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Master de recherche JURISTE D’AFFAIRES

Exposé sous le thème :

Droit pénal des affaires et droit


pénal économique :
Imbrications, perspective et prospective

Encadré par: Professeur Slimani Chahid

Présenté par :
o Amal Sellak
o Zineb Mellouki
o Houda Elmarji
o Youssra Saheb

ANNEE UNIVERSITAIRE: 2018/2019


Plan :
o Introduction 
I/ Notions introductives à l’étude du droit pénal
des affaires
A- La délinquance du droit des affaires :
a- L’identification du droit pénal des affaires
b- Champ d’application du droit pénal des affaires
B- La délinquance économique et financière :
a- Signification et ampleur
b- Domaine d’application

II/ l’encadrement répressif de la vie des


affaires : enjeux et conséquences
A- Le monde des affaires devant la règle répressive
a- Les enjeux
b- Les conséquences
B- Projection future du droit pénal des affaires
a- constat
c- cause
d- Remèdes
e- Recommandations
o Conclusion

INTRODUCTION

2
Les affaires1 sont le moteur de la vie économique et source de la richesse
nationale et qu’il convient de sanctionner ce qui peut en fausser le jeu, porter
atteinte à leur sécurité ou à leur crédibilité par des pratiques frauduleuses.
Le droit pénal des affaires est une branche du droit pénal spécial, un élément
qui présente ses particularismes marqués, mais qui reste soumis aux principes
fondamentaux du droit criminel. Cette matière en constante évolution, car elle
suit les changements du droit des affaires et des orientations des politiques
économiques
Actuellement, cette matière est désignée par la criminalité d’affaires2 qui n’est
plus devenue le fait unique des assassins et des voleurs et aucune catégorie
socioprofessionnelle n'est exempte de délinquance3. Elle est apparue dans la
littérature criminologique sous l’expression « criminalité en col blanc »4, car elle
s'exerce en veston, et le plus souvent liée à une puissance économique et
sociale. D’où émane le concept le plus moderne « droit pénal économique »,
« droit pénal de l’entreprise », expression utilisée par certains auteurs (école de
Rennes)5. C’est une véritable délinquance des groupes dominants, des
industriels et des commerçants, qui, pour être spécifique, n'en est pas moins
extrêmement dangereuse.
Le droit pénal des affaires se constitue par l'ensemble des règles de droit faites
par l’Etat concernant les infractions susceptibles d'intervenir dans la vie
des affaires, mais aussi de l'ensemble des règles économiques qui peuvent
être sanctionnées pénalement. On somme que, l’optique du droit pénal des
affaires est pluridisciplinaire, il s’étend au droit public, droit pénal, …
Ce droit a pour objet de lutter contre la délinquance économique et financière
sociale ou encore les atteintes à la qualité de vie à la propriété, la foi publique,
l’intégrité physique lorsque l’auteur a agi dans le cadre de l’entreprise pour son
propre compte ou pour le compte de celle-ci.
Ainsi, le droit pénal des affaires6 comprend diverses infractions professionnelles
concernent autant des personnes spécialistes, des initiés, commerçants,
dirigeants physiques que morales. En tant qu’acteurs économiques, subissant
1
Le dictionnaire robert définit les affaires comme « toutes activités économiques notamment dans leurs
conséquences commerciales et financières ».
2
Elle a été utilisée pour la 1ère fois par le sociologue Edwin Hill dès 1872, puis elle a été développée par le
criminologue américain Edwin Sutherland en 1939.
3
http://carlscoaching.over-blog.com/tag/droit%20penal%20des%20affaires/3
4
« Lecons de criminologie », prof, Mr Alaoui Jaâfer, P : 62, édition : 2005-2006
5
« Droit des affaires », Brigitte Hess-Fallon, P : 2, 12ème édition 1999
6
https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_p%C3%A9nal_des_affaires

3
beaucoup de pression et de contraintes justifiées et animées par la vie des
affaires (concurrence, relations contractuelles, lourde fiscalité, etc.) vous
pouvez parfois vous compromettre dans des actes prohibés.
On distingue d’une part, les infractions du droit commun relatives aux biens
(vol, escroquerie, abus de confiance, corruption …celles-ci trouvent un terrain
privilégié de commission dans le domaine des affaires) des infractions qui ont
un rapport occasionnel avec l’entreprise, qui peuvent être commises soit dans
le cadre de l’entreprise7 ou hors de ce cadre, des infractions qui ne relèvent pas
du droit pénal des affaires et pouvant être accomplies par un professionnel.
D’autre part, des infractions spécifiques en la matière, des infractions qui ont
un rapport nécessaire avec l’entreprise, elles ne peuvent être commises que
dans le cadre de fonctionnement de l’entreprise, notamment de : droit des
sociétés (majoration des apports en nature,…), de droit de la concurrence
(entente, abus de position dominante ;...) ; de droit de la consommation
(pratique commerciale trompeuse) ; droit de la distribution, de droit boursier
(délit d'initié ;…)
Le respect du droit pénal des affaires est assuré en partie par les juridictions
pénales et en partie par des autorités administratives indépendantes (AAI):
Autorité de la concurrence et Autorité des marchés financiers (AMF), sans
oublier les associations des consommateurs qui peuvent se constituer partie
civile. Tous ces promoteurs ont droit de poursuivre l’action8.
Historiquement, le phénomène n’est pas nouveau. La Rome antique
connaissait déjà des scandales politico-financiers, qui ont entraîné un
bouleversement dans la conception économique et dans le rôle du droit pénal
qui est devenu un instrument de la politique économique interventionniste.
Au 19 et 20ème siècles, des tendances ont sans doute favorisé la prise de
conscience de l’importance d’un droit pénal des affaires. Exemple, de la mise
en œuvre d'un ordre public de direction, le renforcement de la sanction pénale
et l'avènement d'un droit pénal autoritaire qui a pour vocation de contrôler
l'économie, le commerce, la concurrence, les prix... les affaires en général. ce
qui a donné naissance au droit pénal des affaires.
Le droit pénal des affaires est bien éclaté dans un nombre considérable de lois
et de codes, on trouve dans le code pénal marocain les peines et les mesures
de sûreté ; certaines infractions que le législateur a décrites et les peines qui s’y
rapportent, les infractions qui touchent les personnes par exemple : en matière

7
http://www.cours-de-droit.net/droit-penal-des-affaires-au-maroc-c28781332
8
« droit des affaires au Maroc entre pénalisation et dépénalisation », mémoire réalisé par : Asmae
Benhaddouch, année universitaire : 2015/2016, P : 7.

4
de traitement de données et fichiers informatiques9, qui consistent à mettre en
mémoire des informations sur celles-ci sans respecter la loi. Ces infractions
sont souvent commises au sein des entreprises. De sorte, qu’il ya un lien avec
le droit pénal des affaires.
Mais les infractions concernant la vie des affaires peuvent être prévues dans
tous les codes possibles et elles se multiplient ainsi hors du code pénal et ce
dans des textes aussi nombreux et divers, comme on a déjà cité : infractions
issues du code de commerce, du code de consommation, les infractions
relatives aux chèques et aux cartes de paiement sont réglementées par le code
monétaire et financier… tout cela répond à la question : où trouver les
infractions du droit pénal des affaires ? Au Maroc, Il n’existe pas un code pénal
des affaires ce qui impose une difficulté de recherche scientifiques.
A ce niveau là, la détermination des infractions du monde des affaires est
l’œuvre de la doctrine pénaliste. Sous prétexte de L’importance des règles
précitées est devenue telle qui est apparu nécessaire de les rassembler dans
une matière qui est enseigné d’une façon autonome à côté du droit pénal
spécial.
Sur le plan pratique, une importance croissante reconnue au droit pénal des
affaires est révélatrice d’un besoin d’éthique/morale nécessaire pour instaurer
un minimum de règles, s’il fallait simplement s’en tenir à la morale de chacun
et à la seule loi du marché, il y aurait un certains comportements immoraux qui
resteraient sans sanction, d’où l’intérêt du droit pénal des affaires 10 qui vient
encadrer ces comportements.
Toutefois, les pénalistes se demandent s’il conviendrait faire une différence
entre un droit pénal des affaires et un droit pénal économique, la réponse reste
variable. Parfois distinction rapidement écarter, d'autres estiment que le droit
pénal des affaires est le droit du capitalisme libéral, en ce sens que, ces règles
viennent assigner des limites dans le dessein de moraliser les rapports
d'affaires; à côté, ces auteurs distinguent le droit pénal économique qui prend
volontairement figure de l'interventionnisme dirigiste, il ne s'agit pas de
moraliser mais de planifier11.

9
La loi 07-03 complétant le code pénal en ce qui concerne les infractions relatives aux systèmes de traitement
automatisé des données.
10
Il y a des incriminations qui ont pour finalité la protection de la valeur morale et sociale de la loyauté, la
probité vis-à-vis de la collectivité.
11
L’adoption de L’ordonnance du 30 juin 1945 en matière de prix et de concurrence marque la naissance du
droit pénal économique.

