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Master Sciences Juridiques

S2

Le thème :
La liberté individuelle au stade de l’instruction préparatoire

Module : procès pénal

Réalisé par : Encadré par


o DARMINE Omar Pr. EL FEDDALI
Nisrine
o DEMBELE Bakary
2017-2018

Table des matières


Table des matières.................................................................................................................................1
Introduction...........................................................................................................................................1
I- Une protection de la liberté recherchée au stade de l’instruction......................................................3
A- Tentative d’encadrement de la procédure.........................................................................................4
B- Tendance institutionnelle et internationale de la protection de la liberté.........................................5
II- Mesures attentatoires à la liberté au stade de l’instruction préparatoire..........................................7
A-Restrictions à la liberté individuelle....................................................................................................7
B-Mesures privatives de liberté..............................................................................................................8
Conclusion..............................................................................................................................................9
Bibliographie........................................................................................................................................10

1
Introduction
La phase de l’instruction préparatoire est la phase d’intermédiaire entre
l’enquête judiciaire et la phase de jugement. Elle permet à un organe
juridictionnel (juge d'instruction ou chambre de l'instruction) de rechercher les
preuves afin d'établir les charges suffisantes contre une personne pour
ordonner sa mise en jugement.
L'instruction préparatoire est à deux degrés : devant le juge d'instruction au
premier degré, devant la chambre de l'instruction au deuxième degré. La
procédure de l’instruction s’inspire largement de la procédure inquisitoire.
Cette phase est menée par un magistrat instructeur qui peut être saisi soit sur
réquisitoire du ministère public ou par la victime avec constitution en partie
civile.
Cependant, la phase de l’instruction préparatoire se caractérise non
seulement par l’écrit et le secret et aussi par son caractère non contradictoire.
Par ailleurs, Le juge d’instruction est indépendant à l’égard du pouvoir exécutif
et législatif en ce sens qu’il ne peut recevoir d’injonctions ni subir de pression
et est investi de fonctions lui permettant d’accomplir différentes opérations ou
actes de l’instruction ou confier à un officier de police judiciaire par le biais
d’une commission rogatoire1. L’instruction est également le cadre dans lequel
peuvent se décider des mesures privatives de liberté. Une telle phase n’est
prévue que pour certaines catégories d’infractions. Elle est obligatoire en
matière criminelle et facultative en matière délictuelle.
En effet, la loi du 22.10, relative à la procédure pénale promulguée le 10
février 1959, est devenue une conviction profondément ancrée. A cet égard, le
législateur marocain est intervenu en vertu du dahir du 28 septembre 1974
édictant des mesures de transition. Aujourd’hui, le législateur s’intéresse à
mettre en évidence des principes et des dispositions fondamentaux en matière
de droit de l’Homme pour assurer les conditions du procès équitable 2.
Le code de la procédure pénale entré en vigueur en 2003, a élargi les
attributions des magistrats du ministère public tout en mettant à leur
disposition des privilèges ; ce qui risquerait de porter atteinte aux libertés
individuelles et aux droits de la défense.

1
Mourad Boussetta « Principes élémentaires de la procédure pénale marocaine », Editeur FSJES Marrakech,
2004
2
Mohamed MARZOUGUI, « Code de procédure pénal », 2e Ed 2012, p 4
2
Eu égard l’importance de cette procédure d’une investigation pour la
manifestation de la vérité, il sera nécessaire de se poser la question à savoir si
une telle phase d’instruction se déroule-t-elle dans des conditions permettent
la sauvegarde de la liberté individuelle au cours du procès pénal ?
Pour mieux élucider en réponse de cette interrogation, en premier lieu la
protection recherchée de la liberté individuelle au stade de l’instruction
préparatoire (I) et ensuite les mesures prises par le juge instructeur qui
peuvent porter atteinte à la liberté individuelle (II)

3
I- Une protection de la liberté recherchée au stade de l’instruction
La notion de liberté ainsi érigée en principe central à valeur
constitutionnelle, est cependant très vaste. Elle comprend notamment la
liberté physique individuelle c'est-à-dire non seulement la liberté d’aller et
venir mais aussi son corollaire, le droit à la sûreté, qui protège tout individu
contre une privation arbitraire de sa liberté.
Cependant, l’atteinte à la liberté d’un individu soupçonné d’avoir commis
une infraction est également possible s’il existe un risque conséquent pour la
société. Ce risque peut être le renouvellement de l’infraction, la commission
d’actes qui entravent à la justice et la fuite. C’est ainsi, la procédure pénale est
en effet une matière où le législateur a prévu des mesures attentatoires à la
liberté individuelle afin de rétablir l‘ordre public suite à la commission d’une
infraction.
Or, du fait de sa valeur constitutionnelle, la liberté individuelle se trouve
largement protégée. C’est une des rares libertés à figurer au sein de la
Constitution, ainsi de nombreux autres textes et institutions œuvrent
également pour cette protection, mettant ainsi en évidence la nécessité
d’encadrer les mesures attentatoires à la liberté au regard de la présomption
d’innocence (A).
Ainsi, aux dispositions législatives protectrices des libertés individuelles
s’ajoutent les défenses institutionnelles et internationales de la liberté (B).

