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Cours 1 – Introduction au droit des contrats

Importance du droit des contrats. On a coutume de dire que le


droit privé français, de même que le Code civil qui en constitue
l’emblème, reposent sur trois piliers : la famille, le contrat, la
propriété. Il est clair que le droit des contrats revêt une importance
considérable. D’abord pour une raison pratique : la vie est ponctuée
de contrats. Celui qui voudrait vivre en dehors du droit des contrats
ne le pourrait pas tant celui-ci s’immisce dans tous les aspects de la
vie, professionnelle, personnelle, et même intime (mariage, pacs,
courtage matrimonial…). Bref : le contrat est consubstantiel à
l’activité humaine.

Ensuite, et ceci découle de cela, le droit des contrats irrigue toutes


les autres branches du droit. C’est pourquoi on peut affirmer que le
droit des contrats et, plus largement, le droit des obligations, est un
des piliers des études de droit, dont la connaissance est souvent
indispensable à la bonne compréhension des autres branches du
droit.

Quelques exemples : le droit de la famille s’appuie sur de nombreux


contrats : le mariage et le pacte civil de solidarité (pacs) sont des
contrats. C’est ainsi que le droit commun des contrats s’applique
très largement au pacs ; en matière de mariage, la possibilité
d’obtenir l’annulation du mariage pour cause d’erreur sur la
personne ou sur les qualités essentielles de l’époux s’inspire
largement des règles régissant les contrats en général. Plus encore,
le droit des affaires s’appuie continuellement sur le droit des
contrats. Le droit bancaire, le droit de la consommation, le droit de la
concurrence… peuvent être considérés comme des prolongements
du droit des obligations, de sorte que la connaissance de celui-ci est
indispensable à tout juriste d’affaires.

Chapitre 1 – Les notions de contrat et


d’obligation

1
Le droit des contrats fait partie du droit des obligations. La notion
fondamentale est donc d’abord celle d’obligation. Dans le langage
courant obligation est synonyme de devoir. Le droit retient une
définition plus technique. L’obligation est un lien de droit unissant
deux personnes, le créancier et le débiteur, obligeant ce dernier à
accomplir une prestation au profit du créancier (par ex. en présence
d’un contrat de vente, le vendeur a l’obligation de délivrer la chose
vendue, l’acquéreur a l’obligation de payer le prix ; si une personne
cause un dommage à une autre, elle a l’obligation de réparer ce
dommage, par ex. en versant des dommages et intérêts…).
L’obligation apparaît alors comme le versant négatif du droit
personnel, ie le droit de créance. Par exemple, si, en vertu d’un
contrat, une personne doit une somme d’argent à une autre, le
débiteur est tenu d’une obligation (payer) tandis que le créancier
bénéficie d’un droit personnel, le droit de créance.

Les obligations peuvent avoir différentes sources. On distingue


classiquement deux sources d’obligations : l’acte juridique et le fait
juridique.

L’acte juridique est une manifestation de volonté destinée à produire


un effet de droit. Au sein des actes juridiques, le contrat occupe une
place centrale. Le contrat est un accord de volonté entre deux ou
plusieurs personnes conclu en vue de produire un effet de droit
particulier, la création d’obligations. L’article 1101 du Code civil le
définit comme une « convention par laquelle un ou plusieurs
personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire
ou à ne pas faire quelque chose ». Il existe d’autres types d’actes
juridiques, comme les actes juridiques unilatéraux. Ils se distinguent
du contrat par le fait qu’ils résultent de la volonté d’une seule
personne (ex. testament, reconnaissance d’enfant…). Il ne faut donc
pas confondre le contrat unilatéral et l’acte unilatéral (v. infra).

Pour mémoire, la 2e source d’obligations est le fait juridique. Il s’agit


d’un événement volontaire ou non produisant des effets juridiques
qui n’ont pas été voulus. Les effets de droit interviennent donc
indépendamment de la volonté des individus. On distingue plusieurs
types de faits juridiques. Les plus importants sont les délits et quasi-
délits. Le délit est un fait illicite volontaire causant un dommage
(ex. : accomplir sciemment des actes de concurrence déloyale). Le
quasi-délit est un fait involontaire causant un dommage (par

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imprudence ou négligence : ex. : une personne cause un accident en
raison d’une inattention). Ils occupent une place majeure puisqu’ils
donnent naissance au droit de la responsabilité civile, qui est la 2e
composante majeure du droit des obligations, à côté du droit des
contrats. La responsabilité civile oblige l’auteur du dommage à le
réparer.

Il faut bien comprendre la différence entre l’acte et le fait juridique :


la caractéristique de l’acte juridique, et en particulier du contrat, est
l’existence d’une volonté tournée vers la production d’effets de
droit ; le contrat est conclu pour créer des obligations (ex. transférer
la propriété d’un bien en présence d’une vente, attribuer la
jouissance d’une chose en présence d’un bail…). Les effets de droit
sont donc voulus. Le fait juridique quant à lui produit des effets de
droit qui n’ont pas été voulus. Cela vaut même en présence d’un
délit : certes, le délit est un comportement volontaire, mais les effets
de droit qu’il produit (l’obligation de réparer le dommage) n’ont pas
été voulus ; c’est la loi qui impose à l’auteur d’un dommage de le
réparer.

Chapitre 2 – L’évolution du droit des contrats


Section 1 – L’évolution des fondements
Par manque de temps, l’évolution du droit des contrats présentée
débutera en 1804, étant néanmoins bien évident que l’histoire du
contrat n’a pas attendu le Code Napoléon pour commencer à se
forger. Nous retracerons donc à grands traits la conception du
contrat consacrée par le Code civil et les évolutions postérieures.

§ 1 – Le principe de l’autonomie de la volonté

Fondements. Ce principe signifie que les personnes sont libres de


conclure des contrats et de se soumettre aux obligations qu’elles
veulent. Il s’explique par les principes politiques et économiques qui
dominaient en 1804. Principes politiques tout d’abord : l’autonomie
de la volonté repose sur le postulat de la liberté naturelle de
l’homme. C’est une manifestation de la liberté individuelle consacrée
quelques années plus tôt dans la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen (1789). Principes économiques ensuite : l’autonomie
de la volonté est l’expression d’un certain libéralisme économique :
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laisser les particuliers contracter et agencer leurs intérêts privés est
le meilleur moyen d’établir entre eux les rapports les plus justes et
les plus socialement utiles. Aucun homme raisonnable ne pourrait se
laisser imposer une obligation qui lui nuirait. Fouillée pouvait ainsi
affirmer « qui dit contractuel dit juste ». Le postulat est donc que le
meilleur moyen de satisfaire l’utilité sociale c’est de satisfaire ses
intérêts propres.

Traduction technique du principe. En réalité, les termes


autonomie de la volonté ne sont pas utilisés par le Code civil. Cette
expression a été créée par la doctrine, un siècle plus tard. Mais cette
formule exprime les idées contenues dans le Code civil, qui se
manifestent pas plusieurs règles techniques. En effet, l’autonomie de
la volonté se traduit par plusieurs règles posées par le Code civil.
Ces règles constituent, aujourd’hui encore, les règles fondamentales,
les principes cardinaux, du droit des contrats.

L’autonomie de la volonté implique d’abord la liberté contractuelle.


