Vous êtes sur la page 1sur 33

Code civil

LIVRE TROISIEME
DES CONTRATS OU DES OBLIGATIONS
CONVENTIONNELLES
CODE CIVIL - LIVRE III

LIVRE TROISIEME
DES CONTRATS OU DES OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES

30 juillet 1888-Décret. Il a ensuite été modifié par le 1. – Formeront le livre Troisième du Code
décret du 16 juin 1947 (B.O., p. Civil : des contrats ou des obligations
Code civil. – [Livre 1er :] Des contrats ou 338) rendu exécutoire par l’O.R.U. conventionnelles, les titres I à XII dont
les obligations conventionnelles (B.O., p.109). n° 11/30 du 16 mars 1948 (B.O.R.U. le texte est annexé au présent décret
p. 167) et par le décret du 26 août comprenant 660 articles.
Ce décret, tel que modifié par celui du 10 1959 (B.O. p. 2192), rendu 2. – Notre administrateur général du
septembre 1916 (B.O., p. 212) a été rendu exécutoire par l’O.R.U. n° 111/269 département des Affaires étrangères.
exécutoire par l’O.R.U. n° 10 DU 8 mars du 15 décembre 1959 (B.O.R.U.,p. Ayant la justice dans ses attributions
1927 1184). est chargé de l’exécution du présent
décret qui entre en vigueur ce jour.

INDEX ALPHABETIQUE

Acheteurs obligations, 327. - potestative, 81. Domestique ; louage Livre de commerce, 212.
Acte authentique, 199. - Résolutoire, 83 d’ouvrage, 427, 428. Location- vente, 265.
- confirmatif, 216. - Suspensive, 81 - prescription, 653. Louage, 370.
- récognitif, 215. Confusion, 192. - responsabilité, 260. - de chose, 373.
- sous seing privé, 204. Consentement, 9. Dommage, réparation, 258. - de maison, 374, 408.
Action en nullité, 196. Consignation, 155. Dommages et intérêts, 40, - d’ouvrage, 427.
- oblique, 64. Contrats, 1. 44, 258. - de services, 428, 429.
- paulienne, 65. Contrat aléatoire, 4. Loyers (prescription), 657.
- prescription, 196, 647. - action en nullité, 196. Echange, 365.
Agréation, 319, 438. - de bienfaisance, 5. Effet des obligations, 33. Maîtres responsabilité, 260.
Anatocisme, 52. - bonne foi, 33. Enrichissement sans cause, Mandat, 526.
Animaux (responsabilité), 261. - cause, 30. 252. - mandataire, 532.
Architecte, 440. - commutatif, 4. Entreprise (contrat), 434. - cessation, 544.
Arrhes, 271. - consentement, 9. Erreur, 9. - mandant, 539.
Artisan, responsabilité, 260. - effets (tiers), 63. - effets, 18. - de payer ou de recevoir, 169.
- louage d’ouvrage, 446. - exécution, 33. Eviction, 303. - domestique, 527.
Aveu, 230. - innomé, 7. Médecins (prescription), 653.
- interprétations, 54. Faute, 258. Meubles, possession, 659.
Bâtiment (responsabilité), 262. - objet, 25. Force majeure, 46. Monnaie, 44 (n), 468.
Baux à ferme, 374, 417. - onéreux, 6. - valeur du franc, 468 (n).
- à loyer, 374, 408. - synallagmatique, 2. Gage, 598.
Bonne foi (prescription), 648. - unilatéral, 3. Gardien (responsabilité), Nantissement, 598.
Bonnes mœurs (condition), 70. Crainte révérentielle, 14. 260. Novation, 163.
Créances, cession, 352. Gestion d’affaires, 248.
Capacité, 23. - prescription, 647. Obligations, 1.
Cas fortuit, 46. Immeubles (vente), 294. - alternatives, 87.
Cautionnement, effets, 560. Date certaine, 210. Impenses, 387. - à terme, 83.
- extinction, 573. Délégation, 167, 168. Imprévision, 34, 54. - avec clause pénale, 124.
- légal et judiciaire, 579. Délai de grâce, 142. Incendie, 390. - conditionnelles, 66.
- nature, 552. Délit, 258. Indigène (louage de - de donner, 35.
Cession de biens, 132. Délivrance, 281. services), 429. - de faire ou de ne pas faire,
Cession de créance, 352. Demeure (mise en ), 37, 38, Instituteurs, prescription, 40.
Clause pénale, 50, 124. 44. 652. - divisibles ou indivisibles,
Commencement de preuve, 223. Dépôt, 482. - responsabilité, 260. 115.
Commettants (responsabilité), 260. - déposant, 510. Intérêts composés, 52. - dommages et intérêts, 44.
Commodat, 448. - dépositaire, 493. - judiciaires, 51. - effet, 33.
Compensation, 181. - nécessaire, 512. - prescription, 657. - extinction, 132.
Condition, 660. - volontaire, 488. Interprétation des - inexécution, 44.
- casuelle, 67. Dette, remise, 174. conventions, 54. - solidaires, 95.
- effet rétroactif, 77. Devis et marchés, 434. Offres réelles, 155.
- impossible, 70, 71. Dol, 9. Lésion, 131 bis. Ordre public, 32, 70.
- mixte, 69. - effets, 18. Licitation, 350. Ouvrier, action, 445.

2
CODE CIVIL - LIVRE III

- louage de services, 427,428. - légale, 226. Répétition de l’indu, 133, - de créances, 352.
- prescription, 652. - juris tantum, 229. 253.
Prêt, 447. Résiliation, résolution, 82. Usucapion, 658.
Pacte commissoire, 38, 82. - à intérêt, 478. Responsabilité civile, 258. Usure, 131 bis.
Paiement, 133. - à usage, 448. Rétention, droit de – , 82 (n).
- délai de grâce, 142. - de consommation, 465. Risques, 37, 266, 379, 437. Vendeur, obligations, 279.
- imputation, 151. - emprunteur, 453. - délivrance, 281.
- subrogation, 147. - prêteur, 461. Séquestre, 518. - garantie, 302.
Parents (responsabilité), 260. Prête-nom, 526. - conventionnel, 519. - rachat, 335.
Pension alimentaire, prescription, Preuve des obligations, 197. - judiciaire, 523. Vente, 263.
657. - acte sous seing privé, 204. Serment décisoire, 234. - à l’essai, 269.
Perte de la chose due, 194, 195. - littérale, 199. - déféré d’office, 242. - choses pouvant être vendues,
Porte- fort, 20, 21. - présomption, 225. - prescription, 655. 275.
Possession, 622. - testimoniale, 217. Solidarité, 98. - prix, 272.
Prescription, 613. - titre authentique, 199. - entre créanciers, 95. - A réméré, 335
- durée, 645. Promesse de vente, 270. - entre débiteurs, 98. - à tempérament, 265.
- empêchements, 630. Propriété foncière, 660. Stipulation pour autrui, 21. - vices de la chose, 318.
- interruptions, 636. Subrogation, 147. Vices rédhibitoires, 318.
- particulières, 652. Quasi-contrat, 247. Violence, 9, 11.
- possession, 622. Quasi-délits, 258. Titre authentique, 199. - effets, 18.
- suspension, 643. Réméré (vente), 335. Transaction, 583.
Présomption, 225. Remise de dette, 174. Transport (contrat), 430.

TITRE PREMIER
DES CONTRATS OU DES OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES EN GENERAL

CHAPITRE PREMIER 5. – Le contrat de bienfaisance est celui SECTION 1ère. Du consentement.


Dispositions Préliminaires dans lequel l’une des parties procure à
l’autre un avantage purement gratuit. 9. - Il n’y a point de consentement valable, si
1. - Le contrat est une convention par le consentement n’a été donné que par erreur,
laquelle une ou plusieurs personnes 6. – Le contrat à titre onéreux est celui ou s’il a été extorqué par violence ou surpris
s’obligent, envers une ou plusieurs qui assujettit chacune des parties à par dol.
autres, à donner, à faire ou à ne pas donner ou à faire quelque chose.
faire quelque chose. 10. – L’erreur n’est une cause de nullité de la
7. – Les contrats, soit qu’ils aient une convention que lorsqu’elle tomme sur la
2. – Le contrat est synallagmatique dénomination propre, soit qu’ils n’en substance même de la chose qui en est l’objet.
ou bilatéral lorsque les contractants aient pas, sont soumis à des règles Elle n’est point une cause de nullité,
s’obligent réciproquement les uns générales qui sont l’objet du présent lorsqu’elle ne tomme que sur la personne avec
envers les autres. titre. laquelle on a l’intention de contracter, à moins
Les règles particulières à certains que la considération de cette personne ne soit l
3. – Il est unilatéral lorsqu’une ou contrats sont établies sous les titres cause principale de la convention.
plusieurs personnes sont obligées relatifs à chacun d’eux.
envers une ou plusieurs autres, sans 11. – La violence exercée contre celui qui a
que de la part de ces dernières il y ait CHAPITRE II contracté l’obligation est une cause de nullité,
d’engagement. Des conditions essentielles pour la encore qu’elle ait été exercée par un tiers autre
validité des conventions que celui au profit duquel la convention a été
4. – Il est commutatif lorsque des faite.
parties s’engage à donner ou à faire 8. – Quatre conditions sont essentielles
une chose qui est regardée comme pour la validité d’une convention : 12. – Il y’a la violence lorsqu’elle est de
l’équivalent de ce qu’on lui donne ou Le consentement de la partie qui nature à faire impressions sur une personne
de ce qu’il fait pour elle. s’oblige ; raisonnable, et qu’elle peut lui inspirer la
Lorsque l’équivalent consiste Sa capacité de contracter ; crainte d’exposer sa personne ou sa fortune à
dans la chance de gain ou de perte Un objet certain qui forme la matière un mal considérable et présent.
pour chacune des partes. D’après un de l’engagement ; On a égard en cette matière à l’âge, au sexe
événement incertain, le contrat est Une cause licite dans l’obligation. et à la condition des personnes.
aléatoire.

3
CODE CIVIL - LIVRE III

13. – La violence est une cause de 22. – On est censé avoir stipulé pour 32. – La cause est illicite quand elle est
nullité du contrat non seulement soi et pour ses héritiers et ayants cause, prohibée par la loi, quand elle est contraire aux
lorsqu’elle a été exercée sur la partie à moins que le contraire ne soit exprimé bonne mœurs ou à l’ordre public.
contractante, mais encore lorsqu’elle ou ne résulte de la nature de la
l’a été sur son époux ou sur son convention. CHAPITRE III
épouse, sur ses descendants ou ses De l’effet des obligations.
ascendants. SECTION 2. De la capacité des
parties contractantes. SECTION 1. Dispositions générales.
14. – La seule crainte révérentielle
envers le père, la mère, ou autre 23. – Toute personne peut contracter, si 33. – Les conventions légalement formées
ascendant, sans qu’il y ait eu de elle n’est pas déclaré incapable par la tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.
violence exercée, ne suffit point pour loi. Elles ne peuvent être révoquées que de leur
annuler le contrat. consentement mutuel ou pour les causes que la
24. – L’état et la capacité des loi autorise.
15. – Un contrat ne peut plus être personnes, ainsi que leurs rapports de Elles doivent être exécutées de bonne foi.
attaqué pour cause de violence si, famille,, sont régis par les lois de la
depuis que la violence a cessé, ce nation à laquelle elles appartiennent. 34. – Les conventions obligent non seulement
contrat a été approuvé, soit à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les
expressément, soit tacitement, soit en SECTION 3. De l’objet et de la suites que l’équité, l’usage ou la loi donnent à
laissant passer le temps de la matière des contrats. l’obligation d’après sa nature.
restitution fixé par la loi.
25. – Tout contrat a pour objet une SECTION 2. De l’obligation de donner.
16. – Le dol est une cause de nullité chose qu’une partie s’oblige à donner ou
de la convention lorsque les qu’une partie s’oblige à faire ou à ne pas 35. – L’obligation de donner emporter celle de
manœuvres pratiquées par l’une des faire. livrer la chose et de la conserver jusqu’à la
parties sont telles qu’il est évident livraison, à peine de dommages-intérêts envers
que sans ces manœuvres, l’autre 26. – Le simple usage ou la simple le créancier.
partie n’aurait pas contracté. possession d’une chose peut être,
comme la chose même, l’objet du 36. – L’obligation de veiller à la conservation
17. – Il ne se présume pas et doit contrat. de la chose, soit que la convention n’ait pour
être prouvé. objet que l’utilité de l’une des parties, soit
27. – Il n’y a que les choses qui sont qu’elle ait pour objet l’utilité commune,
18. – La convention contractée par dans le commerce qui puissent être soumet celui qui en est chargé à y apporter tous
erreur, violence ou dol, n’est point l’objet des conventions. les soins d’un bon père de famille.
nulle de plein droit ; elle donne Cette obligation est plus ou moins étendue
seulement lieu à une action en nullité 28. – Il faut que l’obligation ait pour relativement à certains contrats, dont les effets
ou en rescision, de la manière objet une chose au moins déterminée à cet égard, sont expliqués sous les titres qui
expliquée à la section 7 du chapitre quant à son espèce. les concernent.
V du présent titre. La quotité de la chose peut être
incertaine, pourvu qu’elle puisse être 37. - L’obligation de livrer la chose est
19. – On ne peut, en général, déterminée parfaite par le seul consentement des parties
s’engager ni stipuler en son propre contractantes.
nom que pour soi- même. 29. – les choses futures peuvent être Elle rend le créancier propriétaire, et met la
l’objet d’une obligation. chose à ses risques dès l’instant où elle a dû
20. – Néanmoins, on peut se porter On ne peut, cependant, renoncer à être livré, encore que la tradition n’en ait point
fort pour un tiers, en promettant le une succession non ouverte, ni faire été faire, à moins que le débiteur ne soit en
fait de celui-ci ; sauf l’indemnité aucune stipulation sur une pareille demeure de la livrer, auquel cas, la chose reste
contre celui qui s’est porté fort ou succession, même avec le consentement aux risques de ce dernier.
qui a promis de faire ratifier, si le de celui de la succession duquel il s’agit.
tiers refuse de tenir l’engagement. 38. - Le débiteur est constitué en demeure, soit
SECTION 4. De la cause. par une sommation, ou par un autre acte
21. – On peut pareillement stipuler équivalent, soit par l’effet de la convention
au profit d’un tiers lorsque telle est 30. – L’obligation sans cause, ou sur lorsqu’elle, porte que, sans qu’il soit besoin
la condition d’une stipulation que une fausse cause, ou sur une cause d’acte et par la seule échéance du terme, le
l’on fait pour soi- même ou d’une illicite, ne peut avoir aucun effet. débiteur sera en demeure.
donation que l’on fait à un autre.
Celui qui a fait cette stipulation ne 31. – La convention n’est pas moins 39. – Si la chose qu’on s’est obligé de donner
peut plus la révoquer si le tiers a valable, quoique la cause n’en soit pas ou de livrer à deux personnes successivement
déclaré vouloir en profiter. exprimée. est purement mobilière, celle des deux qui en a
été mise en possession réelle est préférée et en

4
CODE CIVIL - LIVRE III

demeure propriétaire, encore que son dans l’exécution provient d’une cause convention, il s’agisse d’intérêts dus au moins
titre soit postérieur en date, pourvu étrangère qui ne peut lui être imputée, pour une année entière.
toute fois que la possessions soit de encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi
bonne foi. de sa part. 53. – Néanmoins, les revenus échus, tels que
fermages, loyers, produisent intérêts du jour de
SECTION 3. De l’obligation de 46. – Il n’y a lieu à aucuns dommages la demande ou de la convention.
faire ou de ne pas faire. intérêts lorsque, par suite d’une force La même règle s’applique aux restitutions
majeure ou d’un cas fortuit, le débiteur a de fruits et aux intérêts payés par un tiers au
40. – Toute obligation de faire ou de été empêché de donner ou de faire ce à créancier en acquit du débiteur.
ne pas faire se résout en dommages- quoi il était obligé ou a fait ce qui lui
intérêts, en cas d’inexécution de la était interdit. SECTION 5. De l’interprétation des
part du débiteur. conventions.
47. – Les dommages et intérêts dus au
41. – Néanmoins, le créancier a le créancier sont, en général, de la perte 54. – On doit, dans les conventions,
droit de demande que ce qui aurait qu’il a faite et du gain dont il a été privé, rechercher quelle a été la commune intention
été fait par contravention à sauf les exceptions et modifications ci- des parties contractantes, plutôt que de
l’engagement soit détruit, et il peut après. s’arrêter au sens littéral des termes.
se faire autoriser à le détruire aux
dépens du débiteur, sans préjudice 48. – Le débiteur n’est tenu que des 55. – Lorsqu’une clause est susceptible de
des dommages-intérêts s’il y a lieu. dommages et intérêts qui ont été prévus deux sens, on doit plutôt l’entente dans celui
ou qu’on a pu prévoir lors du contrat, avec lequel elle peut avoir quelque effet, que
42. – Le créancier peut aussi, en cas lorsque ce n’est point par son dol que dans le sens avec lequel elle n’en pourrait
d’inexécution, être autorisé à faire l’obligation n’est point exécutée. produire aucun.
exécuter lui même l’obligation aux
dépens du débiteur. 49. – Dans le cas même où 56. – Les termes susceptibles de deux sens
l’inexécution de la convention résulte du doivent être pris dans le sens qui convient le
43. – Si l’obligation est de ne pas dol du débiteur, les dommages et plus à la matière du contrat.
faire celui qui y contrevient doit les intérêts ne doivent comprendre, à
dommages- intérêts par le seul fait de l’égard de la perte éprouvée par le 57. – Ce qui est ambigu s’interprète par ce qui
la contravention. créancier et du gain dont il a été privé, est d’usage dans le pays où le contrat est passé.
que ce qui est une suite immédiate et
SECTION 4. Des dommages et directe de l’inexécution de la 58. – On doit suppléer dans le contrat les
intérêts résultant de l’inexécution convention. clauses qui y sont d’usage, quoiqu’elles n’y
de l’obligation. soient pas exprimées.
50. – Lorsque la convention porte que
44. – Les dommages et intérêts ne celui qui manquera de l’exécuter paiera 59. – Toutes les clauses des conventions
sont dus que lorsque le débiteur est une certaine somme à titre de dommages s’interprètent les unes par les autres, en
en demeure de remplir son et intérêts, il ne peut être alloué à l’autre donnant à chacune le sens qui résulte de l’acte
obligation, excepté néanmoins partie une somme plus forte ni moindre. entier.
lorsque la chose que le débiteur
s’était obligé de donner ou de faire 51. – Dans les obligations qui se 60. – Dans le doute, la convention s’interprète
ne pouvait être donnée ou faite que bornent au paiement d’une certaine contre celui qui a stipulé, et en faveur de celui
dans un certain temps qu’il a laissé somme, les dommages et intérêts qui a contracté l’obligation.
passer. résultant du retard dans l’exécution ne
L’article 1er du décret du 20 avril 1935 sur les consistent jamais que dans la 61. – Quelque généraux que soient les termes
effets du décret monétaire du 1er avril 1935,
condamnation aux intérêts dont le taux dans lesquels une convention est conçue, elle
relativement à l’évaluation d’indemnités ou de
dommages-intérêts et obligatoire au Rwanda- sera fixé par le juge. ne comprend que les choses sur lesquelles il
Urundi, énonce un principe qui nous paraît Ces dommages et intérêts sont dus paraît que les parties se sont proposé de
toujours d’application (B.O p 371). sans que le créancier soit tenu de contracter.
justifier d’aucune perte.
- Lorsqu’il y a lieu à évolution d’une
indemnité ou de dommages et intérêts, il n’est Ils ne sont dus que du jour de la 62. – Lorsque dans un contrat on a exprimé un
pas tenu compte des modifications à la parité – demande, excepté dans les cas où la loi cas pour l’explication de l’obligation, on n’est
or du franc que dans la mesure où, au jour de les fait courir de plein droit. pas censé avoir voulu par là restreindre
cette évaluation, elles ont affecté le pouvoir
l’étendue que l’engagement reçoit de droit aux
effectif d’achat du franc dans le domaine
envisagé. 52. – Les intérêts échus des capitaux cas non exprimés.
peuvent produire des intérêts, ou par une
45. - Le débiteur est condamné, s’il demande judiciaire, ou par une SECTION 6. De l’effet des conventions à
y a lieu, au paiement de dommages- convention spéciale, pourvu que, soit l’égard des tiers.
intérêts, soit à raison de l’inexécution dans la demande, soit dans la
de l’obligation, soit à raison du retard

5
CODE CIVIL - LIVRE III

63. – Les conventions n’ont d’effet nulle l’obligation contractée sous cette Dans le second cas, l’obligation a son effet du
qu’entre les parties contractantes, condition. jour où elle a été contractée.
elles ne nuissent point au tiers, et
elles ne lui profitent que dans le cas 72. – Toute obligation est nulle 80. – Lorsque l’obligation a été contractée
prévu par l’article 21. lorsqu’elle a été contractée sous une sous une condition suspensive, la chose qui fait
condition potestative de la part de celui la matière de la convention demeure aux
64. – Néanmoins, les créanciers qui s’oblige. risques du débiteur qui ne s’est obligé de la
peuvent exercer tous les droits et livrer que dans le cas de l’événement de la
actions de leur débiteur, à 73. – Toute condition doit être condition.
l’exception de ceux qui sont accomplie de la manière que les parties Si la chose est entièrement périe sans la
exclusivement attachés à la personne. ont vraisemblablement voulu et entendu faute du débiteur, l’obligation est éteinte.
qu’elle le fût. Si la chose s’est détériorée sans la faute du
65. – Ils peuvent aussi, en leur nom débiteur, le créancier a le choix ; ou de
personnel, attaquer les actes faits par 74. – Lorsqu’une obligation est résoudre l’obligation, ou d’exiger la chose dans
leur débiteur en fraude de leurs contracté sous la condition qu’un l’état où elle se trouve sans diminution du prix.
droits. événement arrivera dans un temps fixe, Si la chose s’est détériorée par la faute du
cette condition est censée défaillie débiteur, le créancier a le droit, ou de résoudre
CHAPITRE IV lorsque le temps est expiré sans que l’obligation, ou d’exiger la chose dans l’état
Des diverses espèces d’obligations. l’événement soit arrivé. S’il n’y a point où elle se trouve, avec des dommages et
de accomplie, et elle n’est censé intérêts.
SECTION 1. Des obligations défaillie que lorsqu’il est devenu certain
conditionnelles. que l’événement n’arrivera pas. § 3 – De la condition résolutoire.

