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Objectifs du cours :

Ce cours, destiné aux étudiants de semestre 6 section économie et gestion, aborde les notions
essentielles en droit commercial. Il permet de :
 Maitriser le vocabulaire juridique du monde de commerce
 Connaitre les acteurs de l’activité commerciale
Ce cours aborde également :
 La dimension juridique de différentes formes d'entreprises et des règles régissant
leurs rapports.
Abréviations usuelles

D C : le droit commercial
C C : Le code de commerce
R C : Le registre de commerce
F C : Le fonds de commerce
N C : Le nom commercial
ART : Article d’une loi
DOC : Droit des obligations et des contrats

Plan du cours

INTRODUCTION
Première partie : le commerçant
 Chapitre I : le statut du commerçant
 Chapitre II : Les obligations du commerçant
Deuxième partie : Le fonds de commerce
 Chapitre I : Le statut juridique du fonds de commerce
 Chapitre II : Les opérations relatives au fonds de commerce
 Chapitre III : Notions sur les sociétés commerciales

INTRODUCTION

Le Droit commercial est un Droit spécial qui se réfère au droit commun

Qu’est ce que le droit commercial ?

Il n’y a pas de réponses simples car il n’y a pas de définitions officielles du droit commercial.
Tout droit est un ensemble de règles, qui régissent les relations entre deux sortes d'individus.

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Le droit commercial est un ensemble de règles qui s'applique aux commerçants (c'est-à-dire
ceux qui exercent des actes de commerce à titre professionnel et habituel), ainsi qu'aux non-
commerçants lorsqu'ils accomplissent occasionnellement un acte de commerce.

Le droit commercial constitue avec le droit des sociétés, le droit bancaire et boursier ainsi que
le droit de la propriété industrielle une branche éminente de ce qu'il est convenu d'appeler le
droit des affaires.
Le droit commercial est défini comme l'ensemble des règles de droit privé applicables aux
commerçants et aux actes de commerce. Cette première définition fait apparaître la
coexistence de deux conceptions :
 dans la conception subjective, le droit commercial est le droit des commerçants : il
s'agit d'un droit professionnel, issu des pratiques des marchands et dont l'application
est déclenchée par la qualité des personnes en cause.
 dans la conception objective, le droit commercial est le droit des actes de commerce,
c'est-à-dire des opérations commerciales : son application est conditionnée non par la
profession de l'intéressé, mais par la nature de l'acte, ou par la réunion de certaines
circonstances objectivement définies.

I. Définition
Le droit commercial peut se définir comme la branche du droit privé relative aux opérations
juridiques accomplies par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients. On peut le
définir aussi comme un ensemble des règles juridiques applicables aux commerçants dans le
cadre de l’exercice de leur activité professionnelle, qu’elle soit exercée à titre individuel ou
sous forme sociétaire.
Ainsi le droit commercial est le droit qui s’applique spécialement à certaines personnes : Les
commerçants (personnes physiques) et (personnes morales),et à certaines opérations
juridiques (régime des actes de commerce, les effets de commerce, fonds de commerce…).

II. Domaine de droit commercial

Le droit commercial régit une catégorie spécifique de personnes et d'actes.


La tentative de définition du droit commercial a donné lieu à deux courants doctrinaux
partagés entre une conception objective et subjective. L'opposition entre ces deux
conceptions porte sur la question de savoir si la définition première doit être celle des actes
de commerce ou celle des personnes ayant la qualité de commerçants.
1. La conception objective :

Le droit commercial a un double objet, dans sa vision objective il s'intéresse à la fois aux
personnes et à l'activité de celles1. Pour les partisans de cette conception, le droit commercial
est le droit des actes de commerce. La notion de base est celle d'actes de commerce et prescrit
de déterminer les actes de commerce sans tenir compte de la qualité de leur auteur. Il convient
alors de déterminer quels sont les actes qui seront considérés comme actes de commerce et

1
Voy. R. ROBLOT, Traité de droit commercial, Paris, LGDJ, t. 1, 14° éd., 1991, n ° 5 et s

2
qui vont servir, par la suite, pour qualifier de commerçant la personne qui les accomplissent à
titre professionnel.

La définition du commerçant ici est subsidiaire par rapport à celle d'actes de commerce. Cette
conception du droit commercial conduit à déclarer que les actes accomplis par un commerçant
ne seront pas nécessairement des actes de commerce. Ils n'ont cette qualité qu'autant qu'ils
réunissent les caractéristiques de tout acte de commerce. A contrario, un non commerçant
peut fort bien accomplir des actes de commerce dès lors que ceux-ci répondent à la définition
que l'on en fait.
Dans sa vision objective, le droit commercial régit les actes de commerce, qui ne sont pas
réservés à l'usage des seuls commerçants. Ainsi, la signature d'une, lettre de change est un
acte de commerce, quelle que soit la qualité (civile ou commerciale) de ceux qui
interviennent.
Cette double précision aide à mesurer l'empire du droit commercial. Pour simplifier, il
convient de dire que la plupart des professions qui forment le monde des affaires sont de
nature commerciale ; · le caractère formellement commercial des entreprises constituées sous
forme de sociétés anonymes, de SARL, de société en nom collectif, de sociétés en
commandite simple ou par actions, conduit à considérer que le droit commercial régit la vie
des affaires, ses acteurs, comme ses opérations.

2. La conception subjective :

Pour les tenants de cette conception, la primauté et donnée à la détermination des personnes
qui ont la qualité de commerçants. Les actes de commerce sont alors définis comme les actes
passés par ces commerçants dans l'exercice de leur profession.

Contrairement à la conception objective, la détermination des commerçants vient en premier


lieu alors que la définition des actes de commerce est secondaire. Ainsi, les actes de
commerce sont tous les actes accomplis par un commerçant dans l'exercice de son activité,
sans qu'il soit nécessaire de rechercher s'ils présentent les caractéristiques que l'on attribut aux
actes de commerce. Les actes passés par les non commerçants ne sont pas des actes de
commerce.

Avec la conception subjective, on régit avec des règles distinctes, d'une part les actes passés
par les commerçants, d'autre part les actes similaires passés par des non commerçants.

Du point de vue juridique, le commerçant n'est pas seulement celui qui accomplit une activité
commerciale, achats et revente, l'activité industrielle appartient également à la catégorie de
commerçant. On le trouve donc dans le secteur de la production ; des services : transporteur,
assureur, banquier, les professions libérables et agricoles échappent par tradition à l'influence
du droit commercial.

Ces deux théories, défendables sur le plan de la théorie, restent très difficiles à mettre en
pratique, surtout quand elles sont exclusives l’une de l'autre.

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D'une part, la théorie objective prescrit de déterminer les actes de commerce sans tenir
compte de la qualité de leur auteur. Les actes de commerce les plus courants ne se distinguent
des actes civils de même type que par le but poursuivi par leur auteur. Cet objectif dépend lui-
même de la question de savoir si l’auteur de ces actes est un commerçant ou un non-
commerçant.

D'autre part, pour la théorie subjective, elle commande de déterminer en premier lieu les
individus qui seront considérés comme des commerçants pour les distinguer des non
commerçants. Or, pour dissocier les deux, on ne peut que se référer à la nature de l'activité
exercée c'est-à-dire les actes de commerce.

On abouti donc dans les deux cas à une impasse. Il est alors difficile de prendre partie en
faveur de l’une ou l'autre de ces deux conceptions.

Il est d'autant plus délicat de trancher ce débat qu'en droit marocain ; l'article premier de la loi
15-95 formant code de commerce prévoit que cette loi « régit les actes de commerce et les
commerçants ».

Par conséquent, le droit commercial est l'ensemble des règles qui s'appliquent aux
commerçants et aux actes de commerce.

Ces personnes et ces actes échappent au droit commun, au droit civil, pour être soumis au
droit commercial, et les litiges concernant ces personnes ou ces actes sont de la compétence
du tribunal de commerce et non du tribunal civil.

Donc, ce qu’il faut retenir : le droit commercial est l’ensemble des règles juridiques qui
régissent le commerce. Il apparaît comme le droit des commerçants et celui des actes de
commerce. Toutefois, il est à noter que le commerce que vise ce droit à travers ses actes et ses
acteurs, est entendu au sens large ; il recouvre non seulement les activités commerciales
(distribution, achat, vente) mais aussi les activités de production industrielle ainsi que les
activités de services (banque et assurances). Donc le droit commercial est un domaine très
large.

II. Histoire du droit commercial

Sur le plan historique, la première législation écrite de caractère commercial correspond à


certaines dispositions du code de Hammourabi ; on y trouve des règles sur le contrat des
sociétés, prêt à intérêt, de dépôt…

Le droit grec, de même que le droit romain, comporte des règles sur les sociétés, les banques
et les assurances maritimes.

Au début du 13e siècle, on voit émerger le droit commercial. Sa première caractéristique c’est
d’avoir une connotation internationale.

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Au 16e siècle, le roi Charles 9 créa en 1563 des juridictions commerciales.

En 1673 et 1681, sur l’initiative de Colbert, le roi Luis 14 publia de grandes ordonnances sur
le commerce terrestre et maritime qui furent les premières législations globales soumettant les
commerçants à un régime autonome.

En 1791, avec la décadence des corporations et la demande de suppression des monopôles, la


loi de Chapelier proclama la liberté du commerce et d’industrie. Et Napoléon Bonaparte
adopta en 1808 le premier code de commerce français.

Au 20e siècle, on assiste à un déclin du libéralisme économique qui avait triomphé le 19e
siècle ; on constate un véritable interventionnisme des pouvoirs publics.

Le début du 21e siècle verra une véritable poussée des principes du libéralisme économique
qui semble aujourd’hui sous le contrôle de l’État suite aux effets de la crise économique de
2008.

Au Maroc, avec l’avènement de l’Islam, le droit applicable aux activités humaines était le
droit musulman ; il ne fait aucune distinction entre l’activité commerciale et civile.

À partir du 18e et 19e siècle, la philosophie juridique européenne influença le Maroc. Le


principe de la liberté de commerce et d’industrie va connaître son affirmation au profit des
étrangers dans les traités bilatéraux et les conventions multilatérales signés au Maroc.

Avec le protectorat, c’est le code de commerce français de 1808 qui va influencer le code de
commerce marocain le 12/08/1913 qui sera abrogé en 1996 par la loi 15-95 actuellement en
vigueur. Evolution du droit commercial au Maroc :

IV. L’ESPRIT DU DROIT COMMERCIAL

Pourquoi un droit commercial ?


Pourquoi on a besoin d'un droit commercial ?
Les raisons sont nombreuses. On se limitera néanmoins aux raisons économiques.
Il s'agit des besoins propres aux commerçants et qui sont liés aux exigences des relations
d'affaires à savoir, principalement, le besoin de rapidité et le besoin de sécurité.
Le besoin de sécurité est à la mesure du besoin de rapidité. D'une certaine manière, il en est
la conséquence. Plus les actes sont répétitifs, plus ils sont rapides, plus ils sont dématérialisés,
plus les risques sont grands et il faut donc donner de la sécurité aux agents Qui les
accomplissent. Cette sécurité consiste principalement en une armature de sanctions bien plus
rigoureuses qu'en droit commun.
Le souci principal du droit commercial est l’efficacité : il faut absolument que le droit
commercial réponde aux exigences de la vie des affaires.

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§1. Une exigence traditionnelle d’efficacité.

