Vous êtes sur la page 1sur 69

COURS DE DROIT COMMERCIAL GENERAL ET DROIT DES

SOCIETES COMMERCIALES

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 1


GENERALITES SUR LE DROIT
COMMERCIAL GENERAL

Le droit commercial est l’ensemble des règles applicables aux actes de commerce,
aux commerçants (personnes physiques et morales) ainsi qu’aux opérations
juridiques qu’ils effectuent.

1. La raison d’être du droit commercial


L’objectif du droit commercial est de répondre aux nécessités du commerce. Pour
cela, il recherche des solutions et emploie des techniques différentes du droit
civil.

1.1. Recherche de la rapidité des transactions commerciales


Les règles du droit commercial sont censées permettre aux acteurs commerciaux
de passer rapidement des contrats et régler leurs litiges selon des procédures
souples et rapides.
C’est un droit moins formaliste, plus souple et mieux adapté au commerce que le
droit civil. En droit commercial, les actes juridiques peuvent être prouvés par tout
moyen alors qu’en droit civil la preuve se fait par écrit. De même le délai de
prescription est plus court en matière commerciale.

1.2. Promotion et développement du crédit


L’activité commerciale nécessite de gros moyens financiers. Or en général, les
prétendants du commerce n’ont pas ces moyens. Ils utilisent alors le crédit.
En droit civil, l’accès au crédit est difficile. Le droit commercial est donc intervenu
en créant des instruments de crédit que sont la lettre de change, le billet à ordre
et le warrant. Ces instruments facilitent et développent le crédit.

1.3. Recours à la publicité


Les besoins d’informations des associés, des tiers rendent nécessaires la publicité
des situations et actes commerciaux (RCCM, journal d’annonces légales).
De même les risques liés au commerce rendent la sécurité des transactions
d’autant plus nécessaires qu’elles fondent l’exclusion de certaines personnes
réputées faibles (mineurs et majeurs incapables) de l’activité commerciale.

2. Les sources et juridictions de commerce

2.1. Les sources du droit commercial


Il faut distinguer la source principale des sources secondaires.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 2


2.1.1.La source principale du droit commercial : les actes uniformes
de l’OHADA
Cette terminologie « les actes uniformes » est issue de l’article 5 alinéa 1 du traité
relatif à l’organisation du droit des affaires et désigne les actes pris pour
l’adoption des règles communes applicables dans les Etats-parties. Ces Etats-
parties sont : Benin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo,
Cote d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger,
République Démocratique du Congo, Sénégal, Tchad, Togo.
Ces actes sont entrés en vigueur depuis le 1 er janvier 1998. Comme actes
uniformes actuellement applicables on a :
- l’acte uniforme portant sur le droit commercial général adopté le 15 décembre
2010 à Lomé et publié dans le journal officiel de l’OHADA du 15 février 2011 ; cet
acte abroge l’acte uniforme du 17 avril 1997 portant sur la même matière ;
- l’acte uniforme relatif aux sociétés commerciales et au groupement d’intérêt
économique publié au journal officiel n° 53 bis du 22 décembre 1997 de la
république de côte d’ivoire ;
- l’acte uniforme portant organisation des sûretés publié au journal officiel n° 53
ter du 22 décembre 1997 de la république de côte d’ivoire ;
- l’acte uniforme relatif aux procédures collectives d’apurement du passif publié
au journal officiel n° 40 du 1er octobre 1998 de la république de côte d’ivoire ;
- l’acte uniforme relatif aux procédures de recouvrement et des voies
d’exécution publié au journal officiel n° 41 du 8 octobre 1998 de la république de
côte d’ivoire.
- l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage entré en vigueur le 11 juin 1999
- l’acte uniforme portant droit comptable entrée en vigueur le 1 er janvier 2001
- l’acte uniforme relatif aux contrats de marchandises par route du 22 mars 2003
D’autres actes uniformes viendront compléter ce dispositif au fur et à mesure de
leur adoption.
2.1.2. Les sources secondaires
Il s’agit du droit civil, des usages, de la jurisprudence et de la doctrine.
A. Le droit civil
Le droit civil constitue le droit commun qui régit les relations de droit privé. C’est
lui qui édicte les principes généraux qui président aux relations entre les individus
et qui déterminent le statut juridique des personnes.
En ce que le droit des affaires régit également les relations de droit privé, il subit
incontestablement l’influence du droit civil.
Ainsi pour mieux comprendre les règles de droit commercial, il faut se référer aux
principes généraux du droit civil et notamment aux règles relatives aux
obligations en général.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 3


B. Les usages commerciaux
Ce sont des pratiques liées à la vie des commerçants qui, à raison de leur
permanence et de leur application régulière, prennent la valeur d’une règle de
droit. Il faut distinguer les usages de fait ou encore usage conventionnelle et les
usages de droit ou encore coutume.
-L’usage conventionnel se présente, à l’origine, comme une pratique restreinte
limitée à un petit nombre de commerçants. Ils ne s’appliquent qu’à défaut de
volonté contraire exprimée par les parties. Ils ont un caractère supplétif
(Exemple : dans les contrats de vente, il est fréquent de renvoyer aux usages de la
profession en ce qui concerne les modalités de livraison, l’unité de vente, les
délais de paiement) ;
-l’usage de droit ou encore coutume se forme de façon identique à l’usage
conventionnel. Mais il s’impose par lui-même comme une norme objective.
Cependant les parties peuvent y déroger par convention. L’usage de droit permet
de déroger à des dispositions impératives de droit civil. Or la solidarité entre
codébiteurs est présumée en matière commerciale.

C. La jurisprudence
Ce sont les décisions rendues par les tribunaux ainsi que les sentences arbitrales
rendues sous l’égide de la cour d’arbitrage de Cote d’Ivoire dite CACI. De même
que celles rendues en application du règlement d’arbitrage de la CCJA (Cour
Commune de Justice d’Arbitrage).

D. La doctrine
Comme dans les autres disciplines juridiques, la doctrine interprète ou aide à
interpréter les textes de loi. Avec les actes uniformes, le rôle de la doctrine est
renforcé car elle contribue notamment à asseoir un droit commercial cohérent
dans son application.

2.2. Les institutions de règlement des différends commerciaux


2.2.1. Juridictions ivoiriennes
 Tribunal de commerce d’Abidjan : c’est une juridiction autonome de
premier degré. Son ressort territorial englobe celui des tribunaux de
première instance d’Abidjan-Plateau et Yopougon. Il est compétent pour
connaitre
 Cour d’appel de commerce : institution spécifique de second degré en
matière commerciale

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 4


2.2.2. Les autres juridictions
La cour commune de justice et d’arbitrage dite CCJA qui a son siège à Abidjan est
compétente au plus haut niveau, pour toutes les affaires soulevant des questions
relatives à l’application des actes uniformes. La CCJA est instituée par le traité
OHADA pour assurer une interprétation et une application commune du traité,
des règlements d’application de celui-ci et des actes uniformes.
En outre la loi n° 93-671 du 9 Aout relative à l’arbitrage et ayant créé la cour
d’arbitrage de Cote d’Ivoire(CACI) ainsi que le traité de l’OHADA instituant la CCJA
ont introduit l’arbitrage en droit ivoirien en matière commerciale.
L’arbitrage permet à des parties en conflit de confier de commun accord la
mission de trancher leurs litiges à des particuliers désignés par elles et appelés
arbitres. Le recours à l’arbitrage est décidé par une convention d’arbitrage ou un
compromis d’arbitrage. Le recours à l’arbitrage peut être prévu dans un contrat
lors de sa conclusion par une clause appelée clause compromissoire. Cette clause
n’est valable que dans les contrats entre commerçants.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 5


TITRE 1 LE COMMERCANT

CHAPITRE 1 : LES ACTES DE COMMERCE

Les actes de commerce peuvent être classés en 4 catégories.

1. Les catégories d’actes de commerce

1.1. L’acte de commerce par nature


C’est l’acte qui est commercial en raison de sa nature ou de son objet. Il est défini
comme celui par lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens
qu’elle produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec
l’intention d’en tirer un profit pécuniaire.
Il faut distinguer les actes de commerce isolés et les actes accomplis dans le cadre
d’une entreprise.

1.1.1. Les actes de commerce accomplis à titre isolé


Ces actes ont le caractère d’actes de commerce même s’ils sont effectués en
dehors d’une entreprise. Ils sont d’une certaine diversité.

 L’achat en vue de la revente


C’est l’acte de commerce par excellence : Il suppose trois conditions :

- Un achat préalable
Il faut qu’il y ait achat préalable du bien à vendre, sinon il n’y a pas d’acte de
commerce. C’est pourquoi les exploitations agricoles sont exclues du domaine
commercial car l’agriculteur vend les produits du sol. L’on assimile aux
exploitations agricoles les exploitations de pèches et d’élevages.
C’est l’opération d’achat qui constitue le fondement de l’acte de commerce. Par
conséquent la vente doit être précédée d’un achat.

- Une intention de revendre de la part de l’acheteur.


Au moment de l’achat, l’auteur de l’achat doit avoir l’intention de revendre. Peu
importe que la vente se réalise ou non par la suite.
Exemple : Une personne qui revend à une autre avec un bénéfice, des chaussures
achetées auparavant pour un usage personnel, ne fait pas d’acte de commerce
car l’intention de revendre n’existait pas au moment de l’achat.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 6


Remarque : Pour démontrer le caractère commercial de l’acte, l’auteur de l’achat
doit prouver qu’il a eu l’intention de revendre au moment de l’achat.
- La recherche d’un bénéfice
L’auteur de l’acte doit chercher à réaliser un profit en vendant les biens achetés.
Même si par la suite le profit n’est pas réalisé, l’acte reste commercial.
Exemple : une association qui achète des articles en grande quantité pour les
revendre, à ses membres sans intention de réaliser un bénéfice, ne fait pas un
acte de commerce.

- Enfin la nature du bien acheté (bien meuble ou immeuble) importe peu.

 La location de biens meubles


La location habituelle de biens meubles telle que location de bâches, de chaises,
de bijoux, de véhicules constitue un acte de commerce.

 Les opérations de manufactures


Les opérations de manufacture sont des actes de commerce ; sont considérés
comme telles, les opérations de transformation de matières premières en
produits finis ou semi - finis, effectuées en ateliers ou en usines en vue de leur
revente. Les opérations consistant à faire un travail sur un objet ou un produit
fourni par autrui sont assimilées à des opérations de manufacture.
Par exemple, les opérations de maintenance et d’entretien d’appareils
électroménagers sont des opérations de manufacture assimilées.

 Les opérations de transport


Les opérations de transport par terre, mer ou par air, de personnes ou de
marchandises sont des opérations commerciales.

 Les opérations de télécommunication


Les opérations liées aux moyens modernes de communication (communication à
distance) constituent des actes de commerce.
Exemples : opérations liées à l’exploitation du téléphone, de la télécopie (fax), de
l’Internet …

 les opérations financières


- Les opérations de banque

Il s’agit du dépôt d’argent, de l’ouverture de compte, des opérations de crédit


assorties d’intérêt.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 7


- Les opérations de change
Le change consiste à convertir la monnaie d’un Etat en monnaie d’un autre Etat
moyennant une rémunération.

- Les opérations de bourse


Ce sont toutes les opérations effectuées en bourse telles que les négociations au
comptant ou à terme des valeurs mobilières

Exemples : achat d’actions, d’obligations de sociétés commerciales.

- Les opérations d’assurance


C’est l‘opération par laquelle une personne appelée assureur s’engage,
moyennant rémunération, à payer à une autre appelée assuré une somme
d’argent en cas de réalisation d’un risque déterminé.
Les opérations financières, mêmes effectuées par une personne qui n’a pas la
qualité de banquier, sont des actes de commerce si elles sont faites dans le but de
réaliser un bénéfice.
Les opérations d’intermédiaires connaissent le même sort que les opérations
financières.

 Les opérations d’intermédiaires


Elles sont de diverses natures.

- Les opérations effectuées par des commissionnaires


Le commissionnaire est celui qui traite en son nom personnel pour le compte de
quelqu’un d’autre.

- Les opérations effectuées par les courtiers


L’opération de courtage consiste à mettre en relation deux personnes qui veulent
contracter moyennant une rémunération.

- L’opération de transit
C’est l’opération par laquelle une personne se charge d’accomplir les formalités
d’entrée ou de sortie de marchandises moyennant rémunération.
A l’instar des opérations d’intermédiaires, les opérations effectuées par les
agences et bureaux d’affaires et les contrats entre commerçants constituent des
opérations commerciales.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 8


Les contrats entre commerçants ne sont des actes de commerce que s’ils ont été
conclus pour les besoins du commerce.
Exemple : contrat signé entre les boulangers en ce qui concerne les zones de
distribution de leurs produits.

1.1.2. Les actes accomplis dans le cadre d’une entreprise


Ces actes ne sont commerciaux que s’ils sont accomplis en entreprise. Ils sont
civils dans le cas contraire, c'est-à-dire, s’ils sont accomplis à titre isolée.

 Les actes des industries extractives


Il s’agit de l’exploitation des mines, des carrières et de tous gisements de
ressources naturelles. Les exploitations artisanales ou villageoises ont un
caractère civil.
Une carrière est une exploitation de matériaux destinés à la construction.
Exemples : exploitation de pierres, de sable, de minéraux non métalliques…

 les entreprises d’édition


Les entreprises d’édition sont commerciales car elles sont des intermédiaires
intéressés dans la circulation des œuvres intellectuelles. Les opérations
qu’effectuent les entreprises d’édition dans le cadre de leurs activités constituent
des actes de commerce.
Ces opérations concernent la publication des œuvres littéraires, artistiques etc.).
CEDA, SHOWBIZ ont, par exemple, des entreprises ivoiriennes d’édition.

 Les entreprises de spectacles publics


Les spectacles publics organisés par les entreprises de spectacles publics sont des
actes de commerce. Il faut pour se faire, que le spectacle soit adressé au public et
ait été entrepris dans le but de réaliser un bénéfice.
L’opération demeure un acte de commerce quand bien même le bénéfice du
spectacle public serait affecté à une œuvre sociale.
Au contraire, les associations qui organisent des spectacles dans un but éducatif
ou de divertissement (sans réalisation de bénéfice) ne font pas d’actes de
commerce.
L’organisation d’un concert offert gratuitement au public n’est pas un acte de
commerce.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 9


1.2.Les actes de commerce par leur forme
Certains actes sont toujours commerciaux quelle que soit la qualité de la
personne qui les accomplit ou quel que soit le but pour lequel ils sont effectués. Il
s’agit de la signature d’une lettre de change encore appelée traite, de celle d’un
billet à ordre ou d’un warrant ; ainsi ces actes même effectués par un non
commerçant conservent le caractère commercial.

1.2.1.Opération sur la lettre de change, le billet à ordre et le


warrant
La lettre de change est un écrit par lequel une personne appelée tireur donne
l’ordre à une autre appelée tiré de payer une certaine somme d’argent à une
troisième personne appelée bénéficiaire ou porteur.
Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne appelée souscripteur
s’engage à payer à une époque déterminée une somme d’argent à un
bénéficiaire.
Le warrant est un billet à ordre garanti par des marchandises déposées dans un
magasin.
Toute personne qui signe ces effets de commerce fait des actes de commerce.

