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UNIVERSITE DE PARAKOU( U P)

DROIT DES OBLIGATIONS

Roch ADIDO
Docteur en droit privé
Année : 2021-2022
INTRODUCTION GENERALE

LE REGIME GENERAL DES OBLIGATIONS

DEFINITION DES OBLIGATIONS CIVILES

L’obligation civile est un lien de droit unissant spécialement deux personnes, et en


vertu duquel l’une doit faire quelque chose pour l’autre. Ce devoir est une obligation
sanctionnée par les tribunaux en cas d’inexécution, à la différence que la simple obligation
naturelle, ou du devoir de conscience.
La personne obligée, celle qui a une dette est appelée le débiteur, celle qui reçoit le
paiement, le créancier. Ainsi, envisagée du côté du débiteur, l’obligation est une dette, et
du côté du créancier, une créance.

QUELLES SONT LES DIVERSES CATEGORIES


D’OBLIGATIONS CIVILES  ?
Le Code civil distingue trois sortes d’obligations : celles de donner, c’est-à-dire de
transmettre la propriété, celles de faire enfin celles de ne pas faire.
- L’obligation de donner est le devoir de transférer la propriété d’un meuble ou d’un
immeuble pour le signataire d’un meuble ou d’un immeuble pour le signataire d’un contrat de
vente par exemple. Le vendeur doit remettre à l’auteur ce qu’il lui a vendu.
- L’obligation de faire est celle qui a pour objet une prestation personnelle positive qui
peut être l’exécution d’un service résultant d’un contrat de travail, ou l’engagement de
construire un immeuble pris par un entrepreneur de travaux qui a passé un marché avec une
société.
- L’obligation de ne pas faire est celle qui a pour objet une abstention. Le commerçant
qui cède son fonds en s’engageant à ne pas s’établir à proximité pour exercer un commerce
similaire, a une obligation de ne pas faire. Une clause de non-concurrence insérée dans un
contrat de travail oblige l’employé à ne pas exercer une fonction similaire dans une autre
société concurrente pendant un certain laps de temps après son départ de l’entreprise avec
laquelle il a contracté cet engagement.
- L’obligation pécuniaire a une importance pratique considérable. L’obligation de somme
d’argent est la base de tout le crédit.

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Enfin, on peut mentionner une distinction quelquefois admise entre les obligations de moyen
et les obligations de résultat.
- L’obligation de moyen suppose certaine prudence, diligence et compétence de la part de
celui qui poursuit un résultat mais n’est pas tenu de l’atteindre. C’est le cas du médecin qui est
obligé de soigner son malade, mais n’est pas tenu de le guérir.
- L’obligation de résultat oblige le débiteur a atteindre un but déterminé ; par exemple le
transporteur est obligé de conduire le voyageur sain et sauf à destination , si non il est
responsable.

QUELLES SONT LES SOURCES DES OBLIGATIONS  ?


Si l’on songe que l’homme peut être obligé aussi bien pour avoir donné une signature
que pour avoir donné un coup de volant malheureux, on constate que les sources d’obligations
sont multiples.
Le Code civil distingue cinq sources :
- Le contrat est un accord de volonté destiné à créer des obligations. Un contrat de prêt
unissant une banque prêteuse et un particulier qui sera son débiteur, ou un contrat de travail
qui oblige l’employeur à verser un salaire et l’employé à fournir un certain travail sont des
exemples empruntés à la vie de tous les jours.
- Le quasi-contrat est un fait volontaire et licite qui oblige son auteur envers des tiers et
parfois le tiers envers lui. C’est le cas de celui qui, pour rendre service à un voisin absent,
prend l’initiative de faire une réparation sur sa maison qui menace de s’écrouler si le
nécessaire n’est pas fait immédiatement ; le propriétaire de la maison réparée est alors tenu
de rembourser les dépenses à son voisin, si toutefois celles-ci sont justifiées.
- Le délit est un fait illicite, volontaire et même intentionnel qui a causé un dommage à une
personne ou à un bien. Celui qui , jaloux, tire avec un fusil sur son rival, commet un meurtre
puni par la loi pénale. La faute pénale est aussi une faute Civile qui oblige à réparer le
dommage qui a pu être causé, ( aux enfants de la victime, par exemple ).
- Le quasi-délit est un fait illicite, volontaire mais non intentionnel, car l’auteur du fait
n’a pas voulu le résultat dommageable. Le chasseur qui atteint mortellement son compagnon
en tirant au hasard, a voulu tirer, mais n’a pas voulu tuer. Portant, il sera tenu de rembourser
les dommages qu’il a causés.
- La loi enfin, fait naître directement certaines obligations en dehors de toute volonté et de
tout fait susceptible d’entraîner la responsabilité. Les obligations du tuteur envers les enfants
dont il a la charge sont prévues par le Code civil, ainsi que les obligations de voisinage.

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Ainsi, on a vu que les obligations découlent soit d’un acte juridique, soit d’un fait
juridique (fait qui entraîne des effets de droit). C’est pourquoi, le Code civil considère d’une
part les rapports d’obligations issus du contrat comme acte juridique, et d’autre part les
rapports d’obligations issus d’un fait dommageable, comme fait juridique. Il faut toutefois
remarquer que les deux catégories d’engagements présentent une différence pratique
importante : en effet, les rapports issus du contrat peuvent vivre par eux-mêmes sans
l’intervention des tribunaux, tandis que, dans les rapports du responsable du fait
dommageable et de la victime, la décision judiciaire et la condamnation fixeront la teneur
exacte des obligations. Il est à étudier dans une 1re partie les obligations nées d’actes licites et
dans une 2èm partie les obligations nées d’actes illicites et enfin les effets des obligations.

REPONDEZ PAR VRAI OU FAUX


1- Un avocat est tenu d’une obligation de résultat.
2- Le garagiste est tenu d’une obligation de moyens.
3- L’achat de la vignette auto est une obligation légale.
4- Le restaurateur est tenu d’une obligation de donner vis-à-vis de la clientèle.
5- Un artiste lié à une maison de disque par un contrat d’exclusivité est tenu d’une
obligation de ne pas faire.
6- Un chauffeur de taxi est tenu d’une obligation de moyens vis-à-vis de ses clients.

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PREMIERE PARTIE : Les obligations nées d’actes licites
Il sera étudié les contrats et les quasi-contrats
PREMIERE SOUS PARTIE : Les contrats
Un contrat est un accord de volontés entre deux personnes, destiné à créer des
obligations. En s’unissant par contrat, les contractants s’obligent l’un envers l’autre à tenir
leurs engagements respectifs, sous peine de sanctions en cas d’inexécution .

Chapitre I : CLASSIFICATION DES CONTRATS


I- Quant à leur objet :
Les contrats bilatéraux : Ce sont ceux où chacune des parties est à la fois tenu de recevoir et
de fournir une prestation. Il y a dans ce cas réciprocité des obligations.
Ex : Le contrat de vente oblige le vendeur à livrer la chose vendue, et l’acheteur à en payer le
prix.
Le contrat de travail oblige l’employé à effectuer un certain travail, et l’employeur à verser
un salaire en rémunération. Dans ce type de contrat, les contractants sont réciproquement
créanciers et débiteurs.
Les contrats unilatéraux : Ce sont ceux où une seule des parties est obligée envers l’autre.
Ex : Une promesse de vente oblige le promettant à vendre, mais non le bénéficiaire à acheter.
Une promesse de payer, accepté par le créancier, oblige son auteur seul à tenir son
engagement.
Un contrat de restitution qui unis le déposant et le dépositaire ne fait naître d’obligation qu’à
la charge du premier ; il est tenu de restituer la chose qu’on lui a confiée.

LES CONTRATS A TITRE GRATUIT

Ce sont ceux où l’un des contractants entend procurer à l’autre un avantage sans
contrepartie.
Ex : Un contrat de donation a pour effet de transmettre la propriété d’un bien du patrimoine
du donataire à celui du gratifié, gratuitement.
Le contrat de bienfaisance n’opère pas de transfère de propriété. C’est simplement
l’engagement de rendre un service sans contrepartie, faire un prêt sans intérêt, donner un
“  coup de main ”.

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LES CONTRATS A TITRE ONEREUX

Ce sont ceux où chacune des parties n’entend donner qu’à condition de recevoir.
Ex : Dans la vente, le vendeur n’accepte de donner sa marchandise qu’en contrepartie d’un
prix.
Le contrat aléatoire : C’est celui dans lequel une partie, ou les deux s’engagent sans pouvoir
évaluer la contrepartie qu’elles recevront, et dont la valeur dépend du hasard.
Ex : Le contrat de rente viagère et la contrat d’assurance-vie subordonnent à la mort de l’une
des parties la prestation due par l’autre partie.

Le contrat commutatif : est, au contraire, celui dans lequel chaque contractant s’engage,
moyennant une contrepartie dont la valeur est fixée et peut être apprécier au moment de la
conclusion du contrat.
La plupart des contrats se rattachent à cette catégorie.
Ex : La vente à prix déterminé est le type même du contrat commutatif.

II- CLASSIFICATION DES CONTRATS QUANT A LEUR REGLEMENTATION

Les contrats nommés sont ceux qui portent un nom traditionnel parce qu’ils
correspondent à une opération économique connue, qui est prévue par la loi comme la vente,
le louage et le dépôt.
Les contrats innommés réalisent, quant à eux, une opération particulière plus ou moins
complexe, imaginée par les parties et n’entrant pas dans un cadre connu. On leur applique la
réglementation générale des contrats.

LE CONTRAT “ INTUITU PERSONAE ”


Le contrat “ INTUITU PERSONAE ” est un contrat de type spécial : la personnalité
des deux contractants est une condition essentielle de ce contrat. Ce qui peut entraîner dans
certains contrats “ INTUITU PERSONAE ” une inégalité de droits entre les contractants.
En latin, “ INTUITU PERSONAE ” signifie : “ en considération de la personne ”. En droit,
cela se traduit par : “  eu égard à la personne avec laquelle on contracte ”.

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III- CLASSIFICATION DES CONTRATS QUANT A LEUR FORME

Les contrats consensuels sont ceux qui se forment par le seul accord des volontés,
sans qu’il soit besoin de recourir à aucune formalité. C’est le contrat le plus simple et le plus
courant. En droit français, les contrats consensuels sont de règle : les simples pactes font
naître des obligations.
Les contrats solennels sont ceux dont la formation nécessite non seulement l’accord
des volontés, mais encore l’accomplissement de certaines formalités exigées par la loi pour
la validité même de l’acte. Ces formalité varient suivant les cas. La donation entre personnes
non décédées, le contrat de mariage, la constitution d’hypothèque, la subrogation
conventionnelle, sont obligatoirement passé devant un notaire sous la forme authentique.
Dans certains cas, la loi exige pour la formation du contrat l’intervention d’un
magistrat qui en donne acte. Le contrat dit “ judiciaire ” doit se former en présence d’un juge.
Il en est ainsi notamment pour les ventes aux enchères, qui, parfois se déroulent devant un
officier ministériel, et qui, d’autres fois, peuvent avoir lieu devant la justice, comme la vente
publique des immeubles d’un enfant mineur, ou le doivent nécessairement, comme la vente
sur saisie immobilière.
Dans d’autre cas, la loi exige seulement la rédaction d’un acte écrit. La convention
collective de travail et le bail rural sont obligatoirement des contrats écrits.
Les contrats de gré à gré sont ceux dans lesquels l’accord de volonté est le fruit d’une
discussion entre deux partenaires sensiblement égaux.
Les contrats d’adhésion, au contraire, sont en réalité l’œuvre d’une seule partie,
économiquement plus forte, qui impose ses conditions à l’autre partie, sans possibilité de
discussion.
Ex : La société d’assurance, le transporteur, le fournisseur de gaz et d’électricité, offrent au
public un type de contrat uniforme, rédigé à l’avance et ne lui proposent qu’une adhésion
pure et simple.

IV - CLASSIFICATION DES CONTRATS D’APRES LEUR MODE D’EXECUTION

Les contrats à exécution instantanée sont ceux qui ont pour objet une ou plusieurs
prestations susceptibles d’être exécutées immédiatement et en une seule fois. Ainsi, lorsqu’on
achète une marchandise dans un magasin, qu’on la paye et qu’on l’emporte immédiatement,
la vente est instantanée.

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Les contrats à exécution successive impliquent au contraire des prestations
successives s’échelonnant dans le temps.
Ainsi :
Ex : Le contrat de travail ou de louage lie les parties pour laps de temps généralement assez
long. D’ailleurs, le contrat successif peut être à durée déterminée ou à durée indéterminée.
Exercice I
1 - Faire un tableau en indiquant horizontalement les différents types de contrat : unilatéral,
synallagmatique, successif, instantané, à titre gratuit ou onéreux, consensuel, solennel, réel.
Etudier verticalement les contrats suivants : dépôt, mandat à titre gratuit, vente, transport,
donation, gage, travail, louage de choses, prêt, assurance, crédit, vente viagère.
REPONDEZ PAR VRAI OU FAUX
1- Le prêt de disque par un ami pour une soirée est un contrat synallagmatique.
2- Le contrat de mariage est un contrat consensuel.
3- Le contrat de recrutement est un contrat solennel.
4- Le contrat de prêt d’utérus est un contrat à titre gratuit.
5- La vente en viager d’une maison est un contrat réel.
6- Le contrat entre la SBEE et un usager est un contrat successif.

Chapitre II  : LES CONDITIONS DE FORMATION ET DE VALIDITE DES


CONTRATS

Quatre conditions principales sont requises par la loi pour que le contrat soit valable. Il faut
que les contractants soient consentants et capables, et que le contrat ait un objet et une
cause.

I- LA CAPACITE DE CONTRACTER

Article 1123 du Code civil  “ Toute personne peut contracter, si elle n’est déclarée incapable
par la loi ”. 
L’incapacité juridique de contracter peut provenir d’une incapacité affectant
l’ensemble de la personnalité. Le mineur et l’interdit ne peuvent faire aucun acte, donc aucun
contrat.
Le prodigue et le faible d’esprit ne peuvent passer certains actes déterminés par la loi.

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L’incapacité de contracter peut provenir des rapports qui unissent les contractants éventuels.
Cette sorte d’incapacité empêche une personne qui pourrait contracter avec toute autre, de le
faire avec une personne déterminée. Ainsi la vente entre époux est prohibée par la loi ; les
tuteurs, mandataires, administrateurs des communes ou des établissements publics ne peuvent
pas se porter adjudicataires des biens dont ils ont la gestion. De même, le médecin et le
ministre du culte ne peuvent recevoir de donation du malade qu’ils ont assisté.

II- LE CONSENTEMENT DES PARTIES AU CONTRAT

Le principe est la liberté de contracter et la licéité du refus de contracter.


Par exception, la loi oblige les automobilistes à contracter une assurance-
responsabilité. Mais la personne demeure libre de souscrire son assurance auprès de la
compagnie de son choix. Exceptionnellement, les propriétaires d’appartements peuvent se
voir imposer des locataires qu’ils n’ont pas choisis à la suite de réquisitions par décision
administrative.
Le principe de la liberté des contrats est aussi limité par la notion d’abus. En effet, le
droit de refuser de contracter n’est pas discrétionnaire et c’est en abuser que de refuser par
méchanceté ou en vue de porter atteinte à la liberté d’une personne. Les tribunaux punissent
les employeurs qui refusent d’embaucher un ouvrier en raison de son appartenance à un
syndicat, et le propriétaire qui refuse de louer à un éventuel candidat, en raison du nombre de
ses enfants.
Ainsi, il n’y a pas de contrat là où il n’est pas constaté que les deux partenaires l’ont
voulu, mais il n’y en a pas davantage si chacun a voulu dans sa solitude. Le consentement,
c’est à la fois la volonté de chaque contractant et la rencontre de ces volontés.

A- LES FORMES DU CONSENTEMENT

La volonté de chaque partie doit se manifester expressément ou tacitement, soit par


un écrit ou par la parole, soit par une attitude non équivoque, laissant supposer l’acceptation
du contrat. ( Le mandataire a exécuté le mandat qu’on lui a envoyé ; de cette attitude, il est
permis de conclure à son acceptation tacite du contrat de mandat).
Toutefois, l’adage “ qui ne dit mot consent ” ne s’applique pas ici et un contrat ne se
forme pas du seul fait que l’un des deux intéressés a gardé le silence, après avoir reçu une

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offre de contracter de l’autre. Par exception, cependant, il est admis dans certains cas bien
précis qu’un silence circonstancié puisse valoir acceptation. La loi dit que le bail est
renouvelé si, à son expiration, les parties n’ont exprimé aucune volonté contraire ; les
tribunaux considèrent comme tacitement lié le commerçant qui, ayant reçu une commande ou
une fourniture d’un de ses correspondants habituels, n’a pas fait rapidement connaître son
refus de livrer.

B- L’OFFRE ET L’ACCEPTATION

Les manifestations de volonté des contractants doivent se rencontrer et s’accorder,


pour qu’il y ait conclusion du contrat. Dans tous les contrats, le concours des volontés se
réalise par la rencontre d’une offre et d’une acceptation. L’une des parties propose le
contrat : c’est l’offre ou pollicitation ; l’autre parie adhère à la proposition, c’est l’acceptation.
L’offre, au sens juridique du terme, présente certains caractères : elle doit être ferme, c’est-à-
dire exprimer une volonté nette de conclure le contrat si elle est acceptée. La pratique
commerciale de l’offre sans engagement “  n’est pas une véritable offre ”. Elle doit être non
équivoque, encore qu’elle puisse être tacite, comme toute manifestation de volonté.
Enfin, elle doit être précise et complète, c’est-à-dire contenir tous les éléments du
contrat à conclure. Mais il n’est pas nécessaire, pour être valable, qu’elle soit faite à une
personne déterminée, à moins qu’il ne s’agisse d’un contrat ou la considération de la personne
du contractant est déterminante. Les offres faites au public, comme celles qui résultent des
étalages des magasins ou des affiches d’une salle de spectacle, engagent leurs auteurs envers
celui qui se présente pour les accepter quel qu’il soit. Il en est autrement si la personnalité du
contractant doit jouer rôle déterminant dans la conclusion du contrat. L’offre faite par une
annonce au public d’embaucher ou de louer n’oblige pas son auteur à traiter avec n’importe
qui. Il en est de même pour les offre de contrats de crédit. Pour qu’il y ait une offre véritable
à propos de tels contrats, il faudrait qu’elle soit adressée à un destinataire déterminé et avec
lequel l’offrant est déjà décidé à contracter aux conditions proposées par lui.
Avant son acceptation qui naisse au contrat, l’offre n’a en général aucun effet
obligatoire. Elle est librement révocable, et elle devient caduque si l’offre meurt ou est
frappé d’incapacité. Toutefois, pour limiter les abus, les tribunaux ont été amenés à atténuer
le principe de la libre révocabilité de l’offre. L’offrant ne peut donc retirer son offre qu’après

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l’expiration d’un certains délai, temps normalement nécessaire à l’éventuel contractant pour
examiner l’offre et y répondre ; il appartient aux juge de l’apprécier, le cas échéant.
Tant que court ce délai, l’offre doit être maintenue ; si elle était rétractée, celui qui
voulait l’accepter, pourrait obtenir des dommages-intérêts ou une injonction de contracter
faite à l’offrant par le juge, faute de quoi le jugement tiendrait lieu de contrat. Comme l’offre,
l’acceptation, pour être valable, doit présenter certains caractères.
Elle doit être expresse ou tacite, comme toute déclaration de volonté. Elle doit
intervenir avant la rétractation ou la caducité de l’offre, et porter sur le même objet que
l’offre.
En tout cas, l’acceptation est individuelle, car elle est une réponse personnelle faite à
l’offrant.
A quel moment et en quel lieu peut-on considérer que les deux manifestations de volonté se
rencontrent, et par conséquent, que le contrat est formé  ?
Des intérêts pratiques s’attachent à la détermination de ce moment et de ce lieu : c’est
à partir de là que la convention va devenir obligatoire, et c’est là que se trouvera le tribunal
territorialement compétent pour jouer les procès qu’elle veut soulever.
Les deux volontés se rencontrent en principe, à l’instant et à l’endroit où l’acceptation
se manifeste, car c’est elle qui est décisive et conclut le contrat. Un contrat conclu par deux
personnes en présence ne pose pas de problème quant à la localisation de l’acceptation. Mais
quelle est la solution, lorsque deux personnes concluent un contrat pat téléphone, par lettre
ou par télégramme ? Le plus souvent, les juges décident que l’acceptation se situe au
moment et au lieu de l’émission, mais parfois il a été décidé qu’elle se situe au moment et au
lieu où elle est parvenue à la connaissance de l’offrant.

Exercices

Le 1er Mars : Mme BAZAR reçoit le catalogue de vente par correspondance des produits Y.
Rocher.
Le 10 Mars : Mme BAZAR envoie, par la poste, un bulletin de commande.
Le 20 Mars : La société Y. Rocher reçoit la commande de Mme BAZAR
A quel moment est formé le contrat ?

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FORMES DE L’OFFRE

OFFRE
SITUATION Expresse Personne à
Ecrite Verbale Tacite déterminée Au public
- Mme X a reçu un catalogue de
la société de vente de laine par
correspondance"Bergères de
France"…………………………

-M.Y…visite une exposition-


vente d’antiquité…..

- Le marchand de fruits et de
légume interpelle les passants en
ventant la qualité de ses produits.

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C- LES VICES DU CONSENTEMENT

Pour être juridiquement efficace, le consentement doit être donné par quelqu’un dont
la volonté est éclairée et libre.
Si l’une des parties a contracté par une erreur, ou sous la pression d’un mensonge ou de
violences, son consentement, sans être inexistant, est néanmoins vicié. La loi prévoit trois
vices possibles : l’erreur, le dol et la violence, qui entraînent la nullité du contrat.
1- L’erreur
C’est le cas où l’un des contractants s’est trompé sur un ou plusieurs éléments du contrat.
Ce peut être une erreur sur la nature de l’opération réalisée : l’un croit acheter un
appartement ; l’autre croit le donner à bail. Dans ce cas, il n’y a ni vente, ni bail, car les
volontés ne sont pas rencontrées.
Ce peut être une erreur sur l’identité de l’objet : l’un croit acheter un appartement au rez-de-
chaussée, l’autre croit vendre l’appartement du sixième étage. La vente est nulle.
Ce peut être une erreur sur l’existence de la cause du contrat  : un père, croyant son fils
unique mort à la guerre, fait une donation importante à une œuvre charitable ; le fils revient

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un an plus tard. On peut alors considérer que la donation a eu une “ fausse cause ” au sens de
l’article 1131 du Code civil, et qu’elle est nulle.
Ce peut être une erreur sur la qualité substantielle de la chose : par exemple, l’achat d’un
faux tableau de maître, au lieu du vrai, d’un vieux cheval au lieu d’un jeune. L’acheteur peut
alors demander l’annulation de la vente, à condition que le vendeur ait su, au moment de la
conclusion du contrat, que celui-là n’achèterait qu’en considération de telle qualité déterminée
de la chose.
Toutes les autres sortes d’erreurs qui peuvent être commises par l’un des contractants
n’entraînent pas l’annulation du contrat. En effet, on considère qu’elles font partie des risques
inhérents à tous contrats. L’erreur sur la personne avec laquelle on a l’intention de contracter
n’est pas une cause de nullité, à moins que la considération de cette personne ne soit
déterminante.
Exercices
L’ERREUR SUR L’OBJET

Un véhicule que le vendeur entendait aliéner pour sa valeur à l’argus soit 14 500
francs.
Q : A vend un appareil électronique à B à 9050 mais par suite d’une erreur de calcul il prélève
à B 12 050. y a-t-il erreur sur le prix ?
R : Il ne faut pas confondre l’erreur sur le prix avec la simple erreur de calcul, l’erreur
arithmétique, laquelle donne uniquement lieu à rectification.
Q : Un transporteur délivre un billet à un prix inférieur au tarif normal, après la réalisation du
voyage, il se rend compte de son erreur, et réclame au client un supplément de prix. Peut-on
admettre l’erreur ?
R : La jurisprudence écarte la rectification matérielle lorsqu’un professionnel a, par
négligence, commis une erreur matérielle qui lui porte préjudice et dont l’autre partie n’a pas
eu connaissance. Dans le cas d’espèce il faut que le transporteur démontre que le voyageur
avait connaissance avant le voyage de l’erreur commise (cass. 1 ère civ, 2 juin 1987, Bull. civ I,
n° 182, P. 136)

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L’ERREUR SUR LA SUBSTANCE : (l’erreur vice du consentement)

1 – Ulpien, D. XVIII, I, De Contr. Empt., 14 : j’achète un objet que je crois en or, il est en
airain ; la vente est nulle.
2 – Une personne achète une commode en marqueterie signée par un grand ébéniste. Elle
croyait qu’une partie du placage était en palissandre, elle est en bois de violette. La vente est-
elle nulle ?
R : Décider qu’elle peut obtenir la nullité pour ce seul motif ne paraît pas pertinent. Les
qualités auxquelles on a généralement égard pour cette sorte d’objet sont en effet : son
authenticité, sa valeur artistique, l’essence du bois reste secondaire. Il faut distinguer pour
chaque chose l’essentiel et l’accessoire (thèse objective).
3 – Un terrain qui se révèle impropre à réaliser les constructions envisagées par l’acheteur. Un
animal inapte au travail. Un matériel impropre à sa destination (thèse subjective) ;
4 – Pour ces cas, il n’y a pas d’erreur sur la substance :
 Le personnage représenté sur un tableau ;
 Les dimensions d’une toile ;
 La croyance que le tableau vendu avait orné la chambre de l’artiste ;
 La marque d’un poste de télévision.
L’erreur peut porter sur celle du vendeur :
Cf. l’affaire du Poussin (Cass. 1ère civ. 22 fév. 1978 Grands arrêts n° 85-86) : Les propriétaires
d’un tableau attribué à l’école de Carrache l’ayant mis en vente par adjudication, la réunion
des musées nationaux exerça son droit de péremption. Le tableau ayant été ultérieurement
présenté comme un tableau original de Nicolas Poussin, les vendeurs agirent en nullité de la
vente.
R : Lorsque l’attribution probable était connue de l’acheteur mais non du vendeur, la nullité
pourrait être encourue pour réticence dolosive ; lorsque celle-ci était connue des deux parties,
la nullité devrait être écartée car l’aléa est en principe entré dans le champ contractuel. Dans
ce cas d’espèce le Tribunal de grande Instance de paris affirme que “ l’erreur sur la substance
peut être alléguée aussi bien par le vendeur que par l’acheteur, l’article 1110 du cc ne faisant
aucune distinction entre les contractants ”.

