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DROIT DES OBLIGATIONS

ET
CONTRATS

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DROIT DES OBLIGATIONS ET CONTRATS

Le DOC a été introduit au Maroc par le protectorat pour régir et défendre les intérêts français et pour
spolier les terres marocaines par un texte qui ne pourrait être contesté.
Quelle est la place du droit des obligations dans les études juridiques et dans la vie quotidienne ?
D’une part, un intérêt théorique :vu que le droit des obligations est le droit commun de certaines disciplines
du droit privé comme le droit commercial et le droit de travail voire le privé.
D’autre part, un intérêt pratique : dû à la présence de rapports contractuels dans la vie quotidienne des
personnes.

Introduction générale au droit des obligations et contrats

- Le droit des obligations regroupe l’ensemble des règles juridiques gouvernant les rapports patrimoniaux
entre deux ou plusieurs sujets de droit.
- Le Droit des obligations englobe les principes généraux de l'obligation alors que le droit des contrats
spéciaux s'attache à l'analyse des règles particulières, spécifiques à des contrats précis (la vente, le mandat.).

PLAN DU COURS
 CH 0 : INTRODUCTION GENERALE
 CH I : LA FORMATION DU CONTRAT
 CH II : LES SANCTIONS DE FORMATION DU CONTRAT
 CH III : LES EFFETS DU CONTRAT
 CH IV : L’INEXECUTION DU CONTRAT
 CH V : LES QUASI CONTRATS

CHAPITRE 0:
INTRODUCTION GENERALE
 Section I: La notion d’Obligation
 Sens général: on dit qu’il y a obligation lorsqu’il s’agit d’un devoir.
 Sens commercial : il s’agit de titres émis par une société anonyme.
 Sens civil : c’est un lien de droit entre deux personnes, le créancier et le débiteur.

Caractères de l’obligation :
L’obligation a deux caractères : patrimonial et personnel.

CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS SELON LEUR NATURE (02):


- Obligation civile: celle qui peut être exécutée en Justice. Ex: remboursement d’une dette.
- Obligation naturelle: ne peut pas être exécutée en Justice. Ex: entraide entre voisins.

CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS SELON LEUR OBJET (03) :


- L’obligation de donner: transférer la propriété d’une chose. Ex: le contrat de vente.
- L’obligation de faire: accomplir une prestation. Ex: soins médicaux, défense d’un client.
- L’obligation de ne pas faire: engagement à s’abstenir. Ex: obligation de non-concurrence.

CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS SELON LEUR INTENSITE (02):


- L’obligation de résultat: engagement d’atteindre un résultat. Ex: le transporteur s’engage à transporter
la marchandise d’un point A à un point B.
- L’obligation de moyens: engagement d’agir avec diligence sans garantie de résultat Ex: l’obligation
du médecin à l’égard de son malade.
CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS SELON LEUR SOURCE (art. 1 du DOC)
- Les conventions (le contrat).
- Les déclarations de volonté (la démission).
- Les quasi-contrats (gestion d’affaires, enrichissement sans cause et répétition de l’indu).
- Les délits (vol) et les quasi-délits (accident de voiture involontaire).
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 Section II : La notion de contrat
Contrat = Acte Juridique
- Définition de l’acte juridique: manifestation de volontés destinées à produire des effets de droit. Il peut être
bilatéral (contrat de vente) ou unilatéral (démission).
Les actes juridiques constituent l’une des sources des obligations volontaires, c’est-à-dire les obligations
contractuelles et les obligations nées d’un engagement unilatéral.
GENERALITES
Le Contrat est synonyme de convention selon le DOC mais la convention est plus large que le contrat,
c’est-à-dire que la convention est un ensemble et le contrat est un genre. Le Contrat est donc synonyme
d’engagement pris par une personne envers une autre. Ex: la convention de coopération entre l’université et la
CGEM accompagnée de contrats d’application. Aussi, le contrat est un acte juridique créateur d’obligations.

1. L’importance du contrat dans la vie quotidienne des personnes physiques et morales :


Le contrat présente la catégorie la plus importante parmi les actes juridiques, c’est un instrument essentiel
dans les rapports juridiques et économiques. Ex: contrat de vente, contrat de bail…
Le contrat est un accord de volonté qui crée des effets de droit, Ex: la vente crée des effets de droit entre le
vendeur et l’acheteur: l’un s’engage à payer et l’autre s’engage à fournir un bien ou un service en échange.
Juridiquement, le contrat est la source principale des obligations qui créent et transfèrent les droits, les parties
qui s’engagent dans un contrat sont soumises aux règles qu’elles ont fixées par consentement mutuel. (Art 230
du DOC: « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».

Distinction entre le contrat et l’acte unilatéral :


Les deux se distinguent par le nombre de personnes juridiques manifestant leur volonté de produire des
effets. Pour l’acte unilatéral, une seule personne manifeste sa volonté tandis que pour l’acte bilatéral, il
s’agit de la manifestation de volonté de deux personnes.

Distinction entre le contrat et les accords non-obligatoires :


Les accords non-obligatoires sont des actes qui ne produisent pas des effets de droit, Ex : actes de
courtoisie et engagements d’honneur.
Les contrats sont des accords de volontés destinés à produire des effets de droit tandis que les accords non-
obligatoires sont aussi des accords de volonté, mais qui n’ont aucune force obligatoire et ne produisent pas des
effets de droit.

§1. Fondement du contrat: Principe de l’autonomie de la volonté


C’est le principe fondamental du contrat, selon lequel l’individu est autonome et libre dans sa volonté de
contracter ou de ne pas contracter. La volonté de l’individu est donc la seule à pouvoir créer, transférer ou
éteindre des droits et des obligations. La volonté constitue le fil conducteur du contractant (qui peut le plus
peut le moins).

A. Origine historique du principe :


- La philosophie individualiste : l’Homme est totalement libre dans ses choix.
- Le libéralisme économique : c’est le principe de laisser faire, laisser passer qui s’est traduit en laisser
contracter. Ce principe est considéré dans la science juridiques « liberté contractuelle », et de ce fait, les
conséquences de ce principe impactent la formation du contrat et ses règles.

B. Portée du principe :
Ce principe détermine les règles applicables à la formation du contrat ainsi que les règles qui régissent ses
effets. La formation du contrat est effectuée par le consentement volontaire et mutuel des parties: c’est le
principe du consensualisme.

C. Effets du Principe d’autonomie de la volonté :


* La force obligatoire du contrat: après la conclusion du contrat, celui-ci devient la loi des parties « art 230
du DOC ».
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* L’effet relatif du contrat: selon ce principe, le contrat ne s’applique qu’aux parties qui l’ont conclu à
l’exception des tiers « article 229 du DOC ».