§ 1 – De la condition en général et de 75. – Lorsqu’une obligation est 81. – La condition résolutoire est celle qui,
ses diverses espèces. contractée sous la condition qu’un lorsqu’elle s’accomplit, opère la révocation de
événement n’arrivera pas dans un temps l’obligation, et qui remet les choses au même
66. – L’obligation est conditionnelle fixe, cette condition est accomplie état que si l’obligation n’avait pas existé.
lorsqu’on la fait dépendre d’un lorsque ce temps est expiré sans que Elle ne suspend point l’exécution de
événement futur et incertain, soit en l’événement soit arrivé : elle l’est l’obligation ; elle oblige seulement le créancier
la suspendant jusqu’à ce que également si, avant le terme, il est à restituer ce qu’il a reçu dans le cas où
l’événement arrive, soit en la certain que l’événement n’arrivera pas ; l’événement prévu par la condition arrive.
résiliant, selon que l’événement et s’il n’y a pas de temps déterminé, elle
arrivera ou n’arrivera pas. n’est accomplie que lorsqu’il est certain 82. – La condition résolutoire est toujours
que l’événement n’arrivera pas. sous-entendue dans les contrats
67. – La condition casuelle est celle synallagmatiques, pour le cas où l’une des
qui dépend du hasard et qui n’est 76. – La condition est réputée deux parties ne satisfera point à son
nullement au pouvoir du créancier ni accomplie lorsque c’est le débiteur engagement.
du débiteur. obligé sous cette condition qui en a Dans ce cas, le contrat n’est point résolu de
empêché l’accomplissement. plein droit. La partie envers laquelle
68. – La condition potestative est l’engagement n’a point été exécuté, a le choix,
celle qui fait dépendre l’exécution de 77. – La condition accomplie a un effet ou de forcer l’autre à l’exécution de la
la convention d’un événement qu’il rétroactif au jour auquel l’engagement a convention lorsqu’elle est possible, ou d’en
est au pouvoir de l’une ou de l’autre été contracté. Si le créancier est mort demander la résolution avec dommages et
des parties contractantes de faire avant l’accomplissement de la condition intérêts.
arriver ou d’empêcher. ses droits passent à son héritier. La résolution doit être demandée en justice,
et il peut être accordé au défendeur un délai
69. – La condition mixte est celle 78. – Le créancier peut, avant que la selon les circonstances.
qui dépend tout à la fois de la condition soit accomplie, exercer tous
volonté d’une des parties les actes conservatoires de son droit. SECTION 2. Des obligations à terme.
contractantes et de la volonté d’un
tiers. § 2 - De la condition suspensive. 83. – Le terme diffère de la condition, en ce
qu’il ne suspend point l’engagement, dont il
70. – Toute condition d’une chose 79. – L’obligation contractée sous une retarde seulement l’exécution.
impossible, ou contraire aux bonnes condition suspensive est celle qui
mœurs, ou prohibée par la loi, est dépend, ou d’un événement futur et 84. – Ce qui n’est dû qu’à terme ne peut être
nulle, et rend nulle la convention qui incertain, ou d’un événement exigé avant l’échéance du terme : mais ce qui a
en dépend. actuellement arrivé, mais encore été payé d’avance ne peut être répété.
inconnu des parties.
71. – La condition de ne pas faire Dans le premier cas, l’obligation ne 85. – Le terme est toujours présumé stipulé en
une chose impossible, ne rend pas peut être exécutée qu’après l’événement. faveur du débiteur, à moins qu’il ne résulte de

6
CODE CIVIL - LIVRE III

la stipulation, ou des circonstances, ou les deux choses sont péries ; et


qu’il a été aussi convenu en faveur alors, si le débiteur est en faute à 100. – La solidarité ne se présume point, il faut
du créancier. l’égard des deux, ou même à l’égard de qu’elle soit expressément stipulée.
l’une d’elles seulement, le créancier peut Cette règle ne cesse que dans les cas où la
86. – Le débiteur ne peut plus demander le prix de l’une ou de l’autre à solidarité a lieu de plein droit, en vertu d’une
réclamer le bénéfice du terme son choix. disposition de la loi.
lorsqu’il a fait faillite ou lorsque, par
son fait, il a diminué les sûretés qu’il 93. – Si les deux choses sont péries sans 101. – Le créancier d’une obligation contractée
avait données par le contrat à son la faute du débiteur et avant qu’il soit en solidairement peut s’adresser à celui des
créancier. demeure, l’obligation s’est éteinte. débiteurs qu’il veut choisir, sans que celui-ci
puisse lui opposer le bénéfice de division.
SECTION 3. Des obligations 94. – Les mêmes principes s’appliquent
alternatives. au cas où il y a plus de deux choses 102. – Les poursuites faites contre l’un des
comprises dans l’obligation alternative. débiteurs n’empêchent pas le créancier d’en
87. – Le débiteur d’une obligation exercer de pareilles contre les autres.
alternative est libéré par la délivrance SECTION 4. Des obligations
de l’une des deux choses qui étaient solidaires. 103. – Si la chose due a péri par la faute ou
comprises dans l’obligation. pendant la demeure de l’un ou de plusieurs des
§ 1 - De la solidarité entre les débiteurs solidaires, les autres codébiteurs ne
88. – Le choix appartient au créanciers. sont point déchargés de l’obligation de payer le
débiteur s’il n’a pas été expressément prix de la chose : mais ceux-ci ne sont point
accordé au créancier. 95. – L’obligation est solidaire entre tenus des dommages et intérêts.
plusieurs créanciers lorsque le titre Le créancier peut seulement répéter les
89. – Le débiteur peut se libérer en donne expressément à chacun d’eux le dommages et intérêts tan contre les débiteurs
délivrant l’une des deux choses droit de demander le paiement fait à l’un par la faute desquels la chose a péri, que contre
promises, mais il ne peut pas forcer d’eux libère le débiteur encore que le ceux qui étaient en demeure.
le créancier à recevoir une partie de bénéfice de l’obligation soit partageable
l’une et une partie de l’autre. et divisible entre les divers créanciers. 104. – Les poursuites faites contre l’un des
débiteurs solidaires interrompent la
90. – L’obligation est pure et simple 96. – Il est au choix du débiteur de prescription à l’égard de tous.
quoique contractée d’une manière payer à l’un ou à l’autre des créanciers
alternative, si l’une des deux choses solidaires, tant qu’il n’a pas été prévenu 105. – La demande d’intérêts formée contre
promises ne pouvait être le sujet de par les poursuites de l’un d’eux. l’un des débiteurs solidaires fait courir les
l’obligation. Néanmoins, la remise qui n’est faite intérêts à l’égard de tous.
que par l’un des créanciers solidaires ne
91. – L’obligation alternative libère le débiteur que pour la part de ce 106. – Le codébiteur solidaire poursuivi par le
devient pure et simple, si l’une des créancier. créancier peut opposer toutes les exceptions
choses promises périt et ne peut plus qui résultent de la nature de l’obligation, et
être livrée, même par la faute du 97. - Tout acte qui interrompt la toutes celles qui lui sont personnelles, ainsi que
débiteur. Le prix de cette chose ne prescription à l’égard de l’un des celles qui sont communes à tous les
peut pas être offert à sa place. créanciers solidaires, profite aux autres codébiteurs.
Si toutes deux sont péries, et que créanciers. Il ne peut opposer les exceptions qui sont
le débiteur soit en faute à l’égard de purement personnelles à quelque-uns des
l’une d’elles, § 2 - De la solidarité de la part des autres codébiteurs.
il doit payer le prix de celle qui a péri débiteurs.
la dernière. 107. – Lorsque l’un des débiteurs devient
98. – Il y a solidarité de la part des héritier unique du créancier, ou lorsque le
92. – Lorsque dans les cas prévus débiteurs lorsqu’ils sont obligés à une créancier devient l’unique héritier de l’un des
par l’article précédent, le choix avait même chose de manière que chacun débiteurs, la confusion n’éteint la créancier
été déféré par la convention au puisse être contraint un seul libère les solidaire que pour la part et portion du débiteur
créancier. autres envers le créancier. ou du créancier.
ou l’une des choses seulement est
périe ; et alors, si c’est sans la faute 99. – L’obligation peut être solidaire 108. – Le créancier qui consent à la division de
du débiteur, le créancier doit avoir quoi-que l’un des débiteurs soit obligé la dette à l’égard de l’un des codébiteurs,
celle qui reste, si le débiteur est en différemment de l’autre au paiement de conserve son action solidaire contre les autres,
faute, le créancier doit avoir celle qui la même chose, par exemple, si l’un mais sous la déduction de la part du débiteur
reste, si le débiteur est en faute, le n’est obligé que conditionnellement, qu’il a déchargé de la solidarité.
créancier peut demander la chose qui tandis que l’engagement de l’autre est
reste, ou le prix de celle qui est pur et simple, ou si l’un a pris un terme 109. – Le créancier qui reçoit divisément la part
périe ; qui n’est point accordé à l’autre. de l’un des débiteurs, sans réserver dans la

7
CODE CIVIL - LIVRE III

quittance la solidarité ou ses droits toute la dette vis-à vis des autres Dans les trois premiers cas, l’héritier qui
en général, ne renonce à la solidarité codébiteurs, qui ne seraient considérés possède la chose due ou le fondshypothéqué à
qu’à l’égard de ce débiteur. par rapport à lui que comme ses la dette, peut être poursuivi pour le tout sur la
Le créancier n’est pas censé cautions. chose due ou sur le fonds hypothéqué, sauf le
remettre la solidarité au débiteur recours contre ses cohéritiers. Dans le
lorsqu’il reçoit de lui une somme SECTION 5. Des obligations quatrième cas, l’héritier seul chargé de la dette,
égale à la portion dont il est tenu, si divisibles et indivisibles. et dans le cinquième cas, chaque héritier peut
la quittance ne porte pas que c’est aussi être poursuivi pour le tout, sauf son
pour sa part. 115. – L’obligation est divisible ou recours contre ses cohéritiers.
Il en est de même de la simple indivisible selon qu’elle a pour objet ou
demande formée contre l’un des une chose qui dans sa livraison, ou un 120. – Chacun de ceux qui ont contracté
codébiteurs pour sa part si celui-ci fait qui dans l’exécution est ou n’est pas conjointement une dette indivisible en est tenu
n’a pas acquiescé à la demande, ou susceptible de division, soit matérielle, pour le total, encore que l’obligation n’ait pas
s’il n’est pas intervenu un jugement soit intellectuelle. été contractée solidairement.
de condamnation.
116. – L’obligation est indivisible, 121. – Il en est de même à l’égard des héritiers
110. – Le créancier qui reçoit quoique la chose ou le fait qui en est de celui qui a contracté une pareille obligation.
divisément et sans réserve la portion l’objet soit divisible par sa nature, si le
de l’un des codébiteurs dans les rapport sous lequel elle est considérée 122. – Chaque héritier du créancier peut exiger
arrérages ou intérêts de la dette, ne dans l’obligation ne la rend pas en totalité l’exécution de l’obligation
perd la solidarité que pour les susceptible d’exécution partielle. indivisible.
arrérages ou intérêts échus, et non Il ne peut seul faire la remise de la totalité
pour ceux à échoir, ni pour le capital, 117. – La solidarité stipulée ne donne de la dette, il ne recevoir seul le prix au lieu de
à moins que le paiement divisé n’ait point à l’obligation le caractère la chose. Si l’un des héritiers a seul remis la
été continué pendant dix ans d’indivisibilité. dette ou reçu le prix de la chose, son cohéritier
consécutifs. ne peut demander la chose indivisible qu’en
§ 1 – Des effets de l’obligation tenant compte de la portion du cohéritier qui a
111. – L’obligation contractée divisible. fait la remise ou qui a reçu le prix.
solidairement envers le créancier se
divise de plein droit entre les 118. – L’obligation qui est susceptible de 123. – L’héritier du débiteur, assigné pour la
débiteurs, qui n’en sont tenus entre division doit être exécutée entre le totalité de l’obligation, peut demander un délai
eux que chacun pour sa part et créancier et le débiteur, comme si elle pour mettre en cause ses cohéritiers, à moins
portion. était indivisible. La divisibilité n’a que la dette ne soit de nature à ne pouvoir être
d’application qu’à l’égard de leurs acquittée que par l’héritier assigné, qui peut
112. – Le codébiteur d’une dette héritiers, qui ne peuvent demander la alors être condamné seul, sauf son recours en
solidaire, qui l’a payée en entier, ne dette ou qui ne sont tenus de la payer, indemnité contre ses cohéritiers.
peut répéter contre les autres que les que pour les parts dont ils sont saisis ou
part et portion de chacun d’eux. dont ils sont tenus comme représentant SECTION 6. Des obligations avec
Si l’un d’eux se trouve insolvable, le créancier ou le débiteur. clauses pénales.
la perte qu’occasionne son
insolvabilité se répartit par 119. – Le principe établi dans l’article 124. – La clause pénale est celle par laquelle
contribution entre tous les autres précédent reçoit exception à l’égard des une personne, pour assurer l’exécution d’une
codébiteurs solvables et celui qui a héritiers du débiteur : convention, s’engage à quelque chose en cas
fait le paiement. d’inexécution.
1° dans le cas où la dette est
113. – Dans le cas où le créancier a hypothécaires : 125. – La nullité de l’obligation principale
renoncé à l’action solidaire envers 2° lorsqu’elle est d’un corps certain ; entraîne celle de la clause pénale.
l’un des débiteurs, si l’un ou 3° lorsqu’il s’agit du créancier, dont La nullité de celle-ci n’entraîne point celle
plusieurs des autres codébiteurs leurs l’une est indivisible ; de l’obligation principale.
deviennent insolvables, la portion 4° lorsque l’un des héritiers est chargé
des insolvables sera seul, par le titre, de l’exécution de 126. – Le créancier, au lieu de demander la
contributoirement répartie entre tous l’obligation ; peine stipulée contre le débiteur qui est en
les débiteurs, même entre ceux 5° lorsqu’il résulte, soit de la nature de demeure, peut poursuivre l’exécution de
précédemment déchargés de la l’engagement, soit de la chose qui l’obligation principale.
solidarité par le créancier. en fait l’objet, soit de la fin qu’on
s’est proposée dans le contrat, que 127. – La clause pénale est la compensation
114. – Si l’affaire pour laquelle la l’intention des contractants a été des dommages et intérêts que le créancier
dette a été contractée solidairement que la dette ne pût s’acquitter souffre de l’inexécution de l’obligation
ne concernait que l’un des coobligés partiellement. principale.
solidaires, celui-ci serait tenu de

8
CODE CIVIL - LIVRE III

Il ne peut demander en même tout autre contrat indiquant une remise 133. – Tout paiement suppose une dette ce qui
temps le principal et la peine, qu’elle de valeur mobilière quelle que soit la a été payé sans être dû est sujet à répétition.
n’ait été stipulée pour le simple forme apparente du contrat, le créancier La répétition n’est pas admise à l’égard des
retard. abusant des besoins des faiblesses, des obligations naturelles qui ont été
passions ou de l’ignorance du débiteur, volontairement acquittées.
128. – Soit que l’obligation primitive s’est fait promettre pour lui-même ou
contienne, soit qu’elles ne pour autrui un intérêt ou d’autres 134. – Une obligation peut être acquittée par
contiennent pas un terme dans lequel avantages excédant manifestement toute personne qui y est intéressée, telle qu’un
elle doive être accomplie, la peine l’intérêt normal, le juge peut, sur la coobligé ou une caution.
n’est encourue que lorsque celui qui demande du débiteur, réduire ses L’obligation peut même être acquittée par
s’est obligé soit à livrer, soit à obligation à l’intérêt normal. un tiers qui n’y est point intéressé, pourvu que
prendre, soit à faire, est en demeure. La réduction s’applique aux ce tiers agisse au non et en l’acquit du débiteur,
paiements effectués par le débiteur, à ou que, s’il agit en son nom propre, il ne soit
129. – La peine peut être modifiée condition que la demande soit intentée pas subrogé aux droits du créancier.
par le juge lorsque l’obligation dans les trois ans à dater du jour du
principale a été exécutée en partie. paiement. » 135. – L’obligation de faire ne peut être
- L’intérêt normal a été fixé par la circulaire n° acquittée par un tiers contre le gré du créancier
1/59 du Mwami du Burundi du 5 août 1959
130. – Lorsque l’obligation primitive lorsque ce dernier a intérêt qu’elle soit remplie
libellée comme suit : « Dans ma circulaire n° 5/57
contractée avec une clause pénale est du 28 octobre 1957, je vous exposais qu’en vue par le débiteur lui-même.
d’une chose indivisible, la peine est d’arriver à mettre fin à l’exploitation abusive du
encourue par la contravention d’un pauvre par le riche en matière de prêts à des taux 136. – Pour payer valablement, il faut être
usuraires le taux d’intérêt était ramené un
seul des héritiers du débiteur, et elle propriétaire de la chose donnée en paiement et
maximum de 25% et que cette mesure était
peut être demandée, soit en totalité transitoire. En effet, les conditions du taux ainsi capable de l’aliéner.
contre celui qui a fait la fixé restaient encore déraisonnables au regard de Néanmoins, le paiement d’une somme en
contravention, soit contre chacun des l’équité. J’estime qu’actuellement le moment est argent ou autre chose qui se consomme par
venu de réduire définitivement le taux d’intérêt à
cohéritiers pour leur part et portion et l’usage, ne peut être répété contre le créancier
sa juste mesure : celle que dictent la justice et
hypothécairement pour le tout, sauf l’honnêteté. Il s’impose donc, dès maintenant, qui l’a consommé de bonne foi, quoique le
leur recours contre celui qui a fait d’aligner le taux d’intérêt sur des normes paiement en ait été fait par celui qui n’en était
encourir la peine. généralement admises par les établissements de pas propriétaire ou qui n’était pas capable de
crédit aussi ai-je décidé que la coutume de
l’aliéner.
l’Urundi fixerait désormais le taux d’intérêt à six
131. – Lorsque l’obligation primitive pour-cent l’an maximum.
contractée sous une peine est Vos jugements n’admettront donc pas d’autre 137. – Le paiement doit être fait au créancier
divisible, la peine n’est encourue taux d’intérêts supérieur à celui-là. ou à quelqu’un ayant pouvoir de lui, ou qui soit
Cette mesure est définitive ; elle garantit au
que par celui des héritiers du autorisé par la justice ou par la loi à recevoir
créancier un rapport raisonnable et honnête, et
débiteur qui contrevient à cette constitué pour le débiteur, une charge nullement pour lui.
obligation, et pour la part seulement excessive mais équitable en échange du service qui Le paiement fait à celui qui n’aurait pas
dont il était tenu dans l’obligation lui est rendu. pouvoir de recevoir pour le créancier, est
J’entends voir appliquer scrupuleusement cette
principale, sans qu’il ait d’action valable, si celui-ci le ratifie, ou s’il en a profité.
circulaire dont la teneur doit être immédiatement
contre ceux qui l’ont exécutée. communiquée à la population par les chefs et les
Cette règle reçoit exception sous-chefs dès la première réunion des Conseils 138. – Le paiement fait de bonne foi à celui qui
lorsque la clause pénale ayant été de Chefferie et de sous-Chefferie ». est en possession de la créance, est valable
- Voir aussi code pénal, art. 96bis.
ajoutée dans l’intention que le encore que le possesseur en soit par la suite
paiement ne pût se faire évincé.
partiellement, un cohéritier a CHAPITRE V
empêché l’exécution de l’obligation De l’extinction des obligations 139. – Le paiement fait au créancier n’est point
pour la totalité. En ce cas, la peine valable s’il était incapable de le recevoir, à
entière peut être exigée contre lui et 132. – Les obligations s’éteignent, par le moins que le débiteur ne prouve que la chose
contre les autres cohéritiers pour leur paiement, par la novation, par la remise payée a tourné au profit du créancier.
portion seulement, sauf leur recours. volontaire, par la compensation, par la
confusion par la perte de la chose, par 140. – Le paiement fait au débiteur à son
nullité ou la rescision, par l’effet de la créancier, au préjudice d’une saisie ou d’une
CHAPITRE IV bis condition résolutoire, qui a été expliquée opposition, n’est pas valable à l’égard des
De la lésion au chapitre précédent, et par la créanciers saisissants ou opposant, ceux-ci
prescription. peuvent, selon leur droit, le contraindre à payer
131bis. (D. du 26 août 1959) – de nouveau, sauf, en ce cas seulement, son
« Sans préjudice de l’application des SECTION 1. Du paiement. recours contre le créancier.
dispositions protectrices des
incapables ou relatives à la validité § 1 - Du paiement en général. 141. – Le créancier en peut être contraint de
des conventions, si par une opération recevoir une autre chose que celle qui lui est
de crédit, d’un contrat de prêt ou de

