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Université Hassan II de Casablanca

Faculté des Sciences


Juridiques, Economiques et Sociales
d’Ain chock

Cours
De droit commercial
(Révision)
Université Hassan II
Faculté des Sciences Juridiques
Economique et Sociales
Casablanca

LE DROIT COMMERCIAL
PARTIE PRELIMINAIRE
I- QU’EST-CE QUE LE DROIT COMMERCIAL ?

Branche du droit privé, le droit commercial est constitué de l’ensemble des règles
juridiques applicables aux transactions commerciales. Il offre le cadre juridique à l’intérieur
duquel se nouent et évoluent les rapports entre les professionnels du commerce. Les premiers
destinataires de la matière sont les personnes qui accomplissent, en leur nom et pour leur
compte, des actes de commerce.

Le droit commercial s’applique en ce sens à une catégorie des personnes que sont les
commerçants. Il intervient avec comme objectif premier d’assurer un minimum d’ordre, de
sécurité et d’honnêteté entre les professionnels du commerce. Ce qui peut se révéler d’une
importance primordiale dans le monde des affaires. L’allègement des procédures et
l’assouplissement des contraintes formelles qui entravaient la rapidité du commerce seraient
néfastes pour le domaine s’ils ne sont pas relayés par des rapports basés sur la confiance et
l’honnêteté. Les rapports personnels sont déterminants en la matière.

Le droit commercial s’applique au commerce, à l’industrie et une partie importante


des services, en particulier ce qui concerne la finance. Son domaine d’intervention est donc
assez large. Il régit la majeure partie de l’activité économique, même si de nombreuses
activités non moins importantes demeurent en dehors de son champ d’application (agriculture,
professions libérales, production littéraire et artistique et activités subordonnées, c’est-à-dire
celles exercées par les salariés):

- Le commerce proprement dit : concerne la distribution et la circulation des biens qui


se font à partir des opérations d’achat et de vente ou de louage.
- L’industrie : concerne la production et la transformation des biens.
- La finance : concerne les opérations des banques, de crédit, d’assurance et des
transactions financières.
II- QUELLE EST L’IMPORTANCE DU DROIT COMMERCIAL ?
- L’importance du droit commercial au niveau national et international s’explique par la
place considérable des échanges commerciaux entre les nations.
- Le commerce c’est l’échange, la spéculation, la recherche du gain, la quête des
richesses. Selon Thaller, « le droit commercial traduit un état social où les hommes visent à
conquérir le bien-être et la richesse ».1
Si durant longtemps la richesse était surtout présentée sous l’aspect immobilier (propriété des
terres et des immeubles), donc du ressort du droit civil ; de nos jours les valeurs mobilières
ont pris le dessus sur l’immobilier.
Avec le développement du commerce et de l’industrie durant le 17-18èmesiècle, le droit
commercial s’est détaché du droit civil pour s’imposer comme une discipline à part entière.
Aussi ce droit a pris une importance capitale avec l’apparition d’une nouvelle personne
commerçante : les sociétés commerciales dotées de la personnalité morale, elles accaparent la
grande majorité de l’activité économique ; elles sont plus puissantes par leur richesse, que les
personnes physiques, voire que certains Etats.
La richesse, devenue mobilière est facilement transférable, elle passe rapidement de main en
main. De nouveaux procédés sont nécessaires pour protéger ceux qui font les affaires « les
hommes d’affaires ».
Ce droit concerne aussi le commun des mortels, « des titres comme le chèque, des opérations
comme les placements en valeurs mobilières sont aussi des opérations de la vie civile que des
opérations de la vie des affaires ». 2
Ces opérations qui sont parfois assez spécifiques nécessitent des règles juridiques propres,
afin de pouvoir répondre à un certain nombre de besoins d’où l’originalité du droit
commercial par rapport au droit civil.

III- QUE REGIT LE DROIT COMMERCIAL, LE COMMERÇANT OU


LES ACTES DE COMMERCE ?
Le droit commercial a un double objet, il s'intéresse à la fois aux personnes (vision
subjective) et à l'activité de celles-ci (vision objective).
Deux conceptions s’affrontent : Une conception objective et une conception subjective.

La conception objective : Est celle qui analyse le droit commercial sous l'angle de
son objet. Le droit commercial est donc réduit au droit des actes de commerce. Cette
conception objective a triomphé par l'adoption de la loi n°15-95 relative au code de commerce
qui traite désormais en 1er les actes de commerce.
Le droit commercial est le droit qui s'applique aux actes de commerce, c'est à dire un certain
nombre d'opérations déterminé par la loi quelle que soit la profession de celui qui les
accomplit.
Cette vision objective ou réelle prend pour base l'acte de commerce. Ce système repose
exclusivement sur l’acte effectué, indépendamment de la personne de son auteur.

1
G.Lyon- Caen : Droit commercial européen, Paris, Dalloz 1983, p.580.
2
Français Goré, Droit des affaires, Edition Montchrestien, Paris, 1981, p.5.
La conception subjective : Elle analyse le droit commercial comme un droit des
commerçants plus généralement des professions commerciales indépendamment des actes
passés.
Le droit commercial régit les commerçants c'est le droit qui s'applique, aux commerçants,
c'est à dire à ceux qui exercent un certain nombre de professions déterminées par la loi. Le
droit commercial s'applique aussi à tous les actes que font ces personnes pour le besoin de
leur profession.
Ainsi la conception subjective prend pour base le commerçant (personne physique ou morale).
Exemple : législation allemande.

La position du législateur dans le code de commerce marocain

Le code de commerce de 1913, à l’instar du code français de 1807, se voulait adopter les
deux systèmes. Le code de commerce de 1996 annonce la même position en disposant dans
son article 1er que : « la présente loi régit les commerçants et les actes de commerce ».

Mais malgré cette apparence qui laisse entendre que notre code adopte les deux systèmes, il
ressort des diverses dispositions de ce dernier que la tendance objective celle fondée sur la
nature des actes y a le maître mot. La définition de base est celle des actes de commerce, ou
plus précisément celle de l'activité commerciale (art 6 code de commerce).

L’article 6 par exemple, définit le commerçant de la manière suivante : la qualité de


commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel des activités commerciales
qu’il énumère. Donc pour être commerçant il faut exercer l'une des activités énumérées par
l'art 6 du code de commerce, ce sont donc ces activités qui donnent la qualité de commerçant
à celui qui les exerce.

Néanmoins, quelque soit le système adopté, nous pouvons considérer que la matière du droit
commercial est double : ce sont les activités commerciales et les actes du commerce qui en
constituent l’objet et le commerçant le sujet.

IV-QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES DU DROIT


COMMERCIAL ?
D'une originalité certaine, le droit commercial s'est construit sur la base de caractéristiques qui
lui sont propres. Celles-ci sont le résultat de la pratique du commerce et des spécificités de
son cadre légal:

- Un droit complexe: il s'intéresse à des matières variées, à tel point que certaines ont acquis
leur autonomie (droit maritime, des assurances...). Cette complexité explique le recours à des
juridictions spécialisées3 et le développement de l'arbitrage en la matière.
- Un droit en perpétuel construction avec un formalisme assoupli : le droit commercial est
condamné à un mouvement permanent. il doit suivre l'évolution de la société et de ses besoins
Pour l’organisation des activités économiques. Dans cette perspective, le droit commercial est

3
Voir dans de sens la loi portant création des juridictions de commerce, loi n°53-95 instituant les
juridictions de commerce, B.O.du 15-05-97.
appelé à se doter d'un formalisme adapté aux besoins du commerce. Loin de s'ériger en
entrave à l'activité commerciale, ce formalisme, en assurant la rapidité et la sécurité,
faciliterait plutôt la conclusion des actes. C'est le cas notamment des textes imprimés qui ont
pris la forme des contrats-types4

- Un droit souple : la souplesse du droit commercial s’explique, quant à elle, par la rapidité
que nécessite la réalisation des opérations commerciales. Ainsi, et contrairement aux règles
rigides du droit civil, en droit commercial on admet le principe de la liberté de la preuve entre
les commerçants.

C’est ce qui permet à ces derniers de conclure leurs contrats par les moyens les plus rapides
(téléphone, fax ou même verbalement) sans avoir à se soucier, au préalable, du formalisme
des écritures qu’exige le droit civil.

- Le droit commercial a un caractère international : les transactions internationales sont de


plus en plus nombreuses. La mondialisation accentue ce phénomène en faisant subir à la
matière différente influences étrangères.

- Importance du crédit en droit commercial : à la différence du non commerçant qui


emprunte pour consommer, le commerçant a recours au crédit pour investir. Son emprunt est
souvent destiné au lancement d'un nouveau projet ou au développement de celui déjà existant.
Il s'agit d'un crédit à la production qui va non seulement générer les fonds utiles pour le
remboursement du prêt, mais également des revenus futurs qui peuvent servir pour initier
d'autres investissements.

Le droit commercial évolue autour de trois tendances : contractuelle, statutaire et


institutionnelle.

- Contractuelle : elle se reflète au niveau des opérations commerciales effectuées par accord
des volontés. C'est le domaine des contrats. Les contrats les plus usités en la matière sont: la
vente, le prêt, le transport et le mandat.

- Statutaire : elle constitue le cadre juridique du droit public dans lequel doivent se dérouler
les opérations commerciales. Elle reflète l'intervention de l'Etat dans le domaine économique.

- Institutionnelle : elle se manifeste par l'existence de certains mécanismes juridiques nés de


la pratique des affaires et qui se révèlent indispensables à l'exercice de l'activité commerciale.
C'est le cas notamment des sociétés, du fonds de commerce, des effets de commerce...

4
Rippert et Roblot, Traité élémentaire de droit commercial, t.2, L.G.D.J., Paris, 1975, p.38
V- QUELLES SONT LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL ?
Avec la rapidité de l’évolution du monde des affaires, on ne peut se permettre de compter
uniquement sur les sources écrites ; c’est pourquoi les sources non écrites y jouent un rôle
fondamental.

A- LES SOURCES ECRITES


Dans cette catégorie il existe des sources nationales et d’autres internationales.

a- Les sources nationales

1/ Le code de commerce et la refonte du droit des affaires

Depuis le protectorat, la zone française du Maroc était régie par le code de commerce
du 12 août 1913. Après l'indépendance il a été généralisé à tout le Royaume. Ce code était
largement inspiré du code de commerce français de 1807.
Apparut alors la nécessité d’élaborer un nouveau code. Il ne s’agissait pas d’apporter
une simple réforme au droit commercial, mais de procéder à un mouvement de refonte de tout
notre droit des affaires :
L’économie mondiale connaissait, vers la fin du siècle dernier, un tournant capital
avec : la globalisation du commerce international, le développement des intégrations
régionales, et une concurrence sans précédent sur le marché mondial.
Pour que l’économie marocaine puisse se forger une place dans ce nouveau contexte
international, il devenait impérieux de faire régner un climat de confiance en mesure
d’encourager les investissements nationaux, et surtout internationaux.
D'où la nécessité d’élaborer une législation moderne en mesure de créer un climat de
sécurité. Il ne s’agissait plus d’apporter de simples réformes au droit commercial « stricto
sensu », mais de procéder à un mouvement de refonte de tout notre droit des affaires.
Le code de 1913 fut enfin remplacé par un nouveau code de commerce en vertu d'un
dahir n° 1-96-83 du 1er août 1996 portant promulgation de la loi 15/95 formant code de
commerce5.
Le droit des affaires a connu en effet une refonte dans son ensemble durant ces
dernières années, elle a concerné notamment : la comptabilité commerciale , le domaine
bancaire6, les sociétés anonymes7,les autres sociétés commerciales8, les tribunaux de
commerce9, la loi sur la liberté des prix et de la concurrence 10, la loi relative à la protection de
la propriété industrielle11, la loi relative à la protection des consommateurs12.

7
Dahir n° 1-96-124 du 30 août 1996 portant promulgation de la loi 17/95 relative aux sociétés
anonymes (B.O. n° 4422, du 17 octobre 1996, pp. 661-704).
8
Dahir n° 1-97-49 du 13 février 1997 portant promulgation de la loi 5/96 sur la société en nom
collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société à
responsabilité limitée et la société en participation (B.O. n° 4478 du 1er mai 1997, p. 482).
9
Dahir n° 1-97-65 du 12 février 1997 portant promulgation de la loi 53/95 instituant des juridictions
de commerce (B.O. 15 mai 1997, n° 4482, p. 520).
10
Loi n° 06-99 promulguée par Dahir n° 1-00-225 du 5 juin 2000, Bulletin Officiel n° 4810 du Jeudi 6
Juillet 2000.
11
Loi n°17-97 promulguée par Dahir N° 1-00-19 du 15 Février 2000. (B.O. n° 4778 DU 16/3/2000, p.
135)
12
Loi n°31-08 édictant des mesures de protection des consommateurs, promulguée par dahir n°1-11-
03 du 18 février 2011, B.O. n°5932 du 7/4/2011
2/ Le D.O.C (Dahir formant code des obligations et contrats du 12 août 1913)

Le droit civil est la discipline la plus ancienne et la plus importante du droit privé en
particulier et du droit en général. C'est aussi le droit commun en ce sens qu'en l'absence des
règles spéciales établies pour des situations particulières, ce sont les règles du droit civil qui
s'appliquent. D'ailleurs, toutes les autres branches du droit sont nées à partir du droit civil et se
sont éloignées de lui pour devenir autonomes.

Dès qu’il y a lacune de la loi particulière, un retour au DOC est nécessaire. Une bonne
compréhension du droit commun des obligations permet de comprendre les règles
particulières car elles ont comme objectif de compléter ou de déroger au droit commun.
Le D.O.C. est notre code civil Ce texte du 12 août 1913 constitue le texte de base
réglementant le droit des obligations (l’un des textes les plus anciens dans le corpus juridique
du Royaume dépassant les cent années).
À ce propos, le code de commerce dispose dans son article 2 qu’ : « il est statué en
matière commerciale, conformément aux lois, coutumes et usages du commerce ou au droit
civil, dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit
commercial ».Même les lois relatives aux sociétés renvoient à l'application des règles du DOC
lorsqu'elles ne sont pas contradictoires avec elles.

b/-Les sources internationales

Il s’agit des conventions internationales qui constituent une source fondamentale du


droit commercial.

Ces conventions peuvent être bilatérales se limitant à régler certaines questions entre
deux États signataires ou entre un État et un groupement économique régional (par exemple
l’accord d’association entre le Maroc et l'UE).

Il existe aussi des conventions internationales, par exemple les traités internationaux
ratifiés par le Maroc tels que ceux sur les transports maritime, ferroviaire, routier et aérien ;
les accords du GATT ; les conventions internationales portant lois uniformes (les conventions
de Genève du 7 juin 1930 sur la lettre de change et le billet à ordre et du 19 mars 1931 sur le
chèque).
Le droit commercial n’a pas que des sources écrites, il en a d’autres importantes,
même non écrites.

B- LES SOURCES NON ECRITES

Il s’agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine.

a/ LES USAGES COMMERCIAUX

Bien que le droit commercial soit codifié, les usages commerciaux continuent d’en
constituer une source fondamentale ; car la législation, avec sa lenteur, est incapable de suivre
l’évolution rapide du monde des affaires.
Les usages sont des règles générales non écrites issues de pratiques professionnelles
constantes et tacitement acceptées par les commerçants à l’occasion des négociations ou de
l’exécution de leurs opérations commerciales.
Ce sont les pratiques qui créent des règles par la force de l’habitude professionnelle.
C’est à l’occasion de la conclusion des contrats et de leur exécution que le rôle des usages
intervient, par exemple, en matière de ventes commerciales ce sont les usages de chaque
profession qui fixent les délais, les modalités et les modes de paiement, les délais de livraison,
la charge de la livraison et ses frais, la charge des frais de courtage et leur taux, les risques des
défauts des marchandises, etc.
Les usages peuvent réglementer toute une institution nouvellement créée, par exemple
le leasing était, avant le nouveau code, presque exclusivement régis par les usages.

L’article 2 du code de commerce dispose désormais « qu’il est statué en matière


commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au droit civil, dans
la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial », ce qui
donne la priorité à l'application de la coutume et usages même sur la loi civile.

b/ LA JURISPRUDENCE

C’est la solution donnée par un ensemble de décisions concordantes rendues par les
juridictions sur une question de droit.
Ce sont les précédents judiciaires qui servent de guide aux décisions des juridictions à
travers la pyramide judiciaire, l’unification de la jurisprudence se réalise d’ailleurs par le biais
des voies de recours.
Il n’est pas besoin d’insister sur le rôle de la jurisprudence en matière commerciale ;
c’est aux tribunaux qu’il revient d’interpréter les lois et les contrats conclus entre
commerçants, de fixer les usages auxquels ils se réfèrent, de déterminer le statut des
institutions nouvelles créées par la pratique.

c/ LA DOCTRINE

C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes (les
universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme d'ouvrages
ou d'articles dans différentes revues juridiques.
La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour rôle
d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux (lors de
l'application de la loi).

