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MODULE I : DROIT DES AFFAIRES

CHAPITRE INTRODUCTIF : GÉNÉRALITÉS SUR LE DROIT COMMERCIAL

CHAPITRE 1 : LES ACTES DE COMMERCE

CHAPITRE 2 : LE STATUT DU COMMERÇANT

CHAPITRE 3 : LES STATUTS PROCHES DU COMMERÇANT : L’ARTISAN ET


L’ENTREPRENANT

CHAPITRE 4 : LE FONDS DE COMMERCE

CHAPITRE 5 : LA VENTE COMMERCIALE

CHAPITRE 6 : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT

CHAPITRE 7 : LES SOCIÉTÉS COMMERCIALES

SOUS-CHAPITRE 1 : LES REGLES COMMUNES AUX SOCIÉTÉS COMMERCIALES

SOUS-CHAPITRE 2 : LES REGLES SPÉCIFIQUES A CHAQUE TYPE SOCIÉTÉ


COMMERCIALE
CHAPITRE INTRODUCTIF : GÉNÉRALITÉS SUR LE DROIT COMMERCIAL
I- DÉFINITION DU DROIT COMMERCIAL
Le droit commercial est l’ensemble des règles juridiques applicables aux
commerçants dans l’exercice leur activité professionnelle et régissent ainsi,
quoique de manière plus exceptionnelle, l’activité commerciale, voire les actes
de commerce accomplis par toute personne.
Autrement dit, le droit commercial est la partie du droit privé qui traite de
l’exercice de la profession du commerçant et qui forme le système juridique
applicable aux actes de commerce. Ainsi, il régit l’activité des commerçants
(conception subjectif du DC), mais qui s’applique également aux non-
commerçants quand ils accomplissent un acte de commerce de manière
occasionnelle (conception objective du droit commercial).
Son objectif est d’assurer la rapidité, la sécurité, l’efficacité des échanges
économiques ou marchands. Cela répondà ceci que le droit commercial a besoin
d’un système juridique approprié qui permet de se dégager du formalisme du
droit civil. Ainsi, le droit commercial est caractérisé par :
--L'exigence de la rapidité : contrairement au droit civil qui est un droit
conservateur et peu approprié à la circulation et à la transmission des biens et
richesses, le droit commercial adopte un corps normatif permettant une
transmission aisée des biens. C’est donc un principe du consensualisme qui
autorise la liberté de preuve. A ce principe, on peut ajouter la prescription qui
est de dix(10) ans en droit civil, alors qu’elle est de cinq(5) ans en droit
commercial.
-l’exigence de la sécurité : C’est un caractère du droit commercial qui est
nécessaire à la protection du crédit et des créanciers. Cet impératif de sécurité
se traduit par certaines dispositions particulières. D’abord , une sécurité de
principe est observée envers les mauvais débiteurs. En effet, le débiteur
commerçant est soumis aux règles de procédures collectives et à la faillite.
Ensuite, la sécurité se traduit par un ensemble de règles de protection de
l’entreprise commerciale notamment la solidarité des codébiteurs,
l’inopposabilité des exceptions… La solidarité des codébiteurs est présumée
entre commerçants, alors qu’en droit civil elle doit être prouvée. Si l’un paie, il
bénéficie d’une action récursoire contre les autres débiteurs. Enfin, à ces
principes on peut ajouter un certain nombre de sûretés commerciales, le
nantissement, le gage, le warrant.
-L’exigence de la publicité : elle est assurée par les formalités comme l’inscription
registre du commerce et du crédit mobilier et la parution d’avis ou d'extrait des
statuts dans les journaux d’annonces légales. La sécurité permet l’information et
la sécurisation des affaires.
II- LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL
- Les sources principales : le droit des affaires a pour principale origine
l’organisation pour l’harmonisationen Afrique du droit des affaires
(OHADA). Créée par le traité de Port-Louis (île Maurice) du 17 octobre
1993 signé par les Etats africains de la zone franc. Cette intégration
juridique se réalise par l’adoption de plusieurs textes qualifiés<< actes
uniformes>> qui constituent les sources principales du droit des affaires.
A ce jour, on a :l’acte uniforme portant droit commercial général, l’AU
relatif aux droits des sociétés commerciales et groupements d’intérêt
économique, l’AU sur le droit d’arbitrage , l’AU portant Organisation des
Procédures collectives d’apurement du Passif, l’AU portant organisation
des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution ,
l’AU portant organisation et harmonisation des comptabilités des
entreprises, l’AU portant organisation des sûretés…
L’OHADA comprend 17 États parties(Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire , Gabon, Guinée Équatoriale, Mali,
Niger, Sénégal, Tchad, Togo). Les institutions de cette organisation
internationale sont : la conférence des chefs d’État et de gouvernement, le
conseil des ministres chargé d’adopter les actes uniformes, le secrétariat
permanent installé au Cameroun, la Cour Commune de Justice et d’arbitrage
située en Côte d’Ivoire , l’école régionale de la magistrature basée au Bénin.
- Les sourcessecondairesdudroitcommercial sont entre autres :
✓la constitution : en tant que norme suprême, c’est elle qui pose le
principe de la liberté de commerce et d’industrie .
✓ laloi : au sens strict, il s’agit de textes émanant du parlement pris en
matière commerciale qui sont applicables dans la mesure où ils ne sont
pas contraires aux actes uniformes. Au sens large, la loi intègre les
règlements (décrets, arrêtés) dans le domaine commercial.
✓les usages : ce sont des pratiques professionnelles qui ont un caractère
habituel et qui s’impose en milieu commercial. Il existe les usages légaux
ou de droit auxquels la loi elle-même fait mention et dont la portée est
générale et obligatoire (c-à-d qui s’imposent aux parties). En cas de litiges,
de tels usages n’ont pas à être prouvés car le juge doit les connaître et les
appliquer. Il existe aussi les usages conventionnels qui ont une portée
limitée et un caractère supplétif.

✓a jurisprudence : elle se définit comme l’ensemble des décisions


rendues par les tribunaux dans un État. En Côte d’Ivoire, les décisions en
matière commerciale sont rendues par le tribunal du commerce, la cour
d’appel, la CCJA. En outre, la jurisprudence commerciale présente la
particularité d’être une œuvre de personnes privées dénommées
Arbitres.
✓ làdoctrine : c’est l’opinion des auteurs et praticiens du droit dont la
valeur est unanimement reconnue. Ceci participe de l’interprétation des
textes.
III-LE RÈGLEMENT DES LITIGES COMMERCIAUX
Pour le règlement des litiges commerciaux, deux voies s’offrent aux parties : la
justice étatique et la justice arbitrale.
Pour ce qui est de la première, il a été créé en 2012 en Côte d’Ivoire une
juridiction spécialisée : le Tribunal de commerce. Celui d’Abidjan , le premier du
genre, a commencé à fonctionner le premier octobre 2012. Le tribunal de
commerce est une juridiction autonome de premier degré.
-compétence : le ressort territorial du T.decommerce d’Abidjan englobe celui
des 1eres instances de Abidjan-Plateau et de Yopougon. Les litiges attribués au
T. de commerce d’Abidjan sont essentiellement :
. les contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants
au sens de l’AU sur le droit commercial général.
. les contestations entre associés d’une société commerciale d’un GIE.
. les contestations entre toutes personnes, relatives aux actes de commerce au
sens de l’AU relatif au droit commercial général (NB : dans les actes mixtes, la
partie demanderesse peut saisir les tribunaux de 1ere instance).
. les contestations relatives aux actes de commerce accomplis par les
commerçants à l’occasion de leur commerce et l’ensemble de leurs
contestations commerciales comportant même un objet civil.
. le TC d’Abidjan gère le Registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).
. le TC statue en 1er et dernier ressort sur toutes affaires dont l’intérêt du litiges
n’excède de 25000000 F CFA.
- Composition : le TC d’Abidjan est composé de juges professionnels
(magistrats de carrière) et de juges consulaires (opérateurs économiques
choisis sur une liste d’aptitude établie par la chambre de commerce et
d’industrie de Côte d’Ivoire). En outre, il comprend des greffiers, de
personnels administratifs. Les fonctions du Ministère public y sont
exercées par le Procureur de la République, près le Tribunal de 1ere
instance d’Abidjan-Plateau.
- Procédure : la procédure suivie devant le TC d’Abidjan se réalise en 2
phases : une tentative de conciliation qui est obligatoire et se déroule à
huis clos et une phase contentieuse. En cas d’appel, la chambre
commerciale de la Cour d’appel(CA) est compétente. Le pourvoi en
cassation se fait devant la CCJA. En dehors de ces juridictions, les
commerçants peuvent faire régler leurs litiges par une juridiction arbitrale
comme la CCJA ou la CACI. L’arbitrage est une technique qui consiste pour
les parties en conflit de confier à une personne privée appelée arbitre. La
décision émanant d’une telle juridiction est appelée sentencearbitrale. Le
recours à l’arbitrage peut se faire soit par un compromisd’arbitrage soit
par une clausecompromissoire.
✓ le compromis d’arbitrage est une convention par laquelle des
commerçants parties à un litige déjà né s’accordent pour le soumettre à
l’arbitrage.
✓ la clause compromissoire es là clause par laquelle les parties au contrat
d’engagent à soumettre à un arbitre les litiges pouvant naître de ce
contrat.
Lorsque la convention arbitrage est valable, les juridictions étatiques
deviennentincapables. Les décisions rendues par les arbitres devront être
revêtues de la formule exécutoire pour être appliquée. Il appartient à la
partie ayant gagné le litige de saisir la juridiction compétente pour obtenir
une ordonnance d’exequatur. Tous les litiges ne sont pas arbitrables, car
seuls ceux qui ont une origine contractuelle le sont.
EXERCICE D’APPLICATION
1) Définir le droit commercial
2) Quelles sont les sources du droit commercial ?
3) Quels sont les modes du règlement des litiges commerciaux ?
4) Par quels moyens peut-on recourir à l’arbitrage ?

