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SUITE DU 1 SEMESTRE

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II. LE DOMAINE MATÉRIEL DU L’EFFET DU CONTRAT


Sur quoi porte l’effet obligatoire ?
Il va porter sur 2 aspects : un contenu obligationnel et aussi un contenu réel de cet effet obligatoire –
l’effet réel du contrat.

A. LE CONTENU OBLIGATIONNEL
Le contenu obligationnel est une partie de cette question de l’effet obligatoire. Ce contenu va porter
sur les obligations mises à la charge des parties par le contrat.
Comme le contrat repose sur la volonté des parties, les obligations résultantes du contrat sont celles
qui évoluent. Si le consentement est à racine de contrat, il y a un certain nombre des situations ou le
contrat est sujet à une interprétation, la volonté individuelle des parties est placée au retrait.
Lorsque certaines obligations sont d’ordre public.
La loi va contraindre au respect de certaines obligations, par ex, dans un contrat de vente, les parties
ne peuvent pas supprimer une obligation qui est caractéristique de l’opération. La volo des parties
portera sur le choix…
L’A1194 du CC qui pose que les contrats obligent non seulement à ce qui est exprimé mais encore à
toutes les suites que l’ordonne l’équité, l’usage, ou le droit.
Ce texte a permis au juge d’inventer à certains contrats des obligations aux parties qui ne sont pas
expressément stipulés.
Autre exemple : l’obligation de sécurité qui pèse sur l’exploitant. Cette obligation doit être dans le
contrat même si elle est non prévue dans le contrat (le contenu obligationnel).
L’identification de l’intensité de l’obligation : puisqu’il s’agit de déterminer si le débiteur est engagé
à … ou c'est seulement engager a tous atteindre… - l’obligation de résultat.
Des lors que l’obligation n’est pas atteinte, pas d’exécution du contrat.
Les obligations de moyens, le deb ne s’engage pas à ??, mais s’engage à tout atteindre ??, par
conséquent, l’absence de ?? ce qui sera une inexécution c'est que le deb ?? ,comme l’obligation de
médecin.
La volonté des parties est primordiale, il est possible pour les parties de déterminer ??
Le juge va raisonner sur la base de l’aléa (ce n’est pas un contrat aléatoire). Il va chercher de
déterminer si le résultat présente ou pas un degré important d’incertitude. Il va se tenter aux
moyens…
 Obligation de somme d’argent ne présente aucune incertitude – obligation de résultat.
 Obligation de médecin – obligation de moyens.
René Demogue ??

B. LE CONTENU RÉEL (L’EFFET RÉEL)


La loi fait référence à l’effet translatif de propriété / droit réel du contrat. Certains contrats ont un
effet translatif du droit réel.
Le titulaire du droit réel va obtenir un droit sur un bien qui a été existé. Un titulaire du droit qui va le
transférer à un autre. Le transfert de propriété volontaire – c'est un contrat.
Depuis la réforme de 2016, au moins la désignation de cette vocation du contrat, la loi évoque
expressément cette notion d’effet réel. Antérieurement à la réforme de 2016, le transfert de
propriété (A1138 ancien du CC) était appréhendé à travers l’obligation de donner. L’obligation de
donner consiste a dans le transfert de propriété.
La doctrine avait montré que cette obligation de donner n’était rien d’autre qu’un effet automatique
du contrat.
Les parties peuvent lutter contre ce principe. Dans le contrat de vente, il peut y avoir une clause par
laquelle la propriété reste au vendeur (elle ne passe pas) tant que le prix n’a pas été payé. A1196 du
CC. Le transfert s’accompagne avec un transfert de risque, le nouveau propriétaire assumera les
risques de la chose / la risque de destruction de la chose par une force majeure.
Si la chose est détruite par la force majeure, celui qui assume le risque, doit malgré tout payer le
prix.
Ce n’est pas une fatalité, les p peuvent se déconnecter…

III. LE DOMAINE TEMPOREL DE L’EFFET OBLIGATOIRE / LA DURÉE DU CONTRAT


Le contrat de vente a priori, n’est pas stipulé de durée. En principe, il est un contrat à vocation
d’exécution instantanée.
A l’inverse, les contrats d’exécution échelonnée, ils s’exécutent de manière est allée dans le temps,
le contrat de bail. Une partie qui va donner à l’autre.
Dans le cadre, deux manières :
 On ne fixe pas – un contrat de durée indéterminée, il est possible pour les parties de résilier
unilatéralement le contrat. En droit civil, le contrat avec une durée indéterminée est un
contrat précaire.
 On stipule une durée « terme ad quem » c'est un terme extinctif du contrat, c'est le moment
ou le contrat prendra automatiquement fin. Si les parties prévoient un terme extinctif, en
identifiant un évènement (ex ; le décès d’un contractant), …. Ce contrat ne laisse pas aux
parties la possibilité de résiliation unilatéral, c'est pour cela c'est un contrat stable.

La prorogation du terme : c'est un mécanisme par lequel les parties peuvent repousser le terme
extinctif du contrat. C'est le même contrat qui est maintenu. Il est traditionnellement considéré que
la loi applicable au contrat demeure celle applicable.
La capacité des parties s’apprécie au jour de conclusion du contrat. Les garantis / les sûretés
consentis aux profits du créancier, les accessoires demeurent.
La décision de prorogation doit impérativement intervenir avant l’arrivée de terme distinctif du
contrat.
Renouvellement : les parties vont ? en concluant un nouveau contrat. Même type de contrat, et
même objet.
Puisque c'est un nouveau contrat, les accessoires qui suivent le principe sont éteints.
Il y a plusieurs modalités principales
Un terme suspensif
C'est la situation dans laquelle les parties postérieurement à l’arrivée du terme du contrat,
continuent à l’exécuter.
Il y a un nouveau contrat qui est formé…
Il s’agit par un comportement extériorisé.
La reconduction tacite relève ?, le principe c'est que le contrat est tacitement renouvelles.
Sauf sur la durée. Cette solution a été retenue par la jurisprudence, depuis la réforme elle a été
intégrée dans le CC. Les conditions du contrat initial seront produites.
La reconduction fondée sur une clause de tacite reconduction, dans les contrats conclues entre P et
C. Il est possible dans le contrat initial qui va prévoir qu’à default d’opposition par l’une des parties
au renouvellement avant l’arrivée du terme, le contrat initial sera auto renouvelé.
La force obligatoire du contrat explique que le contrat soit exécuté.
L’A1217 du CC donne une liste de cinq sanctions possibles. Il y a une distinction entre la sanction
temporelle et sanction définitive.

A. LA SANCTION TEMPORAIRE :
Prévue à l’A1119 du CC.
Si cette inexécution est suffisamment grave.
La reforme introduit dans son article 1220 ce qu’on l’appelle « l’exceptio timoris ».

B. LES SANCTIONS DÉFINITIVES

1. LES SANCTIONS OBJECTIVES


Ce sont des sanctions qui vont porter sur le contrat (A1217). Deux mécanismes : la résolution et la
réduction du prix.
 La résolution du contrat
= la rupture du bien contractuel, unilatéral, autoritaire, fondé sur l’inexécution de ses obligations par
l’une des parties.
Les évènements qui sont susceptibles à une résolution, 3 modalités :
1. Historiquement, la résolution judiciaire (c'est la plus ancienne)
2. La mise en œuvre d’une clause résolutoire (c'est une stipulation qui dit le contrat sera
résolu en cas d’inexécution, son intérêt c'est qu’elle prive le juge de ?? il ne pourra que
constater que l’inexécution est consommée…).
3. La résolution unilatérale au risque différencie. Le créancier peut mettre fin. (notifier c'est
informer par écrit)
Si la résolution est prononcée, elle va mettre fin au contrat pour l’avenir. L’effet rétroactif de la
résolution posait des difficultés.
Le code prévoit que l’effet de la résolution peut être la date à laquelle le contrat n’est plus exécuté.
 La réduction du prix
En droit commerciale, dans la vente commerciale, le juge consulaire a admis la réduction du prix.
A1223 du CC.

