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Introduction
Le droit commercial est une branche du droit privé (plus précisément du droit des affaires) qui, par
dérogation au droit civil, réglemente de manière spécifique certaines activités de production, de distribution
et de services. Le droit commercial est une discipline autonome, indépendante du droit civil dont il s’est
détaché.
Le droit commercial régit les rapports juridiques qui naissent à l’occasion de l’exercice de l’acte commercial.
Le droit commercial est l’ensemble des règles applicables aux actes de commerce et aux commerçants.
La conception objective considère que le droit commercial constitue le droit applicable aux actes de
commerce beaucoup plus qu’un droit des personnes. Cette conception permet de distinguer les actes de
commerce des actes civils. Elle entraîne deux conséquences :
- Tous les actes de commerce relèvent du droit commercial qu’ils soient réalisés par un commerçant
ou non.
- Tous les autres actes relèvent du droit civil qu’ils soient effectués par un commerçant ou non.
La conception subjective considère que le droit commercial est le droit applicable aux commerçants.
Cette conception entraîne deux conséquences :
En ce qui concerne le droit marocain, il a adopté une position intermédiaire. En effet, l’article premier du
code de commerce dispose que « la présente loi régie les actes de commerce et les commerçants ».
L’article 6 dispose en outre, que la qualité de commerçant s’acquière par l’exercice habituel ou professionnel
de certaines activités (qui sont énumérées par le code).
Il englobe à la fois le commerce au sens courant du terme, à savoir, des activités d’échange et d’industrie
donc des activités économiques.
Pour des raisons socio-historiques, les agriculteurs et les membres des professions libérales demeurent
soumis au droit civil.
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Le droit commercial a pour acteurs les commerçants, personnes physiques mais aussi les commerçants
personnes morales, à savoir, les sociétés notamment celles qui sont commerciales par leur forme.
Au Maroc, le droit commercial est régi par la loi n°15-95 formant code de commerce qui a été promulguée
par le Dahir n° 1-96-83 du 3 octobre 1996. Le texte est constitué de 736 articles répartis sur 5 livres se
présentant comme suit :
- Le commerçant ;
- Le fonds de commerce ;
- Les effets de commerce ;
- Les contrats commerciaux ;
- Les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l'entreprise.
Le code de commerce détermine dans son article premier le champ d’application de la loi. Il dispose, en
effet, que la présente loi régit les actes de commerce et les commerçants.
Définition des actes de commerce : un acte de commerce est un acte juridique soumis aux dispositions du
droit commercial du fait de sa nature, de sa forme, mais aussi des personnes qui le réalisent. L’acte de
commerce est l’élément de l’activité commerciale.
L’acte de commerce s’oppose à l’acte civil. Il existe trois types d’actes de commerce, l’acte de commerce par
nature, l’acte de commerce par la forme et l’acte de commerce par accessoire.
Définition du commerçant : le commerçant est défini par le code de commerce à travers les activités qu’il
accomplit. Ainsi, la qualité de commerçant s'acquiert par l'exercice habituel ou professionnel des activités
qui sont énumérées par les articles 6 à 11 du code. Ainsi, il y a les commerçants personnes physiques qui
sont identifiés par rapport à la nature de leur activité. Et les commerçants, personnes morales, à savoir les
sociétés qui sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet. A noter que les sociétés sont
soumises en ce qui concerne les dispositions juridiques à la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes et à
la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par
actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation.
Il y a lieu de signaler que le code de commerce depuis son adoption a connu certaines modifications. Au sens
juridique, un texte juridique est modifié et complété, à savoir des dispositions qui sont changées et
transformées et d’autres qui sont complètement nouvelles (le terme amendement est également utilisé
pour qualifier les modifications).
Avec un total de 9 modifications pour une durée de 24 ans, le code s’inscrit dans une dynamique constante
d’évolution de la norme de droit. Il s’agit, en effet, d’une moyenne assez importante parallèlement aux
normes législatives. La fréquence desdites modifications se justifie par le domaine du droit commercial en
rapport direct avec le monde des affaires. Ce dernier en constante mutation exige une législation en
conformité avec ses besoins. Dans ce sens, le législateur a procédé aux modifications susmentionnées.
En outre, des textes d’application ont été adoptés pour l’application du code de commerce. Il s’agit
respectivement du :
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- Décret n° 2-12-170 pris pour l’application du chapitre III du titre IV du livre premier de la loi n° 15-95
formant code de commerce relatif aux délais de paiement (modifié par le décret n° 2-19-31);
- Décret n°2-96-906 pris pour l’application du chapitre II -relatif au registre du commerce- du titre IV
du livre premier de la loi formant code de commerce.
Définition du droit des affaires : c’est une branche du droit privé qui comporte un ensemble de droits relatifs
aux affaires des entreprises. Il règlemente l’activité des commerçants, industriels et prestataires de service
dans l’exercice de leur activité professionnelle.
L’on peut considérer que le droit des affaires est un droit très large et recouvre différents domaines :
Le droit commercial est par conséquent une branche du droit des affaires. Ce dernier est un droit plus large
que le droit commercial.
Le cours portant sur le droit commercial se concentre sur l’acte de commerce et le commerçant.
D’un point de vue de la terminologie, l’appellation droit des affaires permet de traiter de plusieurs matières.
En effet, en plus du droit commercial, se sont développées des disciplines nouvelles qui ont atteint une
autonomie certaine (droit de la concurrence, droit des entreprises en difficultés, droit de la bourse… etc).
Ainsi, le droit commercial est un sous-ensemble du droit des affaires et se résume aux seules règles
applicables aux commerçants et aux actes de commerce.
Le droit des affaires représente une appellation générique qui regroupe toutes les matières de droit privé
applicable aux entreprises, au monde des affaires et exclue, de ce fait, le droit du statut personnel. Le droit
des affaires réglemente tous ce qui est en rapport avec le monde de l’entreprise.
Le but du commerce est de faire du profit, la recherche du gain, la spéculation et la quête des richesses. En
droit commercial, on estime que le commerçant spécule sur ses biens. Il ne va pas se contenter de gérer son
patrimoine. Il achète et vend ses biens pour faire du profit. Ce caractère de droit des échanges explique que
le droit commercial refuse le gratuit, le bénévole et le sentimental n’y trouve pas de place.
En matière de gestion des affaires et de droit économique, un besoin de rapidité se fait sentir. L’esprit
d’entreprise du droit commercial trouve sa trace dans la rapidité ; le temps commercial est plus court que le
temps civil. De ce fait, le commerçant n’a pas le temps de respecter les règles du droit civil ou d’appliquer
un formalisme lourd en termes de temps et de procédure. Il faut simplifier les règles pour le commerçant.
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Ainsi, la simplification des procédures exigée par ce besoin de rapidité se manifeste notamment à travers la
preuve qui est libre en matière commerciale. Dans ce sens, l’article 334 du code de commerce dispose qu’en
matière commerciale la preuve est libre. Toutefois, elle doit être rapportée par écrit quand la loi ou la
convention l'exigent.
La prescription est également ramenée à 5 ans. En effet, l’article 5 du code de commerce dispose que les
obligations nées, à l'occasion de leur commerce, entre commerçants, ou entre commerçants et non
commerçants, se prescrivent par cinq ans, sauf dispositions spéciales contraires.
Le législateur, par le biais de la spécificité du droit commercial, va simplifier le crédit. Le droit commercial
facilite le crédit et les moyens de paiement en mettant à disposition des commerçants des techniques
propres, à titre d’exemple la lettre de change, le billet à ordre… etc.
Ce sont les mécanismes par lesquels la règle de droit est créée. Les sources du droit commercial sont les
mêmes que celles du droit civil (loi, jurisprudence, coutume, contrat). La différence entre elles se situe au
niveau de leurs places respectives.
Et c’est le code de commerce qui détermine dans son article 2 la hiérarchie des normes. Ainsi, il stipule qu’il
est statué en matière commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au droit
civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial.
De ce fait, il ressort des dispositions dudit article la subsistance de l’application du droit civil -qui est le droit
commun des contrats- dans la mesure où il n’y a pas de stipulations contradictoires du droit commercial.
La loi :
C’est l’expression de la volonté du législateur qui a mis en place un code ou sont regroupés toutes les
dispositions régissant le domaine commercial sur le territoire national (cf. histoire du droit commercial pour
connaitre l’évolution de la législation commerciale au Maroc.). En tant que pays de droit civil et
contrairement aux pays de la Comman Law ou l’écrit n’est pas exigé ; le Royaume a adopté un texte écrit à
l’image des autres textes législatifs.
Sur cette base, c’est principalement la loi n°15-95 qui régit tout le domaine commercial conformément
au champ d’application qui est déterminé par le texte lui-même.
Cependant, le droit civil demeure applicable en matière commerciale conformément à l’article 2 susvisé.
Ce principe énoncé par la loi est subordonné au fait que cette application ne contredise en rien les
principes fondamentaux du droit commercial.
Le droit commercial est un droit d’exception, à savoir que son application est limitativement définie par le
législateur. Par exemple, le contrat de vente est régi par le droit civil (droit commun). En effet, s’il y a absence
de dispositions particulières dans le code de commerce concernant une situation particulière et si dans les
usages et les coutumes il n’ y a pas d’orientations ou de solutions spécifiques ; le recours au droit civil se fait
en tant que droit commun susceptible d’avoir une solution de principe à toutes les relations humaines qui
naissent dans le cadre civil ou commercial.
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On peut donc se trouver devant deux situations :
- il n’existe aucune règle ni coutume commerciale particulières, on applique le droit civil ;
- il existe un conflit entre le droit civil et le droit commercial, on applique le droit commercial.