CHAPITRE 2 : LES ACTES DE COMMERCE


La doctrine établit 4 catégories d’actes de commerce : les actes de commerce
par nature, les actes de commerce par la forme, les actes de commerce par
accessoire et les actes mixtes.
Section 1 : LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE
L’article 3 de l’AUDCG définit l’acte de commerce par nature comme l’acte par
lequel une personne s'entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou
achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec l’intention d’en
tirer un profit pécuniaire.
Le même article ajoute une énumération indicative des actes de commerce par
nature.
Parag1 : L’achat des biens meubles ou immeubles en vue de la revente
Pour que cet achat soit commercial, il faut la réunion de 3 conditions :
-Un achat préalable ( car sans achat initial, il n’y a pas d’acte de commerce ;
-Une intention de revente de la part de l’acheteur au moment de l’achat ;
-La recherche de profit de la part de l’acheteur (peu importe qu’il ait eu en réalité
profit ou perte )
L’agriculteur ne fait pas d’acte de commerce en vendant sa production, car il
vend les produits du sol. Toutefois, son activité devient commerciale dans les cas
suivants :
-Lorsqu’il achète les produits à d’autres agriculteurs dans une proportion
importante que sa propre production et les revend en l’état ou après
transformation ( Requête du 11 déc 1944 Dalloz 1944 p 213) ;
-Lorsqu’il loue à d’autres agriculteurs ses machines ;
-Lorsqu’il achète des plants ou des animaux et les revend rapidement.
De même, l’élevage traditionnel et l’artisanat ne sont pas des activités
commerciales. Cependant, lorsque les animaux sont nourris exclusivement ou en
grande partie avec des produits achetés, la vente qui s’en suit est un acte de
commerce par nature.
Para : Les opérations de manufacture et les opérationsde location de meubles
A-Les opérations de manufacture
Les opérations de manufacture consistent à fabriquer ou à transformer des
produits dans les usines ou dans les ateliers à partir des matières premières
achetées en vue de les revendre. En outre, le fait de fournir à titre onéreux des
prestations à autrui en travaillant de façon industrielle les matières premières
ou les produits qu’on a fournis, constitue des opérations de manufacture.
B-Les opérations de location de meubles
La location de meubles faite à titre habituel ( une opération isolée est civil)
constitue des actes de commerce par nature. Il s’agit de la location de biens
meubles tels que les chaises, bâches, les assiettes, voitures etc. A contrario, la
location de bien immeuble constitue un acte civil.
Para 3 : les opérations financières et les opérations de transport et de
télécommunication.
A-Les opérations financières
-les opérations de banque : elles sont relatives à l’escompte des effets de
commerce, aux dépôts et au retrait de fonds et titres aux crédits.
-les opérations de change : elles consistent à échanger la monnaie d’un État
contre celle d’un autre État moyennant rémunération.
-les opérations de bourse : Ce sont des transactions effectuées sur un marché
spécialisé dans les opérations d’achat et de vente des valeurs mobilières
(actions, obligations).
-les opérations d’assurance : l’assureur exploite une société conçue et organisée
pour lui procurer des bénéfices (les assurances mutuelles sont exclues)
B-Les opérations de transport et de télécommunications
-Les opérations de transport : il s’agit de tous les opérations de transport des
personnes et des marchandises. Même le particulier qui utilise son véhicule
personnel pour faire du transport en commun de personne accomplit des actes
de commerce par nature.
-Les opérations de communication : ce sont les actes liés à l’exploitation des
moyens modernes de communication. Ex : fax, téléphonie cellulaire, internet…
Para 4 : Les opérations d’intermédiaires et les contrats entrecommerçants pour
les besoinsde leur commerce
A-Les opérations d’intermédiaires
1) Les opérations des intermédiaires de de commerce
L’intermédiaire de commerce est celui qui a le pouvoir d’agir
habituellement et professionnellement pour le compte d’une personne, le
représenter, pour conclure avec un tiers un contrat de vente à caractère
commercial. Il s’agit des commissaires, courtiers et agents commerciaux
(ce sont des commerçants). On en distingue 3 types :
-Le commissionnaire : il se charge d’opérer en son propre nom, mais pour
le compte du commettant, la vente ou l’achat de marchandises
moyennant une commission.
-le courtier : le courtage est l’activité qui consiste à mettre en rapport
professionnellement des personnes en vue de faciliter ou de faire aboutir
la conclusion de convention, opérations ou transactions entre ces
personnes. Ex : courtage en matière d’assurance.
-l’agent commercial : c’est un mandataire qui, à titre de profession
indépendante est chargé de façon permanente de négocier et
éventuellement de conclure des contrats au nom et pour le compte de
producteurs sans être liés à eux par un contrat de travail. Ex : les
opérations d’agence de voyage.
2) Les opérations des autres intermédiaires
Il s’agit des intermédiaires pour l’achat, la souscription, la vente ou la location
d’immeubles, de fonds de commerce, d’actions ou de parts de société
commerciale ou Immobilière. Les opérations des autres intermédiaires
mentionnées par l’article 3 de l’AU ne sont nécessairement commerciales.
3) Les opérations de transit
Elles sont effectuées par les commissaires en douane ou transit qui des
professionnels chargés d’accomplir pour le compte de leur client toutes les
formalités d’entrée et de sortie de marchandises.
B- Les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce
Tous les contrats passés par des commerçants entre eux pour les besoins de leur
commerce sont des actes de commerce par nature.
Para 5 : Les actes effectués par les sociétés commerciales et les actes réalisés
dans le cadre d’une entreprise
A) Les actes effectués par les sociétés commerciales
Tous les actes effectués par les sociétés commerciales sont des actes de
commerce par nature.
B) Les actes réalisés dans le cadre d’une entreprise
1) L’exploitation industrielle des mines,carrières et de tout
gisementde ressources naturelles
L’exploitation des richesses du sol et du sous-sol est commerciale lorsqu’elle est
faite de façon industrielle, c’est-à-dire dans les ateliers ou des usines avec des
marchandises. Par contre, l’exploitation artisanale ou villageoise de ces richesses
constitue un acte purement civil.
2) Les entreprises culturelles
Ce sont les entreprises de spectacle public et les entreprises d’édition :
-les entreprises de spectacle public : leurs activités consistent dans l’organisation
de spectacles publics tels que le théâtre, la danse, le cinéma, la musique, etc. Les
actes de ces entreprises sont de nature commerciale si les trois conditions
cumulatives suivantes sont réunies :
*Les spectacles sont organisés habituellement ;
* Les spectacles sont ouverts au public ;
* Les spectacles sont donnés dans le but de réaliser un profit.
-Les entreprises d’édition : En tant qu’intermédiaire en quête de profit dans la
circulation des œuvres intellectuelles, elles accomplissent des actes de
commerce par nature.
Section 2 : LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME
Para 1 : Les opérations liées aux effets de commerce
La signature d’une lettre de change, d’un billet à ordre ou d’un warrant est un
acte de commerce par la forme.
-La lettre de change est un acte par lequel une personne appelée tireur donne
l’ordre à une autre, le tiré, de payer une certaine somme d’argent à une
troisième personne appelée bénéficiaire ou porteur.
-Le billet à ordre est un titre par lequel une personne appelée souscripteur
s’engage à payer une somme d’argent à une date déterminée à un bénéficiaire
ou à l’ordre de celui-ci.
-Le warrant est billet à ordre garanti par des marchandises déposées dans des
magasins généraux.
Para 2 : Les sociétés commerciales pat la forme
Sont commerciales par la forme et quel que soit leur objet : les sociétés en nom
collectif(SNC) , les sociétés en commandite simple (SCS), les sociétés à
responsabilité limitée (SARL), les sociétés par actions simplifiées (SAS), les
sociétés anonymes (SA).
Section 3 : LESACTESDECOMMERCEPARACCESSOIRE
La jurisprudence a inventé la notion de l'acte de commerce par accessoire. En
effet, l’acte de commerce par accessoire est un acte civil par nature qui est
considérécomme un acte de commerce parce qu’ilest fait par un commerçant
pour les besoins de son commerce. Il en est l’accessoire et l’on applique l’adage
accesoriumseuiturprincipalequi signifie que l’accessoire doit suivre le principal.
Par exemple, un négociant en vin achète un camion pour transporter son vin ;
c’est un acte civil mais il devient commercial en vertu de la théorie de l’accessoire
parce qu’il est fait par un commerçant. Pour déterminer l’acte de commerce par
accessoire, il faut la réunion de 2 conditions cumulatives :
-son auteur doit être commerçant ;
-l’acte civil doit être accompli pour les besoins de son commerce.
Au demeurant, un acte civil par accessoire est un acte de commerce par nature
qui considéré comme un acte civil parce qu’accompli par un non commerçant
pour les besoins de sa profession civile. Un moniteur d’auto-école qui achète des
codes de la route pour les revendre à ses auditeurs avec un énorme bénéficie en
vue de faciliter ses cours fait un acte civil par accessoire.
Section 4 : LES ACTES MIXTES
Un acte mixte est un acte qui est civil pour l’une des parties et commerciale pour
l'autre. Il ne s’agit pas à vrai dire d’une nouvelle catégorie d’acte de commerce.
En principe, le droit commercial s’applique à la partie commerçante et le droit
civil à la partie qui ne l’est pas. Ex : un achat d’huile effectué par une ménagère
dans une boutique pour faire la cuisine est un acte mixte, car il est commercial
pour le boutiquier et civil pour la ménagère. La distinction est cependant
importante du point de vue du régime juridique de l’acte mixte :
-La preuve : Les actes de commerce se prouvent par tous moyens, même par vie
électronique à l’égard des commerçants. C’est la réaffirmation du principe de la
liberté de preuve en matière commerciale. Par contre, à l’égard du non
commerçant, la preuve se fait par écrit. Toutefois, s’il y a commencement de
preuve par écrit, la liberté de preuve (par tout moyen) est aussi admise contre le
non commerçant (article 5 AUDCG).
-La miseendemeure : c’est l’acte par lequel un créancier demande à son débiteur
d’exécuter son obligation. Entre commerçants, la mise en demeure se fait par
tous moyens. Aussi, le civil peut mettre en demeure le commerçant pour tous
les moyenspossibles. A l’inverse, le commerçant doit mettre en demeure un civil
par un acte d’huissier.
-Le tribunalcompétent : Si le défendeur est civil, seul le tribunal civil c’est-à-dire
le tribunal de première instance (chambre civile) est compétent. Par contre, le
défendeur est-ce commerçant, le non commerçant peut saisir soit le tribunal
civil, soit le tribunal de commerce.
-La solidaritéentrecodébiteurs : La règle de la solidarité entre codébiteurs
signifie que le créancier a le droit de poursuivre l’un quelconque des codébiteurs
commerçants liés par une même dette pour son paiement intégral.
-La prescription : C’est lorsque l’écoulement d’un délai fait perdre ou acquérir
un droit. Selon l’article 16 de l’AUDCG, les obligations nées à l’occasion de leur
commerce entre commerçants, ou entre non commerçants, se prescrivent par 5
ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus courtes.
Exercice d’application : Trois commerçants (Aka, Ako et Aki) tous domiciliés à
Yopougon empruntent ensemble une somme de 20 000 000f CFA à une
institution de microfinance (MICROFI) en vue d’acheter des véhicules des
véhicules de transport de leurs produits commerciaux. Le remboursement de la
dette qui était prévue le 2 octobre 2021 n’a pu avoir lieu. La MICROFI attrait Ako
devant le TPI de Yopougon afin de le faire condamner au paiement intégral du
montant de la dette. Celui-ci, bien quereconnaissant la dette, soutient qu’il ne
doit pas en assumer seul le paiement comme le réclame la MICROFI. Cette action
en justice peut-elle prospérer ?

CHAPITRE 2 : LE STATUT DU COMMERÇANT


L’accès au statut de commerçant impose la réunion d’un certain nombre de
conditions, il en va de même pour l’exercice de cette profession. A partir de ces
conditions, le commerçant peut être aisément d’autres professionnels.
Section 1 : LES CONDITIONS D’ACCÈS AU STATUT DU COMMERÇANT
Aux termes de l’article 2 de l’AUDCG<< est commerçant celui qui fait de
l’accomplissement des actes de commerce par nature sa profession>>. Il résulte
de cet article 3 conditions cumulatives permettant d’accéder au statut de
commerçant. Il faut donc accomplir les actes de commerce par nature, à titre de
profession et de façon indépendante.
Para 1 : l’accomplissement d’actes de commerce par nature
Des 4 types d’actes de commerce susmentionnés , seuls les actes de commerce
par nature confèrent à leur auteur la qualité de commerçant.
Para 2 : l’accomplissement d’actes de commerce par nature à titre professionnel
La profession suppose l’accomplissement habituel d’actes de commerce à l’effet
de tirer les ressources nécessaires à la subsistance. C’est la répétition d’actes de
commerce par nature qui confère la qualité de commerçant. Par ailleurs, même
si l’activité est clandestine, elle confère la qualité de commerçant à son auteur.
De même, l’activité commerciale n’a pas besoin d’être exclusive, ainsi un
étudiant qui serait propriétaire d’une cabine serait un commerçant.
Para 3 : L’accomplissement d’actes de commerce par nature à titre indépendant
Pour avoir la qualité de commerçant, il faut agir de pour son compte, c’est-à-dire
à ses risques et périls et en toute indépendance. C’est pourquoi les salariés, les
mandataires, les dirigeants des sociétés commerciales ne sont pas commerçants
car agissant sur les ordres de quelqu’un.
Section 2 : L’EXERCICE DE LA PROFESSION COMMERCIALE
