’au moins une des
parties s’exécute en plusieurs prestations échelonnées dans le temps (contrat de
travail).

Contrats nommés et innommés – Art. 1105

Le contrat nommé est celui qui est règlementé et qualifié par la loi.
Le contrat innommé ne fait l’objet d’aucun régime légal spécifique.

Chapitre 3 : Le fondement des contrats

1. Théorie de l’autonomie de la volonté

C’est une philosophie individualiste, c’est la volonté de créer sa propre loi. Elle a
inspiré les interprètes du 19ème et début 20ème siècle. Cette théorie puise ses racines
dans la philosophie du Siècle des Lumières. L’idée de base est que les Hommes
sont libres et égaux et ne vont donc assumer une obligation s’ils le veulent bien. La
volonté joue un rôle prépondérant.
Le contrat n’existe que parce qu’il a été voulu et de la manière dont il a été voulu.
Comme l’Homme ne peut pas agir contre ses intérêts, le contrat est juste. Le principe
est donc celui de la liberté contractuelle (Art. 1102 et Art. 1103). De même, l’Art. 6
permet de déroger à toute loi qui n’intéresserait pas l’ordre public et les bonnes
mœurs.
L’origine de ce principe est le mouvement des droits naturels de l’Homme et la
doctrine économique libérale pour laquelle toutes les relations économiques sont
régies par la loi de l’offre et de la demande qui assurent l’adaptation du prix à la
valeur grâce à la concurrence. Cela explique le principe du consensualisme, la force
obligatoire du contrat à l’égard des parties et à l’égard du juge et le fait que le contrat
ne crée d’obligation qu’entre les parties.
Il ne faut pas pour autant prendre les rédacteurs du Code Civil pour des naïfs,
mais simplement, la fiction est un idéal vers lequel il faut tendre.

2. Le déclin de la théorie de la volonté

Il est né d’une critique de la doctrine économique libérale. Les hommes ne sont


pas égaux, cela entraîne l’absence de discussion de tous les termes du contrat. Il y a
multiplication des inégalités économiques et on s’aperçoit que c’est la liberté qui
opprime et la loi qui libère. Les manifestations sont d’abord la découverte de
l’obligation de renseignement à la charge du professionnel (la multiplication des
dispositions d’ordre public : Art. 1102 alinéa 2), d’autre part la loi nouvelle est de plus
en plus déclarée applicable même aux contrats en cours, la multiplication des lois
protection du consommateur.
Si l’autonomie de la volonté n’est plus absolue, elle demeure la règle.
Les conditions de formation des contrats – Art. 1128

Chapitre 1 : Le consentement

Par consentement, on entend la manifestation de la volonté de chacune des


parties et l’accord de ces volontés en vue de faire naître des obligations. On exige
que ce consentement ait été donné, c’est-à-dire qu’il existe (section 1) et que ce
consentement ne soit pas vicié, qu’il soit intègre (section 2).

I. L’existence du consentement

Le contrat est formé par la rencontre instantanée de l’offre et de l’acceptation. La


loi perturbe parfois l’instantanéité de la rencontre des consentements en imposant un
délai de réflexion pendant lequel le contrat ne peut pas être conclu (Art. 1123).
D’une manière plus générale, les contrats importants sont les fruits de
négociations qui s’étalent dans le temps. Ces négociations doivent être menées de
bonne foi (Art. 1112). La formation du contrat requiert la rencontre d’une offre et
d’une acceptation (Art. 1113).

1. L’offre

C’est la proposition qu’il suffira que le sollicité accepte pour que le contrat soit
maintenu, cela exclu indirectement l’invitation à entrer en pourparlers (demande
d’une entreprise à une autre de lui communiquer les clauses de ses prestations de
service), et également l’appel d’offre (particulier vend automobile, prix à débattre).

L’offre doit être précise, elle doit donc contenir les éléments essentiels du contrat
(Art. 1114). Pour la vente, il a choisi le prix (Art. 1583), pour le louage, le bien qu’on
envisage de louer et le montant du loyer. Pour le contrat de travail, la prestation
requise et le salaire.
A défaut ce n’est qu’une simple invitation à entrer en pourparlers ou un appel
d’offre dont l’acceptation n’emporte pas la formation du contrat.
L’offre doit être ferme (Art. 1114), il ne doit pas y avoir de rétractation de la part
de son auteur (pas d’offres sujettes à confirmation). Toute offre ne vaut évidemment
que jusqu’à épuisement des stocks et les limites sont toutes offres qui sont
personnelles (offre d’emploi ou comportant un crédit). S’il y a contreproposition,
l’offrant est celui qui forme la dernière proposition, c’est-à-dire celles qui sont
acceptées sans contrepropositions.
Le mode d’expression de cette offre est libre. Elle peut être formulée par écrit ou
verbalement ou résulter de certaines attitudes (exposition de marchandises en vitrine
avec le prix indiqué, ou fait pour un taxi de stationner sur un emplacement réservé
avec son voyant allumé). Si l’acceptation intervient, le contrat est formé, mais tant
qu’il n’y a pas acceptation, l’offre est librement révocable.
À cela, il y a 2 tempéraments :
- Art. 1116 : l’offre peut être assortie d’un délai de validité express ou tacite. A
défaut, elle ne peut pas être évoquée avant l’écoulement d’un délai
raisonnable ;
- Art. 1117 : l’offre est caduque à l’issu du délai fixé pour son acceptation ou à
défaut d’un délai raisonnable. Elle également caduque du fait d’un décès ou
de l’incapacité de l’offrant.

2. L’acceptation

C’est l’acceptation par le destinataire de l’offre de son intention définitive de


conclure le contrat aux conditions définies par l’offre. Il faut donc une adéquation
entre l’acceptation et l’offre qui a été faite au moins quant aux éléments essentiels. Si
le destinataire de l’offre exprime d’autres conditions, il s’agit d’une offre nouvelle et le
contrat n’est pas formé. L’acceptation peut être expresse ou résulter d’un geste
(signature d’un document, ouverture de la porte d’un taxi ou lever la main dans une
vente par ad justification).

Le silence, c’est-à-dire l’attitude entièrement passive ne vaut pas acceptation (Art.


1120) contrairement au proverbe courant « Qui ne dit mot consent », sauf disposition
législative contraire (Art. 1738), le silence du bailleur, à l’expiration du contrat de bail
vaut acceptation du renouvellement sauf les usages d’une profession ou sauf les
circonstances particulières.

3. La rencontre de l’offre et de l’acceptation

Cette rencontre ne pose aucun problème si les deux parties au contrat sont
présentes pour manifester leur volonté.
Les intérêts pratiques :
- Jusqu’à la conclusion du contrat, les parties peuvent se rétracter. Mais une
fois le contrat formé, il n’y a pas de rétractation possible ;
- La date de formation du contrat est essentielle en cas de survenance du
décès ou de l’incapacité d’une des deux parties ;
- En cas de contrat translatif de propriété, la conclusion du contrat transfère la
propriété et met les risques à la charge de son bénéficiaire ;
- La loi en vigueur au moment de la formation du contrat le régit ;
- Le lieu de formation du contrat permet de déterminer la compétence
territoriale des prud’hommes ;
- La date de formation du contrat fixe le point de départ des délais de
prescription.
• Les systèmes de la déclaration et de l’information :
Le contrat est formé tel qu’il y a existence de deux volontés concordantes. Le
contrat est formé dès que l’acceptation est exprimée qui sert à la déclaration ou bien
dès que l’acceptation est connue de l’accepteur de l’offre (système de l’information).
Ces systèmes sont rejetés en raison de la difficulté de la preuve.

• Les systèmes de la réception et de l’émission (éléments matériels) :


On retient le moment où la lettre d’acceptation a été reçue par l’auteur de l’offre,
c’est le système de la réception et c’est favorable à l’offrant puisqu’il peut se rétracter
jusqu’à la réception ou bien on retient le moment où l’acceptation a été expédiée, le
cachet de La Poste faisant foi, c’est le système de l’émission et c’est favorable à
l’acceptant puisque l’offrant ne peut pas se rétracter.

• La solution légale :
Art. 1121 : Le contrat est conclu au moment et au lieu où l’acceptation parvient à
l’offrant. On a consacré la théorie de la réception. Cette solution est conforme à celle
de la convention de Vienne relative à la vente internationale de marchandises du 11
avril 1980.

II. L’intégrité du consentement

Le contrat est formé par la seule manifestation du consentement, cela n’est vrai
que si la volonté des parties est saine. Cela suppose que la volonté existe donc en
cas d’absence totale du fait d’un malentendu, aucun contrat n’est formé. Elle ne doit
d’autre part ne pas avoir été altérée ou viciée. D’après le code civil, il y a trois vices
du consentement, d’après l’art. 1130 :
- L’erreur ;
- Le dol ;
- La violence.

Cela concilie une idée de justice (la loi doit protéger le contractant qui n’a pas été
libre ou dont le consentement a été insuffisamment éclairé) et la sécurité juridique
(une trop grande protection quant au vice du consentement aboutirait à une
insécurité dans les relations contractuelles). Voilà pourquoi le législateur n’annule le
contrat que si le vice du consentement est d’une gravité certaine et s’il y a une
certaine participation de l’autre contractant au vice du consentement. C’est ce que
vient préciser l’art. 1130 qui précise que le caractère déterminant doit être apprécié
concrètement. Cet article est une disposition liminaire applicable à chacun des trois
vices.
1. L’erreur : art. 1132 à 1135

L’erreur est une appréciation inexacte de l’un des éléments du contrat. Il faut
déterminer les erreurs retenues et sanctionnées, les conditions qu’elles doivent
remplir ainsi que les sanctions qui les a faites.

A. Erreurs, causes de nullité des contrats

Il faut déterminer les erreurs qui entrainent et celles qui n’entrainent pas la nullité
du contrat.

i. Les erreurs invalident le contrat

• L’erreur obstacle :
C’est le cas où l’erreur a été d’une telle importance que les volontés n’ont
même pas pu se rencontrer, c’est un quiproquo. L’erreur peut porter sur la
nature du contrat, une partie croit vendre un immeuble alors que l’autre pense
le recevoir en donation ou alors une erreur sur l’objet du contrat.