Elle se décline sous plusieurs aspects. C’est tout d’abord la liberté de
contracter ou non. Chaque personne doit user de son libre arbitre
pour décider de conclure un contrat ou s’y refuser. La liberté
contractuelle comporte ainsi un aspect positif et un aspect négatif.
L’aspect positif est la liberté de contracter. Sous cet angle, le
principe de la liberté contractuelle est conforté par le principe du
consensualisme. Selon ce principe, la rencontre des volontés des
parties suffit à former un contrat, sans qu’aucune forme particulière
ne soit nécessaire. La volonté libre des parties suffit donc à sceller
leur engagement. L’aspect négatif de la liberté contractuelle ensuite
est la liberté de ne pas contracter. Autrement dit, nul ne peut être
contraint de s’engager par un contrat dont il ne veut pas. La liberté
contractuelle implique ensuite le droit de choisir son cocontractant.
Elle implique enfin le droit de fixer librement le contenu du contrat,
sous réserve de respecter l’ordre public et les bonnes mœurs (v. art.
6 c. civ.).

L’autonomie de la volonté implique ensuite la force obligatoire du


contrat. Ce principe est exprimé par l’article 1134 alinéa 1er du Code
civil selon lequel « les conventions légalement formées tiennent lieu
de loi à ceux qui les ont faites ». Cela implique d’abord que les
parties sont tenues d’exécuter les obligations auxquelles elles se
sont volontairement soumises. Elles ne peuvent pas les révoquer ou

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les modifier unilatéralement. Seul un nouvel accord des parties
pourrait produire cet effet. Cela implique ensuite que le juge lui-
même doit respecter la convention des parties. Par exemple, il n’a
aucun pouvoir pour réviser le contrat ; il doit assurer l’exécution du
contrat tel qu’il a été voulu par les parties.

L’autonomie de la volonté implique enfin le principe de l’effet relatif


du contrat (v. art. 1165 c. civ. : « les conventions n’ont d’effet
qu’entre les parties contractantes ; elles ne nuisent point au tiers, et
elles ne lui profitent que dans le cas prévu par l’article 1121 »). Il
signifie que le contrat n’oblige que ceux qui y ont souscrit. Puisque le
contrat est une manifestation de volonté, l’expression de la liberté
individuelle, seuls ceux qui l’ont voulu sont obligés par le contrat. Par
conséquent, les tiers ne peuvent être tenus d’exécuter des
obligations auxquelles ils n’ont pas consenti.

§ 2 – Le déclin du principe de l’autonomie de la volonté

L’autonomie de la volonté a décliné, particulièrement depuis le


début du 20e siècle. Les signes de ce déclin sont nombreux.
Néanmoins, il faut bien se souvenir que les principes de liberté
contractuelle et de force obligatoire restent malgré tout la pierre
angulaire du droit des contrats.

Critiques de l’autonomie de la volonté. Dans une thèse célèbre


parue au début du 20e siècle, Gounot dégageait le principe de
l’autonomie de la volonté1. C’est en effet à partir de cette thèse que
l’expression a été consacrée. Mais en réalité il identifiait ce principe
pour mieux le critiquer. Il critiquait les fondements politiques et
économiques de l’autonomie de la volonté. Il critiquait d’abord le
fondement politique : selon lui, la liberté individuelle comporte
nécessairement des limites : l’homme peut certes s’engager
librement, mais cette liberté ne saurait être absolue ; l’Etat, le juge
peuvent contrôler les raisons et le contenu des contrats. En effet,
l’autonomie de la volonté n’est pas une valeur en soi ; elle doit être
un moyen au service de valeurs supérieures : la justice et l’utilité
sociale. Il en résulte que la volonté individuelle n’est pas toute
puissante : elle ne tire sa force que de la loi. L’objection est exacte,
l’article 1134 précisant bien que seules les « conventions légalement

1 Emmanuel Gounot, Le principe de l’autonomie de la volonté en droit privé, étude


critique de l’individualisme juridique, thèse Dijon, 1912.

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formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ». Il critiquait
ensuite les idées économiques dominant l’autonomie de la volonté :
ce principe repose sur le postulat selon lequel les hommes sont
libres et égaux, qu’ils peuvent donc négocier sur un pied d’égalité et
défendre chacun leurs propres intérêts. Or, il constatait que ce
n’était pas toujours le cas, les contractants étant parfois très
inégaux (ex. l’ouvrier face à son employeur). Dans ces conditions,
l’autonomie de la volonté permet au fort de dicter sa loi au faible au
lieu d’assurer la réalisation du bien être social.

Manifestations du déclin. Ces critiques ont trouvé quelque écho.


Des limites sont venues affecter le principe de l’autonomie de la
volonté, dans ses différentes applications. La liberté contractuelle
d’abord a été affectée : la liberté de ne pas contracter a été affaiblie
par la création de contrats imposés par la loi (assurance automobile
obligatoire, assurances professionnelles obligatoires, par ex.).
D’autres fois la loi est venue supprimer le choix du cocontractant
(ex. droit de préemption des communes ou du locataire). D’autres
fois encore elle est venue limiter la liberté des parties de fixer
librement le contenu du contrat, soit en leur interdisant certaines
stipulations (ex. clauses abusives dans les contrats de
consommation), soit en leur en imposant d’autres (ex.
réglementation impérative des contrats de travail). Bref, le
législateur est largement intervenu pour réglementer certains
contrats, et particulièrement ceux où il existe un risque
d’exploitation d’un fort par un faible (contrat de travail, contrats de
consommation…). Dans le même esprit le consensualisme a décliné
avec une renaissance du formalisme, le plus souvent destiné à
protéger une partie faible (par ex. en lui imposant de rédiger, à
peine de nullité, une mention particulière, dans le but d’attirer son
attention sur l’importance de son acte et les dangers auxquels elle
s’expose). Enfin, la force obligatoire du contrat a également quelque
peu décliné. Le juge peut parfois remettre en cause les stipulations
du contrat, alors que le principe de l’autonomie de la volonté lui
imposait de les appliquer à la lettre. Il s’agit, ici encore, pour
protéger une partie (v. par ex. art. 1152 au sujet des clauses
pénales ; art. 1244-1 au sujet des délais de grâce).

A cet égard, il faut s’attarder quelque peu sur l’une des évolutions
majeures en droit contemporain qu’est l’avènement du droit de la
consommation. Celui-ci est né à partir du constat suivant : la

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majeure partie des contrats de consommation courante ne se
conclue pas selon le schéma envisagé par les rédacteurs du Code
civil. Il en résulte que les règles posées par celui-ci ne sont pas
toujours adaptées à ce contexte. En effet, le contrat de
consommation, conclu entre un professionnel et un simple
consommateur, est un contrat d’adhésion. Il est rédigé par le
professionnel, sans que le consommateur puisse en discuter les
termes et conditions. La liberté et l’égalité des parties présumées
par le Code civil n’est alors qu’une vue de l’esprit. Puisque le contrat
est rédigé par le professionnel, il peut aisément contenir des clauses
abusives, profitant au professionnel au détriment du consommateur.
Le droit de la consommation s’est donc construit dans le but avoué
d’apporter au consommateur une protection que le Code civil ne lui
apporte pas suffisamment. Depuis 1993 il existe même un Code de
la consommation rassemblant (de façon incomplète néanmoins) ces
règles protectrices du consommateur. La philosophie qui le domine
est ainsi en rupture totale avec les principes classiques du droit des
contrats : le droit de la consommation postule l’inégalité des parties
là où le droit commun du contrat postule la liberté et l’égalité.
Désavouant Fouillée (« qui dit contractuel, dit juste »), le droit de la
consommation couronne Lacordaire (« entre le fort et le faible, c’est
la liberté qui opprime et la loi qui libère »). Ici, la loi impose au
professionnel le respect de normes entièrement tournées vers la
protection du consommateur. Il faut préciser que le droit de la
consommation est entièrement d’ordre public, faute de quoi il ne
pourrait atteindre son but.

