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DROIT DES AFFAIRES

M. KRAHIBOUE

PREMIERE PARTIE : DROIT COMMERCIAL GENERAL

INTRODUCTION

Sujet 1 : Qu'est-ce que le droit commercial ? Ou le droit commercial est-il le


droit des commerçants ou plutôt le droit qui régit les actes de commerce ?

Pour répondre à cette question, deux conceptions du droit commercial avaient été
développées : l'une dite subjective, l'autre dite objective (l).

Les deux étant insuffisantes, il convient de les mélanger pour mieux cerner la
définition du droit commercial (II).

I / L’insuffisance des deux conceptions

A / La conception subjective
Selon cette conception subjective, le droit commercial est le droit applicable à ceux
qui font le commerce, c'est à dire les commerçants. Elle se prévalait de la profession
; en effet, disait-on, la plupart des actes juridiques que font les commerçants sont
exactement les mêmes que ceux qui sont accomplis dans la vie civile. Par conséquent,
s'ils ont la nature d'actes de commerce, cela ne peut être que du seul fait de la qualité
de leur auteur. Cette conception se heurtait à des objections :

- D'abord, tous les actes accomplis par un commerçant ne se rapportent pas à


l'exercice de sa profession. Ex : un commerçant peut accomplir des actes civils qui ne
sont pas liés à l'exercice de sa profession commerciale

- Ensuite, des non commerçants peuvent accomplir des actes qui, par nature ou
par la forme sont commerciaux. Ce faisant, on aboutissait à la conception objective.

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B / La conception objective

Selon cette conception le droit commercial est le droit applicable aux opérations de
commerce, c'est-à-dire aux actes de commerce. En effet, celle-ci se prévalait d'une
idée simple : « compte tenu de l'égalité civile, si un code de commerce a été rédigé,
c'est qu'il était appelé à régir non pas une classe particulière de sujet de droit, mais
une catégorie d'actes ». D'ailleurs disait-on, il s'agissait d'un code de commerce et
non d'un code de commerçant.

Cette conception est également insuffisante. En effet, tous les actes juridiques n'ont
pas une nature déterminée par leur forme ou pas leur objet ; il faut alors considérer
pour quel fait ils ont été effectués. Pour ce faire, il fallait analyser l'activité
économique des parties en présence pour dire s'ils sont commerciaux parce que fait
par des commerçants. On retrouvait alors la conception subjective ; d'où le mélange
des deux pour pouvoir définir le droit commercial.

II / Le mélange des deux conceptions


Du point de vue subjectif, le droit commercial se définit comme un ensemble de
règles qui s'appliquent aux commerçants ; mais des problèmes se posent si on agit
ainsi puisque tous les actes passés par le commerçant ne sont pas forcément des actes
de commerce : ils sont parfois civils. Selon la conception objective, il faut statuer sur
la finalité des actes passés par le commerçant pour dire s'ils sont commerciaux ou
non. Aucune de ces deux conceptions n'étant totalement suffisante pour appréhender
le domaine ou droit commercial, on a opté pour un mélange des deux. Ce faisant, le
droit commercial peut se définir comme l'ensemble des règles juridiques régissant les
actes de commerce, les commerçants, les sociétés commerciales ainsi que les
opérations juridiques qu'ils effectuent.

Sujet : Quelles sont les sources du droit commercial ?

II s'agit de préciser d'où viennent les normes juridiques applicables en droit


commercial. On distingue : les sources classiques du droit commun (I); les sources
spécifiques ou particulières au droit commercial (II).

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I / Les sources classiques du droit commun

II s'agit principalement de la loi et de la jurisprudence. La doctrine qui est l'ensemble


des écrits des praticiens et des enseignants du droit n'est pas considérée comme une
source du droit mais plutôt une autorité du droit.

A / La loi
La loi désigne aussi les actes votés par le parlement. Elle désigne également les actes
ratifiés par le parlement c'est-à-dire les traités internationaux. En effet, les Etats
africains de la zone franc ont signé un traité ratifié par l'Etat de Côte d'Ivoire créant
une organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires
(OHADA). C'est ce droit qui est en vigueur en Côte d'Ivoire. Conformément à ce
traité, les Etats partis vont adopter les textes désignés sous la terminologie « d’acte
uniforme ». Comme actes uniformes actuellement applicables en matière
commerciale, nous avons l'acte uniforme portant droit commercial général, ainsi que
l'acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt
économique.

B / La jurisprudence

La jurisprudence peut se définir comme la solution donnée par les juridictions à un


problème donné. Le rôle du juge est de dire le droit ou d'interpréter la loi. En droit
ivoirien, les décisions rendues en matière commerciale le sont par les tribunaux de
première instance ou leur section détachée statuant en matière commerciale puisqu'il
n'existe pas de tribunaux de commerce. Avec l'institution de l'arbitrage par l'OHADA,
il faut s'attendre à des sentences arbitrales comme source du droit commercial. En
effet, la cour commune de justice et d'arbitrage va se prononcer sur les arrêts rendus
par les cours d'appel dans toutes les affaires relatives au droit uniforme.

II / Les sources spécifiques ou particulières du droit commercial

On distingue essentiellement les usages. La pratique commerciale a fait naître


certaines règles que le législateur n'a pas érigé en règles légales, mais n'en sont moins
obligatoires : il s'agit des usages. En effet, les relations continues entre les membres
d'un domaine d'activité donné donnent naissance à un ordre juridique créé par eux-
mêmes ; l'acte uniforme en son article 207 alinéa 1er précise que : « les parties sont
liées par les usages auxquels elles ont consenti et par les habitudes qui se sont
établies dans leurs relations commerciales ». Il y a deux catégories d'usage : l’usage
conventionnel ou de fait et l'usage de droit ou encore appelée coutume.

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A / L'usage conventionnel ou de fait

II se présente à l'origine comme une pratique restreinte, limitée à un petit nombre de


commerçants qui se conforment toujours à la même manière d'agir lorsque les
circonstances sont identiques. Puis par imitation, les mêmes actes juridiques ou les
mêmes actes matériels vont se généraliser pour conférer à ces usages un caractère
collectif. L'acte uniforme portant sur le droit commercial général consacre même
l'usage conventionnel notamment dans la vente commerciale à travers l'article 207
alinéa 1er précité. L'usage conventionnel a la valeur d'une règle supplétive c'est-à-dire
que les parties peuvent l'écarter si elles le désirent. Il tire sa source du principe de
l'autonomie de la volonté.

Si l'usage de fait ne s'applique pas, il faut que les parties le mentionnent dans leur
convention ; dans le silence de la convention, l'usage conventionnel s'applique. Si les
parties ne sont pas de la même profession, l'usage conventionnel ne s'applique à une
partie que si elle en a eu connaissance et l'a expressément accepté.

Celui qui se prévaut d'un usage conventionnel doit prouver l'existence et le contenu
de cet usage. Enfin, la violation de l'usage conventionnel par le Juge ne donne pas
ouverture à cassation puisque c'est une question de fait qui relève de l'appréciation
souveraine des Juges de fonds.

2- L'usage de droit ou coutume

Il se forme de façon identique à l'usage conventionnel ; mais n'est pas admis par
interprétation de la volonté des parties. Il s'impose par lui-même comme une norme
objective et s'applique soit dans le silence de la loi, soit pour compléter la loi. Si c'est
une loi supplétive, l'usage de droit peut la remplacer ; si la loi est impérative (les
parties ne peuvent y déroger), l'usage de droit ne peut la remplacer.

L'usage de droit est consacré par l'acte uniforme en son article 207 alinéa 2 en ces
termes : « sauf conventions contraires des parties, celles-ci sont réputées s'être
tacitement référées dans le contrat de vente commercial aux usages professionnels
dont elles avaient connaissance ou auraient dû avoir connaissance, et qui dans le
commerce sont largement connues et régulièrement observées par les parties à des
contrats de même nature dans la branche commerciale considérée ». L'usage de droit
permet de déroger à des dispositions impératives de droit civil. Ainsi, la solidarité est
présumée en matière commerciale contrairement aux dispositions de l'art 1202 du

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code civil. Cependant, elles ne peuvent déroger à une loi commerciale ayant un
caractère impératif.
Dans le cours d'une contestation, la preuve de L'usage de droit n'a pas à être rapportée
par celui qui l'invoque, car le juge doit le connaître et l'appliquer comme la loi elle-
même.
C'est pourquoi la doctrine soutient que la violation d'un usage de droit par le Juge
constitue la violation d'une règle de droit et qu’en conséquence, la Cour suprême
devrait casser la décision rendue.

Sujet : L'activité commerciale relève-t-elle uniquement du droit privé du


commerce ?
Aujourd'hui, le droit commercial est compris dans un ensemble plus vaste appelé «
droit des affaires ». L'article 2 du traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires
en Afrique (OHADA) est explicite à cet égard ; il dispose en effet que : « pour
l'application du présent traité, entrent dans le domaine du droit des affaires,
l'ensemble des règles relatives au :

- Droit des sociétés et au statut juridique des commerçants ;

- Recouvrement des créances sûreté et aux voies d'exécutions...au droit de la vente et


des transports. ».

Sujet : Les usages en droit commercial ont-ils une force juridique et une autorité
? Justifiez votre réponse

Les sources du droit commercial sont d’une part les sources classiques : la loi, la
jurisprudence et la doctrine. D’autre part, les sources spécifiques au droit commercial
qui sont les usages qui représentent ici notre préoccupation.

Les usages sont des comportements, des règles non écrites, professionnelles et
répétées. La pratique commerciale a fait naître certaines règles que le législateur n'a
pas érigé en règles légales, mais n'en sont pas moins obligatoires : ce sont les usages.
En effet, les relations continues entre les membres d'un domaine d'activité donné
donnent naissance à un ordre juridique crée par eux-mêmes ;

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Certes l'article 207 alinéa 1er de l'acte uniforme précise que : « Les parties sont liées
par les usages auxquels elles ont consenti et par les habitudes qui se sont établies dans
leurs relations commerciales » ;

Cependant il convient de faire une distinction puisqu'ils sont hétérogènes. On


distingue les usages généraux qui s'appliquent à l'ensemble du commerce, les usages
locaux qui s'appliquent à une ville, une région ; et les usages spécifiques qui
s'appliquent à une branche de commerce : c'est pour cette raison qu'on dit que les
usages ont une force juridique. Mais leur autorité diffère selon qu'il s'agit d'usage
conventionnel ou d'usage de droit.

- Les usages conventionnels sont utilisés dans les contrats entre les parties,
lorsqu'il y a un manque ; ils tirent donc leur autorité des contrats. Ils ont un caractère
supplétif, c'est-à-dire qu'ils sont utilisés lorsque les deux parties sont d'accord.

Lorsque les deux parties sont commerçantes, il n'y a pas de problème. Le problème se
pose lorsqu'il s'agit d'un commerçant et d'un non commerçant car l'un voudrait
imposer un usage conventionnel à l'autre. En cas de litige, les usages conventionnels
doivent être prouvés.

- Les usages de droit ont quant à eux, ont un caractère impératif : ils imposent un
comportement unique ; ils s'appliquent à tout le monde, même à ceux qui l'ignorent.
Ex : dans le code de conduite, tout le monde doit respecter le feu rouge. Les usages
de droit font échec au droit civil, même impératif ; ils n'ont pas être prouvé ; ils font
l'objet d'un contrôle de la part de la Cour suprême qui censure sa violation.

En définitive, nous pouvons dire que les usages en droit ont une force juridique qui
diffère selon qu'il s'agit d’usage conventionnel ou d'usage de droit.

QUESTIONNAIRES CORRIGES DE DROIT COMMERCIAL

1- Donnez la définition du commerçant

Le commerçant est toute personne qui accomplit des actes de commerce à titre de
profession habituelle, en son nom et pour son propre compte. Il suit de là que pour
être commerçant il faut nécessairement accomplir des actes de commerce. Cependant
dans certains cas, l'accomplissement des actes de commerce n'est pas nécessaire pour
être commerçant. C'est le cas de certaines sociétés commerciales en raison de leur
forme (les SARL et les SA).

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2- L'acte de commerce est-il nécessairement accompli par un commerçant ?

Un acte de commerce est un acte juridique accompli soit dans un but de profit, soit un
acte d'entremise dans la circulation des biens, soit dans le cadre d'une entreprise
spécialement organisée pour l'accomplir. L'acte de commerce ainsi défini peut-être
accompli par des commerçants ou des non-commerçants. Par exemple, les actes de
commerce par nature ont un caractère commercial qui ne dépend pas de celui qui
l'accomplit. En revanche, les actes subjectifs ne peuvent être accomplis que par des
personnes ayant la qualité de commerçant. On citera par exemple les actes
accessoires.

3- Peut-on être commerçant sans être inscrit au registre du commerce ?

Est commerçant, toute personne qui accomplit des actes de commerce à titre de
profession habituelle et à son nom propre et pour son propre compte. Cette définition
du commerçant ne fait pas apparaître l'inscription au registre de commerce comme
étant une condition d'acquisition de la qualité de commerçant ; de sorte qu'on peut
être commerçant et ne pas être inscrit au registre du commerce ; comme aussi on peut
être inscrit au registre du commerce sans être commerçant. L'inscription au registre
du commerce est une présomption acquisitive de la qualité de commerçant.

4- Qu'est-ce que l'acte de commerce ?

La loi n'a pas donné une définition de l'acte de commerce ; cependant, la doctrine et
la jurisprudence ont essayé de le définir en utilisant à la fois les critères juridiques et
des critères économiques. Ainsi donc, l'acte de commerce est un acte d'entremise dans
la circulation des richesses fait dans un but spéculatif.

5- Donnez la définition d'un acte mixte ?

Un acte mixte est un acte qui présente un caractère commercial pour l'une des parties
et un caractère civil pour l'autre. Ex : la vente d'un objet par un commerçant est un
acte commercial pour le commerçant et civil pour le client.

Aucune loi ne parle des actes mixtes : ils sont une création de ta jurisprudence et de la
doctrine pour réglementer un certain nombre de difficultés réelles nées de la
compétence des tribunaux.
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6- Comment se fait la preuve des actes mixtes ?

Les actes mixtes se définissent comme étant des actes qui sont commerciaux pour
l'une des parties et civils pour l'autre. La preuve de ces actes se fait selon la qualité du
défendeur au procès : ainsi, si c'est le commerçant qui est défendeur, la preuve se fera
par tout moyen y compris le témoignage. Si c'est le non-commerçant est défendeur, la
preuve se fera par écrit.

7- Que savez-vous des actes de commerce par la forme ?

Les actes de commerce par la forme ou en raison de leur forme ont toujours un
caractère commercial du seul fait de la forme qu'ils revêtent, quelque soient leur
objet, et même la personne qui les accomplit. Ce sont des actes de commerce
accomplis par les sociétés commerciales telles que les SARL, les SA et les lettres de
change.

8- Qu'est-ce que la lettre de change ?

La lettre de change est un écrit par lequel, une personne appelée tireur donne l'ordre
à une seconde personne appelée tiré de payer une certaine somme à une troisième
personne appelée bénéficiaire. La lettre de change est un acte de commerce entre
toutes personnes. D'une manière générale, toute personne qui appose sa signature sur
une lettre de change fait un acte de commerce. Mais cela ne signifie pas que le fait de
signer habituellement des lettres de change donne la qualité de commerçant.

Sujet 9 : Qu'est-ce que le billet à ordre ?

Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne appelée souscripteur s'engage à
payer à une autre personne appelée le bénéficiaire ou à son ordre, une somme
d'argent à une date déterminée. Le titre ne met en présence que deux personnes, à la
différence de la lettre de change où il y a trois personnes. Comme la lettre de change,
il est un moyen de crédit servant à représenter et à mobiliser des créances à court
terme.

10- Qu'est-ce que le Chèque ?

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Le chèque est un écrit par lequel une personne appelée tireur ou souscripteur, donne
l'ordre à un banquier de payer à vue, une somme déterminée à une troisième personne
ou à son ordre. A la différence de la lettre de change, il présente les caractères
suivants :

- Il est payable à vue ; l'exigence d'une provision qui doit exister dès l'émission
- Il peut être crée au porteur ; il doit être tiré sur une banque ou un établissement
financier.

11- La vente est-elle un acte de commerce ?

La vente est un acte de commerce aux conditions suivantes : II doit y avoir achat
préalable ; L'intention de profit doit soutenir la vente. La vente doit porter sur le
meuble ou l'immeuble préalablement acheté. Il suit de ce qui précède que la vente qui
ne remplit pas ces trois conditions obligatoires n'est pas un acte de commerce.

12- Un mineur peut-il effectuer des actes de commerce ?

Le mineur en doit civil, c'est celui qui n'a pas 21 ans révolus. Il est frappé d'une
incapacité juridique d'exercice. Par conséquent, il ne peut pas accomplir des actes de
commerce. Cependant, le mineur peut effectuer des actes de commerce sous les
conditions suivantes : Être émancipé ; avoir 18 ans révolus ; avoir une autorisation
des père et mère.

13- Qu'est-ce que commissionnaire ?

Le commissionnaire est celui qui s'engage entre un vendeur et un acheteur en vue de


la conclusion d'un contrat de vente. Il effectue en son nom propre, une opération pour
le compte de son commettant. Il intervient donc lui-même dans la conclusion du
contrat de vente. Il en supporte de ce fait les effets.

14- Qu'est-ce que courtier ?

Le courtier est une personne qui en approche une autre en vue de la conclusion d'un
contrat. La caractéristique est que le courtier n'est pas parti du contrat ; il se contente
de rapprocher les futurs contractants.

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15- Qu'est-ce qu'un contrat d'exclusivité ?

Un contrat d'exclusivité est un contrat par lequel un détaillant s'engage à


s'approvisionner que chez un fabricant donné et inversement, un fabricant peut
réserver la vente de ses produits à un détaillant dans un périmètre bien déterminé.

16- Qu'est-ce qu'un acte de commerce par accessoire ?

Dans cette catégorie d'acte de commerce, on ne tient plus compte ni de l'objet, ni de


la forme de l'acte. Un acte de commerce par accessoire est un acte qui est lui-même
de nature civile ; Mais il deviendra commercial, parce qu'il est fait par un
commerçant à l'occasion et pour les besoins de son commerce.

17- Quel est le domaine des actes de commerce par accessoire ?

La théorie de l'accessoire a un domaine assez étendu parce qu'elle englobe à la fois les
engagements contractuels et les engagements extra-contractuels.

- S'agissant des engagements contractuels, la règle est que tous les contrats
conclus par le commerçant pour les besoins de son commerce sont de nature
commerciale.

- S'agissant des engagements extracontractuels, il est admis aujourd'hui que tous


les quasi-délits et quasi-contrats du commerçant sont de nature commerciale.

18- Qu'est-ce qu’un commandité ? Le commandité est un associé qui a la qualité


de commerçant en entrant dans la société de personnes. De ce fait, il est tenu avec
tous les autres associés et indéfiniment responsables des dettes sociales.

19- Quelles sont les sanctions des règles légales à l'égard du mineur qui exerce
le commerce ?

Si le mineur exerce le commerce malgré son incapacité, les actes qu'il a faits sont
nuls et il n'a pas la qualité de commerçant. Cependant, l'action en nullité des actes
n'appartient qu'au mineur. Elle sera exercée soit par le mineur devenu majeur, soit par
son représentant légal.

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20- Quels sont les effets des obligations contractées par la femme mariée
commerçante ?

Sous tous les régimes matrimoniaux (communauté de biens ou biens séparés), la


femme mariée peut, pour les besoins de son commerce aliéner tous ses biens
personnels en pleine propriété. Sous le régime de la communauté, la femme mariée
oblige ses biens réservés, c'est-à-dire, les biens qu'elle a acquis par ses gains et
salaires dans l'exercice d'une profession séparée et qui sont en vertu de la loi, réservés
à son administration, à sa jouissance et à sa libre disposition. En ce qui concerne les
biens de la communauté (autres que les biens réservés) et les biens propres du mari, la
femme mariée ne les engage que si le mari a donné son accord exprès à l'acte passé
par la femme, ou même en l'absence d'un tel accord, s'il s'est ingéré dans l'exercice de
la profession de sa femme.

21- Deux époux peuvent-ils faire partie d'une société en commandite simple ?

Dans la société en commandite simple (SCS), il y a deux catégories d'associés : Les


commandités qui sont des commerçants ; ils gèrent la société et leur responsabilité
est indéfinie et solidaire. Les commanditaires qui ne sont pas commerçants et ils ne
sont pas tenus du passif social. Ainsi, deux époux peuvent faire partie d'une SNC en
tant qu'associés commanditaires.

22- Un mineur peut-il à lui seul créer une société à responsabilité limitée ?

