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L’interprétation des relations syntaxiques

La notion de valence et l’analyse actancielle


Dans la théorie de la valence, telle qu'elle a d'abord été conçue par Tesnière (1959), le
verbe constitue le centre organisateur de la phrase. Les spécifications lexicales d'un verbe
donc sont traduites par ses possibilites combinatoires, c'est-a-dire par les membres
nominaux et/ou prépositionnels avec lesquels il se combine: 1 toute comprehension d'un
verbe tel que envoyer, par exemple, prend son point de depart dans le fait que ce verbe
dénote une situation comportant trois participants qui sont dénotés par les trois membres
de phrase avec lesquels se combine ce verbe. De ce fait, la notion de valence n'offre pas
seulement une façon simple de classifier les verbes d'une langue donnée, mais aussi une
hypothèse sur la structure des phrases de la langue: si c' est le verbe qui détermine la
structure de la phrase, la théorie de la valence doit etre construite de telle sorte qu'elle
permette l'élaboration d'une typologie de phrases en même temps qu'une analyse et une
classification des verbes.

On désigne par le terme de valence l’aptitude générale de certaines catégories


grammaticales centrales (telles que le verbe, mais aussi l’adjectif et le nom) d’imposer à
leur entourage des configurations syntaxiques bien déterminées. C’est ainsi qu’un verbe
comme donner est dit trivalent parce qu’il requiert trois actants (constituants participant
syntaxiquement au procès spécifique que le verbe dénote): un sujet et deux compléments,
l’un direct, l’autre indirect, qui identifient respectivement l’agent d’un transfert, l’objet sur
lequel ce procès s’exerce et son bénéficiaire.
Les termes de valence et d’actant sont utilisés en un sens résolument syntaxique. Le
verbe donner dans la phrase:
Saint Martin (act.1) donna la moitié de son manteau (act.2) à un pauvre. (act.3)
peut être caractérisé par son schéma actanciel, c’est-à-dire par les relations syntaxiques
que ce verbe ouvre et para la nature des constituants qui les occupent. Donc le verbe
donner a 3 actants, alors qu’un verbe comme récidiver ne pourrait en avoir qu’un dans
Saint Martin a récidivé / a récidivé [=No +V]
et deux dans Saint Martin a résolu le problème/ a résolu [=No+V+N1]

Les trois actants de la première phrase (prime actant, second actant et tiers actant)
assurent respectivement les fonctions de sujet (SM), d’O.D. (la moitié de son manteaux) et
d’O.Indirect introduit par la préposition à (à un pauvre). Les différents actants sont soumis
à certaines conditions au niveau de l’interprétation des relations sémantiques. Dans une
analyse valencielle, le V régit syntaxiquement et contrôle aussi bien ses compléments que
son sujet.
Fonctions générales, rôles sémantiques et cadres valenciels
On peut soupçonner que l’organisation paradigmatique, morphologiquement homogène
des systèmes casuels des langues classiques, est responsable de la tendance, en
grammaire ou en linguistique, à « paradigmatiser» aussi les quatre positions syntaxiques
nominales même dans des langues qui ne disposent pas d’un système casuel.
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Déjà dans la grammaire antique, les dénominations des différents cas impliquent des
analyses sémantiques 8. Et il fait partie d’une ancienne tradition grammairienne d’associer
aux formes morphosyntaxiques du nom une gamme de concepts sémantiques
relationnels, à savoir les rôles sémantiques, tels que l’agent, le patient, la source ou
l’origine, le récepteur, le bénéficiaire , le possesseur, etc. Dans différentes nomenclatures,
cette tradition s’est maintenue jusqu’à la linguistique moderne : on peut même avancer
que c’est là un des rares traits communs à tous les courants modernes de la syntaxe, des
rôles thématiques de la grammaire générative en passant par les cas profonds de la «
grammaire des cas » jusqu’aux rôles actanciels prévus par les différents courants de la
syntaxe fonctionnelle. Toutes ces théories ont en commun le fait qu’elles se basent sur un
inventaire relativement homogène de valeurs sémantiques, de significations relationnelles.
Tous les rôles sémantiques sont considérés comme des catégories du même ordre, du
même type fonctionnel 9 . Pour parler dans les termes de la grammaire fonctionnelle : les
rôles sémantiques se situent tous sur le même plan de la structure de la phrase, à savoir
sur le plan logico-propositionnel .
Un problème notoire de l’approche des rôles actanciels sémantiques consiste en
l’impossibilité de rattacher systématiquement à chaque cas ou à chaque catégorie
syntaxique un rôle sémantique précis.
8. Le génitif comme le cas qui désigne l’origine ; le datif qui désigne la personne à qui on « donne »
ou le récepteur ; l’ablatif qui désigne la source locale, etc. Initialement, il semble s’agir non pas de
définir les significations, mais plutôt de dénominer des collocations typiques pour chaque cas
(onomastikè pour donner son nom, genikè pour donner le patronyme, epistaltikè dans la formule
d’adresse dans une lettre, etc., suivant une communication personnelle de Markus Stegbauer).
9. Ceci est vrai même pour les rôles thématiques de la grammaire générative, qui, sur le plan
syntaxique, attribue des statuts fondamentalement distincts aux différents syntagmes nominaux.

