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Introduction
Nous étudierons les obligations civiles, celles qui découlent de la loi. Elles
s’opposent aux obligations naturelles correspondant à l’accomplissement d’un devoir
moral, de conscience conformément à l’article 1100 alinéa 2 (comme l’obligation
alimentaire entre frères ou l’obligation de contribution aux charges entre concubins
ou l’engagement d’un père de verser une certaine somme d’argent à son fils
présumé jusqu’à la fin de ses études). Les obligations naturelles ne sont pas
susceptibles d’une exécution forcée contrairement aux obligations légales, mais si le
débiteur de l’obligation naturelle l’a exécutée volontairement, la restitution n’est pas
admise (art. 1302 alinéa 2). Il y a alors une ovation de l’obligation naturelle en
obligation civile.
L’obligation est un droit patrimonial, elle représente donc pour son titulaire un
élément de richesse, et non un droit extrapatrimonial qui n’est pas un droit
directement évaluable en argent (droits de la famille, droit à l’honneur ou droit au
respect de la vie privée).
L’obligation figure à l’actif du patrimoine du créancier et au passif du
patrimoine du débiteur. Elle illustre donc la mise en œuvre des rapports
économiques et a donc une grande importance pratique.
L’obligation est un droit incorporel. Les droits corporels sont les différentes
variétés de choses (meubles et immeubles). L’obligation est plus précisément un
droit de créance, un lien de droits existant entre deux personnes, un droit personnel
et non un droit réel, c’est à dire le pouvoir juridique reconnu à une personne et qui
porte directement sur une chose comme la propriété, le gage ou l’hypothèque.
Classification des obligations : On distingue trois catégories d’obligations :
- Les obligations qui naissent d’un acte juridique, d’une volonté créant des
effets de droits (contrat) ;
- Les obligations qui naissent d’un délit (fait intentionnel : art.1240) ou d’un
quasi-délit (fait provenant de négligence ou imprudence : art.1241) ;
- Les obligations qui naissent de l’autorité seule de la loi (quasi-contrats : article
1300).
Quasi-contrats : Définis à l’article 1300. Ce sont des faits purement volontaires dont
il résulte un engagement de celui qui en profite sans y avoir droit et parfois un
engagement de leur auteur envers autrui.
• Le contrat est conclu pour créer des obligations. Il s’oppose par son caractère
obligatoire aux accords de complaisance ou de courtoisie. Le contrat s’oppose
aux engagements d’honneur dont l’inexécution n’est pas sanctionnée par la
justice.
• Le contrat suppose un accord de volontés : il faut donc la réunion de deux
personnes. Un contrat est unilatéral s’il ne comporte d’obligations qu’à l’égard
d’une des parties, mais il y a toujours la réunion de deux personnes (dans un
contrat de cautionnement, la personne avec la caution s’engage à payer le
créancier en cas de défaillance du débiteur principal). Il faut distinguer les
contrats unilatéraux des engagement unilatéraux de volonté (une seule
personne engendre des obligations à sa charge (promesse de récompense
publiée dans un journal)). Les contrats unilatéraux n’engagent pas
d’obligations.
La jurisprudence use des sources traditionnelles des obligations pour lui
conférer force obligatoire : le contrat, la responsabilité civile, ou bien la gestion
d’affaire et l’enrichissement injuste.
La preuve d’un contrat synallagmatique doit être apportée par un acte sous
signature privée établi en autant d’originaux qu’il y a de parties ayant un intérêt
distinct (art.1375). La preuve d’un contrat unilatéral constatant à une obligation de
payer une somme d’argent (chèque) ou de livrer une chose fongible (qui se
consomme par l’usage ou qui peut être remplacée par une chose de même qualité,
quantité ou de même nombre). Un tel contrat doit comporter, outre la signature de
celui qui s’engage, la mention écrite par lui même de la somme de la quantité, écrite
en toutes lettres et en tous chiffres (art.1376).
Les obligations des parties étant réciproques, si l’un des contractants
n’exécute pas son obligation, l’autre peut se retrancher derrière cette inexécution
pour ne pas exécuter la sienne (exception d’inexécution : Art.1219). De même, un
contractant ayant exécuté son obligation mais n’ayant pas reçu celle de son
partenaire peut demander restitution de sa prestation (résolution pour inexécution :
Art.1224 et suivants).
Le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit de l’autre un
avantage en contrepartie de celui qu’elle procure.
Le contrat est à titre gratuit lorsqu’une des parties procure à l’autre un
avantage sans attendre ni recevoir de contrepartie (la donation, le bail sans
stipulation de loyer, le prêt sans intérêt, le mandat non rémunéré).
Le contrat de gré à gré est celui dont les stipulations sont librement négociées
par les parties.
