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COURS DE PROCEDURE PENALE

Le cours de procédure pénale sera examiné en appui sur trois axes. Le premier
est un chapitre introductif sur les généralités de la procédure pénale. Le
deuxième s’intéresse à la phase préparatoire du procès pénal, objet de la
première partie. Et le dernier axe est la phase décisoire.

CHAPITRE INTRODUCTIF : GENERALITES SUR LA PROCEDURE


PENALE

Les articulations suivantes constituent des généralités introductives de la


procédure pénal :

- Définition et importance de la procédure pénale


- Le procès pénal et le procès civil
- Les différents types procédure
- Les sources de la procédure pénale
- Quelques rappels historiques
- La mise en œuvre des lois de procédure pénale

SECTION 1 : DEFINITION ET IMPORTANCE DE LA PROCEDURE


PENALE

PARAGRAPHE 1 : DEFINITION

La procédure pénale désigne l’ensemble des étapes observées à partir de la


commission d’une infraction jusqu’au prononcé de la sanction pénale. Il est
question de l’enquête, de la poursuite, de l’instruction et du jugement. Une
confusion existe entre procès pénal et procédure pénale. A la vérité, le procès
pénal s’entend de l’instance pénale, c’est-à-dire une contestation pendante
devant une juridiction. Or la procédure pénale est plus large, parce que
l’enquête, la poursuite et l’instruction sont en dehors de l’instance pénale. La
procédure pénale englobe donc le procès pénal. L’utilisation des deux termes
comme synonymes ne doit pas taire leur différence de nature.

PARAGRAPHE 2 : L’IMPORTANCE DE LA PROCEDURE PENALE

La procédure pénale est importante parce qu’elle protège à la fois la société et


l’individu. Ces deux finalités constituent en principe un paradoxe. En effet, il y a
protection sociale parce que les règles de procédure pénale permettent de
sanctionner les violateurs ou infracteurs des valeurs protégées par la société. Il y
a aussi la sauvegarde de la liberté individuelle ; parce que les règles de
procédure permettent à l’innocent d’éviter d’être victime d’une erreur judiciaire
et au coupable de faire valoir ses moyens de défense.

SECTION 2 : LA PROCEDURE PENALE ET LA PROCEDURE CIVILE

PARAGRAPHE 1 : LES CONVERGENCES ENTRE PROCEDURE


PENALE ET PROCEDURE CIVILE

A. LES CARACTERES COMMUNS AUX PROCES CIVILS ET


PENAL

1. L’appartenance à l’ordre judiciaire

Les institutions judiciaires du Cameroun sont organisées en ordre. On distingue :


l’ordre constitutionnel, l’ordre administratif, l’ordre comptable, l’ordre
judiciaire. Le procès civil et le procès pénal se déroulent dans l’ordre judiciaire.

2. L’identique organisation des juridictions civiles et pénales

Les juridictions civiles et pénales sont organisées de façon identique. Il existe la


même organisation au regard de l’instance, l’appel et la cassation. C’est dire si
le procès civil et pénal peut être connus par trois juges : le juge d’instance, le
juge d’appel et le juge de cassation.

3. La confusion des juridictions civiles et répressives par leur


composition

En général, ce sont les mêmes tribunaux composés de mêmes magistrats qui


rendent les jugements civils et répressifs. Il en est ainsi parce qu’ils reçoivent
une formation identique. Il n’existe donc pas de spécialisation à l’ENAM dans la
formation des magistrats de l’ordre judiciaire.

B. LES REGLES DE PROCEDURE COMMUNES AUX PROCES


PENAL ET PROCES CIVIL

Les mêmes règles structurent le procès pénal et le procès civil telles que : la
publicité des débats et la motivation des décisions. Mais, ce sont surtout les
règles de la collégialité, du double degré de juridiction et du contrôle par la cour
suprême qui seront examinées.

1. Le principe du contradictoire

Les deux procès ont en commun le principe du contradictoire. Il signifie qu’une


partie ne peut être jugée sans avoir été entendu par le juge ou du moins mise en
demeure de présenter ses propres observations et de se défendre.

2. La règle de la collégialité

La règle de la collégialité voudrait qu’une décision soit rendue par plusieurs


magistrats. Elle a l’avantage d’une part de réduire les erreurs judiciaires et
d’autre part d’impersonnaliser la décision du tribunal. Mais, en matière
correctionnelle au Cameroun, le juge unique semble être la règle et la
collégialité d’exception. Et le juge d’instruction est aussi unique (l’article 146 du
CPP).

3. La règle du double degré de juridiction


La règle du double degré de juridiction rend possible l’examen successif au fond
de la même affaire par deux juridictions de degrés différents. Ce double examen
du même procès par les juges différents permet d’éviter les erreurs judiciaires et
d’obtenir un jugement conforme à la vérité. Une avancée mérite d’être soulignée
avec l’article 510 du CPP.

Cette disposition consacre le triple degré de juridiction. Il s’agit des juridictions


de première instance d’appel et la cour suprême comme troisième degré de
juridiction. En matière civile, l’article 67 de la loi du 27 décembre 2006 fixant
l’organisation de la cour suprême demande que les affaires en état d’être jugées
soumises à la CS soient évoquées et statuées.

4. Le contrôle par la cour suprême

Le procès pénal et le procès civil sont soumis au contrôle de la cour suprême qui
aux termes de l’article 2 de la loi n° 2006/016 du 29 Décembre 2006 fixant le
fonctionnement et l’organisation de la cour suprême est la plus haute juridiction
de l’Etat en matière judiciaire, administrative et des comptes. En matière pénale
et civile, les parties peuvent se pourvoir en cassation.

PARAGRAPHE 2 : LES DIVERGENCES ENTRE PROCEDURE


PENALE ET PROCEDURE CIVILE

A. LA RECHERCHE DE LA VERITE

1. Le rôle des parties

Dans le procès civil, c’est le principe du dispositif. En effet, le procès civil est la
chose des parties. Elles ont le pouvoir de transiger ou de renoncer. Le juge civil
est limité et ne peut statuer infra ou ultra petita c'est-à-dire en deçà ou au-delà de
ce qui lui est demandé.

En procédure pénale, c’est le principe de l’indisponibilité du procès pénal. Le


ministère public ne peut transiger (arrangement à l’amiable) et il ne peut plus
abandonner les poursuites après leur déclenchement. Le juge ne se contente pas
des preuves des parties, mais recherche lui-même ses preuves. Il peut aboutir à
une qualification contraire aux prétentions des parties.

2. Le déroulement du procès

Le procès pénal est caractérisé par la pluralité des étapes : l’enquête, la


poursuite, l’instruction et le jugement.

A l’inverse, la procédure civile est caractérisée par l’unité de son déroulement,


c'est-à-dire du début à la fin, les parties se trouvent devant le tribunal.

3. La différence de terminologie

Dans le procès pénal, la personne poursuivie s’appelle suspect devant la police


judiciaire ; inculpé devant le juge d’instruction ; prévenu devant le Tribunal de
Première Instance ou accusé devant le juge du Tribunal de Grande Instance.

La preuve également porte des désignations différentes selon les phases. On


parle d’indices devant la police judiciaire, de charge devant le juge d’instruction,
de preuve devant la juridiction de jugement. Or dans le procès civil, les parties
sont le demandeur et le défendeur. Les preuves n’ont pas une appellation
spécifique.

B. LA PROTECTION DE LA LIBERTE INDIVIDUELLE : UNE


PREOCCUPATION DU PROCES PENAL

Elle se fait de diverses manières à travers les droits de la défense (1), la diversité
des organes (2) et la séparation des fonctions (3).

1. Les droits de la défense

Les droits de la défense sont les prérogatives permettant à la personne


poursuivie de se défendre contre le procureur. Il en ainsi du principe du
contradictoire, de l’assistance par un conseil, et l’exercice des voies de recours.
2. La séparation des fonctions

La fonction de juger est distincte de la fonction de poursuivre et de celle


d’instruire. Un même magistrat ne peut pas exercer la poursuite et juger la même
infraction. Cette séparation du jugement de l’instruction et de la poursuite,
permet de garantir l’indépendance et l’impartialité du juge, qui décide de la
culpabilité ou de l’innocence du prévenu ou de l’accusé.

SECTION 3 : LES SOURCES DE LA PROCEDURE PENALE

Les sources de la procédure pénale renvoient aux textes qui l’organisent. Il est
question de la loi (paragraphe 1) et de la constitution (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA LOI COMME SOURCE DE LA PROCEDURE


PENALE

La loi est un acte pris par le pouvoir législatif dans l’exercice de sa fonction
législative. Le pouvoir législatif se pose par opposition aux pouvoirs judiciaire et
exécutif. Au Cameroun, la loi organisant la procédure pénale est un acte édicté
par le Parlement. C’est la loi n° 2005/007 du 27 juillet 2005 portant Code de
procédure pénale. Il vient remplacer le code d’instruction criminelle de 1808 que
la France a fait appliquer au Cameroun d’une part et le criminal procedure
ordinance en vigueur dans la partie anglophone.

PARAGRAPHE 2 : LA CONSTITUTION COMME SOURCE DE LA


PROCEDURE PENALE

La constitution désigne la norme juridique la plus élevée à l’intérieur d’un Etat.


Elle est souvent présentée comme la norme à partir de laquelle toutes les autres
puisent leur existence. La constitution est une source de la procédure pénale
parce que certaines dispositions de la constitution renseignent sur celle-ci. Il
ressort de l’article 26 de la Constitution du 18 janvier 1996 au Cameroun, que la
procédure pénale ressortit du domaine de la loi.
SECTION 5 : LA MISE EN ŒUVRE DE LA LOI DE PROCEDURE
PENALE

La mise en œuvre d’une loi de procédure pénale soulève des questions de nature
variée.

Il est question :

- De l’application de la loi pénale dans le temps ;


- De l’interprétation de la loi pénale ;
- De la détermination de la juridiction compétente.

PARAGRAPHE 1 : L’APPLICATION DE LA LOI PENALE DANS LE


TEMPS

Les lois de procédure sont qualifiées de lois de forme par opposition aux lois de
fond, qui concernent le droit pénal général et le droit pénal spécial. Les lois de
forme concernent : les lois fixant les modalités de poursuite et la forme de la
procédure, les lois sur la prescription de l’action publique et la prescription des
peines. La loi pénale de forme obéit au principe de l’application immédiate.

Cependant, il arrive qu’une nouvelle loi de compétence et d’organisation


judiciaire retarde son application. C’est le principe de l’application différée.
Ainsi tribunal criminel spécial créé en 2011, mais qui va entrer en vigueur en
octobre 2012. En attendant, les procédures en cours ressortissent de la
compétence des juridictions anciennes (TGI).

PARAGRAPHE 2 : L’INTERPRETATION DE LA LOI PENALE

A. FONDEMENT ET ILLUSTRATIONS DU PRINCIPE

1. Fondement de l’interprétation restrictive


La loi pénale doit être interprétée restrictivement par le juge. Il n’a pas le droit
de l’étendre à des situations qui ne sont pas par la loi pénale. En effet, si on étire
un texte au-delà de ses bornes normales, on parvient donc à condamner sans
texte. Ce qui est prohibé par le principe de la légalité des délits et des peines.
Exemple : le juge ne peut pas condamner le port du chapeau, parce que le
législateur a interdit la bourka.

2. Les applications du principe

Le principe s’applique dans les hypothèses suivantes :

Première hypothèse : l’élucidation d’un texte

Quand une loi pénale est obscure ou équivoque, le juge doit s’efforcer de
découvrir le sens par le recours soit aux travaux préparatoires, soit à l’analyse
rationnelle. Si le doute persiste, le juge pourra refuser d’appliquer ce texte
répressif. Et ce doute profite à l’accusé « in dubio pro reo ». Mais, si le doute
peut être levé, le juge doit en préciser le sens.

Quand la loi est claire, mais aboutit à des résultats absurdes dans son
application, le juge doit faire prévaloir l’esprit de la loi sur la lettre.

Seconde hypothèse : dans le cas de l’adoption d’un texte Il arrive qu’un texte
soit clair et logique lors de son édiction ou adoption. Mais, au fil du temps, de
nouvelles situations apparaissent. Si

Les nouvelles situations sont fondamentalement identiques, le juge va étendre


l’application de la loi pénale. Il est admis une interprétation analogique.
Exemple : une loi a incriminé la diffamation par voie écrite (presse). Va-t-on
pour autant absoudre la diffamation par cinéma, radio ou Internet…Le juge est
fondé à réprimer les agissements foncièrement identiques.

B. LA SIGNIFICATION DU PRINCIPE
L’interprétation restrictive prohibe uniquement l’interprétation déformante, qui
permettrait d’étendre la réflexion au-delà des limites que la loi assigne au texte
par son sens clair, logique et actuel. Au-delà des limites, le juge crée des
infractions ou des pénalités sans texte.

PARAGRAPHE 3 : LA DETERMINATION DE LA JURIDICTION


COMPETENTE POUR APPLIQUER LA LOI PENALE

Ce chapitre préliminaire a permis de passer en revue les généralités qui


caractérisent la procédure pénale. A l’observation, des étapes de la procédure
pénale, on peut distinguer la phase préparatoire (1ère partie) de la phase
décisoire (2ème partie).

PREMIERE PARTIE : LA PHASE PREPARATOIRE

Lorsqu’une infraction est commise, certaines actions sont attendues (titre


premier). Les parties qui vont les mener, devront apporter la preuve de leurs
allégations (Titre 2).

TITRE PREMIER : LES ACTIONS NEES DE L’INFRACTION

Toute infraction peut donner lieu à une action publique et si possible, une action
civile. Il convient de définir les deux actions avant de s’appesantir sur les
distinctions.

SECTION 1 : LA DEFINITION DE DEUX ACTIONS

L’article 59 alinéa (2) dispose : « L’action publique tend à faire prononcer


contre l’auteur d’une infraction une peine ou une mesure de sûreté édictée par la
loi ». L’auteur de l’infraction sera poursuivi par le ministère public, pour obtenir
du juge le prononcé de la sanction prévue par la loi.

L’article 59 alinéa (3) dispose : « L’action civile tend à la réparation du


dommage causé par une infraction ». Une infraction peut causer un dommage
matériel ou moral à la victime. Elle va déclencher l’action civile pour obtenir
réparation.

SECTION 2 : LA DISTINCTION DES DEUX ACTIONS

- La finalité : L’action publique vise le prononcé de la sanction pénale


contre l’auteur de l’infraction ; alors que l’action civile permet à la
victime d’obtenir réparation du dommage causé ;
- Les caractères : L’action publique est indisponible et d’ordre public. Le
Ministère public peut poursuivre sans être saisi par la victime. A l’inverse,
la victime a la possibilité de transiger ou même de renoncer à l’action
civile.

SECTION 3 : LES TEMPERAMENTS DE LA DISTINCTION

La juridiction répressive est compétente pour connaître à la fois de l’action


publique et de l’action civile. L’action publique commande l’action civile par
deux règles :

- 1 ère : Le criminel tient le civil en état. Cette règle signifie que la


juridiction civile est obligée de surseoir à statuer, jusqu’à la décision
définitive sur l’action publique (article 61 CPP). Cela suppose que pour
les mêmes faits, la victime a saisi la juridiction civile et la juridiction
répressive (la même affaire) ;

- 2ème : L’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil. Cette règle


signifie qu’en cas de relaxe au pénal, le tribunal civil devient incompétent
pour statuer sur l’action civile.

- La solidarité de prescription de l’action publique et l’action civile (article


75(2) CPP). Cet article prévoit que désormais l’action civile née d’une
infraction se prescrit par 30 ans, même si elle est jointe à une action
répressive.

CHAPITRE 1 : L’ACTION PUBLIQUE : ACTION PRINCIPALE

L’action publique recherche l’application de la sanction pénale. Elle rend


possible une opposition entre demandeurs et défendeurs. Elle peut être
suspendue ou prendre fin pour des raisons précises.

SECTION 1 : LES DEMANDEURS A L’ACTION PUBLIQUE

Aux termes de l’article 128 du CPP, c’est le ministère public qui est seul
compétent pour exercer l’action publique. Toutefois, cette action peut être
déclenchée par d’autres parties comme la victime et certaines administrations.

PARAGRAPHE 1 : LE MINISTERE PUBLIC

Le ministère public ou parquet est l’avocat de l’intérêt social ou général. Il est


incarné par soit le Procureur de la République ou général ou commissaire du
gouvernement. Le parquet a à sa disposition la police judiciaire. En effet, la
police judiciaire rechercher et constate les infractions. Le dossier est transmis au
Ministère public, qui va demander au juge l’application de la sanction pénale.

PARAGRAPHE 2 : LES CARACTERES DU MINISTERE PUBLIC

Les caractères du ministère public sont les traits qui permettent de le reconnaître
et de le distinguer d’une autre organisation. Il est question de la subordination
hiérarchique
A. LA SUBORDINATION HIERARCHIQUE

La subordination hiérarchique suppose l’existence d’un ordre permettant aux


autorités supérieures de donner des ordres aux autorités inférieures ou
subordonnées. La hiérarchie du ministère public est la suivante : Ministre de la
justice, Procureur général, Procureur de la République. Le non-respect des
ordres peut appeler une sanction disciplinaire. Toutefois, ce principe connaît des
limites

- L’initiative et l’autonomie des poursuites des chefs de parquet : par


l’initiative, chaque chef de parquet a la possibilité de poursuivre sans
l’ordre ou même contre l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques. Par
l’autonomie, le chef hiérarchique ne peut remplacer le chef de parquet et
agir en ses lieux et place ;

- Les réquisitions orales contraires : le procureur qui reçoit des instructions


contraires à sa façon de penser peut les rejeter oralement. C’est
l’application de l’adage « La plume est serve, mais la parole est libre ».

B. L’INDIVISIBILITE

Les membres du parquet forment un tout. Ils peuvent se remplacer les uns les
autres pour remplir la tâche du ministère public au cours d’une même affaire. Ce
n’est pas le cas des magistrats du siège, qui doivent assister à toutes les
audiences de l’affaire qu’il juge.

C. L’INDEPENDANCE

1. L’indépendance des magistrats du parquet par rapport aux


juridictions de jugement
Les magistrats du parquet ne sont pas sous les ordres des magistrats du siège
(juge d’instruction et juges des juridictions).