VI- Les juridictions de commerce


Il n’existait pas au Maroc de juridictions spécialisées en matière commerciale ; ce sont
les juridictions de droit commun qui connaissaient des affaires commerciales. Les juridictions
de commerce n’ont été instituées que récemment par le Dahir du 12 février 1997 portant
promulgation de la loi 53/95 ; il s’agit des tribunaux de commerce et des cours d’appel de
commerce.
A – Les tribunaux de commerce 13

A-Composition
A la différence de la France, où les juges des tribunaux de commerce sont élus parmi
les commerçants, le Maroc a opté pour des magistrats de carrière.
Le tribunal de commerce tient ses audiences et rend ses jugements par trois
magistrats, un président et deux assesseurs, le parquet y est représenté.

B-Compétence
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des actions relatives aux
contrats commerciaux, des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités
commerciales, des actions relatives aux effets de commerce, des différends entre associés
d’une société commerciale et des différends à raison de fonds de commerce.
"Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des demandes dont le principal
excède la valeur de 20 000 dirhams…".

B – Les cours d’appel de commerce 14

A-Composition
La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des présidents de chambres et
des conseillers, un ministère public composé d’un procureur général du roi et de ses
substituts, un greffe et un secrétariat du ministère public.

Elle tient ses audiences et rend ses arrêts par un président de chambre et deux conseillers,
assistés d’un greffier.

B-Compétence
La Cour d’appel de commerce connaît des appels contre les jugements rendus par le
tribunal de commerce.
L’appel doit être formé dans un délai de 15 jours à compter de la date de la
notification du jugement du tribunal de commerce.

Le plan du cours est ainsi conçu:

CHAPITRE 1 : LA DETERMINATION DU COMMERÇANT


CHAPITRE 2 : LE STATUT DU COMMERÇANT
CHAPITRE 3 : LE FONDS DE COMMERCE
CHAPITRE 4 : LES SOCIETES COMMERCIALES

13
Il existe actuellement 8 tribunaux de première instance de commerce : Agadir, Marrakech, Meknes,
Fes, Oujda, Tanger, Rabat et Casablanca.
14
Il existe actuellement trois cours d'appel de commerce : Casablanca, Fès et Agadir Il y a
actuellement huit Tribunaux de Commerce au Maroc (situés à Rabat, Casablanca, Fès, Tanger,
Marrakech, Agadir, Oujda et Meknès) et trois Cours d’Appel de Commerce (situées à
Casablanca, Fès et Marrakech).
CHAPITRE 1 : LA DEFINITION DU COMMERÇANT
Les commerçants sont des personnes physiques ou morales qui accomplissent, en leur
nom et pour leur compte, des actes de commerce et qui en font leur profession habituelle.

A l'égard des personnes physiques, les critères de qualification d’un commerçant


tiennent à la nature de son activité.

On déduit de l'article 6 du code de commerce que la qualité de commerçant s'acquiert


par l'exercice habituel ou professionnel des activités commerciales.

L’accomplissement de ces actes doit être réalisé à titre indépendant; c'est-à-dire au


nom et pour le compte de l'intéressé.

SECTION I : L'ACCOMPLISSEMENT DES ACTES DE COMMERCE


Compte tenu de l'importance de la notion d'acte de commerce dans la définition du
commerçant, il convient d'en apprécier précisément les contours avant d'analyser les deux
autres éléments de cette définition.

I : LA NOTION D'ACTE DE COMMERCE

Cette notion permet de :

-Déterminer certaines règles de compétence et de procédure (exemple : elle fixe la


compétence des tribunaux de commerce)

- Fixer un régime juridique particulier par rapport aux actes civils (exemple : les règles
de preuve sont plus simples qu'en matière civile ; la solidarité se présume à l'égard des seuls
codébiteurs commerçants) ;

- Soumettre certains contrats commerciaux à des dispositions spécifiques (il en est


ainsi pour le gage commercial ou le statut des baux commerciaux) ;

-Permettre la mise en œuvre de certains délits spéciaux (exemple : la contrefaçon de


marques de fabrique ou le faux en écriture de commerce constituent des délits spécifiques au
droit commercial).

Cependant, il n'existe pas de critère unique satisfaisant qui permettra de


caractériser l'acte de commerce, bien qu'on ait pu en proposer trois de nature économique et
deux de nature juridique.

A. LES CRITERES DE DISTINCTION ENTRE ACTE DE COMMERCE ET ACTE CIVIL


REPOSANT SUR DES CONSIDERATIONS ECONOMIQUES

1. THEORIE DE LA SPECULATION
La distinction repose sur la spéculation qui permet de dégager des bénéfices. L'activité
est commerciale si son objectif est la réalisation d'un profit. C'est l'intention de la personne
qui compte. Le résultat de l'activité peut également aboutir à des pertes. Dans ce cas, c'est
l'objectif initial qui est pris en considération, à savoir l'intention de réaliser des bénéfices 15. Le
problème peut toutefois se poser à propos de certaines activités qui permettent de réaliser un
profit mais qu'on ne peut considérer comme commerciales. C'est le cas par exemple des
professions libérales.

2. THEORIE DE LA CIRCULATION
C'est la circulation des biens et des richesses qui confère à l'activité son caractère
commercial. La circulation concerne le parcours du bien depuis le producteur jusqu'au
consommateur en passant par les différentes opérations de transformation. Le problème peut
néanmoins se poser pour certains types d'activités comme par exemple le transport des
personnes. Il s'agit d'une activité commerciale, mais les personnes ne peuvent être assimilées
à des marchandises. La théorie ne peut donc apporter des réponses satisfaisantes à ce type
d'acte.

3. THEORIE DE L'ENTREMISE
C'est l'intervention d'un intermédiaire entre le producteur et le consommateur qui
confère à l'activité son caractère commercial. Pour renforcer la théorie, l'entremise a été liée à
la spéculation ayant pour objectif la réalisation d'un profit. A ce niveau aussi, la théorie ne
peut expliquer le caractère commercial de certains actes même en l'absence d'intermédiaire.
Par exemple pour la conclusion du contrat de mariage. L'initiative de l'intermédiaire qui met
en relation les futurs époux et leur famille se place dans le cadre d'un comportement social
étranger aux pratiques commerciales. Le raisonnement serait toutefois différent si la pratique
est organisée au sein par exemple d'une agence spécialisée.

Tous ces critères ne peuvent avoir qu'un intérêt relatif. Ils sont en mesure de justifier
le caractère commercial de certaines activités, mais pas d'autres. Ensemble, ils sont
néanmoins en mesure d'apporter des moyens susceptibles d'aider et d'éclairer le praticien pour
opérer les distinctions.

B. LES CRITERES DE DISTINCTION ENTRE ACTE DE COMMERCE ET ACTE CIVIL


REPOSANT SUR DES CONSIDERATIONS JURIDIQUES

1. MOTIF DETERMINANT DE L'OBLIGATION


Ce critère se réfère à l'objectif ou le but recherché de l'acte. Si l'objectif est la
réalisation d'un profit, l'activité est considérée comme commerciale. C'est le cas par exemple
quand on achète avec but de revendre. Des incertitudes peuvent néanmoins s'imposer à ce
niveau puisqu'il n'est pas toujours possible de déceler avec exactitude l'objectif ou l'intention
de la personne.

15
Article 982 du DOC dispose expressément que :« La société est un contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux à la fois, en vue
de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».pour une comparaison entre la société et l’association
voir Paul Decroux, les sociétés en droit marocain, éd.la porte, rabat ; 1985, p.50. Voir régalement
Azzedine Bensti, Dirrasat fi al-kanoun attijari al-maghribi, t.1,2èmeéd. A-najah al-Jadida, 1998, p.19 et
ss.
A ce propos, la doctrine considère qu'il appartient au juge de déceler la véritable
intention de la personne. Si par exemple la personne se procure une quantité importante d'une
marchandise, il y a une présomption que l'achat s'est effectué avec une intention de vendre.
C'est une présomption simple qui peut néanmoins être combattue par la preuve contraire.

2. THEORIE DE L'ENTREPRISE
L'activité doit se faire dans le cadre d'une entreprise. Ce qui exclut l'activité exercée
par une personne de manière isolée même s'il y a spéculation ou entremise.

Cette présentation sommaire des différentes théories permet de constater qu'il est
impossible de se fier de manière absolue à l'une ou l'autre. Une combinaison entre différentes
théories peut probablement apporter des solutions plus appropriées. Ceci étant, la
jurisprudence fait néanmoins souvent application de l'une des théories pour opérer les
distinctions et décider si l'activité est commerciale ou non.

En absence d'un critère fixe, il faut se borner à classer les actes de commerce en
fonction des catégories auxquelles ils appartiennent.

II- LA CLASSIFICATION DES ACTES DE COMMERCE


La lecture de l'article 6 et suivants du code permet de distinguer quatre catégories
d’actes :

LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE (A)


LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE (B)
LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME (C)
LES ACTES DE COMMERCE MIXTES (D)

A- LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE


L'acte de commerce par nature est commercial en raison de son objet. En principe,
cette qualification est réservée à des actes accomplis en entreprise, c’est-à-dire
professionnellement par un commerçant.

a- Définition

Ce sont ceux qui relèvent de la sphère commerciale en raison de leur objet. IL s'agit
d'actes accomplis dans le cadre d'une activité de nature commerciale.

Ils sont énumérés à l'article 6 du code de commerce (L’article 7 complète la liste des
actes de commerce). Permettant de retenir la qualité de commerçant de celui qui exécute ces
actes, à moins que ce commerçant n'agisse à titre isolé, il s’agit :

1- L’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature


soit après les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;
2- la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location;
3- l'achat d'immeuble en vue de les revendre en l'état ou après transformation ;
4- la recherche et l'exploitation des mines et carrières ;
5- l'activité industrielle ou artisanale ;
6- le transport ;
7- la banque, le crédit et les transactions financières ;
8- les opérations d'assurances à primes fixes ;
9- le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise ;
10- l'exploitation d'entrepôts et de magasins généraux ;
11- l'imprimerie et l'édition quels qu'en soient la forme et le support ;
12- le bâtiment et les travaux publics ;
13- les bureaux et agences d'affaires, de voyages, d'information et de publicité ;
14- la fourniture de produits et services ;
15- l'organisation des spectacles publics ;
16- la vente aux enchères publiques ;
17- la distribution d'eau, d'électricité et de gaz ;
18- les postes et télécommunications ;
19-la domiciliation. (Dahir du 9 Janvier 2019 Art premier de la loi 89-17modifiant et
complétant la loi 15-95 formant code de commerce).

L'article 7 du code de commerce ajoute expressément que : « la qualité de commerçant


s'acquiert également par l'exercice habituel ou professionnel des activités suivantes :
1- toutes opérations portant sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires ;
2- toutes opérations se rattachant à l'exploitation des navires et aéronefs et au commerce
maritime et aérien. »
Ces activités sont de distribution, de production ou de services.

b- Les catégories d’actes de commerce par nature


1- Les activités de distribution :
Constitue une activité commerciale l'achat pour revendre visé à l'article 6 1 0 et 20
Lorsque les biens sont acquis dans les perspectives de les revendre en réalisant un bénéfice ;
on est en présence d'une activité de nature commerciale.

 L'achat pour revendre suppose 3 éléments :


 Un achat initial ;
 Que l’achat porte sur des biens meubles ou immeubles (l’objet) ;
 Et avoir l’intention de les revendre soit en nature, soit après transformation.

La distribution comprend donc l’activité d’achats pour revente, mais aussi l’activité de
fourniture.
 La fourniture
C’est le contrat par lequel le fournisseur s’engage, moyennant un prix, à délivrer des
produits qu’il se procure (achète) préalablement aux livraisons ou à effectuer des services à
ses clients, de manière périodique ou continue.

2- Les activités de production

Ce sont des activités dont l’exploitation n’est pas précédée d’une circulation
antérieure, autrement dit les exploitants ne vendent que leur propre production et ne spéculent
pas sur des produits qu’ils achètent. Le critère d'exclusion de ces activités n'est autre que celui
de l'absence d'entremise dans la circulation des richesses.
Actuellement, les seules activités de production de caractère commercial, sont la
recherche et l’exploitation des mines et des carrières 16 (art. 6-4°), c’est à dire les
industries extractives17.
On remarquera que l’agriculture et la pêche, qui sont aussi des activités de production,
sont restées dans le domaine civil.
Concernant l'agriculture, il ne peut s’agir bien entendu que des exploitations agricoles
traditionnelles ; les cultivateurs et les éleveurs traditionnels ne sont pas des commerçants
même s’ils achètent leurs produits comme les semences, les engrais ou les animaux qu’ils
revendent ; par contre, les exploitations agricoles modernes (d’agroalimentaire ou d’élevage
industriel) ne peuvent être exclues du domaine commercial.
Il en est de même en ce qui concerne la pêche traditionnelle qui ne peut être inclue
dans le commerce.
Fait partie également du domaine civil la production intellectuelle (les créations de
l’esprit). Restent donc toujours régis par le droit civil les auteurs d’ouvrages, les créateurs de
nouvelles inventions (les inventeurs de logiciels par exemple), le compositeur d’une œuvre
musicale, l’artiste peintre… qui vendent les produits de leur création. Il en est de même pour
les professions libérales (les médecins, les avocats, les architectes, etc.)

3- Les activités de services


Il s’agit d’activités qui consistent à exécuter un travail au profit des clients ou de
mettre à leur disposition l’usage temporaire de certains biens.
Trois catégories de service se dégagent de l’art 6

3-1. Les services de l’intermédiation

L’objet de ces activités réside seulement dans l’information, le conseil et l’assistance


aux tiers cocontractants.
Ce sont en l’occurrence, suivant l’article 6-9°, le courtage, la commission et toutes
autres opérations d’entremise. Il s’agit aussi des bureaux et agences d’affaires auxquels
on assimile les agences de voyages, d’information et de publicité (article 6-13°)

3-2. Les services financiers

C’est l’ensemble des activités qui ont pour objet la spéculation sur l’argent.

L’alinéa 7 de l’article 6 mentionne la banque, le crédit et les transactions


financières, mais il faut aussi ajouter les assurances (al. 8) qui visent d’ailleurs la spéculation
sur l’argent (les primes d’assurance).
Il est vrai qu’on assiste actuellement à une imbrication de ces activités entre les
différents établissements financiers : les banques, les sociétés de financement, les
établissements financiers publics et semi-publics… Or, ce que vise le code de commerce, ce
sont les activités commerciales et non pas les institutions. C’est l’exercice de ces activités
financières qui est pris en considération pour la commercialité de tel ou tel organisme
financier, qu’il soit privé ou public. Ces activités sont commerciales quel que soit l’organisme
qui les exerce.

16 - Exemples des mines : fer, cuivre et tous les métaux, phosphate, charbon, etc. Les carrières sont
de sable, de marbre, de pierres, d’ardoise, d’argile, etc.
17 - La recherche et l’exploitation des mines est commerciale depuis le dahir 16 avril 1951, alors que
la recherche et l’exploitation des carrières ne l’est que par le nouveau code de 1996.
3-3. Les autres services

Quatre activités prévues par l’art 6 sont rangées dans ce cadre : l’activité
industrielle18, la location de meubles19, l’exploitation de locaux à usage public et le
transport 20 et la domiciliation. (Dahir du 9 Janvier 2019 Art premier de la loi 89-
17modifiant et complétant la loi 15-95 formant code de commerce).
Cette nouvelle loi a pour objet de compléter et modifier la loi n° 15-95 formant Code
de Commerce.
La domiciliation est reconnue comme une activité commerciale. Cette loi a pour
objet d’une part de régir les relations entre le domicilié et le domiciliaire et d’autre part, de
régir le contrat de domiciliation. En effet, la nouvelle loi définit la domiciliation comme un
contrat par lequel une personne physique ou morale, dénommée domiciliataire, met le siège
de son entreprise ou son siège social à la disposition d’une autre personne physique ou morale
dénommée domiciliée, pour y établir le siège de son entreprise ou son siège social, selon le
cas. Ce contrat est conclu pour une durée déterminée renouvelable, selon un modèle qui sera
fixé par voie réglementaire. Toutefois, la durée du contrat de domiciliation est limitée pour
certaines activités. La liste de ces activités et durées sera fixée par voie réglementaire. Ainsi,
les domiciliataires sont tenus des obligations prévus par l’article 544-4 du code de commerce.
Le code interdit la domiciliation des sociétés disposant d’un siège social au Maroc et
également à toute personne juridique d’établir leur siège dans plus d’un lieu de domiciliation.

