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3- la lutte et la prévention de la corruption

La lutte contre la corruption peut être envisagée dans tous les


domaines de la vie publique, elle se manifeste en général dans le
domaine des marchés publics,
Sans évoquer les modes de passation des marchés publics, notre étude
se limitera a en définir, en premier lieu, le sens donné aux marchés
publics qui selon l’article 02 du décret 15-247 considère : « les
marchés publics sont des contrats écrits au sens de la législation en
vigueur, passés à titre onéreux avec des opérateurs économiques, dans
les conditions prévues dans le présent décret, pour répondre à des
besoins du service contractant, en matière de travaux, de fournitures,
de services et d’autres ».
Et en deuxième lieu a l’étude de la lutte contre la corruption comme
prévu dans le décret 15-247, et la prévention de la corruption prévue
dans la loi de 2006, par la mise en place de code d’éthique et de
déontologie ou alors de codes de conduite et au final de mesures
préventives.
Le code d’éthique et de déontologie :
Tel qu’il est prévu dans l’article 88 du décret 15-247 qui stipule : « un
code d’éthique et de déontologie des agents publics intervenant dans
le contrôle, la passation et l’exécution des marchés publics et des
délégations de service public est élaboré par l’autorité de régulation
des marchés publics et des délégations de service public instituée par
les dispositions de l’article 213 du présent décret, et approuvé par le
ministre chargé des finances.
Les agents publics précités prennent acte du contenu du code et
s’engagent à le respecter par une déclaration. Ils doivent également
signer une déclaration d’absence de conflit d’intérêt. Les modèles de
ces déclarations sont joints au code ».

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Il est prévu presque dans les mêmes termes un code de conduite dans
l’article 7 de la loi de 2016, qui s’apparente au code d’éthique dans les
marchés publics et dans le même souci de prévention et de lutte contre
la corruption.
Les codes de conduites des agents publics et mesures préventives :
Parmi les mesures préventives, la loi désigne les personnes qui
doivent veiller sur l’intégrité et l’honnêteté des agents publics. En
effet, l’article 7 de la loi précise que dans le but de renforcer la lutte
contre la corruption, l’Etat, des assemblées élues, les collectivités
locales, les établissements et organismes de droit public, ainsi que les
entreprises publiques ayant des activités économiques, se doivent
d’encourager l’intégrité, l’honnêteté et la responsabilité de leur agents
et de leur élus en adoptant, notamment, des codes et des règles de
conduite pour l’exercice correct, honorable et adéquat des fonctions
publiques et des mandats électifs.
La loi fait également obligation à tout agent public d’informer son
autorité hiérarchique lorsque ses intérêts privés coïncident avec
l’intérêt public (conflit d’intérêt) et sont donc susceptibles
d’influencer l’exercice normal de ses fonctions.
Sans oublier les mesures concernant le corps des magistrats qui sont
cités a l’article 12 de la loi de 2006 qui stipule ; « afin de prémunir le
corps de la magistrature des risques de la corruption, des règles de
déontologie sont établies conformément aux lois, règlements et autres
textes en vigueur ».
Le même souci de prévenir les cas corruption sont cités dans l’article
13 de la même loi, mais cette fois-ci dans une autre catégorie celui du
secteur privé, elle se manifeste par la mise en place de mesures, entre
autre, prévoir des sanctions disciplinaires efficaces, adéquates et
dissuasives, contre les auteurs d’infractions, le renforcement de la
coopération entre les services de détection et de répression et les

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entités privés concernées, la promotion par l’élaboration de normes et
procédures visant à préserver l’intégrité des entités privées
concernées, y compris de codes de conduite pour que les entreprises et
toutes les professions concernées exercent leurs activités d’une
manière correcte, honorable et adéquate, et pour encourager les
bonnes pratiques commerciales.
4- les causes de la corruption administrative et financière :
On ne peut pas cerner d’une façon certaine les causes directes de la
corruption, sinon la solution serait aisée, on doit rechercher les causes
comme c’est le cas dans tout phénomène de société, en se penchant
sur les différents aspects de la vie du délinquant, que se soit un agent
public ou un acteur économique du secteur privé, les causes sont
pratiquement les mêmes.
L’environnement dans lequel l’auteur de la corruption a vécu, est
d’une influence manifeste, les causes sociales, les causes économiques
et politiques sont révélatrices dans ce cas là, différentes études des
sociétés dans les pays en voie de développement nous apportent
quelques éclaircissements sur cette influence.
- les causes sociales :
Les pratiques sociales qui s’imposent du fait de la répétition d’un acte
même s’il est contraire à la loi privilégiant l’intérêt personnel ou
l’intérêt d’un groupe du fait de leur appartenance à une région, et qui
devient avec le temps comme un comportement normal, qui ne suscite
même pas l’indignation des personnes qui subissent cet affront sans
rouspéter.
La conception de la corruption peut être différente, ceci, qu’on soit
devant une société traditionnelle ou une société moderne, de même le
recours à la justice est très limité dans les sociétés traditionnelles,
preuve d’une absence de la culture du droit.