• L’erreur sur les qualités substantielles de la prestation :


Il s’agit soit d’une erreur sur la personne soit d’une erreur sur les qualités
essentielles de la prestation.

Ø L’erreur sur la personne : art. 1134 : l’erreur sur la personne est


indifférente sauf pour les contrats conclus en considération de la
personne.
Les contrats à titre gratuit sont toujours conclus en fonction de la
considération de la personne.
Les contrats à titre onéreux, seuls certains sont conclus en
considération de la personne (contrat de travail). Comme l’erreur sur la
solvabilité du débiteur pour lequel on se porte caution.
Ø L’erreur sur les qualités essentielles de la prestation : art. 1133 : ce
sont les qualités qui ont été expressément ou tacitement convenues et
en considération desquelles les parties ont contracté. Il peut s’agir de la
matière de la chose ou il peut s’agir de l’ancienneté, de l’authenticité de
l’objet du contrat.
C’est une erreur portant sur la qualité de la chose dont l’absence aurait
mis obstacle à la conclusion du contrat si elle avait été connue. Il peut
s’agir d’une erreur de fait ou d’une erreur de droit (constructibilité d’une
terrain). L’erreur peut porter sur la prestation de l’une ou de l’autre des
parties (art. 1133 alinéas 2). La prestation du caractère substantiel
d’une qualité se fait concrètement. Comme c’est un élément de fait il
peut être prouvé par tous moyens et il échappe au contrôle de la cour
de cassation.

ii. Les erreurs n’affectant pas la validité du contrat

• Erreur sur un simple motif (art. 1135) :


Une erreur sur un motif déterminant d’une des parties mais ne touchant pas à
une qualité essentielle de la prestation, ne peut pas conduire à l’annulation du
contrat. L’erreur portant effet sur un fait étranger à l’objet des obligations. Il en
est autrement si les parties ont fait du motif un élément déterminant du
contrat. Les parties peuvent ériger le motif en condition du contrat.

• Erreur sur la valeur (art. 1136) :


L’erreur sur l’évaluation d’un contrat n’est pas prise en considération. Cela
conduirait à une insécurité de toutes les transactions. L’acheteur pense
toujours avoir acheté trop cher et le vendeur pense toujours avoir vendu pas
assez cher.

B. Les conditions d’annulation pour erreur

L’erreur doit être excusable, elle ne doit donc pas rentrer dans le champ
contractuel.

i. Le caractère excusable de l’erreur (art. 1132)

Une erreur inexcusable ne permet pas d’obtenir l’annulation. On n’admet donc


pas une erreur grossière ou une grave faute de négligence. On apprécie ce
caractère au cas par cas, on prend en considération l’âge et l’expérience. Le
fondement de cette condition est que la faute commise par la victime qui lui interdit
de se prévaloir de la protection légale, elle ne mérite donc plus d’être protégée. On
sera donc plus sévère à l’encontre des professionnels dans le cadre de leur
profession.

ii. L’erreur doit entrer dans le champ contractuel (art. 1153)

L’erreur d’une seule partie est suffisante mais l’autre partie doit avoir une
connaissance du caractère substantiel de telles qualités pour celui qui s’est trompé.
L’erreur doit être commune.
Le fondement est que si on annulait un contrait pour une erreur qui ne rentre pas
dans le champ contractuel, cela créerait un préjudice injustifié à l’autre partie. Il en
résulterait une insécurité pour toutes les transactions.
2. Le dol : art. 1137 et 1138

Le dol consiste en des manœuvres, des mensonges ou des dissimulations


intentionnelles par l’un des contractant d’une information dont il sait le caractère
déterminant pour l’autre partie. On veut sanctionner la faute commise par l’auteur et
protéger le consentement de la victime.
Les deux vices du consentement que sont l’erreur et le dol ne font pas double
emploi. Le dol vient élargir le champ d’application des vices du consentement. Le dol
permet en effet d’annuler le contrat lorsque l’erreur provoquée n’est pas en elle-
même une cause d’annulation du contrat.
Il est d’autre part plus simple de prouver une erreur provoquée qu’une erreur
convoquée. Le dol permet d’obtenir plus facilement des dommages et intérêts que
l’erreur. Si l’annulation ne permet pas de réparer le préjudice subit, l’action en
responsabilité peut se substituer à l’action en nullité, elle peut s’exercer contre les
tiers complices du dol.

A. Les agissements constitutifs de dol

i. Les manœuvres

C’est l’utilisation d’artifices ou de mises en scène.

ii. Les mensonges

Seuls les mensonges graves sont pris en considération.

iii. La dissimulation intentionnelle d’une information

Le silence volontaire est destiné à induire le co-contractant en erreur est


constitutif de dol.
Cela complète l’obligation précontractuelle d’information posée par l’art. 1112-1.

B. Conditions de la nullité pour dol

i. Le dol doit être déterminant

Appréciation au cas par cas.

ii. Le dol doit émaner de l’un des contractants

On ne prend pas en considération le dol d’un tiers sauf si il est le représentant


d’un des parties ou si c’est un complice, ce qu’on appelle un tiers de connivence (art.
1138).
C. Les sanctions du dol

i. L’annulation du contrat

Il s’agit d’une relativité relative.

ii. L’allocation de dommages et intérêts

La victime peut demander des dommages et intérêts si la nullité ne répare pas


entièrement le préjudice subit. Le dol engage en effet la responsabilité délictuelle de
son auteur. L’action en dommages et intérêts est et l’action en responsabilité
délictuelle subsiste même si la victime s’est désistée de son action fondée sur le dol.

3. La violence : art. 1140 à 1143

La violence est le fait de contracter sous la pression d’une contrainte qui aspire à
une partie la crainte d’exposer sa fortune, sa personne ou celle de ses proches à un
mal considérable. D’un côté la volonté de la victime n’a pas été libre et de l’autre il y
a une faute de la part de l’auteur de la violence. Il y a donc nullité et probablement
des dommages et intérêts.
La violence doit être déterminante et peut émaner de l’autre partie, d’un tiers ou
des circonstances.

A. Le caractère déterminant de la violence

Il peut s’agir d’une violence physique, pécuniaire (sur le patrimoine), morale


(menace de dénonciation).
Selon l’article 1140, on prend en considération la menace à l’égard des
proches. La menace d’une voie de droit (menace de plainte ou procès) n’est pas
prise en considération sauf si elle est invoquée ou exercée pour obtenir un avantage
manifestement excessif : art. 1141.

B. L’origine de la violence

Elle émane souvent d’une autre partie, elle peut émaner d’un tiers (art. 1142).
C’est ici l’intégrité du consentement qui est prise en considération.
Le trouble résultant d’une violence est plus important du point de vue social que
celui d’un dol et doit être sanctionné plus facilement. La violence peut également
émaner des circonstances extérieures (art. 1143). Il faut que l’autre partie ait connu
l’état de nécessité et en ait abusé (sinon on annulerait presque tous les contrats pour
violence car on est souvent sous la pression des circonstances quand on est amené
à contracter).
On annulera pour violence une convention d’assistance maritime passée par le
capitaine d’un navire en perdition avec celui d’un autre navire qui l’a accosté et qui lui
a proposé de sauver son navire moyennant un prix exorbitant.
On peut annuler pour violence morale un contrat de travail désavantageux qu’un
salarié avait conclu sous l’influence d’un pressant besoin d’argent (art. 1143) : idée
de violence économique.
La violence est sanctionnée par nullité relative et par location éventuelle de
dommages et intérêts.

Chapitre 2 : La capacité

La capacité est l’aptitude à contracter, à posséder et à exercer l’ensemble des


droits subjectifs reconnus à l’homme. Art. 1145: la capacité est le principe et
l’incapacité est l’exception.

1. Les incapacités de jouissance

L’incapacité de jouissance: inaptitude à être titulaire de droit, l’incapable est privé


d’un droit et personne ne peut le faire en son nom. Elle est toujours spéciale, c’est la
privation du droit de conclure certains contrats. Elle est prononcée à titre
exceptionnelle et à titre de sanction. Toutes les autres sont prononcées à titre de
protection.

La nullité absolue s’applique en cas de causes ou objets illicites, de défauts de


consentement, ou de vice de forme. La nullité relative (art. 1147) quant à elle, repose
sur une idée de protection, et non de sanction.

2. Les incapacités d’exercice

L’incapacité d’exercice est l’inaptitude pour une personne d’exercer elle-même


les droits dont elle est titulaire. Il faut l’intervention d’une autre personne qui agit en
son nom ou à sa place pour la représenter ou à ses cotés pour l’assister. Ex :
majeurs sous tutelle.

Chapitre 3 : Le contenu du contrat

Le contenu du contrat doit exister et d’autre part il faut que ce contenu soit
équilibré.

1. L’existence du contenu du contrat

Le contenu doit être possible (art. 1163 al. 2), en outre il doit être certain,
déterminé ou déterminable et il doit être licite.
A. Le contenu doit être certain

Une chose qui n’existe pas (ou plus) ne peut pas former le contenu d’un contrat.
A cela il faut apporter 2 tempéraments:
- Art. 1163 al. 1: Une obligation peut avoir pour objet une prestation future ;
- Les parties peuvent conclure une vente aléatoire dont on est pas sur que
l’objet existe ou existera (vente d’une culture à venir).

B. Le contenu doit être déterminé ou déterminable

Si l’indice auquel on s’est référé n’existe plus on retient l’indice qui se rapproche
le plus (Art. 1167).
Si la qualité de la prestation n’est pas déterminée, on retient une prestation
conforme aux attentes légitimes des parties (Art. 1166).
En cas d’abus dans la fixation du prix, le juge peut être saisie d’une demande
tendant à obtenir des dommages et intérêts et le cas échéant la résolution du contrat
(Art.1164).

C. Le contenu doit être licite

i. Un contenu conforme à l’ordre public

Certaines choses sont hors-commerce en raison des nécessités de l’ordre public.