A- Tentative d’encadrement de la procédure


Le concept de justice se fonde sur le respect de droits de chaque citoyen,
comme le proclame la constitution de 2011. La justice n’est rendue que lorsque
la personne poursuivie pour une infraction bénéficie d’un procès équitable. La
reconnaissance de la dignité humaine et des droits égaux et inaliénables des
individus constitue le fondement de la liberté et la justice équitable. En effet
toute personne risque de voir ses droits bafoués lors qu’il présente des
soupçons à son égard. Pourtant le droit de punir, de restreindre ou priver de
liberté reconnu aux autorité judiciaires ne peut être conçu sans limite. Car, à la
commission de l'infraction, deux intérêts à concilier à tout prix entrent en ligne
de compte, la défense de la société dont le rétablissement de l'ordre troublée
est recherché d’une part et d’autre part la protection de l'individu, auteur de
l'infraction disposant des droits garantis par la loi au cours de toute la
procédure judiciaire. Ainsi, la mission redoutable de poursuivre et de punir se

4
trouve assortie du pouvoir adéquat tandis que les garanties protègent les
justiciables contre les excès que pourraient commettre les magistrats dans le
cadre leurs pouvoirs exorbitants. Ce qui implique la mission de l'Etat qui est
d'accomplir avec plus d'efficacité cette tâche de recherche, d'instruire et de
punir les coupables.
Cependant, si le législateur est tenu d’assurer la protection de la liberté
individuelle, c’est parce qu’il lui incombe de réunir les conditions permettant à
chaque être humain de parfaire sa propre personnalité. Puisque, la liberté est
considérée comme un attribut essentiel de la personne humaine. Dans cette
optique, pour un équilibre dans l'établissement des règles de droit, le
législateur établit des règles visant à encadrer la procédure. Il convient dès lors
de dire qu'au moment où un citoyen commet un acte délictueux, il bénéficie de
l'application d’une série des principes fondamentaux de la procédure pénale.
A cet effet, les investigations du juge d’instruction doivent s’accomplir dans
le respect des règles de la procédure établies. Durant tout ce long processus,
l’inculpé dispose d'un certain nombre de systèmes protecteurs dans le procès
pénal. Cette phase se caractérise par toute une série de règles qui s’efforcent
de sauvegarder les droits de toutes les parties et de garantir les conditions d’un
procès équitable3.
Certes, la liberté de circuler c’est-à-dire la liberté d'aller et de venir, de
mouvement conditionne l'exercice serein des autres droits de la personne.
Sans elle, tous les autres droits sont vains. C'est pourquoi le droit à la sûreté
garde de nos jours une valeur symbolique éminente, donc la contrainte
étatique avant jugement devant avoir une assise légale. Strictement appliqué,
le droit à la sûreté conforté par la présomption publique d'innocence, qui ici se
décline en un droit fondamental, en l'occurrence celui de ne pas être
arbitrairement traité, conduit à refuser toute incarcération injustifiée ou
illégale.
Ce droit à la sûreté doit, dès lors être concilié avec les impératifs destinés à
assurer la sécurité de tous. C’est pour cela, le législateur a songé d’encadrer les
mesures attentatoires à la liberté devant lesquelles la présomption d'innocence
peut plier. C’est ainsi, le législateur, tout en exprimant son désir de punir les
coupables d'une infraction, exprime aussi son désir d'éviter d'éventuels
préjudices, tout en prévoyant des sanctions en cas de violation des dispositions
3
Mohammed-Jalal ESSAID, Le procès équitable dans le code procédure pénale de 2002 « Colloque réforme du
droit et du développement socio-économique, Volume 1, 1e éd 2008, p 80
5
substantielles de la procédure (Article 212 du code de procédure pénale). Ce
faisant, il établit tout un régime pour mieux protéger l'individu au cours du
procès pénal. Il utilise différents procédés, détermine les personnes habilitées à
ordonner les mesures attentatoires aux libertés individuelles et précise les lieux
où de telles mesures peuvent être pratiquées. Il fixe tantôt l’intervalle de
temps pendant lequel ces mesures peuvent être effectuer, tantôt le temps
pour modérer les atteintes aux libertés individuelles inévitablement
engendrées au cours de l’investigation pénale.