Le contrat d’adhésion est celui dont les conditions générales soustraites à la
négociation sont déterminées à l’avance par l’une des parties. Il y a supériorité
économique d’une partie sur l’autre et le contrat est préétabli.
Les clauses d’un contrat d’adhésion s’interprètent contre la partie qui les a
proposées (Art. 1190). Les clauses créant un déséquilibre significatif entre les droits
et obligations entre les parties sont réputées non écrites (Art. 1171).
Le contrat cadre est un accord par lequel les parties conviennent des
caractéristiques essentielles de leur relation contractuelle future.
Le contrat d’application précise les modalités d’exécutions d’un contrat cadre.
Le contrat nommé est celui qui est règlementé et qualifié par la loi.
Le contrat innommé ne fait l’objet d’aucun régime légal spécifique.
C’est une philosophie individualiste, c’est la volonté de créer sa propre loi. Elle a
inspiré les interprètes du 19ème et début 20ème siècle. Cette théorie puise ses racines
dans la philosophie du Siècle des Lumières. L’idée de base est que les Hommes
sont libres et égaux et ne vont donc assumer une obligation s’ils le veulent bien. La
volonté joue un rôle prépondérant.
Le contrat n’existe que parce qu’il a été voulu et de la manière dont il a été voulu.
Comme l’Homme ne peut pas agir contre ses intérêts, le contrat est juste. Le principe
est donc celui de la liberté contractuelle (Art. 1102 et Art. 1103). De même, l’Art. 6
permet de déroger à toute loi qui n’intéresserait pas l’ordre public et les bonnes
mœurs.
L’origine de ce principe est le mouvement des droits naturels de l’Homme et la
doctrine économique libérale pour laquelle toutes les relations économiques sont
régies par la loi de l’offre et de la demande qui assurent l’adaptation du prix à la
valeur grâce à la concurrence. Cela explique le principe du consensualisme, la force
obligatoire du contrat à l’égard des parties et à l’égard du juge et le fait que le contrat
ne crée d’obligation qu’entre les parties.
Il ne faut pas pour autant prendre les rédacteurs du Code Civil pour des naïfs,
mais simplement, la fiction est un idéal vers lequel il faut tendre.
Chapitre 1 : Le consentement
I. L’existence du consentement
1. L’offre
C’est la proposition qu’il suffira que le sollicité accepte pour que le contrat soit
maintenu, cela exclu indirectement l’invitation à entrer en pourparlers (demande
d’une entreprise à une autre de lui communiquer les clauses de ses prestations de
service), et également l’appel d’offre (particulier vend automobile, prix à débattre).
L’offre doit être précise, elle doit donc contenir les éléments essentiels du contrat
(Art. 1114). Pour la vente, il a choisi le prix (Art. 1583), pour le louage, le bien qu’on
envisage de louer et le montant du loyer. Pour le contrat de travail, la prestation
requise et le salaire.
A défaut ce n’est qu’une simple invitation à entrer en pourparlers ou un appel
d’offre dont l’acceptation n’emporte pas la formation du contrat.
L’offre doit être ferme (Art. 1114), il ne doit pas y avoir de rétractation de la part
de son auteur (pas d’offres sujettes à confirmation). Toute offre ne vaut évidemment
que jusqu’à épuisement des stocks et les limites sont toutes offres qui sont
personnelles (offre d’emploi ou comportant un crédit). S’il y a contreproposition,
l’offrant est celui qui forme la dernière proposition, c’est-à-dire celles qui sont
acceptées sans contrepropositions.
Le mode d’expression de cette offre est libre. Elle peut être formulée par écrit ou
verbalement ou résulter de certaines attitudes (exposition de marchandises en vitrine
avec le prix indiqué, ou fait pour un taxi de stationner sur un emplacement réservé
avec son voyant allumé). Si l’acceptation intervient, le contrat est formé, mais tant
qu’il n’y a pas acceptation, l’offre est librement révocable.
À cela, il y a 2 tempéraments :
- Art. 1116 : l’offre peut être assortie d’un délai de validité express ou tacite. A
défaut, elle ne peut pas être évoquée avant l’écoulement d’un délai
raisonnable ;
- Art. 1117 : l’offre est caduque à l’issu du délai fixé pour son acceptation ou à
défaut d’un délai raisonnable. Elle également caduque du fait d’un décès ou
de l’incapacité de l’offrant.
2. L’acceptation
Cette rencontre ne pose aucun problème si les deux parties au contrat sont
présentes pour manifester leur volonté.