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L’ERREUR SUR LA PERSONNE : ( erreur vice de consentement)

1 – L’auteur d’un accident qui, par suite d’une confusion entre plusieurs dossiers, transige
avec un autre que sa victime : c’est une erreur sur l’identité physique du contractant, l’erreur
ici est tellement profonde qu’on pourrait parler d’erreur-obstacle.
2 – Un avocat a été désigné comme arbitre alors que l’adversaire était le client de cet avocat
(cas. Civ., 16 juillet 1964, Gaz. Pal. 1964. 2. 371). Peut-on rendre nul le compromis.
R : Il y a nullité lorsque la personne choisie n’avait pas les qualités d’indépendance et
d’impartialité qu’on est en droit d’attendre d’un arbitre.
3 – Dans un contrat ayant pour objet la création d’un magazine, le contractant était non “ une
agence commerciale d’expérience ” comme le croyait le patrimoine, mais une “personne
physique ” (CA saint-Denis- de- la-Réunion, 6 oct. 1989, JCP 1990. II. 21504 note Put man).
Y a-t-il nullité pour erreur ?
Q : Embauche en qualité de directeur d’une personne dont on ignorait qu’elle avait été
auparavant PDG d’une société mise en liquidation (Cass. Soc. 3 juillet 1990. Bull. cov. I, n°
329, P. 197, RTD civ. 1991. 316). Y a-t-il erreur dans la personne ?
R : Pour les deux questions : certains contrats de la vie des affaires pourront être annulés en
raison d’une erreur sur l’expérience professionnelle du contractant soit qu’il en apparaissent
finalement dépourvu (1er cas), soit que cette expérience se révèle négative (2ème cas).

2- Le dol
Ce mot évoque une idée de malhonnêteté, de duperie. Toute ruse, toute tromperie, toute
manœuvre frauduleuse, employée pour induire une personne en erreur et la déterminer à
contracter, constitue un dol. L’aboutissement du dol est l’erreur, mais le dol, qui se
matérialise par les agissements du cocontractant, se prouve plus aisément que l’erreur,
phénomène purement interne.
Il faut établir les trois éléments du dol
Les manœuvres, c’est-à-dire le mensonge, la machination, le silence délibérément
gardé sur certaines circonstances intéressantes pour l’autre contractant, etc.

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Il faut que ces manœuvres aient été pratiquées par l’une des parties au contrat.
Il faut enfin, qu’elles aient été déterminantes pour la conclusion du contrat.
A la demande du contractant dupé, la nullité du contrat peut être admise par le tribunal. Si le
demandeur a subi un préjudice que la nullité ne suffit pas à réparer, il peut obtenir en sus, des
dommages-intérêts. Il peut aussi trouver avantage au maintien du contrat et se contenter
seulement de dommages-intérêts.

3- La violence
Il s’agit ici de violence aussi bien physique que morale.
Trois éléments doivent être réunis pour que la violence puisse être établie   :
Tout d’abord, il faut prouver qu’il y a eu lieu des menaces, dont l’intensité sera
appréciée concrètement par rapport à la force de résistance que l’on peut s’attendre à
rencontrer chez chaque type d’individu. Ensuite, il faut voir qui est l’auteur des menaces. A
la différence de dol, qui ne peut émaner que du cocontractant, la violence est une cause de
nullité du contrat, même si elle provient d’une tierce personne.
Enfin, les menaces doivent avoir été déterminantes pour la conclusion du contrat.
Dès que le tribunal a constaté la violence, celui dont le consentement a été extorqué, peut
demander l’annulation du contrat en entier ou seulement d’une partie, et éventuellement
l’allocation de dommage-intérêts.
Exercices
 La violence
Q : Y a-t-il violence dans ces cas :
- Une femme, sachant son mari menacé de poursuites bien fondées, s’engage comme sa
caution.
- Le débiteur qui souscrit une reconnaissance de dette ou accepte de vendre ses biens
pour éviter les poursuites de son créancier
- Le fermier qui, ayant commis un vol au préjudice de son bailleur, s’engage à quitter
les lieux sous la menace de dépôt d’une plainte.
- L’employé indélicat qui signe une reconnaissance de la somme qu’il a détourné sous
la menace d’une plainte au pénal
R : Ceux-ci ne subissent qu’une contrainte légitime. Il est admis que l’emploi de voies de
droit (action pénale, saisie) ne constitue pas une violence et ne peut en principe motiver
l’annulation de la convention qui en est la suite, car ce n’est que l’exercice d’un droit.

16
* ETAT DE NECESSITE

Q - Peut6on parler de violence morale lorsqu’un salarié avait conclu sous l’influence d’un
pressant besoin d’argent un contrat de travail désavantageux ?
R : La cour de cassation a rejeté un pourvoir formé contre une telle décision qui avait annulé
le contrat pour violence morale. La doctrine classique ne considère pas l’état de nécessité
comme une violence, on peut revoir l’engagement. La doctrine moderne (Flour, Aubert,
Marty Raynaud, Gheslin) assimile l’état de nécessité à la violence dès lors que le
cocontractant a profité de celui-ci pour obtenir de son partenaire des avantages excessifs.
L’aspect psychologique : le sentiment de crainte 112 cc : veuve sans ressource, victime d’une
violence exercée par son beau père.

Exercices

LES VICES DU CONSENTEMENT

1- Hervé Lallier souhaitait constituer une société en nom collectif avec son frère Benrand
Lallier. Or sur les statuts, un troisième nom apparaît, celui de Gabriel Dast, un cousin.
2- M. Barbet a embauché M. Filou, pour diriger le service comptable, en ignorant que ce
dernier avait été condamné antérieurement pour escroquerie.
3- Un salarier a commis une faute dans l’exercice de son travail. Pour "oublier l’accident"
son employeur entend lui faire signer une reconnaissance de dette de 10 000 F.
4- La commode, que l’acheteur croyait être du XVIIème siècle, n’est qu’une copie datant du
début du XXème siècle.
5- Le vendeur oppose sur la toile d’une vulgaire copie la signature d’un grand peintre.

4- La lésion

A la différence du dol, de l’erreur, et de la violence, la lésion est un vice du consentement


qui ne peut affecter n’importe quelle sorte de contrats. Article 1118 du Code civil : “  La
lésion ne vicie les conventions que dans certains contrats ou à l’égard de certaines
personnes… ”
La lésion est le préjudice pécuniaire, résultant pour l’une des parties d’une inégalité de
valeur entre la prestation qu’elle fournit et celle qui reçoit. Par exemple, une vente
d’immeuble moyennant le prix de un franc est lésionnaire, car il y a un défaut d’équivalence
objective entre l’objet vendu et le prix payé.

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Le Code civil prévoit la lésion du vendeur d’immeuble. Lorsque celui-ci obtient un prix
inférieur aux sept douzièmes de la valeur réelle de l’immeuble, le contrat de vente est
rescindé.
Le Code civil prévoit également la lésion du copartageant. Le partage peut être attaqué
par la partie qui a été lésée de plus du quart. Des lois spéciales ont aussi admis la rescision
du contrat pour lésion dans les cas de vente d’engrais et semences, quand l’acheteur a été
lésé de plus du quart (loi de 1907) ; dans les conventions d’assistance ou de sauvetage
maritime, quand la rémunération demandée est disproportionnée à l’utilité de l’intervention :
exemple loi de 1916, dont les dispositions sont applicables en matière de navigation aérienne.
Enfin la loi de 1935 sur l’usure, prohibe les contrats ou l’intérêt effectif de l’argent dépasse
de plus de la moitié le taux moyen pratiqué dans les mêmes conditions, par des prêteurs de
bonne foi, pour des opérations de crédit comportant les mêmes risques ; et une loi de 1957
sanctionne la lésion de plus de sept douzième dans la cession du droit d’exploitation des
contrats concernant la littéraire et artistique.
Enfin, les tribunaux peuvent dans les contrats de mandat et dans les contrats passés par les
membres des professions libérales avec leurs clients, contrôler la proportion du salaire ou des
honoraire stipulés, et du service rendu.
La lésion est une cause de nullité pour les contrats passés par certaines personnes.
Article 1305 du code civil : “  la simple lésion donne lieu à la rescision en faveur du
mineur non émancipé, contre toutes sortes de conventions et en faveur du mineur émancipé,
contre toutes conventions qui excèdent les bornes de sa capacité.. ”

III- L’OBJET DU CONTRAT

La loi exige que le contrat ait “ un objet certain qui forme la matière de
l’engagement ”. La loi considère donc comme objet du contrat tantôt la prestation, tantôt la
chose qui désigne le contrat. Par exemple, une vente a pour objet en nature une marchandise
et pour objet en argent le prix.
L’objet du contrat doit présenter certains caractères  :
Il doit être déterminé ou déterminable, au moment de la conclusion du contrat, du
moins à la connaissance des parties. Il n’est d’ailleurs pas exclu que celles-ci prévoient un
objet futur, mais dont l’existence est certaine, comme un marché de fournitures, ou la vente
de bétail sur pied.

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Normalement l’objet doit être déterminé ou déterminable par sa quantité et sa
qualité : tant d’hectolitres de telle qualité de vin par exemple. Si la qualité seule n’était pas
précisée, le vendeur serait tenu de livrer un vin de qualité moyenne.
L’objet du contrat doit être possible, suivant l’adage “  A l’impossible, nul n’est
tenu ”. Cette possibilité est aussi bien matérielle que juridique. Il y a impossibilité matérielle,
si la chose qui est l’objet du contrat n’existe plus au moment de la conclusion du contrat. Et il
y a impossibilité juridique de faire des contrats interdits par la loi, comme les pactes sur des
successions futures, ou la vente de la chose d’autrui.
Mais une impossibilité personnelle, comme celle du petit artisan qui s’est engagé à
construire un immeuble de dix étages, ne peut entraîner l’annulation du contrat et il devra
s’exécuter, à moins qu’il n’y verse des dommages-intérêts.
Enfin, l’objet du contrat doit être licite et moral.
La loi interdit les trafics de sépultures, de substances vénéneuses, de drogues, du droit
de vote ; elle interdit les contrats de travail moyennant un salaire inférieur au minimum légal,
par exemple.
Tous les contrats relatifs à ces objets sont interdits par la loi et donc illicites.
Les contrats relatifs à des maisons de jeu ou de débauche seraient également nuls, en raison de
leur immoralité.
Exercices 1

Dans chacun des cas suivants, préciser l’objet et la cause puis déterminer si le contrat
est exempt de tout vice.
1 - l’agence de voyage “ Belles Vacances ” propose à ses clients un voyage en Inde : un mois
avec visite des principaux sites touristiques, logement et transport en hôtel de 1ère catégorie.
Le prix sera fixé au moment du départ.
2 – Le directeur de l’entreprise A…veut engager un comptable pour le poste de chef
comptable. Il signe un contrat de travail avec une personne ayant seulement un BEP
comptable.
3 – M. B…achète un meuble au vu d’un dépliant publicitaire spécifiant que les décors sont en
bois naturel massif alors qu’il s’agissait d’un aggloméré de bois. M. B…refuse le meuble.
4 – M. C…se porte acquéreur d’un fonds de commerce. Peu de temps après, un projet
d’urbanisme connu des vendeurs transforme en impasse la rue où est situé le fonds. M. C…,
mécontent, porte l’affaire devant les tribunaux.

19
5 – M. D… vend un manteau de fourrure de 20 000 F à M. Martin qui veut l’offrir à sa
femme.
6 – M. E… veut acheter la maison de sa vieille voisine, dame de 70 ans vivant seule et sans
famille. Il vient régulièrement lui rendre visite et la relance tous les soirs. Au bout d’un mois,
il obtient la signature du contrat.

7 – Un mineur a gagné une maison à un jeu-concours. N’en voyant pas l’utilité immédiate, il
vent la vendre.
8 – M. F… loue un local dans le but d’y organiser de la vente de drogue.
9 – Un chauffeur de taxi prend en charge M. G… Le montant de la course, à la suite
d’embouteillage, s’avère plus élevé que prévu. M. G…. refuse de payer.
10 – M. H… à bout de ressources, envisage de vendre son corps à la médecine.
11 – Mme I… accepte d’être “ mère porteuse ”. En compensation, elle recevra 50 000 F. A
terme, Mme I… refuse de donner l’enfant (à discuter)

Exercices II
L’OBJET DE L’OBLIGATION

La chose doit exister 1108 et 1601 cc


- Est nulle pour défaut d’existence de l’objet, la cession d’un bail résilié (CA Pan 21
mars 1893 S. 93, 2. 168)
- Une JP annule pour défaut d’objet la cession de certaines clientèles civiles (Cass. 1 ère
civ. 17 février 1990 Bull. civ. I, n° 38, P. 29) : absence de clientèle attachée aux
fonctions de syndic ou d’administrateur judiciaire.

OBLIGATION DE FAIRE OU DE NE PAS FAIRE

- La prestation doit être possible :


* Une agence de voyage propose à sa clientèle un voyage au centre de la terre ; l’impossibilité
est absolue et le contrat nul faute d’objet.
* La prestation doit être licite
L’illicéité peut tenir à sa durée : nullité de la clause par laquelle un artiste peintre a donné,
pour une durée illimitée, mandat exclusif à un marchand de vendre ses tableaux..

20
IV- LA CAUSE DU CONTRAT

C’est une condition essentielle de la validité des contrats : toute partie qui contracte
doit le faire pour une cause licite. L’article 1131 du Code civil dit que l’obligation sans
cause, entraîne la nullité de tout le contrat. Il en est de même pour les obligation qui ont
une fausse cause, c’est-à-dire quand le débiteur croit par erreur à l’existence d’une cause.

La cause du contrat doit donc exister.


Dans les contrat bilatéraux ( ceux qui comportent une réciprocité des obligations,
comme la vente), la cause est précisément pour chaque contractant l’obligation de l’autre. Si
l’acheteur s’oblige à payer, c’est parce qu’il pense que le vendeur lui livrera l’objet ; et
réciproquement, si le vendeur s’oblige à livrer la chose, c’est parce qu’il croit que l’acheteur
lui en payera le prix.
Si, au moment de la conclusion du contrat, la cause n’existe pas, l’acte peut être
annulé. Mais si le défaut de cause survient après la formation du contrat ou en cours
d’exécution, pat suite de perte de l’objet dû par exemple, l’acte devient alors inefficace, mais
seulement pour l’avenir. On dit alors qu’il est résilié ou résolu et, à la différence du contrat
annulé, il n’est pas anéanti rétroactivement.
Dans les contrats unilatéraux ( ceux où une seule partie est tenue d’exécuter
l’obligation), la cause est la dette qui préexistait. Donc, si la remise de la chose due n’a pas
lieu effectivement, le contrat de prêt ou de dépôt est nul, faute de cause. Mais il faut
mentionner ici l’article 1132 du Code civil ; qui établit une présomption de l’existence de
cause des promesses de payer. En effet, on voit souvent des billets portant la mention
suivante : “  Je promets de payer X francs à Mr. Z ”, ou bien,
“  Je reconnais devoir telle somme à Mr. Y ”. Dans ces cas, on considère que l’existence
d’une cause est présumée. Et prêteur d’argent n’a pas à démonter qu’il a effectivement et
exactement versé la somme dont il demande la restitution. Toutefois, le débiteur poursuivi en
paiement du billet, peut se défendre en établissant que son obligation n’a pas de cause, ou n’a
que particulièrement une cause. Ainsi, un emprunteur pourrait prouver que la somme reçue
par lui était inférieure à celle que le billet l’oblige à restituer ( la différence représentant des
intérêts usuraires). Cette preuve contraire à la présomption peut être faite par tous moyens.
Dans les contrats à titre gratuit, comme les donations, la cause est l’intention libérale
du débiteur. Inversement dans les contrats à titre onéreux, la cause est l’avantage espéré.

21
La cause doit être licite.
Le but poursuivi par le contractant peut être illicite. Par exemple, un locataire, prenant
un immeuble à bail, peut vouloir occuper les locaux avec sa famille, ou bien vouloir y établir
un lieu de débauche. Dans cette dernière hypothèse, la cause du contrat de bail est illicite.
Celui qui emprunte de l’argent pour jouer à la roulette, signe une convention de prêt dont la
cause est aussi illicite, car interdite par la loi.
La preuve de la cause illicite du contrat incombe au débiteur qui refuse de s’exécuter.
S’il apporte la preuve, le contrat sera annulé. Toutefois, si le cocontractant a connu la
destination illicite de ses locaux ou de la somme d’argent prêtée, il est de mauvais foi, et doit
en supporter les conséquences. Si un joueur emprunte de l’argent dans une salle de jeu, on
peut penser que le prêteur a pu soupçonner que ses fonds seraient employés au jeu.

Exercices
 LA CAUSE

La promesse de payer une dette préexistante :


La promesse a alors pour cause la dette à acquitter, au cas où elle ferait défaut, la promesse est
nulle pour défaut de cause
- tel est le cas de l’engagement souscrit par un homme de subvenir aux besoins d’un enfant
dont, sur les déclarations de la mère, il croyait à tout être le père naturel.

Chapitre III-LA FORME DU CONTRAT

En principe, le consentement des parties peut s’extérioriser d’une manière


quelconque, pourvu qu’il puisse être constaté. Il n’est pas besoin qu’il revête une forme
spéciale ; il peut être secret, ou public, verbal ou écrit, donné par acte privé ou notarié.
On dit que les contrats sont consensuels, car ils se forment, en l’absence de toute formalité,
par le seul accord des parties. Ce système présente des inconvénients certains, car les
contractants ignorent souvent les conséquences juridiques de leur engagement, et rencontrent
des difficultés non négligeables pour la preuve de leur consentement.
C’est pourquoi, par exception au principe du consensualisme des contrats, il est de
nombreux car où des exigences de forme sont requises, afin que l’acte soit matériellement
contrôlable.

22
Pour certains contrats, outre l’accord des parties, une forme spéciale est exigée comme
condition et de validité de l’acte ; à défaut il est inexistant.
*Le Code civil prévoit que les contrats de donation, de mariage, d’hypothèque et de
subrogation conventionnelle doivent être rédigés par un notaire. En effet, il faut attirer
l’attention des contractants sur l’importance de l’acte. En outre, l’acte notarié présente des
garanties appréciable pour les parties. Il est minutieusement réglementé, car il faut empêcher
que les effets de cet acte puissent être usurpés au moyen de substitution, addition, surcharge
etc. L’intervention de l’officier public agissant au nom de l’Etat, confère à l’acte notarié la
force exécutoire, qui permettra au créancier de faire saisir le débiteur en cas de non-paiement,
et une force probatoire particulièrement énergique. En effet, comme tous les actes
authentiques, l’acte notarié fait foi, en principe jusqu’à inscription de faux
(procédure visant à démontrer que l’acte est un faux). Cette force probante concerne
l’origine, la date de l’acte et une partie de son contenu, notamment les énonciation faites par
le notaire. Celui-ci affirme, par exemple, avoir constaté que les parties ont comparu devant
lui, qu’elles ont fait des déclarations et qu’elles ont signé l’acte.
Des lois prévoient que certains contrats, par exemple la cession de brevet d’invention,
le contrat de crédit différé, le contrat d’édition, doivent être constatés par écrit. Ce sont des
actes sous seing privé, rédigés par les contractants eux-mêmes.
C’est la signature de celui qui s’engage qui est l’essence de l’acte, et les autres
mentions, comme la date, ne sont pas essentielles.
Toutefois, pour les contrats qui font naître des obligations réciproques, il faut que
chaque contractant s ait possession de l’acte. Celui-ci doit alors être rédigé en autant
d’originaux qu’il y a de parties ayant des intérêts opposés, et chaque original doit contenir la
mention du nombre d’exemplaires rédigés. Cette formalité à la différence de l’exigence d’un
écrit, n’a aucune influence sur la validité du contrat, mais elle lui enlève sa force probante, il
ne peut faire foi. De même, pour les contrats contenant des obligations de qualité et
notamment de sommes d’argent, il faut que figure la mention “  bon pour ”ou “ approuve
pour  ”, suivie de la qualité ou de la somme en toutes lettres, puis de la signature. L’article
1326 du ode civil in fine dispense du “  bon pour ” certaines catégories professionnelles, l’une
comme trop maligne ; les marchands, les autres comme pas assez : les artisans, laboureurs,
vignerons, gens de journée et de service.
L’acte sous seing privé, à la différence de l’acte notarié, n’a pas lui-même force
exécutoire et a une force probante peu énergique. Pour certifier la date de leur contrat, les
parties ont intérêt, soit à faire enregistrer l’acte ( formalité civile et fiscale), soit à faire relater

23
le contenu de leur engagement dans un acte dressé par un officier public : procès-verbal de
scelle ou d’invention par exemple. Si l’un des contractants mourait, la date du contrat sous
seing privé serait certifiée au jour du décès.
Pour certains contrats, en sus de l’accord des parties, aucune forme spéciale n’est
exigée comme condition de formation de l’acte, mais un écrit est nécessaire pour sa preuve.
En effet, après la conclusion du contrat, il peut surgir des contestations entre les parties.
Celles-ci doivent apporter la preuve de leur engagement devant les magistrats, afin que le
litige soit tranché. Il est donc souvent nécessaire de posséder la preuve du contrat.
C’est pourquoi, l’article 1341 du Code civil exige la preuve écrite préconstituée en
matière contractuelle, dès lors que l’objet de l’obligation a une valeur supérieure à cinquante
francs. Dans ce cas, le contrat doit avoir été rédigé par écrit ; à défaut, il n’est pas nul, mais il
est interdit aux contractants d’en faire la preuve par témoignage ou présomptions, ce qui
équivaut souvent à rendre la preuve impossible. On a cependant admis la preuve par aveu ou
par serment.
Il existe trois exceptions à l’article 1341, et quelle que soit la valeur de l’objet du
contrat, on admet la preuve par témoin dans trois cas.
Le premier cas, prévu par l’article 1348, vise l’hypothèse de force majeure. Lors de la
conclusion du contrat, il existait une impossibilité matérielle ou morale de rédiger un écrit.
En effet, un usage contraire dispense d’écrit les ventes passées dans les foires et les marchés.
De même, le médecin est dispensé de prouver par écrit le contrat qui a fait naître sa créance
d’honoraires.
Le second cas vise l’hypothèse de fraude. Dès lors que la convention qu’il y a lieu de
prouver est suspectée de fraude à la loi, les contractants et les tiers sont dispensés d’en
apporter la preuve écrite.
Enfin, il peut arriver qu’un écrit ait été rédigé par les parties mais qu’il soit
imparfait, soit par la forme, soit par le but ou le contenu de l’acte, pour constituer une preuve
écrite. On considère alors cet écrit comme un “  commencement de preuve par écrit ”
susceptible d’être complété par des témoignages ou des présomptions.
Outre cette règle générale posée par l’article 1341, la loi exige aussi un écrit pour faire
la preuve du contrat d’assurance, de société, du compromis, d’un bail qui n’a pas encore été
exécuté. S’il n’existait pas un écrit, seule la preuve par aveu ou serment pourrait être admise.
Pour certains contrats, en sus de l’accord des parties, aucune forme spéciale n’est
exigée comme condition de formation de l’acte mais l’accomplissement de certaines
formalités est indispensable.

24
La publicité foncière, applicable notamment aux ventes d’immeubles est une formalité
très connue. Le transfert de propriétaire résultant du contrat est inopposable au tiers tant que
la publicité n’a pas été faite. En effet, il convient que les tiers soient informés de la vente. En
pratique, la vente sera faite par l’acte notarié, condition d’admission à la publicité foncière, et
ensuite publiée à la Conservation des Hypothèques.
L’enregistrement est une formalité fiscale, donnant lieu à la perception d’un impôt.
Les vente et baux d’immeubles y sont assujettis. Le défaut d’enregistrement entraîne une
sanction fiscale et l’impossibilité pour les contractants d’établir vis-à-vis des tiers la date du
contrat sous seing privé.
Enfin, il existe des formalités administratives de déclaration ou d’autorisation
préalable. Le bail portant sur des locaux d’habitation doit être déclaré au service du logement,
quand il en existe un ; le contrat de travail doit, pour certaines professions, être déclaré au
service de la main d’œuvre ; pour d’autre professions, il faut l’autorisation de ce service
(ordonnance du 24 mai 1945). Mais l’inobservation de ces formalités administratives
n’affecte pas la validité du contrat en droit civil.
Quant aux formalités habitantes, comme l’autorisation du conseil de famille pour la
vente des immeubles d’un enfant mineur, ou l’assistance d’un incapable majeur, elles sont
obligatoires, faute de nullité relative du contrat.
Exercices
LES FORMES D’OPPOSABILITE

Q : Monsieur Codjo par acte sous seing privé achète un immeuble dans son village. C’est son
oncle qui est le vendeur. Cette vente est-elle valable par cette forme ? Les tiers peuvent-ils
considérer l’immeuble comme vendu ?
R : Dans les rapports entre les parties, la vente est parfaite par le seul échange des
consentements. L’effet translatif de propriété s’opérant solo consensus, l’acheteur devient
propriétaire dès la conclusion du contrat. Mais pour rendre cet effet translatif de propriété
opposable aux tiers, il est nécessaire que soient effectuées les formalités de publicité foncière.
Tant que celles-ci n’ont pas été réalisées, le vendeur est, au regard des tiers, toujours
propriétaire. Par conséquent si, indélicat, il vend le même immeuble à un second acquéreur,
celui-ci l’emportera s’il publie son titre d’acquisition le premier.
Q : Un ami de Codjo très avisé, sachant que Codjo n’ayant pas effectué une formalité de
publicité achète le même immeuble. Cette vente est-elle valable ?

25
R : L’acquisition d’un immeuble en connaissance d’une précédente cession à un tiers est
constitutive d’une faute qui ne permet pas au second acquéreur d’invoquer à son profit les
règles de la publicité foncière (cass. 3ème civ, 22 mars 1968, D. 1968. 412 note J. Mazeau). En
d’autres termes, le conflit entre deux acquéreurs successifs tenant leur droit d’un même auteur
ne se règle pas par la date de publication dès lors que le second acquéreur est de mauvaise foi.
Q : Cependant l’ami de Codjo a revendu l’immeuble à son employeur. La vente est-elle
valable ?
R : Au cas où l’acquéreur de mauvaise foi aurait lui-même cédé son titre à un sous-acquéreur
de bonne foi, celui-ci l’emportera, car la faute reste personnelle à son auteur (cass. 3 ème civ, ,
11 juin 1992, Defrénois 1992 P. 1530, obs. L. Aynès).