2. LES SANCTIONS SUBJECTIVES


Ce sont les sanctions qui portent sur le débiteur :
 L’exécution forcée par nature
Impossibilité matérielle ou impossibilité morale.
Impossibilité juridique (ex : louer une chose deux fois)
 La responsabilité civile contractuelle
Sanction qui peut se cumuler avec les autres, parce qu’elle est compatibles avec les autres.
Elle suppose une mise en demeure, une sommation ??
A1199 du CC
DROIT DES OBLIGATIONS II
BIBLIOGRAPHIE
Droit des obligations – S. PORCHY-SIMON
Droit des obligations – HyperCours Dalloz
TERRÉ SIMLER LEQUETTE
CHÉNÉDÉ
Précis Dalloz
FAGES Lextenso
MALINVAUD MEKKI LexisNexis
MALAURIE AYNES
SOFFEL DUNES
BRUN DREC LexisNexis
Université numérique juridique francophone (UNJF)

PARTIE 2 – LES SOURCES INVOLONTAIRES D’OBLIGATIONS


Les sources involontaires des obligations sont des évènements qui vont générer des obligations dans
que les parties n’aient manifesté de leur volonté de créer une telle obligation. Il y a deux sources
involontaires d’obligations :
 les quasi-contrats
Ils sont représentés par le paiement indu, la gestion d’affaire et l’enrichissement injustifié. Ils sont
marqués par une volonté de rétablir un équilibre généré par un avantage reçu de manière illégitime.
Le paiement indu consiste pour une personne pour avoir payé ce qu’elle ne devait pas payer, donc il
y aura un transfert de valeur ou un avantage qui va être reçu par celui qui a reçu le paiement qui est
un avantage illégitime. Donc il y a un déséquilibre qui va être fondé sur l’avantage illégitimement
reçu. Donc l’objectif de rééquilibrage va être atteint par le mécanisme de quasi-contrat.
On est dans une situation ou l’une des parties va être tenue comme s’il était un contrat, et celui qui
a reçu va devoir restituer ce qu’il a reçu. Donc, on va rééquilibrer la situation en procédant une
restitution.
Les quasi-contrats sont une source importante des obligations, mais ils sont très largement derrière
la deuxième source involontaire d’obligations.
 la responsabilité civile extracontractuelle
La philosophie de son mécanisme est comme en matière de quasi-contrats, d’opérer un
rééquilibrage en raison d'un déséquilibre illégitime, mais à la différence des quasi-contrats, la
responsabilité civile extracontractuelle va avoir pour objet de corriger un déséquilibre causé par un
dommage injustement infligé, et pour corriger ce déséquilibre, il va s’agir de réparer.
Donc la responsabilité civile extracontractuelle va être orientée en direction de la réparation de ce
dommage injuste. Il s’agit ici de restituer pour corriger un déséquilibre généré par un dommage
injustement infligé.
TITRE 2
LA RESPONSABILITE CIVILE EXTRACONTRACTUELLE :
SOURCE INVOLONTAIRE D’OBLIGATIONS
DÉFINITIONS ET DISTINCTIONS
Cette terminologie est désignée par « la responsabilité civile délictuelle », et parfois « quasi-
délictuelle ». Mais la désignation la plus exacte c'est la responsabilité civile extracontractuelle, parce
que :
 La responsabilité « délictuelle » fait référence à la responsabilité qui résulte d’une faute
intentionnelle,
 La responsabilité « quasi-délictuelle » fait habituellement référence à la responsabilité qui
découle d’une faute involontaire, la faute d’imprudence ou négligence.
On les trouve aujourd'hui aux articles A1240 et A1241 du CC qui sont numérotés en 2016 (le
contenu n’a pas changé, mais c'est le numéro qui a été modifié). Antérieurement à 2016, il s’agissait
des articles 1382 et 1383 du CC. A1240 fait référence à la responsabilité d’une faute intentionnelle,
et A1241 à la responsabilité d’une faute d’imprudence ou de négligence.
La responsabilité ne suppose plus aujourd'hui de faute, il y a encore des régimes de
responsabilité pour faute, mais aussi des régimes sans faute qui sont aujourd'hui très nombreux.
Donc en utilisant le terme « délictuelle » ou « quasi-délictuelle », on renvoie vers le mécanisme de
responsabilité pour faute.
Donc, ce n’est qu’une désignation partielle d'un mécanisme qui est toujours plus général et qui
désigne ce mécanisme qui va naitre une obligation de réparation à la charge de celui qui va
injustement causer un dommage, que ce dommage soit le résultat d’une faute ou sous certaines
conditions, qu’il soit le résultat d’une situation dans laquelle aucune faute ne peut être reprochée à
l’auteur du dommage. C'est la raison pour laquelle, il est plus pertinent de parler de la responsabilité
civile extracontractuelle, puisqu’on va s’intéresser aux dommages qui sont causés en dehors de
l’inexécution du contrat.
La responsabilité civile extracontractuelle va se définir comme l’obligation ou comme une
source d’obligation de réparer un dommage autre que celui subi par une des parties a un contrat du
fait de l’inexécution de ce contrat.
 C'est le mécanisme créateur de l’obligation de réparer un dommage autre que celui subi par une
des parties a un contrat du fait de l’inexécution de ce contrat.
De cette définition générale, on a deux éléments résultent :
1. L’objet de la responsabilité civile extracontractuelle (responsabilité civile VS responsabilité
pénale)
La réparation. La responsabilité civile extracontractuelle est faite pour réparer les dommages ou les
préjudices causés injustement.
Cet élément est particulièrement important en ce qui distingue la responsabilité civile de la
responsabilité pénale :
 La responsabilité civile répare, elle a pour objet la réparation, l’indemnisation de la victime.
 La responsabilité pénale punit, elle a pour objet la punition du coupable.
La séparation entre eux n’était pas toujours claire. Historiquement, la responsabilité ne se comprend
que rattacher à une faute, et la réparation a été considérée comme comprise dans la sanction
régulée par la responsabilité pénale.
C'est à partir de la Révolution que la responsabilité civile et la responsabilité pénale sont clairement
distinguées avec sa répartition claire (la réparation est d'un côté, et la punition est d'un autre côté).
Si la distinction est extrêmement claire, l’idée de sanction et de punition n’a pas totalement disparu
du droit de la responsabilité civile.
En cas de pluralité de responsables, ou moment d’évaluation des préjudices extrapatrimoniaux, la
prise en considération de l’état d’esprit de l’auteur de dommage peut être constatée en fait. Ce qui
traduit une nouvelle voie une approche en termes de punition puis en termes de réparation. Le
montant de préjudice subi est a priori objectif, mais il peut arriver que le juge prenne en
considération l’état d’esprit de l’auteur de dommage.
2. Il s’agit d’un mécanisme qui répare un dommage subi en dehors de l’inexécution d’un
contrat auquel la victime est partie (responsabilité extracontractuelle VS responsabilité
contractuelle)
Lorsqu’une personne subi un dommage en raison de l’inexécution d'un contrat auquel elle est partie,
le mécanisme en jeu est la responsabilité civile contractuelle – sanction de l’inexécution d'un
contrat.
Si la victime d'un dommage est partie à un contrat, et que son dommage est le résultat d’une
inexécution de ce contrat, elle n’a pas le choix, elle doit nécessairement se placer sur le fondement
de la responsabilité civile contractuelle. De la même manière, si une personne subi un dommage qui
n’est pas le résultat d’une inexécution d'un contrat auquel elle est partie, elle n’a pas le choix, elle
doit se placer sur le terrain de la responsabilité extracontractuelle.
Cette répartition de champ de compétences de la responsabilité extracontractuelle et contractuelle
est désignée par le principe de non-cumul des responsabilités.
En réalité, c'est le principe de non-option, on n’a pas de choix. Si on est dans le champ de
responsabilité contractuelle, on est soumis au régime de la responsabilité contractuelle. Si on est
dans le champ de responsabilité extracontractuelle, on doit utiliser les principes de la responsabilité
extracontractuelle.
Ce sont des ensembles disjoints, deux paquets qui ne se regroupent pas. Des différences entre elles :
 La mise en demeure
En matière contractuelle, pour mettre en jeu la responsabilité contractuelle de contractant
défaillant, il faut une mise en demeure, le contractant est défaillant. Les dommages-intérêts sont
pour le retard dans l’exécution, c'est la mise en demeure qui constitue l’évènement qui fait courir
l’exigibilité de l’obligation d’indemnisation.
En matière extracontractuelle, il n’y a aucune exigence de mise en demeure.
 Le dommage réparable
En matière contractuelle, le dommage réparable se limite au dommage prévisible. Seul le dommage
prévisible doit être réparé.
En matière extracontractuelle, aucune limite de cette sorte n’existe. Le principe est celui de la
réparation intégrale, tout le dommage doit être réparé.
 Les clauses limitatives exclusives de responsabilité
En matière contractuelle, elles sont valables.
En matière extracontractuelle, elles sont nulles lorsqu’elles portent sur la responsabilité
extracontractuelle.
Il est dit que la responsabilité extracontractuelle est d’ordre public.
Les clauses contractuelles qui ont pour objet de se traiter de la responsabilité extracontractuelle ne
sont pas très fréquentes.
Il y a un projet de réforme, proposition de loi de responsabilité civile extracontractuelle qui modifie
l’approche en autorisant des clauses portant sur la responsabilité civile extracontractuelle sauf en
matière de dommages corporels. C'est un projet porté par la chancellerie qui date de mars 2017 –
réforme de la responsabilité civile.
Sous réserve de régimes spéciaux, les régimes monistes, c'est-à-dire des régimes qui s’appliquent
sans distinction aux victimes liées ou responsables ou pas par un contrat (le régime des accidents de
circulation).
La question de fondement c'est la question de savoir pourquoi ? Le système juridique va imposer à
l’auteur de dommage d’en assumer les conséquences.

