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La cause
Nous avons reçu un mail, un jour, nous faisant remarquer que "la
cause" n'était pas très détaillée dans la section du droit civil. Nous avons
répondu que c'était tout à fait vrai et que nous tenterions d'y remédier. Le
verbe "tenter" est tout à fait à propos tant nos recherches et réflexions sur la
cause nous ont permis de nous rendre compte qu'une réelle étude nécessiterait
des années de travail...
Nous allons donc vous livrer ici ce que nous avons pu comprendre sur
cette notion, sachant bien entendu que nous ne sommes pas des enseignants, ni
même des juristes professionnels, juste des étudiants qui vont essayer
d'expliquer à d'autres ce qu'ils ont compris de cette notion.
Cette cause, selon la loi, interprétée par la jurisprudence, doit exister. C'est ce
qu'il ressort de l'article 1131 (et des articles suivant) : "L'obligation sans cause,
ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite ne peut avoir aucun effet".
On remarquera que la condition ici visée est l'existence d'une cause, il n'y a donc pas de confusion possible
avec la question de la détermination du prix qui a pu agiter doctrine et jurisprudence. Il s'agissait là d'une
question portant sur l'objet de l'obligation, non sur l'existence de celle ci.
Le moins que l'on puisse dire est que cette exigence de cause objective est
parfois étonnante, voir gênante dans certains cas. Nous les aborderons ici
successivement.
Cette considération de contrepartie, qui n'existe pas dans les contrats tels que
les promesses de vente, s'analyse alors logiquement comme l'espoir de l'obtention
d'une contrepartie par l'intermédiaire de la levée de l'option.
Les premiers sont les contrats réels, tels que le prêt, le dépôt... Doctrine et
jurisprudence, face à l'exigence de l'article 1131 ont considérés que la cause de
l'obligation de l'emprunteur, du déposant, réside dans la remise de la chose (Civ.
20.11.1974 jcp75II18109). La solution peut se comprendre : Sans remise des fonds
comment obliger l'emprunteur à restituer ? La remise de la chose, qui constitue par
essence une condition de validité de ces contrats peut donc tout à fait constituer la
cause (également nécessaire à la validité de la convention, selon 1131) de
l'obligation du débiteur.
Pour autant il convient de se garder de rapprocher cette remise de l'idée de contrepartie car outre que
l'on se situe ici dans des contrats unilatéraux et que l'exécution de ceux ci n'a en principe rien à voir avec leur
formation, la cour de cassation se garde d'une telle assimilation et préfère parler de mise à disposition plutot que
d'obligation de mise à disposition. L'originalité de la cause dans les contrats réels unilatéraux doit être soulignée.
Il est en effet des actes licites accomplis dans un but illicite, ou contraire aux
bonnes mœurs. Ainsi d'une vente d'un immeuble motivé pour l'acquéreur par
l'intention d'en faire une maison close, d'un prêt conclu par un emprunteur pour
investir les sommes dans le jeu, même de casino. Face à ces actes le juge
sanctionne sur le fondement de l'illicéité de la cause.
Cependant cette sanction n'est pas absolue. Il existe des conditions qui ne
s'appliquent cependant pas aux contrats à titre gratuit où la seule motivation du
gratifiant par un motif illicite (telle que l'entretien de rapport adultère) est de nature
à entraîner la nullité absolue du contrat.