Chapitre IV SANCTION DES CONDITIONS DE FORMALITE ET DE


VALIDITE DES CONTRATS

Le contrat est inefficace si, au moment de sa formation, il manque l’une des conditions
qui lui sont essentielles, ou si telle ou telle de ces conditions se trouve viciée. La sanction est
l’inefficacité ou encore la nullité de l’acte. On peut distinguer trois degrés de nullité :
l’inexistence, la nullité absolue et la nullité relative, et voir les différents cas qui s’y
rattachent.

I- LES CAS OU LE CONTRAT EST NUL

Un contrat est inexistant, s’il manque un élément essentiel à sa formation : c’est-à-dire


quand il y a :
*Absence de consentement de la part d’un contractant, soit par défaut de volonté consciente,
soit par suite d’une erreur sur l’identité de l’objet ou sur la nature du contrat ;
 Absence d’objet (par exemple, une vente sans prix fixé) ;
 Absence de cause ou fausse cause ( par exemple, un prêt sans remise de la chose
prêtée) ;
 Absence de forme dans les contrats solennels (par exemple, un contrat de mariage par
acte sous seing privé).
- Un contrat est nul, de nullité absolue, quand, tout en réunissant les éléments
nécessaires à sa formation, il viole une règle d’intérêt général, notamment la loi.

26
 Lorsque l’objet du contrat est impossible, indéterminable, illicite ou immoral (pacte
sur succession future).
 Lorsque la cause du contrat est illicite ou immorale.
 Lorsque le contrat est contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
- Un contrat est nul, de nullité relative, lorsque, valable par ailleurs, il viole une règle
d’intérêt privé.
 Quand il y a erreur, dol, violence ou lésion venant vicier le consentement d’un
contractant ;
- Quand une partie est incapable de contracter.

II- MISE EN ŒUVRE DE LA NULLITE


Comment ?

Si le contrat a déjà été exécuté ( dans une vente, la chose a été livrée et le prix payé), on
peut intenter une action en nullité, tendant à faire constater par le tribunal l’inexistence du
contrat et à faire ordonner par celui-ci la restitution de l’objet et du prix payé.
Si le contrat n’a pas été exécuté, une partie peut en demander l’exécution devant le tribunal ;
l’autre partie pourra alors opposer l’exception de nullité à la demande.

Par qui ?

La nullité absolue peut être invoquée par toute personne intéressée au contrat : les parties
mêmes celles qui sont responsable de la nullité ; les héritiers des parties , et aussi les tiers
intéressés , comme les créanciers ou les cautions de l’une des parties.
Il faut remarquer que la nullité absolue doit être soulevée d’office par le juge saisi d’un
procès à l’occasion d’un contrat nul, alors même que les parties ne désiraient pas invoquer la
nullité.
La nullité relative ne peut être invoquée que par la personne protégée par la loi ; son
représentant légal, ses héritiers ou ses créanciers. Si un contrat est nul pour vice du
consentement , sa nullité ne pourra être invoquée que par le contractant dont le consentement
a été vicié, ou par ses ayants cause ; de même, la nullité pour incapacité de l’une des parties
ne pourra être invoquée que par l’incapable ou ses ayants cause.

27
Cas où la mise en œuvre est impossible.
La mise en œuvre de l’action en nullité n’est plus possible dans les deux cas suivants : la
confirmation ou la prescription.
La confirmation est la renonciation à l’action en nullité par le titulaire de cette action , si
l’intérêt public n’est pas en jeu.
La confirmation n’est donc permise que pour l’action en nullité relative sous certaines
conditions.
Il faut que la renonciation soit elle- même exempte du vice ou de l’incapacité qui
permettait l’annulation de l’acte.
Il faut que la renonciation soit expresse, et un écrit contenant certaines mentions est exigé ,
ou bien tacite , et elle résulte de l’exécution du contrat annulable.
Les actions sont prescriptibles au bout d’un certain temps. Mais, tandis qu’on applique la
prescription de trente ans dans le cas de la nullité absolue , l’article 1304 rend applicable une
prescription spéciale de 10 ans dans le cas de la nullité relative. Quelques cas particuliers
viennent faire exception à la règle : s’il s’agit d’un cas d’inexistence (dans une vente sans
prix, la chose a été livrée ) il n’y a pas de prescription et l’action peut être exercée après le
délai de trente ans ; s’il s’agit d’une vente d’immeuble comportant une lésion de plus des
sept- douzièmes , la prescription n’est que de deux ans.
La prescription part du jour de la passation de l’acte . Par exception, on considère
qu’elle part du jour de la majorité du mineur, du jour où la violence a cessé , du jour où
l’erreur ou le dol ont été découverts.

III- Les effet de l’annulation de contrat


En principe, l’acte annulé est censé n’avoir jamais existé.
Il est anéanti aussi bien pour le passé que pour l’avenir.
Des tempéraments ont été apportés à ce principe, car il existe des actes et des
situations sur lesquels on ne peut revenir.
En cas d’annulation d’un contrat de bail , on ne peut empêcher que le locataire ait
occupé l’immeuble ; ce dernier devra donc, en compensation, indemniser le propriétaire pour
sa perte de jouissance.
Un cocontractant de bonne foi, qui a ignoré les vices de l’acte , échappe à certaines
conséquence de l’annulation . Si la vente qu’il a signée est annulée , il en garde les fruits.
Les incapables ne sont pas obligés de restituer les sommes qu’ils ont perçues , sauf, si ce qui a
été payé a tourné à leur profit.

28
Si un contrat dont l’objet est illicite ou immoral a été exécuté , il est impossible d’en
obtenir la restitution.
Exercice I

Répondez par vrai ou faux


1- L’acceptation peut précéder l’offre.
2- Le silence vaut l’acceptation.
3- L’erreur sur le prix constitue un vice du consentement.
4- Le dol est toujours une escroquerie.
5- Un mineur peut contracter.
6- La nullité relative est une nullité d’ordre public.
7- La nullité absolue se prescrit par trente ans.

Exercice II
NULLITE ABSOLUE OU NULLITE RELATIVE  ?

SITUATION NULLITE ABSOLUE NULLITE RELATIVE

- Vente de la maison
d’habitation par un majeur en
tutelle…………………..

- Reconnaissance de dette
signée sous la menace…….

- Vente de stupéfiants………

- Vente, à un tiers, de son


mandat de député ou de
sénateur…………..

Exercices III
Distinction de la nullité et des notions voisines

1- La résolution : comme la nullité, la résolution entraîne, en principe, l’anéantissement


rétroactif du contrat. Mais elle a un fondement différent. Alors que la nullité sanctionne
une irrégularité commise au moment de la formation du contrat, la résolution frappe un

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contrat, régulièrement conclu, en raison de la survenance postérieurement à sa formation
de certains faits : inexécution de ses obligation par une partie, réalisation d’un événement
que les parties avaient érigé en condition résolutoire du contrat.
2- L’inopposabilité : elle sanctionne en règle générale le non respect d’une règle qui a pour
objet la protection des tiers. Le contrat est valable en les parties et inopposable aux tiers.
3- La caducité : elle frappe un acte régulièrement formé mais qui perd, postérieurement à sa
conclusion, un élément essentiel à sa validité ou un élément nécessaire à sa perfection, du
fait de la survenance d’un élément indépendant de la volonté des parties ou dans la
dépendance partielle de leur volonté. En principe privé de ses effets uniquement pour
l’avenir, l’acte caduque pourra parfois aussi l’être pour le passé.
4- L’éradication : le législateur prévoit que telle clause sera non écrite au cas où elle se
rencontrerait dans un contrat. Alors que la nullité requiert nécessairement une intervention
du juge, la clause réputée non écrite par le législateur serait considérée comme n’ayant
jamais figuré dans le contrat, sans le besoin d’une intervention extérieure. Alors que la
nullité ne peut être partielle, c’est-à-dire limitée à une clause du contrat, que si celle-ci
constitue un élément secondaire de l’opération des parties, car lorsque la clause annulée
était déterminante dans l’intention des parties c’est la convention en son entier qui tombe,
l’éradication ne remettrait pas en cause le contrat dans son entier, alors même qu’elle
touche au cœur de celui-ci.
5- La réduction : il arrive que le législateur fixe un plafond ou un quantum qui bride la
liberté des parties. Par exemple, l’article 1er de la loi du 14 octobre 1943 limite à dix ans la
durée maximale des clauses d’exclusivité. Lorsqu’une stipulation contrevient à une telle
disposition, la clause est en principe nulle et le contrat avec elle si elle à été
déterminante dans l’intention des parties. Mais de plus en plus souvent, la jurisprudence
préfère consolider le contrat en ramenant la clause litigieuse au plafond maximum prévu
par la loi.
NULLITE FACULTATIVE ET NULLITE DE DROIT

Toute nullité est de droit, en principe, le juge saisi d’une demande en nullité doit la
prononcer si les conditions sont réunies. Néanmoins la nullité est parfois facultative et le juge
peut prononcer ou ne pas prononcer ; les nullités facultatives se rencontrent au sein des
nullités relatives.
Exemple : Les actes passés par un incapable majeur après le jugement le plaçant sous tutelle
sont nuls de droit (article 502 du code civil) : nullité relative mais nullité de droit. “Les actes

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antérieurs pourront être cumulés si la cause qui a déterminé l’ouverture de la tutelle existait
notoirement à l’époque où ils ont été faits ”. article 503 cc nullité relative mais facultative.
Q : Codjo achète un fond de commerce qui ne renferme par les renseignements (Par exemple
chiffre d’affaire des trois dernières années), or la loi l’exige sous peine de nullité. Cependant
Codjo connaît bien ce fonds de commerce et est au courant indirectement de la bonne marche
de ses affaires. Pourra-t-il demander la nullité ?
R : Les renseignements étant destinés à informer le contractant, le juge ne prononce la nullité
de la cession que si leur défaut a conduit l’acquéreur à se représenter inexactement le fonds
acquis. En d’autres termes, la cession sera maintenue, malgré l’absence de mentions, si le
consentement de l’acquéreur a été suffisamment éclairé : cass. Com. 21 juillet 1953, Gaz pal
1953. II. 316 ; 10 mai 1982, Bull. civ. IV, n° 166, P. 147.

PERSONNES POUVANT INVOQUER UNE NULLITE ABSOLUE

Q : Une personne agit en revendication de la propriété d’un terrain contre un possesseur qui
exige de l’usucapion abrégée et produit à l’appui de sa bonne foi un juste titre, un contrat
d’achat. Le revendiquant ne faisant pas partie au contrat, pourra-t-il se prévaloir des causes de
nullité absolue ?
R : Dépourvu de tout effet obligatoire à l’égard des tiers, le contrat ne leur en est pas moins
opposable en tant que fait. Aussi ces tiers peuvent-ils, pour se soustraire aux effets indirects
qui résultent de cette opposabilité, avoir un intérêt à invoquer la nullité absolue.
Q : - L’occupant d’une maison pourrait-il pour se débarrasser d’un voisin qui le gêne,
invoquer la nullité du contrat par lequel un tiers a cédé à ce voisin sa maison ?
- Un commerçant pourrait-il demander la nullité de la société constituée en violation de
l’ordre public, en invoquant pour seul intérêt le désir de voir disparaître un concurrent ?
R : Pour les deux cas, le rapport entre la nullité et l’intérêt invoqué n’est pas alors
suffisamment étroit.

LA CONFIRMATION, REGULARISATION, REFECTION

Confirmation : l’acte juridique par lequel une personne qui peut demander la nullité d’un
acte renonce à se prévaloir des vices dont celui-ci est entaché : effet relatif
Régularisation : elle consiste à valider un acte initialement nul en lui apportant l’élément qui
lui fait défaut : effet erga omnes.

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- Dans une vente d’immeuble sanctionnée par la lésion, l’acheteur offre un supplément
du prix (régularisation).
- Dans une vente de la chose d’autrui, la vente est nulle (1599 cc) mais le vendeur
acquiert, avant que la nullité n’ait été prononcée, la propriété de la chose vendue
(régularisation)
- Dans une vente entachée de lésion, la victime renonce à agir sans avoir reçu un
supplément (confirmation)
Q : Sicca a été mariée de force à un riche homme mais aimant le luxe, elle a fini par aimer cet
homme et renonce à la nullité du mariage pour violence. Y a-il confirmation ou
régularisation ?
R : Dans une telle hypothèse, on peut en effet, tout autant parler de régularisation que de
confirmation du contrat, en faisant valoir que la confirmation renouvelle le consentement dans
des conditions qui assurent la validité et l’efficacité du contrat à l’égard de tous
(régularisation)

La réfection : Elle résulte d’un nouvel accord de volontés, analogue à celui qui avait donné
naissance au contrat primitif, mais échappant à la cause de nullité qui l’affectait. Ce nouveau
contrat produit effet, à compter de sa formation, sans aucune rétroactivité.
- La donation est nulle en la forme. Mais l’article 1339 dispose que le donateur ne peut
pas réparer le vice de celle-ci par un acte confirmatif. Il faudra donc la refaire en la
forme légale, en obtenant le consentement du donataire.
- La jurisprudence considère qu’une vente dont le prix est indéterminé est nulle d’une
nullité absolue et ne peut être confirmée. Mais les parties peuvent refaire un nouveau
contrat qui pourra d’ailleurs, en ce cas, être tacite et résulter de l’acceptation de la
livraison et du paiement du prix (cass. 1er civ. 11 juin 1981, Bull. civ. I, n° 211, P. 173.
JCP 1982, II, 19840, 2è esp., note G. Raymond)
LES RESTITUTIONS
L’acte nul est anéanti rétroactivement. Il n’y a donc lieu à restitution des prestations
déjà effectuées au cas où l’acte aurait connu un début d’exécution. Exception du principe :
pour les contrats successifs (par exemple le contrat de travail)
Q : En France, il est interdit aux étrangers de travailler sans une autorisation administrative.
Cependant une entreprise française utilise certains sénégalais pour un travail au noir. Le juge
saisi déclare le contrat qui lie les sénégalais à l’entreprise nul. Le patron peut-il refuser de
payer les ouvriers qui ont déjà fourni leur travail ?

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R : Dans ce cas, la nullité opère sans rétroactivité, comme une résiliation anticipée : le code
du travail français article L. 341-6-1 prévoit que le travailleur étranger irrégulièrement
employé a droit au paiement de son salaire et de ses accessoires. Cf. l’article 1844-15 du cc
qui dispose que “ lorsque la nullité de la société est prononcée, elle met fin, sans rétroactivité,
à l’exécution du contrat ”
- La restitution ne joue pas pour le possesseur de bonne foi, l’art. 549 cc : il doit
conserver les fruits.
Q : Un mineur a vendu un bien pour 5 000 F et s’il obtient plus tard l’annulation du contrat
après avoir dissipé la moitié de prix, on le tiendra quitte s’il restitue 2 500 F. Pourquoi ?
R : Les incapables ne sont tenus de restituer ce qu’ils ont reçu en exécution du contrat nul que
dans la mesure où cela leur aura profité (1312 cc). Dans le cas d’espèce, il n’a pas profité des
cinq mille francs pour en restituer la totalité. Ainsi, la loi protège les incapables, il ne peut
restituer en équivalent. En effet, lorsqu’un incapable passe un acte, c’est pour se procurer de
l’argent et le consommer ; le forcer à restituer cet argent aboutirait à enlever toute utilité à
l’action en nullité.
Q : Les versements ont été faits à un incapable pour achever de libérer des actions souscrites
par ses auteurs dont il a hérité. Ainsi l’incapable s’est servi de l’argent versé pour éteindre une
dette. L’acte est nul mais l’incapable est-il tenu à restitution ?
R : Cette extinction de dette constitue pour l’incapable un enrichissement. Les juges estiment
que ce qui a été remis à l’incapable en exécution du contrat nul “ a tourné à son profit ”, il est
donc tenu de restituer.
Q : Codjo a acheté une maison de tolérance pour mettre les jeunes ghanéennes et certaines
béninoises prostituées dans celle-ci. Il est entré en possession avant paiement du prix. Sommé
par Ali le vendeur de payer le prix, notre ami Codjo déclare le contrat nul et d’une nullité
absolue (cause immorale). Ali peut-il demander à Codjo de lui restituer la maison si le contrat
est nul ?
R : Au principe selon lequel l’annulation du contrat oblige les parties à restituer mutuellement
ce qu’elles ont reçu en exécution de ce contrat, la jurisprudence apporte une exception
importante, lorsque cette annulation est fondée sur le caractère immoral de cette convention :
c’est une “ exception d’indignité ”. l’exception est justifiée par deux maximes exprimant cette
règle :
- Nemo auditur propriam turpitudinen allegans (nul ne peut être entendu qui allègue sa
propre turpitude) ;

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- In pari causa turpitudinis cessat repetitio (il n’y a pas lieu à répétition si les deux
parties sont pareillement associées à la turpitude)
En vertu de cette règle Codjo garde l’immeuble sans en payer le prix..

Chapitre V LES EFFET DES CONTRATS

L’effet des contrats est de produire des obligations ; l’obligation a pour effet de placer le
débiteur dans la nécessité juridique d’exécuter une prestation au profit du créancier.

I- Les effets des contrats à l’égard des parties  :


Article 1134 du code civil “Les conventions légalement formées , tiennent lieu de loi à
ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel , ou
pour les causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi”.
Ce texte consacre donc trois principes : la force obligatoire du contrat , son irrévocabilité,
et la maxime de la bonne foi.
Conséquence :
 Chaque partie est tenue d’exécuter le contrat et la prestation mise à sa charge, même si
les circonstance économiques s’étant modifiées , l’exécution est devenue plus
onéreuse et même ruineuse.
 Il est impossible pour l’une des parties de rompre unilatéralement le contrat.
Il existe 3 cas où la rupture unilatérale est néanmoins possible :
- Lorsqu’une clause du contrat la prévoit : par exemple un bail conclu pour neuf ans
résiliable à la volonté du preneur, au bout de trois ou de six ans.
- Certains contrats sont résiliables unilatéralement : le contrat de mandat et le contrat de
société.
- Tous les contrats à durée indéterminée peuvent cesser par la volonté de l’une
quelconque des parties.
 Si le contrat est la loi des parties, il s’impose également au juge qui est tenu de
l’appliquer. Celui – ci a tout de même quelques pouvoirs pour modifier cette
application :
- Il peut accorder des délais de grâce au débiteur, “ compte tenu de sa position et de sa
situation économique ”. ( article 1244 du code civil)

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- Pour un cas particulier, la loi prévoit que, si l’application du contrat doit avoir des
conséquences contraires à l’équité , le juge peut y déroger. ( article 1579 sur la
liquidation du régime matrimonial de la participation aux acquêts ).
- Les juges se sont reconnus le pouvoir de contrôler les contrats sur les honoraires , et de
réduire les émoluments convenus, s’ils sont jugés excessifs. En matière de rente
viagère , si l’indexation prévue par les parties paraît insuffisante pour maintenir
l’équilibre des prestations, les juges peuvent demander une révision supplémentaire.
Le contrat peut déroger aux lois qui ne sont pas d’ordre public. Il continue à s’appliquer,
en principe, bien que ses clauses soient devenues contraires à une loi promulguée
postérieurement, sauf si l’ordre public est intéressé (par exemple, les lois monétaires
interdisant les clauses de remboursement en or et en monnaie étrangère,) ou bien encore si la
loi énonce elle-même expressément qu’elle s’appliquera aux contrats en cours (par exemple,
les lois sur les baux).
En matière commerciale, il existe une importante dérogation au principe suivant lequel, le
contrat est la loi des parties et s’impose aux juges.
En cas de règlement judiciaire ou de liquidation des biens, prononcé par un tribunal de
commerce contre le débiteur commerçant en état de cessation des paiements, les dettes non
échues deviennent immédiatement exigible dès le jour du jugement ; le créancier ne peut plus
poursuivre individuellement le débiteur pour une créance et le cours des intérêts est arrêté
pour toute créance non assortie d’une sûreté. En effet, le créancier doit se soumettre à la
procédure de liquidation collective des biens du débiteur ; il se peut d’ailleurs qu’à la suite de
cette procédure, il ne reçoive qu’une partie de sa créance ou rien du tout.
En cas de suspension provisoire des poursuites et apurement collectif du passif prononcé par
le tribunal du commerce, à l’égare des entreprises “ en situation financière difficile, mais non
irrémédiablement compromise ”, les créanciers peuvent voir également leurs droits issus des
contrats qu’ils avaient passés avec la société sérieusement diminués.

Exercice
Monsieur Lebail, locataire, a dû mettre en conformité toute installation électrique de la
maison qu’il loue à monsieur Leloueur. Lorsqu’il quitte les lieux à la fin du bail, monsieur
Leloueur refuse de prendre à sa charge les travaux en invoquant la clause du contrat de
bail ci-dessous :
<<Tous les travaux d’embellissement et d’équipement demeureront, en fin de bail, la
propriété du bailleur sans indemnité.>>

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II- Effets des contrats concernant les ayants cause des parties
Les ayants cause sont les personnes qui ont acquis des droits sur l’une des parties.
Les ayants cause à titre universel sont les personnes appelées à recevoir tout ou partie du
patrimoine de leur auteur (les héritiers, légataires, institués contracontractuels). Les contrats
ont plein effet à leur égard : article 1122 : “ ont est censé avoir stipulé pour soi et pour ses
ayants causes … ” sauf si le contrat avait été conclu en considération de la personnalité.
(Contrat de travail) ou, si les parties avaient prévu l’expiration du contrat, à la mort de l’un
d’entre eu, l’ayant cause succède aux droits et aux obligations du défunt.
Les ayants causes à titre particulier, sont les personnes qui ont acquis un droit
particulier et déterminé soit par un acte conclu entre deux vivants, soit par succession
(légataire à titre particulier). A leur égard, les contrats conclu par l’auteur, antérieurement à la
transmission de la chose, ont pleins effets (contrairement au contrat conclu postérieurement).
Les créanciers, non munis de sûreté de l’une des parties au contrat, sont intéressés
par le patrimoine de leur débiteur. En effet, celui-ci est le gage sur lequel ils pourraient
récupérer leur créance. Aussi, subissent-ils les contre-coups des contrats passés par leur
débiteur, bénéficiant d’acquisitions ou supportant des aliénations.
L’article 1166 permet au créancier d’exercer les droits et actions que la convention a
fait naître, à la place du débiteur négligent. Le créancier n’est pas considéré comme une
personne étrangère à l’acte passé par son débiteur, et il ne peut opposer le défaut de date
certaine à un contrat sous seing privé.
A d’autres égards, il est traité comme un étranger au contrat : dans le cas où l’acte
serait en fraude de ses droits par un débiteur qui voudrait lui cacher une grosse rentrée
d’argent ou, au contraire, faire une donation pour éviter de le payer et devenir insolvable, le
créancier pourrait attaquer l’acte, et celui-ci lui serait alors inopposable.

III- Les effets des contrats concernant les personnes étrangères au contrat.

Article 1165 : “ Les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties contractantes… ” un contrat
ne peut donc créer directement d’obligation à la charge ou au profit d’un tiers.
Mais il se peut qu’une convention produise des effets à l’égard des tiers, sans que les
parties l’aient spécialement voulu.

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Un bail, passé par l’usufruitier d’un immeuble, est opposable au nu-propriétaire dans certaines
limites (article 595 du Code civil)
Mais il se peut aussi que les parties aient voulu que leur contrat produise des conséquences
à l’égard des tiers.

 Les contrats collectifs


Ce sont des contrats passés entre deux ou plusieurs personnes dont les clauses seront
obligatoires pour un ensemble d’autres individus ayant un intérêt commun.
Il peut s’agir du concordat, passé entre le commerçant admis au règlement judiciaire, et la
majorité de ses créanciers. Il s’impose à la minorité et à ceux qui n’y ont pas participé. ( loi 13
juill. 1967 )
Les associations syndicales de propriétaires peuvent passer pour les travaux de protection
agricole (irrigation), des contrats qui s’imposeront aux propriétaires fonciers groupés dans le
syndicat.
Dans les sociétés, les actes passés par les administrateurs ou les gérants lient les
associés, mêmes ceux qui, à l’assemblée générale, ont voté contre.

Les conventions collectives du travail


Ces contrats collectifs de travail, sont particulièrement importants : ce sont des accords
conclus entre un ou plusieurs employeurs, ou un ou plusieurs syndicats d’employeurs d’une
part, et entre un ou plusieurs syndicats de travailleurs d’autre part, dans le but de fixer les
conditions de travail dans une profession déterminée, sur le plan national, régional ou local.
On distingue deux sortes de conventions collectives : celles qui sont conclues librement entre
employeurs ou syndicats d’employeurs d’une part, et entre syndicats de travailleurs d’autre
part, qui ont pour effet d’obliger les signataires et les membres des organisations signataires ;
et celles qui sont conclues par des commissions mixtes, réunies par le Ministère du Travail,
qui n’ont un effet obligatoire pour tous les employeurs et salariés visés par la convention, que
si elles font l’objet d’un arrêté ministériel.

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 La stipulation pour autrui

C’est un contrat par lequel une partie, le stipulant s’engage à ce que l’autre partie, le
promettant, exécute une prestation au profit d’un tiers, le bénéficiaire.
En principe, l’article 1119 du Code civil prohibe de telles conventions ; “ On ne peut, en
général, s’engager ni stipuler en son propre nom, que pour soi-même ”.
Il existe cependant deux sortes d’exceptions au principe.
La stipulation pour autrui est autorisée, du moment qu’elle présente un intérêt
quelconque, même moral, pour le stipulant ; par exemple, le vendeur stipule que l’acheteur
lui remettra une partie du prix et en remettra une autre partie à un tiers. La stipulation est
également permise lorsqu’elle est la condition d’une donation ; par exemple, la donation avec
charge de faire quelque chose pour autrui.
On trouve des applications fréquentes de stipulation pour autrui dans des contrats
courants, telle l’assurance-vie au profit d’un tiers. L’assuré passe un contrat avec une
compagnie d’assurances. Il est stipulé par l’assuré que moyennant le versement de primes à la
compagnie, celle-ci remettra à son décès un certain capital à telle personne. L’assuré est donc
le stipulant, l’assureur est le promettant, et le tiers est le bénéficiaire de l’opération.
L’assurance “ pour le compte de qui elle appartiendra ” est aussi très usuelle. Le
propriétaire d’une marchandise l’assure à son profit, et également au profit des propriétaires
successifs de la marchandise, pendant le temps où elle voyagera.
Les tribunaux appliquent aussi la notion de stipulation pour autrui à des situations
juridiques n’impliquant nullement la volonté de stipuler pour autrui, notamment dans le cadre
de la responsabilité contractuelle. Par exemple le contrat de transport qui lie le transporté et
le transporteur, fait présumer en cas d’accident mortel, une stipulation au profit des ayants
droit. Si le transporté meurt, ses ayants droit bénéficieront de l’indemnité et des dommages-
intérêts dus au défunt.
Comme nous l’avons vu, la stipulation pour autrui a pour effet de faire acquérir au
bénéficiaire même à son insu un droit immédiat. Toutefois, il faut que celui-ci l’accepte, et
porte son acceptation à la connaissance du promettant.
Avant l’acceptation, le stipulant peut révoquer le droit pour n’importe quel motif. Il peut
toujours revenir discrétionnairement sur la stipulation, du moment que le bénéficiaire n’a pas
encore déclaré vouloir en profiter.
Après l’acceptation, le stipulant et le promettant sont liés par leur contrat. Entre le
stipulant et le bénéficiaire il n’y a non pas des rapports contractuels, mais des rapports

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juridiques issus du but poursuivi par le stipulant. Enfin, entre le promettant et le bénéficiaire il
y a un rapport issu de la stipulation même ; le bénéficiaire acquiert un droit direct contre le
promettant, dès la stipulation ; c’est là l’originalité de ce genre de contrat.

