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BURKINABE(RJEB) té - Progrès - Justice
25 Octobre 2019
SOMMAIRE
Introduction………………………………………………………………… …………..…2
Conclusion………………………………………………………………………………..9
« La corruption est un mal insidieux dont les effets sont aussi multiples que délétères. Elle
sape la démocratie et l’état de droit, entraine des violations des droits de l’homme, fausse le
jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité
organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’humanité… » disait Kofi
Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, avant-propos de la convention UN contre la
corruption 31/10/2003.
La corruption peut se définir comme l’agissement par lequel une personne investie d’une
fonction déterminée, publique ou privée, sollicite ou accepte un don, une offre ou une
promesse en vue d’accomplir, retarder ou omettre d’accomplir un acte entrant, d’une façon
directe ou indirecte, dans le cadre de ses fonctions.1
De cette définition, il ressort que la corruption implique donc la violation, par le coupable,
des devoirs de sa charge. =
Par contre la corruption active c’est lorsqu’une personne physique ou morale obtient ou essai
d’obtenir, moyennant des dons, promesses ou avantages, d’une personne exerçant une
fonction publique, qu’elle accomplisse ou retarde ou s’abstienne d’accomplir ou de retarder
un acte de sa fonction ou un acte facilité par elle. Le tiers reçoit le nom de corrupteur.
Cette distinction laisse entrevoir deux infractions, certes complémentaires, mais distinctes et
autonomes. Elles personnes auteurs de ces agissements peuvent être poursuivies et jugées
séparément, d’autant plus que la répression de l’une n’est nullement subordonnée à la
sanction de l’autre.
Au regard du fait que la corruption constitue un réel handicap pour le développement d’un
pays . C’est ce qui explique les pouvoirs publics ne cessent d’envisager des voies et moyen
pour l’éradiquer. Dans certains pays comme le Burkina Faso la lutte contre la corruption fait
partie de la politique des gouvernants conscients de l’ampleur du mal qu’elle représente.
1
Définition donnée par le lexique des termes juridiques
L’étude sur cette thématique présente un intérêt à plusieurs titres. Son intérêt est à d’ordre
Scientifique en ce que la réflexion pourrait permettre d’appréhender l’organisation juridique
de l’Etat en matière de lutte contre la corruption. Son intérêt n’est pas que théorique. En effet,
il est aussi pratique dans la mesure où à travers cette étude constitue on comprendrait mieux
les moyens et mécanismes de sa répression et les efforts participatifs des différents acteurs
dans le cadre de cette lutte.
De ce qui précède, se dégage la question suivante : Comment est organisée la lutte contre la
corruption au BURKINA FASO ? Autrement dit, par quel moyen d’actions l’Etat burkinabé
combat-il la corruption dans la fonction publique ?
Afin de mener à bien cette réflexion, nous avons opté pour une approche analytique de la
situation. L’exposé des mécanisme ou cadres (I) de la lutte contre la corruption, nous conduira
à apprécier l’effectivité de cette lutte (III), cela après avoir fait état des mesures de sanctions
ses actes de corruptions (II).
Au titre de ces mécanismes, il y a d’une part le cadre normatif A) et d’autre part, le cadre
institutionnel(B).
L’article 5 de cette convention dit que :« Chaque partie élabore et poursuit, conformément
aux principes fondamentaux de son système juridique, des politiques de prévention de la
corruption efficaces et coordonnées qui favorisent la participation de la société et reflètent
les principes d’état de droit, de bonne gestion d’affaires publiques et de biens publics,
d’intégrité, de transparence et de responsabilité ».
Par ailleurs, le Burkina Faso s’est doté d’une Loi relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme. Il s’agit de la Loi N°016-2016. On note aussi la
loi N°082-2015 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’autorité
supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC).
La lutte contre la corruption est une affaire de tous. C’est ainsi que des initiatives privées
accompagnent l’Etat dans ce combat. Il y a donc des institutions publiques et privées chargées
de lutter contre le phénomène de la corruption dans notre Pays. Au titre des institutions
publiques, il y a lieu de faire cas d’une part de l’Autorité Supérieure du Contrôle d’Etat et de
Lutte contre la Corruption (ASCE/LC). Concernant les initiatives privées on peut citer à titre
illustratif le Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC).