5
L'objet de cet exposé est-il de s'interroger s’il existe une autonomie réelle ou
supposée de droit pénal économique par rapport au droit pénal des affaires,
en essayant de dégager les règles propres qui lui sont applicables.
Dans le cadre de cette étude, il convient donc de préciser la notion des deux
disciplines, de présenter aussi les critères envisageables, encore de procéder à
un examen préalable des infractions retenues par le code pénal marocain ou
autre (1èrepartie) Avant d’entamer une réflexion sur les enjeux et les
perspectives d’application dudit droit pour le Maroc dans une 2ème partie.

I/ : Notions introductives à l’étude du droit pénal des affaires  :


A- La délinquance du droit pénal des affaires :

6
a. L’identification du droit pénal des affaires :

le droit pénal des affaires est l’ensemble des règles de droit concernant les
infractions susceptibles d’intervenir dans la vie des affaires, mais aussi de
l’ensemble des règles économiques qui peuvent être sanctionnées pénalement
en effet, ce droit comprend d’une part des infractions du droit commun par
exemple la corruption, l’abus de confiance, l’escroquerie et le vol, d’autre part
des infractions spécifiques en matière de droit de sociétés, droit de la
concurrence, droit de la consommation, droit bancaire12.
Ainsi, ce dernier se focalise sur l’imposition de la loyauté dans le monde des
affaires, afin d’assurer la sécurité des transactions commerciales. Evidemment,
le droit pénal des affaires accumule un double rôle :

-       Un rôle préventif :


Par lequel le législateur marocain a réglementé l'accès aux professions
commerciales et industrielles, afin d'enfermer l'accès aux gens "douteux".
A cette fin Il a érigé, un certain nombre d'INTERDICTIONS PROFESSIONNELLES,
qui évincent tous ceux qui ne présenteraient pas les qualités requises pour
devenir commerçant ou homme d'affaires. Le non-respect de ces interdictions
constitue une infraction pénale.

-    Un rôle répressif :


Concernant les infractions érigés et sanctionnés, résultant des comportements
intolérables pratiqués par certains hommes d'affaires.
 C’est ainsi que le droit pénal des affaires est largement imprégné par un
caractère rigoureux

 Rigueur dans la qualification :


L'élément matériel se réduit parfois à une simple omission, le droit pénal
imposant alors une véritable règle de conduite.
L'élément moral n'exige pas toujours l'intention coupable et le droit pénal
réprime sévèrement de simples faits d'imprudence.

  Rigueur dans la répression :


Les peines applicables sont souvent plus sévères, même si elles sont parfois
moins appliquées.

12
Mémoire : L’assainissement du monde des affaires par le droit pénal(2016), Amezyan Maryame, p 16

7
Des sections financières sont formées au sein des Parquets et des Tribunaux
correctionnels spécialisés13.
 
        b.    le Champ d’application du droit pénal des affaires :

Dans l’absence de réglementation spécifique du domaine des affaires


l’élaboration du droit pénal des affaires s’est en premier lieu inspiré de la
réglementation du droit commun.
Ainsi ce dernier est devenu un mode de régulation des marchés en droit des
affaires et droit des marchés publiques, un aspect fondamental du droit social
ou du droit administratif14.

1. Les infractions autonomes :


Le code pénal classifie les infractions commises dans le marché des affaires en
des crimes et délits contre les biens. Ces agissements consistent
essentiellement dans l’incrimination de la fameuse typique constituée par le
vol, l’escroquerie et l’abus de confiance qui distinguent trois procédures
différentes d’appropriation frauduleuse de la fortune d’autrui15, ainsi que
d’autres malversations susceptibles d’avoir une incidence sur la vie des affaires.
Les atteintes à la probité et à la confiance publique peuvent être classées
comme suit :

- Le vol : d’après les dispositions de l’article 505 du code pénal ; quiconque


soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est coupable
de vol.
Le code pénal relie entre la nature des peines applicables est celle des
circonstances ainsi que de la personne coupable du dit acte. Le vol ne
relève pas en majorité du droit des affaires mais plutôt des banales
réalités de la vie quotidienne, même si la multiplicité des vols dans les
magazines préoccupe le monde des affaires en raison de l’importance du
préjudice commercial qui en découle.

- L’escroquerie : est l’action par laquelle une personne se fait remettre une
chose grâce à une machination pouvant tromper autrui. C’est-à-dire le
fait, soit par usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus
13
http://carlscoaching.over-blog.com/article-34764218.html
14
Mémoire, Op.Cit, p 16
15
Droit pénal des affaires, Michel Véron, Edition 2(Armand Colin), 1999, page 13

8
d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de
tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à
son préjudice ou au préjudice d’un tiers à remettre des fonds, des valeurs
ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte
opérant obligation ou décharge16.
Ainsi au lieu d’appréhender directement la chose qu’il convoite et
cherche à s’approprier, l’escroc provoque la remise par le propriétaire ou
possesseur après l’avoir induit en erreur à l’aide de moyens frauduleux.

- L’abus de confiance : suppose qu’une personne profite de la confiance


que lui accorde un individu pour le détournement des biens remises, ainsi
parallèlement le code pénal dispose dans l’article 547 que l’abus de
confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d’autrui
des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et
qu’elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire
un usage déterminé17.

- La corruption : selon les articles 248 et 249 du code pénal la corruption


c’est le fait de rémunérer une personne pour qu’elle accomplisse ou
n’accomplisse pas un acte qui relève de sa fonction18.

- Trafic d’influence : d’après les dispositions de l’article 251 du code pénal


c’est la collusion entre deux personnes celle qui offre ou accepte d’abuser
de son influence et celle qui offre ou accepte de rémunérer cette
influence par des dons ou tout avantage.

- Le faux : le faux indique toute altération frauduleuse de la vérité, de


nature à causer un préjudice quelconque par quel moyen possible et qui a
par effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des
conséquences juridiques19.

16
Article 540 du code pénal marocain promulgué par le Dahir 1-59-413 du 26 novembre 1962 (28 joumada 2
1382)
17
Article 547 du code pénal marocain promulgué par le Dahir 1-59-413 du 26 novembre 1962 (28 joumada 2
1382)
18
Articles 248 à 256 du code pénal marocain promulgué par le Dahir 1-59-413 du 26 novembre 1962 (28
joumada 2 1382)
19
Articles 351 à 356 du code pénal marocain

9
- Banqueroute : La pratique est caractérisée par des faits de gestion
frauduleuse lors des poursuites afférents à un redressement judiciaire ou
une liquidation judiciaire. L’objectif visé est d’éviter ou retarder ces
procédures judiciaires, le détournement ou la dissimilation d’une partie
de l’actif du débiteur, l’augmentation du passif, faire disparaitre des
documents et ainsi de suite, toutes sont des infractions incriminées par le
droit pénal des affaires.

2. Infractions de conséquences :
À partir de 1962, le législateur commence à concevoir la question du droit
pénal des affaires avec plus d’attention, par la qualification des peines
spécifiques. Une initiative renforcée par la suite avec l’inauguration de
nouvelles notions à savoir, le droit pénal des sociétés, le droit pénal boursier...
Raison pour laquelle, la répression du monde des affaires s’est vu introduire de
nouvelles notions, dont en suite brièvement :
 Le blanchiment :
Indique la justification mensongère de l’origine des biens ou des revenus
de l’auteur d’un crime ou d’un délit, par ladite pratique20. Question de
tout argent ayant une provenance Illicite, produit du trafic des
stupéfiants et de tout crime et délit mentionnées dans la loi21.

 Le recel :

Le recel porte sur des choses enlevées, détournées ou obtenues à


L’aide d’un crime ou d’un délit ou sur une chose qui provient ou qui
est le produit d’un crime ou d’un délit 22. Ainsi tout détournement,
transformation et dissimulation ou acte intermédiaire similaire en
connaissance de l'objet illégal et incrimine de la pratique 23.

20
Article 571-1/574-7 du code pénal
21
Droit pénal des affaire, Michel Veron, 10 -ème Edition,Dalloz 2013, page 120
22
Droit pénal des affaire, Michel Veron, 10 -ème Edition, Dalloz 2013, page 109
23
Code pénal, articles 571 à 574

10
B- La délinquance économique et financière :
a- Signification et ampleur de la délinquance économique et
financière :
La “criminalité économique et financière” désigne de manière générale toute
forme de criminalité non violente qui a pour conséquence une perte
financière.24
En effet, on peut dire que la délinquance économique et financière signifie
l’ensemble des délits contre les structures économiques et les échanges
commerciaux, telles que la concurrence ou la protection des consommateurs
ou les infractions boursières et bancaires.
L’ensemble des délits qui entrent dans cette catégorie possèdent une
caractéristique commune : le dommage ou le préjudice causé aux choses et aux
droits qui forment le patrimoine d’un individu ou d’un groupe est
particulièrement grave25 .
Cette criminalité couvre une large gamme d’activités illégales, y compris la
fraude, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Il est en revanche plus
difficile de définir la notion de “délit économique” et le concept en reste délicat
à cerner précisément. La chose est en outre encore compliquée par les
avancées rapides des technologies, qui offrent de nouveaux moyens de
perpétrer des délits de cette nature.
Il est difficile de déterminer l’ampleur globale du phénomène, en partie en
raison de l’absence d’un concept clair et admis d’un commun accord, du fait
que les systèmes de recensement de la criminalité économique et financière
diffèrent considérablement d’un pays à l’autre et que plusieurs affaires ne sont
pas signalées parce que les entreprises ou les établissements financiers
choisissent de traiter les incidents en interne. Néanmoins, il est de plus en plus
largement constaté que la criminalité économique et financière, le plus
notamment la fraude, est au nombre des délits dont la croissance est la plus
rapide.

b- Le domaine de la délinquance économique et financière :

24
DÉLINQUANCE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE:DÉFIS POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE,
www.11uncongress.org
25
Leçons de criminologie, Pr. EL ALAOUI JAAFAR, page62

11
Il s’agit de mettre l’accent d’abord sur le droit pénal de la concurrence et de la
consommation, et d’aborder ensuite la question du droit pénal bancaire
puisqu’il n’y a pas d’affaires sans recours aux banques.