Les intérêts pratiques :
- Jusqu’à la conclusion du contrat, les parties peuvent se rétracter. Mais une
fois le contrat formé, il n’y a pas de rétractation possible ;
- La date de formation du contrat est essentielle en cas de survenance du
décès ou de l’incapacité d’une des deux parties ;
- En cas de contrat translatif de propriété, la conclusion du contrat transfère la
propriété et met les risques à la charge de son bénéficiaire ;
- La loi en vigueur au moment de la formation du contrat le régit ;
- Le lieu de formation du contrat permet de déterminer la compétence
territoriale des prud’hommes ;
- La date de formation du contrat fixe le point de départ des délais de
prescription.
• Les systèmes de la déclaration et de l’information :
Le contrat est formé tel qu’il y a existence de deux volontés concordantes. Le
contrat est formé dès que l’acceptation est exprimée qui sert à la déclaration ou bien
dès que l’acceptation est connue de l’accepteur de l’offre (système de l’information).
Ces systèmes sont rejetés en raison de la difficulté de la preuve.
• La solution légale :
Art. 1121 : Le contrat est conclu au moment et au lieu où l’acceptation parvient à
l’offrant. On a consacré la théorie de la réception. Cette solution est conforme à celle
de la convention de Vienne relative à la vente internationale de marchandises du 11
avril 1980.
Le contrat est formé par la seule manifestation du consentement, cela n’est vrai
que si la volonté des parties est saine. Cela suppose que la volonté existe donc en
cas d’absence totale du fait d’un malentendu, aucun contrat n’est formé. Elle ne doit
d’autre part ne pas avoir été altérée ou viciée. D’après le code civil, il y a trois vices
du consentement, d’après l’art. 1130 :
- L’erreur ;
- Le dol ;
- La violence.
Cela concilie une idée de justice (la loi doit protéger le contractant qui n’a pas été
libre ou dont le consentement a été insuffisamment éclairé) et la sécurité juridique
(une trop grande protection quant au vice du consentement aboutirait à une
insécurité dans les relations contractuelles). Voilà pourquoi le législateur n’annule le
contrat que si le vice du consentement est d’une gravité certaine et s’il y a une
certaine participation de l’autre contractant au vice du consentement. C’est ce que
vient préciser l’art. 1130 qui précise que le caractère déterminant doit être apprécié
concrètement. Cet article est une disposition liminaire applicable à chacun des trois
vices.
1. L’erreur : art. 1132 à 1135
L’erreur est une appréciation inexacte de l’un des éléments du contrat. Il faut
déterminer les erreurs retenues et sanctionnées, les conditions qu’elles doivent
remplir ainsi que les sanctions qui les a faites.
Il faut déterminer les erreurs qui entrainent et celles qui n’entrainent pas la nullité
du contrat.
• L’erreur obstacle :
C’est le cas où l’erreur a été d’une telle importance que les volontés n’ont
même pas pu se rencontrer, c’est un quiproquo. L’erreur peut porter sur la
nature du contrat, une partie croit vendre un immeuble alors que l’autre pense
le recevoir en donation ou alors une erreur sur l’objet du contrat.
L’erreur doit être excusable, elle ne doit donc pas rentrer dans le champ
contractuel.
L’erreur d’une seule partie est suffisante mais l’autre partie doit avoir une
connaissance du caractère substantiel de telles qualités pour celui qui s’est trompé.
L’erreur doit être commune.
Le fondement est que si on annulait un contrait pour une erreur qui ne rentre pas
dans le champ contractuel, cela créerait un préjudice injustifié à l’autre partie. Il en
résulterait une insécurité pour toutes les transactions.
2. Le dol : art. 1137 et 1138
i. Les manœuvres
i. L’annulation du contrat
La violence est le fait de contracter sous la pression d’une contrainte qui aspire à
une partie la crainte d’exposer sa fortune, sa personne ou celle de ses proches à un
mal considérable. D’un côté la volonté de la victime n’a pas été libre et de l’autre il y
a une faute de la part de l’auteur de la violence. Il y a donc nullité et probablement
des dommages et intérêts.
La violence doit être déterminante et peut émaner de l’autre partie, d’un tiers ou
des circonstances.
B. L’origine de la violence
Elle émane souvent d’une autre partie, elle peut émaner d’un tiers (art. 1142).
C’est ici l’intégrité du consentement qui est prise en considération.
Le trouble résultant d’une violence est plus important du point de vue social que
celui d’un dol et doit être sanctionné plus facilement. La violence peut également
émaner des circonstances extérieures (art. 1143). Il faut que l’autre partie ait connu
l’état de nécessité et en ait abusé (sinon on annulerait presque tous les contrats pour
violence car on est souvent sous la pression des circonstances quand on est amené
à contracter).
On annulera pour violence une convention d’assistance maritime passée par le
capitaine d’un navire en perdition avec celui d’un autre navire qui l’a accosté et qui lui
a proposé de sauver son navire moyennant un prix exorbitant.