IV- LA PROMESSE POUR AUTRUI

C’est la promesse faite par une personne, qu’un tiers s’engagera.


En principe, cette sorte de promesse est interdite au même titre que la stipulation pour
autrui.
Cependant, on admet une exception : la promesse de porte fort. Se porter fort signifie
promettre qu’un tiers s’obligera ou ratifiera un acte juridique. Par exemple, en cas de partage
successoral, il y a plusieurs héritiers majeurs et un héritier mineur. Les cohéritiers majeurs
procéderont alors à un partage amiable, en se portant fort qu’à sa majorité, le cohéritier
mineur ratifiera le partage.
Ainsi, au cas où le tiers s’oblige ou ratifie l’acte, comme promis, le porte fort est
libéré, et n’est pas responsable d’une éventuelle mauvaise exécution.
Mais si le tiers ne s’oblige pas ou ne ratifie pas comme promis, le porte fort est responsable
envers celui à qui il a promis.
Exercice

Monsieur Leroux avait conclu un contrat de location d’emplacement publicitaire, dans son
jardin, avec la société Pub.
A l’expiration du premier contrat de deux ans, des contrats ultérieurs de six mais étaient
renouvelés par tacite reconduction.
Monsieur Leroux vend sa propriété à Monsieur Savin. Mais, en dépit de la demande du
nouveau propriété, la société Pub refuse de retirer le panneau publicitaire.

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V- LA SIMULATION
Lorsque les contractants conviennent de dissimuler leur volonté véritable derrière
un contrat qui ne sera qu’une apparence, il y a deux accords de volonté qui se recouvrent :
celui qui est visible pour tous, se nomme “ l’acte apparent ”, celui qui reste secret, se
nomme la “ contre-lettre ”. Par exemple, les parties établissent un contrat de vente, mais il
est convenu entre elles que le prix ne sera pas payé.
La simulation peut porter : sur le consentement (vente fictive),sur la nature de l’acte
( donation dissimulée, sous forme de vente), sur l’objet (le prix fixé dans l’acte apparent est
inférieur au prix réel), sur la cause (un employeur fait signer à un employé indélicat une
reconnaissance de dette alors qu’il y a eu détournement de fonds), enfin sur la personnalité
des parties ( le bénéficiaire réel de l’acte n’est pas celui qui est nommé sur l’acte apparent).
Le plus souvent le but de la simulation est frauduleux (donation sous forme de vente
pour éluder les interdictions légales), mais il est aussi fréquent qu’un donateur veuille garder
l’anonymat.
En principe, la simulation n’est pas une cause de nullité des contrats, mais “ les contre-
lettres ne peuvent avoir leur effet qu’entre les parties, elles n’ont point d’effet contre les
tiers ”. (Art.1321) Toutefois, les contre-lettres doivent remplir les conditions de formation et
de validité des contrats (consentement, capacité, objet et cause), et respecter les quatre cas
d’interdiction de la simulation.
Les donations entre époux, déguisées ou par des personnes interposées sont prohibées
(Art. 1099) ; les contre-lettres en matière de contrat de mariage aussi ( Art.1396). La loi
du 27 Février 1912, déclare nulles les contre-lettres ayant pour objet une augmentation du prix
stipulé dans la cession d’un office ministériel, et toute convention visant à dissimuler partie du
prix de vente ou de cession d’un immeuble, fonds de commerce ou clientèle.
L’action en déclaration de simulation tend à établir le caractère mensonger de l’acte
apparent. Elle peut être exercée en justice par tout intéressé, que ce soit l’une des parties
ou ses héritiers ou bien toute personne ayant un intérêt à ce que soit rétablie la vérité ; ce
seront le plus souvent les créanciers, ou les ayants cause.
Les parties doivent apporter une preuve écrite, si l’intérêt en jeu est supérieur à cinq
mille francs ; les tiers peuvent faire la preuve par tous moyens. Mais si un tiers entend tirer
profit du droit que la contre-lettre confère à l’une des parties, il doit aussi apporter un écrit
selon la règle générale. L’action en simulation est imprescriptible.

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Chapitre VI L’EXTINCTION DES CONTRATS

Les contrats prennent fin,


- lorsque chacune des parties a exécuté son obligation ;
- par l’arrivée du terme dans les contrats successifs ;
- par la nullité prononcée ;
- ou bien, alors qu’ils étaient originellement valables, s’ils se trouvent par suite de
circonstances postérieures à leur formation, soit résiliés pour l’avenir, soit résolus
rétroactivement .
EXERCICES SUR EXECUTION ET EXTINCTION DES OBLIGATIONS

1 – Mme Groseille loue un appartement à M. Prune. Le bail est signé et le loyer indexé sur la
hausse des prix. M. Prune, au bout d’un an, refuse de payer des loyers ainsi indexés.
- Est-il dans son droit ?
- Mme Groseille ne veut plus de lui comme locataire et lui retourne le chèque
correspondant à son loyer. M. Prune veut rester et ne sait comment faire. Conseillez le.
2 – Après avoir remboursé 10 mensualités, M. Framboise cesse ses paiements à M. Pomme.
Que peut faire M. Pomme ? M. Pomme apprend que M. Framboise a eu un accident d’auto.
Sa voiture est inutilisable et il a négligé de le déclarer à sa compagnie d’assurances. Que peut
faire M. Pomme ?
3 – Quelle différence faites-vous entre une saisie conservatoire et une saisie exécutoire ?
4 – Faire un tableau qui compare l’astreinte et les dommages-intérêts.
5 – M. Cerise a prêté 50 000 F à M. Peche, le 1er juillet 1980. Chaque 1er juillet, M. Peche
rembourse 5 000 F. le 1er juillet 1982, M. Peche ne paie pas. Le 1 er juillet 1983, M. Peche
rembourse normalement son annuité. Le 1er juillet 1984, M. Peche de nouveau ne paie pas. Le
1er juillet 1985, M. Peche meurt et son fils unique Jacques Peche n’a que 15 ans. Jusqu’à
quelle date, M. Cerise pourra-t-il réclamer le paiement de sa dette à Jacques Peche.
6 – Définir le nominalisme monétaire. A votre avis, pourquoi une clause d’indexation sur le
niveau général des prix est-elle interdite ? Peut-on indexer un prêt pour l’accession à la
propriété sur le coût de la construction ?
7 – M. Poire achète à une pépinière des arbres à replanter. En traversant les bureaux qui
viennent d’être repeints, il glisse sur un pot de peinture. Son costume est inutilisable et il doit
en acheter un autre. Au moment de payer la facture des arbres qu’il vient d’acheter, il invoque
la compensation. Est-ce possible ? Justifiez votre réponse.

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8 – M. Abricot doit 100 000 F à ses créanciers. Un des créanciers M. Fraise, apprend qu’il a
vendu un appartement à un prix ridiculement bas à son ami M. Myrtille. Quelle action
conseillerez-vous à M. Fraise ?
9 – L’hôtel “ Beausoleil ” a loué une chambre pendant le mois de juillet 1986 à M. La
flemme. A la fin du mois, M. Laflemme avoue qu’il ne peut payer la note.
- Comment l’hôtel “ Beausoleil ” pourra-t-il se faire payer ?
- Malgré les précautions prises par l’hôtel “ Beausoleil ”, M. Laflemme arrive à partir
sans payer. Dans quel délai l’hôtel “ Beausoleil ” pourra-t-il agir juridiquement ?
10 – M. Cassis achète un appartement. Sa banque lui prête 200 000 F. Que peut faire sa
banque pour se protéger du risque de non-paiement de M. Cassis ? M. Cassis revend son
appartement et ne paie plus ses traites. Que peut faire la banque ?
11 – M. Citron règle M. Pamplemousse par un chèque. A quel moment M. Citron est-il libéré
de sa dette ?
12 – M. Raisin doit rembourser 10 000 F à M. Noisette. Il a des difficultés financières et
propose à M. Noisette de lui remettre en paiement une R5 d’occasion dont il est propriétaire.
Que peut faire M. Noisette ?
13 – Les établissements Datte souhaitent investir dans un matériel industriel. Leur banque
demande des garanties. Quelles garanties peuvent-ils apporter ?

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DEUXIEME SOUS PARTIE : LES QUASI- CONTRATS

Chapitre I Gestion d’affaires

I- NOTION

La gestion d’affaires consiste dans le fait de s’occuper spontanément de l’affaire


d’autrui, sans en avoir reçu l’ordre explicite ou implicite. Celui qui prend l’initiative
d’accomplir une action dans l’intérêt et pour le compte d’autrui, s’appelle le “  gérant
d’affaire ”. Celui dont l’affaire est “  gérée ” sans qu’il ait donné son accord est le “ maître ”
de l’affaire ”.
Par exemple, un immeuble peut avoir besoin d’une réparation très urgente, alors que
son propriétaire n’est pas sur les lieux. Un voisin bien intentionné peut prendre l’initiative de
faire venu un entrepreneur et de lui commander les travaux utiles. Dans ce cas le voisin fait
une gestion d’affaires ; il est alors obligé de veiller à la bonne exécution des travaux et d’en
rendre compte au propriétaire, qui devra l’indemniser des frais dont il a dû faire l’avance. Un
hôtelier qui recueille la victime d’un accident de la route et lui fait prodiguer les soins
indispensables, fait également une gestion d’affaires.,.
Ces exemples montrent déjà pourquoi une personne peut être amenée à gérer l’affaire
d’autrui, sans y avoir aucun intérêt, si ce n’est de rendre service. En effet, il est des états
l’urgence de nécessité ou d’urgence qui exigent des mesures rapides et efficaces. La 
“ nécessité ” est donc la condition de l’initiative, sinon on assisterait à des interventions
inconsidérées et inopportunes dans les affaires d’autrui. Il faut également que le maître de
l’affaire ou le propriétaire n’ait pas en état de pouvoir lui-même à la gestion, ou du moins que
le gérant ait pu croire, soit qu’il n’était pas en état d’y pouvoir, soit qu’il ne pouvait pas être
averti à temps pour agir.

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II- CONDITIONS

A quelles conditions une personne peut- elle s’occuper spontanément de l’affaire ?

Il faut tout d’abord qu’il s’agisse d’une intervention spontanée et désintéressée. Cette
action doit être volontaire et non dictée par une obligation quelconque, telle que la loi ou un
contrat. La personne doit agir avec l’intention de le faire pour autrui, et non pas avec l’espoir
d’y trouver un avantage et d’en faire sa propre affaire.
Quant à l’objet de l’action, ce peut être tout acte de toute nature. La gestion peut porter
soit, sur une affaire déterminée, soit sur un ensemble d’affaires ou même sur l’administration
de tout un patrimoine. Il s’agit donc d’actes matériels comme la réparation que l’on effectue
soi-même, ou d’actes juridiques comme la conclusion d’un contrat de travaux avec un
entrepreneur, ou la vente d’un objet très périssable.

III- LES EFFETS DE LA GESTION D’AFFAIRES

LA GESTION D’AFFAIRES EST PREVUE PAR LA LOI ELLE ENTRAINE DONC


DES CONSEQUENCES JURIDIQUES POUR LE GERANT ET POUR LE GERE.
(Art. 1372 C. civ )
Le gérant doit rendre compte au propriétaire de sa gestion et la justifier. Sous prétexte
de nécessité, le gérant ne doit au cours de sa gestion, ni prendre de décisions en dépit du bon
sens, ni se livrer à des imprudences, des négligences, ou des abus. On dit qu’il doit se
conduire “  en bon père de famille ” et de prendre des décisions utiles. Il résulte de ces
obligations, que le gérant d’affaires est responsable des fautes, mêmes légères, qu’il
commettait dans sa gestion. Cette sévérité est destinée à décourager les immixtions de pure
curiosité dans les affaires d’autrui. Toutefois, les juges peuvent atténuer la responsabilité d’un
gérant fautif, en examinant les circonstances qui l’ont amené à se charger de l’affaire, et
modérer alors les dommages et intérêts. Le gérant n’a droit à aucune rémunération, sauf
circonstances spéciales ou usages contraires.
La loi oblige le gérant qui a pris en main l’affaire d’autrui, à continuer sa gestion et à
la mener à bon terme, en particulier s’il existe un péril à l’abandonner. Mais en fait, le gérant
n’est obligé de continuer la gestion que, jusqu’au moment où le maître de l’affaire est en état
d’y pourvoir lui-même. Si le maître venait à mourir, le gérant devrait gérer jusqu’à ce que
l’héritier, prévenu par lui, ait pu prendre des mesures. Si le gérant décédait, ses héritiers ne

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seraient pas obligés de continuer la gérance, mais devraient accomplir tous les actes qui sont
une suite nécessaire et prévenir le propriétaire, si l’ignorance de cet état pouvait lui causer
préjudice.
Le maître de l’affaire a été le bénéficiaire de la gestion d’affaires, c’est pourquoi il a
des obligations envers celui qui lui a rendu service. Et il est normal qu’il indemnise tout
d’abord le gérant des dépenses qu’il a pu faire à l’occasion de sa gestion. Cette obligation est
subordonnée à la condition que celle-ci ait été utile, que l’affaire ait été administrée. Les
dépenses somptuaires ou de pur agrément ne sont pas remboursées par le propriétaire. En plus
du strict versement des sommes déboursées, le gérant a aussi droit aux intérêts des avances
qu’il a consenties. A partir du jour où elles ont été constatées.
Le paiement de tout ce qui est dû au gérant à raison de sa gestion, y compris, s’il y a
lieu, la rémunération de son travail, est garanti par le droit de “  rétention ” de la chose dont il
s’est occupé. Il pourrait garder l’objet ou l’immeuble dont il a eu à gérer les intérêts, si le
propriétaire refusait de lui régler ce qu’il lui doit.
Le maître de l’affaire peut “ ratifier ” la gestion d’affaires. Cette possibilité est entièrement
laissée au bon vouloir du maître, et a pour effet de transformer rétroactivement la gestion en
mandat.
Or, le mandat est un contrat qui comporte des obligations. On considérera alors, que le
maître avait donné l’ordre à celui qui a géré, de s’occuper de son affaire. Dès lors, le
mandataire, en l’occurrence le gérant, aura droit en tout cas à l’indemnisation inconditionnelle
de sa gestion, quand bien même elle n’aurait pas été utile et que l’administration aurait été
mauvaise. Dans ce cas, on considère que ce n’était pas au mandataire, mais au mandant-celui
qui a donné l’ordre – d’apprécier l’utilité de l’opération. La ratification de la gestion d’affaires
par le maître de l’affaire est donc très avantageuse pour le gérant.

SI, A L’OCCASION DE LA GESTION D’AFFAIRE, LE GERANT A DU FAIRE APPEL


A DES PERSONNES ETRANGERES A LA GERANCE, QUI SERA TENU ENVERS
ELLES, LE MAITRE OU LE GERANT  ?

Les personnes étrangères à la gérance peuvent être des fournisseurs, un entrepreneur


par exemple. Le gérant a pu traiter avec elles en son nom personnel, ou bien déclarer agir pour
le compte du maître. S’il l’a fait en son nom personnel, il est obligé et tenu envers celui avec
qui il a conclu une obligation, mais le maître n’est pas tenu. Lorsque le gérant, au contraire, a
agi pour le compte du maître, c’est celui-ci seul qui est en principe tenu d’exécuter les

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engagements pris dans son intérêt par le gérant. Mais si la gestion a été inutile ou irrégulière,
le maître n’est pas tenu. Si la gestion est ratifiée, le maître est obligé de régler les personnes
qui ont fait des travaux ou ont rendu des services, même si la gestion a été inutile.

SI LE MAITRE OU LE GERANT REFUSE D’EXECUTER LES OBLIGATIONS


RESULTANT DE LA GESTION D’AFFAIRES, IL PEUT ALLER DEVANT LES
TRIBUNAUX.

Les actions en justice résultant de la gestion d’affaires sont prescrites au bout de trente
ans. Ce sont l’action du maître contre le gérant, appelée “  action directe ” et l’action du
gérant contre le maître, appelée “  action contraire ” . La preuve des faits qui engendrent les
droits et obligations du maître et du gérant, peut être faite par tous moyens : présomptions,
témoignages.

Exercices

Q : Un passant agissant dans l’intérêt général a contribué à l’arrestation d’un voleur
s’enfuyant dans la rue, a été blessé. Peut-il réclamer une indemnité au titre de la gestion
d’affaires ?
R : Non, le gérant d’affaires n’ayant qu’à s’en prendre à l’état, en se prévalant de sa qualité de
collaborateur du service public (Cass. 2ème Civ. 23 nov.1956 JC P 1956 II 9681, note P.
ESMEIN).
Mais dans une décision récente, le contraire fut admis. Il s’agissait des malfaiteurs qui
s‘étaient emparés de la recette d’un magasin, un client s’est lancé à leur poursuite, ce qui avait
permis de récupérer une partie du butin (Cas. 1 ère Civ. 26 janv. 1988 Bull civ. I, n° 25, P 16
D : 1989, 405 note D. Martin). L’assureur de respté du grand magasin, après avoir indemnisé
le client blessé par le malfaiteur, s’est retourné contre l’état sur le fondement de la réparation
due au collaborateur bénévole d’un service public et a obtenu gain de cause (CA Lyon 22
sept. 1993, RTD civ. 1994, 01, obs. J. Mestre)
Q : Le gérant d’affaires fait réparer le toit de son voisin et si, par la suite, cette maison est
détruite par un incendie. Est-ce qu’il a gestion d’affaires ?
R : On considère que l’acte de gestion était utile et le gérant sera indemnisé. L’utilité de la
gestion est appréciée de manière objective : la maître ne peut prétendre qu’étant négligent

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dans ses affaires, le gérant ne lui a pas rendu service et qu’il n’avait pas à accomplir l’acte de
gestion. On recherche si le gérant a agi comme un maître normalement diligent.
Q : Pourquoi on qualifie la gestion d’affaires de quasi-contrat synallagmatique ?
R : Faute de ratification, la gestion d’affaire produit ses effets, en créant des obligations à la
charge du gérant d’affaires et à la charge du maître (ainsi qu’à l’égard des tiers).

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Chapitre II- L’ENRICHISSEMENT SANS CAUSE
I- Historique

Les tribunaux admettent depuis 1892 que, lorsqu’une personne a, par un sacrifice ou
une action personnelle, procuré à une autre personne un avantage que ne justifier aucune
cause légale ou contractuelle, elle peut exercer une action en justice pour se faire
dédommager. La personne enrichie sans cause doit à celle qui l’a enrichie une indemnité en
principe égale à son enrichissement.
Par exemple, celui qui édifie à ses frais une construction sur le terrain d’autrui
(laquelle appartient dès lors au propriétaire du sol ) pourra réclamer à ce dernier une
indemnité équivalente à l’enrichissement qui lui aura été procuré par cette construction.
De ce principe d’équité, selon lequel nul ne peut s’enrichir sans cause aux dépens d’autrui, le
Code civil présente des application fragmentaires :
- Dans le cas de paiement de l’indu ( cf. ce mot ) ;
- Dans le cas où un contrat, passé par un incapable, est annulé. Le mineur n’est pas tenu
de rembourser ce qu’il a reçu, à moins que ce qui lui a été payé n’ait tourné à son
profit. ( art. 1312) ;
- Dans les régimes matrimoniaux, les récompenses entre la communauté et les époux,
(cf. récompenses) ;
- Dans les successions ; le règlement des impenses ( cf. impenses) découlent de ce
principe ;
- Enfin, en cas d’accession, comme la construction sur le terrain d’autrui.
Les tribunaux appliquent ce principe à tous les cas d’enrichissement sans cause qui n’ont
pas été prévus par la loi. Toutefois, pour empêcher la théorie de s’étendre excessivement, des
conditions précises sont requises pour qu’il y ait enrichissement.

II- CONDITIONS POUR QU’IL Y AIT ENRICHISSEMENT SANS CAUSE

Il faut :L’enrichissement d’un patrimoine .Il n’est nécessaire qu’un bien nouveau soit
entré dans ce patrimoine , ni que des biens anciens aient acquis une plus–value ; il suffirait
même qu’une perte ou dépense ait été évitée. En général, tout avantage procuré, s’il est
appréciable pécuniairement, peut être pris en considération.

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- L’appauvrissement corrélatif d’un autre patrimoine. Là aussi, il peut s’agir, soit
d’un bien du patrimoine, soit de sa plus-value, soit d’un service rendu ou d’une
dépense d’activité.
- L’enrichissement doit être “  sans cause juste ”, c’est-à-dire sans titre sans
justificatif, légal ou conventionnel.
Si l’appauvris a voulu donner ou rendre un service gratuit, la cause de l’enrichissement existe,
c’est L’intention libérale.
De même, il n’y a pas d’appauvrissement au seul motif que les travaux de protection
contre les inondation profitent en même temps aux propriétaires voisins.
MISSION EN ŒUVRE DE L’ACTION EN JUSTICE : ACTION “ DE IN REM
VERSO  ”

L’appauvris va intenter un procès contre celui qui s’est injustement enrichi à ses dépens. Et le
demandeur, à condition qu’il ne dispose d’aucune autre voie de droit pour obtenir la obtenir la
restitution de son dû, pourra exercer l’action “  de in rem verso ”.
Par exemple, le demandeur était créancier du défendeur en vertu d’un contrat, mais il
a laissé prescrire l’action dont il disposait à ce titre ; ou bien il n’a pas de preuve écrite. Il ne
pourra pas dans ce cas intenter l’action “  de in rem verso ”, car il avait à sa disposition une
autre action qu’il a laissé passer par sa seule faute.

RESULTATS DE L’ACTION
En principe, le demandeur obtient une indemnité égale à l’enrichissement.
Toutefois, l’indemnité ne peut dépasser l’enrichissement effectif, c’est-à-dire la plus-value,
évaluée pécuniairement, donnée au patrimoine du défendeur ; ni l’appauvrissement corrélatif,
c’est-à-dire la somme dont le patrimoine du demandeur s’est trouvé diminué.
Lorsque l’enrichissement du défendeur ne coïncide pas avec l’appauvrissement du
demandeur, la condamnation à laquelle tend l’action, ne saurait dépasser la plus faible de ces
deux sommes, car l’appauvris ne peut exiger plus que la reconstitution de son patrimoine, et
on ne peut imposer au patrimoine enrichi, plus que d’être ramené à son niveau initial.

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DEUXIEME PARTIE : LES OBLIGATIONS NEES D’ACTES ILLICITES

La paix sociale ne saurait être assurée si les individus pouvaient agir impurement
aux dépend d’autrui. C’est sans doute la raison pour laquelle l’article du code civil le plus
fréquemment utiliser par les tribunaux, est l’article 1382 qui énonce le principe de la
responsabilité civil selon lequel, quiconque a causé un dommage à autrui par sa faute doit le
réparer.
La nécessité de dédommager la victime d ‘un préjudice , peut ainsi faire naître des
obligations à la charge d’une personne qui aura commis un acte illicite. Mais sa responsabilité
ne s’arrête pas là. Elle peut également être mise en jeu à l’occasion de dommages causés par
le fait d’autrui , ou de chose qu’elle a sous sa garde. Ces hypothèses sont prévus par les article
1384 à 1386 du code civil.
Ces différents texte , mis à la disposition de la victime, répondent à des conditions
d’application différentes . La plus importante est la preuve de la faute de l’auteur du
dommage, qui n’est pas toujours exigée. Par contre, deux éléments sont indispensables pour
que la responsabilité soit mise en jeu ; ce sont d’une part l’existence d’un dommage , et
d’autre part une relation de cause à effet entre le fait illicite et le dommage.

CHAPITRE I LES CONDITIONS GENERALES DE LA RESPONSABILITE CIVILE

C’est toujours au demandeur d’apporter la preuve du dommage dont il poursuit la


réparation. Ce préjudice , qui peut être matériel ou moral, doit répondre à trois conditions : il
doit être certain , léser un l’intérêt légitime, et être direct .

I- LE DOMMAGE
Le dommage doit être certain

L’existence du dommage ne pose pas de problème s’il est réalisé . Cependant , la


victime peut se prévaloir d’un préjudice futur. Si sa réalisation est inévitable , et son
évaluation possible , le juge peut ordonner sa réparation avant même qu’il ne se produise. Par
contre , si le préjudice est simplement hypothétique , le juge n’en tiendra pas compte.
Toutefois, les possibilités de réalisation sont appréciées extensivement par la jurisprudence

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actuelle. C’est ainsi qu’elle considère que la perte d’une chance constitue d’ores et déjà un
préjudice certain , car il peut être évalué par un calcul de probabilité.

Le dommage doit léser un intérêt légitime

L’intérêt lésé ne doit pas être contraire à la loi ou aux mœurs. Cette dernière notion
évolue toutefois avec le temps.
Elle était invoquée , par exemple , depuis un arrêt de principe du 27juillet 1937 , pour
refuser à la concubine toute action en dommage – intérêt contre l’auteur responsable de la
mort de son amant . Un revirement de jurisprudence vient de consacrer , dans un arrêt du 27
février 1970 , la solution contraire . L’indemnisation est désormais permise , lorsque les
rapports entre deux être sont fondés sur le concubinage. Une restriction demeure cependant :
il ne faut pas que ce dernier présente un caractère délictueux , ce qui laisse supposer que
l’existence de relations adultères priverait les concubins de tout recours.