L’exercice de la profession commerciale est soumise à des conditions et impose
des obligations.
Para 1 : Les conditions d'exercice de la profession commerciale
A- Les conditions de capacité
1- La situation du mineur
L’article 7 de l’AUDCG dispose :<< Le mineur sauf s’il est émancipé ne peut être
commerçant ni effectuer des actes de commerce>>. L’émancipation du mineur
consiste à anticiper sur sa majorité. Ainsi, le mineur non émancipé ne peut être
commerçant. Ces représentants légaux ne peuvent le faire à sa place. Le mineur
qui hérite d’un fonds de commerce n’a pas la capacité d’effectuer les actes de
commerce. Il ne peut que soit le vendre soit le mettre en location gérance. Il peut
aussi apporter ce fonds de commerce dans la création d’une société anonyme
(SA) ou d’une société par actions simplifiées (SAS) ou d’une société à
responsabilité limitée (SARL), dans laquelle la minorité n’est pas une cause
d’exclusion. Elle peut se faire à partir de 18 ans. En dehors de ce cadre, le mineur
peut être émancipé par le mariage.
Quant au mineur émancipé, il ne peut être commerçant qu’à triple condition
suivante :
-Avoir 18 ans révolus ;
-Avoir une autorisation spéciale du représentant légal ;
-Inscrire cette autorisation au RCCM.
2- La situation des majeurs incapables
Leur situation n’est pas expressément réglementée par l’AU. Cependant, il n’est
pas concevable d'autoriser une personne dont les facultés mentales ont été
durablement atteintes d’effectuer des actes de commerce. Les majeurs
incapables sont en principe interdits d’effectuer des actes de commerce.
3-La situation de la femme mariée commerçante
La femme mariée est libre de faire le commerce sans l’autorisation de son mari.
Cependant, elle ne sera qualifiée de commerçante que si elle accomplit des actes
de commerce par nature professionnellement et séparément de ceux de son
mari.
Toutefois, si l’exercice du commerce est contraire à l’intérêt de la famille, son
époux peut s’opposer(par voie judiciaire) au commerce de sa femme. Lorsque
les deux époux exploitent ensemble un même fonds de commerce, seul l’un
d’entre eux est considéré comme commerçant.
Relativement aux pouvoirs de la femme mariée, celle-ci engage un certain
nombre de biens vis-à-vis des créanciers. Ainsi :
. Dans un régime de séparation de biens, elle n’engage que ses biens propres
.Dans un régime de communauté de biens :
*En cas d’absence d’opposition du mari ou d’opposition retenue par le juge,
elle engage tous les biens du ménage.
*En cas d’opposition fondée du mari, et si malgré tout l’épouse continue
d’exercer son commerce, elle engage seulement ses biens propres et les biens
réservés (biens acquis par la femme mariée sous le régime de la communauté de
biens, dans l’exercice d’une profession séparée de celle de son mari).
B- Les conditions de moralité
1- Les incompatibilités
C’est la défense faite à certaines personnes d’exercer le commerce en raison de
leur profession. L’exercice d’une activité commerciale est incompatible en raison
de leur profession. L’exercice d’une activité commerciale est incompatible avec
les professions suivantes : les fonctionnaires, les officiers ministériels et
auxiliaires de justice(avocat, huissiers de justice…), les experts comptables
agréés, etc.
2- Les interdictions
Nul peut exercer une activité commerciale s’il a fait l’objet :
-d’une interdiction générale, définitive ou temporaire, prononcée par une
juridiction, que cette interdiction ait été prononcée comme peine principale ou
peine complémentaire.
-d’une interdiction prononcée par une juridiction professionnelle, dans ce cas,
l’interdiction ne concerne l’activité commerciale considérée.
3- Les déchéances
Sont frappées de déchéance, toutes personnes ayant été condamnées à une
peine de prison d’au moins trois mois, sans sursis, vol, escroquerie, infraction
aux lois sur les sociétés commerciales.
La déchéance est liée automatiquement au jugement de condamnation ; le
tribunal n’a pas besoin de la prononcer expressément. Alors que l’interdiction
doit être prononcée.
NB : Les actes accomplis par un interdit, un incompatible ou par un déchu du
commerce sont inopposables aux tiers de bonne foi, ces actes sont opposables
a l’interdit , à l’incompatible ou au déchu. L’individu qui exerce le commerce
malgré l’incompatibilité , l’interdiction ou la déchéance qui le frappe, est appelé
commerçant de fait(il ne bénéficie pas des droits rattachés à la qualité de
commerçant, mais n’en supporte que les obligations).
Para 2 : Les obligations professionnelles du commerçant
Ce sont l’immatriculationau RCCM, la tenue des livres de commerce et la loyale
concurrence.
A- L’obligation d’immatriculation au RCCM
Sont notamment assujettis à la formalité d’immatriculation au RCCM : les
personnes physiques commerçantes, les sociétés commerciales et leurs
succursales, les GIE…
1- Les missions principales et lesdélais d’immatriculation au RCCM
Le RCCM a pour mission essentielle de :
-permettre aux assujettis de faire leur demande d’immatriculation,
d’obtenir le numéro d’immatriculation dès le dépôt de la ladite
demande
-permettre aux entreprenants de faire leur demande de déclaration
d’activité, d’obtenir le numéro de déclaration dès le dépôt de celle-
ci.
-permettre aux assujettis et aux tiers d’avoir accès aux
informations, notamment sur les commerçants et les entreprenants
conservées par le RCCM.
Les personnes physiques doivent demander leur inscription dans le premier mois
de l’exercice de leur activité auprès du greffe de la juridiction compétente. Quant
aux personnes morales, elles doivent le faire dans le mois de leur constitution au
greffe du tribunal du siège social (il en va aussi ainsi des succursales en Côte
d’Ivoire ). La juridiction compétente est le tribunal de commerce pour les
assujettis installés dans le ressort territorial des TPI d’Abidjan -Plateau et
Yopougon. En attendant la création d’autres tribunaux de commerce, le greffe
des TPI devraient continuer à remplir cette fonction.
2- L’organisation du RCCM
Le RCCM est organisé en fichier national et en fichier régional
*Le fichier national
Il centralise les informations contenues dans les registres locaux (RCCM) et est
tenu auprès de la cour d’appel d’Abidjan. Les registres locaux sont tenus par le
greffier sous la surveillance du président du TPI ou du TC ou juge délégué par lui.
Ils ont pour rôle de recenser tous les assujettis dans leur zone géographique
d’exercice de l’activité . Le fichier national permet de déceler les déchéances ou
interdictions ultérieures d’un commerçant dans une autre ville.
*Le fichier régional
Il est tenu auprès de la cour commune de justice et d’arbitrage (Abidjan-Plateau).
Il permet d’éviter les immatriculations des déchus et interdits dans les États
parties de l’OHADA.
3- Les effets de l’inscription au RCCM
-L’immatriculation au RCCM fait présumer de la qualité de
commerçant (présomption simple). Elle ne confère pas la qualité de
commerçant, elle est une obligation qui lui est imposée parce qu’il
est déjà commerçant.
-Le commerçant devra faire figure sur ses documents commerciaux
(factures, bon de commande…) son numéro et son lieu
d’immatriculation
-Celui qui fait le commerce sans être immatriculé ne peut se
prévaloir de la qualité de commerçant. Il ne pourra donc faire usage
de ses livres de commerce comme preuve,( mais on peut les utiliser
contre lui) ni donner son fonds de commerce en location-gérance
ou réclamer un renouvellement de son bail à usage professionnel.
Toutefois, un commerçant ne peut se soustraire aux obligations
inhérentes à son statut en invoquant sa non immatriculation. La
commerçant non inscrit est appelé commerçantdefait.
-Le défaut d’immatriculation et les formalités frauduleuses sont
sanctionnés.
Défaut d’immatriculation : amende de 60000 à 72000 et le tribunal
ordonne l’inscription sous quinzaine : si non-respect, nouvelle
amende ; s’il s’agit d’une succursale, sa fermeture.
Mentions inexactes communiquées de mauvaise foi : amende de
36000 à 72000 et ou emprisonnement d’un à six mois. Ces
délinquants peuvent être privés de droit de vote et l’éligibilité à la
chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie ).
-Toute personne physique immatriculée doit, dans le délai d’un
mois à compter de la cessation de son activité, demander sa
radiation au RCCM. En cas de décès du commerçant, le délai de
radiation ou de modification en cas de continuation est porté de
trois(3) mois à compter dudit décès en faveur des ayants-droit. A
défaut de demande, la radiation judiciaire est possible à la requête
du greffier ou de tout intéressé.
B- Les obligations comptables du commerçant
Ces livres permettent aux commerçants de connaître l’état de leur caisse, de
prouver les opérations commerciales et aux impôts de contrôler efficacement
les matières imposables.
1- Les livres à tenir
a- Les livres obligatoires
-Le livre journal : il enregistre par jour par jour les opérations de l’entreprise(
reçus, achats, vente, effet de commerce).
-Le livre inventaire : chaque année, le commerçant y fait l’inventaire d son
entreprise (bilan et compte de résultat relatant les éléments actifs et passifs de
son exploitation).
-Le grand livre : il est tenu pour le compte des clients et fournisseurs. Il récapitule
la balance générale pour permettre d’apprécier l’équilibre comptable.
b- Les livres facultatifs
-Le livre de paie exigé par le code du travail.
-Le livre de caisse qui enregistre tous les paiements effectués ou reçus.
-Le livre des effets qui enregistre les effets commerciaux à payer ou recevoir avec
leur échéance.
-Le livre brouillard (main courante) qui enregistre toutes les opérations à inscrire
plus tard au grand livre.
2- Les règles de tenue des livres obligatoires et les sanctions
a- Les règles de tenue des livres
Le journal et le livre d’inventaire, à l’exclusion du grand livre doivent être côtés
( numérotés et paraphés par le président du tribunal ou le juge délégué à cet
effet). Ils sont tenus chronologiquement sans blanc ni altérations, sans ratures
ni surcharges ; toutefois, la contre-passion d’écriture est admise c’est-à-dire
une écriture en sens inverse pour éviter les fraudes et manipulations dans les
écritures. Touslesdocumentscomptablesdoiventêtre conservés pendant 10
ans.
b- Les sanctions et la preuve par les livres de commerce
Au plan pénal, est passible de 1 à 6 mois d’emprisonnement et d’une amende
de 50000 à 1000000 de Francs, tout commerçant dont les livres et leurs
annexes sont incomplets, conformément à l’article 4 de la loi n°64-292 1964
relative aux obligations des commerçants. En cas de falsification, les peines
applicables sont celles du faux en écriture privée de commerce (art 416 du
code pénal : 1 à 5 ans d’emprisonnement amende de 100000 à 1000000
Francs). Le tribunal peut en outre prononcer la fermeture de l’établissement
pendant 3 mois au moins et 1 an au plus, l’interdiction d’exercer le commerce
pendant 6 mois au moins et 5 ans au plus.
Les livres irrégulièrement tenue ne peuvent servir de preuve en justice au
profit du commerce (ils peuvent seulement être retenus à titre de présomption
simple). Il faut nuancer cette assertion car dorénavant, l’article 5 alinéa 2 de
l’AUDCG autorise le commerçant à prouver par tout moyens contre un non
commerçant en cas de commencement de preuve par écrit. Dans le cours de
contestation, le juge peut ordonner la représentation par les documents
comptables pour en extraire ce qui concerne le litige.
C-L'obligationde loyale concurrence
Dans les États à économie libérale, la concurrence est le fondement de la
liberté de commerce et d’industrie. Il faut cependant qu’elle soit loyale. La
concurrence déloyale est ensemble de procédés (concurrentiels) utilisés par le
commerçant, contraires à la loi ou aux usages commerciaux, pour détourner la
clientèle de son concurrent.
1- Les manifestations de la concurrence déloyale
Il peut s’agir :
-D’une atteinte au nom commercial, à la dénomination sociale ou à
l’enseigne(usurpation pour semer la confusion entre deux établissements du
même genre s’adressant à la même clientèle) ;
-Du dénigrement (attaque dans son honorabilité, sa compétence ou sa
solvabilité ou même sur ses produits fabriqués ou vendus ;
-De la désorganisation interne de l’entreprise (incitation à la grève ou
débauchage) ;
-De la désorganisation générale du marché (cas de publicité mensongère ou
comparative).
2- La protection contre la concurrence déloyale
-L’actionenconcurrencedéloyale : c’est une action fondée sur la responsabilité
civile pour faute(art 1382 du code civil). Celui qui exerce une action doit
démontrer la faute, le préjudice et le lien de causalité. Cependant, la
jurisprudence.
-Les clauses de non concurrence : elles sont généralement insérées dans le
contrat de relations contractuelles. Au terme du contrat, le travailleur peut
librement faire la concurrence à son ex employeur (article 15.5 du code du
travail).
-Les clauses de non rétablissement : ces clauses interdisent au vendeur d’un
fonds de commerce vendu ou mis en location gérance. C’est matérialisation de
la garantie du fait personnel à la charge du vendeur. Il est interdit au vendeur
d’exercer un commerce semblable à celui qu’il exerçait. Pour être valable, cette
clause doit être limitée dans le temps et dans l’espace.
-Les clauses d’exclusivité : Par ces clauses, des commerçants se réservent
l’exclusivité d’une activité ou de la livraison d’un produit. Ex : contrat de bière où
le débitant s’engage à s’approvisionner chez le brasseur. Tous ces contrats sont
valables s’il sont limités dans le temps et dans l’espace.
EXERCICE D’APPLICATION
1) Quelles sont les conditions pour être commerçant ?
2) Un mineur de 17 ans peut-il être commerçant ? Si oui comment ? Si non
pourquoi ?
3) Quel est le rôle du RCCM ?
4) Dans quel délai les commerçants doivent-ils s’inscrir au RCCM ?
5) Citer les livres comptables obligatoires pour le commerçant.
6) La concurrence est-elle interdite en matière commerciale ?
7) Quel est le délai de conservation des livres de commerce ?
8) Expliquer concurrence déloyale.