A. La rapidité

Le besoin de rapidité est inhérent aux échanges commerciaux car dans la vie des affaires, le
temps c'est de l'argent. Ce besoin de rapidité induit nécessairement la simplicité. Le
consensualisme y domine, ainsi que la liberté de preuve. En droit commercial, la preuve est
libre alors qu’en droit civil normalement, il faut un écrit.
Les commerçants et les hommes d’affaires en général ont besoin de rapidité : ils veulent que
tous les actes quotidiens, puissent se faire facilement, rapidement. Cette exigence là n’existe
pas en droit civil.

En droit civil des actes d’une certaines importance prennent du temps.


A cette exigence de rapidité vont correspondre des solutions originales.
 La théorie de l’apparence : Le droit commercial va faire en sorte que les
commerçants soient dispensés de procéder à des vérifications minutieuses : on
se satisfait des apparences.
 Certaines règles évincent d’autres règles de droit civil, notamment le
formalisme du droit civil.

A. L’adaptabilité
L’idée de base est que les affaires évoluent vite : le droit doit donc être réactif.
On remarque donc que le droit commercial est une matière extrêmement réactive.
Exemple : Le droit de la distribution : Pendant longtemps, les producteurs étaient en position
de force par rapport aux distributeurs. Le droit commercial à pris acte de cela et s’est adapté
en faisant en sorte que les producteurs soit un peu moins confortables pour rétablir l’équilibre.

C. L’efficacité suppose la sécurité


C’est avant tout le respect de la parole donnée : être crédible et assurer la sécurité des
créanciers du commerçant d’ou un certains nombre de règles spécifiques protectrices des
créanciers. Cette sécurité consiste principalement en une armature de sanctions bien plus
rigoureuses qu'en droit commun
Exemple : La présomption de solidarité passive.

Le droit commercial se préoccupe du créancier à l’inverse peut être du droit civil : d’ailleurs
TAHLLER disait « Le droit commercial est le droit des forts »

IV. SPECIFICITE DU DROIT COMMERCIAL

A. Le droit commercial et les autres disciplines

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L'appellation traditionnelle « droit commercial » est aujourd'hui supplantée par des
appellations plus modernes, en particulier, celles de « droit des affaires » et « droit
économique ». Or ces expressions ne sont pas vraiment synonymes.

L'appellation « droit des affaires » permet de traiter d'une manière assez éclatée car en marge
du droit commercial, se sont développées des disciplines nouvelles qui ont progressivement
atteint une autonomie plus ou moins réelle (droit de la concurrence, droit des entreprises en
difficultés, droit bancaire, droit financier, droit des sociétés, droit de la propriété industrielle,
droit social, droit pénal des affaires, droit maritime commercial…).

Le droit commercial est un sous ensemble du droit des affaires et se résume aux seules
règles applicables aux commerçants et aux actes de commerce.

La notion de « droit économique » est plus récente, elle est la reconnaissance qu'il y a une
forme de dépendance du droit par rapport à l'économie. Son centre est le droit de la
concurrence, mais on lui rattache également le droit des entreprises. Il est donc très proche du
droit commercial par son application mais différent par son esprit. D'ailleurs, le droit
économique ne correspond pas à une branche du droit mais une simple construction
doctrinale.
B. Un droit des échanges :
Le commerce, c’est l’échange, la spéculation. Le droit commercial traduit un état social où les
hommes visent à conquérir le bien-être et la richesse. Il refuse le gratuit, le bénévole et le
sentimental.
C. Un droit de l’entreprise :
Le droit commercial est tout entier imbibé de l’esprit d’entreprendre. On ne gère pas le
patrimoine d’un incapable comme on gère un fonds de commerce ou une société
commerciale. Pour cet esprit, on trouve que le droit commercial exige la souplesse limiter au
maximum les entraves à l’action des entreprises.
Les techniques laissent une grande part à la liberté des parties (solutions des conflits, la liberté
de preuve).
Le temps commercial est plus court que le temps civil. Les commerçants peuvent conclure
leurs contrats par les moyens les plus rapides (téléphone, fax, net…) sans avoir à se soucier du
formalisme des écritures
qu’exige le droit civil. Aussi bien la mise en place d’une durée de prescription (plus courte de
5 ans (Art 5 du C.C).
C. Un droit de professionnels :
Les acteurs du le droit commercial sont des professionnels industriels ou commerçants.
Cette qualité permet de comprendre la rigueur des sanctions en le droit commercial Lorsque
le débat n’oppose plus deux professionnels, mais un particulier et un professionnel, le
changement des règles s’opère pour faire un équilibre entre les deux parties (Art 4 C.C)

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V-LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL :

Les sources du droit commercial sont spécifiques. Ce ne sont pas exactement les mêmes que
celles des autres branches du droit. On distingue les sources formelles et les sources
institutionnelles.

A. Les sources formelles

- La loi. Le terme « loi » doit être entendu au sens large, c'est-à-dire, la loi votée par le
parlement (code de commerce), les décrets du premier ministre, les arrêtés des ministres et les
règlements administratifs.

- Les usages et les coutumes. Ils tirent généralement leur origine des clauses qui étaient
régulièrement insérées dans des contrats et qui semblaient, par la suite, suffisamment
évidentes pour être considérées comme acquises même si elles ne sont pas écrites. On ne les
mettait donc plus par écrit. La pratique est devenue usage de fait : elle joue le rôle d'une
convention tacite. Les parties qui n'ont rien précisé sont censées s'y être référées.

- La jurisprudence commerciale. Elle correspond aux décisions de justice rendues en


interprétant et complétant le droit commercial.

- Les conventions internationales qui sont des accords conclus entre États qui imposent des
obligations entre les États impliqués.

- L’arbitrage. C’est une source de droit entre les parties permettant d'éviter le recours aux
instances juridictionnelles étatiques.

B. Les sources institutionnelles, il s’agit des institutions étatiques, professionnelles,


internationales et judiciaires.
La loi, une source formelle du droit commercial
Il s'agit de la loi entendue dans son sens large. C’est la source écrite la plus importante du
droit privé. Elle comprend :

 La Constitution :

La Constitution détermine les fondements de l’organisation économique. La Constitution


marocaine date de 1962 et a été révisée plusieurs fois (en 1970, en 1972, en 1992, en 1996 et
la dernière fois en 2011).

Il y a un rôle essentiel joué par le conseil constitutionnel qui rappelle au législateur un certain
nombre de valeurs fondamentales par exemple : la liberté du commerce. En effet, la
Constitution précise dans son article 35 que « l’État garantit la liberté d’entreprendre » ; il y a
là, sans doute, la liberté du commerce et d’industrie.

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L’article 71 de la Constitution dispose que sont du domaine de la loi, le régime des
obligations civiles et commerciales.

L’activité commerciale est réglementée par des lois civiles et commerciales.


Plusieurs dispositions du Code civil marocain interviennent pour réglementer la preuve en
matière commerciale ; les contrats de société sont réglementés par le Code civil marocain, les
responsabilités dans les contrats commerciaux relèvent également du droit civil.

 Les règlements :

Les règlements sont pris par le pouvoir exécutif (gouvernement) pour appliquer des lois ou
bien pour détailler des normes.
Les règlements sont hiérarchisés et peuvent prendre la forme de :
 décrets signés le premier ministre et complétés par les autres ministres chargés
de leur exécution pour déterminer les modalités de la loi ;
 arrêtés qui sont inférieurs aux décrets et donc aux lois. Ils prévoient des mises
en œuvre des lois et des décrets ;
 circulaires : ce ne sont pas des documents officiels à l’usage du public mais à
usage interne. C’est par cette voie que l’administration informe ses agents des contenus des
lois, des décrets et des arrêtés.

Les usages et coutumes, une source formelle du droit commercial


En droit commercial, les usages et coutumes ont beaucoup plus d'importance que dans toute
autre branche du droit. La raison s'en comprend aisément. Le droit commercial est né comme
un droit coutumier : les marchands ont créé leurs propres règles qui n'étaient pas écrites.

 Les usages et coutumes peuvent être définis comme l’ensemble de règles


créées de manière spontanée et dégagées par la pratique dans une branche d’activité
économique (commerciale).

L’ensemble des économies est divisé en branches d’activités. Les commerçants de chaque
milieu d’affaire prennent l’habitude de stipuler des clauses dans leurs contrats : des clauses
répétitives, autrement dit, ces stipulations deviennent avec le temps tellement connues qu’il
devient inutile de les prévoir dans les contrats.

Les usages de commerce peuvent concerner les lieux de paiement, la date, le délai, les
obligations des parties…
L'article 2 du code de commerce précise qu'il est statué en matière commerciale
conformément aux lois et aux coutumes et usages du commerce et l'article 3 précise que « les
coutumes et usages spéciaux et locaux priment les coutumes et usages généraux ».

Les usages et coutumes sont importants car les lois (au sens large : règles, normes) adoptées
par les États peuvent parfois être rigides, imposées, ne répondant pas aux évolutions

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économiques et aux besoins des commerçants. Par contre, les usages sont créés par les
commerçants, donc ils sont censés être mieux acceptés par ces derniers et plus adaptés à leurs
besoins.

En matière d’usages, on distingue entre les usages conventionnels et les usages de droit.
 Les usages conventionnels :
Les usages conventionnels sont des usages dont l’application dépend de la volonté des parties.
Il s’agit des usages qui ont une valeur supplétive. Chaque branche d’activités a ses propres
usages qui s’appliquent aux commerçants membres de cette branche. Ils n’appliquent de
manière négative, c'est-à-dire en cas de silence de la loi ou en cas de silence du contrat (le
contrat est la loi des parties).

Tous les commerçants sont censés connaitre les usages de leur propre branche d’activités. En
cas de litige devant le juge, le commerçant qui invoque l’usage conventionnel doit en apporter
la preuve : le juge n’est pas censé connaitre l’usage conventionnel.

Le moyen de prouver l’usage : Soit le commerçant obtient une attestation délivrée par sa
fédération professionnelle (parère), soit il reproduit un contrat-type préétabli dont les clauses
reflètent l’usage conventionnel.
 Les usages de droit ou les coutumes :
Contrairement à l’usage conventionnel, l’usage de droit a un caractère positif ; il a le même
régime juridique qu’une règle de droit (caractère obligatoire), souvent il est très ancien. Il est
consacré par la jurisprudence et est beaucoup plus rare que l’usage conventionnel. Exemple :
la solidarité entre commerçants est présumée.

Cet usage s’applique uniquement en matière commerciale puisqu’en matière civile la


solidarité ne se présume pas. Cela veut dire qu’en cas de pluralité des débiteurs, le créancier
peut demander à l’un d’entre eux le paiement de la totalité de la dette. Par contre, en matière
civile, en cas de pluralité des débiteurs, chacun doit payer sa part respective.

L’usage de droit doit être appliqué d’office par le juge, puisque ce dernier est censé connaître
l’usage de droit contrairement à l’usage conventionnel.

Au niveau international, les commerçants ont également établi par coutume des règles de base
qui les contraignent sans s'appuyer sur des règles étatiques ou interétatiques. Cet ensemble de
règles est appelé la loi des marchands désignée sous son appellation latine de lex mercatoria et
qui trouve spécialement application en matière d'arbitrage international.
A. Les sources formelles

 la jurisprudence :
En matière commerciale, la jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par
les tribunaux de commerce, la cour d’appel et la Chambre Commerciale du tribunal de
cassation (la Cour Suprême auparavant).