1.2.2.Les opérations des sociétés commerciales par la forme


Il s’agit des formes des sociétés comme les sociétés en nom collectif (SNC), les
sociétés en commandite simple, les sociétés à responsabilité limitée, les sociétés
anonymes et les sociétés par actions simplifiées. En raison de leur forme
commerciale, les actes accomplis par ces sociétés sont commerciaux.

1.3. Les actes de commerce par accessoire


Ce sont des actes de nature civile qui deviennent commerciaux dans la mesure où
ils sont effectués par un commerçant pour les besoins de son commerce ou à
l’occasion de l’exercice de sa profession. On fait application ici de la règle selon
laquelle l’accessoire suit le principal. Ils sont aussi appelés acte de commerce
subjectif.
Exemple : Un commerçant qui achète un camion pour la distribution de ses
marchandises effectue un acte de commerce. En principe, l’achat d’un camion en
vue de son utilisation est un acte civil ; le caractère commercial de l’acte découle
du fait qu’il a été accompli, en l’espèce, pour les besoins du commerce
(distribution de marchandises) ; d’où l’appellation d’acte de commerce par
accessoire.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 10


Remarque : les tribunaux présument, sauf preuve contraire, que tout acte fait par
un commerçant est commercial. Mais le commerçant peut prouver par tout
moyen que l’acte a été effectué dans un but non commercial.
Par ailleurs, des actes civils par nature peuvent devenir commerciaux parce qu’ils
se rattachent ou sont liés à des actes de commerce.
Exemple : l’aval (acte civil) donné à une lettre de change (acte de commerce par
la forme) est un acte de commerce.
Il existe inversement des actes civils par accessoires.
En effet, selon la jurisprudence, des actes de commerce par nature peuvent
devenir des actes civils s’ils sont accomplis dans l’exercice d’une profession civile.
Exercice d’application : Un fondateur d’établissement scolaire achète des
fournitures scolaires pour les revendre avec une marge bénéficiaire aux élèves de
son établissement.
Quelle est la nature de son acte ?
Réponse : l’achat en vue de revendre est un acte de commerce selon l’acte
uniforme sur le droit commercial général. Mais dans ce cas, l’achat des fournitures
scolaires effectué par ledit fondateur d’établissement est lié à une activité civil
principale, qu’il facilite ou complète (l’exploitation d’une activité intellectuelle en
l’occurrence l’éducation). Il acquiert par conséquent un caractère civil et devient
un acte civil par accessoire.

1.4. Les actes mixtes


1.4.1. Définition
Un acte mixte est un acte qui est commercial pour l’une des parties et civil pour
l’autre.
Exemple : le contrat de travail entre un commerçant et son salarié est un acte
mixte, car le contrat est commercial pour l’employeur commerçant (acte de
commerce par accessoire) et civil pour le salarié.

1.4.2. Le régime juridique


L’intérêt que présente les actes mixtes réside dans la détermination de leur
régime juridique. Ainsi, en matière de :
-preuve : ce régime est fonction de la personne contre qui la preuve est faite ;
Si la preuve est faite par le non commerçant, le principe de la liberté de la preuve
en matière commerciale est admis. (Elle se fait par tout moyen ; photocopies,
écrits, témoignages etc…)
Par contre si c’est le commerçant qui fait la preuve contre le non commerçant, la
preuve est faite par écrit (car en matière civil, la preuve des actes juridiques doit
se faire par écrit) ;
-compétence du tribunal : il faut tenir compte de la qualité du défendeur. Ainsi :

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 11


si le défendeur est civil, seul le tribunal civil est compétent.
Si le défendeur est commerçant, le civil peut saisir soit le tribunal civil soit le
tribunal du commerce ;
-mise en demeure : elle se fait selon les modes du droit civil (acte extra judiciaire
c’est-à-dire par exploit d’huissier) quand c’est un commerçant qui met en
demeure un non commerçant. Par contre, si c’est un non commerçant qui met en
demeure, cela se fait par tout moyen (une simple lettre recommandée avec
accusé de réception) ;
-solidarité : elle ne se présume pas entre codébiteurs civils d’un commerçant ;
tandis qu’elle se présume entre codébiteurs commerçants d’un créancier civil.
Autrement dit la solidarité ne se présume pas en matière civile alors qu’elle se
présume en matière commerciale. La solidarité est le principe selon lequel, le
créancier ayant plusieurs débiteurs, peut exiger en totalité le paiement de sa
créance à n’importe lequel d’entre eux (débiteurs) ;
-la clause compromissoire : c’est une clause par laquelle deux personnes décident
de soumettre les difficultés relatives à l’exécution de leur contrat au jugement
d’un ou plusieurs arbitres qu’elles désignent ou qu’elles se réservent de désigner.
Cette clause est valable en droit commercial alors qu’elle est interdite en matière
civile ;
-la prescription : est de 30 pour les créances civiles alors qu’elle est de 5 ans pour
les créances commerciales.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 12


CHAPITRE 2 : LE COMMERCANT ET LES CONDITIONS D’ACCES A LA PROFESSION
COMMERCIALE

1. La qualité de commerçant
Selon l’article 2 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général, « est
commerçant celui qui fait de l’accomplissement d’actes de commerce par nature
sa profession ».
Deux conditions doivent être réunies, selon cet article :
- premièrement, l’accomplissement d’actes de commerce par nature
- deuxièmement, leur accomplissement à titre de profession.
- La jurisprudence en a ajouté une troisième : l’accomplissement d’actes de
commerce à titre indépendant

1.1. L’accomplissement d’actes de commerce par nature


Pour avoir la qualité de commerçant, il faut accomplir les actes de commerce par
nature.
Cependant, le seul fait d’accomplir des actes de commerce par nature ne peut
imprimer à une personne la qualité de commerçant. Encore faut-il que
l’accomplissement de ces actes se fasse à titre de profession.

1.2. L’accomplissement d’actes de commerce par nature à titre de profession


La qualité de commerçant exige la professionnalisation de cette activité.
Autrement dit, celui qui accomplit des actes de commerce par nature doit en faire
sa profession pour prétendre à la qualité de commerçant. C’est-à-dire que
l’accomplissement d’actes de commerce par nature doit constituer pour celui qui
le fait, une activité d’où il tire ses moyens d’existence (moyens de subsistance)
Cependant, il n’est pas nécessaire que l’activité commerciale soit exclusive ; car
une personne peut exercer en même temps une activité commerciale et une
activité civile. On dit qu’il fait de la para commercialité.
- Si l’activité commerciale est principale, c’est-à-dire qu’elle procure plus de
ressources que l’activité civile n’en procure, alors l’intéressé est
commerçant.
- S’ l’activité commerciale est secondaire mais sans aucun lien avec l’activité
civile, l’intéressé est également commerçant.
- Si l’activité commerciale est l’accessoire nécessaire d’une activité civile
alors l’intéressé n’est pas commerçant :
Ex : le directeur d’auto école, enseignant qui vend des codes de la route à ses
élèves n’est pas commerçant.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 13


1.3. L’accomplissement d’actes de commerce à titre indépendant
Pour avoir la qualité de commerçant, il faut, en plus des conditions
précédemment citées accomplir des actes de commerce pour son compte
personnel, à ses risques et péril et en toute indépendance. Dès lors, celui qui
effectue des actes de commerce pour le compte d’autrui n’est pas commerçant.
Ainsi, n’ont pas la qualité de commerçant, les salariés liés à un commerçant par
un contrat de travail. Il en est de même pour les mandataires qui agissent au nom
et pour le compte d’un commerçant.

2. Les conditions d’accès à la profession commerciale


Toute personne qui désire exercer l’activité commerciale doit satisfaire aux
conditions de capacité commerciale et de moralité.

2.1. Les conditions relatives à la capacité commerciale


Il s’agit de conditions visant à protéger ceux qui veulent s’adonner à l’activité
commerciale. En effet, la profession commerciale comportant beaucoup de
risques, elle exige une maturité et sainteté d’esprit. D’où l’interdiction faite aux
mineurs et aux majeurs incapables d’exercer une telle activité.
En outre, concernant la femme, en raison des pouvoirs qu’elle détient dans
l’exercice de l’activité commerciale, son statut mérite d’être étudié.

2.1.1. Le cas du mineur


Il faut distinguer le mineur non émancipé du mineur émancipé.

A. Le mineur émancipé
En principe, le mineur émancipé ne peut pas faire le commerce ; mais
exceptionnellement, il peut le faire si les conditions suivantes sont réunies :
- il faut qu’il ait 18 ans révolus ;
- il faut une autorisation spéciale du père ou de la mère à l’activité
commerciale du mineur émancipé ;
- il faut que cette autorisation soit inscrite au registre du commerce et du
crédit mobilier.

B. Le mineur non émancipé


Il ne peut pas faire le commerce et ne peut donc pas avoir la qualité de
commerçant. De même son représentant légal ne peut le faire en son nom. En
conséquence, la nullité de tous les actes de commerce qu’il accomplit peut être
demandée par lui dès sa majorité ou par son représentant légal.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 14


2.1.2. Le cas des majeurs incapables
Ils ne peuvent faire le commerce et ne peuvent jamais avoir la qualité de
commerçant. Par conséquent, tous les actes de commerce qu’ils accomplissent
peuvent être annulés sur demande de leur tuteur ou curateur.

2.1.3. Le cas de la femme mariée


La femme mariée est libre d’exercer le commerce de son choix. Elle n’a plus
besoin de l’autorisation préalable de son mari. Cependant, il existe des conditions
particulières d’exercice du commerce qui, si elles sont réunies, confèrent certains
pouvoirs à la femme.

A. Les conditions d’exercice du commerce par la femme


mariée
Pour que la femme mariée ait la qualité de commerçant, il faut qu’elle exerce une
activité commerciale séparée de celle de son mari. En outre, il faut l’absence de
décision de justice lui interdisant l’exercice de cette activité.

 l’exercice d’une activité commerciale séparée de celle de son mari


Si les deux époux exercent communément la même activité commerciale, seul le
mari a la qualité de commerçant. La femme est alors regardée comme apportant
son assistance à l’activité de son mari.

 l’absence de décision de justice interdisant l’exercice du commerce par la


femme
La femme peut librement exercer le commerce sans l’autorisation préalable de
son mari ; Cependant, si ce dernier estime que cette profession est contraire aux
intérêts de la famille, il peut saisir la justice pour s’y opposer. Si la décision de
justice lui fait interdiction de faire le commerce, alors la femme mariée arrête son
activité. Dans le cas contraire, elle continue son activité.

B. Les pouvoirs de la femme mariée commerçante


Le problème qui se pose ici est de savoir quels biens la femme peut engager dans
l’exercice de son commerce. La réponse à cette question varie suivant le régime
matrimonial choisi par les époux :
- Dans le régime de la séparation des biens, la femme n’engage que ses
propres biens. Elle ne peut engager ceux du mari.
- Dans le régime de la communauté des biens, il y a trois sortes de biens : les
biens propres du mari, les biens propres de la femme, et les biens
communs (biens réservés + les autres biens communs).

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 15


 Si le mari a donné son accord à l’activité commerciale de sa femme, c’est-à-
dire qu’il ne s’y est pas opposé, alors celle-ci peut engager tous les biens du
ménage.
 Si par contre il y a eu opposition du mari et que malgré cela la femme
continue d’exercer son commerce, elle ne peut engager que ses biens
propres et une partie des biens communs précisément les biens réservés.

2.2. Les conditions de moralité


Alors que les conditions de capacité visent à protéger des intérêts particuliers, les
conditions de moralité tendent, quant à elles, à protéger l’intérêt général. Et
l’intérêt général est sauvegardé à travers d’une part les règles de déchéance et
d’interdiction et d’autre part les règles d’incompatibilité.

2.2.1. Les règles d’interdiction et de déchéance


Elles ont pour but d’extirper, d’éliminer de la profession commerciale, certaines
activités et les personnes indignes et de mauvaises moralités. Cela permet ainsi
de protéger tous ceux qui entrent en relation d’affaire avec les commerçants.
Les activités interdites dans le domaine commercial par la loi sont :
- La fabrication et la vente de drogue, le commerce d’armes à feu, de
sépulture, le commerce portant sur des maisons de tolérance et de jeu. Ces
activités sont interdites au commerce pour des raisons d’ordre public et de
moralité.
- la vente des timbres-poste, de l’électricité, de l’eau, du matériel de guerre…
ces activités sont interdites au commerce pour des raisons de monopole
d’Etat.
Les personnes interdites ou déchues de l’exercice du commerce sont :
- les personnes condamnées à des peines privatives de liberté pour crime ou
délit de droit commun ;
- les commerçants déclarés en faillite ;
- les officiers ministériels destitués.
Si malgré ces interdictions ou déchéances les personnes concernées continuent
d’exercer le commerce, elles seront déclarées commerçants de fait pour les
contraindre à supporter les charges des commerçants ; mais elles ne
bénéficieront pas des avantages liés à l’activité commerciale ; Elles encourent
même des sanctions pénales.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 16


2.2.2. Les règles d’incompatibilités
Certaines professions ont pour objet la satisfaction de l’intérêt général. Aussi,
pour éviter que des intérêts particuliers prennent le pas sur l’intérêt général, ces
professions ont-elles été déclarées incompatibles avec l’activité commerciale. Ce
sont :
- Les fonctionnaires et les personnels des collectivités publiques et des
entreprises à participation publique;
- Les avocats, notaires, huissiers, commissaires-priseurs, greffiers,
administrateurs et liquidateurs judiciaires, agents de change ;
- les experts comptables et comptables agréés, les commissaires aux
comptes et aux apports, les conseils juridiques, courtiers maritimes
- Plus généralement toute profession dont l’exercice fait l’objet de
réglementation interdisant le cumul de cette activité avec l’exercice d’une
profession commerciale;
Les personnes exerçant ces professions ne doivent pas s’adonner à l’activité
commerciale. Cependant, si malgré cette incompatibilité, elles exercent le
commerce, ces personnes seront qualifiées de commerçants de fait et en
assumeront les conséquences (la faillite par exemple). C’est-à-dire que l’on
pourra invoquer contre elles cette qualité et exiger d’elles l’exécution de leurs
obligations commerciales. Par contre, elles ne pourront pas se prévaloir de cette
qualité pour bénéficier des droits ou avantages reconnus aux commerçants.

3. Distinction du commerçant et de l’artisan


Certaines activités sont communes au commerçant et à l’artisan : fabrication
d’objets utilitaires, activité d’entretien, prestations de services...
Lorsqu’il y a identité d’activités, seules les conditions d’exercice permettent de
connaître le statut de l’exploitant.
Comme le commerçant, l’artisan se caractérise par son indépendance. Cependant
l’artisan se distingue du commerçant parce qu’il travaille manuellement dans une
petite unité, par le fait qu’il n’emploie pas plus de dix (10) salariés et prend une
part importante dans l’exécution du travail. L’artisan doit par ailleurs être inscrit
au répertoire des métiers.
Ainsi, le cordonnier fabricant de sandales travaillant avec seulement quelques
machines et quelques apprentis est un artisan.
Par ailleurs, il n’y a pas d’incompatibilité entre la profession d’artisan et celle de
commerçant.
Si les actes de commerce sont l’accessoire de la profession artisanale, l’artisan ne
deviendra pas commerçant. A l’inverse si un commerçant effectue à côté de ces
ventes des activités de caractère artisanal accessoires de sa profession
commerciale, il ne deviendra pas artisan.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 17


Enfin s’il s’agit de deux activités distinctes dont l’une n’est pas l’accessoire de
l’autre, il y aura cumul de deux statuts.