Les usages :
Il y a lieu de signaler que certains auteurs assimilent les usages et les coutumes. Pour eux, usages
commerciaux et coutumes commerciales ne font qu’une seule et même chose. Néanmoins, il y a une autre
conception qui réserve le terme de coutume à une catégorie d’usages commerciaux dotés d’une force
juridique particulière. Force est de constater que le code de commerce dans sa hiérarchisation des normes
applicables en matière commerciale réunis entre les coutumes et usages du commerce les plaçant ainsi au
même plan (essayant ainsi de dépasser toutes les conceptions doctrinales).
Au-delà de ce débat doctrinal, les usages ne découlent pas de la volonté étatique, ils se créent au fur et à
mesure de l’évolution du commerce et du négoce. Ils se distinguent par le fait qu’ils n’ont pas un caractère
impératif et peuvent par conséquent, être écartés par les commerçants.
Les usages sont des comportements professionnels constants, notoires et généralement anciens. Ce sont
des pratiques professionnelles répétées et généralisées. Qui dit usage, dit habitude et profession. La pratique
est créatrice de règles.
Les usages sont destinés aux commerçants entre eux et à l’exercice de leur activités ; par conséquent, les
tiers ne sont pas amenés à connaitre l’usage, à l’appliquer, ou encore qu’il leur soit imposable.
Enfin, reste à signaler que face à la loi, les usages ont une portée réduite, car ils ne peuvent déroger à une
règle de droit à caractère impératif.
Il y a lieu de signaler que la constitution de 2011 accorde aux conventions internationales dûment ratifiées
par le pays, la primauté sur le droit interne du pays. Il s’agit d’une disposition nouvelle et innovante qui
donne aux conventions internationales, la primauté par rapport à la législation nationale.
Les traités internationaux ou les conventions internationales constituent des accords conclus entre Etats
souverains et par lesquels sont fixées des règles obligatoires pour des situations juridiques ou économiques
qui se posent dans les rapports internationaux1.
La conclusion de ces conventions donne naissance à une réglementation internationale pour les Etats
signataires. Elles sont nombreuses et on peut les classer en deux sortes :
- convention bilatérale entre deux Etats ;
- convention multilatérale concernant un nombre important d’Etat et visant à établir une
uniformisation de la réglementation commerciale entre les Etats signataires.
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Un traité est un accord écrit entre sujets du droit international et destiné à produire des effets de droit. Il manifeste un accord
de volonté qui crée un engagement, lequel doit être respecté par les Etats, sous peine de voir engagé leur responsabilité
internationale.
On distingue les traités selon le nombre des parties ; ainsi les traités bilatéraux sont conclus entre deux Etats, tandis que les traités
multilatéraux réunissent plusieurs Etats.
Sont également appelés, accord, convention, charte, pacte… etc.
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La convention peut définir tout le régime applicable à une opération juridique donnée. Il en est ainsi des
conventions qui fixent les règles applicables aux transports internationaux par mer (Convention de Bruxelles
de 1924), par air (convention de Varsovie de 1929) ou par route (convention de Genève de 1956).
La convention peut aussi poser des règles uniformes applicables dans les rapports internationaux, le cas le
plus connu est celui de la convention de Genève de 1930 portant loi uniforme sur les lettres de change et
billets à ordre.
En outre, la convention peut mettre en place des organes permanents qui, à leur tour, créent des règles de
droit international ou préparent de futures conventions internationales. A titre d’exemple, la convention de
Stockholm qui a créé l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI).
Dans ce sens, il y a lieu de signaler que les Nations Unies ont créé en 19662, la conférence des Nations Unies
pour le Droit Commercial International (CNUDCI) pour encourager, harmonier et moderniser
progressivement le droit commercial international.
La CNUCDI élabore des règles modernes et harmonisées sur les opérations commerciales. Ses travaux
prennent la forme de :
-de conventions, de lois types et de règles acceptables dans le monde entier.
- de guides et de recommandations juridiques et législatifs ;
- d’informations actualisées sur la jurisprudence et l’adoption de législations commerciales uniformes ;
-d’une assistance technique dans le cadre de projets de réforme du droit ;
- de séminaires régionaux et nationaux sur le droit commercial uniforme.
Enfin, il est important avant de clore cette partie relative aux sources du droit commercial de parler de la Lex
Mercatoria qui demeure une source importante du droit commercial international.
Définition de la Lex Mercatoria : il s’agit d’un corps de règles d’origines et contenus différents, créées par la
communauté marchande pour répondre aux besoins du commerce international. La Lex Mercatoria est
composée des usages, de principes généraux du droit, de contrats types, de sentences arbitrales qui
contribuent à donner des solutions à des problèmes qui se posent en matière de commerce international.
Reste à signaler qu’il s’agit d’une source non étatique puisqu’elle a été créée au fur et à mesure de l’évolution
du commerce international.
Historique
Le droit commercial est un droit très ancien, aussi ancien que les premières opérations de commerce et de
négoce conclus.
L'histoire du droit est souvent compliquée, pour le droit commercial, il faut remonter à plusieurs millénaires
en arrière. Comme la plupart des droits en rapport avec l’activité économique, le droit commercial aurait
pour origine le Code d’Hammourabi. Ce dernier, qui date de 1750 avant J.C. et provient de Babylone, est un
des codes juridiques les plus anciens et il comportait déjà une partie dédiée au commerce. Ensuite le droit
commercial va prendre de l’importance durant la Rome Antique.
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Résolution n° 2205 de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
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Le Moyen-Âge va être aussi une période où des règles sur les activités commerçantes seront mise en place,
car il y a à cette époque un fort développement des foires (comme les Foires de Champagne). Le commerce
va aussi être réglementé par l’Église elle-même, car après s’y être opposée, elle va autoriser les paiements
pour le change.
Pour voir l’apparition de règles plus moderne qui régissent l’activité commerciale il faut attendre la
Révolution Française et plus précisément 1791.
Au Maroc, la codification s’est faite au début du siècle dernier. Il est entendu par codification, un texte écrit
et unique qui regroupe l’ensemble des dispositions concernant une matière déterminée.
Le code de commerce de 1913 : c’est sous le protectorat français que le Royaume s’est doté d’une première
législation écrite réglementant la matière commerciale. Actuellement abrogée par le code de commerce de
1996, le code de 1913 s’est appliqué pendant 83 ans au monde des affaires marocain.
Le code de commerce 1913 était la transposition quasi exacte du code de commerce français. Ce dernier
avait pour référence le code civil napoléonien. Le fait de calquer cette situation pour le droit marocain
rendait le travail difficile pour le juriste. En effet, la résultante était que le code de commerce de 1913 était
en dysharmonie avec le DOC avec lequel il devait être en principe complémentaire.
En effet, les défauts du code français furent transposés au code marocain qui à la veille des années 90 et
avec une volonté affirmée de revoir la législation économique de manière générale (droit des sociétés,
comptabilité des commerçants, droit de la concurrence droit de la consommation, droit de la propriété
industrielle et la création des juridictions de commerce etc) ; fût abrogé par une législation nouvelle et
ambitieuse.
L’adoption du code de 1996 doit être située dans un contexte général visant à mettre les normes nationales
en conformité avec les standards internationaux. Il ne s’agit pas, en effet, d’une réforme isolée ou limitée
dans le temps dans la mesure où cette décennie a principalement vu la mise à niveau générale du droit des
affaires marocain.
La présentation de l’historique du droit commercial, de ses spécificités et de ses sources a démontré qu’il
s’agit d’un droit souple, d’un droit qui a su s’adapter aux différentes mutations auxquelles il a été confronté.
Force est de constater que le droit commercial est une construction de l’histoire, c’est un droit destiné aux
professionnels du commerce, il exclut de son champ d’application les actes accomplis à des fins personnels,
dans un but bénévole et à l’exclusion de tous profits.
Il s’enrichit notamment par ses sources nationales et internationales. Il connait actuellement tellement de
changement que certaines théories parlent de son remplacement par une notion beaucoup plus large, à
savoir le droit des affaires. Voire même d’un possible déclin du droit commercial au détriment du droit des
affaires.
Présentation du plan :
I- L’acte de commerce
II- Le commerçant
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III- Le fonds de commerce
IV- Les effets de commerce
V- Les contrats commerciaux
VI- Les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise
La première question qui se pose en la matière est celle de savoir s’il s’agit d’acte de commerce ou d’activité
commerciale ?
Il ressort des dispositions du code de commerce, que lorsqu’il s’agit d’une opération déterminée par son
contenu tel que distribution d’eau, recherche et exploitation des mines et carrières, le terme activité est
utilisé. Le code se réfère ainsi à la notion de profession. Par contre, le terme acte est notamment utilisé
lorsqu’il s’agit d’acte de commerce par la forme à savoir lettre de change et billet à ordre, ou tout autre acte
accomplit par un commerçant à l’occasion de l’exercice de son commerce sans qu’il soit qualifié
expressément par le code de commerce.
De ce fait, et au-delà des controverses doctrinales, il y a lieu de préciser que la loi a retenu une conception
qui tourne autour des opérations effectuées et non autour des personnes qui effectuent ces opérations.
L’acte de commerce s’oppose à l’acte civil. L’acte civil s’entend comme l’acte accompli par une personne
n’ayant pas la qualité de commerçant. Mais si l’acte civil est soumis exclusivement aux règles du droit civil ;
l’acte de commerce est un acte juridique soumis aux dispositions du droit commercial du fait de sa nature,
de sa forme, mais aussi des personnes qui le réalisent.