 Les infractions commises dans le cadre de la concurrence


et de la consommation :
Le droit de la concurrence cherche à protéger le marché des pratiques qui
portent atteinte à la concurrence en limitant l’efficacité économique. Cette
protection se manifeste par le biais de prohibition des pratiques
anticoncurrentielles, qui sont des comportements collectifs ou individuels
d’entreprises sur un marché pertinent, tendant à limiter la concurrence.
Les pratiques anticoncurrentielles recouvrent un large éventail de pratique de
gravités diverses par exemple abus de position dominante, ententes… etc. Et
puisque le droit de la concurrence est un droit répressif de nombreuses
sanctions sont donc attachés à sa violation.
En effet, la loi sur la liberté des prix et de la concurrence 26expose
expressément des sanctions d’ordre pénal contre les opérateurs économiques
reconnus responsables d’une pratique déloyale ou illicite.
De ce point de vue, la loi précise un certain nombre d’infractions à la régularité
de la concurrence27, il s’agit de quatre groupes d’incriminations et qui
concernent les pratiques anticoncurrentielles, la publicité mensongère, la
transparence professionnelle et les prix et les stockages réglementés. Ceux
sont des infractions économiques dont la conception et la répression se
caractérisent par une sévérité incontestable en raison de l’importance cruciale
prise par la nécessité du respect de l’ordre public économique. Il faut
reconnaitre toutefois que la loi marocaine y demeure imprégnée par les grands
principes du droit pénal classique. Elle exige souvent un élément moral sous
forme de mauvaise foi ou de fraude même si elle retient aussi fréquemment la
simple imprudence ou négligence. De même qu’elle y prévoit des actes
matériels positifs bien qu’elle se contente dans plusieurs cas de simples
omissions. Par ailleurs, la loi prévoit une répression simplifiée à côté d’une
répression aggravée.
En effet, concernant les pratiques anticoncurrentielles ; la loi punie toute
personne physique qui, frauduleusement ou en connaissance de cause, aura
26
La loi marocaine N° 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence.
27
Droit commercial fondamental au Maroc, Mohammed drissi alami machichi, rabat 2006.

12
pris une part personnelle et déterminante dans la conception, l’organisation, la
mise en œuvre ou le contrôle de pratiques visées aux articles 6 et 7 de la
présente loi28 .
De même, le fait, en diffusant, par quelque moyen que ce soit, des
informations mensongères ou calomnieuses, en jetant sur le marché des offres
destinées à troubler les cours ou des suroffres faites aux prix demandés par les
vendeurs, ou en utilisant tout autre moyen frauduleux, d’opérer ou de tenter
d’opérer la hausse ou la baisse artificielle du prix de biens ou de services ou
d’effets publics ou privés sera punie Sera puni d’un emprisonnement de deux
(2) mois à deux (2) ans et d'une amende de dix mille (10.000) à cinq cent mille
(500.000) dirhams29.
Toutefois, lorsque la hausse ou la baisse artificielle des prix concerne des
denrées alimentaires, des grains, farines, substances farineuses, boissons,
produits pharmaceutiques, combustibles ou engrais commerciaux,
l’emprisonnement est d’un (1) à trois (3) ans et le maximum de l’amende est de
huit cent mille (800.000) dirhams.
L’emprisonnement peut être porté à cinq (5) ans et l’amende à un million
(1.000.000) de dirhams si la spéculation porte sur des denrées alimentaires ou
marchandises ne rentrant pas dans l'exercice habituel de la profession du
contrevenant.
Enfin, le coupable sanctionné par ces sanctions peut être frappé,
indépendamment de l’application de l’article 87 du code pénal, de l’interdiction
d’un ou de plusieurs des droits mentionnés à l’article 40 du même code 30.
Il reste à noter que le Droit civil peut se révéler impuissant à assurer une
protection pleine des consommateurs en rétablissant efficacement l’équilibre
avec les professionnels. Les raisons de cette relative impuissance sont bien
connues : les règles civiles sont généralement moins accessibles pour les
consommateurs car ils supposent des actions en justice exercées
individuellement après la conclusion du contrat et souvent même après
28
Article 75 de la loi n° 104 -12 « Sera punie d'un emprisonnement de deux (2) mois à un (1) an et d'une
amende de dix mille (10.000) à cinq cent mille (500.000) dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement
toute personne physique qui, frauduleusement ou en connaissance de cause, aura pris une part personnelle et
déterminante dans la conception, l’organisation, la mise en œuvre ou le contrôle de pratiques visées aux
articles 6 et 7 de la présente loi.
Le tribunal peut ordonner que sa décision soit publiée intégralement ou par extraits dans les journaux qu’il
désigne, aux frais du condamné ».
29
Article 76 al 1 de la loi n° 104 -12
30
Article 77 de la loi n° 104 -12

13
l’exécution du contrat. A l’inverse, le choix d’une protection pénale est souvent
privilégié. La fonction préventive et dissuasive du Droit pénal permet en outre
de se prémunir souvent contre la tentation et donc la commission de
comportements illégaux.

 Les infractions commises dans le secteur bancaire  :


Le système bancaire est un des éléments centraux de la vie économique d'un
pays. Les banques jouent un rôle majeur dans la vie quotidienne des
ménages et surtout des entreprises.
En effet, La banque constitue une entreprise collectant l'épargne publique,
gérant les dépôts de ses clients, accordant des crédits et offrant des services
financiers. Toutefois, Les relations entre les banques et leurs clients ne
sont pas toujours au beau fixe et peuvent même, parfois, devenir très
tendues.
Les banquiers pensent souvent que leurs clients sont mauvais
gestionnaires (ce qui est parfois vrai) ou qu'ils sont indélicats (ce qui est plus
rare). Ce qui donne naissance à une délinquance dans ce domaine-là.
Afin de garantir un meilleur respect de la règle de droit, le législateur incrimine
certains comportements en lien avec l’activité bancaire, par des sanctions plus
lourdes.
Pourtant, La sanction de ces infractions relève évidemment de la compétence
du juge pénal, juge étatique chargé d’appliquer la loi pénale, et plus largement
de mettre en œuvre la politique pénale de l’Etat. Ce juge applique des
dispositions pénales issues de différents textes en lien avec l’activité bancaire.
Parmi les principales infractions commises dans le secteur bancaire il y a :
*Le faux en écriture : est une infraction dont l’auteur, avec une
intention frauduleuse ou à dessein de nuire, dissimule la réalité d’une manière
déterminée par la loi et dans un écrit protégé par la loi, alors qu’il peut en
résulter un préjudice. L’intention frauduleuse est l’intention de se procurer à
soi-même ou à autrui un avantage illicite, c’est-à-dire un avantage ou un profit
que l’auteur n’aurait pas obtenu si la vérité de l’écrit avait été respectée 31

31
http://www.actualitesdroitbelge.be/droit-penal/droit-penal-abreges-juridiques/le-faux-en-ecriture-et-usage-
de-faux/le-faux-en-ecriture-et-usage-de-faux

14
C’est l'altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et
accomplie dans un écrit par un des moyens déterminés par la loi32.
En ce qui concerne le préjudice, il faut retenir que tout dommage est
susceptible d’être considéré comme un élément constitutif de faux, que ce soit
un préjudice matériel ou moral, actuel ou éventuel pour être infraction on
retient une conception très large du préjudice.
Quant à l’élément moral, peu importe que l’altération soit destinée à nuire, il
suffit que le faussaire ait eu connaissance de l’inexactitude des éléments qu’il a
ajoutes ou retranchés.
Lorsque l’auteur de l’infraction est un banquier, la peine prévue par la loi est
Emprisonnement d’un an à cinq ans et amende de 250 à 20000 DH et portée
au double33, Ainsi la qualité de faussaire est ici considérée comme circonstance
aggravante.
* Le secret professionnel : La profession bancaire suppose de façon
naturelle le respect du secret professionnel et l'obligation de discrétion en ce
qui concerne toute information concernant la clientèle et acquise en raison du
rapport professionnel avec cette dernière. Le banquier (employé ou dirigeant)
est le confident naturel et nécessaire de ses clients, de même qu’il doit veiller à
leurs intérêts et partant ne saurait divulguer des informations qui pourraient
porter préjudice au client concerné ou nuire à ses intérêts (les chiffres, la
situation du client, ses relations d'affaires, ses difficultés etc.).
Ces informations ne peuvent être divulguées sans le consentement du client
même après la fin des relations contractuelles avec le banquier.
- Les personnes tenues au secret bancaire : Selon l’article 180 de la loi
103.12, l’obligation du secret professionnel est applicable à :
● Toutes les personnes qui, à un titre quelconque, participent à
l’administration, à la direction ou à la gestion d’un établissement de crédit,
d’un organisme assimilé ou qui sont employées par ceux-ci .
● Les membres du conseil national du crédit et de l’épargne, du comité des
établissements de crédit, de la commission de discipline des établissements de
crédit, du comité de coordination et de surveillance des risques systémiques.