L’indépendance est renforcée par la séparation des fonctions de justice


répressives. Cependant, les juridictions de jugement peuvent se saisir elles-
mêmes et juger les délits d’audience.

2. L’indépendance du ministère public vis-à-vis de la personne lésée

L’indépendance du ministère par rapport à la personne lésée est fondée sur les
finalités que poursuivent les deux parties. Le ministère public protège la société
et la victime ses intérêts. Le ministère public n’est pas sous les ordres de la
victime. Il peut décider de poursuivre, alors que la victime veut transiger.

D. L’IRRECEVABILITE

Récuser, c’est demander qu’on change une personne. Les membres ministère
public sont irrécusables (inchangeables) par la personne poursuivie et par la
victime. Ce qui n’est pas le cas du juge, qui peut être récusé pour des motifs
déterminés (suspicion légitime).

E. L’IRRESPONSABILITE

Le ministère public n’engage pas responsabilité parce qu’il exerce l’action


publique, même s’il perd le procès. Cependant, si un membre du ministère
public commet une faute personnelle, sa responsabilité civile et sa responsabilité
pénale peuvent être soumises à des poursuites. Il bénéficie dans ce cas du
privilège de juridiction, tel que prévu à l’article 619 CPP.

PARAGRAPHE 3 : LES ADMINISTRATIONS DOTEES DU POUVOIR


D’EXERCER L’ACTION PUBLIQUE

L’article 60 al.1 CPP dispose : « L’action publique peut aussi être mise en
mouvement par une administration… ». Il s’agit de l’administration des
douanes, des eaux et forêts et les impôts ou le fisc…. La particularité de leur
action est qu’elles peuvent transiger avec l’auteur de l’infraction.

PARAGRAPHE 4 : LA VICTIME DE L’INFRACTION

La victime peut toujours saisir une juridiction répressive, par le moyen de la


plainte avec constitution de partie civile. Elle permet de saisir le juge
d’instruction, et de vaincre le refus de poursuivre du ministère public. La
victime d’un crime ou d’un délit se voit doter d’une arme permettant de vaincre
l’arbitraire du ministère public.

SECTION 2 : LES DEFENDEURS A L’ACTION PUBLIQUE

Le défendeur est le présumé délinquant contre qui l’action publique est dirigée.
Il peut être question de l’auteur ou du complice de l’infraction. Il se pose aussi la
question de l’égalité des défendeurs à l’action publique.

PARAGRAPHE 1 : LE DELINQUANT UNIQUE DEFENDEUR A


L’ACTION PUBLIQUE

L’action publique vise la personne impliquée consciemment dans la réalisation


de l’infraction. C’est le principe de la personnalisation de l’action publique.
Lorsque l’action publique est limitée à la personne physique, il est convenable
de parler d’individualisation.

L’action publique recherche l’application de la sanction pénale à un individu


pour sa participation à l’infraction. En conséquence, les personnes autres que les
délinquants sont exclus. Il en est ainsi des héritiers ou des tiers proches du
défunt.

Toutefois, leur responsabilité est engagée sur le plan civil. Elle couvre les frais
et dépens du procès ainsi que les dommages intérêts dus à la partie civile.

L’individualité de la sanction pénale voudrait aussi qu’on puisse porter plainte


contre X et même ouvrir une information judiciaire. En revanche on ne peut
poursuivre devant les tribunaux répressifs qu’un individu certain et déterminé.
On n’exerce donc pas l’action publique contre X.

PARAGRAPHE 2 : L’EGALITE DES DELINQUANTS

Le principe de l’égalité est posé par l’article 1erdu CP. Il dispose : « La loi
pénale s’impose à tous ». Il est limité par les immunités.

Certaines opèrent comme des faits justificatifs et rendent impossible toute


responsabilité pénale et civile. L’infraction disparaît car le caractère délictueux
n’existe plus. C’est le cas des immunités politiques et judiciaires. A l’inverse,
les immunités familiales et diplomatiques laissent à l’infraction son caractère
délictueux, mais interdisent l’exercice de l’action publique contre le coupable.
On se trouve alors en présence d’une fin de non-recevoir.

SECTION 3 : LES CAUSES D’EXTINCTION DE L’ACTION PUBLIQUE

Une cause d’extinction de l’action publique est un empêchement qui ne permet


plus de saisir le juge pour sanctionner le présumé responsable de l’infraction. On
les retrouve à l’article 61 CPP. Il est question : du décès, l’amnistie,
l’abrogation, la transaction, le retrait de la plainte, la chose jugée. La
prescription sera analysée à part au regard des conséquences relatives à
l’interruption ou la suspension.

CHAPITRE 2 : L’ACTION CIVILE : ACTION ACCESSOIRE

La finalité de l’action civile est la réparation du préjudice né de l’infraction. Qui


est demandeur à l’action civile ? Comment l’exerce-t-elle ? Peut-elle prendre fin
? Telles les questions auxquelles la présente analyse doit répondre.

SECTION 1 : LES DEMANDEURS DE L’ACTION CIVILE : LES


VICTIMES
L’action civile est demandée par la victime et non le ministère public. Il existe
plusieurs types de victimes.

PARAGRAPHE 1 : LA VICTIME DIRECTE

La victime directe est celle qui subit personnellement les conséquences de


l’infraction. On dit qu’elle a subi un dommage.

A. LA NOTION DE DOMMAGE REPARABLE

Le dommage est une conséquence négative que subie par la personne physique,
à cause d’un acte. Or le préjudice couvre la personne physique et morale. Mais
très souvent on confond dommage et préjudice. Le dommage a plusieurs
variables :

- Le dommage matériel : atteint le patrimoine ou le corps humain.


- Le dommage moral : atteint la conscience de la victime. Ex : atteinte à
l’honneur, à l’affection par la perte d’un être cher.
- Le dommage corporel : atteint le corps humain. Il est évalué à partir de
l’ITT (Incapacité de Travail Temporaire), IPP (Incapacité Permanente
Partielle) et le pretium doloris (prix de la douleur).
- Le préjudice d’agrément : c’est la privation des joies de l’existence
comme par exemple un art ou un sport auquel on ne peut pas s’adonner.
- Le préjudice esthétique : atteinte à la beauté de l’être.
- Le préjudice juvénile : c’est le cas de l’enfant privé des jeux de son âge.

B. LES CARACTERES DU DOMMAGE OU PREJUDICE

Le dommage ou préjudice doit présenter certains traits. On parle des caractères.

En effet, il faut : un dommage certain, il doit exister. Un dommage incertain ou


douteux ne permet pas d’agir. Il est aussi admis un dommage futur dont la
réalisation est certaine. Ex : la perte de la chance.
- Un préjudice direct ou personnel : l’action civile est ouverte à toute
personne physique ou morale qui a subi un préjudice. Toutefois, les
victimes par ricochet peuvent également être indemnisées.

PARAGRAPHE 2 : LES PERSONNES PHYSIQUES, VICTIMES PAR


RICOCHET

La victime par ricochet désigne une personne, qui a un lien étroit avec la victime
directe. Le fondement de ce lien peut être : la parenté, le sentiment ou l’intérêt.
Sont visées parmi les victimes par ricochet :

- Les parents ou alliés : indemnisés pour préjudice d’affection et matériel ;


- En cas de décès de la victime directe, les parents sont présumés victimes
par ricochet au titre du préjudice d’affection. Le décès du père de famille
cause un préjudice matériel aux enfants et à la femme, qui en
dépendaient ;
- Les tiers en relation juridique avec la victime : Il peut s’agir des
employeurs, des associés, des créanciers. Ils doivent établir l’existence
d’un préjudice particulier ;
- Les concubins : le concubinage n’est légal. Par conséquent, un concubin
n’a pas qualité pour ce seul titre d’exercer l’action civile. Il doit
rechercher une autre cause pour obtenir gain de cause en justice. Ex :
l’article 1382 cciv (tout fait).

PARAGRAPHE 3 : LES PERSONNES MORALES

Personne morale : groupement doté sous certaines conditions d’une personnalité


juridique. Les personnes morales visées sont les associations, syndicats et ordres
professionnels (les avocats, les médecins, les pharmaciens, les architectes, les
vétérinaires, les experts comptables …) ne peuvent exercer l’action civile à
l’occasion d’une procédure répressive, qu’à la condition d’invoquer un
dommage certain et un intérêt collectif ou professionnel (article 74 CPP).
PARAGRAPHE 4 : L’ACTION RECURSOIRE DE CERTAINS
ORGANISMES

La loi autorise certains organismes qui ont eu à payer certaines indemnités à la


victime, de se retourner contre l’auteur de l’infraction pour se faire rembourser.
Il en est ainsi : des compagnies d’assurance de chose (article 74 al.2 CPP), la
CNPS, l’Etat et les collectivités publiques. Il convient de préciser que cette
action récursoire est conditionnée à un préjudice que subi cet organisme. S’il
s’agit des missions normales d’un organisme, il n’a pas droit à réparation. Ex :
une assurance dont la mission est de réparer les sinistres ne peut pas se prévaloir
d’une action récursoire.

SECTION 2 : LES MODES D’EXERCICE DE L’ACTION CIVILE

TITRE II : LE RASSEMBLEMENT DES PREUVES

L’objectif du procès pénal est de rassembler les preuves afin de découvrir la


vérité. A la question qui doit prouver ? Comment doit-on prouver ? La réponse
est relative aux moyens de preuve ? A la question : jusqu’où doit-on prouver ?
La réponse est dans la valeur de la preuve.

CHAPITRE 1 : LA CHARGE DE LA PREUVE

La preuve est un élément permettant d’établir l’existence d’un fait. Le nom de la


preuve varie en procédure pénale selon les phases : indices concordants (enquête
préliminaire), les charges (procureur et juge d’instruction) et la preuve
(tribunal). Le principe qui gouverne la

Recherche des preuves en procédure pénale est celui de la présomption


d’innocence. Il signifie qu’une personne est considérée comme innocente, tant
que les preuves établissant qu’elle a commis une infraction n’ont pas été
rapportées. La présomption d’innocence est levée quand la culpabilité de la
personne poursuivie est établie (art 8 alinéa 1 CPP). Elle s’applique au suspect, à
l’inculpé, au prévenu et à l’accusé (article 8 alinéa 2 CPP). On retrouve ce
principe dans les textes internationaux que nationaux. On peut citer en
l’occurrence : la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, la Charte
Africaine des droits de l’Hommes et des peuples ; le préambule de la
constitution…

Qui doit prouver ? C’est la partie poursuivante qui doit prouver (section 1).
Toutefois, la charge de la preuve peut être renversée. Dans ce cas, c’est la partie
poursuivie qui doit prouver (section 2).

SECTION 1 : LE ROLE DE LA PARTIE POURSUIVANTE

La partie poursuivante renvoie à la personne qui met en mouvement l’action


publique. La mise en mouvement peut consister soit à déclencher, soit à exercer
l’action publique. Il est question du ministère public en principal et la victime en
accessoire.

La victime déclenche l’action publique et le MP exerce. En ce sens, l’article 307


du CPP dispose : « La charge de la preuve incombe à la partie qui a mis en
mouvement l’action publique ». En latin cet article correspond à la maxime : «
actori incumbit probatio ».

Le MP doit apporter la preuve de l’existence des éléments constitutifs d’une


infraction, l’absence de faits justificatifs et l’absence de causes d’extinction de
l’action publique. Et la victime doit apporter la preuve d’un dommage en lien
avec l’infraction. Le juge d’instruction et le juge du tribunal ne sont pas liés par
ces preuves. Ils peuvent ouvrir une nouvelle recherche de preuves, s’ils ne sont
pas convaincus.

SECTION 2 : LE ROLE DE LA PERSONNE POURSUIVIE

La personne poursuivie est la personne présumée responsable de la réalisation


conscience de l’infraction. Elle doit apporter les contre arguments neutralisant
les preuves présentées par la personne poursuivante. En vue de se défendre, la
partie poursuivie peut apporter la preuve d’un fait justificatif, de l’extinction de
l’action publique, de l’existence d’une immunité, l’existence des questions
préjudicielles, etc.

Elle peut même démontrer les allégations de la partie poursuivante sont


douteuses. Et le doute profite à la personne poursuivie « in dubio pro reo ».

Il est des hypothèses où la partie poursuivie doit apporter la preuve contraire


sans que la partie poursuivante produise des preuves. C’est une conséquence des
présomptions légales. C’est une conséquence que la loi tire d’un fait connu pour
valider un fait inconnu. La personne contre qui pèse la présomption, va apporter
la preuve du fait inconnu. Ainsi, le débiteur d’une pension alimentaire doit
prouver qu’il était dans l’impossibilité de la payer.

Les procès-verbaux et rapports font foi jusqu’à preuve contraire (procès-verbaux


de police en matière de contravention au code de la route). Certains procès-
verbaux font foi jusqu’à inscription de faux. Il en est ainsi des infractions au
code des douanes.

CHAPITRE 2 : LES MOYENS DE PREUVE

L’article 308 (a) CPP dispose : « Hormis les cas où la loi en dispose autrement,
une infraction peut être établie par tout mode de preuve ». Il s’agit du principe
de la liberté des preuves, qui n’exclut pas que la production des différents modes
de preuves soit strictement réglementée.

SECTION 1 : LE PRINCIPE DE LA LIBERTE DES PREUVES


PENALES

En procédure civile, la preuve est préétablie, parce que les partis ont pris soin
dans l’acte juridique de prévoir un écrit. Et l’acte juridique est une manifestation
de volonté destinée de produire les effets de droit. Les preuves sont donc
préconstituées. En procédure pénale au contraire, la preuve est libre parce qu’on
est présence du fait juridique. C’est un évènement étranger à la volonté d’une
personne, qui produit les effets de droit. Si tous les modes de preuve sont en
principe admis, certains sont exclus, surtout leurs modes d’obtention sont
strictement règlementés. Il est interdit à la police d’utiliser la torture physique,
les menaces, la pression morale ou d ‘utiliser les procédés illégaux.

En résumé, les principes de preuve en procédure pénale sont : la liberté et la


légalité des preuves.

SECTION 2 : LES DIFFERENTS MODES DE PREUVE

Les preuves étant libres et légales, le droit pénal associe à chaque mode de
preuve une procédure particulière d’obtention. Le renseignement est recueilli par
la quête, les pièces à conviction, par les perquisitions et saisies, les déclarations
de la personne poursuivie par l’interrogatoire, les témoignages par l’audition des
témoins, les indices sont interprétés par l’expertise.

En outre, en avançant dans la procédure, on est de plus en plus exigeant quant à


la valeur probante des éléments produits. On est aussi plus rigoureux quant aux
formalismes à respecter pour le rassemblement et la discussion des divers modes
de preuves.

SOUS-SECTION 1 : LES PREUVES DEDUITES DES CHOSES

PARAGRAPHE 1 : LE RASSEMBLEMENT DES PIECES A


CONVICTION

C’est une procédure qui nécessite outre le transport sur les lieux (A), la
perquisition (B).

A. LE TRANSPORT SUR LES LIEUX

Il consiste à se rendre au lieu de commission de l’infraction pour y faire des


constatations qui s’imposent. Le transport peut se faire à toutes les étapes de la
procédure. Le transport sur les lieux rentre dans les attributs des OPJ. Il n’est pas
obligatoire en matière d’infraction flagrante, pour laquelle le procureur a la
faculté de se rendre sur les lieux (article 92 CPP). Le transport peut intervenir au
cours de l’instruction préparatoire. Le juge d’instruction a l’obligation de se
faire accompagner de son greffier et de dresser un procès-verbal (article 177
CPP). Il peut enfin être opéré par la juridiction de jugement avec cette fois un
grand formalisme. Il s’agit d’une audience foraine, qui exige la présence de
toutes les parties et leurs conseils.

B. LA PERQUISITION

C’est une recherche conduite chez un particulier ; et elle peut avoir lieu à tout
moment de la procédure. Les personnes titulaires d’un droit de perquisitionner
varient avec le stage de la recherche où l’on se trouve. :

- Au niveau de l’enquête préliminaire : ce sont des OPJ, ils doivent être


munis d’un mandat de perquisition ;
- Au niveau de l’enquête de fragrance : elle peut être menée par les OPJ ou
par le procureur de la République ;
- Au niveau de l’instruction préparatoire : c’est le juge d’instruction ou
l’OPJ sous-commission rogatoire de certains documents techniques ;
certains agents des administrations investies de pouvoir de police
judiciaire peuvent aussi perquisitionner. On peut le faire en tout lieu où
cela peut être utile.

Mais, la coutume internationale exclut les locaux diplomatiques sans l’accord du


chef de mission. Les perquisitions ne sont possibles que de 06 heures à 18
heures (article 99 al.1 CPP). Cependant, aux termes de l’alinéa 2 du même
article, une perquisition commencée pendant les heures légales peut se
poursuivre après 18 heures sur l’autorisation du procureur de la république. Les
perquisitions sont entourées de certaines formalités. A ce titre, il faut :
- Un mandat de perquisition et à défaut, le consentement exprès et écrit du
maître des lieux ;
- La présence de certaines personnes susceptibles de garantir la régularité
de l’opération. C’est ainsi que l’article 93 CPP exige la présence du
maître des lieux, du détenteur des biens à saisir ou de leur représentant
ainsi que de deux témoins pris parmi les personnes présentées ou les
voisins.

Un autre formalisme réside dans la rédaction obligatoire d’un procès-verbal de


perquisition signé par la personne présente. A côté de ces formalités générales et
obligatoires doivent être respecté en cas de perquisition en un lieu où sont
détenus les secrets professionnels.

La perquisition du cabinet d’un avocat doit se faire en présence de l’avocat, du


bâtonnier ou son représentant (article 106 CPP). Lorsqu’il s’agit d’un cabinet de
médecin, d’une étude d’un notaire, l’huissier ou du bureau de toute autre
personne tenue au secret professionnel, l’article 107 CPP prévoit que la
perquisition soit faite en présence du magistrat compétent, de l’intéressé et du
représentant de son organisation professionnel, s’il en existe.

