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Jugement sous RP 25.

013
Audience du dix-sept avril deux mille vingt trois
En cause :
Ministère public et la partie civile (Mme Elysée TSHIBANDA)
Contre
Alain BOKULA, prévenu, en liberté
Contre
Par sa requête aux fins de fixation d’audience n°25.013/RMP 2050 /Prorep
023/a/LUK/2023 du 20 Mars 2023, le procureur de la République du parquet près le
tribunal de grande instance de Kinshasa/ Kalamu saisit le Tribunal de Grande Instance
de Kinshasa/ Kalamu contre le prévenu Alain BOKULA pour :
I. Exposé des Faits

En la date du 1er mars 2023, il est reproché au prévenu Alain BOKULA d’avoir à
Kinshasa, ville de ce nom et capitale de la République démocratique du Congo, alors qu’il sirotait
une bouteille pleine et fraiche de Tembo au sein de la discothèque dite « Espace Macron » en
compagnie de son meilleur ami M. Jerry MALONGI, ils rencontrèrent Mme Elysée TSHIBANDA,
propriétaire d’une discothèque dans la commune de Bandalungwa appelée chez le président et
qui, en ce moment-là, avait reçu plusieurs notifications du Bureau Communal sur la position
anarchique dans laquelle se trouvait son complexe et de sa démolition qui devait intervenir dans
les 72 heures qui suivent. Mme Elysée ayant appris par le truchement du barman que le prévenu
Alain BOKULA était une autorité publique, elle lui fit part de ses inquiétudes relatives à sa
discothèque et ce dernier lui garantit qu’en sa qualité de Directeur de Cabinet du Gouverneur de
la ville de Kinshasa, il pouvait bien lui éviter ce sort moyennant un pot de vin et Mme Elysée remit
au prévenu Alain BOKULA une enveloppe contenant dix billets de 100$ qui lui promis de ne jamais
voir da discothèque être démolie.
Deux jours après, précisément en la date du 3 Mars 2023, Mme Elysée verra les agents
de la force publique venir avec l’autorisation du Bourgmestre de la commune de Bandalungwa
détruire sa discothèque. Dépitée, elle apprendra également de la bouche du Barman que le
prévenu Alain BOKULA n’est pas Directeur de Cabinet du Gouverneur de l’hôtel de ville de
Kinshasa mais conseiller communal de la commune de Bandalungwa, faits prévus et punis par
l’article 98 du Code pénal livre II.
Interrogé à cet effet, le prévenu et ses conseils nient les faits reprochés à ce dernier
en affirmant par contre les billets de banque que Mme TSHILANDA possédait ce jour-là ont été
remis à son ami et que ce dernier s’était limité à conseiller à la dame d’entamer une procédure
administrative sollicitant auprès des autorités de prolonger le délai.
A l’audience publique du 3 avril 2023, au cours de laquelle la cause a été appelée,
instruite plaidée et prise en délibéré, la partie civile a comparu assistée de ses conseils Maitre
Junior Lufwa, ezechiel Kabongo, jean-paul Mbombu, Yverson Bopengo, Sophia Kuku, Thersi lifama
et Delphin KAPAYA tous avocats insrcits respectivement aux barreaux de Kinshasa/Gombe et
Matete ; le prévenu a comparu en personne assisté de ses conseils Maitre Fernand-Abdal
Yulumani , Lievin Chikunga, Abigael Mayani, Jenny Kamuanya, Janvier lohombo tous inscrits tour
à tour au barreau près la Cour de cassation et le Conseil d’Etat, au Barreau près la Cour d’appel de
Kinshasa/ Gombe et Matete.
D’entrée de jeu, la partie à prévenu a soulevé un préalable tendant à l’irrecevabilité
de la comparution de Maitre Delphin Kapaya qui ne serait pas inscrit au barreau du ressort
concerné par l’action mue devant le tribunal des céans, la partie civile adjoint à ce moyen la
Décision n°39/CNO/RIC/DU 18 JUIN 2022 PORTANT INTERDICTION D’INSTALLATION D’UN
AVOCAT DANS LE RESSORT D’UN BARREAU AUQUEL IL N’APPARTIENT PAS qui dispose en son
article 1er qu’il est interdit à tout avocat de s’installer dans le ressort autre que celui de son barreau
d’appartenance.
