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C’est à travers la démonstration de l’inopportunité de l’application de la nullité au détriment de

la caducité, cette fois dans le cadre de l’ensemble contractuel, que J.B. SEUBE met en exergue
les différences qui existent entre ces deux sanctions : « Parce qu’il remplit ses propres
conditions de formation, le contrat anéanti par ricochet ne saurait d’abord être annulé du fait
de la disparition du premier. En effet, dans quelque sens que l’on tourne le problème, on ne
peut nier que le second contrat a valablement été formé. Admettre la nullité du contrat anéanti
par contrecoup revient donc à nier la réalité » ; cf. : J. B. SEUBE, "Caducité et ensemble
contractuel indivisible : timidité jurisprudentielle ou audace doctrinale (un aspect de l’Avant-
projet de réforme du droit des obligations)", in Le monde du droit, Ecrits rédigés en l’honneur
de Jacques FOYER, Paris, Economica, 2007, p. 925.

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L’auteur précité est du même avis et estime que « par le recours à la caducité, la solution
jurisprudentielle est théoriquement satisfaisante. La caducité du crédit-bail en cas d’annulation
ou de résolution de la vente est indiscutable » (R. CHAABAN, La caducité des actes juridiques,
Etude de droit civil)

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Cass. Ch. Mixte, 13 avril 2018, n° 16-21345, Sté Le Poids lourd c/Sté Aptibois et a.

Mais attendu que la Cour de cassation jugeait jusqu'à présent que la résolution du contrat de
vente entraînait nécessairement la résiliation du contrat de crédit-bail, sous réserve de
l'application de clauses ayant pour objet de régler les conséquences de cette résiliation (Ch.
mixte., 23 novembre 1990, pourvois n° 86-19.396, n° 88-16.883 et n° 87-17.044, Bull. 1990, Ch.
mixte, n° 1 et 2 ; Com., 12 octobre 1993, pourvoi n° 91-17.621, Bull. 1993, IV, n° 327 ; Com., 28
janvier 2003, pourvoi n° 01-00.330 ; Com., 14 décembre 2010, pourvoi n° 09-15.992) ;

Que, par ailleurs, il a été jugé que les contrats concomitants ou successifs qui s'inscrivent dans
une opération incluant une location financière sont interdépendants (Ch. mixte., 17 mai 2013,
pourvois n° 11-22.768 et n° 11-22.927, Bull. 2013, Ch. mixte, n° 1) et que l'anéantissement de
l'un quelconque d'entre eux entraîne la caducité, par voie de conséquence, des autres (Com.,
12 juillet 2017, pourvoi n° 15-27.703, publié) ;

Que, si cette dernière jurisprudence n'est pas transposable au contrat de crédit-bail mobilier,
accessoire au contrat de vente, la caducité qu'elle prévoit, qui n'affecte pas la formation du
contrat et peut intervenir à un moment où celui-ci a reçu un commencement d'exécution, et
qui diffère de la résolution et de la résiliation en ce qu'elle ne sanctionne pas une inexécution
du contrat de crédit-bail mais la disparition de l'un de ses éléments essentiels, à savoir le
contrat principal en considération duquel il a été conclu, constitue la mesure adaptée ;

Qu'il y a lieu, dès lors, modifiant la jurisprudence, de décider que la résolution du contrat de
vente entraîne, par voie de conséquence, la caducité, à la date d'effet de la résolution, du
contrat de crédit-bail et que sont inapplicables les clauses prévues en cas de résiliation du
contrat.

Chapitre 4 : le contrat de prêt

Le prêt est défini à l’article 525 du COCC en vertu duquel il est "le contrat par lequel une des
parties, le prêteur, remet à une autre, l’emprunteur, une chose dont ce dernier pourra user, à
charge de la restituer, en nature ou par équivalent".

Sur la nature juridique du contrat de prêt, beaucoup de débats doctrinaux ont été agités. Et
même au niveau de la jurisprudence, les contrariétés ont, en un moment été nombreuses. En
effet, la question à toujours été de savoir si le contrat de prêt était un contrat consensuel ou un
contrat réel. Dans la première hypothèse, la remise de la chose objet du prêt ne serait pas
indispensable à la validité du contrat. Par contre, dans la seconde, le contrat ne serait formé
qu’après que le prêteur a remis la chose à l’emprunteur.