PARAGRAPHE 2 : LA CONSERVATION DES PIECES A CONVICTION

Elle est obtenue par la saisie de ces pièces. Deux sortes de choses peuvent être
saisies : celles utiles à la manifestation de la vérité et celles dont la divulgation
pourrait nuire au déroulement des recherches. Ces formalités ont pour but de
garantir l’authenticité de la provenance des pièces. Elle consiste dans
l’inventaire des pièces et l’apposition des scellés. Un procès-verbal des saisies
doit être dressé. Les formalités étant les mêmes pour les perquisitions, les objets
saisis sont déposés au greffe de la juridiction et conservés dans un local spécial,
jusqu’à leur utilisation judiciaire. L’utilisation des objets saisis suppose
l’ouverture des scellés. Elle est faite par le juge d’instruction ou de jugement en
présence de la personne chez qui la saisie a été opérée. Les objets sont restitués à
leur propriétaire à l’issue de la procédure, à moins qu’ils ne soient contraires à
l’ordre public et donc confisqués

SOUS-SECTION 2 : LES PREUVES FOURNIES PAR LES PERSONNES

Elles peuvent émaner soit de la personne poursuivie, soit du tiers.

PARAGRAPHE 1 : LES DECLARATIONS DE LA PERSONNE


POURSUIVIE

On parle généralement de l’aveu de la personne poursuivie, de la reconnaissance


par celle-ci de sa culpabilité (article 315 CPP). Cependant, il existe une
différence fondamentale entre la tradition française et anglo-saxonne. Chez les
anglo-saxons, on n’interroge pas la personne poursuivie, alors que dans la
tradition française, on interroge la personne poursuivie à toutes les étapes de la
procédure. Le CPP camerounais fait la synthèse de deux traditions. Il prévoit
l’interrogatoire de la personne poursuivie à toutes les étapes : à la police, chez le
juge d’instruction et au stade du jugement. Cet interrogatoire est facultatif,
puisque la partie poursuivie peut choisir d’être entendu comme témoin et donc
de prêter serment.

A. LES CARACTERES DES DECLARATIONS


Les témoins sont obligés de répondre aux questions judiciaires. Aucune
obligation de ce type ne pèse sur la personne poursuivie, sauf si elle fait le choix
elle-même d’être traitée comme un témoin. A ce moment-là, il prête serment. De
même, les déclarations de la personne poursuivie qui n’a pas choisi d’être
considérée comme témoin sont libres et spontanées. Elle n’est jamais obligée de
répondre aux questions posées. Ces déclarations ne peuvent être provoquées par
la fraude, ni obtenues par la violence.
Enfin, les déclarations de la personne poursuivie sont rétractables jusqu’à la fin
du procès. Selon l’article 315 al.3 CPP : « L’aveu fait volontairement constitue
un moyen de preuve à l’encontre de son auteur ». La force probante de l’aveu est
laissée à l’appréciation du tribunal qui ne peut l’admettre ou le rejeter que par
une décision motivée. On admet généralement que l’aveu est divisible, c'est-à -
dire que le tribunal peut ne retenir qu’une partie.

B. LA PROCEDURE DE RECUEIL DES DECLARATIONS

Elle varie selon l’étape de la procédure où l’on se trouve. Lors de la phase


préliminaire, l’interrogatoire du suspect est fait par l’OPJ chargé de l’enquête ou
le procureur de la république ou le juge d’instruction en cas d’infraction
flagrante. Il est secret et non contradictoire même comme l’avocat peut
désormais y assister, mais sans intervenir. Il donne lieu à l’établissement d’un
procès-verbal signé par l’intéressé ou mentionnant son refus de signature ; qui
doit comporter l’indication de la durée de l’interrogatoire et des temps de repos
accordés.

Au cours de l’instruction préparatoire, l’interrogatoire ne peut être mené que par


le juge d’instruction. Le juge d’instruction doit interroger l’inculpé au moins une
fois. L’interrogatoire est secret et le CPP l’a rendu pratiquement contradictoire.
L’inculpé peut se faire d’un avocat qui joue un rôle actif. Tous les témoignages
sont contradictoires, surtout les témoignages à charge. Lors de l’interrogatoire
de première comparution, le juge d’instruction doit avertir la personne
poursuivie des charges qui pèsent sur elle et l’informer sur ses droits,
notamment de ne faire aucune déclaration et de se faire assister de conseil. De
même, la personne poursuivie est tenue d’informer le juge d’instruction de tous
les changements d’adresse pour le cas où elle n’est pas placée en détention
provisoire.
Au stade du jugement, l’interrogatoire du prévenu n’est plus prévu.

Il choisit librement de plaider coupable ou non coupable dès l’ouverture des


débats. S’il plaide coupable, la parole lui est donnée pour faire toute déclaration
qu’il désire (article 366 (b) CPP). S’il plaide non coupable, l’article 366 (a) CPP,
lui donne le choix entre trois attitudes :

- Faire vous serment toute déclaration pour sa défense ;


- Ne faire aucune déclaration ;
- Déposer comme témoin sous serment. La procédure d’audience est
publique, orale et entièrement contradictoire.
C. LA VALEUR DES DECLARATIONS

Les déclarations de la personne poursuivie n’ont aucune valeur particulière,


même quand elles consistent dans un aveu, même spontané. Celui-ci n’est pas
obligatoirement pris en considération.

PARAGRAPHE 2 : LES DECLARATIONS DE LA PARTIE CIVILE

La partie civile est entendue dans les mêmes conditions que la personne
poursuivie. En d’autres termes, elle est entendue sous serment et avec
l’assistance d’un conseil, qui bénéficie des mêmes prérogatives que l’inculpé. Il
a droit aux mêmes copies de pièces et aux mêmes significations que lui.

PARAGRAPHE 3 : LES DECLARATIONS DES TIERS : LE


TEMOIGNAGE

Le témoignage est le récit fait une personne de ce qu’elle croit savoir au sujet
d’une infraction. La portée du témoignage est considérable. Il peut concerner les
faits comme par exemple l’infraction elle-même ; ce qui l’a précédé ou ce qui l’a
suivi. Il peut concerner la ou les personnes qui y sont impliquées. Le témoignage
peut être directe c'est-à-dire relatif à ce que le témoin a vu ou entendu lui-même
ou indirecte et porté sur ce que ceux qui ont vu ou entendu lui ont rapporté.
L’article 335 CPP ne donne de la valeur qu’au témoignage direct. Il définit ce
qu’il faut entendre par cette expression. Il s’agit du témoignage qui énonce :

 De celui qui a vu le fait, s’il s’agit d’un fait qui pouvait être vu ;
 De celui qui l’a entendu, s’il s’agit d’un fait qui pouvait être entendu ;
 De celui qui l’a perçu, s’il s’agit d’un fait qui pouvait être perçu par tout
autre sens ;
 De son auteur : s’il s’agit d’une opinion ».

Le témoignage est à l’heure actuelle, la preuve pénale la plus utilisée.

A. LE CHOIX ET LA CONVOCATION DES TEMOINS

Ils se font de façon très différente selon que l’on se trouve dans la phase
policière ou judiciaire du procès.

1. Pendant la phase policière

L’article 92 CPP prévoit simplement que l’OPJ peut entendre toute personne
dont les déclarations lui paraissent utiles à la manifestation de la vérité. La
personne convoquée est tenue de comparaître. Si elle ne le fait pas, l’OPJ
informe le procureur de la république qui peut décerner un mandat d’amener.

Dans l’hypothèse de l’enquête de flagrance, l’OPJ peut interdire à toute


personne de quitter les lieux de l’infraction et entendre toute personne
susceptible de fournir des renseignements.

2. Pendant la phase judiciaire

Le formalisme du témoignage devient plus important. Il vise à exclure certaines


personnes et à soumettre l’audition aux règles générales du stade procédural où
l’on se trouve.

a. Les conditions de fond


Il existe des incompatibilités entre une qualité donnée et la fonction de témoin.
Les incompatibilités sont toujours particulières à une affaire donnée. Leur
importance a cependant beaucoup diminué dans la mesure où même la personne
poursuivie peut être entendue comme témoin et être interroger sur des faits qui
peuvent permettre d’établir sa culpabilité (article 323 CPP). La seule incapacité
qui demeure est l’âge du témoin, qui doit avoir au moins 14 ans pour prêter
serment (article 187 et 322 CPP).

b. Les conditions de forme

Le juge d’instruction peut entendre toutes les personnes indiquées par la plainte
ou par le procureur de la république ou les personnes ayant connaissance de
l’infraction ou des circonstances de sa perpétration. Il doit simplement éviter de
violer les droits de la défense.

La procédure de convocation peut être simple, mais seule une véritable citation
par voie d’huissier permet de contraindre un témoin récalcitrant à comparaître.
L’audition d’instruction est secrète, mais il peut avoir des confrontations entre le
témoin et la personne poursuivie.

Devant la juridiction de jugement, la procédure est plus formaliste et de type


contradictoire. L’article 331 CPP règlemente le déroulement du témoignage qui
peut se faire en trois phases :

- L’« examination in chief » : c’est l’interrogatoire du témoin par la partie


qui l’a fait citer et appeler ;
- La « cross-examination » : c’est l’interrogatoire par une partie autre que
celle qui l’a fait citer et appeler ;
- « La re-examination » : lorsque la partie qui a fait citer et appeler le
témoin demande à la réinterroger après le contre interrogatoire.

Tout prévenu peut s’il le désire être témoin à tous les stades de la procédure et
c’est à ses risques. En effet, le prévenu peut se voir poser toutes les questions et
même celles tendant à établir sa culpabilité, parce qu’il a opté de témoigner
(article 323 al.1 et 2 CPP). Ce sont les parties qui font savoir quel témoin elles
entendent faire comparaître.

B. LES OBLIGATIONS ET LES DROITS DES TEMOINS

1. Les obligations du témoin

Les obligations du témoin sont triples :

a. Le témoin doit d’abord comparaître

S’il ne le fait pas, il peut être contraint par la force ou voir le procès renvoyé à
une autre date.

b. Le témoin doit ensuite prêter serment

La prestation de serment est une obligation d’ordre public.

c. Le témoin a enfin l’obligation de déposer :

Ce qui comporte deux conséquences. Il ne peut refuser de parler d’une part et il


doit obligatoirement dire ce qu’il sait d’autre part. Il peut parfois avoir un conflit
entre l’obligation de parler du témoin et l’obligation de se taire qu’impose le
secret professionnel à certaines activités. Tout dépendra alors de l’importance
qu’il faut accorder à ce secret et qui varie selon les métiers. L’obligation de
déposer s’accompagne de celle de dire la vérité. La violation de cette obligation
constitue le délit de faux témoignage (article 164 CP). La peine est doublée
lorsque le faux témoin a été corrompu (article 164 al.2 CP). Le fait d’avoir
provoqué un faux témoignage constitue la subordination de témoin prévu à
l’article 168 du CP.

2. Les droits du témoin

Le témoin bénéficie de la protection de ne pas être poursuivie pour son


témoignage. Le CPP prévoit également des frais pour son transport.
CHAPITRE 3 : LA VALEUR DES PREUVES – LE PRINCIPE DE
L’INTIME CONVICTION

La preuve présentée par les parties devant le juge pénal n’est pas un acte
inattaquable. Elle ne lie pas le juge. Ce dernier a la liberté d’apprécier les
preuves. Toutefois, il existe des preuves, qui ne permettent pas au juge
d’apprécier. Tel est l’essentiel sur l’intime conviction.

SECTION 1 : LA SIGNIFICATION DU PRINCIPE DE L’INTIME


CONVICTION

La conviction du juge est le processus psychologique par lequel, le juge


considère une preuve comme fondée. Le juge pénal doit fonder sa décision sur la
loi et l’intime conviction (article 310 al.2 CPP). Pour éviter des décisions
arbitraires, le juge a l’obligation de motiver sa décision. Il est question de
donner les bases juridiques et factuelles, qui le conduisent à une conclusion.

SECTION 2 : LES EXCEPTIONS DU PRINCIPE DE L’INTIME


CONVICTION

Il s’agit de certains procès-verbaux et même certains rapports auxquels la loi


accorde une autorité particulière. C’est le cas en matière de contravention où les
procès-verbaux dressés régulièrement font foi, jusqu’à preuve du contraire.
C’est au prévenu à établir le caractère faux des énonciations de ces procès-
verbaux.

SECONDE PARTIE : LA PHASE DECISOIRE DE LA PROCEDURE


PENALE
La procédure pénale est une succession d’étapes pendant lesquelles les décisions
se prennent. Une distinction est possible entre les décisions prises avant le
jugement (titre 1) et celles prises à partir du jugement (titre 2).

TITRE 1 : LES DECISIONS PRISES AVANT LE JUGEMENT

Avant la saisine des juridictions de jugement, il s’observe des phases de la


procédure pénale ponctuées par une prise de décision. Il s’agit d’abord de
l’enquête préliminaire (chapitre 1), ensuite la poursuite (chapitre 2) et enfin
l’instruction (chapitre 3).

CHAPITRE 1 : L’ENQUETE PRELIMINAIRE

L’enquête préliminaire est la phase pendant laquelle les infractions sont


constatées, les preuves rassemblées et les auteurs ou complices de l’infraction
recherchés puis arrêtés. Aux termes de l’article 82 CPP, cette mission est confiée
à la police judiciaire. C’est une structure hiérarchisée de l’Etat (confère
document). Elle joue un rôle lors des investigations (section 1). La garde à vue
peut être sollicitée (section 2). L’enquête préliminaire se distingue de l’enquête
de flagrance (section2).

SECTION 2 : LES INVESTIGATIONS

- L’investigation est une démarche qui permet d’identifier les auteurs de


l’infraction et les indices concordants et graves. Les techniques suivantes
sont utilisées par la police judiciaire :

Les auditions : c’est une opération qui permet à la PJ d’entendre les


personnes susceptibles d’apporter des renseignements. L’article 92 prévoit
que l’OPJ peut entendre « toute personne ».
Cette expression englobe : le plaignant, le suspect et tout tiers. Si une
personne ne se présente pas sur convocation de l’OPJ, la police avise le
parquet qui peut l’y contraindre par la force publique. Le suspect ne peut
être retenu que le temps nécessaire à leur audition.

- Les perquisitions et les saisies : la perquisition est une recherche de


preuve au domicile d’une personne. Et la saisie consiste en la garde des
éléments de preuve trouvés par les OPJ. Perquisitions et saisies se
réalisent aux vues d’un mandat de perquisition. Si l’OPJ n’a pas de
mandant, il peut perquisitionner avec le consentement exprès et écrit de la
personne présente dans un domicile. Les heures légales doivent être
respectées. Et les personnes chez qui les perquisitions sont effectuées
peuvent fouiller la police avant qu’elle n’agisse.

- Constatation matérielle : La police doit relever toutes les traces et tous les
indices utiles à l’enquête. Il faut éviter de modifier l’état des lieux avant
les premières opérations de l’enquête.

- Le contrôle et vérification d’identité : Selon l’article 86 al.1 CPP, les OPJ


sont habilités à contrôler et vérifier l’identité et la situation de toute
personne suspecte. Si l’intéressé refuse de décliner son identité ou en
indique une fausse, il peut être arrêté et conduit aux fins de vérification
dans un local de police, où il peut être gardé à vue pour une durée qui ne
dépasse pas (24) heures.

- Les écoutes téléphoniques et les prises de vue dans les lieux privés :
L’article 92 al.3 CPP règlemente les interceptions, enregistrements ou
transcriptions de toute correspondance émise par voie de
télécommunication. Il en va de même des prises de vue opérées dans les
lieux privés (photographies, vidéo…). Leur utilisation exige des
conditions bien précises. Il faut ;

- Qu’il s’agisse d’une infraction punie d’une peine d’emprisonnement d’au


moins deux (02) ans ;
- Que l’OPJ soit autorisé par écrit par le procureur de la république ;

- Que ces opérations soient menées sous le contrôle du procureur de la


république.

- Une fois que le dossier est transmis au parquet, la police n’a plus le droit
d’intercepter les correspondances téléphoniques ou de prendre des photos
dans les lieux privés.

- Les fouilles : La fouille à corps peut être réalisée par l’OPJ dans tout lieu
public ou ouvert au public, sur toute personne soupçonnée de porter une
arme ou tout objet de nature à servir à la commission d’une infraction (87
CPP). La personne fouillée doit être informée préalablement des motifs de
la fouille. Elle ne peut être faite que par une personne de même sexe. Elle
ne doit pas être dans un but d’humiliation de la personne qui y est
soumise. La fouille peut s’étendre aux véhicules, aux passagers du
véhicule et aux bagages.

SECTION 3 : LA GARDE A VUE

La garde à vue est une mesure de police pendant l’enquête préliminaire, en vertu
de laquelle, une personne est retenue dans un local de la police judiciaire en vue
de la manifestation de la vérité pour une durée limitée. Elle est règlementée avec
les articles 118 à 126 CPP.
- Les personnes susceptibles d’être gardées à vue : la garde à vue ne
s’exerce pas contre une personne ayant une résidence connue. Cependant
peut être gardé à vue l’auteur d’un crime ou délit flagrant.
- Les délais de la garde à vue : L’article 119 CPP fixe la durée de la garde à
vue à 48 heures (02 j) renouvelable une fois (02 j), sur autorisation écrite
du Procureur de la république. Ce délai peut être renouvelé deux fois (02 j
fois 02) à titre exceptionnel. Le délai total est de 08 jours.

Chaque prorogation doit être motivée. L’audition d’un témoin ne peut justifier
une prorogation de garde à vue. La garde à vue ne peut être ordonnée les
samedis et les dimanches et jours fériés.

Toutefois, si elle a commencé le vendredi, ou la veille d’un jour férié, elle peut
être prorogée. La garde à vue peut également être prorogée en cas de distance
entre le lieu d’arrestation et le local de police ou de gendarmerie où elle doit être
exécutée. La prorogation est alors de 24H/50Km. Le point de départ du délai de
la garde à vue est l’heure à laquelle le suspect se présente ou est conduit dans les
locaux de l’agence de police.

Les droits des personnes gardées à vue : ils sont prévus à l’article 122 CPP. La
personne gardée à vue doit être informée des faits qui lui sont reprochés. Elle
doit être traitée avec humanité. La loi exclut tout recours à tous les moyens
frauduleux ou violents susceptibles d’être utilisées pour forcer les aveux de la
personne gardée à vue.