32
Article 351 du code de commerce
33
Article 358 du code pénal

15
● Les personnes chargées, même exceptionnellement, de travaux se
rapportant au contrôle des établissements soumis à la surveillance de Bank Al-
Maghreb en vertu de la présente loi.
● Enfin, et plus généralement, toute personne appelée, à un titre
quelconque, à connaître ou à exploiter des informations se rapportant à ces
établissements.
En cas de non-respect du secret professionnel auquel elles sont astreintes, ces
personnes encourent les sanctions prévues à l’article 446 du code pénal.
Notons cependant, que le secret professionnel ne peut être opposé à Bank Al-
Maghreb, à l’autorité judiciaire agissant dans le cadre d’une procédure
pénale34.

II/ l’encadrement répressif de la vie des affaires  : enjeux et


conséquences :

A- Le monde des affaires devant la règle répressive :


L’introduction du droit pénal en droit des affaires fut guidée par les mêmes
motivations qui poussent le législateur à adopter des dispositions pénales en
tout domaine.
Donc, la vie des affaires n’échappe pas à la règle. Elle représente même un
vivier de comportements répréhensibles, « un terreau pour la délinquance »35.
Dans ce sens, l’introduction de la sanction pénale en droit des affaires a pour
partie obéi à cette logique sanctionnatrice du droit pénal. Il ne s’agit donc pas
d’une finalité propre à la matière commerciale, mais de finalité du droit pénal
lui-même qui, avant tout, est un droit répressif.
Il convient alors, de montrer dans un premier temps les enjeux liés à la
pénalisation de la sphère des affaires et de cerner deuxièment les retombées
ou bien les conséquences de l’application de la sanction pénale dans la vie des
affaires.

a. Les enjeux de la pénalisation de la vie des affaires :

34
Article 181 de la loi 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes de crédit
35
Conte.P et Jean Didier.W, Droit pénal des sociétés commerciales, Litec 2004, p : 1. q

16
Le développement exponentiel de la délinquance économique favorisé par la
dérèglementation du système économique et la mondialisation des échanges
commerciaux, porte gravement atteinte au système économique et financier
tel qu’il fonctionne dans l’économie libérale, caractérisée par la toute
puissance du marché.
L’économie de marché est alors un système économique dans lequel les
mécanismes naturels du marché assurent un auto ajustement de l’offre et de la
demande par les prix. Les économistes l’opposent à l’économie planifiée.
Le rôle ou l’intervention de l’Etat doit être la plus réduite possible. Le droit doit
se limiter à veiller au respect des conditions nécessaires au bon
fonctionnement du marché.
Les principaux acteurs du marché sont alors des agents économiques privés
avec une prédominance des personnes morales sur les personnes physiques.
En effet, le développement de ces acteurs leur a permis de s’octroyer la quasi-
totalité des prérogatives de puissance publique, tel le commandement,
l’unilatéralisme et les pouvoirs d’organisation de l’économie.
Aujourd’hui, les entreprises sont devenues transnationales mais ils sont
principalement régis par des réglementations nationales. Leur puissance
économique leur ont permis de s’affranchir de la conception traditionnelle de
certaines catégories juridique telle la libre concurrence, l’autonomie de la
volonté.
En l’absence d’une intervention étatique dans la sphère économique, il
devenait alors indispensable que les règles du marché soient strictement
appliquées et que toutes les violations soient sanctionnées par les moyens
répressifs.
Alors, la délinquance économique est devenue un fléau et le législateur a opté
pour la répression comme garantie d’effectivité des règles ordinaires parce
qu’elle a pour effet de décourager l’esprit d’entreprise et de faire perdre le
gout du risque, moteurs du développement économique et financier pour les
entreprises.36
La pénalisation du droit des activités économiques n’a jamais été dénoncée.

36
Dintilhac J.P, la pénalisation de l’activité économique et financière, In « la justice pénale face à la délinquance
économique et financière », Dalloz, 2001, p : 3.

17
Pourtant son principe même ne semble pas remis en cause en ce sens que le
droit pénal est le seul gage d’effectivité et d’efficacité de l’ordre public.
Ce dernier participe à une meilleure protection du marché et de la moralisation
des acteurs du marché.

1- La préservation de la structure du marché :


Le déclin de la loi, et le respect spontané que chacun doit en avoir, est sans
doute la cause première d’un recours au droit pénal pour protéger la structure
du marché.
Certes, le marché devient ainsi une valeur sociale protégée au même titre que
la vie, l’intégrité physique des personnes et des biens.
Donc, le droit pénal est un moyen, plus efficace que d’autres. Il apparait
comme un ordre public subsidiaire à l’ordre public économique en ce qu’il
permet de sauvegarder le libre jeu de la concurrence et de lutter contre les
fraudes.37
Dans cette perspective, le droit pénal de la concurrence sera considéré comme
un mode de régulation des conflits engendrés par la vie des affaires, laquelle
est fréquemment appréhendée comme un vaste champ de bataille, sans foi ni
loi, où l’activité est intense et lucrative, mais sans aucune place pour les
sentiments.
Alors, l’intervention étatique n’est pas seulement dictée par le souci de
protéger des intérêts privés mais repose également et foncièrement sur la
nécessité de sauvegarder l’ordre public économique par l’adoption d’une loi
protégeant la liberté des prix et de la concurrence avec sa forte dose de droit
pénal économique.38
Notons que la nouvelle loi 104-12, a abrogé les dispositions des articles 1 à 13
et les dispositions des articles 24 à 103 de la loi 06-99 relative à la liberté des
prix et de la concurrence.39

37
Thèse : le droit des affaires entre la pénalisation et la dépénalisation, soutenue par Lamyae Sahrane, 2014-
2015, p : 35.
38
Alami Machichi, Concurrence : droit et obligations des entreprises au Maroc, édition…….p : 215.
39
Loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence (promulguée par Dahir n° 1-00-225 du 2 rabii I 1421
(5 juin 2000).

18
Cette nouvelle loi procède à des changements profonds en vue de corrigés les
dysfonctionnements observés par les administrations.
Ainsi, à l’instar des législations européennes, la loi 104-12 a procédé largement
au quadrillage pénal des atteintes à la libre concurrence, puisqu’elle a réservé
Tout le chapitre 2 du titre 8 au dispositif sanctionnateur. Mais cela ne constitue
pas le seul passage comportant des dispositions d’ordre répressif.
De même, on peut relever des dispositions à contenu répressif dans d’autres
passages de la loi. C’est le cas des articles 6 et 7 du titre 3 relatif aux pratiques
anticoncurrentielles.40 Egalement pour le titre 4 relatif aux opérations de
concentration, pour le titre 6 portant sur les dispositions particulières relatives
aux produits ou services dont le prix est réglementé.
Autant dire qu’au lieu d’avoir face à face plusieurs concurrents, le marché se
caractérise de nos jours par la concentration et la diminution substantielle du
nombre des acteurs économiques, ce qui favorise les risques d’ententes
délictueuses et d’abus de marchés, autrement dit l’abus de position dominante
et de dépendance économique.
C’est ainsi que pour protéger la concurrence, le droit pénal réprime les
pratiques anticoncurrentielles. Conformément à l’article 75 de la loi 104-12 sur
la liberté des prix et de la concurrence, les personnes physiques ayant pris part
dans la conception, l’organisation, la mise en œuvre ou le contrôle des
pratiques anticoncurrentielles sont punissables d’un emprisonnement de deux
mois à un an et d’une amende de 10.000 à 500.000 dirhams ou l’une de ces
deux peines seulement.41
En outre, on remarque aussi que certaines entreprises ont recours à des
pratiques tendant à restreindre et à diminuer la concurrence sur le marché, et

40
Article 6 : Sont prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’empêcher, de restreindre
ou de fausser le jeu de la concurrence6 sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes ou
coalitions expresses ou tacites, sous quelque forme et pour quelque cause que ce soit, notamment lorsqu’elles
tendent à: 1. limiter l'accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises ; 2. faire
obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur
baisse ; 3. limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique ; 4.
répartir les marchés, les sources d'approvisionnement ou les marchés publics.
Article 7 : Est prohibée, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de
fausser le jeu de la concurrence, l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises: 1- d'une
position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci ; 2- d'une situation de
dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne disposant d’aucune autre
alternative équivalente.
41
DAHIR N° 1-14-116 DU 2 RAMADAN 1435 (30 JUIN 2014) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI N° 104-12
RELATIVE A LA LIBERTE DES PRIX ET DE LA CONCURRENCE.