CHAPITRE 3 : LES STATUTS PROCHES DU COMMERÇANT : L’ARTISAN ET


L’ENTREPRENANT
Section 1 : LE STATUT D'ARTISAN
L’article 1 de la loi n°2014 -338 du 5 juin 2014 relative relative à l’artisanat
dispose : L’activité du secteur de l’artisanat est toute activité dont le mode de
production est principalement manuel, peut inclure l’utilisation de machines et
d’outillages mécaniques, électriques ou électromécaniques et appartenant à
l’une des branches relevant de la nomenclaturedes métiers telle que déterminée
par la présente loi.
L’activité du secteur de l’artisanat est exercée à titre principal, par une personne
physique ou morale dont la maîtrise technique et le savoir-faire requièrent un
apprentissage ou une formation assortie d’une pratique du métier. L’activité des
personnes ayant la qualité d'artisan s'exerce en toute indépendance, à
l’exclusion de tout lien de subordination au sens du code du travail.
Para 1 : Les catégories d’artisans
Dans l’exercice des activités du secteur de l’artisanat, il existe une classification,
qui est fonction de la formation acquise, du savoir-faire et de l’expérience
professionnelle de l’agent, à savoir :
-le maître-artisan ;
-l'artisan ;
-le compagnon -artisan ;
-l’apprenti-artisan
-l’aide-familial
A- Le maître-artisan
Le maître-artisan est tout artisan qui, parallèlement à son activité, est jugé apte
à donner une formation professionnelle à une ou plusieurs personnes qui
accueille dans une entreprise ou dans tout autre établissement.
Le titre de maître-artisan peut être conféré à l’artisan ayant satisfait aux
conditions suivantes :
- justifier de sa qualité au sens de ladite loi ;
- être titulaire au moins d’un brevet professionnel, d’un diplôme ou à défaut,
jouir d’une expérience professionnelle conformément aux dispositions de
l’article 13 de la loi ;
- être inscrit depuis 10 ans dans le métier figurant au registre des métiers et avoir
pratiqué effectivement ce métier pendant cette période ;
- justifier d’un agrément délivré par le ministère en charge de l’artisanat,
attestant sa capacité à transmettre son savoir-faire.
Le titre de maître-artisan est attribué par une commission de certification
composée de la Chambre nationale de métiers et du ministère en charge de
l’artisanat. Le titre de maître-artisan se matérialise par des panonceaux et des
diplômes.
B- L’artisan(article 9 de la loi précitée)
L’artisan est toute personne physique exerçant une activité dans le secteur de
l’artisanat à laquelle il prend personnellement part et qui possède une
qualification reconnue par son milieu professionnel ou sanctionnée par un
certificat d’apprentissage ou un diplôme d’un centre agréé.
La reconnaissance de la qualification du milieu professionnel est validée par la
commission prévue par l’article 8 de la loi. L’artisan exerçant son activité
professionnelle à titre individuel peut se faire assister par des compagnons-
artisans, des apprentis-artisans ou des aides-familiaux.
C- Le compagnon-artisan
Le compagnon-artisan est tout apprenti-artisan ayant terminé sa période
d’apprentissage ou toute personne justifiant d’une qualification professionnelle
d’une activité artisanale et qui, avant de s’établir à son propre compte, demeure
auprès d’un maître-artisan pour renforcer ses capacités techniques et
professionnelles. Le compagnon-artisan est un employé salarié, permanent ou
temporaire, travaillant pour le compte d’un artisan ou d’une entreprise du
secteur de l’artisanat quelle que soit la forme juridique de cette dernière.
D- L’apprenti-artisan
L’apprenti-artisan est toute personne physique sans qualification préalable
placée auprès d’un maître-artisan dans le cadre d’un apprentissage en vue d’une
formation au métier d’artisan.
Ce placement peut se faire sur sa propre initiative, s’il s’agit d’une personne âgée
d’au moins 18 ans, ou sur celle d’un parent ou du tuteur, s’il s’agit d’un mineur
âgé d’au moins 15 ans.
Est également apprenti-artisan, tout élève en cours de formation technique et
professionnelle dans un métier de l’artisanat, au sein d’un établissement ou d’un
centre de formation agréé.
L’apprenti-artisan n’est pas rémunéré. Toutefois, le contrat d’apprentissage doit
prévoir le principe de l’allocation d’une bourse ou d’une prime d’apprentissage
si une activité productive est réalisée par l'apprenti.
E- L’aide familial
L’aide familial est toute personne issue de la cellule familiale de l’artisan âgée
d’au moins 15 ans, qui l’aide à exercer son activité.
La cellule familiale comprend le conjoint, les ascendants, les descendants ou
toute autre personne à la charge de l’artisan.
Para 2 : Les conditions d’exercice des activités artisanales
L’exercice des activités du secteur de l’artisanat est soumis à l’exigence d’une
qualification professionnelle. Les diplômes, les titres, la durée et les expériences
professionnelles devant concourir à cette qualification professionnelle, sont
déterminés par décret des ministres sur proposition du ministre en charge de
l’artisanat et du ministre en charge de la formation professionnelle. L’exercice
de toute activité du secteur de l’artisanat susceptible de mettre en jeu la sécurité
et la santé des clients de l’artisan est subordonné à l’acquisition d’une
compétence appropriée.
Les activités du secteur de l’artisanat dont l’exercice est subordonné à une
compétence appropriée sont notamment :
- L’entretien et la réparation de véhicules et de machines ;
- la construction, l’entretien et la réparation de bâtiments et d’ouvrages en
béton, en ciment ou plâtre ;
- la mise en place, l’entretien et la réparation des réseaux et des
équipements utilisant des fluides, ainsi que des matériels et équipements
destinés à l’alimentation en gaz et aux installations électriques ;
- les soins esthétiques sur la personne autres que médicaux et
paramédicaux ainsi que les modelages esthétiques de confort sans finalité
médicale ;
- la fabrication de prothèses dentaires ;
- la préparation de produits à consommer, notamment les boissons, les
produits laitiers, les huiles et graisses végétales et animales, les produits
de boulangerie-pâtisserieet de pâtes alimentaires, les plats préparés, les
aliments homogénéisés et diététiques concernés.
- les activités nécessitant l’utilisation de certains produits chimiques et
cosmétiques.
Les modalités d’acquisition de la compétence appropriée ainsi que les activités
concernées sont déterminées par arrêté conjoint du ministre en charge de
l’artisanat et du ou des ministres techniques concernés.
L'exercice d’une activité du secteur de l’artisanat est ouvert à toute personne
majeure ou mineure émancipée ayant la capacité juridique. Toutefois, les
mineurs non émancipés de plus de 17 ans sont autorisés à exercer une activité
du secteur de l’artisanat . Sans préjudice des dispositions des articles 62 à 65 de
l’AUDCG, toute personne physique exerçant dans le secteur de l’artisanat est
tenue de s’inscrire au Registre des Métiers. Pour l’exercice de son activité, le
fonds de l’artisanat est dénommé<<fonds de l’artisanat>>. Le fonds de
l’artisanat est assimilé au fonds de commerce et obéit au même régime
juridique. Le fonds de l’artisanat est composé d’éléments corporels et
d’éléments incorporels.
Para 3 : Les entreprises du secteur de l’artisanat et les formalités
d’immatriculation
A- Les entreprises du secteur de l’artisanat
L’activité à du secteur de l’artisanat s’exerce soit par un artisan soit par une
entreprise de ce secteur.
L’entreprise est une entité qui, indépendamment de sa forme juridique, exerce
une activité économique, est légalement constituée et tient régulièrement une
comptabilité. L’entreprise du secteur de l’artisanat est toute entreprise
exerçant dans l’une des branches d’activités du secteur de l’artisanat, qui
emploie en permanence moins de 200 personnes et qui réalise un chiffre
d’affaires annuel hors taxes inférieur ou égal à un milliard de francs CFA
Dans cet effectif ne pas pris en compte les apprentis, le ou les conjoints du chef
d’entreprise, ses ascendants, descendants, collatéraux ou alliés jusqu’au
troisième degré inclus.
L’entreprise du secteur de l’artisanat peut revêtir les formes juridiques
suivantes :
- Individuelle ou familiale ;
- Société civile professionnelle ;
- Société coopérative du secteur de l’artisanat ;
- GIE du secteur de l’artisanat ;
- SARL du secteur de l’artisanat.
B- Les formalitésd’immatriculation
Toute entreprise ou organisation exerçant dans le secteur de l’artisanat est
tenue de s’inscrire au Répertoire des entreprises. L’immatriculation au
répertoire des entreprises ne confère pas la qualité d’artisan.
1) L’entreprise individuelle ou familiale
L’entreprise du secteur de l’artisanat est dite individuelle, lorsque L’activité est
exercée à titre individuel, en son nom et pour son compte, par une personne
physique ayant la qualité d’artisan.
L’entreprise familiale du secteur de l’artisanat est une organisation au sein de
laquelle un ou plusieurs artisans membres de la famille ont le contrôle effectif
de la société ou, à tout le moins, exercent une influence sur la gestion.
2) La société civile professionnelle
Les artisans peuvent exercer en commun leurs activités dans le cadre société
civile professionnelle. Cette société jouit de la personnalité morale. Elle est
constituée pour une durée fixée par les statuts. Cette société peut être créée
avec le concours ou la participation de personnes n’ayant de la qualité d’artisan
. Dans ce cas, 30% au moins du capital doit être détenu par des artisans.
3) La société coopérative du secteur de l’artisanat
L’entreprise du secteur de l’artisanat est constituée sous forme de société
coopérative, lorsqu’elle a pour objet la réalisation de toutes les opérations ou
prestations de services susceptibles de contribuer, directement ou
indirectement, au développement des activités dudit secteur, de leurs associés
ainsi que de l’exercice en commun de ces activités. L’appellation '’ société
coopérative du secteur de l’artisanat ‘’ est exclusivement réservée aux sociétés
coopératives créées conformément à la présente loi. La délivrance des
agréments aux sociétés coopératives du secteur de l’artisanat relève de
l’autorité compétente en la matière. Toutefois, l’agrémentest subordonné à
l’avis préalable du ministre chargé de l’artisanat.
Peuvent être associés d’une société coopérative du secteur de l’artisanat :
- les artisans, personnes physiques, inscrits au Registre des Métiers de la
Chambre Métiers territorialement compétente ;
- les personnes physiques ou morales intéressées à l’objet de ces
coopératives et ne pouvant ni participer aux opérations ni bénéficier des
services mentionnés à l’article 23 de la présente loi. ;
- les sociétés coopératives du secteur de l’artisanat et leurs unions.
4) Le groupement d’intérêt économique du secteur de l’artisanat
La dénomination « GIE du secteur de l’artisanat » est exclusivement réservée aux
groupements exerçant dans l’une des branches d’activités du secteur de
l’artisanat. Peuvent être associés d’un GIE du secteur de l’artisanat :
- Les artisans inscrits au Registre des Métiers de la chambre de métiers
territorialement compétente ;
- les sociétés coopératives du secteur de l’artisanat et leurs unions.
5) La société à responsabilité limitée du secteur de l’artisanat
Peuvent être associés d’une entreprise du secteur de l’artisanat constituée sous
forme de société à responsabilité limitée :
- Les artisans, personnes physiques, inscrits au Registre des Métiers de la
chambre de métiers territorialement compétente ;
- les entreprises constituées sous forme de SARL.
Les entreprises du secteur de l’artisanat constituées sous forme de SARL sont
immatriculées au répertoire des entreprises du secteur de l’artisanat ainsi qu’au
RCCM. Les sociétés coopératives, les SARL et les GIE, exerçant dans le secteur de
l’artisanat, sont régis par les actes uniformes de L’OHADA.
Para 4 : Le Registre des Métiers et le répertoire des entreprises du secteur de
l’artisanat
A- Le Registre des Métiers
Il est institué auprès des chambres des métiers, un Registre des Métiers ayant
pour objet de recevoir l’immatriculation des personnes physiques ayant la
qualité d’artisan. L’immatriculation des personnes physiques, au registre des
métiers se trois mois au plus tard après leur identification par la la chambre des
métiers du ressort territorial, sous peine de paiement d’une pénalité de retard.
L’immatriculation au registre des métiers donne lieu à la délivrance d’une carte
professionnelle. La carte professionnelle est également délivrée au conjoint
collaborateur prenant personnellement et habituellement à l’activité de
l’entreprise et ayant exercé au moins 6 années consécutives dans le métier ou le
métier connexe et ayant la qualification requise.
B- Le répertoire des entreprises
Il est institué auprès des chambres de métiers, un répertoire des entreprises du
secteur de l’artisanat pour recevoir l’immatriculation des entreprises ou
organismes exerçant dans le secteur de l’artisanat. Les entreprises ou
organismes exerçant dans le secteur de l’artisanat sont tenus de s’inscrire au
répertoire des entreprises du secteur de l’artisanat 3 mois au plus tard après leur
identification par la chambre des métiers du ressort territorial, sous peine de
paiement d’une pénalité de retard. L’immatriculation au répertoire des
entreprises du secteur de l’artisanat ne confère pas la qualité d’artisan.
Section 2 : LE STATUT D’ENTREPRENANT
L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique, qui, sur
simple déclaration au RCCM, exerce une activité professionnelle civile,
commerciale, artisanale ou agricole. Une personne morale ne peut avoir la
qualité d’entreprenant. L’entreprenant conserve son statut si le chiffre annuel
généré par son activité pendant deux exercices successifs n’excède pas les seuils
fixés par l’AU sur les comptabilités des entreprises au titre du système minimal
de trésorerie.
L’AU précité indique en son article 13 les seuils suivants :
- 30 millions de FCFA pour les entreprises de négoce
- 20 millions pour les entreprises artisanales et assimilées
- 10 millions pour les entreprises de services.
Lorsque durant 2 années consécutives, le chiffre d’affaires de l’entreprenant
excède les limites fixées pour les activités par l’État partie sur le territoire duquel
il les exerce, il est tenu, dès le premier jour de l’année suivante et avant la fin du
premier trimestre de cette année de respecter toutes les charges et obligations
applicables à l’entrepreneur individuel. Dès lors, il perd la qualité
d’entrepreneant et ne bénéficie plus de la législation spéciale applicable à
l’entreprenant. Il doit en conséquence se conformer à la réglementation
applicable à ses activités. L’entreprenant, qui est dispensé d’immatriculation au
RCCM, est tenu de déclarer son activité.
Chaque État fixe les mesures incitatives pour l’activité de l’entreprenant
notamment en matière d’imposition fiscale et d’assujettissement aux charges
sociales. L’entreprenant ne commencer son activité qu’après réception de ce
numéro de déclaration d’activité qu’il doit mentionner sur ses factures, bons de
commande, tarifs et documents ou correspondances professionnels, suivi de
l’indication du RCCM qui a reçu sa déclaration et la mention , dispensé
d’immatriculation>>.
Les déclarations de modification de l’activité oublieux d’exercice ainsi que la
déclaration de radiation sont adressées de la même manière au greffe de la
juridiction compétente. Le numéro de déclaration d’activité est personnel. Nul
ne peut être déclaré comme entreprenant à plusieurs registres ou sous plusieurs
numéros au même registre. L’entreprenant ne peut être en même temps
immatriculé au RCCM. Il n’a pas le même statut que les personnes immatriculées
au RCCM. L’entreprenant bénéficie des dispositions relatives à la preuve, à la
prescription et bail à usage professionnel.

