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Première partie : Les institutions judiciaires et compétences des juridictions
Titre 1 : Présentation de l’appareil judiciaire burkinabè
Chapitre I : Description des institutions judiciaires burkinabé
Chapitre II : Personnel judiciaire
Chapitre III : Principes directeurs du DJP
Titre 2 : La compétence
Chapitre 1 : Les règles légales de compétence
Chapitre 2 : La prorogation de compétence
Deuxième partie : L’action en justice
Chapitre 1 : L’existence du droit de l’action en justice
Chapitre 2 : La mise en œuvre de l’action en justice
Troisième partie : L’instance
Chapitre 1 : Généralités sur le lien de l’instance
Chapitre 2 : Principes fondamentaux du procès
Chapitre 3 : Formation de l’instance (Exposé-Etudiants)
Chapitre 4 : Dénouement de l’instance (Exposé-Etudiant)
INTRODUCTION GENERALE
Dans toute société, le droit à pour but de faire respecter l’ordre social et il n’atteint ce but
que dans la mesure où les violations des droits subjectifs des individus sont effectivement
sanctionnées. En cela, le droit, considéré comme « l’ensemble des règles régissant les relations
de personnes vivant en société et sanctionnés par une contrainte émanant de l’autorité
publique »1, serait sans intérêt s’il n’était qu’un corps de règles théoriques sans aucune mise en
œuvre pratique. Ainsi, dans le cas où un droit est contesté, le besoin d’un recours à la justice se
fait sentir et se présente comme nécessité dans la résolution de la contestation.
Dans une acceptation large, le DJP est entendu comme « un ensemble de règles qui
gouvernent l’organisation et le fonctionnement de la justice en vue d’assurer aux particuliers la
mise en œuvre et le sanction de leur droits subjectifs en matière de droit privé ». Michelle
Perrot (18 mai 1928, France, Pr de Droit des Universités, historienne de droit).
Dans sa définition classique, le DJP est ramené à la procédure civile, entendu comme
l’ensemble des règles permettant aux particuliers de défendre en justice leur droit de propriété,
leur droit patrimoniaux, comme extrapatrimoniaux ainsi que les libertés essentielles.
Dans une acceptation moderne, l’expression droit procédural est parfois utilisée pour
désigner la matière du DJP. Souvent, il fait état de droit processuel qui emploie à la fois la
procédure civile, la procédure pénale et la procédure administrative.
1
Ph. MALINVAUD, Introduction à l’étude du droit, Litec, 2008, 12 e édition, p. 4
En clair, le droit judiciaire privé réunit l’ensemble des règles permettant de déterminer le
juge à saisir, comment le saisir, quels sont les incidents pouvant être soulevés, comment le
juge rend sa décision, quelles sont les voies de recours ouvertes aux justiciables. Il expose le
déroulement d’un procès de la saisine du juge jusqu’au prononcé de la décision définitive.
- Le DJP donne au titulaire d’un droit subjectif la possibilité de faire valoir ses droits ou
de les faire respecter. Pour ce faire, il doit recourir à un pouvoir chargé de faire
respecter la loi, toute chose qui permet d’éviter qu’il abuse de sa force ou de son
pouvoir à l’encontre de son débiteur ;
- le DJP est un facteur de sécurité et de paix sociale. Il enlève au titulaire du droit
subjectif toute possibilité de se faire justice lui-même ;
- le DJP est un facteur de confiance et de crédit, essentiel dans les rapports d’affaires.
Son existence paralyse à l’avance toute résistance, la fraude, la mauvaise foi du
débiteur, sachant qu’il peut être cité en justice et contraint de payer ;
- le DJP permet le respect des droits de la défense, c’est-à-dire les deux parties
(demandeur et défendeur). Suivant les formes et procédures prescrites, l’une peut
faire valoir ses revendications et l’autre, sa défense. (Article 5 et 6 du CPC) ;
- le DJP impose une ligne de conduite aux magistrats qui ne peuvent agir à leur guise et
dire le droit selon leurs convenances.
A l’instar des autres disciplines juridiques, le DJP a des sources nationales et des sources
internationales.
Il y a lieu d’établir une distinction entre les sources nationales principales et les sources
nationales complémentaires.
Ces sources sont d’ordre législatif et réglementaire. Ainsi, l’article 101 de la Constitution
dispose que : « La loi fixe les règles concernant l’organisation des tribunaux judiciaires et
administratifs et la procédure devant ces juridictions, les statuts des magistrats, des officiers
ministériels et auxiliaires de justice ».
C’est l’Assemblée Nationale qui en principe est compétente pour élaborer les textes de
DJP. A ce titre, nous avons :
Un tel système a pour avantage essentiel la célérité dans l’élaboration des règles de
procédure. Cependant, il contient néanmoins de sérieux inconvénients :
Ensuite, il y a la pratique et les usages judiciaires. Leur rôle est exclu en matière
d’organisation judiciaire et de compétence. Mais, il peut être important dans le domaine de la
procédure où les praticiens constituent l’élément moteur. Dans la pratique, ceux-ci peuvent faire
disparaitre peu à peu certaines formalités ou encore pourraient imaginer de nouvelles pratiques
en dehors des textes qui seront finalement consacrées par le législateur. A titre illustratif, le
constat huissier a été d’abord une création de la pratique ensuite consacrée par la loi.
Les principes généraux du droit constituent une source non écrite et ont
traditionnellement une valeur supérieure au décret mais inférieure à la loi. Toutefois, compte
tenu des conventions internationales, et du principe admis d’un contrôle de la compatibilité des
lois à ces dernières, la valeur des principes généraux peut changer. Par exemple, il a été admis
par le Conseil d’Etat français un principe général à valeur légale, à savoir le principe de la
conformité des traités à la Constitution.
De même, la Cour de Cassation a dégagé des principes généraux du Droit qui touche soit
au fond du Droit lui-même, soit aux règles de procédure. Par exemple, le principe « à travail égal
salaire égal », ou encore le principe selon lequel « nul ne doit causer à autrui un trouble anormal
de voisinage », ou encore le principe des droits de la défense.
Pour ce qui est de la doctrine, il existe de nombreuses publications sur la matière de droit
judiciaire privé. On peut signaler certains auteurs qui ont apporté des contributions essentielles
au plan théorique, à la matière du DJP. Il est ainsi : Loïc Cadiet, Emmanuel Jeuland, Traité de
droit judiciaire privé ; Henri Solus, Roger Pérrot,Traité de Droit judiciaire privé ; Serge Guinchard
et Alii, et autres, Droit étatique de la procédure civile.
Ces sources résultent soit des conventions bilatérales entre le Burkina Faso et un autre
Etat, soit de conventions multilatérales plus ou moins étendues. On peut citer :
Le DJP a été pendant longtemps considéré comme matière du droit privé car il tend à
assurer la sanction des droits subjectifs des personnes privées. A l’encontre de cette conception
des auteurs d=font valoir qu’en englobant les questions d’organisation judiciaires et de
compétence, le DJP débauche sur le droit public. IL faut en outre ajouter que la justice est un
service public organisé par l’Etat. Ce dernier étant d’ailleurs directement intéressé par la bonne
administration de la justice. La réalité est donc intermédiaire en ce sens que le DJP se rattache
aussi bien au droit privé qu’au droit public, d’où le caractère mixte.
En procédure civile, les formes et les délais jouent un grand rôle. La loi décrit
minutieusement toutes les règles techniques que les plaideurs doivent respecter ainsi que les
sanctions de son non respect. Ces sanctions sont sévères que la violation des formes d’un acte
peut entraîner non seulement sa nullité mais également la nullité de tous les actes subséquents.
Dans certains cas, une telle nullité peut aller jusqu’à compromettre le fond du droit lui-même.
Toutefois, la multiplicité des règles qui encadrent le procès alourdit son déroulement. De
plus, le fait pour un plaideur de perdre un procès pour une question de procédure est mal
accepté. Distinction entre le droit substantiel et le droit formaliste.
En réalité, ce caractère formaliste est aussi vecteur d’une certaine sécurité pour le
justiciable. Exemple : Il y a un délai pour exercer un recours contre une décision. Celui qui
respecte ce formalisme est assuré de conserver son droit sans avoir à craindre des controverses
ultérieures sur les actes déjà accomplis.
Toute formalité de procédure n’a pas forcement la nullité pour sanction. Lorsque celle-ci
est prévue, la nullité n’est prononcée que si une observation de la formalité a causé préjudice à
la partie adverse. « Pas de nullité sans délai. Pas de nullité sans grief ».
Pour qu’elles concernent l’administration de la justice, les règles de DJP sont imprégnées
par la notion d’ordre public. En conséquence, elles s’imposent d’une part au juge et aux parties
et d’autre part, les lois nouvelles de DJP sont d’application immédiate. Les parties ne peuvent y
déroger librement.
Ce caractère impératif se manifeste aussi par le fait que la violation d’une règle peut être
invoque par les parties au litige mais également pas le ministère publique ou encore d’office par
le juge.
Toutefois, ce principe subit une atténuation, les règles peuvent dans certains cas être
contournées. C’est le cas des droits disponibles, notamment en cas d’arbitrage. Ici on sort du
Service public de la justice pour entrer dans une justice privée. Mais pour recourir à l’arbitrage, il
faudrait insérer dans le contrat une clause compromissoire par laquelle les parties s’engagent
d’un commun accord de confier le litige qui pourrait survenir entre eux à un arbitre.
En général, on considère comme étant d’ordre public, les règles relatives à l’organisation
judiciaire, à l’exercice de l’action en justice ainsi que les règles de compétence judiciaire
(d’attribution). En revanche, les règles de compétence territoriale ainsi que les règles de
procédure gouvernant le déroulement de l’instance sont considérées comme d’ordre privé, dans
la mesure où elles tendent à protéger des intérêts privés.
Position du problème
Sur la question de l’application dans le temps des lois nouvelles de DJP, il y a lieu de
préciser que lorsque la loi nouvelle entre en vigueur avant l’introduction de l’instance, la loi
nouvelle s’appliquera immédiatement et l’instance à introduire sera donc soumise à la loi
nouvelle. De même, lorsque la loi nouvelle survient après l’extinction de l’instance, c'est à dire
lorsque la décision est passée en force de chose jugée et que par conséquent le procès est
terminé, la loi nouvelle ne trouvera pas application.
Le problème vient de ce que la loi nouvelle de DJP intervient alors que l’instance est liée
mais n’est pas encore terminée autrement dit, le procès est en cours. Il convient alors d’une part,
de se demander si les actes accomplis sous l’empire de la loi ancienne restent encore valables,
ou s’il est opportun de les renouveler suivants les dispositions de la loi nouvelle ; d’autre part,
sous quel régime juridique, l’ancien ou le nouveau, l’instance en cours devra-t-elle se
poursuivre ?