Section 2 – L’évolution des sources


§ 1 – La diversification des sources

Les dispositions générales régissant le contrat figurent dans le titre


III du livre 3e du Code civil, intitulé « des contrats ou des obligations
conventionnelles en général » (art. 1101 à 1369-11 c. civ.). Ces
textes posent le droit commun du contrat, c'est-à-dire les règles qui
s’appliquent en principe à tous les types de contrats. Ils sont
complétés par les titres suivants du Code civil qui posent les règles
propres à certains types de contrat (vente, prêt, louage, mandat…).
C’est ce qu’on appelle le droit des contrats spéciaux.

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Mais le droit des contrats spéciaux déborde très largement du Code
civil puisque l’on trouve aujourd’hui une multitude de dispositions
relatives à certains contrats spéciaux dans d’autres codes ou dans
d’autres textes non codifiés (code de la consommation, code de
commerce, code monétaire et financier, code du travail, code des
baux…). L’une des évolutions majeures en droit contemporain, au
regard des sources du droit des contrats, est cet éparpillement de la
réglementation.

A côté de la législation, la jurisprudence a joué un rôle considérable


en la matière, même s’il est moins impressionnant qu’en matière de
responsabilité civile où le Code civil est davantage laconique. Tout
d’abord, bien que le Code de 1804 ait montré une attention certaine
au contrat, il est resté muet sur des questions majeures, et c’est
donc la jurisprudence qui a dû combler les silences du Code. Par
exemple, le Code civil est muet sur des questions d’une importance
pratique indéniable comme les négociations, les notions d’offre et
d’acceptation… La jurisprudence a également complété les règles
qui le méritaient (ex. : l’article 1134 al. 3 n’évoque que la bonne foi
dans l’exécution du contrat, mais la jurisprudence en a fait un
principe général ; la jurisprudence a étendu le dol à la réticence
dolosive…). En outre, la jurisprudence a parfois renversé purement
et simplement certaines règles du Code (ex. art. 1142). Il en résulte
que le droit français des contrats ne peut se comprendre à la seule
lecture des textes. L’étude de la jurisprudence est indispensable
pour avoir une vue correcte du droit positif.

§ 2 – L’internationalisation des sources

Certes, le droit des contrats reste essentiellement élaboré au niveau


national. Mais une certaine internationalisation des sources du droit
des contrats est néanmoins visible. C’est bien sûr le cas pour les
contrats internationaux, parfois régis par des conventions
internationales (ex. Convention de Vienne sur la vente internationale
de marchandises). Mais c’est aussi le cas des contrats internes.

Ceci résulte essentiellement du développement du droit de l’Union


européenne. En effet, si l’Union ne bénéficie pas d’une compétence
générale pour légiférer en la matière, ses compétences sectorielles
(consommation, protection des travailleurs, de l’environnement…)
lui ont permis d’intervenir assez largement. De nombreuses
directives européennes ont conduit à modifier les règles françaises
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applicables à certains contrats. C’est particulièrement le cas des
contrats de consommation. De nombreuses directives ont été
adoptées à leur sujet, dont une grande partie a été transposée dans
le code de la consommation (ex. directive de 1993 sur les clauses
abusives ; directive de 1999 sur la garantie dans les ventes
mobilières…). Certaines ont même intégré le Code civil (ex. directive
1985 sur responsabilité du fait des produits défectueux ; directive de
2000 sur le commerce électronique). Ainsi, une partie du droit des
contrats n’émane plus de sources nationales mais du droit de l’Union
européenne, ce qui conduit en outre à une certaine harmonisation
des droits des contrats dans les pays européens.

De plus, l’Union européenne réfléchit aujourd’hui sérieusement à


passer à l’étape supérieure et envisage une harmonisation
européenne du droit commun du contrat. Dès 2001, la Commission
européenne a fait savoir qu’elle envisageait la rédaction d’un code
européen des contrats. Cela a globalement provoqué des réactions
très hostiles, particulièrement en France, où les juristes sont
attachées à leur code national et aux valeurs qu’il promeut, et
craignent qu’une harmonisation gomme les identités culturelles et
les traditions nationales qui font la richesse de l’Europe. Un Code
européen n’aurait ni âme ni histoire et ferait perdre les leurs aux
législations nationales. Bref, un tel code n’aurait aucune légitimité. Il
n’est pas sûr que ce projet aboutisse un jour, l’UE n’ayant pas, pour
l’heure en tout cas, une compétence suffisante pour imposer une
harmonisation de cette ampleur. Il s’agit néanmoins d’une
perspective qu’il ne faut pas perdre de vue.

A côté du droit de l’UE, l’internationalisation du droit des contrats se


manifeste par le développement de textes transnationaux non
contraignants, ce que certains ont appelé le « droit virtuel des
contrats ». Il s’agit d’abord des Principes Unidroit relatifs aux
contrats du commerce international (v. le site unidroit.org), et des
Principes européens du droit du contrat élaborés par une
commission présidée par un professeur danois, Ole Lando. Ils visent
à démontrer l’existence de principes communs à tous les pays
européens en matière contractuelle. Ces textes n’ont aucune valeur
obligatoire. Mais ils ont fait couler beaucoup d’encre et ont
largement contribué au débat sur une éventuelle harmonisation
européenne du droit des contrats. Ils exercent un pouvoir

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d’attraction certain : par exemple, les projets de réforme français
s’inspirent parfois ouvertement des règles proposées par ces textes.

Enfin, au titre de l’internationalisation des sources il faut évoquer


l’influence grandissante de la Convention européenne des droits de
l’homme. Pourtant, à l’origine il semblait peu probable que ce texte
ait quoi que ce soit à voir avec la matière contractuelle. Il
s’immisçait clairement dans d’autres branches du droit, comme le
droit des personnes par exemple (droit au respect de l’intégrité
physique, droit au respect de la vie privée…), mais le droit des
contrats ne semblait guère en prise avec les droits de l’homme.
Pourtant, depuis quelques années, le droit du contrat n’est plus
étanche à l’essor des droits fondamentaux. C’est ainsi qu’à plusieurs
reprises la Cour de cassation a pu écarter l’application de clauses
contractuelles au motif qu’elles portaient atteinte à un droit
fondamental consacré par la Convention EDH. Par exemple, une
clause d’un bail d’habitation interdisant au locataire d’héberger des
proches a été jugée contraire à l’article 8 de la Convention sur le
droit au respect de la vie privée et familiale2. Les clauses des
contrats de travail sont également souvent appréciées à l’aune des
droits fondamentaux du salarié.

Chapitre 3 – Les projets de réforme du droit des


contrats
Aujourd’hui, l’heure est à la réflexion sur une réforme des
dispositions du Code civil relatives au contrat.