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Les tribunaux, à l'occasion de l’application d'un texte, interprètent la loi et peuvent l'adapter à
des cas qui n'ont pas été prévus ou ne pouvaient être prévues lors de son adoption.

Ces juridictions sont plus sensibles que d’autres aux considérations économiques : la pure
technique juridique passe souvent en retrait ou est appliquée avec plus de souplesse qu’en
droit civil.

C’est parce qu’en droit commercial, ou plus généralement en droit des affaires, on est par
nature sensible aux conséquences économiques des décisions. C’est un droit finalisé et cette
application souple s’explique par le fait que les tribunaux de commerce sont composés de
juges consulaires élus parmi les commerçants.

En droit commercial, la jurisprudence a une place très importante car elle est très évolutive,
avant-gardiste. C’est donc une source essentielle du droit commercial.

 Les conventions internationales


Les conventions internationales occupent à l'heure actuelle une place croissante dans le
régime juridique de chaque pays en raison du développement du commerce international. Ce
sont des accords conclus entre États qui imposent des obligations entre les États impliqués. En
matière commerciale, il existe de nombreuses conventions internationales :
 Les conventions bilatérales :
Les exemples célèbres sont les traités d’établissement : c'est-à-dire, chaque État reconnaît le
ressortissant de l’autre État signataire et lui accorde des droits reconnus à ses propres
citoyens.
 Les conventions multilatérales :
Exemple 1 : Convention de Vienne de 1980 en matière de ventes internationales de
marchandises. Exemple 2 : les conventions destinées à créer des organisations internationales
comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
 Le traité d’intégration économique (droit européen) :
Il implique un abandon d’une partie de la souveraineté étatique en faveur des institutions
communes. L’objectif est d’harmoniser et de coordonner l’ensemble des règles (Traité de
Rome qui date de 1957 et qui a créé la Communauté économique européenne).

En matière commerciale, le droit communautaire (c'est-à-dire le droit européen) exerce une


influence importante sur le droit étatique (les directives et les règlements) :
 Le règlement s’applique directement sur le plan interne de chaque État
membre ;
 La directive s’applique également sur le plan interne mais nécessite une
transposition en droit interne (l’ensemble des réglementations subissent le même régime).

L’arbitrage : source formelle


L’arbitrage est aujourd’hui reconnu dans le monde entier, comme le moyen le plus efficace de
régler les litiges, notamment commerciaux. Il s'agit d'une source de droit entre les parties.

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L'arbitrage est régi par les articles 306 à 327 du Code des Obligations et des Contrats et
permet d'éviter le recours aux instances juridictionnelles étatiques. On distingue
entre la clause compromissoire et le compromis.
 La clause compromissoire :

C'est la clause insérée dans le contrat par laquelle les parties décident de soumettre à
l'arbitrage les litiges qui peuvent naître de l'exécution de ce contrat. Les parties peuvent
désigner à l'avance les arbitres mais il faut que la clause soit écrite à la main et spécialement
approuvée par les parties.

 Le compromis :

C'est la convention par laquelle les parties à un litige déjà né soumettent celui-ci à l'arbitrage
d'un ou plusieurs arbitres. Il doit être écrit, détermine l'objet du litige, désigne les arbitres et le
délai qui leur est imparti pour rendre leur sentence arbitrale.

En principe, les arbitres ne sont pas tenus d'appliquer les règles de droit ou de procédure
étatique. Ils statuent en tant qu'amiables compositeurs (sur la base de l'équité).

CHAPITRE I. LA NOTION D’ACTE DE COMMERCE

On peut penser que le droit commercial c’est le droit des opérations commerciales, en réalité
cela est discuté, il y a une controverse quant à l’importance de l’acte commercial en droit
commercial.
Est- ce le droit des actes de commerce ? (conception objective) ou le droit des commerçants
(conception subjective) ? Voir introduction.

L’art 1er du Code français de Commerce de 1807 définissait le commerçant et ce n’est que
beaucoup plus loin qu’intervenait l’acte de commerce.
Le problème est que la définition de commerçant de l’art 1er était posée à partir de la notion
d’acte de commerce.
« Le commerçant est celui qui fait se profession habituelle d’accomplir des actes de
commerce ».

SECTIONI. LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE

Il est intéressant de souligner dés le départ les différents types d’acte de commerce, c’est la
raison pour laquelle nous allons alors évoquer tour à tour les actes de commerce par nature,
les actes de commerce par la forme, les actes de commerce par accessoire et les actes mixtes.

Ceux-ci sont principalement énumérés aux articles 6 et 7 du Code de commerce D’après l’art
6 du CC : la qualité du commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel des
activités dites commerciales.

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De ce fait trois conditions sont à retenir :
1. L’accomplissement d’actes de commerces :
En se basant sur les arts 6, 7, 8, 9,10 du C .C, on peut adopter une classification qui s’articule
autour de la distinction entre : 1 ,2 ,3 et 4 :

Il y a toujours une nature commercial sans que l’on se soucis de la personne qui l’a passé.
L’acte de commerce par nature est commercial en raison de son objet.
L’art 6 du C.C en donne l’énumération suivante :
1- L’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après
les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;
2- La location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ;
3- L’achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou après transformation
4-La recherche et l’exploitation des mines et carrières ;
5-L’activité industrielle ou artisanale ;
6- Le transport ;
7- La banque, le crédit et les transactions financières ;
8-Les opérations d’assurances à primes fixes ;
9- Le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremises ;
10- L’exploitation d’entrepôts et de magasins généraux ;
11- L’imprimerie et l’édition quels qu’en soient la forme et le support ;
12- Le bâtiment et les travaux publics ;
13- Les bureaux et agences d’affaires, de voyages, d’information et de publicité
14- La fourniture de produits et services ;
15- L’organisation des spectacles publics ;
16- La vente à l’enchère publique ;
17- La distribution d’eau, d’électricité et de gaz ;
18- Les postes et télécommunications ;
S’ajoutent à cette liste toutes les opérations sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires,
ou se rattachant à leur exploitation ou au commerce maritime et aérien. (Art 7 du C .C)

§2. Les actes de commerce par la forme

Ce sont des actes qui sont commerciaux en raison de leur forme, quels que soient l’objet et le
but de l’acte et quelle que soit la personne qui les accomplit. Il s’agit d’une commercialité
formelle .Elle concerne deux domaines importants
A. La lettre de change :
Selon l’art 9 du C.C, c’est un acte commercial quelle que soit la personne qui le signe (tireur,
tiré, acceptant, endosseur…) .Cette dernière se soumet aux règles du droit commercial et
notamment la compétence des tribunaux de commerce.
La question se pose à propos des autres effets de commerce :
- Le chèque : le signataire d’un chèque ne s’oblige commercialement que s’il signe pour les
besoins de son commerce
- Le billet à ordre : est réputé commercial lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale
(Art 9 C.C)

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B. Les sociétés commerciales par la forme
- C’est une catégorie d’acte de commerce par la forme. Il s’agit des sociétés qui sont
expressément déclarées commerciales à raison de leur seule forme et indépendamment
de leur activité, il s’agit des :
- Les sociétés par action
- Les SARL (société à responsabilité limités)
- Les SNC (société en noms collectifs)
- Les SCS (société en commandites simples)

§3. Actes de commerce par accessoire

Conformément au principe qui dit que « l’accessoire suit le principal », sont considérés des
actes de commerce, toutes les obligations du commerçant nées pour les besoins où à
l’occasion de son commerce. L’accessoire trouve son fondement en droit marocain dans l’art
10 du C.C
Exemples : les actes civils par nature accomplis par le commerçant dans l’exploitation de son
entreprise :
- L’achat d’un véhicule pour les livraisons de marchandises n’est pas un acte de commerce
par nature mais l’acte est considéré comme commercial car il est conclu pour les besoins du
commerce.
-Les emprunts contractés par un commerçant en vue des besoins de son commerce.

§4.Les actes de commerce mixte :


Ce sont ceux qui présentent un caractère commercial pour une partie et un caractère civil pour
l’autre partie.
Le code de commerce à travers son art 4 énonce en disant que « Les règles du droit
commercial s’appliquent à la partie pour qui l’acte est commercial »
Exemple : un détaillant vend un produit à un consommateur qui l’achète pour le revendre :
l’acte est civil pour le consommateur et commercial pour le détaillant. En cas de contestation,
le détaillant ne pourra citer le consommateur que devant la juridiction civile, tandis que le
consommateur, s’il est demandeur, pourra citer le détaillant à son choix devant le tribunal
civil ou de commerce.

CHAPITRE II. LE STATUT DU COMMERÇANT


Le statut du commerçant comporte deux types de conditions : celles tenant à la personne du
commerçant et celles tenant à l’activité commerciale.

SECTION1 : CONDITIONS TENANT A LA PERSONNE

§1. La capacité commerciale


L e législateur marocain, dans le code de la famille, a fixé l’âge de la majorité à 18 ans (Art
209 du code de la famille). Cependant il existe des dérogations à ce principe :

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1- Le mineur :
Il peut se trouver en état de bénéficier d’une telle capacité soit par l’effet d’une autorisation
spéciale, soit par celui d’une déclaration anticipée de la majorité. L’une ou l’autre doit être
inscrite au registre de commerce (Art 13 du code de commerce).
2- Les majeurs incapables :
Ils sont assimilés au mineur non émancipé .Ce sont les malades mentaux ou faibles d‘esprit
qui font l’objet d’une mesure de tutelle (représentation) ou de curatelle (assistance).
3- L’étranger
Un étranger ayant atteint vingt ans révolus, et réputé majeur pour exercer le commerce au
Maroc, même si sa loi nationale prévoit un âge de majorité supérieure à celui qui édicte la loi
marocaine (Art 15 du code de commerce).
4- La femme mariée :
Au Maroc, pendant longtemps on rapprochait des incapables la femme mariée, car celle-ci ne
pouvait faire le commerce qu’avec l’autorisation de son mari. Cette restriction est disparue
avec l’avènement du nouveau code de commerce qui affirme dans son art 17 que : « la femme
mariée peut exercer le commerce sans autorisation de son mari .Toute convention contraire
est réputée nulle ».

§2. La sauvegarde de l’intérêt général


A. La déchéance et l’incompatibilité
1- La déchéance :
L’article 711 du CC affirme que : « la déchéance commerciale emporte interdiction de diriger,
gérer, administrer ou contrôler, directement ou indirectement, toute entreprise commerciale ou
artisanale, et toute société commerciale ayant une activité économique »
Lorsque le tribunal prononce la déchéance commerciale, il doit en fixer la durée qui ne doit
être inférieure à 5 ans (art.719 du CC)
L’exercice du commerce au mépris d’une interdiction n’empêche pas d’acquérir la qualité du
commerçant (art 11du CC), et les actes conclus demeurent valables.
2- L’incompatibilité :
Il s’agit ici d’une interdiction faite à certaines personnes d’exercer le commence en raison de
leurs professions ou de leurs fonctions. Il est interdit en effet aux fonctionnaires, aux notaires,
avocats, architectes … d’exercer un commerce
Le non respect de ces restrictions entraine des sanctions pénales et disciplinaires. Mais les
actes de commerce accomplis demeurent valables. (Art 11 du C.C)

B. L’exercice habituel ou professionnel du commerce :


Au Maroc la référence à l’habitude ou à la profession suffit pour doter l’auteur d’actes de
commerce du statut de commerçant.
1- L’habitude :
L’habitude se caractérise d’abord par un élément matériel, c'est-à-dire la répétition, d’actes
du même genre, prolongée dans le temps. Ainsi la personne qui accomplit des actes de
commerce à titre occasionnel (de façon isolée ou de temps en temps) sans se préoccuper du
nombre et du rythme dans lequel elle les effectue ne devient pas commerçant.