La SARL étant une société dans laquelle la responsabilité est limitée aux apports, le
mineur peut être associée ; la qualité de commerçant n'étant pas exigée. Il peut dès
lors (émancipé ou pas) créer une SARL, c'est-à-dire être associé unique.
Cependant, il ne pourra la gérer ; la gestion doit être confiée à un capable majeur.

23- Les limitations statutaires des pouvoirs du gérant de la Société en Nom


Collectif sont-elles opposables aux tiers ?

Les clauses limitatives des pouvoirs du gérant d'une SNC sont inopposables aux tiers,
même si elles ont été publiées ; même solution que dans les SARL.

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CHAP I / LES ACTES DE COMMERCE

Sujet: Quels sont les intérêts attachés à la notion d'acte de commerce ?

Les actes de commerce sont soumis à des règles particulières, différentes de celles du
droit civil dans le but de simplifier et accélérer les opérations commerciales ;
renforcer les crédits en protégeant au mieux les créanciers.

I / Simplification et accélération des opérations commerciales

1- Tribunal compétent : En Côte d'ivoire, le tribunal de première instance (TPI) est


compétent aussi bien pour les litiges civils que pour les litiges commerciaux.
Cependant en matière commerciale, le Juge applique les règles du droit commercial.

2- Capacité commerciale : Elle est plus stricte qu'en droit civil. En droit
commercial, même pour le mineur émancipé, il lui faut une autorisation parentale
pour exercer le commerce.

3- La Preuve : Les actes civils exigent une preuve écrite ; les actes de commerce
peuvent être prouvés par tout moyen ; écrit, témoins, factures, etc.

Conséquences : en droit civil, lorsqu'il s'agit d'un contrat synallagmatique, l'écrit doit
être dressé en double exemplaires. Par contre en droit commerciale, cette règle du
double ne s'applique pas forcément.

4- La prescription : La prescription des créances commerciales est de 5 ans ; La


prescription des créances civiles est de trente ans.

5- Les formalités relatives à la validité de l'acte : Pour la publicité des sociétés :


Pour les sociétés commerciales, il faut une publicité au registre du commerce ; les
formalités de publicité sont simplifiées. Pour les sociétés civiles, il faut une publicité
légale ; elle est très longue. La constitution du gage : Elle est plus facile en matière
commerciale, puisque la formalité de l’écrit est en principe supprimée.

6- La mise en demeure : En droit commercial, une simple lettre recommandée avec


accusé de réception suffit pour mettre le débiteur en demeure. En droit civil, il faut un
acte d'huissier (sommation de payer).
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II / Les règles particulières en droit commercial visent aussi à assurer la
protection des créanciers

1- La solidarité : Elle se présume dans les contrats commerciaux. En matière civile,


la solidarité ne se présume point ; il faut qu'elle soit expressément stipulée.

2- Les sanctions : En droit commercial, la sanction est plus sévère en cas


d'inexécution du débiteur : Les biens du débiteur font l’objet de redressement
judiciaire ou liquidation judiciaire. Quant à la personne du débiteur, il est prononcé
une faillite personnelle, une banqueroute.

3- Les intérêts moratoires : Ils sont plus élevés en matière commerciale qu'en
matière civile.

4- Les délais de grâce : Le délai de grâce est le plus souvent écarté en matière
commerciale.

SUJET : COMMENT CLASSER LES ACTES DE COMMERCE ?

CLASSIFICATION DES ACTES DE COMMERCE

(ART 3 ET 4 DE L’ACTE UNIFORME PORTANT DROIT


COMMERCIAL GENERAL

NATURE ELEMENTS CARACTERISTIQUES


DE L'ACTE

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1-Les activités d'échange : ce sont l'achat de meubles ou
d'immeubles en vue de la revente ; les opérations de location
de meubles : tous les contrats entre commerçants pour les
besoins de leur commerce ; tous les actes effectués par les
sociétés commerciales ; les activités des entreprises de
fourniture (gaz, électricité, eau etc.)

2-Les activités industrielles : ce sont les exploitations


industrielles des mines, carrières et de tout gisement de
ressources naturelles ; toutes les opérations de manufacture, de
Acte de transport, de télécommunication : les établissements de
commerce spectacles publics (cinéma, cirque, théâtre).
par nature
3-Les activités financières : ce sont toutes les opérations de
banque, de bourse, de change, de courtage, d'assurance, de
transit.

4-Les activités des intermédiaires de commerce : ce sont


toutes les opérations des intermédiaires de commerce telles
que commission, courtages, agences, les activités des bureaux

d'affaires et de contentieux. Les opérations d'intermédiaire


pour l'achat, la souscription, la vente ou la location
d'immeubles, de fonds de commerce, d'actions ou de parts de
société commerciale ou immobilière.

La lettre de change ou traite, le billet à ordre et le warrant sont


des actes de commerce par leur seule forme entre toutes
Acte de personnes et quel que soit la nature de l'opération ayant
commerce conduit à leur émission- Ainsi il suffit d'apposer sa signature
Par la forme sur l'un quelconque de ces effets de commerce pour se voir
appliquer les règles du droit commercial. En raison de leur
tonne, la société anonyme (SA), la société à responsabilité
limitée (SARL) sont commerciales même si leur objet est
civil.

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Contrairement aux actes de commerce objectifs, ici on tient
compte de la qualité de la personne qui effectue l'acte. Il y a un
Acte de principe de droit qui affirme que « l'accessoire suit le principal
commerce ». En vertu donc de ce principe, certains actes civils sont faits
subjectif ou par le commerçant dans l'exercice de son commerce tel que
par l'achat d'une voiture pour la livraison de sa marchandise.
accessoire D'après la jurisprudence, deux conditions sont requises pour
qu'un acte puisse être réputé commercial en vertu de la théorie
de l'accessoire : il faut d'abord que l'acte ait été accompli par
un commerçant, et ensuite qu'il l'ait été pour les besoins de son
commerce. Ces deux conditions sont cumulatives. Dans
l'exemple, si la voiture avait été achetée par un non
commerçant, cet acte serait un acte civil.

Ce sont les actes qui sont commerciaux pour l'une des parties
et civils pour l'autre. C'est ainsi qu'une vente au détail est
commerciale pour le vendeur et civile pour l'acheteur
consommateur. Pour la preuve, on lie compte de la qualité de
la personne contre laquelle Sa preuve est administrée : s'il
Les actes s'agit de la personne pour laquelle l'acte est commercial (le
mixtes commerçant). Toutes les formes de preuve du droit
commercial peuvent être utilisées contre elle ; dans le cas
contraire, la preuve doit être faite selon tes règles du droit
civil.

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Sujet : Quels sont les intérêts du rattachement de l'acte à la profession ?

En dehors de la distinction classique (actes de commerce par nature ; actes de


commerce par la forme ; actes de commerce par accessoire ; actes mixtes), certains
auteurs ont proposé de rattacher l'acte à la profession : la nature commerciale ou
civile des actes tiendra au caractère de la profession.

L'acte sera commercial s'il est accompli dans l'exercice d'une profession commerciale
; il sera civil dans le cas contraire. Selon ces auteurs, appuyés par une jurisprudence
récente, les prétendus actes de commerce par nature peuvent être des actes civils, s'ils
sont accomplis dans l'exercice d'une profession civile.

Ex : Le code de commerce cite en première ligne, l'achat pour revendre ; or si un


maître de pension qui n'exerce pas une profession commerciale achète pour les
revendre des fournitures scolaires, son achat est un acte de nature civile (civ. 30 avril
1931D.H1931.314).

Sujet : Comment faire la preuve en droit commercial ? C'est le principe de la


liberté de preuve entre commerçants : il se fonde sur la rapidité et le caractère
répétitif des opérations commerciales qui sont conclues souvent dans les mêmes
conditions et entre les mêmes personnes. Le domaine de la liberté de preuve est
entendu strictement. Il faut à la fois que l'élément à prouver soit un acte de
commerce, que le défendeur soit commerçant et ait agi dans l'exercice ou pour
l'intérêt de son propre commerce (Com. 19 Janv. 1993 Bull IV, n° 21 P.12), II peut y
avoir recours aux écrits sous toutes formes (factures, bons de livraison,
correspondances échangées entre les parties, les livres qu'elles tiennent, toutes les
formes de présomptions, le témoignage...). Cependant, le commerçant ne peut
prouver contre un non commerçant que selon les règles de preuve du droit civil.

Sujet : Comment apprécier la commercialité des actes non visés par les articles 3
et 4 de l'acte uniforme ?
L'article 3 de l'acte uniforme établit une liste des actes de commerce par nature et
l'article 4 établit quant à elle, une liste des actes de commerce par la forme. Ne
prenant pas en compte certaines activités telles que les activités agricoles, artisanales,
intellectuelles, l'on ne peut distinguer si l'acte passé par le commerçant est un acte

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civil ou commercial. C'est pourquoi la jurisprudence et la doctrine ont établi des
critères pour établir la commercialité des actes :

- Du point de vue économique, nous avons la recherche du profit ou l'acte de


spéculation : la distinction se fait au niveau des sociétés : une société qui accomplit
des actes dans le but de rechercher un profit fait des actes de commerce ; alors qu'une
association à but non lucrative fait des actes civils. Nous avons aussi la circulation
des richesses qui définit l'objet de l'acte commercial.

- Du point de vue juridique, nous avons la fonction de commerce : elle oppose le


commerçant et sa clientèle. Est commerçant, celui qui accomplit des actes de
commerce, qui achète, qui vend ses services au bénéfice de sa clientèle en
recherchant un profit. A contrario, quelqu'un qui exerce un commerce pour lui-même
sans aviser une clientèle, ne fait pas d'acte de commerce. Malgré tous ces critères, ils
demeurent insuffisants pour définir l'acte de commerce. En effet, la jurisprudence n’a
pas une définition unique de l’acte de commerce, même si elle préfère le critère de la
recherche du profit.

Sujet : LE REGIME JURIDIQUE DES ACTES MIXTES.

1 - Le tribunal compétent : En Côte d'Ivoire, le tribunal de 1 ère instance (TPl) est


compétent pour toutes les affaires civiles, commerciales, pénales... Il n'y a pas de
tribunal de commerce comme cela l'est en France.

2- La preuve : Exemple : un agriculteur achète un cheval à un marchand dans une


foire ; le marchand refuse de livrer le cheval. L'agriculteur saisit le Tribunal de 1 ère
instance. Le marchand qui est ici défendeur peut-il alors paralyser l'action de
l'agriculteur en faisant appliquer le régime des preuves du droit civil ? En d'autres
termes, le marchand peut-il se prévaloir de l'absence d'écrit pour refuser le paiement à
l'agriculteur ?

En l'espèce : l'agriculteur achète : il accomplit un acte civil. Le marchand vend : il


accomplit un acte commercial par nature. Si le marchand refuse de livrer le cheval,

17
l'agriculteur saisit le Tribunal de 1ère Instance : L'agriculteur (acheteur) est donc
demandeur, alors que le marchand (vendeur) est défendeur.

Le marchand (vendeur) qui est ici défendeur peut-il alors paralyser l'action de
l'agriculteur (demandeur) en se prévalent de l'absence de preuve écrite lors de la
conclusion du contrat pour refuser le paiement à l'agriculteur ? L'agriculteur se
trouvera alors dépourvu de preuve puisque aucun écrit n'a été passé.
C'est pourquoi la Cour de Cassation a décidé que : Si c'est le commerçant qui est
défendeur, dans ce cas c'est contre lui que doit être faite la preuve qu'il a payé ou non.
Le non commerçant (agriculteur bénéficie du principe de la liberté de preuve. Il
pourra présenter par exemple un témoin et dire que le commerçant n'a pas exécuté sa
prestation.

Si c'est le commerçant qui est demandeur, dans ce cas c'est contre l'agriculteur
(civil) que doit être faite la preuve qu'il a payé ou non. Le commerçant non payé
devra présenter un écrit pour réclamer ce qui lui est dû par le client civil.
NB : Le régime de la preuve est fait pour arranger le civil.

3- La mise en demeure : Le non-commerçant peut la faire par tout moyen à l'égard


du commerçant (témoins ; présomption...).

Le commerçant quant à lui doit se conformer au mode de mise en demeure du droit


civil (sommation de payer ; exploit d'Huissier).

4- La solidarité : Elle ne se présume pas entre codébiteurs civils d'un créancier


commerçant. Par contre, elle se présume entre codébiteurs commerçants d'un
créancier civil.

5- La prescription de 5 ans joue pour les actes mixtes : II ne saurait être question
d’appliquer la prescription de 30 ans à l'une des parties et la prescription de 5 ans a
une autre.

6- La clause compromissoire C'est celle par laquelle les parties décident qu'en cas
de litige éventuel, celui-ci sera porté devant un arbitre et non devant le Juge ordinaire.

Si les deux contractants sont commerçants, la clause compromissoire est valable.

18
Dans un acte mixte, ce qui supposerait qu'elle soit valable pour le commerçant et nul
pour le civil, la Cour de Cassation s'est prononcée pour la nullité de la clause
compromissoire à l'égard des deux parties.

CHAP II / LE STATUT DES COMMERÇANTS

Sujet : Quelles sont les conditions requises pour être commerçant ?

L'art 2 du traité de l'OHADA dispose que : « sont commerçants ceux qui


accomplissent des actes de commerce et en font leur profession ».
1- Il faut faire des actes de commerce et les faire en son propre nom : Seul
d'ailleurs l'accomplissement des actes de commerce par nature est susceptible de faire
acquérir la qualité de commerçant. Ex : un non commerçant qui souscrit une lettre de
change ne devient pas commerçant par ce seul fait ; il faut en outre faire des actes de
commerce en son nom propre, c'est-à-dire à titre personnel et indépendant. Cela
signifie que celui qui accomplit des actes de commerce pour le compte d'autrui n'est
pas un commerçant. Il en est ainsi des salariés du commerçant et les associés dans les
sociétés de capitaux.

2- Il faut des actes de commerce et en faire sa profession : II importe donc que


les actes de commerce soient répétés et aussi qu'ils soient accomplis
professionnellement, c'est-à-dire dans un but de spéculation par une personne qui en
fait son métier. Le non commerçant qui, pour payer ses créanciers souscrirait même
habituellement des lettres de change ne serait pas pour cela commerçant, puisqu'il
n'agirait pas professionnellement. Ajoutons que le seul fait de prendre dans un acte la
qualité de commerçant ne confère pas cette qualité ; cependant celui qui a pris la
qualité de commerçant est néanmoins présumé tel jusqu'à preuve contraire. De même,
l'inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) ne confère pas
la qualité de commerçant ; Elle fait tout simplement présumer de cette qualité.

Sujet : Quels sont les obstacles à l'exercice de la profession commerciale ?

19
L'exercice du commerce est en principe libre ; cependant, le législateur a décidé des
incapacités et des incompatibilités, non pas dans le but de sanctions, mais de
protection à la fois du commerçant et du public, c'est-à-dire les tiers qui vont
contracter avec lui.

I / Les incapacités : Pour être commerçant, il faut être majeur, c'est-à-dire avoir 21
ans révolus ; en outre, il ne faut pas avoir fait l'objet d'une interdiction, sont donc
exclus de l'activité commerciale, les mineurs et les interdits.

A / Les mineurs Le mineur non émancipé ou en tutelle

Est mineur, celui qui est âgé de moins de 21 ans. Le mineur non émancipé est frappé
d'une incapacité absolue ; il ne peut faire le commerce quel que soit son âge. Son
tuteur ne peut non plus faire le commerce en son nom et aucune autorisation ne peut
lever cette incapacité. Dans le cas où le père décédé laisse un fils mineur, il n'y a
autre solution que la vente du fonds ou la location gérance. Si l'autre parent est
survivant, c'est lui qui gérera le fonds jusqu'à la majorité du mineur ou son
émancipation, en vertu de son droit de jouissance légale sur les biens de l'enfant
mineur. Dans les sociétés en noms collectifs, les associés en noms collectifs étant
commerçants, le mineur ne peut entrer en cette qualité dans une telle société. Donc,
s'il hérite d'une part d'associé, il ne peut la conserver. Le mineur émancipé

Le mineur peut cependant être habilité à faire le commerce ; pour cela il lui faut être
émancipé. L'émancipation est l'acte qui permet d'assimiler un mineur à un majeur ;
elle permet au mineur de faire le commerce, et c'est d'ailleurs le motif le plus fréquent
de cette mesure ; l'émancipation est de plein droit si le mineur se marie. Elle peut
aussi être accordée par le juge de tutelle. En droit positif ivoirien, le mineur ne peut
être émancipé qu'à condition d'être âgé d'au moins 16 ans.

B / Les interdits et les aliénés

Les interdits sont les personnes qui ont été privées en totalité ou en partie soit par la
loi (interdit légal), soit par la justice (interdit judiciaire), du droit de jouissance ou
d'exercice de leurs prérogatives. L'interdiction peut être générale, définitive ou
temporaire. Elle peut être limitée à la seule activité commerciale. Elle peut être la
conséquence d'une condamnation pour délit contre les biens, ou une infraction en
20
matière économique ou financière. L'interdiction à titre temporaire d'une durée
supérieure à 5 ans, de même que l'interdiction à titre définitif, peuvent être levées, à
la requête de l'interdit. Cette requête n'est recevable qu'après expiration d'un délai de
5 ans à compter du jour du prononcé de l'interdiction. Il faut appliquer aux interdits la
même règle qu'aux mineurs, que l'interdiction soit judiciaire ou légale, puisqu'en
aucun cas le représentant légal ne peut faire le commerce au nom d'un incapable qui
ne peut agir lui-même. En cas d'interdiction frappant un commerçant établi, le
jugement d'interdiction et le jugement de mainlevée doivent être inscrits au Registre
du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).

Les aliénés sont les personnes qui par suite d'une altération de leurs facultés mentales
ne sont pas ou ne sont plus aptes à exercer une activité commerciale.

II / L’incompatibilité

L'incompatibilité s'applique à deux professions qui ne peuvent être exercées en même


temps ; l'exercice de certaines professions est incompatible avec l'exercice d'une
profession commerciale. Ainsi, pour assurer l'indépendance de la fonction publique,
le législateur l'a rendu incompatible avec l'exercice d'une activité commerciale

De même, le législateur l'a édicté pour sauvegarder la dignité de certaines professions


(Officiers ministériels et Auxiliaires de justice tels que : notaire, huissier,
commissaire-priseur, expert-comptable, conseil juridique, courtier maritime, avocat,
greffier, agent de change, commissaire aux comptes et aux apports).

Cependant, les pharmaciens sont exceptionnellement considérés comme


commerçants.

Sujet : La femme mariée peut-elle être commerçante ?

Selon l'article 7 du Traité de l'OHADA, la femme mariée n'a la qualité de


commerçant que si elle accomplit les actes de commerce à titre de profession
habituelle, et séparément de ceux de son époux. La femme mariée n'est donc pas
réputée commerçante si elle ne fait que détailler les marchandises du commerce de
son mari. Si les deux époux exploitent ensemble un fonds de commerce, seul le mari
est commerçant. La règle s'applique à tous les genres de commerce.

21
Selon l'art 67 de la loi n°64-375 du 7 octobre 1964 relatif au mariage, la femme
peut exercer une profession commerciale. Cependant le mari, en qualité de chef de
famille, a le droit de s'opposer à l'exercice du commerce par sa femme. La mesure
doit être justifiée par l'intérêt de la famille. Sur le recours de la femme, le tribunal
peut autoriser celle-ci à passer outre l'opposition du mari. L'opposition du mari doit
être publiée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM), et les
engagements pris par la femme sont nuls à l'égard du mari si les tiers avec lesquels la
femme contracte avait personnellement connaissance de l'opposition au moment où
ils traitaient avec la femme. La femme a, sous tous les régimes, tous les pouvoirs sur
ses biens réservés provenant de l'exercice d'une profession séparée. Les biens
réservés comprennent, d'une part, les gains et salaires de la femme, d'autre part, les
biens qu'elle peut acquérir avec ses gains et salaires.

Dans le régime de la communauté, les biens communs ne peuvent être affectés aux
dettes contractées par la femme que si le mari a donné son autorisation tacite ou
expresse à l'acte d'engagement de la femme. Si les dettes sont contractées par le mari,
les biens communs peuvent servir à les payer ainsi que ses biens propres. En outre,
les dettes contractées par les époux agissant ensemble et de concert, qu'elles l'aient
été dans l'intérêt commun ou dans l'intérêt de l'un d'eux seulement peuvent être
poursuivies sur les biens communs y compris les biens réservés de la femme et les
biens propres de chacun des époux.

Dans le régime de séparation de biens, chacun des époux reste seul tenu des dettes
nées en sa personne.

