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Droit Judiciaire Privé

Objectif général du Cours


Ce cours vise à permettre aux étudiants de maîtriser le corps de règles et de principes
fondamentaux du Droit Judiciaire Privé burkinabé
Objectifs spécifiques
A la fin du cours, les étudiants devront être capables de :
- maîtriser l’appareil judiciaire burkinabé à travers ses règles d’organisation et de
fonctionnement ;
- maîtriser les règles relatives à la compétence des juridictions ;
- cerner la notion de l’action en justice et les règles liées à sa mise en œuvre ;
- de cerner la notion de l’instance et de maîtriser les principes, règles et procédures
applicables de l’ouverture du procès jusqu’à son dénouement.
Méthodes pédagogiques
Pour atteindre les objectifs ainsi définis, les méthodes pédagogiques suivantes seront
utilisées :
- enseignement des concepts fondamentaux en ce qui concerne le cours ;
- méthode participative à travers des séances de questions-réponses ;
- travaux dirigés (étude de cas), discutés et préparés par les étudiants ;
- le cours fera l’objet de présentation power point ;
- le support du cours sera remis aux étudiants.

Contenu du cours
Première partie : Les institutions judiciaires et compétences des juridictions
Titre 1 : Présentation de l’appareil judiciaire burkinabè
Chapitre I : Description des institutions judiciaires burkinabé
Chapitre II : Personnel judiciaire
Chapitre III : Principes directeurs du DJP
Titre 2 : La compétence
Chapitre 1 : Les règles légales de compétence
Chapitre 2 : La prorogation de compétence
Deuxième partie : L’action en justice
Chapitre 1 : L’existence du droit de l’action en justice
Chapitre 2 : La mise en œuvre de l’action en justice
Troisième partie : L’instance
Chapitre 1 : Généralités sur le lien de l’instance
Chapitre 2 : Principes fondamentaux du procès
Chapitre 3 : Formation de l’instance (Exposé-Etudiants)
Chapitre 4 : Dénouement de l’instance (Exposé-Etudiant)

INTRODUCTION GENERALE

Dans toute société, le droit à pour but de faire respecter l’ordre social et il n’atteint ce but
que dans la mesure où les violations des droits subjectifs des individus sont effectivement
sanctionnées. En cela, le droit, considéré comme « l’ensemble des règles régissant les relations
de personnes vivant en société et sanctionnés par une contrainte émanant de l’autorité
publique »1, serait sans intérêt s’il n’était qu’un corps de règles théoriques sans aucune mise en
œuvre pratique. Ainsi, dans le cas où un droit est contesté, le besoin d’un recours à la justice se
fait sentir et se présente comme nécessité dans la résolution de la contestation.

La justice est un service public de l’Etat, organisé et hiérarchisé suivant un ensemble de


règles établies, servant à organiser et à assurer le fonctionnement des tribunaux, à définir le
statut des magistrats, leur compétence et la manière dont les particuliers pourront saisir le juge
en vue d’obtenir un jugement, de même que les moyens et la procédure pour faire exécuter la
décision du juge.

I- La notion et l’objet du DJP

Dans une acceptation large, le DJP est entendu comme « un ensemble de règles qui
gouvernent l’organisation et le fonctionnement de la justice en vue d’assurer aux particuliers la
mise en œuvre et le sanction de leur droits subjectifs en matière de droit privé ». Michelle
Perrot (18 mai 1928, France, Pr de Droit des Universités, historienne de droit).

Dans sa définition classique, le DJP est ramené à la procédure civile, entendu comme
l’ensemble des règles permettant aux particuliers de défendre en justice leur droit de propriété,
leur droit patrimoniaux, comme extrapatrimoniaux ainsi que les libertés essentielles.

Dans une acceptation moderne, l’expression droit procédural est parfois utilisée pour
désigner la matière du DJP. Souvent, il fait état de droit processuel qui emploie à la fois la
procédure civile, la procédure pénale et la procédure administrative.

1
Ph. MALINVAUD, Introduction à l’étude du droit, Litec, 2008, 12 e édition, p. 4
En clair, le droit judiciaire privé réunit l’ensemble des règles permettant de déterminer le
juge à saisir, comment le saisir, quels sont les incidents pouvant être soulevés, comment le
juge rend sa décision, quelles sont les voies de recours ouvertes aux justiciables. Il expose le
déroulement d’un procès de la saisine du juge jusqu’au prononcé de la décision définitive.

II- L’objet et importance du DJP


Le DJP est une matière essentielle dans la mesure où c’est elle seule qui apporte des
réponses aux difficultés techniques suscitées par un procès. Son importance se mesure au regard
de son objet et peut être soulignée de la manière suivante :

- Le DJP donne au titulaire d’un droit subjectif la possibilité de faire valoir ses droits ou
de les faire respecter. Pour ce faire, il doit recourir à un pouvoir chargé de faire
respecter la loi, toute chose qui permet d’éviter qu’il abuse de sa force ou de son
pouvoir à l’encontre de son débiteur ;
- le DJP est un facteur de sécurité et de paix sociale. Il enlève au titulaire du droit
subjectif toute possibilité de se faire justice lui-même ;
- le DJP est un facteur de confiance et de crédit, essentiel dans les rapports d’affaires.
Son existence paralyse à l’avance toute résistance, la fraude, la mauvaise foi du
débiteur, sachant qu’il peut être cité en justice et contraint de payer ;
- le DJP permet le respect des droits de la défense, c’est-à-dire les deux parties
(demandeur et défendeur). Suivant les formes et procédures prescrites, l’une peut
faire valoir ses revendications et l’autre, sa défense. (Article 5 et 6 du CPC) ;
- le DJP impose une ligne de conduite aux magistrats qui ne peuvent agir à leur guise et
dire le droit selon leurs convenances.

Ainsi, le DJP a pour objet l’étude de l’organisation judiciaire, de la compétence des


tribunaux, de la procédure à suivre devant ceux-ci pour aboutir à une décision, et de la manière
d’obtenir l’exécution de ladite décision.
III- Les sources du DJP

A l’instar des autres disciplines juridiques, le DJP a des sources nationales et des sources
internationales.

A- Les sources nationales

Il y a lieu d’établir une distinction entre les sources nationales principales et les sources
nationales complémentaires.

1- Les sources nationales principales

Ces sources sont d’ordre législatif et réglementaire. Ainsi, l’article 101 de la Constitution
dispose que : « La loi fixe les règles concernant l’organisation des tribunaux judiciaires et
administratifs et la procédure devant ces juridictions, les statuts des magistrats, des officiers
ministériels et auxiliaires de justice ».

C’est l’Assemblée Nationale qui en principe est compétente pour élaborer les textes de
DJP. A ce titre, nous avons :

- la loi n°10/93 du 17 mai 1993 (code judiciaire), portant organisation judiciaire au


Burkina Faso, modifiée à diverses reprises ;
- la loi n°22/99/AN du 18 mai 1999, portant code de procédure civile, source du DJP ;

- la loi n°13/2000 du 9 mai 2000 portant organisation, attribution et fonctionnement de


la cours de cassation et procédure applicable devant elle ;

- la loi n°16/2000 du 23 mai 2000 portant réglementation de la profession d’avocat ;

- la loi n°26/2001 du 13 décembre 2001, portant statut du corps de la magistrature ;

- la loi n°22/2009 du 12 mai 2009 portant création, organisation et fonctionnement du


Tribunal de commerce.

Toutefois, par le jeu de la délégation de pouvoir prévu à l’article 107 de la Constitution, le


Gouvernement pourrait par voie réglementaire élaborer de nouvelles règles de procédure ou
modifier les anciennes par des ordonnances. A ce niveau, nous avons l’Ordonnance N°92/53 du
22 octobre 1992 portant statut des Huissiers de Justice. (En 1992, il n’y avait pas d’Assemblée
Nationale).

Un tel système a pour avantage essentiel la célérité dans l’élaboration des règles de
procédure. Cependant, il contient néanmoins de sérieux inconvénients :

- il tend à confondre la rapidité avec la précipitation. Ce qui conduit à une modification


incessante des textes ;
- ce système conduit à abandonner la protection des droits subjectifs à quelques
fonctionnaires qui expriment davantage leurs conceptions personnelles. Ce qui
pourrait être dommageable pour les justiciables.

2- Les sources nationales secondaires


Nous avons principalement la jurisprudence dont le rôle est considérable en DJP. Ainsi, la
jurisprudence comble de nombreuses lacunes en élaborant par elle-même des théories nouvelles
ou en apportant à la doctrine ses analyses. Par exemple, la théorie des demandes
reconventionnelles ou celle des actions possessoires sont d’origine jurisprudentielle. Il appartient
également à la jurisprudence d’interpréter les textes législatifs, toute chose qui lui donne
l’occasion d’apporter sa contribution à l’élaboration du DJP.

Ensuite, il y a la pratique et les usages judiciaires. Leur rôle est exclu en matière
d’organisation judiciaire et de compétence. Mais, il peut être important dans le domaine de la
procédure où les praticiens constituent l’élément moteur. Dans la pratique, ceux-ci peuvent faire
disparaitre peu à peu certaines formalités ou encore pourraient imaginer de nouvelles pratiques
en dehors des textes qui seront finalement consacrées par le législateur. A titre illustratif, le
constat huissier a été d’abord une création de la pratique ensuite consacrée par la loi.

Les principes généraux du droit constituent une source non écrite et ont
traditionnellement une valeur supérieure au décret mais inférieure à la loi. Toutefois, compte
tenu des conventions internationales, et du principe admis d’un contrôle de la compatibilité des
lois à ces dernières, la valeur des principes généraux peut changer. Par exemple, il a été admis
par le Conseil d’Etat français un principe général à valeur légale, à savoir le principe de la
conformité des traités à la Constitution.

De même, la Cour de Cassation a dégagé des principes généraux du Droit qui touche soit
au fond du Droit lui-même, soit aux règles de procédure. Par exemple, le principe « à travail égal
salaire égal », ou encore le principe selon lequel « nul ne doit causer à autrui un trouble anormal
de voisinage », ou encore le principe des droits de la défense.

Pour ce qui est de la doctrine, il existe de nombreuses publications sur la matière de droit
judiciaire privé. On peut signaler certains auteurs qui ont apporté des contributions essentielles
au plan théorique, à la matière du DJP. Il est ainsi : Loïc Cadiet, Emmanuel Jeuland, Traité de
droit judiciaire privé ; Henri Solus, Roger Pérrot,Traité de Droit judiciaire privé ; Serge Guinchard
et Alii, et autres, Droit étatique de la procédure civile.

B- Les sources internationales

Ces sources résultent soit des conventions bilatérales entre le Burkina Faso et un autre
Etat, soit de conventions multilatérales plus ou moins étendues. On peut citer :

- l’Accord de coopération en matière de justice entre le Burkina Faso et la France du 24


avril 1961 et ratifié par le BF le 26 août 1961 ;
- la convention générale de coopération en matière judiciaire entre le BF et le Mali du
21 novembre 1963 et ratifiée par le BF le 21 mars 1964 ;
- la Convention relative à la coopération en matière judiciaire entre les Etats membres
de l’ANAD (Accord de Non Agression et d’Assistance en matière de Défense) du 21
avril 1987, ratifiée par le BF le 02 mai 1991 ;
- dans le cadre de l’OHADA, l’adoption le 10 avril 1998 d’un acte uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution.

Observations : Ces conventions de coopération concernent le plus souvent l’exécution d’un


jugement à l’étranger, notification à l’étranger des actes judiciaires et extrajudiciaires,
l’obtention des preuves…

IV- Les caractères généraux du DJP

A- Le caractère mixte du DJP

Le DJP a été pendant longtemps considéré comme matière du droit privé car il tend à
assurer la sanction des droits subjectifs des personnes privées. A l’encontre de cette conception
des auteurs d=font valoir qu’en englobant les questions d’organisation judiciaires et de
compétence, le DJP débauche sur le droit public. IL faut en outre ajouter que la justice est un
service public organisé par l’Etat. Ce dernier étant d’ailleurs directement intéressé par la bonne
administration de la justice. La réalité est donc intermédiaire en ce sens que le DJP se rattache
aussi bien au droit privé qu’au droit public, d’où le caractère mixte.

B- Le caractère formaliste du DJP

En procédure civile, les formes et les délais jouent un grand rôle. La loi décrit
minutieusement toutes les règles techniques que les plaideurs doivent respecter ainsi que les
sanctions de son non respect. Ces sanctions sont sévères que la violation des formes d’un acte
peut entraîner non seulement sa nullité mais également la nullité de tous les actes subséquents.
Dans certains cas, une telle nullité peut aller jusqu’à compromettre le fond du droit lui-même.

Toutefois, la multiplicité des règles qui encadrent le procès alourdit son déroulement. De
plus, le fait pour un plaideur de perdre un procès pour une question de procédure est mal
accepté. Distinction entre le droit substantiel et le droit formaliste.

En réalité, ce caractère formaliste est aussi vecteur d’une certaine sécurité pour le
justiciable. Exemple : Il y a un délai pour exercer un recours contre une décision. Celui qui
respecte ce formalisme est assuré de conserver son droit sans avoir à craindre des controverses
ultérieures sur les actes déjà accomplis.

Toute formalité de procédure n’a pas forcement la nullité pour sanction. Lorsque celle-ci
est prévue, la nullité n’est prononcée que si une observation de la formalité a causé préjudice à
la partie adverse. « Pas de nullité sans délai. Pas de nullité sans grief ».

C- Le caractère impératif du DJP

Pour qu’elles concernent l’administration de la justice, les règles de DJP sont imprégnées
par la notion d’ordre public. En conséquence, elles s’imposent d’une part au juge et aux parties
et d’autre part, les lois nouvelles de DJP sont d’application immédiate. Les parties ne peuvent y
déroger librement.
Ce caractère impératif se manifeste aussi par le fait que la violation d’une règle peut être
invoque par les parties au litige mais également pas le ministère publique ou encore d’office par
le juge.

Toutefois, ce principe subit une atténuation, les règles peuvent dans certains cas être
contournées. C’est le cas des droits disponibles, notamment en cas d’arbitrage. Ici on sort du
Service public de la justice pour entrer dans une justice privée. Mais pour recourir à l’arbitrage, il
faudrait insérer dans le contrat une clause compromissoire par laquelle les parties s’engagent
d’un commun accord de confier le litige qui pourrait survenir entre eux à un arbitre.

En général, on considère comme étant d’ordre public, les règles relatives à l’organisation
judiciaire, à l’exercice de l’action en justice ainsi que les règles de compétence judiciaire
(d’attribution). En revanche, les règles de compétence territoriale ainsi que les règles de
procédure gouvernant le déroulement de l’instance sont considérées comme d’ordre privé, dans
la mesure où elles tendent à protéger des intérêts privés.

V- L’application des règles du DJP dans le temps

Concernant au préalable l’application dans l’espace des règles de DJP, celles-ci


s’appliquent sur toute l’étendue du territoire nationale. En conséquence, il est interdit aux juges
burkinabè de faire application des lois judiciaires étrangères, c'est à dire que conformément au
principe général du Droit international public, la procédure est régie par la lex fori (loi du for).

Position du problème

Sur la question de l’application dans le temps des lois nouvelles de DJP, il y a lieu de
préciser que lorsque la loi nouvelle entre en vigueur avant l’introduction de l’instance, la loi
nouvelle s’appliquera immédiatement et l’instance à introduire sera donc soumise à la loi
nouvelle. De même, lorsque la loi nouvelle survient après l’extinction de l’instance, c'est à dire
lorsque la décision est passée en force de chose jugée et que par conséquent le procès est
terminé, la loi nouvelle ne trouvera pas application.

Le problème vient de ce que la loi nouvelle de DJP intervient alors que l’instance est liée
mais n’est pas encore terminée autrement dit, le procès est en cours. Il convient alors d’une part,
de se demander si les actes accomplis sous l’empire de la loi ancienne restent encore valables,
ou s’il est opportun de les renouveler suivants les dispositions de la loi nouvelle ; d’autre part,
sous quel régime juridique, l’ancien ou le nouveau, l’instance en cours devra-t-elle se
poursuivre ?

A- L’application immédiate

- Selon la doctrine classique (traditionnelle), les lois de procédure civile sont


rétroactives et il ne peut avoir de droit acquis pour des particuliers là où serait en cause la bonne
administration de la justice. Cette solution est inacceptable, car elle ne pourrait en réalité que
nuire à une bonne administration de la justice dans la mesure où elle anéantit les procédures en
cours chaque fois qu’une loi nouvelle de procédure serait promulguée.

- La doctrine moderne propose une solution intermédiaire qui évite toute confusion
entre l’impossible rétroactivité et le principe de l’application immédiate des lois nouvelles de
procédure jugée suffisante, pertinente pour permettre une bonne administration de la justice.
Selon cette doctrine, il en résulte que tout ce qui a été fait sous l’emprise de la loi ancienne doit
subsister, tandis que les actes nouveaux devront être régis par la loi nouvelle.

B - L’approche du droit positif, la solution

En droit positif, pour éviter que l’application des lois nouvelles de DJP ne remette en
cause certains actes antérieurs, les législations modernes distinguent trois (3) types de lois qui
connaissent des régimes différents.

- En premier lieu, les lois d’organisation judiciaire (définissant les juridictions qui
existent) qui intéressent une bonne administration de la justice doivent s’appliquer
immédiatement conformément au principe général. Exemple : Si une loi nouvelle supprime
certaines juridictions, celles-ci doivent cesser immédiatement leurs activités et leurs dossiers
doivent être transmis soit aux nouvelles juridictions soit aux juridictions maintenues. Il en est de
même si une nouvelle loi modifie la composition d’une juridiction. Dans ce cas, toutes les affaires
non encore jugées devront être jugées par la juridiction d’après sa nouvelle composition.
- En second lieu, les lois de compétence suivent également la règle d’application
immédiate avec cependant un important tempérament. Exemple : Dans le cas où une juridiction
valablement saisie devient incompétente en raison d’une nouvelle loi. En principe, la règle
d’application immédiate conduit à dessaisir la juridiction initialement saisie et donc à obliger le
demandeur à recommencer tout le procès devant la juridiction désormais compétente. Il s’en
suit que les conséquences sont les mêmes comme s’il y a rétroactivité, ce qui n’est guère
satisfaisant. Pour y remédier, il est généralement admis que la juridiction initialement saisie
demeure compétente chaque fois que l’instance a déjà fait l’objet d’une décision sur le fond. Il ya
décision sur le fond non seulement quand un jugement définitif a été rendu mais également dans
le cas des jugements avant-dire-droit (avant de dire le droit sur le fond).
- En troisième lieu, les lois de procédure suivent également la règle de l’application
immédiate. Elles s’appliquent donc aux instances en cours et régissent tous les actes et
formalités qui devraient donc s’accomplir ultérieurement. Il doit donc s’agir d’une règle de
procédure proprement dite et non d’une règle qui touche le fond du droit.
PREMIERE PARTIE : LES INSTITUTIONS JURIDICIAIRE ET
LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS

TITRE I : PRESENTATION DE L’APPAREIL JUDICIAIRE

Il s’agira dans cette partie d’étudier les règles relatives aux diverses catégories de juridiction par
le biais de leur composition, du statut de leurs membres ainsi que des auxiliaires de justice. Il
s’agit en somme de l’étude de l’organisation judiciaire. (Titre I)

Par la suite, il sera question des règles relatives aux compétences respectives des juridictions
ainsi que de celles propres à la résolution de compétence. C’est l’étude des règles de
compétence (Titre II).