15
L’habitude suppose également un élément intentionnel. Par conséquent ne devient pas
commerçant, le simple particulier qui achète accidentellement des choses pour les revendre.

2- La profession :
La profession implique une activité déployée d’une façon continue, régulière et indépendante.
En effet, si la profession commerciale exercée, dans l’intention de se procurer des ressources
nécessaires aux besoins de l’existence, constitue l’activité principale, la personne concernée
est alors commerçante, même s’elle exerce à titre secondaire une profession civile. Reste donc
le cas où l’activité commerciale est le complément nécessaire d’une profession non
commerciale. L’intéressé ne devient pas pour autant commerçant. Il n’est pas nécessaire pour
se doter de la qualité du commerçant, que l’exercice du commerce soit la profession exclusive
même principale de l’intéressé.
C. L’exercice de l’activité commerciale en son nom et pour son propre compte
Les actes de commerce doivent être effectués par le commerçant en son nom et pour son
propre compte.
A cet effet, n’ont pas la qualité de commerçant :
- les salariés liés à un commerçant par un contrat de travail.
- les voyageurs de commerce représentants et placiers ne sont pas commerçants.
- le conjoint d’un commerçant qui l’assiste dans l’exercice de son activité commerciale.
-les dirigeants des sociétés commerciales, qui, en tant que représentants légaux, donc
mandataires, accomplissent des actes de commerce au nom et pour le propre compte de la
personne morale.

CHAPITRE III: LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT

Outre l’ouverture d’un compte bancaire ou postal (section 1).Les commerçants sont
justiciables d’une publicité statutaire au registre du commerce (section 2) et d’une
comptabilité descriptive de leur entreprise (section 3).

SECTION1 : OUVERTURE D’UN COMPTE BANCAIRE


L’art 18 du C.C affirme que : « tout commerçant, pour les besoins de son commerce, a
l’obligation d’ouvrir un compte dans un établissement bancaire ou dans un centre de chèques
postaux »
A ce niveau, le commerçant, doit opérer par chèque barré, lettre de change, et virement, tous
les paiements dont leur montant est supérieur à
10000dhs. Et ceci dans le souci de réduire les paiements en espèce et aboutir à une diminution
de la fraude fiscale
SECTION2 : LA PUBLICITE AU REGISTRE DE COMMERCE :
§1. - Définition :
C’est un support de publicité destiné à faire connaitre l’existence, les caractéristiques des
établissements de commerce, en fournissant tous renseignements par voie de copie ou
d’extrait certifié des inscriptions qui y sont portées.

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§2. L’organisation du registre de commerce :
1- Registre local :
Il est tenu par le secrétariat greffe de chaque tribunal de commerce ou à défaut du tribunal de
1ère instance sous la surveillance du président du tribunal ou par un juge désigné chaque
année à cet effet (Art 28 CC).
L’inscription doit être faite au greffe du tribunal dans le ressort duquel se situe l’établissement
principal du commerçant personne physique ou le siège social de la personne morale.
Le greffe chargé de la tenue du registre, doit transmettre au registre de
Casablanca les renseignements prescrits à cette fin.
2- Registre central :
Il est destiné à centraliser, les renseignements relatés dans les divers registres locaux et d’en
assurer communication par voie de certificat .Il est donc un second original des registres tenus
au niveau de chaque greffe. Son utilité principale découle de sa publicité, la finalité étant de
mettre au courant les tiers des faits susceptibles d’affecter la situation des commerçants.

§3.Les inscriptions au registre du commerce

Selon l’Art 36 du CC: « les inscriptions au registre du commerce comprennent les


immatriculations, les inscriptions modificatives et les radiations »
1- Les immatriculations :
Les personnes assujetties à l’immatriculation sont énumérées à l’art 37 du CC ce sont :
-Toutes les personnes physiques ou morales, marocaines ou étrangères, exerçant une activité
sur le territoire du royaume.
- Toute succursale ou agence commerciale d’entreprise marocaine ou étrangère.
- Toute représentation commerciale ou agence commerciale des états, collectivités ou
établissements publics étrangers.
- Tous les établissements publics marocains à caractère industriel ou commercial, soumis par
leurs lois à l’immatriculation au registre du commerce.
- Tout groupement d’intérêt économique.
Cette formalité doit être accomplie, via une demande écrite du commerçant lui-même ou de
son mandataire muni d’une procuration au plus tard dans les trois mois de l’ouverture de
l’établissement commercial ou de l’acquisition du fonds de commerce (Art 75 CC)
2- Les inscriptions modificatives :
Tout changement ou modification se produisant dans les faits prescrits dans l’immatriculation
doit faire l’objet d’une déclaration modificative dans le mois de leur réalisation .Cette
modification peut concerner aussi bien l’état de la personne du commerçant : Etat civil,
incapacité, incompatibilité…..Et les actes liés à son activité commerciale et les décisions
judiciaires prononcées à l’encontre d’un commerçant.

3- Les radiations :
La radiation peut être requise de deux façons :
A- Du côté du commerçant lui-même
Quand ce dernier vient de cesser d’exercer son commerce ou par ses héritiers s’il vient de
décéder, sans qu’il y’a cession de fonds de commerce.

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Toutefois la radiation ne peut avoir lieu que si les inscriptions sont apurées et les créanciers
gagistes informés.
B- Par l’ordonnance du président du tribunal :
La radiation peut également s’opérer d’office, par le greffier, en vertu d’une ordonnance du
président du tribunal, dans les cas suivants :
- La déchéance d’un commerçant suite à une décision judiciaire passée en force de chose
jugée.
-Le décès depuis plus d’un an.
- La cessation effective de l’activité depuis plus de trois ans.
- La clôture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire
(Art 54, 55 ,56 ,57 du C.C)

§4.- Les sanctions par défaut d’inscription

Le non respect par le commerçant des obligations afférentes à l’inscription rend passible de
sanctions civiles et sanctions pénales :
1- Sanctions civiles :
L’Art 59 du C.C dispose que la personne non immatriculée ne peut se prévaloir à l’égard des
tiers du statut de commerçant. En outre celui qui a omis de publier une information
obligatoire ou qui a publié une fausse informative est tenu de réparer le préjudice subi par les
tiers conformément aux arts 77 et 78 du D.O.C.
2- Sanctions pénales :
Le défaut d’immatriculation donne lieu à une amende de 1000 à 5000 dhs après injonction
administrative d’y pouvoir dans le mois, et à une seconde amende de même montant après
injonction d’y satisfaire dans les deux mois (art 62 et 63 du C.C). S’il s’agit de l’ouverture
d’une succursale ou d’une agence d’un établissement situé en dehors du Maroc, le tribunal
peut ordonner sa fermeture jusqu’à exécution de la formalité requise.
Le commerçant qui, de mauvaise foi fournit des indications inexactes en vue de
l’immatriculation ou de l’inscription au R.C est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an
et d’une amende de 1000 à 50000 dhs ou de l’une de ses deux peines seulement (Art 64 CC).
Ces peines sont doublées en cas de récidive (Art 67 C .C).

SECTION3 : LA TENUE DE LA COMPTABILITE


L’article 19, alinéa premier du C.C dispose : « Le commerçant tient une comptabilité
conformément aux dispositions de la loi n° 9-88 relatives aux obligations comptables des
commerçants »
A cet égard on va examiner l’objet de la comptabilité et sa finalité.
§1. L’objet de la comptabilité :
« La comptabilité peut être définie comme étant une mission d’information consistant à
collecter, recenser, classer et traiter toutes les opérations exprimées sous forme monétaire
qui effectue une entreprise ».
La loi prévoit que le commerçant doit procéder à l’enregistrement comptable des mouvements
affectant les actifs et les passifs de l’entreprise ; ces mouvements sont enregistrés
chronologiquement, opération par opération et jour par jour.

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Les documents obligatoires de la comptabilité sont de deux sortes :
1- Les livres comptables :
Ils sont au nombre de trois :
A- Le livre journal :
Il enregistre opération par opération, et jour après jour tous les mouvements affectant le
patrimoine de l’entreprise
B- Le grand livre :
Il permet l’enregistrement des écritures du livre journal qui y sont recopiées, mais cette fois
réparties entre les différents comptes : situation de l’entreprise, administration, compte
spécial…
C- Le livre inventaire :
L’inventaire se fait à la fin de chaque année. L’obligation comporte l’élaboration d’un
inventaire des effets mobiliers et immobiliers d’une part, et un inventaire des dettes et des
créances d’autre part.
2- Les états de synthèse :
Les états de synthèse doivent être établis trois mois suivant la date de clôture de l’exercice, au
vu des différents livres comptables. Ils doivent donner une image fidèle des actifs et passifs
ainsi que de la situation financière et des résultats de l’entreprise.

§2. La tenue de la comptabilité :

Au moment de l’ouverture de l’entreprise le livre journal et le livre d’inventaire doivent être


présentés au tribunal, qui doit compter les feuilles en leur donnant des numéros allant de la
première à la dernière, ensuite les parapher, chaque livre reçoit un numéro répertorié par le
greffier sur un registre spécial.
En cas d’erreur, le commerçant ne peut ni gratter, ni raturer, il doit corriger par d es écritures
nouvelles.
§3. La finalité de la comptabilité :
L’art 19, alinéa 2 du C.C prévoit que si la comptabilité est régulièrement tenue elle est admise
par le juge pour faire preuve entre commerçants à raison des faits de commerce.
L’art 22 ajoute : « au cours d’une instance judiciaire, le tribunal peut ordonner d’office ou à
la requête de l’une des parties, la représentation ou la communication des documents
comptables ».

PARTIE II. LE FONDS DE COMMERCE

CHAPITRE I. LE STATUT JURIDIQUE DU FONDS DE COMMERCE

Tout commerçant possède un fonds, et ce fonds constitue une propriété cessible et


transmissible. La reconnaissance de cette propriété est un fait d’une importance capitale dans
l’économie commerciale.

Définition : le fonds de commerce « un meuble incorporel constitué par l’ensemble de biens


mobiliers affectés à l’exercice d’une ou de plusieurs activités commerciales » art 79 du C.C,

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Le fonds de commerce est composé de deux catégories d’éléments : des éléments corporels
et des éléments incorporels. Le fonds de commerce est une réalité juridique complexe dont il
convient de cerner les principaux éléments.