D- Les limites au principe d’autonomie de la volonté :


 La raison d’être des limites :
D’abord l’anarchie juridique entraînée par l’autonomie de la volonté a nécessité l’intervention du
législateur pour réglementer certains contrats, Ex: contrat de travail, d’assurance…
Ensuite, pour faire respecter de l’ordre public et les bonnes mœurs.

§2 Classification des contrats :


I. Classification Selon les conditions de formation : A) les conditions de forme ; B) les conditions de fond.
A) Les conditions de forme (03):
- Les contrats consensuels : sont formés par le simple échange de consentement, Ex: vente (article 488 DOC).
- Les contrats solennels : nécessitent outre l’échange des consentements des parties, le recours à un
formalisme spécial, Ex: contrat de mariage, contrat de sociétés.
- Les contrats réels : nécessitent la remise d’une chose, Ex: le contrat de dépôt (article 787 du DOC).

B) Les conditions de fond (04):


- Les contrats d’adhésion : les contractants y adhèrent sans négociation préalable, Ex: contrat d’assurance,
contrat de transport.
- Le contrat de gré à gré: il est le fruit d’une négociation entre les parties, Ex: contrat de vente.
- Les contrats collectifs: sont formés entre plusieurs personnes qui représentent une communauté sans le
consentement de ses membres, Ex: convention collective de travail.
- Les contrats individuels: conclus par les personnes individuellement, Ex: contrat de vente.

II. Classification selon le contenu : A) La réciprocité des engagements ; B) Le But poursuivi.


A) La réciprocité des engagements :
- Le contrat synallagmatique ou bilatéral: les parties ont des obligations réciproques, Ex: contrat de vente.
- Le contrat unilatéral: une personne est obligée envers une autre sans engagement de l’autre partie, Ex: prêt
d’une chose.
- L’acte unilatéral: émane d’une seule personne, Ex: démission, testament.

B) Le But poursuivi :
- Les contrats à titre gratuit: il n’y a pas d’avantage personnel au moins pour une partie, Ex: don.
- Les contrats à titre onéreux: chaque partie cherche un avantage (vente).
- Les contrats commutatifs: avantages des parties déterminés dès la conclusion du contrat, Ex: contrat de
transport.
- Les contrats aléatoires: l’avantage recherché dépend d’un événement incertain, Ex: LOTO.

III. Classification selon leur exécution :


- Les contrats à exécution immédiate, Ex contrat de vente
- Les contrats à exécution successive: ils sont exécutés dans le temps Ex: contrat de travail.

IV. Classification selon la réglementation :


- Contrats nommés: réglementés par le DOC ou d’autres textes, Ex: contrat de vente.
- Les contrats innommés: contrats dégagés par la pratique mais sont soumis aux principes généraux de
conditions de validité du contrat, Ex: contrat de parking, de camping.

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CHAPITRE I :
Formation du contrat

 Article 2 du DOC prévoit les conditions nécessaires pour la formation des obligations contractuelles. Il
délimite 4 conditions essentielles:
 La capacité de s’obliger ;
 Une déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l’obligation ;
 Un objet certain pouvant former objet d’obligation ;
 Une cause licite de s’obliger.

 Section 1: La capacité
La capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droits et à pouvoir les exercer. L’article 3 du DOC
stipule que la capacité civile de l’individu est régie par la loi de son statut personnel.
« Il y a autant de régimes de capacités que de communautés installées au Maroc »
La capacité a pour objet de protéger les incapables.
Il y a deux sortes d’incapacités : l’incapacité de jouissance et l’incapacité d’exercice.
- L’incapacité de jouissance: est la privation de jouir d’un droit du fait de la loi, Ex : l’incapacité des
étrangers à exercer une fonction publique et de voter.
- L’incapacité d’exercice: empêchement d’exercer certains droits ; mais l’incapable peut être représenté ou
assisté par son tuteur pour exercer ses droits (mineur), Article 208 du code de la famille.

** Les incapacités d’exercice :


- Le mineur: la capacité est fixée à l’âge de 18 ans révolus. Cependant, le mineur incapable peut être émancipé
par le tribunal, par la procédure d’émancipation et peut exercer de ce fait certains actes, mais il peut également
être représenté par son tuteur.
- Le majeur: l’incapacité peut frapper les majeurs dont les facultés mentales ont été altérées et le commerçant
qui a fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire selon le livre V du code de commerce (la faillite).

** Le régime des actes accomplis par les incapables :


En principe, les actes accomplis par un incapable sont frappés d’une nullité relative qui peut être invoquée
par la personne concernée.

 Section II: Le consentement


Le consentement consiste à ce qu’une personne communique à une autre sa volonté de contracter, c’est la
déclaration de volonté prévue par l’article 2 du DOC. Il faut donc que le consentement existe et qu’il soit
intégral, c’est-à-dire qu’il ne doit pas être entaché d’un vice.

--- l’existence du consentement


Le consentement doit être réel, sérieux et libre, il doit être tacite ou expresse.

A) La constatation de l’accord de volonté :


Pour constater l’existence de l’accord de volonté, on prend en considération la volonté réelle des parties,
c’est-à-dire la compréhension réciproque sur la conclusion du contrat et son contenu. Cet accord peut être de
fait ou de droit. Lorsque les parties ne sont pas d’accord sur un élément de contrat, il n’y a pas d’accord de
volonté réciproque, Ex: désaccord sur le prix, sur le contenu du contrat.

B) Le contenu de l’accord :
Afin que l’accord produise ses effets contractuels, il faut qu’il porte sur tous les éléments essentiels du
contrat définis par la loi ou par les parties, Ex: l’achat d’une voiture de marque selon le modèle, le prix, le
mode de paiement. Le contenu doit être déterminé ou déterminable.

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C) Les différents types d’accords :
- L’accord sans négociation préalable: ce sont les contrats d’adhésion qui ne sont pas négociés, développés
dans la société de consommation, Ex: contrat d’abonnement téléphonique, contrat de transport et autres
contrats de consommation.
- Les négociations préalables à l’accord: dans certains contrats de grande importance, on assiste à une phase
préalable de négociation qui se manifeste par un protocole d’accord sur les négociations, Ex: le contrat de
construction de barrages, d’autoroutes…
II. L’échange de manifestation de volonté :
C’est la rencontre entre l’offre et l’acceptation. L’offre (Article 22 à 32 du DOC. Elle peut être définie comme
étant l’acte unilatéral par lequel une personne manifeste sa volonté de contracter en adressant une proposition
à autrui. Elle peut être simple ou assortie de réserves. Les réserves qui ne sont pas portées à l’autre partie
n’ont aucune valeur juridique.
En principe, selon le DOC, l’offre a un effet obligatoire: elle lie son auteur dès l’acceptation.
- La mort et l’incapacité de l’offrant n’entraîne pas à caducité de l’offre à condition que le destinataire de
l’offre ait accepté avant de connaître ces éléments.
- L’acceptation: c’est l’agrément de l’offre qui consiste à déclarer sa volonté d’accepter l’offre proposée, que
ce soit de manière expresse ou tacite. L’acceptation suppose la concordance de deux volontés: celle de
l’auteur de l’offre et du destinataire conformément à l’article 28 du DOC. Le silence ne vaut pas acceptation.
- L’acceptation a pour effet la conclusion du contrat, cependant il se pose le problème de la détermination de
la date des effets. L’article 23 du DOC fait la distinction entre la formation du contrat en présence des parties
et le contrat par correspondance.
Le problème du contrat par correspondance c’est qu’il est conclu entre absents. Il pose le problème de la
localisation du contrat dans le temps et dans l’espace. De ce fait, il importe de déterminer la loi applicable et
le lieu de compétence. Si le contrat est déjà conclu, il est soumis à la loi ancienne. Dans le cas contraire, c’est
la loi nouvelle qui s’applique. La localisation du contrat dans l’espace permet de déterminer le tribunal
compétent.

