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REVUE JURIDIQUE DE L’ETUDIANT BURKINA FASO

Uni
BURKINABE(RJEB) té - Progrès - Justice

Tel :70 95 54 66/66 06 02 51

EXPOSE SUR LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

AUTEUR :MONSIEUR OUEDRAOGO AIME

ETUDIANT EN MASTER II, DROIT PUBLIC FONDAMENTAL A


L’UNIVERSITE PRIVEE DE OUAGADOUGOU(UPO)

25 Octobre 2019

SOMMAIRE

Introduction………………………………………………………………… …………..…2

I -Le cadre institutionnel et juridique de la lutte contre la corruption……………………..3

UNE INITIATIVE AU SERVICE DE LA RECHERCHE EN AFRIQUE


II -les mesures de lutte contre la corruption……………………………………………….5

III -L’effectivité des mesures…………………………………………………….………7

Conclusion………………………………………………………………………………..9

UNE INITIATIVE AU SERVICE DE LA RECHERCHE EN AFRIQUE


INTRODUCTION

« La corruption est un mal insidieux dont les effets sont aussi multiples que délétères. Elle
sape la démocratie et l’état de droit, entraine des violations des droits de l’homme, fausse le
jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité
organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’humanité… » disait Kofi
Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, avant-propos de la convention UN contre la
corruption 31/10/2003.

La corruption peut se définir comme l’agissement par lequel une personne investie d’une
fonction déterminée, publique ou privée, sollicite ou accepte un don, une offre ou une
promesse en vue d’accomplir, retarder ou omettre d’accomplir un acte entrant, d’une façon
directe ou indirecte, dans le cadre de ses fonctions.1

De cette définition, il ressort que la corruption implique donc la violation, par le coupable,
des devoirs de sa charge. =

Le droit pénal français et burkinabé distingue deux types de corruption. Il s’agit de la


corruption active et la corruption passive. La corruption passive c’est lorsqu’une personne
exerçant une fonction publique, profite de cette fonction en sollicitant ou en acceptant des
dons, promesses ou avantages en vue d’accomplir ou de s’abstenir d’accomplir un acte de sa
fonction. C’est le corrompu.

Par contre la corruption active c’est lorsqu’une personne physique ou morale obtient ou essai
d’obtenir, moyennant des dons, promesses ou avantages, d’une personne exerçant une
fonction publique, qu’elle accomplisse ou retarde ou s’abstienne d’accomplir ou de retarder
un acte de sa fonction ou un acte facilité par elle. Le tiers reçoit le nom de corrupteur.
Cette distinction laisse entrevoir deux infractions, certes complémentaires, mais distinctes et
autonomes. Elles personnes auteurs de ces agissements peuvent être poursuivies et jugées
séparément, d’autant plus que la répression de l’une n’est nullement subordonnée à la
sanction de l’autre.
Au regard du fait que la corruption constitue un réel handicap pour le développement d’un
pays . C’est ce qui explique les pouvoirs publics ne cessent d’envisager des voies et moyen
pour l’éradiquer. Dans certains pays comme le Burkina Faso la lutte contre la corruption fait
partie de la politique des gouvernants conscients de l’ampleur du mal qu’elle représente.

1
Définition donnée par le lexique des termes juridiques

UNE INITIATIVE AU SERVICE DE LA RECHERCHE EN AFRIQUE


Il est dès lors intéressant de se pencher sur la lutte contre la corruption au Burkina Faso.
La lutte contre la corruption est une action forte de l’Etat dans le but de garantir une
transparence dans le fonctionnement des institutions publiques et privées et dans la gestion de
l’économie nationale.

L’étude sur cette thématique présente un intérêt à plusieurs titres. Son intérêt est à d’ordre
Scientifique en ce que la réflexion pourrait permettre d’appréhender l’organisation juridique
de l’Etat en matière de lutte contre la corruption. Son intérêt n’est pas que théorique. En effet,
il est aussi pratique dans la mesure où à travers cette étude constitue on comprendrait mieux
les moyens et mécanismes de sa répression et les efforts participatifs des différents acteurs
dans le cadre de cette lutte.

De ce qui précède, se dégage la question suivante : Comment est organisée la lutte contre la
corruption au BURKINA FASO ? Autrement dit, par quel moyen d’actions l’Etat burkinabé
combat-il la corruption dans la fonction publique ?