Un temps raisonnable de repos doit être accordé au suspect entre deux auditions.
Ce temps de repos doit être mentionné au procès-verbal. Le suspect a droit à la
visite de son avocat et des membres de sa famille ou de toute personne pouvant
suivre son traitement pendant la garde à vue. Il doit être alimenté aux frais de
l’Etat.
Mais, il n’est pas exclu que ses parents et amis lui apportent à manger. La
personne gardée à vue à droit à la visite médicale soit à sa demande, soit sur
réquisition d’office du procureur de la république.

 Les obligations de l’OPJ

L’OPJ doit obligatoirement rédiger un procès-verbal dans lequel il mentionne


les motifs de la garde à vue, les repos, les auditions, le jour et l’heure à partir
desquels il a été soit libéré, soit conduit devant le Procureur de la république. Le
procès-verbal doit être visé par le suspect. En cas de refus, la mention en est
faite au procès-verbal. L’inobservation de ces formalités entraîne la nullité des
procès-verbaux et des actes subséquents sans préjudice des sanctions
disciplinaires contre l’officier.

SECTION 4 : L’ENQUETE D’INFRACTION FLAGRANTE

PARAGRAPHE 1 : GENERALITES SUR L’ENQUETE D’INFRACTION


FLAGRANTE

L’article 103 CPP énumère les différents cas d’infractions flagrantes. Il doit
s’agir des crimes ou délits. 4 cas sont retenus :

A. L’INFRACTION FLAGRANTE PROPREMENT DITE (ARTICLE


103 AL.1)

Elle comporte deux branches :

- L’infraction qui se commet actuellement : elle est en cours d’exécution.


Ex : les voleurs pris dans une barrière de maison.
- L’infraction qui vient de se commettre : elle est déjà consommée, mais les
effets en sont encore visibles. Ex : Les voleurs pris avec un écran plat à
100 mètres d’une barrière de maison

B. L’INFRACTION REPUTEE FLAGRANTE (ARTICLE 103 AL.2)

La personne soupçonnée est dans un temps très voisin de l’action poursuivie par
la clameur publique. C’est ainsi que le voleur a pris la fuite, mais les cris « au
voleur » marquent son passage.

C. L’INFRACTION ASSIMILEE A L’INFRACTION FLAGRANTE


(ARTICLE 103 AL.3 CPP)

Il s’agit d’une infraction commise à l’intérieur d’une maison. Le chef de cette


maison a requis le Procureur de la république ou l’OPJ de la constatation. Ex :
un chef de famille porte plainte pour un fait commis chez elle et demande qu’on
vienne enquêter sur place.

D. L’ENQUETE DE MORT SUSPECTE

Il y a mort suspecte, lorsque la perte de la vie se déroule dans des circonstances


de nature à suspecter une main criminelle. En cas de mort suspecte, l’officier de
police judiciaire informé en rend compte immédiatement au procureur de la
république (art 115 CPP).

PARAGRAPHE 2 : LES ACTIVITES DE L’ENQUETE DE FLAGRANTE

Lorsque le crime ou le délit remplit les conditions d’infraction flagrante tel que
définie à l’article 103, la police dispose de certaines prérogatives qu’elle exerce
de façon coercitive. Ces obligations et pouvoirs peuvent être résumés de la
manière suivante :

- Saisie immédiate du procureur de la république ;


- Transport sans délai sur les lieux ;
- Constatation matérielle
- Les perquisitions et saisies :
- Réquisition des experts :
- Audition des témoins
- Arrestation
- La fouille à corps
- La garde à vue

CHAPITRE 2 : LA POURSUITE

La décision de poursuivre vient après la phase de l’enquête préliminaire. Cette


décision incombe à certains acteurs. En effet, la décision de poursuivre
comporte des problèmes d’ordre technique. Il s’agit d’une part de la technique
de prise de décision de poursuite (section 1) et d’autre part de l’exécution de la
décision de poursuite (section 2).

SECTION 1 : LA PRISE DE LA DECISION DE POURSUITE

La décision de poursuivre met à contribution une chaîne d’entités. Il est question


des protagonistes, des divers éléments et des orientations.

PARAGRAPHE 1 : LES AUTEURS DE LA DECISION DE POURSUITE

En règle générale, un service public spécialisé est chargé de mettre ou non en


mouvement l’action publique. Il s’agit du ministère public (A).

Toutefois, si ce dernier ne réagit pas, la victime (B) par voie d’action peut porter
son action civile devant la juridiction répressive et à cet effet, elle pourra obliger
le ministère public à intervenir pour mettre en mouvement l’action publique et
l’exercer.
A. LA DECISION DE POURSUITE PAR LE MINISTERE PUBLIC

En principe, c’est le procureur de la république qui va être amené à prendre les


décisions nécessaires en matière de poursuite dans la mesure où tous les
renseignements concernant l’existence des faits qui paraissent contraires à la loi
pénale dans sa circonscription territoriale doivent converger vers lui. En effet,
tous les OPJ doivent lui transmettre les procès-verbaux, plaintes et
dénonciations qu’ils ont reçues (article 135 al.1(a)).

Il peut arriver que la victime ou les tiers saisissent directement le procureur de la


république (plainte de la victime ou dénonciation d’un tiers). L’obligation
d’informer le procureur de la république de tout crime ou délit incombe à toute
personne, aux administrations et aux fonctionnaires (article 135 al.2, 3 CPP). Le
refus d’aider la justice à ce stade est pénalement réprimé. Cette répression est
matérialisée par des infractions comme : la non intervention (article 171 CP) et
le refus d’innocenter (article 172 CP). Ces deux infractions peuvent être
reprochées à toute personne d’où la formule : « Celui qui … ».

Les peines sont aussi identiques et facultatives, soit un emprisonnement d’un


mois à trois ans et une amende de vingt mille à un million de francs ou l’une de
ces deux peines. La documentation doit parvenir au procureur de la république
dans les plus brefs délais et seules les origines des pièces doivent lui être
transmises. Toutefois, il peut arriver qu’il ne les exploite pas lui-même et les
transmet à d’autres autorités compétentes, exemple : dans le cas des mineurs
auteurs d’infractions, des militaires, membres du gouvernement et président de
la république.

Le procureur de la république n’est pas obligé d’attendre qu’on le saisisse. Il


peut aussi s’autosaisir d’office, s’il est informé d’une affaire (article 135 al.1 (b)
conformément aux dispositions de l’article 140 CPP, le procureur de la
république compétent est soit celui du lieu de commission de l’infraction, soit du
domicile du suspect, soit du lieu d’arrestation du suspect. L’alinéa 2 de l’article
140 CPP dispose en addition, en cas de saisine concurrentielle, la priorité revient
au procureur de la république du lieu de commission de l’infraction. Par ailleurs,
il y a lieu de préciser que la compétence du procureur de la république est
calquée sur celle du tribunal d’instance légalement saisi par rapport à sa
compétence matérielle ou territoriale.

B. LA DECISION DE POURSUITE PAR LA VICTIME

Le ministère public n’est pas seul à pouvoir prendre une décision de poursuite.
Celle-ci peut provenir de la partie lésée. C’est ainsi qu’en se constituant partie
civile, elle met automatiquement en mouvement l’action publique, si celle-ci
n’avait pas encore été déclenchée par le ministère public (revue des sciences
criminelles, 1975, p.97).

Mais la présence la victime n’est valable devant le juge répressif que si la


constitution de partie civile est recevable, c'est-à-dire si elle tend à la réparation
d’un préjudice personnel, actuel, direct découlant de l’infraction. Aux termes de
l’article 157 CPP, la plainte avec constitution de partie civile met en mouvement
l’action publique (al.2). Une fois l’action publique mise en mouvement, le
procureur de la république est tenu de l’exercer.

Le législateur admet que le juge répressif statue sur l’action en réparation, même
si l’action publique est éteinte par le décès de l’auteur de l’infraction (article 63
CPP). La mise en mouvement de l’action publique par la victime est un acte qui
engage sa responsabilité ; car si cet acte est accompli de mauvaise foi ; il peut
l’exposer aux sanctions pénales et au paiement des dommages intérêts pour
constitution de partie civile abusive conformément aux dispositions de l’article
162 CPP.

A l’inverse, le ministère public est irresponsable, sauf pour faute personnelle de


nature à justifier sa poursuite. Mais, quel que soit l’auteur de la décision de
poursuite, l’autorité compétente pour poursuivre est le procureur de la
république.

PARAGRAPHE 2 : L’AUTORITE COMPETENTE POUR POURSUIVRE


– LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE

Le procureur de la république doit examiner la légalité des poursuites et


l’opportunité de celle-ci.

A. L’EXAMEN DE LA LEGALITE DES POURSUITES

Le procureur de la république doit apprécier le bien-fondé de l’action publique


et la recevabilité de celle-ci.

1. L’appréciation du bien-fondé de l’action publique

A partir du moment où il sera en possession des renseignements suffisants, le


procureur de la république ou la personne investie du même pouvoir pourra
prendre sa décision. Il doit au préalable s’assure que juridiquement, l’infraction
pourrait bien exister et que la responsabilité pénale de la personne soupçonnée
paraît bien engagée.

Le procureur de la république examine ici les faits portés à sa connaissance.


Pour plus d’éclairage, il peut solliciter de la police judiciaire des informations
complémentaires (article 141 (b) CPP). Il pourra même ordonner une expertise,
une autopsie pour décerner des mandats de justice (article 11 CPP).

Il doit également, au regard des éléments constitutifs de l’infraction, vérifier s’il


peut qualifier les différents protagonistes de l’infraction (auteurs, coauteurs,
complices, comparses). Le comparse est celui qui donne des informations
vagues, sans savoir qu’elles seront utilisées pour la commission de l’infraction.

Le procureur devra vérifier s’il n’y a aucune cause d’impunité tenant au fond
des faits. Il s’agit pour lui de vérifier s’il n’existe pas d’obstacles à la poursuite,
ni encore d’autres faits justificatifs. Il s’assure qu’il n’y a pas d’obstacles
subjectifs tels que les causes de non impunité (article 148 CPP).

A l’inverse, les excuses absolutoires qui sont aussi des causes d’impunité
n’empêchent pas d’engager les poursuites ; car l’absolution ne se décide qu’au
niveau des juridictions de jugement.

De même, la minorité n’empêche pas d’engager les poursuites, mais celles-ci se


font de manière spéciale (article 700 et suivants du CPP). C’est seulement à
l’examen de ces différents points amène le procureur de la république à la
conviction que l’action publique est bien fondée. On pourra dire que les
poursuites revêtent une suffisante légalité et sont nécessaires.

2. L’appréciation de la recevabilité de l’action publique

Le procureur de la république doit d’une part vérifier sa compétence territoriale


et d’attribution et d’autre part vérifier qu’il n’est pas survenu une cause
d’extinction de l’action publique à l’instar de la prescription, du décès du
délinquant, de l’existence d’une décision précédente sur les mêmes faits ayant
acquis autorité de la chose jugée.

Il y a aussi cause irrecevable lorsque la plainte de la victime est un préalable au


déclenchement de l’action publique. Il en est ainsi dans les cas de considération
morale ou familiale ou dans le cas d’un préjudice essentiellement privé.

Si le procureur de la république parvient à la conviction que la poursuite


envisagée est recevable et bien fondée, il devra examiner l’opportunité des
poursuites.

B. L’EXAMEN DE L’OPPORTUNITE DES POURSUITES

Le principe de l’opportunité des poursuites n’était pas clairement exprimé dans


le code d’instruction criminelle. Le CPP se veut plus précis.
C’est ainsi qu’aux termes de l’article 141 CPP, le procureur de la république
reçoit les plaintes et dénonciations et apprécie la suite à leur donner. Cette
disposition célèbre la liberté du procureur de la république dans son office
d’appréciation des plaintes et dénonciations. Mais, il s’agit d’une liberté de
principe, elle n’est pas complète.

En effet, l’appréciation effectuée par le ministère public prendra en compte


l’intérêt social. Le législateur a prévu comme garanties à l’autoritarisme ou à la
dictature du procureur de la république, le contrôle hiérarchique du procureur de
la république comme première garantie et l’intervention de la victime au procès
pénal comme seconde garantie.

Ces garanties obligent le procureur de la république à se décider. Et la décision


du procureur peut prendre certaines orientations.

PARAGRAPHE 3 : LES ORIENTATIONS DE LA DECISION DU


PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE

La décision du procureur de la république est versatile et tributaire de certaines


circonstances. A ce titre, il peut refuser de poursuivre, recourir à la médiation,
décider de poursuivre.

A. LE REFUS DE POURSUIVRE : LA DECISION DU CLASSEMENT


SANS SUITE

Le procureur décide de classer l’affaire, s’il pense que les poursuites sont
irrecevables. A titre d’exemple, l’action publique est éteinte ; les éléments
constitutifs de l’infraction ne sont pas recensés ; les poursuites sont inopportunes
dans ces hypothèses, telle est la décision que prendra le procureur de la
république.
Le classement sans suite ne constitue pas une décision juridictionnelle ; mais
bien plus une décision administrative. C’est pourquoi il n’existe pas de recours
judiciaire ; mais un recours hiérarchique auprès du procureur général près la
cour d’appel ou du ministre de la justice.

Cette autorité pourra adresser au procureur de la république l’ordre de


déclencher les poursuites. Etant donné que cette décision ne constitue pas un
jugement, il n’y a pas en conséquence d’autorité de la chose jugée et donc pas de
caractère définitif, mais un caractère provisoire. Le procureur de la république
peut revenir sur sa décision tant que la prescription de l’action publique n’est
pas acquise.

Le classement sans suite n’interdit pas à la victime de mettre l’action publique


en mouvement en saisissant les juridictions répressives par son action civile.

B. LE RECOURS A LA MEDIATION

Lorsque l’infraction a lésé les intérêts particuliers, la victime de celle-ci peut


transiger sur son action civile. En principe, cette transaction est sans effet sur
l’action publique. Toutefois, il est possible, quand l’ordre n’a pas été gravement
troublé que le procureur de la république tienne compte de cet arrangement
intervenu pour décider de ne pas poursuivre et procéder à un classement sans
suite.

C. LA DECISION DE POURSUIVRE

Lorsque toutes les conditions de recevabilité de l’action publique sont réunies et


que les poursuites sont opportunes, le procureur de la république va décider
d’engager l’action publique par la saisine d’une juridiction répressive
compétente.

Si le classement sans suite peut être modifié, la décision de poursuivre est au


contraire irrévocable et irréversible.
La décision de poursuite n’a pas d’autorité de la chose jugée. C’est pourquoi la
personne poursuivie continue de bénéficier de la présomption d’innocence et le
juge d’instruction ainsi que de jugement, pourront réviser l’appréciation faite par
le procureur.

D. LES LIMITES A LA DECISION DE POURSUITE DU


PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE

La liberté de poursuite du procureur de la république n’est pas absolue. En effet,


la liberté de poursuite du procureur de la république est relativisée ou
conditionnée dans les hypothèses suivantes :

- L’exigence d’une plainte de la victime ou d’une administration publique


(le fisc, les eaux et forêts, la douane…) ;
- L’exigence d’une autorité préalable : cette autorité doit intervenir pour
autoriser la poursuite. C’est ainsi qu’une infraction commise par un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ne peut être poursuivie
qu’au terme de la procédure disciplinaire.

De même, le parlementaire est couvert par l’inviolabilité parlementaire pendant


la durée de la session. Les poursuites d’un parlementaire ne peuvent se faire
qu’avec l’autorisation des bureaux de l’assemblée, c'est-à-dire après main levée
de l’immunité parlementaire.

Toutefois, cette inviolabilité ne joue pas pour les infractions flagrantes et celles
commises hors des sessions.

SECTION 2 : L’EXECUTION DE LA DECISION DE POURSUITE

En cas de classement sans suite, les pièces du dossier ne sont pas détruites, mais
classées et conservées. Si la décision valide la poursuite, elle fera recours à
certaines techniques. Ces techniques sont utilisées aussi bien par le ministère
public que par la victime.
PARAGRAPHE 1 : L’INFORMATION JUDICIAIRE

L’information judiciaire est un procédé qui consiste à saisir un juge d’instruction


pour qu’il enquête sur une affaire de façon approfondie avant d’envoyer ou non
le prévenu devant le juge de jugement.

Ce procédé se veut discret. Il est nécessaire pour les affaires compliquées et très
graves comme les crimes et délits connexes. On y recourt aussi pour les
infractions commises par les mineurs. Ce procédé peut être utilisé par le
ministère public et par la victime.

A. LA SOLLICITATION DE L’INFORMATION JUDICIAIRE PAR


LE MINISTERE PUBLIC

Lorsqu’il décide de poursuivre par voie d’information, le procureur de la


république rédige un acte appelé : réquisitoire introductif d’instance ou
réquisitoire de soit informé auquel il joint le dossier déjà constitué et pour la
détermination de la saisine du juge d’instruction et pour la vérification de sa
compétence. Par ce réquisitoire de saisine, le procureur de la république requiert
le juge d’instruction d’informer.

Il a donc pour effet de mettre l’action publique en mouvement (article 143 al.2
CPP). Le réquisitoire peut indexer une personne dénommée ou une personne
non dénommée, c'est-à-dire contre X.

Le réquisitoire contient aussi la qualification pénale des faits reprochés et la


mention que l’action publique n’est pas éteinte. La poursuite est donc dirigée in
rem et non in personam. En d’autres termes, le juge d’instruction est limité par
les faits qui lui sont décrits dans le réquisitoire. Toutefois, il peut changer les
qualifications. Le juge d’instruction n’est pas saisi in personam. Mais, le juge
d’instruction pourra citer les personnes (auteurs, complices) non cités dans le
réquisitoire, si leur intervention ou leur mise en examen est indispensable à la
découverte de la vérité.

B. LA SOLLICITATION DE L’INFORMATION JUDICIAIRE PAR


LA VICTIME

La victime qui veut porter son action devant une juridiction répressive où
l’information judiciaire est obligatoire ou si elle la sollicite, doit prouver qu’elle
a subi un préjudice (article 157 al.1 CPP). Il faudrait aussi l’action de la victime
coïncide avec l’intérêt social doit être protégé (article 157 al.3 CPP). Le juge
d’instruction sera saisi par la victime au moyen d’une plainte avec constitution
de partie civile.