DES FONDEMENTS CLASSIQUES DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE EXTRACONTRACTUELLE


On a de ce point de vue des analyses classiques, c'est-à-dire des explications classiques qui sont
aujourd'hui reliées par des approches plus modernes, sachant que chacune de ces justifications va
conserver une part de vérité.
 La faute
C'est le premier fondement classique de la responsabilité civile extracontractuelle, qui explique que
la personne soit dans l’obligation de réparer un dommage qu’elle a causé c'est parce qu’elle a
adopté un comportement fautif à l’origine du dommage.
La conséquence de cette approche de la responsabilité civile, est que le dommage sera
nécessairement une condition de la responsabilité civile. Cela signifie que les dommages causés sans
faute, il n’y a pas de responsabilité. Classiquement, seul un comportement fautif à l’origine d'un
dommage est susceptible d’engager la responsabilité de son auteur.
Dans cette approche de responsabilité, on laisse les victimes de dommage qu’ils ne trouvent pas
l’origine dont la faute d'un tiers sans réparation. S’il n’y a pas de responsable, il n’y a pas de
d’obligation de réparation. S’il n’y a pas d’obligation de réparation, c'est la victime qui prend à sa
charge les conséquences de ce dommage.
Pendant un temps, jusqu’à la fin du 19e siècle, cette approche a été considérée comme satisfaisante.
Jusqu’à la fin du 19e siècle, c'est la faute qui constitue le fondement traditionnel de la responsabilité
civile extracontractuelle. Le droit français se satisfait dans un système de responsabilité civile
extracontractuelle fondée sur la faute à la marge de quelques cas exceptionnels de responsabilité
sans faute.
Fin du 19e siècle, on va entrer dans une période ou la révolution industrielle va produire des effets et
en part une multiplication des sources de dommage et un accroissement extrêmement fort ou de la
gravité (aggravation) de ces dommages en raison de la mécanisation (utiliser de manière plus
fréquente des machines, développement de la circulation automobile, accroissement de la
population, développement des activités). Les causes de dommage se multiplient, et la gravité de ces
dommages augmente. Et progressivement le fait de laisser sans indemnisation un certain nombre de
victimes parce que dans l’incapacité de démontrer qu’une faute est à l’origine du préjudice est
apparu inadapté pour ne pas dire intolérant.
Par conséquent, à la fin du 19e siècle, un nouveau fondement de la responsabilité civile va émerger,
c'est le risque.
 Le risque
C'est un fondement classique qui a venu atténuer les conséquences du fondement traditionnel de la
faute (les conséquences qui sont les situations injustes ou intolérables de laisser les victimes de
dommage sans faute). Se sont développé des hypothèses de responsabilité sans faute à partir de
cette époque sur la base d'un fond concurrent de la faute qui est le risque.
Si l’auteur de dommage doit en assumer la charge ce n’est pas parce qu’il a mal comporté, mais
parce qu’il a, à travers de son activité, généré un risque pour autrui.
Ce courant de pensée a trouvé un écho d’abord en jurisprudence, la Cdc va élargir progressivement
les hypothèses de la responsabilité sans faute.
Le juge a été sensible à ce renouvellement de fondement en élargissant les hypothèses de
responsabilité sans faute. Mais il n’était pas le seul sensible à ce renouvellement de fondement,
puisque le législateur a lui aussi pu être à l’origine de régimes spéciaux de responsabilité
déconnectée de toute idée de faute.
Les accidents de travail, les accidents de la circulation sont des systèmes de responsabilité qui sont
totalement déconnecté de l’idée de faute.

Au 20e siècle, on arrive avec un bagage qui consiste dont la coexistence de la faute et du risque en
tant que fondements de la responsabilité civile.
Sur cette base, un certain nombre d’analyses plus modernes dites renouvelés de la responsabilité
civile ont été élaborés. Ces questions de fondements permettent de comprendre pourquoi le droit
de la responsabilité civile a évolué, en quel sens le droit de la responsabilité a évolué, en quelle
direction le droit de responsabilité pourrait encore évoluer, mais ne constituent pas des arguments
définitifs pour déterminer si une personne est responsable ou pas. On est sur les fondements, à
l’origine, à la source de la responsabilité, pas aux conditions de la responsabilité.
A partir de 20e siècle, certains auteurs qui vont développer des théories qui pour les unes tombent à
orienter la responsabilité civile dans la direction souhaitée et qui ne sont pas toujours conforme à
l’état de droit positif, et parfois des théories qui ont vocation à expliquer l’état du droit positif de la
responsabilité, on a trois théories :
 La théorie de précaution
C'est une théorie qui est très liée aux questions de droit de l’environnement. L’idée ici est de faire
jouer à la responsabilité civile en reprochant l’absence d’adoption de mesure effective et
appropriée visant à prévenir un risque de dommage grave et irréversible.
Le fondement de la précaution devait permettre avant même la réalisation de dommage d’imposer
l’adoption d’un comportement déterminé. Cela a conduit à utiliser la responsabilité non pas pour
réparer mais pour prévenir la réalisation d'un dommage.
Certainement, le principe de précaution trouve un certain nombre de traductions ou de
manifestations en droit positif.
On ne peut pas dire aujourd'hui que la responsabilité civile est était orientée de le sens de cette
nouvelle fonction. Il y a sans doute une distance trop importante entre la fonction traditionnelle de
la responsabilité – l’indemnisation, et la fonction nouvelle que certains ont cherché à lui faire jouer
– la prévention. Aujourd'hui, dans la plupart des hypothèses on cherche à faire valoir cette
nécessaire précaution ce n’est pas la responsabilité civile qui est mobilisée.
 La théorie de la garantie
Cette théorie de garantie repose sur un renversement de perspective.
Dans les approches traditionnelles (faute et risque), on est toujours du côté du responsable. Si
l’auteur de dommage est responsable c'est parce qu’il est fautif, s’il est responsable, c'est parce
qu’il a généré un risque.
Dans cette théorie, on va modifier l’appréhension des choses, au lieu de se placer du côté du
responsable, on va se placer du côté de la victime. Donc l’idée ici est s’il y a une victime ou une
atteinte à une personne, il convient de l’indemniser.
Dans cette approche, il y a une forme de neutralisation du fait générateur qui va se localiser sur le
préjudice.
 La théorie de l’autorité
Cette théorie a été développée à la fin du 20e siècle par Noël Dejean de La Bâtie. Elle permet de
faire la synthèse. Pour Dejean de La Bâtie, la responsabilité c'est la rançon de l’autorité. Si on est
responsable, c'est parce qu’on est libre, parce qu’on agit de sa propre autorité, et à partir de
moment où le dommage intervient dans la sphère d’autorité de l’auteur, cet auteur va être désigné
comme responsable. Indépendamment de la question de savoir si l’auteur a commis une faute.
C'est une approche qui permet d’englober aussi les hypothèses de responsabilité sans faute.
Si je suis responsable d'un accident de circulation que j’ai causé, c'est parce que j’utilise un
véhicule dont j’ai un maitrise, et donc ce véhicule est dans ma sphère d’autorité.
Cette théorie de l’autorité semble constituée aujourd'hui l’explication la plus synthétique des
solutions le droit positif retient pour déterminer si une personne est responsable ou pas.
C'est donc une synthèse savante du fondement de la faute du fondement de risque à travers
l’identification d'un critère commun qui est le critère de l’autorité.
Donc on va trouver nécessairement dans les différentes hypothèses de responsabilité, des traces de
chacune de ces théories. Sans doute, c'est la précaution qui est la moins présente dans les différents
régimes qu’on a envisagé.

SOUS-TITRE 1 – LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITÉ


Les conditions de la responsabilité sont exprimées dans l’A1240 du CC (1382 anciennement), il s’agit
des dispositions consacrées pour responsabilité sans faute. Ces dispositions contiennent une trilogie
« tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage, impose celui par la faute duquel
est arrivée à le réparer ».
On a 3 éléments qui résultent de ce texte fondamental en matière de responsabilité : le dommage
(ou le préjudice), un fait générateur, et un lien de causalité (un rapport causal suffisant entre le fait
générateur et le dommage).

CHAPITRE 1 – LE DOMMAGE OU LE PRÉJUDICE

Le dommage ou le préjudice qui va constituer une atteinte aux intérêts de la victime est une
condition nécessaire de la mise en jeu de la responsabilité civile de l’auteur de cette atteinte, mais
c'est une condition insuffisante. Elle est nécessaire mais pas suffisante. À partir du moment où il y a
une victime, il y a nécessairement un responsable.
Pour qu’un dommage ou un préjudice donne lieu à une obligation de réparation, il faudra
impérativement s’assurer que ce dommage présente un lien de causalité suffisant avec le fait
générateur (Ch. 2).
On verra une série de situations dans lesquelles il y a un dommage, mais pas de responsable. Ex : si
on décide d’exploiter une activité professionnelle qui va faire concurrence à un exploitant qui
l’exerce déjà. Si ça marche bien, on va tirer la clientèle de cet exploitant. En tirant la clientèle, on
porte atteinte à cet exploitant, son chiffre d’affaires va diminuer. Il y a une atteinte, il y a un
dommage. À partir du moment où ce dommage est le résultat d’une concurrence loyale et licite, ce
dommage n’appellera aucune indemnisation.
Il faudra s’assurer qu’un dommage présente les caractéristiques faisant de lui un dommage
réparable.

