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Section 1 

: Les catégories d’actes juridiques

§ 1 : La taxinomie1 des actes juridiques

Il existe trois sortes d’actes juridiques :

- les actes juridiques unilatéraux


- les actes juridiques bilatéraux ou multilatéraux : contrats ou conventions
- les actes juridiques collectifs

A. Les actes juridiques unilatéraux

La manifestation d’une seule volonté peut produire des effets juridiques.

Selon M. Egea et Mme Tranchant, les effets juridiques sont variables selon
l’acte unilatéral en cause. Selon les mêmes auteurs, ils consistent soit dans la
création d’obligations soit dans d’autres effets :

- transmission de droits (testament)


- renonciation à un droit (renonciation à une succession) 1
- simple déclaration : l’aveu, reconnaissance d’enfant naturel2

Les autres actes unilatéraux créent des obligations : une personne peut
s’engager seule en manifestant par exemple une offre de contracter ou une
promesse de récompense à qui retrouvera son chien3.

B. Les actes juridiques bilatéraux : les contrats

Avec l’ordonnance du 10 février 2016, la notion de contrat se substitue à celle


de convention. Il en résulte que le législateur a une conception beaucoup plus
large du contrat qu’auparavant. En effet, il constituait avant l’ordonnance du
10 février 2016 une catégorie de convention. Selon l’article 1101 du code civil :
« Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes
destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations.  ». Comme les
conventions, le contrat comprend les accords de volonté destinés :
- à créer des obligations
- modifier des obligations
1
C’est un synonyme de classification.
2
L. Tranchant, V. Egea, Droit civil, Les obligations, Les mémentos Dalloz, Dalloz, 23e éd., p. 12.
3
En ce sens, L. Tranchant, V. Egea, op. cit.

Auteur : Sébastien JAMBORT


- transmettre des obligations : exemple de la cession de créance qui est très
pratiquée dans le milieu bancaire
- ou éteindre des obligations : exemple de la remise de dette. Par la remise de
dette le créancier décharge le débiteur de son obligation de le rembourser la
somme d’argent qu’il lui devait par exemple.

Etymologiquement, contrat vient du latin contrahere qui signifie rassembler.

C. Les actes juridiques collectifs

Les actes juridiques collectifs sont moins étudiés que les actes juridiques
précédents. C’est aussi une catégorie d’actes plus complexe. Les actes
juridiques collectifs présentent la particularité de s’appliquer non seulement
aux parties qui les ont conclus mais également à des tiers4.

- Pour les personnes morales comme les sociétés : les décisions prises à la
majorité des associés constituent des actes collectifs car elles sont opposables
aux associés, c’est-à-dire qu’elles s’appliquent à tous les associés.

- Actes conclus par des représentants d’un groupe et qui s’imposent à leurs
membres (ex : les conventions collectives du travail conclues entre les 2
employeurs et les syndicats s’appliquent à tous les salariés même à ceux qui ne
sont pas adhérents d’un syndicat)

§ 2 : Les classifications des contrats

Le code civil procède à diverses classifications, qui outre l’aspect académique,


présentent de nombreux intérêts pratiques.

A. Distinction entre les contrats nommés et les contrats innommés

Contrat nommé : la loi définit les règles applicables à ce contrat de manière


spécifique : (ex : le contrat de vente, le contrat de bail, le contrat de société, le
contrat de mandat, le contrat de prêt)

Contrat innommé : la loi ne prévoit pas de règles spécifiques applicables à ce


contrat (contrat de déménagement, contrat de sponsoring, contrat de
photographie)
4
En ce sens, L. Tranchant, V. Egea, op. cit.

Auteur : Sébastien JAMBORT


Article 1105 du code civil 
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Les contrats, qu'ils aient ou non une dénomination propre, sont soumis à des règles
générales, qui sont l'objet du présent sous-titre.
Les règles particulières à certains contrats sont établies dans les dispositions propres à
chacun d'eux.
Les règles générales s'appliquent sous réserve de ces règles particulières.