Certaines choses sont hors-commerce en raison de leur caractère sacré, par
exemple le corps humain.

ii. Un but conforme à l’ordre public

Un contrat relatif à l’exploitation d’une maison de jeu sera nul.

2. L’équilibre du contenu du contrat

Art 1168: Dans les contrats synallagmatiques, le défaut d’équivalence des


prestations n’est pas cause de nullité du contrat à moins que la loi n’en dispose
autrement. Donc en principe, la lésion n’est pas prise en considération, sauf
exception :
- Art. 1674 : Pour le vendeur d’un immeuble et pour le vendeur seul, on prend
en compte une lésion de plus de 7/12ème du prix.
- Art. 1189 : Pour les copartageants, on prend en considération une lésion de
plus du quart.

Art. 1171 : dans un contrat d’adhésion, est réputée non écrite toute close qui crée
un déséquilibre significatif entre les trois obligations des parties du contrat.
Art. 1170 : toute close qui prive de sa substance l’obligation essentielle du
débiteur est réputée non écrite.
Art. 1164 : nullité d’un contrat à titre onéreux dont la contre partie convenue au
profit de celui qui s’engage est, au moment de sa formation, illusoire ou dérisoire.
La sanction de la violation de la formation des contrats : la
nullité

La nullité est la mise à néant du contrat, tout se passe comme si ce contrat


n’avait jamais existé. C’est donc une sanction à postériori qui nécessite, étant donné
l’importance de ses compétences, une intervention de l’autorité publique dans
l’accomplissement d’un acte juridique interne aux parties qui peut être accompagné
de dommages et intérêts si la nullité ne répare pas entièrement le préjudice subi.
La constatation judiciaire de la nullité est donc en principe nécessaire. A cela la
réforme du 10 février 2016 apporte une exception : l’art. 1178 admet la nullité
conventionnelle déroulant du commun accord des parties : les parties constatent la
nullité.

La nullité peut intervenir par voie d’action (un contractant intente un procès en
annulation pour obtenir la restitution de ce qu’il a fournis) ou par voie d’exception. La
demande en nullité constitue un moyen de défense dont se prévaut celui qui veut
faire échec à une demande dirigée contre lui. La particularité de l’exception de nullité
est qu’elle est imprescriptible : art. 1185.

Dans le code civil on distingue la nullité absolue et la nullité relative : art. 1179 :
- La nullité relative sanctionne la transgression d’une règle protectrice
des intérêts privés (tous les vices de consentement sauf erreur et obstacle) ;
- La nullité absolue sanctionne la transgression d’une règle de l’intérêt
général (contenu illicite).

Les effets de la nullité sont les mêmes mais les moyens diffèrent. Cette distinction
diffère sur les personnes qui ont le droit de l’invoquer et l’extinction de ce droit :
- La nullité relative est réservée à ceux qui devaient être protégés ;
- La nullité absolue peut être exercé par tout intéressé.

Tous les vices du consentement sont sanctionnés par la nullité relative mais la
jurisprudence sanctionne l’erreur obstacle par la nullité absolue. L’incapacité est
sanctionnée par la nullité relative en cas d’incapacité de protection et par nullité
absolue en cas d’incapacité à un intérêt d’ordre public. Le contenu et le but illicite
sont sanctionnés par une nullité absolue. En revanche, la rescision pour les jeux sont
sanctionnés par la nullité sanctionne. La rescision pour lésion est sanctionnée par
nullité relative.
Chapitre 1 : Distinction quant aux conditions d’exercice de
la nullité relative et la nullité absolue

Cette distinction a un intérêt quant aux personnes qui ont le droit d’invoquer la
nullité et quant à aux conditions pour l’invoquer. Si la règle de droit est destinée à
protéger un intérêt particulier, ce droit de critique est réservé à ceux qui devaient être
protégés. Si cette règle de droit est d’intérêt général, ce droit de critique peut être
prononcé par tout intéressé, la nullité est absolue.

I. Les personnes pouvant invoquer la nullité

La nullité relative ne peut être invoquée que par la ou les personnes que la loi a
voulu protéger (Art. 1181). Elle répond à l’intérêt de protection d’un intérêt individuel.
Ainsi l’action en nullité sera réservée à la personne dont le consentement a été
vicié, à l’incapable, ou à la victime de la lésion. Cette action sera refusée à l’autre
partie. Si l’action nullitaire a plusieurs titulaires, la renonciation de l’un n’empêche
pas les autres d’agir (art. 1181 al.3).

En revanche, la nullité absolue est protectrice de l’intérêt général et peut donc


être demandée par toute personne qui a un intérêt juridique : Art. 1181 ; c’est à dire
l’une ou l’autre des parties, ses héritiers que l’on appelle les ayant cause universels.
Elle peut être invoquée par l’acheteur d’un immeuble s’il veut par exemple
faire annuler un bail antérieurement conclu par le vendeur dans la mesure où
l’immeuble libre de location a plus de valeur (on appelle l’acheteur l’ayant cause à
titre particulier). Elle peut être invoquée par les créanciers chirographaires dès lors
que le contrat leur porte préjudice. La nullité peut être invoquée par le juge qui peut
même relever cette nullité d’office ou par le ministère public (le procureur) qui est le
défenseur de l’ordre public.

II. L’extinction du droit d’invoquer la nullité

La nullité étant rétroactive, elle apporte un trouble dans la sécurité juridique, il y a


remise en cause de situations passées. Etant donné le danger qui en découle, il faut
favoriser la disparition des causes de nullité

1. La confirmation : art. 1181 al. 2

C’est un terme juridique qui a un sens spécial (=renonciation), c’est un moyen de


consolider un acte ancien qui était nul. Il y a remise en cause des situations passées.
Etant donné le danger qui en découle, il faut favoriser la disparition des causes de
nullité. C’est un acte juridique par lequel une personne qui peut se prévaloir de la
nullité d’un acte, renonce au droit de l’invoquer (art. 1182).
Exemple : Le débiteur exécute volontairement le contrat avec la connaissance du
vice qui l’infectait et avec l’intention de réparer le vice.
La confirmation a pour effet de valider rétroactivement le contrat. Elle répare le
vice dont il était affecté.

Afin d’éviter des incertitudes durables quant à la validité d’un acte, une partie peut
demander par écrit à celle qui pourrait se prévaloir de la nullité, soit de confirmer le
contrat, soit d’agir en nullité dans un délai de 6 mois à peine de forclusion (Art.
1183). A défaut d’action en nullité dans les 6 mois, le contrat est réputé confirmé.

La confirmation n’est possible qu’en cas de nullité relative, il est donc normal
que la personne en faveur de qui la nullité a été édictée puisse renoncer à la
protection qui lui a été accordée. On ne peut pas l’admettre pour la nullité absolue
car le droit d’invoquer la nullité absolue est accordé à tous les intéressés afin de
multiplier les chances d’une annulation effective et parce que l’intérêt général est en
cause. Du reste, le ministère public ne peut pas s’engager à ne pas intenter une
action alors qu’il en a l’obligation.

2. La prescription

A pour effet d’éteindre l’action en nullité, c’est le laps de temps à l’issue duquel on
ne peut plus intenter une action. Elle laisse survivre l’exception de nullité.

A. L’extinction de l’action en nullité

Pour la nullité relative comme pour la nullité absolue, le délai de prescription est
en principe de 5 ans depuis la réforme du 17 juin 2008 (Rescision pour lésion de 2
ans)
Avant la réforme du 17 juin 2008, le délai était de :
- 30 ans pour la nullité absolue ;
- 5 ans pour la nullité relative.
Le fondement de la prescription est un besoin de sécurité: la paix des partis. On
consolide des conditions de fait.
Le point de départ est fixé (art. 1144, art. 1152 et art. 2224) au moment où
l’incapacité est apparue ou quand le vice est connu.
L’article 2232 a posé un délai butoir au delà duquel une action en nullité ne
pourra jamais être intentée : plus de 20 ans après la conclusion de la rente. La
technique de la date butoir est un canon législatif moderne. La prescription a un effet
à l’égard de tous.
B. La survie de l’exception de nullité

Même après expiration du délai de prescription, si le contrat n’a pas été exécuté,
et que l’une des parties réclame son exécution, l’autre pourra refuser en soulevant
l’exception de nullité. L’action est temporaire mais l’exception est perpétuelle.
L’explication : la volonté de consolider une situation de fait. Si le contrat n’a pas
été exécuté, on ne revient pas sur la non-exécution, c’est le maintien du statuquo.
Cette survie joue tant pour les nullités relatives que pour les nullités absolues.

Chapitre 2 : les effets de la nullité

Qu’elle soit relative ou absolue, la nullité a le même effet. Elle entraine un


anéantissement rétroactif du contrat et peut être accompagnée par des dommages
et intérêts.

I. L’anéantissement rétroactif du contrat

1. Les effets dans les rapports entre les parties

Chaque partie doit restituer à l’autre ce qu’elle a reçue (article 1352 à 1352-9). Ce
principe comporte deux exceptions:
- Les contrats successifs : L’annulation ne produit d’effet que pour l’avenir, il est
en effet impossible d’effacer les prestations passées si elles n’ont pas été
exécuté en numéraire. On peut restituer une somme d’argent, mais pas le
travail fourni ou la puissance d’un immeuble. Une indemnité doit compenser
l’impossibilité de restitution des prestations. Art. 1352-8 : la restitution d’une
prestation de services consommés a lieu en valeur appréciée à la date à
laquelle elle a été fournie.
- L’exclusion des restitutions en raison de l’immoralité des parties: « Nemo
auditur propiam turpitudinem » (personne n’est entendu quand il allègue sa
propre turpitude). « In paricausa turpitudinis cessat repetitio » (si la cause de
la turpitude est la même, la répétition cesse). Ces règles paralysent l’action en
restitution, en raison d’une exception d’indignité.

Exemple : L’acquéreur d’un établissement douteux se verra affecter la restitution


du prix de la vente de l’établissement, des loyers payés d’avance, du montant du prêt
destiné au financement de l’acquisition alors que la nullité aura été prononcée.
L’application de ces règles conduit à un résultat injuste puisqu’une seule des
deux parties sera pénalisée en premier, celle qui a exécutée son obligation.