Cette plainte comporte toutes les pièces justificatives décrivant tous les détails
des accusations. Elle a pour effet de mettre en mouvement l’action publique en
cas d’inaction préalable du ministère public (article 157 al.2 CPP).

Comme le réquisitoire, cette plainte doit être écrite et datée, elle doit exposer les
faits de façon détaillée, les qualifier et si possible indiquer la personnalité de
l’auteur de l’infraction. Alors, elle peut être dirigée contre une personne
dénommée ou restée vague. A cela, la victime engage aussi bien sa
responsabilité pénale que civile car la personne poursuivie (inculpée) pourra
saisir les juridictions pour constitution de partie civile abusive et demander les
dommages intérêts (article 162 CPP). La victime peut aussi être poursuivie pour
dénonciation calomnieuse en cas de non-lieu. La plainte avec

Constitution de partie civile est signée par la partie lésée, elle doit comporter
l’engagement de verser une consignation fixée par le juge d’instruction par
ordonnance. Cette consignation se fait au greffe du Tribunal de Première
Instance (TPI) compétent. La consignation représente une somme d’argent
présumé suffisante pour le paiement des frais de procédure.
Mais, un supplément de consignation peut être fixé au cours de l’information
(article 159 al.1 et 2 CPP). Le juge d’instruction ordonne communication de la
plainte au procureur de la république dès que la partie civile a versé sa
consignation. A cela, le juge d’instruction procède par un acte écrit appelé
ordonnance de soit communiqué.

Si l’action publique est atteinte ou si les faits exposés ne peuvent recevoir de


qualification pénale, le ministère public peut prendre le réquisitoire de non
informé. Le ministère public peut également conclure à l’incompétence du juge
d’instruction saisi ou à l’irrecevabilité de la constitution de partie civile pour
défaut de qualité. Le ministère public peut aussi demander au président du
tribunal de désigner un autre juge d’instruction compétent (article 160 à 162
CPP).

PARAGRAPHE 2 : LA CITATION DIRECTE

La citation directe est un procédé qui permet au ministère public et à la partie


lésée de saisir directement la juridiction de jugement en citant le coupable
devant elle. On va analyser les hypothèses, conditions de forme et effets de la
citation directe (article 40 à 55 CPP).

A. LES HYPOTHESES DE LA CITATION DIRECTE

La citation directe est le procédé normal de saisine du TPI compétente en


matière de contravention et de délit. Ce procédé est surtout employé en pratique
par le ministère public et la partie lésée. Ce procédé ne peut être utilisé en
matière de crime où l’information judiciaire est obligatoire en raison soit de la
personnalité de son auteur, soit en raison de la nature de l’infraction ou de la
juridiction spéciale devant connaître de l’affaire.
B. LES CONDITIONS DE FORME

La citation directe se présente sous la forme d’un exploit d’huissier et délivrée


soit à la requête du ministère public, soit à celle de la partie lésée ou également à
la requête d’une administration habilitée (douane, eaux et forêts…) ou de toute
personne intéressée (article 40 al.2 et 3 CPP).

Après paiement des frais d’exploit, l’original de la citation est remis au


requérant qui le joindra au dossier et une copie est laissée ou servie à l’intéressé
et cette copie peut être servie à personne, remise ou signifiée à toute personne
soit au lieu de travail, à domicile, à mairie ou à parquet.

La personne citée signe donc l’original et les copies (article 44 al.1). Si elle ne
sait ou ne veut pas signer, mention en est faite par l’huissier sur l’original et les
copies (article 44 al.2).

- La citation doit comporter un exposé détaillé des faits reprochés.

- La citation ne peut être adressé à l’encontre des personnes non


dénommées ou à l’encontre des personnes dont on ne précise pas
l’identité ou la filiation (article 41 al.2 CPP). Lorsque la citation est
délivrée à la requête de la partie lésée, celle-ci doit mentionner le
préjudice subi et l’évaluer en argent. La victime doit également élire son
domicile dans le ressort du tribunal saisi (article 42 CPP).

Avant de faire signifier la citation directe, la victime doit avoir obtenu l’accord
du parquet sur la date de l’audience pour laquelle la citation est délivrée. Cette
citation doit mentionner : noms et prénoms, domicile, filiation, profession et
adresse du requérant ; l’huissier avec ses noms et prénoms (article 41 al.1 CPP).

La signification de la citation doit être faite au prévenu bien avant l’audience


(article 52 al.2 CPP) et ce délai est fixé à cinq (05) jours à compter du jour où la
citation est délivrée et le jour de l’audience. Dans le cas où la personne réside
dans la ville ou localité où a lieu son audition ou son interrogatoire, l’article 52
al.2 CPP additionne un délai de distance d’un (01) jour pour 25 kilomètres. Le
délai est de quatre-vingt-dix jours, si la personne réside à l’étranger (article 52
al.3 CPP).

Ces délais sont fixés pour permettre au prévenu de mieux préparer sa défense. Si
la personne citée ne se présente pas, au terme de ces délais, la citation doit être
déclarée nulle et cette juridiction peut ordonner une nouvelle citation. Mais, si la
personne citée se présente, elle doit être informée de ce pourquoi elle a été citée
et demander un délai raisonnable pour préparer sa défense ou alors elle pourra
accepter d’être entendue ou jugée (article 53 (a) et (b)).

Le non-respect des délais ne peut contraindre à la nullité de l’acte que si son


irrégularité a eu pour effet de porter atteinte aux intérêts de la défense du
prévenu (article 54 CPP).

Lorsque la citation directe est déclarée nulle du fait de m’huissier, celui-ci en


supporte les frais et condamné aux dépens de la décision d’annulation (article 55
CPP). Il s’agit bien d’une innovation du CPP apportée pour la protection de la
partie poursuivie relativement à ses droits de la défense.

C. LES EFFETS DE LA CITATION DIRECTE

On peut retenir trois :

- La citation directe met en mouvement l’action publique : c’est donc un


acte de poursuite qui interrompt la prescription de l’action publique ;

- La citation directe est un mode de saisine de la juridiction de jugement et


particulièrement le TPI en matière correctionnelle de simple police, c'est-
à-dire en matière de contravention et de délit ;
- La citation directe émanant de la partie civile peut engager sa
responsabilité pénale en cas de dénonciation calomnieuse et au civil pour
pager les dommages intérêts en cas de relaxe du prévenu.

A l’inverse, le ministère public est irresponsable en principe, sauf lorsqu’il


commet des fautes personnelles (abus).

PARAGRAPHE 3 : LA PROCEDURE SPECIALE EN CAS DE


FLAGRANT DELIT

C’est une procédure accélérée applicable soit en cas de délit flagrant, soit
lorsqu’il apparaît au procureur de la république que les charges réunies sont
suffisantes et que l’affaire est en état d’être jugée.

Cependant, cette procédure ne peut être utilisée en matière de délit de presse ni à


l’encontre du délinquant mineur, ni même dans les cas où le législateur prévoit
des procédures spéciales (cas de la fiscalité). Lors des infractions flagrantes, le
procureur de la république a d’importants pouvoirs (article 111 CP).

Cette procédure consiste à présenter le suspect devant le procureur ; aussitôt


qu’il est arrêté pour qu’il l’identifie et l’interroge directement. S’il décide de
poursuivre, il le traduit devant le tribunal à la plus prochaine audience (article
114 CPP). Dans le cas où il n’y a pas d’audience, il le met en détention
provisoire pour qu’il comparaisse le plus vite possible.

CHAPITRE 2 : L’INSTRUCTION PREPARATOIRE OU


L’INFORMATION JUDICIAIRE

Certaines infractions ne peuvent être jugées sans l’étape préalable de


l’instruction préparatoire ou information judiciaire. L’instruction préparatoire est
une phase du procès qui convoque l’intervention du juge d’instruction. C’est un
magistrat du siège qui constitue à lui seul une juridiction et au-dessus de qui se
trouve une chambre de contrôle de l’instruction (article 267 et Ss CPP). La loi
confère au juge d’instruction des pouvoirs énormes.

Cette instruction débute dès la découverte de l’infraction. Elle a pour mission de


fournir des éléments nécessaires à la manifestation de la vérité objective.
L’instruction a fait l’objet de plusieurs réformes au Cameroun.

Après le magistrat instructeur qui cumulait les fonctions de poursuite et


d’instruction depuis 1972, la loi n° 2005/007 du 27 juillet 2007 portant code de
procédure pénale a aboli ce cumul de fonctions qui s’appliquait devant les
juridictions répressives pour rétablir la séparation des fonctions de justice
répressive. L’instruction préparatoire s’inspire des règles de la procédure
inquisitoire.

Elle se veut donc écrite, secrète, non contradictoire. Au regard de toutes ces
dispositions, l’accent sera mis sur la saisine et le dessaisissement du juge
d’instruction (section 1) ainsi que sur l’étendue de ses pouvoirs (section 2).

SECTION 1 : LA SAISINE ET LE DESSAISISSEMENT DU JUGE


D’INSTRUCTION

PARAGRAPHE 1 : LA SAISINE DU JUGE D’INSTRUCTION

L’analyse prendra en compte les modalités et les effets de la saisine du juge


d’instruction.

A. LES MODALITES DE LA SAISINE DU JUGE D’INSTRUCTION

Le juge d’instruction (JI) peut être saisi par deux moyens :

- Le réquisitoire afin d’informer ou introductif d’instance : il lui est adressé


par le procureur de la république ;
- La plainte avec constitution de partie civile : elle émane de la victime ou
partie lésée.

B. LES EFFETS DE LA SAISINE DU JUGE D’INSTRUCTION

On peut apprécier les effets de la saisine du JI lors de l’ouverture de


l’information, lors de l’inculpation et lors de la saisine in rem.

1. L’ouverture de l’information

Dès sa saisine, le Juge d’Instruction examine sa compétence territoriale. Ensuite,


il peut rendre une ordonnance soit d’incompétence, soit de refus d’informer
(article 148 et 149 CPP). Lorsqu’il est régulièrement saisi, le JI ouvre une
information sur les faits à lui exposés. Il rend ainsi une ordonnance afin
d’informer (article 147 CPP).

L’information judiciaire ne peut s’ouvrir par l’auto saisine du juge d’instruction.


Il doit être saisi par les actes du ministère public ou de la partie civile. NB : La
partie civile intervient au procès pénal depuis 1906, principe posé dans l’affaire
Laurent Athalra (à chercher).

2. L’inculpation ou la mise en examen

L’inculpation a été abolie dans certains pays en faveur de la mise en examen,


dans le souci de respecter le principe de la présomption d’innocence. En effet, le
terme inculpation renforce la culpabilité et l’idée de présomption de culpabilité ;
alors que cette présomption de culpabilité doit être exceptionnelle.

Le législateur camerounais a toutefois conservé le terme « inculpation ou


inculpé ». En conséquence, lorsque le juge d’instruction décide d’informer, le
premier acte qu’il pose est celui de l’inculpation. Cet acte consiste à porter à la
connaissance de la personne poursuivie qu’elle est inculpée, c'est-à-dire visée
par le réquisitoire ou la plainte avec constitution de partie civile.
Le Juge d’Instruction a le pouvoir d’inculper toute personne à l’encontre de
laquelle il existe des indices laissant présumer qu’elle a participé comme auteur,
coauteur ou complice aux faits dont il est saisi (article 150 CPP). Ces indices
proviennent des pièces à conviction, procès-verbaux ou d’autres documents qui
appuient la plainte de la victime.

Au moment où le JI inculpe, il procède à l’interrogatoire de première


comparution (article 167 et suivants).

3. Saisine in rem

Le Juge d’instruction est saisi in rem (sur les faits) et non in personam (sur les
personnes). Cela voudrait dire qu’on ne peut pas obliger le JI à saisir des
personnes uniquement visées par l’acte de saisine. Le JI est donc livre lors de
l’appréciation des faits, de procéder aux inculpations des personnes qu’il juge
nécessaire à la manifestation de la vérité. En de termes simples, le JI est saisi par
les faits, et à partir des faits, le JI saisit les personnes concernées.

PARAGRAPHE 2 : LE DESSAISISSEMENT DU JUGE


D’INSTRUCTION

Le juge d’instruction se dessaisit d’une affaire dans les hypothèses suivantes :

A. LE CAS D’INCOMPETENCE DU JUGE D’INSTRUCTION

Lorsque le Juge d’instruction réalise qu’il est incompétent, il rend une


ordonnance dite d’incompétence. Cette ordonnance doit être motivée et envoyée
au ministère public ou à la partie civile. Dans la même logique, le Juge
d’instruction se dessaisit de tout le dossier reçu.

B. LE DESSAISISSEMENT POUR UNE BONNE ADMINISTRATION


DE LA JUSTICE

Il arrive que le juge d’instruction soit compétent, mais constate qu’un autre juge
se saisit de l’affaire. Il rend une ordonnance de dessaisissement et ordonne le
transfert du dossier à son collègue. Cette gymnastique est sous tendue par
l’intérêt de la bonne marche de la justice et la manifestation de la vérité.

C. LE DESSAISISSEMENT A LA CLOTURE DE L’INSTRUCTION

Aux termes de l’instruction, le JI doit prendre une ordonnance pour clôturer ses
activités. Il peut ainsi rendre une ordonnance de non-lieu en cas d’absence de
charge en l’encontre de l’inculpé, soit une ordonnance de renvoi devant la
juridiction compétente. Il peut s’agir du Tribunal de Première Instance en cas de
délit ou de contravention et le Tribunal de Grande Instance en cas de crime. Une
fois définitive, l’ordonnance de clôture dessaisit, le JI tend en premier ressort
qu’en appel.

SECTION 2 : LES POUVOIRS DU JUGE D’INSTRUCTION

Le juge d’instruction dispose des pouvoirs d’instruction (paragraphe 1) et de


juridiction (paragraphe 2). Toutefois, ces pouvoirs sont assujettis à un contrôle
(paragraphe 3).

PARAGRAPHE 1 : LES POUVOIRS D’INSTRUCTION

Le Juge d’instruction doit faire éclater la vérité tant sur les aspects favorables à
l’inculpé que sur ceux qui lui sont défavorables. On dit que le JI instruit à charge
et à décharge. L’information judiciaire porte aussi bien sur les faits matériels
que la personne poursuivie, ainsi que sur le milieu où cette personne vit ; pour
permettre ay juge de rendre une justice équitable et efficace, d’où l’exigence
d’un dossier de personnalité, suite à une enquête menée par la police judiciaire.
Le législateur prévoit le recours à un examen médical ou médico-psychologique
au bénéfice de la personne poursuivie. On distingue les pouvoirs d’instruction
exercés directement par le JI (A) et ceux exercés par ses auxiliaires (B).

A. LES POUVOIRS D’INSTRUCTION EXERCES DIRECTEMENT


PAR LE JUGE D’INSTRUCTION
Pour remplir sa mission qui est de faire la lumière sur les circonstances de
l’infraction et sur la personnalité du délinquant, le Juge d’instruction a le
pouvoir de procéder à des mesures variées, dont certaines comportent des
restrictions très sensibles à la liberté individuelle. Il peut faire une constatation
matérielle utile en faisant des investigations telles que le transport sur les lieux,
les perquisitions et les saisies. Il peut entendre certaines personnes, les témoins
de la partie civile, etc. Le juge d’instruction a le pouvoir de faire arrêter la
personne poursuivie sur ordre ou mandat de justice ou de procéder à des écoutes
téléphoniques, interception d’une correspondance.

En ce qui concerne la constatation matérielle, le JI pourra compléter les


constatations faites par la police judiciaire et pour se transporter sur les lieux, il
a la charge de donner avis au Procureur de la

République qui a la faculté de l’accompagner. Ces constatations peuvent être


faites au cabinet du JI, sur les pièces à conviction qui ont été saisies pour être
examiner avec soin ; les rapprochant avec les faits pour la manifestation de la
vérité. Et s’il s’agit des constatations très techniques, le juge s’en remettra à un
expert pour interprétation. Le législateur a règlementé l’expertise aux articles
203 à 217 CPP.

1. Le transport sur lieu de perquisition et saisie 72

Le JI peut se transporter sur l’étendue du territoire de sa juridiction pour


effectuer des actes d’information utiles à la manifestation de la vérité,
notamment des perquisitions et saisies. Des perquisitions sont faites soit au
domicile de la personne poursuivie, soit à tout autre lieu ; on parle de visite
domiciliaire.

La décision de perquisition est prise par le Juge d’instruction (article 178 al.1 et
2 CPP). La perquisition faite dans un cabinet d’avocat n’a lieu que pour saisir
les documents ou des objets en rapport avec la procédure en cours.
Cette perquisition est effectuée en présence de l’avocat ou du bâtonnier du
barreau. Le secret professionnel devra être respecté, sous peine des sanctions
pénales régies par l’article 310 CPP. Par ailleurs, cette procédure pourra être
annulée en cas d’inobservation de cette formalité (article 106 CPP).

Les formalités de perquisition de toute personne tenue au secret professionnel à


l’instar du médecin, notaire, huissier de justice sont prévues aux articles 107 et
108 CPP.

En général, le maître des lieux, détenteur des biens à saisir a le droit de fouiller
l’officier de police judiciaire avant que celui-ci n’entreprenne la perquisition. En
cas d’absence du maître des lieux, et s’il y a urgence, le procureur de la
république pourra par écrit autoriser l’OPJ à effectuer la perquisition ou les
saisies en présence de deux personnes témoins ou les voisins. La présence d’un
OPJ ou d’un APJ est nécessaire (articles 93 al.1 à 5 CPP). Toute perquisition
dans un lieu privé est interdite entre 18 heures et 06 heures du matin. Mais, une
perquisition commencée avant 18 heures peut se poursuivre au-delà sur
autorisation du procureur.

Les objets saisis sont séance tenante inventoriés et décrits avec précision et
ensuite placés sous scellés. Cette saisine doit être doit être appréciée après avoir
pris connaissance des documents.

2. Les témoins

Le juge d’instruction peut convoquer ou faire citer tout témoin dont la


disposition paraît utile à la manifestation de la vérité. Les témoins ont des droits,
des devoirs et des obligations. Ils doivent comparaître et prêter serment avant de
déposer, prendre l’engagement de dire la vérité et rien que la vérité, et ceci main
droit levée.