Sujet : Quelles sont les obligations professionnelles des commerçants ?

Les commerçants sont astreints à certaines obligations particulières. Ils doivent


publier leur situation matrimoniale, tenir certains livres de commerce, se faire
immatriculer au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM), et payer des
taxes et impôts.

1- La publication de leur situation matrimoniale : Dès son inscription au


Registre du commerce, le commerçant doit indiquer s'il est marié ou non et le régime
adopté pour le mariage : régime de communauté ou de séparation de biens afin de
permettre à ceux qui traiteront avec lui de s'informer sur sa situation de famille.

2- La tenue des livres de commerce et de comptabilité : La tenue des livres de


commerce constitue l'une des principales obligations qui s'imposent aux
22
commerçants. Les livres de commerce permettent aux commerçants eux-mêmes de
suivre la marche de leurs affaires, servent de moyens de preuve en cas de
contestation, servent au contrôle des obligations fiscales. Principalement, la tenue de
trois livres est obligatoire.

- Le livre journal : C'est un registre qui présente au jour le jour, les opérations
d'un commerçant, ses dettes, tout ce qu'il paie ou reçoit. Il peut le faire
mensuellement à condition de conserver les documents permettant de les vérifier.

- Le livre d'inventaire : C'est le livre qui enregistre les éléments actifs et passifs
de l'entreprise. Il permet au commerçant d'arrêter tous les comptes afin d'établir son
bilan et le compte de résultat. Le livre journal et le livre d'inventaire doivent être
ténus chronologiquement sans blanc, ni altération d'aucune sorte. Ils sont côtés et
parafés par le Tribunal de première instance ou le Maire.

- Le grand livre : Il sert à l'établissement de la comptabilité par la partie double


et est composé de tous les comptes de l'entreprise. En effet, il y est ouvert un compte
au nom de chaque personne ayant des rapports avec l'entreprise. Ce compte indique
leur débit et leur crédit. En outre, le commerçant doit établir régulièrement des
balances générales récapitulatives. II doit conserver pendant dix ans au moins toutes
les correspondances reçues ou expédiées dans le cadre de ses activités. Il en est de
même de tout document relatif à l'exercice de son commerce.

Les sanctions de la tenue irrégulière des livres de commerce : Elles sont de trois
ordres :

Des sanctions civiles : Les livres irrégulièrement tenus ne peuvent être représentés ni
faire foi en justice au profit de ceux qui les auront mal tenus. Ils peuvent néanmoins
faire preuve contre eux. Ils peuvent être condamnés à des dommages et intérêts.

Des sanctions pénales : Selon le cas, le commerçant sera coupable du faux en


écriture de commerce, du délit d'escroquerie ou de banqueroute. Il peut être passible
d'une lourde amende et d'une peine d'emprisonnement de 1 à 3 mois ou l'une de ces
peines seulement.

Des sanctions fiscales : En cas de fraudes fiscales, l'administration fiscale peut


prendre des sanctions pécuniaires (amendes fiscales) ou engager des poursuites
pénales.

23
3- L'immatriculation (RCCM) : L'obligation de se faire immatriculer au RCCM
s'impose aux personnes physiques ayant la qualité de commerçant ainsi qu'aux
sociétés commerciales qui ont leur siège, leur succursale, une agence ou un
établissement en Côte d'Ivoire, dans le 1er mois de l'exploitation de leur commerce ou
de leur constitution. Il est tenu au greffe de la Cour d'Appel d'Abidjan, un registre
central et auprès de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, organisme de
l'OHADA, un registre régional. Les déclarations faites au RCCM doivent être
obligatoirement publiées dans les journaux officiels.

Les effets de l'inscription au RCCM sont étendus : l'immatriculation au RCCM ne


confère pas la qualité de commerçant, mais fait présumer cette qualité, sauf preuve
contraire.

Sanctions de la non inscription au RCCM : Le commerçant non inscrit au RCCM


ne peut se prévaloir de sa qualité de commerçant vis-à-vis des tiers ou des
administrations publiques. C'est ainsi qu'il ne peut non plus opposer la prescription
commerciale, employer des modes de preuve du droit commercial, bénéficier du droit
au renouvellement des baux commerciaux.

Les personnes non inscrites au RCCM ne peuvent cependant invoquer leur défaut
d'inscription pour se soustraire aux obligations et responsabilités inhérentes à la
qualité de commerçant. Elles peuvent donc être assignées devant le Tribunal de
Première Instance qui appliquera les règles du droit commercial, être mise en faillite
et se voir opposer les moyens de preuve du droit commercial. Il faut noter pour
terminer que l'immatriculation au RCCM a un caractère personnel et que nul ne peut
être immatriculé à titre principal sur plusieurs RCCM ou sur plusieurs numéros. En
ce qui concerne les déclarations devant figurer au RCCM, il y a entre autres : Le
régime matrimonial du commerçant, la nature et la forme de l'activité commerciale, le
nom commercial, le lieu d'exercice ainsi que l'enseigne utilisée, les établissements
que le déclarant a précédemment exploités. Pour les étrangers, leur titre de séjour etc.
Toute personne physique immatriculée doit, dans le délai d'un mois, à compter de la
cessation de son activité commerciale, demander sa radiation au RCCM. En cas du
décès, la radiation est demandée par les ayant droits dans le délai de trois mois. NB :
La prescription commerciale est de cinq (5) ans.

4- Les obligations Fiscales : Les commerçants ont des obligations fiscales


particulières liées à leur activité commerciale, même s'ils ne sont pas inscrits au
RCCM. Ils doivent payer la patente, les impôts sur le bénéfice industriel et
24
commercial, la taxe sur le chiffre d'affaires, les impôts sur salaires. Dans la pratique,
l'Etat fait preuve de beaucoup de clémence à l'égard du secteur dit informel, c'est-à-
dire des commerçants non-inscrits au RCCM.

Sujet : Quels sont les droits des commerçants ?

En contrepartie des obligations qui lui ont été imposées par la loi, le commerçant
dispose de certains droits : Il a le droit d'élire les membres des chambres de
commerce et d'industrie. La chambre de commerce et la chambre d'industrie sont des
groupements professionnels des commerçants et industriels en vue de défendre les
intérêts professionnels de ceux-ci vis-à-vis des pouvoirs publics. Ces établissements
représentent également les intérêts des commerçants et industriels, dans les
problèmes juridiques, économiques et fiscaux. Un autre droit des commerçants est le
droit au renouvellement du bail lorsque celui-ci arrive à terme. Le commerçant reçoit
des indemnités d'éviction lorsque le propriétaire des lieux refuse le renouvellement.
Enfin, il a le droit à la protection de certains éléments de son fonds de commerce, la
clientèle, le nom commercial, l'enseigne, qui doivent être protégés contre la
concurrence déloyale, c'est-à-dire une concurrence qui nuit aux intérêts du
commerçant.

Sujet: Qu'est-ce qu'un artisan ?

L'artisan est celui qui exerce pour son propre compte, un travail manuel pour lequel il
justifie d'une qualification professionnelle et assure la direction de son entreprise,
prenant part personnellement et habituellement à l'exécution de son travail. S'il met
son fonds en location, il perd la qualité d'artisan. Le travail de l'artisan est en soit, un
travail de production ou de transformation.

Quelle est la différence entre l'artisan, le commerçant et l'industriel ?

L'artisan se différencie du commerçant, lequel achète pour revendre sans


transformation notable du produit vendu. En outre, le commerçant doit s'inscrire au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM), alors que l'artisan est inscrit
25
au Registre des Métiers. L'industriel se distingue de l'artisan, par l'importance de
l'entreprise et la nature de l'activité orientée vers la production en quantités ou en
séries. II est possible d'être à la fois artisan et commerçant ; il existe des fonds mixtes
(commercial et artisanal), ou bien le commerce constitue une activité complémentaire
de l'artisan. Un fonds artisanal peut être mis en location gérance comme le fonds
commercial. Ce faisant, l'individu perd la qualité d'artisan. Les artisans sont
généralement des travailleurs indépendants qui vivent principalement du droit de leur
travail manuel et qui travaillent dans des conditions qui les rapprochent de celles de
l'ouvrier. L'artisan ne doit pas utiliser un nombre important de salariés, ni même
vendre une trop grande proportion de produits.

SUJET : CAS PRATIQUES

Sujet 1 : M. Kouassi est propriétaire et chauffeur du véhicule qu'il exploite comme


taxi « wôrô-wôrô » sur la ligne Cocody-Campus. Son activité est-elle de nature
commerciale ?

Corrigé : M. Kouassi fait une activité de transport public. Cette activité a-t-elle un
caractère commercial ? Avant l'entrée en vigueur de l'Acte uniforme, l'opération de
transport pour qu'elle ait un caractère commercial, devait se faire en entreprise. En
effet, l'entreprise se définit comme une organisation professionnelle disposant d'un
personnel qualifié et de moyens matériels importants pour offrir de manière
permanente et constante, des prestations de service au public. L'activité de M.
Kouassi était certes considérée comme une activité professionnelle destinée à offrir
des services au public ; mais compte tenu de la précarité des moyens et l'insuffisance
de ceux-ci, l'activité de M. Kouassi n'était pas faite en entreprise. Il s'ensuivait que
c'était une activité de nature civile.

Désormais avec l’entrée en vigueur de l'Acte uniforme, les opérations de transport


des personnes et des marchandises que ce soit par terre, par mer ou par air sont
commerciaux même s'ils ne sont pas accomplis dans le cadre d'une entreprise. Ainsi,
M. Kouassi qui est un particulier et qui utilise son véhicule personnel pour faire du
transport en commun de personnes (wôrô-wôrô) accomplit des actes de commerce,

26
s'il le fait de façon professionnelle ; c'est-à-dire tire la plupart de ses moyens de
substance de l'exploitation de son transport. A l'inverse, si à l'occasion d'une grève
des transporteurs, une personne met son véhicule personnel pendant deux ou trois
jours pour transporter des gens et profiter juste de cette crise, son activité est de
nature civile parce que non exploitée de façon professionnelle mais plutôt de façon
occasionnelle.

Sujet 2 : Etudiant en droit, Monsieur Koné reçoit pour ses cours, un microordinateur
de la part de sa correspondante. Après un an, il le revend pour s'acquitter de ses frais
de logement vis-à-vis du Centre National des Œuvres Universitaires. Qualifiez cet
acte.

Corrigé : Qualifier l'acte de Monsieur Koné revient à savoir si son acte est un acte de
commerce ou un acte civil. Pour qu'il y ait acte de commerce, il faut nécessairement
remplir trois conditions cumulatives : l'achat préalable d’un bien mobilier (ou
immobilier); une intention de revendre concomitamment à l'achat en vue de faire un
profit.

1- L'achat préalable : La question qui se pose est de savoir si Monsieur Koné a


acheté le micro-ordinateur ? Il ressort du cas pratique que M. Koné l'a plutôt reçu ;
cette 1ère condition tenant à l'achat préalable n'est donc pas remplie.

S'agissant de la condition tenant à l'objet : Le micro-ordinateur est un bien meuble.


Avant l'entrée en vigueur de l'Acte uniforme, l'achat de biens immeubles en vue de la
revente était exclu du domaine de la commercialité ; on considérait qu'il s'agissait
d'acte essentiellement civil. Désormais, avec l'Acte uniforme, l'achat de biens
meubles ou immeubles en vue de la revente constitue un acte de commerce.

2- L'intention de la revente concomitamment à l'achat en vue de se faire un


profit : La question qui se pose est de savoir si M. Koné avait l'intention de revendre
le micro-ordinateur au moment de son acquisition en vue de se faire un profit ?

En l'espèce, M. Koné a vendu le micro-ordinateur un an après l'avoir reçu pour des


raisons financières ; ce qui veut dire qu'il n'avait pas l'intention de le revendre quand
il le recevait. Cette condition tenant à la revente n'est donc pas satisfaite.

27
En conséquence de ce qui précède et au regard de ce que les conditions ne sont pas
toutes remplies, il en résulte que l'acte de Monsieur Koné n'est pas un acte de
commerce ; il s'agit plutôt d'un acte civil.

Sujet 3 : M. Yasmin a un grand magasin de produits alimentaires. Il pratique


habituellement cette profession qui fait de lui un riche commerçant. Il achète une
voiture pour le transport de ses produits alimentaires. Qualifiez cet acte.

Corrigé : Qualifier l'acte de M. Yasmin revient à s'interroger sur le point de savoir si


l'acte a un caractère civil ou commercial ?

Pour qu'un acte soit commercial, il faut que 3 conditions soient satisfaites : Un achat
préalable d’un bien mobilier (ou immobilier) ; l'intention spéculative au moment de
l'achat en vue de se faire un profit.

1- L'achat préalable : Il ressort des faits que M. Yasmin achète le véhicule qui
est un bien meuble. Cette condition est donc satisfaite.

2- Pour l'intention spéculative au moment de l'achat en vue de se faire un


profit : Il ressort des faits que M. Yasmin a acheté le véhicule pour le transport des
produits de son commerce.

Par conséquent, l'intention spéculative de M. Yasmin n'a pas existé au moment de


l'achat. Il résulte de ce qui précède que faute d'intention spéculative, l'acte en cause
n'est pas un acte commercial mais plutôt civil puisque le cas pratique nous enseigne
que M. Yasmin a acheté le véhicule pour le transport de ses produits alimentaires.

L'acte de nature civil s'est-il transformé en un acte de commerce par


accessoire ?

Pour qu'il y ait acte de commerce par accessoire, il faut satisfaire à certaines
conditions : L'acte doit être effectué par un commerçant ; l'acte doit être effectué pour
les besoins et à l'occasion de l'activité commerciale. En l'espèce s'agissant de la
condition tenant à la qualité de commerçant de M. Yasmin, cette condition est
remplie. L'acte a été effectué pour les besoins et à l'occasion de l'activité commerciale

28
de M. Yasmin. De ce qui précède, on peut en déduire que l'acte de M. Yasmin est
un acte de commerce par accessoire.

CHAP III / LE FONDS DE COMMERCE

Sujet 4 : Qu'est-ce qu'un fonds de commerce et quels en sont les éléments


constitutifs ?

Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au


commerçant d'attirer et de conserver une clientèle. Il regroupe différents éléments
mobiliers, corporels et incorporels, il comprend obligatoirement la clientèle et
l’enseigne (emblème) ou le nom commercial. Ces éléments sont désignés sous le nom
de fonds commercial ; il peut comprendre en outre, à condition qu'ils soient
nommément désignés, les éléments suivants : les installations ; les aménagements et
agencements, le matériel et le mobilier, les marchandises en stock ; le droit au bail,
les licences d'exploitation ; les brevets d'inventions ; marques de fabrique et de
commerce ; dessins et modèles.

1 / Les éléments incorporels du fonds de commerce

1- La clientèle : Elle est composée de toutes les personnes qui ont l'habitude de
se fournir en totalité ou en partie chez un commerçant. C'est l'élément le plus
important du fonds de commerce.

2- L'achalandage (clientèle de passage) : De la clientèle, il faut rapprocher


l'achalandage ; l'achalandage consiste dans l'aptitude que possède un fonds de
commerce à attirer des clients. II y a lieu de tenir compte de l'endroit où le fonds est
installé, de la qualité des produits, de l'amabilité du commerçant, etc. C’est une
clientèle occasionnelle.

3- Le droit au bail : C'est le droit qui permet au commerçant, à l'industriel ou à


l'artisan de bénéficier indéfiniment du renouvellement du bail relatif au local où est
installée son activité.
29
Ce droit n'existe que si le commerçant, l'industriel ou l'artisan occupe les locaux à
titre de locataire ; il est également reconnu aux héritiers du locataire ainsi qu'au
concessionnaire du fonds.

4- Le nom commercial : C'est l'appellation sous laquelle une personne exerce le


commerce ; ce peut être le nom civil ou patronymique, un pseudonyme ou un nom
composé. S'agissant des personnes morales, on parle d'appellation, de dénomination
ou de raison sociale. Ex : SOCOCE.

5- L'enseigne : C'est l'ensemble figuratif ou une désignation de fantaisie par


lequel le commerçant, sur son papier à lettre et sur la porte de son magasin,
individualise son fonds.

Ex : « Le MOINS CHER ». L'enseigne peut parfois être confondue au nom


commercial. Elle jouit d'une protection qui peut être limitée soit au quartier, soit à la
ville, soit au pays tout entier.

6- Les marques de fabrique ou de commerce : La marque est constituée de tout


signe matériel servant à distinguer les produits ou objets d'une entreprise quelconque.
C'est un élément de reconnaissance d'un produit. La marque est protégée par l'action
civile ou pénale en contrefaçon. Ainsi, ceux qui ont frauduleusement apposé sur leurs
produits ou objets une marque appartenant à autrui sont passibles de peines
pécuniaires et ou d'emprisonnement. Elles sont applicables également aux personnes
qui ont contrefait la marque d'autrui ; l'ont imitée ou en ont fait usage dans le but de
tromper les consommateurs.

7- Les dessins et modèles industriels : Le dessein est une combinaison de lignes


ou de couleurs sur une surface plane, qui présente une configuration distincte et
raisonnable. Le modèle est une combinaison de formes déterminant le relief d'un
objet. Le droit aux desseins et aux modèles est un droit exclusif opposable à tous. Sa
protection est également assurée par une action civile et pénale.

30
8- Les inventions brevetées : Toutes nouvelles inventions dans les genres
d'industrie confèrent à son auteur, le droit exclusif d'exploiter à son profit ladite
invention.

Sont considérées comme inventions nouvelles, l'invention de nouveaux produits


industriels, l'invention de nouveaux moyens pour l'obtention d'un résultat ou d'un
produit industriel, l'application nouvelle de moyens connus pour l'obtention d'un
résultat ou d'un produit industriel.

La durée des brevets est de 20 ans après le dépôt. Le titulaire du brevet peut conférer
volontairement des licences d'exploitation à un tiers. Quiconque veut exploiter le
brevet peut demander une licence obligatoire à l'Organisation africaine de la
propriété Intellectuelle (OAPI).

Les inventions brevetées sont aussi protégées par des actions civiles et pénales.

II / Les éléments corporels du fonds de commerce

Il s'agit :

1- Du matériel et outillage : Ce sont tous les biens corporels ayant une certaine
stabilité et qui servent à l'exploitation du fonds de commerce (outillage industriel,
matériel d'exploitation).

2- Des marchandises : Ce sont tous les objets mobiliers destinés à être vendus,
après avoir été ou non transformés ; ils sont instables.

N.B : Les immeubles ne font pas partie du fonds de commerce.

Sujet : La clientèle ; élément essentiel du fonds de commerce ?

Le mot « clientèle » désigne soit les personnes qui sont liées au commerçant par un
contrat d'approvisionnement (clientèle captive), soit celles qui s'adressent à lui pour
des raisons de confiance ou d'habitude (clientèle attitrée).
31
La loi de 1909 considère que la clientèle est l'élément essentiel du fonds ; la
jurisprudence retient la même analyse (com. 29 mai 1953 JCP 1953 II 7720 notes
COHEN).

En effet, à la différence des autres éléments, la clientèle présente seule un caractère


essentiel ; on peut concevoir un fonds de commerce sans un droit de bail (cas des
commerçants ambulants), sans enseigne, sans droit de propriété industrielle etc... On
ne peut imaginer un fonds sans clientèle.

Plus qu'un élément du fonds, la clientèle est le but poursuivi par le commerçant. Tous
les autres éléments sont des moyens de parvenir à cette fin, en attirant, en retenant ou
en développant la clientèle.

Sujet 5 : Qu'est-ce que la vente ou la cession d'un fonds de commerce ?

La vente d'un fonds de commerce est une opération fortement complexe. Le


législateur est ainsi intervenu pour assurer la sauvegarde de tous les intérêts en
présence : vendeur du fonds et ses créanciers ; acheteur du fonds.

C'est un acte de commerce pour le vendeur et l'acheteur. Cela suppose que la


personne qui acquiert un fonds de commerce doive avoir la capacité de faire le
commerce. Le fonds de commerce appartenant à un mineur ne peut être vendu
qu'avec l'autorisation du conseil de famille. Si le fonds dépens d'une communauté
conjugale, il ne peut être vendu qu'avec le consentement des deux époux ou à défaut
avec l'autorisation du juge; il est de même d'un fonds faisant l'objet d'une
coexploitation.

La vente a pour objet obligatoirement le fonds commercial : la clientèle et l'enseigne


ou le nom commercial. Elle peut porter aussi sur d'autres éléments du fonds de
commerce, à condition de les préciser expressément dans l'acte de cession.

Sujet 6 : Quelles sont les règles tendant à la protection de l’acheteur d'un fonds
de commerce ?