SECTION 1 : LES ELEMENTS COMPOSANT LE FONDS DE COMMERCE


I- Les éléments corporels :
Ces éléments comprennent des droits sur des choses corporelles et mobilières à l’exclusion
des immeubles. Il s’agit de deux sortes d’éléments corporels : d’une part le matériel et
l’outillage, d’autre part les marchandises. Ces éléments corporels ont pour point commun leur
caractère.
1- le matériel et l’outillage :
Ce sont des biens qui servent à l’exploitation du fonds et qui ne sont pas destinés à être
vendus, Il s'agit des meubles de bureaux, des machines, du matériel l'équipement, de
l’outillage industriel, le matériel de transport, les agencements … qui vont servir à
l'exploitation du fonds et qui sont la propriété du commerçant
Sur le plan économique et comptable, le matériel entre comme les immeubles dans le capital
fixe de l’entreprise. Mais au point de vue juridique, le matériel entre par sa nature dans la
catégorie des meubles, dans le cas par exemple de commerce de distribution, de vente, ou
d'alimentation où, excepté les marchandises, ce n'est pas nécessaire d’avoir un équipement
spécifique. Il arrive que ce matériel, de caractère normalement mobilier, prenne une nature
immobilière, et devienne plus précisément immeuble par destination lorsqu'il est affecté à
l'immeuble dans lequel le fonds est exploité
2- les marchandises
Ce sont d’une part les matières premières destinées à être transformées ou produits semi finis
servant à la fabrication, on parle de stock et, d’autre part, des produits mis en vente et qui sont
la propriété du commerçant. Les marchandises peuvent être parfaitement inexistantes dans un
fonds de commerce par exemple les agents de change n'ont pas de stock de marchandises,
c'est donc comme le matériel, un élément facultatif du fonds de commerce.
Lorsque cet élément existe, il arrive qu'il soit difficile à distinguer du matériel : par exemple
quand l'entreprise utilise pour son usage personnel les produits qu'elle fabrique et met en
vente, comment distinguer matériel et marchandises ? La qualification résulte d'un critère
simple : le matériel est stable au sein de l'entreprise, alors que les marchandises, qui ont
vocation à être vendues, le plutôt possible, ont un caractère essentiellement instable.
Les marchandises se caractérisent par deux particularités :
- En cas de cession du fonds, elles font l’objet d’une évaluation distincte.
- En cas de nantissement du fonds, elles sont toujours exclues.

II-Les éléments incorporels :


Ces éléments comprennent un ensemble de droits indispensables à l’exploitation
commerciale. Ils confèrent au fonds de commerce l’essentiel de sa valeur. Il s’agit de la
clientèle et de l'achalandage, l'enseigne, le nom commercial, le droit au bail. Cette liste n'est
pas limitative, les droits de propriété industrielle et les autorisations administratives jouent
souvent un rôle essentiel lors de la création ou du développement de l'entreprise.

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1- La clientèle et l’achalandage
Ce sont l’ensemble des consommateurs et les personnes qui s'approvisionnent habituellement
auprès d'un fonds de commerce, ou qui sont en relation d’affaires avec le commerçant.
La clientèle est constituée par les clients permanents et fidèles de l’entreprise en raison de sa
compétence ou de son savoir faire ;
L’achalandage concerne les clients de passage, attirés par la commodité ou la proximité de
l'établissement.
En fait aucune conséquence pratique ne s’attache à cette distinction (sur le plan
juridique).Pour qu’il y ait fonds, il faut que la clientèle réunisse deux conditions:
A- La clientèle doit exister :
La clientèle doit être réelle et certaine, une clientèle seulement virtuelle ou potentielle ne
saurait être prise en considération. Il n’est donc pas suffisant d’ouvrir les portes de
l’établissement au public pour que la clientèle fasse son apparition, il est indispensable aussi
que la mise en exploitation ait effectivement débutée.
B- Clientèle propre au fonds :
Il faut qu’elle soit au titulaire du fonds de commerce, qu’elle lui soit rattachée en propre.
Cette condition n’est pas toujours remplie lorsque la clientèle est dépendante d’une clientèle
plus vaste dont elle ne constitue qu’une fraction. Tel est le cas lorsqu’on se trouve dans un
centre commercial, ou le restaurant installé dans une entreprise plus vaste.
2- Les éléments d'individualisation du fonds de commerce
Le nom commercial individualise le commerçant, entrepreneur individuel ou société, tandis
que l'enseigne localise géographiquement l'établissement. La marque, qui distingue les
produits ou services de l'entreprise est un droit de propriété industrielle et sera étudiée
ultérieurement.

-Le nom commercial :


C’est l’appellation sous laquelle une personne exerce son activité. Ça peut être son nom
patronymique précédé du prénom… Pour les sociétés, le N.C est désigné sous le vocable de «
raison sociale » dans les sociétés de personnes, et de « dénomination sociale » pour les
sociétés de capitaux. A la différence du nom civil, le nom commercial peut être transmis avec
le fonds de commerce ou à titre isolé. Le N.C a un caractère patrimonial. Ce qui explique sa
protection contre les usurpations ou les confusions voulues, par le biais de l’action en
concurrence déloyale.
- L’enseigne :
C’est un signe extérieur qui permet d’individualiser l’établissement géographique, le magasin.
Elle peut considérer en un sigle, un logo, ou une image apposée sur un local et se rapportant à
l’activité qui s’y exerce. c'est un objet de propriété incorporelle, cessible à titre isolée ou avec
le fonds de commerce L’enseigne bénéfice de la même protection que le N.C, à condition
qu’elle soit spéciale, et que celui qui l’utilise justifié d’une priorité d’usage.
3-Le droit au bail commercial (propriété commerciale)
C’est le droit de créance du locataire commerçant à l’égard de l’immeuble dans lequel est
exploité le fonds, et dont l’objet est la jouissance des lieux loués.

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En raison de son importance surtout pour le détaillant, le droit au bail fait l’objet d’une
protection spéciale, qui confère au commerçant un véritable droit de renouvellement de son
bail, à défaut duquel le bailleur doit lui verser une indemnité d’éviction.

3.1. Le droit au bail présente deux intérêts essentiels :

-L'emplacement occupé est souvent, en particulier dans le commerce de détail, l'élément


primordial du succès commercial, à tel point que l'on considère généralement que la cession
de bail équivaut à une cession de fonds de commerce.
Le bail commercial constitue donc normalement l'élément de reconnaissance et de fixation de
la clientèle commerciale.
- Le bail commercial peut être cédé à un autre commerçant, la cession de bail constitue alors
une opération fructueuse de la vie commerciale pour le vendeur qui demande à cette occasion
le versement d'un « pas de porte ».
Le droit au bail, créance du locataire contre le bailleur, n'est qu'un élément facultatif du fonds
de commerce. Lorsque l'entreprise possède son immeuble d'exploitation, le fonds de
commerce perd paradoxalement de sa valeur puisque l'immeuble constitue une masse
distincte dans le patrimoine de l'exploitant.

4-Les droits de la propriété industrielle :


La propriété industrielle est composé des droits de propriété industrielle, des droits
d'auteur et du savoir faire (ou know- how), qui résultent tous d'une activité intellectuelle. La
propriété industrielle comprend principalement les brevets d'invention, les dessins et modèles,
les marques de fabrique, de commerce et de service. Les droits de propriété industrielle sont
donc des éléments classiques de la vie des affaires ; on en distingue deux catégories : des
droits sur des créations nouvelles et des droits sur des signes distinctifs, soumis à un régime
spécifique.
 Les brevets d’invention
Un inventeur qui souhaite protéger son invention doit la faire breveter. Sont brevetables les
créations impliquant une activité inventive et susceptible d'application industrielle ; par
exemple, la découverte d'un produit nouveau ou d'un nouveau procédé de fabrication. Le droit
correspondant à ces créations est accordé à l'inventeur à qui est délivré, sur sa demande, un
titre administratif, appelé brevet d'invention lui attribuant un monopole d'exploitation de
l'invention pendant 20 ans non renouvelables. L'obtention du brevet permet à son auteur
d'exercer, en compensation de la divulgation de son invention, un monopole de fabrication,
d'utilisation et de commercialisation de son invention pendant 20 ans.
 Les marques de fabrique et de service
La marque permet à une entreprise, en utilisant un signe quelconque, de se distinguer des
autres. On peut distinguer deux marques : La « marque nominale » et la « marque figurative
ou emblématique ».
- La marque nominale : il peut s’agir d’un nom patronymique, géographique, dénomination
de fantaisie, ou encore d’une marque de distribution.
- La marque figurative ou emblématique : il peut s’agir dans ce cas de la forme du produit,
de son conditionnement (la bouteille de la mayonnaise par exemple), un logo type dit

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usuellement «logo» (le crocodile de Lacoste, etc), de la combinaison ou de la disposition des
couleurs… La marque est protégée après son dépôt, si elle se distingue des autres. Ainsi,
l’utilisation d’un terme générique ne peut pas être considérée comme une marque. De même,
une marque comportant des indications propres à tromper le public ne peut pas être
enregistrée (Ex. « Beurrax » pour une margarine). Le propriétaire de la marque a les mêmes
droits et les mêmes obligations que le propriétaire d’un brevet. . La durée de la protection et
de 10 ans, mais des dépôts successifs permettent de conserver indéfiniment la propriété de la
marque.
- Les dessins et les modèles
Ce sont des créations à caractère ornemental consistant en des dessins et modèles qui
donnent à l'objet un aspect extérieur spécifique et nouveau. L'effort créateur est ici dans la
décoration et le goût. C'est pourquoi l'on parle à propos des dessins et modèles de ‘‘l’art
industriel’’. L'auteur du dessin ou du modèle reçoit un droit exclusif à la suite d'un dépôt
auprès de l'organisme chargé de l'enregistrement et de la protection de la propriété
industrielle : l OMPIC : l’office national de protection industrielle et culturelle. (Les dessins et
modèles sont très importants pour l'industrie des carrosseries, des meubles, des tissus, etc..).
Ce sont des biens de nature incorporelle qui procurent à leurs titulaires un monopole
d’exploitation.

CHAPITRE2 : LES OPERATIONS RELATIVES AU FONDS


DE COMMERCE
Les principales opérations dont le fonds de commerce peut être l’objet sont : la vente du F.C,
l’apport en société le nantissement et la mise en gérance libre.
Section1 : LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE
La vente du FC une opération importante sur le plan économique, pour le vendeur et ses
créanciers, car le FC représente l’essentiel de leur gage. C’est également un investissement
considérable pour l’acheteur car il y a des F.C de grande valeur.
1. Les conditions de validité de la vente de fonds de commerce
Les conditions de fond sont destinées à protéger les parties, les conditions de formes et de
publicité se préoccupent, quant à elles, de la situation de l'acquéreur et des tiers.
 Conditions de fond
La vente de fonds de commerce est soumise aux conditions générales de validité des contrats
et aux exigences propres au contrat de vente.
 Capacité des parties : en raison de l'importance de l'opération, la vente du fonds de
commerce appartenant au mineur est soumise à des conditions rigoureuses. Le fonds du
mineur ne peut être vendu par le tuteur qu'avec l'accord du juge des tutelles.
 Prix de vente : comme dans toute vente, le prix doit être déterminé ou déterminable.
Lorsque le prix n'est pas payé comptant, il faut fixer trois prix distincts, l'un pour les
éléments incorporels, l'autre pour le matériel, le dernier pour les marchandises.
 Conditions de forme
Ces conditions et leurs sanctions, sont rigoureuses parce qu'il s'agit de protéger l'acquéreur par
une information aussi large et loyale que possible.
 Les exigences formelles : le contrat de vente du fonds de commerce doit être écrit.
Cet écrit peut être authentique ou sous seing privé et doit, de plus, être enregistré pour