A- L’application immédiate
- La doctrine moderne propose une solution intermédiaire qui évite toute confusion
entre l’impossible rétroactivité et le principe de l’application immédiate des lois nouvelles de
procédure jugée suffisante, pertinente pour permettre une bonne administration de la justice.
Selon cette doctrine, il en résulte que tout ce qui a été fait sous l’emprise de la loi ancienne doit
subsister, tandis que les actes nouveaux devront être régis par la loi nouvelle.
En droit positif, pour éviter que l’application des lois nouvelles de DJP ne remette en
cause certains actes antérieurs, les législations modernes distinguent trois (3) types de lois qui
connaissent des régimes différents.
- En premier lieu, les lois d’organisation judiciaire (définissant les juridictions qui
existent) qui intéressent une bonne administration de la justice doivent s’appliquer
immédiatement conformément au principe général. Exemple : Si une loi nouvelle supprime
certaines juridictions, celles-ci doivent cesser immédiatement leurs activités et leurs dossiers
doivent être transmis soit aux nouvelles juridictions soit aux juridictions maintenues. Il en est de
même si une nouvelle loi modifie la composition d’une juridiction. Dans ce cas, toutes les affaires
non encore jugées devront être jugées par la juridiction d’après sa nouvelle composition.
- En second lieu, les lois de compétence suivent également la règle d’application
immédiate avec cependant un important tempérament. Exemple : Dans le cas où une juridiction
valablement saisie devient incompétente en raison d’une nouvelle loi. En principe, la règle
d’application immédiate conduit à dessaisir la juridiction initialement saisie et donc à obliger le
demandeur à recommencer tout le procès devant la juridiction désormais compétente. Il s’en
suit que les conséquences sont les mêmes comme s’il y a rétroactivité, ce qui n’est guère
satisfaisant. Pour y remédier, il est généralement admis que la juridiction initialement saisie
demeure compétente chaque fois que l’instance a déjà fait l’objet d’une décision sur le fond. Il ya
décision sur le fond non seulement quand un jugement définitif a été rendu mais également dans
le cas des jugements avant-dire-droit (avant de dire le droit sur le fond).
- En troisième lieu, les lois de procédure suivent également la règle de l’application
immédiate. Elles s’appliquent donc aux instances en cours et régissent tous les actes et
formalités qui devraient donc s’accomplir ultérieurement. Il doit donc s’agir d’une règle de
procédure proprement dite et non d’une règle qui touche le fond du droit.
PREMIERE PARTIE : LES INSTITUTIONS JURIDICIAIRE ET
LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS
Il s’agira dans cette partie d’étudier les règles relatives aux diverses catégories de juridiction par
le biais de leur composition, du statut de leurs membres ainsi que des auxiliaires de justice. Il
s’agit en somme de l’étude de l’organisation judiciaire. (Titre I)
Par la suite, il sera question des règles relatives aux compétences respectives des juridictions
ainsi que de celles propres à la résolution de compétence. C’est l’étude des règles de
compétence (Titre II).
Selon Messieurs Solus et Perrot : « la compétence, c’est le pouvoir que possède une
juridiction de connaître d’un litige. Quant on l’applique aux juridictions, le mot compétence se
réfère à la détermination et à l’étendue de leur pouvoir juridictionnel, c'est à dire du pouvoir
légal appartenant à un Tribunal ou à une Cour d’instruire et de juger une affaire ». La question
de la compétence est à résoudre préalablement à l’examen du fond de l’affaire. En pratique, il
peut apparaître des difficultés en raison de la diversité des juridictions existantes, et par suite,
des risques de conflits de compétence qui peuvent se produire entre elles. Il est important de
déterminer de manière exacte la juridiction compétente, car l’incompétence provoque en
principe l’irrecevabilité de la prétention soumise à la juridiction, et au cas où un juge
incompétent aurait statué, sa décision est viciée et contraint au mieux à reprendre l’instance
devant un autre juge.
Dans l’hypothèse où une affaire doit être portée devant les juridictions burkinabè, il
faudrait déterminer la juridiction spécialement habilitée à connaître de cette affaire. Pour ce
faire, il y’a nécessité à résoudre deux problèmes :
La compétence d’attribution est soumise à un certain nombre de principes directeurs dont il sied
d’en indiquer succinctement la teneur avant d’aborder la compétence d’attribution des
juridictions.
Le Président du TGI constitue une véritable juridiction à juge unique. Les litiges lui étant
soumis à lui tout seul et non au tribunal. C’est ce qu’on appelle la juridiction présidentielle. Le
Président du TGI dans ce cadre, a des compétences juridictionnelles propres s’exerçant en
matière gracieuse comme en matière contentieuse.
NB : La requête est présentée de manière unilatérale au juge. Sa procédure est non
contradictoire, et la décision sur requête appelée précisément ordonnance sur requête à un
caractère provisoire.
Enfin, et au terme de l’article 28 de la loi 10-93, le Président du TGI est compétent pour
statuer sur les difficultés d’exécution d’un jugement ou d’un autre titre exécutoire. A ce titre, il
est juge de l’exécution. Cette compétence a un caractère impératif, et oblige tout autre juge
saisi des difficultés d’exécution a se déclaré incompétent.
En conclusion, le Président du TGI, en tant que juge des référés, juge des requêtes et juge
de l’exécution, peut déléguer ses pouvoirs à d’autres juges du tribunal. Ces pouvoirs
juridictionnels du Président ne doivent pas être confondus avec ses pouvoirs d’ordre
administratifs mis en œuvre pour assurer le bon fonctionnement du tribunal. Dans ce cadre, il
représente le tribunal, répartit les juges entre les chambres et distribuent les affaires à ceux-ci.
En matière civile et commerciale, le TI connaît des litiges dont le montant au principal est
supérieur à 100.000F et sans pouvoir excéder 1.000.000F. Les décisions du TI sont en charge
d’appel, devant la CA et ceci, dans un délai de 2 mois à compter de leur prononcé, s’agissant
d’une décision contradictoire. Le TI est également compétent pour connaître comme juridiction
de 2nd degré, des décisions des TD ou TA ayant été frappées d’appel.
En matière pénale, le TI est compétent pour connaître des contraventions, tenant ainsi
lieu de Tribunal de simple police.
En matière contentieuse, le TD-TA est compétent pour les affaires civiles et commerciales
dont le taux évalué en argent ne dépasse pas plus de 100.000F. Les différends ruraux
particulièrement ceux relatifs à la divagation d’animaux, dévastations de champs, de récoltes sur
pied, et pour autant que le montant des réparations n’excède pas 100.000F. Cette dernière
précision résulte de la loi 28-2004 du 8 septembre 2004 modifiant la loi 10-93, mais en pratique
sa mise en œuvre se heurte à des difficultés, dans la mesure où c’est après sa saisine, d’après la
nature et non le montant de l’affaire, que le TD demande l’évaluation des dégâts causés, afin de
condamner les responsables à la réparation. Les décisions du TD-TA en matière contentieuse
sont précédées d’une conciliation préalable et obligatoire, et elles sont susceptibles d’appel
devant le Tribunal d’Instance dans le délai de 15 jours suivant leur prononcé ou leur
signification.
Suivant l’article 338 de la loi n°28-2008 portant Code du travail : « Le Tribunal de travail est
compétent pour connaître des différends individuels pouvant s’élever entre les travailleurs, les
stagiaires et leurs employeurs, les apprentis et leurs maîtres, à l’occasion de l’exécution d’un
contrat. Il est également compétent pour connaître :
- des litiges nés de l’application du régime de sécurité sociale ;
- des différends individuels relatifs à l’application des conventions collectives de travail
et aux arrêtés en tenant lieu ;
- des différends nés entre travailleurs à l’occasion du contrat de travail, ainsi qu’aux
actions directes des travailleurs contre l’entrepreneur ;
- des différends nés entre travailleurs et employeurs à l’occasion du travail ;
- des différends nés entre les institutions de prévoyance sociales et leurs assujettis ;
- des actions récursoires des entrepreneurs contre les sous traitants. »
Ainsi, la compétence du TT ne s’étant pas aux différends entre l’Etat, les départements,
les communes, les établissements publics et leurs membres, parce qu’ils ne sont pas liés les uns
aux autres par un contrat de travail. Le TT n’est compétent qu’en ce qui concerne les différends
ou conflits individuels. Cette notion s’oppose à celle des différends collectifs. La différence entre
les 2 notions se fait à la fois à partir du nombre de travailleurs impliqués et à partir de l’intérêt en
cause. Ainsi, le différend à caractère individuel est défini comme celui né entre un employeur et
un ou plusieurs de ses travailleurs pris individuellement, et ayant pour objet la reconnaissance
d’un droit individuel. Le différend collectif est celui qui opposent un employeur à plusieurs de ses
travailleurs ou plusieurs employeurs à plusieurs travailleurs et qui porte sur un intérêt collectif.
Le Tribunal de travail est compétent sans aucune limite quant au montant de la demande.
Le montant de la demande n’étant pris en compte que pour déterminer la compétence en
dernier ressort. Ainsi, selon l’article 355 du Code du travail, le Tribunal de travail est compétent
en 1er et dernier ressort lorsque le montant de la demande n’excède pas 200.000F. Au-delà de
cette somme, les jugements sont susceptibles d’appel dans le délai de 15 jours à compter de son
prononcé ou de sa signification.
En rappel, le Tribunal de Commerce a été créé par la loi n°22-2009 du 12 mai 2009 et
institué au siège de chaque Tribunal de Grande Instance avec pour ressort territorial celui du
Tribunal de Grande Instance.
Les décisions rendues en 1er ressort par le TC sont susceptibles d’appel devant la CA, dans
le délai de 2 mois à compter de leur prononcé ou de leur signification.
Le Président de la CA est compétent d’une part, pour connaître des appels interjetés
contre les ordonnances rendues par les juridictions de référé de 1 er degré (Président du TGI,
celui du TT et celui du TC), et d’autre part, pour examiner les requêtes aux fins des défenses à
l’exécution provisoire des jugements rendus en 1er ressort.
La Cour de Cassation statue sur les pourvois en cassation formés contre les décisions en
dernier ressort rendues par les juridictions de l’ordre judiciaire et sans pouvoir en principe
connaître du fond des affaires. Généralement, les pourvois sont dirigés contre des arrêts
d’appel. Mais ils peuvent aussi l’être contre des décisions de 1ère instance insusceptibles d’appel.
La Cour de Cassation est également compétente pour examiner les demandes en révision en
matière civile ou pénale, les demandes en récusation des juges.
La demande principale unique signifie qu’il n’y a qu’un seul demandeur qui formule une
demande en justice. On a deux cas :
La demande est déterminée lorsque l’on connaît ou l’on peut connaître la valeur de
l’objet demandée. Par exemple, la demande porte sur le montant déterminé d’une somme
d’argent, ou sur un meuble ou un immeuble, dont la valeur peut être connue. La règle
généralement admise est que lorsque le montant de la demande détermine la compétence
d’attribution, l’évaluation du litige se fait d’après le montant de la demande telle que réclamée
dans les conclusions.
