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Droit Commercial

Semestre 4
Sciences économiques et gestion
Professeur : Farouk ZERHOUNI

Leçon n°8 : Les juridictions


commerciales

Tel qu’il a été précédemment étudié, le droit commercial est un droit


particulier compte tenu de la spécificité des relations entre commerçants et des
actes de commerce. Compte tenu de cette spécificité, les litiges entre
commerçants doivent être traités aussi rapidement que possible et en toute
discrétion.

Dans certains cas, il est possible que même si un contentieux en cours, les
commerçants en litige aient toujours des relations commerciales. De ce fait, tout
magistrat d’une juridiction commerciale doit essayer en application des lois de
trouver un avenir commun que de liquider un passé.

Devant la complexité de ces litiges et leurs spécificités, il existe des institutions


judiciaires spécialisées à savoir les tribunaux de commerce et les cours d’appel
de commerce (I) et les juridictions arbitrales qui sont des juridictions privées
(II).

I. Les institutions judiciaires

Par dérogation à la compétence générales des juridictions civiles


(Tribunaux de première instance), les tribunaux de commerce et les cours
d’appel de commerce sont des juridictions spécialisées, qui connaissent des
litiges commerciaux et des conflits entre commerçants.

Avant 1997, il n’existait pas au Maroc de juridictions spécialisées en matière


commerciale ; c’était les juridictions de droit commun qui connaissaient des
affaires commerciales. Les juridictions de commerce (tribunaux de commerce
et des cours d’appel de commerce) ont été créées par la loi n° 53-95 du 6 janvier
19971, elles fonctionnent depuis mai 1998.

Ces Tribunaux spécialisés ont vocation à juger l’ensemble des litiges


1
Dahir n° 1-97-65 du 4 chaoual 1417 (12 février 1997) portant promulgation de la loi n° 53-95 instituant des
juridictions de commerce ;

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commerciaux. Ils sont, notamment, compétents pour connaître :

➢ Des actions relatives aux contrats commerciaux ;


➢ Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités
commerciales ;
➢ Des actions relatives aux effets de commerce ;
➢ Des litiges entre associés d’une société commerciale ;
➢ Des litiges relatifs aux fonds de commerce.

Les Tribunaux de Commerce sont en outre chargés de la surveillance des


formalités effectuées au Registre du Commerce.

Les tribunaux de commerce occupent une place particulière et d’une importance


capitale qui s’explique par les spécificités de la matière. On estime en effet que
les magistrats des juridictions commerciales ont plus aptes que les magistrats
des juridictions civiles à comprendre les impératifs du commerce et à apprécier
les usages commerciaux.

De plus, le recours à ces juridictions est un procédé plus souple et plus rapide
en comparaison avec les procédures devant les juridictions de droit commun.

Il est donc important de se pencher sur la compétence des tribunaux de


commerce (A) et des cours d’appel de commerce (B).
A – Les tribunaux de commerce

a) Composition

À la différence de la France, où les juges des tribunaux de commerce sont élus


parmi les commerçants, le Maroc a opté pour des magistrats de carrière.

Le tribunal de commerce tient ses audiences et rend ses jugements par trois
magistrats, un président et deux assesseurs, le parquet y est représenté.

b) Compétence
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des actions relatives
aux contrats commerciaux, des actions entre commerçants à l’occasion de leurs
activités commerciales, des actions relatives aux effets de commerce, des

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différends entre associés d’une société commerciale et des différends à raison de


fonds de commerce.

L’article 6 de la loi sur les tribunaux de commerce stipule que : "Les tribunaux de
commerce sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède
la valeur de 20 000 MAD…".

B – Les cours d’appel de commerce

a) Composition

La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des


présidents de chambres et des conseillers, un ministère public composé d’un
procureur général du roi et de ses substituts, un greffe et un secrétariat du
ministère public.

Elle tient ses audiences et rend ses arrêts par un président de chambre et deux
conseillers, assistés d’un greffier.

a) Compétence
Les cours d’appel de commerce connaissent des appels formés contre les
jugements rendus par les tribunaux de commerce.

L’appel doit être formé dans un délai de 15 jours à compter de la date de la


notification du jugement du tribunal de commerce.

II. Les modes alternatifs de résolution des conflits

En marge de l’action en justice, se sont développés depuis quelques années


des outils efficaces pour régler ces différends. En matière de contentieux
commercial, une attention toute particulière est portée à ces procédés extra-

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juridictionnels de règlement des litiges, et plus spécialement à l'un d'entre eux à


savoir l’arbitrage qui est le plus utilisé (A).