 Les solution apportées au problème de la localisation du contrat dans l’espace :


- En matière contractuelle la compétence du tribunal n’est pas exclusivement liée au tribunal du défendeur,
les parties peuvent choisir un autre tribunal compétent. Ex: le contrat conclu au Maroc peut relever de la
compétence du Tribunal de Commerce de Paris selon la volonté des parties.

 Les solutions apportées au problème de la localisation du contrat dans le temps :


- La détermination du contrat dans le temps est partagée entre la théorie de l’expédition et la théorie de la
réception. La théorie de la réception est fondée sur la date de réception de la lettre, qui illustre l’échange du
consentement, Ex: lettre reçue le 10 Janvier.
- La théorie de l’émission est fondée sur la date de l’expédition de la lettre, Ex: date d’envoie de la lettre est
Janvier 2020.

 La position du DOC (article 24) :


Selon le DOC, le contrat par correspondance est parfait au moment et dans le lieu où celui qui a reçu l’offre
répond en l’acceptant, c’est la consécration du système de l’expédition.

 Défauts et vices du consentement :


Le consentement donné doit être protégé contre les vices qui peuvent l’affecter. Il faut distinguer entre les
défauts du consentement et les vices du consentement.
Il y a défaut de consentement lorsqu’il n’y a pas de déclaration de volonté ou lorsque le consentement
exprimé n’est ni réel ni sérieux, Ex: A est rentré dans un magasin tout simplement pour se promener et savoir
les nouvelles collections, il n’a pas l’intention d’acheter. B a cru que l’essayage du costume par A est déjà une
manifestation d’acheter.

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III. Les vices du consentement
A/ L’erreur ;
B/ Le dol ;
C/ La violence ;
D/ La lésion ;
E/ La maladie et les Cas analogues

A) L’erreur :
L’erreur est une fausse manifestation de la réalité, elle consiste à voir vrai ce qui est faux, Ex: erreur sur
l’objet du contrat. En matière contractuelle, il y a une variété d’erreurs, Ex: erreur sur l’objet du contrat, sur
l’étendue de l’obligation, sur la personne, erreur de droit. Mais généralement, il y a deux catégories d’erreurs:
l’erreur obstacle et l’erreur insignifiante.
a) Erreur obstacle: source de rescision du contrat
Le DOC prévoit 3 catégories d’erreurs:
1- Erreur sur l’identité, l’espèce et la qualité de l’objet.
2- Erreur sur la personne du contractant.
3- Erreur de droit.

1- Erreur sur l’identité, l’espèce et la qualité de l’objet :


- L’article 41 du DOC. Il en résulte que c’est la qualité de l’objet ayant déterminé l’engagement du contractant
qui doit être prise en considération pour demander la nullité du contrat, Ex: bijoux en or, tableau de peinture
Chaïbia Talal, tapis Rbati.

2- Erreur sur la personne du contractant :


L’article 42 du DOC, l’erreur sur la personne n’est source de rescision que lorsque la personne de l’une des
parties est déterminante, Ex: erreur sur la personne d’un arbitre dans un litige commercial, erreur sur la
personne de médecin qui va opérer le malade, erreur entre deux sœurs jumelles dans le contrat de mariage.

3- Erreur de droit :
L’article 40 du DOC, l’erreur de droit ne peut entraîner la rescision du contrat que lorsqu’elle constitue la
cause principale invoquée par la victime, Ex: le vendeur qui s’est trompé sur la nature de son droit de
propriété dans un contrat de vente.

*** Atténuation du principe :


- L’erreur imprévisible ;
- L’erreur impardonnable.
Les deux ne donnent pas lieu à la rescision du contrat.
 L’erreur imprévisible :
L’erreur imprévisible est celle qui n’est pas connue de l’autre contractant.

 L’erreur impardonnable :
L’erreur impardonnable ou inexcusable émanant par imprudence ou négligence ne donne pas lieu à la
rescision du contrat, Ex: la faute de la victime qui prétend ignorer le droit.
B/ Le Dol (article 52 et 53 du DOC)
le Dol est une manœuvre qui consiste à induire en erreur son cocontractant par l’utilisation de moyens
frauduleux ou par une réticence pour l’amener à contracter, ce qui justifie l’annulation du contrat.
L’article 52 du DOC, il en résulte que l’annulation du contrat pour cause de Dol peut avoir lieu lorsque le Dol
est déterminant dans la conclusion du contrat.

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1) La faute intentionnelle :
- L’intention de tromper est un élément nécessaire pour la constitution du Dol, ce qui exclut la négligence
dans la fourniture de certains renseignements qui ne sont pas importants dans la formation du contrat.
2) Les éléments constitutifs du Dol :
a) Les manœuvres dolosives ou frauduleuses.
b) Les mensonges.
c) La réticence dolosive.

a) Les manœuvres dolosives ou frauduleuses :


les manœuvres frauduleuses sont des moyens utilisés par le vendeur pour amener le contractant à s’engager,
Ex: la modification du kilométrage par un garagiste, peindre une voiture ayant été accidentée sans le préciser.

b) Les mensonges :
Les mensonges sont assimilés aux manœuvres frauduleuses, mais il faut faire la distinction entre les
mensonges tolérés dans le commerce et les mensonges graves qui induisent le contractant en erreur. Ex:
l’origine de la marchandise vendue, la date de péremption de la marchandise, publicité mensongère.

c) La réticence dolosive :
La réticence dolosive est le fait d’observer le silence sur un fait déterminant dans la formation du contrat,
Ex: la dissimilation d’un procès en cours sur les meubles objet du contrat.
N.B : l’auteur du Dol peut être le contractant ou un tiers.

3) La sanction du Dol :
Le Dol entraîne la rescision du contrat conformément à l’article 52 du DOC à condition qu’il ait porté sur
les éléments déterminants du contrats. Par contre, lorsqu’il porte uniquement sur les accessoires de
l’obligation, il ne peut pas justifier la rescision du contrat.
N.B : La victime du Dol peut obtenir réparation du préjudice subi.