- 1er cas : celui dans lequel le demandeur formule plusieurs prétentions dans une même
assignation ou instance contre un même défendeur ;
- 2ème cas : celui dans lequel plusieurs demandeurs formulent plusieurs prétentions
contre plusieurs défendeurs.
Dans une telle hypothèse, pour déterminer la compétence et le taux du dernier ressort,
selon l’article 39, alinéa 2 du Code de procédure civile, on additionne toutes les prétentions
fondées sur les mêmes faits ou sur des faits connexes, et l’on ne tient compte que de la valeur
totale des prétentions.
Lorsque les demandes ne se fondent pas sur les mêmes faits, ou que ces faits n’ont aucun
lien de connexité, chaque demande est considérée isolement pour la détermination de la
compétence et du taux de ressort.
Dans ce cas, lorsque les prétentions sont émises dans la même instance en vertu d’un
titre commun par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs défendeurs, la compétence et le
taux de ressort sont déterminés pour l’ensemble des prétentions, par la plus élevée d’entre elle.
Par exemple, l’action de plusieurs créanciers contre différents héritiers ou encore, l’action en
responsabilité dirigée contre plusieurs coauteurs.
En revanche, si les différentes demandes ne se fondent pas sur un titre commun, il faut
prendre en considération chaque demande isolément, d’après sa nature et sa valeur, pour
déterminer la compétence et le taux de ressort.
Ces règles consistent en l’affirmation d’un principe atténué dans certains cas.
En principe, le tribunal compétent est celui, dans le ressort duquel est situé le domicile du
défendeur.
Que faut-il entendre par le domicile ? Le domicile est entendu selon l’article 43 du Code
de procédure civile au sens civiliste du terme, à savoir le lieu du principal établissement. Il faut
distinguer selon qu’il s’agit d’une personne physique ou d’une personne morale. Pour la
personne physique, la détermination du domicile est une question de fait, relevant de
l’appréciation souveraine des juges du fond. Il se peut que le défendeur, personne physique n’ait
pas de domicile connu. Dans ce cas, et en l’absence de dispositions spécifiques, la compétence
est généralement attribuée au tribunal du domicile du demandeur. Dans certains autres cas, des
textes spécifiques confèrent au demandeur une option de compétence, ou détermine la
compétence en un lieu différent.
S’agissant des personnes morales, lorsque celles-ci sont défenderesses à une instance,
leur domicile pour déterminer le tribunal territorialement compétent est le lieu où elles sont
établies, c'est à dire, généralement le lieu où la personne morale a son siège social. Si le siège est
fictif, la personne morale est établie là où elle a son activité effective.
Dans certains cas, la loi offre au demandeur une option, c'est à dire le choix de citer son
adversaire devant le Tribunal du lieu de son domicile (règle du forum rei), ou devant une autre
juridiction. Il y a de ce fait une altération à la règle du forum rei, dans le souci toutefois de mieux
protéger le demandeur.
Le demandeur peut en matière contractuelle saisir à son choix, outre le tribunal du lieu de
domicile du défendeur, celui du lieu où le contrat s’est formé, ou celui du lieu où l’obligation doit
être ou a été exécutée.
B- En matière délictuelle
La victime, dans ce cas, dispose d’une option entre le tribunal du lieu du domicile du
défendeur ou le tribunal du lieu du fait dommageable.
Par exemple : en matière de responsabilité civile pour faute, on peut saisir le tribunal du lieu où
la faute a été commise. Il s’agit ainsi d’éviter à la victime de se déplacer. Aussi, le tribunal du lieu
du fait dommageable paraît le plus indiqué pour conduire les enquêtes et expertises qui seront
éventuellement ordonnées.
Il existe une catégorie d’action que l’on appelle les actions mixtes, qui se caractérise par
le fait que la demande porte tout à la fois sur un droit réel et sur un droit personnel. C’est le cas
par exemple, d’une action en résolution d’une vente d’immeuble, ou d’une action en délivrance
d’un immeuble. Dans ce cas, le demandeur peut choisir de porter son action soit devant le
tribunal du lieu du domicile du défendeur (droits personnels en cause), soit devant dans le
ressort duquel est situé l’immeuble (droits réels immobiliers en cause).
E- En matière commerciale
Une option très large de compétence est offerte au demandeur qui peut saisir soit le :
- tribunal du domicile du défendeur ;
- tribunal dans le ressort duquel la promesse a été faite, c'est à dire, le tribunal du lieu
de la conclusion du contrat ;
- tribunal dans le ressort duquel la marchandise a été livrée, c'est à dire, celui du lieu
d’exécution du contrat ;
- tribunal dans le ressort duquel le paiement doit être effectué.
Il s’agit de règles de compétences territoriales qui dérogent au forum rei, en raison du désir de
protéger l’une des parties, ou de la volonté de situer le procès le plus près possible du lieu où se
sont produits les faits litigieux. Ces dérogations à la règle du forum rei, proviennent de la volonté
du législateur (dérogation légale) ou de celle des parties (dérogation conventionnelle).
Elles sont prévues dans divers domaines par des dispositions du Code de procédure civile
ou dans des textes spécifiques.
La juridiction compétente est celle du lieu où est situé l’immeuble. En effet, celle-ci
paraît la mieux placée pour ordonner le cas échéant, les expertises qui s’imposent. Par exemple,
si une action en revendication est engagée relativement à un immeuble situé à Kaya, c’est le
Tribunal de Grande Instance de Kaya qui sera compétent, même si le défendeur est domicilié à
Tenkodogo. La règle a un caractère impératif.
D- En cas de recouvrement des frais par les avocats et les huissiers (article 50 du Code
de procédure civile)
Dans ce cas, les demandes formelles sont portées devant le tribunal où les frais ont été
exposés.
Ces dérogations dépendent de la volonté des parties, qui sous certaines conditions
pourront stipuler dans leurs contrats, des clauses attributives de compétence territoriale,
dérogatoires aux règles légales de compétence territoriale. En effet, ces clauses ont pour effet,
d’opérer une extension de compétence territoriale, d’où leur examen avec la question de la
prorogation volontaire de compétence.
CHAPITRE II : LA PROROGATION DE COMPETENCE
Proroger la compétence d’un tribunal, c’est selon Mr Perrot : « lui donner le pouvoir de
juger une demande qui normalement excède les limites de sa compétence d’attribution ou de
sa compétence territoriale, telle qu’elle a été définie par la loi ».
Dans cette hypothèse, deux situations sont ici visées, la prorogation légale de
compétence et la prorogation conventionnelle ou volontaire de compétence.
Le problème est de savoir les limites dans lesquels s’exerce le pouvoir de statuer d’une
juridiction. Le juge est compétent pour statuer sur la demande initiale, demande introductive
d’instance. Est-il aussi compétent pour statuer sur toutes les demandes incidentes, sur tous les
moyens de défense ou tous les incidents d’instance qui surgissent au cours du procès ? Quelle
est donc l’étendue de la compétence du juge ?
La loi permet parfois au juge la possibilité de statuer sur une question qui lui est posé à titre
accessoire alors qu’elle n’entre pas dans sa compétence, s’il en avait été saisi à titre principal.
S’agissant d’un simple moyen de défense (défense au fond, exception de procédure, fin
de non recevoir), la compétence de la juridiction saisie de la demande initiale s’étend en principe
aux moyens de défense. C’est la règle de principe qui comporte toutefois, certaines limites
d’application.
Le principe signifie que le juge compétent pour statuer sur la demande principale, dont il
a été saisi, l’est également pour se prononcer sur tous les moyens de défense opposés à cette
demande. Le principe s’applique devant toutes les juridictions, celles de Droit commun comme
celles d’exception. Par exemple, si le défendeur invoque devant le Tribunal de Grande Instance,
une question relative au droit du travail, la juridiction saisie de la demande principale (TGI) doit
en principe connaître de ce moyen (l’article 36 du Code de procédure civile). Cette règle se
justifie pour 2 raisons essentiels à savoir d’une part, ne pas briser l’unité du litige en appréciant
les lois du demandeur en même tant que tous les moyens qui lui sont opposés et d’autre part,
faire une économie de temps et d’argent.
Le principe selon lequel « le juge de l’action est juge de l’exception », n’a pas une portée
absolue. En effet, ce principe est écarté toutes les fois que la question soulevée par les moyens
de défense, relève de la compétence exclusive d’une autre juridiction, que celle qui a été saisie
de la demande principale. Lorsqu’il en est ainsi, la juridiction saisie de la demande doit surseoir à
statuer en attendant que la juridiction exclusivement compétente se prononce sur le moyen de
défense. Ensuite, le tribunal statuera sur la demande principale en fonction de la solution qui
aura été donnée par le tribunal exclusivement compétent. En pareil cas, on dit qu’il y a question
préjudicielle et dans ce cas, la règle selon laquelle le « juge de l’action est juge de l’exception »
est tenue en échec. La question préjudicielle peut être générale ou spéciale.
Les demandes incidentes sont constituées par demandes additionnelles, les demandes
reconventionnelles et les demandes en intervention. La question se pose de savoir, si le juge
compétent pour connaître la demande principale, l’est également pour connaître les
demandes incidentes, alors même que celles-ci, introduites à titre principal relèveraient de la
compétence d’une autre juridiction.
En principe, une juridiction ne peut se prononcer sur les demandes incidentes que si celle-
ci entre dans sa compétence d’attribution. Il s’ensuit la règle que les demandes incidentes à la
différence des moyens de défense, ne donnent pas en principe lieu à prorogation de
compétence. Par exemple, si un Tribunal de Travail, est saisi d’une demande incidente de nature
civile, il est incompétent pour en connaître et, doit la déclarer irrecevable. Il s’agit ainsi d’éviter
un élargissement de la saisine du juge et particulièrement du juge d’exception, à des prétentions
qui par leur nature ou leur valeur échappent à sa compétence, et risque de ce fait de faire échec
aux règles de compétence d’attribution, établies dans le souci d’une bonne administration de la
justice.
II- L’exception
Le Tribunal de Grande Instance en tant que tribunal de Droit commun, connaît des
demandes incidentes qui ne relèvent pas de la compétence exclusive d’une autre juridiction. En
somme, la même règle que celle des moyens de défense (« le juge de l’action est juge de
l’exception »), est en espèce appliquée.
Le problème est de savoir dans quel cas, la prorogation volontaire de compétence est elle
possible, aussi bien pour la compétence d’attribution que pour la compétence territoriale.
L’atteinte aux règles de compétence d’attribution par un accord de volonté des parties
peut concerner l’ordre de juridiction, le degré de juridiction et enfin la nature de la juridiction.