Il faut d’abord préciser que les contrats réels ne sont pas très nombreux car le consensualisme
est érigé en principe en matière contractuelle.

S’agissant donc du contrat de prêt, le législateur sénégalais lui confère une nature réelle car aux
termes de l’article 527 "le contrat de prêt se forme par l’échange des consentements.
L’emprunteur toutefois n’est tenu d’exécuter ses obligations qu’après remise de la chose
prêtée".

Même si la rédaction pouvait être davantage claire, ce texte ne signifie pas autre chose
qu’outre l’échange des consentements, la remise vient consacrer la formation du contrat de
prêt. Une telle solution emporte un intérêt considérable dans la mesure où, dans le prêt,
l’échange des consentements s’analysera non pas comme un contrat mais comme une
promesse de prêt. La conséquence va de soi, en cas de violation d’une telle promesse, la
sanction ne peut se ramener qu’à l’octroi de dommages et intérêts.

Par ailleurs, le prêt étant un contrat unilatéral, n’assume d’obligations que l’emprunteur, en
l’occurrence celle de restituer la chose reçue. Cette restitution de la chose met un terme au
contrat de prêt qui prend ainsi fin. Cependant, l’alinéa 2 de l’article 528 prévoit qu’à défaut de
terme, l’emprunteur doit restituer dans le mois suivant la première réclamation du prêteur par
lettre recommandée. En tout état de cause, l’emprunteur n’exécute son obligation envers le
prêteur que par le restitution du bien remis.

D’ailleurs, sous un autre angle d’appréciation, le caractère unilatéral de ce contrat permet de


conforter la nature réelle du prêt, la remise de la chose se présentant comme un élément de
formation tandis que la restitution comme un élément d’exécution.

Cette solution est pratiquement celle du droit français, les articles 1875 sur le prêt à usage et
1892 sur le prêt de consommation intégrant la notion de livraison de la chose dans la définition
même du contrat de prêt. Cependant, depuis un arrêt de 2008, la nature réelle du contrat de
prêt est relativisée. Dorénavant, le prêt de consommation octroyé par un établissement de
credit est devenu un contrat consensuel ( cass. 1ere, 19 juin 2008, arrêt n° 06-19.753, D. 2008).

Ces précisions faites, deux formes de contrats de prêt sont visées par le COCC, à savoir le prêt à
usage caractérisé par sa gratuité (526 COCC et 1876 C. Civ. ) en raison de l’absence
d’acquisition de la propriété du bien par l’emprunteur et le prêt de consommation par lequel ce
dernier acquiert la propriété du bien.
Le prêt à intérêt (540) n’est pas une troisième variante du contrat de prêt, il est tout
simplement une modalité d’application du prêt de consommation.

Nous verrons donc le prêt à usage (Section 1) et le prêt de consommation (Section 2)

Section 1 : le prêt à usage ( il est également dénommé commodat)

Les articles 529 à 534 organisent la relation des parties à travers leurs obligations. Il s’agit de
celles de l’emprunteur, principalement tenu ( Paragraphe 1) et celles du prêteur,
accessoirement obligé (Paragraphe 2).

Paragraphe 1: les obligations de l’emprunteur

La physionomie du prêt à usage détermine la première de ses obligations; il doit user de la


chose par lui-même ou par ses préposés selon la destination normale, celle qu’impose sa
nature. Il ne peut déroger à cette règle que si la possibilité lui en est donnée par une clause
précise de contrat.

C’est le respect seul de l’usage normal du bien par l’emprunteur qui peut le dédouaner en cas
de détérioration de celui-ci.

S’agissant de la seconde obligation, c’est celle qui consiste à assurer la garde et la conservation
de la chose prêtée en supportant éventuellement les frais ordinaires d’entretien. S’il s’agit
d’animaux, la garde implique qu’il les nourrise.