CHAPITRE I : DESCRIPTION DES INSTITUTIONS JURIDICIAIRES (voir polycopie)

CHAPITRE II : LE PERSONNEL JUDICIAIRE (voir polycopie)

CHAPITRE III : LES PRINCIPES DIRECTEURS DU DJP (Voir Polycopie)

TITRE II- LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS


Parmi les différentes juridictions étatiques, il faut déterminer laquelle connaîtra du
procès, suivant l’idée propre à une bonne administration de la justice, que n’importe quelle
juridiction ne peut pas juger n’importe quelle affaire. Les différentes juridictions sont dotées de
pouvoirs juridictionnels, et chaque juridiction ne peut user de ses pouvoirs que dans un domaine
limité, constituant son champ de compétence.

Selon Messieurs Solus et Perrot : « la compétence, c’est le pouvoir que possède une
juridiction de connaître d’un litige. Quant on l’applique aux juridictions, le mot compétence se
réfère à la détermination et à l’étendue de leur pouvoir juridictionnel, c'est à dire du pouvoir
légal appartenant à un Tribunal ou à une Cour d’instruire et de juger une affaire ». La question
de la compétence est à résoudre préalablement à l’examen du fond de l’affaire. En pratique, il
peut apparaître des difficultés en raison de la diversité des juridictions existantes, et par suite,
des risques de conflits de compétence qui peuvent se produire entre elles. Il est important de
déterminer de manière exacte la juridiction compétente, car l’incompétence provoque en
principe l’irrecevabilité de la prétention soumise à la juridiction, et au cas où un juge
incompétent aurait statué, sa décision est viciée et contraint au mieux à reprendre l’instance
devant un autre juge.

Le législateur a déterminé des règles précises qui régissent la compétence des


juridictions. Elles sont dites règles légales de compétence. Ces règles légales de compétence
seront d’abord présentées, ensuite la question de la prorogation de la compétence des
juridictions sera examinée.
CHAPITRE I : LES REGLES LEGALES DE COMPETENCE

Dans l’hypothèse où une affaire doit être portée devant les juridictions burkinabè, il
faudrait déterminer la juridiction spécialement habilitée à connaître de cette affaire. Pour ce
faire, il y’a nécessité à résoudre deux problèmes :

- premièrement, il faut identifier le type de juridiction compétent, c'est à dire, la


catégorie de juridictions qu’il convient de saisir suivant leurs attributions. C’est une question de
compétence d’attribution. La compétence d’attribution ou compétence ratione materiae et
dite encore compétence absolue ;
- deuxièmement, il faut préciser parmi les diverses juridictions du type déterminé,
laquelle connaîtra effectivement de l’affaire considérée, et autrement dit, c’est d’identifier la
juridiction devant laquelle il faudrait, en pratique, assigner l’adversaire. Ceci relève des règles
relatives à la compétence territoriale. La compétence territoriale ou compétence ratione loci et
dite encore compétence relative, est le pouvoir de juridiction appartenant au juge, dans une
circonscription déterminée.

SECTION I : LES REGLES DE LA COMPETENCE D’ATTRIBUTION

Les règles de la compétence d’attribution déterminent la nature et le degré de la


juridiction à saisir en fonction du litige en cause. Plusieurs critères permettent de cerner la
compétence d’attribution. Il s’agit entre autres, de la matière sur laquelle porte le litige (critère
qualitatif), de la personnalité des parties, mais aussi de la valeur du litige (un critère quantitatif).

La détermination de la compétence d’attribution des juridictions tient compte des


exigences de l’organisation d’une bonne administration de la justice et de l’intérêt général,
d’où le caractère d’ordre public reconnu aux règles de compétence d’attribution.

Il sera examiné le contenu des règles légales de compétence d’attribution puis la


question de la valeur du litige.

Paragraphe 1 : Le contenu des règles légales de la compétence


d’attribution des juridictions

La compétence d’attribution est soumise à un certain nombre de principes directeurs dont il sied
d’en indiquer succinctement la teneur avant d’aborder la compétence d’attribution des
juridictions.

Le principe de la distinction entre les juridictions de Droit commun et les juridictions


d’exception. En effet, la juridiction de Droit commun est compétente en principe, c'est à dire
qu’elle a une vocation générale à connaître de tous les litiges de son domaine de compétence
(compétences ouvertes), sauf s’il existe une règle qui attribue compétence à une juridiction
d’exception. En revanche, le tribunal d’exception ou le juge d’exception, ne connaît que des
demandes initiales ou incidentes qui entrent dans sa compétence d’attribution expresse.

Le principe de la distinction entre la compétence exclusive et la compétence


concurrente. Lorsqu’une juridiction reçoit de manière expresse, vigoureuse, compétence
exclusive pour un litige donné, cela signifie que non seulement cette juridiction est habilitée pour
statuer sur ce litige, mais qu’en outre, aucune autre juridiction ne peut le faire à sa place.
Lorsque la compétence est concurrente, cela signifie qu’un juge peut pénétrer dans la zone de
compétence matérielle d’un autre juge pour statuer sur un moyen de défense, voire sur
demande incidente s’il est juge de Droit commun.

I- La compétence matérielle du Tribunal de Grande Instance (article 21 de la


loi 10-93)

Le Tribunal de Grande Instance est la juridiction de Droit commun au 1 er degré des


juridictions civiles de l’ordre judiciaire. Elle dispose à cet égard d’une compétence de principe
pour connaître de toutes les affaires civiles de son domaine de compétence et qui ne sont pas
expressément confiées par un texte à d’autres juridictions. Il est ainsi conféré au Tribunal de
Grande Instance une plénitude de juridictions en matière civile. Ainsi, le TGI connait des :
- affaires graves pour les biens tels les litiges relatifs au Droit de propriété (propriété
immobilière, propriété littéraire et artistique, propriété intellectuelle, etc.) ;
- affaires graves pour les personnes telles les demandes concernant l’état et la capacité
des personnes, la famille, la nationalité, la tutelle, la rectification des actes de l’état civil, les
régimes matrimoniaux (article 21 de la loi 10-93) ;
- affaires graves pour l’ordre public telle la procédure d’inscription de faux.
Le TGI est également compétent pour connaître des affaires civiles dont le montant au principal
est supérieur à 1.000.000 F. Et, en matière pénale, tenant lieu de tribunal correctionnel, il
connaît des délits.

II- La compétence du Président du TGI (Articles 25 à 34 de la loi 10-93)

Le Président du TGI constitue une véritable juridiction à juge unique. Les litiges lui étant
soumis à lui tout seul et non au tribunal. C’est ce qu’on appelle la juridiction présidentielle. Le
Président du TGI dans ce cadre, a des compétences juridictionnelles propres s’exerçant en
matière gracieuse comme en matière contentieuse.

- En matière gracieuse, le Président du TGI rend des ordonnances sur requêtes.


L’article 31, alinéa 1 de la loi 10-93 dispose que : « le Président du tribunal est saisi sur requête
dans les cas spécifiés par la loi ». Il faut donc identifier les textes qui prévoient la procédure sur
requête. Il en est ainsi par exemple, pour l’autorisation de saisie attribution sans titre, de la
demande en rectification d’un acte de l’état civil. Ensuite, alinéa 2 affirme que le Président peut
ordonner sur requête toute mesure urgente lorsque les circonstances l’exigent, consacrant ainsi
une compétence générale du Président du TGI pour rendre des ordonnances sur requête, sous
condition de démontrer l’urgence de la situation et la nécessité de ne pas prévenir son
adversaire.

NB : La requête est présentée de manière unilatérale au juge. Sa procédure est non
contradictoire, et la décision sur requête appelée précisément ordonnance sur requête à un
caractère provisoire.

- En matière contentieuse, les articles 25 et suivants de la loi 10-93 donnent au


Président du TGI, compétence pour prendre des mesures urgentes qui ne se heurtent à aucune
contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend.

Le référé est une procédure particulière généralement commandée par l’urgence de


la situation, et qui permet d’obtenir une décision à caractère provisoire qui ne préjuge pas de la
solution du fond. Cette dernière solution, ne relève pas de la compétence du juge des référés, en
l’occurrence, le Président du TGI. La procédure en référé est contradictoire, ce qui suppose une
assignation de son adversaire. Il est permis de recourir au référé en toutes circonstances et ceci,
en vue de prévenir la violation d’un droit gravement menacé. Le Président du TGI a ainsi une
plénitude de juridictions en matière de référé il peut ordonner des mesures de référé dans les
matières relevant du tribunal d’instance, devant lequel il n’est prévu aucune procédure de
référé. La décision du Président du TGI statuant en référé, s’appelle ordonnance en référé,
pouvant être modifiée, voire reportée par le Président, et le cas échéant, faire l’objet d’un appel
dans un délai de 15 jours suivant son prononcé. L’appel est exercé devant le Président de la CA.

Enfin, et au terme de l’article 28 de la loi 10-93, le Président du TGI est compétent pour
statuer sur les difficultés d’exécution d’un jugement ou d’un autre titre exécutoire. A ce titre, il
est juge de l’exécution. Cette compétence a un caractère impératif, et oblige tout autre juge
saisi des difficultés d’exécution a se déclaré incompétent.

En conclusion, le Président du TGI, en tant que juge des référés, juge des requêtes et juge
de l’exécution, peut déléguer ses pouvoirs à d’autres juges du tribunal. Ces pouvoirs
juridictionnels du Président ne doivent pas être confondus avec ses pouvoirs d’ordre
administratifs mis en œuvre pour assurer le bon fonctionnement du tribunal. Dans ce cadre, il
représente le tribunal, répartit les juges entre les chambres et distribuent les affaires à ceux-ci.

III- La compétence du Tribunal d'Instance (TI)

En matière civile et commerciale, le TI connaît des litiges dont le montant au principal est
supérieur à 100.000F et sans pouvoir excéder 1.000.000F. Les décisions du TI sont en charge
d’appel, devant la CA et ceci, dans un délai de 2 mois à compter de leur prononcé, s’agissant
d’une décision contradictoire. Le TI est également compétent pour connaître comme juridiction
de 2nd degré, des décisions des TD ou TA ayant été frappées d’appel.

En matière pénale, le TI est compétent pour connaître des contraventions, tenant ainsi
lieu de Tribunal de simple police.

IV- La compétence du Tribunal Départemental


et du Tribunal Administratif

Le TD a une compétence en matière gracieuse, concernant certaines questions relatives à


l’état des personnes. A ce titre, il prononce des jugements déclaratifs d’état, ou supplétifs
d’acte de naissance, de décès, de mariage, etc. Il établit en outre, les certificats d’hérédité ou de
tutelle, domaine de compétence pour lequel ses membres n’ont pas nécessairement les
connaissances juridiques pour apprécier la situation.

En matière contentieuse, le TD-TA est compétent pour les affaires civiles et commerciales
dont le taux évalué en argent ne dépasse pas plus de 100.000F. Les différends ruraux
particulièrement ceux relatifs à la divagation d’animaux, dévastations de champs, de récoltes sur
pied, et pour autant que le montant des réparations n’excède pas 100.000F. Cette dernière
précision résulte de la loi 28-2004 du 8 septembre 2004 modifiant la loi 10-93, mais en pratique
sa mise en œuvre se heurte à des difficultés, dans la mesure où c’est après sa saisine, d’après la
nature et non le montant de l’affaire, que le TD demande l’évaluation des dégâts causés, afin de
condamner les responsables à la réparation. Les décisions du TD-TA en matière contentieuse
sont précédées d’une conciliation préalable et obligatoire, et elles sont susceptibles d’appel
devant le Tribunal d’Instance dans le délai de 15 jours suivant leur prononcé ou leur
signification.

V- La compétence du Tribunal de Travail (TT)

Suivant l’article 338 de la loi n°28-2008 portant Code du travail : « Le Tribunal de travail est
compétent pour connaître des différends individuels pouvant s’élever entre les travailleurs, les
stagiaires et leurs employeurs, les apprentis et leurs maîtres, à l’occasion de l’exécution d’un
contrat. Il est également compétent pour connaître :
- des litiges nés de l’application du régime de sécurité sociale ;
- des différends individuels relatifs à l’application des conventions collectives de travail
et aux arrêtés en tenant lieu ;
- des différends nés entre travailleurs à l’occasion du contrat de travail, ainsi qu’aux
actions directes des travailleurs contre l’entrepreneur ;
- des différends nés entre travailleurs et employeurs à l’occasion du travail ;
- des différends nés entre les institutions de prévoyance sociales et leurs assujettis ;
- des actions récursoires des entrepreneurs contre les sous traitants. »

Ainsi, la compétence du TT ne s’étant pas aux différends entre l’Etat, les départements,
les communes, les établissements publics et leurs membres, parce qu’ils ne sont pas liés les uns
aux autres par un contrat de travail. Le TT n’est compétent qu’en ce qui concerne les différends
ou conflits individuels. Cette notion s’oppose à celle des différends collectifs. La différence entre
les 2 notions se fait à la fois à partir du nombre de travailleurs impliqués et à partir de l’intérêt en
cause. Ainsi, le différend à caractère individuel est défini comme celui né entre un employeur et
un ou plusieurs de ses travailleurs pris individuellement, et ayant pour objet la reconnaissance
d’un droit individuel. Le différend collectif est celui qui opposent un employeur à plusieurs de ses
travailleurs ou plusieurs employeurs à plusieurs travailleurs et qui porte sur un intérêt collectif.

Le Tribunal de travail est compétent sans aucune limite quant au montant de la demande.
Le montant de la demande n’étant pris en compte que pour déterminer la compétence en
dernier ressort. Ainsi, selon l’article 355 du Code du travail, le Tribunal de travail est compétent
en 1er et dernier ressort lorsque le montant de la demande n’excède pas 200.000F. Au-delà de
cette somme, les jugements sont susceptibles d’appel dans le délai de 15 jours à compter de son
prononcé ou de sa signification.

Le Président du TT a une compétence propre en matière de référé et d’ordonnance sur


requête dans les conditions prévues par l’article 355 du Code du travail.

VI- La compétence du Tribunal de Commerce (TC)

En rappel, le Tribunal de Commerce a été créé par la loi n°22-2009 du 12 mai 2009 et
institué au siège de chaque Tribunal de Grande Instance avec pour ressort territorial celui du
Tribunal de Grande Instance.

Selon l’article 2 de la loi 22-2009, les Tribunaux de Commerce connaissent :


- des contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants,
entre établissements de crédits, ou entre commerçants et établissements de crédits, et dont le
taux évalué en argent, est supérieur à 1.000.000F. a contrario, lorsque la valeur des
contestations est égale ou inférieure à 1.000.000F, elle relève selon les cas de la compétence du
TD-TA, ou de celle du Tribunal d'Instance. Les questions commerciales sont partagées de
manière concurrente entre les TD, TI et TC, ce qui pourrait être source de conflit, toute chose qui
est de nature à ralentir l’issu du procès, contraire aux objectifs de célérités visés par l’institution
des Tribunaux de Commerce ;
- des contestations relatives aux sociétés commerciales ;
- des contestations relatives aux actes et effets de commerce entre toutes personnes ;
- des procédures collectives d’apurement du passif.
- des contestations entre associés d’une société ou d’un groupement d’intérêt
économique.

Les décisions rendues en 1er ressort par le TC sont susceptibles d’appel devant la CA, dans
le délai de 2 mois à compter de leur prononcé ou de leur signification.

Le Président du Tribunal de Commerce a une compétence propre en matière de référé et


d’ordonnance sur requête dans les conditions prévues par les articles 464 et suivants du Code
de procédure civile.

VII- La compétence de la Cour d’Appel


La Cour d’Appel statue essentiellement sur les Appels dirigés contre les décisions rendues
en matière civile, sociale, commerciale et correctionnelle par les TGI, les TI, les TC et les TT. Elle a
essentiellement une compétence au 2nd degré de juridiction.

Le Président de la CA est compétent d’une part, pour connaître des appels interjetés
contre les ordonnances rendues par les juridictions de référé de 1 er degré (Président du TGI,
celui du TT et celui du TC), et d’autre part, pour examiner les requêtes aux fins des défenses à
l’exécution provisoire des jugements rendus en 1er ressort.

VIII- La compétence de la Cour de Cassation

La Cour de Cassation statue sur les pourvois en cassation formés contre les décisions en
dernier ressort rendues par les juridictions de l’ordre judiciaire et sans pouvoir en principe
connaître du fond des affaires. Généralement, les pourvois sont dirigés contre des arrêts
d’appel. Mais ils peuvent aussi l’être contre des décisions de 1ère instance insusceptibles d’appel.
La Cour de Cassation est également compétente pour examiner les demandes en révision en
matière civile ou pénale, les demandes en récusation des juges.

Le Président de la CC a une compétence propre pour ordonner le sursis à exécution des


décisions de dernier ressort frappées d’un pourvoi en cassation qui n’a pas en principe un effet
suspensif. L’article 607 du CPC modifiée par la loi n°30-2004 du 10 septembre 2004, a institué
une procédure de référé devant le 1er Président de la Cour de Cassation, aux fins d’obtenir le
sursis à exécution d’une décision juridictionnelle rendue en dernier ressort par une juridiction de
l’ordre judiciaire et objet d’un pourvoi en cassation. Cette modification créant la juridiction
présidentielle du 1er Président de la CC a été adoptée pour éviter que des décisions rendues en
dernier ressort en matière sociale civile ou commerciale ne soient exécutées alors qu’elles sont
frappées d’un pourvoi en cassation.

Paragraphe 2 : Détermination de la valeur de la demande

La valeur de la demande est un des éléments de détermination soit de la compétence


d’attribution (taux de compétence), soit de la compétence en 1 er et dernier ressort (taux de
ressort). Quelles sont les règles qui président à l’évaluation de la valeur de la demande ?

Il convient de distinguer deux hypothèses, celle de la demande unique et celle, plus


complexe, de la pluralité de demandes.

I- L’évaluation de la demande dans l’hypothèse


d’une demande principale unique

La demande principale unique signifie qu’il n’y a qu’un seul demandeur qui formule une
demande en justice. On a deux cas :

A- Caractère déterminé du montant de la demande

La demande est déterminée lorsque l’on connaît ou l’on peut connaître la valeur de
l’objet demandée. Par exemple, la demande porte sur le montant déterminé d’une somme
d’argent, ou sur un meuble ou un immeuble, dont la valeur peut être connue. La règle
généralement admise est que lorsque le montant de la demande détermine la compétence
d’attribution, l’évaluation du litige se fait d’après le montant de la demande telle que réclamée
dans les conclusions.

B- Caractère indéterminé de la demande

Dans l’hypothèse où la demande est indéterminée, soit en raison de sa nature même,


soit lorsque le montant définitif de la demande dépend d’éléments qui sont inconnus dans
l’immédiat, dans ce cas, la compétence est généralement appliquée au Tribunal de Droit
commun d’une part, et en ce qui concerne le taux de ressort, la juridiction saisie statue à charge
d’appel d’autre part, sauf disposition contraire. Par exemple, les demandes qui n’ont pas valeur
patrimoniale telles les demandes d’état (demande en divorce, en séparation de corps, en
recherche de paternité,…) sont portées devant le Tribunal de Grande Instance.