On peut annuler pour violence morale un contrat de travail désavantageux qu’un
salarié avait conclu sous l’influence d’un pressant besoin d’argent (art. 1143) : idée
de violence économique.
La violence est sanctionnée par nullité relative et par location éventuelle de
dommages et intérêts.
Chapitre 2 : La capacité
Le contenu du contrat doit exister et d’autre part il faut que ce contenu soit
équilibré.
Le contenu doit être possible (art. 1163 al. 2), en outre il doit être certain,
déterminé ou déterminable et il doit être licite.
A. Le contenu doit être certain
Une chose qui n’existe pas (ou plus) ne peut pas former le contenu d’un contrat.
A cela il faut apporter 2 tempéraments:
- Art. 1163 al. 1: Une obligation peut avoir pour objet une prestation future ;
- Les parties peuvent conclure une vente aléatoire dont on est pas sur que
l’objet existe ou existera (vente d’une culture à venir).
Si l’indice auquel on s’est référé n’existe plus on retient l’indice qui se rapproche
le plus (Art. 1167).
Si la qualité de la prestation n’est pas déterminée, on retient une prestation
conforme aux attentes légitimes des parties (Art. 1166).
En cas d’abus dans la fixation du prix, le juge peut être saisie d’une demande
tendant à obtenir des dommages et intérêts et le cas échéant la résolution du contrat
(Art.1164).
Art. 1171 : dans un contrat d’adhésion, est réputée non écrite toute close qui crée
un déséquilibre significatif entre les trois obligations des parties du contrat.
Art. 1170 : toute close qui prive de sa substance l’obligation essentielle du
débiteur est réputée non écrite.
Art. 1164 : nullité d’un contrat à titre onéreux dont la contre partie convenue au
profit de celui qui s’engage est, au moment de sa formation, illusoire ou dérisoire.
La sanction de la violation de la formation des contrats : la
nullité
La nullité peut intervenir par voie d’action (un contractant intente un procès en
annulation pour obtenir la restitution de ce qu’il a fournis) ou par voie d’exception. La
demande en nullité constitue un moyen de défense dont se prévaut celui qui veut
faire échec à une demande dirigée contre lui. La particularité de l’exception de nullité
est qu’elle est imprescriptible : art. 1185.
Dans le code civil on distingue la nullité absolue et la nullité relative : art. 1179 :
- La nullité relative sanctionne la transgression d’une règle protectrice
des intérêts privés (tous les vices de consentement sauf erreur et obstacle) ;
- La nullité absolue sanctionne la transgression d’une règle de l’intérêt
général (contenu illicite).
Les effets de la nullité sont les mêmes mais les moyens diffèrent. Cette distinction
diffère sur les personnes qui ont le droit de l’invoquer et l’extinction de ce droit :
- La nullité relative est réservée à ceux qui devaient être protégés ;
- La nullité absolue peut être exercé par tout intéressé.
Tous les vices du consentement sont sanctionnés par la nullité relative mais la
jurisprudence sanctionne l’erreur obstacle par la nullité absolue. L’incapacité est
sanctionnée par la nullité relative en cas d’incapacité de protection et par nullité
absolue en cas d’incapacité à un intérêt d’ordre public. Le contenu et le but illicite
sont sanctionnés par une nullité absolue. En revanche, la rescision pour les jeux sont
sanctionnés par la nullité sanctionne. La rescision pour lésion est sanctionnée par
nullité relative.
Chapitre 1 : Distinction quant aux conditions d’exercice de
la nullité relative et la nullité absolue
Cette distinction a un intérêt quant aux personnes qui ont le droit d’invoquer la
nullité et quant à aux conditions pour l’invoquer. Si la règle de droit est destinée à
protéger un intérêt particulier, ce droit de critique est réservé à ceux qui devaient être
protégés. Si cette règle de droit est d’intérêt général, ce droit de critique peut être
prononcé par tout intéressé, la nullité est absolue.
La nullité relative ne peut être invoquée que par la ou les personnes que la loi a
voulu protéger (Art. 1181). Elle répond à l’intérêt de protection d’un intérêt individuel.
Ainsi l’action en nullité sera réservée à la personne dont le consentement a été
vicié, à l’incapable, ou à la victime de la lésion. Cette action sera refusée à l’autre
partie. Si l’action nullitaire a plusieurs titulaires, la renonciation de l’un n’empêche
pas les autres d’agir (art. 1181 al.3).
Afin d’éviter des incertitudes durables quant à la validité d’un acte, une partie peut
demander par écrit à celle qui pourrait se prévaloir de la nullité, soit de confirmer le
contrat, soit d’agir en nullité dans un délai de 6 mois à peine de forclusion (Art.
1183). A défaut d’action en nullité dans les 6 mois, le contrat est réputé confirmé.