SECTION 1 – LA NOTION DE DOMMAGE OU PRÉJUDICE


C’est une atteinte aux intérêts de la victime. Cette définition présente un caractère assez général qui
donne un certain nombre de précisions, des précisions en forme de classification de différentes
manifestations de ces atteintes.
Dans cette approche, il y a une approche classique de cette classification, qui consiste à distinguer
entre les dommages matériels, les dommages moraux et les dommages corporels.
Mais cette classification classique a été remplacée aujourd'hui par une classification moderne qui
opère une distinction entre dommage et préjudice. (Le prof préfère la classification moderne)

I. LA CLASSIFICATION CLASSIQUE : LA DISTINCTION DOMMAGES


MATÉRIELS, MORAUX ET CORPORELS

1. LE DOMMAGE MATÉRIEL
Le dommage matériel consiste en une atteinte au bien de la victime. Cette atteinte au bien se
manifestait de 2 manières :
 Il peut s’agir en une perte « damnum emergens », ce qu’on l’appelle aussi la perte éprouvée.
Dans ce cas, l’atteinte au bien de la victime va se traduire par une diminution du patrimoine
de la victime. A cause du dommage, l’actif patrimonial de la victime pèse moins lourd.
 Le manque à gagner « lucrum cessans », ce sont les gains qui cessent, qui s’arrêtent. Le
patrimoine de la victime ne va pas diminuer mais le patrimoine va être privé d’une
augmentation.
Les deux catégories de dommages matériels sont indemnisables.

2. LE DOMMAGE MORAL
Il est construit par opposition au dommage matériel. Le dommage moral consiste à une atteinte aux
intérêts extrapatrimoniaux de cette même victime.
Il peut être une atteinte aux droits de la personnalité, atteinte à la vie privée, atteinte à la
présomption de l’innocence, atteinte à l’image, atteinte à l’honneur. Il y a également des atteintes
aux sentiments d’affection en particulier en cas de dommage subi par un proche.
Pendant un temps, ces dommages moraux n’étaient pas indemnisables, parce qu’ils étaient
considérés que fautes de valeur patrimoniale. Le dommage moral c'est un dommage qui ne peut
être évalué et donc a vocation à ne pas être évalué. Il est hors de patrimoine, alors il était impossible
de l’indemniser. Le préjudice moral est aujourd'hui tout à fait complètement indemnisable.
La difficulté de l’évaluation n’a pas disparu. Lorsqu’il y a une atteinte à un intérêt extrapatrimonial,
ça fait l’objet d’une condamnation à verser une somme d’argent.
C'est le juge qui décidera combien le responsable doit verser ou compenser cette atteinte.
Ce n’est pas au juge de fixer la règle, c'est au juge d’appliquer la règle. Il y a quelques décisions ou la
Cour de cassation censure des juges de fond pour avoir barremiser l’indemnisation d'un certain
poste de préjudice.
Large pouvoir d’appréciation de juge en matière de dommages moraux et parfois exposition du juge
à se prononcer sur des questions délicates.
L’une des dernières questions portées devant la Cour de cassation pour savoir si une atteinte
constitue bien un préjudice ou un dommage moral, c'est la question d’un préjudice ou d'un
dommage résultant du fait d’être né. Est-ce que naitre ou exister peut constituer un préjudice ou un
dommage ? C'est l’arrêt Perruche (AP, 17 nov. 2000, Perruche).
Dans cet arrêt, La Cour de cassation va admettre l’indemnisation de l’enfant, elle admet qu’il
reproche au médecin de laboratoire d’avoir empêché sa mère d’exercer son droit. L’article L. 114-5
du Code de l’action sociale des familles prévoit : « Nul ne peut se prévaloir d'un préjudice du seul fait
de sa naissance ».
3. LE DOMMAGE CORPOREL
Il consiste en une atteinte à l’intégrité physique de la victime.
Le dommage corporel était évidemment indemnisable puisque cette atteinte constitue une violation
du principe de l’inviolabilité du corps humain (A16-1 du CC).
Le dommage corporel va regrouper les deux catégories précédentes, donc il est d’un élément
complexe, le dommage corporel a des conséquences patrimoniales et aussi extrapatrimoniales :
 Matériel / patrimonial : le dommage corporel est susceptible de générer des pertes (ex : frais
médicaux, donc le patrimoine va diminuer). Il peut aussi générer une manque à gagner (ex :
on est blessé, on arrête de travailler pour un certain temps)
 Moral / extrapatrimonial : la victime du dommage corporel va souffrir. La douleur et la
souffrance physique est indemnisable « pretium doloris » (= le prix de la douleur). Mais il
peut aussi générer des conséquences psychologiques.
Le préjudice qui consiste à se concevoir, à se constater diminuer (ex : le dommage esthétique). C'est
un dommage qui est indemnisable.
Le préjudice d’agrément : lorsque le dommage cor va empêcher la victime d’exercer un certain
nombre d’activités.
Le dommage corporel se situe sur un plan différent de deux dommages précédents. Dans les deux
autres dommages (matériel et moral), on s’intéresse directement à l’objet de l’atteinte. Dans le
dommage corporel, on constate d’abord l’atteinte au corps qui va déclencher l’indemnisation de
dommage en quelque sorte succédant de nature matérielle ou nature morale.

II. LA CLASSIFICATION MODERNE : LA DISTINCTION ENTRE DOMMAGE ET


PRÉJUDICE
Classiquement, le dommage et le préjudice se sont utilisés en tant que synonymes, on peut utiliser le
terme l’un pour l’autre. La classification moderne peut paraitre plus claire (pour le prof).
C'est la doctrine qui a principalement mis en évidence cette nouvelle distinction.
Il va s’agir de distinguer l’objet de l’atteinte des conséquences de l’atteinte.
Le dommage va designer l’objet de l’atteinte, et le préjudice va designer les conséquences (néfastes)
de cette atteinte.
La proposition de loi portant réforme du droit de la Responsabilité civile envisage de poser la règle
suivante : est réparable tout préjudice résultant d’un dommage (le préjudice est appréhendé en
tant que conséquence du dommage), est consistant en la lésion (atteinte) d’un intérêt licite,
patrimonial ou extrapatrimonial.
Le raisonnement : lorsque la victime se plaint d’un préjudice, on examine dans un premier temps le
dommage (ce sur quoi a porté l’atteinte (bien, élément immatériel, corps) – on retrouve l’approché
traditionnelle), mais on regarde dans un deuxième temps les conséquences préjudiciels de cette
atteinte qui se répartissent en deux catégories que le projet de la proposition évoque : des
conséquences patrimoniales et des conséquences extrapatrimoniales.
Ceci permet une approche beaucoup plus proche, beaucoup plus fine de situations qu’on rencontre :
à certains égards ça ne change pas grand-chose.
Ex : le dommage corporel va avoir deux séries de conséquences. L’affaire du Cheval Lunus (1962) :
mort du cheval est le résultat du comportement fautif d’un tiers. Le propriétaire de ce cheval
demandait une indemnisation. Sur l’analyse classique, c’est un dommage matériel (atteinte à un
bien, préjudice : diminution de la valeur de patrimoine). Mais, le propriétaire demandait aussi une
indemnisation pour la peine qu’avait causé la perte de son cheval.
Dans cette décision, la Cdc accepte. Elle admet qu’il soit possible d’indemniser un préjudice
extrapatrimonial lié à l’atteinte d'un élément du patrimoine.
Donc, l’approche moderne permet non pas de complètement renouveler les solutions, mais c'est
une perspective plus progressive de déterminer d’abord le dommage et puis envisager les
conséquences patrimoniales et extrapatrimoniales de l’atteinte, on arrive à traduire de manière plus
précise la manière dont les droits de la victime vont être évalués.
Sur l’atteinte corporelle, le dommage c'est l’atteinte au corps qui va se traduire par des effets à la
fois sur le patrimoine, mais aussi des conséquences extrapatrimoniales (le préjudice).
L’approche moderne c'est placer les trois (moral, matériel, et corporel) sur le même plan, alors
qu’un dommage corporel peut avoir pour conséquences : un dommage matériel et un dommage
moral (manque de nuance).
L’approche classique (moral, matériel, et corporel) cadre bien avec l’approche objet de l’atteinte, en
revanche ça ne permet pas d’identifier les conséquences de l’atteinte.
La distinction entre dommage et préjudice explique comment les trois peuvent se trouver sur un
même plan, lorsqu’il s’agit de l’objet de l’atteinte. Ensuite, pour chacun de ces dommages, on peut
identifier les conséquences (patrimoniales ou extrapatrimoniales).
Dans des certaines hypothèses, le dommage et le préjudice peuvent se confondre. Ex : atteinte à la
vie privée, une atteinte à l’honneur, tout à la fois un dommage dont l’objet est un élément moral et
des conséquences préjudiciables qui tiennent à cette atteinte. La, la distinction entre les deux
présente des conséquences un peu moins nettes.
Cette approche est une approche plus pédagogique que véritablement juridique, ça ne changerait
pas fondamentalement les solutions apportées à l’identification des dommages indemnisables. Mais
ça permet de les identifier d’une manière plus claire.
Quel que soit l’approche, il faudra non seulement que le dommage soit caractérisé mais qu’il
présente un certain nombre de caractères le rendant indemnisables.