C/ La violence (article 45 à 51 du DOC)


La violence est une contrainte sur la volonté d’une personne pour l’amener à contracter, Ex: la menace
physique ou morale. La violence doit être déterminante et illégitime.
1/ Le caractère déterminant de la violence.
2/ Le caractère illégitime de la violence.

1) Caractère déterminant de la violence, article 47 du DOC :


Cet article exige le caractère déterminant de la violence et la création de la crainte du contractant sur son
honneur ou sur sa personne.

2) Le caractère illégitime de la violence, article 46 du DOC :


Seule la violence illégitime est source de rescision du contrat conformément à l’article 46 du DOC. La
crainte résultant du lien de parenté ou de l’exercice d’un droit devant le tribunal ne constitue pas une violence
illégitime. La violence justifie la rescision du contrat lorsqu’elle émane de l’une des parties ou qu’elle émane
d’un tiers.
D) La lésion, Articles 55 et 56 DOC :
C’est un déséquilibre financier entre les prestations résultant d’un contrat à titre onéreux. La lésion se
distingue de l’imprévision et de l’erreur. L’imprévision est un déséquilibre postérieur à la conclusion du
contrat à cause d’un événement imprévu, Ex: augmentation du prix de la matière première. L’erreur se
distingue de la lésion par son objet, son espèce et sa qualité, alors que la lésion porte une mauvaise
appréciation économique de la valeur de la chose.
Le droit musulman entraîne la rescision du contrat pour lésion.
a) Le Principe: « exclusion de la rescision pour lésion » ;
b) Les exceptions au Principe.
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a-- Le Principe: « exclusion de la rescision pour lésion », article 55 du DOC
Le principe: « la lésion ne justifie pas la rescision », ce principe a été confirmé par la jurisprudence.

b-- Les exceptions au Principe :


* Il y a la lésion dolosive entre majeurs: la lésion entre majeurs ne donne lieu à la rescision du contrat que
lorsqu’elle est accompagnée d’un DOL. Donc il vaut mieux se placer sur le DOL que sur la lésion.
* Le cas de la minorité ou de l’incapacité: Article 56 du DOC : la rescision du contrat pour lésion lorsque la
victime est mineure ou incapable peut donner lieu à la rescision du contrat. Donc il vaut mieux se placer sur le
plan de la minorité que sur la lésion.
* Les exceptions prévues par les textes spéciaux.
* L’article 306 du code de commerce maritime prévoit la rescision du contrat de sauvetage maritime conclu
dans des conditions jugées exorbitantes.
* La lésion a donc une application très limitée en droit positif, du fait qu’elle doit être accompagnée du Dol.

Conclusion :
La théorie classique du vice de consentement prévue par le DOC est dépassée par la loi 31-08 sur la
protection du consommateur.

 Section 3 : L’Objet

L’article 57 à 61 du DOC: l’objet de l’obligation est une prestation qui varie selon la volonté des parties.
L’objet de l’obligation se ramène à 3 catégories:
- Obligation de donner
- Obligation de faire
- Obligation de ne pas faire

Le contrat synallagmatique fait naître deux obligations ayant chacune un objet différent, Ex: contrat de vente :
l’acheteur doit payer le prix et le vendeur de livrer la marchandise.

§1: La détermination de l’objet :


Selon l’article 42 et 58 du DOC, l’objet de l’obligation doit être certain et déterminé. La diversité des objets
de l’obligation contractuelle pose le problème de la détermination de l’objet. Lorsque l’objet est un corps
certain, sa détermination ne pose pas de difficulté, Ex: ordinateur, voiture. Lorsque l’objet est une chose de
genre, la détermination nécessite la précision du genre et de l’espèce, Ex: une tonne d’olives noires ou vertes,
une tonne de blé dur ou blé tendre. L’intérêt réside dans le transfert de propriété le jour de l’identification de
l’objet. Le prix doit être déterminé ou déterminable.

§2: La possibilité de l’objet :


Selon l’article 59 du DOC, le contrat n’est valable que lorsque l’objet a une existence juridique et
matérielle. L’obligation dont l’objet est impossible ne peut pas faire l’objet d’un contrat, Ex: l’achat d’une
maison sur la lune. L’obligation peut porter sur une chose future conformément à l’article 61 du DOC.

§3: La licéité de l’objet :


Selon l’article 57 du DOC, seules les choses, les faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce
peuvent faire l’objet de l’obligation. La licéité de l’objet trouve son fondement dans le respect de l’ordre
public et des bonnes mœurs, Ex: le corps humain, les activités illicites ne peuvent pas faire l’objet d’un
contrat.

 Section 4: La Cause
La cause est la raison d’être de l’obligation contractuelle, c’est le but recherché par les contractants, c’est le
pourquoi de l’engagement, Ex: le consentement dans les contrats consensuels, la remise de la chose dans les
contrats réels.

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§1: La théorie classique de la cause :
Elle est fondée sur le but immédiat recherché par les contractants et elle est fondée sur la cause de
l’obligation.
§2: La théorie moderne de la cause :
Elle est fondée sur la cause du contrat, c’est-à-dire le mobile recherché par les contractants. C’est une cause
concrète et subjective, ce qui la rend difficile à cerner. Ex: la location d’une maison pour l’exercice d’une
activité illicite qui n’est pas apparente dans le contrat.
Conclusion sur la cause :
Les deux théories en présence ont deux significations différentes. La théorie classique a pour rôle de justifier
l’annulation du contrat par l’absence de cause ou lorsque la contre-prestation fait défaut, alors que la théorie
moderne justifie l’annulation du contrat lorsque la raison de l’engagement est contraire à l’ordre public et aux
bonnes mœurs. La réforme française de 2016 a abandonné la notion de cause.

 Section 5 : L’ exigence de la forme

Rappel: le droit positif est fondé sur le consensualisme qui constitue le principe général régissant la formation
du contrat. Le recours au formalisme est exceptionnel dans certains contrats.

§1: Le formalisme classique :


Le législateur a subordonné la validité de certains contrats à la rédaction d’un écrit soit par acte
authentique, soit par acte sous seings privés: les contrats solennels.
Les actes authentiques sont rédigés par des professionnels de droit comme les notaires et les avocats. Ils ont le
mérite d’avoir une force probante jusqu’à preuve de contraire.
Les actes sous seings privés sont rédigés par les parties elles-mêmes ou par un écrivain public. De ce fait, leur
force probante est fragile.

§2 Le formalisme moderne (article 2-1 du DOC) :


La loi n°53-05 relative à l’échange électronique a introduit un nouveau formalisme numérique. Lorsqu’un
écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, il peut être établi et conservé sous forme électronique dans
les conditions prévues aux articles 417-1 et 417-2 du DOC.
Lorsqu’une mention écrite est exigée de la main même de celui qui s’oblige, ce dernier peut l’apposer sous
forme électronique, si les conditions de cette apposition sont de nature à garantir qu’elle ne peut être effectuée
que par lui-même.