4. Distinction du commerçant et de l’entreprenant


Selon l’article 30 de l’acte uniforme sur le droit commercial général,
l’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui exerce une
activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole sur simple
déclaration au greffe du tribunal. Pour conserver ce statut, le chiffre d’affaires
annuel généré par son activité ne doit pas excéder un certain seuil pendant deux
exercices successifs.
En raison de la variété des activités de l’entreprenant qui couvre le domaine
commercial, artisanal, agricole et civile, l’entreprenant ne se distingue pas
aisément du commerçant personne physique par la nature de ses activités ;
certes, contrairement au commerçant, l’activité de l’entreprenant peut être non
commerciale, ce qui est un élément de différenciation, mais lorsqu’il exerce aussi
le commerce, il ne se distingue du commerçant, que par la déclaration qu’il fait de
son activité au greffe du tribunal et le niveau de son chiffre d’affaires moins élevé
sur une certaine période. Les critères décisifs de distinction dans ce cas sont le
niveau de chiffre d’affaires et la formalité de la déclaration d’activité alors que le
commerçant fait une inscription au R.C.C.M.
Au vu de ce constat, on peut estimer aussi, qu’en dehors des professions
réglementées, toute activité économique de petite taille peut permettre
d’acquérir la qualité d’entreprenant.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 18


CHAPITRE 3 : LES OBLIGATIONS PROFESSIONNELLES DU COMMERCANT
Elles sont diverses. Celles qui sont communes à tous les commerçants sont :
- l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier (R.C.C.M.);
- les obligations comptables et notamment l’usage de factures normalisées ;
- l’obligation de loyale concurrence
- la possession d’un compte bancaire
- les obligations fiscales
- les obligations liées à la législation sur la prévoyance sociale etc.

1. L’immatriculation au RCCM
Tout commerçant doit se faire immatriculer au registre du commerce.
Le but de cette immatriculation est d’apporter aux tiers qui traitent avec le
commerçant des informations sur sa situation familiale et sociale, son activité et
son fonds de commerce.
L’immatriculation se fait par inscription sur un registre.
Elle a lieu sur la base d’une demande écrite qui doit contenir certaines mentions.
L’immatriculation requiert la présentation d’un certain nombre de pièces
justificatives et paiement d’un droit d’un montant de 25600 FCFA pour les
particuliers et de 50600 FCFA pour les sociétés.
Il existe deux séries de dossiers :
Les dossiers A : pour les commerçants individuels
Les dossiers B : pour les sociétés commerciales.
Les commerçants sont enregistrés par ordre chronologique d’arrivée et reçoivent
un numéro d’immatriculation qui doit figurer sur les papiers de correspondance
et sur les factures.

1.1. L’organisation du RCCM


Il existe un fichier national et un fichier régional.
- Le fichier national : il est tenu au greffe de la cour d’appel d’Abidjan. Son
rôle est de centraliser les renseignements.
- Le fichier régional : il est tenu auprès du greffe de la cour commune de
justice et d’arbitrage qui est situé à Abidjan. Son but est de centraliser les
renseignements de chaque fichier national des Etats parties à l’O.H.A.D.A.
Remarque : L’informatisation du RCCM
Dans chaque Etat partie le RCCM et le fichier national peuvent être exploités soit
sur support papier soit sous forme électronique.
Le fichier régional doit être tenu sous les deux formes.
Ainsi se pose le problème de la validité des documents électroniques (signature
électronique). L’article 82 précise que les formalités accomplies auprès des RCCM
au moyen de documents électroniques et de transmission électroniques ont les

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 19


mêmes effets juridiques que celles accomplies avec documents sur support papier
notamment en ce qui concerne leur validité juridique et leur force probatoire.
Les documents sous forme électroniques peuvent se substituer aux documents
sur support papier.
Ainsi, la preuve en droit commerciale peut se faire par des moyens électroniques,
ce qui n’a toujours pas été le cas. Les moyens électroniques servent désormais de
moyen de preuve.

1.2. Les effets de l’immatriculation au RCCM


L’immatriculation au RCCM fait présumer la qualité de commerçant ; mais cette
présomption est simple c’est-à-dire qu’elle est susceptible de la preuve contraire.
Du fait de son immatriculation, l’intéressé bénéficie des avantages liés à l’exercice
du commerce. De même il en assume les obligations. A l’inverse, celui qui exerce
le commerce mais qui ne se fait pas immatriculer ne peut prétendre bénéficier
des avantages liés à l’exercice de cette activité. Cependant, il est tout de même
qualifié de commerçant de fait et à ce titre il est soumis aux obligations du
commerçant.
On peut donc dire que la qualité de commerçant n’est pas subordonnée à
l'immatriculation au RCCM.
Exercice d’application: L’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier
est- elle une obligation pour le commerçant et/ou une condition pour avoir la
qualité de commerçant ? Justifiez votre réponse.
Réponse : L’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier est une
obligation pour le commerçant. Le commerçant non inscrit au registre a tout de
même la qualité de commerçant mais ne peut jouir des avantages liés à cette
qualité.

2. Les obligations comptables


Les livres de commerce permettent à l’administration d’exercer le contrôle fiscal
et aux commerçants de mettre de l’ordre dans leurs affaires. Par conséquent les
derniers cités ont l’obligation de tenir ces livres.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 20


2.1. Les différents livres à tenir

2.1.1. Les livres obligatoires


- Le livre journal
Ce livre enregistre au jour le jour les opérations de l’entreprise (achat, vente,
effets de commerce tirés, paiements effectués ou reçus)

- Le grand livre
C’est un document où le commerçant mentionne séparément les différents
comptes individuels de chacun de ses clients ou fournisseurs.

- Le livre d’inventaire
Il permet au commerçant de faire chaque année un inventaire des éléments actifs
et passifs de l’entreprise. Cet inventaire permet d’arrêter tous les comptes en vue
de l’établissement du bilan et du compte de résultat.
Le commerçant a aussi la possibilité de tenir d’autres livres tels que le livre de
caisse, le livre brouillard etc.

2.1.2. Les livres facultatifs


- Les livres de caisse
Dans ce livre le commerçant enregistre tous les paiements reçus ou effectués

- L’échéancier
C’est un livre où le commerçant enregistre les effets de commerce à payer ou à
recevoir avec leur échéance.

2.2. Le rôle des livres de commerce

2.2.1. Livre de commerce, moyen de preuve


Les livres de commerce servent de moyen de preuve. Mais il faut distinguer
suivant que la preuve est faite contre le commerçant ou par le commerçant.

A. L’utilisation des livres contre le commerçant


Les livres de commerce servent toujours de preuve contre le commerçant qui les
a tenus. Cependant, les mentions contenues dans les livres n’ont pas une force
absolue. Par conséquent, le commerçant peut toujours faire la preuve contraire
par tous moyens. Il peut par exemple prouver que c’est par erreur qu’une
mention a été inscrite dans le livre.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 21


B. L’utilisation des livres par le commerçant
En cas de contestation avec un non commerçant, le commerçant ne peut se servir
de ses livres comme moyen contre le non commerçant.
Au contraire quand il s’agit de contestation entre commerçants, chacun d’eux
peut faire la preuve contre l’autre à l’aide de ses livres de commerce.

Remarque :
- Seuls les livres obligatoires servent de moyens de preuve
- Ces livres ne servent de moyens de preuve que s’ils ont été régulièrement
tenus
- Ils doivent être côtés (numérotés) et paraphés (signés) par le président de
la juridiction compétente
- Ils doivent mentionner le numéro d’immatriculation au RCCM du
commerçant ou de la société commerciale
- Ils doivent être tenus chronologiquement sans blanc ni altération. ils ne
doivent pas être surchargés ni raturés en cas d’erreur.

2.2.2. Les livres de commerce, moyen de contrôle de l’administration


fiscale

Les livres de commerce permettent à l’administration fiscale de connaitre le


chiffre d’affaire et les bénéfices réalisés par le commerçant. Ceci facilitera le calcul
de l’impôt sur le bénéfice industriel et commercial et l’impôt sur le chiffre
d’affaire.

2.2.3. Les livres de commerce permettent aux commerçants de connaître


l’état de leur caisse et de se souvenir des opérations réalisées

3. L’obligation de loyale concurrence

La libre concurrence est la conséquence directe de la liberté du commerce dans


un système d’économie libérale. Elle a pour objectif de mettre sur le marché les
meilleurs produits aux meilleurs prix. Cependant cette concurrence doit être
loyale.
Les concurrents ne doivent pas user de moyens malhonnêtes tels que : la
contrefaçon de produit, l’imitation de marque, l’usurpation de nom commercial,
le dénigrement etc.
Les auteurs d’actes de concurrence déloyale sont passibles de sanctions civiles,
voire de sanctions pénales.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 22


Par exemple, il y aura sanctions pénales (amende, emprisonnement) en cas de
délit de contrefaçon
Exercice d’application : Expliquez, dans vos propres termes, la notion de
concurrence déloyale.

Réponse proposée
La concurrence déloyale désigne un ensemble de pratiques interdites par la loi ou
les usages tendant à détourner la clientèle du concurrent. Il s’agit par exemple de
l’imitation de nom commercial, de la contrefaçon de produit, du dénigrement…

4. L’ouverture d’un compte bancaire


Le commerçant doit se faire ouvrir un compte à la banque ou dans un centre de
chèques postaux. L’ouverture de ce compte a pour but de faciliter le règlement
des opérations commerciales par chèque ou par virement.
Enfin le commerçant à des obligations fiscales qui consistent dans le paiement
d’impôts et de taxes variables en fonction de la nature et de l’importance de son
activité

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 23


CHAPITRE 4 : LE STATUT DE L’ENTREPRENANT
Le statut de l’entreprenant est une notion insérée dans l’acte uniforme relatif au
droit commercial général. Comment comprendre cette notion ? Quelles sont les
conditions pour avoir la qualité d’entreprenant ? Quels sont les droit et les
obligations de l’entreprenant ?

1. Définition de l’entreprenant
L’entreprenant est un entrepreneur individuel, donc une personne physique qui,
sur simple déclaration, exerce une activité professionnelle civile, commerciale,
artisanale ou agricole. Après avoir défini la notion d’entreprenant, il faut dès à
présent voir les conditions requises pour avoir la qualité d’entreprenant.

2. Conditions d’acquisition et de perte du statut d’entreprenant

2.1. Conditions d’acquisition du statut d’entreprenant


L’entreprenant doit remplir des conditions de forme et de fond
2.1.1. Conditions de forme
- Il doit avoir une pièce d’identité à jour ou toute autre pièce tenant lieu,
-Avoir des contacts téléphoniques personnels identifiés au nom de
l’entreprenant ;
-La demande du statut de l’entreprenant se fait sur simple déclaration auprès de
l’agence en charge de la promotion des PME (elle est gratuite),
-Transmettre les renseignements détaillés sur la nature de l’activité.

2.1.2. Les conditions de fond


-Etre agé de 18 ans au moins ou etre mineur émancipé
-Exercer une activité professionnelle civile, commerciale ou artisanale ;
-Le respect -des seuils relatifs au système minimal de trésorerie
Le système minimal de trésorerie est un système de comptabilisation applicable
aux petites entreprises.
Les seuils fixés dans l’acte uniforme portant organisation et harmonisation des
comptabilités des entreprises au titre du système minimal de trésorerie sont les
suivants :
Entreprises de négoce : CA˂ 30 000 000 FCFA.
Entreprises artisanales : CA˂ 20 000 000 FCFA.
Entreprises de service : CA˂ 10 000 000 FCFA.

2.2.La perte du statut

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 24


Lorsque pendant deux (2) ans consécutifs les chiffres d’affaire de l’entreprenant
excède les seuils sus-cités, il perd la qualité de l’entreprenant. La perte lui est
notifiée par l’agence chargée des PME

3. Les droits de l’entreprenant


La personne physique qui a fait sa déclaration d’activité et fourni les pièces
justificatives, reçoit un numéro de déclaration de son activité. Elle est alors
présumée avoir la qualité d’entreprenant et bénéficie en cette qualité :
- des dispositions de l’acte uniforme portant sur le droit commercial général
relatives à la preuve et à la prescription ;
- des dispositions de l’acte uniforme portant sur le droit commercial général
relatives au bail à usage professionnel ;
- -l’entreprenant bénéficie d’avantages fiscaux ;
Le statut de l’entreprenant est acquis pour une durée de cinq (5) ans
renouvelable

4. Les obligations comptables de l’entreprenant


L’entreprenant doit tenir au jour le jour, un livre qui mentionne
chronologiquement, l’origine et le montant de ses ressources. Il doit distinguer les
règlements en espèces des autres modes de règlement d’une part, la destination
et le montant de ses emplois d’autre part.
Ledit livre doit être conservé pendant cinq ans au moins.
Il est tenu de mentionner son numéro sur ses factures, bons de commande, tarifs
et documents ou correspondances professionnelles suivi de l’indication du
registre du commerce et du crédit mobilier qui a reçu sa déclaration et de la
mention « entreprenant dispensé d’immatriculation ».

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 25


CHAPITRE 5: LE STATUT DE L’ARTISAN

1. Définition
L’artisan est toute personne physique exerçant une activité dans le secteur de
l’artisanat. Il possède une qualification reconnue par son milieu professionnel ou
sanctionné par un certificat d’apprentissage ou un diplôme d’un centre agrée.

2. Domaines d’application
Activités d’extraction, de production, de transformation, d’entretien, de
réparation de biens ainsi qu’à diverses prestations de service à l’exclusion des
activités agricoles, de transport, d’achat ou de revente.

3. Classification de l’artisanat
L’activité du secteur est exercée à titre principal par une personne physique ou
morale dont la maitrise et le savoir-faire requièrent un apprentissage. On a ainsi :

3.1. Le maitre-artisan
Est tout artisan qui parallèlement à son activité, est jugé apte à donner une
formation professionnelle à une ou plusieurs personnes qu’il accueille dans une
entreprise ou dans tout autre établissement.
Pour être maitre-artisan, il faut remplir les conditions suivantes :
-il faut être titulaire d’un brevet professionnel ;
-être inscrit depuis dix ans dans le métier figurant au registre des métiers
-avoir pratiqué effectivement ce métier pendant cette période
-et justifier d’un agrément délivré par le ministère chargé de l’artisanat, attestant
sa capacité à transmettre son savoir-faire.

3.2.L’artisan
L’artisan est toute personne physique exerçant une activité dans le secteur de
l’artisanat. Il possède une qualification reconnue par son milieu professionnel ou
sanctionné par un certificat d’apprentissage ou un diplôme d’un centre agrée.
L’artisan prend personnellement part à l’exécution de son travail et assure la
direction. Il peut se faire assister par un compagnon-artisan, des apprentis-
artisans et des aides familiaux.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 26


3.3. Le compagnon-artisan
C’est tout apprenti-artisan ayant terminé sa période d’apprentissage ou toute
personne justifiant d’une qualification professionnelle artisanale, avant de
s’établir à son propre compte, demeure auprès d’un maitre-artisan pour renforcer
ses capacités techniques et professionnelles.
Il est un employé salarié permanent ou temporaire travaillant pour le compte
d’un artisan ou d’une entreprise du secteur de l’artisanat.