Afin de mener à bien cette réflexion, nous avons opté pour une approche analytique de la
situation. L’exposé des mécanisme ou cadres (I) de la lutte contre la corruption, nous conduira
à apprécier l’effectivité de cette lutte (III), cela après avoir fait état des mesures de sanctions
ses actes de corruptions (II).

I -LES MECANISMES DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

Au titre de ces mécanismes, il y a d’une part le cadre normatif A) et d’autre part, le cadre
institutionnel(B).

A -LE CADRE NORMATIF

Le législateur burkinabé encadre le phénomène de la corruption par la loi N°004-2O15/CNT.


Cet encadrement répond aux exigences de la convention des Nations Unies contre la
corruption du 31 octobre 2003.Cette convention a été ratifiée par le Burkina Faso le 10
octobre 2006.

Elle a pour objet de :

-promouvoir et renforcer les mesures visant à prévenir et combattre la corruption de manière


plus efficace ;

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-promouvoir, faciliter et appuyer la coopération internationale et l’assistance technique aux
fins de la prévention de la corruption et de la lutte contre celle-ci, y compris le recouvrement
des avoirs ;

-promouvoir l’intégrité, la responsabilité et la bonne gestion des affaires publiques et des


biens publics. (Art 1er CNUCC).

L’article 5 de cette convention dit que :« Chaque partie élabore et poursuit, conformément
aux principes fondamentaux de son système juridique, des politiques de prévention de la
corruption efficaces et coordonnées qui favorisent la participation de la société et reflètent
les principes d’état de droit, de bonne gestion d’affaires publiques et de biens publics,
d’intégrité, de transparence et de responsabilité ».

Par ailleurs, le Burkina Faso s’est doté d’une Loi relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme. Il s’agit de la Loi N°016-2016. On note aussi la
loi N°082-2015 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’autorité
supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC).

B -LE CADRE INSTITUTIONNEL

La lutte contre la corruption est une affaire de tous. C’est ainsi que des initiatives privées
accompagnent l’Etat dans ce combat. Il y a donc des institutions publiques et privées chargées
de lutter contre le phénomène de la corruption dans notre Pays. Au titre des institutions
publiques, il y a lieu de faire cas d’une part de l’Autorité Supérieure du Contrôle d’Etat et de
Lutte contre la Corruption (ASCE/LC). Concernant les initiatives privées on peut citer à titre
illustratif le Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC).

-L’ASCE-LC

« L’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte Contre la Corruption est l’organe


suprême de contrôle administratif interne et de lutte contre la corruption. Elle assure la mise
en œuvre de la politique nationale de lutte contre la corruption »2. Ses attributions sont aussi
bien générales que spécifiques. Les attributions générales sont énumérées aux articles 5 et 6
de la loi 082-2015.En effet, aux termes de ces dispositions, l’ASCE LC a pour attributions
générales :« La prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées en vue
2
Article 2 de la loi_82-2015.

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de promouvoir l’intégrité et la probité dans la gestion des secteurs publics, et privés, et la
société civile. Elle a également en charge le contrôle des services publics en vue de garantir
le respect des textes législatifs et règlementaires, de même que l’optimisation des
performances desdits services »3. Elle assure la coordination et la tutelle technique des
organes administratifs de contrôle interne et de lutte contre la corruption et les infractions
assimilées.4

Relativement aux attributions spécifiques de L’ASCE LC, notons qu’elles sont énumérées aux
articles 7 à 11.

Qu’en est-il du REN-LAC ?

-Le REN-LAC

A côté de l’ASCE/LC, il y a le Réseau National de Lutte Anti-corruption (REN-


LAC). Suivant l’article 3 du statut du REN-LAC, il est « une organisation non
gouvernementale, indépendante, apolitique, non partisane et sans but lucratif. Il est la
contribution de la société civile à la lutte contre la corruption au Burkina Faso »5. Le
préambule de son statut fait une référence suffisante aux instruments des Nations Unies,
notamment à la résolution 51/59 du 12 décembre 1996 de l’Assemblée Générale des Nations
Unies relative à la lutte contre la corruption, mais aussi aux textes sous-région aux tel que la
déclaration de Dakar du 21 au 23 juillet 1997 sur la « nécessité de la mise en œuvre d’actions
nationales et régionales efficaces contre la corruption en raison des effets particulièrement
néfastes qu’elle fait peser sur les institutions démocratiques, et le maintien de l’Etat de droit
et le développement ».
La vision du REN-LAC est l’avènement d’une société burkinabé engagée, dans son ensemble,
pour la défense et la promotion de la bonne gouvernance 6. Sa mission est d’œuvrer pour la
garantie de la bonne moralité et la transparence dans la gestion de la chose publique 7.
L’objectif général du REN-LAC est de « contribuer à l’éradication de la corruption au
Burkina Faso » .Pour ce faire, il s’est fixé des objectifs spécifiques que sont :
-mener des campagnes de sensibilisation sur le phénomène de la corruption par l’organisation