Il y a incompétence absolue des parties pour toute prorogation d’un ordre à un autre
ordre. Par exemple, les parties ne peuvent d’un commun accord, décider de saisir une juridiction
administrative à la place d’une juridiction civile ou criminelle normalement compétente.
Exceptionnellement, dans certains cas, la loi admet que l’ordre des juridictions ne soit
pas respecté. Par exemple, en matière de responsabilité civile, la victime d’une infraction pénale
peut demander la réparation du dommage à la juridiction répressive par le biais de l’action civile
jointe à l’action pénale. De même, la loi permet que le tribunal civil puisse prononcer des peines
contre ceux qui troublent l’audience (article 358 du Code de procédure civile).
L’hypothèse visée est celle où, d’un commun accord, les parties entendent saisir une
juridiction de 1ère instance autre que celle voulue par la loi. Par exemple, les plaideurs décident
de saisir le TGI à la place du Tribunal de travail. Dans quelle mesure cela est-il possible ?
Est-il alors possible aux parties de se mettre d’accord pour permettre au demandeur de
saisir le TGI, juge de droit commun, alors que compte tenu de la nature du litige, il revient
légalement au Tribunal de travail d’en connaître ?
D’un commun accord, les parties peuvent songer à modifier les règles légales qui
gouvernent la compétence territoriale. En effet, il est fréquent que dans un contrat, notamment
les contrats entre commerçants, il soit inséré une clause qui attribue formellement compétence
au tribunal de telle ou telle autre ville déterminée. Par exemple : « tout litige ou différend né de
la formation, de l’exécution ou de l’interprétation du présent contrat sera porté devant le
tribunal de Banfora. » Il s’agit d’une clause attributive de compétence territoriale. Lorsque
celle-ci est valable, elle engage les parties d’une part, et s’impose à la juridiction saisie, d’autre
part. En conséquence, les parties doivent porter leurs litiges devant la juridiction
conventionnellement désignée, et non point devant celle légalement prévue.
Selon l’article 51, alinéa 2, « toute clause qui directement ou indirectement déroge aux
règles de compétence territoriale, est réputée non écrite… ». Ainsi, la condamnation des clauses
attributives de compétence territoriale est générale, elle vise les accords de compétence insérés
dans les contrats conclus avant tout litige. Ces prorogations conventionnelles de compétence
territoriale peuvent être directes. Par exemple, il est stipulé, « en cas de litige sera compétent
le tribunal de commerce de Bobo ». Elles peuvent aussi être indirectes par la stipulation par
exemple, d’une élection de domicile. La disposition de l’article 51, alinéa 2, a pour conséquence
d’ériger les règles de compétence territoriale en règles d’ordre public « … à moins qu’elle n’ait
été convenue entre des personnes ayant toutes la contracté en qualité de commerçants et
qu’elle ait été spécifiée de façon très apparente dans l’engagement de la partie à qui elle est
opposée ». Il s’agit principalement d’un ordre public de protection, destiné à prémunir les
consommateurs, présumés faibles, contre les abus des commerçants, et d’une manière générale,
des professionnels présumés puissants. En cas de stipulation de la clause, la fonction est qu’elle
est réputée non écrite. Cependant, seule la clause est nulle, le contrat demeurant valable.
Ces conditions sont de deux ordres, les parties doivent être toutes commerçantes d’une
part, et avoir contracté en qualité de commerçant, d’autre part.
Lorsque les conditions de fond et de forme sont remplies, les clauses attributives de
compétence territoriale sont valables et produisent tous leurs effets. Ainsi, ces clauses sont
opposables non seulement aux contractants eux-mêmes, mais aussi aux divers ayants droits des
contractants, notamment au tiers intéressé. Lorsque la clause n’est pas jugée conforme aux
conditions de validité exigées, elle ne peut produire effet, et dans ce cas, les règles légales de
compétence territoriale retrouvent leur application, y compris celles qui offrent au demandeur
une option de compétence.
DEUXIEME PARTIE : L’ACTION EN JUSTICE
L’action en justice est un pouvoir légal, en vertu duquel une personne saisit une autorité
juridictionnelle, à l’effet de l’obliger à statuer sur le fond d’une contestation. De cette
définition, il ressort les éléments suivants :
- d’abord, le caractère légal du pouvoir d’agir, signifiant que l’action en justice est un
pouvoir donné par la loi ;
- ensuite, la nécessaire saisine d’une autorité juridictionnelle, c'est à dire d’un juge,
qui rendra un jugement, ayant autorité de la chose jugée ;
- enfin, l’obligation pour le juge saisi de statuer sur le fond de la contestation qui lui a
été soumise.
L’action en justice fonde juridiquement l’activité judiciaire des parties. En effet, c’est soit
en vue de l’exercice de l’action justice, soit en raison de son exercice, que les parties
accomplissent les divers actes de procédures civiles.
Pour la doctrine moderne, l’action est le pouvoir d’être entendu du juge dans sa
prétention, et d’obtenir de lui, une décision sur le fond de celle-ci.
Par ailleurs, l’action en justice se distingue du droit subjectif, dont elle tend à assurer la
protection et est, de même différente de la demande en justice.
Il existe des différences mais aussi des liens entre le droit et l’action en justice.
L’action est le pouvoir légal de saisir les tribunaux, tandis que la demande est l’acte de
procédure par lequel s’exerce ce pouvoir. Selon la doctrine, « la demande en justice est l’acte
d’ouverture des hostilités ».
Des demandes régulièrement formées devant le juge peuvent cependant être sans
action. Il en est ainsi chaque fois que la demande est déclarée irrecevable. Par exemple, lorsque
le demandeur est sans qualité pour introduire une action en justice, celle-ci sera déclarée
irrecevable quoique régulièrement formée, car le demandeur sans qualité n’a pas d’action.
L’action préexiste à la demande, d’où le fait que l’on puisse donner mandat à un tiers
pour son exercice.
L’action survit à la demande, ainsi, le rejet d’une demande introduite devant un juge
incompétent où sa nullité laisse néanmoins la possibilité d’introduire une nouvelle demande,
mieux orientée et plus régulière. Ainsi, l’action et la demande ne doivent pas être confondues.
L’action en justice est un droit subjectif et comme tout droit subjectif, son exercice est
facultatif sous réserve d’un exercice abusif.
Le caractère facultatif de l’action en justice signifie que son titulaire n’a jamais
l’obligation de l’exercer. Il lui appartient d’apprécier l’opportunité du procès autrement dit, de
choisir entre le fait de subir une violation de son droit et celui d’affronter les risques du prétoire
(salle d’audience, tribunal). Si pour une raison ou une autre, le titulaire d’un droit violé, ne
réagissait pas, par l’action en justice pour sa défense, la règle de droit deviendrait, selon
l’expression du Doyen RIPERE, un véritable « bois mort ». Toutefois, nonobstant la pertinence
de cette opinion, il faut reconnaître que sur le plan des réalités concrètes, une personne peut,
dans le souci d’éviter les aléas ou les frais d’un procès, ou encore par espoir d’une conciliation,
renoncer à l’exercice de l’action en justice.
B. Le caractère libre de l’action en justice
En règle générale, l’action en justice se transmet aux héritiers. Toutefois, elle se trouve
privée de fondement dans le cas où le droit subjectif à la réalisation duquel elle tend, était
viager. De même, les héritiers ne peuvent pas agir en justice pour mettre en œuvre un droit
attaché à la personne de leur auteur. Mais dans ce cas, on admet en principe qu’ils peuvent
continuer le procès engagé par le défunt. Néanmoins, il existe des actions qui présentent un
caractère strictement personnel, et qui s’éteignent immédiatement par le décès de leur titulaire.
Sur le plan procédural, le décès d’une partie entraînera selon les cas, extinction de l’instance
(hypothèse où l’action n’est pas transmissible), ou interruption de l’instance (hypothèse ou
l’action est transmissible).
L’action en justice s’éteint non seulement par suite de l’extinction du droit qu’elle réalise,
mais aussi pour des causes qui lui sont propres comme le désistement d’action, la chose
irrévocablement jugée, l’acquiescement au jugement. Par ailleurs, l’action est susceptible de
prescriptions extinctives.
B. Contenu de la classification
1. L’action réelle
C’est l’action qui assure la reconnaissance et la sanction d’un droit réel. Pour connaître
les actions réelles, il suffit de se référer à l’énumération légale des droits réels. Par exemple, au
droit de propriété correspond l’action en revendication ; aux droits de servitude, d’usufruit et
d’usage correspondent soit l’action négatoire par laquelle on demande au juge de reconnaître
que le droit n’existe pas, soit l’action confessoire, par laquelle on lui demande au contraire d’en
reconnaître l’existence.
2. L’action personnelle
C’est l’action au moyen de laquelle on assure la protection d’un droit de créance. Par
exemple, l’action en recouvrement d’une créance. Il est impossible de dresser une énumération
complète de toutes les actions personnelles du moment que celles-ci se rattachent aux
innombrables obligations. La nature personnelle de l’action dépend du seul fait qu’elle est
destinée à sanctionner un droit personnel, et peu en importe la source conventionnelle, légale,
délictuelle ou quasi délictuelle. Il importe peu également qu’il s’agisse d’une obligation de faire
ou de ne pas faire. Quelque soit l’objet de l’obligation à sanctionner, l’action reste une action
personnelle. Par exemple, l’action en réparation de dommages causés à un immeuble reste
personnelle car l’objet du litige ne porte pas sur l’existence d’un droit réel (droit de propriété,
droit de servitude), mais sur l’exécution d’un droit personnel en l’occurrence, la créance de
réparation.
3. L’action mixte
C’est l’action au moyen de laquelle s’exercent la fois un droit réel et un droit personnel,
qui sont nés d’une même opération. En effet, il arrive que d’une même situation juridique, une
personne prétende déduire à la fois un droit réel et un droit personnel. Par exemple, l’acheteur
d’un immeuble devient en principe propriétaire de cet immeuble dès le jour de la vente. Lorsque
cet acheteur agit en délivrance de l’immeuble, il invoque dans la même action, son droit de
propriété (droit réel et sa créance de livraison). D’une manière générale, sont mixtes les actions
qui tendent à l’exécution ou à l’anéantissement de l’acte juridique, créant ou transférant un
droit réel immobilier et engendrant en même temps un droit personnel. Il en est ainsi, par
exemple, de l’action en résolution de la vente d’un immeuble par un vendeur impayé.
L’exercice d’une action mobilière est considéré comme un simple acte d’administration.
En revanche, l’exercice d’une action immobilière est considéré comme un acte de disposition,
dont la gravité est unanimement admise. Il s’ensuit que les mandataires, investis d’un pouvoir
général, peuvent exercer une action mobilière, tandis qu’il leur faudrait un mandat spécial pour
exercer une action immobilière.