Ainsi, le nominatif ou le sujet peut désigner tantôt le rôle d’agent, tantôt le rôle de patient,
tantôt celui de récepteur ou d’expérient, selon la nature du verbe qui l’accompagne. Le
datif ou le COI peut désigner tantôt le récepteur ou expérient, tantôt la source d’une
influence sensorielle, etc. La source peut aussi être représentée par le COD, qui, le plus
souvent, exprime le patient ou l’objet effectué. Le génitif ou le CN peut désigner tantôt le
possesseur, tantôt l’agent, tantôt le patient, et ainsi de suite.
Il existe deux stratégies possibles pour affronter ce « défi »: le structuralisme européen,
réticent par rapport à un élément qui n’ait pas de valeur systématique, a pris pour tâche de
définir des « significations fondamentales » ou des « valeurs générales » pour les
différents cas 10. La seconde solution, communément acceptée aujourd’hui, est de
renoncer, au moins en partie, à accorder une signification directe aux différentes
catégories syntaxiques ou aux différents cas, et de leur attribuer une fonction purement
abstraite, grammaticale, distinctive, qui ne permet une analyse sémantique qu’à partir du
contexte concret d’un verbe particulier. Ainsi, il dépend des lexèmes verbaux plaire et
aimer et de leurs cadres valenciels respectifs, lequel des deux rôles qui sont en jeu,
source ou expérient, va apparaître en position de sujet, lequel en position de complément.
Et c’est l’effet des cadres valenciels des verbes s’approcher et s’éloigner que les rôles
respectifs indiqués par la préposition de semblent se contredire (je m’approche/éloigne de
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quelque chose). Chaque lexème verbal est donc accompagné d’un schéma distributeur,
déposé dans le lexique, qui décide de la corrélation entre forme morphosyntaxique et rôle
sémantique. Cette organisation confère une fonction purement distinctive aux catégories
morphosyntaxiques, laissant au lexique la tâche d’apporter une signification relationnelle.
Les exemples montrent que ces cadres valenciels sont en principe arbitraires. Ils sont
soumis à des évolutions historiques, obéissant parfois plus à des normes qu’à des
principes systématiques.
Néanmoins, la distribution des rôles sémantiques par rapport aux différents cas ou
positions syntaxiques suit des tendances générales. Les verbes tendent à former des
classes, où certains traits sémantiques s’accompagnent de certains cadres valenciels
(verbes d’action, de perception, du dire, de don, etc.). Ceux-ci, à leur tour, se regroupent
dans des schémas plus généraux. La typologie des langues a étudié à fond ces schémas
distributeurs pour définir des systèmes de participation ou d’actance possibles et pour
établir les principes universaux qui régissent les corrélations entre les rôles sémantiques
et les formes morphosyntaxiques sous forme d’assignment hierarchies. Parmi les résultats
les plus importants il faut mentionner la théorie de la transitivité, les principes du
marquage différentiel de l’objet et surtout l’animacy and individuation hierarchy (échelle de
définitude et d’humanitude). Les notions de transitivité ou de marquage différentiel de
l’objet expliquent moins la sémantique du sujet ou du COD que le contraste entre ces
deux positions actancielles.
Finalement, ces schémas partent de la même idée d’un inventaire de fonctions
sémantiques homogènes, en principe interchangeables entre les différentes positions
syntaxiques. Le caractère morphosyntaxiquement hétéroclite des différentes positions
syntaxiques justifie l’idée qu’il s’agit aussi de fonctions hétéroclites.