Le code de commerce ne donne pas une définition de l’acte de commerce. Il se contente d’énumérer
certaines activités qui confèrent la qualité de commerçant à celui qui les exerce de manière habituelle ou
professionnelle (acte de commerce par nature). Tout en qualifiant certains actes de commerciaux par leur
forme, il s’agit de la lettre de change et du billet à ordre signé même par un non commerçant lorsqu’il résulte
d’une transaction commerciale (acte de commerce par la forme).
En sus, le code de commerce qualifie d’actes de commerce, les actes accomplis par le commerçant à
l’occasion de l’exercice de son commerce, ce sont les actes de commerce par accessoire (acte de commerce
par accessoire).
Force est de constater que les actes ou les activités énumérées par le code ne deviennent commerciales que
si elles sont répétées, renouvelées et coordonnées entre elles. En effet, ce n’est pas à raison de leur nature
considérée en elle-même, isolément, que ces activités sont soumises au droit commercial, mais en raison de
leur insertion dans une activité d’ensemble, une activité globale.
A ce titre, il y a lieu de se demander si l’énumération donnée par le code dans ses articles 6 et 7 a un caractère
limitatif ou non. Autrement dit, est-il possible de considérer actes de commerce certaines activités qui ne
sont pas citées par les articles susvisés.
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En premier lieu, la formulation des articles ne donne pas un caractère limitatif des listes données. En outre,
il semble que la réponse soit donnée par l’article 8 du code qui dispose dans une formulation générale que
la qualité de commerçant s’acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes activités
pouvant être assimilées aux activités énumérées aux articles 6 et 7.
Ainsi, un effort d’interprétation peut être fait pour qualifier d’acte de commerce, certaines opérations qui
ne sont pas listées par le code et déboucher ainsi sur des actes de commerce par assimilation 3
L’article 6 énumère de manière non limitative certaines activités que l’article 7 vient compéter. Il reste
entendu que pour être qualifié d’actes de commerce, lesdites activités doivent être exercées dans un cadre
professionnel et habituel, à savoir dans le but de la recherche de profit et de gain.
L’on peut regrouper les activités énumérées par les articles susvisés en activité de distribution, activités de
production et activités financières.
Les actes de distribution tels qu’ils sont énumérés par le code se présentent comme suit :
- L'achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après les
avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;
- La location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ;
- L'achat d'immeubles en vue de les revendre en l'état ou après transformation.
Les meubles corporels sont ceux qui peuvent être transportés d’un lieu à un autre (ex. un livre, un matériel).
Les meubles incorporels sont des droits portant sur des choses mobilières (ex. brevets d’invention, une
créance, la clientèle pour le fonds de commerce).
C’est principalement par rapport au concept d’achat pour revendre que l’activité de distribution est
qualifiée.
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Il semble clair que cet effort d’interprétation ne peut être fait que par le juge pour accorder la qualification d’acte de
commerce.
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Le commerçant qui achète pour revendre est un intermédiaire. En amont, il se procure des biens et, en aval,
il les revend. La forme de l’achat est sans influence sur la commercialité de l’opération, l’essentiel est que
l’intéressé se procure les biens en dehors de son entreprise.
En outre, seule l’obtention d’un bien en vue de le revendre est l’indice d’une activité commerciale. Celui qui
achète dans le but de collectionner sans intention de retour sur le marché n’accomplit pas un acte de
commerce, car il ne concourt pas à la circulation des richesses. Il en va de même de celui qui consomme le
bien acheté.
Enfin, cette activité d’achat pour revendre doit être réalisée dans un but de spéculation, de réaliser du profit.
Ce dernier devra être égal à la différence entre le coût des achats et le produit des reventes. Ainsi, l’achat
non suivi de revente ou suivi d’une revente occasionnelle n’est pas le fait d’un commerçant, ne dégage le
plus souvent pas de bénéfice et par conséquent conserve un caractère civil.
Il s’agit de l’industriel qui utilise des matières premières - achetées ou extraites du sol- procède à leur
transformation partielle ou totale (des produits finis ou semis finis) et procède par la suite à leur revente.
L’exploitation des mines et carrières s’inscrit dans le cadre d’une activité commerciale en raison du fait
qu’elle est confiée à des sociétés anonymes qui sont commerciales à raison de leur forme et quel que soit
leur objet. Il semble donc logique de qualifier l’acte en lui-même de commercial. En effet, au-delà de l’entité
qui le réalise, il s’inscrit dans le cadre de la réalisation d’investissements, importants en rapport avec
l’exploration minière, les travaux miniers et la recherche minière.
D’après le règlement minier, les travaux miniers sont les travaux réalisés en vue de l’extraction et
l’exploitation de produits de mines et comportant notamment ceux relatifs aux tranchées, aux accès, aux
galeries, aux puits et aux ouvrages miniers souterrains ou en surface.
L’exploitation minière est l’étude et travaux concernant l’extraction des produits de mines, leur traitement,
leur valorisation et leur commercialisation.
Il y a lieu de distinguer entre les activités industrielles et artisanales du fait notamment des moyens utilisés.
En effet, dans la mesure où une activité industrielle nécessite des moyens importants et partant des
investissements conséquents, l’activité artisanale se caractérise par un besoin en investissement
relativement moins important.
L’activité artisanale peut être définie comme une activité indépendante de production, de transformation
ou de réparation de biens.
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Pour sa part, l’activité industrielle peut être définie comme la production de biens grâce à la transformation
des matières premières et de l’exploitation des sources d’énergie. Elle se caractérise par deux éléments
importants, d’abord, l’utilisation de machines et une division du travail contrairement à l’activité artisanale
ou la même personne assure en théorie l’ensemble du processus de production.
3- L'imprimerie et l'édition
Il s’agit d’une production qui s’applique à des œuvres de l’esprit. La publication de livres, de journaux et de
revues représentent des activités commerciales. Ainsi, les éditeurs sont des commerçants, ils achètent le
manuscrit d’un auteur pour le transformer en une série d’exemplaires imprimés.
Tous les éditeurs sont des commerçants, qu’ils éditent des livres, de la musique ou des disques.
Il s’agit des entreprises de construction immobilière. Leur objet porte sur la construction d’édifices, de ponts,
de routes, de ports, d’aéroports qui constituent une activité commerciale au sens du paragraphe 12 de
l’article 6 du code de commerce
Il y a lieu de signaler que la domiciliation a été jointe parmi les activités commerciales par la loi n° 89-17
modifiant et complétant la loi n° 15-95 formant code de commerce en date du 20 juin 2019.
Définition de la domiciliation : La domiciliation consiste dans le fait d’attribuer à une entreprise une adresse
postale autre que celle où elle se situe réellement, dans le but d’instaurer une image plus professionnelle et
parfois même plus prestigieuse. C’est également l’opportunité de recevoir les clients dans un lieu plus adapté
que les locaux de l’entreprise.
L’activité de banque a toujours été considérée comme une activité commerciale en raison notamment de
son objet portant principalement sur la location de la monnaie et la fourniture de services financiers. Les
activités de banque exercées par les établissements de crédit sont spécifiquement délimitées par le texte
juridique les concernant.
La loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés dispose dans son article
premier relatif à son champ d’application que sont considérés comme établissements de crédit les personnes
morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le lieu de leur siège social, la nationalité des
apporteurs de leur capital social ou de leur dotation ou celle de leurs dirigeants et qui exercent, à titre de
profession habituelle une ou plusieurs des activités suivantes :
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Les opérations de crédit sont définis par le même texte comme étant tout acte à titre onéreux, par lequel
une personne :
- met ou s’oblige à mettre des fonds à la disposition d’une autre personne, à charge pour celle-ci de les
rembourser ;
- ou prend, dans l’intérêt d’une autre personne, un engagement par signature sous forme d’aval, de
cautionnement ou de toute autre garantie ;
Il y a lieu de préciser que le banquier a toujours été considéré comme un commerçant. Dans le cadre du
champ d’application de la loi relative aux établissements de crédit ; trois activités sont exercées à titre
principal par le banquier : le crédit, la réception de fonds du public et les opérations de crédit-bail.
- Le crédit : c’est l’âme de l’économie, il représente la confiance qu’une personne accorde à une
autre. Le crédit se caractérise également par un élément temporel, à savoir qu’une personne
fournit immédiatement à une autre un service, à charge pour cette dernière de le rendre plus
tard. Il existe donc un décalage temporel entre l’exécution des deux obligations.
- Les opérations de crédit-bail : une location avec promesse de vente (c’est en même temps une
technique et un contrat).
La conséquence de l’exercice des opérations de banque sous forme de sociétés anonymes est l’application
en plus du code de commerce, de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes qui sont commerciales par
leur forme et quel que soit leur objet.
Les transactions financières telles qu’elles sont prévues par le code de commerce renvoient aux opérations
de bourse sur valeurs mobilières.
La bourse des valeurs mobilières est un marché réglementé sur lequel sont négociés publiquement les
instruments financiers.
La commercialité s’étend à tous les actes et à toutes les polices d’assurances. Les activités d’assurance sont
obligatoirement réalisées sous forme de société anonyme.
L’assurance peut être définie comme un contrat en vertu duquel, une partie, l’assureur s’engage moyennant
une rémunération à payer une prestation à une autre partie (l’assuré) ou le bénéficiaire en cas d’une
réalisation d’un risque déterminé (le sinistre).
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2- Le courtage la commission et toutes autres opérations d’entremise
Ce sont des activités qui sont qualifiées d’intermédiaires. Et cette activité ne suppose ni vente ni production
de nouvelles matières, son rôle principal est de faciliter à d’autres commerçants ou aux particuliers l’exercice
de leur activité sans leur fournir aucun objet matériel. Il constitue l’agent de liaison indispensable à la
circulation des richesses.
