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PREMIER SEMESTRE
L’ACTE JURIDIQUE
- Le droit commun des contrats -
Interro : 3 q° sur le cours d’amphi
1 q° par les chargés de TD sur les thèmes des fiches.
Pas besoin de connaitre les articles du code.
Titre paradoxal : pourquoi foncer sur le contrat alors qu’il y a d’autres actes juridiques ? En réalité, le
modèle parfait sur lequel on a bâti les règles juridiques est le contrat (on décide de parler du tout en
parlant d’une partie = synecdoque). Mais il est bcp plus pratique d’exposer les règles au travers du
contrat.
Le droit des contrats sert de modèle législatif au droit de l’acte juridique (le cciv est fondé
sur cette synecdoque)
Art. 1100-1 al. 2 Cciv : [les actes juridiques] obéissent, en tant que de raison, pour leur
validité et leurs effets, aux règles qui gouvernent les contrats.
Titre préliminaire
Notion de contrat et présentation du droit commun
des contrats (TD2)
Maurice Hauriou, le contrat est « l'entreprise la plus hardie qui puisse se concevoir pour établir la
domination de la volonté humaine sur les faits, en les intégrant d'avance dans un acte de prévision
». « le contrat est l’entreprise humaine la plus hardie pour enchainer l’avenir ».
Le contrat rend actuellement certain un avantage futur. C’est un instrument fondamental pour les
échanges de bien et de service.
Créancier vient du latin credere = croire, foi dans une promesse future. Le contrat est donc le support
d’une croyance.
Nécessité pour le droit d’en assurer la sécurité.
Art. 1101 cciv : le contrat est un accord de volonté destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre
des obligations.
Point essentiel du contrat = l’accord de volontés qui se rejoignent en volonté commune.
On parle parfois de fusion des consentements.
1°) L’EUV :
Le contrat et l’EUV ont les mêmes effets : la création d’obligation. Toutefois, l’obligation n’a pas la
même source : dans le contrat elle réside dans l’accord de volontés conjointes – dans l’EUV il s’agit
d’une volonté unilatérale.
EUV (dèf perso) : l’engagement volontaire unilatéral dont il résulte des effets de droit auquel le juge a
pu attacher une obligation d’exécution comme lors d’un arrêt du 12 février 2013.
Où est le point de bascule ? Quand peut-on considérer qu’il s’agit d’un contrat ?
Toutefois, malgré l’application de ces règles, la frontière entre l’accord et le contrat est très floue.
Exemple : ce problème est largement visible à travers les conventions d’assistance bénévole,
pour lesquelles la jp a reconnu un contrat (TD2 vieille dame et son assurance).
D’ailleurs, la jp reconnaitra parfois des engagements des honneurs comme des contrats (jp Camaïeu
TD2). Cela est participe à la judiciarisation du droit.
La classification est faite aux articles 1106 à 1111 du code civil (cf code). question à l’interro peut
nous être posée sur ça (ce qu’on a dû préparer nous-même).
Bénabent : la liberté contractuelle permet aux citoyens de conclure tout accord à leur convenance de
sorte qu’il est impossible de dresser à l’avance une liste de tous les contrats possibles : la réalité
dépasse toujours les prévisions les plus détaillées et l’imagination des contractants, jointe à la variété
des circonstances, peut conduire à des foules de contrats d’économie différente.
On peut donc prévoir que des catégories à l’intérieur desquels tel contrat particulier viendra
se ranger.
transfert de propriété) et le débiteur qui est aussi créancier (débiteur de la somme d’argent et
créancier du transfert de propriété).
Contrat unilatéral : aucune réciprocité d’obligation = il existe seulement un seul créancier et un seul
débiteur. Exemple : la donation est un contrat unilatéral n’obligeant qu’un seul (le donateur s’oblige
vis-à-vis du donataire une fois que les deux ont accepté la donation) – promesse de vente (obligation
qui ne nait seulement envers celui qui s’est engagé).
L’obligation est bien née d’un accord de volonté bilatéral. C’est en cela que le contrat
unilatéral se distingue de l’EUV.
2°) Contrat à titre onéreux et contrat à titre gratuit
3°) Contrat commutatif et contrat aléatoire
4°) Contrat consensuel, contrat solennel et contrat réel
5°) Contrat de gré à gré et contrat d’adhésion
6°) Contrat cadre
7°) Contrat à exécution instantanée et contrat à exécution successive
La distinction relative au temps et sans doute la plus importante en pratique est celle CDD/CDI.