3.4. L’apprenti-artisan
C’est toute personne physique sans qualification préalable placée auprès d’un
maitre-artisan dans le cadre d’un contrat d’apprentissage en vue d’une formation
au métier d’artisan. Ce placement peut-être à son initiative s’il a 18 au moins ou
sur celle d’un parent ou tuteur s’il est âgé d’au moins de 15 ans ou tout élève.

3.5. L’aide-familial
C’est toute personne issue de la cellule familiale de l’artisan âgée d’au moins 15
ans qui l’aide à exercer son métier.

4. Conditions d’exercices des activités du secteur de l’artisanat


L’exercice des activités du secteur de l’artisanat est soumis à l’exigence d’une
qualification professionnelle. De plus si cette activité est susceptible de mettre en
jeu la sécurité et la santé des clients de l’artisan, elle est subordonnée à
l’acquisition d’une compétence appropriée
Exemple : l’entretien et la réparation de véhicules et des machines, la
construction et la réparation de bâtiment et d’ouvrage en béton, les soins
esthétiques, la fabrication de prothèses dentaires, la préparation ou la fabrication
des produits à consommer.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 27


TITRE 2 : LE FONDS DE COMMERCE
Le fonds de commerce est l’ensemble des moyens qui permettent au commerçant
d’attirer et de conserver la clientèle.
Le fonds de commerce constitue une universalité c’est-à-dire un tout qui est
différent des éléments qui le constituent. En conséquence, les règles applicables
au fonds de commerce lui-même sont distinctes de celles applicables aux
éléments qui le composent pris individuellement.
Le fonds de commerce n’est composé que d’éléments mobiliers. Parmi ces
meubles, il y a une prédominance de meubles incorporels. En définitive, le fonds
de commerce est un meuble incorporel.

CHAPITRE 1 : LA COMPOSITION DU FONDS DE COMMERCE

1. Les éléments nécessaires du fonds de commerce


Ce sont les éléments obligatoires du fonds de commerce qui sont désignés sous le
nom de fonds commercial. Le fonds commercial est composé nécessairement de
la clientèle et du nom commercial ou de l’enseigne
Fonds commercial = clientèle + (nom commercial ou enseigne)
Le fonds commercial peut néanmoins être composé du cumul de ses trois
éléments.

1.1.La clientèle et l’achalandage


La clientèle est l’ensemble des personnes qui ont l’habitude de fréquenter le
fonds de commerce. Certaines personnes sont liées au commerçant par un
contrat d’approvisionnement, c’est la clientèle captive ; D’autres s’adressent au
commerçant de façon habituelle sans contrat d’approvisionnement, c’est la
clientèle attitrée.
L’achalandage désigne les clients de passage qui s’approvisionnent parce que le
fonds est situé dans un endroit favorable.
Exemple : les consommateurs d’un restaurant sur l’autoroute.
Parmi les éléments du fonds de commerce, la clientèle est l’élément
indispensable à l’existence du fonds de commerce. En effet, tour d’abord fait
partie des éléments nécessaires du fonds de commerce. Ensuite, tous les autres
éléments du fonds de commerce tendent à attirer et à maintenir la clientèle. On
peut concevoir un fonds de commerce sans droit au bail, sans enseigne, sans
licence etc. Mais on ne peut imaginer un fonds de commerce sans clientèle ou
achalandage.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 28


1.2. Le nom commercial
Le nom commercial est l’appellation sous laquelle le commerçant exerce son
activité. Ce peut être son nom patronymique, une dénomination de fantaisie, un
pseudonyme.
Exemple : Peugeot

1.3. L’enseigne
L’enseigne est soit un signe, une image, un emblème soit un nom de personne ou
une dénomination de fantaisie apposée sur un immeuble et qui se rapporte à
l’activité qu’on y exerce.
Exemple : Sococé

2. Les autres éléments du fonds de commerce


Ils sont composés d’éléments corporels et incorporels.

2.1. Les éléments corporels


On appelle éléments corporels tous les éléments qui ont une existence physique,
tous les éléments qu’on peut toucher.

2.1.1. Le matériel et l’outillage


Ce sont tous les meubles corporels qui servent à l’exploitation du fonds. il s’agit
notamment des machines et de l’équipement.

2.1.2. Les marchandises


Ce sont des stocks de matières premières ou de produits destinés à la vente ou à
la transformation.

2.2. Les éléments incorporels


Ce sont tous les biens constitutifs du fonds de commerce qui ne sont pas
palpables, qu’on ne peut pas toucher.

2.2.1. Le droit au bail


En général, le commerçant n’est pas propriétaire de l’immeuble où il exerce son
commerce. Il l’occupe du fait de l’existence d’un contrat de bail. Il a droit au bail ;
c’est-à-dire qu’il a droit au renouvellement de son bail arrivé à expiration pour
continuer son activité.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 29


2.2.2. Les licences d’exploitation
Ce sont des autorisations données pour l’exercice de certaines activités ou pour
vendre certains produits (débit de boisson, pharmacie, transport…)

2.2.3. Les droits de propriété industrielle et commerciale


- Les brevets d’invention
Il s’agit de titres délivrés par le gouvernement à l’inventeur d’un dispositif ou d’un
produit nouveau et qui, sous certaines conditions, lui confèrent un droit exclusif
d »exploitation pour un temps déterminé.

- les marques de fabrique, les dessins et les modèles

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 30


CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS SUR LE FONDS DE COMMERCE

1. La cession du fonds de commerce


La cession du fonds de commerce est soumise à un certain nombre de conditions.
Lorsque ces conditions sont réunies, la cession produit des effets.

1.1. Les conditions de cession du fonds de commerce


Il y a les conditions de fonds et les conditions forme.

1.1.1. Les conditions de fond


Il s’agit des conditions relatives aux parties et des conditions relatives au fonds du
commerce lui-même.

A. Les conditions relatives aux parties


La cession d’un fonds de commerce est un acte de commerce par accessoire. Par
conséquent, il faut avoir la capacité de faire le commerce pour l’acquérir. En ce
qui concerne le vendeur, on suppose qu’ayant déjà exploité le fonds, il a la qualité
de commerçant. Par contre, si un mineur hérite d’un fonds de commerce, il ne
peut l’exploiter ni même le vendre parce qu’il n’a pas la capacité de faire le
commerce. S’il désire vendre le fonds de commerce, la vente sera faite par son
représentant légal avec l’autorisation du juge des tutelles.

B. Les conditions relatives au fonds de commerce


Ici, il s’agit de voir quels sont les éléments du fonds qui feront l’objet de cession.
Les éléments nécessaires du fonds de commerce (la clientèle + l’enseigne ou le
nom commercial) font obligatoirement partie de la cession sans même qu’on ait
besoin de le préciser expressément. Par contre, les autres éléments du fonds de
commerce ne font partie de la cession que lorsqu’on les précise expressément
dans l’acte de vente.
Le prix du fonds est librement fixé par le vendeur et l’acquéreur. Cependant, si les
créanciers du vendeur estiment que le fonds a été vendu à un prix trop bas, ils ont
le droit de faire la surenchère.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 31


1.1.2. Les conditions de forme et de publicité

A. La forme de la cession du fonds de commerce


Pour être valable, la vente du fonds de commerce doit obligatoirement se faire
par écrit. Cet écrit peut être un acte authentique (écrit rédigé par un notaire) ou
un acte sous seing privé (écrit rédigé par les parties elles-mêmes).
En vue de protéger l’acquéreur, l’acte de cession du fonds doit nécessairement
contenir certaines mentions destinées à le renseigner sur la valeur réelle du
fonds. Ce sont :
- état civil complet du vendeur et de l’acheteur ;
- les numéros d’immatriculation du vendeur et de l’acheteur ;
- l’état des privilèges et nantissement grevant le fonds ;
- le chiffre d’affaire et les bénéfices réalisés au cours de chacune des trois
dernières années d’exploitation ou depuis son acquisition si le fonds n’a pas
été exploité depuis plus de trois ans ;
- le bail, sa date, sa durée, le nom et l’adresse du bailleur ;
- le prix convenu.
En cas d’omission ou d’inexactitude dans ces mentions, l’acquéreur peut, dans un
délai d’un an à compter de la date de la cession, demander l’annulation de la
vente.

B. La publicité de la cession du fonds de commerce


La publicité est le procédé qui permet de porter des actes juridiques à la
connaissance des individus afin d’assurer la sécurité des transactions. Ainsi
l’acquéreur du fonds dispose d’un délai de quinze jours à compter de la date de
cession pour publier l’acte de cession dans un journal d’annonce légale paraissant
au lieu où le vendeur est inscrit au registre du commerce et du crédit mobilier.
La publicité est instituée pour protéger les créanciers du vendeur du fonds. En
effet, à partir de la publicité, ces créanciers peuvent faire opposition sur le prix de
la vente (c’est-à-dire demander à l’acquéreur de ne pas verser le prix au
vendeur) ; Ils peuvent également faire la surenchère sur le prix.

1.2. Les effets de la cession du fonds de commerce


Lorsque toutes les conditions sont respectées, la cession du fonds de commerce
fait naître des obligations aussi bien à la charge du vendeur qu’à la charge de
l’acquéreur.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 32


1.2.1. Les obligations du vendeur
Le vendeur a deux obligations à sa charge.

A. L’obligation de délivrance
Le vendeur a l’obligation de mettre le fonds cédé à la disposition de l’acquéreur à
la date prévue dans l’acte de cession.

B. L’obligation de garantie
 la garantie des vices cachés
Le vendeur doit livrer à l’acheteur un fonds de commerce conforme à l’usage
auquel on le destine. Lorsque le fonds contient des vices cachés (défauts cachés)
que l »acquéreur n’a pas pu percevoir lors de la cession et qu’il estime que ces
vices rendent le fonds impropre à son usage, il a le droit entre l’action rédhibitoire
et l’action estimatoire.

 La garantie d’éviction
Le vendeur doit garantir à l’acquéreur les troubles de droit des tiers. Les troubles
de droit sont des actions en justices intentées par les tiers qui se réclament
propriétaires du fonds de l’acquéreur pour tenter de le déposséder. Si l’acquéreur
est troublé par les tiers il peut demander la résolution du contrat de vente.

 La garantie du fait personnel


Cette garantie consiste pour le vendeur à ne rien faire qui puisse troubler
l’acquéreur dans l’exploitation du fonds qui lui a été transmis. Par exemple, après
la vente, le vendeur du fonds ne doit pas se réinstaller à côté de l’acquéreur pour
lui livrer une concurrence et détourner la clientèle. Généralement, pour
consolider cette garantie, les partie insèrent dans leur contrat de vente une clause
de non rétablissement du vendeur qui n’est valable que lorsqu’il est limité dans
l’espace et dans le temps.

1.2.2. Les obligations de l’acheteur


La principale obligation de l’acheteur du fonds, c’est le paiement du prix au jour
et au lieu fixé dans l’acte de cession. Ce paiement a lieu entre les mains d’un
notaire ou d’un établissement bancaire désigné d’accord parties. Ceci permet aux
créanciers de faire leur opposition.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 33


Pour éviter que le vendeur du fonds de commerce subisse les risques
d’insolvabilité de l’acquéreur, le législateur a aménagé deux garanties à son profit
en vue de lui permettre de percevoir le solde du prix de vente.

A. Le privilège du vendeur du fonds de commerce


Le vendeur a un privilège sur le fonds cédé. En effet, s’il n’a pas reçu le paiement
du prix, il peut saisir le fonds entre les mains de l’acquéreur et le mettre aux
enchères publiques. Il se fera alors payer sur le prix de la revente. Mais pour
pouvoir bénéficier d’un tel privilège, le vendeur doit faire publier la vente au
registre du commerce et du crédit mobilier.

B. L’action résolutoire
Le vendeur qui n’a pas reçu paiement peut demander la résolution du contrat de
vente. La résolution du contrat est son anéantissement rétroactif. Lorsque la
vente est résolue, le vendeur reprend son fonds de commerce.

2. La location gérance
La location gérance est une convention par laquelle le propriétaire du fonds de
commerce (personne physique ou morale) en concède la location à un gérant
(personne physique ou morale) qui l’exploite à ses risques et périls.

2.1. Les conditions de la location gérance


Il y a des conditions exigées du bailleur et celles exigée du locataire. Il y a
également des conditions de publicité.

2.1.1 Les conditions exigées du bailleur


- le bailleur ne doit pas avoir été interdit ou déchu de l’exercice d’une
profession commerciale
- Il doit avoir été pendant deux années commerçant ou avoir exercé pendant
une durée équivalente, les fonctions de gérant ou de directeur commercial
ou technique d’une société ;
- il doit avoir exploité pendant une année au moins en qualité de
commerçant, le fonds mis en gérance.

2.1.2. Les conditions exigées du locataire


Le locataire doit avoir la capacité d’exercer le commerce ; il ne doit pas être
frappé d’une incompatibilité, d’une déchéance ou d’une interdiction de faire le
commerce.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 34


2.1.3. Les conditions de forme et de publicité
Le contrat de location gérance doit se faire par écrit. Cet écrit doit être publié
dans un journal d’annonce légale dans les quinze jours suivant la date de
conclusion du contrat.

2.2. Les effets de la location gérance


2.2.1. Les effets en cours du contrat
Le contrat de location gérance confère au locataire de location gérant la qualité
de commerçant. Quant au bailleur, il cesse d être commerçant.
Le bailleur doit mettre le fonds à la disposition du locataire et ne pas le troubler
dans sa jouissance.
Le locataire doit payer la redevance ; il doit exploiter le fonds avec diligence, il ne
doit pas en modifier la destination.
Jusqu’à la publication du contrat de location gérance le bailleur est solidairement
responsable avec le locataire gérant des dettes contractées par celui-ci à
l’occasion de l’exploitation du fonds. De même ; si les créanciers du bailleur du
fonds du commerce estiment que la location gérance ne leur permet pas d’entrer
en possession de leur dû, ils peuvent saisir le tribunal dans les trois mois qui
suivent la publication qui pourra déclarer leur créance immédiatement exigible.
2.2.2. Les effets à la fin du contrat
A la fin du contrat, le locataire doit restituer le fonds à son propriétaire. Le
locataire gérant n’a pas un droit au renouvellement de son contrat.
Les dettes contractées par le locataire gérant dans l’exploitation du fonds de
commerce ne sont pas transmissible au loueur du fonds. Ainsi, à la fin du contrat
de location gérance, les créanciers du locataire gérant peuvent le poursuivre
immédiatement en justice.
3. Le nantissement du fonds de commerce
Le fonds de commerce a souvent une grande valeur. De ce fait, il, constitue un
puissant moyen de crédit pour son propriétaire. En effet, le commerçant peut
faire nantir son fonds de commerce en vue d’obtenir un prêt. Le nantissement est
un contrat par lequel un débiteur remet une chose mobilière ou immobilière à
son créancier pour la garantie de sa dette. Il y a le nantissement conventionnel et
le nantissement judiciaire.
3.1. Le nantissement conventionnel
Le nantissement conventionnel est un accord de volonté entre un prêteur et un
commerçant emprunteur en vue de garantir la créance du prêteur sur le fonds de
commerce.
Le nantissement doit faire l’objet d’un écrit qui peut être authentique ou sous-
seing privé. Le nantissement doit faire l’objet d’une publicité en vue de renseigner
tous ceux qui traitent avec le commerçant.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 35


3.2. Le nantissement judiciaire
C’est une mesure qui peut être ordonné par le juge, au profit d’un créancier,
comme garantie de recouvrement de sa créance si ce recouvrement est en péril.