3
Article 5 idem
4
Article 6
5
Ce statut a été amendé et adopté par la 13ème Assemblée Générale ordinaire tenue le 10 mai 2013.

6
Article 4 du statut du REN-LAC, 2013.
7
Article 5 du statut du REN-LAC, 2013

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de journées de réflexions, séminaires, conférences, et par des publications 8 ;
-donner son avis sur tout dossier relatif à la corruption, faire des propositions de mesures à
prendre, suivre leur application effective et en faire publicité dans un but éducatif ;
-contribuer à la prise par l’Etat de mesures visant à combattre les actes de la corruption dans
les transactions commerciales nationales et internationales ;
-engager toute action visant à la lutte contre la corruption.

Que dire des mesures de la lutte anti-corruption ?

II- LES MESURES DE LUTTES CONTRE LA CORRUPTION

Les mesures de lutte contre les actes de corruption sont d’une part des mesures
préventives(A) et d’autre part des mesures répressives (. B) des actes de corruption.

A -LES MESURES PREVENTIVES

Le titre II de la loi anti-corruption 9 consacre en des différentes étapes, des mesures


préventives de lutte contre la corruption dans les secteurs public et privé.

D’abord, un Code de conduite des agents publics est établi en vue de prévenir les actes de
corruptions. Ce Code prône la transparence et le recours à des procédures appropriées dans le
système de recrutement et la gestion des agents de la fonction publique en obligeant
l’employeur à tenir compte des principes d’intégrité, d’honnêteté, de responsabilité,
d’efficacité, de transparence et de redevabilité et les critères objectifs tels que le mérite,
l’équité et l’aptitude à occuper l’emploi postulé (article 4 de la loi 004-2015). Aussi, l’article
6 de la même loi règle la question des conflits d’intérêts entre l’intérêt privé de l’agent et
l’intérêt public. A ce titre, il est dit que :« lorsque les intérêts privés d’un agent public
coïncident avec l’intérêt public et sont susceptibles d’influencer l’exercice normal de ses
fonctions, il lui est fait obligation d’informer son supérieur hiérarchique qui prend des
mesures nécessaires pour préserver l’intérêt général ».

8
Sur ce point ,l faut remarquer à cet effet que le REN LAC œuvre à une conscientisation des
masses à travers des actions concrètes d'éducation de la société ,notamment des émissions
téléradio phoniques, des concours du REN-Lac au profit Des enfants...

9
Loi 004-2015/CNT du 03 mars 2015 portant prévention et répression de la corruption au BURKINA FASO

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Ensuite, la loi institue la déclaration d’intérêt et de patrimoine obligatoires pour certaines
catégories de personnalités et de fonctionnaires. En effet, l’article 8 oblige la réalisation de
« déclaration périodique d’intérêt et de patrimoine pour certaines catégories de hautes
personnalités et de hauts fonctionnaires dans le but de promouvoir la transparence dans
l’exercice des fonctions publiques, de garantir l’intégrité des serviteurs de l’Etat et d’affermir
la confiance du public envers les institutions ». Les personnes soumises à cette obligation de
déclaration sont énumérées à l’article 13. Il s’agit, notamment des membres du pouvoir
exécutif, du pouvoir législatif, du pouvoir judiciaire, des autres institutions publiques 10,ainsi
que les responsables des organisations des sociétés civiles. Il leur est également fait obligation
de déclaration de dons, de cadeaux et autres avantages en natures, à partir d’un seuil fixé,
reçues dans l’exercices de leurs fonctions 11 .Toutefois, l’article 12 précise dans ce cas que
l’ASCE-LC communique les informations qu’elle détient, sur requête motivée au président du
parlement, à la commission de la conciliation nationale et des reformes, aux officiers de
polices judiciaires aux cours et tribunaux, aux institutions de l’Etat chargées de la protection
des biens publics et de la répression du blanchiment d’argent dans les cas où une poursuite est
engagée pour enrichissement illicite. Il y a un délai imparti pour chaque déclarant 12.