En outre, elle a soulevé un Déclinatoire de compétence en déclarant que leur client est
poursuivi pour escroquerie telle que libellée par l’exploit introductif d’instance et le Décret du 30
janvier 1940 portant Code pénal en son article 98 livre II punit ce fait d’une peine maximale de
cinq ans de servitude pénale et qu’en vertu de l’article 85 de la loi du 11 avril 2013 portant
Organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire les Tribunaux
de paix connaissent des infractions punissables au maximum de cinq ans de servitude pénale
principale et d’une peine d’amende , quel que soit son taux ou de l’une de ces peines prévues
seulement.
Par voie de conséquence, la partie à prévenu ne comprend pas par quel moyen leur
client se retrouverait devant un Tribunal de grande Instance.
Répondant au premier moyen soulevé, le Tribunal relève que le préalable soulevé
relève de la profession d’avocat et cet ordre libéral a ses organes institués dans la matière pour
traiter de ces transgressions des interdictions professionnelles d’où la raison pour laquelle le
Tribunal des céans se déclare Incompétente pour statuer sur cette question.
Concernant le déclinatoire de sa compétence, le Tribunal des céans opine qu’en Droit
judiciaire répressif particulièrement, une juridiction est compétente matériellement ( en raison
du taux de la peine à appliquer) , territorialement ( le juge du lieu de résidence de l’infracteur, de
la commission de l’infraction et de l’arrestation de l’infracteur) et exceptionnellement
personnellement s’expliquant par des mécanismes dérogatoires aux règles principales de
compétence car certains individus au regard de la fonction qu’ils occupent se voient assignés un
juge spécial.
En vertu de l’article 89 alinéa 2 de la loi du 11 avril 2013 portant Organisation,
fonctionnement et Compétence des juridictions de l’ordre judiciaire qui dispose que les Tribunaux
de Grande Instance connaissent en premier ressort des infractions commises par les Conseillers
urbains, les Bourgmestres, les Chefs de secteur, les Chefs de chefferie et leurs adjoints ainsi que
par les Conseillers communaux, les Conseillers de secteur et les Conseillers de chefferie.
Le prévenu ayant personnellement renseigné qu’il était conseiller communal, il a pour
juge naturel le tribunal de grande instance comme l’exige la disposition légale sus-invoquée.
Ainsi dit, le Tribunal dira de l’exception lui dénuant de sa compétence recevable mais
non fondée et se déclarera compétente pour connaitre de l’action pénale initiée contre le prévenu
Alain BOKULA.
La procédure ainsi suivie étant régulière et contradictoire, le Tribunal des céans s’est
donc déclaré valablement saisi à leur égard.
Après avoir mené une instruction l’ayant permis d’être suffisamment éclairé quant
aux faits, le Tribunal ordonna les plaidoiries ainsi que le réquisitoire du Ministère public.
II. CONCLUSIONS DE LA PARTIE CIVILE
Le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu régulièrement saisi par
citation à prévenu a, lors de son audience publique en introduction, instruction et
plaidoiries du 3/03/2023, appelé l’unique affaire inscrite sous R. P 25.013 entre Ministère
public face au prévenu Alain BOKULA pour des faits d’escroquerie, à l’entame de laquelle
nous nous étions constitués partie civile pour défendre les nobles intérêts de la victime
nommée Elysée TSHIBANDA
1. De l’exposé des faits
En l’espèce à Kinshasa, ville de ce nom et capitale de la République
démocratique du congo, le 1er mars 2023, alors qu’il sirotait une bouteille pleine et
fraîche de Tembo au sein de la discothèque dite « Espace Macron » en compagnie de son
meilleur ami Monsieur Jerry MALONGI, ils rencontrèrent Mme Elysée TSHIBANDA,
propriétaire d’une discothèque dans la commune de Bandalungwa appelée « chez le
Président » et qui, en ce moment-là, avait reçu plusieurs notifications du Bureau
Communal sur la position anarchique dans laquelle se trouvait son complexe et de sa
démolition qui devait intervenir dans les 72 heures qui suivent.
Mme Elysée ayant appris par le truchement du Barman que M. Alain BOKULA
était une autorité publique, elle lui fit part de ses inquiétudes relatives à sa discothèque
et ce dernier lui garantit qu’en sa qualité de Directeur de Cabinet du Gouverneur de la ville
de Kinshasa, il pouvait bien lui éviter ce sort moyennant un pot de vin, Mme Elysée remit
à M. Alain BOKULA une enveloppe contenant dix billets de 100 $ américains qui lui promis
de ne jamais voir sa discothèque être démolie. Deux jours après, précisément en la date
du 03 mars 2023, Mme Elysée verra les agents de la force publique venir avec
l’autorisation du Bourgmestre de la commune de Bandalungwa détruire sa discothèque.