XIXe - grande inspiration de ce mvt libéral : les juristes estiment que le principe d’autonomie de la
volonté compose la base du droit des contrats traduisant le consensualisme.
§1 – Explication du principe
L’autonomie de la volonté traduit la liberté de l’individu de créer ses propres règles de droit (il est
obligé que s’il s’en est obligé). Le contrat se traduit philosophiquement comme une loi donnée à soi-
même.
Autonomos : se donner des règles à soi-même.
Dans le cadre des contrats, l’individu n’est créancier ou débiteur que parce qu’il l’a voulu.
C’est le fruit de sa liberté il en assume les conséquences.
Gounot : rend compte du principe d’autonomie de la volonté qu’il a voulu détruire. Il parvient à en
faire la synthèse en pointant 2 conséquences :
Selon le Pr Genicon, le contrat c’est du « sur-mesure construit par la volonté des contractants ».
Le fait que les parties soient libres de se fixer leurs normes privées signifie nécessairement que le
contrat correspond exactement à leurs intérêts respectifs (l’individu sait ce qui est bon pour lui).
Cette conséquence est synthétisée dans une formule de Fouillé « qui dit contractuel dit juste » :
parce que c’est contractuel, c’est juste. Cela implique d’être responsable vis-à-vis de ses
engagements.
Art. 1102 cciv : « chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter, de choisir son co-contractant
et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les limites fixées par la loi.
La liberté contractuelle ne permet pas de déroger aux règles qui intéressent l’ordre public ».
Cet article est un vestige de l’ère de l’autonomie de la volonté (al. 1) qui se mélange à
l’interventionnisme juridique moderne (al. 2).
Art. 1103 : « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits ».
Ces accords de volonté sont protégés par une garantie : ils tiennent lieu de loi pour ceux qui les ont
conclus.
Le législateur va venir établir des limites au jeu de la libre volonté. Il s’agit de limites à l’ordre public
qui se trouvent dans les règles impératives.
Règle impérative : règle de droit à laquelle les parties, à travers le contrat, ne peuvent déroger : c’est
la imite infranchissable du contrat.
Exemples : Le contrat ne peut déroger à la loi pénale : interdiction trafic de stupéfiants, qui
ne peuvent faire l’objet d’un recours devant le tribunal / un contrat payant un employé 1€ de l’heure
Droit des obligations – Le droit commun des contrats Pierre DORANGE
Cours du professeur T. GENICON
serait annulé. / le lancer de nain étant une atteinte à la dignité humaine, il ne peut faire l’objet d’un
contrat (CE, Morsang sur Orge, 27 octobre 1995).
Règle supplétive de volonté : règle posée par le législateur mais à laquelle les parties peuvent
déroger par un contrat. Elle se substituer à la volonté des parties quand elles parties n’ont rien
prévu).
Exemple : dans le droit contractuel de la vente, si le lieu de délivrance est inconnu, alors il
sera considéré comme celui l’échange des consentements a eu lieu.
Dans la logique technique et philosophique du XIXe (autonomie de la volonté), les règles impératives
sont de grands principes sociaux et les règles supplétives sont les exceptions en accord avec le
libéralisme contractuel.
Ordre public primaire : règles du jeu établies par le législateur impératives (1102 al. 2 : la liberté
contractuelle ne permet pas de déroger aux règles qui s’intéressent à l’ordre public.
Ordre public secondaire : loi privée des parties (1103 Sacralisation des volontés 1102al. 1)
Ordre public tertiaire : règles supplétives (qui s’appliquent si on n’a rien prévu).
A ce grand principe du libéralisme s’ajoutent des idées de protection de la partie faible. Les grandes
crises économiques du XXème font naitre des nouvelles pratiques contractuelles. Bien souvent, le
rapport contractuel devient un rapport de force déséquilibré (une partie dicte + sa volonté à l’autre),
ou il y a une loi imposée à l’autre.
Lacordaire : « dans ce genre de situations, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère ».
L’État peut être la solution, à travers l’interventionnisme étatique qui décompense l’inéquilibre de
fait.
XIXème : égalité de droit qui a pour corollaire que chacun est le plus à même de défendre ses
intérêts.
XXème : inégalité de fait - perception sociologisante – qui a pour corollaire une nécessité de porter
secours à une partie faible contre une partie forte.
Cet interventionnisme se fait sur une augmentation des lois impératives (chgt de paradigme : la
liberté reste, mais il faut défendre la partie plus faible par la loi impérative). Ex : salaire minimal.