-L’ASCE-LC
Relativement aux attributions spécifiques de L’ASCE LC, notons qu’elles sont énumérées aux
articles 7 à 11.
-Le REN-LAC
3
Article 5 idem
4
Article 6
5
Ce statut a été amendé et adopté par la 13ème Assemblée Générale ordinaire tenue le 10 mai 2013.
6
Article 4 du statut du REN-LAC, 2013.
7
Article 5 du statut du REN-LAC, 2013
Les mesures de lutte contre les actes de corruption sont d’une part des mesures
préventives(A) et d’autre part des mesures répressives (. B) des actes de corruption.
D’abord, un Code de conduite des agents publics est établi en vue de prévenir les actes de
corruptions. Ce Code prône la transparence et le recours à des procédures appropriées dans le
système de recrutement et la gestion des agents de la fonction publique en obligeant
l’employeur à tenir compte des principes d’intégrité, d’honnêteté, de responsabilité,
d’efficacité, de transparence et de redevabilité et les critères objectifs tels que le mérite,
l’équité et l’aptitude à occuper l’emploi postulé (article 4 de la loi 004-2015). Aussi, l’article
6 de la même loi règle la question des conflits d’intérêts entre l’intérêt privé de l’agent et
l’intérêt public. A ce titre, il est dit que :« lorsque les intérêts privés d’un agent public
coïncident avec l’intérêt public et sont susceptibles d’influencer l’exercice normal de ses
fonctions, il lui est fait obligation d’informer son supérieur hiérarchique qui prend des
mesures nécessaires pour préserver l’intérêt général ».
8
Sur ce point ,l faut remarquer à cet effet que le REN LAC œuvre à une conscientisation des
masses à travers des actions concrètes d'éducation de la société ,notamment des émissions
téléradio phoniques, des concours du REN-Lac au profit Des enfants...
9
Loi 004-2015/CNT du 03 mars 2015 portant prévention et répression de la corruption au BURKINA FASO
En outre, pour la transparence dans la relation avec le public, il est fait obligation aux
institutions, administrations et organismes publics, de rendre publiques et accessibles les
informations sur le processus décisionnel de l’administration, de simplifier les procédures, de
motiver leurs décisions et de toujours respecter le délai face aux requêtes des citoyens 14Le
contrôle est aussi étendu aux dirigeants des sociétés ou personnes exerçant le pouvoir de
directeurs dans une société.15
10
Cela concerne les premiers responsables.
11
Article 31 .
12
Article 14
13
Article 27.
14
Article 34.
15
Article 35.
Le TITRE III de la loi 004-2015/CNT comporte les incriminations des sanctions, des actes de
corruption et de procédure. Seules les incriminations des sanctions des actes de corruptions
prévues au chapitre 1 dudit Titre nous intéresse ici.
Dans cette Loi, plusieurs actes ou comportements des agents publics, nationaux ou étrangers
sont qualifiés d’actes de corruptions et sanctionnés en tant que tels par la loi. Entre autres ;
D’abord, l’Article 42 puni d’une peine d’emprisonnement de deux ans et d’une amande égale
au double de la valeur des promesses agréées, des avantages indus ou des choses reçues ou
demandées sans que ladite amende soit inférieure à deux millions (2000 000) F CFA :
- quiconque promet, offre ou accorde à un agent public, directement ou indirectement un
avantage indu, soit pour lui-même ou pour une autre personne ou entité, afin qu’il
accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte dans l’exercice de ses fonctions ;
- tout agent public qui sollicite ou accepte, directement ou indirectement, un avantage indu,
pour lui-même ou pour une autre personne ou entité, afin d’accomplir ou de s’abstenir
d’accomplir un acte relevant de ses fonctions (la corruption passive pour le corrompu et la
corruption active commise par corrupteur), (article 42).
Ensuite, pour ce qui est des avantages injustifiés dans la commande publique, Est puni d’un
emprisonnement de cinq ans à dix ans et d’une amende de deux millions (2 000 000) à dix
millions (10 000 000) de francs CFA (article 43) :
-tout agent public qui passe, vise ou révise un contrat, une convention, une commande
publique ou un avenant en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur
en vue de procurer à autrui un avantage injustifié,
L’intérêt de réfléchir sur les mécanismes de lutte contre la corruption est moins de faire une
exposition du cadre normatif et institutionnel mis en place que de s’imprégner de leurs
effectivités(III).