Si l'Autorité supérieure de contrôle d’Etat observe une augmentation significative non


justifiée du patrimoine du déclarant, elle met celui-ci en demeure par lettre recommandée
avec accusé de réception à produire les justifications y relatives. Si la personne concernée ne
s’exécute pas dans le délai de trente jours, l'Autorité supérieure de contrôle d’Etat transmet
son dossier à l'instance de poursuite compétente aux fins de droit13.

En outre, pour la transparence dans la relation avec le public, il est fait obligation aux
institutions, administrations et organismes publics, de rendre publiques et accessibles les
informations sur le processus décisionnel de l’administration, de simplifier les procédures, de
motiver leurs décisions et de toujours respecter le délai face aux requêtes des citoyens 14Le
contrôle est aussi étendu aux dirigeants des sociétés ou personnes exerçant le pouvoir de
directeurs dans une société.15

10
Cela concerne les premiers responsables.
11
Article 31 .

12
Article 14
13
Article 27.
14
Article 34.
15
Article 35.

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Les sociétés civiles participent à la prévention et à la lutte contre la corruption, (article 40).
L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat assure le suivi et l’évaluation des mesures
préventives des actes de corruption et des infractions connexes prévues par la présente loi. A
cet effet, elle fait dans son rapport annuel d’activités le point de la mise en œuvre et formule
les recommandations nécessaires à l’effectivité des mesures prévues, (art 41).

B -LA REPRESSION DE LA CORRUPTION

Le TITRE III de la loi 004-2015/CNT comporte les incriminations des sanctions, des actes de
corruption et de procédure. Seules les incriminations des sanctions des actes de corruptions
prévues au chapitre 1 dudit Titre nous intéresse ici.
Dans cette Loi, plusieurs actes ou comportements des agents publics, nationaux ou étrangers
sont qualifiés d’actes de corruptions et sanctionnés en tant que tels par la loi. Entre autres ;

D’abord, l’Article 42 puni d’une peine d’emprisonnement de deux ans et d’une amande égale
au double de la valeur des promesses agréées, des avantages indus ou des choses reçues ou
demandées sans que ladite amende soit inférieure à deux millions (2000 000) F CFA :
- quiconque promet, offre ou accorde à un agent public, directement ou indirectement un
avantage indu, soit pour lui-même ou pour une autre personne ou entité, afin qu’il
accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte dans l’exercice de ses fonctions ;
- tout agent public qui sollicite ou accepte, directement ou indirectement, un avantage indu,
pour lui-même ou pour une autre personne ou entité, afin d’accomplir ou de s’abstenir
d’accomplir un acte relevant de ses fonctions (la corruption passive pour le corrompu et la
corruption active commise par corrupteur), (article 42).
Ensuite, pour ce qui est des avantages injustifiés dans la commande publique, Est puni d’un
emprisonnement de cinq ans à dix ans et d’une amende de deux millions (2 000 000) à dix
millions (10 000 000) de francs CFA (article 43) :

-tout agent public qui passe, vise ou révise un contrat, une convention, une commande
publique ou un avenant en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur
en vue de procurer à autrui un avantage injustifié,

-tout commerçant, industriel, artiste ou artisan, entrepreneur du secteur privé ou en général,


toute personne physique ou morale qui passe, même à titre occasionnel, un contrat ou une
commande publique avec l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements ou
organismes de droit public et les sociétés d’Etat en mettant à profit l’autorité ou l’influence

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des agents des organismes précités pour majorer les prix qu’ils pratiquent normalement et
habituellement ou pour modifier, à leur avantage, la qualité des denrées ou des prestations ou
les délais de livraison ou de fourniture, (article 43).
Toutefois, il y a des circonstances aggravantes, et, mais aussi des cas d’exemptions et
d’atténuation des peines.
Pour les circonstances aggravantes, l’article 80 dispose : « Si l’auteur d’une ou de plusieurs
infractions prévues par la présente loi est magistrat, fonctionnaire exerçant une fonction
supérieure de l’Etat, officier public, membre de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat,
officier, agent de la police judiciaire ou ayant des prérogatives de police judiciaire ou
greffier, il encourt une peine d’emprisonnement de cinq ans à dix ans assortis de la même
amende prévue pour l’infraction commise ».
Pour le cas de l’atténuation des peines, l’article 81 de cette loi dit que « Bénéficie d’une
excuse absolutoire dans les conditions prévues au code pénal, toute personne auteur ou
complice d’une ou de plusieurs infractions prévues par la présente loi, qui, avant toute
poursuite, révèle une infraction aux autorités administratives ou judiciaires ou aux instances
concernées et permet d’identifier les personnes mises en cause. Hormis le cas prévu à
l’alinéa précédent, la peine maximale encourue par toute personne auteur ou complice de
l’une des infractions prévues par la présente loi, qui, après l’engagement des poursuites,
facilite l’arrestation d’une ou de plusieurs autres personnes en cause, est réduite de moitié ».