CHAPITRE 4 : LE FONDS DE COMMERCE


Le FC est constitué de par un ensemble de moyens qui permettent au
commerçant d’attirer et de conserver une clientèle.
Section 1 : LA COMPOSITION DU FONDS DE COMMERCE
Le FC est composé d’éléments obligatoires et d’éléments secondaires.
Para 1 : Les éléments obligatoires du fonds de commerce
Le FC comprend obligatoirement la clientèle, l’enseigne et/ou le nom
commercial.
La clientèle : c’est l’ensemble des personnes qui s’adressent régulièrement aux
commerçants. C’est l’élément indispensable au fonds de commerce. L’on
distingue la clientèle captive de la clientèle attitrée qui est à distinguer de
l’achalandage. La clientèle captive constitue l’ensemble des personnes liées au
commerçant par un contrat d’approvisionnement . La clientèle attitrée concerne
celle qui s’adresse au commerçant de façon habituelle. Quant à l’achalandage, il
est constitué des clients de passage, qui s’adressent au commerçant parce que
le fonds est situé dans un endroit favorable.
Le nom commercial : c’est l’appellation sous laquelle le commerçant exerce son
activité. Il peut utiliser son propre ou son nom de fantaisie. Il est protégé contre
l’usurpation pour éviter le détournement de clientèle. Ex : chez Hassan.
L’enseigne : c’est un signe extérieur qui permet l’individualisation du fonds de
commerce. Il peut s’agir d’un emblème (figure symbolique), nom de personne
ou de fantaisie. Celui qui justifie de l’antériorité de de son usage est protégé
contre l’usurpation. Ex : les 3 traits d’adidas, la pomme croquée d’Apple.
Para 2 : Les éléments secondaires du fonds de commerce
Il s’agit :
- Des installations, les aménagements, les agencements, le matériel, le
mobilier, les marchandises en stocks ;
- Les brevets d’invention, les marques de fabrique et commerce, dessins et
modèles et tout autre droit de propriété intellectuel.
- Le droit au bail : le droit au bail ou la propriété commerciale est le droit
qui permet au commerçant locataire d’obtenir le renouvellement de son
bail arrivé à expiration.
Section 2 : LE BAIL À USAGE PROFESSIONNEL
Le B.U.P est une convention par laquelle une personne appelée bailleur
(propriétaire) permet à une autre appelée preneur (locataire), d’exercer dans les
locaux une activité commerciale, artisanale, ou toute autre activité
professionnelle. A défaut d’écrit, le bail est réputé à durée indéterminée. Sauf
convention contraire, le bail prend effet à compter de la signature du contrat.
Para 1 : Les obligations des parties au B.U.P
Seules certaines personnes peuvent bénéficier d’un B.U.P : les commerçants,
personnes ou morales, les entreprenants, les industriels et toutes les personnes
exerçant une activité professionnelle.
1- Les obligations du bailleur
-Il met le local objet du B.U.P à disposition du preneur en garantissant tout
trouble de jouissance survenu de son fait personnel ou du fait de ses ayants-droit
ou présupposés ;
--Il procède à toutes les grosses réparations (gros murs, voûtes, poutres, toitures,
murs soutènement ou de clôtures, fosses septiques et des pisards) nécessaires
et urgentes ;
-Le bailleur ne peut changer les lieux loués ni en restreindre l’usage .
2- Les obligations du preneur
- Le preneur doit payer le loyer (qui est fixé librement par les parties et
révisabl3. En cas de désaccord, la juridiction compétente procède à sa
fixation) entre les mains du bailleur ou de son mandataire ;
- Il doit exploiter les locaux en bon père de famille, conformément aux
clauses du contrat ou aux usages ;
- Il doit effectuer des réparations d’entretien ;
- Il doit payer une indemnité d’occupation lorsqu’il se maintient dans les
lieux contre la volonté du bailleur à l’expiration du bail.
Para 2 : La cession et la sous-location du B.U.P
Si le preneur cède le bail et la totalité des éléments permettant l’activité dans les
lieux loués, la cession s’impose au bailleur. Si le bailleur cède le bail seul ou avec
une partie des éléments permettant l’activité dans les lieux loués, la cession est
soumise à l’accord du bailleur qui dispose dans ce cas d’un mois à compter de
son information, passé ce délai, son silence vaut acceptation. Toute cession du
bail doit être portée à la connaissance du bailleur par signification ou
notification, à défaut, la cession est inopposable au bailleur. La violation par le
preneur des obligations du bail, et notamment le non paiement du loyer,
constitue un motif sérieux et légitime de s’opposer à la cession.
Para 3 : Le renouvellement du B.U.P
A- Les conditions et formes du renouvellement
Le droit au renouvellement du bail est acquis au preneur qui justifie, avoir
exploité, conformément aux stipulations du bail, L’activité prévue à celui-ci,
pendant une durée minimale de deux ans. Aucune stipulation ne peut faire échec
au droit au renouvellement. En cas de renouvellement exprès ou tacite, le bail
est conclu pour une durée minimale de trois ans.
Dans le cas d’un bail à durée déterminée, le preneur au renouvellement du bail
peut demander le renouvellement de celui-ci, par signification ou notification,
au plus tard trois mois avant la date d’expiration.
Dans le cas d’un bail à durée indéterminée, toute partie qui entend le résilier
doit donner congé à l’autre au moins six mois à l’avance. Le preneur, bénéficiaire
du renouvellement peut s’opposer à ce congé au plus tard à la date d’effet de
celui-ci par signification ou notification. A défaut de contestation dans ce délai,
le bail cesse à la date fixée ce congé.
B- Les conséquences du refus au renouvellement du bail
1- Le refus sans justes motifs : paiement de l’indemnité d’éviction
Le bailleur peut s’opposer au renouvellement du bail à durée déterminée ou
indéterminée en réglant au preneur une indemnité d’éviction. L’indemnité
d’éviction est une somme d’argent versée au locataire par le bailleur qui refuse
le renouvellement du bail sans motifs sérieux et légitimes. En cas de désaccord
sur le montant de l’indemnité, celle-ci est fixée par la juridiction compétente.
2- Le refus du renouvellement du bail pour jutrs motifs
Le bailleur peut s’opposer au droit au renouvellement du bail sans verser
l’indemnité d’éviction dans les cas suivants :
- S’il justifie d’un motif grave et légitime à l’encontre du preneur sortant.
Par exemple, le non paiement du loyer ou la cessation de l’activité
exploitée. Ce motif ne peut être invoqué que si les faits se sont poursuivis
ou renouvelés plus de deux mois après une mise en demeure.
- S’il envisage démolir l’immeuble en vue de sa reconstruction ; dans ce cas,
le preneur a une priorité de relocation sous peine de lui verser l’indemnité
d’éviction. Le bailleur peut, sans verser d’indemnité d’éviction, refuser le
renouvellement du bail portant sur des locaux d’habitation accessoires
des locaux principaux, pour habiter lui-même ou les faire habiter par son
conjoint, ses ascendants ou ceux de ses conjoints. Cette reprise ne peut
être exercée lorsque le preneur établit que la privation de jouissance des
locaux d’habitation accessoires apporte un trouble grave à la jouissance
du bail dans les locaux principaux, ou lorsque ceux-ci forment un tout
indivisible avec les locaux d’habitation.
Section 2 : LES CONVENTIONS SUR LE FONDS DE COMMERCE
Il existe trois conventions principales sur le fonds de commerce : la location-
gérance, le nantissement, la cession de fonds de commerce.
Para 1 : la location-gérance
La location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds
de commerce en concède la location à un gérant qui l'exploite à ses risques et
périls, moyennant paiement d’un loyer. L’entrepreneur ne peut être partie à une
convention location-gérance.
A- Les conditions de la location-gérance
1- Les conditions exigées du bailleur
Le bailleur :
- doit avoir exploité le fonds pendant deux au moins en tant que
commerçant. Ce délai peut être réduit, sans pouvoir être inférieur à un an,
par la juridiction compétente, notamment lorsque la personne physique
ou morale justifie qu’elle a été dans l’impossibilité d’exploiter son fonds
personnellement ou par ses présupposés ;
- ne doit pas avoir été interdit ni déchu de faire le commerce.
NB :Ces conditions ne s’appliquent pas à l’État, aux collectivités locales et
établissements publics, aux incapables(majeurs incapables), aux héritiers ou
légataires d’un commerçant décédé, aux mandataires de justice.
2- Les conditions relatives au locataire-gérant
-Celui-ci doit avoir la capacité commerciale
-Il ne doit pas être frappé d’une incompatibilité d’une déchéance ou d’une
interdiction de faire le commerce.
3- Les conditions de forme
-La location gérance doit être inscrite au RCCM
-Le bailleur doit faire modifier son inscription ; personnelle avec mention
expresse de la location-gerance ;
-Il est nécessaire qu’il ait un contrat écrit, publié sois forme d’avis ou d’extraits
dans un journal d’annonces légales dans un délai de 15 jours. En fin de contrat,
les mêmes formes sont exigées.
B- LES EFFETS DE LA LOCATION-GÉRANCE
1- Les effets à l’égard des parties
A l’égard du bailleur :
- Il cesse d’être commerçant,
- Il met le fonds à la disposition du locataire et ne doit pas troubler dans la
jouissance.
A l’égard du locataire-gérant :
- Il est commerçant et en assume les obligations.
- Le locataire doit payer le loyer qui correspond à la fois au local utilisé et
au fonds de commerce exploité.
- Il ne peut ni sous louer ni céder sans l’autorisation du bailleur.
- Il doit indiquer en tête de ses bons de commande, factures et autres
documents comptables avec son numéro de RCCM, sa qualité de locataire-
gérant.
- Il ne doit pas modifier la destination du fonds, ni en étendre l’objet .
Jusqu’à la publication du contrat de location gérance, le bailleur est
solidairement responsable de dettes contractées à l’occasion de l’exploitation
du fonds. Ce qui suppose que :
- Seul le bailleur est responsable des dettes contractées avant le contrat de
location gérance.
- Il y a solidarité des dettes contractées après le contrat et avant la
publication.
- Après la publication, seul le locataire est tenu.
2- Les effets à l’égard des tiers
Les créanciers du bailleur ont un délai de 3 mois à partir de la publication pour
saisir le tribunal pour déclarer leurs créances exigibles s’il y a périls dans le
recouvrement de leurs créances. La fin de la location-gerancerend
immédiatement exigibles des dettes afférentes à l’exploitation du fonds
contractées par le locataire gérant.
Para 2 : Le nantissement conventionnel
1- La constitution
Le nantissement est en fait un gage sans dépossession du fonds de commerce. Il
s’agit de garantir le fonds de l’acquisition d’un ou d’un emprunt afin de
permettre à l’exploitant d’assurer son activité. La rédaction d’un acte sous-seing
privé est généralement exigée dans l’acte de prêt. Il faut énumérer les biens
nantis et le nantissement est inscrit au greffe du tribunal. Lordile nantissement
est fait le fournisseur du matériel ou outillage, il doit intervenir dans les 2 mois
de la livraison. Le nantissement doit comporter les énumérations suivantes
(sinon nullité) : le nom, le prénom, le domicile des parties, le numéro
d’immatriculation des parties au RCCM, la désignation précise et le siège de
fonds et éventuellement des succursales), les éléments de fonds nanti, le
moment de la créance garantie, les conditions d’exigibilité de la dette des
intérêts, l’élection de domicile du créancier dans le ressort de la juridiction où
tenu le RCCM.
2- Les droits du créancier nanti
Le créancier nanti bénéficie :
- D’un de surenchère qui est du 6èmeprix de vente du fonds ;
- D’un droit de suite par lequel faire saisir et vendre le fonds en quelques
mains qu’il se trouve ;
- D'un droit de préférence sur le prix de vente qui lui permet d’être payé
par préférence à d’autres créanciers.
- D’un droit de réalisation qui lui permet lorsqu’ils sont munis d’un titre
exécutoire, de faire procéder à la vente forcée du fonds de commerce
nanti 8 jours après sommation faite d payer demeurée infructueuse.
Tous les évènements susceptibles d’affecter les biens doivent être portées à sa
connaissance car susceptibles de mettre en mettre en péril le recouvrement de
sa créance.
B- Le nantissement judiciaire
Ce nantissement est ordonné par le juge, s’il y a péril dans le recouvrement de
la créance. Il doit être inscrit au RCCM pour produire les mêmes effets que le
nantissement conventionnel. La décision judiciaire autorisant le nantissement
doit comporter les mêmes énonciations que celles exigées par le nantissement
conventionnel et prévus par l’article 70 de l’acte uniforme portant organisation
des sûretés. Après la décision du juge, le créancier procède d’abord à une
inscription provisoire avant de procéder à une inscription définitive. À la suite de
l’inscription définitive, le créancier se retrouve dans la même situation qu’un
nantissement conventionnel.
Para 3 : La cession du fonds de commerce
Cette opération consiste pour le propriétaire d’un fonds de commerce à le
vendre à une autre personne (acquéreur) en vue de son exploitation. N’étant pas
prévue dans le énumération des actes de commerce par nature de l’article 3 de
L’AUDCG, il faut y voir un acte de commerce par application de la théorie de
l’accessoire. En effet, toute vente de fonds de commerce suppose avoir été faite
en vue de son exploitation. Cela dit, cette vente est soumise à des conditions
dont la validité lui fait produire des effets.
A- Les conditions de la cession d’un fonds de commerce
1- Les conditions de fond
Ce sont essentiellement les conditions générales de tous les contrats :
consentement, capacité, objet, cause. Le consentement doit être réel, sérieux et
intègre c’est-à-dire exempté de tous vices ( erreur, dol, violence). En ce qui
concerne la capacité, il faut dire que celui qui veut acquérir un fonds de
commerce doit avoir la capacité pour le commerce. L’objet de la vente porte
obligatoirement sur la clientèle, le nom commercial et/ou l’enseigne.
Facultativement, il peut porter sur les autres éléments. Dans ce cas, ceux-ci
devront être précisés dans l’acte de cession.
2- Les conditions de forme et de publicité
C- La cession d’un fonds de commerce doit se faire par écrit authentique ou
sous seing privé. En outre, elle doit contenir un certain nombre
d’informations sur les parties et le fonds vendu. En cas d’omission ou de
mentions inexactes dans l’acte de cession, l’acquéreur peut, dans un délai
d’un an, à compter de la date de cession, demander que soit annulée la
vente s’il prouve qu’une telle omission ou inexactitude a affecté
substantiellement la consistance du fonds et qu’il en est résulté un
préjudice pour lui. Concernant la publicité, l’acte de cession doit être
déposé en 2 copies certifiées conformes par les parties au RCCM. En ce
moment, chacun devra procéder à la mention modificative le concernant.
De plus, dans le délai de quinze jours à compter de sa date, l’acte de
cession doit être publiée sous forme d’avis dans un journal d’annonces
légales.
B- Les effets de la cession de fonds de commerce
1- Les obligations de partie
a) Les obligations du vendeur
- L’obligation délivrance : le vendeur est tenu de mettre son fonds à la
disposition de l’acquéreur à la date prévue par le contrat. Il doit le
présenter le paiement à la clientèle. Toutefois, le transfert de propriété ne
s’opère que lors de l’enregistrement de la vente au RCCM.
- L’obligation de garantie : le vendeur doit la garantie des vices cachés,
d’éviction et la garantie de son fait personnel.
b) Les obligations de l’acheteur
- L'obligation de paiement du prix : il a l’obligation de payer le loyer au jour
et au lieu fixé dans l’acte de vente. Ce paiement a lieu entre les mains d’un
notaire ou d’un établissement bancaire désigné d’accord parties. Celui-ci
devra conserver le montant jusqu’à l’expiration du délai accordé aux
créanciers pour faire leurs oppositions. En plus, lorsque le prix n’est pas
payé comptant, le vendeur bénéficie d’un privilège sur le fonds de
commerce et une action résultoire. Ce privilège lui donne un droit de suite
et un droit de préférence sur le fonds vendu.

CHAPITRE 5 : LA VENTE COMMERCIALE


Elle peut être définie comme la convention par lesquels deux commerçants,
personnes physiques ou morales s’obligent l’un à livrer des marchandises, et
l’autre à en payer le prix. La notion intègre aussi les contrats de fourniture de
marchandises destinées à des activités de fabrication ou de production. Elle se
différencie de la vente faite aux consommateurs car il s’agit essentiellement de
relations de relations d’affaires entre commerçants ou producteurs et
commerçants.
Section 1 : LA FORMATION DU CONTRAT DE VENTE COMMERCIALE
Elle doit obéir aux conditions générales de tout acte juridique notamment celles
relatives au consentement, à la capacité, à la cause et à l’objet. En outre, la vente
commerciale peut être écrite ou verbale et peut être prouvée par tous moyens.
- Le consentement : il doit exister er être exempt de vices. Il s’analyse en
offre et en acceptation.
*l’offre est la proposition ferme (non équivoque), précise et complète du
vendeur de conclure un contrat à des conditions déterminées de telle
sorte que la seule acceptation suffit à la formation du contrat. La précision
suppose que les marchandises, la quantité et le prix sont fixés ou des
indications permettant de les déterminer le sont.
*L’acceptationest l’agrément pur et simple de l’offre par son destinataire.
Ce qui veut dire qu’elle ne doit pascomporter ni réserve, ni conditions. En
principe face à une offre, le silence ne peut pas valoir acceptation. Il ne
vaut acceptation que dans certains cas : relations d’affaires antérieures
entre les parties, lorsque cela est d’usage dans le milieu d’affaire
concerné, lorsque l’offre est faite in favorem. L’acceptation prend effet au
moment où l’expression de l’acquiescement parvient à l’auteur de l'offre.
L’acceptation peut être révoquée pourvu que la révocation parvienne à
l’auteur l’offre au plus tard au moment où l’acceptation aurait pris effet.
Si un délai est stipulé, l’acceptation ne prend effet que si elle parvient à
l’auteur de l’offre dans ce délai.
- La capacité : le vendeur et l’acheteur doivent être commerçants. Ils
doivent avoir la capacité de conclure un contrat. Il en résulte que les non
commerçants, les mineurs non émancipés et le majeur incapable ne
peuvent conclure un contrat de vente.
- L’objet du contrat : il s’agit de la chose à vendre. Il doit être certain et ne
pas être prohibé par la loi. La chose vendue doit appartenir au vendeur.
Le prise la chose vendue doit être déterminé ou déterminable réel et non
fictif, sérieux et non dérisoire.
-La cause du contrat est le motif qui a poussé les parties à contracter. Il
doit exister et être licite et moral.
Section 2 : LES EFFETS DU CONTRAT DE VENTE COMMERCIALE
Para 1 : Le transfert de propriété des marchandises
Contrairement au droit commun, le transfert de propriété s’opère à la prise de
livraison des marchandises. Ainsi, transfert de propriété et livraison coïncident,
à moins que les parties n’en de décident autrement. S’agissant des risques, ils
sont à la charge de l’acheteur dès le transfert de propriété à la livraison. Si le
contrat prévoit le transport des marchandises, le transfert des risques s’opère
après la remise de marchandises au premier transporteur. Une fois la propriété
transférée, l’acheteur est tenu au paiement du prix même en cas de perte ou de
détérioration des marchandises.
Para 2 : Les obligations à la charge des parties
A- Les obligations du vendeur
-Une obligation de livraison au lieu, à la date et selon les modalités convenues.
- Une obligation de de conformité en termes de quantité, qualité, spécification
et emballage convenus
- Une obligation de garantie d’éviction et des vices cachés.
B- Les obligations de l’acheteur
-Une obligation de paiement du prix, selon les modalités arrêtées. Souvent,
l’acheteur peut verser une somme d’argent vendeur qui est considérée soit
comme des arrhes soit comme un acompte. Les arrhes constituent une somme
d’argent versée par l’acheteur au vendeur dans le cas d’une vente qui n’est pas
définitive. Les deux parties peuvent renoncer au contrat. Ainsi, si l’acheteur qui
a versé des arrhes veut rompre le contrat, il doit les abandonner au vendeur. Si
c’est le vendeur qui veut rompre après avoir reçu les arrhes, il doit restituer à
l’acheteur le double de la somme reçue. L’acompteest une somme d’argent
versée par l’acheteur au vendeur dans le cas d’une vente ferme et définitive.
Cette somme constitue une avance du prix convenu. Les parties ne sont pas
autorisées à se dédire.
-Une obligation de prise de livraison.
C- Les sanctions de l’inexécution des obligations
En cas d’inexécution, d’exécution partielle ou de mauvaise exécution
contractuelles, les parties peuvent solliciter la résolution contractuelle (
anéantissement du contrat par le tribunal à la demande d’une partie, elle peut
s’opérer de ein droit dans la mesure où elle prévue au contrat) ou opposer
l’exception d’inexécution. Ces deux moyens peuvent intervenir par anticipation
c’est-à-dire avant le manquement à l’obligation contractuelle. Par ailleurs, le
vendeur non payé dispose du droit de rétention, d’un privilège sur le prix de la
chose en cas de vente. Enfin, si la victime dudit manquement subit un préjudice,
elle peut solliciter des dommages-interêtspar la mise œuvre de la responsabilité
contractuelle du cocontractant fautif.