Dépitée, elle apprendra également de la bouche du Barman que M. Alain BOKULA n’est
pas Directeur de Cabinet du gouverneur de l’hôtel de ville de Kinshasa mais conseiller
communal de la commune de Bandalungwa.
2. De la discussion en droit
A. Des conditions de responsabilité aquilienne ou extracontractuelle
 De la faute

En droit la faute peut être appréhendée tel le comportement d’un bon père de
famille, c’est-à-dire d’une personne normalement soucieuse et désireuse de ne pas causer
du dommage à autrui, honnête et raisonnable placée dans les mêmes circonstances.
Ainsi, il importe de discuter des éléments constitutifs de l’infraction retenue à
charge du prévenu Alain BOKULA, à savoir l’escroquerie. Infraction prévue et punie à l’art.
98 du Code pénal Livre II.
Il sera question de distinguer la condition préalable à l’établissement de
l’incrimination de ses éléments strictement constitutifs.
La condition préalable est la chose susceptible de remise
L’infraction d’escroquerie requiert que les procédés frauduleux utilisés aient
eu pour objet la remise d’une chose énumérée par l’article 98 précité.
Cette disposition énumère limitativement ces objets. Il s’agit des fonds,
meubles, obligations, quittances, décharges. Dans le cas d’espèce, Monsieur Alain BOKULA
s’est bel et bien fait remettre une enveloppe contenant dix billets de 100 $ américains en
espèces sonnantes et trébuchantes. Pour preuve, le Barman de la discothèque <<
Espace Macron>> dans laquelle la remise a eu lieu, qui n’est autre que monsieur Nicolas
AGANZE en sus l'exploitant de cet établissement l’a témoigné par devant votre auguste
Tribunal avec les pièces corroboratives versées au dossier démontrant qu’il était
exactement le tenancier de l’espace. Celui-ci affirme et encore par devant votre Tribunal
avoir vu monsieur Alain BOKULA, son client habituel, se faire remettre une enveloppe des
mains de madame Elysée TSHIBANDA, l’enveloppe contenant dix billets de 100 $.
D’ailleurs, le Procès-verbal d’audition contenu dans le dossier que nous avons
compulsé fait état de la déclaration sans équivoque de Monsieur Alain BOKULA qui s’était
rendu sur les lieux, sur sa proposition, sans doute parce qu’il y allait assez fréquemment.
Après avoir épinglé la condition préalable à l’établissement de l’infraction
retenue à charge du prévenu, place aux éléments strictement constitutifs, à savoir
l’élément matériel et l’élément moral.
 De l’élément matériel
L’infraction d’escroquerie se caractérise par : l’emploi des moyens frauduleux
; et la remise ou la délivrance de la chose.
Quant aux procédés, il s’agit soit de l’usage de faux noms, soit l’usage d’une
fausse qualité, soit des manœuvres frauduleuses. L’emploi d’un seul de ces procédés suffit
d’ailleurs à caractériser cet élément matériel d’escroquerie. En l’espèce, le prévenu Alain
BOKULA a fait usage d’une fausse qualité.
Lors du procès, la défense a fait état d’une pièce justifiant la qualité de
Directeur de Cabinet du gouverneur de l’hôtel de ville de Kinshasa, comme quoi
finalement la qualité serait vraie, il sied ainsi de démontrer sur fond du droit et des pièces
versées au dossier, que cette qualité relève de tout sauf du droit ainsi elle demeure une
fausse qualité et qu'aucune disposition légale permet de cumuler ces fonctions si ce n’est
une manœuvre juridique entortillée.
En l’espèce, la loi organique n°08/016 du 7 octobre 2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports
avec l’Etat et les provinces, laquelle réglemente la fonction de par toutes les assemblées
délibérants issues de la décentralisation de l’Etat congolais y compris du conseil
communal dispose en son article 53 sur le fonctionnement du conseil communal ce qui
suit : << Les dispositions des articles 14 à 27 de la présente loi relatives au fonctionnement
du Conseil urbain s’appliquent, mutatis mutandis, au conseil communal >>.
L’article 26 de la même loi dispose des incompatibilités du mandat du
conseiller urbain (conseiller communal concerné) avec les fonctions ou mandats suivants
: << […] 8. Membre de Cabinet du Président de la République, du Premier ministre, du
Président de l’assemblée nationale, du Président du sénat, du Président de l’assemblée
provinciale, du Gouverneur, du Ministre, du Maire, du Bourgmestre, du chef de secteur, et
du chef de chefferie… >>.