En plus de l’arbitrage, il existe d’autres modes alternatifs de résolution de


conflits qui sont en phase de régler les litiges commerciaux à savoir la médiation
(B) et la conciliation (C).

A. L’arbitrage

Du latin arbiter, qui signifie celui dispose à son gré. L'arbitrage est le fait
d'arbitrer, de régler un différend en le soumettant à la décision d'un tiers, l’arbitre
(le tribunal arbitral).

L'arbitrage est une procédure dans le cadre de laquelle le litige est soumis, par
convention entre les parties, à un ou plusieurs arbitres qui rendent une décision
contraignante.

Conformément à l’article 306 du code de procédure civile, l’arbitrage défini


comme étant : « L'arbitrage a pour objet de faire trancher un litige par un
tribunal arbitral qui reçoit des parties la mission de juger en vertu d'une
convention d'arbitrage ».

Pour recourir à l’arbitrage en tant que mode alternatif de résolution de conflits, il


faut que les parties soient signataire d’une convention d’arbitrage. Cette dernière
peut revêtir la forme d’une clause compromissoire ou d’un compromis
d’arbitrage.

Après le déroulement de l’instance arbitrale, le tribunal arbitral donne sa décision


par le biais d’une sentence arbitrale que les parties doivent exécuter par eux-
mêmes. Cependant, en cas de refus d’exécuter ladite sentence arbitrale ; celle-ci
fera l’objet d’une exécution forcée par le biais du tribunal compétent.

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B. La médiation

Du latin mediatio, La médiation est un mode alternatif de règlement des


différends impliquant l’intervention d’un tiers appelé le médiateur qui a pour
mission d’entendre les parties en conflit, de les réunir pour leur permettre de
confronter leurs points de vue et de les aider à parvenir à une solution négociée
qui soit conforme à leurs intérêts respectifs.

Le médiateur n’est investi d’aucune autre autorité que celle résultant de la


confiance que les parties lui témoignent. Il n’est ni un juge ni un arbitre.

Le législateur marocain a opté seulement pour la médiation conventionnelle par


l’adoption de l’article 327-55 de la loi n° 08-052, évitant ainsi la médiation
judiciaire obligatoire, qui donne au juge la possibilité de proposer aux parties, au
cours d'un procès, de recourir à la médiation.

La médiation conventionnelle contribue au développement d’une sécurité


juridique pour les différents acteurs de la société notant bien que le domaine de la
médiation est vaste, il n’a pas de limite, il concerne l’ensemble des activités
humaines, à savoir les sphères de la vie privée et publique dont notamment le
domaine commercial.

C'est ainsi que l'on peut distinguer la médiation judiciaire, en vigueur dans de
nombreux pays, qui vient en aval d'une procédure juridictionnelle et qui est
proposée par le juge, et la médiation conventionnelle, en amont du procès.

C. La conciliation

Concilier vient du latin conciliare qui signifie assembler, elle peut être
défini comme un arrangement auquel parviennent des personnes en désaccord.

2
Article 327-55 du CPC dispose : « Afin de prévenir ou de régler un différend, les parties peuvent convenir de la
désignation d'un médiateur chargé de faciliter la conclusion d'une transaction mettant fin au différend ».

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Le résultat peut être obtenu par discussion et entente entre les intéressés ; il l'est
le plus souvent grâce à l‘intervention d'une tierce personne3.

Au Maroc, la conciliation est obligatoire dans certaines procédures judiciaires


(contentieux social4, procédures de divorce5), la conciliation consiste à confronter
les parties pour les amener, avec l’aide d’un tiers, à trouver une issue, souvent
pécuniaire, à leurs différends.

Contrairement à la médiation, la conciliation porte essentiellement sur le résultat,


sans nécessairement s’intéresser à la relation.

Le conciliateur concilie les parties en vue de trouver une solution amiable. Le


conciliateur suggère fortement une solution aux parties au regard du droit et de la
morale. Concrètement, il écoute les parties et leurs propose une solution. Le
conciliateur n’est donc pas neutre. Le conciliateur tente d’imaginer la solution
qu’aurait pu retenir le juge s’il avait été saisi. C’est le second mode alternatif de
résolution des conflits le plus usité. Mais cette position est essentiellement due à
la gratuité de ce dispositif.

3
Pierre COLIVRAT, Jurisclasseur de procédure civile, v. Conciliation fascicule 160, 1994, p.6 ;
4
Voir articles 532 et 551 du code de travail ;
5
Articles 81, 82 et 83 du code de la famille ;

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