§3: La preuve du contrat :


L’intérêt du formalisme réside dans l’administration de la preuve en cas de litige et dans l’opposabilité du
contrat aux tiers. L’article 443 du DOC exige la preuve par écrit lorsque la valeur en litige excède la somme
de 10 000 DHS, que ce soit sous forme authentique ou sous seings privés. Le recours au témoignage est exclu.
La preuve testimoniale est recevable à titre exceptionnel selon les conditions prévus par l’article 448 du DOC.

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Chapitre II:
Les sanctions des conditions de formation des contrats: les Nullités.
La violation des règles de formation des contrats est sanctionnée par la nullité absolue ou relative.
Il faut faire la distinction entre la nullité, la caducité, la résolution et l’inopposabilité.
- La caducité intervient postérieurement à la formation du contrat par la perte d’un élément essentiel, Ex:
perte de l’objet du contrat.
- La résolution frappe un contrat régulièrement formé mais non exécuté par la défaillance d’un contractant,
Ex: refus de paiement par l’acheteur.
- L’inopposabilité signifie que le contrat n’est valable qu’entre les parties et ne produit aucun effet à l’égard
des tiers.

 Section I: Nullité relative et absolue


La nullité relative ou rescision tend à protéger les intérêts particuliers des contractants conformément à
l’article 311 du DOC qui sanctionne les vices du consentement.
§1: Les cas de nullité relative ou rescision
- La rescision est une nullité relative. Elle concerne tout d’abord la minorité conformément à l’article 4 du
DOC qui prévoit la rescision des acte conclus par le mineur et l’incapable sans l’autorisation de leur tuteur.
- La nullité frappe également les autres vices du consentement à savoir l’erreur, le dol, la violence, la lésion, la
maladie et les cas qui lui sont analogues.
§2 :Le régime des nullités relatives :
Seul le contractant protégé peut demander la rescision du contrat dans le délai prescrit. Mais il a la possibilité
de confirmer le contrat et d’agir dans le délai prescrit.
a/ La confirmation.
b/ La prescription.
a) La confirmation :
La confirmation est l’acte par lequel l’auteur de la rescision renonce à cette sanction. La confirmation peut
être expresse ou tacite. Elle a pour effet de valider l’acte d’une manière rétroactive sans porter préjudice aux
intérêts ou droits des tiers
b) La prescription :
L’action en rescision se prescrit par un an dans tous les cas où la loi n’indique pas un délai différent. Ce
délai est bref pour assurer la protection de la partie contractante lésée. L’article 212 du DOC réglemente la
date de départ de la prescription pour chaque vice du consentement.
§3: Les cas de nullité absolue :
Selon l’article 306 du DOC, l’obligation est nulle de plein droit lorsqu’elle manque une des conditions
substantielles à sa formation conformément à l’article 2 du DOC à savoir la capacité, le consentement, l’objet
et la cause.
La nullité absolue est aussi prévue dans des cas déterminés par la loi, Ex: le contrat de prêt avec intérêts entre
musulmans.
La nullité absolue relève de l’intérêt général qui peut être soulevé par le procureur du Roi d’office et par toute
personne ayant la qualité d’agir en justice, notamment les parties aux contrats, leurs héritiers et leur ayants
droits.
§3: Les cas de nullité absolue :
L’article 312 du DOC règlement le point de départ de délai de la prescription de l’action en nullité.

 Section II: Les effets de la nullité


Les effets de la nullité absolue et relative sont les mêmes malgré leurs différences de régime. Le DOC, dans
les articles 307 et 308 pose le principe selon lequel la nullité de l’obligation principale entraîne la nullité de
l’obligation accessoire. La nullité d’une partie de l’obligation peut subsister comme étant un contrat distinct.
La sanction qui frappe le contrat entraîne la destruction rétroactive de l’obligation.
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§1: La destruction rétroactive du contrat :
L’effet rétroactif de la sanction conduit à la remise en cause des parties dans leur état antérieur. De ce fait le
contrat est réputé n’avoir jamais été conclu. Lorsque le contrat a été exécuté, il se pose le problème de
l’application du principe de la destruction rétroactive du contrat, Ex: le contrat de travail.

§2: Les conséquences de la destruction rétroactive du contrat :


A) La restitution entre les parties :
Les restitutions réciproques entre les parties doivent intervenir dès la nullité du contrat. L’action en restitution
doit être engagée par la partie lésée sauf en cas d’obstacle de droit ou de fait. Dans les contrats à exécution
successives, il est impossible de restituer les prestations réciproques des parties. En cas de perte de la chose
objet du contrat, la restitution de la chose peut être évaluée en argent.

B) L’opposabilité à l’égard des tiers :


En principe, la nullité du contrat est opposable aux tiers et ayants cause à titre particulier des contractants.
L’opposabilité est la conséquence logique du caractère rétroactif de l’annulation du contrat. La rétroactivité
de la sanction ne s’applique pas aux acquéreurs de bonne foi.

Chapitre III: Les effets du contrat


 Section I: la force obligatoire du contrat: ce principe est posé par l’article 230 du DOC selon lequel le
contrat régulièrement formé constitue la loi des parties (voir article)
 Section II: l’effet relatif du contrat: ce principe a un fondement moral, religieux, économique et social.
Il garantit la sécurité juridique des transactions contractuelles
 Section III: les éléments facultatifs à la formation du contrat.

 Section I: la force obligatoire du contrat

1-- La détermination des obligations contractuelles :


Ce principe résulte de l’article 230 du DOC. Cependant, le contrat peut ne pas être clair et précis, ce qui
nécessite son interprétation.
§1: L’interprétation du contrat :
Lorsque les parties sont en désaccord sur le contenu de leur obligation contractuelle, l’exécution du contrat ne
peut avoir lieu qu’après son interprétation.
a. Les méthodes d’interprétation :
L’interprétation du contrat est partagée entre 2 méthodes: la méthode subjective et la méthode objective:
- La méthode subjective est fondée sur la théorie de l’autonomie de la volonté. De ce fait, il importe de
chercher la volonté réelle des parties, ce qui est parfois difficile à cerner. Ce système présente l’inconvénient
de bouleverser la sécurité juridique en permettant aux contractants de se soustraire à leurs obligations
contractuelles en prétendant que leur intention diffère de celle qui est exprimée.
- La méthode objective est fondée sur l’interprétation objective du contrat selon la déclaration expresse
des parties dans le contrat par référence à la loi, { l’usage et { l’équité.
b. La solution du DOC :
Le DOC distingue entre deux cas de figure: lorsque les clauses du contrat sont claires et précises et lorsque les
clauses du contrat sont équivoques :
1-- Précision des clauses du contrat: l’article 461 du DOC consacre une règle de principe selon laquelle il n’y
a pas lieu d’interpréter le contrat lorsque les termes de l’acte sont formels.
2-- L’ambigüité des clauses du contrat.