De plus, l’aspect purement prétorial de la règle (la jurisprudence en ce domaine)


et le flou de son domaine d’application (certains juges ne l’appliquent qu’en cas
d’immoralité et non en cas d’illicéité des obligations) conduisent à des incertitudes.
La mise en œuvre de ces adages est complexe et incomplète. L’appréciation du
degré respectif des turpitudes exprime un certain empirisme, voire un certain
opportunisme des solutions jurisprudentielles. Or, l’incertitude est un instrument de
politique judicaire. Il s’agit d’empêcher l’exécution d’un contrat immoral en ôtant toute
sécurité à celui qui l’a exécuté le premier.

2. Les effets à l’égard des tiers

L’annulation rejaillit sur les tiers, personne ne peut transférer plus de droit qu’il
n’en a lui-même. Or, cette annulation engendre une insécurité juridique insupportable
pour le commerce juridique. Voila pourquoi elle connait certains correctifs :
- Les actes d’administration sont maintenus ;
- En matière de meuble : Art. 2276 : protège le possesseur de bonne fois ;
- En matière immobilière, il existe une prescription inquisitive.

Normalement, l’acquéreur ou le titulaire de droit réel n’est exempt de tout risque


de contestation qu’à l’expiration du délai de prescription trentenaire. Mais s’il est de
bonne foi, et s’il dispose d’un juste titre, il peut se prévaloir de la prescription abrégée
de 10 ans (Art. 2272).

II. La responsabilité encourue en cas d’annulation du contrat

Il peut y avoir une demande de dommages et intérêts, émanant de celui qui


invoque la nullité car l'annulation ne couvre pas entièrement le dommage subit. Il
peut également y avoir une demande de dommages et intérêts émanant du
défendeur à l'action en nullité, si par exemple il avait exposé des frais importants lors
de la conclusion d'un contrat.
D'autre part, le juge peut décider d'accorder une indemnité et la cause de nullité
n’est donc pas assez caractérisée. La victime peut préférer l'action en responsabilité
à la nullité. La réparation du préjudice est du domaine de la responsabilité extra
contractuelle (art 1240) et elle est demandée indépendamment de la nullité (art. 1178
al. 4).
Les effets du contrat

Le contrat a des effets positifs mais que se passe-t-il en cas de violation des
obligations qui en découlent ?

Chapitre 1 : La vigueur et le rayonnement du lien contractuel

Le contrat a des effets entre les parties qui découlent de sa force obligatoire mais
son rayonnement à l'égard des tiers est plus problématique.

I. Les effets du contrat entre les parties

Le principe de la force obligatoire du contrat est affirmé par l’art. 1103 parmi les
dispositions préliminaires. Les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux
qui les ont faits : c'est le principe de l'autonomie de la volonté.

Le contrat a une force obligatoire moins grande que les lois impératives
auxquelles il ne peut pas déroger. Il a en revanche une force plus grande que les lois
supplétives qu'il peut écarter : art 1102.

Le contrat est irrévocable : les parties ne peuvent donc pas se délier


unilatéralement de leur engagement. Les conventions ne peuvent être révoquées
que de leurs consentements mutuels. Cette résiliation conventionnelle ou amiable
opère seulement pour l'avenir, elle n’efface pas l'existence du contrat dans le passé.
Les conventions peuvent également être révoquées pour les causes que la loi
autorise, comme par exemple le droit de rétractation accordé par les lois de
protection de conservateur art. 1122 ; la résolution unilatérale des contrats à
exécution successive et à durée indéterminée ; la résiliation unilatérale de certains
contrats à exécution successive et à durée déterminée lorsque la confiance qu'ils
impliquaient a disparue : art. 2004 et art. 2007 pour le contrat de mandat ou l’art.
1944 pour le contrat de dépôt.

Le contrat doit être exécuté de bonne foi. Ce principe gouverne l'ensemble du


contrat, c’est-à-dire la négociation, la formation et l'exécution. Ce principe fait l’objet
d'une disposition préliminaire : art. 1104. La force obligatoire de contrat pose deux
types de problème :
- Lorsque le contrat n'est pas rédigé clairement, il faut élaborer des règles
d'interprétation ;
- Dans le cas d'un bouleversement de l’économie d'un contrat, on peut se
demander si on ne doit pas assouplir sa force obligatoire.
1. L’interprétation des contrats

L'interprétation du contrat relève du pouvoir souverain des juges du fond, elle ne


relève pas du contrôle de la cour de cassation sauf si les juges du fond ont dénaturé
une close claire et précise : art 1192. Les parties peuvent prévoir des closes guidant
l'interprète, le code civil a lui-même fourni un guide d'interprétation qui n'a pas un
caractère impératif : art. 1188 à art. 1192.
Le contrat s'interprète d'après la commune intention des parties plutôt qu'en
s'arrêtant au sens littéral des termes : art. 1188 al. 1. L'alinéa 2 prévoit un standard
pour limiter le pouvoir d'arbitraires judiciaires : « le sens que lui donnerait une
personne raisonnable placée dans une même situation ».
Le législateur présume que les parties ont voulu faire du contrat un tout cohérent :
art. 1189 et efficace : art. 1191. Il suggère une interprétation globale des contrats
concourant à une même opération : art. 1189 al. 2.

Les clauses d'un contrat d'adhésion s'interprètent à l'encontre de la partie qui les
a proposées : art. 1190. En s'appuyant sur les art. 1104 (l'obligation de bonne foi) et
1194 (l'obligation d'équité), la jurisprudence antérieure a procédé à un forçage du
contrat en découvrant des obligations en dehors de toute stipulation : la découverte
d'une obligation de renseignements et d'une obligation de sécurité.

2. Le problème de la révision des contrats

Le juge peut-il modifier un contrat lors d’un changement des circonstances


économiques en bouleversant l'équilibre des prestations voulues par les parties ?
Les parties peuvent prévoir une clause d’annexassions qui permettent au prix de
suivre un indice fixé d’un commun accord à condition qu'il soit en rapport avec l'objet
du contrat ou l'activité des parties.
L’art. 1195 prévoit le cas de changement de circonstances imprévisibles lors de la
conclusion du contrat. Il va donc au-delà des changements des circonstances
économiques. Il faut que ce changement rende l'exécution excessivement onéreuse
pour la partie qui n'avait pas accepté d'en assumer le risque. Si ces conditions sont
remplies, la partie victime du déséquilibre peut demander une renégociation à son
co-contractant. Durant la renégociation, la partie qui l’a réclamée doit continuer à
exécuter ses obligations. En cas de refus ou échec de la renégociation, les parties
peuvent convenir de la résolution du contrat aux conditions qu'elles fixent ou
demander d'un commun accord au juge de procéder à l’adaptation du contrat.
À défaut d’accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande d'une
seule partie, réviser le contrat ou y mettre fin. Ce texte consacre donc l'intrusion du
juge dans l'équilibre contractuel établi par les contractant.
II. Les effets du contrat à l’égard des tiers

Selon l’art. 1199, le contrat ne crée d’obligations qu’entre les parties, il a donc un
effet relatif. Toutefois, c’est un fait social qui en tant que tel est opposable au tiers :
art. 1200.

1. L’opposabilité du contrat

A. Le principe

Les tiers ne doivent pas méconnaître le fait social créé par le contrat. Si le contrat
fait naître un droit réel, il doit évidemment être respecté par les tiers (respecter un
contrat de propriété, mariage…). Même s'il fait naître un simple droit de créance, il
est imposable au tiers (si un musicien est engagé par un directeur de théâtre alors
qu'il était lié à un concurrent, le tiers est fautif s'il a connu le contrat antérieur : il
engage sa responsabilité extracontractuelle : art. 1240).
Les tiers peuvent aussi se prévaloir du contrat en tant que fait social : s'il y a un
accident dans un ascenseur, la victime peut agir contre l'installateur mais elle ne peut
le faire que par une action en responsabilité extracontractuelle étant donné que
l'inexécution du contrat est un simple fait qui est à l'origine de l'accident et qui lui est
opposable.

B. Les exceptions

• Sont inopposables aux tiers les contrats dont les formes de publicité n’ont pas
été observées : art. 1198.
On donne préférence parmi deux acheteurs à celui qui est en possession du
meuble ou à celui qui a publié en premier son titre d’acquisition de l’immeuble
même si son droit est postérieur, à condition qu’il soit de bonne foi. Le
formalisme est destiné à protéger le tiers.
• Art. 1201 : les contrelettres n'ont pas d'effet à l'égard des tiers, ceux-ci ont une
option, ils peuvent se prévaloir de l'acte apparent ou alors se prévaloir de
l'acte secret, on veut donc les avantager.
• La simulation est un dédoublement du contrat où une convention apparente
est créée. Elle est différente de l'acte secret ou de la contrelettre, qui est la
convention réelle qui rétablie la vérité entre les parties (une donation déguisée
derrière une vente ; la vente fictive d'un bien immobilier ; le loyer plus élevé
que le loyer réel pour obtenir un prix de vente plus important). Le but de la
simulation est une fraude au fisc et au droit de créancier. Pour pénaliser les
parties d'avoir imaginé une telle fraude on donne aux tiers la possibilité de
choisir entre l'acte apparent et l’acte réel selon leurs intérêts.
2. L’effet relatif du contrat

C’est une conséquence de l'autonomie de la volonté : seul celui qui s'est engagé
peut être tenu par le contrat.