CHAPITRE 6 : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT


Section 1 : LA LETTRE DE CHANGE
C’est un écrit par lequel une personne, appelée tireur, donne l’ordre à un
débiteur appelé tiré, de payer une certaine somme à une certaine date, à une
autre personne appelée bénéficiaire.
Para 1 : La création de la lettre de change
Sa création est soumise à des conditions de forme et de fond.
A- Les conditions de forme
La LC requiert 8 mentions obligatoires.
*La dénomination<<lettre de change>> ;
*Le mandant pur et simple de payer une somme. Ex : veuillez payer ; je vous
prie de payer. La somme est écrite en lettres et en chiffres, en cas d’erreur, c’est
le montant inscrit en lettres qui est pris en compte.
*Le nom et l’adresse du tiré ;
*Le nom du bénéficiaire ;
*L’échéance de la LC. C’est la date à laquelle le bénéficiaire pourra réclamer le
montant de la LC au tiré. Ex : payable à vue( sur simple présentation au tiré) ; à
un certain délai de date ; à jour fixe. Si aucune échéance n’est précisée, la LC est
présumée payable à vue ;
*Le lieu de paiement : il peut s’agir du domicile du tiré ou de sa banque.
Lorsqu’aucun lieu n’est n’est mentionné, on prend en compte celui inscrit à côté
du nom du tiré.
*La date et le lieu de création ;
*La signature du tireur.
En cas d’omission de l’une de ces mentions, la rigueur est la nullité, mais il existe
des règles de suppléance pour pallier le défaut d’échéance , de lieu de paiement
de paiement et du lieu de création. Une régularisation peut aussi être faite et
elle nécessite l’accord préalable des parties en vue d’y procéder et que
régularisation soit matériellement réalisée.
En cas d’inexactitude des mentions, la situation réelle s’impose aux contractants
et peut être opposée aux tiers qui avaient connaissance de cette situation
(supposition). Le tiers porteur de bonne foi a une option entre la situation réelle
et la situation apparente. La supposition de nom n’entraîne la nullité des autre
signatures(indépendance des signatures).
En cas d’altération ( modification matérielle), les signataires antérieurs à la
modification sont tenus dans les termes du texte initial alors que les signataires
postérieurs sont tenus dans les termes du texte altéré sauf complicité de
signature avec l’auteur de la faute ; alors ce signataire antérieur est tenu dans
les termes du texte altéré.
B- Les conditions de fond
Le signataire d’une LC doit être capable de s’engager sur le terrain cambiaire.
c’est-à-dire majeur et capable. Sous conseil judiciaire w le majeur incapable peut
signer mais il doit être assisté. Le signataire doit pouvoir signer la LC. Le tirage
peut se faire par un mandataire en précisant qu’il agit par procuration ; ainsi, le
mandataire n’est pas un obligé cambiaire. Le tirage se fait également pour
compte lorsque celui qui signe se présente comme le véritable créateur du titre
qu’il signe. Il y a donc un tireur pour compte, un donneur d’ordre, le tiré et un
bénéficiaire.
Para 2 : Les rapports juridiques créés par la lettre de change
Entre le tireur et le tiré, il existe un rapport fondamental que consacre la créance
de celui-là sur celui-ci. Cette créance est appelée la provision.
Entre le tireur et le bénéficiaire, celui-ci est en général créancier du tireur. Cette
créance la valeur fournie.
Entre le bénéficiaire et le tiré, la rapport naît de la création du titre( lettre de
change).
Para 3 : La transmission ou la circulation de la lettre de change
La LC se transmet par la technique de l’endossement qui est une signature
apposée, par laquelle le cédant (endosseur) donne l’ordre au débiteur de payer
au cessionnaire (l’endossataire) le montant du titre. Il existe 3 modes
d’endossement.
A- L’endossement translatif de propriété
C’est l’endossement par lequel la propriété de la LC et tous les droits qui y sont
attachés sont transférés au bénéficiaire.
1- Conditions : il peut se faire à personne déterminée, en blanc ou au
porteur et est apposé au verso du titre ou sur allonge pour éviter la
confusion avec d’autres signatures. L'endossement n’est possible
que pour les lettres de change à ordre. Il est pur et simple, total et
doit reposer sur une cause licite. Il faut que l’endosseur ait la
capacité et le pouvoir de s’engager sur le terrain cambiaire.
2- Effets : l’endosseur est garant de l’acceptation et du paiement. Il y
a solidarité cambiaire de tous les endosseurs par rapport au
porteur. L’endossataire bénéficie de tous les droits résultant de la
lettre de change c’est-à-dire la provision et les droits cambiaires, il
bénéficie aussi de la règle de l’inopposabilité des exceptions.
B- L’endossement de procuration
Par ce type d’endossement, l’endosseur réalise un mandat par lequel il donne à
l’endossataire ( généralement un banquier) l’autorisation d’encaisser le montant
du titre au profit du bénéficiaire. C’est donc un mandat d’encaissement ou de
recouvrement.
C- L’endossement pignoratif
Il consiste dans la mise en gage de la LC l, sans perdre la qualité de propriétaire
du titre.
Para 4 : Le paiement de la lettre de change
A- Les garanties de paiement
1- Les garanties légales (3)
La garantie tirée du rapport fondamental : la provision est définie comme une
créance éventuelle de somme d’argent d’un montant égal au moins au montant
du titre que le tireur a contre le tiré et qui susceptible d’exister à l’échéance.
Mais c’est une garantie illusoire avant l’échéance si le tiré n’a pas accepté la
lettre de change. S’il a accepté, le droit exclusif qu’a le porteur sur la créance
devient irrévocable. Les garanties tirées de la transmission du titre : la solidarité
cambiaire et l’inopposabilité des exceptions. L’article 191 dispose que tous ceux
qui ont tiré, accepté, endossé, avalisé une LC sont solidairement tenus envers le
porteur. L’article 160 quant à lui, pose le principe de l’inopposabilité des
exceptions du rapport fondamental.
2- Les garanties conventionnelles
L’acceptation est l’acte par lequel le tiré signe la lettre de change et accepte, de
ce fait, de se reconnaître comme débiteur principal du titre et de payer celui-ci
à l’échéance (c’està la fois une reconnaissance de dette et un engagement
cambiaire). Elle suppose la provision. La présentation à l’acceptation a un
caractère facultatif sauf clause contre acceptation et le tireur peut interdire
toute présentation par une clause sauf les lettres de change payables chez un
tiers ou une localité autre que le domicile du tiré et pour les lettres de change
tirées à un certain délai de vue. L’acceptation est aussi facultative sauf si le tiré
a promis de faire bon accueil ou si les traites sont créées en exécution d’une
convention relative à des fournitures de marchandises conclues entre les
commerçants. Elle résulte d’une signature apposée sur le titre et doit être
exprimé par le mot<< acceptation>> où tout autre mot équivalent.
L’aval est un cautionnement cambiaire par lequel une personne donne la
garantie que la traite sera payée à l’échéance si le débiteur principal ne peut pas
payer. Il doit nécessairement indiquer son bénéficiaire sinon il est présumé fait
pour le tireur. L'avaliste ou le donneur d'aval ne peut opposer ni le bénéfice de
division, ni celui de discussion, il va bénéficier de tous les moyens de défense du
débiteur garanti. S’il a payé, il est subrogé dans les droits du porteur et pourra
réclamer au bénéficiaire de l'aval, la somme de ce qu’il a payé.
B- Le régime juridique du paiement
1- Les formalités préalables
Un protêt d’acceptation peur être dressé pendant un délai d’acceptation. Il
donne droit à un recours anticipé et si le porteur attend l’échéance, il sera
dispensé d’établir un protêt faute de paiement. Le protêt faute de paiement doit
être dressé en cas de défaut de paiement. Cette obligation connaît des
dérogations :
- Dérogations légales : force majeure, tiré en règlement judiciaire, tireur
d’une lettre de change non acceptable en règlement judiciaire.
- Dérogations conventionnelles : clause de retour sans frais.
Le protêt est un exploit d’huissier élaboré en cas de refus d’acceptation ou de
paiement de la part du tiré, par lequel il est sommé de s’exécuter. Il est dressé
pour l’acceptation dans un délai d’acceptation et pour le paiement dans l’un des
deux jours ouvrables qui suivent l’échéance.
2- L’exercice des recours
Le recours est exercé par le porteur diligent contre tous les signataires du titre
en vertu de la règle de la solidarité cambiaire et en principe pas avant l’échéance
du titre. Le recours se fait de façon amiable ou judiciaire. Le porteur négligeant
perd tous ses droits contre les signataires (recourscambiaire). Il conserve
néanmoins son recours cambiaire contre le tireur qui n’a pas fourni de provision.
Le porteur négligeant est :
- Celui qui n’a pas fait dresser protêt faute de paiement dans un délai légal ;
- Celui qui n’a pas présenté le titre au paiement encas de retour sans frais ;
- Celui qui n’a pas dressé protêt pendant un an pour une LC payable à vue ;
- Celui qui n’a pas fait dresser protêt faute d’acceptation si la lettre de
change contient une clause d’acceptation.
Les recours cambiaires se prescrivent :
- Pendant 3 ans contre le tiré accepteur (depuis échéance) ;
- Contre le tireur ou les endosseurs pendant un an depuis le protêt (recours
du porteur) ;
- Pour les recours des endosseurs les uns contre les autres ou contre le
tireur pendant 6 mois depuis le jour où il a remboursé ou cité en justice
l’endosseur. Certaines actions survivent cependant. Ce sont : l’action du
tireur qui fournit provision contre tiré, l’action du tiré contre le tireur qui
lui fournit provision, l’action du porteur(par la cession de créance) contre
le tiré.
L’interruption de la prescription cambiaire a un effet personnel (causes
d’interruption : reconnaissance de dettes, saisie, commandement de payer,
citation en justice…) et un nouveau délai commence à courir à partir de
l’interruption. Le nouveau délai devient un délai de droit commun s’il y a eu
condamnation du débiteur et s’il reconnaît sa dette par acte séparé manifestant
clairement sa volonté de substituer à la dette cambiaire une nouvelle dette.
Section 2 : LE CHEQUE
Le chèque est un écrit par lequel une personne titulaire d’un compte bancaire(le
tiré) donne l’ordre a son débiteur(le tiré) de payer à vue une certaine somme au
profit d’un tiers appelé bénéficiaire.
Para 1 : l’existence du cheque
C’est un instrument bancaire de paiement et non de crédit. Il se définit comme
suit : « un titre tiré sur une banque ou_ un établissement assimilé qui permet au
porteur de de se faire payer une somme d’argent disponible à son profit.
1- La création
Le chèque est généralement créé sur une formule imprimée d’avance par le
banquier et qu’i remet à son client dans le cadre du contrat qui les lie (convention
de compte). Dans la pratique, le banquier remet un carnet de chèques. Les
mentions obligatoires sont :
- La mention chèque (à défaut, simple reconnaissance de dette) ;
- Le mandant pur et simple de payer une somme déterminée ;
- Le nom du tiré (banque ou établissement assimilé) ;
- Lieu de paiement ;
- La date et le lieu de création ;
- La signature du tireur.
Les mentions facultatives : la clause de domiciliation, d’aval et de retour sans
frais. Les mentions interdites : la date d’échéance (car ce n’est Pas un instrument
de crédit), l’acceptation du tiré, l’exclusion de la garantie du tireur.
2- L’émission
Trois personnes interviennent :
- Le tireur : la personne qui donne l’ordre à la banque de payer une somme
déterminée au bénéficiaire. Il doit avoir consenti conformément aux règles
générales des conventions et donc la nullité du rapport fondamental se
communique au titre. Seulement l’immoralité et l’illicéité de l’obligation
inopposable au tiers de bonne foi. Pour l’incapacité du tireur, cette incapacité
est opposable même au tiers de bonne foi. Le tireur doit avoir e pouvoir
d’émettre un chèque, il ne doit être en faillite par exemple) sinon le chèque est
inopposable à la masse des créanciers.
- Le tiré : c’est un banquier ou établissement assimilé. Le chèque est un titre
payable vu. C’est pourquoi il n’y a pas d’acceptation de cheque plutôt visa
(procédé utilisé pour constater l’existence de provision du jour du visa).
- Le bénéficiaire : toute personne peut être bénéficiaire. Le tireur peut être
bénéficiaire, les mineurs et les majeurs incapables peuvent être bénéficières
mais ne peuvent recevoir paiement sauf émancipation ou majeur incapable
assisté (conseil judiciaire). Leurs représentants recevront paiement à leur place.
Dans le cas d’un commerçant en liquidation judiciaire, le syndic recevra le
paiement. La remise du chèque au bancaire ne libère le tireur de sa créance, c’est
plutôt l’encaissement qui joue ce rôle.
3- La transmission du chèque
Elle se fait endossement translatif par apposition d’une signature au dos de
cheque avec la mention « payer à l’ordre ».le porteur légitime et de bonne foi
jouit du principe de l’inopposabilité des exceptions. Seulement, les exceptions
fondées sur l’irrégularité des de forme sont opposables à ce tiers.la transmission
se fait aussi par procuration et dans un tel cas, l’endossataire est investi d’un
mandat de recouvrement du chèque.
Para 2 : Le paiement du cheque
1- Les garanties
Il y a trois garanties légales : la provision, la règle de solidarité et celle de
l’inopposabilité des exceptions. La provision est-ce la créance de somme
d’argent que détient le tireur sur le banquier. C’est en réalité l’obligation de
restitution qui pèse sur le banquier à la suite du dépôt de fonds effectué par le
tireur. Elle doit être préalable(le chèque est payable à vue), disponible (certaine,
liquide et exigible) et suffisante( le montant doit être au plus égal à celui détenu
par le banquier).
Les garanties conventionnelles (3) sont : l'aval (procédé très rare), visa( qui est
une garantie de l’existence de la provision au moment où il est apposé sur le
chèque ; cette technique vient pallier l’absence de l’acceptation et il n’y a pas de
blocage de fonds), la certification qui intervient sur accord écrit du tireur et
permet de bloquer les fonds pendant 8 jours, 20 jours, 45 jours, 70 jours.
Toutefois, des cartes de garantie de chèques ont été prévues par l’article 79 du
règlement n°15 qui dispose : << le banquier tiré peut mettre à la disposition de
sa clientèle des cartes dites de montants individuels de garantie de chèques. Les
cartes de garantie doivent mentionner expressément les seuils des montants
individuels de chèques garanties. La clientèle bénéficiaire peut effectuer ses
paiements au moyen des chèques garantis par la présentation de la carte.
Le chèque barré : le barrement consiste à faire figurer au recto deux barres
parallèles et obliques comportant (le barrement spécial) ou non ( le barrement
général), une inscription ( nom d’une banque) entre elles, dont le paiement dont
le paiement ne peut être effectué par tiré qu’au banquier ou un établissement
assimilé. Ainsi, le porteur de ce chèque doit le déposer à sa banque sur son
banque sur son compte. Le banquier se chargera d’encaisser le montant du
chèque en tant que mandataire du bénéficiaire afin de créditer son compte.
2-Le régime juridique du paiement
Le chèque doit être présenté au paiement dans un délai de 8 jours si le paiement
est effectué au lieu d’émission et dans les autres cas, dans 20 jours. Si le chèque
est émis dans un État membre de L’UEMOA et payable dans un autre État de
l’union, ce délai est 45 jours. Il est de 70 jours s’il est émis en dehors de l'union.
L'inobservation de ces délais n’enlève rien à l’efficacité du chèque. Le banquier
doit vérifier non seulement la chaîne des endossements mais aussi la régularité
formelle du chèque.
3- Le régimejuridiquedu paiement
L’opposition : c’est l’acte par lequel une personne interdit au banquier de payer
le chèque qui lui sera présenté tant que cette interdiction n’aura pas été levée.
Elle est admise en cas de perte, de vol ou d’utilisation frauduleuse ou
d’ouverture de procédure collective contre le porteur. Elle est l’œuvre du tireur.
Si le banquier passe outre cette opposition, il engage sa responsabilité.
Le refus de paiement : si ce refus du banquier est illégitime (le banquier dispose
des fonds nécessaires), il est responsable des dommages résultant pour le tireur.
Si le refus est légitime, le tireur tout comme le bénéficiaire qui avait
connaissance du manque partiel ou total de provision sera réprimé pénalement.
Pour en bénéficier de celle-ci, le porteur doit dresser protêt. En clair, au plan
pénal, l’émissionde chèque sans provision, la falsification ou la contrefaçon de
chèque sont réprimées par la loi.
Section 3 : LE BILLET À ORDRE
Le billet à ordre est un titre par lequel une personne appelée le souscripteur,
s’engage à payer à une date déterminée, une somme déterminée à un
bénéficiaire ou à l’ordre de celui-ci. Le billet à ordre a un caractère civil ou
commercial selon la nature de la dette qu’il entend régler. Il met en présence 2
personnes contrairement à la lettre de change, car dans le billet à ordre, le
souscripteur est à la fois le tireur et le tiré. Les mentions obligatoires du billet à
ordre sont : clause à ordre ou détermination à ordre, promesse pure et simple
de payer une somme déterminée, indication de l’échéance, lieu de paiement,
date et lieu de création, signature du souscripteur.
La signature d’un billet à ordre est un acte de commerce par la forme ; donc tout
signataire doit avoir la capacité commerciale. Le porteur du billet à ordre a les
mêmes droits que le porteur de la lettre de change.
La transmission se fait également par l’endossement mais sans transfert de
propriété de la provision puisqu’il n’y a pas de provision dans le billet à ordre.
Les garanties légales sont là solidarité cambiaire et la règle de l’inopposabilité
des exceptions. La provision est exclue car il s’agit d’une personne et non d’un
mandat. La seule garantie conventionnelle est l'aval (même régime que la lettre
de change). L’acceptation est exclue car le souscripteur promet purement et
simplement de payer. Toutes les lettres de change relatives à l’endossement, à
l’échéance, au paiement, au recours faute de paiement, au paiement par
intervention, aux altérations et prescriptions sont applicables au billet à ordre
pourvu qu’elles ne soient pas incompatibles avec la nature du billet à ordre. Le
règlement n°15 de L’UEMOA n’a pas retenu les billets à ordre particuliers qui
sont des billets de fonds et le warrant.
Le billet de fonds est un titre créé pour représenter la totalité ou une partie du
prix de vente d’un fonds de commerce stipulé payable à terme(événement futur
et certain dont on dépendre l’exécution ou l’extinction d’une obligation).
Le warrant quant à lui est un paiement garanti par un gage avec dépossession.
Section 4 : LES CARTES DE PAIEMENT ET DE RETRAIT
La carte de paiement est une carte qui permet à son titulaire de payer par un
procédé simplifié, les prestations qu’il reçoit de certains fournisseurs ou
commerçants. La carte de retrait permet de retirer exclusivement des fonds
auprès de distributeurs automatiques de billets dans avoir à utiliser un chèque.