Le dommage doit être direct

Le dommage ne doit pas être une conséquence lointaine de la faute du défendeur.


Cependant , s’il est nécessaire que celle – ci ait concouru directement à la réalisation du
préjudice , il n’est toutefois pas nécessaire qu’elle en ait été la cause unique. Il suffit qu’il y
ait eu une relation de cause à effet entre le fait illicite et le dommage.

II- LA RELATION DE CAUSE A EFFET

La victime doit apporter la preuve qu’un rapport de cause à effet existe entre le fait
illicite qu’elle invoque et le préjudice dont elle souffre. Mais , bien souvent , le dommage a
lieu à la suite d’une série d’événement , et il peut être difficile de déterminer celui qui a eu
véritablement un rôle générateur. C’est en définitive aux juges qu’il revient d’apprécier cette
relation de cause à effet .
Pour que celle – ci soit retenue , la cour de cassation exige qu’elle soit certaine . Ainsi
au cour d’une chasse en battue , si plusieurs chasseurs tirent en même temps , et que l’un
d’eux blesse un tiers , que l’on puisse déterminer qui a tiré le coup de feu meurtrier , la
responsabilité d’aucun d’entre eux ne pourra être retenue, car il sera impossible d’établir un
rapport de causalité certain entre tel coup de feu et la blessure .

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Le principe connaît une exception avec la loi du 8 juin 1970, connue sous le nom de
“ loi anti–casseurs ”. En vertu de cette loi, toute personne qui participe à un rassemblement
illicite , sera par ce seul fait , rendue civilement responsable d’un dommage causé au cours de
cette manifestation , bien qu’aucun lien de causalité ne soit établi entre sa présence et la
réalisation du dommage .
L’existence d’un préjudice et un lien de causalité entre celui – ci et le fait
dommageable sont donc toujours nécessaires pour engager la responsabilité d’un individu ,
mais ils ne sont pas toujours suffisants.
Dans certains cas , la victime aura de surcroît à apporter la preuve de la faute de
l’auteur du dommage . il en sera ainsi lorsque la responsabilité de ce dernier sera fondée sur
son fait personnel.
Par contre, le demandeur sera dispensé de cette preuve lorsque la responsabilité du
défendeur sera engagée par le fait d’autrui ou de la chose . La loi, dans ces hypothèses ,
présume en effet la faute .
Certains textes , enfin, prévoient des cas de responsabilité légale engagée de plein
droit, sans qu’il y ait de faute prouvée ou présumée.

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Chapitre II LA RESPONSABILITE FONDEE SUR LA FAUTE PROUVEE

Le fait personnel qui cause un dommage à autrui oblige son auteur à le réparer ;
l’article 1382 du code civil le dit expressément.
Mais l’analyse de ce texte permet de préciser que seul, le fait personnel fautif est générateur
de responsabilité.
La victime doit donc prouver l’existence d’une faute. Celle-ci comprend deux
éléments : la culpabilité et l’imputabilité.

I- La culpabilité

Le code civil n’a pas donné la définition juridique de la faute. L’article 1383 précise
simplement qu’il peut y avoir faute intentionnelle, faute d’imprudence, ou faute de
négligence.
Ce sont donc les juges du fond qui devront se prononcer sur le caractère fautif des
faits qui leur sont présentés. La cour de cassation a décidé que cette qualification était une
question de droit, et qu’elle pouvait en conséquence être soumise à son contrôle. L’absence de
critère légal de la faute se justifie par la nature de cette notion, qui est surtout d’ordre moral
et social. Cependant, la faute morale ne sera pas forcément une faute civile. Elle s’apprécie
principalement en référence aux exigences de la société.
La jurisprudence retient une faute dans trois sortes de cas : lorsqu’il y a violation d’un
texte, mais également en l’absence de violation d’un texte, et enfin, lorsque l’on a abusé d’un
droit défini par un texte.

1- La faute avec violation d’un texte

L’existence d’une faute sera tenue pour certaine lorsque le dommage résultera de la
violation d’un texte. Peu importe que celui-ci soit d’ordre pénal ou administratif, et qu’il ait
un caractère législatif ou réglementaire.

2- La faute en l’absence de violation d’un texte

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Le caractère fautif d’un fait sera plus difficile à déterminer en l’absence de violation
de texte. Dans ce cas, le pouvoir d’appréciation du juge est important.
Si la faute est intentionnelle, c’est un délit ; il suffira alors, pour la prouver, d’établir que le
fait générateur du dommage a été accompli volontairement dans le but de réaliser un
préjudice.
Lorsque la faute n’est pas intentionnelle, c’est un quasi-délit. Elle est, plus souvent, le
résultat d’une imprudence ou d’une négligence. Mais alors, à partir de quelles limites un acte
revêt-il ces caractères ? Les tribunaux, pour en juger, se réfèrent à la conduite qu’aurait eu un
homme très diligent, placé dans les mêmes circonstances et dans la même position sociale que
l’auteur du dommage.
La faute intentionnelle ou non, peut être une faute de commission, ou une faute
d’omission. L’abstention peut d’ailleurs se rattacher à l’action ; par exemple, un cycliste
circule la nuit sans faire fonctionner son dispositif d’éclairage. La faute peut être également
une autre forme d’abstention : c’est le cas d’un individu qui ne porte pas secours à une
personne en danger.

3- La faute, abus d’un droit


Il peut paraître illogique de parler de faute lorsqu’on a agi dans les limites d’un droit.
Il est cependant des cas où l’on peut porter préjudice à autrui dans l’exercice d’un droit, parce
que l’on en a abusé. Cette théorie de l’abus du droit, qui ne repose sur aucun texte, est
appliquée par la jurisprudence : lorsqu’une personne use d’un droit non pas dans son propre
intérêt, mais uniquement dans l’intention de nuire, ou même simplement lorsqu’elle en use
avec imprudence ou négligence.
Les applications pratiques sont nombreuses dans l’exercice du droit de propriété, le
plus susceptible d’abus. L’exemple classique est celui de ce propriétaire qui avait construit sur
son toit une fausse cheminée, une manière à boucher la vue à son voisin ! Le recours aux
voies de droit peut également constituer une faute s’il a été exercé dans l’intention de nuire,
ou même simplement d’une façon téméraire.
Les droits de la famille peuvent aussi donner lieu à abus, en particulier l’exercice de
l’autorité parentale.
En matière contractuelle, le refus de contracter ou la résiliation d’un contrat à durée
indéterminée, sont susceptibles d’être jugés abusifs. Cependant, tous les droits ne peuvent pas
donner lieu à abus. Certains sont discrétionnaires comme le droit des ascendants de faire

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opposition au mariage ; ou celui d’acquérir la mitoyenneté d’un mur ; ou encore celui de
provoquer le partage au cas d’indivision.
Le caractère fautif de l’acte ayant été établi à la lumière de ces différents critères, son
auteur n’en sera pas pour cela forcément jugé coupable. Il faut en effet que la faute puisse lui
être reprochée, et que les conditions de l’imputabilité soient réunies.

II- L’imputabilité
Traditionnellement, il ne peut y avoir de faute sans la volonté consciente et libre. Cette
conception écarte la responsabilité de l’enfant en bas âge et de l’aliéné. Elle aboutit parfois à
des solutions peu équitables. En effet, le défendeur, bien qu’étant un enfant ou un dément,
peut posséder des biens. Mais, parce qu’il est déclaré irresponsable, il ne sera pas tenu de
réparer le préjudice qu’il a commis, et la victime devra en supporter seule toutes les
conséquences.
C’est pourquoi le législateur a été amené à modifier ce principe d’irresponsabilité. S’il
est maintenu pour les enfants en bas âge, il est par contre supprimé pour les aliénés par la loi
du 03 Janvier 1968 sur les incapables majeurs. Ce texte dispose que “ celui qui a causé un
dommage à autrui alors qu’il était sous l’empire d’un trouble mental, n’en n’est pas moins
obligé à réparation ”.
Le défendeur ne pourra pas se voir imposer de faute lorsque sa volonté n’aura pas été
libre. Il en sera ainsi chaque fois qu’il aura agi sous la contrainte d’un cas de force majeure.
La force majeure et le bas âge de l’auteur du dommage seront les seules circonstances qui
empêcheront d’imputer la faute.
De plus, aucune convention de non responsabilité ne peut permettre à un individu de
se décharger de sa faute en cas de dommage éventuel. Une telle clause est frappée d’une
nullité d’ordre public par la jurisprudence. Le défendeur ne pourra donc pas invoquer le fait
que la victime avait accepté les risques d’un préjudice éventuel.
Cependant, il est toujours possible de s’assurer contre les conséquences de ses fautes, à
condition toutefois qu’elles ne soient pas intentionnelles.

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Exercice I : QUELS PREJUDICES ?

Mlle Beauminois est une actrice de cinéma renommée qui souhaite, cependant, préserver sa
vie privée.
Un jour se rendant compte qu’un journaliste la filme, dans son appartement, au moyen d’un
appareil équipé d’un téléobjectif, elle a un brusque mouvement de recul.
Elle glisse sur le tapis, tombe et se fracture le bras.
Dans sa chute, elle brise un vase de Chine du XVIIIe siècle qui provoque une large coupure
sur sa joue gauche.

Exercices II
1 – Dans la cour de récréation de l’école, un enfant en tombant, se fait une fracture du pied.
Qui est responsable ?

2 – Un club sportif organise une course cycliste sur une voie publique. Les dirigeants
omettent d’avertir les coureurs que la circulation demeure autorisée sur le circuit. Un coureur
heurte une voiture venant en sens inverse ; le cycliste est tué. Qui est responsable ? Le club ou
les dirigeants du club ?
3 – Une ménagère tire derrière elle un panier à provisions sur roulettes et s’arrête
brusquement. Un piéton heurte le panier et tombe. La ménagère est-elle responsable ?
4 – Votre chien a mordu le facteur. Etes-vous responsable ?

5 – Un enfant de 13 ans cause un accident de circulation en traversant inconsidérément une


rue. Qui est responsable ?

6 – A quel âge peut-on être civilement ou pénalement responsable ?

7 – Le responsable d’un accident est relaxé par le Tribunal correctionnel. La victime peut-elle
encore exercer contre lui une action pour obtenir des dommages-intérêts ?
8 – Vous prêtez votre voiture à un ami qui provoque un accident. Qui est responsable ?
9 – Vous êtes sportif et poursuivi par la malchance :
- Au football, le gardien, de but lève le genou pour assurer la prise du ballon et vous
blesse.
- Alors que vous vous baignez dans la mer, un véliplanchiste vous heurte et vous blesse
à la jambe.
Pouvez-vous demander réparation du préjudice au footballeur et au véliplanchiste ?

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Chapitre III- LA RESPONSABILITE FONDEE SUR LA FAUTE NON PROUVEE
La victime d’un dommage peut, dans certains cas, être déchargée par la loi du fardeau
de la preuve de la faute du défendeur.
Ce sont les hypothèses du préjudice causé par le fait d’autrui, et de la chose que l’on a sous sa
garde.
I- La responsabilité du fait d’autrui
L’article 1384 du Code civil établit une présomption de faute envers certaines
catégories d’individus lorsqu’un dommage est causé par une personne placée sous leur
surveillance.
L’énumération de ces catégories visées par le texte est rigoureusement limitative. Elle
concerne le père et la mère, responsable du dommage causé par leurs enfants mineurs, les
artisans responsables du dommage causé par leurs apprentis, et enfin les maîtres et
commettant responsable du dommage causé par leurs domestiques et préposés.
1- La responsabilité des père et mère
Cette responsabilité découle de l’obligation de garde et de surveillance des parents
envers leurs enfants. Depuis la loi du 04 Juin 1970, l’autorité parentale est exercée en
commun par le père et la mère, et non plus seulement par le chef de famille.
La responsabilité des parents est donc solidaire.
- En cas de séparation ou de divorce, ou lorsque l’enfant est un enfant naturel, la
responsabilité incombe à celui des parents qui s’est vu attribuer le droit de garde et qui
exerce donc l’autorité parentale.
- L’article 1384 ne nomme que le père et la mère. Le tuteur, les grands-parents ou toute
autre personne assurant la garde de l’enfant ne pourront donc pas être tenus pour
responsables en vertu de ce texte. Ils ne devront réparation d’un dommage causé par
l’enfant que si la victime prouve qu’ils ont commis une faute.
- Trois conditions doivent être remplies pour que la responsabilité des père et mère soit
mise en jeu : l’enfant doit être mineur, et non émancipé ;
Il doit habiter sous le même toit que ses parents. La présomption de faute repose en effet
sur la présomption du défaut de surveillance. Celle-ci ne peut s’exercer que si l’enfant
cohabite avec ses parents ;
Enfin, le dommage doit avoir été causé par le fait personnel de l’enfant.
- Lorsque ces conditions sont réunies, la victime n’est pas obligée de se prévaloir de
l’article 1384. Elle peut toujours invoquer contre l’enfant, à condition qu’il ne soit pas
en bas âge, la responsabilité du fait personnel de l’article1382.

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Cependant, en pratique, c’est l’article 1384 que choisira le plus souvent la victime, car il
dispense de la preuve d’une faute.
- Mais la présomption de faute établie par le texte n’est pas irréfragable. Les parents
pourront l’écarter en démontrant que le dommage causé par l’enfant est le résultat
d’une force majeure, ou même plus simplement, en prouvant qu’ils ont exercé leur
devoir de surveillance avec toute la vigilance voulue, sans avoir pour cela pu éviter le
dommage.
Pour aller plus loin
Si la responsabilité des parents suppose que celle de l’enfant a été préalablement
établie. La loi ne distingue pas entre les causes qui ont pu donner naissance à la responsabilité
de l’enfant et rien n’empêche que cette responsabilité soit engagée sur le fondement de l’art
1384, al.1 (civ.2e 10 fév 1960 : D. 1960. 332 note Schmelck.- Civ. 2e 23 fév. 1977 : bull. II.
N.41.p. 31). Il suffit pour qu’elle soit présumée que lemineur ait commis un acte qui soit la
cause directe du dommage invoqué par la victime. (Ass. Plen. 9 mai 1984 : JCP 84. II.20255.
2e esp note Dejean de la Batie.-V. en ce sens Civ. 2 e. 12 déc. 1984 : Bull. II. N. 193. p. 137.
Rev. Trim. Dr. Civ. 1986. 119. obs. Huet.- 295. note Prieur. Comp. Lyon 16 nov. 1989 : D
1990.207. note Vialard).
La responsabilité des parents repose sur une présomption de faute et doit être écartée
s’il est établi que tant au point de vue de l’éducation que de la surveillance. Les parents ont
fait preuve de prudence et n’ont pu empêcher l’acte dommageable (Civ. 2e. 12 oct. 1955 : JCP
55. II.. 9003. note Esmein/ D. 1956. 301. note Rodière).
2- La responsabilité des artisans
Elle s’exerce à l’encontre du patron qui enseigne un métier ou un art à un apprenti,
sans qu’il soit nécessaire qu’un contrat régulier d’apprentissage les lie.
L’artisan n’est responsable du dommage causé par son apprenti que pendant la période où il
est sous sa surveillance.
Il peut faire tomber la présomption de faute en prouvant qu’il n’a commis aucune
faute. A l’origine, le Code civil assimilait aux artisans, les instituteurs qui étaient
responsables du dommage causé par leurs élèves, sans qu’une faute à leur charge soit
prouvée. La loi du 05 Avril 1937 a supprimé cette présomption de faute pour les membres du
corps enseignant aux quels s’applique désormais la responsabilité de l’article 1382. De plus,
depuis la loi du 20 Juillet 1899, la responsabilité de l’Etat s’est substituée à celle des membres
de l’enseignement public.

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3- La responsabilité des commettants

L’article 1384 met à la charge des commettants une responsabilité très lourde,
puisqu’ils doivent réparer les dommages causés par leurs préposés, sans que la preuve d’une
faute à leur encontre soit prouvée, et surtout, sans qu’ils aient la possibilité de se disculper en
prouvant leur absence de faute. Seule la force majeure pourra leur permettre de ne pas voir
engager leur responsabilité.
Cette règle s’explique par le fait que le préposé se trouve dans un état de
subordination vis-à-vis de son commettant, et que son activité, étant soumise au contrôle de ce
dernier, n’est pas libre. Dans ces conditions, il est normal que ce soit le commettant qui
assume les conséquences des actes du préposé dont il a la surveillance. Le fondement de la
responsabilité implique que certaines conditions soient remplies pour qu’elle puisse être
actionnée.
Elles concernent le lien qui unit le commettant au préposé, et le fait dommageable
imputable à ce dernier. Les rapports qui unissent le commettant au préposé doivent être des
rapports de subordination et de contrôle. Ce sont ces caractéristiques qui permettront au juge
de déterminer s’il y a un lien de commettant à préposé. Peu importe que ce dernier ne soit
pas rémunéré par le commettant, qu’il ne lui soit pas lié par un contrat de travail, ou que le
commettant n’ait pas eu le choix de son préposé.
A l’inverse, l’existence d’un contrat de travail implique nécessairement un lien de
subordination, contrairement au contrat d’entreprise, qui comporte bien un travail fait pour
autrui, mais en toute indépendance, sans que s’exerce la direction du client.
Des difficultés peuvent apparaître pour déterminer le commettant lorsque deux
personnes semblent exercer un contrôle sur le préposé. C’est le cas d’un employé qui est mis
à la disposition d’un client de son employeur. Si un accident se produit, on peut alors se
demander qui, du client ou de l’employeur, a le pouvoir de direction sur l’employé. La Cour
de cassation, dans un cas de ce type, a jugé qu’il y avait transfert du pouvoir de direction au
profit du client, pour ce qui était de l’utilisation d’un véhicule, alors que l’employeur le
gardait pour ce qui concernait le fonctionnement du camion, que le client n’était pas censé
connaître, et à propos duquel il ne pouvait donner d’instructions.
Le fait dommageable doit être fautif. La victime n’a en effet pas à prouver la faute du
commettant, mais, en revanche, elle doit prouver celle du préposé. Il doit avoir été accompli
dans l’exercice des fonctions du préposé. Cette condition est parfois sujette à contestation
lorsque l’acte dommageable a été commis grâce à un abus de fonctions. Cette circonstance ne

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permet pas toujours au commettant de s’exonérer de la présomption de responsabilité qui
pèse sur lui. Les tribunaux considèrent en effet que, s’il y a eu un certain lien de causalité ou
de connexité entre la fonction et l’acte dommageable, le commettant est responsable. Ce lien
de causalité peut résulter du fait que l’acte a été commis avec les instruments de travail mis à
la disposition du préposé, par ses fonctions, ou qu’il a été accompli au lieu et au temps de son
service. D’autre part, la responsabilité du commettant sera toujours retenue lorsque celui-ci
aura toléré l’abus de fonctions. Par contre, la mauvaise foi de la victime qui savait ou aurait
dû savoir que le préposé agissait en son nom personnel, l’empêche de se prévaloir de la
présomption de responsabilité de l’article 1384.

II- LA RESPONSABILITE DU FAIT DES CHOSES


L’alinéa 1er de l’article 1384 énonce que l’on est responsable du fait des choses que
l’on a sous sa garde. Ce texte qui, dans la rédaction du Code civil, n’était qu’une annonce des
articles 1385 et 1386, sur la responsabilité des dommages causés par les animaux et les
bâtiments, a acquis, grâce à la jurisprudence, une autonomie, qui en a fait une règle générale
de la responsabilité du fait des choses. Les articles 1385 et 1386 ne sont plus des cas
particuliers de cette responsabilité.
La responsabilité du fait des choses inanimées
Le principe d’une responsabilité, sans faute prouvée, du fait des choses inanimées, est
une construction jurisprudentielle.
Il est apparu à la fin du 19e siècle, au moment de l’essor du machinisme. Jusqu’à cette époque,
lorsqu’un accident était provoqué par une chose, la responsabilité du détenteur de la chose
était engagée sur le fondement de l’article 1382, et la victime était donc obligé de prouver la
faute. Avec le début de l’industrialisation, on vit se produire une multitude d’accidents du
travail. Mais il était impossible aux victimes de ces accidents anonymes de prouver qu’une
faute était à l’origine du dommage, et elles se voyaient ainsi privées de toute indemnisation.
Les tribunaux, pour remédier à cette injustice, eurent l’idée d’utiliser l’alinéa 1 er de l’article
1384, pour établir une présomption de faute envers la personne qui a la garde de l’objet ayant
causé le dommage.
La loi de 1898, réglementant la responsabilité en matière d’accident du travail, fit perdre à
cette jurisprudence quelque peu de son intérêt.
Mais bientôt apparut une autre source d’application, avec l’utilisation des automobiles, et les
accidents qu’elles provoquèrent.

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Les tribunaux hésitèrent au début à appliquer l’article 1384. Ils considéraient en effet
que, la voiture étant actionnée par la main de l’homme, l’accident était provoqué par le fait
personnel, ce qui entraînait l’application de l’article 1382. Mais un arrêt de la Cour de
cassation du 13 février 1930, balaya ces hésitations en affirmant que l’article 1384 était
applicable dès lors que le dommage était provoqué par une chose, qu’elle soit ou non
actionnée par la main de l’homme. Cet arrêt et la jurisprudence postérieure, ont fixé les
conditions d’application de la responsabilité du fait des choses inanimées. Elles concernent la
chose, le fait de la chose et la garde de la chose.
La chose
Le terme de chose est très vague, et là, une certaine jurisprudence a tenté de délimiter
le champ d’application de l’article 1384, en excluant certaines catégories de choses.
C’est ainsi que des arrêts ont prétendu que, le texte ne s’appliquant qu’aux choses que l’on a
sous sa garde, il fallait en exclure les choses non dangereuses qui ne nécessitent pas une
surveillance effective. Cette solution a été vivement critiquée.
En effet, le seul fait qu’une chose ait provoqué un dommage suffit à prouver qu’elle peut être
dangereuse et qu’elle nécessite une garde.
D’autres arrêts ont voulu limiter l’application de l’article 1384 aux choses mobilières,
sous prétexte qu’il y avait déjà l’article 1386 qui visait les immeubles. Cet argument n’est pas
décisif, car ce texte ne prévoit qu’un cas très précis de dommages causés par la ruine d’un
bâtiment. Une chose immobilière peut être, comme une chose mobilière, susceptible de
garde ; il n’y a donc pas lieu de faire de distinction, ainsi que l’admet la jurisprudence
actuelle.
Enfin, il y a eu discussion pour savoir si une chose inerte, par exemple un escalier,
pouvait être la cause d’un dommage.
La jurisprudence considère que si la chose, bien qu’inerte , est intervenue dans la
réalisation du dommage, elle est présumée en être la cause génératrice. Le gardien pourra
cependant faire tomber cette présomption, en prouvant qu’elle n’a eu qu’un rôle passif.
Certaines choses échappent cependant à l’application de l’article 1384.
Ce sont les “ res nullius ” qui par ,définition n’appartiennent à personne. Ce sera, par
exemple, de la neige accumulée sur un toit et qui provoque un accident par son éboulement.
Le corps humain ne saurait non plus être traité comme une chose.
Il faut enfin exclure les animaux et les bâtiments en ruine, mentionnés dans des articles
spéciaux, ainsi qu’un certain nombre de choses qui sont soumises à des régimes particuliers
prévus par des lois, tels les aéronefs et les téléphériques.

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Le fait de la chose
Certaines conditions concernant le fait de la chose étaient primitivement exigées par la
jurisprudence ; le dommage devait être dû à un vice de la chose.
Il fallait que celle-ci ait été animée d’un dynamisme propre, et que le fait de l’homme ne soit
pas intervenu.
Ces circonstances ne sont plus exigées actuellement. Il faut simplement qu’il y ait eu
une relation de cause à effet entre le dommage et le fait de la chose. Ceci est une exigence
générale de la responsabilité civile. Mais elle soulève des difficultés particulière en cas de
dommage causé par le fait de la chose.
Pour que ce rapport de causalité existe, il n’est pas besoin qu’il y ait eu un contact
matériel entre la chose et la personne ou le bien qui a subi le dommage. Ainsi, lorsque la roue
d’un véhicule heurte un caillou qui vient briser une vitrine, il n’y a pas eu de contact entre la
vitrine et la roue du véhicule ; cependant, il y a bien eu un lien de causalité entre le bris et le
fait de la roue. Mais s’il y a eu contact matériel, la victime n’aura qu’à prouver l’intervention
de la chose dans la réalisation du dommage, son rôle causal étant présumé. Par contre, s’il n’y
a pas eu contact matériel, la victime devra apporter la preuve de ce rôle causal.
Le fait de la chose peut coexister avec le fait d’une autre chose dans la production d’un
dommage. C’est l’hypothèse de la collision entre deux véhicules. Chaque conducteur est
alors présumé responsable du dommage causé par son véhicule, et est tenu à réparation
envers l’autre. Les deux présomptions ne s’annulent pas mutuellement.
La garde
C’est la notion de garde qui joue le plus grand rôle puisque c’est elle qui permet de
déterminer le responsable.
La garde ne se confond pas avec la détention matérielle, ce qui caractérise la garde.
C’est ainsi que l’a formulé la Cour de cassation dans un arrêt du 02 décembre 1941 :
“ l’usage, la direction et le contrôle de la chose ”. Cette définition exclut la possibilité pour le
préposé agissant dans l’exercice de ses fonctions, d’être le gardien d’une chose, bien qu’il en
ait la détention matérielle. Ainsi, le propriétaire d’un automobile reste son gardien, bien
qu’elle soit conduite par son chauffeur.
Il en serait autrement si le préposé utilisait la voiture pour son usage personnel, ou par
abus de fonctions. Il aurait alors sur elle un pouvoir de commandement et serait considéré
comme son gardien.
- la garde ne se confond pas non plus avec la propriété. Cependant, le propriétaire est
présumé être le gardien de la chose.