Les raisons d’une réforme. En dépit des évolutions


précédemment évoquées, le droit français des contrats pourrait
donner une apparence d’immobilisme. La raison majeure en est que
l’on applique toujours en 2010 les textes du Code civil adoptés en
1804. Certes, on l’a vu, la législation s’est enrichie de nombreux
textes en dehors de ce code et quelques articles du code civil ont
été réformés (par ex. art. 1152). Mais il reste que ce qui constitue le
socle du droit des contrats, le droit commun, figurant dans le titre III

2 Cass. 3e civ., 6 mars 1996, JCP G 1996, I, 3958, obs. Ch. Jamin, RTD civ. 1996, p. 897,
obs. J. Mestre (même sens : Cass. 3e civ., 22 mars 2006, RDC 2006, obs. J.-B. Seube) ; v.
aussi Cass. 3e civ., 18 déc. 2002, RTD civ. 2003, p. 290, obs. J. Mestre et B. Fages, et p.
383, obs. J.-P. Marguénaud, RDC 2003, p. 220, obs. A. Marais (affaire du digicode).

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du livre 3e du Code civil, est resté presque intégralement inchangé
depuis deux siècles, contrairement à d’autres parties de ce code. Le
droit de la famille par exemple a fait l’objet de réformes d’ensemble
au 20e siècle. Le droit des contrats, et plus largement le droit des
obligations, est resté extérieur aux mouvements de réforme du 20e
siècle. Cela pourrait être le signe de la qualité des textes, celle-ci
leur ayant permis de traverser les âges. Mais il reste que le contexte
économique et social actuel n’est plus celui qui régnait en 1804. Du
reste, le sentiment d’immobilisme n’est justifié qu’à la lecture du
Code civil car le droit des contrats a bel et bien évolué depuis 1804.
Mais c’est essentiellement la jurisprudence qui a permis de faire
évoluer ce qui le devait.

Or, tout ceci conduit à plusieurs critiques. D’abord, le droit français


des contrats manque de lisibilité en raison des évolutions
jurisprudentielles : certaines règles posées par le Code civil ont été
vidées de leur substance, voire renversées, par la jurisprudence (ex.
art. 1142 c. civ.), de sorte que les dispositions légales du Code ne
sont plus le reflet de la réalité, ce qui est fâcheux. Ensuite, le Code
français ne pourrait plus jouer le rôle de modèle qui a longtemps été
le sien, précisément parce qu’il a vieilli et qu’il lui manquerait donc
désormais la modernité qui lui permettrait aujourd’hui de s’exporter
ou de rester « concurrentiel » sur le marché du droit, une fois
comparé aux codes modernes (ex. code néerlandais, code civil du
Québec, code allemand réformé dans sa partie obligations).

Or, l’internationalisation du droit des contrats et surtout les projets


d’uniformisation européens rendraient urgents une réforme du Code
civil français afin de permettre à la France de jouer un rôle. Certains
voient ainsi dans une modernisation du Code civil, spécialement en
droit des obligations, un rempart contre les invasions extérieures.
Une réforme du code mettrait fin aux critiques d’un code vieilli et
permettrait de se doter de textes nationaux modernes et
performants. La perspective d’une harmonisation européenne a donc
conduit à une prise de conscience de la nécessité urgente de
réformer les dispositions nationales.

Les différents projets. C’est particulièrement lors des célébrations


du bicentenaire du Code civil cette nécessité a été mise en avant.
Plusieurs projets ont alors été rédigés. Le premier, qui a fait couler
énormément d’encre, est l’avant projet de réforme du droit des

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obligations et de la prescription, dit avant projet Catala, du nom du
professeur qui a mené le projet. Cet avant projet, rédigé par des
universitaires, a été déposé au Garde des sceaux en 2005. Un autre
groupe de professeurs a ensuite été constitué, dirigé par le Pr
François Terré, qui a élaboré son propre projet (couramment appelé
projet Terré). Enfin, de manière plus officielle, la Chancellerie a elle-
même fait connaître un projet de réforme du droit des contrats,
rendu public en octobre 2008, qui s’inspire souvent beaucoup de
l’avant-projet Catala, même s’il s’en éloigne parfois (proposition de
suppression de la cause par ex., ce qui lui a valu des critiques
virulentes). Ce projet a une importance particulière dans la mesure
où il ne résulte pas de l’initiative de professeurs mais a été rédigé
par les services du ministère de la Justice.

Objectifs et principes généraux. Tous ces projets visent à


moderniser le Code civil dans sa partie consacrée au contrat (ou plus
largement aux obligations s’agissant de l’avant-projet Catala), même
si, dans le détail, les propositions sont variables. Sur de nombreux
points ils visent à mettre le Code en conformité avec la pratique
jurisprudentielle. De nombreux textes se proposent donc d’intégrer
au Code les acquis jurisprudentiels. D’autres textes proposent de
véritables réformes, d’ampleur variable. Par ex., le projet Terré est à
certains égards nettement plus novateur que l’avant-projet Catala,
par ex. en ce qu’il propose d’abandonner la notion de cause.

Sur le terrain des grands principes du droit des contrats, les


principes cardinaux que sont la liberté contractuelle, la force
obligatoire et l’effet relatif sont toujours repris. Ils sont simplement
affectés de limites plus ou moins grandes selon les projets. En outre,
deux d’entre eux proposent une innovation : ils proposent d’énoncer
expressément ces règles en tant que principes directeurs. En effet,
le Code actuel comporte bien ces principes. Mais ils sont noyés au
milieu des autres dispositions (art. 1134 pour la force obligatoire,
1165 pour l’effet relatif, la liberté contractuelle n’étant pas quant à
elle expressément affirmée). Le projet de la chancellerie et le projet
Terré proposent de les rendre plus visibles en les plaçant en tête des
dispositions relatives au contrat. Le projet de la chancellerie propose
ainsi un chapitre intitulé principes directeurs. Il rappelle d’abord le
principe de la liberté contractuelle, sous la réserve classique du
respect de l’ordre public et des bonnes mœurs. La liberté
contractuelle est envisagée sous ses différents aspects (liberté de