Les obligations du domicilié sont les suivantes : - (la fourniture au domiciliataire des
documents afférents au changement d’adresse personnelle en ce qui concerne le domicilié
personne physique ou changement statutaire, de dirigeant, ou de délégation de pouvoir à
l’égard du domiciliataire en ce qui concerne la personne morale ; - la remise au
domiciliataire des registres et documents nécessaires à l’exécution de ses obligations ;
- l’information du domiciliataire de tout litige ou procès dont le domiciliataire
pourrait être partie ; - l’information des Administrations compétentes de la cessation du
contrat de domiciliation, et ce dans un délai d’un mois à compter de l’expiration ou de la
résiliation du contrat ; - la fourniture du mandat au domiciliataire qui l’accepte de recevoir
en son nom toutes notifications ; - l’indication de la qualité du domicilié chez un
domiciliataire dans toutes ses factures, lettres, bons de commande, tarifs, prospectus et autres
papiers de commerce destinés aux tiers).

Le domiciliataire doit de son coté :


- justifier de la propriété ou du bail commercial des locaux mis à la disposition de la personne
domiciliée ;
- être en situation régulière avec le fisc ;
- n’avoir pas fait l’objet d’une déchéance commerciale ou d’une condamnation depuis moins
de 5 ans ;
- n’avoir pas fait l’objet d’une condamnation prononcée par une juridiction étrangère.

18
L’art. 6-5° parle d’activité industrielle. Il s’agit de toute activité qui consiste à effectuer des travaux
sur des biens meubles ou immeubles.
19
Voitures, machines, bijoux, équipements pour l’organisation des fêtes etc…
20
L’art. 6-6° s’est contenté de prévoir le « transport » pour englober tous les modes de transport en
évitant ainsi toute énumération.
B- LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE
Ce sont des actes qui ne constituent pas la trame d’une activité commerciale et qui ne
sont pas non plus objectivement commerciaux. Ce sont des actes de nature civile et qui sont
rendus commerciaux par l’influence de la profession de l’auteur de l’acte. En d’autres termes,
ils accèdent à la commercialité parce qu’ils sont accomplis par un commerçant en liaison avec
son commerce.

La théorie de l'accessoire trouve son fondement en droit marocain dans l'article 10 du


code de commerce qui dispose expressément que : « Sont également réputés actes de
commerce les faits et actes accomplis par le commerçant à l'occasion de son commerce sauf
preuve contraire ». Ce sont donc les actes de commerce par accessoire.
Ces actes sont en réalité de nature civile et, lorsqu’ils sont effectués par un
commerçant pour les besoins de son commerce, ils acquièrent la qualité d’actes de commerce.
Ex : Un industriel qui achète un PC pour les besoins de son activité commerciale ; ce
n'est pas un acte de commerce, c'est un acte civil en principe, mais puisque cet acte est
nécessaire à l'activité, il sera un accessoire et on appliquera les règles commerciales.

La qualification d'acte de commerce par accessoire peut se concevoir pour des actes
contractuels, Il n'est pas toujours simple de faire le lien entre l'activité commerciale et
l'activité contractuelle.

Ex: Si un commerçant emprunte une somme d'argent sans en préciser l'affectation et


que peu après il achète des biens pour son fonds de commerce et fait également réaliser des
travaux de sa maison est ce que ce prêt est de nature civile ou commerciale?

Pour éviter toute difficulté la jurisprudence a posé une présomption simple selon
laquelle tous les actes effectués par un commerçant sont commerciaux par accessoire sauf
preuve contraire qui peut être apportée par tout moyen. Ce sera à celui qui entend démontrer
le caractère civil du prêt d'établir qu'il n'a pas été souscrit pour les besoins de son commerce.

Signalons enfin que l’article 9 de la loi 53/95 a attribué au tribunal de commerce la


compétence pour connaître de l’ensemble du litige commercial qui comporte un objet civil et,
donc, des actes de commerce par accessoire.

C- LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME


Le droit commercial emploie certains mécanismes juridiques qui lui sont propres. Ici,
c’est la forme de l'acte qui lui donne la qualité d'acte de commerce, qu'il soit accompli ou non
par commerçant. La forme de l'acte, a été retenue par le code de commerce pour certains
instruments du commerce et pour certaines sociétés.

1- Les instruments du commerce


L'article 9 du code de commerce dispose que : « sont réputés acte de commerce : la
lettre de change et le billet à ordre.»

a- La lettre de change
La lettre de change est un écrit par lequel une personne (le tireur) donne mandat à une
autre (le tiré), de payer à un tiers (porteur ou bénéficiaire) une certaine somme à .une époque
fixée.
La lettre de change est réputée acte de commerce quelle que soit la personne qui l'a
signée. Lorsqu'un non-commerçant signe une lettre de change, Il est soumis à la loi
commerciale et aux tribunaux de commerce, sans que cela lui donne la qualité de commerçant
(même en cas de signature répétée de lettre de change).

b- Le billet à ordre
Le BO est un titre par lequel une personne dénommée souscripteur, s'engage envers
une autre personne dénommée bénéficiaire, à payer à cette personne ou à son ordre, une
somme déterminée, à une date déterminée (ex : crédit bancaire avec BO)
Le BO est un acte de commerce même s'il est signé par un non commerçant, à
condition, il résulte d'une transaction commerciale.

2- Les sociétés commerciales


Les sociétés anonymes, les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandites et
les sociétés à responsabilité limitée sont commerciales à raison de leur forme et quel que soit
leur objet. Donc ces sociétés sont commerciales par leur forme même si leur objet est civil.
Ex : une société en nom collectif gérant un domaine agricole ou une société anonyme
d'expertise comptable (activité libérale).

D- LES ACTES MIXTES


Suivant l'article 4 du code " Lorsque l'acte est commercial pour un contractant et civil
pour l'autre, les règles de droit commercial s'appliquent à la partie pour qui l'acte est
commercial ; elles ne peuvent être opposées à la partie pour qui l'acte est civil, sauf
disposition spéciale contraire ".
Il s'agit des actes civils pour une partie et commerciaux pour l'autre. Un régime spécial
a été prévu pour ce type d'acte. Le non-commerçant peut se prévaloir contre le commerçant de
la commercialité de l'acte. Le commerçant ne peut par contre imposer au non commerçant les
règles de droit commercial.

 La compétence du tribunal
En cas d'acte mixte, la compétence juridictionnelle est déterminée en considération de
la personne du défendeur.
Lorsque c'est le non commerçant qui est assigné en justice, c'est le caractère civil de
partie qui l'emporte et c'est le tribunal de première instance qui est compétent.
Si c'est au contraire le commerçant qui est assigné, une option sera offerte au
demandeur civil. Il a alors le choix d'assigner ou bien devant le tribunal de commerce ou bien
devant le tribunal de 1ère instance.

 La preuve
En matière commerciale la preuve des contrats est libre, alors qu'en matière civile elle
obéit à des règles plus strictes. En matière d'actes mixtes, il est admis que le régime de la
preuve sera fonction de la personne contre laquelle la preuve doit être faite.
Elle se fera selon les formes civiles contre celui qui a la qualité de civil. Elle est libre contre
l'autre partie.
- le commerçant ne peut invoquer la liberté de la preuve contre le non commerçant, il ne peut
établir la preuve à l’égard de ce dernier qu’en se conformant aux règles du droit civil
(nécessité d'un écrit lorsque l’opération excède 10 000 dhs 21).

- inversement, lorsque le non commerçant doit fournir la preuve contre le commerçant, la


preuve sera libre pour lui (c’est-à-dire même par témoins).

SECTION 2 : L’EXERCICE D’UNE ACTIVITE COMMERCIALE


A TITRE DE PROFESSION HABITUELLE
Cette condition comporte deux éléments : L'habitude et la profession. Précisons ces
deux notions.

a) L’habitude
Par habitude, il faut entendre la répétition ; l'activité du commerçant doit être
habituelle ; «1'habituel s'oppose à l'occasionnel».
Un simple particulier peut accomplir occasionnellement des actes de commerce, sans
pour autant devenir commerçant, En effet, cette qualité ne lui sera acquise, selon l'art 6 du
code de commerce, que s'il le fait de manière habituelle ou à titre professionnel. Il convient
donc de préciser cette notion d'habitude.
Les actes de commerce doivent être répétés ; l'habitude se caractérise par un élément
matériel elle suppose une répétition dans le temps, quelques actes isolés ne suffisent pas.
L'exercice des actes de commerce est habituel lorsque ces actes sont suffisamment
répétés pour constituer une activité procurant à son auteur ses principales ressources. Il s'en
suit qu'il n'est pas commerçant celui qui fait un ou plusieurs actes de commerce, dès lors que
ses actes ne sont pas accomplis à titre principal et avec une régularité constante et avec
coordination.
L'habitude suppose aussi un élément intentionnel, à savoir la réalisation du bénéfice,
d’où l'idée de spéculation et de profit.
Ceci implique la répétition des actes accomplis par l'intéressé. Par exemple : l'individu
qui achète un appartement pour le revendre 5ans plus tard afin de dégager une plus-value ne
sera pas pour autant qualifié de commerçant ; l'opération étant purement ponctuelle.
En revanche, le particulier qui spécule en bourse en achetant des titres pour les
revendre par la suite sur le marché peut être qualifié de commerçant si ses opérations sont
accomplies régulièrement.

b) La profession

La profession implique une activité dép1oyée d’une façon continue régulière et


indépendante. A ce titre le professionnel s’oppose à l’amateur, dans le sens où le premier agit
dans un but de spéculation afin de se procurer les moyens réguliers d’existence, en bénéficiant
d’une certaine organisation et d'une certaine compétence.
Il se distingue aussi du consommateur qui ne produit pas et du bénévole qui agit sans
percevoir de rémunération.

21
Dahir du 30 novembre 2007 portant promulgation de la loi 53/05 relative à l'échange électronique de
données juridiques. B.O. 5584 du 6/12/2007, p. 1357.
SECTION 3 : L’EXERCICE A TITRE PERSONNEL ET
INDEPENDANT
La qualité de commerçant s’acquiert en définitif par l’exercice habituel ou
professionnel des activités commerciales, mais pour son propre compte. Autrement dit, la
règle en la matière est la suivante : celui qui exerce des activités commerciales, même s’il en
fait sa profession habituelle, n’est pas un commerçant tant qu’il le fait pour le compte
d’autrui.

Le commerce suppose une indépendance totale dans l’exercice de la profession. Il


suppose aussi un certain risque : le commerçant peut faire des bénéfices mais il peut aussi
subir des pertes ; d’où la règle : tous ceux qui exercent le commerce pour le compte d’une
autre personne et ne subissent pas de risque ne sont pas des commerçants.

La jurisprudence rappelle que n’a pas la qualité de commerçant celui qui bien
qu'agissant à titre professionnel n’accomplit pas des actes de commerce en son nom et pour
son compte personnel. Par conséquent, ne sont pas qualifiés « commerçants » les salariés qui
exercent une activité commerciale, les VRP (voyageurs, représentants, placiers), leurs
fonctions consistent à vendre les produits des entreprises qu’ils représentent. Ne sont pas non
plus commerçants les mandataires sociaux c'est-à-dire les dirigeants d'une société qui agissent
pour le nom et pour le compte de cette société.

Cependant certaines personnes font l’exception, bien qu’elles agissent pour le compte
d’autrui, sont considérées des commerçants alors qu’elles ne remplissent pas la condition
d’indépendance corrélative au risque.il s’agit des commissionnaires22 et des prêtes noms23.

22
Le contrat de commission est une sorte de mandat ; à ce titre, le commissionnaire ne devrait pas,
en principe, être considéré commerçant puisqu’il est un simple mandataire qui traite pour le compte
d’autrui, son commettant. Le commissionnaire à la différence du mandataire, traite en son propre
nom. Cependant, ce n’est pas pour cette raison que le commissionnaire est un commerçant, mais
parce qu’il exerce une activité commerciale à part entière prévue par l’article 6-9° : la commission.

23
Le prête-nom est celui qui prête son nom dans des actes où le véritable cocontractant ne
peut ou ne veut pas voir figurer le sien. C’est donc en apparence seulement que le prête-
nom exerce le commerce, c’est en apparence qu’il contracte avec les tiers en son nom et
pour son compte alors qu’en réalité, il le fait pour le compte d’autrui ; à ce titre, il ne devrait
pas être considéré commerçant. Pourtant, vu l’importance accordée en droit commercial à
la théorie de l’apparence, le prête-nom est, sans hésitation, qualifié commerçant.
CHAPITRE 2 : LE STATUT DU COMMERÇANT
La qualité de commerçant permet de bénéficier des règles adaptées aux besoins de la
vie des affaires. Le législateur, pour protéger les personnes qui voudraient exercer des
activités commerciales et pour assainir la vie des affaires a posé des conditions pour l'exercice
du commerce. Les commerçants sont soumis à certaines obligations.

SECTION 1 : LES CONDITIONS D’ACCES A LA QUALITE DE


COMMERÇANT
Les conditions d'accès à la qualité de commerçant sont tantôt liées à la personne du
postulant (§I), tantôt à l'activité professionnelle envisagée (§II).
I- LES CONDITIONS D’ACCES LIEES A LA PERSONNE
En principe le commerce peut être librement exercé, La loi a posé le principe selon
lequel « il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer telle profession
artisanale ou métier qu'elle trouvera bon ».

Le principe de la liberté du commerce et de l'industrie signifie que toute personne peut


opter pour l'activité commerciale de son choix. Ce principe relève des libertés publiques
auxquelles seul le législateur peut porter atteinte à condition que les restrictions posées ne
soient pas arbitraires ou abusives.

A- CONDITIONS TENDANT A PROTEGER LA PERSONNE QUI VEUT


ENTREPRENDRE LE COMMERCE : LA CAPACITE COMMERCIALE
La capacité d'une personne peut être définie comme étant l'aptitude à jouir de ses biens
et de ses droits, à contracter des obligations et à ester en justice.
L'article 12 du code de commerce renvoie la question de l'âge de la majorité
commerciale au code de famille. Il faut donc faire appel au code de la famille. Celui-ci fixe
l'âge de la majorité légale à dix-huit années grégoriennes révolues. Il y a donc coïncidence
entre l'âge de la majorité légale et l'âge de la majorité commerciale. Tout marocain qui a
atteint cet âge est par conséquent en mesure d'exercer une activité commerciale.

a) Mineur
Le mineur est celui qui n’a pas atteint l’âge de la majorité.
La majorité légale est désormais fixée dans notre pays à 18 années grégoriennes
révolues
Le mineur est considéré incapable jusqu'à sa majorité ; dès sa naissance, il est frappé
d'une incapacité d'exercice générale, néanmoins, le code de la famille prévoit deux
atténuations à cette règle, qui permettent au mineur d’accéder à la capacité.

1- L’autorisation d’expérience de la maturité (12 ans) ‫االختبار‬


L’article 226 du code de la famille dispose expressément que : le mineur doué de
discernement peut être autorisé à prendre possession d’une partie de ses biens pour en
assurer la gestion à titre d’essai une autorisation est accordée, à cet effet, par le tuteur légal
ou par décision du juge chargé des tutelles, sur demande du tuteur testamentaire ou datif ou
du mineur intéressé. Le juge chargé des tutelles peut annuler l'autorisation de remise des
biens, sur demande du tuteur testamentaire ou datif, du ministère public ou d'office, en cas de
mauvaise gestion, dûment établie, des biens autorisés. L'interdit, autorisé à gérer une partie
de ses biens, est considéré comme ayant pleine capacité pour agir dans la limite de
l'autorisation qu'il a reçue et pour ester en justice.

Le mineur habilité ainsi à gérer une partie de ses biens, reste en principe incapable ;
mais pendant la période d’expérience, qui est généralement d'une année renouvelable, il est
considéré, à l'égard des biens qui lui sont remis et qui sont mentionnés dans son autorisation,
comme ayant pleine capacité. Il peut même ester en justice à propos des actes de sa gestion.