B. Distinction entre les contrats synallagmatiques et les contrats unilatéraux

Article 1106 du code civil 


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Le contrat est synallagmatique lorsque les contractants s'obligent réciproquement les uns
envers les autres.
Il est unilatéral lorsqu'une ou plusieurs personnes s'obligent envers une ou plusieurs autres
sans qu'il y ait d'engagement réciproque de celles-ci.

Contrat synallagmatique : contrat comportant un engagement réciproque des


deux parties. 3
Exemple : dans le contrat de location d’un bien immobilier, le bailleur s’engage
notamment à délivrer au locataire le logement en bon état d'usage et de
réparation et le locataire à payer le loyer.

Contrat unilatéral : une seule personne s’oblige envers une ou plusieurs autres
sans qu’il y ait d’engagement réciproque
Exemple : Dans le contrat de donation, le donateur s’oblige envers le donataire
à délivrer la chose donnée sans qu’il y ait d’engagement réciproque du
donataire. Dans le contrat de prêt, seul l’emprunteur s’oblige envers le prêteur
à restituer l’objet.

Enjeux de la distinction :

- dans un contrat synallagmatique si une partie ne respecte pas son


engagement, l’autre partie peut refuser d’exécuter sa propre obligation, c’est
ce que l’on appelle l’exception d’inexécution. L’autre partie peut également
demander la résolution du contrat, c’est-à-dire l’anéantissement du contrat.

- les contrats synallagmatiques doivent être établis en autant d’originaux qu’il y


a de parties ayant un intérêt distinct (exemple du bail d’habitation établi en

Auteur : Sébastien JAMBORT


plusieurs exemplaires) alors que pour les contrats unilatéraux un seul
exemplaire suffit.

Article 1375 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4
L'acte sous signature privée qui constate un contrat synallagmatique ne fait preuve que s'il a
été fait en autant d'originaux qu'il y a de parties ayant un intérêt distinct
, à moins que les parties ne soient convenues de remettre à un tiers l'unique exemplaire
dressé.
Chaque original doit mentionner le nombre des originaux qui en ont été faits.
Celui qui a exécuté le contrat, même partiellement, ne peut opposer le défaut de la pluralité
d'originaux ou de la mention de leur nombre.
L'exigence d'une pluralité d'originaux est réputée satisfaite pour les contrats sous forme
électronique lorsque l'acte est établi et conservé conformément aux articles 1366 et 1367, et
que le procédé permet à chaque partie de disposer d'un exemplaire sur support durable ou
d'y avoir accès.

Article 1376 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4
4
L'acte sous signature privée par lequel une seule partie s'engage envers une autre à lui payer
une somme d'argent ou à lui livrer un bien fongible ne fait preuve que s'il comporte la
signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la mention, écrite par lui-même, de
la somme ou de la quantité en toutes lettres et en chiffres. En cas de différence, l'acte sous
signature privée vaut preuve pour la somme écrite en toutes lettres.

C. Distinction entre les contrats à titre onéreux et les contrats à titre gratuit

Article 1107 du code civil 


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2

Le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit de l'autre un avantage en
contrepartie de celui qu'elle procure. 
Il est à titre gratuit lorsque l'une des parties procure à l'autre un avantage sans attendre ni
recevoir de contrepartie.

Il n’est point besoin de revenir sur les définitions tant l’article 1107 du code
civil est clair.

Auteur : Sébastien JAMBORT


Enjeux de la distinction : Les règles sont plus rigoureuses pour les contrats à
titre gratuit comme les donations. Il faut respecter des règles de forme et de
capacité.
Selon M. Egea et Mme Tranchant, pour les actes à titre gratuit, «  la
responsabilité du débiteur de l’obligation est appréciée moins sévèrement que
lorsqu’il a droit à une contrepartie »5. Un proverbe illustre bien cela : « A cheval
donné, on ne regarde pas les dents ».
D. Distinction entre les contrats commutatifs et les contrats aléatoires
Article 1108 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s'engage à procurer à l'autre un
avantage qui est regardé comme l'équivalent de celui qu'elle reçoit.
Il est aléatoire lorsque les parties acceptent de faire dépendre les effets du contrat, quant
aux avantages et aux pertes qui en résulteront, d'un événement incertain.