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2. L’ambigüité des clauses du contrat :
L’article 462 du DOC prévoit la possibilité d’interprétation du contrat dans 3 situations:
a- Lorsque les termes du contrat ne sont pas conciliables avec le but du contrat.
b- Lorsque les termes employés ne sont pas clairs
c- Lorsque les différentes clauses du contrat sont incompatibles les unes avec les autres.
L’article 463 et suivant du DOC consacrent un certain nombre de règles appliquées par la jurisprudence.
b. Les organes d’interprétation :
L’interprétation du contrat diffère de celle de la Règle de droit qui est soumise au contrôle de la cour de
cassation qui veille au respect du droit. Par contre, l’interprétation du contrat est une question de fait qui
relève de l’appréciation souveraine des juges du fond. Il faut distinguer entre la qualification du contrat et
l’interprétation du contrat.
- La qualification du contrat est l’opération qui consiste à rattacher un contrat déterminé à une catégorie
juridique appropriée, Ex: la vente est un acte juridique réglementé par les dispositions juridiques du DOC
régissant le contrat de vente.
- L’interprétation du contrat consiste à déterminer la volonté de chacune des parties, exprimée dans le
contrat.
§2: La simulation (article 22 du DOC) :
La simulation consiste à créer une situation juridique apparente, différente de la volonté exprimée dans le
contrat par les parties, Ex: la donation déguisée en vente, mariage blanc. La simulation peut prendre plusieurs
formes.
a. Les formes de simulation :
La simulation a des domaines très vastes. Elle peut porter sur les éléments du contrat et sur la cause du
contrat, Ex: le consentement fictif, la dissimulation de la cause de l’engagement.
b. Les effets de la simulation :
1- Les effets entre les parties: le contrat simulé produit son plein effet juridique entre les parties contractantes
et leurs ayants droit à titre universel à condition qu’il soit valable.
2- Les effets à l’égard des tiers: la simulation, considérée comme un mensonge, ne produit aucun effet à
l’égard des tiers conformément l’article 22 du DOC. Mais ces derniers ont un droit d’option qui leur permet
d’invoquer l’acte simulé pour défendre leurs intérêts.

II. Les atteintes au principe de la force obligatoire du contrat

§1: La révocation volontaire du contrat ;


§2: La modification du contrat par la loi ;
§3: La révision judiciaire du contrat.

Le principe de la force obligatoire du contrat peut être remis en cause par les parties elles-mêmes
conformément à l’article 230 du DOC ou par voie judiciaire.

§1: La révocation volontaire du contrat :


Les parties qui ont conclu le contrat sont libres de le modifier amiablement ou de façon unilatérale :

a-- La révocation amiable: c’est une nouvelle convention qui modifie le contrat initial conformément à
l’article 397 du DOC et aux principes généraux de formation du contrat. La révocation remet les parties dans
leur situation antérieure, au moment de la conclusion du contrat. La révocation a donc un effet rétroactif sans
porter atteinte aux intérêts des tiers qui ont acquis régulièrement des droits. Il faut distinguer entre les contrats
à exécution successive et contrats à exécution instantanée.

b-- La résiliation unilatérale du contrat: il faut distinguer entre la résiliation en vertu d’une clause du contrat
(1) et la résiliation du contrat à durée indéterminée (2).

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(1) La résiliation en vertu d’une clause du contrat: les parties peuvent stipuler dans le contrat le droit de
mettre fin à leur engagement par une clause contractuelle. Il s’agit donc de l’application pure et simple de la
clause du contrat
(2) La rupture unilatérale du Contrat à Durée Indéterminée: les parties peuvent mettre fin au contrat à
n’importe quel moment à condition de ne pas abuser de leurs droits, Ex: le contrat de travail, le contrat de
sociétés.

§2: La modification du contrat par la loi :


Le contrat peut être modifié par la loi, mais sans effet rétroactif. Les parties peuvent modifier le contrat conclu
dans l’avenir et non dans le passé.
§3: La révision judiciaire du contrat :
L’exécution du contrat peut s’exposer à certaines difficultés en raison des changements économiques et
financiers après sa conclusion, Ex: augmentation du prix des matières premières. En principe, le droit civil
n’admet pas la révision judiciaire du contrat pour imprévision mais ce principe connaît des exceptions.
a. Le principe
Le problème de l’imprévision a donné lieu à une opposition entre le droit civil et le droit administratif. En
droit civil, la théorie de l’imprévision est une création jurisprudentielle qui ne permet pas la révision du
contrat pour imprévision. Mais la nouvelle réforme du droit français a remis en cause le principe. Ce n’est pas
le cas en droit marocain. Par contre, la jurisprudence administrative a adopté la théorie de l’imprévision
depuis l’arrêt du Gaz de Bordeaux en date du 30 Mai 1916 au motif de la continuité du service public.

b. Les exceptions au principe


La révision du contrat pour imprévision peut résulter de la convention des parties ou de la loi.
1/ La convention des parties: selon la théorie de l’autonomie de la volonté, les parties contractantes peuvent
insérer dans le contrat des clauses prévoyant la révision du contrat pour imprévision, Ex: clause d’indexation
du prix permettant la révision en cas de fluctuation du cours. Ces clauses sont souvent insérées dans les
contrats de ventes de produits de matières premières et des hydrocarbures.
2/ Autorisation de la loi: dans certains domaines, le législateur a permis la révision du contrat par le juge en
vue de l’adapter aux circonstances économiques postérieures à la conclusion du contrat, Ex: loi sur le bail
commercial relative à la révision du prix de location tous les 3 ans.

 Section II: Le Principe de l’effet relatif du contrat

Il résulte de l’article 228 et 229 du DOC que le contrat ne produit effet qu’entre les parties et leurs ayants
cause à l’exception des tiers. Mais ce principe connaît des exceptions.
I. La portée du principe ;
II. Les exceptions au principe.
I. La portée du principe :
Selon le principe de l’effet relatif du contrat, celui-ci produit effet tout d’abord à l’égard des parties qui l’ont
conclu et également à leurs ayants droits et ne peuvent porter préjudice aux intérêts des créanciers
chirographaires et des tiers.
§1: Les ayants droit.
§2: Les créanciers chirographaires.
§3: Les tiers.

§1: Les ayants droit :


Il convient de distinguer entre les ayants droit à titre universel et à titre particulier
A) Les ayants droits à titre universel
B) Les ayants droits à titre particulier

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A) Les ayants droits à titre universel :
Les ayants droits à titre universel sont ceux qui reçoivent totalement ou partiellement le patrimoine du
débiteur. Ce sont donc les héritiers et les légataires. Mais les parties peuvent stipuler dans le contrat
l’exclusion des effets à l’égard de leurs ayants droit, Ex: le contrat de bail viager qui prend fin avec le décès
du locataire. Certains contrats prennent fin par le décès de l’une des parties, Ex: le mandat. En droit
Musulman, les dettes du défunt sont transmissibles aux héritiers.
B) Les ayants droits à titre particulier :
Les ayants droits à titre particulier sont les personnes qui reçoivent un bien ou un droit déterminé de leur
auteur, Ex: l’acheteur est l’ayant droit à titre particulier, il reçoit tous les droits que possède le vendeur sur la
chose, Ex: Garantie.