SECTION 2 – LES CARACTÈRES DU PRÉJUDICE INDEMNISABLE


Plusieurs caractères doivent être présents pour que le préjudice soit indemnisable. D’abord le
préjudice doit être certain, ensuite il doit être personnel, encore il doit être légitime, il ne doit pas
être déjà été indemnisé, et enfin il doit être direct. Ces caractères mériteront d’être vérifiés avant
de conclure à l’existence ou non d’une obligation de réparation.

I. UN PRÉJUDICE CERTAIN
Actuellement, dans les textes relatifs à la Responsabilité civile extracontractuelle (A1240 et A1241
du CC), le caractère certain du préjudice n’apparait pas expressément. Mais, la jurisprudence est
assez ferme sur cette question : un préjudice certain, c'est un préjudice qui ne fait pas de doute. Un
préjudice qui ne fait pas de doute peut recouvrir deux hypothèses.
1. Le préjudice actuel
C'est le préjudice actuellement subis par la victime, mais ça peut également être un préjudice futur
(n’est pas encore subit par la victime mais qui le sera de manière certaine à l’avenir).
Ex : dommage corporel subis par la victime qui engage des dépenses pour des soins (préjudice
patrimonial : perte éprouvée actuelle, son patrimoine a diminué). Si ses capacités de travail sont
réduites de manière définitive ou de manière temporaire, la victime va subir un préjudice lié à un
manque à gagner parce qu’elle ne pourra pas exercer sa profession dans l’avenir. Le préjudice en
question de perte de revenu n’est pas actuel, pas encore éprouvé les conséquences de la perte de
revenu, elle va la subir de manière progressive mais elle la subira de manière certaine. Par
conséquent, ce préjudice sera immédiatement indemnisable. Le juge évaluera ce préjudice en se
projetant dans l’avenir.
Seul le préjudice certain sera indemnisable. Cela signifie que le préjudice éventuel n’est pas
indemnisable. Le préjudice éventuel c’est le préjudice qui est probable, possible sans être
inéluctable ou certain.
Ex : une compagnie d’électricité qui installe des lignes à haute tension au-dessus d’un terrain. Cette
situation va générer un risque d’incendie. Si l’incendie se déclenche, il y aura un dommage matériel.
Si l’incendie est potentiel il n’y aura pas de mise en jeu de la responsabilité civile. Le préjudice n’est
qu’éventuel, donc il n’est pas indemnisable.
Ceci étant il y a des situations dans lesquelles la distinction entre préjudice futur et préjudice
éventuel n’est pas aisé. Cette distinction s’est cristallisée en jurisprudence autour de la notion «
perte de chances ».
2. La perte de chance
Ex : On est renversé par un véhicule automobile en se rendant à un examen, on n’y participe pas.
Est-ce qu’on peut demander une indemnisation pour le fait d’avoir raté cet examen ? Si on raisonne
en termes de préjudice certain, était-il certain qu’on allait réussir l’examen ? Dans cette analyse, on
ne peut pas demander indemnisation à l’auteur de l’accident de la circulation pour le fait d’avoir raté
cet examen car la réussite était incertaine. Mais (la jurisprudence la était assez fine), on a été privé à
cause du conducteur, c’est d’une chance de réussir l’examen. En ne participant, on avait la chance
de réussir, sans cette chance on ne peut pas réussir. Donc, l’auteur de l’accident nous a privé
d’avoir la chance pour réussir.
La perte de chance constitue un préjudice indemnisable, parce qu’elle est certaine. La Cdc exprime
dans ses termes que : « un préjudice peut être invoqué dès lors qu’une chance existait et qu’elle a été
perdue ». Donc, c'est la perte de chance qui sera indemnise, et pas le résultat attendu par la victime.
La conséquence c'est que l’indemnisation est toujours un pourcentage (une fraction, une partie) du
préjudice que représente la perte du résultat attendu.
Ex : échec à un concours, le fait de ne pas réussir le concours s’évalue à 100, la perte de chance
s’évalue nécessairement en dessous de 100 sous l’appréciation du juge en fonction de la probabilité
d’atteinte du résultat.
Formule de la proposition de loi  la perte de chance constitue un préjudice réparable dès lors
qu’elle constitue en la disparition actuelle et certaine d’une éventualité favorable. Ce préjudice doit
être mesuré à la chance perdue et ne peut être égal à l’avantage qu’aurait procuré cette chance si
elle s’était réalisée.
La perte d’une éventualité favorable est un préjudice certain.

II. UN PRÉJUDICE PERSONNEL


Le principe c'est que la victime ne peut demander réparation que pour des préjudices qu’elle subit
personnellement. On ne peut pas demander réparation du préjudice subi par un tiers. Nul ne plaide
par procureur.
Cette exigence de préjudice personnel ne s’oppose pas :
 ni à ce que le représentant de la victime agisse en indemnisation au nom et pour le compte
de la dite victime. Ex : parents représentants de son enfant, ils peuvent agir en
indemnisation des préjudices subis par leur enfant,
 ni à ce que les ayants droit / héritiers de la victime agissent en indemnisation des préjudices
subis par la dite victime. Ex : victime décède (dommage corporel), préjudice patrimonial
(frais engagés pour la victime : il y a des héritiers)
Le caractère personnel di préjudice ne s’oppose pas à la reconnaissance de la qualité de victime par
ricochet. La victime par ricochet est celle qui va subir un préjudice issu d’un précédant préjudice
subis par autrui ou par un tiers.
Ex : des parents subissent un préjudice (la douleur) si leur enfant décède, lié à un préjudice
initialement lié à leur enfant (demander indemnisation d’un préjudice qui lui est personnel) / une
personne est tuée et il y a perte de revenu pour ses proches.
Les victimes par ricochet peuvent demander indemnisation, les préjudices subis par ricochet sont
indemnisables, mais à condition d’être certains et aussi qu’il existe des liens suffisamment proches
ou forts entre la victime principale et la victime par ricochet.

III. UN PRÉJUDICE LÉGITIME


C’est-à-dire aussi un préjudice résultant d’une atteinte à un intérêt légitime. C'est une exigence qui
n’est pas systématiquement mobilisé puisque dans la plupart des hypothèses, l’atteinte subie par la
victime sera, sans discussion possible, légitimement indemnisable.
Mais la jurisprudence tient parfois compte de la situation de la victime pour lui refuser tout droit à
indemnisation en raison de l’illégitimité ou le caractère illégitime de l’intérêt dont elle recherche la
protection.
Ex : victime se plaint d’un dommage corporel entrainant une perte de revenu professionnel. Si
l’activité dont la victime se plaint de la cession est une activité dissimulée ou illicite, alors le
préjudice ici est certain mais pas légitime.
Dans ces situations-là, la Cdc fait valoir un argument à caractère moral en disant : « l’intérêt dont on
recherche la protection n’est pas un intérêt digne de protection ». C'est pratiquement une exception
d’indignité.
Il y a eu une époque où le concubinage était considéré comme une situation anormale (la fin des
années 1960). Ça s’était traduit dans le droit de la responsabilité civile par le rejet de toute
indemnisation du préjudice moral ou préjudice extrapatrimonial subi par le concubin du fait du
décès de son partenaire. L’argument qui a été utilisé était le caractère illégitime de l’intérêt, parce
que ce n’était pas un mariage.
Mais, il y a eu un changement en 1970, la Chambre mixte de la Cdc a fixé la jurisprudence en
considérant que le concubin était légitime à obtenir indemnisation du préjudice subi par ricochet.
Dernière précision : certaines situations dans lesquelles la Cdc n’admet pas la privation de la victime
de son droit à l’indemnisation en dépit de sa situation irrégulière.
La Cdc fixe dans sa jurisprudence certaines limites, à l’égard des passagers de train qui n’ont pas
acheté de billets. Lorsqu’ils subissent un dommage corporel à l’occasion du transport, dont ils sont
les usagers illégitimes, la Cdc refuse de les priver de tout droit d’indemnisation sur le fondement de
l’illégitimité d’intérêt lésé
C'est donc une question de hiérarchisation de la valeur des intérêts protégés. Assez clairement, dans
la jurisprudence de la Cdc, le dommage corporel a une valeur importante dans la hiérarchie des
intérêts.
Situation irrégulière mineure, quand l’irrégularité est mise en balance avec la gravité des dommages
corporels.

