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Le contenu des contrats

Séance 1

Les éléments constitutifs des contrats


Les entreprises sont amenées au quotidien à rédiger de nombreux contrats avec leurs salariés (contrats de
travail), avec leurs fournisseurs (contrat de fourniture), avec leurs distributeurs (contrats de distribution) ou
même directement avec leurs clients (contrat de vente)
La définition du contrat est donnée par le nouvel article 1101 du code civil : « Le contrat est un accord de volontés
entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations ». Le
contrat est donc un acte juridique qui permet de modifier, de transmettre ou d’éteindre des obligations qui
constituent le contenu du contrat. Il s’agit donc de voir ici ce qu’englobe la notion de contenu du contrat pour
les parties afin de sécuriser leurs relations contractuelles.

1. La définition du contenu du contrat


1.1 La fixation du contenu du contrat
En principe, ce sont les parties qui définissent le contenu d’un contrat. Cependant, dans certains cas, c’est la
loi, le juge ou les usages qui s’en chargent. En effet, selon l’article 1194 code civil « Les contrats obligent non
seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les suites que leur donnent l’équité, l’usage ou la loi.»
Néanmoins, dans certains cas, une seule partie fixe le contenu du contrat. C’est le cas des contrats d’adhésion.
Ce sont des contrats où l’une des parties, économiquement plus forte, impose ses conditions à l’autre. Son
cocontractant n’a pas d’autre choix que d’accepter l’intégralité du contenu du contrat ou ne pas y adhérer.
Ex. contrat de transport avec la SNCF, le contrat de téléphonie mobile
Dans tout les cas, le contenu du contrat doit être négocié de bonne foi.

1.2 Le principe de l’autonomie de la volonté


Le droit des contrats repose sur le principe de l’autonomie de la volonté. Selon ce principe, l’homme est un
être libre ; il ne peut être soumis à des obligations autres que celles qu’il a voulues. L’autonomie de la volonté
se traduit concrètement par :

1.2.1 La liberté contractuelle


Sur le fond, les parties sont libres de contracter ou non, avec le cocontractant de leur choix, et en déterminant
librement le contenu (clauses) du contrat. C’est le principe du consensualisme. Ce principe est reconnu à
l’article 1102 du code civil qui énonce « Chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter, de choisir son
cocontractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les limites fixées par la loi ».
La liberté contractuelle ne permet pas de déroger aux règles qui intéressent l’ordre public. Cependant, il existe
une exception à ce principe : c’est le cas de l’assurance des véhicules terrestres à moteur (voiture, vélomoteur,
tracteur…) où le législateur prévoit des sanctions pénales en cas de défaut d’assurance.
Sur la forme, l’échange des consentements suffit à la conclusion du contrat, c’est le principe du consensualisme.
La volonté des parties doit être protégée des vices du consentement (cf. séquence la formation des contrats).

209E60TKPG0118 CNED Thème 1 Séquence 4 – CEJM 1


1.2.2 La force obligatoire du contrat
Ce principe est posé aux articles 1103 et 1193 du code civil. Les parties doivent exécuter les obligations prévues
au contrat On dit qu’elles doivent “payer” : le paiement, au sens large du terme, c’est l’exécution de l’obligation :
réaliser le travail promis, livrer la chose vendue, ne pas faire ce qu’on s’interdit de faire dans le contrat...Ce
paiement peut avoir lieu au comptant (immédiatement) ou à terme (plus tard). On peut payer à terme échu
(après qu’une certaine période se soit écoulée) ou à terme à échoir (au début d’une certaine période).
→ Les parties ne peuvent pas, unilatéralement, rompre le contrat
Créé par la volonté de deux ou plusieurs personnes, le contrat ne peut pas être rompu par celle d’une seule
personne. Il faut l’accord de tous les contractants. Le seul cas dans lequel l’une des parties peut faire cesser le
contrat de sa propre volonté est lorsque ce contrat est à exécution successive et à durée indéterminée (contrat
de travail par exemple). Mais la loi oblige que les autres contractants soient avisés à l’avance (délai de préavis).
La volonté des parties doit être respectée par le législateur et par le juge
• le législateur doit s’interdire de faire des lois rétroactives, c’est-à-dire qui s’appliquent non seulement
pour l’avenir, mais aussi pour le passé.
• le principe de l’autonomie de la volonté impose au juge de respecter le contrat. Lorsque ce dernier
donne lieu à un procès, le juge doit respecter les obligations et les droits de chacune des parties tels
qu’ils figurent dans le contrat, même si ces conditions lui paraissent injustes.