La confirmation n’est possible qu’en cas de nullité relative, il est donc normal
que la personne en faveur de qui la nullité a été édictée puisse renoncer à la
protection qui lui a été accordée. On ne peut pas l’admettre pour la nullité absolue
car le droit d’invoquer la nullité absolue est accordé à tous les intéressés afin de
multiplier les chances d’une annulation effective et parce que l’intérêt général est en
cause. Du reste, le ministère public ne peut pas s’engager à ne pas intenter une
action alors qu’il en a l’obligation.
2. La prescription
A pour effet d’éteindre l’action en nullité, c’est le laps de temps à l’issue duquel on
ne peut plus intenter une action. Elle laisse survivre l’exception de nullité.
Pour la nullité relative comme pour la nullité absolue, le délai de prescription est
en principe de 5 ans depuis la réforme du 17 juin 2008 (Rescision pour lésion de 2
ans)
Avant la réforme du 17 juin 2008, le délai était de :
- 30 ans pour la nullité absolue ;
- 5 ans pour la nullité relative.
Le fondement de la prescription est un besoin de sécurité: la paix des partis. On
consolide des conditions de fait.
Le point de départ est fixé (art. 1144, art. 1152 et art. 2224) au moment où
l’incapacité est apparue ou quand le vice est connu.
L’article 2232 a posé un délai butoir au delà duquel une action en nullité ne
pourra jamais être intentée : plus de 20 ans après la conclusion de la rente. La
technique de la date butoir est un canon législatif moderne. La prescription a un effet
à l’égard de tous.
B. La survie de l’exception de nullité
Même après expiration du délai de prescription, si le contrat n’a pas été exécuté,
et que l’une des parties réclame son exécution, l’autre pourra refuser en soulevant
l’exception de nullité. L’action est temporaire mais l’exception est perpétuelle.
L’explication : la volonté de consolider une situation de fait. Si le contrat n’a pas
été exécuté, on ne revient pas sur la non-exécution, c’est le maintien du statuquo.
Cette survie joue tant pour les nullités relatives que pour les nullités absolues.
Chaque partie doit restituer à l’autre ce qu’elle a reçue (article 1352 à 1352-9). Ce
principe comporte deux exceptions:
- Les contrats successifs : L’annulation ne produit d’effet que pour l’avenir, il est
en effet impossible d’effacer les prestations passées si elles n’ont pas été
exécuté en numéraire. On peut restituer une somme d’argent, mais pas le
travail fourni ou la puissance d’un immeuble. Une indemnité doit compenser
l’impossibilité de restitution des prestations. Art. 1352-8 : la restitution d’une
prestation de services consommés a lieu en valeur appréciée à la date à
laquelle elle a été fournie.
- L’exclusion des restitutions en raison de l’immoralité des parties: « Nemo
auditur propiam turpitudinem » (personne n’est entendu quand il allègue sa
propre turpitude). « In paricausa turpitudinis cessat repetitio » (si la cause de
la turpitude est la même, la répétition cesse). Ces règles paralysent l’action en
restitution, en raison d’une exception d’indignité.
L’annulation rejaillit sur les tiers, personne ne peut transférer plus de droit qu’il
n’en a lui-même. Or, cette annulation engendre une insécurité juridique insupportable
pour le commerce juridique. Voila pourquoi elle connait certains correctifs :
- Les actes d’administration sont maintenus ;
- En matière de meuble : Art. 2276 : protège le possesseur de bonne fois ;
- En matière immobilière, il existe une prescription inquisitive.
Le contrat a des effets positifs mais que se passe-t-il en cas de violation des
obligations qui en découlent ?
Le contrat a des effets entre les parties qui découlent de sa force obligatoire mais
son rayonnement à l'égard des tiers est plus problématique.
Le principe de la force obligatoire du contrat est affirmé par l’art. 1103 parmi les
dispositions préliminaires. Les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux
qui les ont faits : c'est le principe de l'autonomie de la volonté.
Le contrat a une force obligatoire moins grande que les lois impératives
auxquelles il ne peut pas déroger. Il a en revanche une force plus grande que les lois
supplétives qu'il peut écarter : art 1102.
Les clauses d'un contrat d'adhésion s'interprètent à l'encontre de la partie qui les
a proposées : art. 1190. En s'appuyant sur les art. 1104 (l'obligation de bonne foi) et
1194 (l'obligation d'équité), la jurisprudence antérieure a procédé à un forçage du
contrat en découvrant des obligations en dehors de toute stipulation : la découverte
d'une obligation de renseignements et d'une obligation de sécurité.
Selon l’art. 1199, le contrat ne crée d’obligations qu’entre les parties, il a donc un
effet relatif. Toutefois, c’est un fait social qui en tant que tel est opposable au tiers :
art. 1200.