Ces règles ont pour but de garantir dans la mesure du possible, l'acheteur contre le
risque d'être trompé par le vendeur sur la valeur réelle du fonds ; cette protection
32
consiste à imposer l'insertion de certaines mentions dans l'acte de vente sous peine de
sanctions et à rendre responsable de l'inexactitude de ces mentions, les intermédiaires
qui sont intervenus dans la vente du fonds.

1- Les mentions qui doivent être insérées dans l'acte de vente : La vente d'un
fonds de commerce peut être réalisée, soit par acte sous seing privé, soit par acte
authentique ; cet acte doit énoncer : pour les personnes physiques : les noms,
dénomination sociale, forme juridique, adresse du siège social du vendeur et de
l'acheteur. Pour les personnes morales : leur numéro d'immatriculation au RCCM ;
l'origine de la propriété du précédent vendeur ; l'état des privilèges, nantissement et
inscriptions grevant le fonds ; le chiffre d'affaires et les résultats commerciaux
réalisés au cours de chacune des trois dernières années d'exploitation ou depuis son
acquisition, si le fonds n'a pas été exploité depuis plus de trois ans. Le bail, sa date, sa
durée, le nom et l'adresse du bailleur et du cédant s'il y a lieu ; le prix convenu ; la
situation et les éléments du fonds vendu ; le nom et l'adresse de l'établissement
bancaire désigné en qualité de séquestre si la vente a lieu par acte sous seing privé.

L'omission ou l'inexactitude de ces énonciations peut entraîner la nullité de la


vente, si l'acquéreur le demande. En outre, il doit prouver que cette omission ou cette
inexactitude a substantiellement affecté la consistance du fonds cédé et qu'il lui en est
résulté un préjudice. La demande doit être formée dans le délai d'un an à compter de
l'acte. A la diligence de l'acquéreur, l'acte de cession doit être publié dans un journal
d'annonces légales paraissant au lieu où le vendeur est inscrit au
RCCM.

Le vendeur doit s'abstenir de troubler l'acquéreur dans l'exploitation du fonds ; à cet


effet, il peut être inséré dans l'acte de cession, des clauses de non rétablissement.
Cependant, ces clauses ne sont valables que si elles sont limitées soit dans le temps,
soit dans l'espace. L'acquéreur évincé ou qui découvre des vices cachés peut
demander la résolution de la vente.

2- Les mesures prises à l'égard des intermédiaires : Les intermédiaires sont


solidairement responsables avec le vendeur de l'inexactitude des mentions de l'acte de
vente, s'ils ont eu connaissance de ces inexactitudes. L'exercice de la profession
d'intermédiaire est interdit aux individus ayant fait l'objet d'une condamnation pour
crime, vol, abus de confiance, faux serment, faux témoignage etc.

33
Sujet 7 : Quelles sont les règles tendant à la protection du vendeur d'un fonds de
commerce ?

La nécessité de protéger le vendeur du fonds est liée au fait qu'il est rarement payé
comptant. Il dispose d'un privilège et d'une action résolutoire, sous certaines
formalités :

1- Formalités prescrites pour la conservation du privilège et de l'action


résolutoire :

Ces formalités ont pour but d'avertir les tiers: d'abord la vente doit être constatée par
un acte authentique ou sous seing-privé dûment enregistré; ensuite dans les quinze
jours qui suivent la signature de l'acte de vente, le privilège et l'action résolutoire
doivent être inscrits au RCCM. L'inscription doit indiquer les noms, prénoms,
dénomination sociale, domicile ou siège sociale des parties, la nature du fonds de
commerce, l'assiette du privilège, c'est-à-dire, les éléments du fonds de commerce qui
sont atteints par le privilège. A défaut de cette indication expresse, le privilège du
vendeur ne porterait que sur le fonds.

2- Les prérogatives du vendeur privilégié : Lorsque les formalités que nous


avons indiquées ont été effectuées, le vendeur privilégié bénéficie de certaines
prérogatives : il peut, s'il n'est pas payé aux échéances convenues, demander la
résolution de la vente ; il peut également poursuivre son débiteur en exécution c'est-à-
dire, saisir et faire vendre aux enchères non seulement le fonds de commerce, mais
encore les autres biens. Le vendeur privilégié bénéficie d'un droit de préférence, qui
lui permet d'être payé sur le prix provenant de la vente du fonds, avant les autres
créanciers de l'acquéreur. Il possède aussi un droit de suite qui permet de saisir le
fonds, non seulement entre les mains de son acquéreur, mais encore entre les mains
des sous-acquéreurs éventuels. Ceux-ci déjà avertis par l'inscription ne peuvent se
plaindre. Enfin, le vendeur privilégié au cas où l'acquéreur du fonds revend celui-ci à
un prix estimé inférieur à la valeur réelle, a le droit de former une surenchère du \ !

34
6ème, c'est à dire d'ajouter 1/6ème au prix auquel le fonds a été revendu et de le
racheter ainsi entre les mains du nouvel acquéreur qui ne peut s'y opposer.

Sujet 8 : Quelles sont les règles tendant à la protection des intérêts du créancier
du vendeur d'un fonds de commerce ?

Les créanciers d'un commerçant courent le danger de la voir vendre son fonds de
commerce clandestinement et disparaître avec le prix ou encore dissimuler tout ou
partie du prix de vente. Il peut encore, de concert avec un confrère, vendre le fonds à
un prix inférieur à la valeur réelle du fonds. Deux mesures sont prévues par la loi
pour éviter ces périls : L'obligation de publier la vente et le droit d'opposition des
créanciers du vendeur.

1- Les mesures de publicité : Toute vente de fonds de commerce doit faire l'objet
d'insertion dans un journal d'annonces légales dans les 15 jours de sa date
d'enregistrement. On doit mentionner l'identité des parties, l'objet et le siège du fonds,
son prix etc. Une seconde insertion, de contenu identique, doit être faite du 8 ème au
15è jour après la première. L'acte de cession doit être déposé en deux copies
certifiées conformes par les parties au RCCM.

2- Le droit d'opposition des créanciers ou saisie-arrêt : l'opposition ou saisie-


arrêt est l'acte par lequel un créancier interdit à une personne qui doit de l'argent à son
débiteur de lui verser cet argent. L'opposition doit être faite par exploit d'Huissier
dans un délai de 10 jours suivant la deuxième insertion dans le Journal d'annonces
légales. Elle bloque ainsi l'intégralité du prix de vente du fonds, peu importe la valeur
de la créance qui a fondé l'opposition. Ensuite, celui qui a fait l'opposition s'adresse
au tribunal pour se faire autoriser à prendre possession de la somme bloquée entre les
mains de la personne qui la détient. En effet, le créancier du vendeur du fonds qui
forme l'opposition doit notifier celle-ci par acte extrajudiciaire au Notaire désigné
en qualité de séquestre, à l'acquéreur du fonds et au greffe de la juridiction où est tenu
le RCCM et inscrit le vendeur du fonds, sous peine de nullité.

35
Sujet 9 : Le problème des droits des créanciers sur le fonds de commerce
apporté lors de la constitution de la société

Celui qui s'associe dans une société avec d'autres doit faire un apport ; il peut aussi
apporter son fonds de commerce ; mais ce pose le problème des droits des créanciers
sur le fonds de commerce. La société va-t-elle supporter ces charges ? Pour avertir les
tiers, la loi a pris certaines mesures : d'abord, tout apport de fonds de commerce en
société doit être publié au journal des annonces légales. Les créanciers de l’apporteur
ainsi avertis doivent se manifester et se faire connaître. Les associés doivent décider
dans un délai de 15 jours après ces formalités, d'annuler la société ou de renoncer à
l'apport. Si dans ce délai les associés ne réagissent pas, la société est ténue
solidairement avec l’apporteur du fonds de commerce, au paiement du passif déclaré
dans les délais prescrits par la loi.

Sujet 10 : Le nantissement du fonds de commerce

Le nantissement du fonds de commerce est le contrat par lequel un débiteur affecte en


garantie de sa dette, son fonds de commerce à son créancier. Le commerçant peut
affecter son fonds de commerce en garantie pour plusieurs raisons : Il peut s'agir du
financement d'importantes opérations ; il peut s'agir également d'une urgence. Par
exemple : lorsque le recouvrement de la créance du créancier est en péril, le créancier
peut demander au commerçant de consentir un nantissement de son fonds de
commerce. Contrairement au nantissement de droit commun, le nantissement du
fonds de commerce n'emporte pas dépossession du propriétaire du fonds, c'est-à-dire
que le débiteur continu à exploiter le fonds du commerce sur lequel porte le
nantissement.

1- Les règles de fond du nantissement du fonds de commerce : Le


nantissement d'un fonds peut porter sur les éléments incorporels (enseigne, nom
commercial, droit au bail, clientèle, brevet, marque de dessins, modèle etc.), ainsi que
sur le matériel ou l'outillage servant à l'exploitation du fonds et sur le mobilier
commercial, et non sur les marchandises.

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2- Les règles de forme du nantissement : En cas de nantissement du fonds de
commerce, le créancier nanti présente au greffe de la juridiction compétente dans le
ressort de laquelle est immatriculée la personne physique ou morale propriétaire ou
exploitante du fonds, le titre constitutif du nantissement et un formulaire d'inscription
en 4 exemplaires.

Ce formulaire porte mention de tous les renseignements relatifs aux parties, à la


description du fonds et à la créance. Le greffe vérifie la conformité du formulaire au
titre présenté et procède à son inscription. Il fait mention de cette inscription au
dossier individuel de la personne contre laquelle l'inscription est prise et y classe les
actes et l'un des formulaires. Le second formulaire est remis au créancier nanti tandis
que les troisième et quatrième sont envoyés au fichier national. L'un y est conservé,
l'autre est transmis au fichier régional. Toute modification ultérieure du nantissement
doit faire l'objet d'une inscription modificative.

3- Les droits du créancier nanti : Le nantissement du fonds de commerce


confère au créancier, un droit de préférence et un droit de suite ; mais il ne lui permet
pas de se faire attribuer le fonds en paiement. Le droit de préférence est celui d'être
payé avant toute autre créance, sur le prix de vente du fonds de commerce. S'il y a
plusieurs créanciers inscrits, leur rang respectif est déterminé par la date des
inscriptions et les créanciers inscrits le même jour viennent en concurrence. Mais il
faut souligner que le privilège du vendeur du fonds de commerce prime celui du
créancier nanti. Le droit de suite permet au créancier nanti d'aller saisir le fonds dans
quelque main qu'il passe ; c'est-à-dire, si le fonds nanti a été vendu à un autre ou
donné, le créancier peut aller le saisir entre les mains de l'acheteur ou du donataire, le
faire vendre et se faire payer sur le prix de vente.

CHAP IV / LE BAIL COMERC1AL

Sujet 11 : Quels sont les problèmes qui se posent à propos du bail commercial ?

Est réputé bail commercial, toute convention même non écrite, existant entre le
propriétaire d'un immeuble ou d'une partie d'un immeuble et toute personne physique
ou morale, permettant à cette dernière d'exploiter dans les lieux avec l'accord du
propriétaire, toute activité commerciale, industrielle, artisanale ou professionnelle. Le
37
bail commercial peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée. A
défaut d'écrit ou de terme fixé, le bail est réputé conclu pour une durée indéterminée.

1- Les obligations du bailleur : Le bailleur est tenu de livrer les locaux en bon
état. Il est présumé avoir rempli cette obligation, lorsque le bail est verbal ; lorsque le
preneur a signé sans formulation de réserve quant à l'état des locaux.

Le bailleur doit-il supporter les grosses réparations (gros murs) ? Si le bailleur


refuse de procéder aux grosses réparations, le preneur pourra se faire autoriser par le
tribunal à les exécuter. Le cas échéant, le montant du loyer est diminué en proportion
du temps et de l'usage pendant lequel le preneur a été privé de l'usage des locaux. Le
bailleur est tenu d'éviter de son fait ou du fait de ses ayant droits ou de ses préposés,
de troubler le preneur dans la jouissance des lieux loués.

2- Les obligations du preneur : II est tenu des réparations d'entretien ; des


dégradations ou pertes dues à un défaut d'entretien au cours du bail ; de verser une
indemnité d'occupation égale au montant du loyer fixé pendant la durée du bail, si à
l'expiration de celui-ci, il se maintient dans les lieux contre la volonté du bailleur.

3- La cession ou la sous-location : La cession n'est possible que si le bailleur en


a été informé par acte extrajudiciaire ou par tout autre moyen écrit. Le bailleur qui
dispose de motifs sérieux et légitimes peut s'en opposer dans le délai d'un mois. La
sous-location totale ou partielle est interdite sauf stipulation contraire du bail.
Lorsque le loyer de la sous-location totale ou partielle est supérieur au prix du bail
principal, le bailleur a la faculté d'exiger une augmentation correspondante du prix du
bail principal.

4- Les conditions et formes du renouvellement : Le droit au renouvellement du


bail à durée déterminée ou indéterminée est acquis au preneur qui justifie avoir
exploité conformément aux stipulations du bail, l'activité prévue à celui-ci, pendant
une durée minimale de 2 ans. Dans le cas du bail à durée déterminée, le preneur doit
former sous peine de déchéance, sa demande de renouvellement par acte
extrajudiciaire au plus tard trois mois avant la date d'expiration du bail. Le bailleur
qui n'a pas répondu à la demande de renouvellement au plus tard un mois avant
l'expiration du bail est réputé avoir accepté le principe du renouvellement. Dans le
cas d'un bail à durée indéterminée, toute partie qui entend le résilier doit donner
congé par acte extrajudiciaire au moins 6 mois à l'avance. Le preneur peut contester
le congé avant l'expiration de ce délai.

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Le bailleur peut s'opposer au droit au renouvellement du bail à durée déterminée ou
indéterminée, en réglant au locataire, une indemnité d'éviction ; le bailleur peut
exercer cette opposition sans avoir régler d'indemnité d'éviction :

. S'il justifie d'un motif grave et légitime à l’encontre du preneur ; s'il envisage de
démolir l'immeuble aux fins de reconstruction ; s’il reprend les locaux d'habitation
accessoires des locaux principaux sans que cela entrave la jouissance des locaux
principaux.

. En cas de renouvellement accepté, le nouveau bail est conclu pour 3 ans. Le


nouveau bail prend effet à compter de l'expiration du bail précédent, si celui-ci est à
durée déterminée, ou à compter de la date pour laquelle le congé a été donné, si le
bail précédent est à durée indéterminée. Le sous-locataire peut demander le
renouvellement de son bail au locataire principal. Le preneur sans droit au
renouvellement, quel qu'en soit le motif, pourra néanmoins être remboursé dans les
locaux avec l'autorisation du bailleur.

5- La résiliation judiciaire du bail : A défaut de paiement du loyer ou en cas


d'inexécution d'une clause du bail, le bailleur pourra demander la résiliation du bail et
l'expulsion du preneur. Cette demande ne peut intervenir qu'un mois après une mise
en demeure d'avoir à exécuter les clauses et conditions du bail.

Sujet : Le refus de renouvellement du bail commercial

On distingue le refus illégitime (plus important) et le refus légitime.

I / Le refus illégitime de renouvellement du bail commercial

1- En principe, le bailleur peut toujours refuser le renouvellement du bail à


la fin

Toutefois, il devra payer une indemnité d'éviction s'il ne peut invoquer aucune cause
légitime de reprise de son immeuble. Si le bailleur refuse de payer l'indemnité
d'éviction, le locataire saisit le tribunal.

39
2- Nature juridique de l'indemnité et calcul de son montant : Pour certains,
l'indemnité est due à un abus de droit ; pour d'autres, c'est une indemnité
d'expropriation due par le propriétaire de l'immeuble. Pour le calcul du montant, on
tient compte de la valeur marchande du fonds de commerce déterminée selon les
usages de la profession, augmentée des frais normaux de déménagement et de
réinstallation.

II / Refus légitime de renouvellement sans indemnité d'éviction

1- Existence d'un motif grave et légitime à l’encontre du preneur sortant : Ex


: Non-paiement du loyer après deux ou trois mises en demeure ; abus de jouissance ;
attitude injurieuse du locataire (sévices) ; défaut d'exploitation du fonds sans raisons
sérieuses et légitimes ; radiation du locataire au registre du commerce.

NB : Ce motif ne pourra être invoqué que si les faits se sont poursuivis ou renouvelés
plus de deux mois après mise en demeure du bailleur, par acte extrajudiciaire, d'avoir
à les faire cesser.

2- Le bailleur envisage de démolir l'immeuble comprenant les lieux loués et


de le reconstruire soit parce qu'il est insalubre ou dangereux.

3- Il y a aussi la reprise en vue de l'habitation des locaux par le bailleur lui-


même, son conjoint, ses descendants ou ascendants.

CHAP V / LA CONCURRENCE DELOYALE

Sujet : Quels sont les problèmes qui se posent à propos de la concurrence


déloyale ?

L'activité commerciale repose en principe sur la libre concurrence ; ce principe dérive


de celui de la liberté de commerce et d'industrie. C'est dire que tout commerçant est
exposé à subir la concurrence d'une exploitation semblable à la sienne. Pourtant, il

40
subit parfois un préjudice considérable du fait d'une installation nouvelle. II n'est
fondé à se plaindre que si cette concurrence est déloyale. Mais à quel signe
reconnaître la concurrence déloyale ?

I / Définition et domaine de la concurrence déloyale

La concurrence déloyale est le fait d'un commerçant qui détourne ou tente de


détourner la clientèle, nuit ou tente de nuire aux intérêts d'un concurrent par des
moyens contraires aux lois, aux usages ou à l'honnêteté professionnelle. La
concurrence déloyale est un acte délictuel et elle est réprimée afin de protéger le
fonds de commerce.

A / Domaine de la concurrence déloyale

1- La protection contre les atteintes au nom commercial ou à la raison sociale


: Le nom commercial est un élément du fonds de commerce. Celui qui usurpe ce nom
dans le dessein de détourner la clientèle, commet incontestablement un acte de
concurrence déloyale. Si le concurrent porte le même nom patronymique, il faut qu'il
restreigne son droit à l'usage de son nom en raison de l'antériorité d'emploi de ce nom
par un autre. Le fait de se servir de son nom patronymique pour faire le commerce,
sans prendre les mesures utiles pour qu'il n'y ait pas de confusion possible avec un
commerce similaire exploité sous le même nom, constitue un acte de concurrence
déloyale.

2- La protection de l'enseigne : Celui qui individualise son établissement par


une enseigne doit le faire en usant d'une dénomination ou d'un emblème qui ne soit
pas seulement l'indication du genre de commerce. La dénomination doit être spéciale
et non générique. A cette condition, la priorité de l'emploi assure au commerçant le
droit d'empêcher un autre de se servir de la même enseigne pour un commerce
semblable. La protection peut s'étendre à une ville, à un département ou à tout le
pays.

41
3- Les manœuvres dirigées contre un concurrent : Le détournement de la
clientèle peut être réalisé par le dénigrement du concurrent, attaqué dans son
honorabilité, sa solvabilité, attaqué sur la qualité de ses produits etc... Ces faits
constituent une faute assimilée à la concurrence déloyale.

B / Exercice de l'action en concurrence déloyale

En cas de concurrence déloyale, la victime obtiendra par un recours à la justice, des


dommages-intérêts et pourra même faire interdire les procédés qui seraient de nature
à lui nuire. L'action en concurrence déloyale est accordée sans qu'il soit nécessaire de
démontrer un préjudice déjà réalisé par le concurrent. Le demandeur se contente
d'établir l'usurpation de l'enseigne et le tribunal peut ordonner des mesures tendant à
empêcher toute confusion dans l'avenir.

Il / Les clauses de non-rétablissement dans les ventes de fonds de commerce

Toutes les fois que la personnalité du commerçant, son nom, son activité ont une
influence sur la conservation de la clientèle, la clause de non-rétablissement est
nécessaire pour protéger l'acquéreur contre la concurrence que lui ferait le vendeur en
créant un nouveau fonds. La clause de non-rétablissement vise à empêcher l'ancien
propriétaire de se réinstaller. Pour que ces clauses soient valables, il faut aussi
qu'elles soient restreintes dans le temps (elles ne doivent pas être perpétuelles), et
dans l'espace (la clientèle est en général une clientèle locale, donc le vendeur peut
ouvrir un commerce semblable dans une autre ville).