§1 – Interventionnisme légal
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Il consiste, de la part du législateur, à démultiplier des lois impératives sectorielles, pour régler les
déséquilibres de fait dans des matières précises. Le législateur, dans les rapports déséquilibrés,
repère les contrats concernés et adopte des lois spéciales.
Exemple : le droit du travail qui a une législation spéciale, notamment dans le contrat de travail – bail
d’habitation – contrats d’assurance – droit du contrat de consommation (législation de lutte contre
les clauses abusives). Specialia généralibus derogant.
§2 – Interventionnisme judiciaire
Interprétation du droit commun des contrats pour créer des règles de protection de la partie faible.
Face à une partie forte.
Cela se développe à travers l’interprétation du contrat pour découvrir la volonté cachée des
contractants.
Exemple : obligation de transport renforcée pour les sociétés / obligation de sécurité.
De telles créations d’obligations insérées facticement dans les contrats par le juge se nomme le
forçage du contrat règles inhérentes au contrat dégagées par le juge.
Dans les derniers mouvements contemporains, les grandes interventions législatives (lois
impératives) ont été faites et la liberté contractuelle est très restreinte dans de nombreux secteurs.
Dans les espaces libres de base législative, il s’agit non plus d’un interventionnisme légal mais plutôt
judiciaire.
2 grands mouvements fin XXème / début XXIème : Solidarisme contractuel vs. Libéralisme
contractuel.
Dans l’évolution du droit des contrats, l’interventionnisme s’est fait aux moyens de législations
sectorielles. Le législateur a construit des législations spéciales (droit des assurances, du contrat de
travail, du contrat de bail d’habitation).
Cohabitation entre des législations spéciales et communes
Le droit des contrats doit donc être lu dans un système binaire : le droit commun des
contrats et le droit spécial des contrats.
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Cours du professeur T. GENICON
Droit commun des contrats : règles de droit qui régissent tout accord de volonté destinées à créer des
effets de droit. Exemple : règles sur l’erreur vice du consentement.
Droit spécial des contrats : règles qui ne valent spécialement que pour certains types de contrats.
Exemple : droit de la vente, droit du bail (cciv), contrat de mandat, contrat de dépôt, contrat
d’entreprise.
E somme, il existe un système d’emboitements de droits spéciaux (droit de la vente immobilière <
droit de la vente < droit commun des contrats).
L’adage suivi est le suivant : specialia generalibus derogant, codifié à l’article 1105 cciv : « les
contras sont soumis à des règles générales qui sont l’objet … ? » al. 2 : « les règles particulières à
…. Sont établies sous les dispositions propres à chacun d’eux ». art. 3 : « les règles générales
s’appliquent en dérogation aux règles générales ».
PREMIÈRE PARTIE
LA FORMATION DU CONTRAT
Le contrat nait de la rencontre de 2 volontés conjointes.
Le mot contrat définit l’opération d’échange des consentements et le fruit de l’opération.
Contracter (la procédure d’échange des consentements) / contracté (le fruit de cet échange, ce qui en
résulte).
Lorsqu’on étudie le processus de formation du contrat, il faut que l’échange des consentements
réponde à certaines conditions légales. Au sein des accords de volonté, certains ne le sont pas en vue
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de produire des effets de droit. Même au sien de ceux qui veulent produire des effets de droit, la loi
estime qu’il existe des conditions de validité.
Titre 1
Le processus de conclusion du contrat
Avant, l’échange des consentements était façonné sur le modèle du coup de foudre contractuel.
L’échange final des consentements est précédé de discussions à visée exploratoire.
Les juristes ont ainsi mis en place un véritable droit des négociations précontractuelles. Il existe 2
phases :
- La négociation du contrat
- La phase finale de conclusion du contrat
Tous les contrats ne sont pas précédés de pourparlers. Il faut distinguer l’absence de pourparlers
(contrat d’adhésion) et l’existence de pourparlers.
Dans la pratique, un co-contractant dicte sa loi à autrui : il peut imposer à l’autre à ses conditions
dans l’offre de service. Autrement dit, il ne reste plus qu’à signer le contrat.
Contrat d’adhésion : ce sont des contrats ou toutes les conditions élaborées à l’avance sont à prendre
ou à laisser.
Saleilles utilise en 1er cette expression : sociologiquement, c’est le contrat entièrement préparé par
avance à l’une des parties et offert en propositions globales et intangibles à l’autre, c’est-à-dire sans
que l’autre puisse faire autre chose que d’accepter en bloc/refuser en bloc.