II- Evaluation dans l’hypothèse d’une pluralité de demandes ou de défenses

Deux (2) cas doivent être distingués :

- 1er cas : celui dans lequel le demandeur formule plusieurs prétentions dans une même
assignation ou instance contre un même défendeur ;
- 2ème cas : celui dans lequel plusieurs demandeurs formulent plusieurs prétentions
contre plusieurs défendeurs.

A- Cas d’une pluralité de prétentions formées par un demandeur contre un même


défendeur dans une même instance

Dans une telle hypothèse, pour déterminer la compétence et le taux du dernier ressort,
selon l’article 39, alinéa 2 du Code de procédure civile, on additionne toutes les prétentions
fondées sur les mêmes faits ou sur des faits connexes, et l’on ne tient compte que de la valeur
totale des prétentions.

Lorsque les demandes ne se fondent pas sur les mêmes faits, ou que ces faits n’ont aucun
lien de connexité, chaque demande est considérée isolement pour la détermination de la
compétence et du taux de ressort.

B- Cas d’une pluralité de demandeurs ou de défendeurs

Dans ce cas, lorsque les prétentions sont émises dans la même instance en vertu d’un
titre commun par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs défendeurs, la compétence et le
taux de ressort sont déterminés pour l’ensemble des prétentions, par la plus élevée d’entre elle.
Par exemple, l’action de plusieurs créanciers contre différents héritiers ou encore, l’action en
responsabilité dirigée contre plusieurs coauteurs.

En revanche, si les différentes demandes ne se fondent pas sur un titre commun, il faut
prendre en considération chaque demande isolément, d’après sa nature et sa valeur, pour
déterminer la compétence et le taux de ressort.

SECTION II : LA COMPETENCE TERRITORIALE


Après avoir déterminé la catégorie de juridictions devant laquelle le litige doit être
portée, il faut ensuite la localiser territorialement, c'est à dire déterminer devant le Tribunal de
quelle ville l’affaire devra être portée. La question est d’importance tenant compte d’éventuels
déplacements que cela va impliquer. Il existe d’une part, des règles générales qui connaissent
dans leur application des assouplissements et d’autre part, des règles particulières (des règles
dérogatoires), pour la détermination du tribunal territorialement compétent.

Paragraphe 1 : Les règles de la compétence territoriale

Ces règles consistent en l’affirmation d’un principe atténué dans certains cas.

I- La règle de principe « Actor sequitur forum rei »


ou règle du forum rei

En principe, le tribunal compétent est celui, dans le ressort duquel est situé le domicile du
défendeur.

A- Contenu de la règle du forum rei ou de la règle du principe

En principe, la juridiction territorialement compétente est celle du lieu où le défendeur


est domicilié. En effet, il est normal que ce soit le demandeur initiateur du procès qui supporte
les inconvénients et les frais impliqués par les éventuels déplacements.

Que faut-il entendre par le domicile ? Le domicile est entendu selon l’article 43 du Code
de procédure civile au sens civiliste du terme, à savoir le lieu du principal établissement. Il faut
distinguer selon qu’il s’agit d’une personne physique ou d’une personne morale. Pour la
personne physique, la détermination du domicile est une question de fait, relevant de
l’appréciation souveraine des juges du fond. Il se peut que le défendeur, personne physique n’ait
pas de domicile connu. Dans ce cas, et en l’absence de dispositions spécifiques, la compétence
est généralement attribuée au tribunal du domicile du demandeur. Dans certains autres cas, des
textes spécifiques confèrent au demandeur une option de compétence, ou détermine la
compétence en un lieu différent.

S’agissant des personnes morales, lorsque celles-ci sont défenderesses à une instance,
leur domicile pour déterminer le tribunal territorialement compétent est le lieu où elles sont
établies, c'est à dire, généralement le lieu où la personne morale a son siège social. Si le siège est
fictif, la personne morale est établie là où elle a son activité effective.

B- L’hypothèse de la pluralité de défendeurs


L’instance peut comporter plusieurs défendeurs, et dans ce cas on permet au demandeur
de saisir à son choix la juridiction du lieu du domicile de l’un des défendeurs. Par exemple, un
défendeur est domicilié à Dédougou, un 2nd à Nouna, un 3ème à Bobo, le demandeur peut assigner
ces 3 adversaires ensemble, devant la juridiction de l’une de ces 3 villes afin d’éviter que le
demandeur forme des demandes distinctes devant les tribunaux différents. Toutefois, la solution
pour être appliquée requiert la réunion de certaines conditions.

- La juridiction saisie doit avoir compétence d’attribution à l’égard de tous les


codéfendeurs. Si l’un des défendeurs relève du Tribunal d'Instance, et l’autre du Tribunal de
Travail, la solution est inapplicable.

- Il doit exister un lien de connexité ou d’indivisibilité entre les différentes demandes.


C'est à dire, un lien de parenté tel qu’il soit de bonne justice de les instruire et de les juger
ensemble.

- La juridiction saisie doit être celle du domicile de l’un des codéfendeurs.

C- L’hypothèse d’une élection de domicile

L’article 43, alinéa 4 du Code de procédure civile offre au demandeur la possibilité


d’assigner le défendeur devant le juge du domicile élu. Le domicile élu est un domicile
indépendant du domicile réel, choisi expressément ou tacitement pour l’exécution de certains
actes. Par exemple, dans certains cas, la loi prévoit que la constitution d’un avocat emporte
élection de domicile (article 57 du Code de procédure civile) ; de même, le demandeur qui dans
un acte introductif d’instance (une assignation par exemple), indique un domicile autre que celui
où il se trouve réellement, fait tacitement élection de domicile. L’élection de domicile produit un
effet attributif de compétences territoriales.

II- Les assouplissements à la règle du forum rei ou à la règle de principe : les


options de compétences

Dans certains cas, la loi offre au demandeur une option, c'est à dire le choix de citer son
adversaire devant le Tribunal du lieu de son domicile (règle du forum rei), ou devant une autre
juridiction. Il y a de ce fait une altération à la règle du forum rei, dans le souci toutefois de mieux
protéger le demandeur.

A- En matière contractuelle (article 45 du Code de procédure civile)

Le demandeur peut en matière contractuelle saisir à son choix, outre le tribunal du lieu de
domicile du défendeur, celui du lieu où le contrat s’est formé, ou celui du lieu où l’obligation doit
être ou a été exécutée.

B- En matière délictuelle

La victime, dans ce cas, dispose d’une option entre le tribunal du lieu du domicile du
défendeur ou le tribunal du lieu du fait dommageable.

Par exemple : en matière de responsabilité civile pour faute, on peut saisir le tribunal du lieu où
la faute a été commise. Il s’agit ainsi d’éviter à la victime de se déplacer. Aussi, le tribunal du lieu
du fait dommageable paraît le plus indiqué pour conduire les enquêtes et expertises qui seront
éventuellement ordonnées.

C- En matière mixte immobilière (article 45)

Il existe une catégorie d’action que l’on appelle les actions mixtes, qui se caractérise par
le fait que la demande porte tout à la fois sur un droit réel et sur un droit personnel. C’est le cas
par exemple, d’une action en résolution d’une vente d’immeuble, ou d’une action en délivrance
d’un immeuble. Dans ce cas, le demandeur peut choisir de porter son action soit devant le
tribunal du lieu du domicile du défendeur (droits personnels en cause), soit devant dans le
ressort duquel est situé l’immeuble (droits réels immobiliers en cause).

D- En matière d’aliments ou de contribution aux charges du ménage

Une option de compétence est ouverte au demandeur créancier alimentaire, entre le


tribunal du lieu du domicile du défendeur débiteur alimentaire, et celui du lieu du créancier
alimentaire, autrement dit, le tribunal du domicile du demandeur. Il en est de même en matière
de contribution aux charges du mariage.

E- En matière commerciale

Une option très large de compétence est offerte au demandeur qui peut saisir soit le :
- tribunal du domicile du défendeur ;
- tribunal dans le ressort duquel la promesse a été faite, c'est à dire, le tribunal du lieu
de la conclusion du contrat ;
- tribunal dans le ressort duquel la marchandise a été livrée, c'est à dire, celui du lieu
d’exécution du contrat ;
- tribunal dans le ressort duquel le paiement doit être effectué.

F- Les actions mettant en cause un magistrat ou un auxiliaire de justice

Lorsqu’un litige concerne un magistrat ou un auxiliaire de justice, le demandeur peut


saisir une juridiction située dans un ressort limitrophe de la juridiction dans le ressort de laquelle
le magistrat ou l’auxiliaire de justice exerce ses fonctions. Lorsque le demandeur n’use pas de sa
faculté, le défendeur peut demander le renvoi de l’affaire devant une juridiction située dans un
ressort limitrophe.

Paragraphe 2 : Les règles particulières de la compétence territoriale

Il s’agit de règles de compétences territoriales qui dérogent au forum rei, en raison du désir de
protéger l’une des parties, ou de la volonté de situer le procès le plus près possible du lieu où se
sont produits les faits litigieux. Ces dérogations à la règle du forum rei, proviennent de la volonté
du législateur (dérogation légale) ou de celle des parties (dérogation conventionnelle).

I- Les dérogations légales

Elles sont prévues dans divers domaines par des dispositions du Code de procédure civile
ou dans des textes spécifiques.

A- En matière immobilière (article 44, alinéa 1 du Code de procédure civile)

La juridiction compétente est celle du lieu où est situé l’immeuble. En effet, celle-ci
paraît la mieux placée pour ordonner le cas échéant, les expertises qui s’imposent. Par exemple,
si une action en revendication est engagée relativement à un immeuble situé à Kaya, c’est le
Tribunal de Grande Instance de Kaya qui sera compétent, même si le défendeur est domicilié à
Tenkodogo. La règle a un caractère impératif.

B- En matière successorale (article 44, alinéa 2 du Code de procédure civile)


La juridiction compétente en l’espèce est celle du lieu où la succession est ouverte,
autrement dit, le tribunal du domicile du défunt. En effet, c’est ce tribunal du domicile du défunt
qui paraît le plus qualifié pour statuer sur les demandes relatives à la succession, car c’est là que
se trouve les titres et éventuellement les autres biens à partager. Par conséquent, la preuve plus
facile à administrer. Ainsi, ce tribunal est compétent pour connaître des demandes entre
héritiers, de celles formées par les créanciers du défunt contre la succession, et des demandes
relatives à l’exécution des dispositions à cause de mort.

C- En matière de divorce ou de séparation de corps (article 368 du Code des personnes


et de la famille)

Le tribunal normalement compétent en l’espèce, est celui du domicile de la famille et à


défaut de domicile commun entre les époux, celui du lieu où réside l’époux avec lequel habitent
les enfants mineurs, et à défaut d’enfants mineurs, le tribunal du lieu où réside l’époux qui n’a
pas pris l’initiative du divorce ou de la séparation de corps.

D- En cas de recouvrement des frais par les avocats et les huissiers (article 50 du Code
de procédure civile)

Dans ce cas, les demandes formelles sont portées devant le tribunal où les frais ont été
exposés.

II- Les dérogations conventionnelles

Ces dérogations dépendent de la volonté des parties, qui sous certaines conditions
pourront stipuler dans leurs contrats, des clauses attributives de compétence territoriale,
dérogatoires aux règles légales de compétence territoriale. En effet, ces clauses ont pour effet,
d’opérer une extension de compétence territoriale, d’où leur examen avec la question de la
prorogation volontaire de compétence.
CHAPITRE II : LA PROROGATION DE COMPETENCE

Proroger la compétence d’un tribunal, c’est selon Mr Perrot : « lui donner le pouvoir de
juger une demande qui normalement excède les limites de sa compétence d’attribution ou de
sa compétence territoriale, telle qu’elle a été définie par la loi ».

Dans cette hypothèse, deux situations sont ici visées, la prorogation légale de
compétence et la prorogation conventionnelle ou volontaire de compétence.

Dans la première hypothèse, la prorogation ne concernerait que la demande principale, à


l’exclusion des moyens de défense et des demandes incidentes. A l’occasion d’une demande
introductive d’instance, le tribunal compétent voit, par le fait de la loi, sa compétence s’étendre
automatiquement à l’examen des moyens de défense et des demandes incidentes, il s’agit de la
prorogation légale de compétence. Dans la seconde hypothèse, la prorogation de compétence
peut être du fait des parties qui, sous certaines conditions, pourront soumettre à un tribunal, par
une demande principale, une affaire pour laquelle il n’est pas normalement compétent. C’est
l’hypothèse de la prorogation conventionnelle ou volontaire de compétence.

SECTION 1 : LA PROROGATION LÉGALE DE COMPÉTENCE

Le problème est de savoir les limites dans lesquels s’exerce le pouvoir de statuer d’une
juridiction. Le juge est compétent pour statuer sur la demande initiale, demande introductive
d’instance. Est-il aussi compétent pour statuer sur toutes les demandes incidentes, sur tous les
moyens de défense ou tous les incidents d’instance qui surgissent au cours du procès  ? Quelle
est donc l’étendue de la compétence du juge ?

La loi permet parfois au juge la possibilité de statuer sur une question qui lui est posé à titre
accessoire alors qu’elle n’entre pas dans sa compétence, s’il en avait été saisi à titre principal.

La solution est acceptable, dans la mesure où il s’agit d’éviter le dépècement du procès,


la perte de temps et d’argent, de même que le risque de contrariété de décisions, en faisant
examiner par la même juridiction saisie la demande initiale, les moyens de défense et les
demandes incidentes.

Paragraphe 1 : Les moyens de défense

S’agissant d’un simple moyen de défense (défense au fond, exception de procédure, fin
de non recevoir), la compétence de la juridiction saisie de la demande initiale s’étend en principe
aux moyens de défense. C’est la règle de principe qui comporte toutefois, certaines limites
d’application.

I- Le principe : le juge de l’action est juge de l’exception

Le principe signifie que le juge compétent pour statuer sur la demande principale, dont il
a été saisi, l’est également pour se prononcer sur tous les moyens de défense opposés à cette
demande. Le principe s’applique devant toutes les juridictions, celles de Droit commun comme
celles d’exception. Par exemple, si le défendeur invoque devant le Tribunal de Grande Instance,
une question relative au droit du travail, la juridiction saisie de la demande principale (TGI) doit
en principe connaître de ce moyen (l’article 36 du Code de procédure civile). Cette règle se
justifie pour 2 raisons essentiels à savoir d’une part, ne pas briser l’unité du litige en appréciant
les lois du demandeur en même tant que tous les moyens qui lui sont opposés et d’autre part,
faire une économie de temps et d’argent.

L’application de la règle emporte les conséquences suivantes à savoir, l’application du


principe concerne aussi bien la compétence d’attribution que la compétence territoriale d’une
part et, l’application de la règle selon laquelle : « le juge de l’action est juge de l’exception »,
d’autre part.

II- Les limites au principe

Le principe selon lequel « le juge de l’action est juge de l’exception », n’a pas une portée
absolue. En effet, ce principe est écarté toutes les fois que la question soulevée par les moyens
de défense, relève de la compétence exclusive d’une autre juridiction, que celle qui a été saisie
de la demande principale. Lorsqu’il en est ainsi, la juridiction saisie de la demande doit surseoir à
statuer en attendant que la juridiction exclusivement compétente se prononce sur le moyen de
défense. Ensuite, le tribunal statuera sur la demande principale en fonction de la solution qui
aura été donnée par le tribunal exclusivement compétent. En pareil cas, on dit qu’il y a question
préjudicielle et dans ce cas, la règle selon laquelle le « juge de l’action est juge de l’exception »
est tenue en échec. La question préjudicielle peut être générale ou spéciale.

Elle a un caractère général, lorsque la compétence appartient exclusivement à un


tribunal qui relève d’un ordre de juridiction autre que l’ordre judiciaire. Précisément, elle est
générale en ce sens qu’aucun tribunal de l’ordre judiciaire n’a compétence pour statuer. Il en est
ainsi :

- lorsque la compétence appartient à une juridiction de l’ordre administratif. C’est


le cas par exemple, lorsqu’il s’agit d’apprécier la légalité d’un acte administratif.
- lorsque la compétence appartient à une juridiction de l’ordre pénal. Il faut
rappeler à cet égard, la règle selon laquelle « le criminelle tient le civil en l’état », de telle sorte
que si la solution d’un litige dépend d’un jugement qui doit être rendu par une juridiction
répressive, le tribunal civil saisi doit surseoir à statuer même s’il s’agit d’un Tribunal de Grande
Instance, juge de Droit commun.

La question préjudicielle est dite spéciale, lorsque la compétence exclusive appartient à


une juridiction de l’ordre judiciaire civil. A ce niveau, il faut rappeler que le Tribunal de Grande
Instance a une compétence exclusive pour certaines questions graves pour les biens ou pour les
personnes, ou encore pour l’ordre public. Si, le moyen de défense a pour objet une matière qui
relève de la compétence exclusive d’une juridiction autre que le tribunal saisi de la demande
principal, celui-ci n’est pas compétent pour se prononcer sur le moyen de défense. Si toutefois,
ce moyen de défense commande la solution finale sur la demande principale, le tribunal saisi de
la demande principale doit surseoir à statuer. Il n’est pas juge de l’exception. Par exemple, si à
l’occasion d’un litige, pendant devant le Tribunal d'Instance, le défendeur prétend que l’une des
pièces sur lesquelles la demande est fondée, est entachée de faux.

Paragraphe 2 : Application à la compétence relative


aux demandes incidentes

Les demandes incidentes sont constituées par demandes additionnelles, les demandes
reconventionnelles et les demandes en intervention. La question se pose de savoir, si le juge
compétent pour connaître la demande principale, l’est également pour connaître les
demandes incidentes, alors même que celles-ci, introduites à titre principal relèveraient de la
compétence d’une autre juridiction.

I- Le principe (article 38 du Code de procédure civile)

En principe, une juridiction ne peut se prononcer sur les demandes incidentes que si celle-
ci entre dans sa compétence d’attribution. Il s’ensuit la règle que les demandes incidentes à la
différence des moyens de défense, ne donnent pas en principe lieu à prorogation de
compétence. Par exemple, si un Tribunal de Travail, est saisi d’une demande incidente de nature
civile, il est incompétent pour en connaître et, doit la déclarer irrecevable. Il s’agit ainsi d’éviter
un élargissement de la saisine du juge et particulièrement du juge d’exception, à des prétentions
qui par leur nature ou leur valeur échappent à sa compétence, et risque de ce fait de faire échec
aux règles de compétence d’attribution, établies dans le souci d’une bonne administration de la
justice.

II- L’exception

Le Tribunal de Grande Instance en tant que tribunal de Droit commun, connaît des
demandes incidentes qui ne relèvent pas de la compétence exclusive d’une autre juridiction. En
somme, la même règle que celle des moyens de défense (« le juge de l’action est juge de
l’exception »), est en espèce appliquée.

