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Le contrat

Dr. BOUNAGUI
abdessadekbounagui@gmail.com
Le contrat comme source des obligations

L’examen du régime juridique du contrat,


suppose de définir la notion de contrat.
La notion de contrat

Le contrat peut être défini comme étant


« Un accord de deux ou plusieurs volontés en vue
de donner naissance à une obligation ».

Pour bien cerner la notion de contrat, il convient


de le distinguer des notions qui lui sont proches,
avant de rappeler les principales classifications
des contrats.
Distinction du contrat de notions
voisines
Contrat et engagement unilatéral de volonté
par l’engagement unilatéral de volonté, une
personne s’oblige par le seul fait qu’elle veut
bien l’être
(par exemple, une personne fait paraître dans un
journal une annonce par laquelle elle promet
une récompense à celui qui lui rapporterait tel
objet perdu).
Contrairement au contrat, il n’implique ni le
consentement de l’autre partie ni, donc, un
accord de volontés.
Contrat et engagement unilatéral de
volonté

L’intérêt de la distinction réside, entre autre, dans


le fait que, dans l’engagement unilatéral, il n’est
point question des vices du consentement qui
ne valent que pour le contrat
Contrat et acte de complaisance ou de
courtoisie

un acte de complaisance ou de courtoisie


implique certes un accord de volontés. Mais il
est fait sans l’intention de créer des obligations

(par exemple, une invitation lancée par une


personne et acceptée par une autre).
L’intérêt de la distinction

le régime juridique du contrat (conditions de


validité et conséquences juridiques) ne
s’applique pas à l’acte de complaisance ou de
courtoisie.
Contrat et engagement d’honneur ou
gentlemen’s agreement
par l’engagement d’honneur, les parties
s’engagent seulement à examiner sérieusement
la possibilité de créer entre elles un rapport
contractuel, sans assumer véritablement
l’obligation de parvenir à ce résultat.

comme l’acte de complaisance, dont il est


proche, l’engagement d’honneur n’est pas
soumis au régime juridique des contrats.
La classification des contrats

Deux séries de classifications sont


envisageables : celles fondés sur les conditions
de la formation du contrat et celles ayant pour
fondement le contenu du contrat.
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat
Contrat consensuels, contrats solennels et
contrats réels

Le contrat consensuel : est celui qui se forme


par le seul accord de volonté, sans que la loi
exige qu’il doive obéir à des conditions
particulières. Il constitue le principe, la plupart
des contrats étant des contrats consensuels
(vente, franchise, concession, etc.)
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat

Le contrat solennel : est celui pour la validité


duquel la loi exige que le consentement soit
donné en une certaine forme particulière qui
consiste le plus souvent en la rédaction d’un
acte écrit, notarié ou sous –seing privé.

(Exemples : contrat de société, contrat d’agent


commercial, contrat ayant pour objet la vente
d’immeuble, contrat de mariage, etc.)
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat

Le contrat réel : est celui dont la validité exige,


outre l’accord des parties, la remise de la chose
qui en constitue l’objet.

(exemples : le contrat de prêt à la consommation


qui suppose, pour être considéré comme
valable, la remise de la somme empruntée, Le
contrat de dépôt qui exige, pour être valable, la
remise de la chose objet du dépôt, etc.)
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat
Intérêt de la distinction :

• Le contrat consensuel est valable par le simple


accord des volontés ;
• Le contrat solennel est nul s’il n’obéit pas à la
forme (écrit) exigée ;
• Le contrat réel dans lequel il n’y a pas la remise
de la chose, n’est pas nul ; il est seulement
considéré comme constituant une promesse de
faire (promesse de prêter une somme d’argent
pour le contrat de prêt, par exemple).
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat

Contrats de gré à gré et contrats d’adhésion

Dans le Contrat de gré à gré : les parties discutent


librement et fixent d’un commun accord les
clauses de leur contrat : le prix, les conditions de
livraison,…
(Exemple : vente par un particulier d’une voiture
d’occasion).
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat
Dans un contrat d’adhésion : en revanche, les
clauses du contrat sont préétablies, c'est à dire
rédigées à l’avance par une partie, souvent un
professionnel, et imposées à l’autre, qui est le
consommateur.

Ce dernier ne peut qu’accepter ou refuser en bloc


le contrat.

C’est le cas le plus fréquent en pratique (Contrats


de transport, d’assurance, de prêt, etc.)
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat

Intérêt de la distinction : Les contrats d’adhésion


trouvent leur justification dans un déséquilibre du
rapport de force en faveur des professionnels.

Dés lors, ce contrat est souvent interprété (par la


jurisprudence) en faveur du consommateur (la partie
faible).
Dans le contrat de gré à gré, en revanche, aucune
partie n’est privilégiée.
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat

Contrats individuels et contrats collectifs

Le contrat individuel : est conclu entre deux ou


plusieurs personnes et ne produit d’effets qu’à
l’égard des parties qui ont négocié le contrat.
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat
Le contrat collectif : en revanche, est un contrat
qui, conclu entre deux ou plusieurs personnes,
produit des effets à l’égard d’autres personnes
qui n’ont pas participé à sa négociation.

Exemple, les conventions collectives de travail qui


sont négociées par les représentants des
salariés et des employeurs, mais qui s’imposent
à tous les employeurs et salariés de la branche
d’activité concernée, y compris ceux qui n’ont
pas donné leur accord, voire même qui étaient
contre l’accord.
Classifications fondées sur les
conditions de la formation du contrat

Intérêt de la distinction : dans le contrat


collectif, les conditions de validité du contrat
s’appliquent aux seuls parties ayant participé à
la négociation de ce contrat, même si les effets
de celui-ci s’appliquent à tous.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat
Contrats synallagmatiques et contrats
unilatéraux
La distinction
Le contrat synallagmatique : est le contrat dans
lequel les parties s’engagent réciproquement,
chacune d’elles ayant une obligation vis-à-vis de
l’autre.
Exemple : contrat de vente dans lequel le vendeur
a l’obligation de livrer la chose vendue alors que
l’acheteur assume l’obligation de payer le prix.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat
Dans le contrat unilatéral : en revanche, seule
une partie assume des obligations.