1ère précision : la figure a émergé sous la figure de Saleilles sociologiquement. Puis moment de
flottement. Puis consécration par la réforme du code civil.
Art. 1100 du code civil : le contrat d’adhésion n’est plus seulement un phéno socio mais
devient une des figures clés du droit civil.
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Le contrat type désigne un instrument formel (contrats pré-imprimés) : contrats modèles diffusés à
grande échelle et ayant vocation à être appliqués à tout un public.
Souvent, le contrat type est l’instrument du contrat d’adhésion. MAIS, il peut exister des contrats
d’adhésion à unique exemplaire.
Au XIXème, avec l’autonomie de la volonté, les juristes sont perdus : le droit s’écarte de la pratique.
Des mesures spéciales et sectorielles ont été prises grâce à des lois impératives. Ex : droit du contrat
de consommation.
Le principe d’autonomie de volonté a permis de contourner les clauses gênantes et rendre un contrat
d’adhésion aux nombreuses clauses nul Véritable travail du juge.
Le droit a évolué concernant le contrat d’adhésion. MAIS, tout au long du XXème, on en a fait un pb
sociologique sans en faisant rentrer dans le code n concept de droit commun au régime spécial
parallèlement au régime napoléonien.
Finalement, le pb a disparu en partie car les pbs majeurs de Saleilles, … ont été remplacés par des
règles spéciales.
Devant le problème des relations contractuelles déséquilibrées ; l’approche finalement choisie a été
celle par l’identification des types de contractants.
Identification des parties faibles : assuré, transporté, locataire, consommateur ; et création d’une
législation ad hoc pour eux.
On a renoncé à élaborer la protection par l’identification d’un type de contrat.
2016 : on a enfin réussi à définir le contrat d’adhésion. Or c’est un échec car finalement le
législateur ne protège pas tant la partie faible. On justifie le contrat d’adhésion par le fait que le
contractant accepte (accords de volontés).
§2 – L’existence de pourparlers
Il s’agit de discussions exploratoires sur la possibilité d’un contrat (service, conditions, anticipation
des inexécution contractuelles). Les pourparlers sont régis aux articles 1112 et suivants du code civil.
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Art. 1112 al. 1 cciv : « l’initiative, le déroulement est la rupture des négociations précontractuelles
sont libres et doivent impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi ».
Les parties sont totalement libres de ne pas conclure ces explorations. A ce stade, aucune obligation
technique ne nait.
L’offre est différente : il s’agit d’une proposition intentionnellement définitive de contracter destinée à
former le contrat par une simple acceptation.
L’offre n’est pas une invitation à entrer en négociation, car l’invitation à entre en négociation n’est
jamais l’expression d’un consentement au contrat.
Principe : l’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles sont libres (art.
1112 cciv).
Cette liberté doit être conciliée avec le principe de bonne foi. C’est pourquoi il est possible d’être
reproché d’avoir rompu les pourparlers.
1°) Le principe de liberté est essentiel (art. 1112 al. 1). La puissance de la contrainte a posteriori a
pour fondement la liberté contractuelle en amont parce que tu étais libre, on peut de sanctionner.
C’est pourquoi il y a une tendance législative et jptielle de liberté contractuelle.
2°) La faute dans la période précontractuelle est toujours exceptionnelle. Ce n’est jamais la rupture en
elle-même, car tel est l’exercice de notre liberté.
Ce qui peut nous être reproché est le comportement qui a abouti à la rupture es pourparlers.
Reconnaissances jurisprudentielles :
3°) Lorsqu’il y a eu un comportement fautif dans la rupture, l’autre peut engager une responsabilité
extracontractuelle (délictuelle) : manquement à l’obligation générale de prudence et de diligence
(1240 cciv).
4°) Il y a une conséquence directe sur le préjudice – l’article 1112 (codifie la jp Manouchian) : en cas
de faute commise dans les négociations, la réparation du préjudice qui en résulte ne peut avoir pour
objet de compenser « ni » la perte des avantages attendus du contrat non conclu (bénéfice net que
l’on aurait retiré du contrat) «, ni la perte de chance d’obtenir ces avantages ».
Exemple : un étudiant brillant s’est fait renverser : on peut indemniser la perte de chance d’avoir eu
son année.
On ne peut jamais se prévaloir d’un contrat qui n’a pas encore été conclu.
Les avant-contrats sont des contrats préparatoires à la conclusion d’un contrat dit final.
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Pacte de préférence
Art. 1123 : le pacte de référence est le contrat par lequel une partie s’engage à proposer
prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui pour le cas où elle déciderait de contracter.