9
CODE CIVIL - LIVRE III

due, quoique la valeur de la chose être expresse et faite en même point intégral, s’impute d’abord sur les intérêts.
offerte soit égale, ou même plus temps que le paiement ;
grande. 2°. lorsque le débiteur emprunte une 153. – Lorsque le débiteur de diverse dettes a
somme à l’effet de payer sa dette et accepté une quittance par laquelle le créancier
142. – Le débiteur ne peut point de subroger le prêteur dans les a imputé ce qu’il n’ y ait eu dol ou surprise de
forcer le créancier à recevoir en droits du créancier. Il faut, pour que la part du créancier.
partie le paiement d’une dette, même cette subrogation soit valable, que
visible. l’acte d’emprunt et la quittance 154. – Lorsque la quittance ne porte aucune
Les juges peuvent néanmoins, en soient passés devant notaires, que imputation, le paiement doit être imputé sur la
considération de la position du dans l’acte d’emprunt, il soit dette que le débiteur avait pour lors le plus
débiteur, et en usant de ce pouvoir déclaré que la somme a été d’intérêt d’acquitter entre celles qui sont
avec une grande réserve, accorder empruntée pour faire le paiement, pareillement échues, sinon sur la dette échue,
des délais modérés pour le paiement, et que, dans la quittance, il soit quoique moins onéreuse que celles qui ne le
et surseoir l’exécution des déclaré que le paiement, et que, sont point.
poursuites, toutes choses demeurant dans la quittance, il soit déclaré que Si les dettes sont d’égale nature,
en état. le paiement été fait des derniers l’imputation se fait sur la plus ancienne, toutes
fournis à cet effet par le nouveau choses égales, elle se fait proportionnellement.
143. – Le débiteur d’un corps certain créance. Cette subrogation s’opère
et déterminé est libéré par la remise sans le concours de la volonté du § 4 – Des offres de paiement et de la
de la chose en l’état où elle se trouve créancier. consignation.
lors de la livraison, pourvu que les
détériorations qui y sont survenues 149. – La subrogation a lieu de plein 155. – Lorsque le créancier refuse de recevoir
ne viennent point de son fait ou de sa droit : son paiement, le débiteur peut lui faire des
faute, ni de celle des personnes dont 1° au profit de celui qui, étant lui offres réelles, et , au refus du créancier de les
il est responsable, ou qu’avant ces même créancier, paie un autre accepter, consigner la somme ou la chose
détériorations il ne fût pas en créancier qui lui est préférable à offerte.
demeure. raison de ses privilèges ou Les offres réelles, suivies d’une
hypothèques ; consignation libèrent le débiteur, elles tiennent
144. – Si la dette est d’une chose qui 2° au profit de l’acquéreur d’un lieu à son égard, de paiement, lorsqu’elles sont
ne soit déterminée que par son immeuble, qui emploie le prix de valablement faites, et la chose ainsi consignée
espèce, le débiteur ne sera pas tenu, son acquisition au paiement des demeure aux risques du créancier.
pour être libéré, de la donner de la créanciers auxquels cet héritage
meilleure espèce, mais il ne pourra était hypothéqué ; 156. – Pour que les offres réelles soient
l’offrir de la plus mauvaise. 3° au profit de celui qui, étant tenu valables, il faut :
avec d’autres ou pour d’autres au 1°. qu’elles soient faites au créancier
145. – Le paiement doit être exécuté paiement de la dette, avait intérêt ayant la capacité de recevoir ou à
dans le lieu désigné, le paiement de l’acquitter. celui qui a pouvoir de recevoir pour
lorsqu’il s’agit d’un corps certain et lui ;
déterminé, doit être fait dans le lieu 150. – La subrogation établie par les 2°. qu’elles soient faites par une personne
où était, au temps de l’obligation, la articles précédents a lieu tant contre capable de payer ;
chose qui en fait l’objet. les cautions que contre les débiteurs ; 3°. qu’elles soient de la totalité de la
Hors ces deux cas, le paiement elle ne peut nuire au créancier lorsqu’il somme exigible, des arrérages ou
doit être fait au domicile du débiteur. n’a été payé qu’en partie ; en ce cas, il intérêts dus, des frais liquidés, et
peut exercer ses droits, pour ce qui lui d’une somme pour les frais non
146. – Les frais du paiement sont à la reste dû, par préférence à celui dont il liquidés, sauf à la parfaire ;
charge du débiteur. n’a reçu qu’un paiement partiel. 4°. que le terme soit échu, s’il a été
stipulé en faveur du créancier ;
§ 2 - Du paiement avec subrogation. § 3 – De l’imputation des paiements. 5°. que la condition sous laquelle la dette
a été contractée, soit arrivée ;
147. – La subrogation dans les droits 151. – Le débiteur de plusieurs dettes a 6°. que les offres soient faites au lieu dont
du créancier au profit d’une tierce le droit de déclarer, lorsqu’il paie, quelle on est convenu pur le paiement, et
personne qui le paie, est ou dette il entend acquitter. que, s’il n’y a pas de convention
conventionnelle ou légale. spéciale sur le lieu du paiement, elles
152. – Le débiteur d’une dette qui porte soient faites ou à la personne du
148. – Cette subrogation est intérêt ou produit des arrérages, ne peut créancier, ou à son domicile, ou au
conventionnelle : point, sans le consentement du domicile élu pour l’exécution de la
1°. lorsque le créancier, recevant créancier, imputer le paiement qu’il fait convention ;
son paiement d’une tierce sur le capital par préférence aux 7°. que les offres soient faites par un
personne, la subroge dans doit arrérages ou intérêts ; le paiement fait huissier à ce désigné par le juge.
sur le capital et intérêts, mais qui n’est

10
CODE CIVIL - LIVRE III

157. – Il n’est pas nécessaire, pour la retirée aura été revêtu des formes expresse, ou que le délégué ne fût déjà en
validité de la consignation qu’elle requises pour emporter l’hypothèque. faillite ouverte, ou tombé en déconfiture au
ait été autorisée par le juge, il suffit : moment de la délégation.
1°. qu’elle ait été précédée 162. – Si la chose due est un corps
d’une sommation signifiée certain qui doit être livré au lieu où il se 169. – La simple indication faite par le débiteur
au créancier, et contenant trouve, le débiteur doit faire sommation d’une personne qui doit payer à sa place,
l’indication du jour, de au créancier de l’enlever, par acte notifié n’opère point novation.
l’heure et du lieu où la à sa personne ou à son domicile, ou au Il en est de même de la simple indication
chose offerte sera déposée ; domicile élu pour l’exécution de la faite par le créancier, d’une personne qui doit
2°. que le débiteur se soit convention. Cette sommation faite, si le recevoir pour lui.
dessaisi de la chose offerte créancier n’enlève par la chose et que le
en la remettant au greffe du débiteur ait besoin du lieu dans lequel 170. – Les privilèges et hypothèques de
tribunal de première elle est placée, celui-ci pourra obtenir de l’ancienne créance ne passent point à celle qui
instance ou d’appel, avec la justice la permission de la mettre en lui est substituée, à moins que le créancier ne
les intérêts jusqu’au jour du dépôt dans quelque autre lieu. les ait expressément réservés.
dépôt ;
3°. qu’il y ait eu procès-verbal, SECTION 2. De la novation. 171. – Lorsque la novation s’opère par la
dressé par l’huissier, de la substitution d’un nouveau débiteur, les
nature des espèces offertes, 163. – La novation s’opère de trois privilèges et hypothèques primitifs de la
du refus qu’a fait le manières : créance ne peuvent point passer sur les biens
créancier de les recevoir, ou 1°. lorsque le débiteur contracte du nouveau débiteur.
de sa non-comparution, et envers son créancier une nouvelle
enfin du dépôt ; dette qui est substituée à l’ancienne, 172. – Lorsque la novation s’opère entre le
4°. qu’en cas de non- laquelle est éteinte ; créancier et l’un des débiteurs solidaires, les
comparution de la part du privilèges et hypothèques de l’ancienne
créancier, le procès-verbal 2°. lorsqu’un nouveau débiteur est créance ne peuvent être réservés que sur les
du dépôt lui ait été signifié substitué à l’ancien qui est déchargé biens de celui qui contracte la nouvelle dette.
avec sommation de retirer la par le créancier ;
chose déposée. 173. – Par la novation faite entre le créancier et
3°. lorsque par l’effet d’un nouvel l’un des débiteurs solidaires, les codébiteurs
158. – Les frais des offres réelles et engagement, un nouveau créancier sont libérés.
de la consignation sont à la charge du est substitué à l’ancien, envers La novation opérée à l’égard du débiteur
créancier si elles sont valables. lequel le débiteur se trouve principal libère les cautions.
déchargé. Néanmoins, si le créancier a exigé, dans le
159. – Tant que la consignation n’a premier cas, l’accession des codébiteurs, ou,
point été acceptée par le créancier, le 164. – La novation ne peut s’opérer dans le second, celle des cautions, l’ancienne
débiteur peut la retirer ; et s’il la qu’entre personnes capables de créance subsiste, si les codébiteurs ou les
retire, ses codébiteurs ou ses cautions contracter. cautions refusent d’accéder au nouvel
ne sont point libérés. arrangement.
165. – La novation ne se présume point,
160. – Lorsque le débiteur a lui- il faut que la volonté de l’opérer résulte SECTION 3. De la remise de la dette.
même obtenu un jugement passé en clairement de l’acte.
force de chose jugée, qui a déclaré 174. – La remise volontaire du titre original
ses offres et sa consignation bonnes 166. – La novation par la substitution sous signature privée par le créancier au
et valables, il ne peut plus, même du d’un nouveau débiteur peut s’opérer débiteur, fait preuve de la libération.
consentement du créancier, retirer sa sans le concours du premier débiteur.
consignation au préjudice de ses 175. – La remise volontaire de la minute ou de
codébiteurs ou de ses cautions. 167. – La délégation par laquelle un l’expédition du titre fait présumer la remise de
débiteur donne au créancier un autre la dette ou le paiement, sans préjudice de la
161. – Le créancier qui a consenti que débiteur qui s’oblige envers le créancier, preuve contraire.
le débiteur retirât sa consignation n’opère point de novation, si le créancier
après qu’elle a été déclarée valable n’a expressément déclaré qu’il entendait 176. – La remise du titre original sous signature
par un jugement qui a acquis force de décharger son débiteur qui a fait la privée, ou de la minute du titre, à l’un des
chose jugée, ne peut plus, pour le délégation. débiteurs solidaires, a le même effet au profit
paiement de sa créance, exercer les des codébiteurs.
privilèges ou hypothèques qui y 168. – Le créancier qui a déchargé le
étaient attachés ; il n’a plus débiteur par qui a été faite la délégation 177. – La remise ou décharge conventionnelle
d’hypothèque que la consignation fût n’a point de recours contre ce débiteur, au profit de l’un des codébiteurs solidaires,
si le délégué devient insolvable, à moins libère tous les autres, à moins que le créancier
que l’acte n’en contienne une réserve

11
CODE CIVIL - LIVRE III

n’ait expressément réservé ses droits propriétaire a été injustement


contre ces derniers. dépouillé ; 192. – Lorsque les qualités de créancier et de
Dans ce dernier cas, il ne peut 2°. de la demande en restitution d’un débiteur se réunissent dans la même personne,
plus répéter la dette que déduction dépôt et du prêt à usage ; il se fait une confusion de droit qui éteint les
faite de la part de celui auquel il a 3°. d’une dette qui a pour cause des deux créances.
fait la remise. aliments déclarés insaisissables.
193. – La confusion qui s’opère dans la
178. – La remise de la chose donnée 186. – La caution peut opposer la personne du débiteur principal profite à ses
en nantissement ne suffit point pour compensation de ce que le créancier cautions.
faire présumer la remise de la dette. doit au débiteur principal. Celle qui s’opère dans la personne de la
Mais le débiteur principal ne peut caution n’entraîne point l’extinction de
179. – La remise ou décharge opposer la compensation de ce que le l’obligation principale.
conventionnelle accordée au débiteur créancier doit la caution. Celle qui s’opère dans la personne du
principal libère les cautions ; Le débiteur solidaire ne peut créancier ne profite à ses codébiteurs solidaires
celle accordée à la caution ne pareillement opposer la compensation de que pour la portion dont il était débiteur.
libère pas le débiteur principal ; ce que le créancier doit à son codébiteur.
celle accordée à l’une des SECTION 6. De la perte de la chose due.
cautions ne libère pas les autres. 187. – Le débiteur qui a accepté
purement et simplement la cession 194. – Lorsque le corps certain et déterminé qui
180. – Ce que le créancier a reçu qu’un créancier a faite de ses droits à un était l’objet de l’obligation vient à périr, est
d’une caution pour la décharge de tiers, ne peut plus opposer au mis hors du commerce ou se perd de manière
son cautionnement doit être imputé cessionnaire la compensation qu’il eût qu’on en ignore absolument l’existence,
sur la dette et tourner à la décharge pu, avant l’acceptation, opposer au l’obligation est éteinte si la chose a péri ou a
du débiteur principal et des autres cédant. été perdu sans la faute du débiteur et avant
cautions. A l’égard de la cession qui na point qu’il fût en demeure.
été acceptée par le débiteur, ais qui lui ai Lors même que le débiteur est en demeure,
SECTION 4. De la compensation. été signifiée, elle n’empêche que la et s’il ne s’est pas chargé des cas fortuits,
compensation des créance postérieures à l’obligation est éteinte dans le cas où la chose
181. – Lorsque deux personnes se cette notification. fût également périe chez le créancier, si elle lui
trouvent débitrices l’une envers eût été livrée.
l’autre, il s’opère entre elles une 188. – Lorsque les deux dettes ne sont Le débiteur est tenu de prouver le cas fortuit
compensation qui éteint les deux pas payables au même lieu, on n’en qu’il allègue.
dettes de la manière et dans les cas peut opposer la compensation qu’en De quelque manière que la chose volée ait
ci-après exprimés. faisant raison des frais de la remise. périt ou ait été perdue, sa perte ne dispense pas
celui qui la soustraite de la restitution du prix.
182. – la compensation s’opère de 189. – Lorsqu’il y a plusieurs dettes
plein droit par la seule force de la loi, compensables dues par la même 195. – Lorsque la chose est périe, mise hors du
même à l’insu des débiteurs, les deux personne, on suit pur la compensation, commerce ou perdue, sans la faute du débiteur,
dettes s’éteignent réciproquement à les règles établies pur l’imputation par il est tenu, s’il y a quelques droits ou actions en
l’instant où elles se trouvent exister à l’article 154. indemnité par rapport à cette chose de les céder
la fois, jusqu’à concurrence de leurs à son créancier.
quotités respectives. 190. – La compensation n’a pas lieu au
préjudice des droits acquis à un tiers. SECTION 7. De l’action en nullité
183. – La compensation n’a lieu Ainsi celui qui, étant débiteur, est ou en rescision des conventions.
qu’entre deux dettes qui ont devenu créancier depuis la saisie-arrêt
également pour objet une somme faite par un tiers entre ses mains, ne 196. – Dans tous les cas où l’action en nullité
d’argent ou une certaine quantité de peut, au préjudice du saisissant, opposer ou en rescision d’une convention n’est pas
chose fongibles de la même espèce et la compensation. limitée à un moindre temps par une loi
qui sont également liquides et particulière, cette action dure dix ans.
exigibles. 191. – Celui qui a payé une dette qui Ce temps ne court, dans le cas de violence,
était, de droit, éteinte par la que du jour où elle a cessé, dans le cas d’erreur
184. – Le terme de grâce n’est point compensation, ne peut plus, en exerçant ou de dol, du jour où ils ont été découverts.
un obstacle à la compensation. la créance dont il n’a point opposé la
compensation, se prévaloir, au préjudice CHAPITRE VI
185. – La compensation a lieu, des tiers, des privilèges ou hypothèques De la preuve des obligations et de celle
quelles que soient les cause de l’une qui y étaient attachés, à moins qu’il du paiement.
ou l’autre des dettes, excepté dans le n’ait eu une juste cause d’ignorer la
cas : créance qui devait compenser sa dette. 197. – Celui qui réclame l’exécution d’une
1°. de la demande en restitution obligation doit la prouver.
d’une chose dont le SECTION 5. De la confusion.

12
CODE CIVIL - LIVRE III

Réciproquement, celui qui se 205. – Celui auquel on oppose un acte 1°. si celui ou l’un de ceux qui ont souscrit
prétend libéré doit justifier le sous seing privé est obligé d’avouer ou l’acte est mort, l’acte alors a date certaine
paiement ou le fait qui a produit de désavouer formellement son écriture du jour du décès.
l’extinction de son obligation. ou sa signature. 2°. si la substance de l’acte est constatée par
Ses héritiers ou ayant peuvent se des actes authentiques ; l’acte, en ce cas, a
198. – Les règles qui concernent la contenter de déclarer qu’ils ne date certaine du jour de ces actes.
preuve littérale, la preuve connaissent point l’écriture ou la
testimoniale, les présomptions, signature de leur auteur. 211. – Les registres des marchands ne font
l’aveu de la partie et le serment,, sont point, contre les personnes non marchandes,
expliquées dans les sections 206. – Dans le cas où la partie preuve des fournitures qui y sont portées, sauf
suivantes. désavoue son écriture ou sa signature, et ce qui sera dit à l’égard du serment.
dans le cas où ses héritiers ayant cause
SECTION 1. De la preuve littérale. déclarent ne les point connaître, la 212. – Les livres des marchands font preuve
vérification en est ordonnée en justice. contre eux, mais celui qui en veut tirer
§ 1 – Du titre authentique. avantage ne peut les diviser en ce qu’ils
207. – Les actes sous seing privé qui contiennent de contraire à sa prétention.
199. – L’acte authentique est celui contiennent des conventions
qui a été reçu par officiers publics synallagmatiques ne sont valables 213. – Les registres et papiers domestiques ne
ayant le droit d’instrumenter dans le qu’autant qu’ils ont été faits en autant font point un titre pour celui qui les a écrits. Ils
lieu où l’acte a été rédigé, et avec les d’originaux qu’il y a des parties ayant font foi contre lui :
solennités requises. un intérêt distinct. 1°. dans tous les cas où ils énoncent
Il suffit d’un original pour toutes les formellement un paiement reçu :
200. – L’acte qui n’est point personnes ayant le même intérêt. 2°. lorsqu’ils contiennent la mention expresse
authentique par l’incompétence ou Chaque original doit contenir la que la note a été faite pour suppléer le
l’incapacité de l’officier, ou par mention du nombre des originaux qui en défaut de titre en faveur de celui au profit
défaut de forme, vaut comme ont été faits. duquel ils énoncent une obligation.
écriture privée s’il a signé des Néanmoins, le défaut de mention que
parties. les originaux ont été faits doubles, 214. – L’écriture mise par le créancier à la
triples, etc.., ne peut être opposé par suite, en marge ou au dos d’un titre qui est
201. – L’acte authentique fait foi de celui qui a exécuté de sa part la toujours resté en sa possession fait foi, quoique
la convention qu’il renferme entre les convention portée dans l’acte. non signé ni datée par lui, lorsqu’elle tend à
parties contractantes et leurs héritiers établir la libération du débiteur .
ou ayant cause jusque preuve littérale 208. – Le billet ou la promesse sous Il en est de même de l’écriture mise par le
contraire. seing privé par lequel une seule partie créancier au dos, ou en marge, ou à la suite du
s’engage envers l’autre à lui payer une double d’un titre ou d’une quittance, pourvu
202. – L’acte, soit authentique, soit somme d’argent ou une chose que ce double soit entre les mains du débiteur.
sous seing privé, fait foi entre les appréciable, doit être écrit en entier de
parties, même de ce qui n’y est sa main un bon ou un approuvé, portant § 3 - Des actes récognitifs et confirmatifs.
exprimé qu’en termes énonciatifs, en toutes lettres la somme ou la quantité
pourvu que l’énonciation ait un de la chose. 215. – Les actes récognitifs ne dispensent point
rapport direct à la disposition. Les Excepté dans le cas où l’acte émane de la représentation du titre primordial à moins
énonciations étrangères à la de marchands, artisans, laboureurs, que sa teneur n’y soit spécialement relatée.
disposition ne peuvent servir que vignerons, gens de journée et de service. Ce qu’ils contiennent de plus que le titre
d’un commencement de preuve. primordial, ou ce qui s’y trouve de différent,
209. – Lorsque la somme exprimée au n’a aucun effet.
203. – Les contre-lettres ne peuvent corps de l’acte est différente de celle Néanmoins, s’il y avait plusieurs
avoir leur effet qu’entre les parties exprimée au bon, l’obligation est reconnaissances conformes, soutenues de la
contractantes, elles n’ont point présumée n’être que de la somme possession, et dont l’une eût trente ans de date,
d’effet contre les tiers. moindre, lors même que l’acte ainsi que le créancier pourrait être dispensé de
le bon sont écrits en entier de la main de représenter le titre primordial.
§2 - De l’acte sous seing privé. celui qui s’est obligé, à moins qu’il ne
soit prouvé de quel côté est l’erreur. 216. – L’acte de confirmation ou ratification
204. – L’acte sous seing privé, d’une obligation contre laquelle la loi admet
reconnu par celui auquel on l’oppose 210. – Les actes sous seing privé n’ont l’action en nullité ou en rescision, n’est valable
ou légalement tenu pour reconnu a, de date certaine à l’égard des tiers que que lorsqu’on y trouve la substance de cette
entre ceux qui l’on souscrit et entre lorsque l’antidate est devenue obligation, la mention du motif de l’action en
leurs héritiers et ayant cause, la impossible. rescision et l’intention de réparer le vice sur
même foi que l’acte authentique. Il en est ainsi notamment : lequel cette action est fondée.
A défaut d’acte de confirmation ou
ratification, il suffit que l’obligation soit