2- L’émancipation par déclaration de majorité (à partir de 16ans)‫الترشيد‬


Cette émancipation est réglementée par l’article 218 alinéas 3 et suivants du code de la
famille qui prévoit que le mineur qui a atteint l’âge de 16 ans, est admis à requérir son
émancipation du tribunal.
De même son représentant légal, s’il le juge apte à être émancipé, il peut en faire la
demande au tribunal24.
Il résulte de l’émancipation que le mineur :
- prend possession de tous ses biens ;
- qu’il est entièrement affranchi de la tutelle,
- qu'il est relevé de son incapacité, ce qui revient à dire qu’il acquière la pleine
capacité pour la gestion et la disposition de son patrimoine ;
- Quant aux droits extra patrimoniaux, notamment le droit au mariage, ils restent
soumis aux textes qui les régissent.

Qu'il s'agisse de l'autorisation d’expérience de la maturité (à 12 ans) ou de la


déclaration judiciaire anticipée de majorité (à 16 ans) elles doivent être inscrites au registre de
commerce. Ce qui laisse entendre que dans les deux cas les mineurs ont le droit d'exercer le
commerce à condition d'inscrire leurs documents respectifs au registre de commerce.
b) le mineur étranger (art 15 du code de commerce marocain)
Lorsqu'un étranger n'a pas l’âge de majorité (18 années grégoriennes révolues) requis
par la loi marocaine et qu'il est réputé majeur par sa loi nationale, il ne peut exercer le
commerce qu’après autorisation du président du tribunal du lieu où il entend exercer et
inscription de cette autorisation au registre du commerce. Il est statué sans délai sur la
demande d’autorisation.
Ici on est devant deux hypothèses :
- A l’âge de 18 ans, tout étranger est réputé majeur et peut exercer le commerce même
si sa loi nationale prévoit un âge supérieur à 18 ans.
- A moins de 18 ans, même s’il est réputé majeur par sa loi nationale, un étranger ne
peut exercer le commerce qu’après autorisation du président du tribunal du lieu où il entend
exercer le commerce. Bien entendu, cette dernière doit être inscrite au registre du commerce.

24
Art 218 "Le représentant légal peut demander au tribunal d’émanciper le mineur qui a atteint l’âge
précité, lorsqu’il constate qu’il est doué de bon sens…Dans tous les cas, les personnes précitées ne
peuvent être émancipées que lorsqu’il est établi devant le tribunal, à l’issue des démarches légales
nécessaires, qu’elles sont douées de bon sens".
c) la femme mariée
L article 17 du nouveau code de commerce dispose ce qui suit:« La femme mariée peut
exercer le commerce sans autorisation de son mari. Toute disposition contraire est réputée
nulle. »
d) les incapables majeurs
Les personnes âgées de 18 ans peuvent ne pas être capables en raison de maladies
mentales, de faiblesse d'esprit ou de prodigalité.
L’art 217 du code de la famille dispose que : « Ne jouit pas de la capacité d'exercice:
1) l'enfant qui n'a pas atteint l'âge de discernement; 2) le dément et celui qui a perdu la
raison. La personne qui perd la raison de manière discontinue a pleine capacité durant ses
moments de lucidité. La perte volontaire de la raison ne dégage pas de la responsabilité ».
Ainsi, l’art 217 du code de la famille écarte .la capacité en ce qui concerne l'aliéné
mental (le dément25 est celui qui a perdu la raison ») L'art 228 aligne le prodigue26 (qui
dilapide ses biens) et le faible d'esprit27 (handicap mental l'empêchant de maîtriser ses
pensées et actes) sur le mineur doué de discernement (actes valables s'ils lui sont profitables).

B- CONDITIONS TENANT A PROTEGER L’INTERET GENERAL


a) Les incompatibilités
Le commerce a toujours été considéré comme inconciliable avec l'exercice de
certaines activités. La profession de commerçant empêcherait la réalisation de l'autre. Il en est
ainsi des professions libérales réglementées (notaire, avocat, médecin...), et de la fonction
publique. L'article 16 du dahir du 24 février 1958 portant statut de la fonction publique pose
le principe de l'incompatibilité de la profession commerciale avec la fonction publique. L'on
estime que cette dissociation garantirait l'indépendance et la dignité des professions visées. Le
fonctionnaire ne peut donc exercer à titre professionnel une activité privée lucrative
Le législateur estime, pour différentes raisons, que certaines professions sont
incompatibles avec l’exercice du commerce :

- soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la dignité de la
profession qu’ils exercent ex : les médecins, les avocats, les notaires, les adouls…

- soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent rester
indépendants : c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par les risques du
commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du profit ; ex : les fonctionnaires (Art.
15 dahir 24/2/1958 portant statut général de la fonction publique).

25
Le dément‫ فاقد العقل‬est celui qui a perdu la raison et par conséquent la faculté totale de mesurer les
actes qu’il accomplit.
La personne qui perd la raison de manière discontinue a pleine capacité durant ses moments de
lucidité précise l’article 217 du code de la famille. Ce texte ajoute que la perte volontaire de la raison
ne dégage pas de la responsabilité.
26
Le prodigue‫ السفيه‬est celui qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité ou considérées
comme futiles par les personnes raisonnables, d’une manière qui porte préjudice à lui-même ou à sa
famille.
27
Le faible d’esprit ‫ المعتوه‬est la personne atteinte d’un handicap mental l’empêchant de maîtriser sa
pensée et ses actes.
b) Les déchéances
Les déchéances ont un caractère sanctionnateur. Elles ont pour objectif d'évincer
certaines personnes du circuit commercial. L'article 750 du code de commerce pose un
principe général en disposant que :" la déchéance commerciale emporte interdiction de
diriger, gérer, administrer ou contrôler, directement ou indirectement, toute entreprise
commerciale et toute société commerciale, ayant une activité économique ".
La personne physique peut également être frappée d'une déchéance commerciale en
raison de faits commis dans le cadre de son activité. L'article 745 a prévu des situations
pouvant aboutir à une déchéance :
* L'omission de tenir une comptabilité régulière ou le fait de faire disparaître les
documents comptables.
* Le fait pour le dirigeant de détourner ou de dissimuler tout ou partie de l'actif ou de
gonfler frauduleusement le passif.
* Le fait pour le dirigeant de continuer l'exercice de l'activité sachant que ceci devait
conduire de manière certaine à une cessation de paiement.
L’article 745 dispose expressément qu’ : « A tout moment de la procédure de
redressement ou de liquidation judiciaire, le tribunal doit se saisir en vue de prononcer, s’il y
a lieu, la déchéance commerciale de toute personne physique commerçante, contre laquelle a
été relevé l’un des faits ci-après : – avoir poursuivi abusivement une exploitation déficitaire
qui ne pouvait conduire qu’à la cessation des paiements ; – avoir omis de tenir une
comptabilité conformément : – aux dispositions légales ou fait disparaître tout ou partie des
documents comptables ; –avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif ou
frauduleusement augmenté son passif ».
Certaines déchéances peuvent frapper toute personne condamnée pour crimes ou délits
liés à l'exercice d'une activité commerciale (assureur, agent d'affaires, banquier...). Il en est de
même des liquidations. Deux situations peuvent se présenter à ce propos :
* Interdire l'exercice d'une activité commerciale en tant que peine accessoire à une
sanction pénale.
* L'interdiction peut être prononcée pour crimes ou délits en relation avec l'exercice
d'une activité commerciale. Elle est prononcée à titre de mesure de sûreté et peut aller jusqu'à
dix ans.

II- LES LIMITES RELATIVES A L’ACTIVITE EXERCEE


a) Les interdictions (les activités interdites)
Certaines activités sont interdites pour des impératifs d'ordre public ou en raison d'un
monopole d'Etat.

Exemples :
- La fabrication d’arme est interdite pour des raisons d’ordre public.
- La vente de tabac.
- L’interdiction du commerce de la fausse monnaie (art. 334 et 335 du code
pénal marocain),
L’article 334 du code pénal dispose qu’: « Est puni de la réclusion perpétuelle
quiconque contrefait, falsifie ou altère : Soit des monnaies métalliques, ou papier-
monnaie, ayant cours légal au Maroc ou à l'étranger; Soit des titres, bons ou
obligations, émis par le Trésor public avec son timbre ou sa marque, ou des coupons
d'intérêts afférents à ces titres, bons ou obligations ».
L’article 335 du code pénal ajoute que : « Sont punis de la peine édictée à l'article
précédent ceux qui, d'une manière quelconque, ont sciemment participé à l'émission, à
la distribution, à la vente ou à l'introduction sur le territoire du Royaume des
monnaies, titres, bons ou obligations désignés audit article ».

- L’interdiction du commerce des objets et images contraires aux mœurs (art. 73


Dahir 10/08/2016 portant promulgation de la loi n° 88-13 relative à la presse et à l'édition.)
cet article dispose qu’ : « Il est interdit de : fabriquer ou détenir en vue d'en faire commerce,
distribution, garantie de distribution, location, affichage ou exposition ; importer ou faire
importer, exporter ou faire exporter, transporter ou faire transporter, sciemment aux mêmes
fins que ci-dessus ; offrir, même à titre gratuit, publiquement ou non publiquement. sous
quelque forme que ce soit au regard du public ; distribuer, faire distribuer ou remettre en vue
de leur distribution. Tout imprimés, écrits, dessins, gravures, photographies ou contenus
médiatiques diffusant des contenus érotiques ou pornographiques ou susceptibles d'être
exploités en vue d'inciter au proxénétisme, à la prostitution ou aux abus sexuels sur les
mineurs, sous réserve de la législation en vigueur ».
- le commerce des stupéfiants ;
- l’interdiction du commerce lié aux jeux de hasard l’art. 282 du code pénal
dispose à cet égard que : « Sont punis de l’emprisonnement de trois mois à un an et d’une
amende de mille deux cent à cent mille dirhams ceux qui, sans autorisation de l’autorité
publique :
1° tiennent une maison de jeux de hasard et y admettent le public, soit librement, soit sur la
présentation d’affiliés, de rabatteurs ou de personnes intéressées à l’exploitation. Il en est de
même des banquiers, administrateurs, préposés ou agents de cette maison ; 2° installent sur
la voie et dans les lieux publics, notamment dans les débits de boissons, des appareils
distributeurs d’argent, de jetons de consommation et d’une manière générale des appareils
dont le fonctionnement repose sur l’adresse ou le hasard et qui sont destinés à procurer un
gain ou une consommation moyennant un enjeu. Les peines sont portées au double lorsque
des enfants de moins de dix-huit ans sont attirés dans les lieux visés au présent alinéa
Les coupables peuvent, en outre, être frappés pour une durée de deux à cinq ans de
l’interdiction d’un ou plusieurs des droits mentionnés à l’article 40 et de l’interdiction de
séjour. Doit obligatoirement être prononcée la confiscation des fonds ou effets exposés
comme enjeux, de ceux saisis dans les caisses de l’établissement ou trouvés sur la personne
des tenanciers et de leurs agents, ainsi que de tous meubles ou objets mobiliers dont les lieux
sont garnis ou décorés et du matériel destiné ou employé au service des jeux ».

b) Les autorisations (les activités soumises à condition).


Dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme d’agrément ou de
licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou l’exercice de certaines activités
commerciales, par exemple :
- la vente des boissons alcooliques (qui est soumise, suivant le cas, à une licence ou à
une autorisation),
- les activités cinématographiques sont soumises à une autorisation du C.C.M28.,

28
Le Centre Cinématographique Marocain (CCM) a été créé par le Dahir (loi) du 9 janvier 1944. Ce
qui en fait l'un des plus anciens établissements publics chargés de la règlementation et de la
promotion du cinéma dans le monde. C’est un établissement public placé sous la tutelle du ministre de
la communication
- les agences de voyages (qui doivent être autorisées par le ministère du tourisme),
- le transport public des personnes (soumis à des agréments du ministère du transport),
etc. 29
Dans d’autres cas l’existence de ces autorisations s’explique par des exigences de la
profession, par exemple l’ouverture d’une pharmacie nécessite d’être titulaire d’un diplôme
de pharmacien, les banques et les sociétés d’assurances doivent être inscrites sur les listes de
ces professions, etc.
Il faut ajouter que certaines activités ne peuvent être exercées que par des personnes
morales, par exemple les activités bancaires.

c) Les limites conventionnelles à l’exercice du commerce


Elles sont le résultat d'une relation contractuelle. Une des parties peut s'engager, par le
biais d'une clause insérée dans le contrat, à ne pas concurrencer l'autre partie en exerçant une
activité déterminée.
Trois clauses peuvent être à l'origine de ces interdictions : non- rétablissement, non-
concurrence et d'exclusivité. La clause trouve son origine dans un contrat.

* Clause de non-rétablissement : la clause est insérée dans le contrat de vente d'un


fonds de commerce pour interdire au cédant de se rétablir à proximité des lieux où se trouve le
fonds vendu. La clause doit être limitée dans le temps et l'espace

* Clause de non-concurrence : la clause est liée au contrat de travail entre le salarié


et son employeur. Elle vise à interdire au salarié d'exercer une activité concurrente à celle de
son ancien employeur en cas de rupture du contrat.
Elle a également pour but d'interdire au salarié d'intégrer une entreprise concurrente.
L'article 109 du Dahir des obligations et contrats a prévu la possibilité d'intégrer dans le
contrat une clause de non-concurrence qui limiterait l'exercice d'une activité commerciale.
L'effet de la clause doit être limité dans le temps et dans l'espace.

* Clause d'exclusivité : elle impose au commerçant de ne vendre que certains


produits et de ne se fournir qu'auprès d'un fournisseur déterminé (exemple : les pompistes de
marque).

SECTION II : LES OBLIGATIONS AFFERENTES AUX


COMMERÇANTS
Dans l'exercice de son activité, le commerçant est soumis à certaines obligations qui
lui sont particulières. La loi ne fait aucune distinction entre les commerçants à ce niveau. Peu
importe la taille de l'exploitation ou la nature de l'activité. Le même régime est appliqué à
tous. Ce sont des obligations liées à la qualité de commerçant. Elles sont la contrepartie des
droits conférés à la personne en raison de son activité. Peu importe qu'il s'agisse à ce niveau
d'une personne physique ou morale.

Certes, de nombreuses obligations sont prévues par différents textes juridiques. Le


commerçant doit par exemple utiliser le chèque et la facture pour certaines opérations. Il doit
également respecter les règles de la concurrence, payer les impôts, contracter une assurance....

29
Le transport des marchandises n'étant désormais plus soumis à agrément
Ce sont des obligations communes à toutes les personnes du droit commercial. Ainsi,
plusieurs obligations sont imposées à tout commerçant, mais il faut relever les plus
importantes.

I- L’OBLIGATION D’IMMATRICULATION AU REGISTRE


DE COMMERCE
Le R.C est un répertoire officiel des personnes physiques et morales exerçant le
commerce permettant de réunir et de diffuser un certain nombre de renseignements
concernant ces personnes et leurs entreprises.
Il fournit aux tiers, qui sont en relation avec le commerçant, des informations relatives
à sa situation juridique et à ses activités commerciales.
C’est pour cette raison que le code de commerce a fait du R.C. un document public ;
consultable par voie électronique. Toute personne peut se faire délivrer une copie ou un
extrait certifié des inscriptions qui y sont portées ou un certificat attestant l’inexistence d’une
inscription ou qu’une inscription a été rayée.

A- L’organisation du registre du commerce


a) La tenue du registre
Au Maroc le registre de commerce est constitué de deux éléments :

Le registre du commerce est constitué par des registres locaux et un registre central.
Il est créé un registre électronique du commerce à travers lequel sont tenus les registres
locaux du commerce et le registre central du commerce (art 27du code de commerce).