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contracter ou non, liberté de choisir le cocontractant et liberté de
déterminer le contenu du contrat). Il rappelle ensuite le principe de
la force obligatoire en prévoyant que « le contrat légalement formé
s’impose aux parties qui ne peuvent ni le révoquer ni le modifier
unilatéralement… ». Enfin, il précise que « chacune des parties est
tenue d’agir de bonne foi ». En effet, la bonne foi est devenue un
principe général du droit des contrats. Le Code de 1804 ne l’évoque
qu’au sujet de l’exécution du contrat (art. 1134 al. 3 : les contrats
« s’exécutent de bonne foi »), mais la jurisprudence en a fait un
principe général s’appliquant à toutes les étapes du processus
contractuel. Ce principe constitue aujourd’hui un tempérament à la
force obligatoire suffisamment reconnu pour pouvoir être énoncé
comme principe directeur. Le projet Terré adopte une démarche
comparable. Il s’en démarque simplement à deux égards. D’abord il
précise que le contrat ne doit pas porter atteinte à l’ordre public et
aux bonnes mœurs, mais encore aux droits fondamentaux. Il précise
ainsi que l’on ne peut « porter atteinte aux droits et libertés
fondamentaux que dans la mesure indispensable à la protection d’un
intérêt sérieux et légitime ». Cette disposition prend donc en compte
l’importance grandissante des droits fondamentaux en droit des
contrats. Ensuite il ajoute également le devoir de cohérence, en
vertu duquel une partie ne peut agir en contradiction avec ses
déclarations ou son comportement antérieur au détriment de son
cocontractant. Cette proposition a suscité quelques réserves.
D’abord parce que l’existence du devoir de cohérence ne fait pas
l’unanimité. La jurisprudence semble en avoir fait quelques
applications, mais il n’est pas certain que l’on puisse en faire un
principe général au même titre que la force obligatoire ou la bonne
foi. Ensuite, certains estiment que la précision est inutile parce qu’en
admettant que le devoir de cohérence existe, il n’est qu’une
illustration du devoir plus général de bonne foi. L’affirmation du
principe de bonne foi serait donc suffisante. L’avant-projet Catala
quant à lui n’a pas jugé utile d’exposer ces principes généraux en
tête des dispositions relatives au contrat. De ce point de vue, il
conserve donc la présentation actuelle du Code où ces principes sont
noyés, de manière disparate, au milieu des autres dispositions.
Pourtant, la proposition d’énoncer des principes directeurs au début
des dispositions relatives au contrat a au moins une valeur
symbolique, en mettant immédiatement l’accent sur les grands
principes et donc la philosophie du droit français des contrats. Elle

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permet de montrer l’esprit qui domine la matière, d’afficher ses
valeurs essentielles.

Chapitre 3 – Classifications des contrats


Il faut bien parler de classifications au pluriel car on peut ordonner la
multitude des contrats selon différents critères. On peut distinguer
les classifications traditionnelles et les classifications modernes,
étant précisé que l’apparition des secondes n’a pas fait disparaître
les premières.

Section 1 – Les classifications traditionnelles


Les classifications traditionnelles sont présentées par le Code civil
lui-même dans les dispositions préliminaires relatives aux contrats,
immédiatement après la définition du contrat donnée par l’article
1101 (art. 1102 à 1107 c. civ.). Elles sont reprises par les différents
projets de réforme, qui se contentent parfois d’en retoucher les
définitions par des formules jugées plus modernes (mais qui ne
modifient pas la substance des notions). Pour chacune de ces
classifications, nous envisagerons le critère de distinction puis
l’intérêt de la distinction.

§ 1 – Contrats synallagmatiques et unilatéraux (v. art. 1102 et 1103


c. civ.)

Critère de distinction. Le contrat est synallagmatique « lorsque


les contractants s’obligent réciproquement les uns envers les
autres » (art. 1102). Il est unilatéral « lorsqu’une ou plusieurs
personnes sont obligées envers une ou plusieurs autres, sans que de
la part de ces dernières il y ait d’engagement » (art. 1103).

En d’autres termes, le contrat est synallagmatique lorsqu’il fait


naître des obligations à la charge de chaque partie. L’exemple type
est le contrat de vente : le vendeur s’oblige à délivrer le bien,
l’acquéreur s’oblige à payer le prix. Le contrat est à l’inverse
unilatéral lorsqu’une seule des parties s’oblige. Ex. : la donation :
seul le donateur s’engage ; le donataire quant à lui ne s’oblige à
rien.

14
Il ne faut pas confondre le contrat unilatéral et l’acte juridique
unilatéral. Dans le contrat unilatéral il n’y a certes qu’une seule
personne qui s’engage, mais cet engagement résulte tout de même
d’un accord de volonté (par ex. la donation est un contrat unilatéral :
le donateur et le donataire concluent en accord, en vertu duquel le
donateur s’engage à gratifier le donataire). Dans l’acte juridique
unilatéral au contraire, il n’y a pas d’accord de volonté. L’acte
résulte de la volonté unilatérale de son auteur (ex. le testament est
rédigé par le testateur sans avoir besoin du consentement du ou des
gratifiés).

Intérêt de la distinction. Cette distinction produit des effets sur le


régime applicable au contrat. Tout d’abord, le régime de la preuve
diffère à certains égards selon que l’on est en présence d’un contrat
synallagmatique ou unilatéral. Un contrat synallagmatique doit être
rédigé en double original, afin que chaque personne qui s’engage
puisse conserver un original du contrat (v. art. 1325 c. civ.). Cette
formalité ne s’applique pas aux contrats unilatéraux puisqu’une
seule personne s’engage. En revanche, une formalité spécifique
s’applique aux contrats unilatéraux par lesquels une personne
s’engage à payer une somme ou à livrer des biens fongibles3. L’acte
doit alors comporter la mention écrite par celui qui s’engage de la
somme ou de la quantité en chiffres et en lettres (v. art. 1326 c.
civ.). L’objectif est ici de s’assurer que celui qui accepte de
s’engager sans contrepartie mesure bien l’étendue de son
engagement.

Ensuite, sur le fond, le régime de ces contrats diffère sur certains


points. Certains effets du contrat ne s’appliquent qu’aux contrats
synallagmatiques parce qu’ils n’ont d’intérêt qu’en présence
d’obligations interdépendantes (ex : exception d’inexécution, théorie
des risques)4.

§ 2 – Contrats commutatifs et aléatoires (v. art. 1104 c. civ.)

Critère de distinction. Le contrat « est commutatif lorsque


chacune des parties s’engage à donner ou à faire une chose qui est

3 Les biens fongibles ou choses de genre sont ceux qui sont interchangeables parce que
de même catégorie et pour lesquels il est d’usage de les vendre au poids ou à la mesure
(par ex. un kg de blé) V. cours 6, droit des biens.

4 V. cours 4 & 5, effets du contrat et sanctions de l’inexécution.

15
regardée comme l’équivalent de ce qu’on lui donne, ou de ce qu’on
fait pour elle. Lorsque l’équivalent consiste dans la chance de gain
ou de perte pour chacune des parties, d’après un événement
incertain, le contrat est aléatoire » (art. 1104).

Autrement dit, le contrat est commutatif lorsque les parties


connaissent et fixent lors de la conclusion du contrat l’étendue de
leurs obligations. Le Code civil partant du principe que le contrat
résulte de volontés libres, l’article 1104 précise que chaque partie
accepte de recevoir une prestation qu’elle regarde comme
équivalente à celle qu’elle fournit. Ce sont les contrats les plus
fréquents, même si l’équivalent n’est pas ici une valeur absolue (ex.
dans la vente l’acquéreur accepte de verser un prix qu’il estime
correspondre à la valeur de la chose qu’il reçoit). Le contrat
aléatoire, plus rare, intervient lorsque les parties ne peuvent savoir
par avance si leurs prestations réciproques seront ou non
équivalentes, parce qu’elles dépendent d’un événement incertain. Il
existe donc un aléa. La conclusion d’un contrat aléatoire est en
quelque sorte un pari : chaque partie a une chance de gain et un
risque de perte.

Exemples : contrat d’assurance (l’assureur accepte de garantir un


risque en contrepartie du versement de primes par l’assuré ; mais
les parties ne peuvent pas savoir si le risque garanti se réalisera ou
non et, dans l’affirmative, quelle sera son étendue) ; vente avec
rente viagère (le montant du prix dépendra de la date du décès du
vendeur).