Le courtier rapproche les parties en vue de la conclusion d’un contrat. C’est un professionnel du commerce
qui pratique l’activité du courtage et dont la mission est de mettre en relation deux ou plusieurs personnes
cherchant à réaliser des opérations telles que l’achat ou la vente de marchandises, la conclusion d’un contrat
d’assurance.
Le commissionnaire, est également un professionnel qui s’entremet dans la formation des contrats. Mais, à
la différence du courtier, il intervient dans cette formation pour le compte de l’une des parties que l’on
nomme le commettant. Il se distingue néanmoins d’un mandataire ordinaire en e qu’il traite en son propre
nom sans révéler aux tiers l’identité du commettant.
L’agent d’affaires est un commerçant qui a pour profession habituelle de gérer les affaires d’autrui litigieuses
ou non, de conseiller et de renseigner le public ou d’intervenir en son nom, moyennant rémunération.
En ce qui concerne les actes de commerce par la forme, le fond de l’acte n’a aucune importance et c’est la
forme de l’acte qui prime. C’est la forme de l’acte qui confère à celui-ci le caractère de commercialité.
La différence avec les actes de commerce par nature est que le caractère d’habitude et de professionnalisme
n’est pas exigé. En effet, les actes de commerce par la forme acquièrent le caractère de commercialité du
seul fait de leur exécution et nonobstant le caractère de répétition et de professionnalisme exigé pour les
actes de commerce par nature.
Les principaux actes de commerce par la forme sont la lettre de change et certaines catégories de sociétés
qui sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet.
L’article Premier de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes dispose que la société anonyme est une
société commerciale à raison de sa forme et quel que soit son objet.
La loi n° 5-96 dispose dans son article 2 que sont commerciales à raison de leur forme et quel que soit leur
objet :
-La société en commandite qui comprend la société en commandite simple et la société en commandite par
actions ;
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1-La lettre de change
La lettre de change également appelée traite est un effet de commerce réglementé par le livre troisième du
code de commerce (articles 159 à 231).
Cet effet de commerce n’est pas défini par le code, mais il peut être considéré comme un titre de paiement
et de crédit par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre à l’un de ses débiteurs (le tiré) de verser à un
tiers (le porteur) une certaine somme d’argent déterminée dans l’effet à une date déterminée.
La signature d’une lettre de change représente un acte commercial même si les signataires ne sont pas des
commerçants. La compétence des tribunaux de commerce est ainsi de mise.
Enfin, reste à signaler que l’article 9 du code commerce dispose que le billet à ordre signé même par un non-
commerçant est qualifié d’acte de commerce. De ce fait, sa commercialité résulte de la nature commerciale
de la transaction qu’il a pour effet de régler.
Les sociétés commerciales représentent l’archétype de l’acte de commerce par la forme. En effet, leur
commercialité relève du seul fait de leur constitution sous une forme spécifiquement qualifiée par la loi de
commerciale.
Ainsi, les sociétés en question sont commerciales même si leur objet est civil.
A titre d’exemple, une société anonyme dont l’objet est l’activité agricole - qui est une activité non
commerciale- demeure une société commerciale.
Il en découle l’application de toutes les dispositions relatives aux commerçants et notamment les mesures
de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise telles qu’elles sont prévues par le livre V du
code de commerce.
L’article 10 du code de commerce dispose que sont également réputés actes de commerce, les faits et actes
accomplis par le commerçant à l’occasion de son commerce, sauf preuve contraire.
Il s’agit d’activités qui ne sont pas commerciales par leur nature, qui ne sont pas commerciales par leur
forme, elles acquièrent le caractère de commercialité du seul fait de leur dépendance à des actes
commerciaux principalement exercés par le commerçant pour les besoins de son commerce.
Avant de conclure cette partie relative aux actes de commerce, il y a lieu de faire référence aux actes mixte
et aux actes de commerce par détermination de la jurisprudence.
Les actes mixtes ou l’acte mixte est celui qui est commercial pour l’une des parties et civil pour l’autre. En
effet, l’acte accompli par les commerçants pour les besoins de leur vie domestique est un acte civil. Il devient
mixte si l’autre partie agit pour les besoins du commerce.
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L’article 4 du code de commerce pose le principe de la dualité des actes, de leur mixité. Il dispose que lorsque
l’acte est commercial pour un contractant et civil pour l’autre, les règles du droit commercial s’appliquent à
la partie pour qui l’acte est commercial ; elles ne peuvent être opposées à la partie pour qui l’acte est civil
sauf disposition spéciale contraire. Cette dualité de régime s’applique en matière de preuve.
Cependant, il y a lieu de signaler que pour certains actes, la question de la mixité ne peut pas être soulevée.
Il s’agit des actes de commerce par la forme, notamment la lettre de change qui a la nature d’acte de
commerce quelle que soit la qualité des signataires.
Dans la mesure où la liste des actes de commerce n’est pas limitative, d’autres situations pourraient
éventuellement être considérées comme des actes de commerce.
Cette qualification ne peut être que le fruit du travail du juge à travers la jurisprudence. Dans ce sens, la liste
des actes de commerce énumérés par les articles 6 et 7 pourrait éventuellement être complétée le cas
échéant.
On se trouvera en présence, d’actes de commerce qui sont déterminés par une décision de la jurisprudence.
En effet, dans le cadre de l’étude des spécificités du droit commercial, on a pu étudier la prescription qui est
courte en matière commercial (5 ans) et la preuve qui est libre également en matière commerciale sauf
dispositions légales contraires.
On va étudier le contentieux en matière commerciale qui est exclusivement soumis aux tribunaux de
commerce et les modalités de règlement des différends à l’amiable (l’arbitrage).
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Chaque tribunal de commerce comprend :
Les audiences des tribunaux de commerce sont tenues et les jugements sont rendus par trois magistrats
dont un président assisté d’un greffier.
Les tribunaux de commerce ont compétence pour juger de l’ensemble des litiges commerciaux. La
compétence territoriale appartient au tribunal du ressort territorial.
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre les actions suivantes :
De manière générale, les juridictions de commerce sont compétentes pour connaitre des litiges portant sur
les actes accomplis par les commerçants à l’occasion de leur commerce.
La compétence territoriale
- Le tribunal territorialement compétent est celui dans le ressort duquel demeure le défendeur.
- En matière de sociétés commerciales, c’est le tribunal du siège social de la société.
- En matière de contrats commerciaux, le tribunal territorialement compétent est celui du lieu de
livraison de la marchandise ou celui de l’exécution de la prestation
En matière de compétence des tribunaux de commerce, lorsque les deux parties au litige sont des
commerçants ou sociétés commerciales, la compétence d’attribution relève automatiquement du tribunal
de commerce. Cependant, lorsqu’on est en présence d’un litige qui met en présence une partie commerciale
et une autre qui n’a pas la caractéristique commerciale, se pose le problème de détermination de la
compétence judiciaire, relève elle des tribunaux de commerce ou des tribunaux de droit commun ?
Le particulier qui poursuit le commerçant saisit le tribunal de commerce et le commerçant assigne le
particulier devant le tribunal de première instance.
Cependant, cette option connait des exceptions comme prévu par l’article 5 de la loi 53-95 instituant des
juridictions de commerce qui dispose que le commerçant peut convenir avec le non-commerçant d'attribuer
compétence au tribunal de commerce pour connaître des litiges pouvant les opposer à l'occasion de
l'exercice de l'une des activités du commerçant.
En outre, la deuxième exception est celle dans laquelle les parties pourront convenir de soumettre les litiges
prévus ci-dessus ainsi que tous les litiges pouvant subvenir entre commerçants à la procédure d'arbitrage et
de médiation conformément aux dispositions des articles 306 à 327-704 du code de procédure civile.
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Il s’agit d’une numérotation qui démarre à partir de l’article 327-1 jusqu’à l’article 327-70.
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2- Les Modes alternatifs de règlement des litiges à l’amiable
La justice arbitrale qualifiée de justice privée renvoie aux spécificités du droit commercial notamment la
souplesse et la rapidité.
Les principaux modes alternatifs qui sont prévus par le droit marocain sont l’arbitrage et la médiation
conventionnelle.
a- L’arbitrage :
L'arbitrage a pour objet de faire trancher un litige par un tribunal arbitral qui reçoit des parties la mission de
juger en vertu d'une convention d'arbitrage.
En effet, l’arbitrage est un mode de règlement des litiges consistant à recourir à une ou plusieurs personnes
privées choisies par les parties pour obtenir une décision impérative en dehors des juridictions. Il y a lieu de
signaler que l’arbitrage peut être au niveau interne comme au niveau international.
Le recours à l’arbitrage consacre la spécificité principale du droit commercial, à savoir, la souplesse. En effet,
le fait d’exclure le recours à la justice publique rendue par les tribunaux faire ressortir la volonté des parties
aux litiges d’arriver à un compromis dans les meilleures conditions notamment de temps.
Concernant la nature du litige, il y a lieu de signaler qu’il concerne un rapport de droit déterminé, de nature
contractuelle ou non contractuelle.
L’arbitrage est le mode de règlement des différends à l’amiable. Il est régi par les dispositions du code de
procédure civile. L’arbitrage est fondé sur une convention qui est conclue entre les parties au litige.
L’arbitrage est réalisé par une convention, cette dernière peut prendre la forme de :
Compromis d’arbitrage ;
Clause compromissoire.
- Le compromis d’arbitrage : c’est une convention par laquelle les parties soumettent à l’arbitrage
un litige qui est déjà né.
- La clause compromissoire : c’est une promesse de compromis qui est signée avant la survenance
du litige par laquelle des contractants conviennent de soumettre leurs litiges éventuels à
l’arbitrage. Elle est insérée dans le contrat au moment de sa conclusion par les parties et en
perspective de la survenance d’un litige.
b- La médiation
Afin de prévenir ou de régler un différend, les parties peuvent convenir de la désignation d'un médiateur
chargé de faciliter la conclusion d'une transaction mettant fin au différend.