2. En ce qui concerne la compétence
La compétence d’attribution est celle qui est en cause. Ainsi, les actions immobilières, au
terme de l’article 21 de la loi 10-93 relèvent de la compétence exclusive du TGI.
B. Le contenu de la distinction
Pour que l’action soit mobilière, il faut que l’objet du droit exercé en justice, soit un bien
qui entre dans la catégorie des meubles (meubles par nature ou meubles par anticipation). De ce
fait, la catégorie des actions mobilières est aussi étendue que celle des meubles. Pour que
l’action soit immobilière, il suffit que le droit invoqué en justice porte directement sur un bien
qui appartient à la catégorie des immeubles (immeubles par nature, par destination ou par
l’objet auquel il s’applique).
En effet, des combinaisons sont possibles entre la classification fondée sur l’objet du
droit exercé, et celle fondée sur la nature du droit.
Une action est dite réelle immobilière lorsqu’elle tend à faire sanctionner ou protéger un
droit réel, qui a pour objet un immeuble. Par exemple, l’action en revendication d’un
immeuble. D’une manière générale, les actions réelles immobilières s’appuient sur un transfert
de propriété, ou d’un autre droit réel ayant pour objet un immeuble. Les actions réelles
immobilières sont fréquentes et se subdivisent en actions pétitoires et actions possessoires.
Une action est dite réelle mobilière, lorsqu’elle tend à faire sanctionner un droit réel qui
a pour objet un meuble. Par exemple, l’action en revendication d’un bien meuble perdu ou
volé. Toutefois, de telles actions (actions réelles mobilières) sont rares en raison de la règle de
l’article 2279 du Code civil et selon laquelle : « en fait de meubles, possession vaut titre ».
L’action personnelle mobilière tend à faire sanctionner un droit personnel qui a pour
objet un meuble. Par exemple, l’action en paiement d’une créance.
Au contraire, une action est personnelle immobilière, si elle tend à faire fonctionner un
droit personnel qui a pour objet un immeuble. En pratique, de telles actions sont rares, dans la
mesure où le seul accord développé suffit à entraîner le transfert du droit réel sur l’immeuble.
Toutefois, il peut arriver que certaines créances soient exceptionnellement réputées
immobilières. C’est le cas, par exemple, des créances de dommages de guerre, lorsque le bien
sinistré est un immeuble.
Cette classification revêt une importance considérable, et constitue une subdivision des
actions réelles immobilières.
Les actions pétitoires visent à la protection du droit réel immobilier, par conséquent, du
droit de propriété et de tous ses démembrements. Les actions pétitoires tendent ainsi à la
sanction du fond du droit.
Les actions possessoires sont celles qui tendent à la protection de la possession et voir
de la simple détention d’un droit réel.
Ces intérêts sont à rechercher dans les fondements de l’action possessoire. En effet,
pourquoi instaurer un régime de protection de la possession en dehors même de la
préoccupation de savoir si la possession est le signe d’une véritable propriété. La justification de
l’action possessoire est double.
Les troubles possessoires peuvent prendre des formes variées, et suivant la nature du
trouble, 3 types d’actions possessoires sont mis à la disposition des particuliers : l’action en
complainte, l’action en réintégrande et l’action en dénonciation de nouvelle œuvre. Ces
différentes actions possessoires obéissent à un régime juridique commun, mais en raison des
circonstances différentes de leur survenance, il demeure quelques différences entre elles,
justifiant un régime juridique propre à chaque action.
Les actions possessoires ne mettent pas en cause le fond du droit. Elles ont davantage un
caractère conservatoire. Ainsi, elles peuvent être exercées par tous ceux qui ont le pouvoir
d’accomplir un acte conservatoire ou un simple acte d’administration.
2. La compétence
3. Le délai d’exercice
Les actions possessoires destinées à mettre fin à une atteinte à l’ordre et à la tranquillité
publique, doivent être exercées rapidement, eût égard au fait que le trouble possessoire
constitue en tant que telle une situation grave. Les actions possessoires doivent donc être
exercées dans le délai d’un an, à compter du trouble. Ce délai commence à courir dès la 1 ère
manifestation du trouble possessoire, et il peut être suspendu en cas de force majeure.
Cette action d’origine coutumière est ouverte au possesseur dont la possession fait
l’objet d’un trouble actuel, c'est à dire, un trouble réalisé au moment où l’auteur engage son
action. Elle suppose réunit les 3 conditions particulières suivantes :
- D’abord, le trouble possessoire peut être soit un trouble de fait, purement
matériel, tel le passage sur le terrain d’autrui, soit un trouble de droit, venant de ce l’auteur du
trouble manifeste sa volonté de nier les droits du possesseur. Par exemple, l’auteur du trouble
fait défense au locataire de payer les loyers entre les mains du bailleur, ou encore il lui fait
sommation de quitter les lieux.
Que le trouble soit de fait ou de droit, il doit, pour qu’il y ait ouverture de la complainte,
tendre à une véritable contradiction à la possession, c'est à dire que son auteur manifeste une
prétention contraire ou invoque un droit contraire à la possession. Par exemple, passer sur le
terrain d’autrui en se prétendant titulaire d’une servitude ;
- Ensuite, la possession doit exister depuis au 1 an pour que le possesseur puisse agir ;
- Enfin, la possession doit être conforme aux exigences de l’article 2229 du Code civil, à
savoir : Elle doit être continue, paisible, publique et non équivoque.
2. Les règles particulières à la dénonciation de nouvelle œuvre
Cette action possessoire vient du droit romain et tend à obtenir la suspension de travaux
qui menace à terme de troubler la possession. Par exemple, un voisin entreprend des travaux
dont il est certain qu’ils contrediront lorsqu’ils seront suffisamment avancés, une s’tervitude de
vue fonder sur un titre. Dans une telle hypothèse, il est préférable d’agir immédiatement pour
prévenir la survenance du trouble, plutôt que d’attendre qu’ils soient réalisés. L’action en
dénonciation de nouvel œuvre est donc une action préventive pour faire cesser un trouble
éventuel. De ce point de vue, elle présente des avantages pour le possesseur comme pour le
tiers. Le 1er, le possesseur, évitera ainsi le trouble en prenant les devants, tandis que le 2 nd, le
tiers, échappera à l’obligation ultérieure de démolir.
A la différence de la complainte, le trouble dont il est fait état pour l’exercice de l’action
en dénonciation de nouvel œuvre, est éventuel et non actuel. Mais, pour le reste, l’action en
dénonciation de nouvel œuvre est soumise aux mêmes conditions d’exercice que la complainte.
Cette action possessoire vient du droit canonique et tend à protéger les possesseurs et
même les simples détenteurs qui ont été dépossédés partiellement ou totalement, à la suite
d’une violence ou d’une voie de faite. Par exemple, un tiers abat des arbres que possède son
voisin, ou pénètre de force dans un local possédé par celui-ci. Il est de l’intérêt général et autant
de l’intérêt particulier que les choses soient rapidement remises en état.
D’une manière générale, pour disposer valablement du pouvoir de saisir les tribunaux,
certaines conditions sont requises. Les unes sont relatives à la personne du sujet qui agit, les
autres concernent, soient l’objet de l’action, soit le temps pour agir. Lorsqu’un juge est saisi
d’une demande, il doit vérifier l’existence de ces conditions, autrement dit, l’existence du droit
pour le demandeur de se faire entendre par le juge. Ces conditions, dans leurs éléments
essentiels (intérêt, qualité, objet et temps pour agir), ouvrent à la recevabilité de la demande, à
distinguer avec la question du bien fonder de la demande, qui est celle de savoir : qu’elle
solution à apporter à l’affaire sur le fond du droit ?
En principe, toute personne a accès aux tribunaux, ce droit d’accès étant le corollaire
logique du principe de l’interdiction de se faire justice à soi même.
La faculté reconnue à tous de saisir les tribunaux s’exerce sans discrimination et emporte
les conséquences pratiques suivantes : d’une part, le demandeur doit exister, et d’autre part, la
nationalité de ce dernier est indifférente.
C’est l’évidence que pour saisir les tribunaux il faut exister juridiquement. En pratique,
cela signifie d’une part, que la demande en justice formée au nom d’une personne décédée est
irrecevable, et d’autre part, sont également irrecevable les demandes formées par des
groupements n’ayant pas la personnalité juridique par exemple, une association non déclarée.
Pas d’intérêt, pas d’action, ou encore, l’intérêt est la mesure de l’action. En effet, si
l’exercice d’une action n’est pas susceptible d’offrir une certaine utilité à celui qui en prend
l’initiative, le demandeur doit être déclaré irrecevable, et sa demande rejetée sans qu’il soit
nécessaire d’en apprécier le bien fondé. La règle « pas d’intérêt, pas d’action » a donc d’abord
pour but de couper court aux contestations inutiles de nature à encombrer les tribunaux.
Toutefois, en pratique, la notion d’intérêt est difficile à définir avec exactitude. Concernant sa
nature, il est admis que l’intérêt peut être patrimonial ou extrapatrimonial, pécuniaire ou
simplement moral. Il est également admis que n’importe quel intérêt ne peut être pris en
compte, l’intérêt pour agir doit en effet présenter certains caractères. En effet, il doit être
légitime, né et actuel, direct et personnel.
La qualité est le titre en vertu duquel une personne exerce en justice le droit dont elle
demande la sanction. L’idée de base est que nul ne peut agir sans un titre qui lui en donne le
pouvoir. Il s’agit ainsi d’éviter les immixtions inopportunes ou intempestives dans le patrimoine
d’autrui. En outre, même dans l’hypothèse ou l’on agirait pour son compte personnel, il existe
des cas dans lesquels l’action ne peut être légalement exercée que par certaines personnes. Il
s’agit dans ce cas d’action attitrée, dans lesquelles le législateur détermine les personnes qui
peuvent agir. Il faut souligner que la qualité ne doit pas exister seulement en la personne du
demandeur. Elle doit exister également en la personne du défendeur. Pour l’appréciation de la
qualité en la distinguant de la condition de l’intérêt direct et personnel, il faut envisager 2
hypothèses : celle où le plaideur agit en son nom personnel, et l’hypothèse où ce dernier agirait
au nom et pour le compte d’autrui.
En 1er lieu d’une action attitrée, qui est donc celle dans laquelle la loi réserve l’exercice de
l’action à certaines personnes qu’elle prend soin d’énumérer. C’est le cas par exemple, de
l’action en divorce ou encore de l’action en désaveu de paternité ou encore de l’action en
nullité relative,… Dans l’hypothèse de l’exercice d’une action attitrée, la justification de la
qualité fait en général présumer l’intérêt. Il s’ensuite que dans l’hypothèse de mise en œuvre
d’une action attitrée, la qualité apparaît comme une condition autonome de recevabilité
distincte de l’intérêt direct et personnel.