Néanmoins, certains témoins peuvent demander à prêter serment selon les rites,
les usages dans leurs religions et coutumes. Si le témoin cité ou convoqué ne
comparaît pas, le juge d’instruction peut décerner contre lui un mandat
d’amener. Le témoin défaillant encourt des sanctions pénales (article 173 CP).

Si le témoin est dans l’impossibilité de comparaître, le JI peut soit se transporter


pour l’entendre sur place, soit délivrer à cette fin une commission rogatoire
(délégation de pouvoir). Tout témoin a droit à une indemnité pour ses
déplacements (articles 190 CPP). Après son audition, sa déposition est relue et
chaque page du procès-verbal est paraphée par le témoin, le greffier, le juge et
l’interprète.

Si le témoin ne peut donc apposer sa signature à la fin de la première page, il y


appose ses empreintes. S’il refuse, mention est faite au procès-verbal articles
(185 al.6 et 186 CPP).

3. Interception de correspondance émise par voie de télécommunication

Elle est possible conformément aux dispositions de l’article 245 al.1 à 6 CPP.
Cette correspondance ouverte, le juge peut en prendre connaissance.

4. Les mandats de justice (articles 11 à 29 CPP)

Les mandats de justice constituent des actes écrits par lesquels les magistrats ou
une juridiction ordonne la comparution ou la conduite d’un individu devant lui
ou devant cette juridiction ; afin que le juge accomplisse les actes d’instruction.
Constituent les actes d’instruction, l’interrogatoire, l’audition de certaines
personnes et même les confrontations.

Pour accomplir ces actes d’instruction, le législateur a prévu certains mandats :


mandat de comparution, mandat d’amener, mandat de perquisition, mandat
d’arrêt et mandat d’incarcération.

Le procureur de la république ne peut délivrer ce dernier mandat qu’en cas de


flagrant délit.
Lors de l’information judiciaire, l’ordonnance afin d’informer peut-être prise
contre une personne dénommée ou non. Cette procédure est écrite.
L’information judiciaire donne lieu à l’ouverture d’un dossier, et toutes les
pièces sont cotées et inventoriées par le greffier d’instruction.

Ces pièces sont établies en double exemplaire pour faciliter leur transmission du
double en cas d’appel. Le ministère public et les autres parties peuvent se faite
délivrer ces pièces. Il y a lieu de relever par ailleurs que l’inculpé, lors du
déroulement de l’information judiciaire a des droits. C’est ainsi que lors de sa
première comparution devant le JI, il est informé par le juge de certaines
formalités et de l’issue de l’information judiciaire. L’inculpé peut se défendre
soit seul, soit assisté d’un ou plusieurs avocats aux interrogatoires et aux
confrontations ultérieures. Les avocats doivent être convoqués et avisés 48
heures avant le jour de la comparution, s’il réside au siège du tribunal, et 72
heures s’il réside hors du siège. L’inobservation de toutes ces formalités annule
les actes de procédure, sauf en cas de crime ou de délit flagrant.

Le procureur de la république pourra assister aux interrogatoires et


confrontations relativement à l’atteinte de la liberté de l’individu en cours de
l’information judiciaire. La détention constitue une mesure exceptionnelle et très
grave, contraire au principe de la présomption d’innocence.

Dans la pratique, le juge de jugement a tendance à choisir une peine au moins


égale à la durée de la détention provisoire ou à utiliser le sursis ; lorsque cette
durée a été très longue. Malgré ces inconvénients, cette mesure apparaît
inévitable dans certaines circonstances, surtout lorsqu’on doute de la possibilité
de comparution de l’inculpé devant le juge ou possibilité de dissimulation de
certaines pièces utiles à la manifestation de la vérité. En outre, certaines
infractions peuvent créer une forte émotion dans l’opinion publique.

C’est ainsi que la détention pourra contribuer au rétablissement de l’ordre et


même protéger utilement l’auteur contre les réactions de vengeance de la foule,
protéger aussi les biens et assurer la conservation des preuves. Cette institution
appelée jusqu’en 2005, détention préventive, a évolué avec les mœurs et les
régimes de politique criminelle ou politique gouvernementale.

Le CPP de 2005 s’est proposé de reprendre l’évolution dans un sens libéral.


C’est ainsi que l’article 218 al.1 CPP instaure la détention provisoire. Toutefois,
un inculpé justifiant d’un domicile connu ne peut faire l’objet d’une détention
provisoire qu’en cas de crime seulement. Dans ce domaine, le JI peut prendre la
décision à tout moment après l’inculpation et avant l’ordonnance de renvoi.
L’ordonnance de mise en détention provisoire doit être motivée et notifiée au
procureur de la république et à l’inculpé.

Le mandat de détention provisoire doit préciser la durée de sa validité qui ne


peut excéder 06 (six) mois. Toutefois, elle peut être prorogée par une
ordonnance au plus de 12 mois en cas de crime et six (06) mois en cas de délit.
A l’expiration de ce délai, le JI doit ordonner immédiatement la mise en liberté
de l’inculpé, sous peine de poursuite disciplinaire (article 221 CPP).

Avant la clôture de l’information, la personne mise en détention peut demander


la mise en liberté sans ou avec caution. Le JI peut ordonner cette mise en liberté
à l’inculpé, avant l’expiration de la durée maximale prévue, souscrit
l’engagement de déférer aux convocations et dans le cas contraire, cette mise en
liberté sera faite sous condition, c'est-à-dire le versement d’un cautionnement.
Le JI pourra lui-même ordonner main levée du mandat de détention provisoire.

Cet acte de retrait s’appelle l’ordonnance de mise en liberté. En cas de rejet, le JI


rend une ordonnance de rejet de mise en liberté (article 222 à 235 CPP).

Le cautionnement est remboursé en cas de présentation, en cas de non-lieu ou en


cas de main levée ou cessation de la mesure. Par ailleurs, le JI pourrait par
ordonnance, soumettre l’inculpé à des mesures de surveillance judiciaire en
l’astreignant soit à l’obligation d’élection de domicile dans le ressort de la
juridiction saisie, soit à l’obligation de ne pas sortir du territoire ou de s’abstenir
de conduire certains véhicules.

Si l’inculpé viole l’une de ces obligations, le JI pourra décerner à son encontre


un mandat d’amener ou d’arrêt ou de détention provisoire.

B. LES POUVOIRS EXERCES PAR LES AUXILIAIRES DU JUGE


D’INSTRUCTION

Le JI ne peut pas toujours accomplir seul tous les actes nécessaires pour mener à
bien son information. Certaines raisons d’ordre matériel et juridique s’y
opposent. On peut y ajouter des raisons d’ordre technique. C’est ainsi que
lorsque les actes d’instruction peuvent être accomplis lors de son ressort
territorial, il peut déléguer un autre juge d’instruction de son ressort.

Lorsque certains actes constituent des domaines techniques, il devra faire appel
à des experts. Dans la première hypothèse, il procèdera par commission
rogatoire et dans la seconde hypothèse, par commission d’un expert.

1. Les commissions rogatoires

Elles consistent en des délégations de pouvoirs. Elles sont régies par les articles
195 à 202 CPP. Il convient de préciser les personnes et les actes concernés.

a. Les personnes pouvant recevoir commission rogatoire

Il s’agit de tout juge d’instruction à l’effet de procéder aux actes d’information.

S’agissant des OPJ, le JI ne peut leur donner commission rogatoire pour


procéder en ses lieux et place aux inculpations, ni à la délivrance des mandats de
justice en principe. Exceptionnellement, le magistrat commis peut subdéléguer
un OPJ dans les conditions bien déterminées.

b. Les actes d’instruction pouvant faire l’objet d’une commission


rogatoire
Pour ce qui est du fond, les actes d’instruction demandés doivent suffisamment
précises. Il s’agit des actes se rattachant directement à la répression de
l’infraction visée par les poursuites. La précision de l’infraction poursuivie est
donc indispensable.

Le JI pourra aussi par commission rogatoire internationale faire procéder à toute


mesure d’information judiciaire en pays étranger. Il s’agit de l’interrogatoire
d’un individu inculpé au Cameroun, audition des témoins, perquisitions et
saisies, etc. Il transmet à cet effet-là commission rogatoire au procureur de la
république afin qu’il l’achemine au ministère des relations internationales.

Ce dernier devra faire suivre le dossier par voie diplomatique. Dans tous les cas,
le JI mandant (celui qui a délégué ses pouvoirs), fixe le délai dans lequel les
actes dressés doivent lui être transmis. La commission rogatoire devra donc être
datée, signée et revêtue du sceau du magistrat qu’il a délivré (article 193 CPP).

En ce qui concerne la forme, la commission rogatoire doit être écrite contenant


les mentions sur la nature de l’infraction, objet des poursuites et les détails sur
les différentes opérations à effectuer. Le magistrat commis doit être compétent
ratione materiae et ratione loci.

Dans son exécution, le destinataire de la commission doit s’il est OPJ, prévenir
son procureur de la république. Ensuite, il vérifie si la commission est régulière
et s’il est compétent en la matière ; s’il ne l’est pas, la commission est retournée
au juge qui l’a émise en donnant les raisons de son refus. Le destinataire exécute
lui-même la commission et peut citer les témoins qui doivent comparaître.

2. La commission d’expert
Les raisons techniques obligent parfois le juge à faire certaines constatations
avec l’aide des personnes techniquement compétentes. Le CPP a règlementé
l’expertise aux articles 203 à 217.

Les domaines techniques nécessitant le recours à un expert sont variés : le


domaine médical, le domaine comptable, le domaine mécanique.

En guise d’illustration, on peut recourir à l’expertise concernant la police


scientifique ou criminalistique pour l’analyse du sang, du sperme ou des tissus ;
l’expertise des armes et projectiles ; expertise pour faux documents,
identification des empreintes digitales. La règlementation de l’expertise prend en
considération la nomination des experts, le déroulement de l’expertise et le
rapport de l’expert.

a. La nomination des experts

Les experts auxquels le JI a recours sont choisis en principe sur une liste
nationale officielle d’experts près les tribunaux. Il peut s’agir soit des personnes
physiques ou morales. Dans ce dernier cas, il faut un représentant légal.

L’expertise peut avoir été demandée par le Procureur de la république ou l’une


des parties ou même ordonnée d’office par le JI (article 206 CPP).

b. Le déroulement de l’expertise

Les experts doivent prêter serment à peine de nullité de son rapport. Il prête
serment d’accomplir sa mission en honneur et conscience. Sa mission est celle
d’apporter son concours à la justice, s’il n’est pas radié de la liste officielle. Il
n’est pas tenu de renouveler son serment chaque fois qu’il est témoin (article
207 CPP).

Il effectue sa mission sous le contrôle du JI qui doit être tenu au courant du


déroulement des opérations. Pour accomplir cette mission, le JI devra faire
parvenir aux experts concernés les scellés contenant les pièces à conviction
qu’ils pourront examiner si possible. Ils pourront donc interroger l’inculpé ou
d’autres personnes pour la manifestation de la vérité. Le JI devra délimiter dans
les délais bien déterminés le travail des experts.

c. Les rapports de l’expert

A l’issu de ce délai, les experts doivent déposer les rapports, si ces délais ne sont
pas respectés, ils devront être remplacés par d’autres après mise en demeure du
JI. Il leur ordonne de remettre des scellés. Ils peuvent même encourir des
sanctions pénales prévues à l’article 174 CP.

Le rapport rédigé après clôture des opérations d’expertise doit contenir la


description des opérations, l’attestation que les experts ont accomplis
personnellement ces opérations, les conclusions tirées par les experts eux-
mêmes de ce travail et qui répondent aux questions qui leur ont été posées afin
de permettre au juge d’instruction de prendre avec conviction une décision sur la
suite de l’affaire. Ces rapports doivent être signés par les experts, et déposés au
greffe du JI. Il dresse à cet effet un procès-verbal de dépôt de même que les
scellés remis aux experts.

Le JI fixe un délai aux parties pour apporter leurs observations par écrit sur ces
rapports et ceci avant l’audience. L’expert pourra donc être entendu par le juge
en qualité de témoin (article 217 CPP).

PARAGRAPHE 2 : LES POUVOIRS DE JURIDICTION DU JUGE


D’INSTRUCTION

Le JI constitue une juridiction à juge unique chargé de prendre au cours de


l’instruction préparatoire des décisions à l’occasion des incidents contentieux
qui peuvent se produire. Il est appelé à juger contre l’inculpé des charges
suffisantes pour justifier sa comparution devant une juridiction de jugement. Il
pourra également instruire à décharge et mettre l’inculpé en liberté. Il constitue
ainsi la juridiction d’instruction au premier degré. Cependant, ses décisions
peuvent faire l’objet d’appel au second degré devant la chambre de contrôle de
l’instruction.

A. LE DOMAINE DE POUVOIR DE JURIDICTION DU JI

Les pouvoirs sont fonctions des étapes de l’information judiciaire.

1. Lors de l’ouverture de l’information

A l’ouverture, le JI peut être amené à prendre plusieurs ordonnances. Il peut


répondre au réquisitoire du procureur de la république ou à la plainte avec
constitution de partie civile par une ordonnance de refus d’information.
S’agissant d’une plainte avec constitution de partie civile, il peut refuser à raison
de l’irrecevabilité de cette partie civile.

Si le JI admet la recevabilité, il imposera à la partie civile le paiement d’une


consignation et devra communiquer au parquet cette plainte de la partie civile. A
cet effet, le JI rend une ordonnance de soit communiquer pour transmettre le
dossier au procureur de la république. Enfin, le juge peut rendre au début de
l’information judiciaire, une ordonnance d’incompétence et à ce moment, il se
dessaisit de l’affaire.

2. Au cours de l’information judiciaire

A ce stade, le juge d’instruction peut rendre de nombreuses ordonnances :

- Une ordonnance refusant de procéder à un acte d’instruction, sollicité par


le ministère public ou par la partie civile (perquisition, saisie, audition des
témoins…) ;

- Une ordonnance de soit communique ;

- Une ordonnance en matière d’expertise ;


- Une ordonnance de détention provisoire ou de placement sous
surveillance judiciaire.

Par le moyen d’une ordonnance, le juge d’instruction peut ordonner la détention,


accorder une mise en liberté, ou la restitution des objets saisis. Ces ordonnances
qui n’ont pas un caractère juridictionnel ne peuvent être frappées d’appel que
par le ministère public.

Toutes les autres ordonnances sont susceptibles d’appel par l’inculpé et la partie
civile. Les ordonnances faisant lieu d’appel doivent être portées à la
connaissance des avocats intéressés.

3. A la clôture de l’information

A ce stade, le JI est appelé à prendre des décisions juridictionnelles importantes.


Il s’agit de l’ordonnance de renvoi et/ou l’ordonnance de non-lieu.

a. L’ordonnance de renvoi

Lorsque le JI estime qu’il existe contre l’inculpé des charges constitutives


d’infraction à la loi pénale, il rend une ordonnance autorisant la continuation des
poursuites et le renvoi devant la juridiction de jugement compétente. Si les faits
sur lesquels le juge d’instruction a conduit son information constituent une
contravention, il rend une ordonnance de renvoi au TPI et transmet le dossier au
procureur de la république. Si l’inculpé était en détention provisoire, il doit être
remis en liberté (TPI = tribunal de police).

Si les faits constituent un délit, le JI rend une ordonnance de renvoi devant le


tribunal correctionnel et/ou TPI. Le dossier est transmis au procureur de la
république, qui l’envoie au greffe sans retard.

Une assignation est servie au prévenu pour comparaître devant le tribunal. La


partie civile est également avisée de cette ordonnance et pourrait agir en cas de
retard du procureur de la république pour éviter la prescription. Si l’inculpé était
mis en détention provisoire, il sera mis en liberté, sauf avis contraire du JI.

Lorsque l’inculpé détenu ou placé sous surveillance judiciaire est renvoyé


devant le TGI pour crime, l’ordonnance de renvoi ne met pas fin à la détention
provisoire, ni même à la surveillance judiciaire (article 262 al.1, 2,3 CPP).

L’information judiciaire peut être reprise en cas de découverte d’éléments


nouveaux à l’instar des déclarations des témoins non entendus lors de
l’information judiciaire. Il s’agit aussi de la découverte des faits en cas
d’information ouverte contre X (inconnu).

b. L’ordonnance de non-lieu

Le JI rendra une ordonnance de non-lieu, lorsqu’en présence de résultats


objectifs apportés par l’information, il estimera qu’il n’y a pas lieu de continuer
les poursuites intentées. Cette ordonnance arrêtera donc l’action publique, qui
avait été mise en mouvement par l’ouverture de l’information.

Cette ordonnance devra être motivée. Il s’agit d’un acte juridictionnel qui
s’oppose à ce qu’une nouvelle action soit exercée, sauf charges nouvelles. La
décision du JI peut être à l’origine des poursuites civiles et pénales, si la
personne poursuivie a subi une atteinte soit à son image, à sa réputation et à son
honneur. La responsabilité sera engagée sur le fondement de la dénonciation
calomnieuse.

Le dossier clos n’est pas détruit, mais classé dans les archives du greffe à toute
fin utile. Le non-lieu comporte diverses catégories selon les motivations de
l’ordonnance.

Les motifs sont les suivants :

- L’abrogation de la loi : par ce motif, les faits ne tombent plus sous le coup
de la loi pénale ;
- Les considérations de fait : il en est ainsi lorsque l’auteur de l’infraction
n’a pu être identifié.

Par ordonnance de non-lieu, le JI va statuer sur le sort des objets saisis. Il pourra
rendre une ordonnance de refus de restitution d’objets lorsque ceux-ci présentent
un danger pour les personnes et les biens. Cette décision de refus est susceptible
d’appel.

Le non-lieu peut être partiel lorsque l’information a été ouverte contre le même
individu sous diverses qualifications.

PARAGRAPHE 3 : LE CONTROLE DES POUVOIRS DU JUGE


D’INSTRUCTION

Les décisions du JI sont susceptibles d’appel devant la chambre de contrôle de


l’instruction. C’est une juridiction de second degré au stade de l’instruction.
Toutes les parties doivent être notifiées de ce droit d’appel afin qu’elles puissent
utilement l’exercer. Il convient de préciser le domaine, les formes et les effets de
l’appel.

A. LE DROIT D’APPEL DEVANT LA CHAMBRE DE CONTROLE


DE L’INSTRUCTION

Ce droit est fonction de la partie qui interjette appel.