B- Tendance institutionnelle et internationale de la protection de la


liberté
Les organisations internationales ou nationales exercent de pressions
continues pour faire engager le Maroc sur la voie des réformes libérales sur
tous les plans. En effet, après son installation, le 8 mai 1990, le conseil
consultatif de droits de l’homme crée le premier groupe de travail chargé de
l’étude « de la garde à vue et de la détention préventive ». Cet organe qui
œuvre pour l’application des règles impératives ces mesures attentatoires à la
liberté et dont leur violation devrait entrainer la nullité de la procédure 4.
Il consacre ainsi le principe de la présomption d’innocence « toute personne
poursuivie pour infraction, est présumée innocente tant que sa culpabilité
n’aura pas légalement établie dans un procès public lui assurant toutes les
garanties nécessaires pour sa défense ». A cet effet, une personne ne serrait
privée sa liberté qu’a l’issue d’un procès équitable5.
Cependant, la communauté internationale œuvre également pour la
protection des droits et de liberté individuelle, en élaborant des normes
d’équité. Le droit à un procès équitable étant l'un des principes consacrés par
la Déclaration universelle des droits de l'homme, et qui constitue aujourd'hui
encore la pierre angulaire du système international de protection des droits
humains. Depuis 1948, ce droit a été réaffirmé et proclamé dans des traités
légalement contraignants comme le Pacte international relatif aux droits civils
et Politiques, adopté par l'Assemblée générale des Nations unies en 1966.
Ces normes relatives aux droits humains ont été conçues pour s'appliquer à
tous les systèmes de droit et prendre en compte toute la diversité des
4
Mohammed-Jalal ESSAID, Le procès équitable dans le code procédure pénale de 2002 « Colloque réforme du
droit et du développement socio-économique, Volume 1, 1e éd 2008, p 20-21
5
Ibid. p 23
6
procédures légales. Elles énoncent les garanties minimales que tous les
systèmes, sans exception, devraient offrir. Ces normes internationales d'équité
sont l'expression d'un consensus, au sein de la communauté des nations, quant
aux critères permettant d'évaluer comment chaque État traite les personnes
accusées d'une infraction pénale.
En ce qui concerne le Maroc, il a dans sa Constitution, adopté les principes
des droits de l'homme tels qu'ils sont reconnus mondialement. Cet
engagement implique, de sa part, l’observation et le respect de ces principes
que ce soit au niveau législatif, juridique ou que ce soit au sein des
organisations étatiques à travers l'exercice de leurs fonctions relatives à la
protection des libertés individuelles et à la défense de la société des crimes de
manière à garantir la stabilité et la sérénité à l'ensemble des citoyens.
En ce sens, le royaume du Maroc dont les initiatives en cette matière sont
assez louables par l’adhésion, la signature et la ratification de plusieurs
instruments juridiques internationaux visant à assurer la protection des droits
et la liberté fondamentaux des individuels.
Toutes ces dispositions sont destinées à protéger les droits et la liberté des
individus. Toutefois, la personne poursuivie peut se voir restreindre ou priver
de sa liberté par le juge d’instruction pour les nécessités des investigations
judiciaires.

II- Mesures attentatoires à la liberté au stade de l’instruction


préparatoire

A-Restrictions à la liberté individuelle

Plusieurs visages de la restriction de liberté individuelle. Celle-ci peut


viser une interdiction de paraître en certains lieux, une interdiction totale de
rester et de revenir sur le territoire national. Plusieurs obligations sont imposées
à l’article161 du CPP, qui dispose que : l’ordonnance de la mise de l’inculpé
sous contrôle judiciaire l’astreint à se soumettre, selon la décision du juge
d’instruction, à l’un ou plusieurs mesures ou obligation suivantes (Article 161
du code de procédure pénale) :
- Ne pas sortir des limites territoriales déterminées par le juge d’instruction ;

7
- Ne s’absenter de son domicile ou de la résidence fixe par le juge d’instruction
qu’aux conditions et pour des motifs déterminés par ledit magistrat ;
La durée du contrôle judiciaire :
L’ordonnance de clôture de l’instruction met normalement fin au contrôle
judiciaire. Les délais sont deux mois renouvelables cinq fois.
Le non-respect des obligations du contrôle judiciaire :
Permet au juge de décerner à l’encontre de l’intéressé un mandat d’arrêt ou
d’amener ou de le placer en détention provisoire quelle que soit la peine
encourue.
L’art 163 du ccp dispose que : les autorités ou les personnes chargées de la
participation dans l’application de la mise sous contrôle judiciaire s’assurent que
l’inculpé respecte les obligations qui lui sont imposées
Autre mesure restrictive, c’est l’interdiction de séjour :
L’interdiction de séjour est susceptible de s’accompagner de mesures de
surveillance et d’assistance6. La durée maximale varie en fonction de la nature
de la peine prononcée : cinq années en matière de délit et dix années en matière
de crime.
Conséquence. La peine d’interdiction emporte de plein droit une mesure
de reconduite à la frontière, le cas échéant à l’issue de l’incarcération 7. En fin
l'institution du contrôle judiciaire a pour but de laisser à l'individu le maximum
de liberté compatible avec la nécessité de parvenir à la manifestation de la vérité
et avec le maintien de l'ordre public.