SECTION II : LA PROROGATION CONVENTIONNELLE


OU VOLONTAIRE DE COMPETENCE

La prorogation conventionnelle de compétence est l’hypothèse dans laquelle les parties,


d’un commun accord, décident de portée leur litige devant un autre tribunal autre que celui
normalement désigné par la loi. Par exemple, par accord de volonté, les parties décident de saisir
le TGI de Koudougou, alors que c’est le TGI de Ouagadougou qui est compétent.

Le problème est de savoir dans quel cas, la prorogation volontaire de compétence est elle
possible, aussi bien pour la compétence d’attribution que pour la compétence territoriale.

Paragraphe 1 : La prorogation conventionnelle de la compétence d’attribution

L’atteinte aux règles de compétence d’attribution par un accord de volonté des parties
peut concerner l’ordre de juridiction, le degré de juridiction et enfin la nature de la juridiction.

I- Concernant l’ordre de juridiction

Il y a incompétence absolue des parties pour toute prorogation d’un ordre à un autre
ordre. Par exemple, les parties ne peuvent d’un commun accord, décider de saisir une juridiction
administrative à la place d’une juridiction civile ou criminelle normalement compétente.

Exceptionnellement, dans certains cas, la loi admet que l’ordre des juridictions ne soit
pas respecté. Par exemple, en matière de responsabilité civile, la victime d’une infraction pénale
peut demander la réparation du dommage à la juridiction répressive par le biais de l’action civile
jointe à l’action pénale. De même, la loi permet que le tribunal civil puisse prononcer des peines
contre ceux qui troublent l’audience (article 358 du Code de procédure civile).

II- Le degré de juridiction


Le principe du double degré de juridictions permet de faire juger une affaire 2 fois, la 1ère
fois par une juridiction de 1ère instance ou de 1er degré, et la 2nde fois par la Cour d’appel,
juridiction de 2nd degré. En principe, et parce qu’il vise à assurer une bonne administration de la
justice, ce principe du double degré est considéré comme étant d’ordre public. Par conséquent, 2
personnes ne pourraient pas se mettre d’accord pour porter directement une affaire devant la
Cour d’appel, juge de 2nd degré, sans passer par le juge du 1er degré. De même, les parties ne
devraient pas pouvoir former devant la Cour d’appel, une demande nouvelle qui n’a pas été
examinée par les juges de 1er degré.

III- La nature des juridictions

L’hypothèse visée est celle où, d’un commun accord, les parties entendent saisir une
juridiction de 1ère instance autre que celle voulue par la loi. Par exemple, les plaideurs décident
de saisir le TGI à la place du Tribunal de travail. Dans quelle mesure cela est-il possible ?

Le TGI en l’espèce est naturellement incompétent en raison de la nature de l’affaire. Mais


la juridiction pourrait également être incompétente en raison de la valeur de l’affaire. La
question posée est donc de savoir, si les parties pourraient conventionnellement donner
compétence à la juridiction matériellement incompétente ?

La 1ère règle, la plus certaine en la matière, est qu’aucune prorogation conventionnelle de


compétence d’attribution n’est admise au profit d’une juridiction d’exception. Par exemple, il
n’est pas possible pour les parties de convenir qu’une affaire de nature civile sera jugée par le
Tribunal de travail. La raison tient au fait que les attributions des tribunaux d’exception sont
strictement délimitées (compétence fermée), afin d’assurer le bon fonctionnement de la justice,
d’où leur caractère impératif et d’ordre public.

Est-il alors possible aux parties de se mettre d’accord pour permettre au demandeur de
saisir le TGI, juge de droit commun, alors que compte tenu de la nature du litige, il revient
légalement au Tribunal de travail d’en connaître ?

- Le TGI est la juridiction de droit commun de l’ordre judiciaire privé, plus


exactement de l’ordre judiciaire civil, et en tant que tel, dispose d’une plénitude de juridictions,
signifiant son aptitude virtuelle à connaître de tous les contentieux privés même de celui qui a
été attribué aux tribunaux d’exception. Si une affaire, qui devait en principe aller à une
juridiction d’exception est portée devant le tribunal de droit commun, en l’occurrence le TGI,
l’incompétence de ce dernier sera relative et par conséquent, la prorogation de compétence est
admise.
- Toutefois, l’admission de la validité de principe de la prorogation de compétence
en faveur du tribunal de droit commun ne doit pas porter atteinte à certains principes d’ordre
public. Il existe donc des limites à la prorogation de principe de la compétence d’attribution en
faveur du tribunal de droit commun. La principale limite tient à ce que certaines lois donnent un
caractère d’ordre public, par conséquent, impératif et exclusif à la compétence d’attribution de
certains tribunaux d’exception. Ainsi, chaque fois que le tribunal d’exception normalement
compétent, a une compétence d’ordre public (compétence impérative et exclusive), cela fait
obstacle à ce que le tribunal de droit commun (TGI) puisse être saisi du litige relevant de la
compétence impérative, exclusive, d’ordre public du tribunal d’exception. L’incompétence est
absolue.

Paragraphe 2 : Prorogation conventionnelle de


la compétence territoriale

D’un commun accord, les parties peuvent songer à modifier les règles légales qui
gouvernent la compétence territoriale. En effet, il est fréquent que dans un contrat, notamment
les contrats entre commerçants, il soit inséré une clause qui attribue formellement compétence
au tribunal de telle ou telle autre ville déterminée. Par exemple : « tout litige ou différend né de
la formation, de l’exécution ou de l’interprétation du présent contrat sera porté devant le
tribunal de Banfora. » Il s’agit d’une clause attributive de compétence territoriale. Lorsque
celle-ci est valable, elle engage les parties d’une part, et s’impose à la juridiction saisie, d’autre
part. En conséquence, les parties doivent porter leurs litiges devant la juridiction
conventionnellement désignée, et non point devant celle légalement prévue.

I- La nullité de principe des clauses attributives de compétence territoriale (Article 51,


alinéa 1 et 2 du Code de procédure civile)

Selon l’article 51, alinéa 2, « toute clause qui directement ou indirectement déroge aux
règles de compétence territoriale, est réputée non écrite… ». Ainsi, la condamnation des clauses
attributives de compétence territoriale est générale, elle vise les accords de compétence insérés
dans les contrats conclus avant tout litige. Ces prorogations conventionnelles de compétence
territoriale peuvent être directes. Par exemple, il est stipulé, « en cas de litige sera compétent
le tribunal de commerce de Bobo ». Elles peuvent aussi être indirectes par la stipulation par
exemple, d’une élection de domicile. La disposition de l’article 51, alinéa 2, a pour conséquence
d’ériger les règles de compétence territoriale en règles d’ordre public « … à moins qu’elle n’ait
été convenue entre des personnes ayant toutes la contracté en qualité de commerçants et
qu’elle ait été spécifiée de façon très apparente dans l’engagement de la partie à qui elle est
opposée ». Il s’agit principalement d’un ordre public de protection, destiné à prémunir les
consommateurs, présumés faibles, contre les abus des commerçants, et d’une manière générale,
des professionnels présumés puissants. En cas de stipulation de la clause, la fonction est qu’elle
est réputée non écrite. Cependant, seule la clause est nulle, le contrat demeurant valable.

II- La validité d’exception des clauses attributives


de compétence territoriale

La nullité de principe de la clause attributive de compétence territoriale ne vaut pas entre


commerçant. Pour eux, ces clauses demeurent exceptionnellement valables. En effet, on
présume que les commerçants sont des professionnels avisés, tout à fait capable de mesurer le
risque contractuel induit par la clause, et de ce fait, égaux entre eux. Ces clauses sont ainsi
valables à l’égard des commerçants, quand bien même elles seraient combinées avec une clause
illicite de compétence d’attribution. Toutefois, la validité de ces clauses est subordonnée à de
strictes conditions de fond et de forme, qui, si elles sont réunies, permettent à la clause de
produire tous ses effets.

A- Les conditions de fond de la clause attributives de compétence territoriale

Ces conditions sont de deux ordres, les parties doivent être toutes commerçantes d’une
part, et avoir contracté en qualité de commerçant, d’autre part.

Ces deux conditions sont rigoureusement appréciées par la jurisprudence. En effet, la


jurisprudence soutient que la clause attributive de compétence territoriale est inopposable au
commerçant qui contracte pour les besoins de sa vie privée. De même, que la qualité de
commerçant ne peut être attribuée à une personne qui accomplit un acte de commerce isolé.

B- Les conditions de forme


La clause attributive de compétence territoriale doit « … spécifier de façon très
apparente dans l’engagement de la partie à qui elle est opposée. » (article 51, alinéa 2 du CPC).
Ainsi, en découlent les conséquences suivantes :
- la clause n’a pas à faire l’objet d’une acceptation distincte de l’ensemble du
contrat dès lors qu’elle lui est incorporée ;
- sont condamnées, toutes les clauses extérieures et donc postérieures au contrat,
telles celles qui figurent sur une facture, une lettre, ou tout autre document contractuel ne
constituant pas le contrat. Toutefois, lorsque ces clauses sont stipulées dans les conditions
générales du contrat, elles sont en principe valables sous la condition qu’il soit prouvé qu’elles
ont pu être loyalement connues et acceptées par la partie à laquelle elles sont opposées.

III- Effets des clauses attributives de compétence territoriale

Lorsque les conditions de fond et de forme sont remplies, les clauses attributives de
compétence territoriale sont valables et produisent tous leurs effets. Ainsi, ces clauses sont
opposables non seulement aux contractants eux-mêmes, mais aussi aux divers ayants droits des
contractants, notamment au tiers intéressé. Lorsque la clause n’est pas jugée conforme aux
conditions de validité exigées, elle ne peut produire effet, et dans ce cas, les règles légales de
compétence territoriale retrouvent leur application, y compris celles qui offrent au demandeur
une option de compétence.
DEUXIEME PARTIE : L’ACTION EN JUSTICE

L’action en justice est un pouvoir légal, en vertu duquel une personne saisit une autorité
juridictionnelle, à l’effet de l’obliger à statuer sur le fond d’une contestation. De cette
définition, il ressort les éléments suivants :
- d’abord, le caractère légal du pouvoir d’agir, signifiant que l’action en justice est un
pouvoir donné par la loi ;
- ensuite, la nécessaire saisine d’une autorité juridictionnelle, c'est à dire d’un juge,
qui rendra un jugement, ayant autorité de la chose jugée ;
- enfin, l’obligation pour le juge saisi de statuer sur le fond de la contestation qui lui a
été soumise.

L’action en justice, selon Eduardo Couture, « est le substrat civilisé de la vengeance privée ».


Ainsi, l’article 11 du Code de procédure civile définit l’action en justice comme : « le droit pour
l’auteur d’une prétention d’être entendu sur le fond de celle-ci, afin que le juge la dise bien ou
mal fondée ». Sa mise en œuvre nécessite l’existence de conditions d’ouverture et d’exercice.
CHAPITRE I : L’EXISTENCE DU DROIT DE L’ACTION
EN JUSTICE

L’action en justice fonde juridiquement l’activité judiciaire des parties. En effet, c’est soit
en vue de l’exercice de l’action justice, soit en raison de son exercice, que les parties
accomplissent les divers actes de procédures civiles.

La théorie générale de l’action en justice est essentiellement l’œuvre de la doctrine et de


la jurisprudence. Elle consiste en 1er lieu, à préciser d’une part, la notion de l’action en justice et
d’autre part, ses caractères. En 2nd lieu, la théorie de l’action en justice a permis la description et
la classification des actions en justice, ainsi que l’élaboration des conditions de sa mise en
œuvre.

SECTION I : GENERALITES SUR L’ACTION EN JUSTICE

L’approche générale concerne la notion de l’action en justice, sa nature et la


classification des actions en justice.

Paragraphe 1 : Notion et nature de l’action en justice

Il s’agit de préciser la notion puis les caractères l’action en justice.

I- La notion de l’action en justice

Pour la doctrine moderne, l’action est le pouvoir d’être entendu du juge dans sa
prétention, et d’obtenir de lui, une décision sur le fond de celle-ci.

Par ailleurs, l’action en justice se distingue du droit subjectif, dont elle tend à assurer la
protection et est, de même différente de la demande en justice.

A. Les rapports entre le droit et l’action en justice

Il existe des différences mais aussi des liens entre le droit et l’action en justice.

1. Différences entre le droit et l’action

Ces différences se situent sont perceptibles à plusieurs égards :


- il existe des droits qui sont dépourvus de toute action, telles les obligations
naturelles, les créances à terme ou les créances prescrites.
- il existe des actions en justice sans droits, cela, contrairement à la doctrine
classique selon laquelle « pas de droit, pas d’action ». C’est l’hypothèse des actions qui ne se
fondent pas sur un droit subjectif, et qui forment ce que l’on appelle le contentieux objectif. Par
exemple, dans certains cas, il est reconnu au ministère public une action en nullité du mariage,
pour autant ce dernier ne dispose pas d’un droit subjectif pour cette annulation. De même,
lorsque le demandeur invoque un droit purement imaginaire, et que sa demande est rejetée au
fond, le juge dans es cas, ne fait que constater l’absence de droit du demandeur. Toutefois, la
recevabilité des demandes atteste de l’existence d’actions, c'est à dire de la reconnaissance d’un
pouvoir d’être entendu du juge pour ses prétentions.
- pour la protection du même droit, il peut exister plusieurs actions. Par exemple, le
vendeur impayé peut agir soit en exécution, soit en résolution du contrat de vente.

2. Les liens entre le droit et l’action en justice

- la qualification de l’action en justice dépend de la nature et des caractères du


droit en cause. Par exemple, l’action est mobilière si le droit qu’elle tend à protéger est mobilier,
et elle sera immobilière si le droit prétendu par le demandeur est immobilier. De même, l’ action
en justice est une action réelle ou personnelle selon que le droit invoqué est un droit réel ou un
droit personnel. La qualification de l’action étant importante pour déterminer ses conditions
d’exercice, le juge doit s’intéresser à la nature du droit invoqué.
- le droit demeure le fondement de l’action en justice, quand bien même
l’existence de l’action ne présuppose pas celle d’un droit. Toutefois, l’action en justice ne peut
être exercée par les particuliers que dans la mesure où ils invoquent la violation d’un droit
subjectif dont ils se prétendent à tord ou à raison titulaire.

B. Les rapports entre l’action et la demande


Il faut éviter d’une manière générale, de confondre l’action en justice avec les divers
actes de procédure par lesquels elle se manifeste et plus précisément, avec la demande en
justice.

L’action est le pouvoir légal de saisir les tribunaux, tandis que la demande est l’acte de
procédure par lequel s’exerce ce pouvoir. Selon la doctrine, « la demande en justice est l’acte
d’ouverture des hostilités ».

Des demandes régulièrement formées devant le juge peuvent cependant être sans
action. Il en est ainsi chaque fois que la demande est déclarée irrecevable. Par exemple, lorsque
le demandeur est sans qualité pour introduire une action en justice, celle-ci sera déclarée
irrecevable quoique régulièrement formée, car le demandeur sans qualité n’a pas d’action.

L’action préexiste à la demande, d’où le fait que l’on puisse donner mandat à un tiers
pour son exercice.

L’action survit à la demande, ainsi, le rejet d’une demande introduite devant un juge
incompétent où sa nullité laisse néanmoins la possibilité d’introduire une nouvelle demande,
mieux orientée et plus régulière. Ainsi, l’action et la demande ne doivent pas être confondues.

II- Les caractères de l’action en justice

L’action en justice est un droit subjectif et comme tout droit subjectif, son exercice est
facultatif sous réserve d’un exercice abusif.

A. Le caractère facultatif de l’action en justice

Le caractère facultatif de l’action en justice signifie que son titulaire n’a jamais
l’obligation de l’exercer. Il lui appartient d’apprécier l’opportunité du procès autrement dit, de
choisir entre le fait de subir une violation de son droit et celui d’affronter les risques du prétoire
(salle d’audience, tribunal). Si pour une raison ou une autre, le titulaire d’un droit violé, ne
réagissait pas, par l’action en justice pour sa défense, la règle de droit deviendrait, selon
l’expression du Doyen RIPERE, un véritable « bois mort ». Toutefois, nonobstant la pertinence
de cette opinion, il faut reconnaître que sur le plan des réalités concrètes, une personne peut,
dans le souci d’éviter les aléas ou les frais d’un procès, ou encore par espoir d’une conciliation,
renoncer à l’exercice de l’action en justice.
B. Le caractère libre de l’action en justice

1. Le principe de la liberté de l’action

Ce principe signifie que même en cas d’échec, l’exercice de l’action en justice, ne


constitue pas une faute de nature à engager la responsabilité civile de celui qui en a pris
l’initiative. Cette solution s’explique pour les raisons suivantes :
- D’abord, un plaideur peut en toute bonne foi se tromper sur l’étendue de ses
droits, eût égard aux difficultés d’interprétation de la règle de droit d’une part, et d’appréciation
des circonstances de fait d’autre part.
- l’issue d’un procès demeure incertaine. Il ne faut donc pas décourager ceux qui
veulent défendre leur droit, en les faisant craindre une condamnation à des dommages et
intérêts, chaque fois qu’ils viendraient à perdre leur procès.

2- La limite au principe : L’abus du droit d’agir

La théorie de l’abus de droit trouve application en matière judiciaire, dans le cas où un


plaideur exerce une action en justice, à seule fin de nuire à autrui, ou pour retarder la solution
du litige. Quand il en est ainsi, le plaideur engage sa responsabilité et peut se voir condamner à
des dommages et intérêts. C’est le cas par exemple, du plaideur qui exerce de manière
inconsidérément, une action en justice dans un dessein vexatoire, ou encore de celui qui
multiplie les moyens de procédure en vue de retarder l’issue du procès. Cette théorie trouve son
fondement dans l’article 15 du CPC qui dispose que : « l’action malicieuse, vexatoire, dilatoire,
ou qui n’est pas fondée sur des moyens sérieux constituent une faute ouvrant droit à
réparation. Il en est de même de la résistance abusive à une action bien fondée ».

C. Le caractère transmissible de l’action en justice

En règle générale, l’action en justice se transmet aux héritiers. Toutefois, elle se trouve
privée de fondement dans le cas où le droit subjectif à la réalisation duquel elle tend, était
viager. De même, les héritiers ne peuvent pas agir en justice pour mettre en œuvre un droit
attaché à la personne de leur auteur. Mais dans ce cas, on admet en principe qu’ils peuvent
continuer le procès engagé par le défunt. Néanmoins, il existe des actions qui présentent un
caractère strictement personnel, et qui s’éteignent immédiatement par le décès de leur titulaire.
Sur le plan procédural, le décès d’une partie entraînera selon les cas, extinction de l’instance
(hypothèse où l’action n’est pas transmissible), ou interruption de l’instance (hypothèse ou
l’action est transmissible).

D. L’extinction de l’action en justice

L’action en justice s’éteint non seulement par suite de l’extinction du droit qu’elle réalise,
mais aussi pour des causes qui lui sont propres comme le désistement d’action, la chose
irrévocablement jugée, l’acquiescement au jugement. Par ailleurs, l’action est susceptible de
prescriptions extinctives.