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L’influence des solidarités traditionnelles, qui sont toujours invoqués
par les auteurs de la corruption et qui faussent complètement les règles
de droit, malgré la tendance vers la modernité de ses institutions, les
mentalités restent toujours les mêmes.
Les causes politiques :
La corruption est le reflet et la façon dont s’exerce le pouvoir
politique. Ainsi les institutions politiques ont une influence sur la
corruption, la plupart des pays industrialisés possèdent un
soubassement de valeurs démocratiques, de procédures de traitement
efficaces et de transparence, de médias libres et présents, participation
de la société civile dans les décisions politiques, représentation forte
dans le parlement, alternance au pouvoir politique, opposition
politiques par des partis politiques représentatifs….
La séparation des pouvoirs, principalement le pouvoir judiciaire et son
indépendance est un garant d’une bonne gestion des affaires, peut
décourager toute tentative de corruption.
En l’absence de tout ces indicateurs, le terrain sera propice à
l’installation d’un système de corruption qui sera difficile a combattre.
Les causes économiques :
La non valorisation du travail de l’agent public par un salaire qu’il
estime juste, peut inciter ce dernier à rechercher d’autres ressources,
car il considère son acte comme une réparation d’une injustice
économique, en comparant par exemple son salaire avec ceux qui sont
versés aux employés du secteur privé, dans les grades entreprises
pétrolières ou alors le salaires versés aux parlementaires et autres
hauts cadres de l’Etat.
La rigidité des contrôles que ce soit dans les économies libérales ou
dans les économies dirigées, peut inciter les sociétés à recourir au
versement de pots-de-vin aux agents publics.

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5- les effets de la corruption
La corruption met en péril les institutions démocratiques (A) et
engendre des effets économiques et sociaux négatifs (B).
A – une menace pour les institutions démocratiques
i – Il y a plus de deux cents ans, le préambule de la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen de 1789 a précisé que « l’ignorance,
l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seuls causes des
malheurs publics et de la corruption des gouvernements ».
L’affirmation des droits de l’homme s’est présentée, déjà, comme un
moyen de lutter contre la corruption.
ii- Il existe une incompatibilité profonde entre le respect des droits de
l’homme et la corruption. Cette dernière est un phénomène qui « va de
pair avec les discriminations et les inégalités, notamment devant la
justice ».
La corruption trouble la relation d’échange et de réciprocité et détruit
en ce sens les relations individuelles.
iii- Plusieurs commentateurs juridiques estiment que la corruption
s’apparente à « l’envers des droits de l’homme ». Elle menace l’Etat
de droit puisqu’elle en ébranle les piliers centraux que sont la
séparation de pouvoirs et l’institutionnalisation des droits de l’homme.
La corruption s’insinue au cœur de l’Etat et porte atteinte à la
confiance des citoyens dans les institutions de publiques, ce qui
représente une menace pour la stabilité de celles-ci et la cohésion
sociale. C’est en ce sens que la corruption est une grave menace pour
la démocratie. La corruption abolit « la confiance qui rend possible le
mécanisme de la représentation » et la démocratie est ainsi dénaturée
et l’Etat de droit affaibli. La corruption remet en cause la légitimité du
pouvoir et provoque le discrédit da la classe politique, ce qui la prive
de la possibilité d’exiger des efforts de la population, le phénomène
destructeur de la corruption est d’autant plus répandu au sein des pays
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ou les règles de la bonne gouvernance sont peu ou pas du tout
respectées. Selon au moins un commentateur juridique, la corruption
est un phénomène qui se repose sur la peur, que cela soit la peur
engendrée par des considérations économiques, sociales ou autres. De
telles peurs naissent des lacunes démocratiques surtout au niveau de la
justice économique. En ce sens, dans l’absence d’une redistribution
démocratique des richesses, les individus sont naturellement disposés
à s’approprier de manière informelle des ressources pour leur propre
compte.
B – Effets économiques et sociaux de la corruption.
Les coûts économiques et sociaux de la corruption sont aujourd’hui
largement reconnus même s’il peut s‘avérer difficile de les mesurer
avec précision. Il convient d’énumérer brièvement des nombreux
effets négatifs de la corruption sur l’allocation et sur la redistribution
des ressources.
i- L’acte corrompu illicite pour tout d’abord engendrer des coûts
importants afin de protéger sa nature secrète.
ii- Par le fait d’accroitre l’incertitude et le coût des transactions
légales, la corruption a pour effet de réduire le montant des
investissements et de freiner la croissance.
iii- Quand les pouvoirs publics attribuent des marchés à des
entreprises corruptrices qui répercutent le coût du pot-de-vin sur leur
devis, il est question alors d’une mauvaise allocation des ressources
publiques.
iv- La corruption peut induire des distorsions du rôle des pouvoirs
publics en matière d’allocation des ressources par le fait de fausser la
structure des dépenses publiques au profit de projets qui facilitent le
prélèvement de pots-de-vin et aux dépens des programmes
prioritaires. La corruption augmente en ce sens les déficits publics
notamment parce que ces contrats ne sont pas attribués au moins-
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disant. Par l’accroissement du prix des produits et des services, une
augmentation du coût de la vie est une conséquence de la corruption.
v- la corruption fausse le rôle redistributif de l’Etat et facilite la fraude
et l’évasion fiscales. En restreignant les recettes publiques, elle fait
reposer des prélèvements de plus en plus restreints.
vi- Une autre conséquence de la corruption est la détérioration de la
qualité des services offerts et des biens achetés ou contrôlés par les
administrations.
vii- Au sein de systèmes où la recherche de rentes s’avère plus
lucrative que le travail productif, la répartition des talents se fait mal
et l’élite a tendance à se tourner vers des activités non productives, ce
qui a des conséquences préjudiciables sur le surplus social et la
croissance.
viii- Le fait de verser les paiements corrompus lors des marchés
internationaux a des conséquences lourdes au sein du pays pertinent. Il
s’agit d’abord de générer « une culture de la corruption dans les
entreprises, qui sont ensuite tentées d’y recourir sur le marché
intérieur ». Les effets ravageurs de la corruption sont multiples. Il est
donc utile d’en tenter une analyse juridique à son égard. Il convient
alors de définir les termes pertinents à cette étude.

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