A. Le principe

Le contrat ne concerne que les parties : art. 1199. Mais la définition du mot tiers
est problématique :
- Les ayant-cause universel (ou à titre universel), c’est-à-dire les personnes
auxquelles une partie transfère l'ensemble de son patrimoine ou une quote-
part, autrement dit les héritiers et les locataires, ne sont pas des tiers. Ils
deviennent créanciers ou débiteurs des obligations nées du contrat à moins
que le contrat ait été conclu en considération de la personne (comme un
mandat : art. 2003 ou un contrat d'entreprise : art. 1795). De plus, une
situation contractuelle peut poser que le contrat prendra fin au décès de l'une
des parties ;
- Les créanciers chirographaires, c’est-à-dire ceux qui n'ont aucun privilège
garantissant leur créance n'ont qu’un droit de gage général sur le patrimoine
du débiteur : art. 2285. La doctrine a tendance à les assimiler aux héritiers car
comme eux ils ne recueillent que ce qu'il reste dans le patrimoine de
l’intéressé. Cependant, même si leur situation est intimement liée à celle des
parties, il faut les considérer comme des tiers. En effet, même si les
créanciers des parties sont des personnes qui gravitent étroitement autour
des contractants et qui sont pour cela souvent qualifiés de personnes placées
dans une situation intermédiaire entre les parties et les tiers, ils doivent être
considérés comme des tiers car la modification de la situation patrimoniale
des parties se fait à leur insu.
- Les ayant cause à titre particulier, c’est-à-dire les acheteurs peuvent-ils
devenir créanciers ou débiteurs à la place de leurs auteurs ? Les tribunaux y
sont hostiles car ils n'admettent à titre exceptionnel que la transmission de
l'obligation de garantie des vices cachés ou celle des créances issues de
clauses de non concurrence.

B. Les exceptions à l’effet relatif des contrats

• La promesse de porte-fort : art. 1204, c’est la promesse de l'engagement futur


d'autrui. X promet que Y, dont il n'est ni le mandataire ni le gérant, paiera une
certaine somme à Z. Donc X s'engage personnellement envers Z à obtenir le
consentements du tiers (Y). Si Y paye Z tout va bien et X est libéré de son
obligation. Cependant, si Y ne paye pas Z, X engage sa responsabilité
contractuelle vis-à-vis de la personne auprès de qui il s'était porté fort (Z), et Y
qui était le tiers reste alors libre.
Celui qui s'est porté fort est le seul obligé et il l’est en vertu d'un engagement
qui lui est personnel.
• La stipulation pour autrui : art. 1205 et art. 1209, est le contrat par lequel le
stipulant obtient d'un autre (le promettant) un engagement confidentiel au
profit d'un tiers qui est l'entier bénéficiaire. C’est à partir de l'idée de stipulation
pour autrui que s'est construite l'assurance vie. L’assurance vie est contrat
entre un père et une compagnie d'assurance : il verse 150€ tous les mois
pendant 10 ans et cette compagnie va lui assurer un taux de 7% dans ce
contrat. Le père qui est le stipulant a désigné un tiers bénéficiaire : si le père
meurt, la compagnie d'assurance verse la somme au désigné tiers.
L'avantage est qu'il peut changer le tiers désigné. Le second avantage est à la
mort du stipulant : l’argent va directement de la caisse d'assurance à la caisse
du tiers bénéficiaire, alors les créanciers du stipulant ne peuvent pas saisir cet
argent.
Le tiers bénéficiaire acquière un droit direct contre le promettant sans que ce
droit ait été tout d’abord acquis par le stipulant pour son propre compte avant
de le transmettre. Entre le stipulant et le promettant, il y a des rapports issus
du contrat principal qui sont des rapports de droit commun. Le tiers
bénéficiaire peut devenir créancier sans son accord mais pas le débiteur. Il a
une action en exécution de la stipulation, il a un droit direct contre le
promettant sans passer par le patrimoine du stipulant. Donc les créanciers du
stipulant ne peuvent pas saisir ce droit : les héritiers ne peuvent émettre
aucune prétention sur ce droit. Le stipulant dispose d'une faculté de
révocation tant que le tiers bénéficiaire n'a pas déclaré vouloir en profiter.

Chapitre 2 : La violation du lien contractuel

I. Synthèse sur les différentes voies de réparation

1. Responsabilité civile et pénale

Le droit pénal a pour fonction de sanctionner l'auteur d'un comportement


délictueux (il prononcera une amende et ou une peine). Le droit civil a pour fonction
de réparer un dommage, il a pour fonction de guérir, il allouera des dommages et
intérêts à la victime.
L'auteur du dommage sera poursuivi pénalement, donc à titre de sanction par le
ministère public (pour coups et blessures). La victime engagera d’autre part contre lui
une action civile en vue de la réparation sur les dommages qu’elle a subi
personnellement, qu’ils soient corporels, moraux ou matériels. Elle peut porter cette
action civile en réparation devant la juridiction pénale plutôt que devant la juridiction
civile lorsque la faute civile, ayant causé le dommage, résulte directement de la
violation d'un texte pénal. Une telle procédure permet à la victime de tirer avantage
des preuves rassemblées par le ministère public et par le juge d'instruction. Une telle
unité d'itinéraire refoule d'autre part les risques de contrariété de décision. L'action
civile devant la juridiction répressive est destinée à assurer à la victime, comme elle
s'est adressée à la juridiction civile, la réparation du dommage subi.
Placée dans le sillage de l'action publique, l'action civile suppose que l'action
publique soit recevable et pour entraîner l'obtention d'une réparation, l'action civile
suppose que l'action publique a abouti à une condamnation. Si le tribunal répressif
est déjà saisi de l'action publique et si l'action civile est portée devant le tribunal civil,
celui-ci doit sursoir à statuer tant qu'il n'a pas été prononcé définitivement sur l'action
publique : on dit que le criminel tient le civil en l'état.

Si un individu a été poursuivi au pénal et si la victime a subi un préjudice, cela


entraîne forcément faute civile et s'il y a un dommage prouvé cela entraîne la
condamnation des dommages et intérêts.
Mais il existe des cas de survie de l'action civile même en cas de disparition de
l'action pénale. Ainsi, l'action pénale disparaît en cas de mort de l'auteur de
l'infraction alors que l'action civile peut s'exercer contre les successeurs. De même,
on a supprimé la solidarité de prescription, qui est de 10 ans pour un crime, 3 ans
pour un délit et 1 an pour une contravention alors que l'action civile se prescrit pour 5
ans : art. 2224 et 10 ans en cas de dommages corporels : art. 2226, étant donné qu'il
était paradoxal d'éteindre plus rapidement l'action civile lorsque que le dommage
était la suite d'une infraction pénale.
Enfin, l'action civile en réparation des dommages d'un aliéné ou d'un mineur
existe indépendamment de l'absence de la responsabilité pénale de cette personne :
le défaut d'imputabilité au pénal ne supprime pas l'obligation de réparer au civil.

2. La responsabilité contractuelle et extracontractuelle

A. Les domaines respectifs des deux responsabilités

La faute contractuelle est la faute commise par le débiteur contractuel dans


l'exécution de son obligation, tout autre faute est extracontractuelle. Il y a donc faute
contractuelle :
- Si la faute est commise par un tiers étranger au contrat même s'il est complice
de la violation de l'obligation contractuelle ;
- Si la faute est commise par un contractant à l'égard d'un tiers ;
- Si la faute est commise par un des contractants à l'égard de l’autre et ne
consiste pas dans l'inexécution ou dans la mauvaise exécution du contrat.
La responsabilité extracontractuelle est donc la responsabilité de principe et la
responsabilité contractuelle est la responsabilité d’exception. Mais la distinction entre
les deux types de responsabilité n'est pas toujours simple à faire. Il y a eu des
hésitations jurisprudentielles notamment à propos des contrats de transport
ferroviaire.
On considère actuellement que la responsabilité du transporteur ferroviaire est
contractuelle à partir du moment où le voyageur commence à monter dans le
véhicule et jusqu'au moment où il achève d'en descendre et qu'elle est
extracontractuelle en dehors de l'exécution du contrat de transport : jurisprudence 17
sous l’art 1231-1.

B. Le principe de non cumul des deux responsabilités

Position du problème :
Le créancier d'une action en réparation basée sur l'inexécution d'un contrat peut-il
demander l’application des règles de la responsabilité extracontractuelle dans les
cas où cette application lui semblerait plus avantageuse que celles des règles de la
responsabilité contractuelle ?
La réponse de la jurisprudence est négative : Les règles de la responsabilité
extracontractuelle sont sans application lorsqu'il s'agit d'une faute commise dans
l'exécution d'une obligation résultant d'un contrat. Cette solution s’explique par le fait
que le régime de la responsabilité contractuelle est généralement moins favorable à
la victime que celui de la responsabilité extracontractuelle. Si la victime devait
invoquer la responsabilité extracontractuelle, cette disposition deviendrait la lettre
morte. Mais c’est surtout le principe même de la force obligatoire du contrat qui
condamne le cumul des deux responsabilités, ce sont des liens contractuels qu’il faut
privilégier.

II. L’exécution forcée

Si l’exécution en nature est encore possible, le créancier peut-il contraindre le


débiteur ?

• S’il s’agit d’une obligation de payer une somme d’argent, l’exécution en nature
est encore possible.
• Si l’objet de l’obligation porte sur un corps certain, l’exécution en nature est
possible puisque l’acquéreur est déjà propriétaire en vertu de l’effet translatif
de propriété du contrat : art. 1196 et art. 1583.
• Si l’objet de l’obligation porte sur une chose future ou sur une chose de genre,
le transfert de propriété ne se produit qu’à la fabrication de la chose ou à son
individualisation.
• Si l’exécution de l’obligation de donner est impossible, il y a par exemple
destruction de l’objet ou si l’objet est en quantité limitée, on se contentera
d’une exécution équivalente.
• S’il s’agit de faire ou de ne pas faire, on peut obtenir une exécution forcée en
nature : art. 1121.

Cette exécution forcée en nature connaît deux limites :


- S'il existe une disproportion manifeste entre le coût et l'exécution pour le
débiteur et son intérêt pour le créancier (une piscine qui aurait quelques
centimètres de profondeur de moins que la profondeur prévue dans le contrat
de construction alors le créancier n’obtiendra pas la destruction et devra se
contenter de dommages et intérêts)
- Si l'exécution forcée en nature est impossible :
Ø Il peut y avoir une impossibilité matérielle (si la réalisation est prévue à
une date précise) ;
Ø Il peut y avoir une impossibilité juridique (la promesse de vente d'un
bien sur lequel un tiers acquière un droit) ;
Ø Il peut y avoir une impossibilité morale si l'obligation présente un
caractère personnel (d’un acteur ou d’un pacte), délivrance du gueth ou
si elle exige une certaine pudeur, on ne peut alors pas procéder à
l'exécution forcée d’une convention de strip-tease, le créancier peut aux
frais du débiteur exécuter lui-même l'obligation dans un délai et un coût
raisonnable ou bien sous autorisation du juge faire détruire ce qui a été
fait en violation de l'obligation à l'art. 1222.