Il est donc au regard de la loi impossible de cumuler les fonctions de conseiller
communal et de Directeur de Cabinet du gouverneur de la ville de Kinshasa. Cependant
les avocats de la défense sans doute en désespoir de cause ont tenté de façon vaine créer
la confusion en affirmant sur fond d’aucune pièce versée au dossier si ce n’est d’une simple
expression assertoire que leur client n’exercerait pas au même moment les deux
fonctions.
Une fois encore, les avocats de la défense accourent vers l’obscurité et c’est ce
que nous allons démontrer par analogie avec les députés nationaux lorsqu’ils se
retrouvent employés dans les postes de nomination.
Sur base de l’article 108 de notre constitution le mandat du député national
est également incompatible avec la fonction entre autres du membre de Cabinet du
Gouverneur. Cependant, l’article 110 al.2 de ladite constitution dispose : << Toutefois,
lorsqu’un député national ou un sénateur est nommé à une fonction politique
incompatible avec l’exercice de son mandat parlementaire, celui-ci est suspendu. Il
reprend de plein droit son mandat parlementaire après la cessation de cette fonction
politique incompatible >>.
De cette disposition emportant une exception, la défense en tire certainement
un principe de droit s'appliquant à tous les mandats électifs dont celui du conseiller
communal. Pareille démarche relève d’une conception aventureuse du système juridique
congolais et nous vous démontrons, à présent, messieurs les juges, que cette exception de
l’article 110 al.2 précité n’est en rien transposable au cas d’un conseiller communal voire
de tout autre mandat électif et ce, sur base de plusieurs écueils.
 Premièrement, aucune disposition tant de la constitution ni d’aucun autre texte
et en particulier de la loi du 7 octobre 2008 précitée ne dispose d'une telle
possibilité pour les conseillers communaux.
 Deuxièmement, il est de principe en droit “ ubi lex non distinguit, nec nos
distinguere debemus” c’est-à-dire qu’il n’y a pas lieu de distinguer, là où la loi ne le
fait point. Ce principe vaut son pesant d’or d’autant plus dans cette discussion car
si on s’en met à transposer n’importe quoi dans tous les mandats électifs ce qui
n’est prévu que pour un seul, les juges que vous êtes dépositaires des textes ne
cesseront de se décrédibiliser.
À titre d’exemple. L’article 96 de notre constitution établit les fonctions
incompatibles avec le mandat du Président de la République. Devrions-nous alors
supposer qu’il est également possible pour un président de la République, ce qui
est un mandat électif comme celui d’un conseiller communal, de suspendre ce
mandat électif pour un emploi public ? Certainement pas.
Ainsi, il appartient souverainement au législateur de déterminer en termes exprès
de façon commune ce qui peut s’appliquer pour tous les mandats électifs. À titre
d’exemple, la loi n°17/013 du 24 décembre 2017 modifiant et complétant la loi
n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle,
législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée à ce
jour, laquelle régit la législature en cours a prévu pour toutes les candidatures aux
fonctions électives concernées l’appui des suppléants.
Ce qui veut dire que le législateur doit prévoir quand une possibilité s’applique à
tout le monde, ou du moins à toutes les fonctions électives. Quand il ne le fait pas,
toute déduction en ce sens est malvenue.
Donc, L’article 110 al, 2 de notre Constitution est une disposition privative qui
confère un droit au seul député national. Le conseiller communal et autres ne sont
point concernés.

 Troisièmement, les pièces versées au dossier que nous avons pris soin de compulser
relèvent qu’en date du 10 mars, soit 9 jours après la commission des faits reprochés
au prévenu, celui-ci s’est présenté à l’Office du parquet près le Tribunal de grande
instance de Kinshasa-Kalamu, pour une audition au cours de laquelle il a indiqué
comme profession être conseiller communal, et plus loin dans l’exercice, il dit être
conseiller communal depuis 2005.

Nullement n’il a été question pour lui de préciser que son mandat de conseiller
communal était suspendu au profit d’un autre emploi. Ce qui, on le rappelle, est
d’ailleurs au regard des lignes précédentes, légalement impossible.
Ensuite, gît au dossier une pièce faisant état de l’autorisation des poursuites
obtenue en date du 20 mars 2023 soit dix jours après l’audition du prévenu au
parquet. Considérons, malgré tout, que la fonction de celui-ci soit suspendue au
profit d'un prétendu poste de directeur de cabinet du gouverneur de la ville de
Kinshasa, il n’aurait été pas nécessaire que le bureau du conseil communal autorise
de poursuivre le prévenu en point d’orgue d’une séance à laquelle le prévenu a été
entendu.
Bref, l’acte de nomination brandi par la défense n’est finalement en rien
déterminant pour rendre vraie la qualité de Directeur de Cabinet du gouverneur
de l’hôtel de ville de Kinshasa cumulée avec celui du conseiller communal.