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Mais il pourra détruire cette présomption et prouver qu’il n’en a plus la garde parce qu’il s’en
est déchargé volontairement ou parce qu’il l’a perdue malgré lui.
Le transfert de la garde
Il équivaut peut-être à une convention. Un contrat de prêt, de dépôt ou de location
transfère la garde, à condition que le pouvoir de direction et de contrôle soit également
transmis au détenteur de la chose. Il peut être parfois difficile de déterminer( si cette condition
est remplie). Une partie de la doctrine et de la jurisprudence a souligné que , seul, le
propriétaire pourrait être gardien de la structure de la chose parce que, seul, il peut la
connaître, donc en assumer le contrôle. Le détenteur ne serait alors le gardien que du
comportement de la chose dont il a la maîtrise.
Cette distinction de la garde et du comportement n’est pas toujours admise par la
jurisprudence qui reste contradictoire en ce domaine.
La perte de la garde
Le propriétaire peut avoir perdu la garde de la chose, en général parce que l’objet lui
aura été volé. La jurisprudence a soutenu pendant un moment que, même dans cette
hypothèse, la présomption de responsabilité pesait toujours sur le propriétaire, car il
conservait la garde juridique qui n’avait pu être transmise au voleur. La Cour de cassation,
dans l’arrêt cité plus haut du 2 décembre 1941, refusa cette solution, provoquant ainsi un
revirement de jurisprudence. Le propriétaire n’est donc plus gardien de la chose lorsque
celle-ci lui a été volée.
Les conditions concernant la chose, le fait de la chose et la garde étant réunies, le
gardien dispose malgré tout de moyens de défense pour écarter sa responsabilité.
Moyens de défense du gardien
Trois moyens doivent être écartés d’emblée :
L’absence de faute n’est pas prise en considération par les tribunaux. Le gardien aura beau
démontrer qu’il a pris toutes les précautions nécessaires et que sa conduite a été
particulièrement prudente et diligente, il n’en sera pas tenu compte.
Le défendeur ne peut pas non plus invoquer son acquittement par une juridiction
répressive. Cela ne contredit pas le principe de l’autorité de la chose jugée du criminel sur le
civil, car l’acquittement repose sur l’absence de faute du gardien, moyen inopérant pour la
responsabilité de l’article 1384.
Enfin, le gardien ne peut se prévaloir du fait que le dommage est survenu alors que la
victime participait gratuitement à l’usage de la chose dommageable. La solution contraire
avait été retenue par les tribunaux en cas d’accidents survenus au cours de transport bénévole.

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La victime transportée gratuitement ne pouvait auparavant invoquer que l’article 1382 ; elle
devait donc apporter une preuve, souvent difficile, de la faute de l’auteur du dommage. Trois
arrêts du 20 décembre 1968 viennent d’opérer un revirement de jurisprudence. Il n’y a plus
lieu désormais de distinguer le fait que la victime ait participé bénévolement ou non à l’usage
de la chose.
Le gardien a cependant des moyens exonératoires à sa disposition.
Le cas fortuit de force majeure en est un. Il doit consister en un fait imprévisible,
insurmontable, et non imputable au défendeur. Il doit être extérieur à la personne du gardien
et à la chose. Les vices inhérents à la chose ne sont donc pas exonératoires.
Le fait de la victime ou d’un tiers est également un moyen de défense opérant, lorsqu’il n’est
pas imputable au gardien. Si celui-ci avait pu prévoir le comportement de la victime ou du
tiers, son exonération ne serait que partielle, alors qu’elle serait totale lorsque ce
comportement était imprévisible et insurmontable.
Le gardien peut enfin s’exonérer en prouvant que l’objet n’a joué qu’un rôle purement
passif dans la réalisation du dommage. Cette passivité sera admise par la jurisprudence
lorsqu’au moment de l’accident, l’objet n’a eu qu’un rôle purement passif dans la réalisation
du dommage. Cette passivité sera également admise par la jurisprudence lorsqu’au moment
de l’accident, l’objet était placé et utilisé dans des conditions normales.

LA GARDE DE LA CHOSE
La garde de la chose est caractérisée par les pouvoirs d’usage, de direction et de
contrôle (Ch. réunies 2 dec.1941 : DC 1942. 25. rapp. Lagarde et note Ripert.V.en ce sens
Ch .mixte. 4 dec.1981 :JCP82.II.19748.note H. Mazeaud).Il en résulte que le propriétaire
dépossédé par le voleur perd la garde (Ch. réunies 2 dec.1941. préc.-Paris 16 fév. 1969 : JCP
69.11 15906.note M.A.) qui passe au voleur (Civ. 27 dec.1944 : D. 1945.237. note Ripert).
Le propriétaire d’un immeuble ne peut être considéré comme ayant eu la garde d’un
bloc de neige glacée sur le toit (Civ.2ème.18 dec.1958 :D.1959.329.note Esmein).
Une fillette de 11 ans n’a pas davantage la garde d’une pierre tombale descellée sur laquelle
elle a pris appui pour se retenir (Civ.2ème ; 23 nov 1988 :JCP89.IV.31.)
Un enfant de trois ans peut avoir les pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle qui
caractérisent la garde ; sans qu’il y ait à rechercher s’il a un discernement
(Ass.plein..9mai1984 :JCP.II.20255. 1er esp..note Dejean de la Batie :D.1984.525 ; 3ème
esp…concl. Cabannes et note Chabas.-V.cpdt Caen 4 fév. 1988 :D.1989.295. note Prieur.

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V.R. Legeais. Un gardien sans discernement. Progrès ou régression dans le droit de la
responsabilité civil ?: D.1984 ; chron.237).
Exercice
1 – Le chauffeur d’Africalines profitant d’une panne de route en pleine nuit viole une
passagère de la compagnie. Qui du chauffeur ou d’Africalines est responsable ?

2 – Lors d’une chasse organisée, au cours de laquelle l’un des membres est blessé : tous les
chasseurs ont tiré en même temps, avec la même arme et le même calibre de balle.

3 – Au cours d’un match de basket entre les élèves d’un lycée, un jeune lycéen, au moment de
marquer le but, reçut le panier sur la tête et mourut. Il s’est révélé que le panier de basket
n’était pas solide.
Le proviseur du lycée peut-il être poursuivit ?

4 – Un propriétaire de location de voiture loue à un particulier une voiture et un chauffeur. Un


accident survient au cours de cette location. Qui sera rendu responsable, le propriétaire ou le
locataire ?

5 – Un propriétaire a stationné son véhicule sur un parking fait pour. Un jeune sur vélo est
venu cogner le véhicule et s’est blessé gravement.
Le propriétaire peut-il être rendu responsable ?

III- LA RESPONSABILITE DU FAIT DES ANIMAUX


L’article 1385 énonce le principe de la responsabilité du fait des animaux. La Cour de
cassation applique à cet article les mêmes solutions qu’à la responsabilité du fait des choses
inanimées. Il s’agit donc d’une responsabilité de plein droit, que la preuve d’absence de faute
ne saurait supprimer.
Pour que cette responsabilité puisse être appliquée, il faut que certaines conditions concernant
l’animal et son responsable soient réunies.
L’animal
La nature zoologique est indifférente. Mais il faut qu’elle soit appropriée. Les bêtes
sauvages vivant à l’état libre ne sont donc pas visées par le texte.
Le propriétaire d’un bois ne peut pas être responsable des dommages causés par le
gibier qui y vit librement, aux termes de l’article 1385.

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Il n’est pas nécessaire que l’animal ait été sous la garde effective de son propriétaire ou de
celui qui en a l’usage, au moment de l’accident.
La responsabilité de plein droit jouera, même si l’animal s’est échappé ou égaré. Il
suffit que la victime ait pu apporter la preuve du rôle de l’animal dans la réalisation du
dommage.
Le responsable
Le responsable présumé est le propriétaire.
Mais il peut faire tomber cette présomption en prouvant que ce n’est pas lui qui avait
l’usage de l’animal au moment du dommage.
Il n’est pas nécessaire de se servir de l’animal pour être responsable de son fait.
La jurisprudence admet en effet que celui qui assume professionnellement la garde et la
surveillance de l’animal en est responsable, même s’il ne l’utilise pas. Il en sera ainsi du
transporteur, du vétérinaire, du maréchal-ferrant par exemple.
Si le responsable est le commettant de la victime, et que l’accident est survenu au
cours de l’exercice des fonctions de ce dernier, ce sera la législation sur les accidents du
travail qui s’appliquera, et non l’article 1385.
Les moyens de défense
Les moyens de défense que pourra opposer le responsable de l’animal sont les même
qu’en matière de responsabilité du fait des choses inanimées.

IV- LA RESPONSABILITE DU FAIT DES BATIMENTS


L’article 1386 du code civil engage la responsabilité du propriétaire d’un bâtiment
lorsqu’un dommage est causé par sa ruine à la suite d’un défaut d’entretien ou d’un vice de
construction.
Ce texte prévoit un cas très délimité de responsabilité, Les conditions de son
application seront donc précises. Elle concernent la note de bâtiment , le fait générateur du
dommage et le responsable.
La note de bâtiment
Elle ne correspond pas à celle d’immeuble.
Il faut que ce soit une construction, c’est-à-dire qu’il ait été élaboré par la
main de l’homme.
Cette construction doit être faite en matériaux durables.
Elle doit être immobilière, donc rivée au sol, mais peu importe son affectation ou son usage.
Ce peut être un immeuble par nature ou un immeuble par destination.

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LE FAIT GENERATEUR DU DOMMAGE

LES PERSONNES RESPONSABLES


Seul le propriétaire est visé par la présomption de l’article 1386, qui ne saurait donc
s’appliquer au locataire ou à toute autre personne se servant du bâtiment.
Les moyens de défense du propriétaire
Celui – ci ne peut se décharger en démontrant qu’il n’a commis aucune faute. Il pourra
s’exonérer en prouvant la force majeure, ou la faute de la victime, mais à condition qu’elle ait
été la cause génératrice exclusive du dommage.
Le propriétaire condamné pourra, dans certains cas, exercer un recours :
Contre l’architecte ou l’entrepreneur, si le dommage a été causé par un vice de construction.
Exercice I

1 – Deux danseurs renversent et blessent une spectatrice dans un bal public, lors d’une danse
trépidante. Qui est responsable ?

2 – Deux voitures se suivent. Après un coup de frein, la seconde heurte l’arrière de la


première. Qui est responsable

3 – Un chien traverse soudainement la chaussée. Le conducteur freine pour l’éviter et se fait


emboutir par les voitures qui le suivaient. Qui est responsable ?

4 – Pierre âgé de 7 ans pousse violemment son camarade Paul (7ans également). Paul heurte
le banc et se blesse grièvement. Qui est responsable ?

5 – Un démarcheur rentre dans votre jardin. Votre chien aboie puis mord le démarcheur. Sur
le portail figurait un panneau “ chien méchant ”. Etes-vous responsable ?

6 – Dans un village de montagne, la neige accumulée sur le toit d’un chalet tombe sur le sol et
endommage une voiture en stationnement. Qui est responsable ?

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7 – M. Lelièvre reçoit chez lui son ami M. Dulapin. M. Dulapin sort le chien de M. Lelièvre et
le laisse se promener sur la route. Il provoque un accident. Qui sera responsable ? M. Lelièvre
ou M. Dulapin ?

8 – M. Herbeverte, propriétaire d’un pavillon avec jardin, et son ami M. Cielbleu cueillent des
cerises pour leur déjeuner dans le jardin de M. Herbeverte. Une branche casse et M. Cielbleu
est blessé. Qui est responsable ?

9 – Dans votre voiture, vous transportez un ami et un auto-stoppeur. Vous provoquez un


accident. Votre ami et l’auto-stoppeur sont blessés. L’auto-stoppeur et votre ami vous
demandent de réparer le préjudice. Etes-vous responsable ?

Exercice II

Répondez par vrai ou faux

1- Un automobiliste brûle un feu rouge et blesse un piéton engagé sur le passage cloué ; il
engage sa responsabilité civile et sa responsabilité pénale.
2- Le propriétaire d’un chien est responsable des dommages causés par l’animal quand il s’est
sauvé.
3- En matière de responsabilité civile, la réparation des dommages causés consiste en
l’attribution de dommages et intérêts.
4-La présomption de responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs est
irréfragable.
5-La présomption du commettant est basée sur la faute.

METHODOLOGIE

JUGEONS ENSEMBLE…

LES FAITS
Marc Collet, âgé de 10 ans, participe à un jeu collectif avec plusieurs autres enfants. Tous les
enfants sont armés de flèches et le jeu consiste à attaquer une baraque défendue par un groupe
<<assiégé>>.
Lors du jeu Marc Collet est blessé à l’œil par une flèche lancée par l’un des <<assiégés>>dans
la baraque.

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Les enfants se taisent et l’auteur du jet de flèche ne peut être identifié.
En conséquence, les parents de Marc Collet demandent réparation de leur préjudice à
Monsieur Farel, père de l’un des "assiégés", et les Mutuelles du Mans.

ELEMENTS JURIDIQUES
Art. 1203 : Le créancier d’une obligation contractée solidairement peut s’adresser à
celui des débiteurs qu’il veut choisir, sans que celui-ci puisse lui opposer le bénéfice de
division.
V. pour une application Civ. 1re .13 nov. 1967 : D. 1968.97. Note Lambert-Faivre. Sur le
principe que chacun des responsables d’un même dommage doit être condamné à le réparer
en totalité, sans qu’il y ait lieu de tenir compte du partage de responsabilité. V. CIV.3 ème.5déc.
1984 :JCP86. 11.20543. note Dejean de la Batie.
Art.1384 :- On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fais des personnes dont on doit répondre, ou des
choses que l’on a sous sa garde.
(L. 7 nov.1922) Toutefois, celui qui détient à un titre quelconque tout ou partie de l’immeuble
ou de biens mobiliers, dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable vis-à-vis
des tiers des dommages causés par cet incendie que s’il est prouvé qu’il doit être attribué à sa
faute ou à la faute des personnes dont il est responsable.
(L.7 nov. 1922) Cette disposition ne s’applique pas aux rapports entre propriétaires et
locataires qui demeurent régis par les articles 1733 et 1734 du code civil.
(L.n. 70459 du 4 juin 1970. art.2 ET 9) Le père et la mère, en tant qu’ils exercent le droit de
garde, sont solidairement responsables du dommage causé par les enfants mineurs habitant
avec eux.
Les maîtres et commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés
dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs élèves et apprentis
pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance.
(L.5avril 1937) La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère et les artisans
ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité. En ce qui
concerne les instituteurs, les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre eux comme
ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées, conformément au droit commun, par
le demandeur à l’instance. Code civil Litee.

69
Dès 1969 un certain nombre d’arrêts de la Cour de cassation reprennent des formules
telles que :" le coauteur d’un dommage ayant concouru à le causer en entier doit être
condamné envers la victime à en assurer entière réparation" (Cass.2 ème, 12 février 1969. Bull.
9-II.n°46,P.35) ou que :"chacun des responsables d’un même dommage doit être condamné à
le réparer en totalité, le partage auquel le juge peut procéder n’affectant que les rapports
réciproques de ces derniers et non l’étendue de leurs obligations envers la partie lésée"
(Cass.2ème5mars 1969.Bull. 69-II.n°68, P.51).La même position est reprise en 1970-1971 par
les diverses chambres de la Cour de cassation et même en chambre mixte (26 mars 1971 , JCP
71-II-16.762.note Lindon). Pour des arrêts plus récents, voir Cass. Civ. 2ème , 7 nov. 1988.
Bull. civ…n°214 :"lorsque la garde d’une chose, instrument d’un dommage, est exercée en
commun par plusieurs personnes, chacun des cogardiens est tenu, vis-à-vis de la victime, à la
réparation intégrale du dommage".
Y. Buffelan-Lanore, Droit civil. Edit. Masson

V- LA RESPONBILITE LEGALE NE REPOSANT PAS SUR UNE FAUTE


Dans certains cas, la loi fonde la responsabilité non pas sur une faute prouvée ou présumée,
mais sur le risque.
Le risque dans la navigation aérienne
La loi du 31 mai 1924 institue une responsabilité à la charge de l’exploitant d’un
aéronef, qui ne pourra être écartée ni par la force majeure, ni par le fait d’un tiers ou l’absence
de faute. Seule la preuve de la faute de la victime sera exonératoire.
Cette responsabilité est engagée de plein droit pour aéronef, c’est – à –dire selon le
critère de la Cour de cassation “  Dès qu’il est en mouvement sans l’intervention d’une force
extérieure ”.
La responsabilité du fait des téléphériques.
Les dommages causés par les téléphériques donnent lieu également à une
responsabilité de plein droit, édictée par la loi du 8 juillet 1941, qui adopte les mêmes
solutions qu’en matière d’aéronefs.
Les personnes responsabilité sont le constructeur jusqu’à la réception des travaux, puis
l’exploitant.

La responsabilité du fait de l’énergie nucléaire


Son régime est prévu par la loi du 21 novembre 1965 modifiée par la loi du 29
novembre 1966.

70
L’exploitant du navire ou de l’installation nucléaire est responsable de plein droit, sauf
dans les cas de force majeure énumérés par la loi, le cas de guerre principalement, ou lorsqu’il
y a faute intentionnelle de la victime.

TROISIEME PARTIE LA TRANSMISSION DES OBLIGATIONS


La vocation de toutes les obligations est de s’éteindre. Cependant , avant leur
extinction, les obligations peuvent être cédées, c’est –à – dire transmises du cédant au
cessionnaire. Les deux aspects de l’obligation peuvent être cédés, la dette ou la créance.

Chapitre I- La cession de créance


On a souvent fait valoir, en économie libérale, les avantages de cette opération : pour
le cédant qui a besoin d’argent avant l’échéance ou qui veut s’épargner les ennuis d’un
recouvrement, et pour le cessionnaire en quête de placement ou de spéculation ( il achète la
créance à un prix inférieur au nominal en faisant valoir qu’il s’agit d’une créance douteuse et
essayera d’en récupérer l’intégralité sur le débiteur ; il aura ainsi gagné la différence ). Il faut
pourtant observer que ces mécanismes de cession de créance concernent davantage les modes
commerciaux de négociabilité des titres de créance plutôt que la cession de créance prévue
par le code civil. En effet, la cession des créances civiles a toujours suscité la méfiance et la
réticence du législateur qui craint l’exploitation des besoins du cédant par des usuriers.
Aussi a-t- on prévu dans l’article 1690 du code civil des formalités sévères autour de la
transmission de créance à titre particulier.
( Contrairement à la cession de créance à titre universel, qui est la cession de tout l’actif du
patrimoine du défunt à ses héritiers, la cession de créance à titre particulier est la
transmission d’une créance déterminée).
La cession de créance est une convention qui se rapproche de la vente. Il y a accord
de volonté entre le cédant et le cessionnaire pour transmettre un droit moyennant un prix. Le
cessionnaire achète la créance et le cédant lui délivre le titre de créance. Il est garant de
l’existence de la créance mais pas de son recouvrement, sauf clause spéciale prévue au contrat
de cession.
La convention est soumise à une formalité prévue par l’article 1690 du Code civil.
Puisque la cession substitue un créancier à un autre dans le rapport obligatoire, il convient que
le débiteur soit informé de ce changement, ainsi que les ayants cause du créancier primitif
qui pourraient éventuellement être intéressés par l’opération.

71
Il faut donc d’abord que la cession soit signifiée par exploit d’huissier au débiteur.
Ensuite, celui – ci doit donner son acceptation dans un acte authentique ( un exploit
d’huissier ou un acte notarié ). Toutefois, il faut signaler que les tribunaux ont tendance à
admettre une simple acceptation sous seing privé ou parfois même tacite. Par exemple, le
bailleur qui a accepté sans réserve le loyer du cessionnaire du bail montre par ce geste qu’il a
accepté la cession. Mais une simple connaissance de la cession ne suffit pas pour suppléer
l’acceptation.
En conséquence, avant l’acceptation ou la signification de la cession, le débiteur n’est
pas censé connaître le nouveau créancier, aussi il peut payer sa dette entre les mains du
créancier primitif ; mais, s’il connaît le cessionnaire, il peut, s’il le veut, payer ce dernier.
Quant au cessionnaire, il a le droit de prendre des actes conservatoires à l’encontre du
débiteur, mais aussi de lui réclamer l’exécution de l’obligation si celui –ci n’a aucun intérêt à
s’y refuser.
Après l’acceptation, ou la signification de la cession, la situation est ferme et
définitive : le débiteur est désormais tenu envers le cessionnaire et uniquement envers lui.
Les ayants cause du cédant ont souvent intérêt à être avertis de la cession. La signification et
l’acceptation jouent le rôle de publicité à leur égard. Ces ayants cause sont le plus souvent les
créanciers du cédant, et il faut qu’ils sachent s’ils peuvent saisir la créance. Avant les
formalités de signification et d’acceptation, ils peuvent procéder à une saisie arrêt,
après, ils ne le peuvent plus , car la créance appartient au cessionnaire.

Chapitre II- La cession de dette


C’est la transmission de l’aspect passif de l’obligation, contrairement à la cession de
créance qui est la transmission de son aspect actif.
La cession de dette à titre universel est la transmission de tout le passif d’une
succession aux héritiers ; les dettes sont transmises avec tout le patrimoine du défunt.( Il faut
remarquer qu’il serait interdit de céder tout son patrimoine lors de son vivant).
Mais lorsque le débiteur veut céder une dette à titre particulier de son vivant, on se
heurte au principe suivant selon lequel nul ne peut être contraint à changer de débiteur. En
effet, la valeur d’une obligation dépend pour une large part de la personnalité de l’obligé, de
sa solvabilité et de sa moralité. Changer le débiteur contre le gré du créancier reviendrait
souvent à exproprier celui-ci.
Il faut donc que la volonté du créancier intervienne expressément pour que le
premier débiteur soit libéré. Parfois il faut aussi le consentement de personnes extérieures à

72
l’opération, comme créanciers hypothécaires ( par exemple, l’hypothèque qui grevait
l’immeuble du premier débiteur ne peut passer sur l’immeuble du second, qu’autant que les
créanciers hypothécaires de celui-ci y consentent ).
Toutefois, la volonté du créancier n’est pas requise si une personne s’engage à
payer à la place d’une autre à l’échéance de la dette à supposer qu’il ne s’agisse pas d’une
obligation personnelle.
La cession de dette peut aussi être accessoire à l’aliénation d’un bien. Par
exemple, l’acquéreur d’un immeuble est tenu de continuer le bail passé par son vendeur, car
les obligations contractées envers le locataire ou le fermier sont transmissibles avec
l’immeuble ( article 1743 du Code civil). La loi du 13 juillet 1930, qui réglemente les
assurances, fait aussi passer à l’acquéreur de la chose assurée l’engagement de payer les
primes à échoir.
La cession de dette peut enfin être l’accessoire d’une aliénation de créance : c’est
le problème de la cession de contrat. Par exemple un commerçant a acheté des marchandises
à livrer, qu’un confrère est disposé à prendre pour son compte ; s’il les lui revendait, il se
trouverait d’une part acheteur et de l’autre vendeur, et il peut juger préférable de céder le
marché. Une cession de contrat rendra le cessionnaire à la fois créancier des marchandises et
débiteur du prix à l’égard du fournisseur originaire.

73
QUATRIEME PARTIE :LES EFFETS DES OBLIGATIONS
L’effet de l’obligation, quelle que soit sa source, est d’astreindre le débiteur à
exécuter la prestation convenue.
L’exécution peut être volontaire, si le débiteur exécute volontairement sa dette ; elle
peut aussi être forcée avec l’aide des tribunaux, s’il n’accepte pas de le faire.

Chapitre I L’exécution forcée des obligations


Nul ne peut se faire justice à lui-même : le créancier ne peut donc contraindre lui-même
son débiteur à exécuter l’obligation convenue. Il doit s’adresser aux Officiers publics et aux
tribunaux, pour faire valoir ses droits et obtenir l’exécution forcée. Quand le créancier craint
de ne pas être payé, il doit envoyer une mise en demeure à son débiteur.

I- La mise en demeure
C’est l’acte par lequel le créancier enjoint à son débiteur, dans les formes légales,
d’exécuter son obligation.
Matériellement, elle se présente sous la forme d’une sommation par acte d’huissier, ou
un acte équivalent, comme une citation en justice par exemple.
Une simple lettre, même recommandée avec accusé de réception, ne saurait suffire, sauf
en matière commerciale où l’exigence de rapidité est primordiale, et bien sûr, dans les cas où
les parties sont convenues qu’une lettre recommandée suffirait
( comme dans les contrats d’assurances ).
Il existe quelques hypothèses dans lesquelles la mise en demeure est inutile :
lorsqu’il s’agit d’une convention où les parties sont convenues que la seule échéance du terme
vaudrait mise en demeure ; lorsqu’on est en présence d’une obligation de ne pas faire, car le
seul fait de la contravention permet au créancier de poursuivre ; quand le débiteur a laissé
passer un délai convenu, comme dans le cas du libraire qui commande des libres d’étrennes à
un éditeur qui ne livre pas en temps voulu ; enfin, si la loi le dispense expressément de mise
en demeure.
Si le débiteur ne répond pas à la mise en demeure, le créancier impayé va demander un titre
exécutoire. Ce sera généralement un jugement.

74
Exercices

1 – Pourquoi la mise en demeure soit érigée en principe dans notre droit ?

R : Un oubli de la part du débiteur, l’inaction du créancier peut être perçue comme valant
octroi implicite d’un délai de grâce, le débiteur peut avoir des raisons de penser que le
créancier a renoncé à son droit.
2 – La mise en demeure est-il un principe d’ordre public ?
R : Non car les parties à un contrat peuvent donc en convenir autrement (art. 1139 du code
civil), la nature même de certaines obligations peut être exclusive de tout formalisme de mise
en demeure (Par exemple pour les obligations de ne pas faire ; pour les obligations de faire ou
de donner qui ne pouvaient être exécutées que dans un temps donné art. 1146 cc)…
3 – Tohon Stan fut invité le 1er août par la mairie de Parakou pour donner un spectacle à
l’occasion de la fête de l’indépendance. Le jour indiqué, il ne s’est pas présenté. Le 05 août il
a été assigné au TPI de Parakou pour dédommager la ville de Parakou. Tohon demande
d’abord au maire de lui faire une mise en demeure. A-t-il raison ?
4 – Codjo qui doit 45 000 F de loyer à son propriétaire lui a écrit d’avance qu’il ne paiera pas
cette somme. Le propriétaire peut-il encore lui faire une mise en demeure ?
R : Toute mise en demeure est inutile si l’exécution de l’obligation est devenu impossible par
le propre fait du débiteur.
5 – Le voleur qui a perdu la voiture volée est-il obligé de réclamer à son profit la mise en
demeure avant de restituer le bien ?
R : La loi dispense certains créanciers de l’obligation de mettre valablement en demeure leurs
débiteurs. Tel est le cas du voleur (art. 1302, al 4)
6 – Bio écrit à son débiteur une longue lettre précise et lui réclame sa créance. Cet acte vaut-il
la mise en demeure ?
7 – Le vendeur mis en demeure de livrer, peut-il mettre encore les risques à la charge de
l’acheteur ?
R : La mise en demeure a pour effet de déplacer les risques de la chose livrée. (art.1338,al. 2).
8 – Rémi titulaire d’un simple acte sous seing privé peut-il obliger son débiteur Koffi à
s’exécuter de son obligation ?
R : Non, il doit obtenir l’indispensable titre exécutoire le plus souvent par voie de
condamnation du débiteur.