III. La responsabilité contractuelle

À quelle condition est soumise la responsabilité contractuelle ? Comment est-elle


mise en œuvre ? Peut-on conclure des conventions relatives à cette responsabilité ?

1. Les conditions de la responsabilité contractuelle

La première est une évidence, elle est pourtant capitale : il faut un contrat. Voilà
d'ailleurs la différence fondamentale entre la responsabilité contractuelle et
extracontractuelle. Outre cela, il faut trois conditions : une faute contractuelle, un
dommage (en effet il n’y a pas d'indemnisation sans préjudice subi) et un lien de
causalité entre la faute et le dommage.

A. La faute contractuelle

Pour obtenir une faute contractuelle, il faut l'inexécution d'une obligation


contractuelle (un boulanger qui cause une intoxication alimentaire à un de ses clients
engage sa responsabilité contractuelle mais s’il renverse un client au volant de son
véhicule personnel n'engage pas sa responsabilité contractuelle mais
extracontractuelle).
Or le problème est que le code civil n'emploie pas l'expression de faute
contractuelle. Au début du XXème siècle, c’est un juriste appelé Demogue qui a
systématisé la théorie de la faute contractuelle. On ne cherche pas à savoir dans
quelle mesure le débiteur a manqué à son obligation mais quelle somme de
diligences il était tenu de fournir, ce qu’il a promis et ce que le créancier peut
raisonnablement attendre. Cela permet de distinguer les obligations de moyens et
les obligations de résultat.
i. Distinction des obligations de moyens et des obligations de résultat

Il y a obligation de moyens lorsque le débiteur s’engage à utiliser tous les moyens


disponibles pour parvenir à un résultat sans promettre qu'il parviendra à ce résultat.
Pour engager sa responsabilité, le créancier doit prouver la faute du débiteur, il
doit démontrer que tous les moyens n'ont pas été mis en œuvre ou que le débiteur a
manqué de diligence. On compare son attitude avec celle d'un individu de même
profession, diligent et avisé dans les mêmes circonstances. L'exemple de principe
est l'obligation contractuelle du médecin qui est donc une obligation de moyens.
C’est un arrêt de la chambre civile de 1936 : l'arrêt Mercier. Pour que la
responsabilité soit engagée, il faut démontrer que les soins qu'il a apportés ne sont
pas conformes aux données de la science ou qu'ils sont dus à sa négligence.

En revanche, il y a obligation de résultat lorsque le débiteur s'est engagé à fournir


un résultat précis. Du seul fait que celui-ci n’est pas atteint, la responsabilité du
débiteur est engagée. Il ne peut s'exonérer qu'en démontrant que l'inexécution
résulte d'un élément de force majeure, du fait du créancier ou du fait d'un tiers : art.
1231-1. Par exemple, dans un contrat de transport de personnes, l'obligation de
déposer le client sain et sauf et une obligation de résultat : arrêt du 21 novembre
1911, jurisprudence 34 sous l'article 1231-1.

La qualification d'obligation de moyens ou de résultat ne consacre que les


obligations de faire (livrer un colis) ou bien les obligations de ne pas faire (obligation
de ne pas faire concurrence sont toujours des obligations de résultat). La
jurisprudence est très abondante sous l'article 1231.

Les critères de distinction sont multiples, cela explique les nombreuses


tergiversations jurisprudentielles. Il n’y a tout d'abord pas de difficulté si les parties se
sont clairement exprimées sur l'étendue de leurs obligations, on applique alors le
contrat : art. 1103. Si elles ne l’ont pas fait, les tribunaux apprécient l'étendue des
obligations des débiteurs selon plusieurs critères dont aucun ne s’impose (Selon
Terré, Simler et Lequette) :
• L’activité du créancier : si le créancier joue un rôle actif dans l'exécution de
l'obligation, l’inexécution de celle-ci ne dépend alors pas uniquement du
débiteur. Par exemple, l'obligation de l'exploitation d'une piscine à l'égard de
ses clients est une obligation de moyens. En revanche, l'obligation du
restaurateur à l'égard de ses client est une obligation de résultat pour les
aliments avariés, il ne doit pas empoisonner le client qui lui joue un rôle
purement passif : art. 1231-1 jurisprudence 64.
• L'aléa : dans certains contrats, on ne peut pas garantir l’obligation du résultat
promis dans le cas du contrat médical qui engendre toujours une obligation de
moyens. Ce critère est pourtant difficile à manier car toute activité est aléatoire
et il est difficile d'évaluer les risques inhérents à telle ou telle activité. Par
exemple, quelle est l'obligation de l'entrepreneur de promenade équestre ?
Selon la jurisprudence actuelle, le loueur aurait une obligation de moyens :
jurisprudence 50 sous l'article 1231-1.
• Le caractère gratuit ou onéreux du contrat : lorsqu'il est onéreux on a
tendance à y voir une obligation de résultat, on ne peut pas en demander
autant de quelqu’un qui rend service que de quelqu’un qui se fait payer.
• L'existence d'une assurance : les juges ont tendance à considérer qu'il y a
une obligation de résultat s'il existe une assurance ou si le débiteur aurait dû
s'assurer. L'assurance est la répartition sur la collectivité de la responsabilité
individuelle et permet d’assurer la réparation du dommage.

Il existe deux tendances jurisprudentielles, à savoir la découverte de deux types


d'obligations complémentaires (la jurisprudence a procédé à un forçage du contrat) :

• Les obligations de renseignement et le devoir de conseil : On perçoit


dans la jurisprudence un mouvement de sévérité qui se manifeste par des
exigences rigoureuses quant au comportement du professionnel allant jusqu'à
lui imposer une obligation de résultat.
Bénabent dit : « Le plus grand désordre règne sur cette classification, aucune
véritable raison logique ne permet d’expliquer la répartition à laquelle procède
la juridiction et cette répartition n’est elle même pas constatée, une même
obligation pouvant, selon les périodes, être de moyens ou de résultat ». Ainsi
le prêteur a un devoir de conseil au regard des risques de surendettement de
l'emprunteur : arrêt de la chambre civile du 27 juin 1995, jurisprudence 78
sous l'arrêt 1147.

• L'obligation de sécurité : Une obligation de résultat pèse sur le tenancier


d'un manège d'autos-tamponneuses ou sur l'exploitant d'un manège de
balançoires : jurisprudence 53 sous l'article 1231-1.
En revanche, l'exploitant d'un télésiège n'est tenu que d'une obligation de
moyens au départ et à l'arrivée mais de résultat pendant le trajet :
jurisprudence 43 sous article 1231-1.

Voilà des exemples d'hésitation jurisprudentielle, mais certains arrêts


imposent une obligation de résultat.

Il existe un problème quant aux contrats de transport ferroviaire. En effet, après


plusieurs hésitations, la Cour de Cassation a opéré un revirement qui constitue le
droit positif actuel. L'obligation de sécurité, qui est de résultat, pèse donc sur le
transporteur pendant l'exécution du contrat de transport. En dehors de l'exécution de
ce contrat, la responsabilité du transporteur est soumise aux règles de la
responsabilité extracontractuelle, ce n'est plus une obligation de moyens comme
dans la jurisprudence antérieure : jurisprudence 37 sous l'art. 1231-4.
ii. Les causes d’exonération

Lorsque le débiteur a une obligation de moyens et quand le créancier aura


démontré qu'il n'a pas apporté toute la diligence nécessaire dans l'exécution de ses
obligations (preuve difficile à rapporter), le débiteur pourra se dégager de sa
responsabilité en prouvant son absence de faute. En revanche, lorsqu'il a une
obligation de résultat et qu'il aura été démontré que les obligations n'ont pas été
exécutées (preuve plus simple à apporter), la force majeure est le seul moyen lui
permettant de se dégager de sa responsabilité : art. 1231 -1.
Évidemment, s'il a une obligation de moyens, le débiteur peut également invoquer
une cause d'exonération mais il est plus difficile pour lui de démontrer son absence
de faute que l'origine inconnue du dommage. Il y a trois causes d'exonération : la
force majeure, le fait d'un tiers et le fait d'un créancier.

• La force majeure : Elle exonère totalement le débiteur, l’obligation est éteinte.


Si l’événement n’est pas irrémédiable, le contrat est simplement suspendu :
art. 1218 al. 2. La force majeure est définie à l’art. 1218 et elle revêtit trois
caractères :
- Ca doit être un événement extérieur au débiteur : « événement échappant au
contrôle du débiteur ».
Cet événement ne peut pas résulter de la défaillance du personnel ou du
matériel du débiteur. On ne prend pas en considération des pannes, des
toxines. Exemples d’éléments extérieurs : Des catastrophes naturelles comme
l'inondation, un tremblement de terre.
- La force majeure doit être imprévisible : « qui ne pouvait être raisonnablement
prévu lors de la rédaction du contrat » : presque tous les événements sont
prévisibles. On s'attache donc à des critères de soudaineté, d’anormalité et de
rareté. De même, en cas de grève, il y a certes un préavis mais la longueur de
la grève est le cadre de l'imprévisible.
- La force majeure doit être irrésistible : les effets ne peuvent être évités par des
évènements appropriés. Si l'empêchement n'est pas absolu mais qu'il rend
l’exécution plus difficile ou plus onéreuse, il n'est pas retenu. La stabilité des
contrats demeure l’objectif essentiel. La constatation des éléments de la force
majeure relève du juge de fait. Il y a peu de jurisprudence et celle-ci n’est pas
uniforme.