13
CODE CIVIL - LIVRE III

exécutée volontairement après 221. – Si, dans la même instance, une SECTION 3. Des présomptions.
l’époque à laquelle l’obligation partie fait plusieurs demandes dont il n’y
pouvait être valablement confirmée ait point de titre par écrit, et que, jointes 225. – Les présomptions sont des conséquences
ou ratifiée. ensemble, elles excédent la somme de que la loi ou le magistrat tirent d’un fait connu
La confirmation, ratification ou deux mille francs, la preuve par témoins à un fait inconnu.
exécution volontaire dans les formes n’en peut être admise, encore que la
et à l’époque déterminées par la loi, partie allègue que ces créances $ 1 – Des présomptions établies par la loi.
emporte la renonciation aux moyens proviennent de différentes cause, et
et exceptions que l’on pouvait qu’elles se soient formées en différents 226. – Les présomptions légale est celle qui est
opposer contre cet acte, sans temps, si ce n’était que ces droits attaché par une loi spéciale à certains cas ou à
préjudice néanmoins du droit des procédassent, par succession, donation certains faits ; tels sont :
tiers. ou autrement, de personne différentes.
- voir le D ; du 16 juin 1947. 1°. les cas dans lesquels la loi déclare la
SECTION 2. De la preuve propriété ou la libération résulter de
testimoniale. 222. – Toutes les demandes, à quelque certaines circonstances déterminées ;
titre que ce soit, qui ne seront pas 2°. l’autorité que la loi attribue à la
217. – Il doit être passé acte entièrement justifiées par écrit, seront chose jugée ;
authentique ou sous signature privée, formées par un même exploit, après 3°. la force que la loi attache à l’aveu de
de toutes choses excédant la somme lequel les autres demandes dont il n’y la partie ou à son serment.
ou valeur du deux mille francs, aura point de preuves par écrit ne seront
même pour dépôts volontaires, et il pas reçues. 227. – L’autorité de la chose jugé n’a lieu qu’à
n’est reçu aucune preuve par l’égard de ce qui a fait l’objet du jugement. Il
témoins contre et outre le contenu 223. – Les règles ci-dessus reçoivent faut que la chose demandée soit la même ; que
aux actes ni sur ce qui serait allégué exception lorsqu’il existe un la demande soit fondée sur la même cause, que
avoir été dit avant, lors ou depuis les commencement de preuve par écrit. la demande soit entre les même parties, et
actes, encore qu’il s’agisse d’une On appelle ainsi tout acte par écrit formée par elles et contre elles en la même
somme ou valeur moindre de deux qui est émané de celui contre lequel la qualité.
mille francs. demande est formée, ou de celui qu’il
Néanmoins, les engagements représente, et qui rend vraisemblable le 228. - La présomption légale dispense de toute
commerciaux pourront être constaté fait allégué. preuve celui au profit duquel elle existe.
- Le texte du B.O porte ci-dessous bien qu’il
par la preuve testimoniale dans tous Nulle preuve n’est admise contre la
faille de toute évidence ci-dessus : le texte
les cas où le tribunal croira devoir reproduit par la législation congolaise étant celui présomption de la loi, lorsque, sur le
l’admettre. de l’article 1347 du Code civil belge. fondement de cette présomption, elle annule
- Les mots deux mille résultent du décret du certains actes ou dénie l’action en justice, à
16 juin 1947.
224. – Elles reçoivent encore exception moins qu’elle n’ait réservé la preuve contraire,
toutes les fois qu’il n’a pas été possible et sauf ce qui sera dit sur le serment et l’aveu
218. – La règle ci-dessus s’applique au créancier de se procurer une preuve judiciaire.
au cas où l’action contient, outre la littérale de l’obligation qui a été
demande du capital, une demande contractée envers lui. § 2 - Des présomptions qui ne sont point
d’intérêt qui, réunis au capital, établies par la loi.
excèdent la somme de deux mille Cette seconde exception s’applique :
francs. 1°. aux obligations qui naissent des 229. – Les présomption qui ne sont point
- Voir le D. du 16 juin 1947. quasi-contrats et des délits ou établies par la loi sont abandonnées aux
quasi-délits ; lumières et à la prudence du magistrat, qui ne
219. – Celui qui a formé une 2°. aux dépôts nécessaires faits en doit admettre que des présomptions graves,
demande excédant deux mille francs cas d’incendie, ruine, tumulte ou précises et concordantes, et dans les cas
ne peut plus être admis à la preuve naufrage, et à ceux faits par les seulement ou la loi admet les preuves
testimoniale, même en restreignant voyageurs en logeant dans une testimoniales, à moins que l’acte ne soit
sa demande primitive. hôtellerie, le tout suivant la attaqué pour cause de fraude ou de dol.
qualité des personnes et les
- Voir le D. du 16 juin 1947. circonstances du fait ; SECTION 4. De l’aveu de la partie.
3°. aux obligations contractées en
220. – La preuve testimoniale, sur la cas d’accidents imprévus, où l’on 230. – L’aveu qui est opposé à une partie est ou
demande d’une somme même ne pourrait pas avoir fait des actes extrajudiciaire ou judiciaire.
moindre de deux mille francs, ne par écrit ;
peut être admise lorsque cette somme 4°. au cas où le créancier a perdu le 231. – L’allégation d’un aveu extrajudiciaire
est déclarée être le restant ou faire titre qui lui servait de preuve purement verbal est inutile toutes les fois
partie d’une créance plus forte qui littérale, par suite d’un cas fortuit, qu’il s’agit d’une demande dont la preuve
n’est point prouvée par écrit. imprévu et résultant d’une force testimoniale ne serait point admissible.
- voir le D ; du 16 juin 1947.
majeure.

14
CODE CIVIL - LIVRE III

232. – L’aveu judiciaire est la aucun commencement de preuve de la Et celui déféré à la caution profité au
déclaration que fait en justice la demande ou de l’exception sur laquelle débiteur principal.
partie ou son fondé de pouvoir il est provoqué. Dans ces deux derniers, cas, le serment du
spécial. codébiteur solidaire ou de la caution ne profite
Il fait pleine foi contre celui qui 237. – Celui auquel le serment est déféré aux autres codébiteurs ou au débiteur principal,
l’a fait. qui le refuse ou ne consent pas à le que lorsqu’il a été déféré sur la dette, et non sur
Il ne peut être divisé contre lui. référer à son adversaire, ou l’adversaire le fait de la solidarité ou du cautionnement.
Il ne peut être révoqué, à moins à qui il a été référé et qui le refuse, doit
qu’on ne prouve qu’il a été la suite succomber dans sa demande ou dans son §2 - Du serment déféré d’office.
d’une erreur de fait. Il ne pourra être exception.
révoqué sous prétexte d’une erreur 242. – Le juge peut déférer à l’une des parties
de droit. 238. – Le serment ne peut être référé le serment, ou pour en faire dépendre la
quand le fait qui en est l’objet n’est décision de la cause, ou seulement pour
SECTION 5. Du serment. point celui des deux parties, mais est déterminer le montant de la condamnation.
purement personnel à celui auquel le
233. – Le serment judiciaire est de serment avait été déféré. 243. – Le juge ne peut déférer d’office le
deux espèces : serment, soit sur la demande, soit sur
239. – Lorsque le serment déféré ou l’exception qui y est opposée que sous les deux
1°. celui qu’une partie diffère à référé a été fait, l’adversaire n’est point conditions suivantes : il faut :
l’autre pour en faire dépendre recevable à en prouver al fausseté. 1°. que la demande ou l’exception ne soit
le jugement de la cause, il est pas pleinement justifiée ;
appelé décisoire ; 240. – La partie qui a déféré ou référé le 2°. qu’elle ne soit pas totalement dénuée de
2°. celui qui est déféré d’office serment ne peut plus se rétracter lorsque preuves.
par le juge à l’une ou à l’autre l’adversaire a déclaré qu’il est prêt à Hors ces deux cas, le juge doit ou adjuger,
des parties. faire ce serment. ou rejeter purement et simplement la demande.

§1 - Du serment décisoire. 241. – Le serment fait ne forme preuve 244. – Le serment déféré d’office par le juge à
qu’au profit de celui qui l’a déféré ou l’une des parties ne peut être par elle référé à
234. – Le serment décisoire peut être contre lui, et au profit de ses héritiers et l’autre.
déféré sur quelque espèce de ayants cause ou contre eux.
contestation que ce soit. Néanmoins le serment fait ne déféré 245. – Le serment sur la valeur de la chose
par l’un des créanciers solidaire au demandée ne peut être déféré par le juge au
235. – Il ne peut être déféré que sur débiteur ne libère celui-ci que pour la demandeur que lorsqu’il est d’ailleurs
un fait personnel à la partie à laquelle part de ce créancier. impossible de constater autrement cette valeur.
on le défère. Le serment déféré au débiteur Le juge doit même, en ce cas, déterminer la
principal libère également les cautions ; somme jusqu’à concurrence de laquelle le
236. – Il peut être déféré en tout état Celui déféré à l’un des débiteurs demandeur en sera cru sur son serment
de cause, et encore qu’il n’existe solidaire profite aux codébiteurs ;

TITRE II
DES ENGAGEMENTS QUI SE FORMENT SANS CONVENTION

246. – Certains engagements se involontairement, tels que ceux entre 248. – Lorsque volontairement on gère l’affaire
forment sans qu’il intervienne propriétaires voisins. d’autrui, que le propriétaire connaisse la
aucune convention, ni de la part de Les engagements qui naissent d’un gestion, soit qu’il l’ignore, celui qui gère
celui envers lequel il est obligé. fait personnel à celui qui se trouve contracte l’engagement tacite de continuer la
Les uns résultent de l’autorité gestion qu’il a commencée et de l’achever
obligé résultent ou des quasi-contrats, ou
seule de la loi, les autres naissent des délits ou quasi-délits ; ils font la jusqu’à ce que le propriétaire soit en état d’y
d’un fait personnel à celui qui se matière du présent titre. pourvoir lui-même ; il doit se charge également
trouve obligé. de toutes les dépendances de cette même
Les premiers sont les CHAPITRE PREMIER affaire.
engagements formés Des quasi-contrats. Il se soumet à toutes les obligations qui
involontairement, tels que ceux entre résulteraient d’un mandat exprès que lui aurait
propriétaires voisins. 247. – Les quasi-contrats sont les faits donné le propriétaire.
Les engagements qui naissent purement volontaires de l’homme, dont
d’un fait personnel à celui qui se il résulte un engagement quelconque 249. – Il est obligé de continuer sa gestion,
trouve obligé. envers un tiers, et quelquefois un encore que le maître vienne à mourir avant que
Les premiers sont les engagement réciproque des deux parties. l’affaire soit consommée, jusqu’à ce que
engagements formés l’héritier ait pu en prendre la direction.

15
CODE CIVIL - LIVRE III

250. – Il est tenu d’apporter à la 254. – S’il y a eu mauvaise foi de la part par son fait, mais encore par sa négligence ou
gestion de l’affaire tous les soins de celui qui a reçu, il est tenu de par son imprudence.
d’un bon père de famille restituer tant le capital que les intérêts
Néanmoins les circonstances qui ou le fruits, du jour du paiement. 260. – On est responsable non seulement du
l’on conduit à se charger de l’affaire dommage que l’on cause par son propre fait,
peuvent autoriser le juge à modérer 255. – Si la chose indûment reçue est un mais encore de celui qui est causé par le fait
les dommages et intérêts qui immeuble ou un meuble corporel, celui des personnes dont on doit répondre, ou des
résulteraient des fautes ou de la qui l’a reçue s’oblige à la restituer en choses que l’on a sous sa garde.
négligence du gérant. nature, si elle existe, ou sa valeur, si elle Le père, et la mère après le décès du mari,
est périe ou détériorée par sa faute, il est sont responsables du dommage causé par leurs
251. – Le maître dont l’affaire dont même garant de sa perte par cas fortuit, enfants habitant avec eux.
l’affaire a été bien administrée, doit s’il l’a reçue de mauvaise foi. Les maîtres et les commettants, du
remplir les engagements que le dommage causé par leurs domestiques et
gérant a contractés en son nom, 256. – Si celui qui a reçu de bonne foi a préposés dans les fonctions auxquelles ils les
l’indemniser de tous les engagements vendu la chose, il ne doit restituer que le ont employés.
personnels qu’il a pris, et lui prix de la vente. Les instituteurs et les artisans, du dommage
rembourser toutes les dépenses utile causé par leurs élèves et apprentis pendant le
ou nécessaires qu’il a faites. 257. – Celui auquel la chose est restituée temps qu’ils sont sous leur surveillance.
doit tenir compte, même au possesseur La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins
252. – Celui qui reçoit par erreur ou de mauvaise foi, de toutes les dépenses que les père et mère, instituteurs et artisans ne
sciemment ce qui ne lui est pas dû, nécessaires et utiles qui ont été faites prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui
s’oblige à le restituer à celui de qui il pour la conservation de la chose. donne lieu à cette responsabilité.
l’a indûment reçu.
CHAPITRE II 261. – Le propriétaire d’un animal, ou celui qui
253. – Lorsqu’une personne qui, par Des délits et des quasi-délits. s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est
erreur, se croyait débitrice, a acquitté responsable du dommage que l’animal a causé
une dette, elle a le droit de répétition 258. – Tout fait quelconque de l’homme soit que l’animal fût sous sa garde, soit qu’il
contre le créancier. qui cause a autrui un dommage, oblige fût égaré ou échappé.
Néanmoins ce droit cesse dans le celui par la faute duquel il est arrivé à le
cas où le créancier a supprimé son réparer. 262. – Le propriétaire d’un bâtiment est
titre par suite du paiement, sauf le responsable du dommage causé par sa ruine
recours de celui qui a payé contre le 259. – Chacun est responsable du lorsqu’elle est arrivée par une suite du défaut
véritable débiteur. dommage qu’il a causé, non seulement d’entretien ou par le vice de sa construction.

TITRE III
DE LA VENTE

CHAPITRE PREMIER condition soit suspensive, soit parfaite, quoique les marchandises n’aient pas
De la nature et de la forme résolutoire. encore été pesées, comptées ou mesurées.
de la vente. Elle peut aussi avoir pour objet deux
ou plusieurs choses alternatives. 268. – A l’égard du vin, de l’huile et des autres
263. – La vente est une convention Dans tous ces cas, son effet est réglé choses que l’on est dans l’usage du goûter
par laquelle l’un s’oblige à livrer une par les principes généraux des avant d’en faire l’achat, il n’y a point de vente
chose, et l’autre à la payer. conventions. tant que l’acheteur ne les a pas goûtées et
Elle peut être faite par acte agréées.
authentique ou sous seing privé. 266. – Lorsque des marchandises ne sont
pas vendues en bloc, mais au poids, au 269. – La vente faite à l’essai est toujours
264. – Elle est parfaite entre les compte ou à la mesure, la vente n’est présumée faite sous une condition suspensive.
parties, et la propriété est acquise de point parfaite, en ce sens que les choses
droit à l’acheteur à l’égard du vendues sont aux risques du vendeur 270. – La promesse de vente vaut vente,
vendeur, dès qu’on est convenu de la jusqu’à ce qu’elles soient pesées, lorsqu’il y a consentement réciproque des deux
chose et du prix, quoique la chose comptées ou mesurées, mais l’acheteur parties sur la chose et sur le prix.
n’ait pas encore été livrée ni le prix peut en demander ou la délivrance ou
payé. des dommages et intérêts, s’il y a lieu, 271. – Si la promesse de vente a été faite avec
en cas d’inexécution de l’engagement. des arrhes, chacun des contractants est maîtres
265. – La vente peut être faite de s’en départir.
purement et simplement, ou sous une 267. – Si, au contraire, les marchandises Celui qui les a données, en les perdants ; et
ont été vendues en bloc, la vente est celui qui les a reçues en restituant le double.

16
CODE CIVIL - LIVRE III

272. – Le prix de la vente doit être 281. – La délivrance est le transport de la imminent de perdre le prix à moins que
déterminé et désigné par les parties. chose vendue en la puissance et l’acheteur ne lui donne caution de payer au
possession de l’acheteur. terme.
273. – Il peut cependant être laissé à
l’arbitrage d’un tiers, si le tiers ne 282. – L’obligation de délivrer les 291. – La chose doit être délivrée en l’état ou
veut ou ne peut faire l’estimation, il immeubles est remplie de la part du elle se trouve au moment de la vente.
n’y a point de vente. vendeur lorsqu’il a remis les clefs, s’il Depuis ce jour, tous les fruits appartiennent
s’agit d’un bâtiment, ou lorsqu’il a remis à l’acquéreur.
274. – Les frais d’actes et autres les titres de propriété.
accessoires à la vente sont à la 292. – L’obligation de délivrer la chose
charge de l’acheteur. 283. – La délivrance des effets mobiliers comprend ses accessoires, et tout ce qui a été
s’opère : destiné à son usage perpétuel.
CHAPITRE II ou par la tradition réelle
Des choses qui peuvent être ou par la remise des clefs des 293. – Le vendeur est tenu de délivrer la
vendues. bâtiments qui les contiennent, contenance telle qu’elle est portée au contrat,
ou même par le seul consentement sous les modifications ci-après exprimées.
275. – Tout ce qui est dans le des parties, si le transport ne peut pas
commerce peut être vendu, lorsque s’en faire au moment de la vente ou si 294. – Si la vente d’un immeuble a été faite
des lois particulières n’en ont pas l’acheteur les avait déjà en son pouvoir à avec indication de la contenance, à raison de
prohibé l’aliénation. un autre titre. tant la mesure, le vendeur est obligé de délivrer
à l’acquéreur, s’il l’exige, la quantité indiquée
276. – La vente de la chose d’autrui 284. – La tradition des droits au contrat.
est nulle, elle peut donner lieu à des incorporels se fait, ou par la remise des Et si la chose ne lui est pas possible, ou si
dommages-intérêts lorsque titres, ou par l’usage que l’acquéreur en l’acquéreur ne l’exige pas, le vendeur est
l’acheteur a ignoré que la chose fût fait du consentement du vendeur. obligé de souffrir une diminution
à autrui. proportionnelle du prix.
285. – Les frais de la délivrance sont
277. – On ne peut vendre la à la charge du vendeur et ceux de 295. – Si au contraire, dans le cas de l’article
succession d’une personne vivante, l’enlèvement à la charge de l’acheteur, précédent, il se trouve une contenance plus
même de son consentement. s’il n’y a eu stipulation contraire. grande que celle exprimée au contrat,
l’acquéreur a le choix de fournir le supplément
278. – Si au moment de la vente, la 286. - La délivrance doit se faire au lieu du prix, ou de se désister du contrat, si
chose vendue était périe en totalité, où était, au temps de la vente, la chose l’excédent est d’un vingtième au-dessus de la
la vente serait nulle. qui en fait l’objet, s’il n’en a été contenance déclarée.
Si une partie seulement de la autrement convenu.
chose est périe, il est au choix de 296. – Dans tous les autres cas, soit que la
l’acquéreur d’abandonner la vente ou 287. – Si la vendeur manque à faire la vente soit faite d’un corps certain et limité ;
de demander la partie conservée, en délivrance dans le temps convenu entre soit qu’elle ait pour objet des fonds distincts
faisant déterminer le prix par la les parties, l’acquéreur pourra, à son et séparés ;
ventilation. choix, demander la résolution de la soit qu’elle commence par la mesure, ou par
vente ou sa mise en possession, si le la désignation de l’objet vendu suivie de la
CHAPITRE III retard ne vient que du fait du vendeur. mesure,
Des obligations du vendeur l’expression de cette mesure ne donne lieu à
288. – Dans tous les cas, le vendeur doit aucun supplément de prix, en faveur du
SECTION 1. Dispositions être condamné aux dommages et vendeur, pour l’excédent de mesure, ni en
générales. intérêts, s’il résulte un préjudice pur faveur de l’acquéreur, à aucune diminution du
l’acquéreur, du défaut de délivrance au prix pour moindre mesure, qu’autant que la
279. – Le vendeur est tenu terme convenu. différence de la mesure réelle à celle exprimée
d’expliquer clairement ce à quoi il au contrat est d’un vingtième en plus ou en
s’oblige. 289. – Le vendeur n’est pas tenu de moins, eu égard à la valeur de la totalité des
Tout pacte obscur ou ambigu délivrer la chose si l’acheteur n’en paie objets vendus, s’il n’y a stipulation contraire.
s’interprète contre le vendeur. pas le prix, et que le vendeur ne lui ait
pas accordé un délia pour le paiement. 297. – Dans le cas où, suivant l’article
280. – Il a deux obligations précédent, il y a lieu à augmentation de prix
principales, celle de délivrer et celle 290. – Il ne sera pas non plus obligé à la pour excédent de mesure, l’acquéreur a le
de garantir la chose qu’il vend. délivrance, quand même il aurait choix ou de se désister du contrat, ou de fournir
accordé un délai pour le paiement, si, le supplément du prix, et ce, avec les intérêts
SECTION 2. De la délivrance. depuis la vente, l’acheteur est tombé en s’il l’a gardé l’immeuble.
faillite ou en état de déconfiture, en sorte
que le vendeur se trouve en danger