IV. UN PRÉJUDICE NON-ENCORE INDEMNISE


Si déjà, le responsable ne sera pas condamné à l’indemniser de nouveau à l’égard de la victime. La
question est de savoir comment le préjudice peut être déjà indemnisé avant même que le
responsable soit intervenu.
La situation la plus fréquente : soit un assureur, soit une caisse de sécurité sociale est intervenue
pour indemniser la victime.
Le facteur important phénomène d’assurance en Europe assez développé. Série de caisses
d’assurances qui vont venir couvrir un certain nombre préjudice
Ex : propriétaire de véhicule assuré en assurance de biens, c'est-à-dire le propriétaire de véhicule va
se garantir contre les dommages subis par le véhicule. L’assureur a vocation de financer les
réparations, donc on est déjà indemnisé.
Les caisses de sécurité sociale, le mécanisme d’assurance sociale, c'est-à-dire un mécanisme de
couverture de certain risque pris en charge par les pouvoirs publics. On a en droit français, un
mécanisme de couverture sociale qui est très large (santé, accident de travail, maternité, chômage),
ce sont les assurances sociales. Ex : couverture des dommages corporels (quand on est malade ou on
subit un accident corporel).
Il y a donc d’autres situations où il y a une pluralité de responsables, plusieurs personnes, par leur
action, qui ont participé le même dommage (ex : 2 personnes tabassent une personne).
La règle qui a été dégagée par la jurisprudence est l’obligation in solidum, c'est une obligation
solidaire qui ne dit pas son nom, parce que le principe c'est que les obligations conjointes c’est-à-
dire les obligations qui ont le seul et même objet et plusieurs débiteur, le principe ici c’est celui de la
division, chaque débiteur est tenu pour sa part sauf obligation solidaire et dans ce cas, le créancier
peut demander la totalité de chacun des débiteurs.
En principe, la solidarité ne peut résulter que de la loi ou du contrat.
En matière de responsabilité civile, la jurisprudence, par souci de protection de la victime, considère
que les co-responsables sont tenus in solidum. Ce n’est pas tout à fait la même chose que la
solidarité, ce sont les effets principaux des deux obligations soumises au même régime, le créancier
ici (la victime) peut demander l’intégralité de la réparation aux débiteurs.
Dans ce cas-là, il est possible qu’on se trouve dépourvu de possibilité d’agir contre l’autre.

V. UN PRÉJUDICE DIRECT
Tout préjudice lié à un fait générateur n’est pas indemnisable. Pour être indemnisable, il faut que le
préjudice présente un rapport suffisamment direct avec le fait générateur.
Ce caractère est fait référence à la troisième condition de responsabilité qui est le lien de causalité
qui est le rapport au sens juridique du terme entre le fait générateur et la production du dommage.
Le caractère direct du préjudice soit un caractère autonome du lien de causalité (l’examen de cette
question dans le 3ème chapitre).

CHAPITRE 2 – LE FAIT GÉNÉRATEUR

C'est l’aspect qui a le plus de choses à dire et sur lequel il y aura le plus d’effort de compréhension.
Le dommage ou le préjudice ne suffit pas à engager la responsabilité de celui qui l’a causé. Encore, il
faut que ce préjudice trouve son origine dans un fait générateur, mais fait générateur au sens
juridique du terme. Il faudra systématiquement s’interroger pour savoir si cette situation correspond
à l’un des faits générateurs prévus par la loi. Si ce n’est pas le cas, il n’y aura pas de responsabilité.
Le CC envisage trois catégories de faits générateurs, trois situations lorsqu’elles se trouvent à
l’origine d'un préjudice sont susceptibles de faire naitre a la charge de la personne qui occupe cette
situation une obligation d’indemnisation :
 La faute ou le fait personnel : historiquement le seul fait générateur de la responsabilité
civile.
Il y a d’autres situations dont le lien avec la faute n’est pas totalement rompu :
 La responsabilité du fait d’autrui
 La responsabilité du fait des choses
Le risque n’est pas un fait générateur, c'est une recherche doctrinale autour du fondement de la
responsabilité civile. Le risque fait partie des fondements qui ont été utilisé pour justifier des
évolutions de la responsabilité civile vers des systèmes de responsabilité sans faute (responsabilité
du fait des choses). Le risque ou la faute en tant que fondement de la responsabilité civile ne doit
pas être confondu avec les trois catégories du fait générateur.
Les fondements = explications, pour orienter une évolution de la responsabilité civile.

SECTION I – LA FAUTE / LE FAIT PERSONNEL


Envisagée à l’A1240 et A1241 du CC dont le contenu n’a pas changé avec la réforme de 2016, cette
réforme ne portait pas sur la responsabilité civile, elle a modifié la numérotation des articles du CC
de la responsabilité civile. Ces articles ont été anciennement les A1382 et A1383 du CC.
D’une manière générale, l’A1240 du CC fait référence à ce qu’on appelle traditionnellement la
responsabilité délictuelle ou encore la responsabilité pour faute intentionnelle. La notion de
délictuelle fait référence à la parenté qui existe traditionnellement entre la responsabilité civile et la
responsabilité pénale.
A1240 : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer »
L’A1241 du CC fait référence à ce qu’on l’appelle classiquement la responsabilité quasi-délictuelle ou
responsabilité pour faute non-intentionnelle. On l’appelle aussi la faute d’imprudence ou de
négligence.
A1241 : « Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais encore
par sa négligence ou par son imprudence »
Dans l’esprit des rédacteurs du CC, il y a deux types de faute qui sont susceptibles d’engager la
responsabilité de l’auteur, ce sont la faute intentionnelle et la faute d’imprudence ou de négligence
(moins grave). Quel que soit la gravité de la faute (intentionnelle ou non), le CC lui fait produire les
mêmes conséquences : l’auteur de la faute à l’origine d’un dommage va être tenu d’en réparer les
conséquences.
Cela montre que la distinction entre la faute intentionnelle et la faute non-intentionnelle en droit de
la responsabilité civile est aujourd’hui dépassée puisque toute faute quel qu’elle soit sera
susceptible d’engager la responsabilité de son auteur.
En premier temps, on va identifier les caractères de la faute (à partir de quand est-elle caractérisée)
et puis se pencher sur les différentes manifestations de cette faute dans lesquelles prendront rang
ces deux catégories de faute intentionnelle et non-intentionnelle parmi d’autres.

I. LES ÉLÉMENTS DE LA FAUTE


La question ici est de déterminer ce qui fait qu’un comportement va recevoir ou pas la qualification
de faute, quelles sont les attitudes qui sont susceptibles de recevoir la qualification de faute.
Actuellement, la faute n’est pas définie dans le CC. Les rédacteurs du CC ont estimé qu’il s’agissait
d’une notion suffisamment évidente, chacun sait ce qui est bien et ce qui est mal. En réalité, la
définition générale de la faute n’est pas une opération nécessairement très facile. La doctrine n’est
pas toujours été d’accord sur l’identification du critère de cette faute.
D’une manière générale, aujourd’hui, la faute va consister en l’adoption d’un comportement
consistant en une violation de règles légales ou réglementaires ou plus généralement, en un
manquement au devoir générale de prudence et de diligence.
C’est cette définition que la proposition de loi portant la réforme du droit de la responsabilité civile
consacrerait  la faute se caractérise par son élément matériel.
En revanche, dans cette définition ne trouve pas place de référence à un élément moral. Rien n’est
indiqué sur l’état d’esprit de l’auteur de la faute. Rien n’est dit sur la nécessite de l’auteur de la faute
d’avoir conscience de ce que son comportement n’est pas respectueux de la règle ou n’est pas
conforme à l’exigence générale de la prudence ou de diligence.
La caractérisation de la faute va se concentrer exclusivement sur l’élément matériel sans que
l’élément moral ne présente d’importance pour la caractérisation de la faute. L’élément matériel est
indispensable, l’élément moral est indifférent.
Un comportement fautif est un comportement qui est objectivement fautif.
Ceci étant quand bien même l’élément matériel serait caractérisé, il y aura pour l’auteur du
dommage une porte de sortie, une possibilité de s’échapper a une condamnation en parvenant à
faire disqualifier le comportement qu’il a adopté en ce qu’il va être a priori dans le champ de la faute
mais sera en mesure d’invoquer une circonstance qui va faire basculer dans la sphère de ce qui est
toléré, ce qui est licite un comportement qui peut être a priori considéré comme fautif. Ce
comportement fautif va être achevé par l’invocation de ce qu’on l’appelle un fait justificatif.