Le contrat de vente est l’exemple du contrat commutatif.


Le contrat d’assurance et le contrat de pari sont des contrats aléatoires car les
effets du contrat vont dépendre d’un événement incertain tel que la survenue 5
d’un accident ou d’un incendie ou le nombre de buts marqué par une équipe.

Enjeux de la distinction : Pour les contrats commutatifs, il est possible d’agir en


rescision pour lésion, c’est-à-dire en nullité de l’acte lésionnaire ou demander
au juge de « rééquilibrer »6 le contrat (ex : réduction des honoraires)7. Dans les
contrats aléatoires, il ne peut pas y avoir de lésion du fait de l’existence d’un
aléa. Une illustration peut être fournie avec la vente d’immeuble avec rente
viagère. La date du décès de la personne qui a vendu sa maison en viager étant
impossible à connaître, il ne peut pas y a voir de lésion ni pour le vendeur ni
pour l’acheteur en viager.
E. Distinction entre les contrats consensuels, solennels et réels

Article 1109 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2

Le contrat est consensuel lorsqu'il se forme par le seul échange des consentements quel qu'en soit le mode
d'expression.

Le contrat est solennel lorsque sa validité est subordonnée à des formes déterminées par la loi.

5
En ce sens, L. Tranchant, V. Egea, op. cit., p. 18
6
A. Bénabent, droit des obligations, LGDJ, 17e éd., n° 191, p. 159.
7
Ibid.

Auteur : Sébastien JAMBORT


Le contrat est réel lorsque sa formation est subordonnée à la remise d'une chose.

Enjeux de la distinction : Un contrat solennel comme le contrat de mariage qui


ne respecterait pas la forme prévu par la loi serait nul.
Un contrat réel comme le prêt, dans lequel la chose ne serait pas remise serait
nul.
F. Distinction entre les contrats de gré à gré et les contrats d’adhésion
Article 1110 du code civil
Modifié par LOI n°2018-287 du 20 avril 2018 - art. 2
Le contrat de gré à gré est celui dont les stipulations sont négociables entre les parties.
Le contrat d'adhésion est celui qui comporte un ensemble de clauses non négociables,
déterminées à l'avance par l'une des parties.

Exemples de contrats d’adhésion : contrats de téléphonie mobile ou contrat de


fourniture d’accès à internet

Enjeux de la distinction :
Article 1190 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
6
Dans le doute, le contrat de gré à gré s'interprète contre le créancier et en faveur du
débiteur, et le contrat d'adhésion contre celui qui l'a proposé .

G. Distinction entre le contrat cadre et les contrats d’application

Article 1111 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Le contrat cadre est un accord par lequel les parties conviennent des caractéristiques
générales de leurs relations contractuelles futures. Des contrats d'application en précisent
les modalités d'exécution.

Exemple : une compagnie pétrolière conclut un contrat-cadre de distribution


avec un pompiste, (les règles de détermination du prix sont fixées dans le
contrat cadre). Le contrat cadre donnera lieu à des contrats d’application, dans
notre exemple à des contrats de vente, à chaque réapprovisionnement du
pompiste.

H. Distinction entre les contrats à exécution instantanée et les contrats à


exécution successive

Auteur : Sébastien JAMBORT


Article 1111-1 du code civil
Créé par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Le contrat à exécution instantanée est celui dont les obligations peuvent s'exécuter en une
prestation unique.
Le contrat à exécution successive est celui dont les obligations d'au moins une partie
s'exécutent en plusieurs prestations échelonnées dans le temps.

La vente est un contrat à exécution instantanée alors que le contrat de travail


est à exécution successive.

Enjeux de la distinction :
Dans les contrats à exécution instantanée, en cas d’inexécution par une des
parties, les parties doivent restituer l’intégralité de leurs prestations.
Dans les contrats à exécution successive, en cas d’inexécution par une des
parties, l’annulation ou la résiliation du contrat ne vaudra que pour l’avenir.

Auteur : Sébastien JAMBORT

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