17
CODE CIVIL - LIVRE III

298. – Dans tous les cas où 305. – Quoiqu’il soit dit que le vendeur ou d’agrément, que celui-ci aura faites au
l’acquéreur a le droit de se désister ne sera soumis à aucune garantie, il fonds.
du contrat, le vendeur est tenu de lui demeure cependant tenu de celle qui
restituer, outre le prix s’il l’a reçu résulte d’un fait qui lui est personnel, 313. – Si l’acquéreur n’est évincé que d’une
les frais de ce contrat. toute convention contraire est nulle. partie de la chose et qu’elle soit de telle
conséquence, relativement au tout, que
299. – L’action en supplément de 306. – Dans le même cas de stipulation l’acquéreur n’eût point acheté sans la partie
prix de la part du vendeur, et celle en de non- garantie, le vendeur, en cas dont il a été évincé, il peut faire résilier la
diminution de prix ou en résiliation d’éviction, est tenu à la restitution du vente.
du contrat de la part de l’acquéreur, prix, à moins que l’acquéreur n’ait
doivent être intentées dans l’année à connu lors de la vente le danger de 314. – Si, dans le cas de l’éviction d’une partie
compter du jour du contrat, à peine l’éviction, ou qu’il n’ait acheté à ses du fonds vendu, la vente n’est pas résiliée, la
de déchéance. périls et risques. valeur de la partie dont l’acquéreur se trouve
évincé lui est remboursé suivant l’estimation
300. – S’il a été vendu deux fonds par 307. – Lorsque la garantie a été promise, à l’époque de l’éviction, et non
le même contrat, et pour un seul et ou qu’il n’a rien été stipulé à ce sujet, si proportionnellement au prix total de la vente,
même prix avec désignation de la l’acquéreur est évincé, il a le droit de soit que la chose vendue ait augmenté ou
mesure de chacun, et qu’il se trouve demande contre le vendeur : diminué de valeur.
moins de contenance en l’un et plus 1°. la restitution du prix ;
en l’autre, on fait compensation 2°. celle des fruits, lorsqu’il est 315. – Si l’héritage vendu se trouve grevé, sans
jusqu’à due concurrence, et l’action, obligé de les rendre au propriétaire qu’il en ait été fait de déclaration, de servitudes
soit en supplément, soit en qui l’évince ; non apparentes, et qu’elles soient de telle
diminution du prix, n’a lieu que 3°. les frais faits sur la demande en importance qu’il y ait lieu de présumer que
suivant les règles ci-dessus établies. garantie de l’acheteur et ceux faits l’acquéreur n’aurait pas acheté s’il en avait été
par le demandeur originaire ; instruit, il peut demander la résiliation du
301. – La question de savoir sur 4°. enfin, les dommages et intérêts contrat, si mieux il n’aime se contenter d’une
lequel du vendeur ou de l’acquéreur, ainsi que les frais et loyaux coûts du indemnité.
doit tomber la perte ou la contrat.
détérioration de la chose vendue 316. – Les autres questions auxquelles peuvent
avant la livraison, est jugée d’après 308. – Lorsqu’à l’époque de l’éviction, donner lieu les dommages et intérêts résultant
les réglées prescrites au titre : Des la chose vendue se trouve diminuée de pour l’acquéreur de l’inexécution de la vente,
contrats ou des obligations valeur, ou considérablement détériorée, doivent être décidées suivant les règles
conventionnelles en général. soit par la négligence de l’acheteur, soit générales établies au titre : Des contrats ou des
par des accidents de force majeure, le obligations conventionnelles en général.
SECTION 3. De la garantie. vendeur n’en est pas moins tenu de
restituer la totalité du prix. 317. – La garantie pour cause d’éviction cesse
302. – La garantie que le vendeur doit lorsque l’acquéreur s’est laissé condamner par
à l’acquéreur a deux objets : le 309. – Mais si l’acquéreur a tiré profit un jugement en dernier ressort, ou dont l’appel
premier est la possession paisible de des dégradations par lui faites, le n’est plus recevable, sans appeler son vendeur,
la chose vendue, le second, les vendeur a droit de retenir sur le prix une si celui-ci prouve qu’il est existait des moyens
défauts cachés de cette chose ou les somme égale à ce profit. suffisants pour faire rejeter la demande.
vices rédhibitoires.
310. – Si la chose vendue se trouve avoir § 2 – De la garantie des défauts de la chose
§ 1 - De la garantie en cas d’éviction. augmenté de prix à l’époque de vendue.
l’éviction, indépendamment même du
303. – Quoique lors de la vente il fait de l’acquéreur, le vendeur est tenu 318. – Le vendeur est tenu de la garantie à
n’avait été fait aucune stipulation de lui payer ce qu’elle vaut au-dessus du raison des défauts caché de la chose vendue
sur la garantie, le vendeur est obligé prix de vente. qui la rendent impropre à l’usage auquel on la
de droit à garantir l’acquéreur de destine, ou qui diminuent tellement est usage,
l’éviction qu’il souffre dans la 311. – Le vendeur est tenu de que l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en
totalité ou partie de l’objet vendu, ou rembourser ou de faire rembourser à aurait donné qu’un moindre prix, s’il les avait
des charges prétendues sur cet objet, l’acquéreur, par celui qui l’évince, connus.
et non déclarées lors de la vente. toutes les réparations et améliorations
utiles qu’il aura faites au fonds. 319. – Le vendeur n’est pas tenu des vices
304. – Les parties peuvent, par des apparents et dont l’acheteur a pu se convaincre
conventions particulières, ajouter à 312. – Si le vendeur avait vendue de lui même.
cette obligation de droit, ou en mauvaise foi le fonds d’autrui, il sera
diminuer l’effet, elles peuvent même obligé de rembourser à l’acquéreur 320. – Il est tenu des vices cachés, quand même
convenir que le vendeur ne se soumis toutes les dépenses, même voluptuaires il ne les aurait pas connus, à moins que, dans
à aucune garantie.

18
CODE CIVIL - LIVRE III

ce cas, il n’ait stipulé qu’il ne sera si la chose vendue et livrée produit moyennant la restitution du prix principal, et
obligé à aucune garantie. des fruits ou autre revenus ; le remboursement dont il est parlé à l’article
si l’acheteur a été sommé de payer. 349.
321. – Dans le cas des articles 318 et Dans ce dernier cas, l’intérêt ne court
320, l’acheteur a le choix de rendre que depuis la sommation. 337. – La faculté de rachat ne peut être stipulée
la chose et de se faire restituer le pour un terme excédant cinq années.
prix, ou de garder la chose et de se 330. – Si l’acheteur est troublé ou a juste Si elle a été stipulée pour un terme plus
faire rendre une partie du prix, telle sujet de craindre d’être troublé par une long, elle est réduite à ce terme
qu’elle sera arbitrée par experts. action, soit hypothécaire, soit en
revendication, il peut suspendre le 338. – Le terme fixé est de rigueur et ne peut
322. – Si le vendeur connaissait les paiement du prix jusqu’à ce que le être prolongé par le juge.
vices de la chose, il est tenu, outre la vendeur ait fait cesser le trouble, si
restitution du prix qu’il en a reçu, de mieux n’aime celui-ci donner caution, 339. – Faute par le vendeur d’avoir exercé son
tous les dommages intérêts envers ou à moins qu’il n’ait été stipulé que, action de réméré dans le terme prescrit,
l’acheteur. nonobstant le trouble l’acheteur payera. l’acquéreur demeure propriétaire irrévocable.

323. – Si le vendeur ignorait les vices 331. – Si l’acheteur ne paie pas le prix, le 340. – En cas de revente, le vendeur à pacte de
de la chose, il ne sera tenu qu’à la vendeur peut demander la résolution de rachat peut revendiquer l’immeuble contre le
restitution du prix et à rembourser à la vente. second acquéreur.
l’acquéreur les frais occasionnés par
la vente. 332. – La résolution de la vente 341. – L’acquéreur à pacte de rachat exerce
d’immeuble est prononcée de suite si le tous les droits de son vendeur : il peut prescrire
324. – Si la chose qui avait des vices vendeur est en danger de perdre la chose tant contre le véritable maître que contre ceux
a péri par suite de sa mauvaise et le prix. qui prétendraient des droits ou hypothèques
qualité, la perte est pour le vendeur, Si ce danger n’existe pas, le juge peut sur la chose vendue.
qui sera tenu envers l’acheteur à la accorder à l’acquéreur un délai plus ou
restitution du prix et autres moins long suivant les circonstances. 342. – Il peut opposer le bénéfice de la
dédommagements expliqués dans les Ce délai passé sans que l’acquéreur discussion aux créanciers de son vendeur.
deux articles précédents. ait payé, la résolution de la vente sera
Mais la perte arrivée par cas prononcée. 343. – Si l’acquéreur à pacte de réméré d’une
fortuit sera pour le compte de partie indivise d’un héritage s’est rendu
l’acheteur. 333. – S’il a été stipulé lors de la vente adjudicataire de la totalité sur une licitation
d’immeubles que, faute de paiement du provoquée contre lui, il peut obliger le vendeur
325. – L’action résultant des vices prix dans le terme convenu, la vente à retirer le tout lorsque celui-ci veut user du
rédhibitoire doit être intentée par serait résolue de plein droit, l’acquéreur pacte.
l’acquéreur dans le délai de soixante peut néanmoins payer après l’expiration
jours non compris le jour fixé pour la du délai, tant qu’il n’a été mis en 344. – Si plusieurs ont vendu conjointement, et
livraison. demeure par une sommation, le juge ne par un seul contrat, un héritage commun entre
peut pas lui accorder de délai. eux, chacun ne peut exercer l’action en réméré
326. – Elle n’a pas lieu dans les vente que pur la part qu’il y avait.
faites par autorité de justice. 334. – En matière de vente de denrées et
effets mobiliers, la résolution de la vente 345. – Il en est de même si celui qui a vendu
CHAPITRE IV aura lieu de plein droit et sans seul un héritage a laissé plusieurs héritiers.
Des obligations de l’acheteur. sommation au profit du vendeur après Chacun de ces cohéritiers ne peut user de la
l’expiration du terme convenu pour le faculté de rachat que pour la part qu’il prend
327. – La principale obligation de retirement. dans la succession.
l’acheteur est de payer le prix au jour
et au lieu réglés par la vente. CHAPITRE V 346. – Mais, dans le cas des deux articles
De la faculté de l’achat. précédents, l’acquéreur peut exiger que tous
328. – S’il n’a rien été réglé à cet les covendeurs ou tous les cohéritiers soient
égard lors de la vente, l’acheteur doit 335. – Indépendamment des causes de mis en cause, afin de se concilier entre eux
payer au lieu et dans le temps où doit nullité ou de résolution déjà expliquées pour la reprise de l’héritage entier ; et s’ils ne
se faire la délivrance. dans ce titre, et de celles qui sont se concilient pas, il sera renvoyé de la
communes à toutes les conventions, le demande.
329. – L’acheteur doit l’intérêt du contrat de vente peut être résolu par
prix de la vente jusqu’au paiement l’exercice de la faculté de rachat. 347. – Si la vente d’un héritage appartenant à
du capital, dans les trois cas plusieurs n’a pas été faite conjointement et de
suivants : 336. – La faculté de rachat ou de réméré tout l’héritage ensemble et que chacun n’ait
s’il a été ainsi convenu lors de la est un pacte par lequel le vendeur se vendu que la part qu’il y avait, ils peuvent
vente ; réserve de reprendre la chose vendue,

19
CODE CIVIL - LIVRE III

exercer séparément l’action en trouve quelques-uns qu’aucun des 358. – Lorsqu’il a promis la garantie de la
réméré sur la portion qui leur copartageants ne puisse ou ne veuille solvabilité du débiteur, cette promesse ne
appartenait. prendre ; s’entend que de la solvabilité actuelle, et ne
Et l’acquéreur ne peut forcer celui la vente s’en fait aux enchères, et le s’étend pas au temps à venir, si le cédant ne l’a
qui l’exercera de cette manière à prix en est partagé entre les expressément stipulé.
retirer le tout. copropriétaires.
359. – Celui qui vend une hérédité sans en
348. – Si l’acquéreur a laissé 351. – Chacun des copropriétaires est le spécifier en détail les objets n’est tenu de
plusieurs héritiers, l’action en réméré maître de demander que les étrangers garantir que sa qualité d’héritier.
ne peut être exercée contre chacun soient appelés à la licitation.
d’eux que pour sa part, dans le cas où 360. – S’il avait déjà profité des fruits de
elle est encore indivise, et dans celui CHAPITRE VII quelque fonds, ou reçu le montant de quelque
où la chose vendue a été partagée Du transport des créances créance appartenant à cette hérédité, ou vendu
entre eux. et autres droits incorporels. quelques effets de la succession, il est tenu de
Mais s’il y a eu partage de les rembourser à l’acquéreur, s’il ne les a
l’hérédité, et que la chose vendue 352. – Dans le transport d’une créance expressément réservés lors de la vente.
soit échue au lot de l’un des d’un droit d’une action sur un tiers, la
héritiers, l’action en réméré peut être délivrance s’opère entre le cédant et le 361. – L’acquéreur doit de son côté, rembourser
intentée contre lui pur le tout. cessionnaire par la remise du titre. au vendeur ce que celui-ci a payé pour les
dettes et charges de la succession, et lui faire
349. – Le vendeur qui use du pacte de 353. – Le cessionnaire n’est saisi à raison de tout ce dont il était créancier s’il n’y
rachat, doit rembourser non l’égard des tiers que par la signification a stipulation contraire.
seulement le prix principal, mais du transport faite au débiteur.
encore les frais et loyaux coûts de la Néanmoins, le cessionnaire peut être 362. – Celui contre lequel on a cédé un droit
vente, les réparations nécessaires, et également saisi par l’acceptation du litigieux peut s’en faire tenir quitte par le
celles qui ont augmenté la valeur du transport faite par le débiteur dans un cessionnaire, en lui remboursant le prix réel de
fonds, jusqu’à concurrence de cette acte authentique. la cession, avec les frais et loyaux coûts, et
augmentation. Il ne peut entrer en avec les intérêts à compter du jour où le
possession qu’après avoir satisfait à 354. – Si, avant que le cédant ou le cessionnaire a payer le prix de la cession à lui
toutes ces obligations. cessionnaire eût signifié le transport au faite.
Lorsque le vendeur rentre dans débiteur, celui –ci avait payé le cédant,
son héritage par l’effet du pacte de il sera valablement libéré. 363. – La chose est censée litigieuse dès qu’il y
rachat, il le reprend exempt de toutes a procès et contestation sur le fond du droit.
les charges et hypothèques dont 355. – La vente ou cession d’une créance
l’acquéreur l’aurait grevé, il est tenu comprend les accessoires de la créance, 364. – La disposition portée en l’article 362
d’exécuter les baux faits sans fraude tels que caution privilège et hypothèque. cesse :
par l’acquéreur. 1°. dans le cas où la cession a été faite à
356. – Celui qui vend une créance ou un cohéritier ou copropriétaire du
CHAPITRE VI autre droit incorporel doit en garantir droit cédé.
De la licitation. l’existence au temps du transport, 2°. lorsqu’elle a été faite à un créancier
quoiqu’il soit fait sans garantie. en paiement de ce qui lui est dû ;
350. – Si une chose commune à 3°. lorsqu’elle a été faite au possesseur de
plusieurs ne peut être partagée 357. – Il ne répond de la solvabilité du l’héritage sujet au droit litigieux.
commodément et sans perte ; débiteur que lorsqu’il s’y est engagé, et
ou si , dans un partage fait de gré jusqu’à concurrence seulement du prix
à gré de biens communs, il s’en qu’il a retiré de sa créance.

TITRE IV
DE L’ECHANGE

365. – L’échange est un contrat par 367. – Si l’un des copermutants a déjà 368. – Le copermutant qui est évincé de la
lequel les parties se donne reçu la chose à lui donnée en échange, et chose qu’il a reçue en échange a le choix de
respectivement une chose pour une qu’il prouve ensuite que l’autre conclure à des dommages et intérêts, ou de
autre. contractant n’est pas propriétaire de répéter la chose.
cette chose, il ne peut pas être forcé à
366. – L’échange s’opère, par le seul livrer celle qu’il a promise en contre – 369. – Les règles prescrites pour le contre de
consentement, de la même manière échange, mais seulement à rendre celle vente s’appliquent à l’échange.
que la vente. qu’il a reçue.

20
CODE CIVIL - LIVRE III

TITRE V
DU CONTRAT DE LOUAGE

CHAPITRE PREMIER 2°. d’entretenir cette chose en état de 382. - Le bailleur n’est pas tenu de garantir le
Dispositions générales. servir à l’usage pour lequel elle a preneur du trouble que des tiers apportent par
été louée ; voies de fait à sa jouissance, sans prétendre
370. – Il y a deux sortes de contrats 3°. d’en faire jouir paisiblement le d’ailleurs aucun droit sur la chose louée, sauf
de louage : preneur pendant la durée du bail. au preneur à les poursuivre en son nom
celui des choses, personnel.
et celui d’ouvrage. 377. – Le bailleur est tenu de délivrer la
chose en bon état de réparations de toute 383. – Si, au contraire, le locataire ou le fermier
371. – Le louage des choses est un espèce. ont été troublés dans les jouissance par suite
contrat par lequel l’une des parties Il doit y faire, pendant la durée du d’une action concernant la propriété du fonds,
s’oblige à faire jouir l’autre d’une bail, toutes les réparations qui peuvent ils ont droit à u ne diminution proportionnée
pendant un certain temps, et devenir nécessaire, autres que les sur le prix de bail à loyer ou à ferme, pourvu
moyennant un certain prix que celle- locatives. que le trouble et l’empêchement aient été
ci s’oblige de lui payer. dénoncés au propriétaire.
378. – Il est dû garantie au preneur pour
372. – Le louage d’ouvrage est un tous les vices ou défaut de la chose 384. – Si ceux qui ont commis les voies de fait
contra par lequel l’une des parties louée qui en empêchent l’usage, quand prétendent avoir quelque droit sur la chose
s’engage à faire quelque chose pour même le bailleur ne les aurait pas louée, ou si le preneur est lui-même cité en
l’autre, moyennant un prix entre connus lors du bail. justice pour se voir condamner au délaissement
elles. S’il résulte de ces vices ou défauts de la totalité ou de partie de cette chose, ou à
quelque perte pour le preneur, le bailleur souffrir l’exercice de quelque servitude, il doit
CHAPITRE II est tenu de l’indemniser. appeler le bailleur en garantie, et doit être mis
Du louage des choses. hors d’instance, s’il l’exige, en nommant le
379. – Si, pendant la durée du bail, la bailleur pour lequel il possède.
373. – On peut louer toutes sortes de chose louée est détruite en totalité par
biens meubles ou immeubles. cas fortuit, le bail est résilié de plein 385. – Le preneur est tenu de deux obligations
droit, si elle n’est détruite qu’en partie, principales :
SECTION 1. Des règles communes le preneur peut, d’après les 1°. d’user de la chose louée en bon père
aux baux des maisons et des biens circonstances, demander ou une de famille, et suivant la destination
ruraux. diminution du prix, ou la résiliation qui lui a été donnée par le bail, ou
même du bail. Dans l’un et l’autre cas il suivant celle présumée d’après les
374. – Le louage n’est soumis à n’y a lieu à aucun dédommagement. circonstances, à défaut de
aucune condition de forme. convention ;
Il est parfait entre les parties dès 380. – Le bailleur ne peut, pendant la 2°. de payer le prix du bail aux termes
qu’elles sont convenues de la chose durée du bail, changer la forme de la convenus.
et du prix . chose louée.
L’acte qui en est dressé ne sert L’art. 3 de l’A.L. n° 001/28 du 13 avril 1966 (B.O.B..p.
223) dispose : « tout loyer exprimé en une autre unité
que de preuve littérale. 381. – Si, durant le bail, la chose louée a
monétaire que le franc Burundi est d’office converti en
Les règles générales sur les besoin de réparations urgentes et qui ne cette dernière monnaie au taux officiel du change ».
preuves s’appliquent au louage. puissent être différées jusqu’à sa fin, le
preneur doit les souffrir, quelque 386. – Si le preneur emploie la chose louée à un
375. – Le preneur a le droit de sous- incommodité qu’elles lui causent, et autre usage que celui auquel elle a été destinée,
louer, et même de céder son bail à un quoiqu’il soit privé, pendant qu’elles se ou dont il puisse résulter un dommage pour le
autre, si cette faculté ne lui a pas été fond, d’une partie de la chose louée. bailleur, celui-ci peut, suivant les
interdite. Mais si ces réparations durent plus de circonstances, faire résilier le bail.
Elle peut être interdite pour le quarante jours, le prix du bail sera
tout ou partie. diminué à proportion du temps et de la 387. – S’il a été fait un état des lieux entre le
Cette clause est toujours de partie de la chose louée dont il aura été bailleur et le preneur, celui-ci doit rendre la
rigueur. privé. chose telle qu’il l’a reçue, suivant cet été,
Si les réparations sont de telle nature excepté ce qui a péri ou a été dégradé par
376. – Le bailleur est obligé par la qu’elles rendent inhabitable ce qui est vétuste ou force majeure.
nature du contrat, et sans qu’il soit nécessaire au logement du preneur et de
besoin d’aucune stipulation sa famille, celui-ci pourra faire résilier le 388. – S’il n’a pas été fait d’état des lieux, le
particulière : bail. preneur est présumé les avoir reçus en bon état
1°. de délivrer au preneur la chose de réparation locative, et doit les rendre tels,
louée ; sauf la preuve contraire.