En 2nd lieu, il pourrait s’agir d’une action dite banale qui est celle pour laquelle le législateur
n’a pas pris soin d’attribuer pouvoir d’agir à une personne déterminée. Pour l’exercer, il suffit
d’avoir un intérêt direct et personnel, pour avoir qualité. Il s’ensuit que la qualité n’apparaît
pas comme une condition autonome de recevabilité. Par conséquent, la démonstration d’une
part de la qualité et d’autre part, de l’intérêt direct et personnel, sont nécessaires pour la
recevabilité de l’action.
B- Le demandeur agit pour le compte d’autrui
Il s’agit dans ce cas d’un représentant qui doit alors, pour que la demande soit recevable,
justifier de son titre (de sa qualité), c'est à dire du pouvoir qui l’habilite à agir au nom et pour le
compte d’autrui. A défaut de la justification de ce pouvoir, la demande sera déclarée irrecevable
pour défaut de qualité. Dans cette hypothèse du demandeur agissant pour le compte d’autrui,
la qualité apparaît comme une condition autonome de recevabilité, distincte de l’intérêt, dans
la mesure où la qualité s’apprécie essentiellement au niveau du représentant, tandis que c’est la
personne du représenté que doit s’apprécier l’intérêt.
Pour ester en justice et quelque soit l’objet du litige, il faut avoir la capacité d’exercice,
normalement reconnue à toutes les personnes majeures, c'est à dire les personnes âgées d’au
moins 20 ans. En d’autre terme, pour être titulaire d’une action en justice, il suffit d’avoir la
capacité de jouissance, soit pour une personne physique, être en vie, et pour une groupement,
avoir la personnalité morale.
En revanche, pour exercer l’action par le jeu d’une demande en justice, il faut en principe
avoir la capacité d’exercice et le pouvoir d’agir. Il faut néanmoins tenir compte des incapacités
d’exercice, édictées dans le souci de protéger certaines personnes. Ainsi, le mineur non
émancipé et le majeur en tutelle ne peuvent pas agir en justice. En revanche, leurs
représentants, administrateur légal ou tuteur peut librement introduire une action pour eux dès
l’instant que cette action à un caractère patrimonial. Le majeur en curatelle peut seul, introduire
une action en relative à ses droits patrimoniaux.
Dans l’hypothèse où une demande serait présentée par une personne frappée
d’incapacité d’exercice, la sanction encourue serait la nullité de la demande avec cependant 2
particularités :
o Ensuite, une fois le jugement rendu, la nullité ne peut plus être invoquée que par le
moyen d’une voie de recours.
Au total, la capacité d’exercice est moins une condition d’ouverture de l’action qu’une
condition de validité de la demande, c'est à dire de l’acte juridique qui met en œuvre l’action en
justice. Il s’ensuit les 2 hypothèses suivantes :
o Si le demandeur n’a pas la capacité d’exercice, il peut néanmoins ester en justice par
l’intermédiaire d’un représentant auquel la loi (par exemple le tuteur), le juge (par
exemple le syndic de liquidation) ou la convention des parties (par exemple l’avocat),
donne pouvoir pour agir.
En principe, la prétention invoquer pour l’exercice de l’action doit être d’ordre juridique,
c'est à dire susceptible de recevoir une solution positive par l’application d’une règle juridique.
L’objet de la prétention peut constituer une condition d’ouverture de l’action en justice,
autrement dit de recevabilité de la demande. En effet, selon l’article 1351 du Code civil, l’action
de manière générale est refusée aux parties lorsque la demande a déjà été jugée. Il y a dans ce
cas autorité de la chose jugée, et sauf application des voies de recours, une telle prétention déjà
soumise à l’examen du juge n’est plus recevable. En outre, l’action ne doit pas être contraire à la
loi ou aux bonnes mœurs. Par exemple, le juge peut déclarer irrecevable une demande en
restitution consécutive à l’annulation d’une convention contraire aux bonnes mœurs.
Les actions doivent être exercées dans certaines limites de temps, sinon l’action est
prescrite. La durée de l’action est en principe de 30 ans. Mais, dans de nombreux cas, il existe
des délais plus bref pour saisir le juge. De même, les voies de recours doivent être intentées dans
des délais courts et stricts sous peine d’une forclusion (déchéance). D’une manière générale,
l’action est automatiquement éteinte du fait même de l’écoulement du temps prévu pour agir.
Toutefois, le juge ne peut soulever d’office la fin de non recevoir tirée de la prescription. En
effet, il appartient au bénéficiaire de la fin de non recevoir, de juger de l’opportunité de
l’invoquer ou non. En revanche, il est reconnu au juge par l’article 80 du Code de procédure
civile, du pouvoir de relever le demandeur de la déchéance résultant de l’expiration d’un délai.
L’action est le pouvoir général d’obtenir du juge qu’il statue sur e fond d’un litige dans le
but de faire reconnaitre un droit subjectif. Elle doit être envisagée sous l’angle de la demande
comme sous l’angle de la défense.
Selon la M. Vincent : « la demande en justice est l’acte juridique par lequel une
personne soumet au juge une prétention ».
La question initiale que le juge se pose lorsqu’il reçoit une demande est celle de sa
recevabilité. Il faut en effet, que la demande soit recevable pour que le juge soit tenu de statuer
sur son bien fondé. La demande recevable si le juge est régulièrement saisi, c’est-à-dire, si les
conditions d’existence et d’exercice de l’action sont remplies. Dans le cas contraire, la demande
est irrecevable.
Le demandeur use de son pouvoir d’agir en justice en soumettant sa ou ses prétention(s) au juge
par une demande principale dite encore demande introductive d’instance ou demande initiale.
C’est l’acte d’ouverture de l’instance. En droit commun, la demande principale est formée par
voie d’assignation ou par requête conjointe au greffe du tribunal compétent.
Ce sont celles qui sont formées au cours d’un procès déjà engagé, autrement dit, ce sont
des demandes qui n’introduisent pas l’instance. Mais viennent se greffer sur l’instance à titre
d’incident.
Les demandes incidentes se distinguent en fonction des parties dont elles émanent ou
contre qui elles sont dirigées. Il existe donc différentes demandes incidentes émanant soit du
demandeur soit du défendeur, soit du tiers ou encore formées contre des tiers.
Ce sont des demandes par lesquelles le demandeur modifie sa demande initiale soit en
l’étendant soit en la réduisant. De telles demandes sont possibles dans la mesure où elles se
rattacheraient à la demande initiale ou la prétention initiale par un lien suffisant et qu’elles ne
modifient pas la compétence du juge saisi. Lorsqu’il s’agit d’une demande en compensation, le
juge même en absence d’un lien peut la joindre à la demande principale.
La demande additionnelle est recevable jusqu’à la clôture des débats par conclusion (écrit
lorsque les parties sont représentée et verbalement à l’audience, lorsqu’elles se défendent elles-
mêmes.
Sur le plan des avantages, elles permettent d’éviter la contrariété des décisions en
ouvrant au demandeur reconventionnel la possibilité de déposer par de simples conclusions au
cours de l’instance principale, sa demande. Ainsi, les deux demandes seront instruites et jugées
en même temps ou dans les cas, parallèles. De ce fait, si le demandeur est vaincu sur la demande
principale, il peut être victorieux sur la demande reconventionnelle.
Une telle demande apparait lorsqu’un tiers se mêle à un procès auquel il n’était pas partie
jusque là pour faire valoir ses droits qui pourraient être compromis par le jugement.
L’intervention volontaire est dite principale lorsque le tiers prétend à un droit propre en
entend obtenir une condamnation à son profit contre l’une des deux parties originaires voire,
contre les deux. Par exemple, au cours d’une incidence en divorce, un ascendant intervient et
demande que lui soit confiée la garde des enfants.
Il s’agit de l’hypothèse où l’une des parties ou les deux, attirait malgré elle un tiers à
l’instance pour que le jugement lui soit opposable. La demande d’intervention forcée se produit
notamment dans le cas d’un appel en garantie. Dans ce cas, l’une des parties, en général le
défendeur, appelle un tiers dans le procès pour le forcer à l’indemniser des condamnations qui
pourraient être prononcées contre lui. L’intervention forcée, dans ce dernier cas, tend à obtenir
la condamnation du tiers par sa mise en cause.
La demande en justice produit ses effets à deux égards. A l’égard du juge, d’une part et à
l’égard des parties, d’autre part.
Le juge saisi d’une demande en justice subi un certain nombre de contraintes. Il doit
examiner la demande sous peine de se rendre coupable d’un déni de justice. Dans l’examen de la
demande, il doit statuer sur touts les prétentions des parties, mais il ne doit pas aborder que ce
qui a été demandé.
II- Les effets à l’égard des parties
La défense au fond est un moyen par lequel le défendeur entend faire rejeter la demande
de son adversaire au motif que celle-ci serait mal fondée en droit, soit parce que le droit allégué
n’existe pas ou n’existe plus, soit parce qu’il n’a pas l’étendu que son adversaire lui a assigné. Par
exemple, le débiteur poursuivi en paiement de dette, soutient que celle-ci n’existe pas ou
prétend qu’il a déjà payé. La défense au fond s’attaque donc au fond du droit et apparait ainsi,
comme l’antithèse de la demande.
Du point de vue de son régime procédural, la défense au fond peut être invoquée à tout
moment du procès et jusqu’à la clôture des débats. Elle pourrait être même invoquée pour la
première fois en instance d’appel voire devant la cour de cassation si le moyen est de pur droit.
Lorsque le moyen est accueilli par le juge, le demandeur perd définitivement son procès, qui ne
peut plus être recommencé, du moins sur le même moyen. Le litige est couvert de l’autorité de la
chose jugée.
Ce sont des moyens de défense par lesquelles, sans s’attaquer au fond du droit et sans
s’attaquer à la recevabilité de la demande, le défendeur entend faire ajourner la discussion
immédiate de la demande. Selon l’article 121 du CPC : « constitue une exception de procédure,
tout moyen qui tend à faire déclarer la procédure irrégulière ou en suspendre le cours. ». Il
existe différentes exception de procédure et elles sont soumises à un régime procédural
commun.
Elle permet au plaideur d’exiger de son adversaire lorsque celui-ci est étranger et ne
dispose d’aucun bien immobilier au Burkina Faso, qu’il fournisse une caution pour garantir les
frais et les dommages et intérêts auxquels il pourrait être condamné en raison de nombreuses
conventions judiciaires signées par le Burkina Faso. Cette exception tombe de plus en plus en
désuétude.
3- L’exception de connexité
Elle est soulevée lorsque deux demandes différentes, mais qui présentent entre elles des
rapports étroits, sont simultanément portées devant deux juridictions différentes. Dans l’intérêt
d’une bonne administration de la justice, il faut faire juger ces affaires ensemble afin d’éviter des
décisions contradictoires voire impossibles à les exécuter.