Entre le nom et le verbe: les rôles textuels


Sous le terme de rôle textuel, H.Weinrich englobe les communicants (rôles communicatifs)
et les actants (rôles actanciels).
Les communicants (“personnes grammaticales”) se déduisent de la situation de
communication élémentaire. Celle-ci existe lorsqu’une personne tient le rôle du locuteur
(dans la communication écrite, le scripteur ou l’auteur) et qu’une autre personne tient le
rôle d’auditeur (dans la communication écrite, le lecteur). Tous les autres objets ou
personnes sont intégrés sous le rôle du référent. La catégorie du référent ne peut se
définir de façon positive qu’à partir d’informations supplémentaires puisées dans le
contexte ou dans la situation, et introduites par la référence
Les actants (rôles actanciels) se déduisent d’une situation actancielle élémentaire qu’il faut
également considérer sous l’angle communicatif, comme étant une co-actance. On parlera
ainsi de situation actancielle lorsqu’au moins deux personnes agissent ensemble par
rapport au même objet. La personne à l’origine de l’action, c’est le “sujet”; le co-actant est
désigné comme “partenaire”. L’”objet” de l’action est constitué par une personne ou une
chose par rapport à laquelle la co-actance a lieu.
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Dans la langue française, les communicants et les actants sont toujours amalgamés. C’est
ce qu’on appelle le “syncrétisme des formes”. Cet exemple peut être analysé comme suit:
AUDITEUR………… LOCUTEUR……………RÉFÉRENT
Vous…………………………..me le…………… direz
SUJET............................PARTENAIRE...............OBJET

Il y a en tout neuf possibilités de combiner les communicants et les actants:


LOCUTEUR JE LOCUTEUR me LOCUTEUR me
SUJET PARTENAIRE OBJET
AUDITEUR AUDITEUR AUDITEUR
SUJET TU PARTENAIRE te OBJET te
RÉFÉRENT RÉFÉRENT RÉFÉRENT
SUJET IL/ELLE PARTENAIRE lui OBJET le, la

Réalisation des rôles textuels


Ces rôles (aussi bien les communicants que les actants) peuvent être indiqués de
diverses manières. Dans le cas du verbe, ce marquage se fait surtout par la conjugaison.
Outre les formes conjuguées, c’est par les noms et les pronoms que les rôles textuels se
trouvent exprimés, souvent de façon redondante. Lorsque les rôles textuels sont tenus par
des pronoms, les trois communicants (locuteur, auditeur et référent) peuvent être
combinés librement et être morphologiquement amalgamés avec les trois actants (sujet,
partenaire, objet). Les rôles textuels, qu’ils soient tenus par des noms ou par des
pronoms, peuvent être mis en relief au moyen des présentatifs.
 Qui a cassé la vitre? C’est moi (qui l’ai fait).

En règle générale, les communicants et les actants sont amalgamés dans les rôles
textuels, ainsi que les marques du genre et du nombre dans la plupart des cas. Ceci vaut
également pour les cas où les rôles textuels sont tenus par des lexèmes nominaux. Les
communicants sont généralement tenus par des pronoms. Quand par conséquent un rôle
textuel est tenu par un nom, ceci veut dire que le ce dernier en est le référent.

/moi, Néron, empereur et artiste, je déclare.../


/toi, Sénèque, conspirateur plutôt que précepteur, prépare-toi à mourir/
/nous autres humanistes, nous connaissons l’Antiquité/
/vous autres adultes, vous ne connaissez rien à la vie/ (noms placés en apposition aux
pronoms. Au pluriel, formes élargies dans l’apostrophe)
Lorsque sujet, objet, partenaire- les rôles actanciels- sont tenus par des noms, on observe
les trois règles suivantes:

a-La position que le nom occupe par rapport au verbe est le seul indice de l’opposition
sujet vs objet. Le sujet nominal est placé avant le verbe, l’objet nominal est placé après le
verbe. Les abeilles cherchent les fleurs.
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SUJET ---------VERBE-------OBJET.