-Le registre local est tenu par le secrétariat-greffe du tribunal compétent. La tenue
du registre du commerce et l'observation des formalités prescrites pour les inscriptions qui
doivent y être faites sont surveillées par le président du tribunal ou par un juge qu'il désigne
chaque année à cet effet 30.
 Toute personne peut se faire délivrer une copie ou un extrait certifié des
inscriptions qui sont portées au registre du commerce ou un certificat attestant
qu'il n'existe point d'inscription ou que l'inscription existante a été rayée. Les
copies, extraits ou certificats sont certifiés conformes par le secrétaire-greffier
chargé de la tenue du registre.
 Toute inscription au registre du commerce d'un nom de commerçant ou d'une
dénomination commerciale doit être requise par voie électronique à travers la
fenêtre dédiée dans la plateforme électronique précitée au secrétariat-greffe du
tribunal du lieu de situation de l'établissement principal du commerçant ou du
siège de la société.
- Le registre central tenu par l'administration (notamment L’Office Marocain de la
Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC) 31.
- Le registre central du commerce est public. Il est consulté à travers la plateforme
électronique de création et d’accompagnement d’entreprises par voie électronique.
-Le registre central est destiné :
1) à centraliser, pour l'ensemble du Royaume, les renseignements mentionnés dans les
divers registres locaux ; 2) à délivrer les certificats relatifs aux inscriptions des noms de

30
Article 28 du code de commerce
31
Article 31 du code de commerce
commerçants, dénominations commerciales et enseignes ainsi que les certificats et copies
relatifs aux autres inscriptions qui y sont portées ; 3) à publier, au début de chaque année, un
recueil donnant tous renseignements sur les noms de commerçants, les dénominations
commerciales et les enseignes qui lui sont transmis. (Art 33 du code de commerce)
.
b) Les personnes assujetties
Les personnes assujetties à l'immatriculation sont énumérées à l'article 37 du code.
L'immatriculation est obligatoire via la plate forme électronique pour :

- Toutes personnes physiques ou morales, marocaines ou étrangères exerçant une


activité commerciale sur le territoire du Royaume.

- Toute représentation commerciale ou agence commerciale des Etats, collectivités ou


établissements publics étrangers.

- Les établissements publics marocains à caractère industriel ou commercial soumis


par leurs lois à l'immatriculation au registre du commerce.

- Tout groupement d'intérêt économique.

B- Le fonctionnement du registre de commerce : les inscriptions au R.C

Les inscriptions au registre du commerce ont pour but de donner une idée précise sur
la situation des assujetties. Elles comprennent, selon l'article 36 du code de commerce, les
immatriculations, les inscriptions modificatives et les radiations.

1- L’immatriculation au R.C
Sont tenues de se faire immatriculer au registre du commerce les personnes physiques
et morales, marocaines ou étrangères, exerçant une activité commerciale sur le territoire du
Royaume.
a – délai
- L'immatriculation des personnes physiques doit être requise dans les trois mois de
l'ouverture de l'établissement commercial ou de l'acquisition du fonds de commerce.
- L'immatriculation des personnes morales doit être requise dans les trois mois de
leur création ou de leur constitution. Il en est de même des succursales et agences marocaines
ou étrangères.

b- déclaration d'immatriculation
L'immatriculation du commerçant au registre électronique du commerce ne peut être
requise que sur sa demande ou à la demande de son mandataire d’une procuration écrite qui
doit être jointe obligatoirement à la demande
L'immatriculation d'une société ne peut être requise que par les gérants ou par les
membres des organes d'administration, de direction ou de gestion et, par le directeur, s'il s'agit
d'un établissement public, d'une succursale, d'une agence ou d'une représentation
commerciale. (L’article 38 du code de commerce tel qu’il a été complété et modifié par la loi
n° 89-17).
L’immatriculation au registre de commerce via la plate forme électronique doit
comporter certaines mentions obligatoires :

 Pour les commerçants personnes physiques, la déclaration d'immatriculation doit


comporter tous les éléments permettant d'identifier ledit commerçant (nom, prénom,
date de naissance s'il s'agit d'un mineur ou d'un tuteur testamentaire ou datif
exploitant les biens du mineur dans le commerce, l'autorisation qui leur a été donnée
en vertu des dispositions légales en vigueur, le régime matrimonial du commerçant
étranger, l'adresse personnelle du commerçant, nationalité, l'activité exercée, le siège
de son entreprise, l'origine du fonds de commerce et l'enseigne si l'intéressé en
possède, date du certificat négatif pour l'inscription du nom commercial les
établissements de commerce que le déclarant a précédemment exploités ou ceux
qu'il exploite dans le ressort d'autres tribunaux).
.
 Pour les commerçants personnes morales (de droit public ou privé) : la
déclaration d'immatriculation doit indiquer pour les sociétés commerciales à travers
la plateforme électronique créée à cette fin: (les nom et prénom des associés, autres
que les actionnaires et commanditaires, la date et le lieu de naissance, la nationalité
de chacun d'eux ainsi que le numéro de la carte d'identité nationale ; pour les
étrangers résidents celui de la carte d'immatriculation ; pour les étrangers non-
résidents le numéro du passeport ou de toute autre pièce d'identité , la raison sociale,
l'objet de la société, l'activité exercée, le siège social, la forme juridique de la
société, le montant du capital social. si la société est à capital variable, la somme au-
dessous de laquelle le capital ne peut être réduit ; la date à laquelle la société a
commencé et celle à laquelle elle doit finir ; la date et le numéro du dépôt des statuts
au secrétariat-greffe).

L'immatriculation a un caractère personnel. Nul assujetti ou société commerciale


ne peut être immatriculé à titre principal dans plusieurs registres locaux ou dans
un même registre local sous plusieurs numéros ; le juge procède d'office aux
radiations nécessaires. La demande d'immatriculation doit être déposée auprès du
secrétariat-greffe du tribunal dans le ressort duquel est situé le siège social ou, s'il
s'agit d'un commerçant personne physique, soit son principal établissement, soit le
siège de son entreprise s'il est distinct de son principal établissement
c) Les inscriptions électroniques au registre de commerce

L’article 30 du code de commerce tel qu’il a été modifié et complété par la loi n° 89-17
publiée au Bulletin officiel du 20 juin 2019 dispose : « toute inscription au registre du
commerce d’un nom de commerçant ou d’une dénomination commerciale doit être requise
par voie électronique à travers la fenêtre dédiée dans la plateforme électronique précitée au
secrétariat-greffe du tribunal du lieu de situation de l’établissement principal du commerçant
ou du siège de la société ».
Les inscriptions sont nombreuses et ont pour but de refléter de manière précise la situation des
personnes assujetties. Elles constituent une forme de publicité en matière commerciale et
servent par conséquent à renseigner les tiers. Les articles 42 à 48 du code de commerce
indiquent les mentions qui doivent exister dans la déclaration d’immatriculation. En vertu de
l’article 36 du code de commerce : « les inscriptions au registre du commerce comprennent
les immatriculations, les inscriptions modificatives et les radiations ».
d) L’obtention d’un numéro d’immatriculation
Dans les cinq jours du dépôt de la demande, le greffier doit immatriculer le
commerçant, s'il estime le dossier conforme aux prescriptions légales. Cela se traduit par
l'obtention d'un numéro mentionné sur le dossier conservé au greffe et sur l'exemplaire destiné
au registre central.

2- Les inscriptions modificatives


Tout changement ou modification concernant les mentions qui figurent sur le R.C. doit
faire l’objet d’une demande d’inscription modificative (art. 50) dans le mois suivant le
changement.
Par exemple, pour les personnes morales les décisions modifiant les statuts de la
société (l’augmentation ou la diminution du capital social, la forme juridique de la société, la
dénomination sociale), la nomination de nouveaux gérants, des membres des organes
d’administration, etc.

3 - Les radiations
La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. par exemple
en cas de cessation totale de l’activité commerciale, en cas de décès du commerçant, en cas de
dissolution d’une société, etc.32
Les radiations peuvent être requises par les intéressés eux-mêmes, soit opérées d'office
par ordonnance du président du tribunal.

 La radiation opérée par les intéressés eux-mêmes.


- Lorsque le commerçant vient de cesser d’exercer le commerce, ou par ses héritiers, s’il
vient de décéder.

 La radiation opérée par le président du tribunal.


La radiation peut également s’opérer d’office, par le greffier, en vertu d’une
ordonnance du président du tribunal de commerce, dans les cas suivants :
- la déchéance d’un commerçant suite à une décision judicaire.
- Le décès depuis plus d'un an.
- La cessation effective de l'activité depuis plus de trois ans.
- La clôture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
-
C/ La publicité des inscriptions

Il importe de distinguer la publicité directe et la publicité indirecte


 La publicité directe
La publicité directe résulte des dispositions des articles 29 et 33 du code de commerce. Toute
personne intéressée peut obtenir à ses frais des copies, extraits ou certificats que les
secrétaires-greffiers et le registre central du commerce sont habilités à délivrer

32
- V. art. 51 à 57 code de commerce.
 La publicité indirecte
La publication indirecte résulte de l’obligation imposée à tout commerçant ou société
commerciale de faire figurer sur ses factures, lettres, bons de commande, tarifs, prospectus et
autres papiers de commerce destinés au tiers, le numéro et le lieu de son immatriculation au
registre analytique (art. 49, al.1).
Les documents émanant des agences et des succursales doivent mentionner en sus de leur
numéro, celui de l’établissement principal ou du siège social (art.49, al. 2).

D/ Les effets de l’immatriculation


a) Les effets de l’inscription
1- La présomption simple de la qualité du commerçant
En principe toute personne inscrite au R.C est présumée avoir la qualité de
commerçant Mais il s’agit que d’une présomption simple susceptible par conséquent de
preuve contraire ce qui veut dire que c’est à l’adversaire de démontrer qu’il n’est pas
commerçant.
2- L'émergence de la personnalité morale
La présomption de commercialité ne joue pas pour les sociétés. Mais c'est à partir de
l'inscription au registre du commerce que la société acquiert la personnalité morale.

3- Opposabilité des inscriptions


Le commerçant peut se prévaloir de toutes les informations et mentions contenues
dans le registre du commerce L’alinéa premier de l'article 61 du code de commerce précise
que : "les faits et actes régulièrement inscrits au registre du commerce sont opposables aux
tiers".

Dans le sens inverse, le commerçant ne peut se prévaloir des actes qui n'ont pas été
régulièrement inscrits sur le registre.
Le deuxième alinéa de l’article 61 précise que :"les personnes assujetties à
l'immatriculation au registre du commerce ne peuvent, dans l’exercice de leur activité
commerciale, opposer aux tiers qui peuvent toutefois s'en prévaloir, les faits et actes sujets à
mention modificative que si ces derniers ont été inscrits au registre du commerce ".
Il ne peut donc se prévaloir d'un fait ou d'un acte que s'il a procédé à une inscription
modificative. Ce qui n'est pas le cas pour les tiers. Ceux-ci peuvent au besoin invoquer les
informations qui n'ont pas été inscrites au registre, c'est-à-dire qu'ils peuvent les invoquer ou
non selon leur intérêt Si le tiers estime que l'information peut renforcer sa position, il est en
droit de l'utiliser. Dans le cas contraire, il est libre de ne pas l'invoquer.

Une limite a toutefois été apportée à ce propos. Les tiers ne peuvent se prévaloir des
informations s'il est établit qu'au moment où ils ont traité, ils avaient connaissance des faits et
actes dont il s'agit. L'alinéa 3 de l'article 61 dispose que : "l'alinéa précédent n'est pas
applicable si les assujettis établissent qu'au moment où ils ont traité, les tiers en cause
avaient connaissance des faits et actes dont il s'agit ".Dans ce cas, il incombe au commerçant
de faire la preuve que les tiers ont contracté en connaissance de cause.
4- La responsabilité solidaire
La responsabilité solidaire est une conséquence du défaut de radiation de la personne
concernée. Tant que le commerçant ; jadis exploitant d'un fonds de commerce, ne se fait pas
radier du registre, un lien de solidarité le lie à son successeur ou locataire.

L'article 60 du code de commerce dispose à ce propos qu’en cas de cession ou de


location d'un fonds de commerce, la personne immatriculée reste solidairement responsable
des dettes de son successeur ou de son locataire tant qu'elle ne se fait pas radier du registre
du commerce ou qu'elle n'a pas modifié son inscription avec la mention expresse de la vente
ou la location ".

Le même principe a été retenu par l'alinéa 4 de l'article 51 qui dispose que : "...
l'assujetti ne peut être rayé des rôles d'imposition à l'impôt des patentes afférents à l'activité
pour laquelle il est immatriculé, qu'en justifiant au préalable de la radiation du registre du
commerce.. ".

La qualité de commerçant est donc maintenue tant que la personne immatriculée au


RC n'a pas procédé à la radiation. C'est une mesure qui vise en premier à protéger les tiers en
rendant le commerçant solidairement responsable à cause de son indifférence par rapport à la
nouvelle situation juridique du fonds.

b) Les sanctions liées au défaut d’inscription


Le non-respect par le commerçant des obligations afférentes à l’inscription le rend
passible de sanctions civiles et de sanctions pénales.
En vertu de la politique du code de commerce, lorsque le commerçant n'est pas
immatriculé au registre de commerce :
- d’une part, il se voit privé de tous les droits dont bénéficient les commerçants, par
exemples : il ne peut produire ses documents comptables en justice pour faire preuve, ni
invoquer la prescription quinquennale à l’égard des non commerçants, ni revendiquer le droit
à la propriété commerciale, etc.

- d’autre part, il se trouve soumis à toutes les obligations des commerçants, par
exemple, quand c’est dans son intérêt, il ne peut invoquer le défaut d’immatriculation pour se
soustraire aux procédures de redressement ou de liquidation judiciaires qui sont spéciales aux
commerçants.

A l'expiration d'un délai d'un mois à compter de la mise en demeure adressée par
l'administration le code de commerce sanctionne d’une amende de 1 000 à 5 000 dhs :

1°/ Tout commerçant, gérant ou membre des organes d’administration, de direction ou


de gestion d’une société commerciale, tout directeur d’une succursale ou d’une agence d’un
établissement ou d’une société commerciale, tenu de se faire immatriculer au R.C. qui ne
requiert pas dans les délais prescrits les inscriptions obligatoires.

Cette amende concerne toutes les mesures d’inscription : le défaut d’immatriculations,


d’inscriptions complémentaires ou modificatives et le défaut de radiation.

2°/ La même amende est encourue lorsque l’assujetti prend plusieurs immatriculations
principales.
3°/ Elle frappe aussi tout manquement à l’obligation de mentionner le numéro et le
lieu de l’immatriculation au R.C. dans les documents de commerce (factures, lettres, bons de
commandes…).

II- L’OBLIGATION DE TENIR UNE COMPTABILITE (ART 18 A 26


DU CODE DE COMMERCE)
La deuxième obligation qui incombe au commerçant est relative à la comptabilité
commerciale. C’est une caractéristique de l’entreprise commerciale.

La comptabilité commerciale constitue cette partie des sciences économiques qui


consiste à enregistrer les mouvements qui affectent constamment le patrimoine de
l'entreprise, ainsi que la détermination des résultats globaux de son exploitation au
cours d'une période déterminée.

La tenue d'une comptabilité présente un intérêt primordial pour L'Etat, pour


l'entreprise et pour les tiers :

 Pour l'Etat : elle permet de déterminer l'assiette des impôts calculés sur le chiffre
d'affaires.
 Pour l'entreprise : elle permet de contrôler la situation de la caisse, à savoir
l'évolution des dettes et des créances, les prix, la conjoncture du marché...
 Pour les tiers : elle procure l'information à toutes les personnes en relation avec
l'entreprise (contractants, associés, salariés, fournisseurs...).

A) FONDEMENTS

La tenue d’une comptabilité est la deuxième obligation importante qui caractérise l’entreprise
commerciale. Elle trouve ses bases textuelles dans la loi 15-95 formant code de commerce
(art. 19 à 26) et dans le dahir formant code des obligations et contrats (art. 433 à 439).
La comptabilité commerciale qui traduit d’une part les opérations effectuées par l’entreprise
avec les tiers, d’autre part les mouvements de valeurs internes, a pris naissance dans les
usages. La comptabilité simple est née de nécessités élémentaires et c’est la généralisation du
crédit et la tenue des comptes de tiers qui ont provoqué l’intervention des signes et ces
conventions ont facilité la tenue des comptabilités. La technique comptable est née
d’habitude, de traditions et de méthodes.
On définit aussi la comptabilité comme une technique qui permet d’enregistrer en unités
monétaires les mouvements de valeurs qui affectent continûment le patrimoine de l’entreprise
ainsi que de déterminer les résultats globaux de son exploitation au cours d’une période
définie. Cet enregistrement et cette détermination se réalisent à travers divers documents qui
sont établis soit au jour le jour : livre-journal, grand livre, soit annuellement : bilan, compte de
résultat (loi n° 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants publiée au Bulletin
officiel du 30 décembre 1992, telle que modifiée et complétée par la loi n° 44-03).
La tenue d’une comptabilité présente un intérêt aussi bien pour l’Etat, pour l’entreprise que
les particuliers.