L’intérêt de réfléchir sur les mécanismes de lutte contre la corruption est moins de faire une
exposition du cadre normatif et institutionnel mis en place que de s’imprégner de leurs
effectivités(III).

III- EFFECTIVITE DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ?

A -DES EFFORTS APPRECIABLES


La lutte contre la corruption dans notre pays a connu des points forts.
En effet, selon le rapport du Secrétariat des Nations Unies sur l’examen de l’application de
la convention contre la corruption16 rendu le 17 janvier 2018, le Burkina Faso fait des efforts
dans l’applications des textes aussi bien nationaux qu’internationaux entrant dans le cadre de
la lutte contre la corruption. Il ressort du résumé analytique de ce rapport, des succès et de

16
Convention des nations unies contre la corruption du 31 décembre 2003, ratifié par le Burkina Faso le 10
octobre 2006.

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bonnes pratiques fortement appréciées et appréciables. Au titre de ces efforts, on peut relever
entre autres :
-le budget autonome de l’ASCE/LC, qui ne doit pas être inférieur à 0,1% du budget
national (art6)17
-la participation de l’ASCE/LC à des évaluations par les pairs (article 6)
-l’obligation des administrations de faire apparaitre dans l’appel à candidature les
principes d’intégrité, d’honnêteté, de responsabilité, d’efficacité et de transparence (art 7)
-le fait que la société civile et le secteur privé siègent à l’ASCE/LC et l’ARCOP 18 (art 10
et 13)
-l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information (art 10 et 13).
Toutefois ces efforts ne suffissent guerre pour éradiquer le mal car des obstacles se dressent
toujours devant cette lutte. Il convient donc de relever ces obstacles(B).

B -DES OBSTACLES A LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION


Avant d’invoquer les obstacles à proprement parlé, passons en revue quelques rapports qui
témoignent la persistance du phénomène de la corruption.
Le 4 janvier passé, l’ASCE-LC a remis son rapport de l’audit n-1 de la gestion 2017, celui
du contrôle de 2016 et le rapport annuel d’activité de l’ASCE-LC au président du FASO. Il
ressort de ces documents que les indicateurs de bonne gouvernance des deniers publics sont
en chute. Il ressort ainsi que les montants cumulés des détournements et manquants de caisse,
des dépenses sans pièces justificatives et entre autres malversations sont passés de plus de 31
milliards en 2015 à 7,6 milliards en 2016 pour grimper à plus de 10 milliards de FCFA en
2017. A côté de ces rapports de l’ASCE-LC, il y a ceux du REN-LAC de 2018 qui laisse
toujours entrevoir le phénomène grimpant de la corruption. En effet, le rapport 2017 du REN
LAC sur l’état de la corruption relève qu’ « âpres deux ans du premier mandat
constitutionnel de Rock Marc Cristian Kabore, la politique de tolérance zéro contre la
corruption promise par le chef de l’Etat est loin d’avoir produit l’effet escompté... »19.Dans ce
rapport le REN LAC constate qu’ « Après avoir amorcé une baisse depuis 2015, la fréquence
de la corruption reconnue par les citoyens est en augmentation en 2017 pour la majorité des
enquêtés. Seulement 36,6% de répondants pensent que la corruption a régressé en 2017,

17
Loi 082-2015/CNT
18
La participation de l’Autorité de régulation de la commande publique se justifie par le fait que c’est elle qui
veille en premier lieu à la transparence dans les procédures de passation et d’exécution des marchés publics.
19
Ce rapport a été publié le mardi 18 juillet 2018.