19
peuvent se manifester à l’égard des consommateurs ou à l’égard des
professionnels, ce qui met en péril non seulement l’équillibre économique,
mais fragilise aussi l’indépendance du pouvoir politique et institutionnel et
porte atteinte à l’intérêt général en remettant en cause l’ordre public
économique.
Ces pratiques sont considérées dans le titre 6 de la loi et couvrent :
 En premier lieu : des atteintes mettant en cause la protection ou
l’information des consommateurs (article 58 et 59).
 En deuxième lieu : des atteintes à la transparence dans les relations
commerciales (article 60 et 61).
 En troisième lieu : des atteintes résultant des opérations de stockage
clandestin de marchandises (article 62).
 En quatrième lieu : des atteintes résultant des spéculations illicites
(article 67).

2- La régulation des acteurs du marché :


La question de la régulation répressive des acteurs du marché renvoie à
l’épineuse question de la responsabilité pénale des acteurs du marché.
Selon l’expression de Gary Becker, les agents économiques excellent dans
l’exploitation abusive des failles des législations pour faire du profit. Lorsque le
rapport cout-avantage est en leur faveur, ils n’hésitent pas à violer les textes,
voire à commettre les infractions.
Les pouvoirs privés économiques, nouveaux acteurs réels de la sphère
économique, semblent être diversement encadrés par le droit pénal.
Toutefois, les éléments utilisés par le législateur pour renforcer la nécessité de
la répression permettent de conclure que le droit pénal s’intéresse,
imparfaitement à eux.
Cela est perceptible lorsque le législateur répressif entend moraliser les
acteurs-décideurs du marché et protéger les acteurs faibles.

Moraliser les acteurs du marché :


Pour les acteurs décideurs du marché, il s’agit à la fois des acteurs personnes
morales ainsi que des acteurs personnes physiques.

20
Pour ce qui est des personnes morales, ce sont de véritables instruments de
commission de nombreux délits, l’admission de la responsabilité pénale des
personnes morales est encore loin d’être universelle.42 C’est ainsi que dans un
grand nombre de pays, cette responsabilité est exclue à titre de règle générale.
Il convient de signaler que partout les personnes morales sont civilement
responsables des dommages causés par leur fonctionnement même. Mais cela
n’intéresse pas le droit pénal.
Le législateur marocain a reconnu les personnes morales comme sujets de droit
pénal et se trouvent ainsi désormais assimilées aux personnes physiques, au
point de vue de l’incrimination et de la responsabilité pénale sous réserve des
impossibilités matérielles résultant de leur nature incorporelle.
Cependant le régime répressif qui leur est adapté et appliqué, ne peut
s’apparenter de façon analogue et littéral à celui qu’on applique à la personne
humaine et présente des spécificités particulières ; ainsi seules des mesures de
suretés prévues à l’article 62 du code pénal marocain, des peines principales
qui ne sont que des amendes particulières, et enfin les peines accessoires
prévus sous le numéro 2 (la dégradation civique), 6 (la dissolution d’une
personne juridique), et 7 (la publication de la décision de condamnation) dans
l’article 36 du code pénale sont prononcées contre elles.43
Toutefois, la moralisation des pouvoirs économiques n’est réellement efficace
que si les personnes physiques sont pénalement visées.
Quant aux personnes physiques, elles sont des agents qui animent et agissent
dans l’intérêt et pour le compte des êtres moraux que sont les personnes
morales.
Ces personnes physiques sont donc une catégorie particulière de délinquants
ordinaires. Ce qui leur vaut la qualification de « délinquance à col blanc ».
C’est l’américain Edwin Hardin Sutherland qui a le premier employé
l’expression « White collar crimes ».44
42
Pradel, Droit pénal comparé, Dalloz, 3 ème édition 2008, p : 164.

43
DAHIR N° 1-59-413 DU 28 JOUMADA II 1382 (26 NOVEMBRE 1962) PORTANT APPROBATION DU TEXTE DU
CODE PÉNAL.

44
Thèse : le droit des affaires entre la pénalisation et la dépénalisation, soutenue par Lamyae Sahrane, 2014-
2015, p : 47.

21
Le langage savant utilise l’expression « crime en col blanc » pour le distinguer
du crime ordinaire appelé « crime en col bleu » par référence aux infractions
commises par les travailleurs subalternes.
Il s’agit d’infractions subtiles commises par des personnes que leur statut social
éminent place a priori au dessus de tout soupçon. Elles devraient être
réprimées avec la plus grande rigueur, dès lors qu’elles sont le fait de
personnes ayant abusé de leur situation privilégiée.
Elles sont en général des personnes d’un niveau social assez élevé mettant à
profit leurs connaissances théoriques et professionnelles pour commettre des
infractions d’astuce. C’est surtout contre eux que le droit pénal économique se
déploie. Profitant de leur connaissance de la législation et de l’ignorance des
victimes, les délinquants à col blanc profitent des défaillances de la législation
pour commettre des infractions et organiser leur impunité.
Malins par hypothèse, les délinquants d’affaires ne se dressent pas
ouvertement contre l’ordre public. En revanche, ils l’utilisent insidieusement
c’est-à-dire d’une manière trompeuse.
Ainsi, dans le cadre des personnes morales dont elles ont en charge la gestion
quotidienne, les personnes physiques sont portées à commettre des
infractions, comme celles commises par les délinquants classiques doivent être
réprimées pénalement. C’est ce qui fait dire que leur responsabilité pénale est
la rançon de leur puissance économique.45
La responsabilité pénale des personnes physiques pour des infractions
commises dans le cadre économique est justifiée par le souci d’efficacité de la
sanction pénale. C’est pour cela que le législateur concentre tout l’arsenal de la
sanction pénale sur la personne du chef d’entreprise en sa qualité de
mandataire de la personne morale.

La protection d’acteurs faibles :


Les pouvoirs privés économiques s’adressent aux divers acteurs de taille et
d’importance variée. Nous retiendrons à titre d’exemple les consommateurs.
Le consommateur étant un acteur fragile et faible du droit économique, il n’est
pas excessif de le comparer à un enfant émerveillé par tout ce qui lui est
proposé, étourdi par la multitude des produits et la rutilance de leur
présentation, anesthésie par l’envie de posséder tout ce qui lui est offert.
45
JeanDidier.W, le droit pénal des affaires, édition dalloz, p : 53-78.

22
A cet effet, le droit pénal vient au secours du droit de la consommation en
sanctionnant les abus portant atteinte aux consommateurs.
Au Maroc, la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur
apporte des innovations majeures qui permettent de dépasser les limites du
droit classique fondé sur une vision individualiste du rapport contractuel et
supposant une égalité naturelle et abstraite entre contractants.
En effet, la loi 31-08 consacre et renforce ainsi les droits fondamentaux des
consommateurs : droit à l’information, à la protection de ses droits
économiques, droit à la représentation, à la rétractation et à l’écoute.
L’information appropriée du consommateur, sa protection contre les clauses
abusives, ses garanties contre les défauts de la chose vendue, la représentation
et la défense des intérêts des consommateurs sont ainsi autant d’objectifs visés
par la loi 31-08 qui offre donc un cadre moderne définissant les relations entre
consommateurs et fournisseurs et comprenant pas moins de 206 articles. 46
Désormais pèse sur tout fournisseur une obligation générale d’information du
consommateur tant sur les caractéristiques essentielles du produit, du bien ou
du service que sur les délais de livraison. Une obligation que sous tend un
formalisme protecteur renforcé.
A noter que les dispositions de la loi 31-08 sont impératives, d’ordre public,
c’est-à-dire que les parties ne peuvent pas les écarter. Cela explique les
sanctions prévues en cas de non respect de la loi.

b. Les conséquences de l’application de la sanction pénale dans


le monde des affaires :
Aujourd’hui, le besoin de réfléchir sur l’opportunité et l’effectivité de la
sanction pénal en droit des affaires est donc nécessaire. L’infiltration du droit
pénal dans la vie des affaires est remise en cause, critiquée et attaquée.
L’insécurité juridique consécutive serait l’effet direct de cette prolifération de
textes pénaux. En effet, l’insécurité juridique consécutive à l’inflation pénale
en droit des affaires n’était pas tellement due au nombre des condamnations
pénales rendues en la matière, car ce nombre est modeste au regard de
l’ensemble des décisions pénales.

46
Loi n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur promulguée par le dahir n°1-11-03 du 14
rabii I 1432 (18 février 2011).