1. Le droit d’appel reconnu au ministère public (article 268 CPP)

Il est illimité parce que le ministère public a le droit d’interjeter appel contre
toute ordonnance du JI. Il en est ainsi même si l’ordonnance attaquée a été rendu
conformément à ses réquisitions.

2. Le droit d’appel reconnu à l’inculpé (article 269 CPP)


Il est limité, car l’inculpé ne peut pas faire appel des ordonnances de règlement.
Par contre, il ne peut faire appel que des ordonnances relatives à la détention
provisoire, à la mesure de surveillance judiciaire, à la demande d’expertise ou à
la restitution d’objets saisis pour peu que ces ordonnances portent atteinte à ses
intérêts ou font obstacle à la manifestation de la vérité.

3. Le droit d’appel reconnu à la partie civile

Il est également limité, elle ne peut faire appel que pour les ordonnances de
refus d’informer, ordonnance d’irrévocabilité de la constitution de partie civile,
ordonnance de rejet de demande d’expertise ou de restitution d’objets saisis. Elle
peut aussi faire appel contre les ordonnances de non-lieu.

B. LES FORMES ET EFFETS DE L’APPEL (ARTICLES 272 A 287


CPP)

1. La forme de l’appel

Concernant la forme, l’appel contre les actes du JI est porté devant une
formation spéciale de la cour d’appel présidée par plusieurs magistrats du siège
de la cour. L’appel est formé par requête non timbrée adressée en quatre (04)
exemplaires au président de cette chambre.

Cette requête comprend une copie de l’ordonnance attaquée.

A peine d’irrecevabilité, la requête doit développer les moyens produits à


l’appui de l’appel. Un procès-verbal de réception de l’appel est dressé. Ce
procès-verbal avec la copie de la requête sont notifiés au procureur général près
la cour d’appel et aux autres parties qui disposent de 48 heures pour déposer
leurs conclusions.

Le duplicata du dossier sera communiqué au président de la chambre qui devra


fixer la date de l’audience. Si la personne est détenue, il faut un délai de 48
heures entre la date de cette information et celle de l’audience. Dans d’autres
hypothèses, il faut un délai de cinq (05) jours. Pendant ce délai, les avocats de
chaque partie peuvent consulter le dossier de procédure au greffe de la chambre.
Cette chambre statue dans les trente (30) jours de la réception de la requête
d’appel, lorsque la personne n’est pas détenue.

En cas de détention provisoire, il doit être statué dans les dix (10) jours de la
réception de la requête d’appel.

2. Les effets de l’appel

L’appel suspend l’exécution de la décision attaquée. Cependant, lorsqu’il s’agit


des décisions favorables à la liberté de l’inculpé, elles s’exécutent aussitôt
qu’elles sont rendues.

Si la chambre constate une absence de charges, l’inculpé est mis en liberté. En


cas de charges suffisantes, la chambre rend un arrêt de renvoi devant la
juridiction compétente.

Ces arrêts sont notifiés aux juges d’instruction, au procureur de la république, au


procureur général et aux parties. Le procureur général et la partie civile sont
habilités à former un pourvoi devant la cour suprême contre les arrêts de clôture
de l’information judiciaire. Une indemnisation est versée à l’inculpé à raison de
sa détention provisoire abusive.

Lorsque les ordonnances du JI ont été annulées par la chambre, le président


désigne un autre JI pour continuer l’information judiciaire. La commission devra
statuer sur le versement de cette indemnité allouée à la partie poursuivie dans les
six (06) mois de la décision de non-lieu. Les fonctions du ministère public sont
exercées par le parquet général près la cour suprême, lorsque la décision de la
commission a fait l’objet d’appel, car ladite commission ne statue qu’en premier
ressort (article 236 à 237 al.1 à 11 CPP).
TITRE 2 : LE JUGEMENT ET SES SUITES

Après la phase de la poursuite et l’instruction, et si les charges sont retenues, la


juridiction compétente doit rendre un jugement (chapitre 1). Souvent, une partie
au procès n’est pas satisfaite, alors la loi lui permet d’exercer les voies de
recours pour faire valoir son droit (chapitre 2).

CHAPITRE I : LE JUGEMENT

Pour procéder au jugement, la juridiction doit être régulièrement saisie. Elle


examine l’affaire lors des débats publics conduits sous le modèle accusatoire.
Cette audience permettra de recueillir les informations afin de compléter celles
obtenues à la phase précédente.

La juridiction ne pourra rendre définitivement sa décision que lorsqu’elle sera


éclairée.

SECTION 1 : LA SAISINE DE LA JURIDICTION

Plusieurs procédés permettent de saisir la juridiction. Cette saisie produit des


effets.

PARAGRAPHE 1 : LES PROCEDES DE SAISINE

La juridiction de jugement peut être saisie par les procédés suivants : la citation
directe, l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction ou l’arrêt de renvoi rendu
par la chambre de contrôle de l’instruction.
Elle est également saisie par la comparution immédiate en cas d’infraction
flagrante. Dans certaines hypothèses exceptionnelles, la juridiction peut se saisir
d’office. La saisine d’office n’est possible qu’en cas d’infraction commise à
l’audience de la juridiction de jugement, car le président du tribunal assure la
police d’audience et la direction des débats. A cette fin, des agents de la force de
maintien de l’ordre sont mis à sa disposition pendant la durée de l’audience.

L’agent verbalisateur habilité à percevoir les amendes devra être muni d’un
carnet à souches, côté et paraphé par le parquet compétent. La perception de cet
argent donne lieu à l’établissement d’un procès-verbal et la délivrance d’un reçu
du carnet à souche. Dans le cas contraire, cet argent est passible de peines
prévues à l’article 142 CP sur la concussion.

Le public admis à la salle d’audience doit s’abstenir de toute manifestation


d’approbation ou de désapprobation. Le président du tribunal pourra expulser de
la salle, toute personne dont l’habillement ou le comportement n’est pas
convenable. En cas de refus, il peut l’incarcérer pendant 24 heures. La décision
d’incarcérer ne fait pas l’objet de recours (article 303 et 315 CPP).

L’emploi de tout appareil d’enregistrement ou de prise de vue est interdit sous


peine de sanctions prévues à l’article 198 CP. Ces appareils peuvent être
confisqués conformément à l’article 35 CP. Toutefois, par décision motivée, le
président peut autoriser la sonorisation de la salle d’audience pour permettre à
un plus grand public de suivre le déroulement des débats.

PARAGRAPHE 2 : LES EFFETS DE LA SAISINE

La juridiction de jugement est saisie in rem et in personam.

A. LA JURIDICTION DE JUGEMENT EST SAISIE IN REM

La juridiction de jugement statue sur tous les faits, dont elle est valablement
saisie. Elle doit examiner ces faits sur toutes leurs qualifications possibles. Le
juge de jugement n’est donc pas lié par les qualifications mentionnées dans
l’acte de poursuite, même dans les ordonnances du juge d’instruction. La
juridiction doit statuer sur toutes les réquisitions initiales du ministère public et
toutes les demandes de la personne poursuivie lorsque ces éléments se
rapportent aux faits dont elle est saisie.

B. LA JURIDICTION DE JUGEMENT EST SAISIE IN PERSONAM

La juridiction de jugement n’est pas tenue de juger seulement les faits, elle est
aussi chargée de juger les personnes qui lui sont déférées.

SECTION 2 : L’AUDIENCE ET LES DEBATS

La juridiction de jugement présente certaines caractéristiques propres à


l’audience et à la conduite des débats.

PARAGRAPHE 1 : L’AUDIENCE

Le législateur camerounais a marqué sa préférence pour la procédure


accusatoire. C’est pourquoi l’audience se caractérise par la publicité, l’oralité et
la contradiction des débats.

A. LA PUBLICITE DES DEBATS

La publicité des débats est une solide garantie des droits de la défense.
Cependant, lorsque la publicité est dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes
mœurs, la juridiction peut ordonner la tenue de l’audience à huis clos ou que le
public soit restreint (article 302 CPP).

B. L’ORALITE DES DEBATS

Les témoins déposent séparément et oralement. L’expert peut être entendu


comme témoin. Les témoins du ministère public sont entendus les premiers,
suivis de ceux de la partie civile, enfin ceux de la défense.
Toute personne non citée, mais présente à l’audience, peut faire spontanément la
demande d’être entendue ou de produire tout document utile à la manifestation
de la vérité, sans toutefois prêter serment (article 330 CPP).

Le juge doit avoir une bonne connaissance du dossier. C’est pourquoi il a à sa


disposition un registre appelé plumitif d’audience. Ce dernier permet au juge de
mentionner tous les éléments du déroulement de l’audience. Le greffier quant à
lui est limité à faire l’appel des affaires inscrites au rôle à l’ouverture de
l’audience.

Pour chaque affaire, le greffier constate la présence ou l’absence des parties et


toutes les autres personnes convoquées. Toutes ces formalités devront être
mentionnées dans le plumitif d’audience et dans le jugement par le président
(article 338 al.1 et 2 CPP).

C. LA CONTRADICTION DANS LES DEBATS

Devant la juridiction de jugement, les parties se trouvent placées à égalité. Elles


peuvent analyser et discuter les éléments apportés à l’audience. Le ministère
public, le prévenu, la partie civile ont les mêmes droits, notamment celui de
poser des questions aux témoins.

La meilleure illustration de cette contradiction est dans :

- « Examination in chief » : l’interrogatoire d’un témoin par la partie qui l’a


fait citer ;
- « Cross-examination » : lorsque l’adversaire pose des questions au témoin
;
- « Re-examination » : c’est l’interrogatoire du témoin par la partie qui l’a
fait citer.

Pendant l’examination in chief, le témoin dit ce qu’il sait sur les faits de la
cause.
La cross examination vise l’affaiblissement ou la remise en cause du témoin.
Aucun fait nouveau ne doit être évoqué lors de la re-examination.

PARAGRAPHE 2 : LA CONDUITE DES DEBATS

Les débats sont dirigés par le président de la juridiction de jugement afin de


procéder à l’instruction définitive, suivre le réquisitoire et les plaidoiries. Les
débats rappellent les éléments figurant au dossier et complètent ces éléments par
des notes orales.

Ces éléments sont discutés par chaque partie qui prend position. Le président
peut ordonner le renvoi et indiquer à haute voix ; le motif, la date de la
prochaine audience (article 339 à 344 CPP). Le président peut suspendre
l’audience et renvoyer la reprise à une heure déterminée par lui (article 345
CPP).

Dans la conduite des débats, on va s’appesantir sur la comparution du prévenu et


le déroulement des débats.

A. LA COMPARUTION DU PREVENU OU PERSONNE


POURSUIVIE

Si la personne poursuivie est détenue, elle est conduite à l’audience par la force
de maintien de l’ordre. Elle doit comparaître sans menottes. Lorsque la personne
a été citée et ne comparaît pas sans motifs valables, le juge intervenu sera
contradictoire (articles 349 à 350 CPP). Mais, lorsque le prévenu n’a pas été cité
à personne et ne comparaît pas, il sera jugé par défaut. Toutefois, si le tribunal
estime sa comparution, il décide par jugement avant dire droit et fixe une
nouvelle date d’audience.

Le prévenu sera notifié par la diligence du ministère public. Le prévenu qui


comparaît pourra se faire assister par son conseil. Si la langue officielle ne lui
apparaît pas familière, le président désigne d’office un interprète qui doit être
âgé de 21 ans au moins. Il prêtera serment d’interpréter fidèlement les paroles
des personnes (articles 351 à 354 CPP).

B. LE DEROULEMENT DES DEBATS PROPREMENT DIT

Dès l’ouverture du débat, le président fait notifier au prévenu les faits qui lui
sont reprochés et lui demander s’il plaide coupable ou non coupable. Si le
prévenu plaide non coupable, la juridiction entend les témoins du ministère
public (MP). Si le prévenu plaide coupable, il pourra bénéficier d’une
atténuation de peine (article 90 à 91 CP).

Dans ce cas, le président du tribunal devra enregistrer cette déclaration de


plaider coupable. Le Ministère public prendra la parole le premier pour exposer
les faits de la cause ; ensuite donnera la qualification tout en énonçant les
dispositions légales applicables. La partie civile va prendre la parole sur les faits
relatés par le ministère public et précisera si elle estime la restitution de ses
objets, ou l’allocation des dommages-intérêts.

Le prévenu prendra la parole en dernier pour effectuer toute déclaration désirée


et le tribunal se prononcera sur la culpabilité de la personne (article 360 à 361
CPP).

Après les réquisitions du ministère public, les plaidoiries et les dernières


déclarations du prévenu, le président du tribunal va déclarer les débats clos. Le
jugement peut être rendu soit immédiatement, soit dans un délai de quinze (15)
jours après la clôture des débats.

Le président doit fixer la date à laquelle le jugement sera prononcé (articles 361
à 388 CPP) en cas de mise en délibérée. Si le prévenu ne jouit pas de toutes ses
facultés mentales, le tribunal ordonne par jugement avant dire droit une
expertise médicale et renverra la cause à une audience ultérieure pour que
l’expertise produise son rapport. Si le rapport est positif sur cette maladie, le
président ordonne son internement dans une maison de santé et déclare l’action
publique suspendue (article 371 CPP).

Le président a le pouvoir d’écarter des débats, toute question de nature à


offenser ou indécente. Il peut écarter des débats des faits anciens, des questions
de nature à prolonger inutilement les débats.

La constitution de partie civile peut se faire à l’audience par conclusion écrite ou


déclaration orale (article 395 CPP). Le désistement de la partie civile de son
action en dommages intérêts devant la juridiction répressive ne fait pas obstacle
à une action devant la juridiction civile.

PARAGRAPHE 3 : LA DECISION

La décision est rendue après délibération suivant certaines formes.

A. LA DELIBERATION DE LA DECISION

Toute décision prise par une juridiction doit avoir été délibérée. Ce délibéré est
facile pour une juridiction collégiale. En effet, les échanges et discussions
interviennent entre les membres de la juridiction. Ils se confrontent les
expériences.

Tous ceux qui participent aux délibérations doivent avoir assisté aux débats,
avoir entendu les réquisitions et les plaidoiries. Le délibéré s’impose aussi au
juge unique ; car il doit réfléchir avant de rendre sa décision. Le délibéré peut
être bref si la décision est rendue sur le siège, c'est-à-dire à l’audience même.

La délibération doit être secrète et avoir lieu hors de la présence de toute


personne étrangère, y compris le ministère public et le greffier. La délibération a
pour objet de trancher certaines questions préliminaires avant de trancher sur la
culpabilité. Il s’agit en l’occurrence de vérifier la régularité de la citation ou la
recevabilité de la constitution de partie civile, statuer sur une demande de main
levée, de la détention provisoire et de la surveillance judiciaire ou d’une
demande de mise en liberté dans le cadre de l’habeas corpus, c'est-à-dire une
demande de mise en liberté immédiate fondée sur l’illégalité d’une arrestation
ou détention ou inobservation des formalités prescrites par la loi (article 584 et
Suivant CPP).

La décision intervenant au fond sur la requête d’habeas corpus est susceptible


d’appel. Mais, lorsqu’elle est rendue nonobstant appel, l’exécution est
immédiate (article 586 CPP). La délibération a aussi pour effet de statuer sur la
culpabilité. Il s’agit de savoir si la personne poursuivie a réellement participé
aux faits et à quel titre.

La délibération va se fonder sur les preuves produites à l’audience lors des


débats.

Lorsque la culpabilité du prévenu a été reconnue, il conviendra d’examiner la


peine à lui infliger.

B. LES FORMES DE LA DECISION

La décision à rendre doit être structurée pour produire certains effets.

1. La structure du jugement

Tout jugement comprend trois parties : les qualités, motifs, dispositifs.

a. Les qualités

La partie du jugement appelée « qualité » indique :

- La date du prononcé du jugement ;


- Le nom de la juridiction ;
- Noms et prénoms des membres de la juridiction ;
- Noms et prénoms, âge de l’interprète avec mention de sa prestation de
serment ;
- Noms et prénoms, âge du prévenu et précisions sur son conseil ;
- Noms et prénoms des autres parties et leurs conseils ;
- Noms et prénoms des témoins.

b. Le motif

La partie du jugement appelée « motif » énonce les raisons de fait et de droit qui
servent de base au jugement à rendre. Cette partie porte sur l’action publique, le
cas échéant sur l’action civile. Ici, le juge raisonne à partir des prétentions,
arguments et conclusions des parties.

c. Le dispositif

La partie du jugement appelé « dispositif » indique la nature du jugement, le


degré de la juridiction, la déclaration de culpabilité ou non.

En cas de culpabilité, le dispositif rappelle les dispositions légales appliquées,


les peines prononcées et les infractions commises.

En cas de non culpabilité, le tribunal relâche le prévenu, acquitte l’accusé et se


déclare incompétent sur l’action civile. En cas de doute, le prévenu est relaxé et
mention du bénéficie du doute est faite dans le jugement (article 395 et Ss.
CPP).

Lorsque le tribunal prononce une peine privative de liberté contre l’individu, il


décerne un mandat d’incarcération au concerné ou un mandat d’arrêt. Si la peine
d’emprisonnement n’excède pas un an, alors que le condamné manifeste
l’intention de relever appel, celui-là peut être en liberté jusqu’à l’expiration des
délais d’appel, s’il en a fait la demande et s’il présente certaines garanties (la
caution) (articles 246 (9) et 396, 397 CPP). Le prévenu relaxé ne peut être
condamné aux dépens. Ceux-ci sont mis à la charge de la partie qui perd le
procès et qui a mis l’action publique en mouvement. La partie civile peut
d’ailleurs être condamnée au pénal et au paiement des dommages et intérêts.
Le jugement est rendu par défaut en l’absence de l’une des parties et dans ce cas,
le prévenu absent est présumé plaider non coupable.

Après le jugement, le tribunal peut ordonner la restitution des pièces à


conviction contre décharge dans un registre spécial prévu à cet effet.