B-Mesures privatives de liberté


Les mesures privatives de liberté : Les mandats, le contrôle judiciaire, la
détention provisoire sont des mesures privatives ordonnées par le juge
d’instruction8.
Par ailleurs, seul le mis en examen peut faire l’objet des mesures contraignantes
que sont le contrôle judiciaire et la détention provisoire9.

6
VERNY, Édouard « Procédure pénale » 7e Ed 2016 DALLOZ
7
PATRICK Kolb « Cours de droit pénal général », 3e Ed 2017 pp 313.
8
Renault-Brahinsky « Procédure pénal Poursuite enquête policière et Instruction Jugement » 2017 18e Ed.
9
LETURMY, Laurence « essentiel de la jurisprudence et procédure pénal » 2009 P : 153 Editeur : Gualino
8
En effet, cette mesure privative de liberté, peut être ordonnée selon l’art 175 du
CPP, à n’importe quel stade de l’information, même contre un inculpé soumis au
contrôle judiciaire10.
Conformément à la présomption d’innocence, le nouveau code de CPP affirme
son caractère exceptionnel. Il convient de souligner quatre niveaux :
1) La durée de la détention provisoire
Les délais peuvent atteindre trois mois en matière délictuelle et 12 mois en
matière criminelle. En France, le juge d’instruction statue par ordonnance
motivée sur la demande de la personne dans un délai de 5 jours. Si le juge
d’instruction n’a pas statué dans ce délai, la personne peut saisir directement la
chambre de l’instruction de sa demande qui doit se prononcer dans les 20 jours.
2) La mise en liberté provisoire
Il peut être décide par le juge d’instruction ou à la demande du ministère
publique, de l’inculpé ou de conseil. Si le juge d’instruction ne prend la décision
de mettre fin à l’instruction, l’inculpé est mis de plein droit en liberté et
l’instruction se poursuite (Article 173 ET 177 du CPP).
3) Mesures accessoires applicable au stade de l’instruction préparatoire
et de jugement.
Il s’agit tout d’abord de la fermeture de frontière de la saisie du passeport et
l’assignation à résidence.

4) Le régime d’exécution de la détention préventive ou provisoire


Le respect de la présomption d’innocence qui est consacrée par l’art 1 er implique
que l’inculpé soit soumis à un régime carcéral diffèrent de celui qui est organisé
par les personnes emprisonnées à la suite de jugement de condamnation11.
Par ailleurs, l’article 615 du CPP : les inculpés en détention provisoire sont
incarcérés dans la maison d’arrêt de la location ou siège de la juridiction saisie
de la procédure les concernant, en première instant, le cas échéant en appel pour
autant que la sécurité ou la capacité d’hébergement de l’établissement le
permet ».
Le code pénal a renforcé le contrôle judiciaire sur la mesure préventive de
liberté en deux points :

10
Mohammed Jalal ESSAID « procès équitable dans le code de procédure pénale 2001
11
Mohammed Jalal ESSAID, La présomption d’innocence, p. 401
9
D’une part, le premier est posé par l’art 249 du CPP, qui fait l’obligation au
président de la chambre correctionnelle, et d’autre part, l’article 616 du ccp
énonce que : les détenus sont inspectés au moins une fois par mois par le juge
d’application de peines

Conclusion
En définitive, il convient de noter que la protection de la liberté individuelle
n’empêche qu’une personne soit restreinte ou privée en cas de commission
d’une infraction.
Il reste la question de l’atteinte abusive à cette liberté individuelle ; la personne
détenue à tort n’a-t-elle pas droit à l’indemnisation ?

Bibliographie

 VERNY Édouard, Procédure pénale, Dalloz, 2016, 7e Edition


 PATRICK Kolb, Cours de droit pénal général, 2017, 3e Edition
 Renault-Brahinsky, Procédure pénal « Poursuite enquête policière et
Instruction Jugement », 2017, 18e Edition
 LETURMY Laurence « Essentiel de la jurisprudence et procédure pénale
», Gualino, Edition 2009
 Mohammed Jalal ESSAID « procès équitable dans le code de procédure
pénale 2002.

10

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