CHAPITRE 3 : LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE


Pour préserver la clientèle, il est nécessaire de protéger les éléments de son
ralliement. Le fonds de commerce est protégé contre la concurrence déloyale et
la contrefaçon. En outre si le commerçant n’est pas propriétaire du local où il
exerce son commerce, son contrat de bail est spécialement protégé par la loi.

1. La protection du fonds de commerce contre la concurrence déloyale


En régime d’économie libérale, la concurrence constitue la loi du commerce. En
effet, il est loisible que les commerçants se fassent la concurrence pour s’attirer la
clientèle. Cela permet au marché d’accueillir des produits compétitifs. En
revanche, ils ne doivent pas détourner la clientèle de leurs concurrents en
utilisant des manœuvres déloyales.

1.1. Les manifestations de la concurrence déloyale

1.1.1. Le dénigrement
On parle de dénigrement, lorsqu’un commerçant jette le discrédit sur les
produits, services ou sur la personne de son concurrent.

1.1.2. L’atteinte au nom commercial et à l’enseigne


Il s’agit des cas où un commerçant, généralement médiocre, usurpe le nom
commercial ou l’enseigne d’un autre jouissant d’une grande notoriété dans le but
de semer la confusion et d’induire la clientèle en erreur.

1.1.3. La publicité comparative


C’est le fait pour un commerçant de comparer ses produits, prix ou services, à
ceux d’un concurrent dans une campagne publicitaire.

1.1.4.La désorganisation interne de l’entreprise


Elle consiste à livrer les secrets de fabrique du concurrent, à inciter son personnel
à la grève ou à débaucher ledit personnel. Cependant le débauchage ne constitue
un acte déloyal que lorsqu’il y a une clause de non concurrence.

1.1.5. La désorganisation générale du marché

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 36


Elle consiste dans la vente à perte ou dans la gratuité de la promotion
commerciale faite par un commerçant. Cependant, en l’absence d’une
réglementation particulière ou d’un abus, la gratuité n’est pas un procédé déloyal
de concurrence parce qu’elle permet d’accroître la clientèle.

1.2. Les moyens de protection contre la concurrence déloyale

1.2.1. L’action en concurrence déloyale


En cas de concurrence déloyale, le commerçant qui en est victime peut saisir le
tribunal d’une action en concurrence déloyale. Mais pour avoir gain de cause, le
commerçant doit prouver :
- une faute constituée par les faits ou actes déloyaux ;
- un préjudice qu’il a subit (détournement de sa clientèle)
- un lien de causalité entre le préjudice et la faute : cela veut dire que la
faute doit avoir été la cause du préjudice subi par le commerçant

1.2.2. La protection conventionnelle contre la concurrence déloyale

A. La clause de non concurrence


C’est une clause généralement insérée dans les contrats de travail et qui permet
ainsi à un employeur d’obtenir de son employé qu’à l’expiration du contrat, il
n’ouvrirait pas une entreprise concurrente ou n’offrirait pas ses services à une
entreprise concurrente.

B. Les clauses de non rétablissement


Ce sont des clauses insérées dans la vente ou location gérance du fonds de
commerce en vertu desquelles l’acquéreur ou locataire gérant obtient du
commerçant (vendeur ou bailleur) qu’il ne rétablirait pas une activité semblable à
côté de lui. Il s’agit en fait ici, de la matérialisation de la garantie du fait
personnel.

2. La protection contre la contrefaçon


Il y a contrefaçon, toutes les fois qu’une atteinte est portée aux droits de
propriété industrielle (brevet d’invention, marque de fabrique, dessins,
modèle…).
Le commerçant qui en est victime dispose d’une action en contrefaçon devant le
tribunal. Cette action permet de faire cesser les usurpations et les atteintes aux
droits du titulaire.
Le contrefacteur encourt les sanctions suivantes :

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 37


- La confiscation des objets contrefaits ;
- Le paiement de dommages-intérêts pour réparer le préjudice subi ;
- l’interdiction de la poursuite de l’activité litigieuse.

3. La protection du contrat de bail commercial

3.1. Définition du bail commercial


On appelle bail commercial, toute convention, même non écrite, existant entre le
propriétaire d’un immeuble ou d’une partie d’un immeuble et toute personne
physique ou morale, permettant à cette dernière d’exploiter dans les lieux avec
l’accord du propriétaire, toute activité commerciale, industrielle, artisanale ou
professionnelle.
Le droit au bail constitue une propriété commerciale. Mais qui en sont les
bénéficiaires ?

3.2. Les personnes bénéficiaires des règles du bail commercial


Les personnes bénéficiaires des règles régissant le bail commercial sont les
commerçants, les industriels, les artisans et tout professionnel.
Exemple : Un cordonnier qui loue un local pour exercer son activité bénéficiera
des règles applicables au bail commercial.

3.3. Les modalités de fixation, de révision ou de renouvellement du bail


commercial

3.3.1. La fixation de la durée et du loyer du bail


Les parties fixent librement la durée du bail. Il peut être ainsi conclu pour une
durée déterminée ou indéterminée. A défaut d’écrit, ou de terme fixé, le bail est
réputé conclu pour une durée indéterminée.
Le montant du bail est également librement fixé par les parties.

3.3.2. La révision du bail


Le loyer du bail est révisable dans les conditions fixées par les parties ou à défaut,
à l’expiration de chaque période triennale.

3.3.3. Les modalités de renouvellement du bail commercial


Lorsque le bail commercial arrive à expiration, il doit être renouvelé pour
protéger l’activité du locataire. Mais le droit au renouvellement du bail n’est
acquis au profit du locataire que si les conditions suivantes sont réunies :

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 38


- Le locataire doit justifier avoir exploité le conformément aux stipulations du
contrat de bail l’activité prévue à celui-ci pendant au moins deux (2) ans ;
- Lorsque le bail est à durée déterminée, le locataire qui veut obtenir le
renouvellement de son bail doit, sous peine de déchéance, en faire la
demande au plus tard trois (3) mois avant l’expiration du bail.
Si le bailleur refuse de renouveler le bail alors même que le locataire se trouve
dans les conditions d’en bénéficier, il doit verser à celui-ci une somme d’argent
appelée indemnité d’éviction.
Cependant, dans certain cas, le bailleur peut reprendre son immeuble sans avoir à
payer une indemnité d’éviction.

3.4. Les cas de reprise sans indemnité d’éviction


Le bailleur peut refuser de renouveler le bail sans avoir à payer d’indemnité
d’éviction dans les cas suivants :
- S’il justifie d’un motif grave et légitime à l’encontre du locataire (exemple :
non paiement du loyer, cessation de l’exploitation du fonds de
commerce…) ;
- S’il envisage démolir l’immeuble comprenant les lieux loués et le
reconstruire ;
- S’il envisage habiter l’immeuble y compris les lieux loués ou y faire habiter
ses poches.

3.5. La sous-location et la cession de bail


Le commerçant a le droit de sous-louer ou de céder librement son bail à un
commerçant. Mais il ne peut sous-louer ou céder un bail à durée déterminée que
pour l’autre période pour laquelle le bail initial a été conclu.
La liberté du commerçant de sous-louer ou de céder son bail peut être entravée
par une clause contractuelle contraire. Dans ce cas, pour sous-louer ou céder son
bail, le locataire-commerçant doit avoir l’autorisation préalable du propriétaire.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 39


CHAPITRE 4 : LA VENTE COMMERCIALE
La vente commerciale est soumise aux règles générales de la vente édictées par le
code civil. Toutefois, étant un acte de commerce, la vente commerciale est
particulièrement soumise à toutes les règles applicables aux actes de commerce.
Elle est notamment soumise aux règles de l’OHADA.

1. Définition
La vente commerciale est un contrat entre commerçants par lequel l’un appelé
vendeur transfert la propriété d’une chose à un autre appelé acheteur contre le
paiement d’un prix.
De cette définition, on relève qu’il n’y a vente commerciale que celle qui a lieu
entre commerçants.
Quels sont les caractères de la vente commerciale, comment se forme un tel
contrat et quels en sont les effets ?

2. Les caractères de la vente commerciale

2.1. La vente commerciale est un contrat synallagmatique ou bilatéra l


Ce caractère signifie que la vente commerciale fait naître des obligations
réciproques à la charge de chaque partie.

2.2. La vente commerciale est un contrat consensuel


C’est un contrat qui ne nécessite pas un écrit pour être valable. La vente est
conclue dès que le vendeur et l’acheteur sont d’accord sur le prix et sur la qualité
de la chose, objet de la vente. Cependant, dans certains cas l’écrit est exigé pour
la validité du contrat de vente. Il s’agit de la vente immobilière qui nécessite un
écrit notamment un acte notarié.

2.3. La vente commerciale est un contrat translatif de propriété


Cela veut dire que la propriété de la chose vendue est automatiquement
transférée à l’acheteur dès l’échange des consentements. La conséquence qui en
découle est que le risque de perte de la chose pèse sur l’acheteur dès que la
propriété lui est transférée quand bien même la chose ne lui ait pas été livrée par
le vendeur. Et de même l’acheteur répond des dommages causés par la chose dès
l’accord de volonté.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 40


2.4. La vente commerciale est un contrat commutatif
Dès la conclusion du contrat de vente, le vendeur et l’acheteur connaissent la
teneur de leurs obligations réciproques. L’acheteur connait dès ce moment le prix
exact de la chose vendue et le vendeur sait qu’il doit livrer la chose. Ces
obligations réciproques sont considérées comme équivalentes.

2.5. La vente commerciale est un contrat à titre onéreux


Dans la vente, chacune des parties recherche un avantage : le vendeur désire
recevoir le prix de vente et l’acheteur souhaite être propriétaire de la chose.

3. La formation du contrat de vente commerciale


Comme tout contrat, la formation de la vente est soumise aux règles générales
sur les contrats. Cependant, en tant que contrat spécial, des règles spécifiques
vont infléchir ces règles générales. Ces règles se rapportent au consentement, à la
capacité, à l’objet et à la cause.

3.1. Le consentement des parties


C’est l’accord de volonté qui intervient entre l’acheteur et le vendeur. Il doit
exister et être exempt de vices.

3.2. L’objet
L’objet c’est ce sur quoi porte la vente. Les choses hors du commerce ne peuvent
être vendues. Exemple : le corps humain ne peut être vendu
La vente doit porter sur une chose qui existe au moment de la vente. En outre le
vendeur doit être propriétaire de la chose qu’il vend. Car la vente de la chose
d’autrui est nulle.

3.3. La cause
La cause c’est ce pourquoi on vend. La cause de la vente doit être morale et
licite.

3.4. La capacité
Pour pouvoir vendre, il ne faut pas être frappé d’incapacité. Il existe des
incapacités de droit commun et les incapacités spéciales de vendre.

3.4.1. Les incapacités de droit commun


Il s’agit du cas du mineur et du majeur incapable.
COURS DROIT COMMERCIAL 2017 41
En principe, un mineur et un majeur incapable ne peuvent vendre, ni acheter.
Cependant, pour les actes de la vie courante, (acheter du savon, des bonbons
etc.), ils peuvent le faire.
3.4.2. Les incapacités spéciales de vendre ou d’acheter
- Les époux
La vente entre époux est prohibée

- Les administrateurs des biens d’autrui


Tous ceux qui sont chargés d’administrer les biens d’autrui ne peuvent les
acheter.

4. Les effets du contrat de vente commerciale


Les effets du contrat concernent d’une part le transfert de propriété des
marchandises, d’autre part les obligations à la charge des parties contractantes.

4.1. Le transfert de propriété des marchandises


Le transfert de propriété des marchandises entraine transfert des risques.
Quelles sont les modalités de ce transfert de propriété ?

4.1.1. Modalités du transfert de propriété


En matière civile, le transfert de propriété s’opère dès l’accord sur la chose et sur
le prix ; mais les parties peuvent librement convenir de reporter le transfert de
propriété de la chose au jour du payement complet du prix.
En matière de vente commerciale, le transfert de propriété s’opère à la prise de la
livraison de la marchandise par l’acheteur. Ainsi, par principe, transfert de
propriété et livraison coïncident.

4.1.2. Le transfert des risques


Les risques sont à la charge de l’acheteur dès qu’il y a transfert de propriété,
lequel a lieu à la prise de livraison des marchandises par l’acheteur c'est-à-dire, en
principe, au retrait des marchandises.
En cas de vente de marchandises non encore individualisées, le transfert des
risques n’intervient qu’après qu’elles ont été clairement identifiées tel que prévu
au contrat.
La vente au départ met la chose au risque et à la charge de l’acheteur, à compter
du jour où elle a été livrée dans les conditions de contrat.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 42


En matière maritime, nous avons les différents types de transfert de propriété qui
sont les suivantes :
- Vente F.A.S (Free Along Side) : le vendeur ne se préoccupe pas du
transport maritime ; il doit livrer la chose vendue à quai, au plus près du
navire désigné le jour fixé par l’acheteur.
- Vente F.O.B (Free on bord ou franco bord) : la marchandise doit être livrée
par le vendeur à bord du navire.
- Vente C.A.F (Coût Assurance et fret) : la vente C.A.F est une vente au départ
mais le vendeur prend l’engagement de faire exécuter le transport et
d’assurer la marchandise .Dans la vente C.A.F, le vendeur s’oblige à
conclure le contrat de transport et à mettre la marchandise à bord ainsi
qu’à l’assurer contre les risques de ce transport. Il doit aussitôt adresser à
l’acheteur, les documents d’usage correspondant à cet envoi.
-

4.2. Les obligations à la charge des parties contractantes

4.2.1. Les obligations a la charge du vendeur

A. L’obligation de livraison
La livraison consiste pour le vendeur à mettre les marchandises à la disposition de
l’acquéreur au lieu, au moment et selon les modalités convenues par les parties.

B. L’obligation de conformité
Il s’agit pour le vendeur de livrer les marchandises dans la quantité, la qualité, la
spécification, le conditionnement et l’emballage correspondant à ceux qui sont
prévus au contrat. Ces marchandises doivent donc être conformes à l’usage ou
aux usages auxquels elles sont destinées, conditionnées et emballées de manière
à les protéger et à les conserver.

C. L’obligation de garantie
Elle signifie que le vendeur doit garantir contre les vices cachés, c’est -à-dire qu’il
doit garantir l’acheteur contre les défauts de la marchandise.
L’inobservation ou l’inexécution des obligations du vendeur est sanctionnée. En
effet, si le vendeur n’a pas exécuté l’une quelconque des obligations résultant du
contrat, l’acheteur est fondé à exiger l’exécution forcée de la vente. Ainsi, il

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 43


pourra saisir les tribunaux de commerce en vue de demander la résolution du
contrat. Il peut également demander au juge la réparation du préjudice subit en
versant des dommages et intérêts.
Si la chose livrée contient des vices cachés qui la rendent impropre à son usage,
l’acheteur a le choix entre deux actions.
- l’action rédhibitoire qui consiste à saisir le tribunal pour l’annulation de la
vente ;
- L’action estimatoire qui a pour objet la réduction du prix de la vente.