 Pour l’Etat, la comptabilité est directement utilisée pour déterminer l’assiette des
impôts calculée sur le chiffre d’affaires. Le fisc pour imposer les entreprises en
connaissance de cause, doit pouvoir connaître les opérations traitées par les entreprises
et les bénéfices réalisés par ces entreprises.
 Pour l’entreprise, la comptabilité permet de maîtriser le contrôle de l’état de sa
caisse, l’évolution de ses dettes et de ses créances, ou son passif et actif, des prix, de la
conjoncture du marché.
 Pour les tiers, la comptabilité revêt une grande importance dans la mesure où elle sert
à informer tous ceux qui font partie de l’entreprise, vivent dans sa mouvance et ont
intérêt à suivre la marche de ses affaires : les associés ou les actionnaires qui lui ont
apporté leur capitaux et leur épargne ; les salariés qui contribuent de manière décisive
à sa prospérité, mais qui sont les premiers à souffrir de ses mauvais résultats ; les
fournisseurs et les banquiers qui, avant de traiter avec l’entreprise, ont besoin de
renseigner sur sa solvabilité et ses capacité de développement.

L’article 19, alinéa premier du code de commerce dispose : « le commerçant tient une
comptabilité conformément aux dispositions de la loi n° 9-88 relative aux obligations
comptables des commerçants promulguée par le dahir du 25 décembre 1992 ».Il importe donc
d’examiner l’objet de la comptabilité et sa finalité.
B) L’OBJET DE LA COMPTABILITÉ

L’objet de la comptabilité est fixé par l’article premier de la loi n° 9-88 tel que modifiée qui
prévoit que les commerçants doivent procéder à l’enregistrement comptable des mouvements
affectant les actifs et les passifs de l’entreprise ; ces mouvements sont enregistrés
chronologiquement, opération, par opération et jour par jour. Les enregistrements comptables
sont portés sous forme d’écritures sur le livre-journal et le grand livre. Les commerçants ont
l’obligation de tenir un livre d’inventaire et de conserver les correspondances.
Toutefois, les personnes physiques dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas deux
millions de dirhams (2.000.000 DH), à l’exception des agents d’assurances, peuvent :

 procéder à l’enregistrement chronologique et global, jour par jour, des opérations à


leur date d’encaissement ou de décaissement ;
 enregistrer globalement les créances et les dettes à la clôture de l’exercice sur une liste
sommaire mentionnant l’identité des clients et des fournisseurs et le montant de leurs
dettes ;
 enregistrer, en cas de nécessité, les menues dépenses sur la base de pièces
justificatives internes signées par le commerçant concerné.

* LES LIVRES COMPTABLES


Le livre journal et le grand livre constituent les documents tenus au jour le jour dans
lesquels l’entreprise reporte toutes les opérations effectuées sans aucune exception. En vertu
de l’article 2, al. 3 de la loi n° 9-88, les écritures du livre-journal sont reportées sur le grand
livre selon le plan de comptes du commerçant.
Les personnes physiques dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas deux millions de
dirhams (2.000.000 DH), à l’exception des agents d’assurances sont dispensées de la tenue du
grand-livre si la balance récapitulative des comptes peut être établie directement du livre
journal.
Le livre d’inventaire. Les commerçants sont tenus d’établir un inventaire à la fin de chaque
mois. L’obligation comporte l’élaboration d’un inventaire des effets mobiliers et immobiliers
d’une part, et un inventaire des dettes et des créances d’autre part (art. 6 de la loi n° 9-88).
La conservation de la correspondance est une obligation prévue par l’alinéa premier de
l’article 26 du code de commerce : « les originaux des correspondances reçues et les copies
des correspondances envoyées doivent être classés et conservés pendant dix ans à compter
de leur date ».
* LA TENUE DES LIVRES COMPTABLES
Au moment de l’ouverture de l’entreprise, le livre-journal et livre d’inventaire doivent être
présentés au tribunal du commerce. Le greffier qui en est chargé va coter les feuilles en leur
donnant des numéros allant de la première à la dernière. Ensuite il les paraphe en y apposant
le signe susceptible de les identifier aisément en cas de besoin. Chaque livre reçoit un numéro
répertorié par le greffier sur un registre spécial (art. 8 de la loi n° 9-88).
Pendant la tenue des livres, le commerçant inscrit ses opérations d’une manière chronologique
et continue, c’est-à-dire sans altération ni blanc. En cas d’erreur, le commerçant ne peut ni
gratter, ni raturer ; il doit corriger par des écritures nouvelles.
Toutefois, les personnes physiques dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas deux
millions de dirhams (2.000.000 DH), ne sont pas tenues de faire coter et parapher par le
greffier du tribunal compétent le livre-journal et le livre d’inventaire, à condition de conserver
lesdits livres ainsi que le bilan et le compte de produits et charges pendant dix ans.
c) LA FINALITÉ DE LA TENUE D’UNE COMPTABILITÉ

Quelle est l'importance de cette comptabilité ? Et à quoi sert-elle ?

C'est essentiellement une source d'information nécessaire: information interne et


externe.
1- Information interne pour le commerçant : les livres comptables sont nécessaires à
tout commerçant qui veut connaître la situation exacte de son entreprise. C'est un instrument
de gestion.
2- information externe: pour les tiers tout d'abord, les livres comptables constituent
également des instruments privilégiés d'information des tiers (clients, fournisseurs, banques
...) sur la situation de l'entreprise. Pour l’Etat, les livres s'imposent au point de vue fiscal en
vue, notamment des déclarations exigées par la loi , les contrôleurs des impôts ont accès à ces
livres.
- la comptabilité régulièrement tenue peut faire preuve en faveur de celui qui la tient
mais uniquement entre commerçants.

Les documents comptables remplissent une fonction probatoire. L’article 19, alinéa 2 du
code de commerce prévoit que si la comptabilité est régulièrement tenue, elle est admise par
le juge par le juge pour faire preuve entre commerçants à raison des faits de commerce.
L’article 22 ajoute : « au cours d’une instance judiciaire, le tribunal peut ordonner d’office
ou à la requête de l’une des parties, la représentation ou la communication des documents
comptables ».
La force probante de la comptabilité n’est pas uniforme, elle varie selon les personnes en
présence :d’abord, les documents comptables ne font pas preuve contre les non-commerçants ;
ces documents ne font pas foi en faveur de celui qui les a écrits (art.438, al.1 doc.) ;
ces documents en revanche font preuve contre le commerçant qui les tient, même s’ils sont
irrégulièrement tenus (art. 20 c.com) ; enfin les documents comptables peuvent faire preuve
en faveur de celui qui les tient mais seulement entre commerçants et pour fait de commerce
(art. 19, al. 2).
La portée de l’exigence légale ne doit pas cependant être exagérée. En effet les juges
apprécient souverainement le crédit qu’il convient d’accorder à de telles écritures ; au surplus
rien ne leur interdit d’y trouver des présomptions de fait même si elles sont tenues
irrégulièrement. En matière commerciale la preuve est recevable par tous les moyens.
L’utilisation des documents comptables à titre probatoire est possible selon deux modalités
distinctes : la représentation consiste à extraire de la comptabilité les seules écritures qui
intéressent le litige soumis au tribunal (art. 23 c.com) ; la communication est la production
intégrale des documents comptables. Elle ne peut-être ordonnée que dans les affaires de
succession, de partage, de redressement ou de liquidation judiciaire et dans les autres cas où
ces documents sont communs aux parties (art. 24, al. 1).
D - LES SANCTIONS DES EXIGENCES LEGALES
Les sanctions de ces formalités sont d’ordre fiscal et pénal.

1 - Les sanctions fiscales


Comme les documents comptables servent de base à l’établissement des déclarations
fiscales, ils peuvent faire l’objet de vérification de la part des inspecteurs des impôts. Aussi,
lorsque ces documents ne respectent pas les normes prescrites par la loi 9-88, l’article 23 de
cette dernière laisse la faculté à l’administration des impôts de les rejeter et d’établir une
imposition forfaitaire. Elle peut même appliquer, le cas échéant, des sanctions pécuniaires
(majorations, indemnités de retard, etc.)
2 - Les sanctions pénales
S’il s’avère que le commerçant a falsifié les livres et documents comptables, il peut
être poursuivi pour banqueroute ou pour fraude fiscale ou pour faux en écriture du commerce.
D’un autre côté, en cas d’ouverture d’une procédure de traitement, les dirigeants d’une
entreprise individuelle ou à forme collective risquent d’être poursuivis pour banqueroute33
lorsqu’il se révèle qu’ils ont tenu une comptabilité fictive ou font disparaître des documents
comptables de l’entreprise ou de la société ou s’ils se sont abstenus de tenir toute comptabilité
prescrite par la loi.

La loi de finances incrimine la fraude fiscale ; et prévoit cinq faits qui peuvent
constituer la fraude fiscale, parmi lesquels la production d’une comptabilité fausse ou fictive
et la soustraction ou la destruction des documents comptables 34.

33
- La sanction encourue est l’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 10 000 à 100000 dhs
ou l’une de ces deux peines seulement. Ces peines sont portées au double lorsque le banqueroutier
est dirigeant d’une société dont les actions sont cotées en bourse.
34
- La sanction prévue est l’amende de 5 000 à 50 000 dhs qu’il s’agisse de l’IS, de l’IR ou de la TVA ;
en cas de récidive, le contrevenant est passible, en plus de cette amende, d’un emprisonnement de 1
à 3 mois. (Il faut rappeler que l’emprisonnement ne peut être prononcé que contre les personnes
physiques, s’il s’agit d’une personne morale, il s’appliquera à ses dirigeants). Ajoutons que ces
infractions doivent être constatées par deux inspecteurs des finances par procès-verbal.
III- L’OBLIGATION D’OUVRIR UN COMPTE BANCAIRE
Dans le but d’assurer un meilleur contrôle fiscal, le code de 1996 a institué de
nouvelles obligations à la charge des commerçants, il s’agit de :

 l’obligation pour le commerçant, pour les besoins de son commerce, d’ouvrir un


compte dans un établissement bancaire ou dans Al Barid Bank qui est une filiale du groupe
Poste Maroc depuis le 8 juin2010. (art.18) ;

 Et l’obligation de payer par chèque barré ou par virement bancaire, toute opération
entre commerçants pour faits de commerce d’une valeur supérieure à 10000 dhs.
L’inobservation de cette règle est passible d’une amende qui ne peut être inférieure à 6% de la
valeur payée autrement que par chèque ou virement bancaire ; les deux commerçants, c’est-à-
dire le créancier et le débiteur, sont responsables solidairement du paiement de cette amende.

 C'est en se basant sur l'article 311 al. 2 35 du code de commerce que, depuis le 1 er
février 2011 un règlement interbancaire (du GPBM) a instauré l'obligation des chèques pré-
barrés et non endossables pour les clients patentés des banques (les personnes morales, les
entreprises individuelles et les professions libérales).

IV- LES OBLIGATIONS FISCALES


Le commerçant doit s’acquitter de plusieurs types d’impôts sur les bénéfices (IS, IR) ;
la patente ; la TVA.

35
L'article 311 dispose que : "Tout établissement bancaire peut, par décision motivée, refuser de
délivrer au titulaire d'un compte les formules de chèques autres que celles qui sont remises pour un
retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou pour une certification. Il peut à tout moment, demander
la restitution des formules antérieurement délivrées. Il peut être délivré des formules de chèques
barrés d'avance et rendues, par une mention expresse de l'établissement bancaire, non
transmissibles par voie d'endossement, sauf au profit d'un établissement bancaire ou d'un
établissement assimilé."
CHAPITRE III : LE FONDS DE COMMERCE

Les commerçants pour exercer leurs activités vont acquérir des biens, des droits dans
la perspective d'attirer une clientèle. Tous ces droits sont regroupés au sein de la notion
abstraite de fonds de commerce.

L'art 79 du code de commerce dispose que: "le fonds de commerce est un bien
meuble incorporel constitué par l'ensemble de biens mobiliers affectés à l'exercice d'une
ou plusieurs activités commerciales ".

On peut le définir aussi comme l'ensemble d’éléments corporels et incorporels placés


au service de l'activité d'un commerçant.

SECTION I : LES ELEMENTS DU FONDS DE COMMERCE


Nous examinerons, d’abord, les éléments du F.C., ensuite nous évaluerons les contrats
qui portent sur le F.C. pour clore avec les règles destinées à le protéger.

I- LES ELEMENTS CORPORELS


1- Les marchandises
Ce sont tous les meubles corporels destinés à être vendus. Les marchandises
constituent l’élément le moins stable du fonds.
Deux particularités caractérisent le statut des marchandises:
- En cas de cession du fonds, elles font l’objet d’une évaluation distincte.
- En cas de nantissement du fonds, elles en sont toujours exclues.

2- Le matériel et l’outillage
Ce sont des biens qui servent à l'exploitation du fonds et qui ne sont pas destinés à être
vendus.
Au point de vue économique et comptable, le matériel entre comme les immeubles
dans le capital fixe de l'entreprise.
Mais sur le plan juridique; le matériel entre par sa nature dans la catégorie des
meubles. Il n'en est autrement que dans le cas où le matériel devient immeuble par
destination.
C'est le cas lorsque l'immeuble et le matériel appartiennent au même propriétaire, et
que le matériel est affecté à l'immeuble auquel il suivra le sort de l'immeuble principal, et
peut notamment être hypothéqué avec lui.
Il faut noter cependant que ces éléments corporels n’ont pas toujours une importance
dans un F.C., par conséquent, bien que ces éléments corporels fassent partie du F.C.,
l’acquéreur du F.C. peut parfaitement se passer du matériel, outillage et mobiliers anciens.
Par ailleurs, il existe bien des F.C. qui n’ont pas de marchandises tels que les fonds des
courtiers et agents d’affaires.

Il reste que, ce sont les éléments incorporels qui confèrent son importance au F.C.
II- LES ELEMENTS INCORPORELS
Ce sont les éléments les plus divers du F.C. et les plus importants.
Il s'agit de l'ensemble des éléments non matériels du fonds de commerce prévus par
l'article 80 du code, ils comprennent la clientèle et l'achalandage, le nom commercial,
l'enseigne, le droit au bail, les brevets d'invention, les licences, les marques de fabrique, de
commerce et de service, les dessins et modèles industriels et tous droits de propriété
industrielle, littéraire ou artistique qui s'attachent à l'exploitation du fonds. La clientèle et
l'achalandage sont des éléments obligatoires. La présence des autres éléments varient selon la
nature du fonds.

A/Les éléments incorporels ordinaires

1- Clientèle et achalandage

La clientèle est l’élément le plus important du F.C. ; d’ailleurs, en vertu de l’art. 80 du


code de commerce, la clientèle est devenue un élément obligatoire du F.C. Ce dernier ne peut
exister sans la clientèle.
La clientèle est constituée de l'ensemble des personnes qui fréquentent de manière
habituelle le commerce. La fréquentation continue et répétée constitue le fondement de
l'existence de la clientèle. Ce qui lui procure par ailleurs une valeur inestimable par rapport
aux autres éléments.
L'achalandage représente les personnes qui font appel aux services du commerce de
manière occasionnelle. Il n'y a pas forcément répétition ou continuité dans la fréquentation.
C'est la renommée ou la situation géographique du commerce qui sont généralement
déterminantes à ce niveau. C'est le cas par exemple des commerces qui font partie d'une
chaîne internationale (Carrefour, Pizza hut ...), ou ceux qui bénéficient d'un emplacement
stratégique pour l'activité commerciale (lieux touristiques, proximité des gares...).

La clientèle en tant qu'élément du fonds est une clientèle commerciale. Autrement dit,
la relation entre la personne et le commerçant doit reposer sur l'échange d'un bien dans le
cadre d'un rapport de commerce.
La clientèle commerciale doit également fréquenter le commerce en raison de la
qualité de son produit ou des qualités personnelles du commerçant. Ce qui n'est pas le cas
quand il s'agit par exemple de vendre le produit d'une marque dans le cadre d'une chaîne de
distribution.

2- Nom commercial

C'est l'appellation sous laquelle le commerçant, personne physique ou morale, exerce


son activité. Elle permet de distinguer et de spécifier le commerce. Généralement, il s'agit
d'un nom créé qui permet d'attirer la clientèle.