1. L’opposabilité du contrat
A. Le principe
Les tiers ne doivent pas méconnaître le fait social créé par le contrat. Si le contrat
fait naître un droit réel, il doit évidemment être respecté par les tiers (respecter un
contrat de propriété, mariage…). Même s'il fait naître un simple droit de créance, il
est imposable au tiers (si un musicien est engagé par un directeur de théâtre alors
qu'il était lié à un concurrent, le tiers est fautif s'il a connu le contrat antérieur : il
engage sa responsabilité extracontractuelle : art. 1240).
Les tiers peuvent aussi se prévaloir du contrat en tant que fait social : s'il y a un
accident dans un ascenseur, la victime peut agir contre l'installateur mais elle ne peut
le faire que par une action en responsabilité extracontractuelle étant donné que
l'inexécution du contrat est un simple fait qui est à l'origine de l'accident et qui lui est
opposable.
B. Les exceptions
• Sont inopposables aux tiers les contrats dont les formes de publicité n’ont pas
été observées : art. 1198.
On donne préférence parmi deux acheteurs à celui qui est en possession du
meuble ou à celui qui a publié en premier son titre d’acquisition de l’immeuble
même si son droit est postérieur, à condition qu’il soit de bonne foi. Le
formalisme est destiné à protéger le tiers.
• Art. 1201 : les contrelettres n'ont pas d'effet à l'égard des tiers, ceux-ci ont une
option, ils peuvent se prévaloir de l'acte apparent ou alors se prévaloir de
l'acte secret, on veut donc les avantager.
• La simulation est un dédoublement du contrat où une convention apparente
est créée. Elle est différente de l'acte secret ou de la contrelettre, qui est la
convention réelle qui rétablie la vérité entre les parties (une donation déguisée
derrière une vente ; la vente fictive d'un bien immobilier ; le loyer plus élevé
que le loyer réel pour obtenir un prix de vente plus important). Le but de la
simulation est une fraude au fisc et au droit de créancier. Pour pénaliser les
parties d'avoir imaginé une telle fraude on donne aux tiers la possibilité de
choisir entre l'acte apparent et l’acte réel selon leurs intérêts.
2. L’effet relatif du contrat
C’est une conséquence de l'autonomie de la volonté : seul celui qui s'est engagé
peut être tenu par le contrat.
A. Le principe
Le contrat ne concerne que les parties : art. 1199. Mais la définition du mot tiers
est problématique :
- Les ayant-cause universel (ou à titre universel), c’est-à-dire les personnes
auxquelles une partie transfère l'ensemble de son patrimoine ou une quote-
part, autrement dit les héritiers et les locataires, ne sont pas des tiers. Ils
deviennent créanciers ou débiteurs des obligations nées du contrat à moins
que le contrat ait été conclu en considération de la personne (comme un
mandat : art. 2003 ou un contrat d'entreprise : art. 1795). De plus, une
situation contractuelle peut poser que le contrat prendra fin au décès de l'une
des parties ;
- Les créanciers chirographaires, c’est-à-dire ceux qui n'ont aucun privilège
garantissant leur créance n'ont qu’un droit de gage général sur le patrimoine
du débiteur : art. 2285. La doctrine a tendance à les assimiler aux héritiers car
comme eux ils ne recueillent que ce qu'il reste dans le patrimoine de
l’intéressé. Cependant, même si leur situation est intimement liée à celle des
parties, il faut les considérer comme des tiers. En effet, même si les
créanciers des parties sont des personnes qui gravitent étroitement autour
des contractants et qui sont pour cela souvent qualifiés de personnes placées
dans une situation intermédiaire entre les parties et les tiers, ils doivent être
considérés comme des tiers car la modification de la situation patrimoniale
des parties se fait à leur insu.
- Les ayant cause à titre particulier, c’est-à-dire les acheteurs peuvent-ils
devenir créanciers ou débiteurs à la place de leurs auteurs ? Les tribunaux y
sont hostiles car ils n'admettent à titre exceptionnel que la transmission de
l'obligation de garantie des vices cachés ou celle des créances issues de
clauses de non concurrence.
Position du problème :
Le créancier d'une action en réparation basée sur l'inexécution d'un contrat peut-il
demander l’application des règles de la responsabilité extracontractuelle dans les
cas où cette application lui semblerait plus avantageuse que celles des règles de la
responsabilité contractuelle ?
La réponse de la jurisprudence est négative : Les règles de la responsabilité
extracontractuelle sont sans application lorsqu'il s'agit d'une faute commise dans
l'exécution d'une obligation résultant d'un contrat. Cette solution s’explique par le fait
que le régime de la responsabilité contractuelle est généralement moins favorable à
la victime que celui de la responsabilité extracontractuelle. Si la victime devait
invoquer la responsabilité extracontractuelle, cette disposition deviendrait la lettre
morte. Mais c’est surtout le principe même de la force obligatoire du contrat qui
condamne le cumul des deux responsabilités, ce sont des liens contractuels qu’il faut
privilégier.