4.2.2. Les obligations à la charge de l’acheteur

A. L’obligation de paiement du prix


L’acheteur doit payer le prix convenu, à la date et au lieu fixé dans le contrat.

B. L’obligation de prise de livraison


L’obligation de prendre livraison consiste pour l’acheteur :
- à prendre toute les dispositions utiles pour permettre au vendeur d’effectuer la
livraison des marchandises.
- à retirer les marchandises
- à formuler toutes les réserves liées à la conformité des marchandises.
Lorsque l’acheteur tarde à prendre livraison des marchandises ou n’en paye pas le
prix alors que le payement du prix et la livraison doivent se faire simultanément,
concomitamment, le vendeur s’il a les marchandises en sa possession ou sous son
contrôle, doit prendre les mesures raisonnables pour en assurer la conservation .Il
est fondé à les retenir jusqu'à ce qu’il ait obtenu de l’acheteur le payement du prix et
le remboursement de ses dépenses de conservation. L’inobservation ou l’inexécution
des obligations de l’acheteur est sanctionnée. En effet, le vendeur peut contraindre
l’acheteur à exécuter son obligation par voie judiciaire, de même il peut demander
des dommages et intérêts

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 44


TITRE 3 :LES MOYENS DE PAIEMENT DU COMMERCANT
Divers moyens de paiement sont utilisés par les commerçants dans le cadre de
leurs activités ; c’est par exemple, le chèque, la lettre de change ou le billet à
ordre. Si le chèque est considéré comme un moyen de paiement proprement dit,
la lettre de change et le billet à ordre sont surtout des instruments de crédits.

CHAPITRE1 : LE CHEQUE
Le chèque est un écrit par lequel une personne titulaire d’un compte en banque
ou un établissement assimilé (le tireur) donne l’ordre à son banquier (le tiré) de
payer à vue une certaine somme soit à son profit, soit au profit d’un tiers (le
bénéficiaire).
1.Les conditions d’émission du chèque

Le chèque ne peut être émis que par une personne possédant la capacité civile et
disposant d’une provision suffisante dans un compte de dépôt bancaire.
Il n’est permis de disposer par cheque que sur les banques, les services postaux et
le trésor public.

1.1. La forme du chèque


Le chèque est généralement imprimé sur du papier spécial rendant difficile les
falsifications.
Pour sa validité, le chèque doit comporter les mentions suivantes :
- La dénomination « chèque » ;
- L’ordre de payer une somme déterminée ( la somme en chiffre et en
lettres , la somme en lettre vaut sur la somme en chiffre en cas de
contradiction) ;
- Le nom de celui qui doit payer ;
- Le lieu ou le paiement doit s’effectuer ;
- L’indication du bénéficiaire, mais le chèque peut être au porteur et même
en blanc dans ce dernier cas il doit être complété avant sa présentation ;
- La signature de celui qui émet le chèque ;
- L’indication de la date et du lieu d’émission du chèque.

1.2. Les différents types de chèque

1.2.1. Le chèque barré


C’est le chèque ayant fait l’objet d’un barrement.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 45


Le barrement consiste à tracer au recto du chèque deux lignes transversales et
parallèles.
Lorsqu’il ne porte aucune désignation entre les deux barres, c’est le barrement
général, le chèque barré ne peut être encaissé que par une banque.
Quand le nom d’une banque est inscrit entre les deux lignes, on parle de
barrement spécial, le chèque ne peut être encaissé que par celle ci.
Tout porteur d’un chèque peut le barrer

1.2.2. Le chèque certifié


La certification est le procédé par lequel la banque tiré, en apposant sa signature
au recto du chèque bloque sous sa responsabilité, la provision au profit du
porteur, jusqu’à l’expiration du délai légal de présentation.

1.2.3. Le chèque visé


C’est le chèque sur lequel est apposée la signature de la banque tiré sous les mots
« visé » ou « visa » pour la somme de… Le visa a pour effet d‘attester l’existence
de la provision à la date de la signature. Mais le visa ne bloque pas la provision au
profit du bénéficiaire du chèque.

1.2.4. Le chèque de banque ou chèque de guichet


C’est le chèque émis par la banque sur elle même au profit d’un tiers sur une
formule spéciale.

1.2.5. Le chèque de voyage ou traveller chèque


C’est le chèque qui donne au bénéficiaire, le droit d’obtenir paiement dans toute
ville ou pays où la banque émettrice a un correspondant.

1.2.6. Le chèque circulaire


C’est le chèque payable au service de toutes les agences d’une banque ou chez
des correspondants bancaires.

2. Le paiement du chèque
Le chèque émis et payable en Côte d’Ivoire doit être présenté au paiement dans
le délai de huit (8) jours si le paiement doit s’effectuer au lieu d’émission, et, dans
les autres cas, dans le délai de vingt (20) jours.
Le chèque émis dans un Etat membre de l’Union Monétaire Ouest Africaine
(UMOA) et payable en Côte d’Ivoire doit être présenté dans le délai de quarante
cinq (45) jours.
Le chèque émis hors de l’Union monétaire Ouest Africaine et payable en Côte
d’Ivoire doit être présenté dans le délai de soixante (60) jours.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 46


Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme date
d’émission.
Après avoir vérifié la régularité apparente du chèque, le banquier doit procéder
au paiement du chèque régulier n’ayant pas fait l’objet d’une opposition. La
vérification porte sur l’identité du porteur et sur l’existence de toutes les
mentions.
S’il s’agit d’un chèque endossable, le banquier tiré est obligé de vérifier la
régularité de la suite des endossements, mais il n’est pas tenu de vérifier la
signature des endosseurs.
Il engage sa responsabilité en cas de non respect de cette obligation.
En France, la loi ordonne le paiement du chèque même sans provision de moins
de 10.000 FCFA.

2.1. Le recours du porteur en cas de chèque sans provision


Dès que le banquier tiré s’aperçoit que le chèque est sans provision, il fait
parvenir au bénéficiaire : une attestation de non paiement accompagnée du
chèque rejeté.
Une régularisation est possible mais dès que le délai de régularisation (30 jours)
est épuisé, ou si le tireur ne bénéficie plus de cette faculté, le porteur du chèque
peut demander au banquier tiré, un certificat de non paiement.
Muni du certificat de non paiement, il pourra procéder au paiement forcé du
chèque par l’intermédiaire d’un huissier.
Le paiement forcé s’opère par une saisie effectuée par un huissier de justice ; il
peut s’agir d’une saisie sur le compte bancaire ou sur le salaire du débiteur, ou
d’une saisie de ses biens meubles...

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 47


CHAPITRE 2 : LA LETTRE DE CHANGE
Effet de commerce important et très utilisé en matière commerciale.

1. Définition et rôle

1.1. Définition
C’est un écrit par lequel, une personne appelé tireur, donne l’ordre à une autre
appelée tirée de payer une certaine somme d’argent, à une date déterminée, à
lui-même ou à une troisième personne appelée bénéficiaire ou porteur.

Remarque : Quelles sont les personnes en présence et leurs rapports ?


Nous avons d’une manière générale, trois personnes en présence qui sont : le
tireur, le tiré et le bénéficiaire.

1.1.1. Le tireur et le tiré


Le tireur est le créancier du tiré, c’est pour cette raison qu’il lui donne l’ordre de
payer. Le plus souvent, la créance du tireur sur le tiré est créée par un contrat
entre les deux. (Vente ou prestation de service). Cette créance, qui est à la base
de la création de la traite s’appelle la Provision. La lettre de change a pour but
d’éteindre la créance.

1.1.2. Le tireur et le bénéficiaire ou porteur


Le tireur est le débiteur du bénéficiaire. Le bénéficiaire est donc le créancier du
tireur. Cette créance est aussi créée par un contrat entre eux. C’est la raison pour
laquelle le tireur remet la traite au bénéficiaire pour payer sa dette.

1.1.3. Le bénéficiaire et le tiré


Ils ne se connaissent pas avant la création de la lettre de change. L’émission de la
traite va faire naître au profit du bénéficiaire, un droit à l’encontre du tiré.

1.2. Le rôle de la lettre de change


La lettre de change est utilisée comme un instrument de crédit car, émise à une
échéance donnée et n’est payée qu’au terme de cette échéance. Elle n’est donc
pas un instrument de paiement.
Par ailleurs, le bénéficiaire, s’il a besoin de liquidité et qu’il ne peut pas attendre
l’échéance (manque d’argent), peut vendre la traite. En effet, il peut présenter la

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 48


lettre de change à l’escompte, c'est-à-dire l’échanger contre l’argent liquidé
auprès d’une banque et obtenir immédiatement de l’argent.
2. Les conditions de l’émission ou création de la lettre de change
La création de la lettre de change est soumise à des conditions de fond (elles sont
relatives à ceux qui l’utilisent) et de forme (elles concernent le document lui-
même).

2.1. Les conditions de fond


Elles concernent le consentement et la capacité.

2.1.1. Le consentement
Il doit être donné de propre gré, c'est-à-dire, doit être exempt de vice. Le
consentement est exprimé par une signature. La signature du tireur est
obligatoire.

2.1.2. La capacité
Tous ceux qui interviennent sur la traite doivent avoir la capacité d’exercer les
actes de commerce.

2.2. Les conditions de forme


La lettre de change doit contenir obligatoirement les mentions suivantes :
- La dénomination « lettre de change ou traite »
- Le mandat pur et simple de payer ou ordre de payer une somme
déterminée : exemple : « veuillez payer » ; « je vous prie de payer » ;
l’ordre ne doit comporter aucune condition. La somme est écrite une fois
en lettre et une fois en chiffre. En cas d’erreur, c’est le montant écrit en
lettre qui est pris en compte.
- Le nom, prénoms et adresse du tiré.
- L’indication de l’échéance, c’est la date à laquelle le bénéficiaire va réclamer
le paiement du tiré.
- Le lieu de paiement
- Le nom du bénéficiaire
- La date et le lieu de création de la traite
- La signature du tireur. Elle peut être manuscrite ou non manuscrite (griffe,
tampon…..)

NB : si l’une des mentions manque, le titre n’a pas de valeur de lettre de change,
mais peut être considéré comme une reconnaissance de dette.
COURS DROIT COMMERCIAL 2017 49
3. La circulation de la lettre de change
La lettre de change se transmet par la technique de l’endossement depuis sa
création jusqu’à son échéance. Il y’a deux sortes d’endossements :

3.1. L’endossement translatif de propriété


Il a pour but de transférer la propriété de la provision et aussi tous les droits de
recours de l’endosseur à l’endossataire.
Plusieurs formules peuvent être utilisées :
« Payer à l’ordre de ….. » plus la date et la signature ; ou bien « transmis à l’ordre
de …. » plus date plus signature ….
L’endossement peut être effectué de plusieurs manières :
- L’endossement au porteur : il se réalise par la formule « transmis ou passé
au porteur ».
- L’endossement en blanc : celui qui endosse met uniquement sa signature.

3.2. L’endossement non translatif de propriété


Il se fait de deux manières :
3.2.1. L’endossement de procuration
C’est un mandat donné par l’endosseur à l’endossataire (un banquier en général)
d’encaisser le montant de la traite à l’échéance.
L’endossataire, c'est-à-dire la banque, doit encaisser les fonds (montant qui figure
sur la traite) et les mettre sur le compte de l’endosseur, c'est-à-dire le client.
Les formules utilisées sont :
« Par procuration » plus date plus signature ou « Valeur en recouvrement » plus
date plus signature.
3.2.2. L’endossement de garantie ou pignoratif
Il permet de donner la traite en gage au banquier en garantie du remboursement
d’un prêt.
Formules utilisées : « valeur en garantie » ou « valeur en gage » plus date plus
signature.
Remarque :
- L’endossement translatif de propriété est le plus pratiqué.
- Tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé ou avalisé une lettre de change
sont liés par une obligation cambiaire. Ils sont donc solidairement
responsables du paiement.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 50


CHAPITRE 3 : LE BILLET A ORDRE, LE WARRANT ET LES CARTES DE PAIEMENT

1. Le billet à ordre

1.1. Définition du billet à ordre


Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne appelée souscripteur (le
débiteur, c'est-à-dire le client) reconnaît sa propre dette et s’engage à payer à
une autre personne appelée bénéficiaire (le créancier, c'est-à-dire le fournisseur
ou un tiers désigné par lui), une certaine somme à une date déterminée.
Remarque :
- Le titre met en présence deux personnes à la différence de la lettre de
change où il y’a trois (3) personnes.
- Ici, le débiteur prend l’initiative et établit lui-même le document par lequel
il s’engage à s’acquitter de sa dette à une date déterminée.
- Sa signature est un acte de commerce.

1.2. La forme du billet à ordre


Pour être valable, le billet à ordre doit comporter les mentions suivantes :
- La dénomination du titre
- La promesse pure et simple de payer une somme d’argent
- L’indication de l’échéance (date de paiement)
- L’indication du lieu où le paiement doit s’effectuer
- Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait.
- L’indication de la date et du lieu où le billet à ordre est souscrit
- La signature de celui qui émet le titre.
NB : Si l’échéance n’est pas indiquée, le billet à ordre vaut comme billet à ordre à
vue, c'est-à-dire payable immédiatement.
Si le lieu de paiement n’est pas indiqué, le lieu de création du titre est réputé lieu
de paiement et lieu de domicile du souscripteur.
Si le lieu de création n’est pas indiqué, le billet à ordre est considéré comme
souscrit dans le lieu désigné à côté du nom du souscripteur.
Les règles applicables à la transmission, au paiement, au recours, aux échéances
et aux prescriptions en matière de lettre de change sont applicables au billet à
ordre.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 51


2. Le warrant
Le warrant est un effet de commerce par lequel le souscripteur, en même temps
qu’il s’engage à payer une somme d’argent à une certaine échéance, confère
(donne) au bénéficiaire et aux porteurs successifs (endosseurs) un nantissement
(garantie) sur les marchandises déposées dans un magasin général ou dans ses
propres magasins et ateliers.

3. Les cartes de paiement


Le paiement par chèque présente un certain nombre d’inconvénients (risque de
perte, chèque sans provision etc.). Par conséquent, le recours aux cartes de
paiement est de plus en plus utilisé. Cependant, les cartes de paiement sont très
peu développées en Côte d’Ivoire contrairement aux pays européens (France). La
plus connue de ces cartes est la carte bancaire.

3.1. Description
La carte de paiement se présente sous forme d’un rectangle de plastique rigide et
comporte :
 Au recto :
Le nom de la carte, le numéro de la carte, la période de validité et le nom du
titulaire.
 Au verso :
Une bande magnétique (et/ou une puce électronique), le nom de la banque qui a
délivré la carte et un spécimen de la signature du titulaire de la carte.