L'article 42 du code de commerce cite parmi les mentions à indure dans la déclaration
d'immatriculation ''... le nom sous lequel il (le commerçant) exerce le commerce et, s'il y a
lieu, son surnom ou son pseudonyme..." L'inscription du nom commercial dans le registre du
commerce vaut protection juridique contre toute usurpation ou concurrence déloyale. Celle-ci
a par ailleurs été relevée même si les commerçants opèrent dans des secteurs différents. La
Cour d'appel de Casablanca avait déjà en 1984 estimé qu'il y a concurrence déloyale du fait
d'utiliser le même nom même si les activités exercées ne sont pas de la même nature"'.
Pour les personnes morales, l'utilisation d'une dénomination ou raison sociale est
subordonnée à la délivrance d'un certificat négatif de la part des services du registre central.

3- Enseigne
L'enseigne est souvent constituée d'une inscription, d'une forme ou d'une image
apposée sur l'immeuble et se rapportant à l'activité. C'est en fait un moyen d'individualisation
de l'établissement où le fonds est exploité. Généralement, elle prend la forme d'un emblème,
ou d'une dénomination de fantaisie.
L'enseigne est différente de la marque. Celle-ci fait partie des droits de la propriété
industrielle, ce qui lui procure une protection spéciale aussi bien au niveau national
qu'international. L'enseigne permet de spécifier le commerce, alors que la marque concerne
plutôt le produit. La marque permet de distinguer et de particulariser un produit. Il peut donc
y avoir plusieurs marques dans le même commerce, alors que celui-ci n'aura en principe
qu'une seule enseigne.

4- Droit au bail
Habituellement, le commerçant n'est pas propriétaire du local ou de l'immeuble où il
exerce son activité ou exploite son fonds. Il occupe donc le fonds en exécution d'un contrat de
bail. Les conditions pour considérer le droit au bail comme élément du fonds de commerce
ont été prévues par la loi n°49-16 relative aux baux d’immeubles ou de locaux à usage
commercial industriel et artisanal publié au BO du 11 août 2016.

Le droit au bail est un des éléments les plus importants du fonds. Son importance se
situe à deux niveaux:

- la possibilité de continuer à occuper le local : prolonger le contrat de bail et donc


pouvoir maintenir la clientèle.

- la possibilité de céder son bail à l’acquéreur de son fonds de commerce, ou dans le


cas où le propriétaire utilise son fonds pour une autre transaction (ex : utilisation du fonds
comme apport dans une société).

La loi 49-16 a institué en faveur des commerçants un véritable droit au renouvellement


du bail, et à défaut une indemnité d'éviction, pour les protéger contre les prétentions du
bailleur.
Deux conditions sont exigées : existence d'un contrat de bail (a), et le locataire doit
être propriétaire d'un fonds de commerce, d'industrie ou d'artisanat (b).

a. L’existence d’un contrat de bail

L’article 3 de la loi 49-16 précise que « les baux d’immeubles ou de locaux à usage
commercial, industriel ou artisanal doivent être conclus par écrit ayant date certaine. Lors
de la remise du local, un état descriptif des lieux doit être établi, pour servir de preuve entre
les parties ».
Le doit à renouvellement du bail ne peut être invoqué que lorsque le locataire justifie
d’une jouissance consécutive du local d’au moins deux années.
Le locataire sera dispensé de la condition de durée s’il a payé une somme
d’argent en contrepartie du droit au bail. Ladite somme sera mentionnée soit dans le
contrat soit dans un acte distinct.
b. Exploitation d'un fonds de commerce
Le bénéfice de l'application de cette loi est subordonné à l'exploitation dans les biens
loués d'un fonds de commerce. Le statut des baux commerciaux a été institué pour protéger en
premier lieu le fonds de commerce, donc la clientèle.

c. Contenu de la loi 49-16


Le louage est un contrat synallagmatique qui fait naitre des droits au profit du
locataire en lui imposant certaines obligations.

 LES DROITS DU LOCATAIRE


- Droit de jouissance : le locataire commerçant a le droit de jouir des locaux qui font
l’objet du bail. Il s’agit du principal droit que le bail confère au locataire.
Le locataire est tenu de respecter les termes du contrat en utilisant le local pour
l’activité prévue. Le propriétaire est avantagé en cas de contestation.

-Cession du bail : Il s'agit du contrat par lequel le teneur du bail transmet les droits et
les obligations qui y sont attachés à un tiers.
-La cession du bail : est liée à l'acquisition du fonds. Le bailleur peut s'opposer à la
cession si le cessionnaire n'acquiert pas le fonds, le cas notamment où il exercerait une
activité différente de celle du cédant, la cession régulière du bail transfère au cessionnaire tous
les droits et les obligations découlant du contrat de location

Sous-location c'est l'acte par lequel le titulaire d'un bail consent à un tiers un bail
différent sur tout ou partie des lieux dont il est lui-même locataire. Il s’agit de la superposition
d’un second bail au premier (la cession réalise un transfert de contrat).
Le locataire peut sous louer au tiers tout ou une partie du local, sauf stipulation
contraire, et relation demeure alors entre le bailleur et le locataire principal.
Cette sous location ne produira aucun effet envers le bailleur :
 qu’à partir de la date de la notification.
 le locataire principal et le sous locataire demeurent solidaires envers le bailleur dans
toutes les obligations stipulées dans le bail principal.
 Lorsque la valeur de la sous location dépasse celle du bail principal, le bailleur a droit
à la révision du loyer à l’amiable ou par voie judiciaire.

- Droit au renouvellement du bail : A l'expiration du bail, le locataire a droit, soit au


renouvellement de celui-ci, soit à une indemnité36 représentant le dommage qu'il a subi. Le
commerçant a de ce fait la possibilité de monnayer son départ.

36
L’art 26 de la loi 49-16 relative aux baux commerciaux dispose que : Le bailleur qui entend
mettre fin au bail, doit adresser au locataire un congé exposant obligatoirement le motif et lui
accorder un délai d’éviction qui court à partir de la date de réception. Ledit délai est fixé à :
quinze (15) jours lorsque la requête est basée sur le défaut de paiement des loyers ou sur le fait que le
local est menaçant ruine ; trois (3) mois lorsque la requête est basée sur une volonté de reprendre le
local pour usage personnel, pour démolition et reconstruction, pour extension ou surélévation ou pour
un motif sérieux relatif à l’inobservation par le locataire des clauses du bail. Lorsque le locataire n'a
pas donné suite au congé qui lui a été adressé, le bailleur peut recourir à l'instance judiciaire
compétente pour sa validation, et ce à partir de la date de l’expiration du délai prescrit.
Le droit à renouvellement ne peut être invoqué que par les locataires, leurs
cessionnaires ou ayant-droits qui justifient d’une exploitation personnelle ou par
l'intermédiaire de leur préposé d'une jouissance consécutive de deux années en vertu d'un ou
plusieurs baux écrits successifs.

Une indemnité d’éviction est octroyée au locataire en cas de refus de renouvellement


du bail commercial et est fixée soigneusement par le législateur, la dite indemnité doit être
égale au préjudice subi par le locataire du fait de l’éviction.

L’indemnité comprend la valeur du fonds de commerce estimée sur la base des


déclarations fiscales au titre des quatre derniers exercices, en sus des dépenses occasionnées
par les travaux de rénovation et de restauration ainsi que des éléments du FC perdus par le
locataire, elle comprend également les frais de déménagement. Mais le bailleur ne sera pas
tenu à payer cette indemnité d’éviction dans les cas énumérés par l’article 8 de loi 49-16
(défaut du paiement du loyer, etc.….) 37

Droit de reprise - droit de priorité

Afin de garantir au locataire son droit de retour, la loi a organisé les différents cas et
modalités d’exercice du droit de reprise :
Parmi ces cas on peut citer : la démolition et la reconstruction, La rénovation des
locaux menaçant de ruine ; l’extension ou surélévation du local etc.….
Si le renouvellement du bail est refusé pour cause de démolition ou de construction, le
locataire évincé a un droit de priorité sur l’immeuble nouvellement construit
Lorsque l’immeuble reconstruit ne permet pas la réinstallation à tous les locataires, le
droit de priorité est accordé au locataire le plus ancien ayant exprimé son intention de
renouvellement.

37
L’article 8 de la loi 49-16 dispose que : "Le bailleur n’est tenu au paiement d’aucune indemnité au
locataire pour éviction dans les cas suivants :
- lorsque le locataire n’a pas payé de loyer dans un délai de quinze (15) jours après réception de la
mise en demeure, et que le montant du loyer dû équivaut au moins à trois mois ;
- lorsque le locataire introduit, sans consentement du bailleur, une transformation dans le local de
nature à porter préjudice au bâtiment et à sa sécurité ;
- lorsque le locataire change l’activité de son fonds de commerce sans consentement du propriétaire,
à moins que le locataire fasse connaître son intention de la remettre à l’état initial dans les trois mois
;- lorsque le local menace ruine, à moins que le locataire prouve la responsabilité du bailleur de ne
pas avoir entrepris les travaux d’entretien dont il est chargé par un commun accord ou en vertu de la
loi, en dépit de sa mise en demeure ;
- lorsque le local objet du bail est tombé en ruine du fait du locataire, d’une force majeure ou d’un cas
fortuit ;- si le locataire procède à la sous-location du local en infraction du contrat de bail;
- lorsque le fonds de commerce perd sa clientèle et son achalandage suite à la fermeture du local
pendant deux années au moins ".
 LES OBLIGATIONS DU LOCATAIRE
-Paiement des loyers : le loyer est librement fixé par les parties, les dispositions de la
loi 07-03 relative à la révision du montant du loyer des locaux à usage d’habitation ou à usage
professionnel, commercial, industriel ou artisanal s’appliquent à défaut de stipulations
contractuelles.
Une révision légale du loyer n’est pas automatique et doit être demandée par le
locataire ou le bailleur.
L’art 2 de la loi 07-03 relative à la révision du loyer dispose expressément que : « Il ne
peut être connue d’augmenter le montant du loyer pendant une période inférieure à trois ans
courant à compter de la date de conclusion du contrat de bail ou de la date de la dernière
révision judicaire ou conventionnelle, ni de convenir d’une augmentation supérieure aux taux
fixés par la présente loi.
L’art 3 de cette même loi rajoute que le taux d’augmentation du montant du loyer est
fixé ainsi :
8% pour locaux à usage d’habitation
10% pour les autres locaux

-Le pas-de-porte : au moment de la conclusion du bail, le propriétaire exige souvent


le paiement immédiat d’une somme appelée « pas-de-porte » considérée comme une
compensation pour le renouvellement du bail.

B/ Les éléments incorporels extraordinaires


Aux éléments incorporels ordinaires viennent parfois s'ajouter d'autres éléments
satellites qui donnent à leur titulaire des droits exclusifs qui sont des monopoles
d'exploitation.

1) Le droit de propriété littéraire et artistique

L'auteur d'une œuvre a un droit de propriété sur ce qu'il crée du simple fait de sa
création. On distingue :
- Droit moral : possibilité de disposer de l'œuvre (ex. retrait)
- Droits pécuniaires : ils reviennent de droit à l'auteur et s'étendent aux héritiers pour
une période de 50 ans avant de tomber dans le domaine public.

2) Le droit de propriété industrielle


Ce sont des biens qui procurent à leur propriétaire un monopole d'exploitation ou
d’utilisation : brevets, marques, dessins et modèles. Grâce à ces monopoles le commerçant
attire et retient la clientèle Ces droits deviennent des éléments du fonds de commerce mais ils
peuvent en être détachés.

 La marque

Une marque est un signe distinctif qui indique que des produits ou services sont
produits ou fournis par une certaine personne physique ou morale. Elle peut être une marque
de fabrique38, de commerce39 ou de service40. Elle est protégée pour une durée de 10 ans
indéfiniment renouvelable.

La marque peut prendre les formes les plus variées: nom patronymique ou nom de
fantaisie, chiffres, lettres, dessin ou combinaison de couleurs. Elle doit obligatoirement être
associée à des produits ou services à désigner explicitement dans le dépôt.

Le droit à la marque s'acquiert par l'enregistrement à I'OMPIC qui délivre un certificat


d'enregistrement de marque de fabrique de commerce et de service. La marque offre une
protection à son propriétaire, en lui donnant le droit exclusif d'utiliser la marque pour
désigner des produits ou des services ou d'autoriser un tiers à le faire.

 Le brevet
Une invention est une idée nouvelle qui permet dans la pratique de résoudre un
problème précis d'ordre technique. Elle peut se rapporter à un produit, un dispositif ou un
procédé.
Le brevet d'invention peut être défini comme étant un titre de propriété industrielle qui
confère à son titulaire un droit exclusif temporaire d'exploitation de l'invention dont il est
l'objet. Cette exclusivité d'exploitation est assurée à l'inventeur pendant une période limitée à
20 ans. Toutefois la contrepartie de ce monopole accordé par le législateur à l'inventeur est
l'obligation pour ce dernier de divulguer son invention, Le terme "brevet" désigne également
le document technique dans lequel l'invention est décrite.
Pour obtenir un brevet, il faut en faire la demande auprès de l'Office marocain de la
propriété industrielle et commerciale de Casablanca qui le délivre avec un numéro et une date
inscrits au registre national des brevets. L'OMPIC procède à la publication d'un catalogue
officiel des brevets d'invention délivrés.

 Les dessins / modèles industriels


Le dessin industriel est tout assemblage de lignes ou de couleurs

Le modèle industriel est toute forme plastique associée ou non à des lignes ou des
couleurs, pourvu que cette assemblage ou cette forme donne une apparence spéciale à un
produit industriel ou artisanal.
Le dessin et modèle industriel s'applique aux produits les plus divers de l'industrie et
de l'artisanat: montres, bijoux, objets ménagers, appareils électriques, véhicules, motifs
textiles, etc.
Les dessins et modèles sont protégés selon, cette loi. Pendant 5 ans renouvelables deux
fois.

38
La marque de fabrique est apposée par un fabricant aussi bien sur un produit intermédiaire
que sur un produit fini.
39
La marque de commerce est celle qu'un commerçant appose sur des produits qu'il met en
vente
40
La marque de service est utilisée pour désigner des services qu’offre l'entreprise (hôtelier,
traiteur, transporteur)
3) Les licences
L’art. 80 parle des licences, mais il s’agit aussi des autorisations et des agréments.
Elles sont accordées par les autorités administratives concernées pour l’exploitation de
certains F.C., suivant le domaine d’activité : tourisme, transport, hôtellerie, restauration,
cinéma, vidéo, boissons alcooliques…

C/ LES ELEMENTS EXCLUS DU FONDS DE COMMERCE


1. Les créances et les dettes
Elles ne deviennent pas nécessairement un élément du fonds. Elles obligent celui qui a
contracté et non le fonds (entités juridiques distinctes).

2. Les livres de commerce et autres documents comptables


Ils sont la propriété du vendeur qui doit les conserver pendant 10 ans, ainsi que les
pièces justificatives. L'acquéreur du fonds peut néanmoins y avoir accès pour les informations
des 3 dernières années.

3. Les contrats et marchés


II s'agit des contrats conclus avec les fournisseurs ou avec les clients. En principe, ils
ne sont pas cédés avec le fonds, sauf si une convention ou une clause a prévu le contraire.
L'acquéreur du fonds est néanmoins lié par les contrats de travail conclus par le cédant. C'est
également le cas pour les contrats d'assurance qui suivent la chose assurée.

4. Les immeubles
La spécificité du fonds de commerce en tant que bien meuble exclut l'immeuble.

SECTION 2 : LES OPERATIONS RELATIVES AU FONDS DE


COMMERCE
Le fonds de commerce est un bien. Comme tout élément actif du patrimoine il peut
faire l'objet de nombreuses opérations.
Nous retiendrons parmi elles, les plus spécifiques et les plus courantes : la vente (§I),
l'apport en société (§II), le nantissement (§III), et la location gérance (§IV).

I) LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE


La vente du fonds de commerce n'est pas une opération évidente, comparée à celle
portant sur une chose corporelle immobilière ou mobilière. La nature des éléments le
composant et plus particulièrement la clientèle, rend l'initiative assez complexe.