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II- Le titre exécutoire
Il est un titre revêtu de la formule exécutoire ( on entend par là l’ordre donné par
l’Etat à ses agents de coopérer à la réalisation des droits que le titre a constaté). Il n’y a que
deux officiers publics qui puissent revêtir un titre de la formule exécutoire ; le greffier et le
notaire. Il y a donc deux catégories de titre exécutoire : le jugement et l’acte notarié.
Ce titre va permettre au créancier de faire procéder à des saisies sur le patrimoine de
son débiteur. Les différentes sortes de saisie – exécution sont : la saisie arrêt ou la saisie de
créance que le débiteur peut avoir contre une tierce personne, la saisie des meubles et enfin la
saisie immobilière.
Il faut insister sur le résultat monétaire des saisies, l’exécution forcée n’est pas un
moyen pour le créancier de s’emparer des biens du débiteur et d’en devenir propriétaire, c’est
un moyen de la faire mettre sous le contrôle judiciaire et de les faire vendre aux
enchères publiques, afin de se payer sur le prix.

III- L’exécution en nature des obligations


C’est le droit pour le créancier d’exiger l’exécution de la prestation en nature. Mais il
convient de considérer l’objet de l’obligation pour voir si l’exécution en nature est possible,
matériellement.
Pour les obligations de sommes d’argent, l’exécution en nature est toujours possible, par
saisie et vente des biens du débiteur.
Pour les obligations de livrer une chose, le créancier peut recourir à la force publique pour
se faire mettre en possession de la chose.
Pour les obligations de faire ou ne pas faire, l’exécution en nature est aussi possible, à
condition que les qualités personnelles du débiteur n’entrent pas en considération (un
propriétaire qui doit des réparations à son locataire peut se voir contraint par la justice à faire
procéder par un plombier, à ses frais, aux réparations).
Mais, si l’exécution en nature exigeait la mise en œuvre de qualités personnelles du
débiteur, celui –ci ne pourrait pas se voir contraint à exécuter. L’obligation se résout alors en
des dommages – intérêts. Par exemple, un peintre a promis une toile : on ne peut le
contraindre à peindre, seulement à verser des dommages – intérêts.
En effet, depuis longtemps , les mesures de coercition corporelles n’existent plus, et
un débiteur ne va plus en prison, pour n’avoir pas exécuté son obligation civile. S’il
n’exécute pas en nature, ou en argent parce qu’il est insolvable, n’ayant pas de bien, ou

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n’ayant que des biens insaisissables (telle fonctionnaire qui n’aurait que son salaire
insaisissable), l’obligation est dissoute.
Il existe cependant deux pratiques de coercition permises
- l’expulsion
l’obligation de partir d’un local indûment occupé est une obligation de faire, dont
l’article 1142 du code civil ne suffit pas à assurer la sanction, car permettre à l’occupant de
rester dans les lieux alors que son contrat de location est résilié ou a pris fin, au prix de
dommages – intérêts, reviendrait à imposer au propriétaire une situation de bailleur malgré
lui. Il faut donc une exécution forcée directe : l’expulsion. L’huissier va opérer dans la forme
de la saisie – exécution et mettre hors du local le mobilier et les effets du débiteur. Le
propriétaire peut procéder à l’expulsion dès qu’il obtient en justice un jugement exécutoire qui
condamne l’occupant à déguerpir et s’il a obtenu de la préfecture l’autorisation nécessaire.
- l’astreinte
Le débiteur d’une obligation, en particulier d’une obligation de faire présentant un
caractère personnel, peut être condamné, s’il ne s’exécute pas volontairement, à payer au
créancier une somme assez forte par jour, semaine ou mois de retard.
On appelle ce procédé indirect de contrainte une astreinte. Son but est d’amener le débiteur à
exécuter par crainte d’être écrasé sous une condamnation pécuniaire croissante.
Elle présente des caractères différents des dommages-intérêts. Car elle est comminatoire
c’est-à-dire fixée suivant le résultat à atteindre (faire peur) et le juge peut, suivant l’effet
produit, augmenter ou diminuer la somme à payer, ou même la supprimer.
Elle est indéterminée dans le temps.
Mais, il faut remarquer que si la contrainte par corps ne peut plus être prononcée par
les juridictions civiles, elle l’est fréquemment par les juridictions pénales.
C’est pourquoi, l’inexécution d’une obligation qui constitue un délit peut être sanctionnée
par un emprisonnement.
Le délit d’abandon de famille, commis par le mari qui ne verse pas à sa femme la
pension alimentaire qui lui a été allouée par jugement, est puni par la loi pénale d’amende et
d’emprisonnement.
Il faut enfin mentionner le pourvoir coercitif représenté par les forces de police. Le
refus de charger, opposé par un chauffeur de taxi pourra être brisé par l’intervention d’un
gardien de la paix.

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IV- L’exécution des obligations sous forme de dommages-intérêts
Si l’exécution en nature est impossible à obtenir, le créancier devra se contenter d’une
exécution par équivalent : le débiteur sera condamné à lui verser des dommages-intérêts,
somme d’argent destinée à réparer le préjudice qu’il a subi.
En matière délictuelle, le responsable du fait dommageable doit verser une “ indemnité
délictuelle ” à la victime.
n matière contractuelle, le débiteur peut causer un dommage au créancier en apportant
un trop grand retard à l’exécution, ou bien en n’exécutant pas du tout ses engagements. Dans
le premier cas, le débiteur sera condamné à verser des dommages-intérêts moratoires
(destinés à réparer le préjudice résultant du retard), dans le second cas, à verser des
dommages-intérêts compensatoires ( destinés à réparer le préjudice découlant de
l’inexécution).

Conditions pour qu’il y ait lieu à dommages et intérêts

Il faut la réunion de deux conditions essentielles : l’existence d’un dommage et qu’il soit
imputable au débiteur.
 L’existence d’un dommage
L’obligation de réparer suppose un dommage, qui peut être aussi bien matériel que moral,
mais qui doit être certain ( non éventuel) et direct ( avoir des conséquences immédiates et non
lointaines).
Il appartient au demandeur d’apporter au juge la preuve du dommage qu’il a subi.
 Le dommage doit être imputable au débiteur
En matière délictuelle, pour que la responsabilité de l’auteur soit engagée, il doit exister un
rapport de cause à effet entre la faute et le dommage, ou bien une présomption de faute à
l’égard du responsable de la personne ou de la chose qui a provoqué le dommage, ou bien
encore une responsabilité légale.
En matière contractuelle, le principe est la responsabilité du débiteur en cas
d’inexécution de l’obligation, sans que le créancier ait à prouver une faute, à moins que le
débiteur ne prouve que l’inexécution provient d’une “ cause étrangère, qui ne peut lui être
imputée ”. ( Art. 1147 du Code civil).
Ainsi, par exception au principe, il existe en matière contractuelle des causes
d’exonération de responsabilité.

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La loi parle de cause étrangère, non imputable au débiteur. Il s’agit en fait
d’hypothèses de cas fortuit ou de force majeure.
Mais il faut alors que l’événement soit sans rapport avec une faute du débiteur ( la
mise en règlement judiciaire ou en liquidation de biens du débiteur ne constitue pas une cause
exonératoire), qu’il ait été inévitable, imprévisible, et insurmontable (par exemple une grève).
Les tribunaux reconnaissent que la faute du créancier, cause génératrice et exclusive de
l’inexécution, est un motif d’exonération de responsabilité ( dans le contrat de transport, le
voyageur doit être conduit sain et sauf au lieu de destination prévu ; et la responsabilité du
transporteur serait engagée du seul fait que ce résultat ne serait pas atteint ; toutefois, si le
voyageur se penchait par la portière, il commettrait une faute excluant la responsabilité du
transporteur). De même, la faute d’un tiers serait également exonératoire, si elle présente les
mêmes caractéristiques que la force majeure.
La preuve du fait exonératoire doit être apportée aux juges par le débiteur qui entend s’en
prévaloir.
Il faut noter les règles particulières s’attachant à l’obligation de conserver la
chose jusqu’à la livraison. L’article 1137 du Code civil dispose que “ tous les soins d’un bon
père de famille ” doivent être prodigués par le débiteur à la chose. Si le créancier prouvait
que le débiteur ne s’est pas comporté avec la prudence et la diligence aux quelles il était tenu,
ce dernier serait responsable ; inversement, si la chose avait péri dans un incendie d’origine
inconnue, il suffirait au débiteur de prouver sa diligence pour être exonéré de responsabilité.
Pour les contrats de dépôt, le dépositaire est seulement tenu “ des mêmes soins qu’il apporte
dans la garde de ses propres affaires ”.
Pour éviter les inconvénients de la responsabilité, les parties au contrat, insèrent des
clauses de non-responsabilité destinées à aggraver ou à supprimer la responsabilité du
débiteur. Il est prévu que le débiteur sera tenu, même en cas de force majeure, ou bien qu’il
ne sera pas tenu, même si l’inexécution lui est imputable. Ces clauses sont valables et les
banques notamment en font un large usage à leur profit.
Toutefois, seraient nulles les clauses d’exonération de responsabilité de la faute
intentionnelle, de dommages à une personne, et celles insérées dans un contrat de transport de
marchandises.
Exercice I

1- L’existence d’une cause étrangère doit être prouvée par le débiteur.


2- Les dommages-intérêts se calculent d’après la faute du débiteur.

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3- Le dommage moral est réparé par des dommages-intérêts.
4- Les dommages-intérêts versés par Air France à la suite de la perte d’une valise
incluent le prix de la valise et la valeur des effets contenus dans la valise.

Exercice II

1 – Préciser la nature de l’obligation dans les contrats suivants :

- La SNCF à l’égard d’un voyageur ;


- Le médecin à l’égard de son malade ;
- Le débiteur à l’égard de son créancier ;
- L’avocat à l’égard de son client.

2 – L’entreprise “ Nettoie bien ” loue une machine à nettoyer les moquettes à M. Toubrille. La
machine est endommagée lors de son utilisation. Qui doit payer la réparation ?

3 – Un fabricant vend une machine à une entreprise industrielle. La machine n’atteint pas les
objectifs prévus par le contrat de vente.
- S’agit-il d’une obligation de moyen ou de résultat pour le fabricant ?
- Quelle est la nature de la responsabilité mise en cause ?

4 – M. Colin, chauffeur du camion de l’entreprise Merlan provoque un accident et blesse les


passagers de la voiture de M. Cabillaud. L’expertise montre que l’accident est dû au
surmenage du chauffeur qui avait des horaires de travail excessifs.
- La Société Merlan et ses dirigeants sont-ils civilement et pénalement responsables ?
- M. Colin est-il civilement et pénalement responsable ?

5 – Vous prêtez votre moto à votre sœur âgée de 15 ans. Elle heurte une voiture. Qui est
responsable ?

6 – Vous louez une voiture et provoquez un accident sur la route. La société de location est-
elle responsable ?

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7 – Un club du 3ème âge organise une excursion. L’entreprise de transport à laquelle il fait
appel lui fournit un autocar en mauvais état et l’autocar a un accident.
- Le transporteur peut-il être pénalement et civilement responsable ?
- Le responsable du club peut-il être pénalement et civilement responsable ?
- L’assureur du transporteur indemnisera-t-il les passagers ?

8 – Des peintres de l’entreprise “ Toureluit ” travaillent dans un appartement occupé. Un soir,


ils laissent une bouteille sans étiquette contenant un produit toxique. Un des enfants de la
famille boit le contenu de la bouteille.
- Les peintres sont-ils civilement ou pénalement responsables ?
- L’entreprise “ Toureluit ” et ses dirigeants sont-ils civilement ou pénalement
responsables ?

9 – Mme Lagourde prend place dans un train. Au cours du trajet, le sac à dos d’un étudiant
Pierre Cornichon tombe du porte-bagages et blesse Mme Lagourde. Qui est responsable ?

10 – les Etablissements “ B. C. ”, spécialisés dans la fabrication de couleurs pour artistes
peintres ont mis au point un produit “ blanc relief ” vendu en tube sans aucune indication
d’emploi. M. Delatoile, artiste peintre, a utilisé ce produit et reçoit des réclamations de galerie
d’exposition et d’acheteurs. Les toiles se détériorent : la peinture s’écaille par plaques. M.
Delatoile est-il fondé à attaquer les établissements “ B. C. ” ? Pour quels motifs ?

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Chapitre II Le droit de gage général du créancier
Le créancier dispose d’un droit de gage général sur le patrimoine de son débiteur
On reconnaît au créancier certains pouvoirs sur le patrimoine de son débiteur. On dit
qu’il a un droit de gage général sur tous les biens présents et à venir de son débiteur. C’est une
garantie en cas d’inexécution de l’obligation.
Ce droit de gage général porte :
Sur tous les biens composant le patrimoine du débiteur au moment de la poursuite,
quelle que soit la date de sa créance , mais non sur les biens que le débiteur aurait aliénés
entre-temps.
Il ne porte pas sur les biens insaisissables du débiteur (nourriture, lit, fraction du
salaire).
Mais il ne suffit pas d’être titulaire d’un droit de gage sur le patrimoine de son débiteur, il
faut encore protéger ce droit.
En effet, si le créancier ne surveillait pas le patrimoine de son débiteur, ce dernier
pourrait agir dans le but de le diminuer.
Il pourrait négliger d’exercer certains droits ; sachant que le profit qu’il en tirerait ne
lui reviendrait pas, ou bien faire une donation de sa fortune à un ami, afin qu’elle échappe à
la saisie de son créancier.
C’est pour éviter ces conséquences fâcheuses pour le créancier, que l’article 1166 du
Code civil lui permet d’exercer les droits appartenant à son débiteur à sa place. Dans ce
cas, le créancier exerce une “ action oblique ” au nom de son débiteur.
Il est alors considéré comme le représentant de son débiteur et l’action oblique n’est
pas une action distincte qui lui appartiendrait en propre, c’est l’action du débiteur exercée
obliquement, c’est-à-dire indirectement par un autre que le principal intéressé, mais en son
nom et pour son compte.
Le créancier n’a pas besoin de se faire autoriser par les juges à remplacer le débiteur
défaillant ; il peut le faire, dès lors que sa créance est certaine, liquide et exigible, et que le
débiteur est insolvable.
Toutefois, les droits et actions exclusivement attachés à la personne du débiteur ne
peuvent être exercés par le créancier (une action en divorce ou en révocation d’une donation
pour ingratitude) même si des intérêts pécuniaires sont en jeu.

82
Le bénéfice de l’action oblique profite à tous les créanciers du débiteur et non
seulement à celui qui l’a exercée et, le bien ou la somme d’argent rentré dans le patrimoine du
débiteur devient le gage commun de tous les créanciers.
Toujours dans le but de conserver le patrimoine de son débiteur, le créancier peut
faire révoquer les actes frauduleux passés par celui- ci. On dit alors qu’il exerce “ l’action
paulienne ”, en son nom.
Par exemple, si un débiteur aux abois fait des donations sachant que par ce geste il se
met dans l’impossibilité de faire face à ses engagements, le créancier pourra alors attaquer les
donations, les faire annuler de telle sorte que les biens qui en étaient sortis réintègrent le
patrimoine.
Pour pourvoir exercer l’action paulienne contre le tiers bénéficiaire des actes passés
par son débiteur, le créancier doit justifier d’un préjudice causé par ces actes. En fait, il doit
prouver qu’ils ont eu pour effet de diminuer le gage sur lequel il comptait, donc qu’ils ont
appauvri le débiteur. (Il existe cependant deux actes qui sont inattaquables : le paiement
d’une dette échue, et le partage).
Il faut également que le débiteur ait agi en fraude des droits du créancier, c’est –à –
dire avec la conscience du préjudice que l’acte va causer aux créanciers. Enfin il faut que le
tiers et le sous – acquéreur aient été complices de la fraude.
L’action paulienne se prescrit par trente ans .

Exercice I
Répondez par vrai ou faux
1- Tout créancier chirographe a un droit de gage général sur le patrimoine de son
débiteur.
2- La caution est une somme déposée en garantie d’une dette.
3- Le créancier bénéficiaire d’un gage est payé avant les créanciers
chirographaires.
4- L’hypothèque porte sur les meubles du débiteur.
Exercices II

1 – Pourquoi le droit de gage général ne procure qu’une sécurité très relative aux créanciers ?

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R : Le droit de gage général ne comporte en effet ni droit de préférence, ni droit de suite. Le
véritable droit de gage suppose la dépossession du débiteur or ici le créancier n’a qu’un droit
personnel et non réel, il peut seulement atteindre directement le patrimoine de son débiteur
défaillant.

2 – Un propriétaire voisin se plaint des travaux effectués par l’autre sans respect de la distance
légale. Peut-il obtenir une exécution en nature, en demandant au juge d’ordonner la
destruction de ces travaux ?

R : Destruction de ce qui a été fait en violation d’une obligation de ne pas faire (art. 1143).
Chaque fois que cela est possible, “ le créancier a le droit de demander que ce qui aurait été
fait en contravention à l’engagement, soit détruit ”…
Si le débiteur n’obtempère pas, le créancier “peut se faire autoriser à (le) détruire aux dépens
du débiteur, sans préjudice des dommages-intérêts s’il y a lieu”.

3 – Un vendeur se maintient indûment dans les lieux vendus. Le respect de la personne qui
interdit toute contrainte physique sur le débiteur autorise-t-il le créancier à procéder à une
exécution en nature ?

4 – Voir les arrêts n° 234-235 sur l’astreinte. Grands arrêts.

5 – Pourquoi dit-on que l’action oblique est individuelle par son exercice, mais collective par
ses effets.

R : Chaque créancier a le pouvoir d’agir individuellement à la place du débiteur défaillant,


mais sans échapper pour autant au concours avec les autres créanciers. L’action oblique est un
corollaire du droit de gage général.

6 – La femme de Bio prend l’argent de son mari pour rémunérer ses amants qui la comblent.
Elle est coupable d’adultère. Pourtant Bio n’agit pas. Son créancier Codjo qui s’inquiète que
tous les biens de Bio se dilapident par sa femme, peut-il intenter une action en divorce à la
place de Bio par la voie de l’action oblique ?

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R : L’action oblique est une corollaire du droit de gage général. Elle ne peut donc s’appliquer
qu’à des droits ou biens susceptibles de réintégrer le patrimoine et que le créancier aurait pu
saisir si le débiteur diligent avait lui-même agi. Il ne saurait être question pour un créancier
d’exercer par la voie oblique des droits moraux ou familiaux.

Exercice III
1 – Fatima et Koffi se sont mariés sous le régime de séparation des biens. Fatima est
propriétaire d’un hôtel au sein duquel le mari avait exercé sans rémunération des fonctions de
directeur. Le créancier du mari pouvait-il demander par la voie oblique qu’un salaire fut versé
à Koffi par Fatima alors que Koffi n’en voulait pas ?
R : L’art. 1166 cc interdit spécialement l’exercice par le créancier par voie oblique des droits
et actions “ qui sont exclusivement attachés à la personne ”. il faut entendre par là les droits et
actions qui, bien que de nature patrimoniale, ont un caractère personnel ou familial marqué et
dont l’exercice met en jeu des considérations d’ordre moral dont le débiteur seul peut
apprécier la valeur.
2 – Nous sommes dans une hypothèse où le mari est le chef de la communauté. En effet, ce
dernier donne une autorisation à sa femme de renoncer à un legs qui aurait profité à la
communauté, donc aux créanciers du mari (cass. Civ, 29 juil. 1903, D. P. 1903, 1, P. 383, note
M. P.). L’un des créanciers estime qu’il y a fraude à son droit, et intente une action paulienne.
Seulement le pourra-t-il réussir ?

R : L’article 1167 ne contient pas la même restitution que l’article 1166, relativement aux
droits et actions “ exclusivement attachés à la personne ”. ainsi la fraude est constitutive d’un
comportement bien plus répréhensible que la simple négligence, de sorte que les
considérations d’ordre moral et personnel qui justifient l’exclusion à l’action oblique doivent
céder devant la nécessité de sanctionner une fraude caractérisée (Stark, Roland et Boyer,
Tome 3, n° 175).

Chapitre III Les obligations naturelles


A la différence des obligations civiles, les obligations naturelles sont dépourvues de
sanctions en cas d ‘inexécution.
C’est le cas de certains devoirs de famille : l’obligation des père et mère de doter leurs
enfants n’est pas mentionnée par la loi ; l’obligation alimentaire ou de secours entre proches

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parents non plus. C’est aussi le cas lorsqu’on a donné sa parole, comme l’incapable qui
promet de fournir une marchandise, ou le joueur qui contracte une dette de jeu.
Ainsi, ce genre d’obligation n’est pas susceptible d’exécution forcée, mais si elle est
volontairement exécutée, elle est considérée comme payée, et on ne peut en demander la
restitution.
Toutefois si le débiteur d’une obligation naturelle promet de l’exécuter, il est tenu
d’une obligation civile. Il y a novation de l’obligation naturelle en obligation civile. Pour
l’obligation naturelle de dette de jeu ou de pari, impossible, en raison de la loi qui ne
sanctionne pas une telle obligation civile, il n y a pas de novation.

Chapitre IV LES EFFETS DES OBLIGATIONS COMPLEXES


Les obligations complexes
Ce sont des obligations comportant plusieurs objets ou plusieurs sujets. S’il y a
plusieurs objets, le débiteur peut être tenu de fournir cumulativement plusieurs prestations,
une somme d’argent et un objet ( obligation conjonctive) ; il peut être tenu de fournir une des
prestations de son choix, la somme ou l’objet ( obligation alternative ) ; enfin il peut arriver
que le débiteur ait la faculté de se libérer en fournissant non la prestation prévue, mais une
autre ( obligation facultative ).
Dans le cas d’obligation à pluralité d’objets, si la chose périt par le cas fortuit avant le
paiement, le débiteur est libéré.
Lorsqu’il y a pluralité de sujets, plusieurs créanciers ou plusieurs débiteurs, on dit qu’ils
sont ensemble conjointement ou solidairement.
L’obligation est conjointe, quand chaque débiteur ne peut être poursuivi en paiement
que pour sa part, , ou quand chaque créancier ne peut réclamer que ce qui lui est dû.
L’obligation est solidaire, quand un débiteur peut être poursuivi pour la totalité de la dette,
ou quand un créancier peut réclamer à lui seul la totalité de la dette.
Il y a solidarité active, lorsque l’un quelconque des créanciers peut réclamer le paiement de
toute la dette, en cas de dépôts en banque avec comptes joints). Mais le créancier qui a reçu le
paiement doit remettre sa part à chacun des autres créanciers.
Il y a solidarité passive, situation très fréquente en pratique, lorsque le créancier peut
réclamer toute la dette à l’un quelconque des débiteurs. Ceux – ci sont codébiteurs solidaires,
et celui qui a payé a un recours contre les autres, chacun pour sa part. Si un des codébiteurs
est insolvable, la perte se divise entre les autres.

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La solidarité ne se présume pas, il faut qu‘elle soit expressément stipulée par les
parties ou par la loi, (sauf en matière commerciale où elle est présumée ). Mais malgré ce
principe, quand les tribunaux constatent qu’il existe une solidarité entre les sujets de
l’obligation, non prévue par la loi ni par une convention, on dit qu’il y a solidarité imparfaite
(ou obligation “ in solidum ”). Elle produit les mêmes effets que la solidarité mais les
obligés “ in solidum ” ne peuvent pas se représenter mutuellement : le créancier devra
adresser la mise en demeure à chacun d’entre eux et le jugement rendu contre un débiteur
ne sera pas opposable à tous les autres, enfin l’interruption de la prescription contre un
débiteur ne l’interrompt pas à l’égard des autres.
Exercices

Parmi ces obligations complexes déterminez selon leur objet :

OBLIGATIONS CONJONCTIVES

 Une vente porte à la fois sur un immeuble et un fond de commerce.


 L’héritier doit au bénéficiaire d’un legs un bien déterminé et une somme d’argent.
 Le donataire assume la charge de loyer et nourrir le donateur.

OBLIGATIONS ALTERNATIVES
 Le donataire devra loger et nourrir le donateur ou lui verser une rente de telle somme.
 L’option de change : un prix est fixé en francs ou en telle devise étrangère.
 Option entre la rescision et le paiement du juste prix (article 1681 cc).
 Option entre l’action estimatoire et l’action rédhibitoire. (article 1644)
Dans une convention de saillie, il a été laissé au propriétaire de deux étalons le choix de
l’un ou de l’autre. Cependant l’un des deux était mort par un cas de force majeur. Le
propriétaire est-il obligé d’exiger du débiteur que les deux bêtes soient vivantes avant
d’exercer son option.
R : Si l’une des prestations est impossible ou illicite, l’autre reste due, l’obligation devenant
pure et simple (article 1192). Il en est de même si l’exécution de l’une des prestations est
rendue impossible par une cause étrangère (article 1193, alinéa 1er).

OBLIGATION FACULTATIVE

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 La vente lésionnaire est en principe rescindable, c’est-à-dire annulable, mais
l’acheteur peut éviter la rescision en versant le supplément du juste prix.
 Tel immeuble est légué, mais l’héritier a la faculté de se libérer en versant telle
somme.

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OBLIGATIONS PLURALES SELON LEUR SUJET

OBLIGATION CONJONCTIVE
- Le débiteur Codjo meurt et laisse trois successeurs ou héritiers : Paul, Rémi et Koffi.
Son créancier réclame sa dette aux trois. Un mois plus tard, Paul meurt laissant
l’héritage non encore partagé. L’obligation étant éteinte à l’égard de Paul du fait de
son décès, les autres héritiers peuvent-ils refuser de payer le créancier après avoir
hérité.

R : Si l’obligation est nulle ou éteinte à l’égard de l’un, elle subsiste à l’égard de l’autre, à
moins, bien sûr, que la cause de nullité ou d’extinction soit inhérente à l’obligation et
l’anéantisse intégralement.
OBLIGATION SOLIDAIRE

SOLIDARITE ACTIVE
- Des copropriétaires ont décidé d’un commun accord de vendre un bien en précisant
qu’ils seront créanciers solidaires. Un des copropriétaires a trouvé un ami à qui la
vente a été consentie, en même temps ce copropriétaire cède sa part à son ami. Est-ce
que les autres copropriétaires peuvent demander à l’acheteur de payer l’intégralité du
montant de la vente à eux.
R : La remise faite au débiteur par l’un des créanciers solidaires ne libère le débiteur que pour
la part de ce créancier (article 1198, alinéa 2).
CINQUIEME PARTIE  : L’EXTINCTION DES OBLIGATIONS
Le mode normal d’extinction des obligation en est le paiement.