La convention de médiation est le contrat par lequel des parties s'accordent pour désigner un médiateur
chargé de faciliter la conclusion d'une transaction pour mettre fin au litige né ou à naître.
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Deuxième Partie : Le commerçant
Pour assimiler le droit commercial, il est important de savoir qui sont les commerçants auxquels ce droit est
destiné. Le code de commerce dispose que la qualité de commerçant s'acquiert par l'exercice habituel ou
professionnel des activités qui sont énumérées dans l’article 6 et 7 dudit code.
Le premier critère d’octroi de la qualité de commerçant est selon le code de commerce l'exercice habituel
ou professionnel. Ainsi le critère de l’habitude suppose que l’exercice n’est ni occasionnel, ni seulement
l’accessoire d’une activité civile principale.
En outre, le critère du professionnalisme renvoie au profit et au gain qui sous-tend toute activité
commerciale. Il a été signalé en introduction que le commerce exclut les actions à titre bénévole. Toute
activité pour être qualifiée de commerciale, doit s’inscrire dans ce but de recherche de profit et de réalisation
de recettes.
Sur un autre plan, il y a lieu de distinguer entre les commerçants personnes physiques et les commerçants
personnes morales. Les commerçants personnes physiques sont identifiées par rapport à la nature de leur
activité. Les commerçants personnes morales, à savoir, les sociétés sont identifiées par leur forme.
Ainsi, cette partie réservée aux commerçants sera répartie comme suit : le commerçant personne physique
et le commerçant personne morale.
Ainsi, la qualification de la qualité de commerçant est réelle lorsque les deux critères d’habitude et de
professionnalisme sont effectifs. Et inversement cette qualification pourrait être retirée si l'un des critères
venait à faire défaut.
Etant à signaler que l’acquisition de la qualité de commerçant a été longuement développée en première
partie consacrée aux actes de commerce ; cette section sera principalement réservée aux obligations du
commerçant. Mais auparavant, il y a lieu d’étudier les conditions d’accès à la profession de commerçant.
En effet, si les actes de commerce par nature accordent automatiquement la qualité de commerçant à la
personne qui les exerce, les actes de commerce par la forme n’octroient pas la qualité de commerçant s’ils
sont effectués par un non-commerçant.
L’article 35 de la constitution dispose que l’Etat garantit la liberté d’entreprendre. Cette liberté recouvre la
liberté d’exercer le commerce, l’industrie et de manière générale toute activité économique ayant un but
lucratif.
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En ce qui concerne le principe, l’exercice du commerce est soumis au principe de la liberté d’exercice. En
effet, toute personne se trouvant sur le territoire national pourrait éventuellement exercer une activité
économique.
La loi marocaine n’exige pas de qualifications ou de compétences particulières pour l’exercice du commerce.
En effet et contrairement aux professions libérales pour qui des diplômes spécifiques sont exigés et des
autorisations particulières ; l’exercice de la profession de commerçant ne demande pas de prescriptions
particulières.
Et dans le même sens, tout changement dans l’exercice de l’activité commerciale, ou arrêt ou transfert est
soumis au même principe de liberté. En règle générale, la qualité de commerçant peut se perdre aussi
aisément qu’elle s’est acquise.
Cependant, il y a lieu de signaler que ce principe connait des limites inhérentes d’abord à la personne même
du commerçant et d’autres qui relèvent de l’intérêt général.
Les limites au principe d’exercice du commerce sont principalement constituées par la capacité commerciale.
En effet, l’article 12 du code de commerce dispose que la capacité pour exercer le commerce obéit aux règles
du statut personnel. Ainsi, il est renvoyé à la capacité légale, pour la fixation de la capacité commerciale. Et
selon le code du statut personnel, l’âge de la majorité légale est fixé à 18 ans révolus.
Cependant et outre la capacité à exercer le commerce, il y a lieu de signaler qu’il existe d’autres limites à la
liberté d’exercice du commerce. Elles sont fondées soit sur l’idée de protection du commerçant, soit sur
l’idée de protection de l’intérêt général. Sur la base de ce raisonnement, les limites suivantes seront
étudiées :
Sur un autre plan, il y a lieu de signaler que l’exercice de l’activité commerciale peut déboucher sur des
situations de monopole qui sont interdit par la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Cette
interdiction s’explique par l’incidence des situations de monopole sur les prix et partant la nécessité de
contrôle et d’éviter toute éventualité de concentration pouvant conduire à une situation de monopole.
Il en découle que les limites administratives ont notamment pour objectif de protéger l’intérêt général.
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- Les incapacités
Elles concernent principalement les mineurs qui ne disposent pas de la capacité légale telle qu’elle est fixée
par le code du statut personnel.
- Les incompatibilités
L’exercice d’un certain nombre de professions est incompatible avec l’exercice de l’activité commerciale.
Ainsi, ne peuvent exercer une activité privée à but lucratif, les fonctionnaires conformément au statut de la
fonction publique.
L’incompatibilité s’applique également aux personnes exerçant des professions libérales comme les avocats,
les notaires, médecins … etc.
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Deuxième section : Le commerçant personne morale
Les commerçants personnes morales, à savoir, les sociétés sont identifiées par leur forme. En effet, il existe
des sociétés qui sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet.
Il s’agit respectivement des sociétés anonymes, de la société en nom collectif ; de la société en commandite
simple ; de la société en commandite par actions et de la société à responsabilité limitée (SARL).
Définition de la société : il y a lieu de signaler que le dahir formant code des obligations et des contrats
définit la société comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens
ou leur travail, ou tous les deux à la fois en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter.
Cependant, il y a lieu de signaler que la définition susvisée est incomplète, elle ne prend pas en considération
toute les caractéristiques de la société. A ce titre, il y a lieu de signaler que la société peut aussi être
considérée comme un groupement de personnes doté de la personnalité morale qui lui permet d’avoir un
patrimoine distinct de celui de ses membres.
Il découle de la définition de la société, deux critères importants indispensable pour l’acquisition de la qualité
de société : le critère de la personne morale et le critère du profit.
En effet, la personne morale renvoie à l’idée d’une personnalité juridique distincte de la personnalité des
membres qui composent la société. En outre, la réalisation du profit dans la vie de la société est la finalité
même de sa création.
Il y a lieu de signaler les multiples avantages que procure la formation d’une entreprise sous forme sociétaire.
En effet, la société en tant que forme juridique procure une organisation des moyens et du travail selon des
dispositions qui sont fixées par la loi.
En outre, la vie de la société est indépendante de la vie de ses fondateurs, membres, actionnaires et
dirigeants (la personne morale).
Enfin, la possibilité de recourir à l’épargne publique en ce qui concerne les sociétés de capitaux.
Cette section relative aux sociétés commerciales par leur forme sera répartie comme suit :
- Constitution de la société anonyme ;
- Organisation et fonctionnement de la société anonyme ;
- Contrôle des sociétés anonymes.
La signature des statuts par tous les actionnaires ; à défaut, la réception par le ou les fondateurs
du dernier bulletin de souscription ;
La libération de chaque action de numéraire d'au moins le quart de sa valeur nominale,
conformément à l'article 21 ;
Le transfert à la société en formation des apports en nature après leur évaluation conformément
aux articles 24 et suivants ;
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L'accomplissement des formalités de publicité prévues à l'article 31.
1- Les statuts
Les statuts de l’entreprise constituent un contrat entre les actionnaires. Ils déterminent les règles de
fonctionnement de la société, les relations des actionnaires entre eux ainsi que les rapports à l’égard de la
société d’une part et des tiers d’autre part.
Les statuts de la société doivent être établis par écrit (article 11 de la loi relative aux sociétés anonymes) en
autant d’exemplaires que nécessaire. Ils sont signés obligatoirement par tous les actionnaires.
Les statuts doivent contenir principalement les mentions suivantes :
- La forme,
- La durée qui ne peut excéder 99 ans,
- La dénomination,
- Le siège,
- L'objet,
- Le montant du capital
- Le nombre d'actions émises et leur valeur nominale, en distinguant, le cas échéant, les différentes
catégories d'actions créées et les droits afférents à chacune de ces catégories.
- La forme, soit exclusivement nominative, soit nominative ou au porteur, des actions ;
- En cas de restriction à la libre négociation ou cession des actions, les conditions particulières
auxquelles est soumis l'agrément des cessionnaires ;
- L'identité des apporteurs en nature, l'évaluation de l'apport effectué par chacun d'eux et le nombre
d'actions remises en contrepartie de l'apport ;
- L'identité des bénéficiaires d'avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- Les clauses relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des organes de la société
- Les dispositions relatives à la répartition des bénéfices, à la constitution de réserves et à la répartition
du boni de liquidation.
2- Le capital
Le capital social d’une entreprise correspond au montant total des apports de biens et d’argent réalisés par
les associés ou les actionnaires en contrepartie de droits sociaux. Le capital est divisé en actions dont la
valeur nominale est de 50 dirhams au minimum.
- Montant du capital :
Le capital d’une société anonyme doit être égal ou supérieur à 300 000 dirhams. Lorsque la société fait appel
public à l’épargne, le capital doit être égal ou supérieur à 3 millions de dirhams.
Il y a certaines exceptions en matière du montant du capital. En effet, pour des entreprises particulières, la
loi exige des montants précis plus important que ceux prévus par l’article 6 de la loi relative à la société
anonyme.
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Il s’agit des organismes suivants :
- Les établissements de crédit agrées en tant que banque : le capital doit être de 100 000 000 dirhams,
et lorsque l’établissement de crédit fait appel public à l’épargne le capital doit être de 200 000 000
dirhams ;
- Les sociétés de financement agrées pour effectuer des opérations de crédit à la consommation : le
capital doit être de 20 000 000 de dirhams.