2. Les effets des décisions

La juridiction de jugement peut être appelée à prendre au sujet d’une même


affaire, de très nombreuses décisions avec des effets différents. Il convient de
distinguer :

a. Les décisions avant dire droit

Elles ne statuent pas sur le fond, mais préparent la solution du procès, ou portent
sur les décisions rendues par défaut.

b. Les décisions d’incompétence

Elles dessaisissent la juridiction qui prononce sans statuer sur le fond.

c. Les décisions d’absolution

Elles ne doivent pas être confondues avec les décisions de relaxe. En effet,
lorsque le prévenu est absout, il est reconnu coupable des faits reprochés, mais
échappe à toute mesure véritablement répressive pour certaines raisons de
politique criminelle ; mais sa responsabilité civile subsiste et peut faire l’objet
des mesures de sûreté.

d. La décision d’irrecevabilité

Lorsqu’une juridiction constate qu’elle n’a pas été saisie régulièrement, elle rend
une décision d’irrecevabilité.

e. La décision de condamnation

Lorsqu’une juridiction a statué au fond, elle peut rendre une décision de


condamnation en cas de preuve suffisante de culpabilité.
f. La décision de relaxe (pour le prévenu) ou d’acquittement (pour
l’accusé)

Lorsque les preuves sont insuffisantes pour établir la culpabilité ou en cas


d’absence de preuve, la juridiction peut rendre une décision de relaxe (pour le
prévenu) ou d’acquittement (pour l’accusé).

CHAPITRE 2 : LES VOIES DE RECOURS

A l’instar des décisions civiles, les décisions répressives sont exécutoires


lorsque toutes les voies de recours ont expiré. Si une décision judiciaire
répressive est entachée d’erreur de fait et/ou de droit, les parties peuvent
demander que leur procès soit jugé à nouveau.

C’est seulement après le nouvel examen que la décision pourra acquérir


définitivement sa force exécutoire ou la force de la « chose jugée ». Les
procédures permettant à une partie d’attaquer une décision rendue sont appelées
les voies de recours. Elles ont un caractère d’ordre public parce que les parties
n’ont pas la faculté d’y renoncer à l’avance. Elles ont un effet suspensif car, la
décision ne pourra être exécutée avant l’intervention d’une décision définitive.
Le législateur a examiné les voies de recours dans les dispositions des articles
427 - 544 CPP. On peut coter :

SECTION 1 : L’OPPOSITION

L’opposition est une voie de rétraction assujettie à certaines conditions, pour


produire certains effets.

PARAGRAPHE 1 : LES CONDITIONS PREALABLES

L’opposition est une voie de rétractation parce qu’elle fait revenir l’affaire
devant la même juridiction qui aurait déjà rendu la décision en l’absence d’une
partie. On dit que l’opposition est une voie ordinaire parce qu’elle est de plein
droit à la disposition du plaignant défaillant.

Pour faire usage de l’opposition, certaines conditions doivent être remplies :


L’opposition n’est recevable que contre les décisions rendues par défaut. Seule
la partie qui était absente au procès peut faire opposition. Le délai d’opposition
est de dix (10) jours à compter du lendemain de la signification du jugement à
personne, si le condamné réside au Cameroun, et de trente (30) jours si le
condamné réside à l’étranger.

A l’exception du ministère public, toute partie au procès peut faire opposition, si


elle remplit les conditions prévues par l’article 427 CPP. Il s’agit d’un motif
légitime de non comparution en cas de notification régulière.

La forme de l’opposition est en principe libre ; mais elle peut prendre la forme
d’exploit d’huissier. L’opposition est formée par déclaration consignée sur l’acte
de consignation ou par déclaration au greffe de la juridiction ayant rendu la
décision par défaut ou par télégramme ou par tout autre moyen laissant trace
écrite (article 432 al. 2, 3 CPP).

Une fois faite, le président du tribunal notifie cette déclaration au ministère


public et aux autres témoins, la date de la prochaine audience.

L’acte de notification précise bien qu’en cas de non comparution de la partie


défaillante, son opposition nouvelle sera nulle et non avenue. Elle ne pourra plus
s’opposer au jugement rendu par défaut, car « opposition sur opposition ne vaut
» ; on parle d’itératif défaut : on ne peut faire opposition plusieurs fois. Le juge
rendra une décision dite de « jugement de débouter d’opposition ».

Lorsqu’un jugement par défaut a été dans les délais prescrits par la loi, frappé
d’opposition par une partie et d’appel par une autre ; il est d’abord statué sur
l’opposition et ensuite sur l’appel. Si la cour d’appel avait déjà commencé
l’examen avant le jugement sur l’opposition, toute partie intéressée pourrait lui
signaler de l’existence de cette opposition. Et la cour d’appel devra surseoir à
statuer (article 435 al.1, 2 CPP).

PARAGRAPHE 2 : LES EFFETS DE L’OPPOSITION

 Un effet suspensif

L’opposition a pour effet de suspendre l’exécution d’une décision rendue par


défaut. Seules les provisions accordées à la victime demeurent exécutoires, de
même que les mandats de justice décernés par le tribunal ; sauf décision
contraire du président du tribunal. Malgré l’opposition, les mesures prises pour
les mineurs de même que les mesures de sûreté demeurent exécutoires.

 Un effet extinctif

L’acte d’opposition anéantit la décision rendue par défaut. La juridiction pourra


rendre une décision qui reprend la même solution que la première ou la
modifier. Néanmoins, la règle de la « reformatio in pejus » ne s’applique pas en
matière d’opposition, mais en cas d’appel, cette règle « reformatio in pejus »
interdit d’aggraver la situation du délinquant.

SECTION 2 : L’APPEL

L’appel est une voie de recours ordinaire contre les jugements qui ont été rendus
contradictoirement ou même par défaut lorsque les délais d’opposition ont
expiré. L’appel est entouré de certaines conditions pour produire certains effets.

PARAGRAPHE 1 : LES CONDITIONS DE RECEVABILITE DE


L’APPEL

A. LES CONDITIONS DE FOND

Elles concernent les décisions à attaquer et les personnes qui peuvent interjeter
appel (articles 437 - 438 CPP). En effet, tous les jugements y compris ceux
rendus par un tribunal militaire sont, sauf disposition contraire de la loi,
susceptibles d’appel.
Le droit d’appel appartient au condamné ou civilement responsable, à l’assureur
de responsabilité, à la partie civile au procureur, aux administrations publiques.

B. LES CONDITIONS DE FORME

L’appel est interjeté au greffe de la juridiction ayant rendu le jugement sous


toute forme laissant trace écrite avec date certaine (article 441 al.1, 2 et 3 CPP).
La déclaration d’appel est consignée dans un registre spécial tenu au greffe de
ladite juridiction. Le greffier en chef notifie par tout moyen laissant trace écrite
ou par exploit d’huissier à l’appelant, qu’il est tenu dans un délai de 15 jours à
compter du lendemain du jour de l’enregistrement de l’appel, de lui faire
parvenir un mémoire contenant ses moyens et conclusions ainsi que toutes les
pièces justificatives.

Si l’expiration du délai de production du mémoire, le greffier en chef met en état


le dossier de procédure. Le président du tribunal notifie le dossier au procureur
général pour citer les parties et les témoins tout en précisant la date d’audience.
L’appelant à l’audience prendra le premier la parole (articles 445 - 452 CPP). Le
délai pour interjeter appel est de dix (10) jours pour toutes les parties, à compter
du lendemain de la notification de l’acte d’appel principal aux parties.

PARAGRAPHE 2 : LES EFFETS DE L’APPEL

A. L’EFFET SUSPENSIF

En vertu de l’effet suspensif, la décision frappée d’appel ne peut recevoir


exécution. A ce principe, on note certaines dérogations. C’est ainsi que le
prévenu en état de détention provisoire doit être immédiatement libéré, lorsqu’il
fait l’objet d’une décision de relaxe ou d’une condamnation avec sursis ou à
l’amende. En revanche, le mandat de dépôt décerné par le tribunal s’exécute
automatiquement de même que la provision accordée à la victime (article 453
CPP).

B. L’EFFET DEVOLUTIF
La cour d’appel peut modifier la qualification des infractions retenues par le
jugement frappé d’appel et la victime peut introduire une demande
d’augmentation des dommages intérêts.

L’effet dévolutif a pour objet de saisir la juridiction supérieure des faits déjà
jugés par la juridiction inférieure. Cet effet est limité, parce que le juge d’appel
n’a pas le droit d’étendre le litige à d’autres faits, ni à d’autres personnes que
celles citées dans le premier jugement.

L’effet dévolutif est aussi limité par la qualité de l’appelant. A cet effet, l’appel
formé par le ministère public est sans effets sur l’action civile.

En ce qui concerne l’appel formé par le prévenu condamné contre l’action


publique, la cour d’appel ne pourra pas aggraver le sort de celui-ci en
prononçant une peine plus grave que celle retenue par le premier juge, ni même
modifier dans le sens de la sévérité ; la qualification retenue par les premiers
juges et encore moins augmenter les dommages et intérêts. C’est l’application de
l’interdiction de la « reformatio in pejus ».

PARAGRAPHE 3 : L’ARRET DE LA COUR D’APPEL

Cet arrêt peut :

- Soit déclarer l’appel irrecevable : parce qu’il est irrégulier ou tardif ;


- Soit confirmer le jugement attaqué ;
- Soit alors réformer ou infirmer le jugement attaqué.

Les délibérations ont lieu dans une salle présentant toutes les garanties de
discrétion. Après délibération, le président ou l’un des membres de la cour
donne lecture de la décision. En cas de condamnation, le président informe le
condamné de son droit de se pourvoir en cassation en lui indiquant les délais et
mention en est faite dans la décision (articles 469 et 471 CPP).

SECTION 3 : LE POURVOI EN CASSATION


Le pourvoi en cassation est une voie de recours règlementée dans ses conditions
et effets aux articles 472 à 534 CPP. Le pourvoi est formé soit dans l’intérêt des
parties, soit dans l’intérêt de la loi.

PARAGRAPHE 1 : LE POURVOI EN CASSATION DANS L’INTERET


DES PARTIES

Il est appelé le pourvoi ordinaire ou de droit commun. Il est formé par les parties
pour des causes déterminées dans des conditions déterminées. Certaines formes
doivent être respectées pour produire certains effets.

A. LES CAS D’OUVERTURE

Le pourvoi en cassation n’est possible que dans certains cas. Ces cas sont les
suivants :

- La constitution irrégulière de la juridiction ayant rendu la décision


attaquée ;
- Le défaut de publicité ;
- Incompétence et excès de pouvoir de la juridiction qui a statué ;
- La violation de la loi pénale de fond résultant soit d’une interprétation
inexacte, soit d’une qualification erronée des faits.

La cour de cassation contrôle l’interprétation et l’application par les juges du


fond, des lois pénales de forme, relatives à l’organisation, à la compétence des
juridictions pénales. Elle contrôle également l’application des lois pénales de
fond, relatives à la détermination des infractions et des peines applicables.

B. LES CONDITIONS DE RECEVABILITE


Les conditions de recevabilité du pourvoi concernent la nature des décisions et
le délai.

1. Les décisions susceptibles de pourvoi (articles 472 à 475 CPP)

Tous les arrêts rendus par la cour d’appel sont susceptibles de pourvoi en
cassation. Ceux rendus par défaut ne sont susceptibles de pourvoi en cassation
qu’après expiration des délais d’opposition (article 476 CPP). Le pourvoi contre
un arrêt avant dire droit n’est recevable que s’il est formé en même temps que le
pourvoi contre l’arrêt rendu du fond (article 472 à 473 CPP). Pour pouvoir
former un pourvoi en cassation, il faut nécessairement avoir participé au procès.
Il faut également avoir un intérêt à cette cassation. Aussi bien la personne
poursuivie que la partie civile ou le ministère public peuvent se pourvoi en
cassation.

De même, le civilement responsable et l’assureur de responsabilité, la personne


poursuivie peut se pourvoir en cassation contre les décisions rejetant sa demande
de mise en liberté provisoire ou contre toutes les autres condamnations au pénal
et au civil. Le ministère public ne peut se pourvoir en cassation que contre toutes
les décisions rendues sur l’action publique et non civile.

Le tiers civilement responsable ne peut agir que contre les décisions qui ont
retenu sa responsabilité civile à raison du dommage causé par l’infraction
commise. L’assureur de responsabilité civile se pourvoit en cassation également
en ce qui concerne ses intérêts pour le règlement d’une indemnité.

2. Le délai du pourvoi (articles 477 à 479 CPP)

Le délai pour se pourvoir en cassation contre les arrêts rendus au fond est de dix
(10) jours. Il est de sept (07) jours pour les arrêts avant dire droit et trente (30)
jours pour les arrêts rendus par défaut. Ce délai court à compter du lendemain du
jour du prononcé de l’arrêt s’il est contradictoire. Il court à compter du
lendemain du jour du prononcé de l’arrêt s’il est contradictoire. Il court à
compter du lendemain de l’expiration du délai d’opposition, s’il s’agit du
demandeur d’un arrêt de défaut (article 479, al.1, 2, 3 CPP). Le délai pour
former un pourvoi contre un arrêt de la chambre de contrôle de l’instruction est
de cinq (05) jours à compter de la notification de cet arrêt du ministère public et
aux autres parties (article 476 al.1, 2, 3, 4 CPP).

3. Les formes du pourvoi en cassation

Comme l’appel, le pourvoi en cassation est formé par une déclaration faite au
greffe de la cour suprême ou cour d’appel qui a rendu la décision attaquée. Cette
déclaration est faite par toute partie intéressée.

Si la personne est détenue, elle pourra le faire par lettre sous couvert le régisseur
de prison, adressé au greffier en chef de la cour d’appel. Au moment où le
greffier en chef de la cour d’appel reçoit la déclaration de pourvoi, il notifie le
défendeur au pourvoi. Ce dernier a un délai de trente (30) jours à peine de
déchéance afin que le défendeur lui communique le non de son avocat et qu’il
puisse préparer ses moyens de défense. Dès que le greffier reçoit le dossier, il
l’enregistre et le communique au président de la cour suprême. Ce dossier doit
être reproduit en cinq exemplaires. Le président de la cour suprême devra
désigner un rapporteur magistrat qui devra proposer des solutions au litige et ce
rapport est déposé au greffe dans les trente (30) jours en six exemplaires. Dès
que le procureur général émet ses réquisitions, le président fixe la date
d’audience qui sera communiquée à toutes les autres parties (articles 487 et Ss.).

4. Les effets du pourvoi

Le pourvoi en cassation n’a pas d’effet suspensif, notamment en ce que :

- Le mandat décerné ou confirmé par la cour d’appel continue à produire


ses effets ;
- Les mesures de surveillance judiciaire ordonnées ou confirmées par la
cour d’appel continuent à produire leurs effets ;
- En cas d’acquittement ou de condamnation par la cour d’appel, soit à une
peine d’acquittement assortie du sursis, soit à une peine d’amende, ou
lorsqu’il y a condamnation à une peine d’emprisonnement dont la durée
est inférieure ou égale à la durée de la détention provisoire, le demandeur
en pourvoi est immédiatement libéré ;

Cependant, le demandeur au pourvoi peut saisir la cour suprême d’une demande


de suspension des mesures de surveillance ou main levée du mandat (article 503
CPP).

Le pourvoi a un effet suspensif nonobstant les dispositions de l’article 503 :

- Lorsque la cour suprême est saisie d’un pourvoi contre un arrêt avant dire
droit ;
- En cas de conflit de compétence ;
- En cas de contrariété des décisions (article 504 CPP).

La cour suprême rend des arrêts avant de statuer au fond. Elle s’assure que le
pourvoi a été régulièrement formé : cet arrêt est rendu au siège ou après délibéré
dans les quinze (15) jours au plus tard.

Lorsqu’une affaire est très complexe, la cour suprême juge en sections réunies.
La cour suprême comme la cour d’appel siège toujours en collégialité (au moins
trois (03) magistrats). C’est la section pénale de la chambre judiciaire qui
connaît des affaires pénales.

Les arrêts de la cour suprême contiennent un certain nombre d’éléments à savoir


: la composition de la cour, identification des parties, examen sommaire des
faits, des motifs et un dispositif, la signature des magistrats et greffiers
audiencier. Le procureur général et les autres parties en reçoivent copie.
PARAGRAPHE 2 : LE POURVOI DANS L’INTERET DE LA LOI
(ARTICLE 533-534 CPP)

Ce pourvoi est exercé contre une décision ou contre tout acte juridictionnel
entaché d’une violation de la loi.

Sur ordre du ministre chargé de la justice, le procureur général près la cour


suprême peut former un pourvoi en annulation dans le but d’assurer le respect de
la loi dans tous les actes judiciaires. Ces pourvois sont formés sans soumission à
aucune condition de délai. Les arrêts rendus sont transcrits dans un registre au
greffe de la juridiction qui l’a rendu.

Lorsque toutes les voies de recours ont été exercées ou les délais expirés, la
décision acquiert autorité de la chose jugée et devient définitive. Il appartient au
procureur de la république de faire exécuter les peines (article 545 à 550 CPP).

SECTION 4 : LE POURVOI EN REVISION (ARTICLES 535 A 544 CPP)

Le pourvoi en révision peut être ouvert pour corriger certaines erreurs


judiciaires. Cette hypothèse est assujettie à certaines conditions pour produire
certains effets.

PARAGRAPHE 1 : LES CONDITIONS DU POURVOI EN REVISION

La finalité est de corriger les actes qui portent atteintes à l’autorité de la chose
jugée. Le pourvoi en révision s’ouvre :

- En cas de découverte des pièces nouvelles ;


- En cas de contrariété des décisions ;
- En cas de condamnation des témoins pour faux témoignages.

La révision du pourvoi est faite au profit de toute personne condamnée pour


crime ou délit aux de l’innocenter. La chambre judiciaire de la cour suprême
siège en section réunie pour examiner ces demandes en révision. Elle peut
rendre des arrêts de rejet lorsque les demandes sont non fondées ou des arrêts
d’annulation de la décision attaquée permettant de relaxer ou d’acquitter le
demandeur. Le ministre de la justice qui a formulé la demande devra verser les
frais à la charge du trésor public en cas de relaxe ou d’acquittement.

PARAGRAPHE 2 : LES EFFETS DE LA DEMANDE EN REVISION

La décision rendue est publiée. Elle peut servir de base à une demande
d’indemnisation en faveur des intéressés. Si la victime de l’erreur judiciaire est
décédée, le droit de demander les dommages intérêts appartient à ses ayants-
droits (article 543 CPP).

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