Intérêt de la distinction. Le contrat aléatoire crée, par nature, un


risque de déséquilibre des prestations réciproques. Le contrat
commutatif au contraire est censé refléter un équilibre choisi et
voulu par les parties. C’est pourquoi des règles différentes
s’appliquent au regard du prix. En particulier, le contrat aléatoire ne
peut jamais être rescindé pour lésion ; on dit que l’aléa chasse la
lésion (la lésion est un déséquilibre entre les prestations
réciproques, par ex. le prix payé est trop élevé par rapport à la
valeur du bien vendu). Dans les contrats commutatifs, la lésion peut
parfois être invoquée, même si cela est exceptionnel (v. par ex.
art. 1674 c. civ. en matière de vente d’immeuble, art. 889 c. civ. en
matière de partage…). Certes, la lésion reste exceptionnelle pour les
contrats commutatifs, mais cela tient à des raisons de politique

16
juridique (autonomie de la volonté…), alors que l’impossibilité
d’invoquer la lésion dans les contrats aléatoires résulte de leur
nature même. Il suffit de prendre l’exemple de la vente d’immeuble :
elle peut en principe être annulée en cas de lésion (de plus des
7/12e) ; mais elle ne le peut pas si la vente a été conclue moyennant
versement d’une rente viagère.

§ 3 – Contrats à titre onéreux et à titre gratuit (v. art. 1105 et 1106 c.


civ.)

Critère de distinction. « Le contrat à titre onéreux est celui qui


assujettit chacune des parties à donner ou à faire quelque chose »
(art. 1106). Le contrat à titre gratuit, que le Code civil appelle
« contrat de bienfaisance » est « celui dans lequel l’une des parties
procure à l’autre un avantage purement gratuit ».

Le contrat à titre onéreux suppose donc une contrepartie, tandis que


le contrat à titre gratuit n’en offre aucune ; c’est un acte
désintéressé.

Intérêt de la distinction. Dans les contrats à titre gratuit la


personne du bénéficiaire est toujours importante. Il s’agit donc de
contrats conclus intuitus personae, ie en considération de la
personne. Cela produit certaines conséquences5. De plus, puisqu’une
personne accepte de s’engager de manière gratuite et
désintéressée, les obligations qui pèsent sur elle sont plus légères
que dans les contrats à titre gratuit. C’est ainsi, par exemple, qu’il
n’existe pas de garantie des vices cachés en cas de donation alors
qu’elle s’impose à la charge du vendeur en matière de vente.

Section 2 – Les classifications modernes


Ces classifications ont été dégagées tantôt par la jurisprudence,
tantôt par la doctrine. Les projets de réforme envisagent néanmoins
de les intégrer au Code, tant elles sont devenues usuelles.

§ 1 – Contrats à exécution instantanée et successive

5 Par ex. sur le terrain de l’erreur sur la personne. L’article 1110 du Code civil dispose
que l’erreur « n’est point une cause de nullité, lorsqu’elle ne tombe que sur la personne
avec laquelle on a l’intention de contracter, à moins que la considération de cette
personne ne soit la cause principale de la convention ».

17
Le contrat à exécution instantanée est celui qui donne naissance à
des obligations qui s’exécutent en un trait de temps. Tel est le cas
de la vente par exemple. Les contrats à exécution successive sont
ceux dont l’exécution se poursuit dans le temps. Il s’agit, par
exemple, du bail, du contrat de travail….

Ces contrats obéissent sur certains points à un régime différent.


C’est particulièrement le cas au regard des règles régissant la
rupture du contrat (résolution dans un cas, résiliation dans l’autre)6.

§ 2 – Contrats consensuels, solennels et réels7

Le droit français pose le principe du consensualisme, en vertu duquel


les contrats se forment par le seul effet de la rencontre des volontés
des parties. On parle donc de contrat consensuel. Mais, par
exception, certains contrats ne sont valablement formés que dans le
respect de formes particulières.

Il s’agit tout d’abord des contrats solennels, qui sont soumis à des
exigences de forme, pour leur validité même. Ainsi la loi exige
parfois que le contrat soit établi par écrit (ex. vente de fonds de
commerce). D’autres fois elle exige même un acte authentique (ex.
donation).

Il s’agit ensuite des contrats réels qui impliquent, en plus de la


rencontre des volontés, la remise d’une chose. Cette remise n’est
pas un effet du contrat mais une condition de sa formation même
(ex. contrat de dépôt : le contrat se forme lors de la remise de la
chose au dépositaire et non lors de l’accord de volontés).

L’intérêt de la distinction entre ces différents types de contrats est


évident puisque le contrat consensuel se forme valablement par la
seule rencontre des volontés tandis que le contrat réel ne se forme
que par la remise de la chose et que le contrat solennel n’est valable
que si les exigences de forme sont respectées.

§ 2 – Contrats de gré à gré et d’adhésion

Le contrat de gré à gré correspond au schéma envisagé par les


rédacteurs du Code civil : il résulte d’une négociation entre deux

6 V. cours 4, les effets du contrat.

7 Cette distinction sera approfondie dans le cours 2 relatif à la formation du contrat.

18
parties libres et égales. Le contrat d’adhésion au contraire est rédigé
par une seule partie, la partie forte, et l’autre partie se contente d’y
adhérer en apposant sa signature. Il n’y a aucune négociation : c’est
à prendre ou à laisser. Les contrats d’adhésion sont aujourd’hui
particulièrement fréquents (contrats de consommation, contrats
d’assurance, contrats bancaires, de téléphonie, d’accès à internet…).

C’est précisément en raison des dangers que font courir les contrats
d’adhésion, rédigés par la partie économiquement forte, que le droit
de la consommation s’est développé. Néanmoins, les notions de
contrat d’adhésion et de consommation ne se recoupent pas
nécessairement. Certes, les contrats de consommation sont à peu
près tous des contrats d’adhésion. Mais le contrat d’adhésion peut
aussi exister entre professionnels (par ex. entre un puissant
producteur et un distributeur, le 1er imposant ses conditions au
second sans possibilité de négociation). Or, dans ce cas, les
dispositions protectrices du Code de la consommation ne
s’appliquent pas. A cet égard on peut remarquer que, conscients du
fait que le phénomène du contrat d’adhésion déborde celui des
contrats de consommation, certains pays ont fait le choix d’intégrer
la notion de contrat d’adhésion au droit commun des contrats (Code
civil du Québec par ex.). Tel n’est pas, pour l’heure en tout cas, le
cas de la France8.

Les projets de réforme comportent une évolution à cet égard. Ils


proposent d’intégrer au Code civil la distinction entre contrat de gré
à gré et contrat d’adhésion. Mais l’évolution est parfois bien mince. Il
en est ainsi dans le projet de la chancellerie : l’article 10 définit ces
notions9 mais il n’en tire ensuite aucune conséquence. Le contrat
d’adhésion reste donc soumis au droit commun. Ce projet se
contente donc d’une définition, ce qui n’est guère utile. Le projet
Catala va plus loin. Il définit le contrat d’adhésion et en tire quelques
conséquences. Au sujet de l’interprétation du contrat, l’article 1140-

8 Des propositions demeurées célèbres ont pourtant été faites en ce sens depuis
longtemps (v. en particulier Saleilles, L’évolution technique du contrat, thèse 1930, qui
proposait de soumettre les contrats d’adhésion à un régime propre). Mais ces
propositions doctrinales n’ont pas été reçues et les contrats d’adhésion ne sont pas
soumis à un régime particulier (sauf, bien sûr, dans le champ d’application du droit de la
consommation).