Étant donné que ni la forme des noms ni les articles qui accompagnent ceux-ci n’indiquent
l’actant qu’ils expriment, il faut tenir compte de la position de sujet et objet par rapport au
verbe pour en décider: le sujet nominal est placé avant le verbe, l’objet nominal est placé
après le verbe.
2- L’opposition nominale (sujet) vs partenaire est reconnaissable par l’antéposition du
morphème à, qui est à la source des formes contractées aux. Le partenaire nominal est
placé après le verbe. Dans ce cas, la position des constituants qui détiennent les rôles
actanciels sujet et partenaire par rapport au verbe est ce qui marque l’organisation de
l’énoncé. La présence de la série des morphèmes contractés au/ aux en est un autre
indice.
Le nectar plaît aux abeilles
SUJET VERBE PARTENAIRE

L’opposition nominale objet vs. Partenaire est assurée par le fait que c’est le partenaire
nominal et non l’objet nominal qui est précédé du morphème à (opposition à vs o):
Vendre du miel aux clients
VERBE OBJET PARTENAIRE
Les fonctions du genre et du nombre sont également amalgamées aux noms dans les
rôles textuels.
En ce qui concerne les rôles textuels à réalisation pronominale, on observe que les rôles
communicatifs du locuteur et de l’auditeur sont tenus par des pronoms, par règle générale.
Pour ces deux communicants primaires, c’est la situation d’énonciation qui met en
évidence les identités du locuteur et de l’auditeur. A l’inverse, le rôle du référent est
souvent réalisé par un nom. S’il y a un pronom à cette place, celui-ci renvoie à un nom qui
le précède dans le contexte ou bien à un élément connu de la situation.
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CLASSIFICATION DES VERBES PAR LA NATURE ET LE NOMBRE D’ACTANTS


Les verbes de la langue française se distinguent par le nom et la nature des actants qu’ils
admettent. Ces deux aspects sont décidés par avance dans le code de la langue et fixés dans un
dictionnaire.