- Les sociétés d’assurance : le capital doit être de 50 000 000 dirhams.
Lesdites exceptions se justifient par l’objet particulier dans lequel opèrent les établissements
susmentionnés. En effet, domaine financier par excellence, il a une répercussion directe sur l’équilibre de
l’économie. Dans ce sens, la constitution d’un capital plus important que pour les autres sociétés anonymes
se justifie pleinement.
- Nature du capital
Le capital de la société anonyme est divisé en actions négociables représentatives d'apports en numéraire
ou en nature à l'exclusion de tout apport en industrie. Ce dernier ne permet pas d’octroyer la qualité
d’actionnaire, il ne peut déboucher que sur la conclusion d’un contrat de prestations de services ou d’un
contrat de travail par exemple. Il en découle que l’apport en industrie est interdit en droit marocain, puisqu’il
n’ouvre pas droit à l’octroi d’actions.
A ce titre, il y a lieu de distinguer entre la souscription et la libération de l’apport. En effet, dans la mesure
où la souscription correspond beaucoup plus à une promesse de s’acquitter de l’apport, la libération
correspond au paiement effectif et dans les sociétés anonymes, la loi exige la libération du quart au moins
de la valeur nominale des actions.
La libération du reste doit intervenir en une ou sur plusieurs étapes dans un délai qui ne peut excéder 5 ans.
Les apports en nature constituent une alternative idéale pour ceux qui veulent souscrire au capital d’une
société, mais ne disposent pas des liquidités nécessaires pour le faire. Ils peuvent, de ce fait, apporter des
biens, du matériel, des locaux, des fonds de commerce, des brevets d’invention … etc.
Les actions représentatives d'apports en nature sont libérées intégralement lors de leur émission. Les statuts
contiennent la description et l'évaluation des apports en nature.
24
Une procédure de vérification est mise en place pour l’évaluation de ses apports en nature. En effet, l’article
25 de la loi relative aux sociétés anonymes dispose qu’un commissaire aux apports est nommé parmi les
personnes habilitées à exercer les fonctions de commissaires aux comptes.
Il a principalement pour mission de vérifier que la valeur des apports correspond au moins à la valeur
nominale des actions à émettre.
Après la mise en place des formalités de publicité susvisées, la société peut être immatriculée au registre du
commerce, conformément à la législation relative audit registre.
La société anonyme est la seule forme de société qui admet deux formules de gestion différentes. En effet,
on peut être en présence de société anonyme à conseil d’administration et la société anonyme à directoire
et conseil de surveillance.
25
1- Les assemblées générales
L’assemblée générale est l’organe le plus élevé dans la structure hiérarchique de la société anonyme. Il
dispose d’attributions propres qui ne peuvent être exercées par d’autres organes de la société. Il s’agit d’un
organe démocratique de la société, puisque les décisions sont prises par voie de vote après délibération.
Les assemblées générales sont ordinaires ou extraordinaires. Elles représentent l’ensemble des actionnaires
(article 108 de la loi relative aux sociétés anonymes).
- L’assemblée générale ordinaire : Elles sont amenées à prendre toutes les décisions qui n’entrainent
pas la modification des statuts. Elles ont une compétence d’ordre générale, à savoir qu’elles peuvent
prendre toutes les décisions qui ne relèvent pas d’autres organes. L’assemblée doit obligatoirement
se réunir une fois par an dans les 6 mois qui suivent la clôture de l’exercice.
- L’assemblée générale extraordinaire : Lorsque l’assemblée générale ordinaire se réunie de manière
extraordinaire. L'assemblée générale extraordinaire est seule habilitée à modifier les statuts dans
toutes leurs dispositions et à autoriser la ou les cessions de plus de 50% des actifs de la société.
Les assemblées d’actionnaires qui se tiennent au cours de la vie sociale sont générales ou spéciales.
Les assemblées spéciales : ne réunissent que les titulaires d’une même catégorie d’action pour veiller à la
préservation de leurs intérêts. Ils ont, en effet, des intérêts différents des titulaires d’autres catégories
d’actions.
2- Le conseil d’administration
Le conseil d’administration est un organe collégial qui est composé d’administrateurs nommés par
l’assemblée générale de la société (les actionnaires de la société). La principale caractéristique de l’existence
du conseil d’administration est le besoin de créer un équilibre de pouvoir au sein de la société de sorte que
les décisions ne soient pas prises à titre individuel par le directeur et qu’elles soient prises à titre collectif au
niveau du conseil d’administration.
Les sociétés cotées en bourse : le nombre des membres du conseil d’administration peut être
porté à 15 administrateurs (article 39 de la loi relative aux sociétés anonymes) ;
La fusion entre deux ou plusieurs sociétés : le nombre des administrateurs qui étaient en
fonction depuis six mois, sans que ce nombre puisse dépasser 24 si aucune des sociétés n’est
cotée à la bourse, 27 si l’une d’elle est cotée et 30 si les deux sont cotées à la bourse.
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L’administrateur indépendant : est une personne qui n’entretient aucune relation n’a aucun lien avec la
société ou sa direction qui pourrait éventuellement compromettre son indépendance. En outre, il ne doit
pas être salarié dans l’entreprise ou exercer une fonction dans la direction de la société. Au fait, il ne doit
avoir aucun lien supposé ou réel avec la société de manière directe comme susvisé ou indirecte (à travers
un fournisseur, un client, actionnaire, banquier … etc).
C’est la réforme la plus récente de la loi relative à la société anonyme (6 juin 2019, loi n° 20-19) qui prévoit
la nomination d’un ou plusieurs administrateurs indépendants dans les sociétés anonymes faisant appel
public à l’épargne.
L'administrateur indépendant doit satisfaire aux conditions suivantes (article 41 bis de la loi relative à la société anonyme) :
- ne pas avoir été, au cours des trois (3) années précédant sa nomination, salarié ou membre des organes d'administration, de surveillance ou de
direction de la société ;
- ne pas avoir été, au cours des trois (3) dernières années, représentant permanent, salarié ou membre de l'organe d'administration, de surveillance
ou de direction d'un actionnaire ou d'une société que ce dernier consolide ;
- ne pas avoir été, au cours des trois (3) dernières années, membre de l'organe d'administration ou de surveillance ou de direction, d'une société
dans laquelle la société détient une participation quel que soit son pourcentage ;
- ne pas être, membre de l'organe d'administration, de surveillance ou de direction d'une société dans laquelle la société dispose d'un mandat au sein
de l'organe d'administration ou de surveillance, ou dans laquelle un membre des organes d'administration ou de surveillance ou de direction de la
société, en exercice ou l'ayant été depuis moins de trois (3) ans, détient un mandat au sein de son organe d'administration, de surveillance ou de
direction ;
- ne pas avoir été ou avoir représenté, durant les trois (3) dernières années, un partenaire commercial ou financier ou exerçant une mission de conseil
auprès de la société ;
- ne pas avoir un lien de parenté jusqu'au deuxième degré avec un actionnaire ou un membre du conseil d'administration de la société ou son conjoint;
- ne pas avoir été commissaire aux comptes de la société au cours des six (6) années précédant sa nomination.
La société anonyme à directoire et conseil de surveillance est inspirée d’une technique du droit allemand qui
répartit les pouvoirs au sein de la société entre le directoire et le conseil de surveillance.
- Le directoire : est composé de deux à cinq membres, sauf pour les sociétés cotées ou ce nombre peut
être porté à 7. Ce principe de collégialité n’est pas obligatoire, puisque la loi permet aux sociétés dont
le capital est inférieur à 1 500 OOO dirhams, d’avoir une seule personne à la place du directoire avec
le titre de directeur général unique (article 78 et 79 de la loi relative aux sociétés anonymes).
Le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société.
Cependant les pouvoirs du directoire doivent être exercés dans la limite de l’objet social tel qu’il est fixé par
les statuts de la société.
Le conseil de surveillance a pour fonction de contrôler le directoire au nom et pour le compte des
actionnaires.
Reste à signaler que chaque membre du conseil de surveillance doit être propriétaire d’un nombre
d’actions de la société déterminé par les statuts.
Le contrôle effectif des sociétés anonymes est exercé par les commissaires aux comptes conformément
aux dispositions de la loi relative aux sociétés anonymes (article 159 à 181).
27
Le commissaire aux comptes est un organe légal de la société anonyme, autrement dit, toute société
anonyme doit désigner au moins un commissaire aux comptes.
Le commissaire aux comptes doit obligatoirement être inscrit à l’ordre des experts comptables. En effet
l’article 160 de la loi relative aux sociétés anonyme dispose que nul ne peut exercer les fonctions de
commissaire aux comptes s'il n'est inscrit au tableau de l'ordre des experts comptables.
Chaque société anonyme est obligée de désigner un ou plusieurs commissaires aux comptes. Le
commissaire aux comptes est chargé d'une mission de contrôle et du suivi des comptes sociaux.
Le commissaire aux comptes est investi d’une mission générale de contrôle des comptes.
En effet l’article 166 de la loi relative aux sociétés anonymes dispose que le ou les commissaires aux
comptes ont pour mission permanente, de vérifier, les valeurs et les livres, les documents comptables
de la société et de vérifier la conformité de sa comptabilité, aux règles en vigueur.
Ils vérifient également la sincérité et la concordance, avec les états de synthèse, des informations
données dans le rapport de gestion du conseil d'administration ou du directoire et dans les documents
adressés aux actionnaires sur le patrimoine de la société, sa situation financière et ses résultats.