• S’il s’agit d’une obligation de payer une somme d’argent, l’exécution en nature
est encore possible.
• Si l’objet de l’obligation porte sur un corps certain, l’exécution en nature est
possible puisque l’acquéreur est déjà propriétaire en vertu de l’effet translatif
de propriété du contrat : art. 1196 et art. 1583.
• Si l’objet de l’obligation porte sur une chose future ou sur une chose de genre,
le transfert de propriété ne se produit qu’à la fabrication de la chose ou à son
individualisation.
• Si l’exécution de l’obligation de donner est impossible, il y a par exemple
destruction de l’objet ou si l’objet est en quantité limitée, on se contentera
d’une exécution équivalente.
• S’il s’agit de faire ou de ne pas faire, on peut obtenir une exécution forcée en
nature : art. 1121.
La première est une évidence, elle est pourtant capitale : il faut un contrat. Voilà
d'ailleurs la différence fondamentale entre la responsabilité contractuelle et
extracontractuelle. Outre cela, il faut trois conditions : une faute contractuelle, un
dommage (en effet il n’y a pas d'indemnisation sans préjudice subi) et un lien de
causalité entre la faute et le dommage.
A. La faute contractuelle
• Le fait d'un tiers : Il ne constitue une cause d'exonération totale que s'il a été
imprévisible et irrésistible. C'est en cela une variation de la force majeure, la
jurisprudence est stricte quant à l'interprétation de ces différents caractères. Si
le fait d'un tiers ne présente pas les caractères de la cause étrangère, il
n'entraîne ni exonération totale ni partielle du débiteur.
• La faute du créancier : Ce n'est une cause d'exonération que s’il est la cause
exclusive du dommage (imprévisible et irrésistible). Mais le fait non
imprévisible ni irrésistible du créancier peut constituer une cause
d'exonération partielle s'il présente un caractère fautif : jurisprudence sous
l'art. 1148.
B. Le dommage
i. La source du dommage
Le défaut d'exécution peut être total, partiel ou il peut résulter d'une exécution
défectueuse. Le préjudice doit en tous cas être réparé.
En cas de retard de l’exécution, le préjudice n'est réparé que s'il est établi.
Les dommages et intérêts recouvrent la perte faite et le gain manqué : art. 1149.
Le dommage doit être prévisible : art. 1231-3. On est engagé dans la mesure où on
l'a voulue et en sachant ce à quoi on risque de s'exposer. Un transporteur qui ignore
la valeur exceptionnelle des objets transportés verra sa responsabilité engagée mais
le montant de la réparation sera réduit par rapport aux dommages réels. Si le risque
avait été trop considérable, le débiteur aurait hésité à signer le contrat ou aurait
demandé un supplément de prix destiné à le couvrir d’une assurance. Cela ne joue
pas en cas de dol du débiteur.
Le choix d’une politique de surbooking en connaissance du risque qu’elle
applique de pouvoir assumer l’embarquement de la totalité des passagers ayant
réservé dans un vol déterminé constitue un dol : art. 1231-3. Il s'agit là d'un dol dans
l'exécution du contrat et non dans sa formation.
Il doit y avoir une relation de cause à effet entre le manquement aux obligations
contractuelles et le dommage.
Les causes d'exonération suppriment ce lien car ce sont elles qui constituent la
cause exclusive ou partielle du dommage.
On prend l’exemple d’un vendeur qui vend une bête malade à un livreur. Celle-ci
contamine tout le troupeau et l'éleveur ne peut pas, par suite de la mort de ses bêtes,
cultiver ses terres et en tirer un revenu, ce qui a entraîné la saisie de ses biens.
Article 1231-4 : « même si l'inexécution résulte du dol du débiteur, les dommages et
intérêts ne doivent comprendre que ce qui est une suite immédiate et directe de
l'inexécution de la Convention».
Elle se fait sous forme d'une sommation, c'est-à-dire, un acte d'huissier : art.
1344, ou par un acte équivalent, par exemple, une citation en justice.
Elle a deux effets :
• Faire courir des dommages et intérêts moratoires : art. 1344-1.
• En cas de corps certain elle met les risques à la charge du débiteur (art. 1344-
2)
La rémunération pécuniaire sera une somme unique ou une rente viagère. Elle
répare le préjudice intégralement, y compris le préjudice futur si celui-ci est certain
au moment du jugement. On ne répare pas les préjudices éventuels.
Il y a réparation du préjudice moral aussi bien que matériel. On répare le bien
manqué et la perte subie. Les juges du fond sont souverains, la Cour de Cassation
ne vérifie que les éléments de l'art. 1149 et les exceptions des art. 1150 et 1151.