9 « le contrat de gré à gré est celui dont les stipulations sont négociées par chacune des
parties. Le contrat d’adhésion est celui dont les stipulations essentielles, soustraites à la
discussion, ont été unilatéralement déterminées à l’avance ».

19
1 prévoit ainsi qu’en cas d’ambiguïté du contrat conclu sous
l’influence dominante d’une partie, on doit l’interpréter en faveur de
l’autre. Ensuite, l’article 1122-2 prévoit que « la clause qui créé dans
le contrat un déséquilibre significatif au détriment de l’une des
parties peut être révisée ou supprimée à la demande de celle-ci dans
les cas où la loi la protège par une disposition particulière,
notamment en sa qualité de consommateur ou encore lorsqu’elle n’a
pas été négociée ». Ce texte permettrait ainsi d’étendre la sanction
des clauses abusives au-delà du domaine des contrats de
consommation, en l’admettant dès lors que les clauses n’ont pas été
négociées, peu important la qualité des parties. Le projet Terré est
dans le même sens, alors même qu’il ne consacre pas en toutes
lettres la notion de contrat d’adhésion (art. 67 : « une clause non
négociée qui créé dans le contrat un déséquilibre significatif au
détriment de l’une des parties peut être révisée ou supprimée à sa
demande »).

20
ANNEXE – Extraits des projets de réforme

PROJET CHANCELLERIE

LIVRE III
TITRE III – Les Obligations
Chapitre préliminaire – La source des obligations
Article 1
Les obligations naissent d’actes, de faits juridiques ou encore de l’autorité
seule de la loi.
Article 2
Les actes juridiques sont des manifestations de volontés destinées à produire
des effets de droit. Ils peuvent être conventionnels ou unilatéraux.
L’acte juridique conventionnel est un accord de volontés conclu entre deux
ou plusieurs personnes. L’acte juridique unilatéral émane d’une ou plusieurs
personnes unies dans la considération d’un même intérêt. L’acte juridique
obéit, en tant que de raison, pour sa validité et son effet, aux règles qui gouvernent
les contrats.
Article 3
Les faits juridiques sont des agissements ou des événements auxquels la loi
attache des effets de droit. Le fait qui procure à autrui un avantage auquel il
n’a pas droit constitue un quasi-contrat. Les obligations qui en découlent
sont régies par le Sous-titre « Des quasi-contrats ». Le fait qui cause sans
droit un dommage à autrui oblige son auteur à le réparer. Cette obligation
est régie par le Sous-titre « De la responsabilité civile ».

Sous-titre I – Le Contrat
Article 4
Tous les contrats sont soumis aux règles générales qui sont l’objet du présent
sous-titre.
Des règles particulières à certains contrats sont établies, soit sous les titres
du présent code, soit par d’autres codes et lois. Elles ne portent pas atteinte
aux droits des parties de se prévaloir des dispositions du présent sous-titre
en tant qu’elles n’y sont pas contraires.

Chapitre I – Définitions
Article 5
Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes
s’obligent envers une ou plusieurs autres.
Article 6
Le contrat est synallagmatique ou bilatéral lorsque les contractants
s’obligent réciproquement les uns envers les autres. Il est unilatéral lorsqu’une
ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres
sans qu’il y ait d’engagement réciproque de celles-ci.
Article 7
Le contrat à titre onéreux est celui en vertu duquel chacune des parties entend
recevoir de l’autre un avantage en contrepartie de celui qu’elle procure.

21
Le contrat à titre gratuit est celui en vertu duquel l’une des parties entend
procurer à l’autre un avantage sans recevoir de contrepartie.
Article 8
Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à procurer à
l’autre un avantage qui est regardé comme l’équivalent de celui qu’elle reçoit.
Il est aléatoire lorsque les parties, sans rechercher l’équivalence de la
contrepartie convenue, acceptent de faire dépendre les effets du contrat,
quant aux avantages attendus, d’un événement incertain.
Article 9
Le contrat est consensuel lorsqu’il se forme par le seul échange des consentements
quel qu’en soit le mode d’expression. Le contrat est solennel lorsque
sa formation est subordonnée, à peine de nullité, à des formalités déterminées.
Le contrat est réel lorsque sa formation est subordonnée à la remise effective
d’une chose.
Article 10
Le contrat de gré à gré est celui dont les stipulations sont négociées par chacune
des parties.
Le contrat d’adhésion est celui dont les stipulations essentielles, soustraites
à la discussion, ont été unilatéralement déterminées à l’avance.
Article 11
Le contrat cadre est un accord par lequel les parties conviennent de relations
contractuelles dont elles déterminent les caractéristiques essentielles. Des
conventions d’application en précisent les modalités d’exécution, notamment
la date, la quantité, la qualité et le prix des prestations.
Article 12
Le contrat à exécution instantanée est celui dont les obligations peuvent
s’exécuter en une prestation unique. Le contrat à exécution successive est
celui dont les obligations d’au moins une partie se renouvellent et
s’échelonnent dans le temps.
Article 13
Sont interdépendants les contrats concomitants ou successifs dont
l’exécution est nécessaire à la réalisation de l’opération d’ensemble à laquelle
ils appartiennent.
Article 14
Les contrats innommés sont ceux que la loi ne réglemente pas sous une dénomination
propre. Ils sont soumis par analogie aux règles applicables à des
contrats comparables, dans la mesure où leur spécificité n’y met pas obstacle.

Chapitre II – Principes directeurs


Article 15
Chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter.
Article 16
La liberté contractuelle emporte celle de choisir son cocontractant, ainsi que
celle de déterminer le contenu et la forme du contrat.
Toutefois, il ne peut être dérogé, par des conventions, à l’ordre public et aux
bonnes mœurs.
Article 17
Le contrat légalement formé s’impose aux parties qui ne peuvent ni le révoquer
ni le modifier unilatéralement. Chacune d’elles peut exiger de son cocontractant
l’exécution de son obligation telle qu’elle a été prévue par le
contrat.
Article 18
Chacune des parties est tenue d’agir de bonne foi.

22
AVANT-PROJET CATALA

TITRE III – DES OBLIGATIONS

CHAPITRE PRELIMINAIRE – DE LA SOURCE DES OBLIGATIONS


(ARTICLES 1101 A 1101-2)

Art. 1101* Les obligations naissent d’actes ou de faits juridiques.