3.2. Le mécanisme
Le titulaire de a carte l’utilise pour les retraits d’espèce dans les distributeurs
automatiques de billets ou dans les guichets automatiques des banques.
Pour éviter les risques de retrait frauduleux (vol ou perte de la carte), le titulaire
utilise un code confidentiel qu’il est le seul à connaitre.
Cela est un avantage, car il permet d’éviter les longs rangs dans les banques lors
des virements.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 52


TITRE 4 : LES SOCIETES COMMERCIALES

CHAPITRE 1 : LES REGLES COMMUNES AUX SOCIETES COMMERCIALES

1. Définition de la société commerciale


La société est un groupement, dotée ou non de la personnalité morale, crée par
une ou plusieurs personnes qui affectent par contrat ou acte unilatéral écrit, des
biens à une activité dans le but d’en tirer des bénéfices ou une économie.
Ainsi l’acte qui crée la société commerciale est soit un contrat soit un acte
unilatéral écrit.
Lorsque la société est crée par une seule personne, on parle de société
unipersonnelle. Lorsqu’elle est créée par plusieurs personnes on parle de société
pluripersonnelle

2. La constitution de la société commerciale


La constitution d’une société commerciale repose soit sur un contrat lorsqu’il
s’agit d’une société pluripersonnelle soit sur un acte unilatéral, s’il s’agit d’une
société unipersonnelle.

2.1. Le contrat de société


Le contrat qui crée une société doit satisfaire aux conditions de validité de tout
contrat et aux conditions spécifiques du contrat de société.

2.1.1. Conditions générales de validité des contrats


Les règles générales sont relatives au consentement, à la capacité à l’objet et à la
cause.

A. Le consentement
Tous les associés de la future société doivent avoir donné leur consentement au
contrat de société. Ce consentement ne doit pas être vicié, c’est à dire donné par
erreur, obtenu par dol ou par la violence.
Dans le cas contraire on aboutit à la nullité de la souscription s’il s’agit d’une
société de capitaux, ou à la nullité du contrat de société s’il s’agit d’une société
de personne.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 53


B. La capacité
Les associés doivent avoir la capacité de contracter.
Les mineurs et les incapables majeurs ne peuvent être associés d’une société
dans laquelle ils seraient tenus des dettes au delà de leurs apports. Ce qui les
exclut des sociétés en nom collectif et de la catégorie des commandités dans la
société en commandite simple. Quant aux époux, ils ne peuvent être tous deux
associés dans une société où ils seraient tenus du passif social indéfiniment et
solidairement.

C. L’objet
C’est l’activité envisagée par la société. Cette activité doit être déterminée ou
déterminable et décrite dans les statuts. L’objet ne doit pas être illicite.

D. La cause
La cause est la raison pour laquelle la société a été constituée.
Le motif de la création de la société ne doit pas être contraire à la loi ou
immorale.
Il est par exemple interdit de créer une société pour faire des bénéfices dans la
vente de la drogue.

2.1.2. Les conditions spécifiques au contrat de société


Articles : 4 à 6 de l’AUR-DSC-GIE
La validité du contrat de société exige des conditions supplémentaires que sont :
d’une part, les apports, le partage des bénéfices et la contribution aux pertes,
l’affectio societatis, d’autre part, des conditions liées à la personne des associés
pour certains types de sociétés.

A. Les apports
L’apport est la contribution de chaque associé à la création de la société
commerciale. L’acte uniforme reconnaît trois types d’apport : les apports en
numéraire, en nature et en industrie. article 40 de l’AUR-DSC-GIE.

- L’apport en numéraire
L’apport en numéraire est en argent, le montant minimum de l’apport varie selon
le type de société à créer.
Il est d’un montant minimal de 5.000 FCFA par associé pour la S.A.R.L. pour un
capital minimum de 1.000.000 FCFA. Le montant minimal de l’apport est de
10.000 FCFA pour la S.A. pour un capital minimum de 10.000.000 FCFA.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 54


La constitution de la S.N.C. et de la société en commandite simple n’exige pas
d’apports et de capitaux minimum. Art. 311-art. 387 de l’AUR-DSC-GIE
Dans les sociétés anonymes (S.A), Les apports en numéraire doivent être
intégralement souscrits lors de la constitution de la société et versé au quart à la
souscription.

- Les apports en nature


Ce sont des apports, en propriété, en jouissance ou en usufruit d’un bien. Les
apports en nature doivent être intégralement libérés lors de la constitution de la
société.

- L’apport en industrie
C’est un apport en main d’œuvre, il s’agit par exemple, du savoir – faire de
l’associé.

B. le partage des bénéfices et la contribution aux pertes


La société a une finalité alternative. On peut créer une société soit pour avoir des
dividendes, soit pour faire des économies. Art. 4 de l’AUR-DSC- GIE
Chaque associé reçoit une part des bénéfices mais contribue également aux
pertes.
Les clauses léonines sont interdites ; la clause léonine est une clause du contrat
qui exonère un associé des pertes ou qui le prive des bénéfices.

C. Les associés
Les associés, personne physique ou morale, sont ceux qui créent juridiquement la
société commerciale en y apportant des biens. Ils doivent être au moins au
nombre de deux dans les sociétés pluripersonnelles. Toute personne peut être
associée dans une société commerciale lorsqu’elle ne fait l’objet d’aucune
interdiction ou incompatibilité.
Les mineurs et les incapables ne peuvent être associés d’une société dans laquelle
ils seraient tenus des dettes sociales au delà de leurs apports. Deux époux ne
peuvent être associés d’une société dans la quelle ils seraient tenus des dettes
sociales indéfiniment ou solidairement. Voir page précédente sur les conditions
générales de validité des contrats de société relativement à la capacité des
associés.

D. L’affectio Societatis
Elle consiste dans la volonté des associés de collaborer de façon active et
égalitaire.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 55


2.1.3. L’acte unilatéral constitutif de la société commerciale
En tant qu’acte constitutif d’une société commerciale, l’acte unilatéral est une
innovation apportée par l’AUR-DSC-GIE. Cet acte doit être accompli
conformément aux règles générales de validité des actes juridiques. L’auteur de
l’acte unilatéral peut être une personne, physique ou morale, il est appelé
« associé unique ».

2.1.4. Les formalités de constitution


La constitution d’une société est soumise à la rédaction et à la signature d’un écrit
appelé statuts. Les associés doivent également déposer une déclaration dite de
régularité et de conformité au registre du commerce et du crédit mobilier et
procéder à l’immatriculation de la nouvelle société. La constitution est enfin
soumise à des formalités de publicité.

A. La déclaration de conformité
Les fondateurs et les premiers dirigeants de la société commerciale doivent
déposer au registre du commerce et du crédit mobilier une déclaration dans
laquelle ils affirment que cette constitution a été réalisée conformément aux
prescriptions de l’AUR-DSC-GIE.
Le défaut du dépôt de cette déclaration entraîne le rejet de la demande
d’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

B. La déclaration de la naissance : l’immatriculation au


R.C.C.M.
La société commerciale ne peut exister que si elle est immatriculée au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier. L’immatriculation sert également à l’information
des tiers. Celle - ci doit intervenir dans le mois de la signature des statuts de la
société.

C. La publicité
La société commerciale, une fois constituée et immatriculée au R.C.C.M., doit
faire l’objet d’une publicité dans un délai de quinze jours suivant
l’immatriculation.
Le contrat de société peut être annulé si les conditions de constitution ne sont
pas respectées. Toutefois, l’acte uniforme permet aux associés de régulariser la
situation de la société entachée de nullité dans un certain délai.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 56


2.1.5. Les attributs de la personnalité morale de la société
commerciale
La société commerciale régulièrement formée et déclarée au R.C.C.M., est dotée
de la personnalité morale. C’est à dire qu’elle a une existence juridique distincte
de celle de ses créateurs. Elle devient une personne juridique apte à avoir des
droits et à assumer des obligations, avec des attributs que sont : notamment la
dénomination, le siège social, le patrimoine et la nationalité.

3. Le fonctionnement de la société commerciale


Le fonctionnement de la société est en principe assuré par des personnes
physiques qui en sont les organes. Chargées de la gestion et de l’administration,
ces personnes physiques appelées dirigeants sociaux sont dotées de pouvoirs qui
ont leurs limites dans les droits reconnus aux associés.

3.1. Les organes de gestion


Les organes de gestion sont constitués par les gérants dans les sociétés de
personnes et les SARL, et par le conseil d’administration dirigé par le président
directeur général ou l’administrateur général dans les SA.
Les dirigeants sont nommés et révoqués par les associés à des conditions qui
tiennent non seulement au type de société considéré mais également au statut
du dirigeant.
En cas de difficultés, les parties auront recours aux tribunaux.

3.2. L’assemblée des associés


Elle contrôle et sanctionne les organes de gestion qu’elle nomme et révoque. Elle
statue également sur l’affectation des résultats. En cas de bénéfices, elle peut en
décider la distribution ou la mise en réserve.
Dans certain cas, l’acte uniforme a prévu un organe spécialisé de contrôle appelé
commissaire aux comptes.

3.3. Le commissaire aux comptes


Il est chargé d’une mission légale de vérification des comptes de la société.

3.4. Les droits propres des associés


Les associés non gérants ont des droits.
- Il s’agit premièrement du droit de participer à la gestion à travers les
Assemblées d’associés qui statuent suivant des conditions de quorum et de
majorité selon le type de société., le droit de nommer les organes
dirigeants de la société et souvent celui de les révoquer ;

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 57


- Ils ont également le droit d’ester en justice pour attaquer les actes
irréguliers accomplis par les dirigeants sociaux.
- Ils ont aussi le droit de contrôle de la gestion de la société et par
conséquent le droit à l’information relativement à la gestion de la société.
- Ils ont enfin le droit de toucher une quote-part des bénéfices.

3.5. L’exercice social


La vie sociale est organisée en exercices sociaux. L’exercice social est une période
d’une année au cours de laquelle la société doit être gérée au quotidien et au
bout de laquelle les résultats financiers sont évalués. Cette période part en
principe du 1er janvier au 31 décembre de l’année en cours.

3.6. L’affectation des résultats


Les associés peuvent décider de la distribution des bénéfices ou de sa mise en
réserve après, constitution des dotations nécessaires à la réserve légale et aux
réserves statutaires.
Au cours des exercices, les statuts peuvent subir des modifications, de même qu’il
peut s’effectuer des changements dans les personnes des associés ;
Les modifications des statuts ne sont permises que si elles n’accroissent pas les
engagements des associés. Les conditions de modifications varient suivant le type
de société concernée.

3.7. Transmission des droits sociaux


Il s’agit ici des changements dans les personnes des associés ;
- Dans les sociétés par actions, les droits sociaux représentés par des actions
sont négociables et donc librement transmissibles.
- Dans les autres sociétés, la transmission des droits sociaux est soumise à
des conditions strictes et n’est donc pas libre ; ces conditions varient selon
chaque société.

4. La dissolution de la société commerciale


La dissolution d’une société commerciale peut avoir lieu pour diverses raisons.
L’effet principal de celle–ci est la disparition de la personne morale, laquelle est
retardée, le cas échéant, pour les besoins de la liquidation.
Les causes de la dissolution d’une société commerciale sont légales, statutaires,
volontaires ou judiciaires.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 58


4.1. La dissolution légale
Elle intervient en cas de réduction du nombre d’associés en dessous du minimum
légal pour les sociétés qui ne peuvent être unipersonnelles et par conséquent par
la réunion de toutes les parts sociales entre les mains d’une seule personne.
La dissolution a également lieu en cas de décès, d’incapacité, de faillite ou
d’interdiction d’un associé dans les sociétés de personnes. Mais les statuts
peuvent prévoir que la société continuera avec les autres associés, ou avec les
héritiers selon les cas.
La dissolution légale a lieu enfin, en cas d’annulation de la société par l’effet d’une
décision de justice

4.2. La dissolution statutaire


Elle découle des causes prévues par les statuts telles que l’arrivée du terme,
l’extinction de l’objet.

4.3. La dissolution volontaire


Les associés peuvent décider de la dissolution anticipée aux conditions quorum et
de majorité des modifications des statuts.

4.4. La dissolution judiciaire


Elle a lieu :
- Pour justes motifs à la demande d’un associé.
- En cas d’inexécution par un associé de ses obligations ou de
mésintelligence entre associés empêchant le fonctionnement normal de la
société.
Les effets de la dissolution varient selon qu’il s’agit d’une société pluripersonnelle
ou d’une société unipersonnelle. A l’égard des sociétés pluripersonnelles La
dissolution entraîne de plein droit la liquidation de la société en vue d’effectuer le
partage du patrimoine social.
La liquidation est l’ensemble des opérations qui permettent de régler les affaires
en cours et de réaliser l’actif en vue d’apurer le passif.A la fin des opérations de
liquidation ont lieu celles relatives au partage.
En cas de dissolution d’une société unipersonnelle, il y a transmission universelle
du patrimoine de la société à l’associé unique sans qu’il y ait lieu à liquidation,
une fois que toutes les dettes de la société ont été réglées.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 59


CHAPITRE 2 : LES REGLES PARTICULIERES A CHAQUE TYPE DE SOCIETE
COMMERCIALE

Voir Tableau.
TABLEAU COMPARATIF DES SOCIETES COMMERCIALES

Critères SNC SARL SA SCS


Réunion des Pas de capital Capital minimum : Capital minimum :
Pas de capital minimum
capitaux minimum 1.000.000 FCFA 10.000.000 FCFA
Les bénéfices peuvent Bénéfices : la réalisation de bénéfices
Résultats être appropriés en oblige les associés à ne pas partager
totalité par les une partie des bénéfices appelée
associés. réserve légale.
Pertes : obligation de reconstituer le
capital lorsque les capitaux propres
sont inférieurs à la moitié de celui-ci.
L’associé qui veut se retirer doit céder ses droits. Cette cession n’emporte pas cession de l’entreprise,
mais seulement changement d’associé.
Libre négociabilité des La cession des parts doit
La cession des parts La cessibilité des parts actions, sauf clause être autorisée à
doit être autorisée à aux tiers est restreinte. d’agrément. l’unanimité mais les
l’unanimité statuts
Transmission peuvent prévoir
des titres conditions
différentes de quorum
et de majorité
un écrit et une publicité
sont obligatoires
Le décès d’un
associé :
n’emporte pas La transmission des
transmission de actions s’effectue au
l’entreprise La transmission des parts profit des héritiers
mais entraîne : s’effectue au profit des
Transmission dissolution de la héritiers
de société
l’entreprise sauf clause de
continuation
entre les
survivants ou
avec les héritiers.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 60


Administration avec conseil
d’administration :
-Gérance individuelle ou -Gérance Avec un PDG ou
collective individuelle ou Avec PCA et DG gérance : tous les
Personne physique ou collective Conseil d’administration : 3 commandités
personne morale, Personne physique à 12 membres, 24 au ou un ou plusieurs
associé ou non uniquement, plus en cas de fusion commandités sur
nommée à la majorité Associé ou non Durée mandat : 2 ans maxi, décision des statuts
des associés nommée à la si désigné par les ou décision collective
Forme représentant la majorité des statuts ou par ultérieure
d’administrati moitié du capital associés l’assemblée générale Jamais un
on, de social représentant la constitutive commanditaire
direction ou Pour 4 ans moitié du capital Ne peut être chargé de
de gestion renouvelables social Administration avec la gérance
-Révocation à Pour 4 ans, administrateur général : sinon il devient
l’unanimité des renouvelable facultatif pour les SA de un indéfiniment
associés -Révocation pour à trois actionnaires et solidairement
justes motifs Peut être assisté par un ou responsable des dettes
mais toujours à plusieurs administrateur de la société.
la majorité général adjoints
absolue Durée du mandat, la même
que dans la SA avec conseil
d’administration
Attribués aux dirigeants de la société, nommés :
A l’unanimité A la majorité A la majorité A l’unanimité des
Les pouvoirs peuvent commandités,
être Le ou les dirigeants
limités par les statuts doivent être
commandités
Les pouvoirs peuvent être
Pouvoirs de
limités par les statuts
gestion
Sont contrôlés par l’assemblée des associés
Sont contrôlés
Eventuellement : par Sont contrôlés par les commissaires aux comptes Indéfinie et solidaire.
les commissaires
Responsabilité
des associés Indéfinie et solidaire. Limitée aux apports.
Décès, faillite, incapacité, Capitaux propres
interdiction d’un associé inférieurs à la moitié Décès d’un associé,
du capital social faillite, liquidation,
Dissolution interdiction d’un associé
sauf statuts contraires ou
décisions des associés à
l’unanimité

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 61


CHAPITRE 3 : SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEE (SAS)
La SAS est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts
prévoient librement l’organisation et le fonctionnement. Les associés de la SAS ne
sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs
droits sont représentés par des actions.