23
D’ailleurs, l’inflation pénale et la multiplication des infractions en droit pénal
des affaires pose problème, essentiellement pour deux raisons :
La première est que le droit pénal des affaires a des contours flous, si bien que
l’on ne sait réellement où il commence et où il finit. Les conceptions doctrinales
en la matière sont nombreuses et divergent nettement. Là où certains incluent
le droit pénal du travail, d’autres préfèrent limiter la matière au droit pénal des
sociétés, etc.47
En outre, les règles du droit pénal des affaires ont différents fondements
philosophiques et différents objectifs à atteindre selon qu’elles sont incluses
dans tel texte ou tel autre lié à un tel domaine d’activité économique ou
financière.
La deuxième raison tient à l’absence d’un code pénal des affaires. Les
dispositions sont disséminées à la fois dans et hors du code pénal. On retrouve
ces dispositions dans : le code de commerce ; les lois sur les sociétés
commerciales ; le code général des impôts ; la loi sur la protection de la
propriété industrielle ; la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, etc.
Le droit pénal des affaires est composé ainsi non pas par des textes
entièrement dédiés à tel ou tel secteur d’activité commerciale, mais plutôt par
quelques dispositions répressives incluses dans les différents textes légaux qui
composent ce qu’on appelle le droit des affaires.
En passant en revue l’ensemble des dispositions composant le droit pénal des
affaires au Maroc, plusieurs constats s’imposent :
Le premier constat à faire, c’est l’absence d’homogénéité au niveau de l’esprit
qui a présidé à la création de chaque groupe de règles répressives et au niveau
des objectifs à atteindre en fonction du domaine d’activité à protéger :
- Nous avons ainsi des dispositions pénales qui ont pour objet de protéger
la production. Ce sont les sanctions contenues dans le droit des sociétés
et dans le droit commercial (banqueroute, chèque sans provision).
- Les sanctions qui visent la protection la protection de l’invention
industrielle sont contenues dans la loi sur la protection de la propriété
industrielle.

Le deuxième constat à faire est que les règles du droit pénal des affaires se
distinguent les unes des autres en fonction de la rigueur du texte qui les
47
Veron.M, Droit pénal des affaires, 7ème édition, Dalloz, 2007.

24
contient. Certains textes donnent aux infractions qu’ils établissent une nature
délictuelle ; c’est le cas en matière de droit des sociétés, de droit commercial et
de la propriété industrielle. D’autres textes sanctionnent les infractions qu’ils
établissent par de simples contraventions. C’est ce qui découle du droit de la
bourse.
Le troisième constat est que les règles du droit pénal des affaires se séparent
au niveau de leur degré de sévérité. Dans certains textes les sanctions des
délits peuvent atteindre un emprisonnement de deux ans et une amende de
500.000 DH. Dans d’autres on trouve des contraventions très symboliques de
100 DH par exemple.
Le dernier constat c’est qu’il y’a une différenciation à faire entre les règles du
droit pénal des affaires selon l’autorité ou la personne qui a l’initiative du
déclenchement de l’action publique : il peut s’agir du procureur du Roi en
matière de chèques et banqueroutes. Il peut s’agir de l’administration fiscale
en ce qui concerne les infractions d’ordre fiscale. Il peut s’agir enfin d’agents
d’administrations particulières par exemple : le conseil déontologique de la
bourse des valeurs.

B- Projection future du droit pénal des affaires :

a- Constat :
L’une des principaux difficultés dont souffres la réglementation pénal dans le
monde des affaires est d’abord l’hétérogénéité dans la mesure où les textes
son si vagues, les qualifications au niveau de la forme si multiplié (qualification
du droit commun, qualification spécifiques..) au niveau fond il y a la complexité
des incriminations à trouver dans tout les droits spécifiques (commercial,
sociétés, travail, fiscal…).
En suite la deuxième difficulté est celle de la banalisation intrigué par la
multiplication d’incrimination et de la sanction, laquelle suscite la banalisation
des comportements illégaux48, Conduisant à l’ineffectivité de la loi pénale ; les
statistiques laissent entre voir un étrange rapport investissement proportionnel
entre le nombre d’incriminations et le nombre d’infractions connues ;
-le vol (sans emploi de force) : 1 incrimination, 50% des infractions.

48
Droit pénal des affaires, Geneviève Giudicelli-Delage, 6 e édition Dalloz 2006, page 15

25
- les infractions à la législation des sociétés ; environ 200 incriminations, moins
de 1 % des infractions49.
- cela donne les indices d’effectivité suivante ; plus de 1 million pour 1 vol et
moins de 10 pour 1 pour la législation des sociétés. Ainsi en peut remarquer
l’ineffectivité de la pénalisation du monde des affaires et par contrecoup du
droit pénal lui-même.

b- Causes :
La cause principale de cette anarchie dans la conception est le fait que les
incriminations et sanctions est le fait de techniciens spécialisés dans des droits
spécialisés (social, commercial, environnement, etc) au lieu des pénalistes et
ainsi les poursuites par ces personnes de règles non adaptés rien que parce
qu’ils les jugent essentiel pour le respect des sanctions pénales. Toutefois, le
problème qui se pose à ce niveau est le manque de cohérence par le désordre
crée dans chaque secteur spécialisé de façon isolée50.
Dès lors, le même acte peut être puni très différemment suivant le secteur bien
qu’il réside le même fait incriminé (EX : les règles des conventions
internationaux sur le commerce par rapport à la législation national applicable)
S’ajoute aussi aux causes de alourdissement dans le monde des affaires , la
question de la pénalisation excessive de la vie économique, des procédures
souvent longues, un risque certain qui pèse sur l’ attractivité économique du
Maroc51.

c- Remèdes :

Afin de pouvoir palier aux faiblesses du système pénal dans le domaine des
affaires un ensemble de mesures furent adoptés ainsi que des questions
traitant les perspectives futures se sont finalement attaqués en débat. Dès lors
la discipline pénal n’a plus vocation à régler des conflits entre personnes
privées, il n’a plus vocation à assurer le respect des contraintes administratives

49
Droit pénal des affaires, Geneviève Giudicelli-Delage, 6 e édition Dalloz 2006, page 15
50

51
Mémoire Op.Cit, page 27

26
mais être destiné à protéger les valeurs sociales essentiellement en
sanctionnant des comportements et des malversations condamnables i.
Ainsi la mise en place du code pénal en 1962, qui constitue le socle du système
répressif marocain, le législateur marocain s’est par la suite fixé comme
objectif : l’assainissement, la moralisation de l’environnement des affaires.
La doctrine pénaliste et commercialiste a critiqué cette pénalisation excessive,
qualifié « d’erreur de politique criminelle »préconisant la dépénalisation,
universitaires et parlementaires proposent de maintenir le droit pénal pour les
fraudes mais de dépénaliser la violation d’obligations formelles52.parfois,
certains auteurs préconisent la redéfinitions de certains infractions lorsqu’elles
semble appliqué de manière extensive.(l’abus des biens sociaux notamment),
même si la légitimité de ce type d’infractions n’est pas contestée 53.
D’après le grand philosophe Durkheim, la modernisation des sociétés doit
conduire à abandonner un droit répressif et à préférer un droit restitutif
(sanctions civiles, administratives).
En effet, le droit répressif ne se justifie que si l’acte entraine une forte
réprobation dans les sociétés où le travail social est largement divisé, les
infractions se diversifient, se spécialisent et ne heurtent plus la conscience
commune. Il faut alors des sanctions non de réprobation mais de restitution
(remise des choses en l’état)54.
Ainsi le législateur marocain a mis en place une politique criminelle orienté
vers la dépénalisation du droit des affaires, par le biais d’une démarche
combinatoire. C’est d’abord vers une nouvelle configuration du champ pénal
qu’il faut tendre en modifiant les modes de régulation applicables à l’activité,
au contrôle et à la structure des entreprises. C’est ensuite construire un
appareil cohérent et adapté de régulation, performant et moderne.

1. La loi 17-95 véritable code pénal des sociétés


Ladite loi identifie un grand nombre des infractions susceptibles d’être
commises durant tout le cycle de vie de la société. Elle prétend assurer une

52
Mémoire.OP.Cit page 27
53
Mémoir.Op.Cit page 27
54
Droit pénal des affaires, Geneviève Giudicelli-Delage, Op.Cit, page 16

27
protection du capital social, des biens sociaux de la société armais aussi et
surtout des intérêts des actionnaires, créanciers et ayants droit 55.
La criminalisation à ce niveau est d’autant plus sévère en raison de la
présomption de connaissance et de l’élément matériel .
Il importe d’indiquer que la réglementation de la SA reste encore teinté des
dispositions pénales éparses et parfois jugées d’inopportuns( les délits relatifs à
la constitution de la société et l’omission de l’une des conditions de fonds ou
de formes)56.

2. Les nouveautés dans le secteur financier et marché de


capitaux
Ainsi est dans l’optique de protéger, orienter et contrôler le marché des
capitaux, le législateur marocain s’est doté d’un ensemble de moyens répressifs
à savoir la loi sur la bourse des valeurs et celle sur les organismes de placement
collectif en valeurs mobilières, de plus le législateur a travaillé sur
l’inauguration d’un organe de contrôle autonome pour les marchés boursiers
appelé par la suite l’autorité marocaine du marché des capitaux en 2013
succédant au conseil déontologique des valeurs mobilières et renforçant les
prérogatives d’enquête doté à son prédécesseur notamment vis-à-vis de
l’opposition du droit au secret professionnel revendiqué par les opérateurs
contrôlés57.