Paragraphe 2 : La classification des actions en justice

Il est difficile de dresser un catalogue de toutes les actions possibles. Le souci de


simplification conduit à une classification des actions, suivants les droits auxquels elles sont liées.
Ainsi, on prend en compte soit la nature des droits (droit réel ou droit personnel), soit leur objet
(mobilier ou immobilier), soit encore à la fois leur nature et leur objet, pour qualifier et
catégoriser les différentes actions en justice. Cela conduit à distinguer les actions réelles ou
personnelles, mobilières ou immobilières, et enfin, dans la catégorie des actions réelles
immobilières, les actions pétitoires et les actions possessoires.

I. Action réelle, personnelle et mixte

A. Les intérêts de la classification

 Ces intérêts portent avant toute chose sur la compétence :


- la compétence d’attribution, en ce que la nature de l’action, peut servir de critère
de répartition des affaires entre les juridictions. Ainsi, au Burkina, les actions réelles relèvent en
principe de la compétence exclusive du TGI. Pour les actions personnelles, la compétence
dépend soit de la nature du litige, soit dans certains cas, du montant de la demande (la valeur
du litige). A ce dernier égard, on rappellera que les affaires civiles ou commerciales d’une valeur
comprise entre 1 et 100.000F, relèvent de la compétence des Tribunaux départementaux. Celles
allant de 100.001 à 1.000.000F relèvent du TI et enfin, les affaires civiles d’une valeur supérieure
à 1.000.000F relèvent du TGI.
- la compétence territoriale et à ce dernier égard, les actions réelles immobilières
doivent être portées devant le tribunal du lieu de situation de l’immeuble. Les actions
personnelles doivent normalement être portées devant le tribunal dans le ressort duquel se
trouve le domicile du défendeur (règles du forum rei).
- s’agissant d’une action mixte, une option de compétence est offerte au
demandeur, qui peut saisir à son gré, soit le tribunal du lieu de situation de l’immeuble, soit
celui du lieu de domicile du défendeur.

 Ces intérêts concernent ensuite la procédure :


- les personnes qui peuvent exercer l’action, ou contre lesquelles on peut exercer
celle-ci, varient en fonction de la nature réelle ou personnelle de l’action. Ainsi, l’action réelle
peut être exercée par tous ceux qui se prétendent titulaires d’un droit sur la chose, et contre
tous ceux qui sont détenteurs de la chose. Elle est exercée « in rem » (c'est à dire l’action suit la
chose).
- l’action personnelle ne peut être exercée que par le créancier ou ses héritiers, et
contre le débiteur ou les ayants causes (héritiers) de celui-ci. Elle est exercée « in personam ».

B. Contenu de la classification

1. L’action réelle

C’est l’action qui assure la reconnaissance et la sanction d’un droit réel. Pour connaître
les actions réelles, il suffit de se référer à l’énumération légale des droits réels. Par exemple, au
droit de propriété correspond l’action en revendication ; aux droits de servitude, d’usufruit et
d’usage correspondent soit l’action négatoire par laquelle on demande au juge de reconnaître
que le droit n’existe pas, soit l’action confessoire, par laquelle on lui demande au contraire d’en
reconnaître l’existence.

2. L’action personnelle

C’est l’action au moyen de laquelle on assure la protection d’un droit de créance. Par
exemple, l’action en recouvrement d’une créance. Il est impossible de dresser une énumération
complète de toutes les actions personnelles du moment que celles-ci se rattachent aux
innombrables obligations. La nature personnelle de l’action dépend du seul fait qu’elle est
destinée à sanctionner un droit personnel, et peu en importe la source conventionnelle, légale,
délictuelle ou quasi délictuelle. Il importe peu également qu’il s’agisse d’une obligation de faire
ou de ne pas faire. Quelque soit l’objet de l’obligation à sanctionner, l’action reste une action
personnelle. Par exemple, l’action en réparation de dommages causés à un immeuble reste
personnelle car l’objet du litige ne porte pas sur l’existence d’un droit réel (droit de propriété,
droit de servitude), mais sur l’exécution d’un droit personnel en l’occurrence, la créance de
réparation.

3. L’action mixte

C’est l’action au moyen de laquelle s’exercent la fois un droit réel et un droit personnel,
qui sont nés d’une même opération. En effet, il arrive que d’une même situation juridique, une
personne prétende déduire à la fois un droit réel et un droit personnel. Par exemple, l’acheteur
d’un immeuble devient en principe propriétaire de cet immeuble dès le jour de la vente. Lorsque
cet acheteur agit en délivrance de l’immeuble, il invoque dans la même action, son droit de
propriété (droit réel et sa créance de livraison). D’une manière générale, sont mixtes les actions
qui tendent à l’exécution ou à l’anéantissement de l’acte juridique, créant ou transférant un
droit réel immobilier et engendrant en même temps un droit personnel. Il en est ainsi, par
exemple, de l’action en résolution de la vente d’un immeuble par un vendeur impayé.

II- Action mobilière et action immobilière

A. Intérêts pratiques de la distinction

1. En ce qui concerne les personnes qui ont le droit d’agir.

L’exercice d’une action mobilière est considéré comme un simple acte d’administration.
En revanche, l’exercice d’une action immobilière est considéré comme un acte de disposition,
dont la gravité est unanimement admise. Il s’ensuit que les mandataires, investis d’un pouvoir
général, peuvent exercer une action mobilière, tandis qu’il leur faudrait un mandat spécial pour
exercer une action immobilière.
2. En ce qui concerne la compétence

La compétence d’attribution est celle qui est en cause. Ainsi, les actions immobilières, au
terme de l’article 21 de la loi 10-93 relèvent de la compétence exclusive du TGI.

En revanche, les actions mobilières se répartissent entre les différentes juridictions,


suivant la nature et le montant de la demande.

Quant à la compétence territoriale, au terme de l’article 44, alinéa 1 du Code de


procédure civile, l’action réelle immobilière est portée devant le tribunal du lieu de situation de
l’immeuble.

B. Le contenu de la distinction

Pour que l’action soit mobilière, il faut que l’objet du droit exercé en justice, soit un bien
qui entre dans la catégorie des meubles (meubles par nature ou meubles par anticipation). De ce
fait, la catégorie des actions mobilières est aussi étendue que celle des meubles. Pour que
l’action soit immobilière, il suffit que le droit invoqué en justice porte directement sur un bien
qui appartient à la catégorie des immeubles (immeubles par nature, par destination ou par
l’objet auquel il s’applique).

III- Actions personnelles mobilières ou immobilières et actions réelles mobilières ou


immobilières

En effet, des combinaisons sont possibles entre la classification fondée sur l’objet du
droit exercé, et celle fondée sur la nature du droit.

A. Les actions réelles mobilières ou immobilières

Une action est dite réelle immobilière lorsqu’elle tend à faire sanctionner ou protéger un
droit réel, qui a pour objet un immeuble. Par exemple, l’action en revendication d’un
immeuble. D’une manière générale, les actions réelles immobilières s’appuient sur un transfert
de propriété, ou d’un autre droit réel ayant pour objet un immeuble. Les actions réelles
immobilières sont fréquentes et se subdivisent en actions pétitoires et actions possessoires.

Une action est dite réelle mobilière, lorsqu’elle tend à faire sanctionner un droit réel qui
a pour objet un meuble. Par exemple, l’action en revendication d’un bien meuble perdu ou
volé. Toutefois, de telles actions (actions réelles mobilières) sont rares en raison de la règle de
l’article 2279 du Code civil et selon laquelle : « en fait de meubles, possession vaut titre ».

B. Les actions personnelles mobilières ou immobilières

L’action personnelle mobilière tend à faire sanctionner un droit personnel qui a pour
objet un meuble. Par exemple, l’action en paiement d’une créance.

Au contraire, une action est personnelle immobilière, si elle tend à faire fonctionner un
droit personnel qui a pour objet un immeuble. En pratique, de telles actions sont rares, dans la
mesure où le seul accord développé suffit à entraîner le transfert du droit réel sur l’immeuble.
Toutefois, il peut arriver que certaines créances soient exceptionnellement réputées
immobilières. C’est le cas, par exemple, des créances de dommages de guerre, lorsque le bien
sinistré est un immeuble.

IV- Distinction entre l’action pétitoire et l’action possessoire

Cette classification revêt une importance considérable, et constitue une subdivision des
actions réelles immobilières.

Les actions pétitoires visent à la protection du droit réel immobilier, par conséquent, du
droit de propriété et de tous ses démembrements. Les actions pétitoires tendent ainsi à la
sanction du fond du droit.

Les actions possessoires sont celles qui tendent à la protection de la possession et voir
de la simple détention d’un droit réel.

A. Intérêts de la distinction de l’action pétitoire et de l’action possessoire

Ces intérêts sont à rechercher dans les fondements de l’action possessoire. En effet,
pourquoi instaurer un régime de protection de la possession en dehors même de la
préoccupation de savoir si la possession est le signe d’une véritable propriété. La justification de
l’action possessoire est double.

D’abord, il y a en général coïncidence entre le possesseur et le véritable titulaire du droit,


de sorte qu’en protégeant le possesseur, on protège normalement du même coup, le
propriétaire.
Ensuite, les troubles portés à la possession sont souvent générateurs de troubles à la
tranquillité, à l’ordre et à la paix publique. Il est donc préférable pour éviter cela, de protéger les
situations apparemment acquises. En conséquence, la possession est supposée légitime jusqu’à
la preuve du contraire. Si un tiers s’en estime lésé, plutôt que de se faire justice à lui-même, il
devra saisir le tribunal compétent pour faire établir ses droits. Toutefois, le législateur et la
jurisprudence sont d’accord pour ne pas protéger leurs usurpateurs. C’est pourquoi certaines
précautions sont prises. Ainsi, d’une part, les actions possessoires ne protègent pas n’importe
quelle situation de faite, et d’autre part, le véritable propriétaire, peut toujours se faire
reconnaître son droit par l’exercice d’une action pétitoire.

Les troubles possessoires peuvent prendre des formes variées, et suivant la nature du
trouble, 3 types d’actions possessoires sont mis à la disposition des particuliers : l’action en
complainte, l’action en réintégrande et l’action en dénonciation de nouvelle œuvre. Ces
différentes actions possessoires obéissent à un régime juridique commun, mais en raison des
circonstances différentes de leur survenance, il demeure quelques différences entre elles,
justifiant un régime juridique propre à chaque action.

B. Régime commun aux 3 actions possessoires

1. La capacité et le pouvoir d’agir

Les actions possessoires ne mettent pas en cause le fond du droit. Elles ont davantage un
caractère conservatoire. Ainsi, elles peuvent être exercées par tous ceux qui ont le pouvoir
d’accomplir un acte conservatoire ou un simple acte d’administration.

2. La compétence

Dans le souci de faciliter l’exercice rapide et économique des actions possessoires, ce


sont, du point de vue de la compétence d’attribution, les tribunaux les plus décentralisés qui
ont généralement compétence. Et du point de vue de la compétence territoriale, c’est
généralement le tribunal du lieu de situation de l’immeuble qui doit être saisi. Au Burkina Faso,
c’est le TGI, tribunal de droit commun, qui a reçu compétence exclusive pour connaître des
actions réelles immobilières.

3. Le délai d’exercice
Les actions possessoires destinées à mettre fin à une atteinte à l’ordre et à la tranquillité
publique, doivent être exercées rapidement, eût égard au fait que le trouble possessoire
constitue en tant que telle une situation grave. Les actions possessoires doivent donc être
exercées dans le délai d’un an, à compter du trouble. Ce délai commence à courir dès la 1 ère
manifestation du trouble possessoire, et il peut être suspendu en cas de force majeure.

4. La règle du non-cumul du possessoire et du pétitoire

Les actions possessoires tendent à la protection de la possession en tant que telle.


Autrement dit, de la manifestation extérieure, apparente, factuelle du droit. Il n’est pas permis,
de rechercher devant le juge du possessoire, si le droit existe véritablement, c'est à dire si
l’apparence correspond à la réalité. Le possessoire et le pétitoire ne sont donc jamais cumulés,
d’où la règle dite du non-cumul du possessoire et du pétitoire. Il en résulte des conséquences
importantes pour le juge comme pour les parties.

a. Conséquences de la règle de non-cumul pour le juge du possessoire

- Le juge du possessoire (au Burkina le juge du TGI), ne doit pas rechercher en


fonction d’éléments tirés du fond du droit, quel est le titulaire du droit. Il peut utiliser les titres
de propriétés comme des moyens de preuve, mais uniquement pour prouver que la possession
réunit les conditions légales de la protection possessoire.
- Il est également interdit au juge du possessoire, de surseoir à statuer, dans
l’attente d’une décision du juge du pétitoire.
- De même, le juge du possessoire ne doit pas se prononcer sur le fond du droit, ni
directement dans le dispositif de sa décision, ni indirectement dans un motif qui serait le soutien
exclusif de sa décision.

b. Les conséquences de la règle du non-cumul du possessoire et du pétitoire pour


les parties

- Le demandeur victime du trouble possessoire, qui a d’abord saisi le juge du


pétitoire, ne peut plus ensuite agir au possessoire. Il est réputé avoir renoncé à la protection
possessoire, du moins pour les troubles à la possession antérieures à l’action pétitoire. Si des
troubles nouveaux se produisent en cours d’instance pétitoire, l’action possessoire pourra être
tentée.
- Lorsque l’affaire est engagée d’abord au possessoire, aucune des parties ne
pourra saisir le juge au pétitoire, tant que l’instance possessoire n’est pas terminée. Bien plus, le
défendeur, auteur du trouble possessoire, qui a succombé au possessoire (qui a donc perdu), ne
peut saisir le juge du pétitoire qu’après avoir totalement exécuté les condamnations prononcées
contre lui au possessoire. Particulièrement, il doit mettre fin aux troubles possessoires, car il est
de la volonté du législateur que la possession, voir la simple détention, soit protégée en elle-
même.
- La protection possessoire ne peut être invoquée par le détenteur qui se trouve en
conflit avec celui de qui il détient ses droits. Par exemple, un locataire ne peut exercer l’action
possessoire contre le bailleur, car le juge, pour préciser les droits de l’un ou l’autre, devrait
trancher sur le fond du droit. Cela conduirait alors à un cumul du possessoire et de pétitoire.
5. Conditions de la protection possessoire

La protection possessoire n’est accordée qu’à ceux qui possèdent ou détiennent


paisiblement. Elle est ainsi exclue pour ceux qui se sont mis en possession, ou qui s’y
maintiennent par la force. Dans le cas d’une détention par la force, c’est le juge du pétitoire qui
est compétent pour trancher le litige opposant le possesseur au détenteur de force.

C. Les règles particulières à chacune des actions possessoires

Il existe un régime juridique propre à chaque action possessoire, en raison de leur


origine historique et des circonstances dans lesquelles chaque action possessoire est exercée.

1. Les règles particulières de la complainte

Cette action d’origine coutumière est ouverte au possesseur dont la possession fait
l’objet d’un trouble actuel, c'est à dire, un trouble réalisé au moment où l’auteur engage son
action. Elle suppose réunit les 3 conditions particulières suivantes :
- D’abord, le trouble possessoire peut être soit un trouble de fait, purement
matériel, tel le passage sur le terrain d’autrui, soit un trouble de droit, venant de ce l’auteur du
trouble manifeste sa volonté de nier les droits du possesseur. Par exemple, l’auteur du trouble
fait défense au locataire de payer les loyers entre les mains du bailleur, ou encore il lui fait
sommation de quitter les lieux.

Que le trouble soit de fait ou de droit, il doit, pour qu’il y ait ouverture de la complainte,
tendre à une véritable contradiction à la possession, c'est à dire que son auteur manifeste une
prétention contraire ou invoque un droit contraire à la possession. Par exemple, passer sur le
terrain d’autrui en se prétendant titulaire d’une servitude ;

- Ensuite, la possession doit exister depuis au 1 an pour que le possesseur puisse agir ;
- Enfin, la possession doit être conforme aux exigences de l’article 2229 du Code civil, à
savoir : Elle doit être continue, paisible, publique et non équivoque.
2. Les règles particulières à la dénonciation de nouvelle œuvre

Cette action possessoire vient du droit romain et tend à obtenir la suspension de travaux
qui menace à terme de troubler la possession. Par exemple, un voisin entreprend des travaux
dont il est certain qu’ils contrediront lorsqu’ils seront suffisamment avancés, une s’tervitude de
vue fonder sur un titre. Dans une telle hypothèse, il est préférable d’agir immédiatement pour
prévenir la survenance du trouble, plutôt que d’attendre qu’ils soient réalisés. L’action en
dénonciation de nouvel œuvre est donc une action préventive pour faire cesser un trouble
éventuel. De ce point de vue, elle présente des avantages pour le possesseur comme pour le
tiers. Le 1er, le possesseur, évitera ainsi le trouble en prenant les devants, tandis que le 2 nd, le
tiers, échappera à l’obligation ultérieure de démolir.

A la différence de la complainte, le trouble dont il est fait état pour l’exercice de l’action
en dénonciation de nouvel œuvre, est éventuel et non actuel. Mais, pour le reste, l’action en
dénonciation de nouvel œuvre est soumise aux mêmes conditions d’exercice que la complainte.

Exercice : comparer l’action en dénonciation de nouvel œuvre et l’action en complainte.


D’abord il faut les définir. Puis dire ce qui leur est commun et enfin ce qui les distingue.

3. Les règles particulières à la réintégrande

Cette action possessoire vient du droit canonique et tend à protéger les possesseurs et
même les simples détenteurs qui ont été dépossédés partiellement ou totalement, à la suite
d’une violence ou d’une voie de faite. Par exemple, un tiers abat des arbres que possède son
voisin, ou pénètre de force dans un local possédé par celui-ci. Il est de l’intérêt général et autant
de l’intérêt particulier que les choses soient rapidement remises en état.

La réintégrande est une action possessoire plus largement ouverte à la victime du


trouble possessoire que les 2 autres actions. Ainsi, aucune condition qu’en à la durée de la
possession n’est exigée. En outre, les conditions exigées de la possession, en application de
l’article 2229 du Code civil, se réduisent essentiellement à la quiétude, la paix d’une part, et à la
publicité d’autre part.
SECTION 2 : LES CONDITIONS NÉCESSAIRES POUR POUVOIR
INTENTER UNE ACTION EN JUSTICE

D’une manière générale, pour disposer valablement du pouvoir de saisir les tribunaux,
certaines conditions sont requises. Les unes sont relatives à la personne du sujet qui agit, les
autres concernent, soient l’objet de l’action, soit le temps pour agir. Lorsqu’un juge est saisi
d’une demande, il doit vérifier l’existence de ces conditions, autrement dit, l’existence du droit
pour le demandeur de se faire entendre par le juge. Ces conditions, dans leurs éléments
essentiels (intérêt, qualité, objet et temps pour agir), ouvrent à la recevabilité de la demande, à
distinguer avec la question du bien fonder de la demande, qui est celle de savoir : qu’elle
solution à apporter à l’affaire sur le fond du droit ?

Paragraphe 1 : Les conditions relatives à la personne


du sujet qui agit

I- Le droit d’accès aux tribunaux

En principe, toute personne a accès aux tribunaux, ce droit d’accès étant le corollaire
logique du principe de l’interdiction de se faire justice à soi même.

La faculté reconnue à tous de saisir les tribunaux s’exerce sans discrimination et emporte
les conséquences pratiques suivantes : d’une part, le demandeur doit exister, et d’autre part, la
nationalité de ce dernier est indifférente.