Les juges ne peuvent pas dépasser les prétentions du demandeur. Les parties
peuvent songer à régler ce problème dans le cadre de leur convention.
Inconvénient : Elles sont imposées par l'une des parties à l'autre dans le cadre
d'un contrat d'adhésion, elles sont une incitation à la négligence.
Le principal avantage de la clause pénale tient au fait que le créancier n'a pas à
prouver l'importance du préjudice subi. Cependant, elle peut constituer un moyen de
pression si le montant est supérieur au préjudice subi.
En revanche, le débiteur a le plus grand intérêt à respecter ses engagements
dont l'inexécution risquerait d'être trop lourde pour lui, elles peuvent donc avantager
autant le créancier que le débiteur.
Art. 1231-5 al. 2 : Le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter ces peines
si leur montant est manifestement excessif ou dérisoire.
Art. 1231-5 al. 3 : Le juge peut diminuer l'indemnité en cas d'exécution partielle
de l'engagement.
Ce sont des textes d'ordre public, toute stipulation contraire est réputée non-
écrite : art. 1231-5 al. 4.
L'application de la clause pénale est, sauf inexécution définitive, subordonnée à
la mise en demeure préalable du débiteur par l’art. 1231-5 al. 5. Mais il ressort de
leur lecture que l'intangibilité est le principe et la révision, l'exception.
• Une partie peut suspendre l'exécution de son obligation tant que son
partenaire n'exécute pas lui-même l'obligation à laquelle il est tenu. Si un
contractant réclame l'exécution sans s'être acquitté de son obligation, l'autre
peut faire jouer l'exception d'inexécution.
• S'il y a inexécution d'une partie, l'autre peut demander à la justice la résolution
du contrat pour inexécution.
• Si l'inexécution résulte de la force majeure, il faut déterminer qui supporte
l'inexécution du contrat. De ce fait, si un évènement indépendant de la volonté
empêche l'un des contractants de s'exécuter, l'autre se trouve par lui-même
libéré de son obligation, c'est le problème de la charge des risques.
Pour le juriste, une exception est un moyen d'agir contre une action. Cette
exception suppose que les deux obligations ne soient pas exécutées simultanément.
C'est la possibilité offerte à chaque contractant de refuser d'exécuter son obligation
tant que son cocontractant ne s'acquitte pas de sa propre obligation. En effet, chacun
ne s'engage que parce qu'il pense que l'autre obligation sera exécutée en même
temps.
Invoquer l'exception d'inexécution est un moyen provisoire de blocage du contrat,
un simple ajournement, un simple moyen de pression sans décision préalable du
juge.
S'il échoue, il faut recourir au juge pour demander la résolution ou l'exécution
forcée du contrat. C'est un moyen d'action qui relève de la justice privée, celui qui
invoque l’exception d’inexécution le fait sans autorisation judiciaire.
• La nature de l’inexécution
C'est une voie de justice privée, aucun recours judiciaire n'est nécessaire. De ce
fait, le juge vérifie uniquement en cas de litige ultérieur si les conditions de fond sont
réunies.
La mise en demeure n'est pas nécessaire pour avoir recours à l'exception
d’inexécution, celui qui invoque l'exception d’inexécution doit simplement prouver
que ces conditions sont réunies.
• Il faut une inexécution. Il n’est pas nécessaire que cette inexécution soit totale,
une inexécution partielle peut suffire si elle est grave pour le créancier.
• Il faut une inexécution fautive sinon c’est la théorie des risques qui s’applique
si l’inexécution est due à un cas de force majeure.
• La résolution est judiciaire : art. 1227. Toutefois, la résolution peut résulter
d’une clause résolutoire ou d’une notification du créancier au débiteur en cas
d’inexécution suffisamment grave : art. 1224 à 1226. Ce droit de résiliation
unilatéral par le créancier sous le contrôle du juge est encadré par le
législateur. Elle est subordonnée à une mise en demeure infructueuse. Si
l’inexécution persiste, le créancier peut, à ses risques et périls, notifier sa
décision de tenir le contrat pour résolu et les raisons qui motivent cette
résolution. Le débiteur peut contester en justice cette résolution unilatérale, le
créancier devra alors prouver la gravité de l’inexécution.
• Le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation important : art. 1228.
Entre les parties, la résolution met fin au contrat. En cas de résolution judiciaire,
elle prend effet au moment de la décision du juge ou à défaut à la date de
l’assignation.
En cas d’application d’une clause résolutoire, la résolution intervient dans les
conditions prévues par cette clause.
En cas de résolution unilatérale, la résolution prend effet à la date de la
notification : art. 1229 al. 2.