DEUXIEME PARTIE : LA VENTE COMMERCIALE

LA VENTE COMMERCIALE

La vente, qu’elle soit civile ou commerciale, est certainement le contrat le plus usuel.
Elle est définie comme étant la convention par laquelle une personne s’oblige à livrer
une chose, l’autre à la payer. Ainsi définie, la vente est un contrat consensuel en ce
sens qu’elle est parfaite dès qu’il y a accord sur la chose et sur le prix. L’obligation

42
pour le vendeur de transférer la propriété de la chose à l’acheteur constitue l’une des
caractéristiques essentielles de la vente ; en ce sens, la vente est un contrat translatif
de propriété. L’engagement de l’une des parties en raison d’être dans la contrepartie
reçue ou attendue de l’autre partie. La vente est dès lors un contrat à titre onéreux. Le
vendeur et l’acheteur assument des obligations précises qui confèrent à la vente un
caractère synallagmatique. Le vendeur s’oblige à livrer des marchandises, à s’assurer
de leur conformité et accorder sa garantie. L’acheteur doit payer le prix et prendre
livraison des marchandises.

SECTION 1 : les particularités de la vente commerciale

Ces particularités concernent la notion de la vente commerciale et les règles


applicables.

PARAGRAPHE 1er – la notion de la vente commerciale

Que faut –il entendre par vente commerciale au sens de l’AU DCG ?
Telle est la question à laquelle il convient de répondre’ analyse des articles
234à236 AU DCG permet d’affirmer qu’il s’agit d’une qui se distingue du contrat
d’entreprise, d’une vente de marchandises, d’une vente privée d’une vente
commerciale

A- Un contrat de vente distinct du contrat d’entreprise


Le contrat d’entreprise est la convention par laquelle une des parties s’engage à faire
quelque chose moyennant un prix convenu entre elles’ entrepreneur dans ces
contracte une obligation de faire. Dans la vente, le vendeur est débiteur d’une
obligation de donner en principe, ces deux opérations sont faciles à distinguer

B- Un contrat de vente portant sur des marchandises


Pour le législateur communautaire, la vente commerciale est celle qui porte sur des
marchandises c’est à dire de façon générale sur les objets mobiliers corporels.
Cette restriction permet d’exclure de la vente sans hésitation les biens incorporels et
les biens immobiliers.

C- Un contrat de vente privée


Le caractère privé induit de l’idée que la vente commerciale se déroule sans
l’intervention d’une autorité publique investie d’un pouvoir spécifique et n’obéit pas
à aucun formalisme particulier. Dans ce sens, les ventes publiques encore appelées
ventes par autorité de justice caractérisées par le recours à une procédure dont les
formes sont obligatoires et les ventes aux enchères dans lesquelles les vendeurs font

43
appel au public et concluent la vente avec l’acquéreur le plus offrant n’entrent pas
dans le champ d’application des dispositions consacrées à la vente commerciale.

 AU DCG = Acte Uniforme du Droit Commercial Général

Qui peut conclure un contrat de vente commerciale ?


Seul un commerçant au sens de l’article 2 AU DCG peut conclure un contrat de vente
commerciale. En d’autres termes, la vente au consommateur ne constitue pas une
vente commerciale au sens de l’AU DCG. Le législateur précise dans l’article 235 (a)
que les ventes de marchandises effectuées pour un usage personnel, facial ou
domestique ne sont pas des ventes commerciales à conditions que le vendeur ait su
que l’achat a été effectué pour un tel usage. Il en résulte que ces opérations ne doivent
pas être réalisées dans le cadre d’une activité professionnelle. Cette définition
comporte un double critère : l’un relatif à la personne (commerçant ou non
commerçant) l’autre relatif à la finalité de l’opération (l’activité professionnelle).

PARAGRAPHE II -les règles applicables à la vente commerciale

Avant toute, chose il convient de noter que le législateur a entendu conserver les
principes fondamentaux du droit commun des contrats et du droit de vente contenus
dans le code civil. Les innovations intervenues résultent pour la plupart des emprunts
faits à la convention sur la vente internationale de marchandises dite convention de
vienne. En outre, certains usages comme la faculté de remplacement ont été intégrés
dans le nouveau droit de la vente internationale. Le choix de conserver les règles de
droit commun est expressément affirmé dans l’article 237 AU DCG aux termes
lequel, outre les dispositions du présent livre, la vente commerciale est soumise aux
règles du droit commun.

SECTION 2 : la formation du contrat de vente

A l’instar de tout contrat, le contrat de vente suppose la rencontre des volontés. Cette
rencontre résulte de l’échange du consentement défini comme la coïncidence d’une
offre et d’une acceptation : l’offre est en principe faite par le vendeur et l’acceptation
est donnée par l’acheteur.

44
PARAGRAPHE 1- L’offre
L’article 241 AU DCG définit l’offre comme « une proposition de conclure un
contrat adressé à une ou plusieurs personnes déterminées ». Cette offre, pour produit
les effets que la loi y attache (B), remplir un certain nombre de conditions(A).

A- Les conditions de l’offre


L’offre est soumise à trois conditions cumulatives.
L’offre ou la proposition de conclure un contrat doit être adressé à une ou
plusieurs personnes déterminées. Cette exigence restreint la notion d’offre.
Deux conséquences s’attachent à cette restriction : la première est que l’offre fait au
public (publicité, appel d’offre catalogue de produits) constitue une simple invitation
à rentrer en pourparlers. La deuxième est liée au fait que toute offre, pour être
valable, doit désigner son destinataire.

L’offre doit être suffisamment précise. L’offre est précise lorsqu’elle contient des
informations détaillées sur les éléments essentiels du contrat tel le prix, les
marchandises et la quantité.
L’offre doit indiquer la volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation.
L’offre ne doit comporter ni Reserve, ni possibilité de rétractation. L’engagement
du pollicitant doit être tel que l’acceptation suffise à former le contrat.

B- Les effets de l’offre


En réalité, les effets sont constitués par la valeur juridique attachée à l’offre. Les
effets se mesurent donc à l’aptitude de l’offre à permettre la formation du contrat
projeté. Deux événements peuvent remettre en cause la validité de l’offre : la
révocation et la caducité.

L’offre ne prend effet qu’à compter du moment où elle est parvenue à son
destinataire en application de la théorie de la réception. Malgré cette prise d’effet,
l’offre peut être révoquée c’est –à-dire retirée dans un délai déterminé. Le délai de
révocation prend fin à la date de l’expédition de l’acceptation.

La caducité de l’offre peut intervenir dans trois cas :

• 1er cas : l’offre est rejetée ;


• 2ème cas : le destinataire de l’offre ne réagit pas dans le délai qui lui est imparti
par l’offrant ;

45
• 3ème cas : aucun délai n’est fixé pour l’acceptation mais le destinataire garde le
silence au-delà d’un délai raisonnable.

PARAGRAPHE II- L’acceptation

L’acceptation s’entend d’une déclaration ou d’un comportement du destinataire


indiquant qu’il acquise à une offre. Cependant, il y a également acceptation lorsqu’il
y a silence du destinataire mais qui est entouré de circonstances révélant une
approbation tacite.

A- Les conditions de l’acceptation

L’expression de l’acceptation n’est soumise à aucune forme particulière mais elle doit
être pure et simple et se distinguer d’une contre-proposition.
L’acceptation est pure et simple lorsqu’elle ne comporte ni réservé, ni condition et
qu’elle permet d’abord des parties sur toutes les conditions essentielles du contrat.

Par ailleurs, lorsque l’acceptation contient des modifications altérant


substantiellement les termes de l’offre, il n’y a plus acceptation mais contre-offre.
Aux termes de l’article 245 al 2 AU DCG, « l’acceptation qui contient des additions,
des limitations ou autres modifications doit être considéré comme un rejet de l’offre
». Elles constituent une contre-offre c’est –à-dire une offre nouvelle insusceptible de
former le contrat.
B- Les effets de l’acceptation
Lorsque l’acceptation est donnée conformément aux exigences légales, le contrat est
formé.

A partir de quand doit-on considérer qu’il y a acceptation ?

La question est d’importance surtout à cause des conséquences juridiques qui s’y
attachent. En principe, lorsque les deux parties sont présentes, l’acceptation intervient
instantanément entrainant du coup la formation du contrat. A l’inverse, en cas
d’éloignement des parties l’une de l’autre, l’acceptation prend effet au moment où
l’indication d’acquiescement parvient à l’auteur de l’offre. Lorsqu’un délai
d’acceptation est stipulé, l’acceptation ne prend effet que si elle parvient à l’offrant
dans le délai qu’il a stipulé ou en l’absence de délai, dans un délai raisonnable.

Le destinataire de l’offre peut-il se rétracter alors même qu’il a déjà émis son
acceptation ?
46
Aux termes de l’article 247 AU DCG, le destinataire est autorisé à changer d’avis à
condition que la rétractation parvienne à l’offrant avant la prise d’effet de
l’acceptation c’est-à-dire la réception de l’acceptation.

Une fois le contrat formé, aucune des parties au contrat n’est plus autorisée à
remettre en cause son consentement (offre ou acceptation). Le contrat devient
obligatoire pour les parties.

SECTION 3- Les obligations des parties

Chacune des parties au contrat de vente assume des obligations précises.

PARAGRAPHE 1er- les obligations du vendeur

Le vendeur assume essentiellement trois obligations à savoir :

-livrer la chose objet du contrat,

-livrer une chose conforme à celle définie au contrat, -accorder sa garantie.

A- l’obligation de livraison

L’obligation de livraison consiste pour le vendeur, soit à remettre les marchandises à


un transporteur pour leur livraison à l’acheteur lorsque le contrat de vente prévoit un
transport de marchandises, soit à tenir les marchandises à dispositions chez le
vendeur. La livraison se distingue de la délivrance. Elle s’entend de tous les actes
matériels à accomplir par le vendeur pour permettre à l’acheteur d’entrer en
possession de la marchandise.

La livraison doit porter sur les marchandises prévues au contrat. S’il livre une
quantité supérieure à celle prévue au contrat, l’acheteur a la liberté d’accepter ou de
refuser la quantité excédentaire. La livraison porte également sur les accessoires. Les
accessoires sont d’abord les choses matérielles distinctes de la chose principale mais
affectées à ses services. Ce sont ensuite des documents notamment administratifs
dispensables à l’usage ou représentatifs de la marchandise.

47
B-l’obligation de conformité

Il s’agit d’une obligation autonome déconnectée de l’obligation de délivrance. Aux


termes de l’article 255 AU DCG, le vendeur doit livrer les marchandises dans la
quantité, la qualité, la spécification, le conditionnement et l’emballage correspondant
à ceux prévus au contrat. L’alinéa 2 de ce texte ajoute que les marchandises ne sont
conformes au contrat que si elles sont propres aux usages auxquels servent
habituellement les marchandises de même type. C’est ce qu’on appelle l’usage
ordinaire. L’acheteur, créancier de l’obligation de conformité, doit de son côté,
procéder à l’examen des marchandises dès que possible .Si cet examen révélé un
défaut de conformité ,il doit les dénoncer dans le délai d’un mois si le défaut de
conformité est apparent et au plus tard dans le délai d’un an à compter de la date de la
remise effective des marchandises si le défaut de conformité est caché’ inexécution
de cette obligation est sanctionnée par la déchéance du droit qu’à l’acheteur de se
prévaloir du défaut de conformité constaté lors de l’examen.
C- L’obligation de garantie
Elle comporte deux aspects résultant de l’obligation du vendeur de transférer à
l’acheteur la propriété d’une chose et sa possession paisible. Ce sont la garantie des
vices cachés et la garantie d’éviction.

1- La garantie d’éviction
Généralement, le vendeur tenu de procurer à l’acheteur la possession paisible de la
chose vendue doit une double garantie : celle de son fait personnel et celle du fait des
tiers. L’article 230 AU DCG ancien n’envisage que la garantie du fait des tiers. Le
silence du législateur sur la garantie du fait personnel équivalait-il à une suppression
de ladite garantie ?

La garantie du fait des tiers vise à protéger l’acquéreur contre toute espèce de trouble
de droit émanant d’un tiers c’est-à-dire une personne étrangère à la vente. Il y a
trouble de droit lorsque par exemple le tiers revendique la propriété de la chose
vendue ou que le bien est grevé de charges non déclarées ou encore lorsque
l’acquéreur est obligé de délaisser aux tiers une partie des droits acquis.

La garantie ne saurait jouer si l’acheteur a eu connaissance du risque d’éviction


ou de l’existence d’une charge non déclarée et a donc acquis la chose en
connaissance de cause. Cela induit une possibilité d’aménagement de la garantie
légale d’éviction dans le sens d’une restriction.

48
S’agissant de la garantie des vices cachés, l’extension est possible et même
souhaitable puisqu’elle vise à protéger l’acquéreur. Seule la limitation
conventionnelle peut être admise si l’acheteur en eu connaissance et l’a accepté lors
de la conclusion de la vente. Dans tous les cas, le juge saisi d’un litige relatif à ces
clauses doit les interpréter restrictivement.

PARAGRAPHE II- les obligations de l’acheteur

Selon l’article 262 de l’AUDCG, l’acheteur s’oblige à payer le prix et à prendre


livraison des marchandises.

A- Le paiement du prix
La vente étant un contrat à titre onéreux, le prix y joue un rôle considérable. Le prix
que l’acheteur doit payer doit être réel et sérieux ; ce qui exclut le prix dérisoire ou
fictif. Il doit être déterminée dernier caractère a fait l’objet de plusieurs dispositions
de l’AU DCG dont il convient de préciser la portée avant d’analyser le contenu de
l’obligation de payer le prix et les modalités de son exécution.

1-La détermination du prix


Aux termes de l’article 241 in fine AU DCG relatif à l’offre, « une proposition est
suffisamment précise lorsqu’elle désigne les marchandises, et, expressément ou
implicitement, fixe la quantité et le prix ou donne les indications permettant de les
déterminer ». L’article 263 AU DCG ajoute que « l’acheteur est tenu de payer le prix
convenu. Le prix exprimé dans le contrat est présumé convenu hors taxes.
2- Le contenue l’obligation de payer le prix (article 265 AU DCG)

L’acheteur, doit prendre toutes les mesures et accomplir toutes les formalités
destinées à permettre le paiement du prix. S’il paye par chèque par exemple, il devra
s’assurer de la disponibilité de la provision correspondante. L’acheteur doit verser le
montant prévu au contrat, dans la monnaie stipulée. C’est également à l’acheteur
qu’incombe le paiement des frais accessoires de la vente. Il s’agit notamment des
frais d’actes, des frais de transfert ou des intérêts courus en raison du retard de
paiement.

3-les modalités de paiement

C’est aux parties qu’il appartient de décider d’un lieu de paiement lorsque le contrat
ne dit rien, le paiement a lieu à l’établissement du vendeur ou si le paiement doit être
fait contre livraison des marchandises ou remise de documents, au lieu prévu pour

49
cette livraison ou pour cette remise. L’obligation pour l’acheteur de payer le prix
s’exécute à la date fixée par les parties. De façon générale, à défaut de stipulation
contraires, le paiement a lieu au moment de la livraison.

B- La prise de livraison

La prise de livraison implique d’abord que l’acheteur fasse tout ce qui est nécessaire

Pour permettre au vendeur d’effectuer la livraison et ensuite que l’acheteur prenne


possession des marchandises.

L’obligation pour l’acheteur d’accomplir tout acte facilitant la livraison illustre


bien l’obligation de collaboration qui doit exister entre les parties.
L’acheteur doit mettre tous les moyens en œuvre, c’est-à-dire, effectuer les formalités
et démarches nécessaires et éventuellement conclure les actes juridiques
indispensables à la bonne fin de l’opération.

Une fois les formalités accomplies, l’acheteur devra retirer les marchandises c’est-
à-dire en prendre physiquement possession. Lorsque l’opération a lieu dans les
locaux du vendeur, l’acheteur procédera simplement à leur enlèvement. En cas de
vente impliquant un transport, le retirement consistera en la réception des
marchandises au lieu de leur destination.

Le retient détermine le moment où l’acheteur aura l’obligation de procéder à


l’examen des marchandises et d’exercer son droit de dénonciation des défauts de
conformité’ est également à cette date que s’opère le transfert des risques à
l’acheteur.

SECTION 4- la sanction des obligations des parties

Le système de sanction des obligations des parties au contrat de vente


commerciale obéit à une philosophie particulière caractérisée par le souci du
législateur de sauvegarder le contrat dans la mesure du possible et donc d’adapter la
sanction à la nature de l’inexécution invoquée. Cela aboutit à une certaine complexité
qui se traduit par la multiplicité des sanctions.

Certaines sont préventives, d’autres sont pécuniaires ou spécifiques à chaque


partie. Même la résolution n’échappe pas à cette complexité puisqu’elle peut être
invoquée par chacune des parties dans des conditions particulières.

50
PARAGRAPHE 1er –la sanction préventives

Elles interviennent après la conclusion du contrat mais avant que son


exécution ne soit terminée. Il s’agit de la suspension du contrat et de la résolution
anticipée.

A- La suspension du contrat
La suspension du contrat est un mécanisme par lequel le vendeur ou l’acheteur,
convaincu que son cocontractant n’exécutera pas une partie essentielle de ses
obligations, demande au juge l’autorisation de différer l’exécution de ses propres
obligations. Il s’agit en fait d’une adaptation du principe de l’exception d’inexécution
dans un but de prévention d’un risque d’inexécution plus grand.

B- La résolution anticipée du contrat


Il s’agit d’une sanction inconnue dans le droit antérieur et prononcée par le juge à la
demande d’une partie qui constate que manifestement, son cocontractant commettra
un manquement essentiel à ses obligations cela suppose que le demandeur dispose
d’éléments objectifs rendant flagrant le risque d’inexécution. Lorsque le contrat en
cause est un contrat à exécutions successives, la résolution est limitée à une livraison
donnée. Elle ne pourra être étendue aux livraisons antérieures et aux livraisons
futures que s’il existe un lien de connexité entre celles-ci et la livraison en cause. En
dehors du caractère préventif et des cas d’ouverture, la résolution anticipée reste
somme toute une résolution.

PARAGRAPHE II- Les sanctions pécuniaires

Les sanctions pécuniaires sont de deux ordres : les intérêts moratoires et les
dommages intérêts.

A- les intérêts moratoires

Les intérêts moratoires ont pour objet de réparer le dommage résultant de la privation
de la somme due sans que le créancier soit tenu de justifier une perte et peuvent être
cumulées avec les dommages intérêts. Aux termes de l’article 291 al 2 AU DCG, Ils
commencent à courir à compter de l’envoie de la mise en demeure adressée à l’autre
partie par lettre recommandée ou tout autre moyen écrit.

B- Les dommages intérêts

Les dommages intérêts ont pour objet de réparer le préjudice entendre par l’exécution
l’obligation. Le dommage réparable est constitué comme le précise implicitement
51
l’article 292 AU DCG, par la perte subie et le gain manqué par le créancier de
l’obligation. Son montant doit être déterminée par l’importance de la perte et du gain
manqué.

PARAGRAPHE III- les sanctions particulières à chaque partie

Ces sanctions sont applicables au vendeur ou l’acheteur.

A- les applicables au vendeur

Outre la résolution, le vendeur peut être contraint à l’exécution forcée. Il peut décider
lui-même d’exécuter volontairement ses obligations. Il peut par ailleurs être contraint
de reprendre les marchandises refusées par l’acheteur ou de réduire prix de la vente.

1- L’exécution forcée à la demande de l’acheteur (article283AUDCG) Le


législateur réglemente trois modes d’exécution forcée : le remplacement, la mise en
conformité et la faculté pour l’acheteur d’impartir un délai supplémentaire au
vendeur.

2- L’offre de réparation fait par le vendeur


Le mécanisme d’offre de repartions ne constitue pas une véritable sanction. Il s’agit
plutôt d’un remède que le vendeur peut proposer à l’acheteur en cas de livraison
anticipée ou même après la date de livraison tant que l’exercice de ce droit ne pose à
l’acheteur ni dommage, ni frais. La mise en œuvre de l’offre de réparation peut
susciter quelques difficultés.

3- Le refus de prendre livraison


Le droit pour l’acheteur de refuser de prendre livraison des marchandises peut
intervenir en cas de livraison anticipée ou de livraison excédentaire. L’acheteur devra
aviser le vendeur pour lui demander de reprendre ses marchandises.

4- La réfaction du prix
La réfaction du prix se présente comme une réfaction du contrat : les prestations sont
réajustées. L’intérêts réside dans le maintien du contrat. Le législateur de l’OHADA
autorise la réfaction du prix en cas de défaut de conformité des marchandises au
contrat.

C- Les sanctions applicables à l’acheteur


L’acheteur peut être contraint à une exécution en nature ou subir la déchéance de son
droit de se prévaloir de la non-conformité.