Elles permettent à une personne bénéficiant d’un délai d’option ou d’un bénéfice de
discussion de paralyser la prétention de l’adversaire jusqu’à l’expiration d’un certain délai
pendant lequel l’instance est suspendu. Par exemple, un héritier assigné par un créancier de son
auteur demande à faire l’inventaire pour lequel il dispose selon l’article 56 al.4 du CPF d’un délai
de six (6) mois.
De même, le juge peut accorder un délai au défendeur pour appeler garant. C’est
l’exception d’appel en garantie prévue à l’article 136 du CPC.
Lorsque ces exceptions sont favorablement reçues par le juge, elles ont
exceptionnellement pour résultat d’obliger l’adversaire à régulariser la situation. Par exemple, il
devra réitérer l’exploit introductif d’instance ou encore saisir la juridiction réellement
compétente. Pour éviter que ces exceptions, qui n’ont pour effet que d’ajourner le débat sur le
fond jusqu’à la solution des questions. Il est prévu un régime procédural rigoureux.
- Les exceptions ne peuvent pas être soulevées en tout état de cause. Elles doivent
être soulevées « in liminelitis » c’est-à-dire, dès le début de la procédure avant toute défense de
fond et toute fin de non recevoir.
- Si le plaideur dispose de plusieurs exceptions, il doit en principe les soulever
simultanément toutes ensemble. Cette solution se justifie par la volonté d’éviter que le plaideur
utilise ces exceptions dans un but dilatoire. Toutefois, la règle souffre de quelques exceptions.
Nous avons :
l’exception de caution judicatum solvi qui doit être présentée avant toute
exception ;
l’héritier qui demande à faire l’inventaire et délibérer peut être encore invoquer
d’autres exceptions après les six mois prévus ;
l’exception de connexité peut être invoquée en tout état de cause sauf à être
écartée si elle a été soulevée tardivement dans une intention dilatoire ;
certaines exceptions de nullité notamment l’exception de nullité fondée sur
l’inobservation des règles de fond relatives aux actes de procédure peuvent être
soulevée en cours de procès. Mais, ces exceptions doivent à chaque fois être
soulevées immédiatement après l’apparition de la cause de nullité.
C’est un moyen de défense qui s’attaque à l’existence même de l’action. Elle tend à faire
déclarer la demande irrecevable. Ainsi, le plaideur qui dénie la qualité de son adversaire ne
prétend pas que sa demande est mal fondée en droit. Ce n’est donc pas un moyen de défense au
fond. La fin de non recevoir ne s’attaque pas non plus à la régularité de la demande, ce n’est
donc pas une exception. Par la fin de non recevoir, le défendeur entend seulement justifier que
l’adversaire n’a pas d’action, parce que fait défaut soit un élément subjectif, soit un élément
objectif. La fin de non recevoir ne doit pas être assimilée à l’exception.
L’exception est un moyen pour paralyser momentanément la demande. Celle-ci peut être
formée à nouveau et le débat va avoir lieu sur le fond. La fin de non recevoir a une portée plus
grave que l’exception, car elle nie à l’adversaire le pouvoir de saisir le juge. Si elle est admise, la
prétention de l’adversaire est définitivement rejetée. C’est donc un moyen de nature à impacter
la décision du procès sans débat sur le fond. L’article 145 du CP définit la fin de non recevoir
comme : « tout moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable par sa demande sans
examen au fond pour défaut de droit d’agir, tels le défaut de qualité, le défaut d’intérêt, la
prescription, l’expiration d’un délai préfixé, la chose jugée ».
Une fois reconnu que l’adversaire n’a pas d’action, sa demande est irrémédiablement
rejetée. C’est la solution de principe qui comporte une nuance à savoir, la régularisation
exceptionnelle de la situation. C’est le cas par exemple du mandataire dont la qualité est
contestée, celui-ci peut régulariser sa situation en se munissant d’’une procuration en bonne et
due forme.
Du point de vue de son régime procédural, la fin de non recevoir peut être invoquée en
tout état de cause sauf, la possibilité pour le juge de condamner au paiement des dommages et
intérêts ceux qui se seraient abstenus de la soulever plutôt dans une intention dilatoire.
TROISIEME PARTIE : L’INSTANCE
Elle fait naître en les parties un lien juridique particulier : le lien d’instance.
Selon l’article 11 du Code de procédure civile - L’action est le droit, pour l’auteur d’une
prétention d’être entendu sur le fond de celle-ci, afin que le juge la dise bien ou mal fondée. Pour
l’adversaire, l’action est le droit de discuter le bien-fondé de cette prétention
Dès l’assignation, il s’établit entre les plaideurs un lien juridique particulier dit lien
d’instance, générateur, à l’égard des parties et du juge, des obligations et des droits. Les parties
par exemples, vont devoir comparaitre, conclure, rapporter des preuves, etc. Le juge va devoir
par exemple examiner les prétentions des parties et statuer.
Définition de l’instance : L’instance est la mise en œuvre de l’action. L’instance est une
succession d’actes de procédure sur une période déterminée, qui va de la demande introductive
d’instance jusqu’à la décision de jugement. Toutefois, il y a des rapports de droit qui se créent.
Définition technique : l’instance est une situation nouvelle de nature procédurale qui
crée des droits et des obligations à l’égard des parties, et la violation de chaque obligation est
sanctionnée. En général, on a trois personnages durant l’instance : le demandeur, le défendeur
et le juge. Toutefois, le lien d’instance peut aussi englober des tiers dont la présence est
primordiale même si le tiers en lui-même n’a rien à voir avec le litige.
Dans la conception traditionnelle, on estimait que toutes les situations légales étaient le
résultat d’un accord de volonté. C’est en vertu de cet accord que le demandeur est obligé d’aller
devant le juge, et le défendeur obligé de comparaître.
Aussi bien la doctrine que la jurisprudence, pensaient que l’instance était de nature
contractuelle.
Le lien d’instance est un lien de nature légal. C’est la loi qui détermine les pouvoirs et les
devoirs de l’ensemble des participants à l’instance (les parties et le juge). Les parties n’ont pas la
maîtrise exclusive de l’instance. Elle n’est pas de nature contractuelle. C’est la loi qui détermine
les droits et devoirs de chaque partie.
Tout par de la loi. C’est elle qui permet au demandeur de porter sa demande devant le
juge. C’est la loi qui dit au juge qu’il a l’obligation de statuer. C’est également la loi qui oblige le
défendeur à comparaître devant le juge.
Elle se manifeste sous deux aspects : autonomie vis-à-vis du rapport de droit litigieux et
cette autonomie ne crée par un droit subjectif vis-à-vis de l’Etat ou du juge.
Le lien d’instance est juste un lien de droit et il n’est pas un droit subjectif. C’est un lien
procédural avec ses propres traits de caractères qui crée des droits et des obligations à l’égard du
plaideur.
Paragraphe 2 : Le caractère formel et processuel
Caractère formel : Le demandeur développe le lien formel devant le juge. Il est contraint
de suivre les procédures et de respecter les délais qui s’imposent dans le cadre de l’instance.
Caractère processuel : Le rapport de droit litigieux peut faire naître 2 types de droit
litigieux pour le demandeur. Le droit subjectif est seul mais peut donner lieu à plusieurs types
d’instance (demande initiale, demande connexe, demande additionnelle, demande
reconventionnelle, demande indivisible,…). Par ailleurs, l’instance peut réunir plusieurs
demandeurs ou défendeurs, mais sans lien entre tous. La demande en garantie où un tiers
amène un autre au procès. Il n’y aura pas de lien de droit entre le demandeur et cet autre tiers,
mais seulement entre le tiers qui l’a appelé et cet autre tiers.
L’instance s’étend en général sur un laps de temps plus ou moins long, où le demandeur
et le défendeur sont obligés de poser des actes. A partir de l’enrôlement, l’instance est née. En
effet, la mise en rôle étant l’acte par lequel l’avocat du demandeur saisit le TGI en remettant au
greffe une copie de l’assignation. Cependant, la force du lien d’instance est variable selon
l’étape de la procédure.
La détermination de ces éléments nous conduit à nous poser les questions suivantes :
- Quelles sont les personnes qui bénéficient de la qualité de parties au procès ?
- Quel est le rôle processuel de chacune des parties ?
I- Les parties au procès.
Les parties au procès sont les personnes physiques ou morales engagées dans le procès,
celles entre qui se crée le lien d’instance du fait de leurs prétentions respectives. La personne
engagée de manière active constitue la demanderesse (le demandeur), celle engagée de
manière passive est qualifiée de défenderesse (le défendeur). Il est formellement fait
interdiction au juge de changer les parties et les qualités dans lesquelles elles comparaissent.
Malgré la pluralité de parties au procès, chaque plaideur produit des actes qui ne peuvent ni
nuire ni produire de effets à l’égard d’un autre.
Le demandeur délimite le cadre initial du procès par sa 1 ère prétention. Il exerce aussi les
options de compétence des tribunaux.
Les tiers sont ceux qui ne sont pas parties au procès. Par conséquent, ce qui est dit à
l’issue du procès ne les touche pas. Ils sont donc protégés par la relativité de la chose jugée.
Toutefois, il peut arriver que les tiers soient mêlés à l’instruction. C’est le cas des témoins,
le cas des tiers détenteurs de documents, etc.
Le tiers peut aussi être englobé au procès. C’est l’hypothèse de l’intervention volontaire
(il y va de lui-même) et de l’intervention forcée (les parties l’obligent à venir au procès). Que
l’intervention soit volontaire ou forcée, son effet est qu’elle élargit le cadre initial du procès.
A- La capacité de jouissance
C’est la faculté d’agir en justice. Presque tout le monde a la capacité d’agir en justice du
point de vue de l’action en justice.
Pour les étrangers, on peut juste leur opposer la cautio judicatum solvi. Mais, tout le
monde a le droit d’agir en justice à quelques exceptions près.
B- La capacité d’exercice
C’est l’aptitude à faire valoir ses droits en justice. Cette condition est aussi bien exigée du
demandeur que du défendeur.
La capacité d’exercice octroie également le pouvoir pour agir en justice. Par contre, le
mineur non émancipé à la capacité d’exercice, mais il n’a pas le pouvoir pour agir en justice. Seul
son représentant légal a ce pouvoir en son nom.
Le pouvoir pour agir est une condition de l’action en justice. La capacité et le pouvoir sont
des conditions de l’exercice de l’action en justice.
Elle permet d’exercer l’action à la place de l’intéressé (mineur non émancipé ou intéressé
non disponible). Il faut que le représentant justifie sa capacité d’agir, son pouvoir d’agir en justice
à la place de l’intéressé. Mais d’où tire-t-on ce pouvoir d’agir ?