Exemple : le propriétaire d’une pièce de collection peut conclure un pacte de préférence avec tel ou tel
acheteur.
Art. 1124 al. 1 : la promesse unilatérale est le contrat par lequel une partie, le promettant, accorde à
l’autre, le bénéficiaire, le droit d’opter pour la conclusion d’un contrat dont les éléments essentiels
sont déterminés, et pour la formation duquel ne manque que le consentement du bénéficiaire.
C’est ce qu’on appelle les contrats de réservation ou d’option, un accord en vertu duquel une
personne réserve la vente de son bien.
Exemple : le promettant laisse au bénéficiaire l’achat de sa voiture jusque vendredi 23h59. Soit ce
dernier lève l’option (et conclut la vente), soit il décline la proposition. Après l’échéance, la proposition
est caduque (du latin cadere).
Le contrat conclu en violation de la promesse unilatérale avec un tiers qui en connaissait l’existence
est nul.
QUID s’il y a rétractation du promettant le mercredi, et que le bénéficiaire lève l’option le jeudi (dans
le délai initial fixé) ?
Pdt très longtemps, Civ 3ème, 1993, Consorts Cruz, décidait que dans ce cas-là, il était impossible de
forcer la formation de la vente car il y a eu un abandon de volonté : plus d’échange des
consentements après la rétractation.
La révocation de de la promesse pendant le temps laissé au bénéficiaire pour opter n’empêche pas
la formation du contrat promis.
Le contrat est formé dès lors qu’il y a concordance des volontés : offre et acceptation.
Art. 1113 cciv : le contrat est formé par la rencontre d’une offre et d’une acceptation par lesquelles
les parties manifestent leur volonté de s’engager.
Cette volonté peut résulter d’une déclaration ou d’un comportement non-équivoque de son auteur.
La réalité pratique des choses est que, compte tenu des négociations antérieures, la formation du
contrat est bien plus complexe.
D’un pdv théorique, la bascule entre les pourparlers et l’existence d’un contrat est très insensible.
Section 1 – L’OFFRE
§1 – La notion d’offre
A. Définition de l’offre
+ L’offre est une déclaration de volonté, ferme et précise, proposant les éléments essentiels d’un
contrat envisagé et dont l’acceptation suffira à entrainer la formation dudit contrat. L’offre est le
consentement définit à un contrat en projet offert à autrui.
- L’offre se distingue de :
- La promesse unilatérale de contrat, dont l’objet est de faire naitre un droit d’option au profit
du bénéficiaire. La différence est que la promesse unilatérale est un contrat, et non une
déclaration de volonté isolée. L’offre est une parole qui ne confère pas au destinataire un
droit d’option.
B. Caractères de l’offre
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Art. 1114 : l’offre nécessite deux conditions cumulatives : une proposition ferme (exprime la volonté
de son auteur d’être lié en cas d’acceptation) et précise (comprend les éléments essentiels du
contrat).
L’élément subjectif de l’offre tient au caractère de l’intention de l’auteur. L’élément objectif tient à une
définition objective suffisament aboutie des éléments principaux du contrat.
La fermeté : il s’agit de l’élément subjectif qui consiste à rechercher et dégager la volonté de l’auteur
de l’offre. L’analyse de l’offre doit faire ressortir, même implicitement, qu’il n’y a aucune réserve.
A-t-il considéré que la simple réponse positive du destinataire suffirait pour l’engager
définitivement ? A-t-il voulu que le simple oui l’engage, ou s’est-il laissé une porte de sortie ?
Très souvent, la réserve peut tenir en l’offre sans destinataire particulier « possibilité d’agréer la
personne ». Il existe aussi des contrats intuitu personae pour lesquels il est évident que la proposition
contient toujours une réserve.
Ce n’est pas le cas de la vente : le vendeur n’a pas le droit de ne pas donner suite à la vente d’un
appart pour lequel on a dit oui en entrant dans l’agence.
La précision : il s’agit de l’élément objectif. On est en présence d’une offre quand le noyau dur de la
convention projetée est suffisamment identifié. Si les éléments sont insuffisamment aboutis, si ce
n’est qu’une ébauche d’opérations, on ne peut pas identifier les obligations de part et d’autre et donc
ce n’est pas une offre.
En droit français, si on réussit à identifier le bien et chiffrer le prix, il y a une offre.
2009 : contentieux sur le bail. Les juges d’appel ont considéré que la date d’effet du bail était un
élément essentiel. Les juges du fond ayant seulement considéré que la lettre comprenait le chiffrage
du loyer et l’identification du local, le juges d’appel a considéré que l’absence de précision de la date
de fin du bail conduit à ne pas qualifier l’offre.