Certaines obligations naissent également de l’autorité seule de la loi, comme
les obligations de voisinage et les charges publiques** dont il est traité dans les
matières qui les concernent.
Notes : * C’est le remploi et l’élargissement de l’article 1370 c.civ. actuel.
** Ainsi la tutelle (V. art. 427 c.civ.)
Art. 1101-1 Les actes juridiques sont des actes de volonté destinés à produire des
effets de droit.
L’acte juridique conventionnel ou convention est l’accord conclu entre
deux ou plusieurs personnes en vue de produire de tels effets.
L’acte juridique unilatéral est un acte accompli par une seule ou
plusieurs personnes unies dans la considération d’un même intérêt en vue de
produire des effets de droit dans les cas admis par la loi ou par l’usage.
L’acte juridique collectif est la décision prise collégialement par les
membres d’une collectivité.
L’acte unilatéral et l’acte collectif obéissent, en tant que de raison, pour
leur validité et leurs effets, aux règles qui gouvernent les conventions.
Art. 1101-2 Les faits juridiques sont des agissements ou des événements auxquels la
loi attache des effets de droit.
Le fait qui procure à autrui un avantage auquel il n’a pas droit constitue un
quasi-contrat. Les obligations qui en découlent sont régies par le Sous-titre Des
quasi-contrats.
Le fait qui cause sans droit un dommage à autrui oblige son auteur à le
réparer. Cette obligation est régie par le Sous-titre De la responsabilité civile.
Notes complémentaires sur le chapitre préliminaire :
1) Il fait sonner le mot source, ce qui n’est pas inutile.
2) Il met en perspective la division majeure des actes juridiques et des faits juridiques.
3) De même que l’article relatif aux actes juridiques en distingue les trois espèces, de
même l’article consacré aux faits juridiques distingue les faits dommageables et les
quasi-contrats, et dans chaque ordre, la terminologie moderne est mise en
correspondance avec les notions traditionnelles.
4) L’une et l’autre concernées, la responsabilité délictuelle et la responsabilité civile,
contractuelle sont, dès ce moment, rapprochées sous couvert de la responsabilité,
ce qui annonce un parti essentiel du projet.
5) Inspirée d’une suggestion de Carbonnier et d’une opposition scientifiquement
exacte « dommage causé » sans droit, « avantage procuré » sans droit, la définition
du quasi-contrat est ici dessinée dans ses éléments essentiels. La définition plus
élaborée a sa place dans l’article 1327 du projet.
6) Les quasi-contrats ont leur place naturelle après les contrats (Sous-titre II), ce qui
permet de mettre une certaine distance entre les contrats et l’ensemble regroupé
des faits dommageables et manquements contractuels source de responsabilité
civile.

23
SOUS-TITRE I – DU CONTRAT ET DES OBLIGATIONS
CONVENTIONNELLES EN GENERAL
(ARTICLES 1102 A 1326-2)

CHAPITRE 1 - DISPOSITIONS GENERALES

SECTION 1. DEFINITIONS (ARTICLES 1102 A 1103)

Art. 1102 Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes
s’obligent envers une ou plusieurs autres à accomplir une prestation.
Art. 1102-1 Le contrat est synallagmatique ou bilatéral lorsque les contractants
s’obligent réciproquement les uns envers les autres.
Il est unilatéral lorsqu’une ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou
plusieurs autres sans qu’il y ait d’engagement réciproque de celles-ci.
Art. 1102-2 Le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties entend
recevoir de l’autre un avantage en contrepartie de celui qu’elle procure.
Le contrat est à titre gratuit lorsque l’une des parties entend procurer à
l’autre un avantage sans recevoir de contrepartie.
Art. 1102-3 Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à
procurer à l’autre un avantage qui est regardé comme l’équivalent de celui qu’elle
reçoit.
Il est aléatoire lorsque les parties, sans rechercher l’équivalence de la
contrepartie convenue, acceptent une chance de gain ou de perte pour chacune ou
certaines d’entre elles, d’après un événement incertain.
(Obs. : Il est tenu compte de l’article 1964.)
Art. 1102-4 Le contrat est consensuel lorsqu’il se forme par la seule manifestation
des consentements quel qu’en soit le mode d’expression.
Le contrat est solennel lorsque sa formation est subordonnée, à peine de
nullité, à des formalités déterminées par la loi.
Art. 1102-5 Le contrat d’adhésion est celui dont les conditions, soustraites à la
discussion, sont acceptées par l’une des parties telles que l’autre les avait
unilatéralement déterminées à l’avance.
Un tel contrat peut, cependant, leur adjoindre des conditions particulières
sujettes à négociation.
Art. 1102-6 Le contrat cadre est un accord de base par lequel les parties
conviennent de négocier, nouer ou entretenir des relations contractuelles dont elles
déterminent les caractéristiques essentielles.
Des conventions d’application en précisent les modalités d’exécution,
notamment la date et le volume des prestations, ainsi que, le cas échéant, le prix de
celles-ci.
Art. 1103 Les contrats, soit qu’ils aient une dénomination propre, soit qu’ils n’en
aient pas, sont soumis à des règles générales qui sont l’objet du présent titre.
Des règles particulières à certains contrats sont établies, soit sous les titres du
présent code relatifs à chacun d’eux, soit par d’autres codes et lois, notamment dans
les matières touchant au corps humain, aux droits intellectuels, aux opérations
commerciales, aux relations de travail et à la protection du consommateur.
Les contrats innommés sont soumis par analogie aux règles applicables à des
contrats comparables, dans la mesure où leur spécificité n’y met pas obstacle.

PROJET TERRÉ :

24
Livre III : Des obligations
Article 1er :
Les obligations naissent des contrats, des délits, de l’avantage indûment reçu
d’autrui ou de la gestion d’affaires ; ces obligations forment la matière du présent
livre.
D’autres obligations naissent de l’autorité seule de la loi, comme les obligations
attachées aux charges publiques.
Article 2 :
L’obligation naturelle peut donner lieu à une exécution volontaire, sans
répétition, ou à une promesse exécutoire de s’en acquitter.

TITRE I. DES CONTRATS

Article 3 :
Les parties sont libres, dans les limites fixées par la loi, de choisir leur
cocontractant
et de déterminer la forme et le contenu du contrat.
Article 4 :
On ne peut déroger, par contrat particulier, aux règles qui intéressent l’ordre
public et les bonnes moeurs.
On ne peut porter atteinte aux libertés et droits fondamentaux que dans la
mesure indispensable à la protection d’un intérêt sérieux et légitime.
Article 5 :
Les contrats se forment et s’exécutent de bonne foi ; les parties ne peuvent
exclure ni limiter ce devoir.
Article 6 :
Une partie ne peut agir en contradiction avec ses déclarations et comportements
antérieurs sur la foi desquels son cocontractant s’est légitimement fondé.
La simple tolérance ne suffit pas à rendre la confiance légitime.

CHAPITRE I. DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Article 7 :
Le contrat est un accord de volontés par lequel deux ou plusieurs personnes
établissent, modifient ou suppriment entre elles un rapport de droit.
Article 8 :
Le contrat est unilatéral lorsqu’il ne fait naître d’obligations qu’à la charge
d’une des parties.
Il est bilatéral lorsqu’il fait naître des obligations à la charge des deux parties.
Si ces obligations sont corrélatives, il est synallagmatique.
Article 9 :
Le contrat synallagmatique est aléatoire lorsqu’il est convenu que les avantages
ou les pertes qui en résulteront dépendront d’un événement incertain. Dans
les autres cas, le contrat est commutatif.
Article 10 :
Le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit de l’autre un
avantage en contrepartie de celui qu’elle procure.
Il est à titre gratuit lorsqu’une des parties procure intentionnellement à
l’autre un avantage sans recevoir de contrepartie.
Article 11 :
Les contrats, soit qu’ils aient une dénomination propre, soit qu’ils n’en aient
pas, sont soumis à des dispositions générales, qui sont l’objet du présent titre.
Les règles propres à certains contrats sont établies soit sous les titres relatifs à

25
chacun d’eux soit par d’autres codes et lois.
Article 12 :
Les actes juridiques autres que les contrats sont régis, en tant que de raison,
par les dispositions du présent titre.

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