A- L’existence juridique du demandeur

C’est l’évidence que pour saisir les tribunaux il faut exister juridiquement. En pratique,
cela signifie d’une part, que la demande en justice formée au nom d’une personne décédée est
irrecevable, et d’autre part, sont également irrecevable les demandes formées par des
groupements n’ayant pas la personnalité juridique par exemple, une association non déclarée.

B- L’indifférence de la nationalité du demandeur


Pour l’accès aux tribunaux, aucune discrimination n’est établie selon que le demandeur
est burkinabè ou étranger. Un étranger voire un apatride peut s’adresser à la justice burkinabè
sous réserve que les tribunaux burkinabè soient compétents. Toutefois, afin de garantir le
défendeur burkinabè ou même étranger contre l’insolvabilité du demandeur étranger, il est
exigé que ce dernier verse préalablement une caution appelée caution judicatum solvi. Ainsi, le
défendeur burkinabè ou étranger peut faire suspendre l’instance, jusqu’à ce que la caution ait
été personnellement fournie par le défendeur étranger. Pour se faire, il devra invoquer
l’exception de caution judicatum solvi. Le demandeur étranger peut en être dispensé s’il établit
posséder au Burkina Faso des immeubles de valeurs suffisantes pour en répondre.
II- L’intérêt pour agir

Pas d’intérêt, pas d’action, ou encore, l’intérêt est la mesure de l’action. En effet, si
l’exercice d’une action n’est pas susceptible d’offrir une certaine utilité à celui qui en prend
l’initiative, le demandeur doit être déclaré irrecevable, et sa demande rejetée sans qu’il soit
nécessaire d’en apprécier le bien fondé. La règle « pas d’intérêt, pas d’action » a donc d’abord
pour but de couper court aux contestations inutiles de nature à encombrer les tribunaux.
Toutefois, en pratique, la notion d’intérêt est difficile à définir avec exactitude. Concernant sa
nature, il est admis que l’intérêt peut être patrimonial ou extrapatrimonial, pécuniaire ou
simplement moral. Il est également admis que n’importe quel intérêt ne peut être pris en
compte, l’intérêt pour agir doit en effet présenter certains caractères. En effet, il doit être
légitime, né et actuel, direct et personnel.

- La notion de l’intérêt légitime est affirmée par l’article 12 du Code de procédure


civile, mais elle est critiquable en ce qu’elle tend à confondre la question de la recevabilité à celle
du bien fondé. Aussi, l’intérêt légitime est entendu comme un intérêt sérieux, justifié.
- L’intérêt doit être né et actuel. En effet, l’intérêt à agir s’apprécie au jour de la
demande en justice, et l’exigence d’un intérêt né et actuel signifie simplement que l’intérêt doit
exister au moment où a demande est formée. Un intérêt simplement éventuel ou hypothétique
n’est pas de nature à justifier la recevabilité d’une demande. En raison de ce caractère d’un
intérêt né et actuel, se pose le problème de la recevabilité des actions préventives, c'est à dire
des actions qui visent à obtenir du tribunal qu’il se prononce immédiatement sur l’existence, la
validité ou le contenu d’une situation juridique, indépendamment de tout dommage
actuellement réalisé. Ces actions préventives présentent un avantage certain qui est celui de
prévenir le dommage. Mais leur recevabilité se heurte à l’exigence d’un intérêt né et actuel.
Elles ne sont admises que dans des cas prévus par la loi, ou ouvert par la jurisprudence. Il en ainsi
par exemple, de l’action en dénonciation de nouvel œuvre.
- L’intérêt doit être direct et personnel. Cette condition signifie qu’un simple
particulier ne peut saisir un tribunal que dans la mesure où la violation du droit l’atteint dans ses
intérêts propres. En somme, à chacun suffit son intérêt, et l’on ne peut se prévaloir de l’intérêt
d’autrui. Cette exigence de l’intérêt direct et personnel pose le problème de l’action en justice
exercée par un groupement, ou contre un groupement.
Deux (2) hypothèses se présentent : l’hypothèse où le groupement, personne morale,
agit pour la défense d’un intérêt direct et personnel. Il défend son propre intérêt, et il peut
agir. Par exemple, ses locaux (ceux du groupement) sont saccagés et il demande réparation ;
ou encore un autre groupement adopte le même nom, et le groupement ayant subi un
dommage qui lui est personnel, peut se prévaloir d’un intérêt direct et personnel pour agir.
La 2nde hypothèse est celle où le groupement agit pour la défense des intérêts collectifs de la
collectivité qu’il est sensé représenter.

La question de la recevabilité de cette action collective est généralement posée


devant les juridictions répressives, et elle est discutée en raison du risque de concurrence
avec le ministère public, dont c’est le rôle normal de défendre les intérêts généraux de la
société. Il y a donc une hésitation à admettre l’action des groupements pour la défense des
intérêts collectifs. Les solutions sont différentiées selon qu’il s’agit des syndicats ou des
associations. Pour les syndicats, il est admis qu’ils peuvent agir en justice pour la sauvegarde
des intérêts collectifs de la profession. Pour ce faire, il faut que l’intérêt allégué par le
syndicat ait un caractère professionnel, qu’ils répondent aux objectifs poursuivis par le
syndicat, et qu’ils retentissent sur les intérêts collectifs de la profession. Quant aux
associations, elles ne peuvent pas en principe agir en justice pour la sauvegarde des intérêts
collectifs ou généraux, de la collectivité qu’elles sont sensées représenter. Toutefois, dans
certains cas et sous certaines conditions, le législateur peut attribuer à certaines associations
le pouvoir d’agir en justice pour la défense d’intérêts collectifs déterminés. Par exemple, il en
ainsi pour les associations de consommateurs. De même, la jurisprudence admet l’action des
associations de défense, c'est à dire de groupement qui se crée spécialement pour exercer les
actions qui appartiennent à leurs membres individuellement. Par exemple, les habitants d’un
même quartier, forme une association pour s’opposer à l’installation d’un établissement
insalubre dans le quartier. Dans ce cas, la preuve doit être rapportée que chacun des associés
pris individuellement à un intérêt direct et personnel à l’action.

III- La qualité pour agir

La qualité est le titre en vertu duquel une personne exerce en justice le droit dont elle
demande la sanction. L’idée de base est que nul ne peut agir sans un titre qui lui en donne le
pouvoir. Il s’agit ainsi d’éviter les immixtions inopportunes ou intempestives dans le patrimoine
d’autrui. En outre, même dans l’hypothèse ou l’on agirait pour son compte personnel, il existe
des cas dans lesquels l’action ne peut être légalement exercée que par certaines personnes. Il
s’agit dans ce cas d’action attitrée, dans lesquelles le législateur détermine les personnes qui
peuvent agir. Il faut souligner que la qualité ne doit pas exister seulement en la personne du
demandeur. Elle doit exister également en la personne du défendeur. Pour l’appréciation de la
qualité en la distinguant de la condition de l’intérêt direct et personnel, il faut envisager 2
hypothèses : celle où le plaideur agit en son nom personnel, et l’hypothèse où ce dernier agirait
au nom et pour le compte d’autrui.

A- Le demandeur agit en son nom personnel et pour son propre compte

Dans cette hypothèse, il pourrait s’agir :

 En 1er lieu d’une action attitrée, qui est donc celle dans laquelle la loi réserve l’exercice de
l’action à certaines personnes qu’elle prend soin d’énumérer. C’est le cas par exemple, de
l’action en divorce ou encore de l’action en désaveu de paternité ou encore de l’action en
nullité relative,… Dans l’hypothèse de l’exercice d’une action attitrée, la justification de la
qualité fait en général présumer l’intérêt. Il s’ensuite que dans l’hypothèse de mise en œuvre
d’une action attitrée, la qualité apparaît comme une condition autonome de recevabilité
distincte de l’intérêt direct et personnel.

 En 2nd lieu, il pourrait s’agir d’une action dite banale qui est celle pour laquelle le législateur
n’a pas pris soin d’attribuer pouvoir d’agir à une personne déterminée. Pour l’exercer, il suffit
d’avoir un intérêt direct et personnel, pour avoir qualité. Il s’ensuit que la qualité n’apparaît
pas comme une condition autonome de recevabilité. Par conséquent, la démonstration d’une
part de la qualité et d’autre part, de l’intérêt direct et personnel, sont nécessaires pour la
recevabilité de l’action.
B- Le demandeur agit pour le compte d’autrui

Il s’agit dans ce cas d’un représentant qui doit alors, pour que la demande soit recevable,
justifier de son titre (de sa qualité), c'est à dire du pouvoir qui l’habilite à agir au nom et pour le
compte d’autrui. A défaut de la justification de ce pouvoir, la demande sera déclarée irrecevable
pour défaut de qualité. Dans cette hypothèse du demandeur agissant pour le compte d’autrui,
la qualité apparaît comme une condition autonome de recevabilité, distincte de l’intérêt, dans
la mesure où la qualité s’apprécie essentiellement au niveau du représentant, tandis que c’est la
personne du représenté que doit s’apprécier l’intérêt.

IV- La question de la capacité

Pour ester en justice et quelque soit l’objet du litige, il faut avoir la capacité d’exercice,
normalement reconnue à toutes les personnes majeures, c'est à dire les personnes âgées d’au
moins 20 ans. En d’autre terme, pour être titulaire d’une action en justice, il suffit d’avoir la
capacité de jouissance, soit pour une personne physique, être en vie, et pour une groupement,
avoir la personnalité morale.

En revanche, pour exercer l’action par le jeu d’une demande en justice, il faut en principe
avoir la capacité d’exercice et le pouvoir d’agir. Il faut néanmoins tenir compte des incapacités
d’exercice, édictées dans le souci de protéger certaines personnes. Ainsi, le mineur non
émancipé et le majeur en tutelle ne peuvent pas agir en justice. En revanche, leurs
représentants, administrateur légal ou tuteur peut librement introduire une action pour eux dès
l’instant que cette action à un caractère patrimonial. Le majeur en curatelle peut seul, introduire
une action en relative à ses droits patrimoniaux.

Dans l’hypothèse où une demande serait présentée par une personne frappée
d’incapacité d’exercice, la sanction encourue serait la nullité de la demande avec cependant 2
particularités :

o D’abord le caractère relatif de nullité disparaît, en ce sens que l’adversaire de


l’incapable peut se refuser à plaider tant que la procédure n’est pas régularisée.

o Ensuite, une fois le jugement rendu, la nullité ne peut plus être invoquée que par le
moyen d’une voie de recours.
Au total, la capacité d’exercice est moins une condition d’ouverture de l’action qu’une
condition de validité de la demande, c'est à dire de l’acte juridique qui met en œuvre l’action en
justice. Il s’ensuit les 2 hypothèses suivantes :

o Si le demandeur a la capacité d’exercice, il a également en général pouvoir pour agir.


Il peut agir par lui-même, ou mandater quelqu’un pour agir à sa place.

o Si le demandeur n’a pas la capacité d’exercice, il peut néanmoins ester en justice par
l’intermédiaire d’un représentant auquel la loi (par exemple le tuteur), le juge (par
exemple le syndic de liquidation) ou la convention des parties (par exemple l’avocat),
donne pouvoir pour agir.

Paragraphe 2 : Les conditions relatives à l’objet


de l’action (la demande)

En principe, la prétention invoquer pour l’exercice de l’action doit être d’ordre juridique,
c'est à dire susceptible de recevoir une solution positive par l’application d’une règle juridique.
L’objet de la prétention peut constituer une condition d’ouverture de l’action en justice,
autrement dit de recevabilité de la demande. En effet, selon l’article 1351 du Code civil, l’action
de manière générale est refusée aux parties lorsque la demande a déjà été jugée. Il y a dans ce
cas autorité de la chose jugée, et sauf application des voies de recours, une telle prétention déjà
soumise à l’examen du juge n’est plus recevable. En outre, l’action ne doit pas être contraire à la
loi ou aux bonnes mœurs. Par exemple, le juge peut déclarer irrecevable une demande en
restitution consécutive à l’annulation d’une convention contraire aux bonnes mœurs.

Paragraphe 3 : Les conditions relatives à la nécessité d’agir


dans un certain délai

Les actions doivent être exercées dans certaines limites de temps, sinon l’action est
prescrite. La durée de l’action est en principe de 30 ans. Mais, dans de nombreux cas, il existe
des délais plus bref pour saisir le juge. De même, les voies de recours doivent être intentées dans
des délais courts et stricts sous peine d’une forclusion (déchéance). D’une manière générale,
l’action est automatiquement éteinte du fait même de l’écoulement du temps prévu pour agir.
Toutefois, le juge ne peut soulever d’office la fin de non recevoir tirée de la prescription. En
effet, il appartient au bénéficiaire de la fin de non recevoir, de juger de l’opportunité de
l’invoquer ou non. En revanche, il est reconnu au juge par l’article 80 du Code de procédure
civile, du pouvoir de relever le demandeur de la déchéance résultant de l’expiration d’un délai.

En conclusion, concernant les conditions d’exercice de l’action en justice, le Code de


procédure civile retient essentiellement, d’une part, la qualité et l’intérêt, qui constitue les
conditions dites subjectives de l’action, en ce qu’elle concerne les sujets du procès et plus
particulièrement la personne qui saisit le juge. D’autre part, les conditions relatives à l’objet de la
prétention et au temps pour agir, qui sont les conditions objectives de l’action.
CHAPITRE II : LA MISE EN OUEVRE DE L’ACTION
EN JUSTICE

L’action est le pouvoir général d’obtenir du juge qu’il statue sur e fond d’un litige dans le
but de faire reconnaitre un droit subjectif. Elle doit être envisagée sous l’angle de la demande
comme sous l’angle de la défense.

La question est de savoir comment du point de vue procédural, le demandeur tout


comme le défendeur met en œuvre le pouvoir qui lui est reconnu de saisir le juge à propos de sa
prétention contestée.

SECTION 1 : LES DEMANDES EN JUSTICE

Selon la M. Vincent : « la demande en justice est l’acte juridique par lequel une
personne soumet au juge une prétention ».

La question initiale que le juge se pose lorsqu’il reçoit une demande est celle de sa
recevabilité. Il faut en effet, que la demande soit recevable pour que le juge soit tenu de statuer
sur son bien fondé. La demande recevable si le juge est régulièrement saisi, c’est-à-dire, si les
conditions d’existence et d’exercice de l’action sont remplies. Dans le cas contraire, la demande
est irrecevable.

Il existe différentes catégories de demandes et l’introduction d’une demande en justice


produit déférents effets.

Paragraphe 1 : Les différentes catégories de demandes

On distingue deux catégories principales de demandes, la demande principale et les demandes


incidentes.
I- La demande principale ou initiale ou encore
introductive d’instance

Le demandeur use de son pouvoir d’agir en justice en soumettant sa ou ses prétention(s) au juge
par une demande principale dite encore demande introductive d’instance ou demande initiale.
C’est l’acte d’ouverture de l’instance. En droit commun, la demande principale est formée par
voie d’assignation ou par requête conjointe au greffe du tribunal compétent.

II- Les demandes incidentes

Ce sont celles qui sont formées au cours d’un procès déjà engagé, autrement dit, ce sont
des demandes qui n’introduisent pas l’instance. Mais viennent se greffer sur l’instance à titre
d’incident.

Les demandes incidentes se distinguent en fonction des parties dont elles émanent ou
contre qui elles sont dirigées. Il existe donc différentes demandes incidentes émanant soit du
demandeur soit du défendeur, soit du tiers ou encore formées contre des tiers.

A- Les demandes incidentes émanant du demandeur


ou demandes additionnelles

Ce sont des demandes par lesquelles le demandeur modifie sa demande initiale soit en
l’étendant soit en la réduisant. De telles demandes sont possibles dans la mesure où elles se
rattacheraient à la demande initiale ou la prétention initiale par un lien suffisant et qu’elles ne
modifient pas la compétence du juge saisi. Lorsqu’il s’agit d’une demande en compensation, le
juge même en absence d’un lien peut la joindre à la demande principale.

La demande additionnelle est recevable jusqu’à la clôture des débats par conclusion (écrit
lorsque les parties sont représentée et verbalement à l’audience, lorsqu’elles se défendent elles-
mêmes.

B- Les demandes incidentes émanant du défendeur


ou demande reconventionnelle
Ces demandes sont formées dans le cas où le défendeur ne se contente pas de résister à
la demande de son adversaire mais contrattaque en formant à son tour une prétention contre le
demandeur. De ce fait, il tente d’obtenir un avantage distinct de celle du seul rejet de ma
demande principale. La demande reconventionnelle présente des avantages et des
inconvénients.

Sur le plan des avantages, elles permettent d’éviter la contrariété des décisions en
ouvrant au demandeur reconventionnel la possibilité de déposer par de simples conclusions au
cours de l’instance principale, sa demande. Ainsi, les deux demandes seront instruites et jugées
en même temps ou dans les cas, parallèles. De ce fait, si le demandeur est vaincu sur la demande
principale, il peut être victorieux sur la demande reconventionnelle.

En ce qui concerne les inconvénients, les demandes reconventionnelles perturbent plus


ou moins l’instance initiale. Le cas échéant, elles conduisent à une prorogation de compétence
amenant de la juridiction saisie de la demande principale à connaitre du litige qui ne relève pas
de sa compétence.

En outre, les demandes reconventionnelles peuvent constituer des moyens dilatoires.


C’est pourquoi à leur égard, le code a défini un régime procédural rigoureux :
- Tout comme les demandes additionnelles, les demandes reconventionnelles pour
être recevables, doivent être formées avant la clôture des débats par voie de conclusion ou
verbalement à l’audience selon que l’on est représenté ou non d’une part,
- et avoir un lien suffisant avec la demande principale, d’autre part.
- Par ailleurs, afin d’éviter une cascade de demandes reconventionnelles qui
compliqueraient voire rendraient impossible la tâche du juge, on pose la règle selon laquelle
« reconvention sur reconvention ne vaut ». Ainsi, un demandeur ne peut répondre à une
demande reconventionnelle par une autre demande reconventionnelle.

C- Les demandes incidentes émanant de tiers ou demandes


en intervention volontaire

Une telle demande apparait lorsqu’un tiers se mêle à un procès auquel il n’était pas partie
jusque là pour faire valoir ses droits qui pourraient être compromis par le jugement.

L’intervention volontaire est dite principale lorsque le tiers prétend à un droit propre en
entend obtenir une condamnation à son profit contre l’une des deux parties originaires voire,
contre les deux. Par exemple, au cours d’une incidence en divorce, un ascendant intervient et
demande que lui soit confiée la garde des enfants.

L’intervention volontaire est dite accessoire lorsque le tiers ne réclame aucune


condamnation à son profit, mais prend seulement fait et cause pour l’une des parties. Cela, parce
que l’intervenant souhaite que sa situation ne soit pas compromise de quelles que manière à
l’issu d’un procès qui se déroulerait en dehors de lui. Par exemple, l’assureur souhaite que
l’assuré ne soit pas condamné. L’intervention volontaire accessoire a un caractère conservatoire.
C’est pourquoi ses conditions de recevabilités sont plus souples que celles de l’intervention
volontaire principale. Du point de vue de son régime procédural, l’intervention volontaire
principale comme accessoire peut se produire à tout niveau de la procédure. Mais, elle doit se
rattacher aux prétentions des parties par un lien suffisant. Ainsi, l’intervention volontaire peut
apparaitre en appel, alors même, qu’elle porte atteinte au principe du double degré de
juridiction.