Ccass : la date de prise d’effet du bail n’est pas un élément essentiel. Les seuls éléments essentiels
sont l’identification du local et le chiffrage du loyer.
- Expresse : offre formulée de façon explicite, c’est-à-dire au moyen d’un acte de langage.
- Tacite : offre induite d’un comportement. La volonté est extériorisée par un comportement
dont le juge estime qu’il est induit la volonté. C’est une attitude dont la signification ne peut
faire de doute.
Exemple : baie vitrée d’une devanture présentoir de brosses à cheveu = offre tacite de vente
de brosse à cheveux.
Exemple : offre tacite de l’insigne de taxi verte = offre de transport ? Génicon estime qu’il y a
un acte de langage et non d’offre tacite.
La qualification d’offre expresse ou tacite n’a pas d’incidence sur le régime. La vraie question est de
savoir si on qualifie l’offre.
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Dans les contrats d’entreprise, la formation est très souple : il suffit de se mettre d’accord sur la
prestation de service.
Cette opposition était très importante avant 2016 pour des q° de régime et de force contraignante de
l’offre, mais elle a perdu toute portée juridique ajd.
Art. 1114 : l’offre, faite à personne déterminée ou indéterminée …
Malgré la présence de cette distinction dans le texte, il n’y en a plus aucune faite en pratique. La
réforme à oublier de gommer.
Ainsi, toute offre est une offre avec délai car il existe toujours le délai raisonnable de l’offre
rétractable. Ls offres complètement rétractables n’existent plus.
§2 – Le régime de l’offre
Principe : l’offre n’est qu’une disposition d’esprit dont on fait part à autrui. L’offre est librement
rétractable.
Ainsi, l’offre s’anéantie dans l’acceptation et se transforme dans qqc qui la dépasse.
La vraie question de la rétractation devient pertinente dès lors que le destinataire a connaissance de
‘offre (car avant, elle est librement rétractable).
Principe de l’article 1116 :…
Mais, la sanction de rétractation de l’offre est très légère. Le législateur a restreint la liberté sur le
pcipe de rétractation mais a considérablement allégé la sanction.
A. La rétractation
Al3
Cela tient du grand principe de devoir général de prudence et diligence.
La rétractation de l’offre constitue une faute et engage la responsabilité extracontractuelle dans les
conditions du droit commun, sans pour autant obliger l’offrant à compenser la perte d’avantages
contenus dans les attendus du contrat. = on ne peut contourner l’alinéa 2.
Il s’agit d’une indemnisation a minima.
Promesse unilatérale de contrat (on peut obtenir l’exécution forcée du contrat ou dommages intérets
chiffrés à la hauteur de l’avantage éco tirée du contrat) < rétractation de l’offre (que des dommages
intérêts qui ne peuvent pas être chiffrés à la hauteur de l’avantage éco du contrat. A contrario, on
peut en déduire que la perte de chance pourrait être indemnisée < rupture fautive des pourparlers
(que des dommages intérêts a minima)
Système crée par Jean Luc Aubert : sur la hiérarchie contraignante de l’offre. Il réalise une gradation
des offres pour montrer qu’il y a des offres plus ou moins engageantes. Une offre sans délai ni
destinataire n’engage pas bcp. Il y a aussi une hiérarchie dans la sanction.
Pour donner à l’offre une force très contraignante, il faudrait lui donner valeur juridique
d’engagement unilatéral de volonté.
Quelques traces jptielles ou la Ccass a laissé entendre un EUV et consacré la théorie de Aubert.
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MAIS, le législateur a effacé ces théories et arrêts pour dire que toutes les offres ont la même
sanction (on s’en fiche désormais du contenu de l’offre).
B. La caducité
Section 2 – L’ACCEPTATION
Articles 1118-1120.
Acceptation = déclaration de volonté par laquelle une personne extériorise sa décision d’adhérer sans
réserve à une offre, et qui de ce fait suffit à former définitivement le contrat.
Art. 1118 : recopier
§1 – HYPPOTHÈSE SIMPLE
C’est l’acceptation qui fait naitre les obligations par la fusion des consentements. L’instant
d‘acceptation est l’instant de formation du contrat et donc de naissance des droits contractuels.
4 remarques :
Cette fusion suppose la cohabitation exacte d’au moins 2 volontés.