- de loi (administrateur légal, le tuteur) ;
- d’une habilitation judiciaire (époux qui agit pour le compte de son conjoint, pour les
procédures collectives il y a une décision de justice qui désigne le représentant).
Le défaut de pouvoir pour représenter une personne constitue une irrégularité de fond
qui affecte l’acte de procédure. La règle ci-après de la condition de forme : « nul ne plaide par
procureur », signifiait, à l’origine, que personne sinon le roi, ne pouvait se faire représenter. Tout
le monde était obligé de comparaître devant le roi et en personne. C’est à partir de 1528 que la
possibilité de se faire représenter en justice a été admise. Mais, il est interdit au mandant de
s’effacer derrière son mandataire. Cette règle ne s’applique qu’à la représentation
conventionnelle. La règle ne tient que dans les cas où le mandataire tire son pouvoir d’un accord
de volonté.
Les sanctions possibles pour les cas où cette règle n’est pas respectée est la nullité
d’intérêt privé.
C’est pour des raisons d’une bonne administration de la justice que l’on a institué ce
monopole aux avocats. La loi prévoit toutefois des exceptions pour les cas où il n’y aurait pas
d’avocats dans les lieux où l’instance se poursuit.
Par ailleurs, devant le tribunal du travail, ce monopole n’est pas acquis aux avocats. La loi
prévoit un certain nombre de personnes qu’il est possible de prendre comme représentant.
La règle est qu’il faut justifier de son mandat. Seuls les avocats sont exemptés de cette
justification. Cette justification doit être justifiée soit par écrit, soit par attestation orale du
plaideur devant le juge.
Mais il y a des actes très graves où il a besoin nécessairement d’une autorisation de celui
qui l’a mandaté : la procédure pour inscription de faux, le fait de récuser un juge. Au cas où le
mandataire accomplirait ses actes très graves sans autorisation expresse du mandant, il engage
sa responsabilité personnelle. Le mandataire a pour obligation d’assister son mandant (lui
donner des conseils,…).
Le procès se fait grâce à des éléments de faits et des éléments de droit. Le juge n’a aucun
pouvoir sur l’objet d’une demande dont la cause émane d’éléments de faits.
I- L’objet de la demande
La demande en justice vise un objet déterminé, dont la nature définit, le plus souvent,
celle de l’action. L’objet de la demande, c’est ce qui est demandé soit par le demandeur initial,
soit par le demandeur incident, notamment reconventionnel, soit par l’intervenant.
Une fois que le cadre de l’objet de la demande est fixé, le juge ne peut en aucun cas
intervenir en dehors du cadre de l’objet de la demande. C’est la règle de l’immutabilité de l’objet
du litige (article 21 du Code de procédure civile : « Le juge doit se prononcer sur tout ce qui est
demandé et seulement sur ce qui est demandé »).
Le Titre 1er du CPC (articles 1 à 33) est consacré à l’énoncé de principes directeurs du procès. Ces
principes expriment la conception burkinabé de la procédure civile. Ces principes sont d’ordre
public, ils échappent à la convention des parties. Ils forment un droit processuel minimum
applicable à toutes juridictions civiles. Parmi ces principes figure en bonne place le principe du
contradictoire.
Article 5 du CPC prévoit que nulle partie ne peut être jugée sans avoir été entendue ou
appelée. Cependant, une partie peut ne pas répondre à cet appel. L’essentiel est qu’elle a été
mise en demeure et prévenue des conséquences de son abstention.
Parfois, il n’est pas possible d’assurer le respect immédiat du contradictoire. C’est le cas
lors d’une procédure non contradictoire où la loi autorise d’ordonner des mesures à l’insu
d’une partie. A cet effet, la loi aménage des techniques permettant de rétablir à posteriori le
contradictoire. Le fondement de cet aménagement réside dans l’alinéa 2 de l’article 17 du CPC,
où il est indiqué que cette partie doit disposer d’un délai de recours approprié contre la décision
qui lui fait grief. De même, dans ces hypothèses, le principe du contradictoire consiste dans la
possibilité de recours. Ainsi, il est prévu que lorsque la loi ou la nécessité commande qu’une
mesure soit ordonnée à l’insu d’une partie que celle-ci dispose d’un recours approprié contre la
décision qui lui fait grief.
De même, en cas de défaillance de l’une des parties, lorsqu’une personne ne reçoit pas
personnellement la notification ou la modification, de sorte que le tribunal a rendu un jugement
par défaut, le rétablissement du contradictoire se fait par l’opposition, voie de droit commun
de rétractation donc on revient devant la juridiction qui a statué une première fois.
D’après l’article 7 CPC : « le juge doit, en toute circonstance, faire observer et observer lui-
même le principe de la contradiction ». Cet article fait peser deux obligations sur le juge.
Le juge doit s’assurer que chaque partie a bien exécuté les obligations indiquées. Pour assurer ce
contrôle, le juge dispose d’un certain nombre de pouvoirs.
- Il peut intervenir par voie d’invitation
Cette obligation signifie que le juge ne peut pas fonder sa décision sur une mesure
d’instruction qui n’a pas été réalisée dans le respect du contradictoire. Chaque partie doit être
en mesure de discuter toute l’information communiquée au juge.
Dès lors qu’il décide d’appliquer une règle de droit différente de celle invoquée par les
parties, il doit respecter le contradictoire en sollicitant les observations des parties.
Avant tout analyse de la répartition des rôles entre le juge et les parties, examinons ces
rôles au niveau d’un certain nombre de procédures.
La procédure dite accusatoire : les parties jouent un rôle extrêmement important.
Elles dirigent l’instance, et rassemblent les différents éléments de preuve. Dans ce système, le
procès est souvent présenté comme un duel opposant les parties auquel le juge assiste et
intervient à la fin pour dire qui l’a emporté. Le juge joue un rôle relativement passif.
La procédure dite inquisitoire : l’importance du rôle du juge, dans le déroulement
de l’instance et dans la recherche de la preuve. L’accent est mis sur le fait que la justice est un
service public, que la marche de l’instance doit donc dépendre mais des initiatives du juge. Les
parties ne concourent que partiellement relatif. Exemple : contentieux pénal et contentieux
administratif.
La procédure civile est traditionnellement vue comme la chose des parties. Il a
été affirmé que le procès civil est à la disposition des parties : le principe dispositif. Selon ce
principe, en matière civile, l’instance appartient aux parties qui sont libres de la conduire à leur
gré et le juge n’a qu’un rôle très limité.
De nos jours, le juge a des pouvoirs importants. La procédure civile n’est pas une
procédure inquisitoire, elle n’est pas la chose du juge. On parle du principe de coopération entre
le juge et les parties. Chacun a un rôle déterminé.
I- L’introduction de l’instance
Selon les dispositions de l’article 16 du CPC : « … seules les parties introduisent l’instance… ». Le
juge ne peut pas se saisir d’office voire, s’autosaisir. L’initiative de saisir le juge appartient aux
parties. C’est un principe fondamental du droit judiciaire privé qui implique notamment des
exceptions limitées. Par exemple, en matière de redressement des entreprises, le Tribunal du
Commerce peut parfois s’autosaisir.
L’article 20 CPC stipule que l’objet du litige est déterminé par les prétentions des parties. Ainsi, le
juge ne peut pas élargie le cadre d’instance fixé par les parties. Il doit par conséquent et ceci,
suivant les dispositions de l’article 21 du CPC se prononcer sur ce qui est demandé, et seulement
sur ce qui est demandé. Le cadre de l’instance ainsi fixé par les parties, s’impose au juge.
Même si le Code de Procédure Civile a reconnu des pouvoirs importants en matière de preuve au
profit du juge, il a tout de même, maintenu le principe selon lequel les parties ont le premier
rôle à jouer en matière de preuve. Ainsi, selon l’article 22 du CPC, les parties ont la charge
d’alléguer les faits propres à fonder leur prétention donc sélectionner les faits qui vont délimiter
les contours du procès. Il incombe donc aux parties de prouver ces faits, conformément à la loi,
article 25 du CPC.
L’article 17 du CPC indique que : « les parties conduisent l’instance sous les charges qui leur
incombent. Il leur appartient d’accomplir les actes de la procédure dans les formes et délais
requis ».
Les parties conduisent l’instance donc elles sont libres d’appeler ou non un tiers à
l’instance, de présenter ou de conserver tel document.
V- La fin de l’instance
Article 19 du CPC : « les parties ont la liberté de mettre fin à l’instance avant qu’elle ne s’éteigne
par l’effet du jugement ou en vertu de la loi ». Il en découle que les parties peuvent décider
d’abandonner la procédure en cours d’instance, donc se désister.
Conclusion : En définitive, les parties ont un rôle important à jouer dans tout le processus. Les
règles expliquées témoignent de ce que les parties disposent de l’instance dans une certaine
mesure. Elles déclenchent l’instance, fixent son cadre et peuvent s’entendre pour y mettre fin.
L’accroissement des pouvoirs du juge ainsi que l’introduction d’éléments inquisitoriaux portent
atteinte à ce principe.
Les articles 16 et 17 du CPC laissent entendre que dans la conduite de l’instance, le rôle
des parties est important. Toutefois, Il existe des dispositions du code qui reconnaissent au juge
des pouvoirs non négligeables quant à la conduite de l’instance. Si l’on observe bien l’article 17,
on s’en rend compte qu’il limite les pouvoirs des parties dans la mesure où elles doivent
respecter les formes et les délais requis par la loi. Les rédacteurs du CPC n’ont pas souhaité faire
dépendre le rythme de procédure de la seule volonté des parties. En cela, le juge :
- peut fixer la durée et les délais. Le fait que le juge fixe les délais permet à celui-ci
d’exercer un contrôle actif sur le déroulement de procédure. L’article 18 du CPC, accorde au juge
ce pouvoir ;
- Peut use du pouvoir d’injonction. Ce pouvoir permet d’ordonner aux parties de
conclure, ou de communiquer des pièces ;
- peut ordonner d’office toutes les mesures d’instruction légalement admissibles.
On peut dire que le juge aujourd’hui a progressivement acquis des pouvoirs qui lui permettent
non seulement de veiller au bon déroulement de l’instance mais encore de prendre des
initiatives pour apporter une réponse dans un délai raisonnable.
Le juge parfois peut ne pas se contenter de la présentation des faits par les parties, il
peut inviter les parties à s’expliquer sur certains événements, et cette faculté permet parfois au
juge de faire entrer dans le débat des faits qui ne se trouvaient pas dans le dossier au début.
Le principe est que la preuve incombe aux parties. Mais le juge n’a pas un rôle totalement
passif en cette matière. Le juge peut ordonner des mesures d’instruction comme l’expertise.
L’article 27 du CPC montre cette coopération entre le juge et les parties en indiquant que « les
parties sont tenues d’apporter leur concours aux mesures d’instruction ». Finalement il n’y a pas
un acteur qui a un rôle exclusif.
C- La qualification