D- Les demandes incidentes formées contre les tiers


ou demande d’intervention forcée

Il s’agit de l’hypothèse où l’une des parties ou les deux, attirait malgré elle un tiers à
l’instance pour que le jugement lui soit opposable. La demande d’intervention forcée se produit
notamment dans le cas d’un appel en garantie. Dans ce cas, l’une des parties, en général le
défendeur, appelle un tiers dans le procès pour le forcer à l’indemniser des condamnations qui
pourraient être prononcées contre lui. L’intervention forcée, dans ce dernier cas, tend à obtenir
la condamnation du tiers par sa mise en cause.

Paragraphe 2 : Les effets de la demande

La demande en justice produit ses effets à deux égards. A l’égard du juge, d’une part et à
l’égard des parties, d’autre part.

I- Les effets à l’égard du juge

Le juge saisi d’une demande en justice subi un certain nombre de contraintes. Il doit
examiner la demande sous peine de se rendre coupable d’un déni de justice. Dans l’examen de la
demande, il doit statuer sur touts les prétentions des parties, mais il ne doit pas aborder que ce
qui a été demandé.
II- Les effets à l’égard des parties

La demande a trois conséquences essentielles à l’égard des parties :


- la demande interrompt la prescription même si elle est formée devant un juge
incompétent ;
- elle entraîne une mise en demeure avec toutes ses conséquences,
particulièrement, les intérêts au taux légal sont dus à partir du jour du jour de la demande ;
- elle rend transmissible aux héritiers certaines actions qui ont un caractère
personnel. Il s’agit d’actions qui sont normalement intransmissibles aux héritiers mais qui
peuvent être continuées par ceux-ci lorsque le défunt les intentées de son vivant. Par exemple,
l’action en réclamation d’état ou l’action en révocation d’une donation pour ingratitude.

SECTION II : LES DEFENSES

Le défendeur à un procès peut ne présenter aucune demande reconventionnelle et se


contenter de résister à la demande de son adversaire en soulevant un certain nombre de moyens
de défenses qui sont des défenses au fond, les exceptions de procédure et les fins de non
recevoir.

Paragraphe 1 : Les défenses au fond (Article 120 CPC)

La défense au fond est un moyen par lequel le défendeur entend faire rejeter la demande
de son adversaire au motif que celle-ci serait mal fondée en droit, soit parce que le droit allégué
n’existe pas ou n’existe plus, soit parce qu’il n’a pas l’étendu que son adversaire lui a assigné. Par
exemple, le débiteur poursuivi en paiement de dette, soutient que celle-ci n’existe pas ou
prétend qu’il a déjà payé. La défense au fond s’attaque donc au fond du droit et apparait ainsi,
comme l’antithèse de la demande.

Du point de vue de son régime procédural, la défense au fond peut être invoquée à tout
moment du procès et jusqu’à la clôture des débats. Elle pourrait être même invoquée pour la
première fois en instance d’appel voire devant la cour de cassation si le moyen est de pur droit.
Lorsque le moyen est accueilli par le juge, le demandeur perd définitivement son procès, qui ne
peut plus être recommencé, du moins sur le même moyen. Le litige est couvert de l’autorité de la
chose jugée.

Paragraphe 2 : Les exceptions de procédure

Ce sont des moyens de défense par lesquelles, sans s’attaquer au fond du droit et sans
s’attaquer à la recevabilité de la demande, le défendeur entend faire ajourner la discussion
immédiate de la demande. Selon l’article 121 du CPC : « constitue une exception de procédure,
tout moyen qui tend à faire déclarer la procédure irrégulière ou en suspendre le cours. ». Il
existe différentes exception de procédure et elles sont soumises à un régime procédural
commun.

I- Les différentes exceptions de procédure

A. L’exception de caution judicatum solvis

Elle permet au plaideur d’exiger de son adversaire lorsque celui-ci est étranger et ne
dispose d’aucun bien immobilier au Burkina Faso, qu’il fournisse une caution pour garantir les
frais et les dommages et intérêts auxquels il pourrait être condamné en raison de nombreuses
conventions judiciaires signées par le Burkina Faso. Cette exception tombe de plus en plus en
désuétude.

B. Les exceptions déclinatoires dites encore de renvois constitués par les


exceptions d’incompétence de litispendance, de connexité.

1- L’exception d’incompétence ou un déclinatoire de compétence

C’est l’hypothèse dans laquelle le défendeur décline la compétence du tribunal saisi en


l’estimant incompétent pour connaitre la demande dont-il est saisi. En l’espèce, le défendeur ne
discute pas encore du fond du droit, il sollicite simplement la suspension de l’instance afin qu’il
soit statué préalablement sur la question de l’incompétence ou non du tribunal. En cas
d’exception, la discussion sur le bien fondé de la demande est provisoirement laissée ou
suspendue.

2- L’exception de litispendance ou déclinatoire (article 129 et suivant du CPC)


Elle est soulevée lorsque deux affaires identiques sont portées devant deux juridictions
différentes. Elle a pour objet d’obtenir que l’une de ces affaires soit renvoyée devant la
juridiction saisie de l’autre demande afin que toutes les deux demandes soient par une seule et
unique juridiction.

3- L’exception de connexité

Elle est soulevée lorsque deux demandes différentes, mais qui présentent entre elles des
rapports étroits, sont simultanément portées devant deux juridictions différentes. Dans l’intérêt
d’une bonne administration de la justice, il faut faire juger ces affaires ensemble afin d’éviter des
décisions contradictoires voire impossibles à les exécuter.

C- Les exceptions dilatoires (article 135 et suivant du CPC)

Elles permettent à une personne bénéficiant d’un délai d’option ou d’un bénéfice de
discussion de paralyser la prétention de l’adversaire jusqu’à l’expiration d’un certain délai
pendant lequel l’instance est suspendu. Par exemple, un héritier assigné par un créancier de son
auteur demande à faire l’inventaire pour lequel il dispose selon l’article 56 al.4 du CPF d’un délai
de six (6) mois.

De même, le juge peut accorder un délai au défendeur pour appeler garant. C’est
l’exception d’appel en garantie prévue à l’article 136 du CPC.

II- Le régime procédural des exceptions

Lorsque ces exceptions sont favorablement reçues par le juge, elles ont
exceptionnellement pour résultat d’obliger l’adversaire à régulariser la situation. Par exemple, il
devra réitérer l’exploit introductif d’instance ou encore saisir la juridiction réellement
compétente. Pour éviter que ces exceptions, qui n’ont pour effet que d’ajourner le débat sur le
fond jusqu’à la solution des questions. Il est prévu un régime procédural rigoureux.

- Les exceptions ne peuvent pas être soulevées en tout état de cause. Elles doivent
être soulevées « in liminelitis » c’est-à-dire, dès le début de la procédure avant toute défense de
fond et toute fin de non recevoir.
- Si le plaideur dispose de plusieurs exceptions, il doit en principe les soulever
simultanément toutes ensemble. Cette solution se justifie par la volonté d’éviter que le plaideur
utilise ces exceptions dans un but dilatoire. Toutefois, la règle souffre de quelques exceptions.
Nous avons :
 l’exception de caution judicatum solvi qui doit être présentée avant toute
exception ;
 l’héritier qui demande à faire l’inventaire et délibérer peut être encore invoquer
d’autres exceptions après les six mois prévus ;
 l’exception de connexité peut être invoquée en tout état de cause sauf à être
écartée si elle a été soulevée tardivement dans une intention dilatoire ;
 certaines exceptions de nullité notamment l’exception de nullité fondée sur
l’inobservation des règles de fond relatives aux actes de procédure peuvent être
soulevée en cours de procès. Mais, ces exceptions doivent à chaque fois être
soulevées immédiatement après l’apparition de la cause de nullité.

Paragraphe 3 : Les fins de non recevoir

C’est un moyen de défense qui s’attaque à l’existence même de l’action. Elle tend à faire
déclarer la demande irrecevable. Ainsi, le plaideur qui dénie la qualité de son adversaire ne
prétend pas que sa demande est mal fondée en droit. Ce n’est donc pas un moyen de défense au
fond. La fin de non recevoir ne s’attaque pas non plus à la régularité de la demande, ce n’est
donc pas une exception. Par la fin de non recevoir, le défendeur entend seulement justifier que
l’adversaire n’a pas d’action, parce que fait défaut soit un élément subjectif, soit un élément
objectif. La fin de non recevoir ne doit pas être assimilée à l’exception.

L’exception est un moyen pour paralyser momentanément la demande. Celle-ci peut être
formée à nouveau et le débat va avoir lieu sur le fond. La fin de non recevoir a une portée plus
grave que l’exception, car elle nie à l’adversaire le pouvoir de saisir le juge. Si elle est admise, la
prétention de l’adversaire est définitivement rejetée. C’est donc un moyen de nature à impacter
la décision du procès sans débat sur le fond. L’article 145 du CP définit la fin de non recevoir
comme : « tout moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable par sa demande sans
examen au fond pour défaut de droit d’agir, tels le défaut de qualité, le défaut d’intérêt, la
prescription, l’expiration d’un délai préfixé, la chose jugée ».

Une fois reconnu que l’adversaire n’a pas d’action, sa demande est irrémédiablement
rejetée. C’est la solution de principe qui comporte une nuance à savoir, la régularisation
exceptionnelle de la situation. C’est le cas par exemple du mandataire dont la qualité est
contestée, celui-ci peut régulariser sa situation en se munissant d’’une procuration en bonne et
due forme.

Du point de vue de son régime procédural, la fin de non recevoir peut être invoquée en
tout état de cause sauf, la possibilité pour le juge de condamner au paiement des dommages et
intérêts ceux qui se seraient abstenus de la soulever plutôt dans une intention dilatoire.
TROISIEME PARTIE : L’INSTANCE

L’instance se définit comme la suite d’actes de procédures allant de la demande en justice


jusqu’au jugement OU jusqu’à l’abandon ou le désistement.

Elle fait naître en les parties un lien juridique particulier : le lien d’instance.

CHAPITRE 1 : LE LIEN D’INSTANCE

Selon l’article 11 du Code de procédure civile - L’action est le droit, pour l’auteur d’une
prétention d’être entendu sur le fond de celle-ci, afin que le juge la dise bien ou mal fondée. Pour
l’adversaire, l’action est le droit de discuter le bien-fondé de cette prétention

L’instance est une succession d’actes de procédure qui va de la demande introductive


d’instance jusqu’à la décision de jugement. Toutefois, il y a des rapports de droit qui se créent.

Dès l’assignation, il s’établit entre les plaideurs un lien juridique particulier dit lien
d’instance, générateur, à l’égard des parties et du juge, des obligations et des droits. Les parties
par exemples, vont devoir comparaitre, conclure, rapporter des preuves, etc. Le juge va devoir
par exemple examiner les prétentions des parties et statuer.

Définition de l’instance : L’instance est la mise en œuvre de l’action. L’instance est une
succession d’actes de procédure sur une période déterminée, qui va de la demande introductive
d’instance jusqu’à la décision de jugement. Toutefois, il y a des rapports de droit qui se créent.

Définition technique : l’instance est une situation nouvelle de nature procédurale qui
crée des droits et des obligations à l’égard des parties, et la violation de chaque obligation est
sanctionnée. En général, on a trois personnages durant l’instance : le demandeur, le défendeur
et le juge. Toutefois, le lien d’instance peut aussi englober des tiers dont la présence est
primordiale même si le tiers en lui-même n’a rien à voir avec le litige.

SECTION 1 : LA NATURE JURIDIQUE DU LIEN D’INSTANCE


La question que l’on se pose est de savoir si le lien d’instance est un lien de nature contractuelle
ou un lien de nature légale. Il y a eu une évolution dans le temps.

Paragraphe 1 : La conception traditionnelle : le lien d’instance est un lien de


nature contractuelle

Dans la conception traditionnelle, on estimait que toutes les situations légales étaient le
résultat d’un accord de volonté. C’est en vertu de cet accord que le demandeur est obligé d’aller
devant le juge, et le défendeur obligé de comparaître.

Aussi bien la doctrine que la jurisprudence, pensaient que l’instance était de nature
contractuelle.

Paragraphe 2 : Conception moderne : Le lien d’instance est un lien de nature


légale

Le lien d’instance est un lien de nature légal. C’est la loi qui détermine les pouvoirs et les
devoirs de l’ensemble des participants à l’instance (les parties et le juge). Les parties n’ont pas la
maîtrise exclusive de l’instance. Elle n’est pas de nature contractuelle. C’est la loi qui détermine
les droits et devoirs de chaque partie.

Tout par de la loi. C’est elle qui permet au demandeur de porter sa demande devant le
juge. C’est la loi qui dit au juge qu’il a l’obligation de statuer. C’est également la loi qui oblige le
défendeur à comparaître devant le juge.

SECTION II : LES CARACTERISTIQUES DU LIEN D’INSTANCE

Paragraphe 1 : L’autonomie du lien d’instance

Elle se manifeste sous deux aspects : autonomie vis-à-vis du rapport de droit litigieux et
cette autonomie ne crée par un droit subjectif vis-à-vis de l’Etat ou du juge.

Le rapport de droit initial, le problème de droit qui amène le demandeur en justice ne


substitue pas le lien d’instance. Le lien d’instance n’épouse pas les traits du rapport de droit.

Le lien d’instance est juste un lien de droit et il n’est pas un droit subjectif. C’est un lien
procédural avec ses propres traits de caractères qui crée des droits et des obligations à l’égard du
plaideur.
Paragraphe 2 : Le caractère formel et processuel

Caractère formel : Le demandeur développe le lien formel devant le juge. Il est contraint
de suivre les procédures et de respecter les délais qui s’imposent dans le cadre de l’instance.

Caractère processuel : Le rapport de droit litigieux peut faire naître 2 types de droit
litigieux pour le demandeur. Le droit subjectif est seul mais peut donner lieu à plusieurs types
d’instance (demande initiale, demande connexe, demande additionnelle, demande
reconventionnelle, demande indivisible,…). Par ailleurs, l’instance peut réunir plusieurs
demandeurs ou défendeurs, mais sans lien entre tous. La demande en garantie où un tiers
amène un autre au procès. Il n’y aura pas de lien de droit entre le demandeur et cet autre tiers,
mais seulement entre le tiers qui l’a appelé et cet autre tiers.

Paragraphe 3 : Le caractère évolutif du lien d’instance

L’instance s’étend en général sur un laps de temps plus ou moins long, où le demandeur
et le défendeur sont obligés de poser des actes. A partir de l’enrôlement, l’instance est née. En
effet, la mise en rôle étant l’acte par lequel l’avocat du demandeur saisit le TGI en remettant au
greffe une copie de l’assignation. Cependant, la force du lien d’instance est variable selon
l’étape de la procédure.

La demande interrompt la prescription et fait courir le délai de péremption (Extinction du


lien du lien d’instance quand le demandeur laisse passer un certain délai, voire deux ans, sans
poursuivre la procédure). Toutefois, la péremption n’empêche pas de renouveler la demande si
toutefois la prescription n’est pas déjà accomplie.

SECTION III : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU LIEN D’INSTANCE

Paragraphe 1 : Les éléments subjectifs

La détermination de ces éléments nous conduit à nous poser les questions suivantes :
- Quelles sont les personnes qui bénéficient de la qualité de parties au procès ?
- Quel est le rôle processuel de chacune des parties ?
I- Les parties au procès.

A- La qualité de parties (demandeur et le défendeur)

Les parties au procès sont les personnes physiques ou morales engagées dans le procès,
celles entre qui se crée le lien d’instance du fait de leurs prétentions respectives. La personne
engagée de manière active constitue la demanderesse (le demandeur), celle engagée de
manière passive est qualifiée de défenderesse (le défendeur). Il est formellement fait
interdiction au juge de changer les parties et les qualités dans lesquelles elles comparaissent.

Généralement, l’instance oppose un demandeur face à un défendeur. Il peut y avoir aussi


dans l’instance plusieurs demandeurs ou plusieurs défendeurs. On parle alors de litisconsorts.
Quand il y a des litisconsorts dans un procès, cela exige la prise en compte de :
- de la sauvegarde de l’unicité du procès : c’est-à-dire, faire en sorte que le procès ne soit
pas séparé (à ne pas confondre avec la divisibilité du procès où les conclusions de
chaque parties ne valent que elle seule).

- Pour le cas où il y a plusieurs défendeurs par exemple, le législateur impose au juge


d’attendre l’expiration du plus long délai de comparution.

- de l’indépendance des parties.

Malgré la pluralité de parties au procès, chaque plaideur produit des actes qui ne peuvent ni
nuire ni produire de effets à l’égard d’un autre.

B- Les avantages respectifs des statuts de demandeur et de défendeur

Le demandeur délimite le cadre initial du procès par sa 1 ère prétention. Il exerce aussi les
options de compétence des tribunaux.

Le défendeur se voit imposer le procès et donc sa qualité de plaideur. On l’oblige à


produire des pièces. Toutefois, le demandeur sera amené à plaider devant le tribunal du lieu de
domicile du défendeur. Le défendeur n’intervient pas dans la délimitation du cadre initial du
procès. Cependant, il a la possibilité de modifier le procès avec une demande incidente. Il n’y a
pas de délai de prescription en ce qui concerne les demandes incidentes.

N.B : En matière de preuve, le demandeur tout comme le défendeur ont


chacun les mêmes possibilités d’apport de preuves.
C- Les tiers et le procès

Les tiers sont ceux qui ne sont pas parties au procès. Par conséquent, ce qui est dit à
l’issue du procès ne les touche pas. Ils sont donc protégés par la relativité de la chose jugée.

Toutefois, il peut arriver que les tiers soient mêlés à l’instruction. C’est le cas des témoins,
le cas des tiers détenteurs de documents, etc.

Le tiers peut aussi être englobé au procès. C’est l’hypothèse de l’intervention volontaire
(il y va de lui-même) et de l’intervention forcée (les parties l’obligent à venir au procès). Que
l’intervention soit volontaire ou forcée, son effet est qu’elle élargit le cadre initial du procès.

II- La capacité juridique des parties

A- La capacité de jouissance

C’est la faculté d’agir en justice. Presque tout le monde a la capacité d’agir en justice du
point de vue de l’action en justice.

Pour les étrangers, on peut juste leur opposer la cautio judicatum solvi. Mais, tout le
monde a le droit d’agir en justice à quelques exceptions près.

B- La capacité d’exercice

C’est l’aptitude à faire valoir ses droits en justice. Cette condition est aussi bien exigée du
demandeur que du défendeur.

C- La distinction entre «  pouvoir pour agir en justice  »


et «  capacité pour agir en justice  »

La capacité d’exercice octroie également le pouvoir pour agir en justice. Par contre, le
mineur non émancipé à la capacité d’exercice, mais il n’a pas le pouvoir pour agir en justice. Seul
son représentant légal a ce pouvoir en son nom.

Le pouvoir pour agir est une condition de l’action en justice. La capacité et le pouvoir sont
des conditions de l’exercice de l’action en justice.