21
CODE CIVIL - LIVRE III

389. – Il répond des dégradations ou 397. – Le contrat de louage se résout par certaine, l’acquéreur n’est tenu d’aucuns
des pertes qui arrivent pendant sa la perte de la chose louée, et par le dommages et intérêts.
jouissance, à moins qu’il ne prouve défaut respectif du bailleur et du preneur
qu’elles ont eu leu sans sa faute. de remplir leurs engagements. 407. – L’acquéreur à pacte de rachat ne peut
user de la faculté d’expulser le preneur, jusqu’à
390. – Il répond de l’incendie, à mois 398. – Le contrat de louage n’est point ce que, par l’expiration du délai fixé pour le
qu’il ne prouve : que l’incendie est résolu par la mort du bailleur, ni par réméré, il devienne propriétaire incommutable.
arrivé par cas fortuit ou force celle du preneur.
majeure, ou par vice de SECTION 2. Des règles particulières aux
construction ; 399. – Si le bailleur vend la chose louée, baux à loyer.
ou que le feu a été communiqué l’acquéreur ne peut expulser le fermier
par une maison voisine. ou le locataire qui a un bail authentique - L’OM n° 040/339 du 14 septembre 1967 (B.O.P. p. 414)
ou dont la date est certaine, à moins a créé une commission chargée d’étudier la réglementation
du prix des baux à loyer et l’élaboration d’une politique
391. – S’il y a plusieurs locataires, qu’il ne se soit réservé ce droit par le d’ensemble du logement à Bujumbura.
tous sont solidairement responsables contrat de bail. Voir également note sous les articles 385 et 393.
de l’incendie :
à moins qu’ils ne prouvent que 400. – S’il a été convenu, lors du bail, 408. – Le locataire qui ne garnit pas la maison
l’incendie a commencé dans qu’en cas de vente l’acquéreur pourrait de meubles suffisants peut être expulsé à moins
l’habitation de l’un d’eux, auquel cas expulser le fermier ou locataire, et qu’il qu’il ne donne des sûretés capables de
celui-là seul en est tenu : n’ait été fait aucune stipulation sur les répondre du loyer.
ou que quelques-un ne prouvent dommages et intérêts, le bailleur est
que l’incendie n’a pu commencer tenu d’indemniser le fermier ou locataire 409. – Le sous-locataire n’est tenu envers le
chez eux, auquel cas ceux-la n’en de la minière suivante. propriétaire que jusqu’à concurrence du prix de
sont pas tenus. sa sous-location dont il peut être débiteur au
401. – S’il s’agit d’une maison, moment de la saisi, et sans qu’il puisse opposer
392. – Le preneur s’est tenu des appartement ou boutique, le bailleur des paiement faits par anticipation.
dégradations et des pertes qui paie, à titre de dommages et intérêts, au Les paiements faits par le sous-locataire,
arrivent par le fait des personnes de locataire évincé, une somme égale au soit en vertu d’une stipulation portée en son
sa maison ou de ses sous-locataires. prix du loyer, pendant le temps qui, bail soit en conséquence de l’usage des lieux,
suivant l’usage des lieux, est accordé ne sont pas réputés faits par anticipation.
393. – Le bail finit de plein droit par entre le congé et la sortie.
l’expiration du temps pour lequel il a 410. – Les réparations locatives ou de menu
été contracté sans qu’il soit 402. – S’il s’agit de biens ruraux, entretien dont le locataire est tenu, s’il n’y a
nécessaire de donne congé. Si le bail l’indemnité que le bailleur doit payer au clause contraire, sont celles désignées comme
a été fait sans durée fixe, il ne finit fermier est du tiers du prix du bail pour telles par l’usage des lieux.
que par le congé que l’une des tout le temps qui reste à courir.
parties donne à l’autre, en observant 411. – Aucune des réparations réputées
les délais fixés par l’usage des lieux. 403. – L’indemnité se réglera par expert locatives n’est à la charge des locataires, quant
Par mesure temporaire, l’A.L. n° 001/28 du 13 s’il s’agit de manufactures, usines ou elles ne sont occasionnées que par vétusté ou
avril 1966 (B.O.p. 223) a assuré la prorogation
autres établissements qui exigent de force majeure.
de certains baux jusqu’au 30 juin 1966, tout en
accordant une augmentation de 15% des grandes avances.
loyers. 412. – Le bail d’un appartement meuble est
404. – L’acquéreur qui veut user de la censé fait à l’année, quand il a été fait tant par
394. – Si, à la fin des baux qui faculté réservée par le bail d’expulser le an :
cessent de plein droit, le preneur fermier ou locataire en cas de vente, est, au mois quand il a été fait à tant par mois
reste et est laissé en possession, après en outre, tenu d’avertir le locataire au au jour s’il a été fait à tant par jour.
l’expiration du terme conventionnel, temps d’avance usité dans le lieu pour Si rien ne constate que le bail soit fait à tant
légal ou coutumier, il s’opère un les congés. par an, par mois ou par jour, la location est
nouveau bail par le consentement Il doit aussi avertir le fermier des censée faite suivant l’usage des lieux.
tacite du preneur et du bailleur. biens ruraux au moins un an à l’avance.
413. – Si le locataire d’une maison ou d’un
395. – Lorsqu’il y a un congé 405. – Les fermier ou les locataires ne
appartement continue sa jouissance après
signifié, le preneur, quoiqu’il ait peuvent être expulsés qu’il ne soit payé
l’expiration du bail, sans opposition de la part
continué sa jouissance, ne peut par le bailleur, ou, à son défaut, par le
du bailleur, il sera censé les occuper aux
invoquer la tacite reconduction. nouvel acquéreur, des dommages et mêmes conditions, pour le terme fixé par
intérêts ci-dessus expliqués. l’usage de lieux, et ne pourra plus en sortir ni
396. – Dans le cas des deux articles en être expulsé qu’après un congé donné
précédents, la caution donnée pour le 406. – Si le bail n’est pas fait par acte suivant le délai fixé par l’usage des lieux.
bail ne s’étend par aux obligations authentique, ou n’a point de date
résultant de la prolongation.

22
CODE CIVIL - LIVRE III

414. – En cas de résiliations par la S’il n’est pas indemnisé, l’estimation jouissance, et quand même il ne les aurait pas
faute du locataire, celui-ci est tenu de de la remise ne peut avoir lieu qu’à la reçus, le propriétaire pourra les retenir suivant
payer le prix du bail pendant le fin du bail, auquel temps il se fait une l’estimation.
temps nécessaire à la relocation sans compensation de toutes les années de
préjudice des dommages et intérêts jouissance. CHAPITRE III
qui ont pu résulter de l’abus. Et cependant le juge peut Du louage d’ouvrage et d’industrie.
provisoirement dispenser le preneur de
415. – Le bailleur en peut résoudre la payer une partie du prix en raison de la 427. – Il y a trois espèce principales de louage
location, encore qu’il déclare vouloir perte soufferte. d’ouvrage et d’industrie :
occuper par lui-même la maison 1°. le louage des gens de travail qui
louée, s’il n’y a eu convention 421. – Si le bail n’est que d’une année, et s’engagent au service de quelqu’un ;
contraire. que la perte soit de la totalité des fruits 2°. celui des voituriers, tant par terre que
ou au moins de la moitié, le preneur sera par eau, qui se chargent du transport
416. – S’il a été convenu dans le déchargé d’une partie proportionnelle du des personnes ou des marchandises ;
contrat de louage que le bailleur prix de la location. 3°. celui des entrepreneurs d’ouvrages
pourrait venir occuper la maison, il Il ne pourra prétendre aucune remise par suite de devis ou marchés.
est tenu de signifier d’avance un si la perte est moindre que la moitié.
congé aux époques déterminées par SECTION 1. Du louage des domestiques et
l’usage des lieux. 422. – Le fermier ne peut obtenir de ouvriers.
remise lorsque la perte des fruits arrive
SECTION 3. Des règles après qu’ils sont séparés de la terre, à 428. – On ne peut engager ses services qu’à
particulières aux baux à ferme. moins que le bail ne donne au temps ou pour une entreprise déterminée.
propriétaire une quotité de la récolte en
417. – Si le preneur d’un héritage nature, auquel cas le propriétaire doit SECTION 2. Du louage ou contrat de
rural ne le garnit pas des bestiaux et supporter sa part de la perte, pourvu que service […].
ustensile nécessaires à son le preneur ne fût pas en demeure de lui
exploitation, s’il abandonne la délivrer sa portion de récolte. 429. – Le louage ou contrat de service […] est
culture, s’il ne cultive pas en bon Le fermier ne peut également réglé par une loi spéciale.
père de famille, s’il emploie la chose demander une remise lorsque la cause (Voir Décret Loi n° 1/037 du 7 juillet 1993 portant
Révision du Code du Travail).
louée à un autre usage que celui du dommage était existante et connue à
auquel elle a été destinée, où, en l’époque ou le bail a été passé.
général, s’il n’exécute pas le clause SECTION 3. Des voituriers par terre et par
du bail et qu’il en résulte un 423. – Le preneur peut être chargé des eau.
dommage pour le bailleur, celui-ci cas fortuits par une stipulation expresse.
peut, suivant les circonstances, faire 430. – Les voituriers par terre et par eau sont
résilier le bail. 424. – Cette stipulation ne s’entend que assujettis, pour la garde et la conservation des
En cas de résiliation provenant du des cas fortuits ordinaires, tels choses qui leurs sont confiées, aux mêmes
fait du preneur, celui-ci est tenu des qu’orages, tornades, feu du ciel. obligations que les aubergistes dont il est parlé
dommages et intérêts. Elle ne s’entend point de cas fortuits au titre Du dépôt et du séquestre.
Voir C.C livre III art. 515 et suiv.
extra- ordinaires, tels qu’une inondation
418. – Tout preneur de bien rural est ou une attaque armée, auxquels le pays 431. – Ils répondent non seulement de ce qu’ils
tenu d’engranger dans les lieux à ce n’est pas ordinairement sujet, à moins ont déjà reçu dans leur bâtiment ou voiture,
destinés d’après le bail. que le preneur n’ait été chargé de tous mais encore de ce qui leur a été remis sur le
les cas fortuits prévus ou imprévus. port ou dans l’entrepôt, pour être placé dans
419. – Le preneur d’un bien rural est leur bâtiment ou voiture.
tenu, sous peine de tous dépens, 425. – Le fermier sortant doit laisser à
dommages et intérêts d’avertir le celui qui lui succède dans la culture, des 432. – Ils sont responsables de la perte et des
propriétaire des usurpations qui logements convenables et autres facilités avaries des choses qui leur sont confiées, à
peuvent être commises sur les fonds. pour les travaux de l’année suivante, et moins qu’ils ne prouvent qu’elles ont été
réciproquement, le fermier entrant doit perdues et avariées par cas fortuit ou force
420. – Si le bail est fait pour plusieurs procurer à celui qui sort des logements majeure.
années, et que, pendant la durée du convenables et autres facilités pour la
bail, la totalité ou la moitié d’une consommation des fourrages et pour les 433. – Les entrepreneurs de voitures publiques
récolte au moins soit enlevée par des récoltes restant à faire. par terre et par eau, et ceux des roulages
cas fortuits, le fermier peut Dans l’un et l’autre cas, on doit se publics, doivent tenir registre de l’argent, des
demander une remise du prix de sa conformer à l’usage des lieux. effets et des paquets dont ils se chargent.
location, à moins qu’il ne soit
indemnisé par les récoltes 426. – Le fermier sortant doit aussi SECTION 4. Des devis et des marchés.
précédentes. laisser les pailles et engrais de l’année
s’il les a reçus lors de son entrée en

23
CODE CIVIL - LIVRE III

434. – Lorsqu’on charge quelqu’un vérification peut s’en faire par parties : 442. – Le contrat de louage d’ouvrage est
de faire un ouvrage, on peut convenir elle est censée faite pour toutes les dissous par la mort de l’ouvrier, de l’architecte
qu’il fournira seulement son travail parties payées, si le maître paie l’ouvrier ou l’entrepreneur.
ou son industrie, ou bien qu’il en proportion de l’ouvrage fait.
fournira aussi la matière. 443. – Mais le propriétaire est tenu de payer en
439. – Si l’édifice construit à prix fait proportion du prix porté par la convention, à
435. – Si dans le cas où l’ouvrier périt en tout ou en partie par le vice de la leur succession, la valeur des ouvrages faits et
fournit la matière, la chose vient à construction, même par le vice du sol, celle des matériaux préparés, lors seulement
périr, de quelque manière que ce soit, les architectes et entrepreneurs en sont que ces travaux ou ces matériaux peuvent lui
avant d’être livrée, la perte en est responsables pendant dix ans. être utiles.
pour l’ouvrier, à moins que le maître
ne fût en demeure de recevoir la 440. – Lorsqu’un architecte ou un 444. – L’entrepreneur répond du fait des
chose. entrepreneur s’est chargé de la personnes qu’il emploie.
construction à forfait d’un bâtiment,
436. – Dans le cas où l’ouvrier d’après un plan arrêté et convenu avec le 445. – Les maçons, charpentiers et autres
fournir seulement sont travail ou son propriétaire du sol, il ne peut demander ouvriers qui ont été employés à la construction
industrie, si la chose vient à périr, aucune augmentation de la main- d’un bâtiment ou d’autres ouvrages faits à
l’ouvrier n’est tenu que de sa faute. d’œuvres ou des matériaux, ni sous celui l’entreprise n’ont d’action contre celui pour
de changements ou d’augmentations lequel les ouvrages ont été faits, que jusqu’à
437. – Si, dans le cas de l’article faits sur ce plan, si ces changements ou concurrence de ce dont il se trouve débiteur
précédent, la chose vient à périr, augmentations n’ont pas été autorisés envers l’entrepreneur, au moment où leur
quoique sans aucune faute de la part par écrit, et le prix convenu avec le action est intentée.
de l’ouvrier, avant que l’ouvrage ait propriétaire.
été reçu, et sans que le maître fût en 446. – Les maçons, charpentiers, serruriers et
demeure de le vérifier, l’ouvrier n’a 441. – Le même peut résilier, par sa autres ouvriers qui font directement des
point de salaire à réclamer, à moins seule volonté, le marché à forfait, marchés, à pris fait, sont astreints aux règles
que la chose n’ait péri par le vice de quoique l’ouvrage soit déjà commencé, prescrites dans la présente section, ils sont
la matière. en dédommageant l’entrepreneur de entrepreneurs dans la partie qu’ils traitent.
toutes ses dépenses, de tous ses travaux
438. – S’il s’agit d’un ouvrage à et de tout ce qu’il aurait pu gagner dans
plusieurs pièces ou à la mesure, la cette entreprise.

TITRE VI
DU PRÊT

447. – Il y a deux sortes de prêt : 450. – Le prêteur demeure propriétaire de s’en servir qu’à l’usage déterminé par sa
celui des choses don on peut user sans la chose prêtée. nature ou par la convention ; le tout à
les détruire ; peine de dommages-intérêts, s’il y a lieu.
et celui des chose qui se consomment 451. – Tout ce qui est dans le commerce,
par l’usage qu’on en fait. et qui ne se consomme pas par l’usage, 454. – Si l’emprunteur emploie la chose à
La première espèce s’appelle prêt à peut être l’objet de cette convention. un autre usage, ou pour un temps plus
usage ou commodat ; long qu’il ne le devrait, il sera tenu de la
La deuxième s’appelle prêt de 452. – Les engagements qui se forment perte arrivée, même par cas fortuit.
consommation ou simplement prêt. par le commodat passent aux héritières de
celui qui prête et aux héritiers de celui qui 455. – Si la chose prêtée périt par cas
CHAPITRE PREMIER emprunte. fortuit dont l’emprunteur aurait pu la
Du prêt à usage, ou commodat. Mais si l’on n’a prêté qu’en garantir en employant la sienne propre,
considération de l’emprunteur, et à lui ou si, ne pouvant conserve que l’une des
SECTION 1. De la nature du prêt à personnellement, alors les héritiers ne deux, il a préféré la sienne, il est tenu de
usage. peuvent continuer de jouir de la chose la perte de l’autre.
prêtée.
448. – Ce prêt à usage ou commodat est 456. – Si la chose a été estimée en la
un contrat lequel l’une des parties livre SECTION 2. Des engagements de prêtant, la perte qui arrive, même par cas
une chose à l’autre pour s’en servir, à la l’emprunteur. fortuit, est pour l’emprunteur, s’il n’y a
charge pour le preneur de la rendre après convention contraire.
s’en être servi. 453. – L’emprunteur est tenu de veiller,
en on père de famille, à la garde et à la 457. – Si la chose se détériore par le seul
449. – Ce prêt est essentiellement gratuit. conservation de la chose prêtée. Il ne peut effet de l’usage pour lequel elle a été

24
CODE CIVIL - LIVRE III

emprunteur, il n’est pas tenu de la l’autre une certaine quantité de choses qui 472. – Le prêteur ne peut pas redemander
détérioration. se consomment par l’usage, à la charge les choses prêtées, avant le terme
par cette dernière de lui en rendre autant convenu.
458. – L’emprunteur ne peut pas retenir la de mêmes espèces et qualité. 473. – S’il n’a pas été fixé de terme pour
chose par compensation de ce que le la restitution, le juge peut accorder à
prêteur lui doit. 466. – Par l’effet de ce prêt, l’emprunteur l’emprunteur un délai suivant les
devient le propriétaire de la chose prêtée ; circonstances.
459. – Si pour user de la chose, et c’est pour lui qu’elle périt, de quelque
l’emprunteur a fait quelque dépense, il ne manière que cette perte arrive. 474. – S’il a été seulement convenu que
peut pas la répéter. l’emprunteur, le juge peut accorder il le
467. – On ne peut pas donner, à titre de pourrait, ou quand il en aurait les
460. – Si plusieurs ont conjointement prêt de consommation, des choses qui, moyens, le juge lui fixera un terme de
emprunté la même chose, ils en sont quoique de même espèce, différent dans l paiement suivant les circonstances.
solidairement responsables envers le ‘individu, comme les animaux : alors,
prêteur. c’est un prêt à usage. SECTION 3. Des engagements de
l’emprunteur.
SECTION 3. Des engagements de celui 468. – L’obligation qui résulte d’un prêt
qui prête à usage. en argent n’est toujours que de la somme 475. – L’emprunteur est tenu de rendre les
numérique énoncée au contrat. choses prêtées, en même quantité et
461. – Le prêteur ne peu retirer la chose S’il y a eu augmentation ou qualité, et au terme convenu
prêtée qu’après le terme convenu ou, à diminution d’espèce avant l’époque du
défaut de convention, qu’après qu’elle a paiement, le débiteur doit rendre la 476. – S’il est dans l’impossibilité d’y
servi à l’usage pour lequel elle a été somme numérique prêtée, et ne doit satisfaire, il est tenu d’en payer la valeur
empruntée. rendre que cette somme, dans les espèces en égard au temps et au lieu, où la chose
ayant cours au moment du paiement. devait être rendue d’après la convention.
462. – Néanmoins, si pendant ce délai, ou - Pour les contrats de location d’immeuble, Si ce temps et ce lieu n’ont pas été
d’emphytéose ou de prêt, conclu antérieurement au
avant que le besoin de l’emprunteur ait réglés, le paiement se fait au prix du
2 avril 1935 et où les obligations du débiteur sont
cessé, il survient au prêteur un besoin stipulées soit en une quantité d’or, soit en francs temps et du lieu où l’emprunt a été fait.
pressant et imprévu de sa chose, le juge avec clause de garantie par référence à l’or, ou par
peut, suivant les circonstances, obliger référence à une monnaie étrangère, le décret du 19 477. – Si l’emprunteur ne rend pas les
avril 1935, obligatoire au Rwanda Urundi fixe des
l’emprunteur à la lui rendre. choses prêtées, ou leur valeur au terme
règles particulières d’adaptation aux nouvelles
conditions économiques (B.O. 1935, p. 370). convenu, il en doit l’intérêt du jour d e la
463. – Si, pendant la durée du prêt, - Voir aussi la note sous l’art. 44. relative au décret demande en justice.
l’emprunteur a été obligé, pour la du 20 avril 1935.
conservation de la chose, à quelque CHAPITRE III
dépense extraordinaire, nécessaire, et 469. – La règle portée en l’article Du prêt à intérêt.
tellement urgente qu’il n’ait pu en précédent n’a pas lieu si le prêt a été fait
prévenir le prêteur, celui –ci sera tenu de en lingots. 478. – Il est permis de stipuler des
la lui rembourser. intérêts pour simple prêt, soit d’argent,
470. – Si ce sont des lingots ou des soit de denrées ou autres chose
464. – Lorsque la chose prêtée a des denrées qui ont été prêtés, quelle que soit mobilières.
défauts tels qu’elle puisse causer du l’augmentation ou la diminution de leur
préjudice à celui qui s’en sert, le prêteur prix, le débiteur doit toujours rendre la 479. – L’emprunteur qui a payé des
est responsable, s’il connaissait les même quantité et qualité, et ne doit intérêts qui n’étaient pas stipulés, ne peut
défauts et n’en a pas averti l’emprunteur. rendre que cela. ni le répéter ni les imputer sur le capital.