§2: Les créanciers chirographaires :


Les créanciers chirographaires sont les créanciers qui ne possèdent aucune garantie, mais le droit les protège
par des techniques juridiques appropriées, Ex: l’action paulienne leur permet de demander l’annulation des
actes conclus par leur débiteur en fraude de leurs droits.

§3: Les tiers :


Les tiers sont ceux qui sont entièrement étrangers au contrat et aux parties. De ce fait, le contrat ne produit
aucun effet à leur égard. Mais lorsque la mauvaise exécution du contrat cause un préjudice aux tiers, la
victime peut demander la réparation du préjudice, Ex: la victime d’un ascenseur mal réparé par l’entreprise
chargée de son entretien.
II. Les exceptions au principe
Le principe de l’effet relatif du contrat connaît deux exceptions:
§1: La stipulation pour autrui ;
§2: La promesse de porte fort.

§1: La stipulation pour autrui


L’article 33 et 34 du DOC, La stipulation pour autrui est un contrat par lequel une personne, le stipulant,
promet à une autre partie, le promettant, d’exécuter une obligation en faveur d’un tiers bénéficiaire qui devient
le créancier du promettant: c’est une opération entre 3 parties. Ex: assurance Capital décès qui stipule
qu’après le décès du stipulant, la compagnie d’assurance (le promettant) versera un capital décès pour les
bénéficiaires désignés qui peuvent être des ayants droits ou des amis.
La formation de la stipulation pour autrui est soumise aux conditions générales de la formation du contrat.
La stipulation pour autrui produit 3 rapports:
- Le rapport entre le stipulant et le promettant: résulte du contrat entre les parties
- Le rapport entre le bénéficiaire et le promettant: trouve son fondement dans l’engagement unilatéral du
stipulant
- Le rapport entre le bénéficiaire et le stipulant: il n’y a pas de rapport contractuel entre ces deux parties.

§2: La promesse de porte fort :


La promesse de porte fort ou la promesse pour autrui consiste à s’engager à la ratification du contrat par la
personne concernée. Mais en cas d’échec ou de refus, une réparation sera allouée aux bénéficiaires de la
promesse. Ex: la vente d’un bien indivis dont l’un des copropriétaires est absent. Si l’acte est ratifié, le porte-
fort garant est libéré, sinon il est responsable du résultat promis.

 Section III: Les éléments facultatifs à la formation du contrat.


L’obligation peut contenir certains éléments qui ne sont pas nécessaires à sa validité mais déterminent le sort
de son exécution.
§1: Le terme
§2: La condition
§3: La solidarité.

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§1: Le terme (art. 127 à 152 du DOC) :
Le terme est un événement futur et certain qui exerce une influence sur l’exécution de l’obligation à condition
qu’il soit fixé d’avance par les parties.
A) La fixation du terme
B) Le terme de grâce

A) La fixation du terme :
Le terme peut être fixé soit d’une manière certaine ou incertaine comme il peut être extinctif ou suspensif.
- Le terme est certain lorsqu’il détermine d’avance la date de son effet.
- Le terme est incertain lorsque sa date n’est pas précise. Elle dépend d’un événement futur, Ex: le versement
d’un capital d’essai après la mort de l’assuré.
Le terme extinctif met fin à l’exécution de l’obligation. Le terme suspensif suspend l’exécution de
l’obligation.
B) Le terme de grâce :
Le terme de grâce est accordé par le tribunal au débiteur défaillant à la date de l’échéance de l’obligation selon
les conditions prévues par l’article 128 du DOC.

§2: La condition (art 107 à 128 du DOC) :


La condition est un événement futur et incertain dont dépend la naissance ou l’extinction de l’obligation
contractuelle, Ex: la chute de la pluie, le gain au loto. La condition résulte de la volonté des parties.
A) Les différentes catégories de conditions.

a) Condition suspensive et condition résolutoire.


La condition suspensive est celle qui suspend la naissance d’une obligation jusqu’à sa réalisation, Ex:
l’achat d’une maison à crédit.
La condition résolutoire est celle qui éteint une obligation par la réalisation de la condition, Ex: résiliation
d’un bail pour une sous-location)

b) La condition potestative, casuelle ou mixte.


- La condition est potestative lorsque sa réalisation dépend de la volonté de l’une des parties, Ex: la volonté du
débiteur de payer une dette: nullité de la condition.
- La condition casuelle est liée à un événement étranger à la volonté des parties, Ex: le remboursement de
l’indemnité par l’assurance est subordonnée à un sinistre.
- La condition est mixte lorsqu’elle dépend à la fois de la volonté des deux parties et celle d’une tierce
personne, Ex: lorsque j’aurais mon cadeau de fin de l’année, je vous inviterai à dîner.
La solidarité :
En principe, l’obligation lie le créancier et le débiteur. Mais dans certains cas, il peut y avoir plusieurs
créanciers et plusieurs débiteurs. Dans le premier cas de figure, chaque créancier peut demander le paiement
de la totalité de la créance au débiteur qui produit des effets à l’ensemble des créanciers. C’est une solidarité
active.
Lorsqu’il existe plusieurs débiteurs, la solidarité est passive. Le paiement effectué par l’un des débiteurs
libère les autres. Il importe de préciser qu’en matière civile, la solidarité ne se présume pas, elle résulte soit
d’un titre soit de la loi soit de la nature de l’affaire.

Chapitre IV: L’Inexécution du contrat


Lorsque le débiteur n’exécute pas son obligation, le créancier a le choix entre 3 solutions:
Section I: La mise en demeure.
Section II: L’exécution forcée.
Section III: La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle.
Section IV: les aménagements conventionnels de responsabilité contractuelle.

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Section I: La mise en demeure :
L’article 254 et suivants du DOC stipule que le débiteur est en demeure lorsqu’il est en retard d’exécuter son
obligation en tout ou en partie sans cause valable.
§1: La forme de mise en demeure ;
§2: Les effets de la mise en demeure.

§1: La forme de mise en demeure :


La mise en demeure peut résulter d’un écrit. C’est une sommation adressée au débiteur en vue de l’obliger à
exécuter son obligation dans un délai raisonnable. Après l’expiration de ce délai, le créancier est libre de
prendre toutes les mesures nécessaires pour l’exécution du contrat.