Il faut que les deux manifestations de volontés soient concordantes quant à leur contenu
(1118 al.3)
Comme pour l’offre, l’acceptation peut être expresse ou tacite (comportement dépourvu de
toute équivocité, sur la situation duquel on peut hésiter). Le meilleur exemple d’acceptation
tacite est l’exécution du contrat.
C’est à distinguer du silence.
Rétractation de l’acceptation : peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas parvenue à
l’offrant (1118 al.2)
§2 – HYPPOTHÈSES COMPLEXES
A. L’hypothèse du silence
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Article 1120 cciv : le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu’il n’en résulte autrement….
Principe : le silence ne vaut pas acceptation. Le silence ne dit rien : ainsi, la volonté de celui qui est
silencieux est inconnue.
Raison ppale de ce principe : le silence est par nature AMBIGU. Il s’agit d’une absence de
toute extériorisation de volonté.
Énormément de manuels et d’arrêts font cette confusion et assimilent le silence à une acceptation
tacite. Le silence est l’absence de manifestation de volonté : on est incapable, dans cette situation, de
savoir ce qu’autrui veut = situation équivoque (peut aussi bien dire oui que non, on ne sait pas).
Volonté méconnaissable.
L’acceptation tacite suppose une manifestation de volonté. On sait ce que l’autre pense. Juste,
l’acceptation n’a pas pris la forme d’un langage particulier. Volonté connaissable.
Exception : l’ordre juridique peut considérer que le silence peut valoir acceptation. C’est lorsqu’une
norme extérieure au destinataire considère que l’absence de volonté vaut quand même acceptation.
Par la norme contractuelle (la volonté même des contractants) = clause contractuelle :
commandes répétées de fournitures automobiles. On peut poser un « contrat cadre » = loi
privée de la relation contractuelle qui est amenée à se répéter. A défaut d’indication
contraire, il peut y avoir des commandes automatiques, sans acceptation répétée.
Convention tacite des parties relavant de leurs usages privés (par la jp). Ces habitudes dans
les relations d’affaire conduisent à considérer un silence comme ayant valeur d’acceptation.
Exemple : si les parties n’ont jamais formalisé par contrat la livraison d’une tonne de blé tous
les 28 du mois depuis 23 ans. Celui qui donne le blé (en envoyant un mess) peut légitimement
penser qu’à la lumière des usages d’affaires développés que le silence vaut acceptation. Les
juges disent que celui qui a envoyé l’offre peut légitimement penser que le silence vaut
acceptation.
Droit des obligations – Le droit commun des contrats Pierre DORANGE
Cours du professeur T. GENICON
Les usages (norme coutumière). Exemple : usages du bordelais (dans le milieu du courtage
du vin) – à l’époque, dans cette région (cf une décision ?), l’usage était de refuser ou accepter
une offre dans les 48 heures, faute de quoi le silence vaudrait acceptation.
Art 1120 : « les circonstances particulières ». Elles concernent les offres que le destinataire
n’a aucun intérêt ou un intérêt très faible à décliner. Il s’agit un peu d’un joker laissé au juge.
C’est cette solution qui a permis de faire l’économie, pendant longtemps, de l’EUV.
Arrêt récent : avec des mails, décalage de réception de mails (doc 7 fiche de TD 3).
Art. 1121 cciv : le contrat est conclu dès que l’acceptation parvient à l’offrant (la connaissance de la
l’acceptation n’est pas requise). La théorie de la réception a été consacrée.
Art. 1119 al. 1 : les conditions générales invoquées par une partie n’ont d’effet à l’égard de l’autre que
si elles ont été portées à la connaissance de celle-ci et si elle les a acceptées.
QUID du devenir de ce texte : il enfonce une porte ouverte en réalité : répète juste la logique
même du contrat.
En réalité, un devenir possible serait que les juges se saisissent du texte pour dire que les
clauses rédigées dans un contrat type, le texte exigerait une caractérisation renforcée de
l’acceptation. THEORIE DE L’EFFET UTILE.
Évolution possible/réflexion : q° désormais de faire peser sur ces auteurs la charge d’une acceptation
indubitable (i.e. une signature supplémentaire à côté des contrats)
Belle interrogat° sur les contrats types électroniques (i.e. les conditions générales).
Lorsque les conditions générales sont incompatibles, l’art. 1119 dit que les clauses incompatibles sont
sans effet. Les règles supplétives s’appliquent alors.
Art. 1119 al. 3 : discordance entre les conditions générales et particulières, alors les conditions
particulières s’imposent aux conditions particulières.