A) Les conditions de validité de la vente du fonds


La vente du fonds est soumise à des conditions de fond, de forme et de publicité.

a) Conditions de fond
La vente de fonds de commerce est soumise aux conditions générales de validité des
contrats et aux exigences propres au contrat de vente. En conséquence:
- Le consentement doit être existant et non vicié par la violence, le dol ou l'erreur.
- Les parties doivent avoir la capacité commerciale.
- L'objet de la vente doit obligatoirement porter sur les éléments incorporels
susceptibles d'attirer la clientèle. Facultativement, la cession peut porter sur tout ou partie des
éléments corporels ou incorporels.
- La cause doit exister et être licite.
Enfin le prix : Le prix est la contrepartie de la cession. Ce prix doit être réel et
sérieux. Un prix dérisoire dissimule généralement soit une atteinte au droit des créanciers, soit
une fraude fiscale pour éviter les droits de mutation.

b) Les conditions de forme


1. Les exigences formelles
Quant aux conditions de forme, et afin de protéger l’acquéreur, l’article 81 du code de
commerce impose la rédaction d’un écrit
Mais l’écrit ne doit pas prendre obligatoirement la forme authentique, il peut être
seulement sous seing privé.
En outre l’acte constatant la cession du fonds doit contenir un certain nombre de
mentions obligatoires:
- Le nom du vendeur.
- La date et la nature de son acte d'acquisition.
- Le prix de l'acquisition en spécifiant distinctement les prix des éléments
incorporels, des marchandises et du matériel.
- L'état des inscriptions des privilèges et nantissement grevant les fonds.
- S'il y a lieu, le bail, sa date, sa durée, le montant du loyer actuel, le nom et adresse du
bailleur.
- L'origine de la propriété du fonds.

2-Les sanctions des exigences formelles


- Lorsque l'une des mentions prescrites par la loi ne figure pas dans l'acte de vente,
l'acquéreur peut demander l'annulation du contrat si l'absence de cette mention lui a porté
préjudice.
- Lorsque les mentions figurant à l'acte sont inexactes, l'acheteur peut demander
l'annulation du contrat ou la réduction du prix si cette inexactitude lui a porté préjudice.

Dans les deux cas, l’action doit être intentée dans un délai maximum d’un an à compter
de la date de l’acte de vente.

3- Conditions de publicité
Les conditions de publicité visent principalement à renseigner les créanciers du cédant.
après enregistrement, une expédition de l'acte doit être, dans les quinze jours de sa date,
déposée au secrétariat-greffe du tribunal dans le ressort duquel est exploité le fonds ou le
principal établissement si la vente comprend des succursales.
L’acte est inscrit sous forme d’extrait au RC. Celui-ci doit contenir certains
renseignements sur les contractants, le prix de la vente et la nature et le siège du fonds.
Le secrétaire-greffier est tenu de publier l’extrait inscrit au RC en entier, sans délai et
aux frais des parties au bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales. « Cette
publication est renouvelée à la diligence de l’acquéreur entre le huitième et le quinzième
jours après la première insertion ».
A- LES EFFETS DE LA VENTE
a / LES EFFETS DE LA VENTE A L’EGARD DES PARTIES

1. LES OBLIGATIONS DU VENDEUR


Le vendeur a d’une part, une obligation de délivrance et d’autre part, une obligation de
garantie.

1.1 - Obligation de délivrance

L'obligation de délivrance consiste pour le vendeur à mettre en possession de


l'acquéreur tous les éléments du fonds énumérés dans le contrat.
Les modalités de la délivrance varient selon la nature des éléments du fonds. En ce qui
concerne la clientèle, il est généralement prévu dans le contrat que le vendeur facilitera les
rapports de son successeur avec elle, en la lui présentant et en l'assistant techniquement durant
une phase de transition.

1.2 - Obligation de garantie


La seconde obligation concerne la garantie contre les vices cachés et du fait personnel.
Cette dernière obligation est source de plus de difficultés. Elle prend la forme d'une obligation
d’assurer à l'acquéreur la jouissance et l’exploitation paisible du fonds. En ce sens, le vendeur
est tenu d’une obligation de non-concurrence dans la mesure où la vente n'aurait aucun
intérêt pour l'acquéreur si le cédant ouvre un nouveau fonds à proximité du premier et reprend
sa clientèle. Généralement, l’acte de vente comprend une clause de non-concurrence ou de
non-rétablissement en précisant son étendue. La clause est valable à condition qu'elle soit
limitée dans le temps et l'espace pour ne pas enfreindre le principe de la liberté du commerce.

2. LES OBLIGATIONS DE L’ACHETEUR


Pour 1'acquéreur, l’obligation principale est de payer le prix et les frais accessoires
(droit d'enregistrement, droit de timbre des actes, frais de publication légale). Il est également
tenu de continuer les contrats de travail du personnel employé.

b/ LES REGLES PARTICULIERES PROTECTRICES DES PARTIES EN


PRESENCE

1. LES REGLES PROTECTRICES DES DROITS DU VENDEUR


Afin de prémunir le vendeur contre le risque de non-paiement, le législateur a créé à
son profit un privilège et une action résolutoire.

1.1 Le privilège du vendeur


Le privilège du vendeur est soumis à l’inscription au registre national électronique
des sûretés mobilières. Ladite inscription n’est pas soumise à la publication dans les
journaux.
La première protection du vendeur est un privilège. Tant qu'il n'a pas été payé, le
vendeur dispose d'un droit qui lui permettra de se faire payer par priorité sur le prix du fonds
en cas de revente, pour bénéficier de ce privilège celui-ci doit avoir été inscrit au RC41 le
privilège du vendeur lui confère un droit de préférence et un droit de suite.

Le droit de préférence : ce droit permet au vendeur impayé de saisir le fonds, de le


faire vendre aux enchères publiques, et de se faire payer en priorité sur le prix de vente.

Le droit de suite : en cas de reventes successives, le vendeur peut suivre le fonds de


main en main, le saisir et le faire vendre aux enchères publiques pour se faire payer.

1.2- L’action résolutoire


Le vendeur non payé peut demander la résolution de la vente, c'est-à-dire
l'anéantissement avec effet rétroactif du contrat de vente. Une telle action va permettre au
vendeur de reprendre le fonds qu'il a vendu. L'action résolutoire pour défaut de paiement du
prix doit, pour produire effet, être mentionnée expressément dans l'inscription du privilège du
vendeur.

2/ LES REGLES PROTECTRICES DES DROITS DE L’ACHETEUR


La protection de l'acheteur s'effectue par le biais des obligations incombant au vendeur
et qui sont le transfert de la propriété du FC et la garantie contre le fait personnel. Cette
dernière consiste à interdire au vendeur de détourner à son profit la clientèle en exerçant une
activité similaire ou concurrente à celle exercée dans le cadre du fonds de commerce vendu.
C'est ce qui se concrétise par les clauses de non rétablissement ou de non concurrence au
profit de l'acquéreur.

3/ LES REGLES PROTECTRICES DES DROITS DES CREANCIERS DU


VENDEUR
Un commerçant doit normalement préalablement à la vente de son FC, procéder à
l’apurement de sa situation vis- à- vis de ses créanciers ; ce qui n’est pas toujours le cas. C’est
en prévision de certaines pratiques malhonnêtes que le législateur a instauré des règles pour
protéger ces créanciers.

Dans ce but, trois mécanismes complémentaires sont mis au point par le législateur :

3.1- La publicité de la vente


Toute session de fonds de commerce doit faire l'objet d'une inscription au RC, et d'une
publication au bulletin officiel, et ce, dans les 15 jours de la date de l'acte de la vente42.

Cette publication est renouvelée à la diligence de l'acquéreur entre le 8° et le 15° jour


après la première insertion43.

41
Art 92 du code de commerce.
42
Article 83, al. 4 du code de commerce.
43
Art. 83, al. 5 du code de commerce.
3.2- L'opposition des créanciers
L'opposition : dans les 15 jours qui suivent la 2éme insertion, les créanciers ont la
possibilité de faire opposition au paiement du prix (ex : bailleur pour les loyers échus,
fournisseurs non payés etc.) par dépôt de l'opposition auprès du secrétariat greffe du tribunal
qui a reçu l'acte de vente. Pendant les délais d'opposition et après une opposition, le prix ne
peut plus être valablement versé au vendeur.

3.3- Le droit de surenchère


Si les créanciers estiment que le prix de vente est insuffisant, ils peuvent demander au
tribunal la vente du fonds aux enchères publiques, en offrant de payer le prix augmenté du 1/6
du prix de vente initial.

(§II)- L'APPORT EN SOCIETE DU FONDS DE COMMERCE


L'apport en société du fonds de commerce ressemble beaucoup à celui de la vente. En
effet, dans les deux cas la propriété du fonds est transmise à titre onéreux.

Toutefois une différence persiste entre les deux opérations. Elle concerne le mode de
paiement. En effet, l'équivalent fourni à l'apporteur n'est pas ici une somme d'argent, mais des
parts sociales ou des actions. Cette différence entraîne quelques modifications dans la
situation des créanciers.

A/ LA PUBLICITE LEGALE
La publicité de l’apport du FC en société est semblable à celle de la vente : dépôt de
l’acte au tribunal, inscription d’un extrait au RC et sa première publication au BO et dans un
journal d’annonces légales par les soins du greffier, ensuite une deuxième publication par la
société, comme pour l’acquéreur en cas de vente.

Elle diffère quant à la procédure spéciale accordée aux créanciers de l’apporteur et


quant aux mesures de protection de leurs droits.

B/ La procédure de déclaration des créances


En contrepartie de son apport en société, le propriétaire du fonds perçoit une part du
capital, sous forme de parts sociales ou d’actions par exemple, qui ne peut en principe faire
l’objet ni d’une opposition de la part de ses créanciers comme s’il s’agissait du prix payé en
espèce, ni d’une procédure de surenchère du sixième.

En prenant en considération cette situation, le législateur a institué une procédure


spéciale en vue d’assurer la protection des intérêts des créanciers de l’apporteur appelée
« procédure de déclaration de créances ».

En effet, dans les 15 jours après la deuxième publication, ces créanciers doivent faire
une déclaration au secrétariat-greffe du tribunal qui a reçu l’acte pour faire connaître les
sommes qui leur sont dues et un récépissé de la déclaration leur sera délivré par le greffier.
Cette déclaration a pour objectif de porter à la connaissance des coassociés de
l’apporteur le passif qui grève le fonds objet de l’apport.
C/ L’option des associés
Les associés peuvent accepter ou refuser la reprise du passif déclaré
L’art. 105 prévoit deux hypothèses :

* ou bien les coassociés ou l’un d’entre eux forme une demande au tribunal :

- soit en annulation de la société : dans ce cas, il faut entendre que la société est dans
le stade de sa constitution, auquel cas elle ne peut être valablement constituée faute
d’apport et le juge doit en prononcer l’annulation ;
- soit en annulation de l’apport : dans ce cas, la société est supposée déjà constituée et
continuera d’exister en dépit de l’annulation de l’apport par le juge.

* ou bien, à défaut de cette demande en annulation, ou alors tout en étant faite,


l’annulation n’a pas été prononcée par le juge « la société est tenue solidairement avec le
débiteur principal au paiement du passif déclaré et dûment justifié

III- LE NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE


Le fonds de commerce a généralement une valeur considérable qui peut constituer un
gage sérieux. Il s'agit d'une valeur propre en mesure de constituer un élément de crédit pour le
commerçant.
Dans le cadre d'un nantissement du fonds de commerce, le commerçant demeure à la
tête de son fonds. Il l’exploitera librement. Le nantissement du fonds se présente comme une
forme de gage sans dépossession, dans la mesure où le propriétaire poursuit son activité avec
comme objectif premier l'acquittement de la dette.

Le nantissement peut être conventionnel, c'est la forme la plus courante, comme il peut
être judicaire.

1. LE NANTISSEMENT CONVENTIONNEL
Il est le résultat d'un accord entre le prêteur et le commerçant emprunteur.
Généralement, il constitue un dernier recours pour avoir un crédit. Ceci dit, certains éléments
ne peuvent toutefois faire l'objet d'un nantissement.

a-Eléments susceptibles d’être compris dans le nantissement

En vertu de l'article 107 du code de commerce, les différents éléments énumérés à


l'article 80 sont susceptibles de faire l'objet d'un nantissement, à l'exclusion des marchandises.

Il s’agit du nom commercial, l’enseigne, la clientèle, l'achalandage, le droit au bail, le


mobilier commercial, le matériel et l'outillage…

Si l'acte qui le constitue ne désigne pas expressément les éléments compris dans le
nantissement, celui-ci comprendra alors le nom commercial, l’enseigne, le droit au bail, la
clientèle et l'achalandage.

Le nantissement peut également comprendre les succursales du fonds de commerce.


Dans ce cas, il est indispensable de les désigner par l'indication précise de leur siège.
b-Eléments exclus

*Les marchandises

Elles sont expressément exclues par l'article 80 car les marchandises sont en principe
prévues pour la vente, les inclure dans le nantissement serait incompatible avec ce but. De
même, les intégrer dans la garantie risque de mettre en péril les intérêts de l'entreprise dans la
mesure où elles sont intimement liées à la vente.

** Créances et contrats
Ils peuvent toutefois faire partie du nantissement si les intéressés décident, par voie
contractuelle, de les inclure. Ils seront alors régis par les règles de droit commun.

*** Les livres de commerce et la correspondance

En principe, ils ne font pas partie du fonds. L'alinéa 2 de l'article 22 de la loi n9-88
relative aux obligations comptables des commerçants dispose que "les document comptables
et les pièces justificatives sont conservés pendant dix ans ".

**** Le mobilier personnel de l'habitation du débiteur


L'article 80 du code de commerce cite parmi les éléments du fonds uniquement le
mobilier commercial. Ce qui exclut le mobilier personnel.

*****L'immeuble où le fonds de commerce est exploité

Il est soumis au droit foncier. "Les droits qui le concernent doivent donc
obligatoirement être inscrit sur le livre foncier pour qu'ils puissent produire valablement leurs
effets ". Si l'exploitant du fonds est en même temps le propriétaire de l'immeuble, deux sûretés
réelles différentes doivent être prévues pour l'obtention d'un crédit: celle relative à l'immeuble
qui est en réalité une hypothèque immobilière, et celle concernant le fonds de commerce qui
est un nantissement soumis au code de commerce.

C. Conditions de forme et de publicité

Le contrat de nantissement est constaté par écrit acte authentique ou sous-seing privé.
L'écrit est à considérer comme une condition de validité de l'acte, et non à titre de simple
preuve.
Après enregistrement, l'acte doit être, dans les quinze jours, déposé au secrétariat-
greffe du tribunal dons le ressort duquel est exploité le fonds ou le principal établissement du
fonds.

* Droit de préférence
Il s'agit d'un droit au profit du créancier nanti inscrit sur le RC et qui lui permet de se
faire payer sur le prix du fonds avant les créanciers bénéficiaires d’un nantissement
postérieur.
** Droit de suite
C'est un droit qui permet au créancier nanti de suivre le fonds en quelques mains qu’il
se trouve, peu importe qu'il soit entre.1es mains du débiteur, du propriétaire de l'immeuble,
d'un acquéreur ou d’un sous-acquéreur du débiteur, et peu importe que l'actuel propriétaire
l'ait reçu par achat, par donation ou par héritage.

d. La surenchère du dixième
Si les créanciers nantis ne sont pas satisfaits par l’offre du prix, i1s sont en mesure
d’intervenir pour protéger leurs créances. 44
Le créancier qui se déclare surenchérisseur doit donc offrir un prix au moins égal à
celui déjà proposé par un précédent acquéreur majoré de 10% sur la valeur des éléments
incorporels.

2. LE NANTISSEMENT JUDICIAIRE
Il s'agit d'une mesure conservatoire demandée par un créancier qui cherche à assurer sa
créance. Le nantissement judicaire permet de garantir les créanciers contre l’insolvabilité du
commerçant débiteur.
Par voie de requête, le créancier peut demander en justice un nantissement
conservatoire et c’est au juge d’apprécier les différents éléments de la situation.

IV- LA LOCATION GERANCE DU FONDS DE


COMMERCE (LA GERANCE LIBRE)

La gérance libre (ou gérance location) permet au propriétaire de donner la gérance du


fonds à une personne en vertu d’un contrat de location moyennant un loyer. Dans ce cas, le
gérant locataire bénéficie de la qualité de commerçant et assume seul les risques de
l’exploitation.
Ayant la qualité de commerçant, le gérant libre doit se faire immatriculer au RC. Mais
la publicité dont il est question ici a pour objectif de faire connaître aux tiers que la propriété
du fonds n’appartient pas au gérant.
Pour ce faire, un extrait du contrat de gérance libre doit être publié dans les 15 jours de
sa date au BO et dans un journal d’annonces légales, ensuite procéder aux formalités relatives
au RC.

44
L'article 123 du code de commerce précise que : « tout créancier inscrit sur un fonds de
commerce peut, lorsque l'article 121 n’est pas applicable, requérir la mise aux enchères
publiques ont offrant de porter le prix principal, non compris le matériel et les marchandises,
un dixième en sus et de donner caution pour le paiement des prix et charges ou de justifier
d'une solvabilité suffisante".

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