1. L’EXIGENCE DE L’ÉLÉMENT MATÉRIEL


Elément central aujourd’hui car la faute se résume à l’exigence de l’élément matériel.
L’élément matériel de la faute va consister en une déviance de comportement, cette déviance peut
se traduire de 2 manières :
 L’inobservation d’une règle légale ou réglementaire
A partir du moment ou une règle pose un impératif ou un interdit, l’inobservation de cette règle
constitue une faute. Il suffira à la victime de démontrer que l’auteur du dommage n’a pas respecté
cette règle, et cette simple démonstration est suffisante pour caractériser la faute.
La jurisprudence de la Cdc est allée très loin lorsqu’elle a admis que la violation d’un contrat ou
l’inexécution d’un contrat par l’une des parties constitue à l’égard des tiers une faute
extracontractuelle. C’est une jurisprudence qui est inaugurée en 2006 (AP, 6 octobre 2006, Boot
shop). L’Assemblée Plénière a consacré ce qu’on l’appelle la faute délictuelle d’inexécution.
Cette doctrine a été réaffirmée de nouveau par la Cdc en 2020 (AP, 13 janvier 2020, Bois rouge).
L’inexécution d’un contrat ne donne pas lieu à l’application de l’A1240 et l’A1241. Elle repose sur la
responsabilité contractuelle.
La question ici est de savoir si l’inexécution du contrat constitue automatiquement une faute à
l’égard des tiers, ou alors si en cas d’inexécution contractuelle, un tiers peut obtenir indemnisation
des conséquences préjudicielles de cette inexécution, mais à condition de démontrer que
l’inexécution correspond à un comportement fautif du comportement défaillant.
Aujourd'hui, la Cdc s’est inscrit dans cette approche plutôt favorable à la victime en considérant
qu’automatiquement, l’inexécution d'un contrat constitue une faute à l’égard des tiers.
C'est une jurisprudence qui est critiquée largement par la doctrine. Un des arguments c'est que
selon l’obligation contractuelle inexécutée, la qualité du comportement du cocontractant défaillant
n’est pas en cause.
La situation caractéristique : le débiteur contractuel est tenu à une obligation de résultat. Dans
l’inexécution de l’obligation de résultat, on ne se préoccupe pas de la manière dont le débiteur s’est
comporté, on regarde l’atteinte ou la non-atteinte du résultat.
Quand on a une violation d’obligation de moyens, c'est-à-dire le contractant n’a pas adopté le
comportement suffisamment dirigeant pour espérer atteindre le résultat. Dans ce cas-là, considéré
que la violation de l’obligation contractuelle est également une faute extracontractuelle ne perverti
pas la notion de faute.
En revanche, quand on caractérise une faute extracontractuelle à raison de la violation de
l’obligation de résultat, on peut être conduit à qualifier de fautif le comportement d'un contractant,
qui en réalité a déployé tous les efforts dont il était capable pour atteindre le résultat, mais qu’il n’a
pas pu parvenir. Là, on a une prise de distance importante avec l’examen du comportement qui
qualifie la faute.
Raisonner en termes de violation d’une obligation contractuelle préexistante conduit à dénaturer la
notion de faute. Ce n’est plus une notion comportementaliste, c'est une notion qui repose
uniquement sur le constat de l’inexécution d’une obligation préexistante, et en occurrence une
obligation contractuelle qui ne peut pas être prescriptible d'un comportement… ??
On ne raisonne pas en termes de faute, on raisonne en termes d’inexécution du contrat. Si on une
obligation de résultat, on ne regarde pas le comportement, on regarde le résultat (atteint ou pas
atteint).
Le tiers ne peut pas déclencher l’application des remèdes à l’inexécution du contrat, c'est un effet
relatif au contrat (un tiers ne peut pas demander l’inexécution d'un contrat), il ne peut pas
directement se plaindre de l’inexécution du contrat. Mais un tiers sur le terrain de la responsabilité
extracontractuelle peut prétendre que l’un des contractants a commis une faute à l’origine de son
préjudice.
Le projet de la proposition de réforme du droit de la responsabilité civile a une approche qui est un
peu ambiguë. Le texte indique que lorsque l’inexécution du contrat cause un dommage à un tiers,
celui-ci ne peut demander réparation de ces conséquences d'une inexécution au débiteur, que sur le
fondement de la responsabilité extracontractuelle à charge pour lui de rapporter la preuve d'un fait
générateur.
Il semblerait que la réforme du droit de la responsabilité civile s’oriente vers une condamnation de
principe de cette jurisprudence qui a tendance à dénaturer la notion de la faute. Cette dénaturation
résulte du fait que la jurisprudence traite l’inexécution d'un contrat a l’égard des tiers exactement
comme elle traite la violation de la disposition légale impérative. Le contractant n’a pas respecté une
disposition contractuelle qui s’impose à lui, c'est comme s’il n’a pas respecté une disposition légale
impérative.
 Pas de dispositions légales précisent a opposer à l’auteur des dommages
Pas nécessairement lors de la caractérisation de dispositions légales précisent a opposer à l’auteur
des dommages. L’auteur des dommages n’aura pas toujours méconnu une obligation légale.
Ex : on a entreposé poubelle sur le trottoir, aucun texte ne dit de manière spécifique que c'est
interdit. Donc, la faute ne peut pas être réduite à la violation d'une obligation légale préexistante,
d’une disposition précise préexistante.
C'est évidemment la, qu’intervient la faute d’imprudence ou de négligence, puisque ça sera
considéré comme fautif un comportement qui va consister à s’éloigner du comportement attendu
d'un individu moins prudent que raisonnable.
Dès lors qu’il y a rupture avec le comportement qu’on peut attendre d’un individu raisonnable,
l’élément matériel sera caractérisé et avec lui la faute, parce que l’état d’esprit de l’auteur de la
faute ne sera pas pris en considération.

2. L’INDIFFÉRENCE DE L’ÉLÉMENT MORAL


Pendant très longtemps, il était admis que pour engager la responsabilité de son auteur, la faute
devait pouvoir lui être imputé (imputé signifie reproché).
La conséquence était que seule une personne dotée d'un discernement (d’aptitude de distinguer
entre le bien et le mal) peut se voir imputé une faute.
Pothier, un auteur en XVIIe siècle a dit : « Il n’y a que les personnes qui ont l’usage de la raison qui
soient capables de délit ou quasi-délit, car celles qui ne sont pas raisonnables (qui ne sont pas doués
de raison), tel que sont les enfants et les insensés (qui n’ont pas de de sens) ne sont capables ni de
malignité (malin) ni d’imprudence ».
Traditionnellement, pour pouvoir être qualifié de fautif, encore fallait-il avoir conscience que ce que
l’on fait n’est pas conforme à ce que l’on a dit.
Cette solution traditionnelle s’est modifiée à l’égard des deux catégories de personnes : les insensés
et les enfants.
En droit français, selon l’ordre chronologique, ça a commencé avec les aliénés (les personnes qui ne
sont pas dotés de raison).
En 1968, une loi du 3 janvier a venu poser dans le CC un texte, qui est aujourd'hui l’A414-3 qui
s’intéresse aux personnes qui sont dépourvus de discernement : « Celui qui a causé un dommage à
autrui alors qu'il était sous l'empire d'un trouble mental n'en est pas moins obligé à réparation ».
Cela signifie que celui qui est sous l’empire du trouble mental, n’en n’est pas moins soumis aux
dispositions relatives à la responsabilité civile comme si il n’était pas attient d'un trouble mental.
Celui qui est atteint d'un trouble mental peut très bien commettre une faute.
L’absence temporaire ou permanente de la faculté intellectuelle n’est pas une cause
d’irresponsabilité, et en particulier n’est pas une cause de disqualification du comportement de
comportement fautif.
Dans le prolongement de ce changement d’appréciation de la notion de faute, la jurisprudence en
1984, dans l’arrêt AP, 9 mai 1984, la Cdc va adopter la même solution à l’égard d'un mineur (un très
jeune mineur), ce qu’on l’appelle l’infans.
En matière de la responsabilité civile, il n’y a pas de texte assez net. Donc, la jurisprudence raisonnait
précisément sur cette capacité de discernement, en se demandant à partir de quel âge un mineur
est capable de discernement. C'est ce qu’on l’appelle en jurisprudence « l’âge de raison ».
L’âge charnière était de 7 ans, c'est l’âge à partir du lequel le juge avait tendance à considérer que le
mineur était à peu près conscient de ce qu’il faisait.
Dans l’arrêt de 1984, la Cdc s’intéressait aux mineurs très jeunes, de moins de 7 ans. La question
était de savoir si un mineur de 3 ou 4 ans est apte à commettre une faute. La Cdc dans ses arrêts
adopte une conception objective de la faute, en disant qu’elle ne regarde pas la situation de l’auteur
de la faute, mais elle regarde le comportement, et si ce comportement n’est pas conforme à ce
qu’on n’attend pas d'un individu moyen, alors, c'est une faute.
L’absence de discernement du mineur très jeune n’est plus considéré, à partir de cet arrêt, comme
une cause de disqualification du comportement fautif, ça ne permet pas d’échapper a la qualification
de la faute.
 Donc, le mineur né très jeune peut parfaitement commettre une faute, quand bien même il n’a
pas de conscience de ses actes.
Ex : un enfant de 2 ans introduit une paire de ciseaux dans une prise électrique ce qui déclenche un
incendie. Objectivement, c’est une faute. La Cdc va considérer que ce comportement est fautif,
quand bien même le mineur n’a absolument pas conscience de ce qu’il est en train de faire.
Donc, c'est une approche objective de la faute. C'est une approche qui est exclusivement centrée
sur le contenu du comportement et non pas à l’aptitude de son auteur à arbitrer entre le bien et le
mal. C'est le mouvement d’objectivation de la faute.
C'est la victime qui se bénéficie de cette évolution (le mouvement d’objectivation de la faute). Les
évolutions du droit de la responsabilité civile sont des évolutions qui sont tendues vers
l’amélioration de la situation de la victime.
Il reste la possibilité pour celui qui a adopté un comportement objectivement fautif la possibilité de
se prévaloir de ce que l’on appelle un fait justificatif, c'est-à-dire un motif légitime d’avoir adopté ce
comportement fautif.
3. LES FAITS JUSTIFICATIFS DU COMPORTEMENT
Les faits justificatifs sont des circonstances particulières qui font disparaitre le caractère fautif du
comportement. On a un comportement qui est a priori fautif, mais l’auteur de la faute va être en
mesure d’invoquer une circonstance qui va disqualifier ce comportement.
Les faits justificatifs, il faut les manier avec de la prudence en droit de la responsabilité civile, car ils
constituent une importation des règles du droit pénal. Tout ce qui est utilisé au plan civil résulte des
dispositions du Code pénal, qui ont pour objet d’écarter la responsabilité pénale de leur auteur.
En droit pénal, l’utilisation des faits justificatifs est assez simple. On a un comportement qui est
susceptible de qualifier une infraction pénale, et l’existence d'un fait justificatif va permettre de l’en
faire sortir.
En matière de la responsabilité civile, l’approche de la jurisprudence est en réalité beaucoup plus
partielle.
On 4 faits justificatifs qui peuvent être regroupés en deux catégories :
 Faits justificatifs tirant des circonstances extérieures aux personnes impliquées dans la
situation
 Faits justificatifs tenant du comportement de la victime