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contre 51,9% en 2016 ». Le rapport indique que la police municipale occupe le premier rang
des services publics perçus par les citoyens comme les plus corrompus. Les services de la
police sont suivis respectivement de la douane, de la Direction Générale du transport terrestre
et maritime (DGTTM) de la gendarmerie nationale et de l’enseignement secondaire pour les
cinq premiers du classement. L’année 2017 aussi a été marquée par de nombreux cas de
crimes économiques dont la plupart des dénonciations dans la presse n’ont pas connu de
sanctions pénales ou disciplinaires. On peut dès lors au regard de ces données se poser la
question de s’avoir ce qui entrave réellement la lutte contre la corruption.

La lutte contre la corruption n’est pas un combat à prix forfaitaire. Des obstacles existent et
rendent ainsi cette lutte assez compliquée.
D’abord, « ce laisser-aller à l’inobservance des règles de gestion est la traduction du
sentiment, au sein de l’administration que les pratiques de corruption ne sont pas des
opérations à risque du fait du manque de sanctions dissuasives et de l’impunité ambiante »20.
Par-là, le contrôleur général de l’Etat, relève l’impunité comme un obstacle majeur à la lutte
effective contre la corruption.
L’impunité est la résultante des faiblesses des dispositifs mis en place21.
Que faire donc ?

C-QUELQUES PROPOSITIONS
Pour combattre avec brio la corruption dans notre pays, l’ASCE LC suggère à la présidence
du Faso l’élaboration de « manuels de procédures pour encadrer et sous-tendre l’action de
l’administration. En effet, leur absence laisse la porte ouverte à une gestion informelle ». En
marge de cette mesure, il faudrait également travailler à l’éveil de conscience nationale par la
sensibilisation à la base, le rappel des valeurs patriotiques ainsi que les devoirs de citoyenneté.
Aussi, une décentralisation effective des institutions de lutte contre la corruption serait un
atout. En effet, il est nécessaire que l’ASCE LC ait ses représentations régionales et
provinciales de l’ASCE-LC. Cela rapprocherait le contrôlé du contrôleur.

Par ailleurs , il faudrait travailler au renforcement du cadre juridique par de nouvelles mesures
de préventions telles que : l’élargissement des compétences de l’ASCE-LC ,lequel devrait

20
Luc Marius IBRIGA contrôleur général de l’Etat.
21
Il s’agit en l’occurrence des dispositifs de gestions de la commande publique, des comptes de dépôts, des
régies d’avance et du carburant et lubrifiants de même que des irrégularités récurrentes

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principalement se traduire par la reconnaissance à celle-ci un pouvoir de saisie et de
perquisitions.

Pour finir ,la lutte contre la corruption étant une affaire de tous, il faut permettre l’accès aux
rapports des institutions de la lutte anti-corruption afin d’encourager le bon comportement du
citoyen :la dénonciation des mauvais actes de corruption.

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CONCLUSION

La lutte contre la corruption est une dure épreuve. En dépit de son arsenal juridico-
institutionnel, le BURKINA FASO peine à trouver le chemin d’un véritable succès face à ce
phénomène grandissant. Exprimé dans des rapports des institutions publiques et privées mises
en place pour cette cause, le phénomène de la corruption semble traduire en arrière-plan une
réalité d’ordre sociologique. Le corrupteur et le corrompu sont tous conscients du caractère
criminel de leurs actes. Il s’agit en effet d’une mentalité officieusement développée par toutes
les couches de la société, du président jusqu’au paysans, du patriarche jusqu’au « fœtus dans
le ventre de sa mère », du plus croyant au plus athée. En effet , tous respirent la corruption.
Peut-être à des rythmes variés. Il convient donc de comprendre que la lutte contre ce
phénomène ne saurait se faire avec uniquement des normes ou des mesures si bien
rigoureuses qu’elles soient. Le droit a besoin ici, d’être en fervente compagnie de la
sociologie. Il faut une éducation populaire sur le phénomène de la corruption. Elle se fera
depuis la famille qui est la cellule de base de la société afin qu’il soit inculqué à l’enfant les
vertus de l’honnêteté vis-à-vis des biens publics. Elle se fera dans les lieux de cultes. Dans les
lieux de cultes parce que nous sommes dans un monde où la parole du guide spirituel semble
plus crainte que la disposition de la loi. Il faut alors atteindre un degré national du sens élevé
du patriotisme, du Don de soi à la nation. Cela parce que sans une prise en compte très
sérieuse du volet sociologique du phénomène, on reste dans un cercle fermé et dans la logique
de la pensée d’un auteur qui disait :« les lois ne valent que ce que valent ceux qui sont
chargés de les mettre en œuvre ».

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