Chapitre I Le paiement
Ce mot qui signifie dans la langue courante le versement d’une somme d’argent, a
juridiquement un sens beaucoup plus large. Payer c’est exécuter une obligation, quel qu’en
soit la nature ou l’objet. Peu importe que l’obligation porte ou non sur une somme d’argent,
un objet mobilier ou immobilier.
Par exemple l’employeur est obligé par la loi de remettre à son employé, à la fin du
contrat de travail, un certificat ; celui-ci représente le paiement de l’obligation légale. Mais
l’employeur est aussi lie à son employé par un contrat de travail, en vertu duquel il est obligé
de verser une somme d’argent en rémunération du travail fourni par ce dernier. Le salaire est

89
le paiement de l’obligation contractuelle. Le paiement est donc un moyen de mettre fin aux
obligations en les exécutant .

I- LES CONDITIONS DU PAIEMENT


Qui effectue le paiement ?
Normalement , c’est le débiteur lui- même ou son mandataire qui procède au
paiement.
D’ailleurs lorsqu’il s’agit d’une obligation personnelle de faire ou ne pas faire( par
exemple respecter un engagement de son concurrent ) il est évident qu’elle ne peut être
exécutée par quelqu’un d’autre que le débiteur en personne.
Mais toute personne intéressée à l’extinction de l’obligation peut aussi payer. C’est
le cas de la caution qui est tenue de payer quand celui pour qui elle s’est portée caution est
défaillant, ou du co-obligé.
Enfin il est admis par la loi qu’une personne désintéressée puisse payer à la place
du débiteur pour lui rendre service.
Pour que le paiement soit valable, la personne qui paye doit être propriétaire de la
chose donnée en paiement et capable de l’aliéner.
Le défaut de ces conditions entraîne la nullité du paiement.
La nullité pour défaut de propriété de la chose peut être demandée par celui qui a
payé et par tout créancier.
En revanche, la nullité pour défaut de capacité ne peut être demandée que par
l’incapable qui a payé.
Par exception, la nullité ne peut jamais être demandée si, l’objet du paiement étant
une somme d’argent ou une chose se consommant par l’usage, l’argent a été dépensé ou la
chose consommée, de bonne foi.
Qui reçoit le paiement ?
Normalement c’est le créancier ( et s’il est décédé, ses héritiers ) ou son mandataire
qui reçoivent le paiement – l’article 1239 du code civil – “ le paiement doit être fait au
créancier, ou a quelqu’un ayant reçu pouvoir de lui ou qui est autorisé par la justice ou par la
loi à recevoir pour lui. ”
Il faut noter que dans la pratique des affaires, on présume que celui qui présente au
débiteur une quittance signée du créancier, a reçu un mandat tacite à l’effet de recouvrer la
créance, sauf en matière de saisie immobilière. Notamment, l’huissier de justice qui a un titre

90
exécutoire et ordre de faire la saisie, ou le notaire, sont considérés comme ayant mandat de
recevoir le paiement.
Si le paiement est fait à quelqu’un d’autre que le créancier capable de recevoir, ou à
son représentant régulier, il est nul et ne libère pas le débiteur : (selon la maxime : qui paye
mal paye deux fois).
Par extension, le paiement irrégulier serait valable et libératoire “  si le créancier le
ratifiait ou s’il en avait profité ” ( l’article 1239 du code civil ) ou bien encore si le paiement
avait été fait de bonne foi et par suite d’une erreur légitime à une autre personne que le
créancier ( article 1240 du code civil ). Par exemple, lorsque le paiement a été fait à l’héritier
du créancier primitif, qui se trouve déshérité par un testament encore inconnu.
II- L’objet du paiement
En principe, le débiteur doit payer exactement ce qu’il doit, rien de plus , rien de moins.
Le paiement est la prestation exacte de l’objet promis, et le créancier n’est pas tenu
d’accepter une autre prestation.
 Le débiteur doit payer la chose même qui est due ( article 1243 du code civil ).
- S’il s’agit d’un objet déterminé et individualisé, celui-ci doit être remis dans l’état où il se
trouvait lors de la livraison et non nécessairement dans l’état où il se trouvait quand la dette a
été contractée. Si l’objet a été détérioré dans l’intervalle, le débiteur n’est libéré que si ces
détériorations ne sont pas survenues par sa faute.
- S’il s’agit d’une obligation de fournir un certain genre de marchandise, le débiteur n’est
pas tenu de donner de la meilleure qualité mais ne peut en offrir de la plus mauvaise. A
défaut d’une qualité convenue, il doit fournir une chose de qualité moyenne.
- Enfin, s’il s’agit d’une obligation de somme d’argent, le débiteur se libère en versant juste
le nombre d’unités monétaires constituant l’obligation, même si le pourvoir d’achat a subi des
altérations importantes entre le moment de la naissance de la dette et celui de son exécution.
C’est au créancier seul de supporter le poids des dépréciations monétaires. Pour éviter cette
conséquence, les contrats contiennent souvent les clauses d’indexations.
Les moyens de paiement monétaires sont normalement les “ instruments
monétaires ”, c’est –à-dire les billets de banque ou les pièces de monnaie. Subsidiairement, la
monnaie scripturale est aussi un moyen de paiement
( le chèque et le virement).
Mais ce dernier mode de paiement n’est jamais obligatoire pour le créancier, sauf
accord antérieur, car il lui impose le risque d’absence de provision. Une loi de 22 Octobre
1945, par exception à cette règle, a rendu obligatoire le règlement par virement ou chèque

91
barré des dettes contractuelles supérieures à mille francs pour les commerçants et artisans. De
même, les traitements et salaires supérieurs à mille francs doivent être obligatoirement versés
sur un compte, mais un paiement fait dans ces circonstances en billets de banque n’en
resterait pas moins libératoire. La sanction est seulement une amende fiscale.
Il faut noter que, dans tous les cas, ce n’est pas la remise du chèque qui libère le débiteur,
mais seulement l’encaissement par le créancier. En effet, un chèque sans provision ne peut
jamais être libératoire.
Malgré l’obligation faite au débiteur de payer la chose même qui constitue sa dette, il
peut en être autrement. Le créancier peut volontairement consentir à être payé par une
chose différente de celle qui faisait l’objet de l’obligation. On dit alors qu’il y a “ dation
en paiement ”. Le but d’une telle convention est très souvent le paiement en nature d’une
obligation de somme d’argent. Elle équivaut à une vente. Pour que la dation en paiement soit
possible, il faut le consentement des deux parties : le débiteur doit accepter de céder un bien
dont il est propriétaire, et le créancier accepter de recevoir un bien dont il n’a peut-être que
faire.

* Le débiteur doit payer la totalité de sa dette et le créancier ne peut être contraint à


accepter un paiement partiel, même si la dette est divisible. Le créancier pourrait refuser de
recevoir le capital de la dette, si le débiteur ne lui offrait pas en même temps les intérêts.
Ce principe souffre quelques exceptions :
- La plus fréquente est l’accord qu’ont pu passer le créancier et le débiteur, prévoyant un
paiement en fractions ou en termes, spécialement dans un contrat dont l’exécution s’étale
dans le temps (par exemple un bail).
- Si, par suite du non-paiement, l’affaire a été portée en justice, le juge a la possibilité
d’accorder des délais de grâce au débiteur.
- Si le débiteur décède en laissant plusieurs héritiers, la dette sera divisée entre-eux.
- Il est possible que le débiteur soit également créancier de son créancier. Si chacun a une
dette vis-à-vis de l’autre, ces dettes pourront se compenser, mais si elles sont de montants
différents, l’un des deux débiteurs ne recevra qu’un paiement partiel.
- Dans le cas d’une dette garantie par plusieurs cautions, si le débiteur ne payait pas, le
créancier pourrait poursuivre une des cautions. Or, celle-ci lui répondra de diviser son action
entre toutes les cautions solvables, afin de recevoir un paiement partiel de chacune d’entre
elles.

92
- Il se peut enfin, que le paiement soit effectué par chèque ou par lettre de change ; dans
cette hypothèse, le créancier est tenu d’accepter un paiement même partiel. En effet, plusieurs
signatures figurent sur ces instruments de paiement et chacun des signataires se trouve, de ce
fait, engagé solidairement au paiement. Ils seraient responsables si le dernier signataire ne
payait pas, ou s’il faisait un chèque sans provision. Mais si le débiteur payait, même
partiellement, les signataires seraient alors tous libérés ; c’est pourquoi dans ce cas, le
créancier est tenu d’accepter un paiement partiel.

III- Le moment du paiement


En principe, une obligation est immédiatement exigible. Mais si les parties ont
convenu d’un terme, le débiteur devra payer à la date convenue. Par exemple, un bail de
location stipule que les loyers seront payables tous les 31 de chaque mois, et que la location
expirera dans un an. Il y a donc un terme au paiement du loyer, et un terme au contrat de
location.
Les obligations qui prennent leur source dans un fait fautif ne peuvent être
immédiatement exigibles. En effet, la personne victime d’un accident de la route devra faire
un procès au responsable de l’accident, afin d’obtenir réparation du dommage qu’elle a subi.
Le montant des dommages-intérêts est alors fixé par décision de justice. Auparavant on n’en
connaissait pas la somme exacte.
Si le débiteur est prêt à payer, mais ne peut le faire car le créancier n’est pas
d’accord pour diverses raisons, ou si le créancier est inconnu, que peut-il faire ?
Il faut penser au cas où le créancier originaire meurt en laissant une succession
litigieuse, ou à l’hypothèse où le créancier refuse le paiement, parce qu’il n’est pas d’accord
sur le montant de l’obligation et craint que l’acceptation de ce qu’on lui offre soit ensuite
interprétée à son détriment comme une renonciation tacite à faire valoir ses droits.
La procédure des “ offres réelles et consignation ” va alors permettre au débiteur de se
libérer vis-à-vis du créancier.
Le débiteur fait d’abord des “ offres ” au créancier par l’intermédiaire d’un huissier ou
d’un notaire. Ces offres doivent être “ réelles ” et non verbales : elles doivent être appuyées
par la présentation de l’objet ou de la somme due. Ces offres sont faites en principe au
domicile du créancier. Si celui-ci refuse les offres, il est procédé après un dernier
avertissement à la “ consignation ”, c’est-à-dire à la remise de l’objet dû entre les mains d’un
tiers qualifié pour le garder ou s’il s’agit d’une somme d’argent, à la Caisse des Dépôts et

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Consignations. Des procès verbaux dressés par un notaire ou un huissier constatent toute
l’évolution de la procédure.
La consignation a pour effet de libérer le débiteur totalement si le créancier l’accepte
enfin, ou si un jugement ( à supposer que le créancier refuse, le débiteur peut le citer en
justice) l’a déclarée bonne et valable. Mais, tant que le créancier n’a pas accepté ou qu’il n’y a
pas de jugement définitif, le débiteur peut se rétracter et reprendre ce qui a été consigné.
IV- Le lieu du paiement
L’article 1247. du Code civil prévoit que “ le paiement doit être exécuté dans le lieu
désigné par la convention ”. Et l’article 1162 que “ dans le doute, la convention s’interprète
contre celui qui a stipulé et en faveur de celui qui a contracté l’obligation ”. Il faut déduire de
la loi que le paiement doit en principe avoir lieu au domicile du débiteur , car les dettes
sont quérables : le créancier doit aller les chercher, les “ quérir ”. Par exception seulement,
le créancier et le débiteur ont pu se mettre d’accord pour que la dette soit portable, portée
par le débiteur au domicile du créancier. Cette convention est d’ailleurs interdite aux
assureurs, dont on pourrait redouter les abus, étant donné leur puissance économique. La loi
prévoit d’autres exceptions : s’il s’agit d’un objet déterminé qui a été emprunté, la restitution
doit être effectuée au lieu de l’emprunt.
Ce texte a évidemment été dicté par des considérations d’ordre pratique. La pension
alimentaire doit également être obligatoirement versée au domicile du créancier. On veut alors
protéger le créancier. Les frais du paiement sont à la charge du débiteur.
V- La preuve du paiement 
Le principe est que celui qui prétend avoir payé doit le prouver, même s’il s’agit
d’une obligation de faire. Par exemple, le médecin doit justifier les soins qu’il a donnés. Cette
preuve est en général fournie sans difficulté. Et c’est seulement quand elle aura été faite, que
le créancier pourra à son tour prouver la faute dans l’exécution ; par exemple, faire la preuve
que les soins n’ont pas été conformes aux règles de l’art.
Il n’y a que dans le cas exceptionnel d’une obligation de s’abstenir (engagement de
non-concurrence) qu’il appartient au créancier d’établir le non-paiement, en l’occurrence
l’acte de concurrence. Il peut aussi arriver que le paiement soit présumé : par exemple,
dans la vente au comptant, la remise de la chose à
l’acheteur fait présumer le paiement du prix.
Les modes de preuve
En l’application de l’article 1341 du Code civil, tous les paiements d’une somme
supérieure à 50 F doivent être constatés par un écrit appelé quittance ou reçu. Pour être

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valable cet écrit doit être signé par le créancier et soumis au droit de timbre. L’ absence de
timbre est seulement sanctionné par une amende fiscale.
L’enregistrement de la quittance n’est pas obligatoire, ce qui entraîne des
inconvénients. Le débiteur risque de payer deux fois, car la date qui figure sur le reçu n’est
pas “ certaine ”. Supposons que le débiteur règle sa dette au créancier.
Or celui-ci cède sa créance à l’insu du débiteur ; le second créancier va à son tour
réclamer le paiement au débiteur. Ce dernier possède une quittance, mais il doit prouver qu’il
a payé avant la cession de créance, d’où l’importance de la date.
Or la date figurant sur une quittance non enregistrée ne fait pas foi et notre débiteur
malheureux devra donc payer une seconde fois. Son seul recours sera d’aller devant les
tribunaux.
Pour les sommes importantes, il est donc conseillé de faire enregistrer le reçu, mais
pour les petites sommes, cela est peu rentable étant donné le coût de cette formalité (environ
100F). Cette question est d’ailleurs en partie résolue par le chèque et le virement , car les
écritures comptables font la preuve du paiement .
La preuve du paiement ne se fait pas toujours par écrit. En matière commerciale,
comme nous pouvons le constater dans la vie quotidienne, l’exigence d’un écrit n’est pas la
règle. La rapidité nécessaire aux opérations commerciales, et l’existence de livre de compte
justifient la liberté de la preuve du paiement. Il suffit qu’une seule des deux parties soit
commerçante, ou ait agi dans le cadre de son commerce, pour que la preuve puisse être faite
par tous les moyens.
En matière civile, lorsque le paiement est inférieur à 50 francs, la preuve peut
aussi être faite par tous moyens, notamment par témoignage, aveu, serment ou présomption.
Les tribunaux ont appliqué très largement cette règle et admettent qu’ en général, les
médecins peuvent prouver autrement que par écrit les soins donnés à leurs malades ; il en est
de même des professeurs pour les leçons données à leurs élèves, et des avoués pour le dépôt
du dossier sur le bureau du magistrat.
Les tribunaux dispensent de la preuve par écrit en raison de certaines circonstances,
notamment s’il y a eu impossibilité morale de se procurer un écrit à cause du lien de
subordination ou d’alliance qui unissait le débiteur et le créancier.

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VI - LES EFFETS DU PAIEMENT
Le paiement a pour effet d’éteindre l’obligation.
Mais si le débiteur ne fait qu’un paiement partiel, celui-ci s’impute sur la dette. Si un
capital, plus ses intérêts, est dû par le débiteur, le paiement partiel qu’il pourrait faire
s’imputerait en principe sur les intérêts. En cas de pluralité de dettes, le débiteur peut préciser
quelle dette il entend acquitter, et s’il ne le fait pas, le créancier peut, sur la quittance, imputer
le paiement partiel sur la dette de son choix. A défaut, la loi prévoit l’imputation, d’abord sur
les dettes échues, et parmi celles-ci, sur les dettes que le débiteur “ avait le plus intérêt à
acquitter ”, c’est-à-dire celles qui portent l’intérêt le plus élevé, ensuite si elles sont de même
intérêt, la plus ancienne, et enfin proportionnellement.
Exercice I

1- Le paiement est toujours fait par le débiteur.


2- Le paiement est toujours fait au créancier.
3- Le délai de grâce est un délai accordé par le juge au débiteur.
4- Le débiteur peut toujours payer par anticipation.
5- La quittance est le reçu remis par le créancier au débiteur.
6- La prescription de droit commun est de dix ans.

Exercices II

Q : Selon l’art. 1236 al 1 : “ Une obligation peut être acquittée par toute personne qui y est
intéressée ”. Or l’alinéa 2 ajoute que “ l’obligation peut même être acquittée par un tiers qui
n’y est pas intéressé … ”. Si le tiers a agit au nom du débiteur, il dispose de quel recours pour
avoir son argent.
R : Ce recours était traditionnellement fondé suivant les cas, sur le mandat ou la gestion
d’affaires, voire l’enrichissement sans cause. La cour de Cassation paraît aujourd’hui rendre
inutile la recherche d’un tel fondement et considérer que ce recours est justifié par le seul fait
de la libération du débiteur : le tiers qui a payé la dette d’autrui sans y être tenu a un recours
contre le débiteur, dont la cause dit-elle résulte du seul fait du paiement “ générateur d’une
obligation nouvelle, distincte de celle éteinte par le paiement ” (cass. 1ère civ, 15 mai 1990,
Bll. Civ. I, N° 106, D ; 1991, P. 538 note VIRASSAMY). Voir suite P. 1103

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Q : Une commande passée à un artiste A peut-elle être exécutée par un artiste B (tiers) en
vertu du ppe que toute obligation peut être acquittée par un tiers.
R : Il s’agit d’une obligation de faire et l’intuitu personae a concouru à la formation du lien
obligatoire, le créancier peut refuser.
Q : Le paiement dû à une société avait été encaissé par son dirigeant, pis débité de son compte
courant d’associé. Un tel paiement est-il valable ?
R : L’article 1239 cc précise en son alinéa 2 que le paiement fait à une personne qui n’avait
aucun pouvoir pour le recevoir est néanmoins valable, si le créancier le ratifie ou s’il en a
profité.
Q : Un paiement a été fait, pour l’intégralité de la dette, à l’un des héritiers, alors que l’autre
héritier était dans le temps, débiteur du premier.
R : Par compensation ce paiement aura éteint cette dernière dette. Voir aussi réponse ci-
dessus
Q : A doit à B mais paie à C. Un tel paiement est-il valable ?
R : Le paiement fait à un tiers sans pouvoir est nul : “ qui paye mal, paye deux fois ”.

97
Chapitre II- Le paiement indirect 
I- La novation
C’est une convention aux termes de laquelle une obligation est substituée à une autre.
Les différentes sortes de novations
 Il peut y avoir novation par changement de dettes entre les mêmes parties, soit par
changement de l’objet ( à une dette de somme d’argent est substituée une dette en
marchandise), soit par changement de cause
( dans une vente, les parties conviennent que l’acheteur ne payera pas immédiatement
le prix et qu’il le conservera à titre de prêt).
 La novation par changement de débiteur et par changement de créancier se
distingue de la cession de dette ou de créance, car elle crée une obligation nouvelle au
profit du nouvel obligé ( ce n’est pas la transmission de l’obligation ancienne) et le
consentement du débiteur est nécessaire pour la novation ( pas pour la cession)

Conditions de la novation
Il faut que la volonté d’opérer la novation résulte clairement de l’acte, et émane de parties
capables. L’obligation novée et l’obligation nouvelle doivent être valables ( et non nulles)
Effets de la novation
La novation éteint l’obligation ancienne et tous ses accessoires (sûretés et
hypothèques), à moins que les parties ne les aient réservés au profit de l’obligation nouvelle,
et à condition que les cautions ou les codébiteurs solidaires y consentent.
La novation crée une obligation nouvelle qui se substitue à l’ancienne.
II- La délégation
C’est un acte par lequel une personne, le “ délégant ”, prescrit à une autre, le 
“ délégué ”, de s’engager envers un troisième, le “ délégataire ”
Le plus souvent, la délégation intervient entre des personnes déjà liées par des rapports
juridiques antérieurs ; le délégant étant créancier du délégué et débiteur du délégataire.
Cette opération présente un intérêt pratique certain, puisqu’une seule obligation se substitue
aux deux obligations initiales.
Parfois la délégation intervient entre les personnes non liées par des rapports
juridiques antérieurs. Par exemple, une personne peut vouloir prêter à un ami une somme
qu’elle n’a pas, elle va alors charger quelqu’un de remettre la somme.
On peut distinguer deux sortes de délégation :

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La délégation parfaite, si le délégataire a voulu libérer le délégant en conséquence du
seul engagement pris par le délégué envers lui, et s’il a expressément déclaré qu’il entendait
décharger son débiteur.
La délégation imparfaite se rencontre toutes les fois où le délégant reste engagé,
jusqu'à ce que le délégué ait payé le délégataire.
Quant au délégant, la délégation parfaite entraîne sa libération immédiate envers le
délégataire, même si le délégué ne paye pas ensuite, sauf si le délégataire s’est expressément
réservé un recours ou bien si le délégué est en faillite au moment de la délégation.
Si la délégation est imparfaite, la dette du délégant ne s’éteindra qu’au moment où
le délégué paiera le délégataire.
Quant au délégué, qu’il s’agisse de délégation parfaite ou imparfaite, même s’il ne
payait pas, le délégant serait libéré immédiatement envers le délégataire, sauf si le délégataire
s’est expressément réservé un recours, ou bien si le délégué est en état de règlement judiciaire
ou de liquidation des biens.
Il faut distinguer la délégation de la novation et de la cession de créance. La
délégation est possible sans novation, s’il n’y a pas de rapport juridique préexistant entre les
parties, et même en cas de délégation parfaite, la novation est le résultat de la délégation . A la
différence de la cession de créance , il y a avec la délégation création d’une nouvelle
obligation et consentement du débiteur.
III- La compensation de dettes
La compensation est l’extinction de deux obligations de la même espèce, en particulier
de deux obligations de somme d’argent, existant réciproquement entre deux personnes ;
l’extinction est totale si les deux dettes ont le même montant, elle est partielle, jusqu'à
concurrence de la plus faible, si les deux dettes ont un montant différent.
On peut dire que chacun des intéressés se paie de sa créance en ne payant pas sa dette, ou
bien qu’il paie sa dette en ne faisant pas payer sa créance.
IV- La confusion de dettes
On dit qu’il y a la confusion de dettes lorsque les qualités de créancier et de débiteur
de la même obligation se réunissent en la même personne. Par exemple, le père qui a fait un
prêt à son fils, meurt et ce dernier devient héritier de son créancier.
Il faut cependant que la succession soit acceptée purement et simplement pour qu’il y
ait confusion des patrimoines ; s’il y a acceptation sous bénéfice d’inventaire, les patrimoines
restent séparés et la confusion de dettes ne pourrait pas jouer.
La confusion a pour effet l’extinction totale ou partielle de obligation .

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V- La remise de dette
C’est l’acte par lequel un créancier renonce à sa créance.
Les mobiles du créancier peuvent être d’ordre affectif et désintéressés ; il fait alors une
libéralité déguisée. Mais il se peut également qu’il consente une remise de dette en
contrepartie d’un avantage fourni par le débiteur. En toute hypothèse, la remise de dette éteint
l’obligation.
D’ailleurs, la loi dit que la remise du titre de créance, par le créancier au débiteur, fait
présumer le paiement ou la remise de dette.
VI- La prescription extinctive.
Lorsque le créancier ne réclame pas le paiement de l’obligation à son débiteur pendant
un certain délai, on considère que l’obligation est éteinte.
Le délai de prescription
En matière civile le délai est en principe de trente ans. Si le vendeur d’un immeuble
ne réclame par le paiement du prix à son débiteur récalcitrant pendant trente ans, ce dernier
est alors devenu le propriétaire régulier de l’immeuble.
Il existe des prescriptions de cinq ans : pour toutes les dettes “ payables par année ou à des
termes plus courts ”. Elles concernent les loyers, les pensions alimentaires, les intérêts de
somme d’argent.
Enfin, les prescriptions plus courtes sont fondées sur une présomption de paiement : sont
prescrites :
- au bout de deux ans les créances des médecins, sages femmes, pharmaciens pour leurs
visites, opérations et médicament ;
- au bout d’un an les créances de salaire des domestiques à l’année, celle des
pensionnés et des huissiers.
- Au bout de six mois les créances de salariés, maître et instituteurs, des hôteliers et des
traiteurs.
En matière commerciale, la prescription est en principe de dix ans. Le délai est abrégé
pour la lettre de charge et le billet à ordre dont le paiement est prescrit par trois ans, et pour le
contrat de transport qui se prescrit seulement par un an.
Le délai des prescriptions part du jour où l’obligation est exigible : donc, s’il s’agit d’une
obligation sous condition suspensive ; du jour de la réalisation de cette condition ; si un terme
a été prévu, du jour de l’échéance ; enfin, s’il s’agit d’une obligation de ne pas faire, du jour
de l’acte contraire à l’abstention promise.

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L’interruption de la prescription est l’arrêt de la prescription, qui recommence à courir
à dater de l’événement interruptif.
Les causes d’interruption sont : un acte de poursuite du créancier qui réclame son
paiement ( citation en justice, commandement ), ou bien une reconnaissance de dette de’ la
part du débiteur. Pour les courtes prescriptions, la présomption de paiement ne peut plus
exister, et le délai qui recommence à courir à dater de l’événement sera de trente ans.
La suspension de la prescription est un arrêt momentané de celle –ci.
Elle joue au profit des créanciers qui sont dans l’impossibilité d’agir en justice
( mineurs et majeurs en tutelle etc...) quand il s’agit de prescriptions dont le délai est supérieur
à cinq ans. La prescription cesse alors de courir tant que dure la cause de suspension
(minorité par exemple ) elle recommence ensuite à courir, et le temps déjà couru s’ajoute.
La prescription est d’ordre public ; les parties ne peuvent donc y renoncer dans une
convention. Elles peuvent seulement en allonger le délai, en faveur du débiteur.
Les effets de la prescription
Elle prive le créancier du droit de poursuivre son débiteur.

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