A. LES CIRCONSTANCES EXTÉRIEURES


L’idée générale est que l’auteur de la faute a répondu à une contrainte extérieure, s’il a adopté ce
comportement, c'est parce qu’il a été soumis à des circonstances extérieures.
Les circonstances extérieures sont de deux types :
1. l’ordre ou la permission de la loi
L’idée est une idée qui est tirée du droit pénal. L’idée c'est qu’une personne qui répond à une
prescription légale ou réglementaire n’est pas fautive, le droit ne sanctionne pas les comportements
qu’il a lui-même imposé.
Cette règle trouve un prolongement dans ce qu’on appelle le commandement de l’autorité légitime.
Ça signifie que lorsqu’un sujet adopte un comportement en réponse à un ordre émanant d’une
autorité publique et compétente, ce comportement n’est pas fautif sous réserve que l’ordre ne soit
pas manifestement illégal.
Ex : il y a un accident de circulation, et les forces de police nous imposent de passer avec le véhicule
sur une partie de terrain appartenant à une personne privée, on endommage ce terrain en passant.
On le fait sur la base d’un ordre de l’autorité compétente.
 Sous quelques réserves, si l’auteur de la faute répond à un ordre d’autorité, ou une prescription
légale, à ce moment-là, il n’est pas considéré fautif.
2. L’état de nécessite
C'est une situation dans laquelle l’auteur de la faute va réagir à un danger actuel ou imminent qui le
menace lui-même ou menace un tiers en accomplissant un acte nécessaire à la sauvegarde de la
personne ou du bien (l’auteur ou un tiers est exposé a un danger qui porte soit sur la personne soit
sur son bien). Ce danger va le conduire à réagir, sa réaction va être regardée comme nécessaire a la
sauvegarde de la personne menacée ou le bien menacé. A condition que la réaction soit
proportionnée à la gravité de la menace.
Ex : détruire un bien appartenant à autrui, ce qui est objectivement une faute. Mais si ce
comportement délibéré s’explique par la volonté de se soustraire un tiers à un danger, et qu’il y a
proportion entre le comportement adopté et la gravité de la place, le comportement adopté ne sera
pas qualifié de fautif (proportion : atteinte corporel pour empêcher un dommage matériel).
B. LE COMPORTEMENT DE LA VICTIME
Le premier comportement de la victime qui peut disqualifier le comportement fautif de son auteur,
c'est la légitime défense.
Celui qui a été l’objet d'un attaque injuste et que sa riposte nécessaire est proportionnée à cette
attaque, il ne sera pas responsable civilement des conséquences de sa riposte.
Ex : on est attaqué à l’arme blanche, on riposte en brisant le bras de l’adversaire. On n’est pas
civilement responsable des conséquences de notre comportement (en revanche, si on brise le bras
d'un camarade délibérément, c'est une faute).
Le deuxième type de comportement de la victime qui va justifier un comportement qui a priori est
fautif, c'est le consentement de la victime.
Il y a un adage qui dit : « on ne fait tort à celui qui consent ». Si la victime autorise l’auteur des
dommages à les causer, elle ne peut pas ensuite engager sa responsabilité.
Cela ne fonctionne en matière de responsabilité civile que pour les atteintes aux biens.
Une atteinte au corps même autorisée par la victime demeure à priori un comportement fautif, sauf
toutes les règles applicables aux actes médicaux dans le cadre des soins.
Cette hypothèse de fait justificatif trouve une traduction particulière dans l’acceptation des risques.
C'est une notion à laquelle la jurisprudence fait référence en particulier dans le cadre des
compétitions sportives et d’ailleurs plus que dans ce contexte en considérant que lorsque l’atteinte à
la victime (généralement les atteintes corporelles) intervient dans une compétition sportive et sous
réserve du respect des règles du jeu, il n’y a pas de faute. La raison est qu’en participant
volontairement a cette activité sportive, la victime en a accepté les risques (ex : les compétitions du
karaté).

II. LES MANIFESTATIONS DE LA FAUTE


Toute faute est susceptible d’engager la responsabilité de son auteur. Il n’est pas inintéressant de
voir comment ces comportements fautifs peuvent se manifester.
Il y a d’abord une série de deux oppositions, une opposition entre :
1. Faute de commission / faute d’omission
La faute de commission, c'est la faute qui consiste à commettre un acte positif en violation d’une
règle légale.
La faute d’omission / abstention d’agir, c'est ne pas agi, la loi impose d’agir et on ne le fait pas. Ex : le
non-assistance à une personne en danger.
2. Faute intentionnelle / faute non-intentionnelle
La faute intentionnelle, c'est la faute qui est orientée vers la production du dommage. C'est causer
délibérément un dommage.
La faute non-intentionnelle, c'est la faute d’imprudence ou de négligence, elle n’implique aucune
intention de son auteur de causer le dommage (l’adoption d’une attitude imprudente ou
négligente).
Mais, la faute intentionnelle et la faute non-intentionnelle ne s’apprécient pas de la même manière :
 La faute intentionnelle s’apprécie in cocnreto, c'est-à-dire elle s’apprécie par rapport à l’état
d’esprit de l’auteur du dommage).
 La faute non-intentionnelle s’apprécie in abstracto (d'une manière abstraite), ça signifie
comparer le comportement adopté par l’auteur à un standard.
En principe, même si la faute n’est pas intentionnelle, elle entraine la responsabilité, et qu’il n’y a
aucune modulation en droit du montant des dommages-intérêts en fonction de la gravité de la
faute. Le juge a tendance à faire un effort dans son évaluation.
Troisième et dernière manifestation de la faute c'est l’abus de droit. Il est parfaitement admit que
l’exercice d’un droit peut dégénérer en comportement fautif ou en abus. Cet abus de droit constitue
une faute.
Il y a quelques droits qu’on les appelle des droits discrétionnaires ou les droits potestatifs, ils ne sont
pas sujet a abus. Mais la plupart des droits peuvent dégénérer un abus.
Dans l’arrêt de Clément Bayard, c'est le droit de propriété (l’abus de droit est plus facile en droit des
biens). Le critère dans cette affaire, c’est l’intention de nuire.
A la suite de cette jurisprudence, la Cdc a assoupli sa jurisprudence en considérant que constitue un
abus de droit non seulement le droit à exercer avec l’intention de nuire mais aussi le droit exercé
avec légèreté. On bascule en quelque sorte de la faute intentionnelle vers la faute non-
intentionnelle.
Aujourd'hui, ce qui caractérise l’abus de droit c'est l’utilisation d’un droit avec l’intention de nuire ou
avec légèreté.

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