CHAPITRE 7 : LES SOCIÉTÉS COMMERCIALES


La société commerciale est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent d’affecter à une activité, des biens en numéraires ou en nature,
dans le but de partager le bénéfice, ou de profiter de l’économie qui en pourrait
en résulter. Elle peut également être créée par une seule personne
dénommée<< associé unique>>, par écrit.
SOUS-CHAPITRE 1 : LES REGLES COMMUNES AUX SOCIÉTÉS COMMERCIALES
Para 1 : les conditions générales
Il y a des conditions de fond et des conditions de forme.
A- Les conditions de fond
1- Le consentement
Les parties doivent donner leur consentement au contrat de société. Ce
consentement doit exempt de vices tels que l’erreur, le dol ou la violence. La
violence en matière de société est quasi inexistante. Quant à l’erreur, elle peut
porter sur la personne pour les sociétés de personnes conclues intuitu personae
ou alors sur la forme de la société. Pour le dol, les manœuvres doivent avoir été
déterminantes dans la conclusion du contrat. Ce problème ne pose pas dans la
société unipersonnelle.
2- La capacité
Pour les sociétés en nom collectif ou les commandités dans les sociétés en
commandite simple (ces associés sont commerçants), il faut avoir la capacité. Ce
qui exclut les mineurs et les majeurs incapables. Quant aux actionnaires dans les
sociétés anonymes, les associés des sociétés à responsabilité limitée, ceux de la
société par actions simplifiées et les commanditaires dans les sociétés en
commandite, la capacité commerciale n’est pas exigée, car ils ne sont pas
commerçants.
3- L’objet et la cause
L’objet est constitué par l’exploitation commerciale poursuivie par des parties.
La cause est la raison pour laquelle cette exploitation est envisagée. L’objet et la
cause doivent être licites.
B- Les conditions de forme et de publicité
Il est nécessaire qu’il y ait un acte écrit et authentique ou sous seing privé.
L’article 10 de l'AUDSCGIE énonce, sur la forme des statuts, que << sauf
dispositions nationales contraires, les statistiques sont établis par acte notarié
ou par toute à te offrant des garanties d’authenticité dans l’État du siège de la
société déposé avec reconnaissance d’écritures et de signatures par toutes les
parties au rang des minutes d’un notaire. Il ne peuvent être modifiés qu’en la
même forme>>. En la matière, la Côte d’Ivoire a pris une ordonnance n°2014-
161 du 02 avril 2014 relative à la forme des statuts et au capital social de la
société à responsabilité limitée. Le législateur ivoirien indique que les statuts de
la SARL << établis par acte notarié, par tout acte offrant des garanties
d’authenticité ou par acte sous seing privé>>.Ainsi, il rend facultative
l’intervention du notaire pour l’établissement de la rédaction de souscription et
de versement et laisse la liberté de fixer le montant du capital social. L’écrit n’est
plusune condition de validité depuis l'OHADA mais une condition de preuve. En
l’absence d’écrit, nous avons affaire à une société créée de fait qui n’a pas la
personnalité juridique. Pourra la société unipersonnelle, l’écrit demeure une
condition de validité (pour la distinguer de la personne physique).
La société doit en outre être publiée par :
*Enregistrement des statuts à la direction de l’enregistrement( ministère de
l’économie et des finances), cette formalité est désormais gratuite ;
*Dépôt des statuts au greffe du tribunal du lieu du siège social ;
*Immatriculation au RCCM
*Publicité dans un journal d’annonces légales ou l’avis de constitution se fait
désormais en ligne sur le site du CEPICI automatiquement après l’enregistrement
de la société. En effet, suite à l’adoption de l’ordonnance relative aux annonces
légales et judiciaires, le CEPICI, a obtenu l’habilitation nécessaire à cet effet ;
*Déclaration fiscale pour l’obtention d’un numéro de compte contribuable.
*Déclaration à la CNPS.
Les vices de consentement (sauf pour les SA et SARL) et les incapacités (sauf SA
et SARL) à moins que tous soient incapables) sont sanctionnés de nullité relative.
L'illicéité et l’immoralité de l’objet ou la cause, le défaut de publicité pour les
SNC et SCS sont sanctionnés de nullité absolue.
Para 2 : Les conditions spécifiques à la société commerciale
L’acte créateur de la société porte sur 3 éléments : les apports, la vocation aux
bénéfices et aux pertes de l'affectio societatis.
1- Les apports(élément matériel)
- En numéraire : en argent ; cet apport est déterminé librement par
l’associé et sa libération est immédiate ou échelonnée.
- En nature : toutes sortes de biens sauf de l’argent ; il doit être
intégralement libéré à la constitution de la société.
- En industrie : ( main d’œuvre, travail intellectuel). Il ne compte pas pour
la détermination du capital social.
L’ensemble des apports en nature et numéraire constitue donc le capital social
qui est le gage des créanciers et qui est guidé par le principe de la fixité ou de
l’intangibilité. Si l’actif social est inférieur du capital, il n'y a pas de distribution
de bénéfice.
2- La vocation aux bénéfices et aux pertes
Le bénéfice (selon la jurisprudence est un Gian pécuniaire ou un gain matériel
qui ajouterait à la fortune associés) et les pertes sont le corollaire de la recherche
du profit et le contrat de la société est un contrat à risques. La vocation aux
bénéfices et aux pertes suppose l’interdiction en de clauses leonines( part du
lion). De telles clauses, si elles existent dans le contrat de société sont réputées
non écrites.
3- L'affectio societatis
La volonté de tous les associés de travailler ensemble sur un pied d’égalitéau
succès de l’entreprise commune. Dans une société unipersonnelle, cet élément
n’est pas une condition de validité du contrat de société.
Para 3 : La personnalité morale des sociétés
- Naissance de la personnalité morale : la personnalité morale est
l’aptitude à être sujet de droits et d’obligations. Elle naît à partir de
l’immatriculation au RCCM.
- Les attributions de la personnalité morale :
*le nom : le nom de la société est appelé la dénomination sociale. Elle peut
être fantaisiste ou inclure des noms des associés. Comme la forme
juridique et le capital social, la dénomination sociale doit figurer sur tous
les documents émanant de la société.
*le domicile : c’est le siège social fixé dans les statuts. Il permet entre
autres, de déterminer le tribunal territorialement compétent. Mais en
vertu de la jurisprudence dite des gares principales une société peut être
assignée devant le tribunal du lieu où elle a un établissement.
*la nationalité : différents critères peuvent être utilisés pour déterminer
la nationalité de société. Mais , la jurisprudence applique en principe le
critère du lieu du siège social c’est-à-dire la direction administrative réelle.
Par exception, le critère du contrôle a été appliqué. Ainsi, est prise en
compte la nationalité de ceux qui ont fourni les capitaux significatifs ou
ceux qui la dirige.
*la capacité juridique : la société étantune personne distincte de ses
associés, a la pleine capacité juridique, mais seulement dans les limites de
son domaine d’activité. C’est principe de la spécialité de la personne
morale.
*le patrimoine : la société a propriété des biens qui ont été apportés par
les associés à la constitution ou qu’elle a acquis par la suite. Son
patrimoine est distinct de celui de ses membres.
Section 2 : LE FONCTIONNEMENT DES SOCIETES COMMERCIALES
Les organes de gestion des sociétés commerciales sont variables selon le type de
société. Dans les sociétés de personnes et la SARL on les désigne sous le vocable
gérant, dans la SAS, il s’agit du président, et dans les SA, l’administrateur général
ou le conseil d’administration dirigé par un président. L’étendue des pouvoirs de
ces dirigeants est prévue par la loi et les statuts. Ils sont nommés et révoqués
par les dirigeants qui peuvent attaquer en justice leurs actes irréguliers.
L’exercice social est une période, qui part du 1er au 31 décembre, au cours de
laquelle la société doit réaliser ses activités en vue de faire des bénéfices.
Section 3 : LA DISSOLUTION DE LA SOCIÉTÉ
La société peut être dissoute de façon légale, statutaire(expiration de la durée
ou extinction de l’objet), volontaire(décision des associés aux conditions prévues
pour la modification des statuts) ou judiciaire ( annulation de la société ou
jugement de liquidation des biens). Dans tous les cas, la dissolution doit être
publiée dans un journal d’annonces légales ou au RCCM pour avoir effet à l’égard
des tiers. La société pluripersonnelle va être liquidée. La liquidation est
l’ensemble des opérations qui vont permettre non seulement de régler les
affaires en cours mais également de réaliser l’actif en vue de d'appurer le passif.
Elle l’œuvre d’un ou plusieurs liquidateurs. Ces opérations vont aboutir au
partage entre associés en cas de boni de liquidation après que le montant de
l’apport de chaque associé lui ait été attribué. Si le passif est supérieur à l'actif,
les dettes seront supportées par les associés. Dans les sociétés de capitaux, les
associés supporte les pertes à concurrence de leurs apports. Dans les sociétés de
personnes, elles sont supportées indéfiniment et solidairement par les associés.
Dans les sociétés unipersonnelles, selon l’article 201 alinéa 3 de l'AUDSCGIE, le
patrimoine de la société est transmis à l’associé unique qu’il y ait lieu à
liquidation que toutes les opérations aient été purgées.