§2: Les effets de la mise en demeure :


- Le commencement de l’exécution de l’obligation par voie judiciaire.
- La mise en demeure dans le droit marocain n’est pas obligatoire conformément à l’article 255 du DOC. Ce
principe connaît 2 exceptions:
1ère condition : le décès du débiteur rend nécessaire la mise en demeure de ses héritiers ;
2ème condition : le refus du débiteur d’exécuter l’obligation, dont l’exécution est devenue impossible.

 Section II: l’Exécution directe

L’exécution directe dépend de la nature de l’obligation.


§1: La nature de l’obligation
§2: Les moyens de contrainte
§1: La nature de l’obligation :
L’exécution directe est plus facile lorsque la nature de l’obligation est une somme d’argent. Le créancier peut
toujours saisir les biens du débiteur, les faire vendre, pour se faire payer. L’exécution en nature est également
possible en cas de l’obligation de livre une chose certaine ou une chose de genre. Par contre, l’exécution de
l’obligation de faire ou de ne pas faire n’est pas possible.

§2: Les moyens de contrainte :


L’astreinte consiste à obliger le débiteur à payer une somme d’argent par jour de retard dans l’exécution de
son obligation. La contrainte par corps est la sanction pénale la plus dissuasive du débiteur en raison de la
privation de sa liberté. Mais elle n’arrange pas les intérêts des créanciers. Enfin, la mise en œuvre de la
responsabilité contractuelle du débiteur.

 Section III: La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle


La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle est fondée sur 2 éléments cumulatifs:
§1: Les faits générateurs de responsabilité contractuelle ;
§2: L’absence de causes d’exonération de la responsabilité.

§1: Les faits générateurs de responsabilité contractuelle


Les faits générateurs de responsabilité sont:
A* La Faute
B* Le Dommage
C* Le Lien de causalité
A) La Faute :
La Faute contractuelle implique l’inexécution ou la mauvaise exécution de l’obligation par le débiteur. La
faute dépend de la nature de l’obligation: obligation de moyens et obligation de résultat. Il est plus facile de
prouver la faute dans l’obligation de résultat que dans l’obligation de moyens. Il existe: la faute grave, la
faute dolosive, la faute inexcusable et la faute lourde.
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B) Le Dommage :
Le Dommage est souvent le résultat de l’inexécution de l’obligation. Il peut être matériel, ou moral. Mais il
doit être certain et prévisible.

C) Le Lien de Causalité :
La responsabilité contractuelle ne peut pas être engagée s’il n’y a pas un lien de causalité entre l’inexécution
de l’obligation et le préjudice subi, Ex: l’étudiant qui a raté son examen du fait du retard du tramway peut
engager la responsabilité de la société gestionnaire du tramway, pour la réparation du préjudice subi par ce
dernier.

§2: L’absence des causes d’exonération de la responsabilité


L’article 268 du DOC énonce qu’il n’y a pas lieu à dommages et intérêts lorsque le débiteur justifie que
l’inexécution du contrat est due à une force majeure, à un fait du Prince ou à une invasion ennemie
empêchant l’exécution de l’obligation. Mais la force majeure ne doit pas être prévisible (ouragan, tonnerre ).

 Section IV: les aménagements conventionnels de responsabilité


Selon le principe de l’autonomie de la volonté, les parties sont libres d’aménager l’étendue de leur
responsabilité ou le montant des dommages et intérêts par des clauses appropriées.

§1: Les clauses relatives à l’étendue de la responsabilité ;


§2: Les clauses relatives au montant des dommages et intérêts.

§1: Les clauses relatives à l’étendue de la responsabilité


Les parties peuvent, d’un commun accord, soit aggraver soit atténuer leur responsabilité. Mais ils ne doivent
pas vider le contrat de son contenu. Ex: le transporteur ne doit pas s’exonérer de la responsabilité en cas de
retard ou de faute.

§2: Les clauses relatives au montant des dommages et intérêts.


Les parties peuvent insérer dans le contrat des clauses fixant d’avance le montant des dommages et intérêts
qui seront payés en cas d’inexécution de l’obligation soit par une clause pénale soit par une clause limitative
de responsabilité.
A) La clause pénale
B) Les clauses limitatives de responsabilité.

A) La clause pénale :
La clause pénale est celle par laquelle les contractants fixent dans le contrat une somme d’argent forfaitaire
correspondant aux dommages et intérêts dus par le débiteur en cas d’inexécution de l’obligation contractuelle.
Mais cette somme ne doit pas être exorbitante faute de quoi elle peut être révisée par le juge.

B) Les clauses limitatives de responsabilité.


Elles consistent à déterminer d’avance le plafond des dommages et intérêts qui pourrait être accordés au
créancier par le débiteur défaillant quelque soit l’étendue du préjudice subi.

Chapitre V: Les quasi-contrats.


Ce sont des faits volontaires qui produisent des effets de droit sans l’accord de volonté préalable. Il y a trois
types de quasi-contrats.
1/ L’enrichissement sans cause :
Les articles 66 et 67 du DOC: l’enrichissement sans cause consiste à s’enrichir au détriment d’autrui sans juste
motif .
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2/ La répétition de l’indu :
Les articles 68 à 74 du DOC: la répétition de l’indu consiste à payer une somme d’argent à une autre personne
sans cause, ce qui justifie l’action en restitution.
3/ La gestion d’affaires :
Les articles 943 à 958 du DOC: la gestion d’affaires suppose qu’une personne intervienne dans la gestion des
affaires d’autrui sans consentement préalable mais avec l’intention de lui rendre service. La gestion d’affaires
entraîne des obligations à la charge du gérant. La gestion d’affaires peut consister aussi bien sous la forme
d’acte juridique ou sous la forme d’acte matériel.
A) Le caractère volontaire de la gestion d’affaires: Selon l’article 443 du DOC, l’intervention du gérant
doit être volontaire et spontanée et ne résulte pas d’une convention ou de la loi
B) L’acte de gestion doit être utile: l’intervention du gérant doit être nécessaire et profitable pour
protéger les intérêts du maître de l’affaire (ex: la réparation des travaux de plomberie suite à l’inondation
dans la maison du voisin.

§2: Les conditions relatives aux parties :


Dans la gestion d’affaires, on trouve en principe deux parties: le gérant et le maître de l’affaire. Le gérant doit
avoir l’intention d’accomplir un acte pour le compte d’autrui, le maître de l’affaire qui ignore l’intervention
du gérant.

§3: Les effets de la gestion d’affaires :


Entre les parties: La gestion d’affaires produit des effets essentiellement entre les parties. Le gérant est tenu
d’apporter à la gestion tous les soins d’un bon père de famille. De ce fait, il est responsable des fautes
commises dans sa gestion. Il doit mener à terme son intervention. Le maître de l’affaire doit rembourser aux
gérants toutes les dépenses effectuées à son profit.
À l’égard des tiers :
La gestion d’affaires entraîne des effets à l’égard des tiers, que lorsqu’ils sont intervenus dans la gestion à la
demande du gérant de l’affaire.

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