Dans le cadre de leurs attributions, il est interdit aux commissaires aux comptes toute immixtion dans la
gestion de la société.
Enfin, le commissaire aux comptes dispose d’un droit d’information très étendu. En effet, pour remplir
ses missions dans les meilleures conditions, il devra de toute l’information nécessaire en rapport avec la
vie de la société et pas uniquement l’information comptable.
Ainsi, le commissaire aux comptes assiste aux réunions du conseil d’administration et du directoire. En
plus de l’obligation d’être convoqué à toutes les assemblées d’actionnaires.
A toute époque de l'année, le ou les commissaires aux comptes peuvent se faire communiquer sur place toutes les pièces
qu'ils estiment utiles à l'exercice de leur mission et notamment tous contrats, livres, documents comptables et registres de
procès-verbaux (article 167).
28
Troisième Partie : Le fonds de commerce
Cette troisième partie consacrée au fonds de commerce sera successivement réservée à
étudier la définition du fonds de commerce, ses principaux éléments constitutifs et enfin,
les opérations pouvant porter sur ledit fonds.
A- La clientèle et l’achalandage
Il semble évident de préciser que la clientèle et l’achalandage font partie des éléments
incorporels du fonds de commerce. La clientèle renvoie aux personnes qui sont attirées
par les qualités personnelles du commerçant. Tandis que l'achalandage renvoie quant à
lui aux personnes qui sont attirées par l’implantation de l’établissement commercial, de
sa situation géographique et de ses propositions. Il s’agit de la clientèle offerte par la
situation géographique d’un lieu (capacité attractive des clients en raison de
l’emplacement d’un commerce). Reste à signaler que l’achalandage désigne la clientèle
occasionnelle ou de passage.
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La clientèle représente l’âme du fonds de commerce, sans laquelle il n’a pas d’existence
réelle. En effet, la disparition de la clientèle entraine la disparition du fonds de commerce.
De même, une session d’un fonds de commerce entraine automatiquement, le
renoncement du commerçant vendeur, à la clientèle qui est attachée audit fonds.
Ainsi, elle représente l’ensemble des personnes qui ont avec la maison de commerce
(entendue dans le sens de commerçant pour ses qualités personnelles et les
caractéristiques professionnelles de l’entreprise commerciale).
2- Les marchandises : qui peuvent être considérés comme l’ensemble des biens destinés
à la vente représentent la deuxième catégorie des éléments corporels qui constituent le
fonds de commerce. Elles constituent le stock qui est destiné à être vendu dans le cadre
du commerce entrepris par le commerçant. Elles sont appelées en sciences économiques
d’actifs circulants.
En ce qui concerne les éléments incorporels, ils sont constitués principalement par le droit
au bail et les droits intellectuels.
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1-Le droit au bail : constitue un élément très important parmi tous les éléments
composant le fonds de commerce. Il s’agit d’une composante immatérielle du fonds de
commerce. Ainsi, lorsque le commerçant veut exploiter un fonds de commerce, il a besoin
de locaux pour y élire son exploitation. Dans la majorité des cas, le commerçant conclue
un contrat de bail avec le propriétaire des locaux. Le commerçant devient donc un simple
locataire et le contrat de bail qui le lie au propriétaire fait partie intégrante des éléments
constituant le fonds de commerce.
2-Les droits intellectuels : il s’agit des droits immatériels pouvant porter sur la propriété
industrielle et commerciale.
Elle peut être définie comme l’appellation générique des monopoles reconnus aux
inventeurs et aux créateurs pour l’exploitation, sous toutes les formes, des produits de
leur imagination, de leur art, de leur expertise technique ou de leur recherche
scientifique. Après son enregistrement en bonne et due forme, la propriété industrielle
devient constitutive d’un monopole d’exploitation au profit de la personne au nom
duquel elle a été enregistrée.
Il y a lieu de signaler que la vente du fonds de commerce est un acte important. Le fonds de
commerce constituant dans la majorité des cas, le bien le plus important du commerçant. En
effet, il en découle que si l’acte est soumis à la liberté de commerce, le législateur a dans le
cadre des dispositions du code de commerce encadré les formalités et les mesures juridiques
qui entourent ledit acte de vente. Il en découle les spécifications dans le contrat de vente
susmentionnées. Mais, également l’obligation que la partie du prix qui est payable au
comptant soit déposée auprès d’une instance habilitée à conserver des dépôts.
L’acte de vente du fonds de commerce est soumis aux formalités de publicité prévues par
l’article 83 du code de commerce qui dispose qu’après enregistrement, une expédition de
l’acte notarié ou un exemplaire de l’acte sous seing privé doit être, dans les 15 jours de sa
date déposé au secrétariat-greffe du tribunal dans le ressort duquel est exploité le fonds ou
le principal établissement du fonds si la vente comprend des succursales.
Un extrait de cet acte est inscrit au registre du commerce. L’extrait inscrit au registre du
commerce est publié en entier et sans délai par le secrétaire-greffier aux frais des parties au
Bulletin Officiel et dans un journal d’annonces légales.
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B- L’apport en société du fonds de commerce
En tant que valeur juridique, le fonds de commerce peut être apporté dans le cadre de la
constitution de la société.
Ainsi, l’apport en société du fonds de commerce donne lieu à une contrepartie dont va
disposer l’apporteur du fonds de commerce, à savoir, le nombre d’actions équivalentes à sa
participation au capital.
Ainsi, les dispositions du droit des sociétés sont applicables, notamment en matière
d’évaluation des apports, de la nomination d’un commissaire aux apports qui sera chargé
d’évaluer ledit apport, notamment dans le sens que le fonds de commerce est considéré
comme un apport en nature.
Enfin, et en raison de l’importance accordé par le législateur à toutes les opérations portant
sur le fonds de commerce, il y a lieu de mentionner les différentes mesures de publicité
exigées pour l’apport en société du fonds de commerce. En effet, les articles 104 et 105 du
code de commerce exigent les mêmes formalités de publicité qui sont prévus pour la vente
du fonds de commerce (article 83 du code de commerce).
Le nantissement peut être défini comme une garantie, une sûreté réelle mobilière portant
sur un bien incorporel. Il s’agit d’une garantie pour le créancier qui obtient un droit sur un
bien de son débiteur.
Le commerçant qui est propriétaire du fonds de commerce devient débiteur du fait de cette
opération. Il garde, cependant la main mise sur l’exploitation et la gestion. En effet, le
créancier n’est pas habilité à s’ingérer dans cette exploitation ou cette gestion qui ne relèvent
pas de ses attributions. Il garde un droit de préférence et un droit de suite du fait du
nantissement dont il dispose.
33
Quatrième partie : Les effets de commerce
Les effets de commerce font l’objet du livre troisième du code de commerce (articles 159 à
238). Cependant, ledit code ne donne aucune définition des effets de commerce.
Dans ce sens, les effets de commerce peuvent être considérés comme un titre négociable qui
constate l’existence au profit du porteur d’une créance à court terme et sert à son paiement.
I- La lettre de change
Cet effet de commerce n’est pas défini par le code, mais il peut être considéré comme un
titre de paiement et de crédit par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre à l’un de ses
débiteurs (le tiré) de verser à un tiers (le porteur) une certaine somme d’argent déterminée
dans l’effet à une date déterminée.
La lettre de change est émise ou transmise pour que son paiement à l’échéance par le tiré au
dernier porteur éteigne un rapport juridique préexistant à la création de la lettre.
La lettre de change est un document, un titre qui doit obligatoirement être écrit.
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Le nom de celui qui doit payer (le tiré) ;
L’indication de l’échéance ;
Celle du lieu où le paiement doit s’effectuer ;
Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait ;
L’indication de la date et du lieu où la lettre est créée ;
Le nom et la signature de celui qui émet la lettre (tireur).
Il y a provision si, à l’échéance de la lettre de change, celui sur qui elle est fournie est
redevable au tireur, ou à celui pour le compte de qui elle est tirée, d’une somme au moins
égale au montant de la lettre de change.
La créance du tireur sur le tiré doit à l’échéance de la lettre de change, être certaine, liquide
et exigible.
3- L’endossement :
L’endossement doit être total, l’article 167 du code de commerce interdit l’endossement
partiel (l’endossement partiel est nul). L’endossement doit être pur et simple. Toute
condition à laquelle il est subordonné est réputée non écrite.
4- L’acceptation :
La lettre de change peut être jusqu’à l’échéance, présentée à l’acceptation du tiré au lieu de
son domicile, par le porteur ou même par un simple détenteur.
L’acceptation est écrite sur la lettre de change. Elle est exprimée par le mot « accepté » ou
tout autre mot équivalent. L’acceptation est signée du tiré, donc la simple signature du tiré
apposée au recto de la lettre vaut acceptation. L’acceptation produit l’effet que le tiré
s’oblige à payer la lettre de change à l’échéance.
35
5- L’aval :
Il s’agit d’une garantie de paiement de la lettre de change. En effet, selon l’article 180 du
code de commerce, le paiement d’une lettre de change peut être garanti pour tout ou partie
de son montant par un aval. Cette garantie peut être fournie par un tiers ou même par un
signataire de la lettre.
6- L’échéance :
- A vue ;
- A un certain délai de vue ;
- A un certain délai de date ;
- A jour fixe.
Si la lettre de change porte mention d’autres échéances, ou à des échéances successives, elle
est considérée nulle conformément à l’article 181 du code de commerce.
- La lettre de change à vue est payable à sa présentation. Elle doit être présentée au
paiement dans le délai d’un an à partir de sa date.
- La lettre de change tirée à un certain délai de vue est déterminée, soit par la date de
l’acceptation, soit par celle du protêt7.