3. Au niveau du droit de la concurrence


La loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence matérialise le choix du
législateur de la répression pénal comme moyen de protection et garantie de la
concurrence saine dans le marché. Le dite choix se voie renforcé par la suite en
la création du conseil de la concurrence de son double pouvoir de conseil et
surveillant.

4. Au niveau de la protection du consommateur


En 2011 le législateur marocain a matérialisé la protection du consommateur
par la le renforcement d’un nombre de droit dont celui de l’information, ainsi
qu’une incrimination de tout agissement contre cette partie dont l’exemple de
l’abus d’ignorance.
55
La loi 17-95 sur la société anonyme
56
Mémoire.Op. Cit.page 28
57
Mémoire. OP.Cit.page 29

28
5. Promesse de lois en cours de discussion
Ainsi la réforme de la loi sur les sociétés anonymes , à savoir le projet de loi
88.11, la loi 5.96 sur les autres types de sociétés orienté vers la suppression de
peines d’emprisonnement dans bien de cas, l’atténuation des règles des peines
par rapport au droit pénal général et à valoriser les sanctions civiles.

d- Les recommandations pour l’amélioration du climat des affaires  :


L’épanouissement de l’environnement des affaires, son amélioration, les
possibilités de la croissance économique, d’investissement et de création
d’emplois est largement conditionné par l’adoption d’un ensemble de réformes
et de nouveautés dans la législation actuelle.

1. Soutenir la stratégie de reforme du droit des affaires :


Il est préconisé de soutenir le comité national de l’environnement des
affaires(CNEA) dans l’élaboration et la mise en œuvre de sa stratégie de
réforme de certains secteurs du droit des affaires. le plan d’action du(CNEA)
pour 2010 contient plusieurs orientations visant à moderniser le droit des
affaires incluant un objectif de définition d’un calendrier annuel pour les
réformes58.
Le dit plan d’action se base sur deux axes fondamentales, à savoir ;
- Le renforcement des capacités de certaines institutions
(Conseil marocain de la concurrence/l’office marocain de la propriété
industrielle et commerciale/ l’efficacité du registre du commerce)

- Le renforcement de la formation attribué aux magistrats dans la matière


financière et au monde de l’entreprise et ainsi palier à cette rupture
ancien avec la gestion des carrières de ces derniers, changer les
mentalités et mettre en place une véritable gestion des ressources
humaines qui s’appui à présent sur la compétence au lieu de
l’ancienneté.

2. Le renfoncement du volet pénal :

58
Mémoire .Op.Cit.page 34

29
Un ensemble de mesures furent adopté afin d’améliorer la situation dans le
monde des affaires, le renforcement de l’investissement et le développement
des performances en matière d’accueil des investisseurs59.
Ainsi la stratégie de ce renforcement est articulé sur quatre principes ;
- La lutte contre la corruption60et la valorisation de l’intégrité du
commerce afin d’arriver au développement d’un pays et ses
performances en matière d’investissement et d’accueil des investisseurs
La lutte contre cette pratique orientée vers l’incrimination de toute prise
de décision économique par une élite à leur propre bénéfice et au péril
de la concurrence saine dans le marché. Ainsi le courant de
renforcement d’un état de droit et la réforme de la justice.
- La suppression du cumul des sanctions administratives et des sanctions
pénale ; dès lors le système consiste à adjoindre aux magistrats des
professionnels du monde boursier ;au lieu de l’échevinage des
juridictions judiciaires. Ainsi un cumul entre l’infraction pénale et la
sanction du conseil de concurrence sera appelé à disparaître à travers la
suppression de la responsabilité des personnes morales61.
- La question de prescription sera traitée, par la comparaison entre la
législation marocaine et celles allemand et suisse, dès lors la notion de
prescription absolue fut son inauguration dans le système national,
illuminant toutes interruptions et suspensions du délai de la prescription
au-delà de deux fois à partir de la date des faits62.
- La favorisation des mécanismes transactionnels ; et ainsi l’élargissement
du champ des alternatives aux poursuites mises à la disposition du
ministère public, dans un souci d’amélioration de la réponse pénale.
Apportant plus de souplesse aux poursuites. Dès lors un courant de
dépénalisation se forge avec le temps63

CONCLUSION :
Aujourd’hui, le constat est clair : la réglementation de l’activité économique est
accompagnée d’une multitude de sanctions pénales, trouvant leur fondement
légal soit dans le code pénal général, soit dans des normes spéciales (loi sur la

59
Stratégie de développement du climat des affaires Maroc dimension :anti-corruption
60
Les articles 248 et 249 du code pénal
61
Mémoire.Op.Cit.page 37
62
La dépénalisation de la vie des affaires, Groupe de travail présidé par Jean-Marie Coulon premiere président
honoraire de la cour d’apprl de Paris
63
Droit pénal des affaires, GenevieveGedicelli, Op.cit, page16

30
liberté des prix et de la concurrence, loi édictant les mesures de protection du
consommateur…).
L’émergence du droit pénal des affaires a dégagée 2 phénomènes : d’un côté,
une pénalisation de ce dernier. Il convient de signaler que, l’inflation est
corrélativement, une dilution du pénal : trop de pénal tue le pénal. Autrement-
dit, trop grands nombres de textes répressifs engendrent trop peu
d’application jurisprudentielle. Mais à côté, on peut dire qu’il y a une
dépénalisation, un allégement du dispositif pénal très remarquable.
A titre d’exemple, La loi 20-05 modifiant et complétant la loi 17-95 relatives aux
sociétés anonymes a supprimée certaines dispositions pénales, a remplacée ou
réduit des amendes dans le but de rendre aux dirigeants d’entreprises,
gestionnaires de bonne foi le gout d’entreprendre et également pour garder
l’attractivité économique du pays et promouvoir son développement dans un
cadre moralement saint.
La problématique majeure qui se pose est celle de savoir si le législateur
marocain réduira le montant des amendes pour les autres sociétés
commerciales qui sont réglementées par la loi 05-95 sachant que plus de 99%
sont des SARL.

ANNEXE164
Cas pratique 1 : (Droit pénal des sociétés et banqueroute)
La société Duchesne, SARL au capital de 50 000 euros dont Jacques-René est le
gérant,connaît des difficultés financières importantes depuis le mois d’octobre
2010 et quis’aggravent de jour en jour. Au mois de septembre 2011, le déficit
de la SARL s’élève à
273 000 euros, et la société peine à rembourser le crédit important qu’elle a
contracté un an plus tôt : il lui reste à rembourser, dans les deux ans à venir, la
somme de 181 000 euros.
Jacques-René a du mal à s’en sortir et son chiffre d’affaires continue de
décroître très dangereusement. Craignant le dépôt de bilan qui risque de se
profiler à l’horizon,Jacques-René décide alors, en dernière chance, de conclure
avec la société d’affacturage Feuillants, un contrat par lequel la société
Feuillants s’engage, moyennant un taux de 19,5 %, à payer par anticipation
toutes les créances qui lui sont transférées, mais aussi à enregistrer les
factures, relancer les débiteurs en cas de retard, procéder aux encaisse-

64
Coralie Ambroise- Castérot, Droit pénal spécial et des affaires, 3 e édition Gualino(Lextenso), depuis page 156

31
ments et assurer le service du contentieux en cas de non-paiement des
débiteurs. Six mois de ce régime, et la société Duchesne ne parvient plus à faire
face à son passif avec l’actif disponible.
La société La Lanterne, société à responsabilité limitée, a été créée en 1997 par
deux asso-ciés : Camille et Georges, le premier détenant 51 % du capital, le
second 49 %. Camille en est le gérant, tandis que Georges est cadre salarié,
chargé des relations clients et fournis-seurs. En raison de la crise, le chiffre
d’affaires de la société s’est légèrement affaissé et La Lanterne a une dette
assez importante auprès d’un de ses fournisseurs principaux, la société
Jacobus. De plus, l’un des plus gros clients de La Lanterne, la société Duchesne,
vient de déposer son bilan au greffe du tribunal le 1er mars 2012. Une
procédure collective vient d’être ouverte. Or, quelques semaines auparavant,
La Lanterne venait de faire escompter cinq lettres de change à tirer sur la
société Duchesne, d’un montant total de 23 829 euros, auprès de la banque
Money. Ces traites ne seront donc pas honorées à échéance (le 17 avril) et
Camille craint le recours de la banque Money contre La Lanterne.
Dans ces conditions un peu difficiles, La Lanterne a donc besoin de trésorerie
pour se moderniser et se renflouer. Ne souhaitant pas procéder à une
augmentation de capital, ni réaliser d’emprunt auprès d’une banque, Camille
décide de prêter à la société La Lanterne les fonds qu’il possède sur son
compte-courant d’associé au taux d’intérêt de 3 %. Le versement des intérêts
du prêt dus par la société s’effectue directement sur le compte-
courant d’associé de Camille. Maximilien a toujours eu un faible pour son ami
de longue date, Camille, pour lequel il a de
tendres sentiments et dont il aimerait se faire bien voir. Étant le président
directeur général de la SA Jacobus, l’un des plus importants créanciers de La
Lanterne, Maximilien continue de son seul chef d’opérer de la part de la société
Jacobus des livraisons mensuelles de 8 000 euros à La Lanterne sans jamais en
réclamer paiement qui s’élèvera in fine à 40 000 euros. Camille en sait gré à son
ami Maximilien et, grâce aux économies réalisées, ainsi qu’à la conjoncture
économique plus favorable, la société La Lanterne redevient pros-père et
réalise à nouveau des bénéfices conséquents. Camille, jouant des faveurs de
Maxi-milien, ne propose pas de rembourser les sommes versées par le biais de
la SA Jacobus.
Qu’en pensez-vous ?
Références des arrêts cités dans le corrigé (dans l’ordre de citation des arrêts)

– Crim., 13 mai 1991, pourvoi nº 90-84154, JCP E 1992, nº 1, I, 106, obs.