CHAPITRE II SECTION 2. Des obligations du 480. – Le taux de l’intérêt conventionnel


Du prêt de consommation prêteur. est déterminé librement par les parties
ou simple prêt. contractantes, il se prouve d’après le droit
471. – Dans le prêt de consommation, le commun.
SECTION 1. De la nature du prêt de prêteur est tenu de la responsabilité Voir Code civil III, art. 131bis.
consommation. établie par l’article 464 pour le prêt à
usage. 481. – La quittance du capital, donnée
465. – Le prêt de consommation est un sans réserve des intérêts, en fait présumer
contrat par lequel l’une des parties livre à le paiement, et en opère la libération.

25
CODE CIVIL - LIVRE III

TITRE VII
DU DEPOT ET DU SEQUESTRE

CHAPITRE PREMIER la chose qui en faisait l’objet, soit pour le détériorations qui ne sont pas survenues
Du dépôt en général fait de sa restitution. par son fait sont à la charge du déposant.
et de ses diverses espèces. Voir le D. du 16 juin 1947.
500. – Le dépositaire auquel la chose a été
482. – Le dépôt, en général, est un acte 492. – Le dépôt volontaire ne peut avoir enlevée par une force majeure, et qui a
par lequel on reçoit la chose d’autrui, à la lieu qu’entre personnes capables de reçu un prix ou quelque chose à la place,
charge de la garder et de la restituer en contracter. doit restituer ce qu’il a reçu en échange.
nature.
SECTION 3. Des obligations du 501. – L’héritier du dépositaire qui a
483. – Il y a deux espèces de dépôts : le dépositaire. vendu de bonne foi la chose dont il
dépôt proprement dit et le séquestre. ignorait le dépôt, n’est tenu que de rendre
493. – Le dépositaire doit apporter dans la le prix qu’il a reçu, ou de céder son action
CHAPITRE II. garde de la chose déposée les mêmes contre l’acheteur, s’il n’a pas touché le
Du dépôt proprement dit. soins qu’il apporte dans la garde des prix.
choses qui lui appartiennent.
SECTION 1. De la nature et de 502. – Si la chose déposée a produit des
l’essence du contrat de dépôt. 494. – La disposition de l’article fruits qui aient été perçues par le
précédent doit être appliquée avec plus de dépositaire, il est obligé de les restituer. Il
484. – Le dépôt proprement dit est un rigueur : ne dot aucun intérêt de l’argent déposé,
contrat essentiellement gratuit. 1° si le dépositaire s’est offert lui- si ce n’est du jour où il a été mis en
même pour recevoir le dépôt, demeure de faire la restitution.
485. – Il ne peut avoir pour objet que des 2° s’il a stipulé un salaire pour la
choses mobilières. garde du dépôt ; 503. – Le dépositaire ne doit restituer la
3° si le dépôt a été fait uniquement chose déposée qu’à celui qui la lui a
486. – Il n’est parfait que par la tradition pour l’intérêt du dépositaire ; confiée. Ou à celui au nom duquel le
réelle ou feinte de la chose déposée. 4° s’il a été convenu expressément dépôt a été fait, ou à celui qui a été
La tradition feinte suffit, quand le que le dépositaire répondrait de indiqué pour le recevoir.
dépositaire se trouve déjà nanti, à quelque toute espèce de faute.
autre titre, de la chose que l’on consent à 504. – Il ne peut pas exiger de celui qui a
la laisser à titre de dépôt. 495. – Le dépositaire n’est tenu, en aucun fait le dépôt la preuve qu’il était
cas, des accidents de force majeure, à propriétaire de la déposée.
487. – Le dépôt est volontaire ou moins qu’il n’ait été mis en demeure de Néanmoins, s’il découvre que la chose
nécessaire. restituer la chose déposée. a été volée, et quel en est le véritable
propriétaire, il doit dénoncer à celui-ci le
SECTION 2. Du dépôt volontaire. 496. – Il ne peut se servir de la chose dépôt qui lui a été fait, avec sommation
déposée, sans la permission expresse ou de le réclamer dans un délai déterminé et
488. – Le dépôt volontaire se forme par le présumée du déposant. suffisant. Si celui auquel la dénonciation
consentement réciproque de la personne a été faite néglige de réclamer le dépôt, le
qui fit le dépôt et de celle qui le reçoit. 497. – Il ne doit point chercher à connaître dépositaire est valablement déchargé par
quelles sont les choses qui lui ont été la tradition qu’il en a faite à celui duquel
489. – Le dépôt volontaire ne peut déposées, si elles lui ont été confiées dans il l’a reçu.
régulièrement être fait que par le un coffre fermé ou sous une enveloppe
propriétaire de la chose déposée, ou de cachetée. 505. – En cas de mort de la personne qui a
son consentement exprès ou tacite. fait le dépôt, la chose déposée ne peut
498. – Le dépositaire doit rendre être rendue qu’à son héritier.
490. – Le dépôt volontaire doit être identiquement la chose même qu’il a S’il y a plusieurs héritiers, elle doit
prouvé par écrit. La preuve testimoniale reçue. être rendue à chacun d’eux pour leur part
n’en est point reçue pour la valeur Ainsi le dépôt des sommes monnayées et portion.
excédant deux mille francs. doit être rendu dans les mêmes espèces Si la chose déposée est indivisible, les
- Les mots deux mille résultent du D. du 16 juin qu’il a été fait, soit dans le cas héritiers doivent s’accorder entre eux
1947.
d’augmentation, soit dans le cas de pour la recevoir.
diminution de leur valeur.
491. – Lorsque le dépôt, étant au dessus 506. – Si le contrat de dépôt désigne le
de deux mille francs, n’est point prouvé 499. – Le dépositaire n’est tenu de rendre lieu dans lequel la restitution doit être
par écrit, celui qui est attaqué comme la chose déposée que dans l’état, ou elle faite, le dépositaire est tenu d’y porter la
dépositaire en est cru sur sa déclaration, se trouve au moment de la restitution. Les
soit pour le fait même du dépôt, soit pour

26
CODE CIVIL - LIVRE III

chose déposée s’il y a des frais de 516. – Ils sont responsables du vol ou du gardien, des obligations réciproques, le
transport, ils sont à la charge du déposant. dommage des effets du voyageur, soit gardien doit apporter pour la conservation
que le vol ait été fait ou que le dommage des effets saisis les soins d’un bon père
507. – Si le contrat ne désigne point le ait été causé par les domestiques et de famille.
lieu de la restitution, elle doit être faite préposées de l’hôtellerie, ou par des Il doit les représenter, soit à la
dans le lieur même dépôt. étrangers allant et venant dans décharge du saisissant pour la vente, soit
l’hôtellerie. à la partie contre laquelle les exécutions
508. – Le dépôt doit être au déposant ont été faites, en cas de main levée de la
aussitôt qu’il le réclame, lors même que 517. Ils ne sont pas responsables des vols saisie.
le contrat aurait fixé un délai déterminé faits avec force armée ou autre force L’obligation du saisissant consiste à
pour la restitution, à moins qu’il n’existe, majeure. payer au gardien le salaire fixé par la loi.
entre les mains du dépositaire, une
saisie-arrêt, ou une opposition à la CHAPITRE III 525. – Le séquestre judiciaire est donne
restitution et au déplacement de la chose Du séquestre. soit à une personne dont les parties
déposée. intéressées sont convenues entre elles,
SECTION 1. Des diverses espèces de soit à une personnes nommée d’office par
509. – Toutes les obligations du séquestre. le juge.
dépositaire cessent, s’il vient à découvrir Dans l’un et l’autre cas, celui auquel
et à prouver qu’il est lui-même 518. – Le séquestre est ou conventionnel la chose a été confiée est soumis à toutes
propriétaire de la chose déposée. ou judiciaire. les obligations qu’emporte le séquestre
conventionnel.
SECTION 4. Des obligations de la SECTION 2. Du séquestre
personne par laquelle le dépôt a été conventionnel. TITRE VIII
fait. DU MANDAT
519. – Le séquestre conventionnel est le
510. – La personne qui a fait le dépôt est dépôt fait par une ou plusieurs personnes CHAPITRE PREMIER
tenue de rembourser au dépositaire les d’une chose contentieuse, entre les mains De la nature et de la forme du mandat.
dépenses qu’il a faites pour la d’un tiers, qui s’oblige de la rendre, la
conservation de la chose déposée, et de contestation terminée, à la personne qui 526. – Le mandat ou procuration est un
l’indemniser de toutes les pertes que le sera jugée devoir l’obtenir. acte par lequel une personne donne à une
dépôt peut lui avoir occasionnées. autre le pouvoir de faire quelque chose
520. – Le séquestre peut n’être pas gratuit. pour le mandant et en son nom.
511. – Le dépositaire peut retenir le dépôt Le contrat ne se forme que par
jusqu’à l’entier paiement de ce qui lui est 521. – Lorsqu’il est gratuit, il est soumis l’acceptation du mandataire.
dû à raison du dépôt. aux règles du dépôt proprement dit, sauf
les différences ci-après énoncées. 527. – Le mandat peut être donné, ou par
SECTION 5. Du dépôt nécessaire. acte authentique, ou par écrit sous seing
522. – Le dépositaire chargé du séquestre privé, même par lettre. Il peut aussi être
512. – Le dépôt nécessaire est celui qui a ne peut être déchargé, avant la donné verbalement ; mais la preuve
été forcé par quelque accident, tel qu’un contestation terminée, que du testimoniale n’en est reçue que
incendie, une ruine, un pillage, un consentement de toutes les parties conformément au titre : Des contrats ou
naufrage ou autre événement imprévu. intéressées, ou pour une cause jugée des obligations conventionnelles en
légitime. général.
513. – La preuve par témoin peut être L’acceptation du mandat peut n’être
reçue pour le dépôt nécessaire, même SECTION 3. Du séquestre ou dépôt que tacite et résulter de l’exécution qui
quand il s’agi d’une valeur au dessus de judiciaire. lui a été donnée par le mandataire.
deux mille francs.
- Les mots deux milles résultant du D. du 16 juin 523. – La justice peut ordonner le 528. – Le mandat est gratuit s’il n’y a
1947.
séquestre : convention contraire.
1°. des meubles saisis sur un
514. – Le dépôt nécessaire est d’ailleurs débiteur ; 529. – Il est ou spécial et pour une affaire,
régi par toutes les règles précédemment 2°. d’un immeuble ou d’une chose ou certaines affaires seulement, ou
énoncées. mobilière dont la propriété ou la général et pour toutes les affaires du
possession est litigieuse entre mandant.
515. – Les aubergistes ou hôteliers sont deux ou plusieurs personnes ;
responsables, comme dépositaires, des 3°. des choses qu’un débiteur offre 530. - La mandat conçu en termes
effets apportés par le voyageur qui loge pour sa libération. généraux n’embrasse que les actes
chez eux : le dépôt de ces sortes d’effets d’administration.
doit être regardé comme un dépôt 524. – L’établissement d’un gardien
nécessaire. judiciaire, produit, entre le saisissant et le

27
CODE CIVIL - LIVRE III

S’il s’agit d’aliéner ou hypothéquer ou dater de cet emploi, et de celles dont il CHAPITRE IV
de quelque autre acte de propriété, le est réliquataire, à compter du jour qu’il Des différentes manières
mandat doit être exprès. est mis en demeure. dont le mandat finit.

531. – Le mandataire ne peut rien faire au 538. – Le mandataire qui a donné à la 544. – Le mandat finit :
delà de ce qui est porté dans son mandat : partie avec laquelle il contracte en cette par la révocation du mandataire ;
le pouvoir de transiger ne renferme pas qualité une suffisante connaissance de ses par la renonciation de celui-ci au
celui de compromettre. pouvoirs, n’est tenu d’aucune garantie mandat ;
pour ce qui a été fait au-delà s’il ne s’y par la mort ou la déconfiture, soit du
CHAPITRE II est personnellement soumis. mandant, soit du mandataire.
Des obligations du mandataire.
CHAPITRE III 545. – Le mandant peut révoquer sa
532. – Le mandataire est tenu d’accomplir Des obligations du mandant. procuration, quand bon lui semble, et
le mandat tant qu’il en demeure chargé, et contraindre, s’il y a lieu, le mandataire à
répond des dommages et intérêts qui 539. – Le mandant est tenu d’exécuter les lui remettre, soit l’écrit sous seing privé
pourraient résulter de son inexécution. engagements contractés par le qui la contient, soit la minute ou
Il est tenu de même d’achever la chose mandataire, conformément au pouvoir l’expédition de la procuration.
commencée au décès du mandat, s’il y a qui lui a été donne.
péril en la demeure. Il n’est tenu de ce qui a pu être fait au- 546. – La révocation notifiée au seul
delà qu’autant qu’il l’a ratifié mandataire ne peut être opposée aux tiers
533. – Le mandataire répond non expressément ou tacitement. qui ont traiter dans l’ignorance de cette
seulement du dol, mais encore des fautes révocation, sauf au mandant son recours
qu’il commet dans sa gestion. 540. – Le mandant doit rembourser au contre le mandataire.
Néanmoins, la responsabilité relative mandataire les avances et frais que celui-
aux fautes est appliquée moins ci a faits pour l’exécution du mandat, et 547. – La constitution d’un nouveau
rigoureusement à celui dont le mandat lui payer ses salaires lorsqu’il en a été mandataire pour la même affaire vaut
est gratuit qu’à celui qui reçoit un salaire. promis. révocation du premier à compter du jour
S’il n’y a aucune faute imputable au où elle a été notifiée à celui-ci.
534. – Tout mandataire est tenu de rendre mandataire, le mandant ne peut se
compte de sa gestion et de faire raison au dispenser de faire ces remboursements et 548. – Le mandataire peut renoncer au
mandant de tout ce qu’il a reçu en vertu paiement, lors même que l’affaire mandat, en notifiant au mandat sa
de sa procuration, quand même ce qu’il n’aurait pas réussi, ni faire réduire le renonciation.
aurait reçu n’eût point été dû au mandant. montant des frais et avance sous les Néanmoins si cette renonciation
prétexte qu’ils pouvaient être moindres. préjudice au mandant, il devra en être
535. – Le mandataire répond de celui indemnisé par le mandataire, à moins que
qu’il s’est substitué dans la gestion : 541. – Le mandant doit aussi indemniser celui-ci ne se trouve dans l’impossibilité
1°. quand il n’a pas reçu le pouvoir de le mandataire des pertes que celui-ci a de continuer le mandat sans en éprouver
se substituer quelqu’un ; essuyées à l’occasion de sa gestion,, sans lui –même un préjudice considérable.
2°. quand ce pouvoir lui a été conféré imprudence qui lui soit imputable.
sans désignation d’une personne, 549. – Si le mandataire ignore la mort du
et que celle dont il a fait choix 542. – L’intérêt des avances faites par le mandant, ou l’une des autres causes qui
était notoirement incapable ou mandataire lui est dû par le mandant, à font cesser le mandat, ce qu’il a fait dans
insolvable. dater du jour des avances constatées. cette ignorance est valide.
Dans tous les cas, le mandant peut agir
directement contre la personne que le 543. – Lorsque le mandataire a été 550. – Dans les cas ci-dessus, les
mandataire s’est substitué. constitué par plusieurs personnes pour engagements du mandataire sont exécutés
une affaire commune, chacune d’elles est à l’égard des tiers de bonne foi.
536. – Quand il y a plusieurs fondés de tenue solidairement envers lui de tous les
pouvoir ou mandataires établis par le effets du mandat. 551. – En cas de mort du mandataire, ses
même acte, il n’y a de solidarité entre eux héritiers doivent en donner avis au
qu’autant qu’elle est exprimée. mandat et pourvoir, en attendant, à ce que
les circonstances exigent pour l’intérêt de
537. – Le mandataire doit l’intérêt des celui-ci.
sommes qu’il a employées à son usage, à

28
CODE CIVIL - LIVRE III

TITRE IX
DU CAUTIONNEMENT

CHAPITRE PREMIER laquelle le créancier a exigé une telle recherchée à raison des insolvabilités
De la nature et de l’étendue personne pour caution. survenues depuis la division.
du cautionnement.
CHAPITRE II 566. – Si le créancier a divisé lui-même et
552. – Celui qui se rend caution d’une De l’effet du cautionnement. volontairement la division, il y en avait
obligation se soumet envers le créancier à d’insolvables, cette division, quoiqu’il y
satisfaire à cette obligation, si le débiteur SECTION 1. De l’effet du eût même antérieurement au temps ou il
n’y satisfait pas lui-même. cautionnement entre le créancier et la l’a ainsi consentie, des cautions
caution. insolvables.
553. – Le cautionnement ne peut excéder
ce qui est dû par le débiteur, ni être 560. – La caution n’est obligée envers le SECTION 2. De l’effet du
contracté sous des conditions plus créancier à le payer qu’à défaut du cautionnement entre le débiteur et la
onéreuses. Il peut être contracté pour une débiteur, qui doit être préalablement caution.
partie de la dette seulement et sous des discuté dans ses biens, à mois que la
conditions moins onéreuses. caution n’ait renoncé au bénéfice de 567. – La caution qui a payé a son recours
Le cautionnement qui excède la dette, discussion, ou à moins qu’elle ne se soit contre le débiteur principal, soit que le
ou qui est contracté sous des conditions obligée solidairement avec le débiteur ; cautionnement ait été donné au su ou à
plus onéreuse, n’est point nul ; il est auquel cas l’effet de son engagements se l’insu du débiteur.
seulement réductible à la mesure de règle par les principes qui ont été établis Ce recours a lieu tant pour le principal
l’obligation principale. pour les dettes solidaires. que pour les intérêts et les frais,
néanmoins la caution n’a de recours que
554. – On peut se rendre caution sans 561. – Le créancier n’est obligé de pour les frais par elle faits depuis qu’elle
ordre de celui pour lequel on s’oblige, et discuter le débiteur principal que lorsque a dénoncé au débiteur principal les
même à son insu. la caution, le requiert, sur les premier poursuites dirigées contre elle.
On peut aussi se rendre caution, non poursuites dirigées contre elle. Elle a aussi recours pour les
seulement du débiteur principal, mais dommages est intérêts, s’il y a lieu.
encore de celui qui l’a cautionné. 562. – La caution qui requiert la
discussion doit indiquer au créancier les 568. – La caution qui a payé la dette est
555. – Le cautionnement ne se présume biens du débiteur principal, et avancer les subrogée à tous les droits qu’avait le
point ; il doit être exprès, et l’on ne peut dernier suffisants pour faire la discussion. créancier contre le débiteur.
pas l’étendre au-delà des limites dans
lesquelles il a été contracté. 563. – Toutes les fois que la caution a fait 569. – Lorsqu’il y avait plusieurs
l’indication de biens autorisée par débiteurs principaux solidaires d’une
556. – Le cautionnement indéfini d’une l’article précédent, et qu’elle a fourni les même dette, la caution qui les a tous
obligation principale s’étend à tous les derniers suffisants pour la discussion, le cautionnés a, contre chacun d’eux, le
accessoires de la dette, même aux frais de créancier est, jusqu’à concurrence des recours pour la répétition du total de ce
la première demande, et à tous ceux biens indiqués, responsable, à l’égard de qu’elle a payé.
postérieurs à la dénonciation qui en est la caution, de l’insolvabilité du débiteur
faite à la caution. principal survenue par le défaut de 570. – La caution qui a payé une première
poursuites. fois n’a point de recours contre le
557. – Les engagements des cautions débiteur principal qui a payé une seconde
passent à leurs héritiers. 564. – Lorsque plusieurs personnes se fois, lorsqu’elle ne l’a point averti du
sont rendues caution d’un même débiteur paiement par elle fait, sauf son action en
558. – Le débiteur obligé à fournir une pour une même dette, elles sont obligées répétition contre le créancier.
caution doit en présenter une qui ait la chacune à toute la dette. Lorsque la caution aura payé sans être
capacité de contracter et qui ait un bien poursuivie et sans avoir averti le débiteur
suffisant pour répondre de l’objet de 565. – Néanmoins, chacune d’elles peut, à principal, elle n’aura point de recours
l‘obligation. moins qu’elle n’ait renoncé au bénéfice contre lui dans le cas où au moment du
de division, exiger que le créancier divise paiement, ce débiteur aurait eu des
559. – Lorsque la caution reçue par le préalablement son action, et la réduise à moyens pour faire déclarer la dette
créancier, volontairement ou en justice la part et portion de chaque caution. éteinte, sauf son action en répétition
est ensuite devenue insolvable, il doit en Lorsque, dans le temps où une des contre le créancier.
être donné une autre. cautions a fait prononcer la division, il y
Cette règle reçoit exception dans le en avait d’insolvables, cette caution est 571. – La caution, même avant
cas seulement où la caution n’a été tenue proportionnellement de ces d’avoir payé, peut agir contre le débiteur
donnée qu’en vertu d’une convention par insolvabilité, mais elle ne peut plus être pour être par lui indemnisée :