SOUS-CHAPITRE 2 : LES REGLES SPÉCIFIQUES A CHAQUE TYPE DE SOCIÉTÉ


COMMERCIALE
Il existe 2 grands groupes de sociétés commerciales :
- Les sociétés de personnes :la société en nom collectif (SNC), la société en
commandite simple (SCS), la société en participation et la société de fait
et elles ne peuvent être unipersonnelles ;
- Les sociétés de capitaux :la société par actions simplifiées ( SAS) ;
- Entre ces deux catégories, une troisième
- catégorieemmrunte ses règles à la fois aux sociétés de personnes et aux
sociétés de capitaux. Il s’agit d’une société mixte, hybride qu’on appelle
société à responsabilité limitée (SARL).
Section : LA SOCIÉTÉ EN NOM COLLECTIF (SNC)
Encore appelée société des commerçants associés, elle est l’exemple type de
société de personnes. Selon l’article 270 de l'AUDSCGIE, la SNC est une société
dans laquelle tous les associés sont commerçants et répondent indéfiniment et
solidairement des dettes sociales. In résulte de cette définition trois éléments :
- L'intuitu personae y déterminant ;
- La capacité commerciale est indispensable pour être associé ;
- Les associés y sont tenus solidairement et indéfiniment des dettes.
Para 1 : La constitution de la SNC
A- Conditions générales
Le consentement ( au moins 2 personnes) doit être exempt de vices sur l’erreur
sur la personne. La capacité commerciale est exigée. La cause et l’objet doivent
exister être licites. La SNC est constituée par écrit (statuts). Elle doit se faire
connaître par l’immatriculation et la publication. Elle est interdite entre les
époux et les incompatibilités relatives aux commerçants s’appliquent.
B- Les conditions tenant au contrat de société
La dénomination doit être suivie des lettres SNC ou société en nom collectif. Les
apports doivent être évalués par tous les associés. L’affectio societatis y est très
important les parts sociales y sont incessibles et transmissibles. En principe, la
société est dissoute en cas de décès, interdiction, déchéance ou incapacité d’un
associé. Les associés sont indéfiniment et solidairement tenus du passif social.
Para 2 : Le fonctionnement
A- Le gérant
Tous les associés sont gérants si les statuts n’en désignent pas un. Le gérant peut
être révoqué par le tribunal ou les associés. Pour révoquer le gérant statutaire,
il faut le consentement unanime des autres associés. Pour revoquer le gérant
associé non statutaire, il faut une majorité en nombre et en capital des associés.
Les clauses limitant les pouvoirs des gérants sont inopposablesau tiers mais elles
opposables au gérant dans ses rapports avec les associés, sinon il engage sa
responsabilité.
B- Les droits des associés
Les associés ont le pouvoir de participer à la gestion de la société à travers le
droit de contrôle de la gestion de la société, le droit d’intervenir en cas de
décision grave excédant les pouvoirs du gérant, le droit de consulter les livres de
commerce et surtout d’avoir une part dans les bénéfices. Les parts sociales sont
incessibles et intransmissibles sauf consentement unanime ou si les statuts le
prévoient.
Para 3 : La dissolution
A- Les causes
Ce sont le décès, l’incapacité, l’interdiction et la liquidation judiciaire. Mais en
cas de décès d’un associé, il peut exister dans les statuts des clauses de
continuation :
- Avec les associés survivants (il doit rester au moins deux)
- Avec tous les héritiers mais ceux-ci sont mineurs, la société devra se
transformer en SCS et les mineurs seront les commanditaires ;
- Avec certains héritiers
B- Les effets
La dissolution va entraîner la liquidation de la société et le boni liquidation sera
partagé ou alors les associés seront tenus solidairement et indéfiniment des
dettes sociales.
Section 2 : LA SOCIÉTÉ EN COMMANDITE SIMPLE (SCS).
C’est celle dans laquelle cohabitent in plusieurs associés indéfiniment et
solidairement tenus des dettes sociales (associés commandités) avec un ou
plusieurs associésresponsables des dettes sociales dans la limite de leurs apports
(associés commanditaires ou en commandite) et dont le capital est divisé en part
sociale.
*Le statut des commandités :ils sont parfaitement alignés sur le même statut
que les associés en nom collectif.
*Le statut des commanditaires : leur statut s’apparente de prèsà celui des
associés d’une SARL notamment :
✓ Interdiction de faire figurer leur nom dans la dénomination sociale et de
s’immiscer dans la gestion sociale. A défaut, la sanction est la perte du bénéfice
de la responsabilité limitée.
✓ Ils ont le droit de céder leur part sociale avec le consentement de tous les
associés, mais les statuts peuvent assouplir cette exigence.
Section 3 : LA SARL
La SARL est une société commerciale dans laquelle les associés ne responsables
des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont
représentés par des parts sociales.
Para 1 : La constitution
Le contrat de société est conclu intuitu personae mais il n’y a pas de solidarité.
L’erreur sur personne n’est pas une cause de nullité du contrat de société et les
associés ne sont pas commerçants.
Deux époux peuvent parties de la SARL car la responsabilité limitée ne met en
cause les règles du régime matrimonial de base. Les apports en industrie y sont
interdits et l’ensemble des autres apports constitue le capital social. Sauf
dispositions nationales contraires, le capital social doit être d’au moins un million
de FCFA. En Côte d’Ivoire, l’ordonnance n°2014 relative à la forme des statuts et
au capital social de la SARL dispose qu’il n’y a plus de capital minimum exigé pour
les sociétés de type SARL, le capital minimum est celui que déclarent les associés
dans les statuts de leur société. Il est divisé en parts sociales d’un montant
supérieur ou égal à 5000 FCFA.
Para 2 : Le fonctionnement
A- Le ou les gérants
Le gérant statutaire est nommé à l’unanimité des associés dans l’acte constitutif.
S’il est nommé ultérieurement par modification des statuts, il faut ¼ du capital
sauf si les statuts prévoient une majorité supérieure. Il n’est pas révocable ad
nutum, il faut une cause légitime ( incapacité physique et intellectuelle,
mauvaise gestion). Tout associé a le droitde demander la révocation judiciaire.
En assemblée générale, il faut plus de la moitié des parts sociales.
B- La vie sociale
Les associés ont le droit à l’information permanente. Ils ont le droit à la
répartition des bénéfices et chaque année 1/10ème de ce bénéfice est prélevé
pour constituer la réserve légale jusqu’à ce qu’elle atteigne le 1/5ème du capital
social (la réserve légale). Cependant, les associés peuvent décider de constituer
une réserve facultative. Les assemblées générales ordinaires se tiennent chaque
année dans les 6 mois de la clôture de l’exercice social.
Les assemblées générales extraordinaires statuent sur les modifications de
statuts et il faut ¾ du capital social.
La société est contrôlée par les commissaires aux comptes obligatoirement dans
les SARL dont le capital social est supérieur à 10 millions ou le chiffre d’affaire
annuel est supérieur à 250 millions ou l’effectif permanent est supérieur à 50
personnes. Pour les autres SARL, la présence des commissaires aux comptes
facultative.
La cession des parts à un associé est libre. Quand elle est faite à un tiers, cette
cession est librement organisée par les statuts, l'intuitu personae l’emporte sauf
consentement de la majorité des associés non cédants représentant les ¾ du
capital social. La cession doit être écrite par un acte d’huissier ou notarié et
publiée au RCCM pour être opposable aux tiers et à la société. La SARL n’est
dissoute par le décès d’un associé. Les parts du decujus sont généralement
transmises aux héritiers à clauses d’agrément.
C- La dissolution de la SARL
Il y a des clauses communes à toutes les sociétés et des clauses spécifiques aux
SARL. Les clauses de dissolution propres aux sociétés de personnes ne dissolvent
pas les SARL : ce sont l’incapacité, l’interdiction, la faillite ou la mort d’un associé.
L’actif est partagé proportionnellement aux apports. Les pertes sont également
limitées aux apports.
NB : La SARL unipersonnelle est créée avec un associé unique. Dans cette société
w toutes les parts sociales sont réunies entre les mains d’un seul membre de
l’associé unique. Il peut être incapable mais la gestion doit être confiée à un tiers.
Cette solution peut être intéressante lorsqu’un commerçant décède et laissé un
héritier mineur. Le patrimoine de l’associé ne se confond pas avec celui de la
société.
L’associé unique est gérant, il a exceptionnellement deux patrimoines entre
lesquels des mouvements de fonds occultes ne doivent pas s’opérer. Il doit y
avoir un registre spécial des délibérations où il mentionne les contrats qu’il a
conclus avec vous la société. L’associé unique gérant court un double risque en
cas de redressement judiciaire de la SARLU. D’une part, s’il a commis des fautes
de gestion, le tribunal pourra le condamner à payer les créanciers sociaux avec
les biens propres. D’autre part, s’il a confondu le patrimoine personnel, le
tribunal pourra le mettre personnellement en redressement judiciaire. La
dissolution de la SARLU entraîne la transmission universelle du patrimoine de la
société de l’associé unique.
Section 4 : LA SOCIÉTÉ ANONYME
C’est une société dans laquelle les associés sont appelés les actionnaires et ne
sont responsables qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits représentés
par les actions. Avec l’AU une personne peut constituer une SA, contrairement
au droit ancien qui exigeait un minimum de 7 actionnaires.
Para 1 : la constitution
Elle est l’œuvre des fondateurs. Les parties au contrat sont des actionnaires qui
ne sont pas des commerçants. Un interdit ou un incapable (mineur) peut son
représentant légal être actionnaire ainsi que deux époux. Le consentement des
deux parties est exigé mais les vices n’annulent pas la société. La souscription
des actions se fait par signature d’un bulletin de souscription en double
exemplaire original. Le capital doit être intégralement souscrit. Son montant
minimum est de 10 millions FCFA et l’action a une valeur nominale supérieure
ou égale à 10000Fcfa. En cas d’appel public à l’épargne, le capital social minimum
est de 100 millions. Une fois le capital social souscrit, les actions doivent être
libérées par dépôt des fonds en l’étude d’un notaire ou une banque (au moins ¼
à la constitution et le reste versé dans un délai de 3 ans). L’apport en industrie
doit être intégralement libéré et évalué par un commissaire aux apports désigné
à l’unanimité par les futurs actionnaires ou le juge (sur la liste des commissaires
aux comptes). Après la signature des statuts, une assemblée générale
constitutive est tenue et elle statue à la majorité des 2/3 des membres présents.
L’on procède après aux formalités de publicité (journal d’annonces légales et
RCCM).
Para 2 : L’organisation et le fonctionnement
A- La société anonyme conseil d’administration
La SA peut être gérée par CA dont les organes de gestion sont les
administrateurs, le conseil d’administration, le président d’administration, le
président directeur général ou le directeur général ou le directeur général.
Les administrateurs sont au nombre de 3 à 12 et se sont nommés par les statuts,
en assemblée générale constitutive, assemblée générale extraordinaire ou
assemblée générale ordinaire. Ils sont révocables ad nutum. L’ensemble des
administrateurs forme le conseil d’administration qui est investi des pouvoirs les
plus étendus. A la tête du conseil d’administration(CA) se trouve un président du
conseil d’administration(PCA) et un directeur général (DG) ou alors un président
directeur général (PDG) cumulant les deux postes. Le PCA préside les réunions
du CA et les AG. Le DG quant à lui, est chargé de la gestion quotidienne de la
société. Lorsqu’un administrateur cumulé ces 2 fonctions, il est appelé PDG ;
alors il se fait seconder par directeur général adjoint (DGA).
B- La société anonyme administrateur général (SA avec au plus 3
administrateurs)
Dans ces conditions, la SA sera dirigée par un administrateur général nommé et
révocable ad nutum.
C- Les actionnaires
Les actionnaires exercent directement leurs droits à travers les AGO les AGE. Ils
ont droit à l’information et à la communication des pièces. De façon indirecte, ils
contrôlent la gestion à travers les commissaires aux comptes qui ne sont pas des
mandataires et donc ne peuvent être révoquésad nutum. Ils peuvent demander
au tribunal la possibilité de recourir à une expertise de gestion. A la fin de
l’exercice social, les bénéfices sont répartis après constitution de réservés
légales, statutaires ou libres et les dividendes constituent en définitive la part
attribuée à chaque actionnaire. En cours de vie, le capital social peut être modifié
en hausse ou en baisse.
Para 3 : La dissolution
A côté des causes communes, la SA peut être dissoute lorsque le capital propre
à la société devient inférieur à la moitié du capital social. A la dissolution, le boni
de liquidation est partagé proportionnellement entre les actionnaires. Les pertes
sont limitées au montant de leurs apports.
Section 5 : LA SOCIÉTÉ PAR ACTIONS SIMPLIFIÉES (SAS).
La SAS est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts
prévoient librement l’organisation et le fonctionnement de la société sous
réserve des règles de impératives du présent livre. Les associés de la SAS ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs
droits sont représentés par actions. La SAS laisse présente les caractéristiques
suivantes :
- C’est une société d’un ou plusieurs associés laissant une très large place à
la liberté contractuelle.
- Un seul organe obligatoire : le président
- Souplesse contractuelle : liberté accordée aux associés pour
déterminerles règles de fonctionnement et de transmission des actions ;
- Simplification du formalisme dans les SASU ;
- Responsabilité des actionnaires limitée aux apports ;
- Structure évolutive facilitant le partenariat ;
- Possibilité de constituer une SAS avec un seul associé (et donc de créer
une filiale à 100%) ;
- Possibilité de consentir des options de souscription ou d’achat d’actions
aux dirigeants et/ou aux salariés de la société.
Para 1 : L’organisation de la SAS
A- Les associés
Les SAS peuvent être pluripersonnelles ( il suffit 2 associés) ou unipersonnelle
(associé unique SASU). Les associés peuvent être aussi des personnes
physiques ou morales y compris des groupements comme les GIE ou des
associations, des sociétés civiles, des sociétés commerciales, SARL, SA, etc.
B- Le capital social
Le montant du capital social ainsi que celui du nominal des actions est fixé par
les statuts. La SAS peutémettre des actions résultant d’apports en industrie. Les
statuts déterminent les modalités de souscription et de répartition de ces
actions. La SAS ne peut faire publiquement appel à l’épargne. Il s’agit là d’une
garantie indispensable pour les épargnants,compte tenu de la liberté dans
l’organisation de la SAS.
Para 2 : Le fonctionnement de la SAS
Sont applicables à la SAS :

✓ les articles 694 à 822 ; 853-1 à 853-25 de l’AUSCGIE

✓ les règles concernant la constitution, le contrôle, la dissolution, la liquidation


des SA, ainsi que celles relatives aux valeurs mobilières ;

✓ les dispositions générales sur les sociétés commerciales (art.4 à 269) ;


Pour l’application de ces règles et à défaut de stipulations statutaires
spécifiques, les attributions du conseil d’administration ou de son président sont
exercées par le président par le président dans la SAS ou celui ou ceux de ses
dirigeants que les statuts désignent à cet effet.
Un nouvel article 853-7 prévoit que les organes de direction de la société sont
fixées en toute liberté par les statuts. Les statuts mais également les
pactesextrastatutaires fixent donc les conditions dans lesquelles la société est
dirigée. El l'art 853-8 nouveau de préciser que le président, qui est le seul
organeobligatoire, peut être une personne physique ou morale. On note une
reprise de la solution donnée pour la SA par l’article 465 Al 4 s’agissant des
attributions du Président de la SAS. Le président est investi des plus étendus pour
agir en toute circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social.
Les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles une ou plusieurs
personnes autres que le président, portant le titre du directeur général ou
directeur général adjoint, peuvent exercer les pouvoirs confiés à ce dernier par
la loi. Les stipulations des statuts, les décisions des organes sociaux limitant les
pouvoirs du président sont inopposables aux tiers de bonne foi.
Le nouvel article 853-9 dispose que lorsqu’une personne morale est nommée
président ou dirigeant d’une SAS, les dirigeants de ladite personne morale sont
soumis aux mêmes conditions et obligations et encourent les mêmes
responsabilités civile et pénale que s’ils étaientpresident ou dirigeant en leur
nom propre, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne morale
qu’ils dirigent. Cette disposition vise assurer une garantie tant pour la société,
les associés que les tiers à celle-ci.
S’agissant des associés, un autre avantage consiste en la possibilité pour la
société de décider de l’exclusion d’un associé. Par ailleurs, les status peuvent
prévoir les conditions dans lesquelles un associé peut se retirer de la société,
cette dernière devant alors lui racheter des actions. Il est possible aussi, pour
assurer une certaine stabilité à la société, d’insérer dans les statuts une clause
d’inaliénabilité des actions w ceci pour une durée maximum de 10 ans.
Para 3 : Les opérations sur le capital
Les statuts peuvent, dans les conditions qu’ilsdéterminent, soumettre toute
cession d’actions à l’agrément préalable des associés et à un droit de
préemption. Selon le nouvel article 853-19 toute cession d’actions effectuée en
violation des clauses statutaires est nulle. Quant à l’article853-20, il prévoit que
dans les conditions qu’ils déterminent, les statuts peuvent peuvent qu’un
associé peut être tenu de céder ses actions. Lorsque les statuts subordonnent
cette mesure à une décision collective des associés, ils ne peuvent pas priver
l’associé dont l’exclusion est proposée de son droit de participer à cette décision
et de voter sur la proposition. Ils peuvent également prévoir la suspension des
droits non pécuniaires de cet associé tant que celui-ci n’a pas procédé à cette
cession.,

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