Enfin l’emprunteur est tenu de restituer la même chose qui lui a été prêtée à l’issue du délai
fixé dans le contrat. Avant ce délai, il ne peut être obligé de restituer le bien que sur décision
judiciaire et que si le prêteur en a un besoin urgent et imprévisible lors de la conclusion du
contrat.

Paragraphe 2 : les obligations du prêteur

De par son caractère unilatéral, le contrat de prêt ne fait pas en principe peser d’obligations sur
le prêteur. Toutefois, dans deux cas prévus respectivement par les articles 533 et 534, il peut
être amené à supporter des obligations. C’est d’une part le cas où l’emprunteur aurait exposé
des dépenses exceptionnelles aux fins de conservation de la chose; le cas échéant, il en doit
remboursement à ce dernier. D’autre part, il assume les dommages causés par les vices non
apparents de la chose qu’il connaissait et qu’il a dissimulés à son contractant au moment de
leur accord.

NB : le code civil en son article 1879 prévoit que "les engagements qui se forment par le prêt
à usage passent aux héritiers de celui qui prête, et aux héritiers de celui qui emprunté. Mais
si l’on n’à prêté qu’en considération de l’emprunteur, et à lui personnellement, alors ses
héritiers ne peuvent continuer de jouir de la chose prêtée.

Une telle possibilité de stipulation d’intuitu personae n’est pas prévue par le COCC mais
devrait rester tout de même envisageable en l’absence d’une interdiction expresse.

Le prêt de consommation se tient à côté du prêt d’usage.

Section 2 : le prêt de consommation

La définition fournie par le Code civil français a l’avantage d’être plus claire que celle présentée
par le COCC. Selon le premier de ces textes, il est précisé que le chose prêtée est consommée
par l’usage qu’en fait l’emprunteur. C’est pourquoi dans le COCC, ce prêt est défini par le
transfert de propriété qu’il confère à l’emprunteur. On peut en tirer comme conséquence que
lorsque le bien périt c’est aux risques de ce dernier.

Il peut concerner une chose ou porter sur une somme d’argent. En outre peut être contracté
avec ou sans stipulation d’intérêt. Lorsqu’elle est prévue, une telle stipulation doit être
expresse, c’est-à-dire écrite. Le législateur ( loi 98-33 du 17 avril 1998) va plus loin en prévoyant
que ce sont les parties qui fixent conventionnellement le taux d’intérêt.

Cependant les articles 535 à 539 consacre les règles classiques et générales. L’emprunteur
supporte l’essentiel des obligations, le prêteur n’étant tenu que par la responsabilité encourue
en cas de vices de la chose non révélés.

En effet, c’est sur l’emprunteur qu’il pèse une obligation de restitution de la chose prêtée en
nature ou par équivalent, indépendamment de l’augmentation ou de la diminution de son prix.
Le remboursement par équivalent n’est effectif que si la quantité et la qualité sont identiques à
celles du bien prêté.

A défaut, c’est la valeur du bien, au jour du remboursement, qui doit être acquittée.

Lorsque le terme fixé pour la restitution est dépassé, l’emprunteur doit devra des intérêts de
retard du jour de la sommation ou de la demande en justice.

- cas particulier du prêt d’argent

Selon l’article 542, lorsqu’il est stipulé avec intérêt, le prêt d’agent doit faire l’objet d’un contrat
écrit, visé par un notaire ou un fonctionnaire devant lequel à lieu la numération des deniers en
présence des parties. La violation de la disposition relative à l’écrit en cas de stipulation
d’intérêt entraîne la nullité absolue du contrat de prêt. Quant à la disposition sur le visa du
notaire ou du fonctionnaire, sa violation entraîne comme conséquence la diminution de la
valeur de l’écrit rédigé qui ne pourra valoir que comme commencement de preuve par écrit (le
juge sénégalais a eu cependant à preciser que l’article 542 ne s’appliquait pas au prêt accordé
par une banque qui obéit à une législation particulière : jugement TR Dakar du 21 mai 1988,
SGBS c/Younis, Revue EDJA n°11 page 30 et s.)

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