• Le fait d'un tiers : Il ne constitue une cause d'exonération totale que s'il a été
imprévisible et irrésistible. C'est en cela une variation de la force majeure, la
jurisprudence est stricte quant à l'interprétation de ces différents caractères. Si
le fait d'un tiers ne présente pas les caractères de la cause étrangère, il
n'entraîne ni exonération totale ni partielle du débiteur.

• La faute du créancier : Ce n'est une cause d'exonération que s’il est la cause
exclusive du dommage (imprévisible et irrésistible). Mais le fait non
imprévisible ni irrésistible du créancier peut constituer une cause
d'exonération partielle s'il présente un caractère fautif : jurisprudence sous
l'art. 1148.

B. Le dommage

i. La source du dommage

Le dommage provient du défaut d'exécution (il donnera alors lieu à des


dommages et intérêts compensatoires) ou du retard dans l'exécution (il donnera
alors lieu à des dommages et intérêts moratoires).

Le défaut d'exécution peut être total, partiel ou il peut résulter d'une exécution
défectueuse. Le préjudice doit en tous cas être réparé.
En cas de retard de l’exécution, le préjudice n'est réparé que s'il est établi.

Il existe une exception : si l'obligation a pour objet le paiement d'une somme


d'argent, le créancier n'a pas à prouver sa perte : art. 1231-6. L’évaluation du
dommage est donc légale, on veut éviter toute discussion quant au placement
fabuleux ou désastreux que le créancier aurait pu faire.

ii. L’étendue des dommages

Les dommages et intérêts recouvrent la perte faite et le gain manqué : art. 1149.
Le dommage doit être prévisible : art. 1231-3. On est engagé dans la mesure où on
l'a voulue et en sachant ce à quoi on risque de s'exposer. Un transporteur qui ignore
la valeur exceptionnelle des objets transportés verra sa responsabilité engagée mais
le montant de la réparation sera réduit par rapport aux dommages réels. Si le risque
avait été trop considérable, le débiteur aurait hésité à signer le contrat ou aurait
demandé un supplément de prix destiné à le couvrir d’une assurance. Cela ne joue
pas en cas de dol du débiteur.
Le choix d’une politique de surbooking en connaissance du risque qu’elle
applique de pouvoir assumer l’embarquement de la totalité des passagers ayant
réservé dans un vol déterminé constitue un dol : art. 1231-3. Il s'agit là d'un dol dans
l'exécution du contrat et non dans sa formation.

Le dommage peut être corporel ou matériel, on prend même en considération des


dommages moraux. La limitation du dommage au dommage prévisible ne joue pas
en cas de faute lourde ou dolosive du débiteur. Voilà une réflexion morale dans une
branche, à savoir dans le droit civil, dont le but est, à priori, uniquement réparateur.
C. Le lien de causalité

Il doit y avoir une relation de cause à effet entre le manquement aux obligations
contractuelles et le dommage.
Les causes d'exonération suppriment ce lien car ce sont elles qui constituent la
cause exclusive ou partielle du dommage.

Comment apprécier le lien de causalité ?

On prend l’exemple d’un vendeur qui vend une bête malade à un livreur. Celle-ci
contamine tout le troupeau et l'éleveur ne peut pas, par suite de la mort de ses bêtes,
cultiver ses terres et en tirer un revenu, ce qui a entraîné la saisie de ses biens.
Article 1231-4 : « même si l'inexécution résulte du dol du débiteur, les dommages et
intérêts ne doivent comprendre que ce qui est une suite immédiate et directe de
l'inexécution de la Convention».

Selon le système de l'équivalence des conditions, toutes les causes sont


équivalentes dans la production d’un dommage. Il y a responsabilité dès que le fait
illicite a concouru à la résolution du dommage. Ce système est rejeté par l'article
1231-4.

Selon le système de la causalité adéquate, qui est adopté en matière de


responsabilité contractuelle, on recherche la cause prépondérante. Seule cette
dernière est retenue, les causes accessoires sont écartées, c'est plus équitable, mais
c'est un facteur de complication pour les juges, c'est même un facteur d'instabilité
pour la jurisprudence, la décision dépend en effet de l'opinion de chaque juge.

2. La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle

Elle suppose une mise en demeure du débiteur par le créancier. Si le débiteur


n'exécute pas son obligation, le juge réparera le préjudice subi sous forme de
l'allocation de dommages et intérêts.

A. La mise en demeure : art. 1231

La mise en demeure est la manifestation de la volonté du créancier d'exiger


l'exécution des prestations qui lui sont dues. Son but est de faire constater que le
débiteur est en retard dans l'exécution de ses obligations. Plutôt que la morale des
affaires, un code civil doit prêcher la morale de l’infinie patience. Cela permet au
débiteur d’éviter des poursuites judiciaires s’il avait oublié son obligation ou si
l’exécution ne présente plus d’intérêt pour le créancier.
Elle est nécessaire chaque fois que l'exécution est encore possible, donc pour les
dommages et intérêts moratoires elle est toujours nécessaire. Là en effet, la simple
échéance du terme ne fait pas courir les dommages et intérêts.

En revanche pour les dommages et intérêts compensatoires, elle est inutile si le


préjudice est déjà consommé : « à moins que l’inexécution soit définitive », c'est-à-
dire, en cas :
- D'inexécution d'une obligation de ne pas faire ;
- D'une obligation de donner ;
- D’une obligation de faire qui devait s'exécuter pendant un certain temps ;
- De la destruction de l'objet de l'obligation.

Elle se fait sous forme d'une sommation, c'est-à-dire, un acte d'huissier : art.
1344, ou par un acte équivalent, par exemple, une citation en justice.
Elle a deux effets :
• Faire courir des dommages et intérêts moratoires : art. 1344-1.
• En cas de corps certain elle met les risques à la charge du débiteur (art. 1344-
2)

B. Les règles relatives à la fixation des dommages et intérêts

Si on peut encore exécuter en nature, le débiteur y sera condamné. En revanche,


toute obligation de faire, de ne pas faire, se résout en dommages et intérêts, selon
l'art. 1142 (avec deux exceptions, art. 1143 et 1144). En effet, on ne peut pas
contraindre quelqu'un à faire quelque chose qu'il ne veut pas faire.

La rémunération pécuniaire sera une somme unique ou une rente viagère. Elle
répare le préjudice intégralement, y compris le préjudice futur si celui-ci est certain
au moment du jugement. On ne répare pas les préjudices éventuels.
Il y a réparation du préjudice moral aussi bien que matériel. On répare le bien
manqué et la perte subie. Les juges du fond sont souverains, la Cour de Cassation
ne vérifie que les éléments de l'art. 1149 et les exceptions des art. 1150 et 1151.
Les juges ne peuvent pas dépasser les prétentions du demandeur. Les parties
peuvent songer à régler ce problème dans le cadre de leur convention.

3. Les conventions relatives à la responsabilité contractuelle

Certaines clauses modifient le contenu des obligations assumées par le débiteur,


ce sont les clauses extensives ou réductrices. D'autres sont relatives à la
responsabilité, elles peuvent ici aussi être extensives ou limitatives. Les dernières
fixent forfaitairement à l'avance le montant des dommages et intérêts, ce sont des
clauses pénales.
A. Les clauses délimitant l’obligation du débiteur

Les parties peuvent, bien évidemment, étendre le contenu des obligations


habituellement attachées aux contrats. Si l'obligation est écartée par les parties il n'y
a pas de problème de responsabilité.
Par exemple, l'exploitant d'un parking peut stipuler que son obligation ne s'étend
pas à la protection contre le vol. On modifie alors conventionnellement le contenu
des obligations assumées par le débiteur, séparé par le principe de liberté
contractuelle. En effet, un contractant ne peut s'engager que modérément.

Toutefois, ces clauses restreignant ou étendant l'obligation ne sont valables que


si elles laissent un sens aux contrats. On ne peut en effet pas supprimer l'obligation
essentielle du contrat. On ne peut pas à la fois s'engager et ne pas s’engager.
Par exemple, une entreprise de transport par wagons frigorifiques ne peut pas
refuser de garantir le glaçage des wagons.
Un transporteur aérien ne saurait s'exonérer à l'avance de toute responsabilité en
cas de retard excessif sans porter atteinte à l'essence du contrat de transport de
personnes.
Chronopost, spécialiste du transport rapide dont elle garantit la fiabilité et la
célérité, ne peut pas limiter l'indemnisation du dommage causé par un éventuel
retard au montant du prix du transport. On reconnaît donc l'existence d'un noyau dur
intangible : art. 1170.

B. Les clauses limitatives de la responsabilité

Les clauses extensives de la responsabilité sont toujours admises, on peut par


exemple substituer une obligation de résultat à une obligation de moyens. Les
clauses limitatives de responsabilité sont fréquentes.

Avantage : Elles diminuent le coût de l'assurance, elles permettent donc de


proposer un prix plus bas aux créanciers. Ces clauses sont donc favorables au
développement du commerce.

Inconvénient : Elles sont imposées par l'une des parties à l'autre dans le cadre
d'un contrat d'adhésion, elles sont une incitation à la négligence.

Le régime juridique : Certaines clauses sont nulles par la volonté du législateur.


Sont réputées non écrites les clauses qui limitent la responsabilité des aubergistes
ou hôteliers en cas de vol ou de détérioration des objets des voyageurs : art. 1953.
Ces clauses sont en principe valables en vertu de la liberté contractuelle alors que
sur le terrain de la responsabilité extra contractuelle, ces clauses sont contraires à
l'ordre public.
Ces clauses sont valables sauf s’il y a dol du débiteur, c’est-à-dire si on peut lui
reprocher une faute intentionnelle ou un comportement d'une extrême gravité. Cela
aboutira à une clause potestative prohibée par l'art. 1304-2. Le débiteur n’exécuterait
son obligation que s'il le veut. S'exonérer de son dol c’est se réserver la possibilité
d'être de mauvaise foi. De plus, la faute lourde, c'est-à-dire l'absence de prudence,
est assimilée au dol.

C. Les clauses pénales

Les clauses pénales sont l'évaluation conventionnelle et forfaitaire des


dommages et intérêts contractuels en cas d'inexécution ou d'exécution tardive du
contrat.