- La lettre de change tirée à un ou plusieurs mois de date ou de vue a lieu à la date
correspondante du mois où le paiement doit être effectué. A défaut, de date
correspondante, l’échéance a lieu le dernier jour de ce mois.
- Enfin, quand une lettre de change est payable à jour fixe dans un lieu où le calendrier
est différent de celui du lieu de l’émission, la date de l’échéance est considérée comme
fixée d’après le calendrier du lieu de paiement.
7- Le paiement :
Le porteur d'une lettre de change payable à jour fixe ou à un certain délai de date ou de vue
doit présenter la lettre de change au paiement soit le jour où elle est payable, soit l'un des
cinq jours ouvrables qui suivent (article 184 du code de commerce).
7
Le protêt est le refus d’acceptation ou de paiement qui doit être constaté par un acte authentique.
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Sans qu’il soit précisé, il semble évident que le billet à ordre doit être un document écrit,
à l’instar de la lettre de change et du chèque.
A la différence de la lettre de change, qui est un acte de commerce par nature, le billet à
ordre ne peut être qualifié d’acte de commerce que lorsqu’il est signé par un non
commerçant, seulement il doit résulter d’une transaction commerciale. en effet, et selon
l’article 9 du code de commerce, le billet à ordre ne peut être un acte de commerce que
si son objet est commercial.
Les principales dénominations que doit contenir le billet à ordre se présentent comme suit :
Le billet à ordre met en relation deux personnes (à la différence de la lettre de change qui
met en présence trois parties). En effet, les deux parties en présence sont le souscripteur et
le bénéficiaire).
Enfin, reste à signaler qu’il existe des billets à ordre qui peuvent être qualifiés de de
particuliers. Il s’agit notamment :
- Les warrants, qui sont des billets à ordre garantis par un dépôt de marchandises ;
- Les billets de fonds qui sont créés pour représenter la créance du prix lors de la vente
d’un fonds de commerce ;
- Et enfin, les bons de caisse qui sont souscrits en représentation d’un emprunt
notamment par une banque et qui stipulent des intérêts. Lesdits bons peuvent être
souscrits au profit d’un porteur anonyme.
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Cinquième partie : Les contrats commerciaux
Le contrat est une convention, un accord de volontés ayant pour but d’engendrer une
obligation d’une ou de plusieurs personnes envers une ou plusieurs autres personnes. Il s’agit
d’un acte qui produit des effets de droit.
Le contrat peut revêtir plusieurs natures, la principale est la nature civile du contrat comme
c’est prévu par le dahir sur les obligations et contrats. Mais, le contrat peut aussi être
commercial, il peut en outre être mixte à savoir, civil pour une partie et commercial pour une
autre.
En ce qui concerne le contrat commercial, il s’agit d’un contrat qui est qualifié de tel lorsqu’il
est établi pour régler un acte de commerce et/ou lorsqu’il est accompli par un commerçant
pour les besoins de son activité. Quand le contrat est commercial, il en découle
automatiquement l’application du droit commercial avec les conséquences qui y sont
attachées à savoir, les critères de souplesse et de rapidité ; critères qui sont spécifiques et
exclusif au droit commercial.
Reste à signaler que le contrat commercial peut avoir un caractère national, comme il peut
revêtir un caractère international.
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A ce titre, il y a lieu de signaler que les contrats commerciaux sont spécifiquement énumérés
par le code de commerce. Ils font l’objet du livre quatrième du code de commerce (article
334 à 544-11). Il s’agit de huit contrats se présentant comme suit :
1- Le nantissement ;
2- L’agence commerciale ;
3- Le courtage ;
4- La commission ;
5- Le crédit-bail ;
6- Le transport ;
7- Les contrats bancaires ;
8- La domiciliation.
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Les contrats Références juridiques Définitions
commerciaux
Le nantissement Titre n° I du livre n4 du code de Il y a deux sortes de nantissement : le gage qui
commerce. articles 336 à article suppose la dépossession du débiteur et le
392. nantissement sans dépossession.
L’agence Titre n° II du livre n° 4 du code de Le contrat d’agence commerciale est un mandat
commerciale commerce. Articles 393 à 404. par lequel une personne, sans être liée par un
contrat de travail, s’engage à négocier ou à
conclure d’une façon habituelle des achats, des
ventes ou, d’une manière générale, toutes
autres opération commerciales au nom et pour
le compte d’un commerçant, d’un producteur ou
d’un autre agent commercial, lequel s’engage,
de son coté à la rémunérer.
Le courtage Titre n° III du livre n°4 du code de Le courtage est la convention par laquelle le
commerce. Articles 405 à 421. courtier est chargé par une personne de
rechercher une autre personne pour les mettre
en relation en vue de la conclusion d’un contrat.
La commission La commission est le contrat par lequel le
commissionnaire reçoit pouvoir pour agir en son
propre nom pour le compte du commettant.
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Les contrats Titre n° VII du livre n°4 du code de -Le compte à vue est un contrat par lequel la
bancaires commerce. Articles 487 à 544. banque convient avec son client d’inscrire sur un
relevé unique leurs créances réciproques sous
forme d’articles de crédit et de débit, dont la
fusion permet de dégager à tout instant un solde
provisoire en faveur de l’une des parties.
La domiciliation est un contrat commercial à durée déterminée, qui peut éventuellement être renouvelé. il devra en
outre être établi suivant un modèle fixé par voie réglementaire.
41
Sixième partie
Les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise ont connu une
évolution certaine, à tel point qu’elles sont en train d’être érigées en rubrique à part
indépendante. Il s’agit de dispositions et de normes qui ont tellement acquis de l’importance
dans le monde économique, le monde des affaires, l’environnement de l’entreprise qu’elles
sont en train d’être séparées du droit commercial et du droit de sociétés. En effet, de manière
générale, on parle de droit des entreprises en difficultés, du droit des procédures collectives.
Il y a lieu de signaler que le droit marocain des entreprises en difficultés a connu plusieurs
réformes dont le principal objectif est de limiter le risque de cessation d’activité définitive et
de disparition de l’entreprise.
A ce titre, il y a lieu de signaler que le droit des difficultés de l’entreprise a connu au Maroc
trois étapes importantes. Elles peuvent être présentées comme suit :
- La première étape dite « système des faillites » qui a été marquée par un aspect
répressif et purgatoire.
- La deuxième étape est marquée par l’installation d’un régime alternatif basé sur la
prévention et le traitement des difficultés de l’entreprise. il a prévu un certain nombre
de procédures applicables en fonction de la nature et le degré de gravité de ces
difficultés.
- La troisième étape a mis en place des mesures de bonne gouvernance et de diagnostic
précoce des difficultés.
En outre, le droit marocain des entreprises en difficultés revêt deux objectifs principaux :
Un rôle préventif ;
Un rôle curatif.
Les principales mesures qui ont un caractère préventif dans le code de commerce sont
principalement la prévention interne, la prévention externe et la procédure de sauvegarde.
En ce qui concerne le rôle curatif, il intervient lorsque toutes les mesures susmentionnées ne
sont pas arrivées à sauver l’entreprise et elle est à un stade jugé irrémédiable, qualifié de
cessation de paiement.
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La cessation de paiement est lorsqu’une entreprise en difficulté se trouve dans une situation
où elle est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif disponible.
Les principales procédures qui ont un caractère curatif sont principalement le redressement
judiciaire et la liquidation judiciaire.
Le tableau ci-dessous fait état de toutes les procédures prévues par le code de commerce
marocain. Elles concernent aussi bien la prévention que le traitement des difficultés de
l’entreprise.
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* Le conciliateur est chargé de rechercher la
conclusion d’un accord avec les créanciers.
- Il s’agit d’une procédure qui doit être tenue
secrète.
La procédure de La procédure de sauvegarde a - Le chef d’entreprise dépose sa demande au
sauvegarde (les articles pour objet de permettre à secrétariat greffe du tribunal compétent.
560 à 574 du code de l’entreprise de surmonter ses
commerce) difficultés afin de garantir la - La demande mentionne la nature des difficultés
poursuite de son activité, le susceptibles de compromettre la continuité de
maintien de l’emploi et l’exploitation de l’entreprise.
l’apurement du passif.
- La demande susvisée doit être accompagnée
d’un projet de plan de sauvegarde de l’entreprise.
- Le juge commissaire ;
- Le syndic ;
- Les contrôleurs.
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Le juge commissaire est désigné par le tribunal qui désigne également un suppléant du
juge – commissaire investi des mêmes missions en cas d’empêchement de ce dernier.
Le juge commissaire est chargé de veiller au déroulement rapide de la procédure et à
la protection des intérêts en présence.
Le juge commissaire statue par ordonnance sur les demandes, contestations et
revendications relevant de sa compétence. Les ordonnances du juge commissaire sont
immédiatement déposées au greffe.
Le syndic est désigné par le tribunal. il est chargé de contrôler l’exécution du plan de
sauvegarde et de mener les opérations de redressement et de liquidation judiciaire à
partir du jugement d’ouverture jusqu’à la clôture de la procédure.
Il surveille l’exécution du plan de continuation ou de cession et procède à la vérification
des créances sous le contrôle du juge commissaire. Le syndic tient informé le juge
commissaire du déroulement de la procédure et prends toute mesure pour informer
et consulter les créanciers.
Les contrôleurs sont nommés par le juge commissaire. De un à trois, ils sont nommés
parmi les créanciers qui en font la demande. Ils peuvent être des personnes physiques
ou des personnes morales.
Les contrôleurs assistent le syndic dans ses fonctions et le juge commissaire dans sa
mission de surveillance de l’administration de l’entreprise. Ils peuvent prendre
connaissance de tous les documents transmis au syndic.
Ils rendent compte aux autres créanciers de l’accomplissement de leur mission à
chaque étape de la procédure.
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