Devèze et Dana.
– Crim., 12 mars 1998, Bull. crim., nº 100, D. aff. 1998, p. 962, RTD com. 1998, p. 960, obs.
Bouloc.
32
– Crim., 15 mars 1972, Bull. crim., nº 107, Rev. sociétés 1973, p. 357, obs.
Bouloc.
– Crim., 24 sept. 2008, AJ pénal 2008, p. 506, obs. Royer, Dr. pénal 2009,
comm. 10, obs.
Robert, RTD com. 2009, p. 221, obs. Bouloc, D. 2009, Pan., p. 1724, obs.
Mascala,
Dr. sociétés 2009, p. 174, obs. Matsopoulou, RTD com, p. 471, obs. Bouloc

ANNEXE2
Cas pratique2 : Atteintes à la confiance publique
Et à la probité : faux et corruption65
De nombreux étudiants de Master 1, mention carrières judiciaires, de la faculté
de droit de la ville de Sainte-Province souhaitent poursuivre leurs études et être
acceptés dans le pres- tigieux Master 2 de « Droit pénal et sciences criminelles
», dirigé par M. le Professeur PierreRobès. Les places de ce Master 2 sont
limitées à 25, alors que les candidatures s’élèvent chaque année à plus de 250.
Mais seuls les meilleurs dossiers sont retenus par M. Robès.Trois étudiants aux
résultats médiocres, Carole, Vanessa et Frédéric, vont chacun à leur façon tenter
leur chance d’intégrer le Master 2 convoité.
Tout d’abord, Carole, qui n’a jamais eu de mention, décide d’indiquer dans la
lettre de motivation jointe à son dossier de candidature l’obtention d’un TOEFL
(test d’aptitude en anglais) ainsi que la réalisation d’un stage qu’elle n’a en
réalité jamais effectué, au cabine de Me Cube, avocat dont elle a trouvé les
coordonnées sur internet. Afin de donner du poids à son dossier, Carole décide
de fournir la preuve de ce stage inventé. Pour cela, elle fouille dans les poubelles
65
Coralie Ambroise- Castérot, Droit pénal spécial et des affaires, 3 e édition Gualino(Lextenso), depuis page 139

33
de Me Cube (poubelles sorties dans la rue, sur le trottoir) et, récu- pérant un
papier froissé contenant l’entête et la signature de l’avocat en question, elle
réalise, à l’aide de découpages et de montages réalisés par ordinateur et par
photocopies,un document par lequel MeCube se féliciterait de l’excellent stage
effectué par la brillante étudiante Carole. L’entête du cabinet de l’avocat et sa
signature découpée, collée et photocopiée, figurent sur le papier. Carole, ravie
du résultat, joint donc à son dossier de candidature sa lettre de motivation et le
prétendu courrier de Me Cube.
Ensuite, M. George, entrepreneur dans le bâtiment et adjoint au maire, souhaite
également que sa fille Vanessa entre dans le fameux Master 2 de droit
pénal.Seulement, les résultats de Vanessa ne sont pas bons : elle n’a jamais eu
aucune mention, ni en Licence, ni en Master 1, année qu’elle vient même de
redoubler. Estimant que sa fille a un droit absolu d’obtenir ce qu’elle veut, et
que cela lui donnera du prestige en société et facilitera grandement son accès à
l’emploi, M. George téléphone au directeur du Master en question, M. le
Professeur Pierre Robès, qui est en train d’examiner les candidatures à son
Master 2. M. George lui fait part de sa volonté que sa fille Vanessa soit prise en
Master 2. Il précise que sa fille mérite bien plus que les autres cette place, en
tant que fille d’adjoint au maire et il conclut en disant à M. Robès qu’il lui sera
très reconnaissant, et qu’il n’oubliera pas son geste. M. le Professeur Pierre
Robès s’étrangle au téléphone et refuse tout net, pensant en son for intérieur que
ce procédé est indigne d’un élu de la République. In fine, la candidature de
Vanessa n’est pas acceptée, Pierre Robès,fidèle à ses principes, ne retenant que
les candidats ayant eu au moins une mention, et n’ayant jamaisredoublé.
Enfin, quant à Frédéric, il vient de rater son Master 1 à la session de rattrapage.
Mais, un jour où il était venu se plaindre de ses notes aux services des examens,
devant les secrétaires, il a été repéré par le chef de ce service, Léon Mandrake,
homme très dépensier et
toujours à court d’argent. Il contacte donc Frédéric et lui propose de modifier ses
notes dans le système informatique du service des examens, dont il a
naturellement tous les codes d’accès, et de lui permettre ainsi d’avoir son Master
1. Bien évidemment, cette manipulation informatique a un coût : 3 000 € pour
l’obtention du diplôme, 5 000 € pour avoir,en plus, la mention Bien... le tout en
« argent liquide ». Frédéric, alléché par la proposition,accepte et verse 5 000 € à
Léon Mandrake. Et il se trouve ainsi, par la grâce de quelques clics
informatiques réalisés par M. Mandrake, titulaire d’un Master 1 avec mention.
Muni de son diplôme, Frédéric dépose alors un dossier de candidature au Master
2 de Droit pénal et de sciences criminelles, en joignant les documents prouvant
sa réussite en Master 1, documents délivrés par la faculté.
Qu’en pensez-vous ?
Références citées dans le corrigé (dans l’ordre de citation des arrêts)
– Crim., 7 mars 1972, Bull. crim., nº 86, D. 1972, p. 341.

34
– Crim., 10 mai 2005, Bull. crim., nº 145, D. 2005, Pan. 2991 obs. Roujou de
Boubée,
Dr. pénal 2005, comm. 160 obs. Véron.
– Crim., 15 mars 2000, Bull. crim., nº 117, Dr. pénal 2000, comm. 86, obs.
Véron.
– Crim., 7 nov. 1973, Bull. crim., nº 407, D. 1973, somm. p. 155.
– Crim., 24 janv. 2001, Bull. crim., nº 24, D. 2001, IR, p. 1283.
– Crim., 26 janv. 2011, pourvoi nº 10-80655, Dr. pénal 2011, comm. 46, obs.
Véron

BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
 Geneviève Giudicelli-Delage « Droit pénal des affaires »
 Veron.M, « Droit pénal des affaires », 7ème édition, Dalloz, 2007.
 Alaoui Jaâfer « Lecons de criminologie », édition : 2005-2006
 Brigitte Hess-Fallon « Droit des affaires », 12ème édition 1999

 Michel Véron « Droit pénal des affaires » , Edition 2(Armand Colin), 1999
 Michel Veron « Droit pénal des affaire» , 10ème Edition,Dalloz 2013
 Mohammed drissi alami machichi « Droit commercial fondamental au
Maroc » rabat 2006
 Conte.P et Jean Didier.W, « Droit pénal des sociétés commerciales »,
Litec 2004
 JeanDidier.W,  « le droit pénal des affaires », édition Dalloz
 Pradel, « Droit pénal comparé », Dalloz, 3ème édition 2008
35
 Dintilhac J.P, « la pénalisation de l’activité économique et financière, In
« la justice pénale face à la délinquance économique et financière »,
Dalloz, 2001,
 Alami Machichi, « Concurrence : droit et obligations des entreprises au
Maroc »
 Coralie Ambroise- Castérot, Droit pénal spécial et des affaires, 3e édition
Gualino(Lextenso)
 Evelyne Monteiro, L’essentiel du droit pénal des affaires
 Coralie Ambroise- Castérot, Droit pénal spécial et des affaires 2e édition
Gualino(Lextenso)

Thèses et mémoires :
o Thèse : le droit des affaires entre la pénalisation et la dépénalisation,
soutenue par Lamyae Sahrane, 2014-2015,
o Mémoires : « droit des affaires au Maroc entre pénalisation et
dépénalisation », soutenu par Asmae Benhaddouch en 2015-2016

o Mémoire : « L’assainissement du monde des affaires par le droit pénal »


soutenu par Amezyan Maryame en 2016

Textes de lois :
- La loi 17-95 sur les sociétés anonymes
- Loi n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur
- Loi 07-03 sur les infractions relatives aux systèmes de traitement
automatisé des données informatiques
- Dahir n° 1-59-413 du 28 joumada ii 1382 (26 novembre 1962) portant
approbation du texte du code pénal.
- loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence
- loi 103-12 sur les établissements de crédit et organismes de crédit

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