1.2.3 L’effet relatif des contrats


Seules les parties sont engagées par le contrat, les tiers n’ont aucune obligation issue du contrat puisqu’ils ne
l’ont pas signé. D’ailleurs, l’article 1199 du code civil énonce que « le contrat ne crée d’obligations qu’entre
les parties. Les tiers ne peuvent ni demander l’exécution du contrat ni se voir contraints de l’exécuter, (…). »
Ce principe connaît cependant quelques exceptions, en particulier dans les cas de stipulation pour autrui
(contrat d’assurance décès, contrat de transport où le destinataire bénéficiant de l’exécution du contrat est
parfois un tiers désigné au transporteur par le donneur d’ordres….)
Ces « tiers » au contrat peuvent cependant être intéressés par le contrat à des titres divers :
• les héritiers des signataires doivent tenir les engagements de celui dont ils héritent.
• les tiers doivent respecter l’existence du contrat.
Par exemple, celui qui achète un bien immeuble loué doit respecter les contrats de location signés par l’ancien
propriétaire. Parfois, cette opposabilité des contrats aux tiers n’existe que si une publicité a été faite pour informer
les tiers de l’existence du contrat (vente d’un immeuble, hypothèque…)

2. Un contenu licite et certain


2.1 Un contenu conforme à l’ordre public
Le législateur exige que le contrat soit conforme aux bonnes mœurs c’est-à-dire qu’il respecte les règles
impératives auxquelles on ne peut déroger. Ces règles visent à protéger l’Etat, la famille et les personnes.
Pour Ripert, l’ordre public donne aux relations contractuelles un cadre directif alors que la loi dit ce qu’il faut
faire.
Il existe deux types d’ordre public :

2.1.1 L’ordre public de direction


C’est l’ensemble de règles impératives qui s’imposent à tous en vue d’assurer l’intérêt général et le bon
fonctionnement de l’économie :
Ex : certains services ne peuvent être rendus que par l’État : il a un monopole pour les exploiter (RATP, Française
des jeux…). Il impose aux parties au contrat la contrainte d’adopter un comportement auquel on ne peut déroger
comme par exemple payer ses impôts.

2 CNED Thème 1 Séquence 4 – CEJM 209E60TKPG0118


2.1.2 L’ordre public de protection
On le définit comme l’ensemble de règles impératives qui s’imposent à tous en vue de défendre les droits des
catégories de personnes les plus faibles :
• Consommateurs : le droit de la consommation les protège contre les produits dangereux, illicites,
immoraux ;
• Le salarié : le droit du travail le protège contre les pratiques arbitraires ou abusives de certains
employeurs ;
• Les entrepreneurs sont protégés contre les pratiques déloyales des autres concurrents sur le marché.
Dans la relation contractuelle, la partie « la plus puissante économiquement » a l’obligation de protéger
la partie la plus faible.

2.1.3 Le respect des bonnes mœurs


La notion de bonnes mœurs a disparu du code civil lors de la réforme de 2016 car jugée trop passéiste et
moralisatrice. Cependant, concrètement, les juges, dans leur activité quotidienne y sont sensibles.

2.2 Les prestations peuvent être présentes ou futures


L’article 1163 al 1 du code civil prévoit que l’obligation a pour objet une prestation présente ou future. Les
conventions portant sur des choses futures comme par exemple la récolte d’une culture de blé encore sur pied
ou la vente d’un appartement sur plan sont licites. Il n’est pas nécessaire que la chose, objet du contrat existe
au moment de la conclusion du contrat mais qu’elle puisse exister.
Cependant, la jurisprudence a retenu des exceptions. Par exemple les contrats portant sur des successions
futures sont prohibées.

2.3 Les prestations doivent être possibles


L’article 1163 al 2 du code civil prévoit que l’obligation soit possible. En effet, tous les contrats en rapport avec
le corps humains (vente d’organes, gestion pour autrui…) sont prohibés car le corps humain est hors commerce
(article 16 et suivant du Code civil) même s’il existe de nombreuses dérogations à ce principe.
Par ailleurs, les droits de la personnalité qui sont par nature extrapatrimonial ne devraient pas faire l’objet de
convention à titre onéreux. Cependant, dans la réalité, on constate que de nombreuses stars utilisent leurs
images pour vanter les mérites d’un produit dans la publicité.
Enfin, pendant longtemps les juges refusaient que la clientèle civile par exemple la patientèle pour un
médecin fasse l’objet d’un contrat. En effet, on considérait qu’ils s’agissaient de personnes et non de biens
commercialisables.

2.4 Les prestations sont déterminées ou déterminables


L’article 1163 du code civil al 2 dispose que la prestation doit être déterminée ou déterminable. La prestation
consiste à ce à quoi les parties au contrat se sont engagées.
• Une prestation est déterminée lorsque au moment de la conclusion du contrat, le débiteur sait
précisément à quoi il s’engage sur :
◦◦ Les caractéristiques des biens qu’il achète exemple une berline de la marque X diesel ayant
250 000 km
◦◦ La nature et la durée de la prestation de service exemple une coloration de cheveux pour un mois
• Une prestation est déterminable selon l’alinéa 3 de l’article 1163 précise que « la prestation est
déterminable lorsqu’elle peut être déduite du contrat ou par référence aux usages ou aux relations antérieures
des parties, sans qu’un nouvel accord des parties soit nécessaire.»
Conclusion : Le contenu du contrat a été encadré successivement par le Code civil puis par la jurisprudence
afin de sécuriser les relations contractuelles entre l’entreprise et ses partenaires. Il est fondé sur le principe
de l’autonomie de la liberté et repose à ce titre sur la liberté contractuelle. Ce contenu est obligatoire pour
les parties et il doit être licite et certain. Les obligations qui en découlent peuvent être présentes ou futures,
possibles et déterminées ou déterminables.

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