29
CODE CIVIL - LIVRE III

1°. lorsqu’elle est poursuivie en CHAPITRE III principale, décharge la caution, encore
justice pour le paiement ; De l’extinction du cautionnement. que le créancier vienne à en être évincé.
2°. lorsque le débiteur a fait
faillite ou est en déconfiture ; 573. – L’obligation qui résulte du 578. – La simple prorogation de terme
3°. lorsque le débiteur s’est obligé cautionnement s’éteint par les mêmes accordée par le créancier au débiteur
de lui rapporter sa décharge causes que les autres obligations. principal, ne décharge point la caution,
dans un certain temps ; qui peut, en ce cas poursuivre le débiteur
4°. lorsque la dette est devenue 574. – La confusion qui s’opère dans la pour le forcer au paiement
exigible par l’échéance du personne du débiteur principal et de sa
terme sous lequel elle avait été caution lorsqu’ils deviennent héritiers CHAPITRE IV
contractée ; l’un de l’autre, n’éteint point l’action du De la caution légale et de la caution
5°. au bout de dix années lorsque créancier contre celui qui s’est rendu judiciaire.
l’obligation principale n’a caution de la caution.
point de terme fixe 579. – Toutes les fois qu’une personne est
d’échéance, à moins que 575. – La caution peut opposer au obligée, par la loi ou par une
l’obligation principale ne soit créancier toutes les exceptions qui condamnation, de fournir une caution, la
pas de nature à pouvoir être appartiennent au débiteur principal, et qui caution offerte doit remplir les conditions
éteinte avant un temps sont inhérentes à la dette ; prescrites par l’article 558.
déterminé. Mais elle ne peut opposer les
exceptions qui sont purement personnelle 580. – Celui qui ne peut pas trouver une
SECTION 3. De l’effet du au débiteur. caution est reçu à donner à sa place un
cautionnement entre les cofidéjusseurs. gage en nantissement suffisant.
576. – La caution est déchargée, lorsque
572. – Lorsque plusieurs personnes ont la subrogation aux droits, hypothèques et 581. – La caution judiciaire ne peut point
cautionné un même débiteur pour une privilèges du créancier ne peut plus, par demander la discussion du débiteur
même dette, la caution qui a acquitté la le fait de ce créancier, s’opérer en faveur principal.
dette a recours contre les autres cautions, de la caution.
chacune pour sa part et portion. 582. – Celui qui a simplement cautionne
Mais ce recours n’a lieu que lorsque la 577. – L’acceptation volontaire que le la caution judiciaire ne peut demande la
caution a payé dans l’un des cas énoncés créancier a fait immeuble ou d’un effet discussion du débiteur principal et de la
en l’article précédent. quelconque en paiement de la dette caution.

TITRE X
DES TRANSACTIONS

583. – La transaction est un contrat par s’entend que de ce qui est relatif au 591. – Les transactions ont, entre les
lequel les parties terminent une différend qui y a donné lieu. parties, l’autorité de la chose jugée en
contestation née, ou préviennent une dernier ressort.
contestation à naître. 588. – Les transactions ne règlent que les Elles ne peuvent être attaquées pour
Ce contrat doit être rédigé par écrit. différends qui s’y trouvent compris, soit cause d’erreur de droit, ni pour cause de
que les parties aient manifesté leur lésion.
584. – Pour transiger, il faut avoir la intention par des expressions spéciales ou
capacité de disposer des objets compris générale, soit que l’on reconnaisse cette 592. – Néanmoins une transaction peut
dans la transaction. intention par une suite nécessaire de ce être rescindée, lorsqu’il y a erreur dans la
qui est exprimé. personne, ou sur l’objet de la
585. – On peut transiger sur l’intérêts civil contestation.
qui résulte d’un délit. 589. – Si celui qui avait transigé sur un Elle peut l’être dans tous les cas où il
La transaction n’empêche pas la droit qu’il avait de son chef, acquiert y a dol ou violence.
poursuite du ministère public. ensuite un droit semblable du chef d’une
autre personne, il n’est point, quant au 593. – Il y a également lieu à l’action en
586. – On peut ajouter à une transaction droit nouvellement acquis, lié par la rescision contre une transaction,
la stipulation d’une peine contre celui qui transaction antérieure. lorsqu’elle a été faite en exécution d’un
manquera de l’exécuter. titre nul, à moins que les parties n’aient
590. – La transaction faite par l’un des expressément traité sur la nullité.
587. – Les transactions se renferment dans intéressés ne lie point les autres
leur objet ; la renonciation qui y est faite intéressés, et ne peut être opposée par
à tous droits, actions et prétentions, ne eux.

30
CODE CIVIL - LIVRE III

594. – La transaction faite sur pièce qui Si le jugement ignoré des parties était moins qu’ils n’aient été retenus par le fait
depuis ont été reconnues fausses est susceptible d’appel, la transaction sera de l’une des parties.
entièrement nulle. valable. Mais la transaction serait nulle si elle
n’avait qu’un objet sur lequel il serait
595. – La transaction sur un procès 596. – Lorsque les parties ont transigé constaté, par des titres nouvellement
terminé par un jugement passé en force généralement sur toutes les affaires découverts que l’une des parties n’avait
de chose jugée, dont les parties ou l’une qu’elles peuvent avoir ensemble, les titres aucun droit.
d’elles n’avaient point connaissance, est qui leur étaient alors inconnus et qui
nulle. auraient été postérieurement découvert 597. – L’erreur de calcul dans une
ne sont point une cause de rescision, à transaction doit être réparée.

TITRE XI
DU GAGE

598. – Le gage confère au créancier le 605. – A défaut de paiement à l’échéance 610. – S’il s’agit d’une créance donnée en
droit de se faire payer sur la chose qui en de la créance garantie par le gage, le gage, et que cette créance porte intérêts,
est l’objet, par privilège et préférence créancier peut, après une mise en le créancier impute ces intérêts sur ceux
aux autre créanciers. demeure signifiée au débiteur et au tiers qui peuvent lui être dus.
bailleur de gage, s’il y en a un, et en Si la dette pour sûreté de laquelle la
599. – On peut donner en gage toutes s’adressant par requête au juge, obtenir créance a été donnée en gage, ne porte
choses mobilières qui sont dans le l’autorisation de faire vendre le gage soit point elle-même intérêts l’imputation se
commerce, incorporelles et corporelles, publiquement, soit de gré à gré, au chois fait sur le capital de la dette.
pourvu qu’elles soient susceptibles de du juge et par personne qu’il désigne.
possession. Il ne sera statué sur cette requête que 611. – Le débiteur ne peut, à moins que le
deux jours francs après qu’elle aura été détenteur du gage n’en abuse, en
600. – Le gage peut être donné par un signifié au débiteur et au bailleur de gage, réclamer la restitution qu’après avoir
tiers pour le débiteur. s’il y en a un, avec invitation de faire entièrement payé, tant en principal
dans l’intervalle parvenir au juge leurs qu’intérêts et frais, la dette pour sûreté de
601. - Le contrat de gage se prouve observations, s’il y échet. laquelle le gage a été donné.
d’après le droit commun. S’il existait de la part du même
606. – L’exercice des droits conférés au débiteur envers le même créancier une
602. – (D. du 10 septembre 1916).- « Le créancier gagiste n’est suspendu ni par la autre dette contractée postérieurement à
créancier ne peut exercer les droits que le faillite, ni par l’état de saisie, ni par le la mise en gage, et devenue exigible
gage lui donne contre le débiteur et décès du débiteur ou du tiers bailleur de avant le paiement de la première dette, le
contre les tiers, que si l’objet du gage a gage. créancier ne pourra être tenu de se
été mis et est resté en sa possession ou en dessaisir du gage avant d’être entièrement
la possession d’un tiers convenu entre les 607. – Toute clause qui autoriserait le payé de l’une et de l’autre dette, lors
parties ». créancier à s’approprier le gage ou à en même qu’il n’y aurait eu aucune
disposer sans les formalités ci-dessus stipulation pour affecter le gage au
603. – Le créancier est réputé avoir les prescrites est nulle. paiement de la seconde.
marchandises en sa possession
lorsqu’elles sont à sa disposition dans ses 608. – Jusqu’à l’expropriation du 612. – Le gage est indivisible nonobstant
magasins ou navires, à la douane ou dans débiteur, s’il y a lieu, il reste propriétaire la divisibilité de la dette entre les
un dépôt publics, ou si, avant qu’elles du gage, qui n’et, dans la main du héritiers du débiteur ou ceux du
soient arrivées, il en est saisi par un créancier, qu’un dépôt assurant le créancier.
connaissement ou par une lettre de privilège de celui-ci. L’héritier du débiteur qui a payé sa
voiture. portion de la dette ne peut demander la
609. – Le créancier répond, selon les restitution de sa portion dans le gage, tant
604. – Le créancier gagiste perçoit aux règles établies au titre Des contrats ou que la dette n’est pas entièrement
échéances les intérêts, les dividendes et des obligations conventionnelles en acquittée.
les capitaux des valeurs données en gage général, de la perte ou détérioration du Réciproquement, l’héritier du
et les impute sur sa créance. gage qui serait survenues par sa créancier qui a reçu sa portion de la dette
Si le gage consiste en effets de négligence. ne peut remettre le gage au préjudice de
commerce, le créancier gagiste exerce les De son côté, le débiteur doit tenir ceux de ses cohéritiers qui ne sont pas
droits et est soumis au devoir du porteur. compte au créancier des dépenses utiles payés.
et nécessaires que celui-ci a faites pour la
conservation du gage.

31
CODE CIVIL - LIVRE III

TITRE XII
DE LA PRESCRIPTION

CHAPITRE PREMIER paisible, publique, non équivoque et à venant d’un tiers, soit par la contradiction
Dispositions générales. titre de propriétaire. qu’elles ont opposée au droit du
propriétaire.
613. – La prescription est un moyen 624. – On est toujours présumé posséder
d’acquérir ou de se libérer par un certain pour soi et à titre de propriétaire, s’il 633. – Ceux à qui les fermiers,
laps de temps et sous les conditions n’est prouvé qu’on a commencé à dépositaires et autres détenteurs précaires
déterminées par la loi. posséder pour un autre. ont transmis la chose par un titre
translatif de propriété, peuvent la
614. – On ne peut d’avance renoncer à la 625. – Quand on a commencé à posséder prescrire.
prescription : on peut renoncer à la pour autrui, on est toujours présumé
prescription acquise. posséder au même titre, s’il n’y a preuve 634. – On ne peut pas prescrire contre son
du contraire. titre, en ce sens que l’on ne peut point se
615. – La renonciation à la prescription changer à soi-même la cause et le
est expresse ou tacite : la renonciation 626. – Les actes de pure faculté et ceux de principe de sa possession.
tacite résulte d’un fait qui suppose simple tolérance ne peuvent fonder ni
l’abandon du droit acquis. possession ni prescription. 635. – On peut prescrire contre son titre,
en ce sens que l’on prescrit la libération
616. – Celui qui ne peut aliéner ne peut 627. – Les actes de violence ne peuvent de l’obligation que l’on a contractée.
renoncer à la prescription acquise. fonder non plus une possession capable
d’opérer la prescription.
617. – Les juges ne peuvent pas suppléer La possession utile ne commence que CHAPITRE IV
d’office le moyen résultant de la lorsque la violence a cessé. Des causes qui interrompent ou qui
prescription. suspendent le cours de la prescription.
628. – Le possesseur actuel qui prouve
618. – La prescription peut être opposée avoir possédé anciennement, est présumé SECTION 1. Des causes qui
en tout état de cause, même en instance avoir possédé dans le temps interrompent la prescription.
d’appel, à moins que la partie qui n’aurait intermédiaire, sauf la preuve contraire.
pas opposé le moyen de la prescription ne 636. – La prescription peut être
doive, par les circonstance, être présumée 629. – Pour compléter la prescription, on interrompue ou naturellement ou
y avoir renoncé. peut joindre à sa possession celle de son civilement.
auteur, de quelque manière qu’on lui ait
619. – Les créanciers, ou toute autre succédé, soit à titre universel ou 637. – Il y a interruption naturelle, lorsque
personne ayant intérêt à ce que la particulier, soit à titre lucratif ou le possesseur est privé, pendant plus d’un
prescription soit acquise, peuvent onéreux. an, de la jouissance de la chose soit par
l’opposer, encore que le débiteur ou le l’ancien propriétaire, soit même par un
propriétaire y renonce. CHAPITRE III tiers.
Des causes qui empêchent la
620. – On ne peut prescrire le domaine prescription. 638. – Une citation en justice, un
des choses qui ne sont point dans le commandement ou une saisie, signifiés à
commerce. 630. – Ceux qui possèdent pour autrui ne celui qu’on veut empêcher de prescrire
prescrivent jamais, par quelque laps de forment l’interruption civile.
621. – Toutes personnes, y compris les temps que ce soit.
personnes dites civiles, peuvent prescrire, Ainsi, le fermier, le dépositaire et tous 639. – Si l’assignation est nulle par défaut
et l’on peut prescrire contre elles. autres qui détiennent précairement la de forme,
chose du propriétaire, ne peuvent la si le demandeur se désiste de sa
CHAPITRE II prescrire. demande,
De la possession. s’il laisse périmer l’instance,
631. – Les héritiers de ceux qui tenaient la ou si sa demande est rejetée,
622. – La possession est la détention ou la chose à quelqu’un des titres désignés par l’interruption est regardée comme non
jouissance d’une chose ou d’un droit que l’article précédent, ne peuvent non plus avenue.
nous tenons ou que nous exerçons par prescrire.
nous-mêmes, ou par un autre qui la tient 640. – La prescription est interrompue par
ou qui l’exerce en notre nom. 632. - Néanmoins, les personnes énoncées la reconnaissance que le débiteur ou le
dans les articles 630 et 631 peuvent possesseur fait du droit de celui contre
623. – Pour pouvoir prescrire, il faut une prescrire, si le titre de leur possession se lequel il prescrivait.
possession continue et non interrompue, trouve interverti ; soit par une cause

32
CODE CIVIL - LIVRE III

641. – L’interpellation faite, SECTION 2. De la prescription continuation de fournitures, livraison,


conformément aux articles ci-dessus, à trentenaire. services et travaux.
l’un des débiteurs solidaires, ou sa
reconnaissance, interrompt la prescription 647. – Toutes les actions, tant réelles que Elle ne cesse de courir que lorsqu’il y
contre tous les autres, même contre leurs personnelles, sont prescrites par trente a eu compte arrêté, cédule ou obligation,
héritiers. ans sans que celui qui allègue cette ou citation en justice non périmée.
L’interpellation faite à l’un des prescription soit obligé d’un rapporter un
héritiers d’un débiteur solidaire, ou la titre, ou qu’on puisse lui opposer 655. – Néanmoins ceux auxquels ces
reconnaissance de cet héritier, l’exception déduite de la mauvaise foi. prescriptions seront opposées peuvent
n’interrompt pas la prescription à l’égard déférer le serment à ceux qui les
des autres cohéritiers, quand même la SECTION 3. De la prescription par opposent, sur la question de savoir si la
créance serait hypothécaire, si quinze ans. chose a été réellement payée.
l’obligation n’est indivisible. Le serment pourra être déféré aux
Cette interpellation ou cette 648. – Celui qui acquiert de bonne foi. et veuves et héritiers pour qu’ils aient à
reconnaissance n’interrompt la par juste titre un immeuble, en prescrit la déclarer s’ils ne savent pas que la chose
prescription, à l’égard des autres propriété par quinze ans. soit due.
codébiteurs, que pour la part dont cet
héritier est tenu. 649. – Le titre nul par défaut de forme ne 656. – Les juges sont déchargés des
Pour interrompre la prescription pour peut servir de base à la prescription de pièces cinq ans après le jugement des
le tout à l’égard des autres codébiteurs, il quinze ans. procès.
faut l’interpellation faite à tous les
héritiers du débiteur décédé, ou la 650. – La bonne foi est toujours 657. – Les arrérages des pensions
reconnaissance de tous ces héritiers. présumée, et c’est à celui qui allègue la alimentaires ;
mauvaise foi à la prouver. les loyers des maisons et le prix de
642. – L’interpellation, faite au débiteur ferme des biens ruraux ;
principal, ou sa reconnaissance, 651. – Il suffit que la bonne foi ait existé les intérêts des sommes prêtées, et
interrompt la prescription contre la au moment de l’acquisition. généralement tout ce qui est payable par
caution. année, ou à des termes périodiquement
SECTION 4. De quelques prescriptions plus courts ;
SECTION 2. Des causes qui particulières. se prescrivent par cinq ans.
suspendent le cours de la prescription.
652. – L’action des maîtres et instituteurs 658. – En fait de meubles, la possession
643. – La prescription court contre toutes des sciences et art, pour les leçons qu’ils vaut titre.
personnes, à moins qu’elles ne soient donnent au mois ; Néanmoins, celui qui a perdu ou
dans quelque exception établie par une celle des hôteliers et des traiteurs, à auquel il a été volé une chose peut la
loi. raison du logement et de la nourriture revendiquer pendant trois ans, à compter
qu’ils fournissent ; de la perte ou du vol, contre celui dans les
644. – La prescription ne court point : celle des ouvriers et gens de travail, mains duquel il la trouvé sauf à celui-ci
- à l’égard d’une créance qui dépend pour le paiement de leurs journées, son recours contre celui duquel il la tient.
d’une condition, jusqu’à ce que la fournitures et salaires. - Voir VII, Organisation financière, l’art. 123 de
l’annexe à la loi du 21 janvier 1965 portant statuts
condition arrive ; se prescrivent par six mois.
de la B.R.B ;
- à l’égard d’une action en garantie,
jusqu’à ce que l’éviction ait lieu ; 653. – L’action des médecins, chirurgiens 659. – Si le possesseur actuel de la chose
- à l’égard d’une créance à jour fixe, et apothicaires, pour leurs visites, volée ou perdue l’a achetée dans une
jusqu’à ce que ce jour soit arrivé. opérations et médicaments ; foire ou dans un marché, ou dans une
celle des marchands, pour les vente publique ou d’un marchand
CHAPITRE V marchandises qu’ils vendent aux vendant des choses pareilles le
Du temps requis pour prescrire. particuliers non marchands ; propriétaire originaire ne peut se la faire
celle des maître de pension, pour le rendre qu’en remboursant au possesseur
SECTION 1. Dispositions générales. prix de la pension de leurs élèves, et des le prix qu’elle lui a coûté.
autres maîtres, pour le prix de
645. – La prescription se compte par l’apprentissage ; DISPOSITION GENERALE
jours, et non par heures. celle des domestiques qui se louent à
l’année, pour le paiement de leur salaire ; 660. – Les dispositions du présent livre ne
646. – Elle est acquise lorsque le dernier se prescrivent par un an. sont applicables en matière de propriétés
jour du terme est accompli. foncières que pour autant qu’elles ne sont
654. – La prescription, dans les cas ci- pas contraires aux lois particulières sur
dessus, a lieu quoiqu’il y ait eu les régimes fonciers.

33

Vous aimerez peut-être aussi