Il y a des verbes qui admettent seulement un actant: N V: Il vit, il neige, il vient; il tombe ;
2 actants N V à N: il sourit à Marie; il ment à Marie; Il plait à Marie; N V de N: il change de chemise,
il parle de Marie (construction avec COI); N V N: Marie mange une pomme, elle achète une robe, il
regarde la télévision (constructions transitives, avec OD), verbes à trois actants: Il écrit une lettre à
sa mère, Il parle à Paul de politique.
LA PRÉDICATION
C’est l’ensemble morpho-syntaxique constitué du Sujet et du Prédicat. La prédication est une forme
particulière de détermination sémantique. Il y a détermination sémantique lorsque la signification
d’un signe est délimitée et rendue plus précise par la signification d’autres signes présents dans le
contexte. La prédication a le statut d’un argument.
a) Les deux composants de la prédication sont caractérisés comme suit:
SUJET = Prédicable- Constatable- LE GARCON
LE VERBE= Prédicant- Constatant – TRAVAILLE
En termes sémantiques, il faut attribuer au “garçon”, comme caractéristique explicite, l’action de
“travailler” de façon à tirer argument de cette constatation “Le garçon travaille” est la constatation
du fait que le garçon fait quelque chose.
b) Si, à la place de travailler, il y a le verbe être:
L’OISEAU EST DANS LA CAGE.
“est” est une constatation pure et simple, c’est un verbe prédicatif (copule). Dans le texte, la plupart
du temps, le verbe être est élargi par le contexte, principalement à l’aide d’adverbes ou de
compléments de lieu:
Pierre est au deuxième.
Il est à l’école.
Marie est là.
J’ai été partout.
c) Le verbe être est suivi d’un prédicant adjectif ou nom:
Pierrre est médecin.
Pierre est le médecin de la famille.
Marie est triste.
VERBES À UN SEUL ACTANT
Ce sont des verbes que la grammaire traditionnelle appelle des verbes transitifs. Ils n’admettent
qu’un seul actant, le sujet, mais dans la plupart des cas ils sont accompagnés d’une expansion
adverbe ou complément. Cela peut être schématisé comme suit: N V
Pierre habite seul.
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Les verbes de mouvement sont presque régulièrement élargis par des adverbes et des
compléments prépositionnels; à l’intérieur de ces éléments adjoints, le mouvement est précisé par
des indications de position:
Marie va à l’école avec sa maman. (*Marie va.)
Viens un peu ici!
Je reste à la maison.
Parmi les verbes à un seul actant, abstraction faite du verbe être, l’on trouve.
1-verbes exprimant la vie physique et psychique: vivre, exister, habiter, travailler, grandir, vieillir,
mourir, pleurer, réfléchir, déjeuner, voyager, voler , etc.
2-verbes de mouvement, comme expression spécifique de la vie psychique: aller, venir, rester,
entrer, sortir, passer, descendre, etc.
3-verbes impersonnels désignant un phénomène naturel: il pleut, il neige, il gèle, etc.
4-verbes à construction pronominale: s’arranger, se tromper, se reposer, se sauver, s’arrêter, se
dépêcher, se presser, se taire, etc.
REM : aux temps composés, les verbes de mouvement se conjuguent avec l’auxiliaire être.
VERBES À DEUX ACTANTS
C’est le code de la langue qui décide par avance le nombre d’actants avec lesquels les verbes
peuvent s’exprimer. Les grammaires traditionnelles définissent le CO (directo ou indirect) comme
l’objet ou la personne sur lequel passe (transite) l’action exprimée par le verbe et effectuée par le
sujet. Cette conception de la transitivité a été discutée à l’aide de nombreux contrexemples. Son
inadéquation tient non pas à son caractère sémantique, mais au fait que le rapport instauré par le
verbe entre les rôles sémantiques du sujet et du complément a été indûment assimilé à une action
du premier sur le second, alors que ce peut être un rapport de localisation:
La tour domine la ville.
L’armée occupe tous les points stratégiques.
D’évaluation temporelle: Il a passé deux semaines à la champagne.
L’épreuve orale a duré plus d’une heure.
De cause à conséquence: Son intervention a provoqué l’hilarité générale.
Les rôles relationnels des verbes étant infiniment variés et différenciés, il est naturel que les rôles
sémantiques de leurs sujets et de leurs compléments le soient aussi.
Employées dans une acception formelle, les notions de transitivité et d’intransitivité caractérisent
les différents types de construction du verbe. Pour étudier les possibilités de réalisation textuelle du
COD, le schéma syntaxique qui correspond est le suivant:
NVN
La langue possède une quantité de verbes qui entrent dans ce schéma. Il est possible d’identifier
quatre groupes lexicaux qui correspondent à ce schéma:
a- Les rôles textuels S et O sont tenus par des personnes:
Les lexicographes aident les grammairiens.
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b- Les rôles textuels S et O sont tenus par des choses:


La grammaire représente les structures de la langue.
c- Les S sont des personnes et les O, des choses:
L’institutrice schématise la construction.
L’enfant déplace les jouets.
d-Les S sont des choses et les O, des personnes:
La tempête sépare les survivants.
Certains verbes disposent des combinatoires de rôles textuels différentes de sorte qu’ils peuvent
avoir plusieurs significations:
Ma femme est sortie. Ma femme a sorti la voiture.
Verbes: amener, amuser, apercevoir, apprendre, arrêter, attendre, attraper, avoir, baigner, baiser,
battre, boire, cacher, casser, chanter, charger, choisir, commencer, conduire, construire,
descendre, dire, écouter, etc.
N V àN
Ce sont des verbes appelés transitifs indirects. Pour ce schéma, on ne va considérer que les
constructions introduites par les prépositions à et de. On peut différencier ces verbes selon que le
Nom qui suit la préposition corresponde à une personne (à quelqu’un) ou à un objet (à quelque
chose).
Verbes: écrire, manquer, mentir, parler, penser, répondre, songer, sourir, tenir, etc.
N V de N
C’est un OI introduit par la préposition de. Il est possible de classer les constructions selon qu’il y ait
actualisation de quelqu’un ou de quelque chose.
Verbes: changer, discuter, parler, rire, s’occuper, se moquer, se tromper, se servir, se plaindre, etc.
VERBES À TROIS ACTANTS
Certains verbes peuvent avoir deux compléments, l’un sans préposition et l’autre introduit par une
préposition.
N V Nà N
Le complément à N a des statuts différents selon la nature du complément. Le complément à
quelqu’un a le rôle d’un partenaire (Weinrich) ou bénéficiaire de l’action. Il s’agit de constructions
du type: Pierre donne un livre à Marie.
Pierre écrit une lettre à Marie.
Pierre prend un livre à Marie.
D’autres verbes: apporter, apprendre, cacher, causer, chanter, commander, demander, dessiner,
devoir, expliquer, jeter, offrir, promettre, porter, présenter, répéter, répondre, voler, envoyer,
préférer, etc.
Le complément à quelque chose a parfois un statut sémantique proche de celui d’un complément
circonstanciel: accrocher un tableau à un mur
ajouter trois lignes à la dissertation
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apporter du soin à son travail