Le principal avantage de la clause pénale tient au fait que le créancier n'a pas à
prouver l'importance du préjudice subi. Cependant, elle peut constituer un moyen de
pression si le montant est supérieur au préjudice subi.
En revanche, le débiteur a le plus grand intérêt à respecter ses engagements
dont l'inexécution risquerait d'être trop lourde pour lui, elles peuvent donc avantager
autant le créancier que le débiteur.

Art. 1231-5 al. 2 : Le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter ces peines
si leur montant est manifestement excessif ou dérisoire.
Art. 1231-5 al. 3 : Le juge peut diminuer l'indemnité en cas d'exécution partielle
de l'engagement.
Ce sont des textes d'ordre public, toute stipulation contraire est réputée non-
écrite : art. 1231-5 al. 4.
L'application de la clause pénale est, sauf inexécution définitive, subordonnée à
la mise en demeure préalable du débiteur par l’art. 1231-5 al. 5. Mais il ressort de
leur lecture que l'intangibilité est le principe et la révision, l'exception.

IV. Les règles spéciales à l’inexécution des contrats synallagmatiques

Dans un contrat synallagmatique, la réciprocité et l'interdépendance des obligations


renforcent l'efficacité du contrat. La crainte de perdre la prestation reçue incite
chacun des contractants à exécuter la prestation promise. Cela ne supprime pas
pour autant tout risque d'inexécution. L'inexécution du contrat aura en raison de son
caractère synallagmatique trois conséquences :

• Une partie peut suspendre l'exécution de son obligation tant que son
partenaire n'exécute pas lui-même l'obligation à laquelle il est tenu. Si un
contractant réclame l'exécution sans s'être acquitté de son obligation, l'autre
peut faire jouer l'exception d'inexécution.
• S'il y a inexécution d'une partie, l'autre peut demander à la justice la résolution
du contrat pour inexécution.
• Si l'inexécution résulte de la force majeure, il faut déterminer qui supporte
l'inexécution du contrat. De ce fait, si un évènement indépendant de la volonté
empêche l'un des contractants de s'exécuter, l'autre se trouve par lui-même
libéré de son obligation, c'est le problème de la charge des risques.

1. L’exception d’inexécution : art. 1219 et art. 1220

Pour le juriste, une exception est un moyen d'agir contre une action. Cette
exception suppose que les deux obligations ne soient pas exécutées simultanément.
C'est la possibilité offerte à chaque contractant de refuser d'exécuter son obligation
tant que son cocontractant ne s'acquitte pas de sa propre obligation. En effet, chacun
ne s'engage que parce qu'il pense que l'autre obligation sera exécutée en même
temps.
Invoquer l'exception d'inexécution est un moyen provisoire de blocage du contrat,
un simple ajournement, un simple moyen de pression sans décision préalable du
juge.
S'il échoue, il faut recourir au juge pour demander la résolution ou l'exécution
forcée du contrat. C'est un moyen d'action qui relève de la justice privée, celui qui
invoque l’exception d’inexécution le fait sans autorisation judiciaire.

L'exception d’inexécution est en outre une exception à la force obligatoire du


contrat, c'est l'idée selon laquelle on n'a pas à tenir sa parole si le cocontractant ne
tient pas la sienne.

A. Les conditions de l’exception d’inexécution

i. Les conditions de fond

Elles tiennent la nature des obligations et la nature de l'inexécution.

• La nature des obligations

Elles doivent être interdépendantes et simultanées. L’exception ne joue pas si un


contractant accorde un délai à l'autre. Pour les contrats synallagmatiques, la volonté
des parties peut écarter l'exception d’inexécution : le contrat peut prévoir une
absence de simultanéité des obligations.
Par exemple, lors d’une vente à crédit, le paiement est différé par rapport à la
livraison.
D'autre part, la jurisprudence a fait jouer ce mécanisme en l'étendant à tous les
rapports synallagmatiques, quand bien même ils ne naitraient pas d'un contrat.
Par exemple, lors d’une restitution réciproque à la suite de la nullité ou de la
résolution d’un contrat.
Les tribunaux ont également admis que l'exception d’inexécution pouvait jouer
pour des contrats synallagmatiques imparfaits.
Par exemple, en cas de dépôt, si le dépositaire fait des dépenses pour conserver
la chose, le déposant doit rembourser le dépositaire. Celui-ci peut refuser de restituer
la chose tant qu'il n'a pas remboursé : art. 1948.

• La nature de l’inexécution

Il faut une inexécution suffisamment grave car l'exception d’inexécution ne doit


pas constituer un prétexte permettant à un contractant d'échapper à l'exécution de sa
prestation. La réplique ne doit pas être disproportionnée au mal.
Ainsi divers arrêts ont refusé aux locataires le droit de ne pas payer le loyer
lorsque le bailleur n'a pas accompli quelques travaux d'importance secondaire.
D'autres arrêts ont décidé que le preneur est fondé à refuser le paiement des
loyers dès lors que le bailleur refuse les réparations nécessitées par l'état des lieux.
C'est donc au juge de décider s'il y a proportionnalité entre l'attaque et la défense.

ii. Les conditions d’exercice

C'est une voie de justice privée, aucun recours judiciaire n'est nécessaire. De ce
fait, le juge vérifie uniquement en cas de litige ultérieur si les conditions de fond sont
réunies.
La mise en demeure n'est pas nécessaire pour avoir recours à l'exception
d’inexécution, celui qui invoque l'exception d’inexécution doit simplement prouver
que ces conditions sont réunies.

B. Les effets de l’exception d’inexécution

C'est un moyen de défense temporaire, l'obligation est suspendue et elle


reprendra effet dès que le cocontractant exécutera son obligation. C'est également
un moyen de pression éphémère mais à caractère comminatoire. Si ce moyen
échoue, il faut demander la résolution pour inexécution.

2. La résolution pour inexécution : art 1224 à 1230

A. Les conditions de la résolution pour inexécution

• Il faut une inexécution. Il n’est pas nécessaire que cette inexécution soit totale,
une inexécution partielle peut suffire si elle est grave pour le créancier.
• Il faut une inexécution fautive sinon c’est la théorie des risques qui s’applique
si l’inexécution est due à un cas de force majeure.
• La résolution est judiciaire : art. 1227. Toutefois, la résolution peut résulter
d’une clause résolutoire ou d’une notification du créancier au débiteur en cas
d’inexécution suffisamment grave : art. 1224 à 1226. Ce droit de résiliation
unilatéral par le créancier sous le contrôle du juge est encadré par le
législateur. Elle est subordonnée à une mise en demeure infructueuse. Si
l’inexécution persiste, le créancier peut, à ses risques et périls, notifier sa
décision de tenir le contrat pour résolu et les raisons qui motivent cette
résolution. Le débiteur peut contester en justice cette résolution unilatérale, le
créancier devra alors prouver la gravité de l’inexécution.
• Le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation important : art. 1228.

B. Les effets de la résolution pour inexécution

Entre les parties, la résolution met fin au contrat. En cas de résolution judiciaire,
elle prend effet au moment de la décision du juge ou à défaut à la date de
l’assignation.
En cas d’application d’une clause résolutoire, la résolution intervient dans les
conditions prévues par cette clause.
En cas de résolution unilatérale, la résolution prend effet à la date de la
notification : art. 1229 al. 2.

L’absence de rétroactivité n’empêche pas les restitutions dans les conditions


prévues aux articles 1352 à 1352-9. Si les prestations échangées ne pouvaient
trouver leur utilité que par l’exécution complète du contrat résolu, les parties doivent
restituer l’intégralité de leur prestation. Il s’agit de plus d’un contrat instantané, à
exécution successive mais indivisible, par exemple pour un centre d’auto-école qui
s’engage à donner des leçons de conduite pour le permis de conduire pour un forfait
de 7000€ puis refuse de poursuivre l’exécution du contrat après quelques leçons. Il
doit donc rembourser la totalité et ne peut pas exiger le paiement des leçons
données.
En revanche, si les prestations n’ont trouvé leur utilité qu’au fur et à mesure de
l’exécution réciproque, les prestations ne doivent être restituées que pour l’avenir, il y
a résiliation.

Vis-à-vis des tiers, l’absence de rétroactivité de la résolution assure la protection


des tiers.

3. La théorie des risques

S’il survient un évènement de force majeure qui empêche un contractant


d’exécuter son obligation, le cocontractant est-il libéré de son obligation ?
Les parties peuvent bien sûr conventionnellement mettre les risques à la charge
de l’une ou de l’autre des parties mais si le contrat est muet, en principe les risques
incombent au débiteur. La possibilité d’exercer une des obligations entraine la
disparition de l’autre. Il y a une exception pour les contrats translatifs de propriété :
les risques pèsent alors sur le propriétaire de la chose.

A. Les risques incombent au débiteur

Le débiteur de l’obligation qui ne peut plus être exécutée en raison de la force


majeure supporte l’inexécution du contrat. Par exemple, une agence organise un
voyage à l’étranger, or celui-ci ne peut pas être exécuté en raison de la survenance
d’un cyclone ; les risques incombent au débiteur donc à l’agence et le client ne lui
doit rien.

Les conséquences juridiques sont la résolution de plein droit du contrat, les


pouvoirs du juge sont écartés. Il y a en effet plus de choix entre l’exécution forcée et
la résolution.
Il est en outre impossible d’obtenir des dommages et intérêts puisqu’il n’y a pas
de faute du débiteur. Cette résolution de plein droit peut être invoquée par chacune
des parties.

B. Le cas particulier des contrats translatifs de propriété

En cas de vente, d’échange ou de donation, les risques incombent à l’acheteur.


Si on avait appliqué le principe, les risques incomberaient au vendeur, débiteur de
l’obligation de livraison.
L’acheteur supporte en réalité l’inexécution parce qu’il est devenu propriétaire par
l’effet du contrat. Le transfert des risques suit le transfert de propriété : c’est le
principe du transfert immédiat de propriété qu’il faut remettre en question.

FIN DU COURS DE DROIT CIVIL. BONNES REVISIONS A TOUS.

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