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acquérir date certaine et pouvoir être opposable aux tiers. Cet écrit doit comporter un certain
nombre de mentions obligatoires :
· Le nom du précédent vendeur, la date et la nature de son acte d'acquisition et le prix de cette
acquisition pour les éléments incorporels, les marchandises et le matériel ;
· l'état des privilèges et nantissements grevant le fonds ;
· s’il y a lieu le bail, sa date, sa durée, le montant du loyer , le nom et l'adresse du bailleur.
Si les mentions prescrites ont été omises, le tribunal peut déclarer la vente nulle s'il estime
cette omission déterminante pour l'acquéreur. L'acheteur à un an pour agir ; à défaut il peut
toujours se fonder sur un vice du consentement (erreur ou dol).
L’art 81 de la loi 15-95 dispose : « Toute vente ou cession de fonds ainsi que tout apport en
société ou toute attribution de F.C par partage ou licitation est constaté par acte en la forme
authentique ou sous seing privé…. ». Cet acte mentionne :
1- Le nom du vendeur, la date et la nature de son acte d’acquisition, le prix de cette
acquisition en spécifiant distinctement les prix des éléments incorporels, des marchandises et
du matériel.
2 - L’état d’inscriptions des privilèges et nantissements pris sur le fonds.
3- s’il y a lieu, le bail, sa date, sa durée, le montant du loyer actuel, le nom et l’adresse du
bailleur.
4- L’origine de la propriété du F.C.
Le législateur a adopté un certain nombres de mesures tendant à protéger les deux parties
contractantes et les créanciers du vendeur.
I- La protection du vendeur :
A fin de prémunir le vendeur contre le risque de non paiement, le législateur à crée à son
profit un privilège et une action résolutoire.
1- Le privilège du vendeur
Le vendeur tant qu’il n’a pas été payé dispose d’un droit qui lui permet de se faire payer
prioritairement sur le prix du fonds en cas de revente. Pour bénéficier de ce privilège, celui-ci
doit avoir été inscrit au RC (Art 92 de C.C).
Le privilège ne porte que sur les éléments du F.C énumérés dans la vente et dans l’inscription.
A défaut de désignation précise, le privilège ne portera que sur les éléments incorporels
notamment le nom commercial et l’enseigne, le droit au bail, la clientèle et l’achalandage (Art
92 al3).
A peine de nullité, ce privilège doit être inscrit dans les 15 jours de la vente. Le privilège du
vendeur confère à ce dernier un droit de préférence et un droit de suite.
2- L’action résolutoire :
C’est le droit conféré au vendeur de faire résoudre la vente et de reprendre la possession du
fonds. Pour produire effet, elle doit être mentionnée et réservée expressément dans
l’inscription du privilège prévue à l’Art 92 du C.C .Le défaut d’inscription du privilège
entraine donc, vis-à-vis des tiers la perte de l’action résolutoire (Art 99 C.C).
Comme le privilège cette action est limitée aux seuls éléments qui font partie de la vente. Le
vendeur qui entend utiliser cette garantie doit la notifier aux créanciers inscrits sur le fonds
(Art 101 du C.C)
II- La protection de l’acheteur :

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Ces mesures concernent surtout les obligations que le vendeur doit remplir vis-à-vis de
l’acquéreur du F.C .Il y a d’abord le transfert de la propriété du F.C .En suite le vendeur
s’oblige à garantir l’acquéreur contre son fait personnel ce qui se concrétise par les clauses de
non rétablissement ou de non concurrence au profit de l’acquéreur.
 Sanction du non respect du formalisme (acte écrit et mentions obligatoires)
L’omission d’une mention obligatoire est sanctionnée par une nullité qui peut être invoquée
par l’acquéreur, dans l’année de la vente. Si ces mentions sont inexactes, l'acheteur dispose
d'une action en garantie, devant être intentée dans le délai d'un an à compter de la date de sa
prise de possession, et lui permettant de demander soit l'anéantissement de la vente (action-
rédhibitoire) soit une réduction du prix
(action estimatoire). En outre, il peut demander à son vendeur des dommages et intérêts.
 Les obligations du vendeur
 La livraison : le vendeur doit transmettre le fonds à l’acquéreur, pour cela, il doit lui
présenter la clientèle. Il doit tenir les livres de commerce à la disposition de l’acheteur
 La garantie contre :
 l’éviction : le vendeur doit notamment une garantie légale de non-concurrence qui
l’oblige à ne pas se réinstaller à proximité. Pour préciser le contenu de cette obligation, il est
fréquent que soient stipulées des clauses de non-concurrence qui, pour être licites, doivent
être limitées dans le temps et dans l'espace.
 Les vices cachés : elle obéit aux règles générales en matière de contrat.
III- La protection des créanciers du vendeur :
La publicité de la vente a pour but d’informer les créanciers du vendeur et à leur permettre de
faire opposition et, éventuellement, surenchère du sixième
1- L’opposition :
Tous les créanciers (sauf le propriétaire bailleur) peuvent former opposition au paiement du
prix par lettre recommandée avec accusé de réception adressée au secrétariat-greffe du
tribunal qui a reçu l’acte ou par dépôt de l’opposition auprès dudit secrétariat contre récépissé.
L’opposition doit être faite dans les quinze jours, au plus tard, après la seconde insertion et
doit mentionner, à peine de nullité, le montant et les causes de la créance et contenu une
élection de domicile dans le ressort du tribunal(Art 84, 85 du C.C)
Si l’opposition a été faite sans titre ou sans cause ou si elle est nulle en la forme, et s’il n’y a
pas instance engagée au principal, le vendeur pourra se pouvoir devant le juge de référés à
l’effet d’obtenir l’autorisation de toucher son prix malgré l’opposition (Art 88 du C.C)
2- La surenchère du sixième :
Les créanciers disposent également d’un droit de surenchère s’ils estiment que le prix de
vente de fonds ne correspond pas à sa valeur réelle. Ils peuvent donc demander que le fonds
soit mis en vente aux enchères publiques, mais ils s’engagent à se porter acquéreur pour le
prix initial majoré du sixième de la valeur des éléments incorporels, si aucune autre offre n’est
faite (Art 94 du C.C).
La surenchère n’est pas admise lorsque la première vente du fond a été une vente aux
enchères publiques par voie judiciaire, le juste prix est présumé avoir été alors atteint.
Section2 : L’apport du fonds de commerce en société :
Le commerçant, personne physique, peut apporter son FC soit à une société qu’il créé avec
d’autres personnes, soit à une société déjà créé.

25
Même si cette opération ressemble beaucoup à celle de la vente .Mais, il existe une différence
persiste entre les deux opérations .Elle concerne le mode de paiement .En effet, l’équivalent
fourni à l’apporteur n’est pas ici une somme d’argent, mais des parts sociales ou des
actions.
Cette différence entraine quelques modifications dans la situation des créanciers.
I- La publicité légale
Cette opération doit faire l’objet d’une publicité dans un journal d’annonces légales et au
bulletin officiel. En effet dans les 15 jours de la dernière publication, les créanciers de
l’apporteur doivent faire au greffe du T.P.I une déclaration indiquant leur qualité de créancier
et la somme qui leur est due (art 104 du CC).le créancier négligent perdra toute action contre
la société, et sera réduit à une action personnelle contre l’apporteur seul.
Une telle procédure permet d’informer les associés de l’apporteur sur les créanciers inscrits
qui gèrent le fonds. Et ouvre un délai pendant lequel ils disposent d’une option :
II- L’option des associés :
La déclaration des créanciers de l’apporteur met la société en demeure, soit de prendre à sa
charge ce passif, soit renoncer à l’apport envisagé. Les associés ou l’un deux disposent d’un
délai de 30 jours pour demander l’annulation de la société ou de l’apport. S’ils ne disent rien,
la société est tenue solidairement avec l’apporteur du FC des dettes qui ont été déclarées.

SECTION 3 : LE NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE


D’après l’art 1170 du D.O.C : « le nantissement est un contrat par lequel le débiteur, ou un
tiers agissant dans son intérêt, affectent une chose mobilière ou immobilière ou un droit
incorporel à la garantie d’une obligation, et confère au créancier le droit de se payer sur cette
chose, par préférence à tous autres créanciers au cas où le débiteur manquerait à le satisfaire».
C’est une sûreté réelle constituée sur le FC sans dépossession du débiteur.
Le nantissement permet au propriétaire du FC de le donner en garantie de ces dettes. Il obéit à
des conditions qui sont prévues par le CC et produit certain effets.
I- Les conditions du nantissement :
Concernent l’assiette du nantissement, sa forme et sa publicité :
1-Les conditions de fond :
Il ressort de l’art 107 du CC que seuls sont susceptibles d’être compris dans le nantissement
les éléments énumérés dans l’art 8 à l’exclusion de la marchandise.
A défaut de désignation expresse et précise dans l’acte qui le constitue, le nantissement ne
comprend que : le nom commercial, l’enseigne, le droit au bail, la clientèle et la
chalandage.
Dans le cas où le nantissement porte sur un FC et ses succursales, celles-ci doivent être
désignées par l’indication précise de leur siège.
Les marchandises ne sont jamais comprises dans le nantissement parce qu’elles sont
destinées à la vente, or cela est incompatible avec la notion de gage qui voudrait que son
objet reste le même.
3- Les conditions de forme et de publicité :
Selon l’art 108 du CC, le nantissement doit être constaté par écrit authentique ou sous-seing
privé. Un extrait de l’acte doit être inscrit au RC dans les quinze jours de sa date.

26
Au cas où le nantissement porte sue des droits de propriété industrielle, une inscription
complémentaire doit être prise à l’office marocain de la propriété industrielle. Cette
inscription n’est pas soumise à la publicité dans les journaux (art 108 al 3).
II-les effets du nantissement :
Le commerçant reste à la tête de son exploitation. Il conserve ainsi ses principales
prérogatives d’administration et de disposition. Le nantissement peut produire les effets
suivants :
1-Effets à l’encontre du créancier nanti :
Le créancier nanti dispose d’un droit de préférence et d’un droit de suite.
A- Droit de préférence :
C’est un droit qui permet au créancier nanti inscrit sur le FC de se faire
payer sur le prix du fonds ( que cette vente soit amiable ou judiciaire). Il est payé avant les
créanciers chirographaires.
B- Droit de suite :
C’est un droit qui permet aux créanciers privilégiés inscrits et non payés de saisir le FC entre
les mains de n’importe quelle personne et à quel titre que ce
soit, qu’il s’agisse du propriétaire ou d’un nouvel acquéreur en vue de le faire vendre aux
enchères publiques.
2-Effets à l’encontre du commerçant débiteur :
A- Cas de déplacement du fonds de commerce :
Selon l’art 111du CC : « En cas de déplacement du FC, les créances inscrites deviendront
exigibles si le propriétaire du fonds n’a pas fait connaitre aux créanciers inscrits, quinze
jours au moins à l’avance, son intention de déplacer le fonds et le nouveau siège qu’il entend
lui donner ».
L’alinéa 4 dispose : « le déplacement du fonds de commerce sans le consentement du vendeur
ou du créancier gagiste peut, s’il en résulte une dépréciation du fonds, rendre leurs
créanciers exigibles ».
D’après cette disposition s’il n’y a pas dépréciation du fonds de commerce, les créanciers ne
sont pas en droit de rendre leurs créances exigibles. Il leur faut démontrer la dépréciation.
B- La vente séparée d’un élément du fonds de commerce :
La vente séparée d’un élément du fonds de commerce peut diminuer sa valeur et peut même
provoquer sa disparition. C’est pour cela que le code de commerce prévoit des mesures
protectrices qui constituent à notifier aux créanciers inscrits la vente poursuivie soit sur saisie-
exécution soit en vertu de la réalisation du gage. La vente séparée ne peut avoir lieu que dix
jours ou plus tôt après la notification de la poursuite aux créanciers qui se sont inscrits quinze
jours au moins avant ladite notification au domicile élu par eux dans leurs inscriptions. Dans
ce délai de dix jours, tout créancier inscrit, que sa créance soit ou non échue, pourra demander
au tribunal la vente globale de tous les éléments du fonds de commerce (art. 120 du CC).
C- La résiliation du bail :
Le bail peut être résilié à la demande du propriétaire pour plusieurs raisons : la résiliation peut
avoir pour cause le défaut de paiement des loyers, le bailleur peut avoir besoin du local pour y
habiter etc.…
La résiliation du bail peut entrainer une diminution notable de la valeur du fonds, car le droit
de bail en constitue souvent un élément très important du fonds. C’est pourquoi le code de