52
1- L’exécution en nature
Le vendeur ne semble pas disposer des mêmes prérogatives que l’acheteur auquel la
loi reconnait le droit d’exiger du vendeur l’exécution de toutes les obligations
contenues dans le contrat. Une telle différence s’explique d’abord, par la nature
mémé des obligations de l’acheteur et ensuite par le fait que le vendeur dispose
d’autres moyens pour obliger l’acheteur à s’exécuter.
2- La déchéance du droit de se prévaloir de la non-conformité
L’acheteur ayant pris livraison doit examiner les marchandises afin de
s’assurer de leur conformité. S’il ne le fait pas à temps, il encourt une sanction dite la
déchéance. Cette déchéance a une portée considérable puisqu’elle prive l’acheteur du
droit de se prévaloir du défaut de conformité et donc de recourir à l’un quelconque
des remèdes prévus (la réduction du prix, la mise en conformité, la résolution). Il ne
lui reste que le bénéfice de la garantie des vices cachés.

PARAGRAPHE IV- La résolution

A la différence du droit antérieur tel qu’il résulte du code civil’ Aucune pose pas
de principe général de résolution du contrat de vente. La résolution n’est ouverte aux
parties que dans les cas prévus par la loi ; la mise en œuvre et les effets sont régis par
des règles particulières.

A- les causes de résolution


Une seule cause peut entrainer la résolution du contrat de vente aussi bien pour le
vendeur que pour l’acheteur : c’est le manquement essentiel. Les autres causes
dépendent de la partie qui l’invoque.
1- le manquement essentiel
Aux termes de l’article 281 AU DCG, toute partie à un contrat de vente commerciale
fondée à en demander au juge complète la rupture pour inexécution totale ou partielle
des obligations de l’autre partie.

2- les causes liées aux parties


En dehors d’un manquement essentiel allégué par l’une des parties, l’action en
résolution n’est possible pour le vendeur qu’en cas de défaut de prise de livraison par
l’acheteur et pour l’acheteur, qu’en d’absence de livraison. Tous les deux ne peuvent
agir qu’après l’expiration du délai octroyé pour exécuter ces différences
obligations.

53
B -la mise en œuvre de la résolution

La résolution du contrat de vente est judiciaire comme l’affirme d’ailleurs les


articles 282 et suivants de AU DCG. On aurait pu en douter car selon l’article 281 al
2 la gravité du comportement d’une partie au contrat de vente commerciale peut
justifier que l’autre partie y mettre fin de façon unilatérale à ses risques et périls. Il y
a là une idée de résolution unilatérale telle que prévue par la convention de vienne.

C- Les effets des résolutions

La résolution produit plusieurs effets : l’anéantissement du contrat, la survie de


certaines clauses et les restitutions de ce qui a été fourni où payé.

L’anéantissement du contrat : Aux termes de de l’article 296AU DCG, la rupture du


contrat libéré les deux parties de leurs obligations. Aucune partie ne peut plus exiger
de l’autre l’exécution d’une quelconque obligation. C’est là un effet
traditionnellement reconnu à la résolution. Ce principe connait deux tempéraments.

SECTION 5- Les effets de la vente

Les effets de la vente peuvent être présentés de deux manières. La première plus
large regroupe l’effet caractéristique c’est –à- dire le transfert de propriété et le
transfert des risques qui y est associé mais également les obligations mises à la
charge de chacune des parties : on parle d’effet réels et d’effets personnels. La
seconde se limite au transfert de propriété et au transfert des risques ; c’est celle
retenue par le législateur de l’OHADA

PARAGRAPHE I –le transfert de propriété

Aux termes de l’article 275 AU DCG « la prise de livraison opéré transfert de


propriété à l’acheteur de la propriété des marchandises vendues ». Une telle
disposition remet en cause le principe de transfert immédiat ou solo consensus tel
qu’il résulte de l’article 1583 du code civil et pose le principe du transfert de
propriété à la prise de livraison. Les parties ont néanmoins la possibilité de différer le
moment du transfert de propriété.

A- le transfert de propriété à la prise de livraison

Dans le droit issu du code civil, le transfert de propriété s’opère dès la rencontre de
volonté des parties sur la chose et le prix, par le seul consentement de celles-ci d’où
54
l’expression solo consensus. Les inconvénients nés de l’application de ce principe
sont connus et tiennent notamment à la mise en œuvre de la réglé repérait domino
c’est-à-dire que si la chose périt fortuitement dans l’intervalle entre la conclusion du
contrat et la livraison, l’acheteur reste tenu de payer le prix bien qu’il ne puisse pas
réclamer la chose. L’acheteur étant devenu propriétaire supporte les risques en tant
que propriétaire.
Bla possibilité de différer le transfert de propriété

L’article 276 AU DCG ayant prévu la possibilité de différer le transfert de


propriété, celle –ci se fait principalement par la clause de réserve de propriété est
définie comme étant celle par laquelle les parties stipulent que le transfert de
propriété de la chose déjà livrée ne se produira qu’au moment olé prix sera
intégralement payé. Le vendeur impayé conserve, pendant ce temps, la droite
propriété des marchandises dans son patrimoine.

SECTION II- Le transfert des risques

L’une des conséquences du transfert de risques et selon l’article 277 al 1 er AU


DCG « le transfert de propriété entraine le transfert des risques ». Cela signifie qu’en
principe le transfert des risques a lieu au moment de la prise de livraison. De la sorte,
l’acheteur supporte la perte ou la détérioration des marchandises survenue après la
prise de livraison. Il demeure dès lors tenu de payer le prix. Sauf si la perte ou la
détérioration incombe au vendeur.

Ce principe connait quelques tempéraments :

- Dans le cas particulier du contrat de vente impliquant un transport, le transfert


des risques résulte de la remise au premier transporteur même si le vendeur est
autorisé à conserver les documents représentatifs des marchandises.
- Si les marchandises sont vendues en cours de transport, le transfert des risques
n’a plus lieu au moment du transfert de propriété mais au moment de la conclusion du
contrat. Cela n’empêchera pas l’acheteur de se prévaloir d’un manquement essentiel
ou d’un défaut de conformité si le vendeur avait connaissance de la perte ou de la
détérioration des marchandises et n’en a pas informé l’acheteur.
- Dans la vente portant sur des marchandises non encore individualisées, le
Transfert des risques n’intervient qu’après leur identification.

55
TROISIEME PARTIE : DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

INTRODUCTION

L’étude des sociétés commerciales, conformément à l’Acte Uniforme du 17 avril


1997 relatif du DSC-GIE suppose que l’on envisage les règles communes aux
sociétés commerciales puis l’on s’arrête aux règles propres à chacune des formes de
sociétés au regard des spécificités que chaque type de société peut présenter.

Si certaines sociétés présentent des caractéristiques communes permettant de les


regrouper sous une dénomination commune à savoir les sociétés des personnes, pour
les autres sociétés au contraire, les éléments distinctifs qui les caractérisent justifient
que l’on les étudie séparément. Ainsi, il va s’agir de consacrer un titre aux règles
communes aux sociétés commerciales, un autre titre aux sociétés des personnes,
encore un titre au SARL et enfin un autre au Société Anonyme.

TITRE PREMIRE : LES REGLES COMMUNES AUX SOCIETES


COMMERCIALES

Les règles communes aux sociétés commerciales concernent d’abord la notion de


société commerciale, ensuite ces règles portent sur la constitution de la société
commerciale et enfin elle concerne le fonctionnement de la société commerciale.

CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE SOCIETES COMMERCIALES

L’acte uniforme relatif au droit de sociétés commerciales et du… s’est démarqué du


code civil dont l’article 1832 définissait la société commerciale. En effet, deux textes
à savoir l’article 4 et 5 nous donnent désormais la définition de la société
commerciale. D’abord l’article 4 dispose « la société commerciale est créée par deux
ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des
biens en numéraire ou en nature dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui pourra en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes
dans les conditions prévues par le présent acte uniforme.

La société commerciale doit être créée dans l’intérêt des associés » Ensuite l’article 5
qui consacre en la matière l’innovation en droit OHADA dispose : « la société
commerciale peut être également créée, dans le cas prévu par le présent acte
uniforme, par une seule personne, dénommée associé unique, par une acte écrit ».
56
De l’interprétation de ces deux textes, il ressort que la société commerciale émane
en principe d’un contrat mais également d’un acte unilatéral de volonté d’où la
consécration de la société unipersonnelle. Selon l’analyse faite par certains auteurs
notamment JEAN PAILLUSSEAU, la notion de société ne doit pas être limité à la
conception juridique traditionnelle suivant laquelle la société est un groupement de
personnes qui se sont associées. Selon cet auteur la notion de société doit prendre en
compte aussi son aspect fonctionnel de la société à savoir son activité car les eux
éléments sont liés et indissociables. Suivant les affirmations faites par l’auteur JEAN
PAILLUSSEAU : « les fondements du droit moderne des sociétés, voir JCP 1984
doctrine n°3148 » : (l’entreprise est une organisation économique et humanitaire alors
que la société n’est qu’un cadre juridique. L’une appartient à la réalité des choses : à
l’économie et à la sociologie. L’autre, au construit et au juridique.

Mais sans un minimum d’organisation juridique, l’entreprise ne peut exister et se


développer. Aussi la société est-elle, pour elle, la structure d’accueil qui lui permet
d’accéder à la vie juridique. Dans cette perspectives, la société est une organisation
juridique de l’entreprise). Cette affirmation qui traduit l’approche nouvelle de la
société commerciale suivant l’acte uniforme nous permet d’envisager la notion de
société commerciale du point de vue de l’acte créateur de la société en tenant compte
aussi de la personne morale à la base de cet acte créateur.

SECTION PREMIERE : L’ACTE PREMIER DE LA SOCIETE


COMMERCIALE

La société commerciale au terme de l’article 4 de l’Acte Uniforme résulte en principe


d’un contrat mais la question reste posée de savoir si la société commerciale doit être
considérée comme un contrat. A cette question on peut répondre par l’affirmative
mais déjà des auteurs avaient répondus par la négative à cette interrogation, parce que
ces auteurs analysant la création de certaines sociétés commerciales, par exemple la
société anonyme, qui reste une société complexe, ont pu admettre que l’intervention
de la volonté des associés dans cette société ne reflète pas de façon rigoureuse la
technique contractuelle ainsi ses auteurs ont retenus qu’il s’agit plutôt d’institution et
non de contrat. Partant de l’article 5 de l’Acte Uniforme qui consacre la société
unipersonnelle, il va sans dire que désormais on ne peut plus affirmer de façon
rigoureuse que la société est un contrat. Etant entendu qu’avec l’avènement de la
société unipersonnelle on peut contracter avec soi-même, ce qui signifie que l’on peut
créer une société par un engagement unilatéral et non par un contrat.

57
Mais à la réflexion il faut retenir que d’un point de vue de l’analyse juridique la
société demeure un contrat. Cependant la société peut exister par la volonté d’un seul
individu. En définitive il faut retenir que pour sa création, la société peut résulter soit
d’un contrat soit d’un acte unilatéral.

PARAGRAPHE PREMIER : LES CONDITIONS DE VALIDITE DE L’ACTE


CREATEUR DE LA SOCIETE

En considérant la société comme un contrat il faut retenir les conditions de fond, de


forme et les conditions de publicité.

E- LES CONDITIONS DE FOND

Le contrat de société est valablement conclu lorsque les parties à l’acte créateur à
savoir les associés ou actionnaires sont au nombre de deux au moins et qu’elles
expriment leur consentement, par ailleurs elles doivent avoir la capacité pour entrer
dans un type de société envisagée et enfin la cause et l’objet de la société doivent être
licite.

6- Le consentement :
Le contrat de société se forme librement c'est-à-dire que les parties qui s’engagent
doivent échanger leurs consentements. L’expression de consentement résulte de la
signature de l’acte créateur de la société. Mais à défaut d’écrit comme la société de
fait entre les époux, le consentement sera prouvé par tous les moyens. Par ailleurs
comme dans tout contrat le consentement doit être exempt de tout vice à savoir :
l’erreur, le dol et la violence. En effet l’erreur peut porter sur la personne telle le cas
des sociétés des personnes dans lesquelles les parties s’associent intuitu personae.
Mais l’erreur peut aussi porter sur la forme de la société, chargée de dol qui sont
sensés d’induire en erreur une personne.

Il est évident que dans la société unipersonnelle le problème lié à l’expression de


consentement ne se pose pas, puisque l’associé unique n’a pas d’autres personnes en
face.

7- La capacité

La capacité des parties à devenir actionnaires ou associés d’une société, dépend le


type de société envisagé. Par exemple en ce qui concerne les associés d’une société à
58
nom collective SNC ou encore les commandités dans une société en commandite
simple ceux-ci ayant la qualité de commerçant et qui sont par ailleurs tenus des dettes
sociales au-delà de leur apport il s’impose à eux la capacité pour faire le commerce.
Dans ce sens on peut citer l’art 8 de l’acte uniforme qui dispose : les mineurs et les
incapables ne peuvent être associés d’une société dans laquelle il serait tenu de dettes
sociales au-delà de leurs accords.

Il faut savoir que les incapacités, les interdictions et les incompatibilités qui sont des
empêchements à l’exercice de commerce à titre individuel s’oppose aussi à l’exercice
de commerce dans le cadre de société.

Mais en ce qui concerne par exemple les sociétés anonymes dans lequel la capacité
de commerçant n’est pas exigée, ainsi que dans les sociétés à responsabilité limité il
va s’en dire que la capacité de faire de commerce n’est pas une condition requise
pour entrer dans ces sociétés dès lors pour les personnes désirant entrer dans ces
sociétés (les actionnaires) seule la capacité de faire les actes de vie civils sera retenue.
Mais la question reste posée de savoir si les mêmes conditions sont imposées à
l’associé unique ou à l’actionnaire unique. En d’autres termes un mineur, peut-il être
associé ou actionnaire unique ? D’une société à responsabilité limitée ou d’une
société anonyme, la question mérite d’être posée parce que dans la société
unipersonnelle l’associé unique est supposé accomplir tous les actes de gestion. A
cette question on répond qu’il n’est pas exclu qu’un mineur ou un incapable majeur
soit associé unique dans une société. En effet, il est possible qu’un mineur hérite
d’une personne elle-même, créatrice d’une société unipersonnelle. Si telle est le cas la
gestion de ladite société sera confié à un tiers. Dans le même sens il est possible
qu’une société unipersonnelle soit constituée à l’origine par un mineur ou un majeur
incapable par l’intermédiaire de son représentant légal ; mais dans une telle
hypothèse la gestion de société sera confiée par un majeur capable.

8- L’objet et la cause

L’objet et la cause doivent être licites c'est-à-dire non prohibés par la loi, l’objet de la
société consiste dans l’exploitation poursuivi par les parties à savoir l’activité qui doit
être écrite et déterminée dans les statuts, on ne peut pas constituer une société dont
l’activité porterait sur une chose qui n’est pas dans le commerce. Par exemple, on ne
peut pas constituer une société de vente de stupéfiant. La cause c’est la raison pour
laquelle l’exploitation c'est-à-dire l’activité est envisagée. Ici également la cause de

59
l’exploitation d’une société ne doit pas consister dans des objectifs illicites. Par
exemple on ne peut pas emprunter des fonds à la banque en vue de l’exercice illicite
ou immorale.

LES CONDITIONS DE FORME ET DE PUBLICITE

L’acte créateur des sociétés doit être d’abord constaté par écrit et ensuite publié.
 L’acte écrit
C’est une exigence de la loi que veut que l’écrit soit l’acte qui consacre la création de
la société. Dans ce sens l’article 1834 C.civ. Dispose : toutes les sociétés doivent être
rédigées par écrit. L’écrit peut être un acte notarié ou un acte sous-seing privé pourvu
que les garanties d’authenticité existent. Lorsqu’il s’agit d’un acte sous-seing privé
par toutes les parties au rond de minute d’un notaire. Ainsi on peut retenir que pour la
constitution d’une société commerciale, l’intervention du notaire est désormais
obligatoire car soit c’est le notaire lui-même qui établit le statut, soit que le statut est
établi sous-seing privé mais dans ce cas ils doivent être authentifié par le notaire
L’écrit est l’acte qui consacre la constitution de la société, on l’appelle le statut. Les
statuts sont considérés comme le contrat de sociétés lorsqu’il s’agit de plusieurs
associés, mais lorsqu’il s’agit d’un associé unique le statut consiste dans l’acte de
volonté d’une seule personne si les statuts sont rédigés par acte sous-seing privé il est
nécessaire d’établir plusieurs originaux pour l’accomplissement de formalités. Un
exemplaire de statut doit être remis à chaque associé. Pour les associés à nom
collectif cet exemplaire doit être original. Les mentions devant figurer dans le statut
sont les suivantes : ces mentions sont figurées à l’article 13 de l’AU.
• La forme de la société
• La détermination de la société avec le cas échéant le siège
• La nature et le domaine de l’activité, les deux formant l’objet social
• La durée de la société  Le siège social
• L’identité des apporteurs en numéraire avec pour chacun d’eux le montant des
apports. Le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport.
• L’identité des apporteurs en nature, nature et l’évaluation de l’apport apporté
par chacun d’eux, le nombre et la valeur de titre sociaux remis en contre-parti de
chaque apport. L’identité du bénéficiaire, d’avantage particulier et la nature de ceux-
ci
• Le capital social

60
• Le nombre et la valeur des titres sociaux émis, en distinguant le cas échéant les
différentes catégories des titres créées.
• La stipulation relative à la répartition du résultat, à la constitution des réserves
et à la répartition de boni de liquidation
• Les modalités de son fonctionnement

Une question importante reste posée à savoir l’écrit imposé pour la création d’une
société est-il une condition de validité de cet acte créateur, ou bien cet écrit est-il un
moyen de preuve de l’existence de la société. Si on se réfère à la période avant l’Acte
Uniforme l’écrit était exigé comme une condition de l’acte créateur de la société par
conséquent le défaut d’écrit entrainait la nullité de la société lorsque la nullité portait
sur la forme pour la société cette nullité était absolue. Désormais l’Acte Uniforme
retient une solution contraire car au terme de l’article 115 de cet AU « si,
contrairement aux dispositions du présent AU, le contrat de société ou, le cas échéant,
l’Acte Uniforme unilatéral de volonté n’est pas établi par écrit et que, de ce fait, la
société ne peut être immatriculée, la société est désormais, société créée de faite. Elle
n’a pas la personnalité juridique » cette solution est certainement concevable lorsqu’il
s’agit d’une société pluripersonnelle mais elle reste contestable lorsqu’il s’agit de
société unipersonnelle. Car la société unipersonnelle est presqu’impossible à admettre
en l’absence d’un écrit. En effet en l’absence de la manifestation de volonté dans un
acte écrit, il sera difficile de distinguer un entrepreneur individuel de l’associé unique
d’une société unipersonnelle.
Par ailleurs, il faut savoir que c’est l’immatriculation qui confère la personnalité
juridique à la société commerciale et qui lui permet en cette qualité. De ce point de
vue la personnalité juridique de la société se distingue de la personne qui la constitue.
Ce qui veut dire que l’écrit est nécessaire d’autant que cet écrit est utile pour
l’immatriculation de la société, immatriculation sans laquelle ne peut exister les deux
entités d’un côté l’associé unique et de l’autre la société commerciale. En définitive
il faut conclure qu’en l’absence d’écrit il n’existe pas de société.

 La publicité de la société

Les sociétés commerciales, à l’exception de société en participation, doivent faire


connaitre leur existence au tiers. Il ne s’agit pas d’une formalité qui consiste à
informer le tiers mais il s’agit d’une règle de constitution de la société dont
l’inapplication est sanctionnée. Quelles sont donc les formalités imposées pour la
publicité de la société. La publicité suppose l’accomplissement de formalité à savoir :
61
• L’enregistrement des statuts à la direction de l’enregistrement
• Le dépôt de statut enregistré au greffe du tribunal du lieu du siège social
• La publicité sous forme d’extrait ou d’avis de statut dans un journal d’annonces
légales. Au terme de l’article 257 de l’Acte Uniforme « sont habilités à recevoir les
annonces légales, d’une part, le JO, le journaux habilités à cet effet par les autorités
compétentes, d’autre-part, le quotidien nationaux d’information générale de l’Etat
parti du siège social justifiant une vente effective par abonnement, dépositaires ou
vendeurs, sous les conditions supplémentaires suivantes :
- Parait depuis plus de 6 mois
- Justifié d’une diffusion à l’échelle nationale »

• L’immatriculation de la société au RCCM (registre du commerce et de crédit


mobilier)
• La déclaration fiscale d’existence de la société en vue de l’obtention d’un
numéro de compte contribuable
• Les déclarations sociales à la CNPS (caisse nationale de la prévoyance sociale).
L’inobservation de formalité de publicité dans un journal d’annonces légales,
entraine la nullité des sociétés en nom collectif et des sociétés en commandite simple.
Dans la pratique c’est rarement que ces sanctions appliquées pour défaut de publicité
car au terme de l’article 250 de l’AU, toute personne intéressée peut mettre la société
en demeure par acte extra judiciaire, de procéder à la formalité de publicité dans un
délais de 30 jours ou bien demander au président de la juridiction compétente qui
statue dans un bref délai, de désigner un mandataire chargé d’accomplir les
formalités.
Mais le dépôt d’immatriculation de la société n’est pas sanctionné par la nullité.
Ceci s’explique par le fait que la personnalité morale résulte de l’immatriculation
mais avant celle-ci l’existence de la société n’est pas opposable aux tiers. Il faut
savoir aussi qu’il est possible que les associés conviennent de ne pas immatriculer les
sociétés, dès lors, celle-ci sera appelée société en participation.