16
Convention des nations unies contre la corruption du 31 décembre 2003, ratifié par le Burkina Faso le 10
octobre 2006.
17
Loi 082-2015/CNT
18
La participation de l’Autorité de régulation de la commande publique se justifie par le fait que c’est elle qui
veille en premier lieu à la transparence dans les procédures de passation et d’exécution des marchés publics.
19
Ce rapport a été publié le mardi 18 juillet 2018.
La lutte contre la corruption n’est pas un combat à prix forfaitaire. Des obstacles existent et
rendent ainsi cette lutte assez compliquée.
D’abord, « ce laisser-aller à l’inobservance des règles de gestion est la traduction du
sentiment, au sein de l’administration que les pratiques de corruption ne sont pas des
opérations à risque du fait du manque de sanctions dissuasives et de l’impunité ambiante »20.
Par-là, le contrôleur général de l’Etat, relève l’impunité comme un obstacle majeur à la lutte
effective contre la corruption.
L’impunité est la résultante des faiblesses des dispositifs mis en place21.
Que faire donc ?
C-QUELQUES PROPOSITIONS
Pour combattre avec brio la corruption dans notre pays, l’ASCE LC suggère à la présidence
du Faso l’élaboration de « manuels de procédures pour encadrer et sous-tendre l’action de
l’administration. En effet, leur absence laisse la porte ouverte à une gestion informelle ». En
marge de cette mesure, il faudrait également travailler à l’éveil de conscience nationale par la
sensibilisation à la base, le rappel des valeurs patriotiques ainsi que les devoirs de citoyenneté.
Aussi, une décentralisation effective des institutions de lutte contre la corruption serait un
atout. En effet, il est nécessaire que l’ASCE LC ait ses représentations régionales et
provinciales de l’ASCE-LC. Cela rapprocherait le contrôlé du contrôleur.
Par ailleurs , il faudrait travailler au renforcement du cadre juridique par de nouvelles mesures
de préventions telles que : l’élargissement des compétences de l’ASCE-LC ,lequel devrait
20
Luc Marius IBRIGA contrôleur général de l’Etat.
21
Il s’agit en l’occurrence des dispositifs de gestions de la commande publique, des comptes de dépôts, des
régies d’avance et du carburant et lubrifiants de même que des irrégularités récurrentes
Pour finir ,la lutte contre la corruption étant une affaire de tous, il faut permettre l’accès aux
rapports des institutions de la lutte anti-corruption afin d’encourager le bon comportement du
citoyen :la dénonciation des mauvais actes de corruption.
La lutte contre la corruption est une dure épreuve. En dépit de son arsenal juridico-
institutionnel, le BURKINA FASO peine à trouver le chemin d’un véritable succès face à ce
phénomène grandissant. Exprimé dans des rapports des institutions publiques et privées mises
en place pour cette cause, le phénomène de la corruption semble traduire en arrière-plan une
réalité d’ordre sociologique. Le corrupteur et le corrompu sont tous conscients du caractère
criminel de leurs actes. Il s’agit en effet d’une mentalité officieusement développée par toutes
les couches de la société, du président jusqu’au paysans, du patriarche jusqu’au « fœtus dans
le ventre de sa mère », du plus croyant au plus athée. En effet , tous respirent la corruption.
Peut-être à des rythmes variés. Il convient donc de comprendre que la lutte contre ce
phénomène ne saurait se faire avec uniquement des normes ou des mesures si bien
rigoureuses qu’elles soient. Le droit a besoin ici, d’être en fervente compagnie de la
sociologie. Il faut une éducation populaire sur le phénomène de la corruption. Elle se fera
depuis la famille qui est la cellule de base de la société afin qu’il soit inculqué à l’enfant les
vertus de l’honnêteté vis-à-vis des biens publics. Elle se fera dans les lieux de cultes. Dans les
lieux de cultes parce que nous sommes dans un monde où la parole du guide spirituel semble
plus crainte que la disposition de la loi. Il faut alors atteindre un degré national du sens élevé
du patriotisme, du Don de soi à la nation. Cela parce que sans une prise en compte très
sérieuse du volet sociologique du phénomène, on reste dans un cercle fermé et dans la logique
de la pensée d’un auteur qui disait :« les lois ne valent que ce que valent ceux qui sont
chargés de les mettre en œuvre ».