élever deux centimètres à la robe
ne comprendre rien à cette affaire
préférer le thé au café
dépenser de l’argent aux voyages
passer son temps aux jeux
mettre deux heures à la préparation du canard
N V N de N
Le troisième complément peut être introduit par la préposition de:
charger Marie d’une affaire
excuser Marie de son retard
accuser Marie de vol
Certains verbes présentent des sens différents selon les constructions qu’ils admettent:
Porter: soutenir un poids, une charge. Transporter d’un lieu à un autre.
Apporter: porter à l’endroit où se trouve quelqu’un
Emporter: enlever, ôter d’un lieu, arracher, couper.
Rapporter: apporter une chose au lieu où elle était.
Reporter: remettre à un autre moment.

Amener: faire venir avec soi.


S’amener: venir (populaire): Il s’est amené avec une heure de retard.
Mener: conduire, guider, mener un aveugle; transporter dans un véhicule, mener en voiture.
Emmener: mener du lieu où l’on est dans un autre.
Tenir: soutenir, tenir un livre, tenir les promesses, tenir sa langue, tenir une classe, tenir un hôtel;
tenir à une propriété (être contigu); tenir bon, tenir ferme (résister); tenir pour (être partisan); tenir
en haleine (maintenir quelqu’un dans un état d’âme particulier).
Tenir à: (être attaché) Il tient beaucoup à la vieille demeure familiale.
(provenir) Ce désordre alimentaire tient à plusieurs raisons.
Tenir de (ressembler) La fille de Madonna, Lourdes, tient beaucoup de sa mère.

Manquer: (faire défaut) En hiver, les vivres manquent.


(être absent) Plusieurs éléves ont manqué aujourd’hui.
Manquer de: (ne pas avoir suffisamment de..) Manquer d’argent.
Manquer quelque chose (laisser échapper) manquer une affaire, manquer une occasion,
manquer un rendez-vous.

Certains verbes admettent une double construction:


Pierre est descendu de la montagne. Pierre a descendu la poubelle.
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Pierre est monté dans le taxi. Pierre a monté les sacs des courses.
Outre le nombre d’actants déterminé par le code de langue, un verbe peut avoir d’autres actants qui
s’ajoutent dans le texte. C’est le cas de:
a-objet interne: lorsqu’un verbe et son objet son de sens identique ou très proche:
Il vit sa vie. Vous pleurez des larmes de crocodile.
Tu as rêvé le rêve des rêves.
Nous allons toujours notre chemin.
b- partenaire phatique: lorsqu’un verbe avec S et OD est élargi dans le texte par un pronom dans
lequel le locuteur et l’auditeur sont amalgams, on parle de partenaire phatique. Dans le dialogue, ce
pronom a alors la signification d’un morphème phatique, servant à maintenir un lien plus étroit dans
la communication. C’est comme si le locuteur prenait l’auditeur comme témoin du procès référé.
Imagine-toi! Il t’est passé à une vitesse!
Les Pumas, ils vous ont joué un match superbe!
Le gosse, il m’a mangé toute la sousoupe!
c- constructions factitives: Les verbes auxiliaires faire et laisser (v. factitifs) font éventuellement
augmenter le nombre d’actants dans le texte. Il pleure et Il dort sont des constructions dont le verbe
n’a pas de OD, mais comme infinitifs de faire et de laisser, ils prennent un OD dans
Il la fait pleurer.
Il la laisse dormir.
Du point de vue sémantique, faire signifie que l’initiative de l’action est du côté du Sujet, tandis que
laisser signifie que l’initiative de l’action est du côté de l’OD et le Sujet ne fait que consentir.
LA PRÉDICATION AVEC DES PRÉDICANTS: L’ATTRIBUT DU SUJET
Le verbe être a été défini comme une constatation pure et simple. Dans la construction, on peut
trouver des expansions constituées par des adverbes et des compléments.
En plus, le verbe être peut être accompagné d’un prédicant nominal sans article. Le prédicant
nominal sans article exprime un lien plus étroit entre le S et le Prédicant.
Molière était comédien.
Un prédicant accompagné d’un article anaphorique (défini) précise la prédication du verbe par
référence à l’information antérieure et la dirige vers le prédicable qui suit. Cela peut conduire dans
certains cas à l’identification complète entre le S et le Prédicat:
Louis XIV est le successeur de Louis XIII.
Cette identification peut être soulignée par un morphème présentatif:
L’absolutisme, c’est le pouvoir absolu d’un monarque.
Si en revanche le prédicant nominal est accompagné d’un article cataphorique (indéfini) qui renvoie
à une information ultérieure, la constatation du sens reste relativement ouverte et générique. Elle
peut être davantage spécifiée par un complément relatif:
Un sonnet est un poème.
Un sonnet est un poème qui se compose de deux quatrains et de deux tercets.
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Le garçon est un étudiant de philosophie, brillant dans toute sa carrière.


Le prédicant qui suit le verbe être peut aussi être un adjectif. Ce prédicant adjectif est toujours
accordé en genre et en nombre avec le S.
Il est grand. Ils sont grands.
Elle est grande. Elles sont grandes.
Sur ce point, il faut distinguer entre prédication et qualification. Dans une qualification, le nom est
textuellement déterminé par un adjectif sans que la détermination soit expréssement constatée.
Dans une prédication, en revanche, la détermination de sens, opérée sur le S (nom ou pronom) est
expressément constatée, de sorte que l’auditeur peut prendre position et argumenter là-dessus.
Elle peut être pronominalisée à l’aide d’un pronom, non seulement par un prédicant nominal, mais
aussi par un prédicant adjectif:
Pierre est-il le médecin de la famille? Oui, il l’est.
Pierre, est-il vraiment intelligent. Oui, il l’est vraiment.
Dans tous les cas où le verbe être est suivi d’un prédicant, qu’il soit nominal ou adjectival, cet
élément a la fonction d’attribut du Sujet. Cette fonction est décrite à l’aide du schéma suivant:
N V (être) ATTR
VERBES ATTRIBUTIFS DU SUJET
En dehors du verbe être, il y a d’autres verbes qui peuvent avoir des prédicants- Attributs du S:
devenir, demeurer, rester, sembler, paraître, se montrer, s’avérer, se rendre, se faire, avoir l’air. On
les appelle verbes attributifs du S
On retrouve aussi le présentatif C’est et l’expression Il est dans ce groupe de constructions
verbales.
VERBES ATTRIBUTIFS DE L’OBJET
Il y a des verbes à deux actants, avec un OD qui est lui-même le S d’un Prédicant. Le schème de
description de ce type de construction verbale est N V N ATTR.
Romain Rolland appelle la guerre un crime.
Le prédicant peut être un substantif.
On l’a fait directeur général.
Ils vont encore le couronner roi.
Je l’appellerai toujours un fripon.
Le prédicant peut être un adjectif:
Je veux rendre votre vie la plus agréable possible.
Je déclare ce lycée indépendant.
Révision des Fonctions Nominales (épithète, C du Nom, apposition et proposition relative)
Et des Fonctions Verbales (S, COD, COI, Complément Agent, Complément Attributif)

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