27
commerce dispose dans son art 112 « le propriétaire qui poursuit la résiliation du bail de
l’immeuble dans lequel est exploité un fonds de commerce grevé d’inscriptions, doit notifier
sa demande aux créanciers antérieurement inscrits au domicile par eux élus dans leurs
inscriptions. Le jugement ne peut intervenir que 30 jours après la notification.
La résiliation amiable du bail ne devient définitive que 30 jours après la date de la
notification qui en a été faite aux créanciers inscrits au domicile élu ».
SECTION IV - LA GERANCE LIBRE
La gérance libre (ou gérance location) permet au propriétaire de donner la gérance du fonds à
une personne en vertu d’un contrat de location moyennant un loyer qui peut prendre parfois la
forme d’une participation aux bénéfices. Dans ce cas, le gérant locataire bénéficie de la
qualité de commerçant et assume seul les risques de l’exploitation.
Le code de commerce a réglementé pour la première fois la gérance libre dans l’article (152 à
158) ; cette réglementation traite de la publicité du contrat tout en veillant à la protection de
tous les intérêts en présence.
I- Les règles relatives à la publicité :
Ayant la qualité de commerçant, le gérant libre doit bien entendu satisfaire à toutes les
obligations du commerçant et notamment se faire
Immatriculer au registre du commerce (art.153, al 1du CC).Mais la publicité dont il est
question au chapitre relatif à la gérance libre est de toute autre nature, elle a pour objectif de
faire connaitre aux tiers que la propriété du fonds n’appartient pas au gérant.
Pour se faire, le législateur prévoit trois procédés de publicité :
 Tout d’abord un extrait du contrat de gérance libre doit être publié dans les 15 jours de
sa date au bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales. Il reste qu’il est dans
l’intérêt du bailleur du fonds d’effectuer cette publicité dans la mesure où il demeure, jusqu’à
la publication et pendant 6 mois qui suivent, responsable solidairement avec le gérant des
dettes contractées par ce dernier à l’occasion de l’exploitation de fonds (art.155 du CC).
 Il appartient, en outre, au bailleur du fonds de procéder aux formalités relatives au
registre de commerce ; il a le choix entre deux inscriptions :
 Soit demander sa radiation du registre de commerce
 Soit requérir la modification de son inscription personnelle avec la mention expresse
de la mise en gérance libre. Autrement, le bailleur reste solidairement responsable des dettes
de son locataire tant qu’il n’a pas requis ces inscriptions (art.60 et 155 du CC).
 Enfin, quant au gérant, il doit indiquer sur tous ses documents commerciaux ainsi que
sur toutes les pièces signées par lui avec son nom, son numéro d’immatriculation au registre
de commerce avec mention du tribunal où il est inscrit et sa qualité de gérant libre du fonds
sous peine d’une amende de 2000 à 10000dhs.
II-Les effets de la location gérance :
Il s’agit en l’espèce, des effets du contrat de location qui mettent certaines mesures à la charge
du locataire et du bailleur :
1- Le locataire :
Il doit payer le loyer qui peut consister en une participation aux bénéfices, exploiter le fonds
dans les meilleurs conditions, ne pas en changer la destination, c’est –à-dire continuer le
même commerce que le bailleur.

28
En outre, n’étant pas propriétaire du fonds, le gérant ne peut le vendre ni le donner en
nantissement, il ne peut non plus en sous louer la gestion sans consentement du bailleur.
2-le bailleur :
Il a pour obligation de mettre tous les éléments du fonds à la disposition du gérant et ne doit
pas en troubler la jouissance, notamment par la concurrence.

29
CHAPITRE III :
 NOTION DE SOCIETES COMMERCIALES

Les sociétés sont nées de la nécessité de réunir l’activité de plusieurs personnes ou une masse
de capitaux plus importante que celle que peut fournir le patrimoine d’un seul individu.
 Les
entreprises sociétaires sont des entités abstraites dotées de la capacité juridique grâce à
laquelle elles peuvent agir par l’intermédiaire de leurs représentants légaux : on parle alors de
la personnalité juridique des personnes morales qui s’acquiert par l’immatriculation au
registre de commerce.
Nous étudierons d’abord la notion de la personnalité morale, et les caractéristiques de la
personnalité morale.

 LA NOTION DE LA PERSONNALITE MORALE
I. Principes clés
- Une activité professionnelle peut être exercée par un seul individu,
inscrit au registre de commerce et responsable indéfiniment sur ses biens propres des
dettes de son entreprise. 

- L’individu est alors propriétaire d’un fonds de commerce personnel
qui constitue un élément de son patrimoine. 

- L’activité commerciale peut aussi être exercée dans le cadre d’une
entreprise sociétaire liant deux ou plusieurs personnes par le biais d’un contrat que
l’on appelle les « statuts » et qui doivent obligatoirement être établis par écrit. 

- La création d’une telle structure permet de regrouper des moyens et
des hommes tout en limitant, sauf exceptions, les risques financiers encourus au
montant des apports effectués. 

- Ces entreprises sociétaires sont des entités abstraites dotées de la
capacité juridique grâce à laquelle elles peuvent agir par l’intermédiaire de leurs
représentants légaux : on parle alors de la personnalité juridique des personnes
morales qui s’acquiert par l’immatriculation au registre de commerce. 
 II.
Méthode
 1. Définition du contrat de société 


« la société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par contrat,
d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice
qui pourra en résulter.
 Elle peut également être instituée, dans les cas institué par la loi, par
l’acte de volonté d’une seule personne.
Les associés s’engagent à contribuer au perte ».
2. Règles spécifiques du contrat de société
+ Les associés  Notion
Le statut d’associé est reconnu à celui qui :
- fait un apport, 

- participe aux bénéfices et aux pertes, 

- est animé par l’intention de participer à la réalisation de l’objet social
: c’est 
 l’affectio societatis.
  Nombre d’associés minimum 


30
- Comme pour tout contrat, les associés doivent au moins être deux,
dans le cas de : 
 o Sociétés en nom collectif,
 o Sociétés en commandite simple, o
Sociétés à responsabilité limitée. 

- Ils doivent au moins être quatre dans les sociétés en commandite par
actions, dont trois commanditaires. 

- Ils doivent être au moins cinq dans les sociétés anonymes.  Nombre
d’associés maximum 

- Un maximum est prévu par la loi pour :

La société à responsabilité limitée à associé unique,

La SARL dont le nombre d’associés ne doit pas dépasser cinquante.
Aucune limitation pour les autres.
+ Les apports : principes
  Chaque associé doit faire un apport,
 En contrepartie, il reçoit des titres (actions) représentant sa participation dans le capital
social, Ces titres sont exposés aux risques de l’entreprises : bénéfices ou pertes.
+ Les différents types d’apports
 L’apport en numéraire
- c’est l’apport en argent. 

- La libération, c’est-à-dire le versement de cette somme d’argent, est
librement 
 organisée par les statuts sauf pour : 

Les SARL pour lesquelles le capital social doit être souscrit et libéré totalement lors de la
constitution,

Les SA dont le capital social doit être libéré du quart au moins lors de la constitution. Le
surplus peut être libéré dans un délai qui ne peut excéder trois ans à compter de
l’immatriculation au RC.
 L’apport en nature
- C’est l’apport d’un bien autre que l’argent : bien meuble ou
immeuble, corporel 
 ou incorporel (clientèle, brevet, marque), susceptible d’une
évaluation 
 pécuniaire et destiné à être exploité commercialement. 

- L’évaluation de l’apport en nature est librement fixée dans les statuts
ou par un 
 commissaire aux apports lorsque : 

aucun apport n’a une valeur supérieure 100 000 dh,

et si la valeur totale des apports en nature non soumis à l’évaluation ne dépasse pas la moitié
du capital social.
Les différentes modalités de transfert de l’apport en nature

L’apport en usufruit

 L’apport en industrie
- Il consiste dans l’engagement pris par un associé de faire bénéficier la
société 
 de ses compétences particulières dans un domaine précis. 

- On parle aussi d’apport en savoir-faire. 

 Remarque : ce type d’apport ne peut exister que dans les sociétés de personnes,
dans les conditions prévues par la loi à savoir : 


31
-l’objet de la société doit porter sur l’exploitation d’un fonds de commerce ou d’une
entreprise artisanale apportés à la société ou crées par elle à partir d’éléments corporels ou
incorporels qui lui sont apportés en nature ;
- l’apporteur en nature peut apporter son industrie lorsque son activité principale est liée à la
réalisation de l’objet social
+ La participation au résultat
 
Les associés doivent tous poursuivre le même but qui est :
- Le partage des bénéfices : le bénéfice distribuable est le bénéfice de
l’exercice :
- diminué des pertes antérieures et des dotations à la réserve légale et aux

 éventuelles réserves statutaires ;
- augmenté du report bénéficiaire. 

- La contrepartie de leur engagement est la contribution aux pertes. 

- Ce sont les statuts qui prévoient en principe la participation des
associés aux bénéfices et aux pertes. 

- Dans le silence des statuts, cette participation est proportionnelle aux
apports de chacun, l’apporteur en industrie participant aux bénéfices et aux pertes dans
les mêmes proportions que le plus petit apporteur en numéraire ou en nature. 
 +
L’affectio societatis
  Cette notion est indispensable à la validité de toute société. 
 
Elle peut être définie comme la volonté de tous les associés de collaborer ensemble et
sur un pied d ‘égalité à la poursuite de l’œuvre commune. 

3. L’acquisition de la personnalité morale 

- Pour avoir la personnalité juridique, la société doit être immatriculée
au RC. 

- Pour ce faire, elle doit procéder à des formalités de dépôt et de
publicité 
 destinées à informer les tiers. 
 + Formalité de publicité
  Avant la
constitution : dans un journal d’annonces légales compétent destiné 
 l’information
des tiers et indiquant les caractéristiques de la société en cours de constitution.
 
Après l’immatriculation : au bulletin officiel. 
 + Formalité de dépôt 
  Elle doivent
être effectuées au greffe du tribunal de première instance du siège social.