1. Constitution
Lorsque la SAS ne comporte qu’une seule personne, celle-ci est dénommée
« associé unique ».
La SAS est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement
précédée ou suivie des mots « Société par Actions Simplifiée » ou du sigle « SAS ».
Lorsqu’elle ne comprend qu’un seul associé, la dénomination devient « Société
par Actions Simplifiée Unipersonnelle » ou « SASU ».
Contrairement à la SA, la SAS ne peut faire publiquement appel à l’épargne.
Le montant du capital social ainsi que du nominal des actions est fixé par les
statuts.
La SAS peut émettre des actions inaliénables résultant d’apports en industrie.

2. Fonctionnement
Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la SAS est dirigée.
A défaut de clauses statutaires spécifiques, les attributions du Conseil
d’Administration ou de son président sont exercés par le président de la SAS ou
celui ou ceux de ses dirigeants que les statuts désignent à cet effet.
La SAS est représenté à l’égard des tiers par un président désigné statutairement.
Ce dernier est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social.
Dans ses rapports avec les tiers, la SAS est engagée même par les actes du
président qui ne relèvent pas de l’objet social.
Les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles une ou plusieurs
personnes autres que le président, portant le titre de directeur général ou de
directeur général adjoint, peuvent exercer les pouvoirs confiés à ce dernier.
Les clauses des statuts, les décisions des organes sociaux limitant les pouvoirs du
président, du DG ou du DGA sont inopposables aux tiers.
Les statuts déterminent les décisions qui doivent être prises collectivement par
les associés dans les formes et conditions qu’ils stipulent. Les décisions prises en
violation des clauses statutaires sont nulles.
Dans les SASU, le rapport de gestion et les comptes annuels sont arrêtés par le
président. L’associé unique ne peut déléguer ses pouvoirs. Ses décisions sont
répertoriées dans un registre spécial.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 62


Lorsque l’associé unique, personne physique, assume personnellement la
présidence de la société, le dépôt, dans le même délai au RCCM de l’inventaire et
des comptes annuels dument signés vaut approbation des comptes.
Sont tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes les SAS qui
remplissent, à la clôture de l’exercice social, deux des conditions suivantes :
-Total du bilan supérieur à 125 millions de francs CFA ;
-Chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 millions de francs CFA ;
-Effectif permanent supérieur à 50 personnes.
Sont également tenues de signer au moins un commissaire aux comptes les SAS
qui contrôlent ou qui sont contrôlées par une ou plusieurs sociétés.
A peine de nullité de la convention, il est interdit au président et aux dirigeants,
ainsi qu’à leurs conjoints, ascendants ou descendants et autres personnes
interposées, de contracter , sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès
de la société, de se faire consentir par elle un découvert, ainsi que de faire
cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers.
Cette interdiction ne s’applique pas aux personnes morales dirigeantes.

3. Dissolution
La dissolution de la SAS obéit aux règles classiques de dissolution à savoir :
-L’arrivée du terme statutairement fixé ;
-L’extinction de l’objet social ou ;
-Toute autre cause de dissolution liée à la mésentente entre associés.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 63


CHAPITRE 4 : LES SOCIETES COOPERATIVES

1. Définition
La société coopérative est un groupement autonome de personnes
volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques,
sociaux et culturels communs, au moyen d’une entreprise dont la propriété et la
gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement et selon les
principes coopératifs. La société coopérative peut, en plus de ses coopérateurs
qui en sont les principaux usagers, traiter avec des usagers non coopérateurs dans
les limites que fixent les statuts.

2. Spécificités de la société coopérative


Il est salutaire de comprendre certaines spécificités de la société coopérative.

2.1. Principes coopératifs


La société coopérative est constituée et gérée selon les principes coopératifs
universellement reconnus, à savoir : l’adhésion volontaire et ouverte à tous ;
le pouvoir démocratique exercé par les coopérateurs ; la participation
économique des coopérateurs ; l’autonomie et l’indépendance ;l’éducation,
formation et l’information ; la coopération entre organisations à caractère
coopératif ; l’engagement volontaire envers la communauté.
Toute discrimination fondée sur le sexe ou sur l’appartenance ethnique, religieuse
ou politique est interdite.

2.2. Qualité d’associé


Toute personne physique ou morale peut être coopérateur d’une société
coopérative. La société coopérative est composée de coopérateurs qui, unis par le
lien commun (profession, à une identité d’objectif, d’activité, ou de forme
juridique) sur la base duquel la société a été créée, participent effectivement et
suivant les principes coopératifs, aux activités de ladite société et reçoivent en
représentation de leurs apports des parts sociales.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 64


2.3. Statuts et règlement intérieur
Les statuts constituent le contrat de société. Ils sont établis par acte sous seing
privé ou par acte notarié. Il en est dressé autant d’originaux qu’il est nécessaire
pour le dépôt d’un exemplaire au siège social et l’exécution des diverses
formalités requises. Un exemplaire des statuts est tenu à la disposition de tout
associé au siège social de la société coopérative.

3. Différentes catégories de sociétés coopératives

3.1. SCOOPS

3.1.1.Définition
La société coopérative simplifiée est constituée entre cinq personnes physiques
ou morales au minimum. La constitution de la société coopérative simplifiée est
décidée par une assemblée générale constitutive. La société coopérative est
désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou
suivie en caractères lisibles, de l’expression « Société Coopérative Simplifiée » et
du sigle « SCOOPS ».

3.1.2. Constitution

A. Conditions de fond
La société coopérative simplifiée est constituée avec un capital social initial dont
le montant est indiqué dans les statuts.
Les statuts de la société coopérative simplifiée doivent nécessairement contenir
l’évaluation de chaque apport en nature. Les coopérateurs sont indéfiniment et
solidairement responsables des suites de l’évaluation inexacte nature ou
frauduleuse ou du défaut d’évaluation des apports en nature.
Les fonds provenant de la libération des parts sociales font l’objet d’un dépôt
immédiat par les initiateurs ou l’un d’entre eux, dûment mandaté à cet effet, en
banque, dans une société coopérative d’épargne et de crédit, dans un centre de
chèques postaux ou dans toute autre institution habilitée par la législation de
l’Etat Partie à recevoir de tels dépôts, contre récépissé dans un compte ouvert au
nom de la société coopérative en formation.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 65


B. Conditions de forme
Le projet de statuts doit être soumis à l’assemblée générale constitutive pour
adoption.
Les coopérateurs participent en personne, à peine de nullité, à l’assemblée
générale constitutive de la société coopérative simplifiée.
La société coopérative simplifiée est tenue de requérir son immatriculation au
Registre du commerce
3.1.3. Fonctionnement
A. Transmission des parts
La transmission des parts sociales ne peut intervenir qu’entre personnes
partageant le lien commun sur la base duquel les coopérateurs se sont réunis. Les
statuts organisent librement les modalités de transmission des parts sociales
entre coopérateurs. A défaut, la transmission des parts entre coopérateurs est
libre.
B. Gérance
La société coopérative simplifiée est dirigée par un comité de gestion composé de
trois membres au plus. Lorsque le nombre de coopérateurs est au moins de cent
ou lorsque ce seuil est atteint en cours de vie sociale, le nombre des membres du
comité de gestion peut être porté par les statuts de trois à cinq.
L’assemblée générale élit les membres du comité de gestion parmi ses membres
personnes physiques à la majorité simple, à moins qu’une clause des statuts
n’exige une majorité supérieure.
Le comité de gestion nomme parmi ses membres un président.

Les statuts organisent l’élection des membres du comité de gestion et


déterminent la durée de leur mandat.
Les fonctions de président et des autres membres du comité de gestion ne sont
pas rémunérées.
Le président et les autres membres du comité de gestion sont révocables par
décision des coopérateurs dans les conditions de vote et de quorum relatives à la
modification des statuts.
Le président et les autres membres du comité de gestion peuvent librement
démissionner.
Dans les rapports entre coopérateurs et en l’absence de détermination de ses
pouvoirs par les statuts, le comité de gestion peut faire tous les actes de gestion
dans l’intérêt de la société coopérative simplifiée.
Les décisions collectives sont prises en assemblée générale.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 66


Chaque coopérateur a le droit de participer aux décisions de l’assemblée générale
et ne dispose que d’une voix, quel que soit le nombre de parts sociales qu’il
possède.

C. Assemblée générale
Les coopérateurs sont convoqués aux réunions de l’assemblée générale par le
président du comité de gestion et, en cas d’empêchement de celui-ci, par un
membre du comité de gestion.
Les coopérateurs, s’ils représentent au moins le quart des associés de la société
coopérative simplifiée, peuvent exiger la réunion de l’assemblée générale.

Les coopérateurs ont un droit d’information permanent sur les affaires de la


société coopérative. Préalablement à la tenue des réunions de l’assemblée
générale, ils ont, en outre, un droit de communication
La société coopérative simplifiée peut être transformée en société coopérative
avec conseil d’administration ou en une société non régie par le présent Acte
uniforme.

D. Commission de surveillance
La commission de surveillance est l’organe de contrôle de la société coopérative
simplifiée. Elle agit dans le seul intérêt des coopérateurs.
La commission de surveillance est mise en place dès que le nombre des
coopérateurs le permet.
La commission de surveillance est composée de trois à cinq personnes physiques
élues par l’assemblée générale.

5-2-COOPCA

5.2.1. Définition
La société coopérative avec conseil d’administration est constituée entre quinze
personnes physiques ou morales au moins. La société coopérative avec conseil
d’administration est désignée par une dénomination sociale qui doit être
immédiatement précédée ou suivie, en caractères lisibles, de l’expression «
Société Coopérative avec Conseil d’Administration » et du sigle « COOPCA ».

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 67


5.2.2. Constitution
Le capital de la société coopérative avec conseil d’administration doit être
entièrement souscrit avant la tenue de l’assemblée générale constitutive.
Les parts sociales représentant des apports en numéraire sont libérées, lors de la
souscription du capital, d’un quart au moins de leur valeur nominale et sont
déposés dans une banque ou toute autre institution habilitée.
L’évaluation des apports en nature est faite, sous le contrôle de l’union ou de la
fédération, par un commissaire aux apports désigné par les initiateurs de la
société coopérative
Par ailleurs L’assemblée générale constitutive ne délibère valablement que si les
deux tiers au moins des membres initiateurs sont présents

5.2.3. La gérance
La société coopérative avec conseil d’administration est dirigée par un conseil
d’administration. Elle est administrée par un conseil d’administration composé de
trois membres au moins et de douze membres au plus. Ils sont élus par
l’assemblée générale constitutive.
Les statuts organisent l’élection des administrateurs et détermine la durée de leur
mandat. Leur mandat prend fin par démission, révocation, décès, perte de la
qualité de coopérateur.
En outre, Le conseil d’administration est investi des pouvoirs les plus étendus
pour agir en toutes circonstances au nom de la société coopérative avec conseil
d’administration. Il les exerce dans la limite de l’objet social.

5.2.4. Réunion conseil d’administration


Le conseil d’administration, sur convocation de son président, se réunit aussi
souvent que nécessaire et au minimum une fois par trimestre.
Toutefois, les administrateurs constituant le tiers au moins des membres du
conseil d’administration, peuvent, en indiquant l’ordre du jour de la séance,
convoquer le conseil d’administration, si celui-ci ne s’est pas réuni depuis plus de
deux trimestres.
Le conseil d’administration peut, après consultation du conseil de surveillance,
recruter et nommer, en dehors de ses membres, un directeur ou un directeur
général qui doit être une personne physique. Le conseil d’administration
détermine la durée des fonctions du responsable chargé de direction.
5.2.6. Le conseil de surveillance
Le conseil de surveillance est l’organe de contrôle de la société coopérative avec
conseil d’administration. Il agit dans le seul intérêt des membres de celle-ci. Le

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 68


conseil de surveillance est composé de trois à cinq personnes physiques élues par
l’assemblée générale parmi les coopérateurs.

5.2.7 Assemblée générale


L’assemblée des coopérateurs est convoquée par le conseil d’administration. A
défaut, elle peut être convoquée par le conseil de surveillance ou par
l’organisation faîtière.
En ce qui concerne l’assemblée générale ordinaire annuelle, tout coopérateur a le
droit de prendre connaissance au siège social des documents relatifs à la
structure
L’assemblée générale ordinaire se réunit au moins une fois par an, dans les six
mois de la clôture de l’exercice, sous réserve de la prorogation de ce délai par
décision de justice.
L’assemblée générale ordinaire ne délibère valablement, sur première
convocation, que si la moitié des coopérateurs de la société coopérative avec
conseil d’administration sont présents ; sur deuxième convocation, la présence
d’un quart au moins de ces associés suffit.
L’assemblée générale extraordinaire ne délibère valablement que si les deux tiers
des coopérateurs de la société coopérative avec conseil d’administration sont
présents ou représentés. Lorsque le quorum n’est pas réuni, l’assemblée peut
être convoquée une deuxième fois dans un délai qui ne peut excéder deux mois à
compter de la date fixée par la première convocation; dans ce cas, elle peut
valablement délibérer avec la moitié au moins des coopérateurs présents ou
représentés.
5.2.8. Responsabilités
La responsabilité des coopérateurs est au minimum égale au montant des parts
sociales souscrites. Néanmoins, les statuts peuvent prévoir une responsabilité
plus étendue qui ne peut excéder cinq fois le montant des parts sociales
souscrites.
Les initiateurs de la société coopérative avec conseil d’administration auxquels la
nullité est imputable et les administrateurs en fonction au moment où elle a été
encourue peuvent être déclarés solidairement responsables du dommage
résultant, pour les coopérateurs ou pour les tiers, de l’annulation de la société
coopérative avec conseil d’administration. La même solidarité peut être retenue à
l’égard des coopérateurs dont les apports n’ont pas été vérifiés et approuvés.
Les administrateurs sont responsables individuellement ou solidairement, selon le
cas, envers la société ou envers les tiers, des infractions aux dispositions
législatives ou réglementaires applicables aux sociétés coopératives avec conseil
d’administration, des violations des dispositions des statuts et des fautes
commises dans leur gestion.

COURS DROIT COMMERCIAL 2017 69

Vous aimerez peut-être aussi