(Exemple : contrat de donation, dans lequel seul


celui qui donne /le donateur est obligé, la partie
qui reçoit/le donataire n’assumant aucune
obligation).
Dans ce cas, il s’agit bien d’un contrat, impliquant
l’accord des deux parties et non point un simple
engagement unilatéral. Mais seul un contractant
(Le donateur) assume des obligations.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat
Intérêt de la distinction :
Sur le plan de la preuve : Un contrat
synallagmatique doit être rédigé en autant
d’exemplaires qu’il y a de parties, alors que dans le
cas d’un contrat unilatéral un seul exemplaire suffit.
Sur le fond : le contrat synallagmatique impliquant
une interdépendance entre les obligations du
débiteur et du créancier, si un partie n’exécute pas
ses obligations l’autre partie peut cesser d’exécuter
les siennes (en application de la théorie dite de
l’ « exception d’inexécution ») ou demander la
résolution du contrat.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat
Contrats commutatifs et contrats aléatoires

La distinction

Le contrat commutatif : est le contrat dans lequel


les prestations mises à la charge des parties
ainsi que leur étendue sont connus et définis dés
la conclusion du contrat (exemple : vente d’un
immeuble pour un prix déterminé).
Classifications fondées sur le
contenu du contrat

Dans le contrat aléatoire : les prestations de l’une


des parties sont , quant à leur existence ou à
leur étendue, dépendantes d’un événement
incertain.
Exemple , le contrat d’assurance dans lequel la
prestation (couverture du risque) de l’assureur
dépend quant à son existence même, de la
réalisation du sinistre (incendie, vol, etc.).
Classifications fondées sur le
contenu du contrat

Intérêt de la distinction : La lésion, qui


correspond à un déséquilibre des prestations
constaté au moment de la conclusion, ne saurait
être invoquée dans les contrats aléatoires.

En effet, dans ce genre de contrats, les


prestations de l’une des parties au moins étant
indéterminées au moment de la conclusion, un
éventuel déséquilibre ne peut naître qu’au
moment de l’exécution.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat

La distinction

Le contrat est dit nommé : lorsqu’il est réglementé


par la loi (exemple : contrat de vente, de mandat,
de dépôt, de société,...).

Est dit innomé le contrat : qui n’est pas réglementé


par la loi (Contrat de franchise, de concession,
d’ingénierie, etc.).
Classifications fondées sur le
contenu du contrat

Intérêt de la distinction : faute de règles


juridiques, impératives ou supplétives, s’y
appliquant, un contrat innomé se révèle
beaucoup plus difficile à interpréter qu’un
contrat nommé.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat
La distinction
Le contrat instantané : est celui dans lequel les
prestations des contractants s’exécutent en un
seul trait de temps (exemple : vente, prêt).

Est à exécution successive le contrat : dans


lequel les prestations des parties s’exécutent
sur un laps de temps plus ou moins long
(exemples : contrat de bail, de travail).
Classifications fondées sur le
contenu du contrat

Intérêt de la distinction : dans les contrats à


exécution successive, l’annulation ou la résolution
du contrat, ne pouvant avoir un effet rétroactif, ne
jouent que pour l’avenir.
D’autre part, dans ces contrats seuls, se posent les
problèmes de l’incidence du temps sur le contrat,
autrement- dit de sa révision ou son adaptation
ultérieure aux changements de circonstances.
Classifications fondées sur le
contenu du contrat

Contrats à titre gratuit et contrats à titre


onéreux

Est à titre gratuit le contrat : dans lequel l’une


des parties entend procurer ou garantir un
avantage à l’autre sans rien recevoir en échange
Contrats à titre gratuit

Il peut s’agir d’un contrat unilatérale (Exemple : contrat


de donation dans lequel, seul le donateur procure
un avantage au cocontractant – le donataire) ou
synallagmatique

(Exemple : contrat de prêt sans intérêts, dans lequel


seul le prêteur procure un avantage au partenaire ;
l’emprunteur, bien qu’assumant une obligation -
remboursement du prêt, ne procure aucun avantage
au prêteur puisqu’il se contentera de lui rendre son
argent et ne lui paie pas d’intérêts).
le contrat à titre onéreux

chacune des parties recevra de l’autre un avantage


qui constitue l’équivalent de la prestation qu’elle
a fournie au cocontractant.

(Exemple : contrat de vente, dans lequel l’acheteur


procure au vendeur le prix, donc un avantage, et
il en va de même pour le vendeur qui livre une
marchandise à l’autre partie et donc lui procure
un avantage).
le contrat à titre onéreux

Contrairement au contrat à titre gratuit qui peut


être unilatéral ou synallagmatique, le contrat à
titre onéreux est toujours synallagmatique
puisque chacune des parties doit procurer à
l’autre un certain avantage, et donc assume une
obligation.
Intérêt de la distinction

-
Dans les contrats à titre gratuits, comme dans la
donation, par exemple, il n’y a pas de garantie
des vices cachés; laquelle garantie pèse, dans
le contrat de vente (qui est un contrat à titre
onéreux), sur le vendeur lui imposant, sous
certaines conditions, de remplacer la chose
vendue lorsque cette chose s’avère après la
conclusion du contrat - contenir un vice dont
l’acheteur ne s’est pas aperçu au moment où il
a conclu l’accord (qui était « caché »).

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