Régime de sanction de la constitution de la société

Lorsqu’une convention est annulée celle-ci est sensée n’avoir jamais existée et les
effets disparaissent rétroactivement. Mais dans cette matière les sociétés pour
lesquelles il y a nullité conformément aux règles de validité des contrats ainsi qu’aux
règles de publicité, l’annulation n’entraine pas destruction complète des effets passés
62
du contrat car, le contrat va donner naissance à une personne morale qui certainement
a vécue par le passé quand bien même elle ne pourra plus continuer de vivre. En
effet, il va s’agir donc de tirer des conséquences de la vie passé de cette société en ce
sens il faudra tenir compte des relations qui ont pu être nouées avec la société, de ce
fait, il faudra éviter de détruire les intérêts qui ont pu être crées par le passé sur la
base d’une apparence régulière de société. A cet effet, l’article 253 de AU dispose : «
lorsque la nullité de la société est prononcée, elle met fin sans rétroactivité, à
l’exécution du contrat ». La question qui se pose dès lors est de savoir si la sanction
retenue est-elle absolue ou relative. Tantôt il s’agit d’une nullité relative dans les cas
suivants
• Les vices du consentement sauf lorsqu’il s’agit de société anonyme et la société
SARL selon l’art 243 l’Acte Uniforme
• Les incapacités sauf dans le cas société anonyme et la société SARL à
condition que les associés ne soient pas eux même incapables. Puisqu’il s’agit de
nullité relative celle-ci ne peut être invoquée que par l’associé lui-même.
Tantôt il s’agit d’une nullité absolue :
La nullité est absolue dans le cas suivant :
• Lorsqu’il y a illicéité ou immoralité de l’objet ou de la cause
• Lorsqu’il y a défaut de publicité pour les sociétés en nom collectif et pour les
sociétés en commandite simple.
Lorsque la nullité est absolue elle peut être invoquée par tout intéresser. Il peut
s’agir d’un associé ou d’un tiers qui justifie d’un intérêt à agir. Lorsque le requérant
agit pour la nullité de la société suivant les termes de l’art 245 AU le tribunal a la
faculté de ne pas prononcer la nullité si aucune preuve n’est constatée. Quant à
l’article 255 AU qui dispose : « ni la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir
d’une nullité à l’égard des tiers de bonne foi ». Par ailleurs par application de l’article
245 AU le Tribunal saisi d’une action en nullité peut, même d’office, fixer un délai
pour permettre de couvrir la nullité s’il doit prononcer la nullité il ne peut se
prononcer deux mois après la date de l’exploit introductif d’instance. Lorsqu’il y a
nullité relative, toute personne intéressée peut mettre l’incapable ou la personne dont
le consentement a été vicié en demeure de régulariser sa situation sinon d’agir en
nullité dans un délai de 6 mois sous peine de forclusion.
Au terme de l’article 246 de l’acte uniforme l’action en nullité est éteinte lorsque la
cause de nullité a cessé d’exister le jour où le Tribunal statue sur le fond en première
instance sauf si cette nullité est fondée sur le caractère illicite de l’objet social.
Suivant les dispositions de l’article 251 AU la prescription des actions en nullité des
sociétés est de trois ans depuis l’immatriculation de la société ou la publication de
63
l’acte modifiant le statut sauf si la nullité est fondée sur l’illicéité de l’objet social et
sous réserve de la forclusion en matière de nullité pour incapacité et pour vice de
consentement. Quelles sont donc les conséquences qui découlent de l’action en
nullité de la société ? Lorsque l’annulation de la société est prononcée, on distingue
des conséquences par rapport aux tiers, puis des conséquences entre associés.
Les conséquences par rapport au tiers : la solution est que les actes passés par la
société demeurent valables puisque cette nullité met fin sans rétroactivité à
l’exécution du contrat de société.
Conséquence entre associés : dans leur rapport la société doit être dissoute et liquidé.
Lorsqu’il s’agit d’un associé unique, la société sera seulement dissoute en tenant
compte de stipulation contenu dans les statuts, sauf si ce statut est contraire à l’ordre
publique.

1.2 LES ELEMENTS SPECIFIQUES A LA SOCIETE COMMERCIALE

Il existe trois éléments spécifiques à la société commerciale à savoir :


• Les apports
• Vocation aux bénéfices et aux pertes
• L’affectio societatis

LES APPORTS
Aux termes de l’article 40 de l’AU : chaque associé peut apporter à la société :
• De l’argent par apport en numéraire
• De l’industrie, par apport de main d’œuvre
• Des droits portant sur des biens en nature, bien mobilier ou immobilier,
corporel ou incorporel, par apport en nature Tout autre apport est interdit.
C’est la réunion de tous ces biens qui forme le capital social d’homme mais en
exclusion des apports en industrie. Il n’y a aucun doute que l’obligation de faire
l’apport pèse aussi sur l’associé unique, d’une société unipersonnelle Il est utile de
faire une analyse de l’article 40 AU pour en comprendre le sens. De ce point de vue
il faut s’arrêter à l’obligation même de faire l’apport, pour déterminer également les
différents types d’apports et enfin envisager la notion du capital social.

a- La nécessité de faire l’apport


L’obligation de faire l’apport à la société pèse sur chaque associé il va sans dire sans
apport une société ne peut pas être constitué. L’obligation résulte de l’art 37 AU qui
dispose :
64
• Chaque associé doit faire un apport en la société ;
• Chaque associé est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est engagé de lui
apporter en numéraire ou en nature.
Sans aucun doute l’apport doit être effectif et non fictif, en effet l’associé qui a
promis un apport a obligation d’en garantir l’existence. Ainsi lorsque le bien promis
n’existe plus, par exemple parce qu’il a été vendu, ou bien lorsque le bien apporté est
grevé d’un passif qui absorbe entièrement sa valeur ou encore lorsque l’apport fait est
contraire à l’ordre publique on dit alors qu’il y a apport fictif. Dans cette hypothèse
donc, toute personne intéressée peut demander à la juridiction compétente que soit
ordonnée sous astreinte la régularisation de la constitution de l’apport. La règle
essentielle de l’apport fait par un associé et que l’apport est translatif de droit ceci
signifie que le droit que l’associé avait sur l’apport passe à la société mais en
contrepartie l’associé reçoit le droit d’associé c a d la vocation au bénéfice de la
société et le droit de participer à sa gestion.

b- Analyse des différents types d’apports

L’article 40 de l’AU mentionne comme apport : l’argent, l’industrie, et les droits


portant sur le bien en nature. On en déduit donc trois catégories d’apports :
 les apports en numéraire :
Il s’agit de l’apport fait en argent, le montant de cet apport est déterminé de façon
libre par l’associé suivant les moyens qu’on dispose, en tenant compte du type de
sociétés envisagé la libération de l’apport peut être immédiate ou échelonné dans le
temps.
 S’agissant de la catégorie des apports en nature :
On retient ici toute sorte de bien en exception de l’argent ainsi il peut s’agir du bien
immeuble, des biens meubles corporels ou incorporels, des fonds de commerce des
créances etc. L’apport peut consister dans le droit portant sur ces biens mais il n’est
pas exclu que l’apport soit fait en pleine propriété. Lorsque le bien est donné en
pleine propriété à la société c’est désormais la société qui en a cette propriété entière.
En revanche si l’apport est fait en jouissance, la société n’a que l’usufruit du bien.
Il est important de savoir que ces apports doivent être intégralement libérés lors de la
constitution de la société. Cependant d’un point de vue pratique les apports en nature
posent un problème quant à leur évaluation. La difficulté est en partie résolue, du fait
que désormais celui qui apporte le bien ne fixe pas la valeur de son bien mais plutôt
les associés qui en ont la charge. Il est d’une importance que le bien en nature soit
évalué car cette opération présente non seulement un intérêt pour les tiers mais aussi
65
pour les associés. A l’égard des tiers, l’évaluation des biens en nature est importante
singulièrement lorsque les associés ne sont pas personnellement responsables de dette
sociale (leur responsabilité n’est limitée qu’en concurrence de leur seul apport).
Dans la SARL pour éviter que les tiers soit victime notamment d’une surévaluation
des apports en nature, la solution retenue est que l’évaluation doit être faite par un
commissaire aux apports lorsque la valeur de l’apport est supérieure à 5 millions de
francs. A défaut les associés sont indéfiniment et solidement responsables en apport
en nature. Mais dans les SA c’est toujours un commissaire aux apports qui évalue les
apports en nature.

Apport en industrie

L’associé peut faire apport à la société de sa force, de son intelligence. On dit alors
qu’il fait un apport en industrie. Lorsqu’il s’agit de force de travail il y a lieu de
distinguer l’apporteur en industrie qui exécute le travail en qualité d’associé en
industrie de l’employé. Le problème en ce qui concerne cet apport c’est de savoir
comment l’évaluer. Les associés sont tenus de faire l’évaluation dans l’acte de
société. Lorsque cette évaluation n’est pas faite l’art 853 considère que l’apport en
industrie est de valeur égale à celle de l’associé qui a le moins apporté.
Il est évident que l’apport en industrie ne peut pas constituer un gage pour le
créancier puisque cet apport ne peut pas être libéré à une seule fois au moment de la
constitution de la société.
Parce que l’apport en industrie est difficile à cerner il n’entre pas en ligne de compte
pour la détermination du capital social. Ainsi c’est dans les sociétés des personnes,
les associés sont solidairement responsables de dettes sociales que ce type d’apport se
conçoit aisément. Dans les autres types de sociétés où la responsabilité est limitée au
seul apport notamment dans la société unipersonnelle l’apport en industrie n’est guère
concevable.

c- Le capital social

Le capital social est constitué des apports en numéraire et en apports de nature. Le


capital social se forme au jour de la constitution de la société. Mais il n’est pas exclu
que durant tout le temps que la société va exercer son activité c'est-à dire durant tout
le temps de son fonctionnement celle-ci acquiert des biens, l’ensemble de ce bien va
former l’actif social. Cet actif social peut être supérieur au capital social à d’autres
moments il peut être inférieur au capital social. Le capital social constitue le gage

66
commun des créanciers de la société. Ce capital social est le réflexe de la prospérité
ou non de la société. A ce titre, plus le capital social est important plus la société peut
bénéficier plus de crédit. Par ailleurs le capital social est soumis au principe de
l’intangibilité ou de la fixité en ce sens que, au risque de porter atteinte au droit de
gage de créancier, il n’est pas permis aux associés de reprendre leur apport. Mais il
est possible de modifier le capital social notamment en augmentant celui-ci par
l’incorporation des réserves, des bénéfices, voire des primes. Une telle augmentation
ne doit pas remettre en cause le droit des tiers et des associés aussi. C’est uniquement
en cas de dissolution de la société que les apports doivent être restitués.

d- LA VOCATION DES ASSOCIES AUX BENEFICES ET AUX PERTEES

La vocation aux bénéfices et aux pertes est un principe égalitaire suivant lequel tous
les associés sont sur un pied d’égalité car autant ils ont droit tous au bénéfice autant
ils doivent en supporter les pertes. C’est pourquoi en cette matière les clauses
léonines (donnant avantages d’autres à certains).

La répartition de bénéfice et de pertes

La loi parle des bénéfices et des pertes sans préciser la notion de bénéfice. Ainsi la
charge est revenue à la jurisprudence notamment dans un arrêt de chambre réunie en
date du 11 mars 1914 arrêt rapporté au DALLOZ 1914, 1° partie, p.257 l’article 143
al.1 AU précise ici la notion du bénéfice distribuable qui est le résultat pour
l’exercice augmenté du report bénéficiaire et diminuer des pertes antérieures ainsi
que des sommes portées en réserve. Ce texte manque de clarté c’est pourquoi l’on se
réfère à la Jurisprudence qui définit le bénéfice comme un gain pécuniaire ou un gain
matériel qui viendrait s’ajouter à la fortune des associés. C’est d’ailleurs à partir de
cette définition jurisprudentielle que l’on a pu faire la distinction entre la société et
l’association car la condition essentielle d’existence de la société c’est la répartition
entre les associés des bénéfices réalisés en commun par celle-ci, au contraire dans
l’association, il n’y a guère de répartition de bénéfice. Aujourd’hui on est allé au-delà
de la définition jurisprudentielle du bénéfice, ainsi on admet que le bénéfice peut
également consister dans la recherche d’économie ; dans ce sens par exemple un
groupement organisé en vue de réaliser des économies notamment d’énergie peut être
considéré comme une société c’est d’ailleurs l’idée qui ressort dans l’article 832 code
civil, qui stipule : la société est constituée en vue de départager les bénéfices ou de
profiter de l’économie. L’idée est reprise dans l’article 4 AU.

67
Mais s’il y a recherche de bénéfice ceci implique l’acceptation des pertes. A ce titre,
l’obligation de supporter le passif de la société pèse sur les associés, mais suivant le
type de société en présence, la responsabilité de supporter les pertes est : soit limité
aux apports soit, elle est indéfinie et solidaire.

L’interdiction des clauses léonines

La clause léonine par laquelle un associé a vocation à recueillir la totalité de


bénéfice, ou alors est affranchi de toute contribution aux pertes, une telle clause
romps évidement le principe égalitaire des associés et remet en cause le contrat de
société. Aussi l’article 54 al.2 AU la déclare non écrite comme si elle n’a jamais
existé.
On considère également la clause non écrite qui priverait en totalité un associé de sa
part dans bénéfice ou bien la clause qui réduirait l’associé à une portion importante
de même est illicite la clause qui repartirait l’ensemble du bénéfice de façon illégale
sans tenir compte de la proportionnalité des apports ou bien sans qu’il ait la même
proportion de bénéfices de pertes il est aussi illégal la clause qui fait dépendre la
répartition des bénéfices d’une condition. Par exemple la répartition par rapport à un
certain montant du chiffre d’affaire. Certes le principe est que toute clause qui
affranchirait un associé de toute contribution ou perte est considérée comme non
écrite. Cependant il est admis qu’un associé peut limiter sa part des pertes la loi
admet elle-même cette limitation de plein droit, dans la SARL et la SA

I- L’AFFECTIO SOCIETATIS
Elle se traduit par la volonté des tous les associés de travailler ensemble sur un pied
d’égalité. On considère cette expression comme un critère de qualification du contrat
de société. C’est aussi un lien affectif entre les associés et ce lien fait des associés un
contrat d’intérêt commun. Dans l’absence de ce lien il n’y a pas de société même si
dans l’hypothèse il y a partage de bénéfice. Au delà de cette conception on admet
aussi l’affectio societatis suppose une collaboration active à la vie de la société. Cette
collaboration est d’autant plus marquée dans les sociétés des personnes, qu’elle ne
l’est dans les sociétés de capitaux. Quel que soit le type de société il s’impose un
minimum de collaboration des associés à la gestion de la société. A cet effet chaque
associé à un droit de contrôle à la gestion qui se traduit par l’accès à l’information et
par conséquent l’accès au document comptable. Dans le même sens chaque associé a
le droit de donner avis sur l’orientation générale de la société. Si l’affectio societatis
exprime une collaboration active elle exprime aussi une collaboration sur un pied
68
d’égalité, il n’est pas exclu que certains associés puissent avoir plus des droits ou de
pouvoir que d’autres seulement, il ne saurait y avoir de subordination d’un associé à
un autre. C’est là la distinction entre un contrat de société est le contrat du travail.
A l’évidence, la société unipersonnelle étant constituée par un seul associé elle
exclut donc l’affectio societatis comme condition de sa validité.

1.1 LA PERSONNE MORALE RESULTANT DU CONTRAT DE


SOCIETE

A l’exception de la société en participation, de la société de fait et de la société


crée de fait toutes les autres sociétés commerciales sont dotée de la personnalité
morale. Ainsi au plan juridique c’est le contrat de société qui donne naissance à un
être juridique distinct, de la personne des associés. Dès lors la personne morale, à
partir de la naissance est dotée de tous les attributs de la personnalité

1.1.1 LA NAISSANCE DE LA PERSONNELLE MORALE

Avant l’avènement de l’acte uniforme relatif au droit de société commercial et du


groupement d’intérêt économique, en droit positif ivoirien la personne morale naissait
de la constitution de la société en l’occurrence ou dès la signature de statut par les
associés. Cette solution avait pour fondement légale l’article 1843 du C.C. Ainsi les
formalités de publicité devaient intervenir après la naissance de la société qui était
doté de la personnalité morale. Mais aujourd’hui avec l’avènement de l’Acte
Uniforme la personnalité morale existe à partir de l’immatriculation de la société
RCCM ; c’est la solution qui ressort de l’art 98 de l’acte uniforme relative aux
sociétés commerciales et du GIE qui dispose : « toute société jouit de la personnalité
juridique à compter de son immatriculation au RCCM à moins que le présent acte
uniforme en décide autrement ».

a- L’IMMATRICULATION DE LA SOCIETE
L’immatriculation de toute société doit être requise dans les mois de sa constitution
par le gérant ou administrateur dans le RCCM du lieu du siège social lorsqu’il s’agit
de succursales ou d’établissements leurs immatriculation doit être requise dans le
mois de leurs ouvertures si les commerçants ou les sociétés qui les ouvres ne sont pas
immatriculés en CI. Mais en cas d’immatriculation en CI la personne morale ou la
personne physique qui exploite des établissements commerciaux secondaire ou se
succursale doit recueillir dans le délai d’un mois à compter du début d’exploitation
69
une inscription secondaire au registre de commercer et du crédit mobilier du lieu
d’exploitation.
Une interrogation surgie, elle consiste à demander quelles sont les mentions qui
doivent figurer dans l’immatriculation. A cette question il faut répondre que la
demande doit mentionner :
• La dénomination sociale
• Le cas échéant, le nom commercial, l’enseigne
• Les activités exercées
• La forme de la société ou de la personne morale
• Le montant du capital social avec l’indication du montant des apports en
numéraire et l’évaluation des apports en nature.
• L’adresse du siège social et le cas échéant, l’adresse du principal établissement
et des autres établissements
• Toutes les informations relatives à ceux qui détiennent le pouvoir de gestion et
du contrôle de la société.
• Toutes les modifications intervenues dans la société, qui se rapportent aux faits
ou aux actes dont l’inscription sur le Registre du commerce et prescrite.
Sous peine de rejet il faut joindre à la demande d’immatriculation, les pièces
justificatives de toutes les déclarations faites.
Pour que la demande d’immatriculation soit reçue dans le but d’acquérir la
personnalité juridique il s’impose à toutes les sociétés de faire une déclaration de
régularité et de conformité, qui doit être jointe à la demande et qui est déposée au
RCCM ; dans cette déclaration le fondateur de la société ainsi que les premiers
membres dirigeants doivent relater toutes les opérations effectuées en vue de la
constitution de la société par cette déclaration il affirment que la constitution de la
société a été régulière ; cette exigence a pour but d’éviter la constitution des sociétés
fictives, aussi elle est exigée lorsque la constitution a été l’œuvre des notaires qui a
établi une déclaration notarié de suscription et de versement de capital.

Les actes accomplis avant la personne morale

Il est juridiquement important de s’interroger sur le sort des actes accomplis avant la
naissance de la personne morale. Car il est utile de savoir si de tels actes produisent
des effets pour ou contre la société. De façon précise la question revient à se
demander si les actes accomplis antérieurement à la naissance de la personne morale
vont produire rétroactivement leurs effets en faveur de la société ou contre elle. La
réponse est que pour que de tels actes produisent leurs effets il faudrait qu’il soit
70
décrit dans un acte intitulé état des actes et engagement accomplis pour le compte de
la société en formation et que ces actes soient approuvés par les associées dans le
cadre d’une assemblée générale lorsqu’il s’agit de société dont la constitution
nécessite une assemblée générale. Ou bien que ces actes soit approuvé par la
signature des statuts conformément à l’application de l’article 106 AU.
Mais en cas de refus de reprise de ces actes et engagements ceux-ci sont inopposable
à la société et Les personnes qui les ont suscrit sont tenues solidairement et
indéfiniment par les obligations qu’ils comportent.