III- La représentation et l’assistance des parties


Dans quelles conditions une personne peut-elle se faire représenter ? Selon l’article 4 du
CPC : « Les parties peuvent se défendre elles-mêmes, sous réserve des cas dans lesquels la
représentation est obligatoire.
Elles peuvent se faire représenter ou se faire assister par toute personne de leur choix
suivant ce que la loi permet ou ordonne ».

La représentation n’est pas admise sans réserve. On impose au mandataire de justifier du


titre qui lui donne droit d’agir en qualité de représentant. C’est une garantie pour éviter les
immixtions dans les affaires d’autrui sans son consentement.

On distingue 2 types de représentations : La représentation à l’action ou représentation


ad agentum et la représentation à l’instance ou représentation ad litem 

A- La représentation à l’action ou représentation ad agentum 

Elle permet d’exercer l’action à la place de l’intéressé (mineur non émancipé ou intéressé
non disponible). Il faut que le représentant justifie sa capacité d’agir, son pouvoir d’agir en justice
à la place de l’intéressé. Mais d’où tire-t-on ce pouvoir d’agir ? 
- de loi (administrateur légal, le tuteur) ;

- d’une habilitation judiciaire (époux qui agit pour le compte de son conjoint, pour les
procédures collectives il y a une décision de justice qui désigne le représentant).

Le défaut de pouvoir pour représenter une personne constitue une irrégularité de fond
qui affecte l’acte de procédure. La règle ci-après de la condition de forme : « nul ne plaide par
procureur », signifiait, à l’origine, que personne sinon le roi, ne pouvait se faire représenter. Tout
le monde était obligé de comparaître devant le roi et en personne. C’est à partir de 1528 que la
possibilité de se faire représenter en justice a été admise. Mais, il est interdit au mandant de
s’effacer derrière son mandataire. Cette règle ne s’applique qu’à la représentation
conventionnelle. La règle ne tient que dans les cas où le mandataire tire son pouvoir d’un accord
de volonté.

Les sanctions possibles pour les cas où cette règle n’est pas respectée est la nullité
d’intérêt privé.

B- La représentation à l’instance ou représentation ad litem 


Cette représentation est le fait de confier, tout en exerçant l’action, l’accomplissement des actes
à un mandataire. Cela est réglementé par le Code de procédure civile. Ce monopole est octroyé
aux avocats.

1- Le monopole des avocats en matière de représentation ad litem

C’est pour des raisons d’une bonne administration de la justice que l’on a institué ce
monopole aux avocats. La loi prévoit toutefois des exceptions pour les cas où il n’y aurait pas
d’avocats dans les lieux où l’instance se poursuit.

Par ailleurs, devant le tribunal du travail, ce monopole n’est pas acquis aux avocats. La loi
prévoit un certain nombre de personnes qu’il est possible de prendre comme représentant.

2- La preuve du mandat ad litem

La règle est qu’il faut justifier de son mandat. Seuls les avocats sont exemptés de cette
justification. Cette justification doit être justifiée soit par écrit, soit par attestation orale du
plaideur devant le juge.

3- La portée du mandat ad litem

Le mandat de représentation en justice crée à la charge du représentant ad litem, la


possibilité de produire sans procuration tous les actes de procédure nécessaires au procès. Par
ailleurs, il y a des actes graves que le mandataire peut accomplir sans avoir l’autorisation
expresse de son mandant : droit d’acquiescer et de transiger au nom du mandant.

Mais il y a des actes très graves où il a besoin nécessairement d’une autorisation de celui
qui l’a mandaté : la procédure pour inscription de faux, le fait de récuser un juge. Au cas où le
mandataire accomplirait ses actes très graves sans autorisation expresse du mandant, il engage
sa responsabilité personnelle. Le mandataire a pour obligation d’assister son mandant (lui
donner des conseils,…).

Mais il faut toutefois distinguer l’assistance de la représentation elle-même. La représentation


englobe l’assistance, mais l’assistance peut aussi s’exercer seule sans représentation.

4- Cessation du mandat ad litem


Le mandat ad litem prend fin avec la fin du jugement. Toutefois, il peut prendre fin avec le
décès du mandant ou du mandataire. Il y a aussi le fait de la révocation du mandataire faite par
le mandant, ou de la renonciation faite par le mandataire.

Pour la révocation du mandataire : il faut informer le mandataire, le juge et la partie


adverse, et dire au juge et à l’adversaire, que désormais l’on se défend soit même ou que l’on a
pris un autre avocat.

Pour la renonciation du mandataire : il faut aussi que le mandataire informe son


mandant, le juge et la partie adverse de sa renonciation.

Paragraphe 2 : Les éléments objectifs du lien d’instance

Le procès se fait grâce à des éléments de faits et des éléments de droit. Le juge n’a aucun
pouvoir sur l’objet d’une demande dont la cause émane d’éléments de faits.

I- L’objet de la demande

La demande en justice vise un objet déterminé, dont la nature définit, le plus souvent,
celle de l’action. L’objet de la demande, c’est ce qui est demandé soit par le demandeur initial,
soit par le demandeur incident, notamment reconventionnel, soit par l’intervenant.

Une fois que le cadre de l’objet de la demande est fixé, le juge ne peut en aucun cas
intervenir en dehors du cadre de l’objet de la demande. C’est la règle de l’immutabilité de l’objet
du litige (article 21 du Code de procédure civile : « Le juge doit se prononcer sur tout ce qui est
demandé et seulement sur ce qui est demandé »).

II- La cause de la demande

C’est le fondement de la demande.


- Pour un premier courant de pensées, la cause de la demande est la règle de droit ou les
conditions d’application de la règle de droit que l’on invoque pour soutenir sa demande. Mais
cela est dangereux pour le juge et réduit ses pouvoirs.
- Pour un deuxième courant de pensées, la cause de la demande est l’acte ou le fait qui
sert de fondement à la demande et que l’on a juridiquement qualifié.
- Pour un troisième courant de pensée (adopté par le CPC du BF), la cause de la demande
est constituée par les éléments de fait apportés par les parties.
III- Le moyen

Le moyen soutient la cause et permet à la défense de faire accepter sa défense. Mais il


faut distinguer le moyen d’autres concepts.

Le juge ne répond qu’à un moyen et non à l’allégation. Dans le moyen il y a une


justification. Dans l’allégation il n’y a pas de justification.

Le moyen est également différent de l’argument. Dans le moyen, il y a cette faculté de


donner une solution au litige, mais pas dans l’argument.

On a le moyen de droit, le moyen de fait et le moyen mélangé de fait et de droit.

CHAPITRE II : PRINCIPES FONDAMENTAUX DU PROCES QUI S’IMPOSENT TOUT AU LONG DE


L’INSTANCE (principe du contradictoire)

Le Titre 1er du CPC (articles 1 à 33) est consacré à l’énoncé de principes directeurs du procès. Ces
principes expriment la conception burkinabé de la procédure civile. Ces principes sont d’ordre
public, ils échappent à la convention des parties. Ils forment un droit processuel minimum
applicable à toutes juridictions civiles. Parmi ces principes figure en bonne place le principe du
contradictoire.

SECTION 1 : LE PRINCIPE DU CONTRADICTOIRE


Dans une instance, chaque partie doit être en mesure de discuter les prétentions, les
arguments et les preuves de son adversaire, toute chose qui permet de faire appel au principe
de droits de la défense (article 5 du CPC). La défense n’est pas uniquement celle du défendeur.
Les droits de la défense visent toutes parties à l’instance.
Le respect du droit de la défense comprend le principe du contradictoire et d’autres
droits à savoir la publicité des débats, l’obligation d’organiser un système des droits rationnel des
voies de recours. Le principe du contradictoire est un élément central du droit au procès
équitable au sens de l’article 6 du CPC.

Paragraphe I : La situation des parties et le contradictoire

I- Le contradictoire au début de l’instance

Article 5 du CPC prévoit que nulle partie ne peut être jugée sans avoir été entendue ou
appelée. Cependant, une partie peut ne pas répondre à cet appel. L’essentiel est qu’elle a été
mise en demeure et prévenue des conséquences de son abstention.

II- Le contradictoire au cours de l’instance

Le principe du contradictoire suppose une obligation de communication réciproque et loyale.


Cette obligation de communication selon l’article 6 CPC, s’entend par la nécessité pour chaque
partie de communiquer à l’autre, en temps utile, les moyens de fait sur lesquels elle fonde sa
prétention, les éléments de preuve qu’elle produit et les éléments de droit qu’il invoque.
Cette communication doit être loyale : la communication tardive des pièces viole les exigences
du contradictoire.

III- Le contradictoire après l’instance

Parfois, il n’est pas possible d’assurer le respect immédiat du contradictoire. C’est le cas
lors d’une procédure non contradictoire où la loi autorise d’ordonner des mesures à l’insu
d’une partie. A cet effet, la loi aménage des techniques permettant de rétablir à posteriori le
contradictoire. Le fondement de cet aménagement réside dans l’alinéa 2 de l’article 17 du CPC,
où il est indiqué que cette partie doit disposer d’un délai de recours approprié contre la décision
qui lui fait grief. De même, dans ces hypothèses, le principe du contradictoire consiste dans la
possibilité de recours. Ainsi, il est prévu que lorsque la loi ou la nécessité commande qu’une
mesure soit ordonnée à l’insu d’une partie que celle-ci dispose d’un recours approprié contre la
décision qui lui fait grief.
De même, en cas de défaillance de l’une des parties, lorsqu’une personne ne reçoit pas
personnellement la notification ou la modification, de sorte que le tribunal a rendu un jugement
par défaut, le rétablissement du contradictoire se fait par l’opposition, voie de droit commun
de rétractation donc on revient devant la juridiction qui a statué une première fois.

Paragraphe 2 : Le contradictoire et le juge

D’après l’article 7 CPC : « le juge doit, en toute circonstance, faire observer et observer lui-
même le principe de la contradiction ». Cet article fait peser deux obligations sur le juge.

I- Le juge doit garantir le respect du contradictoire

Le juge doit s’assurer que chaque partie a bien exécuté les obligations indiquées. Pour assurer ce
contrôle, le juge dispose d’un certain nombre de pouvoirs.
- Il peut intervenir par voie d’invitation

- Il peut utiliser le pouvoir d’injonction en imposant la communication d’une pièce à une


partie dans l’hypothèse où celle-ci ne procède pas directement à cette communication.
- Le juge a enfin le pouvoir de sanctionner le manquement des parties à leurs
obligations, il peut écarter du débat les pièces non communiqués en temps utile.

II- Le juge doit observer lui-même le principe du contradictoire

Cette obligation signifie que le juge ne peut pas fonder sa décision sur une mesure
d’instruction qui n’a pas été réalisée dans le respect du contradictoire. Chaque partie doit être
en mesure de discuter toute l’information communiquée au juge.
Dès lors qu’il décide d’appliquer une règle de droit différente de celle invoquée par les
parties, il doit respecter le contradictoire en sollicitant les observations des parties.

SECTION 2 : LES PRINCIPES DE REPARTITION DES ROLES ENTRE JUGE ET PARTIES

Avant tout analyse de la répartition des rôles entre le juge et les parties, examinons ces
rôles au niveau d’un certain nombre de procédures.
 La procédure dite accusatoire : les parties jouent un rôle extrêmement important.
Elles dirigent l’instance, et rassemblent les différents éléments de preuve. Dans ce système, le
procès est souvent présenté comme un duel opposant les parties auquel le juge assiste et
intervient à la fin pour dire qui l’a emporté. Le juge joue un rôle relativement passif.
 La procédure dite inquisitoire : l’importance du rôle du juge, dans le déroulement
de l’instance et dans la recherche de la preuve. L’accent est mis sur le fait que la justice est un
service public, que la marche de l’instance doit donc dépendre mais des initiatives du juge. Les
parties ne concourent que partiellement relatif. Exemple : contentieux pénal et contentieux
administratif.
 La procédure civile est traditionnellement vue comme la chose des parties. Il a
été affirmé que le procès civil est à la disposition des parties : le principe dispositif. Selon ce
principe, en matière civile, l’instance appartient aux parties qui sont libres de la conduire à leur
gré et le juge n’a qu’un rôle très limité.

L’office du juge, dans la conduite de l’instance, est considérablement accru. La passivité


du juge inhérent au système accusatoire ancien conduit souvent à un ralentissement du procès.
Pour cette raison, le législateur a favorisé un système qui reconnaît plus de pouvoir au juge.
Le point de départ de cette évolution peut être fixé au début des années 30 en France, avec
l’adoption d’un décret loi du 30 octobre 1935 qui a institué un juge chargé de suivre la
procédure. Ce juge a été remplacé en 1965 par le juge de la mise en état. Un décret du 9
septembre 1971 va augmenter les pouvoirs de ce juge, notamment en lui accordant le pouvoir
de fixer des délais impératifs au cours d’instance, d’adresser des injonctions aux parties et de
rendre des ordonnances de clôture après laquelle il n’est plus possible en principe de déposer
des nouvelles conclusions ou de produire des nouvelles pièces.

De nos jours, le juge a des pouvoirs importants. La procédure civile n’est pas une
procédure inquisitoire, elle n’est pas la chose du juge. On parle du principe de coopération entre
le juge et les parties. Chacun a un rôle déterminé.

Paragraphe1 : Les prérogatives des parties ou leur rôle

I- L’introduction de l’instance
Selon les dispositions de l’article 16 du CPC : « … seules les parties introduisent l’instance… ». Le
juge ne peut pas se saisir d’office voire, s’autosaisir. L’initiative de saisir le juge appartient aux
parties. C’est un principe fondamental du droit judiciaire privé qui implique notamment des
exceptions limitées. Par exemple, en matière de redressement des entreprises, le Tribunal du
Commerce peut parfois s’autosaisir.

II- La fixation du cadre de l’instance :

L’article 20 CPC stipule que l’objet du litige est déterminé par les prétentions des parties. Ainsi, le
juge ne peut pas élargie le cadre d’instance fixé par les parties. Il doit par conséquent et ceci,
suivant les dispositions de l’article 21 du CPC se prononcer sur ce qui est demandé, et seulement
sur ce qui est demandé. Le cadre de l’instance ainsi fixé par les parties, s’impose au juge.

III- L’administration de la preuve

Même si le Code de Procédure Civile a reconnu des pouvoirs importants en matière de preuve au
profit du juge, il a tout de même, maintenu le principe selon lequel les parties ont le premier
rôle à jouer en matière de preuve. Ainsi, selon l’article 22 du CPC, les parties ont la charge
d’alléguer les faits propres à fonder leur prétention donc sélectionner les faits qui vont délimiter
les contours du procès. Il incombe donc aux parties de prouver ces faits, conformément à la loi,
article 25 du CPC.

IV- La conduite de l’instance

L’article 17 du CPC indique que : « les parties conduisent l’instance sous les charges qui leur
incombent. Il leur appartient d’accomplir les actes de la procédure dans les formes et délais
requis ».
Les parties conduisent l’instance donc elles sont libres d’appeler ou non un tiers à
l’instance, de présenter ou de conserver tel document.

V- La fin de l’instance

Article 19 du CPC : « les parties ont la liberté de mettre fin à l’instance avant qu’elle ne s’éteigne
par l’effet du jugement ou en vertu de la loi ». Il en découle que les parties peuvent décider
d’abandonner la procédure en cours d’instance, donc se désister.
Conclusion : En définitive, les parties ont un rôle important à jouer dans tout le processus. Les
règles expliquées témoignent de ce que les parties disposent de l’instance dans une certaine
mesure. Elles déclenchent l’instance, fixent son cadre et peuvent s’entendre pour y mettre fin.
L’accroissement des pouvoirs du juge ainsi que l’introduction d’éléments inquisitoriaux portent
atteinte à ce principe.

Paragraphe II : Le rôle du juge

I- Les pouvoirs du juge et la conduite de l’instance

Les articles 16 et 17 du CPC laissent entendre que dans la conduite de l’instance, le rôle
des parties est important. Toutefois, Il existe des dispositions du code qui reconnaissent au juge
des pouvoirs non négligeables quant à la conduite de l’instance. Si l’on observe bien l’article 17,
on s’en rend compte qu’il limite les pouvoirs des parties dans la mesure où elles doivent
respecter les formes et les délais requis par la loi. Les rédacteurs du CPC n’ont pas souhaité faire
dépendre le rythme de procédure de la seule volonté des parties. En cela, le juge :

- peut fixer la durée et les délais. Le fait que le juge fixe les délais permet à celui-ci
d’exercer un contrôle actif sur le déroulement de procédure. L’article 18 du CPC, accorde au juge
ce pouvoir ;
- Peut use du pouvoir d’injonction. Ce pouvoir permet d’ordonner aux parties de
conclure, ou de communiquer des pièces ;
- peut ordonner d’office toutes les mesures d’instruction légalement admissibles.
On peut dire que le juge aujourd’hui a progressivement acquis des pouvoirs qui lui permettent
non seulement de veiller au bon déroulement de l’instance mais encore de prendre des
initiatives pour apporter une réponse dans un délai raisonnable.

II- Les pouvoirs du juge et le cadre de l’instance

En l’espèce, le juge n’a pas un rôle totalement passif.

A- L’allégation des faits 

Les parties invoquent les circonstances de fait au soutient de leurs prétentions.


L’article 23 du CPC énonce que : « il est défendu au juge de fonder sa décision sur des faits qui
ne sont pas dans le débat ». Interdit au juge de faire état de sa connaissance personnelle des
faits. Toutefois, selon l’article 24 du CPC, « le juge peut inviter les parties à fournir les
explications de fait qu’il estime nécessaire à la solution du litige ».

Le juge parfois peut ne pas se contenter de la présentation des faits par les parties, il
peut inviter les parties à s’expliquer sur certains événements, et cette faculté permet parfois au
juge de faire entrer dans le débat des faits qui ne se trouvaient pas dans le dossier au début.

B- La preuve des faits

Le principe est que la preuve incombe aux parties. Mais le juge n’a pas un rôle totalement
passif en cette matière. Le juge peut ordonner des mesures d’instruction comme l’expertise.
L’article 27 du CPC montre cette coopération entre le juge et les parties en indiquant que «  les
parties sont tenues d’apporter leur concours aux mesures d’instruction ». Finalement il n’y a pas
un acteur qui a un rôle exclusif.

C- La qualification

Qui doit qualifier les faits ? Est-ce le juge ou les parties ?


Il convient néanmoins, de dire qu’il est d’usage que les parties présentent au juge des
faits déjà qualifié. Cependant, l’article 29 du CPC donne au juge le pouvoir de requalifier l’objet
de la demande en cas d’erreur des parties. « il doit donner ou restituer leur exacte qualification
aux faits et actes litigieux nonobstant la dénomination que les parties en auraient proposée...».
La Cour de cassation française affirme que l’article 12 du CPC français, l’équivalent de
l’article 29 du CPC burkinabé, s’impose au juge. Ce devoir de requalification doit être exercé
dans le respect du contradictoire et ne concerne que les faits qui sont dans le débat.

CHAPITRE 3 : LE FORMALISME DE L’INSTANCE (Exposé-Etudiants)

CHAPITRE 4 : LE DENOUEMENT DE L’INSTANCE (Exposé-Etudiants)

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