  Les modalités d’immatriculation de la société sont :

1. L’original ou une expédition des statuts ;

2. Une expédition du certificat de souscription et de versement des fonds indiquant

 les souscriptions au capital social ainsi que la partie des parts sociales libérée par
chaque associé ; 


3. La liste légalisée des souscripteurs indiquant, outre leur prénom, nom ; adresse,
nationalité, qualité et profession, le nombre des parts sociales souscrites et le montant
des versements effectués par chacun d’eux ; 

4. Le rapport du commissaire aux apports, le cas échéant ; 

5. Une copie du document de désignation des premiers gérants et des premiers

 commissaires aux comptes, lorsque ladite désignation intervient par acte séparé ; 


32
6. Une déclaration de conformité signée par tous les associés dans laquelle ils relatent
toutes les opérations effectuées en vue de constituer ladite société et par laquelle ils
attestent que cette constitution a été réalisée en conformité avec la loi et les

 règlements. 

 Remarque : Le numéro d’immatriculation au registre de commerce doit être porté sur tous
les documents d’affaires émis par la société et destinés aux tiers sous peine d’une amende de
1.000 à 5. 000 dh
Les caractéristiques de la personnalité morale
I. Principes clés
- Une fois dotés de la personnalité morale, l’entreprise sociétaire est individualisée de façon
comparable aux personnes physiques grâce à son nom, son domicile, son patrimoine, son
objet ...
- Ces différents éléments sont, selon leur nature, susceptibles d’être protégés en justice, par
exemple, contre tout acte constitutif de concurrence déloyale.
1. L’IDENTIFICATION DES PERSONNES MORALES
+ Le nom
• Le nom identifiant la société sera sa raison sociale ou sa dénomination sociale. 

• Les statuts déterminent l’appellation de la société.
 
• La raison sociale
 Elle est composée du nom des associés ou de certains d’entre eux,
suivis des mots « et associés » et « et compagnie » et « fils » etc.

•  La dénomination sociale 
 : La dénomination sociale est un nom de fantaisie. 

Elle permet d’identifier les sociétés commerciales.
  Remarque : Les sociétés
commerciales peuvent également utiliser un nom commercial distinct qui constitue un
élément corporel du fonds de commerce mais ne peut se substituer à la dénomination
sociale, sauf décision des associés modifiant les statuts. 
 + Le siège social
 Il est
librement choisi par les associésj, précisé dans les statuts. 
 Le siège social est le lieu
où doivent être concentrées les activités de gestion et de direction. 

Les implications du choix d’un lieu social
Le siège social permet de déterminer :
+ L’objet social
• - Il correspond à l’activité que la société souhaite développer en vue de
réaliser des 
 bénéfices. 

• - L’objet social doit être déterminer dans les statuts. 

• - Dans les sociétés civiles et les sociétés en nom collectif, un soin tout
particulier doit 
 être apporté à la rédaction de la clause des statuts relative à la
détermination de l’objet social car le gérant ne peut engager la société que dans la
limite de son objet social. 

• - Tout acte accompli au-delà de cette limite peut être annulé en justice.

• - En revanche dans les SARL et les SA, la société est engagée même
par les actes 
 des dirigeants excédant les limites de l’objet social.

 + Le patrimoine social 


33
Le tribunal compétent en cas de procès

La nationalité : les sociétés dont le siège social est au Maroc sont de nationalité
marocaine
Le lieu où doivent être accomplies certaines obligations légales :
 déclarations fiscales –
formalités de dépôt des actes de nomination des dirigeants ou de modifications statutaires
• - Au fur et à mesure de son activité, la société acquiert un patrimoine
social distinct de celui de ses associés qui ne sauraient l’utiliser à des fins personnelles
pour honorer leur propres engagements. 

• - En revanche, le patrimoine social constitue le gage des créanciers de
la société qui peuvent, concernant les SA et les SARL, en prendre connaissance en
consultant au greffe du tribunal de première instance les comptes annuels de la société.

 + La durée de la société 

• - La durée de la société doit être fixée dans les statuts dans la limite
maximum de 99 
 ans. 

• - Mais une durée moindre peut être prévue et correspondre à la
réalisation de l’objet 
 social comme, par exemple, le temps nécessaire à la
construction d’un immeuble. 

• - Les associés réunis en assemblée générale, un an au moins avant la
survenance du terme, peuvent décider de la prorogation de la société, pour une
nouvelle durée qui 
 ne peut excéder 99 ans.

LES DIFFERENTES FORMES SOCIALES

La société en nom collectif


La société anonyme classique : L’administration et la direction
La SA avec directoire : L’administration et la direction
Les sociétés en commandite 

La société a responsabilité limitée qui sera étudiée ci-après

LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE


I. Principes clés
La société à responsabilité limitée (SARL), est une société à statut hybride au capital
social de 100 000 dhs divisé en parts sociales dont la valeur ne doit pas être inférieure
à 100 dirhams et elles doivent être de valeur égale. 

La loi n° 5-95 élargit les possibilités de recourir aux apports en industrie sous réserve
du respect des conditions posées par l’article 45 de cette loi. 

Les parts sociales doivent être souscrites en totalité et intégralement libérées. 

Le nombre d’associés de la SARL ne peut dépasser 50 et la cession des parts sociales
à un tiers ne peut être réalisée qu’avec l’agrément de l’assemblée générale statuant à
des conditions de majorité renforcée, ce qui est un trait 
 caractéristique des sociétés
de personnes 

La SARL est soumise à l’impôt sur les personnes. 

1. La direction


34
+ Choix du gérant
Le ou les gérants, obligatoirement personne physique, est choisi parmi les associés,
soit en dehors d’eux. 

Il peut être désigné dans les statuts ou par assemblée générale postérieure au dépôt des
statuts. 

La gérance peut être unique ou collégiale. 
 + Conditions de majorité 

L'associé majoritaire (possédant plus de la moitié des parts sociales plus une) est

 ainsi assuré de sa désignation comme gérant si tel est son souhait. 

La nomination du gérant non statutaire est faite par un nombre d'associés représentant
plus de la moitié du capital social. les statuts peuvent prévoir une 
 majorité plus
élevée pour la désignation du gérant, mais non pour sa révocation. 
 + Cession des
fonctions 

Le gérant est révocable par décision des associés représentant au moins trois 
 quarts
des parts sociales. 

Il participe au vote sur sa propre révocation 

un gérant non statutaire peut être révoqué par l'assemblée à la majorité simple. 

Le gérant n'est pas révocable ad nutum, la loi précise que les gérants nommés 
 par
l'acte de société ou par un acte postérieur ne sont, en principe, révocables que pour des
causes légitimes. Par conséquent, le gérant a droit à des dommages-intérêts si la
révocation est décidée sans juste motif. 

Toute clause contraire est réputée non écrite. 

+ Pouvoirs du gérant 

Rapports internes
Dans les rapports internes, c’est aux statuts qu’il appartient de fixer l’étendue et les limites
des pouvoirs du gérant.
A défaut de clause statutaire, il peut accomplir tout acte de gestion dans l’intérêt de la
société. 

En cas de pluralité de gérants, et dans le silence des statuts, chacun peut agir
séparément, les autres pouvant s’opposer à toute opération avant qu’elle soit conclue.

 Rapport avec les tiers

 A l’égard des tiers, le gérant engage sa responsabilité même par les actes qui
dépassent les limites de l’objet social.
Les éventuelles limites statutaires aux pouvoirs des gérants sont inopposables

 aux tiers. 

Lorsque la gérance est collégiale, chacun des gérant détient séparément le droit

 d’engager la société à l’égard des tiers, même au-delà des limites de l’objet
social de la société.

 2. Les assemblées 

1. Les assemblées générales ordinaires

 + Les assemblées générales ordinaires sont compétentes pour
:

Statuer sur les comptes de l’exercice écoulé, affecter le résultat, décider le cas échéant de
la distribution de bénéfices ; 

Nommer – révoquer le ou les gérants – fixer leur rémunération ; 


35
Le cas échéant, nommer les commissaires aux comptes ; 

Approuver les conventions conclues entre la société et l’un des associés ; 

Autoriser le gérant à accomplir tel ou tel acte dépassant les limites de la gestion

 courante lorsque les statuts lui accordent une telle compétence. 
 + Conditions de
quorum et de majorité 

L’assemblée générale statue sur première consultation à la majorité absolue, c’est-à-dire par
un total de voix atteignant plus de la moitié des parts sociales ; 

Une seconde consultation est possible statuant aux conditions de la majorité 
 relative,
c’est-à-dire quelque soit le nombre des associés ayant participé au vote. 

Les statuts peuvent toutefois écarter cette deuxième consultation.

 2. Les assemblées générales extraordinaires 

Elles sont compétentes pour décider de toutes modifications de statuts. 

L’assemblée générale extraordinaire statue à la majorité des trois quarts des 
 parts
sociales. Il s’agit d’une disposition d’ordre public. 
 3. La cession des parts sociales

 + Conditions d’agrément
  Au terme de la loi n° 5-95, la cession des parts sociales
à des tiers ne peut être 
 autorisée que par une assemblée générale statuant à la
majorité en nombre des associés, représentant au moins les trois quarts des parts
sociales.
  En revanche, la cession des parts sociales entre conjoints, ascendants,
descendants et associés est libre, sauf dispositions contraires des statuts qui peuvent
prévoir une clause d’agrément. 
 + Formalités
La cession des parts sociales doit être constatée par écrit : on établit un acte de

 cession. 

Cet acte est soumis à deux formalités par lesquelles il est rendu opposable,
d’une 
 part, à la société et, d’autre part, aux tiers. Enfin, il fait l’objet d’un

 enregistrement.
Procédure d’enregistrement de l’acte 

A l’égard de la société :
_ Dépôt d’une copie de l’acte de cession au siège social contre remise d’une attestation de ce
dépôt.
A l’égard des tiers :
 _ Dépôt au greffe du tribunal de première instance de deux originaux de
l’acte de cession. 

Auprès de l’administration fiscale :
 _ La cession des parts sociales est soumise à un
droit d’enregistrement. 
 + Rédaction et conservation des procès-verbaux
 Les SARL
sont soumises aux mêmes obligations que les sociétés en nom collectif. 
 + Les
comptes annuels
 Elles doivent, en outre procéder au dépôt de leurs comptes annuels
(bilan – comptes de résultat – annexes) au greffe du TPI dans le ressort duquel ils sont
immatriculées. 
 3. Le contrôle de la SARL 
 + Le commissariat aux comptes 

Si, à la clôture d’un exercice, la SARL constate qu’elle dépasse le seuil prévu par

 l’article 80 de la loi n° 5-95 c’est-à-dire : chiffre d’affaires hors taxes a atteint les 50
millions de dirhams, elle doit procéder à la nomination d’un commissaire aux comptes
au moins. 

La société cesse d’être tenue de désigner un commissaire aux comptes lorsque elle ne
dépasse plus le seuil indiqué ci-dessus.

 + Les conventions réglementées 


36
Au terme de la loi n° 5-95, il faut distinguer trois catégories de conventions :
 Les conventions interdites
 :« Il est interdit aux gérants ou aux associés personnes
physiques de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la société, de
se faire consentir par elle un découvert en compte courant ou autrement, ainsi que de faire
cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers Cette interdiction s’applique
aux représentants légaux des personnes morales associés»
 Les conventions libres
 : Les conventions portant sur des opérations courantes conclues à
des conditions normales peuvent être librement conclues.

  Les autres conventions
 : Les conventions qui ne sont ni libres, ni interdites, peuvent
être conclues sous réserves de respecter une procédure de contrôle confiée à l’assemblée
générale ordinaire des associés.

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