Articles 1125 et suivant du code civil mal rédigé car provient d’une directive européenne).
Le contrat électronique est seulement celui conclu avec un site électronique de prestation
(plateforme internet). Cela ne considère pas ainsi les contrats conclus sous forme de mail.
Il existe des conditions qui obligent l’offrant (celui qui tient le site) de communiquer un certain
nombre d’informations.
PB : QUID de la sanction si on ne le fait pas ?
Il s’agit d’une technique juridique en vertu de laquelle une personne agit au nom et pour le compte
d’une autre personne.
Une personne peut créer des effets de droit pour ou contre une autre personne.
Grâce à cette technique, il y a une dissociation entre l’auteur de l’acte juridique et le destinataire des
effets de l’acte juridique.
Exemple : la procuration.
Titre 2
Les conditions de validité du contrat
Un accord de volonté ne suffit pas pour produire des effets de droit valables car il faut que celui-ci
soit accepté par l’ordre juridique, qui ne donne pas force obligatoire à tous les accords. Certaines
volontés sont trompées, des consentements sont faussés, des accords sont intolérables pour l’ordre
social.
Cela correspond à ce que l’on désigne comme les conditions de validité du contrat : conditions
d’acceptation de la loi pour donner force obligatoire à un accord de volonté.
Le contrat n’a d’effet obligatoire que s’il respecte ces conditions de validité, à défaut de quoi le
contrat est refusé par l’ordre juridique : il sera nul.
Le défaut de respect des conditions validité est sanctionné par la nullité du contrat.
Chapitre 1 : LE CONSENTEMENT
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Le consentement est une manifestation de volonté, autrement appelé un acte de volition, apte à
créer des effets de droit. Il doit correspondre à une exigence de qualité d’une part et d’intégrité
d’autre part.
Le système j s’assure du fait que notre volonté présente une qualité et intégrité véritable en ce qu’elle
reflète exactement notre attention. Présupposé de l’autonomie de la volonté :
Qualité : la volonté n’a pas été faussée.
Intégrité : la volonté n’a pas été forcée, contrainte par autrui.
La manifestation peut être l’objet d’un vide de consentement. Un consentement vicié, entaché d’un
défait, est comme un consentement qui n’a pas été émis.
Dès lors, il existe des intérêts divergents entre celui dont le consentement a été vicié et celui qui a
légitimement espéré au contrat. En détruisant u contrat, on détruit aussi toutes les espérances de
celui qui a espéré au contrat.
Tension des intérêts entre protection du contrat et des attentes légitimes de ce contrat ET celui dont
le consentement a été vicié.
Dilemme d’un législateur : protéger la volonté et aussi assurer la stabilité des engagements.
Il y a 2 façons pour l’ordre juridique, 2 procédés, pour permettre un accord de volonté efficace
(consentement ok et stabilité des contrats) :
- Démarche curative (utilisé traditionnellement) : intervenir après le contrat – théorie des vices
du consentement. Cela s’explique bien dans l’esprit de 1804 : dans la représentation abstraite
des choses, on donne toute confiance à l’accord de volonté et les vices du consentement sont
rares. Or, le législateur s’est rendu compte que cela arrivait de plus en plus (salarié-
employeur, entrepreneur-individu).
C’est ainsi que la jp s’est lancée dans une démarche préventive (pour prévenir les vices du
consentement). C’est comme ça qu’est née l’obligation d’information.
- Démarche préventive
Sous-section 1 – L’erreur
§1 – Définition
L’erreur consiste à croire faux ce qui est vrai, ou vrai ce qui est faux. Commettre une erreur en droit
des contrats, c’est se tromper sur les éléments constitutifs du contrat : objet de la prestation,
identification du cocontractant, nature même de l’opération réalisée.
L’erreur consiste en une fausse représentation de la réalité qui conduit son auteur à donner son
consentement au contrat dans la croyance de la parfaite conformité du contrat à l’idée qu’il s’en
fait.
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C’est une méprise sur la réalité des choses qui ne correspond pas à la représentation intellectuelle de
la chose.
Exemple de Pothier : chandelier en argent alors que c’était un chandelier en cuivre argenté.
Exemple : contentieux sur les œuvres d’art.
Art. 1129.
Les juges considèrent que cette erreur n’est pas pour autant cause de nulloité s’il est établi que le
contractant aurait conclu à des conditions peu différentes.
On n’annule pas le contrat, mais cela n’écarte pas d’autres sanctions (dommages-intérêts).
1°) Définitions
2°) Étude de cas
3°) Date d’appréciation de l’erreur