1.2 - les attributs de la personne morale

Affirmé qu’une société a la personne morale signifie qu’elle a les attributs


comparables à ceux de personnes physiques c’est en ce sens qu’il fut considéré que la
société commerciale a le statut juridique d’un commerçant c a d qu’elle a un nom,
domicile, patrimoine, nationalité et la pleine capacité juridique

a- Le nom :
Comme une personne physique la société commerciale a un nom que les parties
choisissent elle-même. Dans la pratique les associés font en sorte de ne pas choisir un
nom d’une société déjà immatriculé. Il est admis que toutes les sociétés sans
distinctions par rapport au type de société sont désignées par une dénomination
sociale qui est précédé ou suivi immédiatement en caractère
Lisible du nom du type de société ou de son sigle, par exemple (SARL, SA POBA)
mais l’acte uniforme peut en décider autrement dans ce cas nom d’un ou de plusieurs
associés ou encore ancien associé peut être inclus dans la dénomination sociale. La
société est inscrite au RCCM sous son nom qui est protégé juridiquement en tant que
nom commercial. La dénomination sociale doit figurer sur tous les actes et documents
émanant de la société et qui sont destinés aux tiers.

b- Le domicile
Le domicile d’une société c’est son siège social. Celui-ci est librement fixé dans le
statut, dans les faits le siège social c’est le lieu du principal établissement ou bien le
centre de direction administrative ou financière comportant une adresse ou une
indication géographique asse précise. Pour procéder au changement des sièges par un
transfère à un lieu différent du premier la société doit
Nécessairement modifier le statut. Lorsqu’il s’agit d’intenter une action contre la
société l’assignation doit se faire en principe au tribunal du siège social. Cependant la
71
jurisprudence permet que l’assignation puisse se faire devant les établissements
secondaires ou les succursales lorsqu’il s’agit des litiges portant sur des actes relatifs
à l’exploitation commerciale et que ces actes ont été accompli en ce lieu.
En ce qui concerne le régime fiscal applicable à la société c’est le régime du siège
social qui est retenu. C’est également au siège social que s’accomplissement le
processus de formalité d’immatriculation et de publicité.

c- Le patrimoine
La société du fait des apports de différents membre et propriétaire du bien, de même
la société peut acquérir d’autres biens après sa constitution du fait que la société a
acquis la personne morale, elle est donc titulaire des droits et d’obligation sur son
patrimoine d’où les conséquences qui en découle :

• Le patrimoine de la société est distinct de patrimoine personnel de ses membres


; dès lors qu’il faut comprendre d’associé qui résulte de la part sociale ou de l’action
n’est pas un droit de copropriété mais plutôt un droit de créance contre la société. Ce
droit de créance est de nature mobilière même si la société possède des immeuble
(Cf. Art 52 AU). Aussi il faut comprendre que les associés n’ont aucun droit réel sur
les immeubles qui constituent la propriété de la société.
En ce qui concerne les tiers, ils ont un gage général sur le patrimoine de la société,
de ce fait ils seront payés sur les biens de la société par préférence aux créanciers
personnels des associés qui n’auront le droit de leur débiteur associé. Mais dans les
sociétés des personnes par exemple la SNC les créanciers sociaux ont non seulement
un gage sur le patrimoine social, ils ont également un droit de gage sur le patrimoine
de chaque associé parce qu’ils sont personnellement solidaires de dettes sociales. Et
là découle certaines conséquences :
• Aucune compensation n’est possible entre les créances ou les dettes de la
société et les dettes des associés.  A la mort d’un associé ses héritiers… par ailleurs
les héritiers ne peuvent pas faire apposer scellés
• Les procédures collectives de règlement préventif, de redressement judiciaire et
de liquidation des biens, s’applique à la société elle-même à l’exclusion des associés
sauf dans les sociétés des personnes
• La société est directement débitrice des impôts qui frappent des bénéfices
La nationalité de la société :

d- Nationalité de la société

72
La société a une seule nationalité qui n’est pas laissée au choix des fondateurs ou des
associés. Deux critères permettent de rattacher une société à un pays.
Suivant la jurisprudence, la nationalité d’une société est déterminée par le siège
social, de ce point de vu, la société acquiert la nationalité du lieu de son siège social
réel à savoir, le lieu de sa direction administrative réelle.
Le critère du contrôle auquel les tribunaux recours de façon exceptionnel, par
rapport à ce critère, on écarte le siège social et l’on confère à la société la nationalité
des personnes qui ont fournies des capitaux ou des personnes qui la dirige. Les
tribunaux ont recours à ce critère lorsque le législateur a réservé des droits
particuliers aux nationaux et a aussi prévu des mesures à même temps restrictives aux
étrangers.

e- La capacité juridique de la société


Comme une personne physique la société a la pleine capacité juridique, puis sa vie
juridique est distincte de celles des associés, cette capacité juridique a pour
conséquence : de permettre à la société d’avoir un pouvoir de gestion, un pouvoir
d’administration, et cette capacité lui permet de disposer les éléments de son
patrimoine. Ainsi tous les actes seront accomplis au nom de la société par
l’intermédiaire de ses organes ou de ses représentants légaux.
En conséquence la société pourra acquérir des droits et assumer des obligations de
même elle pourra conclure des contrats elle pourra ester en justice puis elle pourra
engager sa responsabilité.

CHAPITRE DEUXIEME : LES REGLES APPLICABLES A CHAQUE


SOCIETE COMMERCIALE

Les règles applicables aux sociétés commerciales occupent une place à part dans la
législation OHADA. Elles se trouvent dans l’Acte uniforme relatif au droit des
sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt économique (GIE). Ces règles
diffèrent selon les types de sociétés : une société en nom collectif (SNC), une société
à responsabilité limitée (SARL), une société anonyme, ou une société en commandite
simple (SCS). La société ainsi créée peut, avec le concours d’autres sociétés, créer
une société en participation (SEP) ou un Groupement d’intérêt économique (GIE).

73
2. La société en nom collectif (SNC)

La loi définit la SNC comme une société dans laquelle « tous les associés sont
commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales ». La
SNC est constituée entre des personnes qui s’engagent en raison de leur confiance
mutuelle.

Ses principales caractéristiques sont les suivantes :

• Elle ne peut exercer certaines activités telles que les banques et les assurances.
• Tous les associés (2 au minimum) ont la qualité de commerçant.
• Les associés s’engagent indéfiniment et solidairement sur leur patrimoine
personnel au paiement des dettes de la société.
• La loi ne fixe aucun capital minimum.
• Le capital social est divisé en parts sociales, de même valeur, qui ne peuvent
être cédées qu’avec le consentement de tous les associés.
• La société est désignée par une dénomination sociale qui doit être
immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots « société en nom
collectif » ou du sigle « SNC ».
• Le décès d’un associé entraîne en principe la dissolution de la société.
Cependant les statuts peuvent prévoir la continuation avec les héritiers ou entre
survivants, après remboursement des héritiers.
• Le conjoint ne peut participer à la même SNC que son époux/se, afin d’éviter
que les deux soient indéfiniment et solidairement responsables.  La gestion est
assurée par un ou plusieurs gérants, associés ou non.
• La rémunération du gérant est fixée par l’acte de nomination. Son rôle est de
représenter la société dans ses rapports avec les tiers, mais il doit tenir les associés au
courant de ses divers faits et gestes d’une façon permanente.  Les associés ont le
pouvoir de délibérer pour prendre toutes les décisions au-delà des pouvoirs du gérant,
notamment l’approbation des comptes.  La part de chaque associé dans les
bénéfices ou sa contribution aux pertes est proportionnelle à son apport.
• Les apports en industrie n’entrent pas dans le montant du capital, puisqu’ils ne
sont pas réalisables et qu’ils ne donnent droit qu’à l’attribution d’un pourcentage des
profits.

74
3. La société en commandite simple (SCS)

3.1. Les traits caractéristiques des SCS

 Les SCS sont des sociétés dans lesquelles coexistent deux catégories d’associés :

 Les commandités, qui sont dans la même situation que les associés des sociétés
en nom collectif et auxquels la gérance est confiée, à moins qu’elle ne soit
exceptionnellement confiée à un tiers.

 Les commanditaires, qui ne sont responsables que dans la limite de leurs


apports et qui ne sauraient s’immiscer dans la gestion de la société, ce qui rend
impossible la désignation d’un gérant parmi les commanditaires.

• Quant au capital social nécessaire, la loi n’en fixe ni le minimum ni le


maximum. Il est divisé en parts sociales, qui ne peuvent être cédées qu’avec le
consentement de tous les associés, sauf disposition contraire des statuts. Les statuts
doivent nécessairement indiquer le montant ou la valeur des parts de tous les
associés.

• Une Assemblée générale annuelle est tenue chaque année dans les 6 mois qui
suivent la clôture générale de l’exercice.

Les associés commanditaires et les associés commandités non gérants ont le droit,
deux fois par an, d’obtenir communication des livres et des documents sociaux et de
poser par écrit des questions sur la gestion sociale, auxquelles il doit être répondu
également par écrit.

3.2. Les avantages de la SCS

La responsabilité indéfinie et solidaire des commandités constitue pour les créanciers


une garantie importante ; et les fondateurs ont une grande liberté pour organiser dans
les statuts le fonctionnement de la société.

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Avec ces particularités, la SCS convient aux héritiers qui ne veulent pas supporter
une responsabilité indéfinie et solidaire dans une SNC dont ils ont hérité les parts : ils
peuvent devenir des associés commanditaires.

4. La société à responsabilité limitée (SARL)

La SARL est une société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leur apport et dont les droits sont représentés par des
parts sociales.

4.1. Les traits caractéristiques de la SARL

Les traits caractéristiques de la SARL sont les suivants :

• Le nombre d’associés est de 1 au minimum, le maximum étant illimité.


• La durée maximale est fixée à 99 ans.
• Le Capital social minimum était de 1.000.000FCFA (En Côte d’Ivoire ce
minimum est laissé à l’initiative des associés qui fixent librement le montant du
capital social), et les apports composant le capital social peuvent être faits en
numéraire, en nature ou en industrie. Les apports en numéraire doivent faire l’objet
d’une énumération dans les statuts.

• La valeur des parts sociales doit être de 10 USD au minimum, ces parts
sociales ne sont pas négociables et doivent être souscrites en totalité et intégralement
libérées dès la constitution de la société. Il est, en outre, nécessaire de préciser dans
un acte notarié les apports en numéraire et en nature effectués par chacun des
associés pour libérer sa part dans le capital social.

4.2. Les avantages de la SARL

La SARL est le groupement qui permet d’éluder à la fois les inconvénients des
sociétés de personnes et ceux des sociétés par actions : ses associés n’ont en effet à
craindre ni la responsabilité indéfinie aux dettes, caractéristique propre des sociétés
en nom collectif, ni la négociation des parts sociales à des personnes indésirables. En
outre, la SARL obéit à des formalités peu contraignantes.

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4.3. Gestion et administration de la SARL

Le gérant, nécessairement une personne physique, assure la gestion quotidienne de la


société. Il peut être choisi parmi les associés ou en dehors de la société ; sauf
disposition contraire, il est nommé, dans les statuts ou dans un acte séparé, pour
quatre ans renouvelables.

Il peut être révoqué par décision des associés représentant plus de la moitié du capital
social, mais sa révocation sans juste motif expose la société à des dommages et
intérêts. Sa démission sans juste motif l’expose à des dommages intérêts.

Le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au
nom de la société. Les clauses limitant ses pouvoirs ne sont pas opposables aux tiers.
En cas de pluralité des gérants, chacun d’entre eux peut, sauf disposition contraire des
statuts, agir séparément.

Toute convention passée entre la société et l’un de ses gérants ou l’un de ses associés
doit être approuvée par les associés, sur rapport du gérant ou du commissaire aux
comptes, s’il en existe.

En cas de violation des statuts ou de la loi, le gérant s’expose à des poursuites pénales
ou civiles. La plainte peut être déposée par un ou plusieurs actionnaires agissant à
titre individuel (l’action individuelle en réparation du préjudice personnel) ou en
réparation d’un préjudice causé à la société (action sociale).

4.4. Le quorum requis au cours des assemblées générales des SARL

Il est différent selon qu’il s’agit d’une Assemblée générale ordinaire (AGO) ou d’une
Assemblée générale extraordinaire (AGE).
Pour une AGO, les décisions sont prises à la majorité du capital social sur première
convocation et à la majorité des votes émis sur deuxième convocation. Pour une
AGE, le quorum est de trois-quarts des parts sociales.

4.5. La cession des parts dans une SARL

La transmission des parts sociales est libre entre associés ainsi qu’entre conjoints,
ascendants et descendants. Sauf disposition contraire des statuts, la transmission à un

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tiers est subordonnée au consentement de la majorité des associés non-cédants
représentant les trois-quarts des parts sociales, déduction faite des parts de l’associé
cédant.

Un droit de préemption est reconnu aux co-associés, c’est-à-dire qu’ils peuvent


acheter en priorité les parts mises en vente.

4.6. Le contrôle de la SARL

En dehors du contrôle effectué par les membres dans l’exercice de leur droit de
communication et d’information, un conseil de surveillance peut être chargé de
vérifier les comptes ainsi que le bilan annuel et de rendre compte aux associés au
cours des assemblées.

Lorsque la société dépasse l’un des trois seuils suivants, un commissaire aux comptes
doit être nommé pour trois ans :

- Capital social supérieur à 10.000.000 ;


- Chiffre d’affaires annuel supérieur à 250.000.000 ; - Société employant en
permanence plus de 50 personnes.

Les conseils d’administration et de surveillance disposent d’un droit permanent de


vérification de tout document de l’entreprise. Ils doivent émettre sur les comptes un
rapport de vérification ou à défaut indiquer les motifs des réserves émises ou du
défaut de certification.

4.7. Les particularités et les avantages de la SARL unipersonnelle

La SARL unipersonnelle ne compte qu’un seul associé, appelé associé unique, qui
peut être une personne physique ou morale. Elle permet d’avoir une structure
juridique qui limite la responsabilité et qui assure en même temps la pérennité de
l’entreprise.

Le régime juridique de la SARL unipersonnelle est celui de la SARL pluripersonnelle


avec quelques adaptations.

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En effet, la gestion peut être assurée par l’associé unique ou par un tiers non associé.
L’associé unique prend des décisions ordinaires et extraordinaires, mais il devra
veiller à ne pas confondre le patrimoine de la société avec son patrimoine personnel.
S’il succombait à la tentation, il risque de se voir appliquer les procédures collectives
(par exemple, être obligé de combler le passif social avec son patrimoine personnel).
Il peut également être poursuivi pour abus des biens sociaux.

Le gérant, qu’il soit l’associé unique ou non, doit tenir les assemblées, déposer les
rapports de gestion et l’inventaire, c’est-à-dire qu’il doit rendre compte.

L’associé unique peut décider de la dissolution anticipée. Cette décision est suivie de
la transmission du patrimoine social au patrimoine personnel de l’associé unique.

5. La société anonyme (SA)

5.1. Les traits caractéristiques de la SA

La SA est une société dans laquelle « les actionnaires ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des
actions ».

Ses principales caractéristiques sont les suivantes :

• Elle peut ne comprendre qu’un seul actionnaire.


• L’engagement des membres se limite au montant de leur apport. C’est
pourquoi le capital qui constitue le crédit de la société doit être indiqué dans tous les
documents.
• De même, le droit des membres est proportionnel au montant de leurs apports
représentés par des titres négociables.
• La constitution de la société est soumise à l’accomplissement de nombreuses
formalités, lesquelles sont relativement complexes lorsqu’il est fait appel public à
l’épargne (souci de protection de l’épargne publique).  Le minimum de capital
social est de 100.000.000 FCFA en cas d’appel public à l’épargne, 10.000.000 dans le
cas contraire.

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• Le capital social peut être augmenté en cours de vie sociale soit par des apports
nouveaux, soit par une incorporation des réserves. De même en cas de perte, le
capital social peut être réduit.

5.2. Gestion et administration de la SA

La loi offre aux actionnaires deux solutions: une SA avec administration générale ou
une SA avec conseil d’administration.

A. La SA avec administrateur général


Les SA dont le nombre d’actionnaires est au plus égal à trois peuvent ne pas
constituer un conseil d’administration. Elles peuvent désigner un administrateur
général qui assume les fonctions d’administration et de direction de la société. Cet
administrateur général est nommé, soit par les statuts soit par l’assemblée générale. Il
doit nécessairement être ne personne physique, pouvant cumuler ses fonctions
d’administrateur avec un contrat de travail.

B. La SA avec conseil d’administration

Le conseil d’administration comprend trois membres au moins et 12 au plus, élus par


l’assemblée générale pour une durée qui ne peut excéder deux ans, en cas de
nomination par les statuts ou par l’assemblée générale constitutive, et six ans dans
l’hypothèse d’une nomination au cours de la vie sociale. Ils sont rééligibles, mais
également révocables à tout moment par l’assemblée générale ordinaire, même
lorsque la question n’a pas été prévue à l’ordre du jour.

Un non-actionnaire peut accéder aux fonctions d’administrateur. Un administrateur


peut être par ailleurs lié à la société par un contrat de travail.
L’administrateur est rémunéré par une indemnité de fonction fixe déterminée par
l’assemblée générale. Le conseil d’administration peut lui allouer une rémunération
exceptionnelle à l’occasion d’une mission spéciale.

Le conseil d’administration est présidé par un président désigné parmi ses membres;
et la direction de la société est assurée par un Directeur général (DG) choisi par le
conseil d’administration parmi ses membres ou en dehors d’eux.

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Les décisions du conseil d’administration sont prises à la majorité des membres
présents ou représentés. Les administrateurs sont responsables du préjudice causé tant
aux tiers qu’aux actionnaires.

5.3. Le contrôle de la SA

En dehors des assemblées générales d’actionnaires, le contrôle des activités de la SA


est assuré de manière permanente par les commissaires aux comptes et
ponctuellement par tout expert désigné par un juge pour procéder à une enquête sur
un acte de gestion déterminé.

Toute SA est tenue de se doter d’au moins un commissaire aux comptes et d’un
suppléant. Dans les SA faisant appel public à l’épargne, il faut deux commissaires
aux comptes et deux suppléants.

A défaut de nomination du commissaire aux comptes par la société, tout actionnaire


peut demander au juge des référés d’en désigner un jusqu’à ce que l’assemblée
générale ait procédé aux nominations exigées.

Les commissaires aux comptes occupent une place particulière dans les SA, jouissant
d’une certaine indépendance pour l’accomplissement de leur mission. En effet, la
durée de celle-ci ainsi que son contenu sont déterminées par la loi et non par la
volonté des actionnaires : leur mandat est de deux exercices lorsqu’ils sont nommés
par l’assemblée générale constitutive ou par les statuts. Il est de six exercices
lorsqu'ils ont été nommés par une AGO (en cours de vie sociale). Pour garantir leur
indépendance, la loi prévoit qu’ils ne peuvent être révoqués que par une assemblée
générale et pour faute. De même un ou plusieurs actionnaires représentant au moins
le dixième du capital social a le droit de demander en justice la récusation d’un ou
plusieurs commissaires aux comptes.

5.4. Le rôle des commissaires aux comptes

Ils ont d’abord une mission de contrôle : les commissaires aux comptes vérifient la
sincérité des informations données aux actionnaires ainsi que la régularité et la
sincérité des comptes sociaux. Pour faciliter l’accomplissement de cette lourde tâche,
la loi leur accorde d’importants pouvoirs de contrôle et d’investigation.
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D’autre part, ils sont tenus d’informer les dirigeants sociaux et les actionnaires sur
toutes les irrégularités et inexactitudes constatées. En particulier, ils doivent présenter
aux actionnaires un rapport général sur les comptes de l’exercice écoulé. En outre, ils
sont tenus de révéler à l’autorité judiciaire (Procureur de la République, autorités de
police judiciaire, etc.) les faits délictueux dont ils ont eu connaissance au cours de
leur mission.

5.5. La responsabilité des commissaires aux comptes

Compte tenu de l'importance des responsabilités ci-dessus énumérées, le commissaire


aux comptes qui commet une faute ou une négligence dans l’exercice de ses fonctions
peut être condamné à payer aux victimes des dommages intérêts.

D’autre part, certains faits graves peuvent donner lieu à des poursuites pénales en vue
de le conduire en prison. Il en est ainsi des faits suivants :

• La diffusion ou la confirmation des informations mensongères sur la situation


de la société.
• La non révélation au Procureur de la République de certains faits délictueux
dont il a connaissance.

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