En revanche, il nous est renseigné, sur la page 245 du cours de droit pénal spécial
du docteur Professeur WANE BAMEME Bienvenu, que peu importe que la qualité
soit réelle ou imaginaire il suffit que son usage soit déterminant pour inciter à la
remise. Monsieur Alain BOKULA n’ayant juridiquement aucune possibilité
d’exercer des prérogatives d'un directeur de cabinet du gouverneur de l’hôtel de
ville de Kinshasa a ainsi fait usage d’une fausse qualité.
Toutefois, les manœuvres frauduleuses sont un autre procédé pour commettre
l’escroquerie, faire usage d’une qualité dont on ne peut juridiquement exercer les
compétences est en plus une manœuvre frauduleuse.
La manœuvre de la défense vise à légitimer à tort la remise par Madame Elysée
TSHIBANDA d'une enveloppe de mille dollars au prévenu et ainsi induire le
Tribunal tout droit dans un gouffre juridique susceptible d’entacher l’image de la
justice congolaise.
 De l’élément moral
Le prévenu Alain BOKULA en faisant état par devant votre Tribunal, outre
l’avoir déjà fait le 1er mars 2023, d’une fausse qualité en brandissant perdu pour perdu
un acte de nomination sachant qu’aucune conséquence juridique ne pouvait en être
envisagée a de nouveau fait preuve de son immoralité destinée à ne point respecter
l’institution de l’Etat que vous êtes et à narguer le préjudice subi par la victime.
D’ailleurs, il ressort du Procès-verbal d’audition que le prévenu a précisé que
son chauffeur s’appelait bien Jeremie Ngona, et celui-ci a comparu par devant votre
auguste Tribunal pour vous faire part d’un autre cas d’escroquerie dont il a été victime
des faits de monsieur Alain BOKULA, ce qui a conduit à la résiliation de leur contrat. Cela
démontre une fois de plus la personnalité foncièrement scelerate encline à la commission
des infractions d’escroquerie.
Ainsi, le prévenu a bel et bien commis une faute et ne s’est point comporter en
bon père de famille.
 Du dommage
Le dommage subi par la victime est avant tout matériel car en ayant perdu
mille dollars, son patrimoine est sensiblement impacté. Sachant qu’à Bandalungwa, la
concurrence des discothèques est rude et que la rentabilité est fort relative, son
établissement ayant été finalement détruit, quoi qu’à raison, elle a perdu des fonds qui lui
auraient permis de pouvoir louer ailleurs ou s’établit ailleurs voire engager des avocats
pour entamer une procédure administrative.
De manière inéluctable, le dommage est également moral car la dame déjà
étreinte par le désespoir après moultes notifications de la commune sur la destruction
prochaine, a de nouveau été envahi par le drame d’une perte considérable des fonds. Le
lien de cause à effet entre la faute et le dommage étant de plus patent.
 De la réparation
Par ces motifs, il plaira à votre auguste Tribunal, outre la condamnation à
la peine requise par L’officier du ministère public, de condamner le prévenu à la
restitution des mille dollars obtenus à titre de réparation du dommage matériel.
En outre, le condamner au paiement additif de mille dollars à titre de
réparation du dommage moral. Et ce sera justice !
III. REQUISITIONS DE L’OFFICIER DU MINISTERE PUBLIC
Le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu régulièrement saisi, par
citation à prévenu, pour connaître de l’affaire inscrite sous R. P 25.013 entre Ministère
public et partie civile face au prévenu Alain BOKULA sur qui pèse la prévention
d’escroquerie, infraction prévue et punie à l’article 98 du Code pénal Livre II. S’étant rallié
à la narration des faits effectuée par la partie civile, l’officier du Ministère public requiert :
1. De la discussion en droit

De la définition de l’escroquerie.
Dans son cours de droit pénal spécial à l’attention des étudiants de 3ème
graduât en Droit, le Professeur Pierre AKELE ADAU définit l’escroquerie comme le fait de
se faire remettre volontairement une chose appartenant à autrui, soit en faisant usage
d’un faux nom ou d’une fausse qualité soit en employant des manœuvres frauduleuses.
Le docteur Bienvenu WANE BAMEME assure que fondamentalement,
l’escroquerie est le mécanisme par lequel une personne obtient frauduleusement la
remise d’une chose, à l’aide d’une tromperie. Elle est donc une infraction de commission,
qui suppose la constatation d’un comportement actif de son auteur, ajoute-t-il.
Bony CIZUNGU décrit : « le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse
qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses,
de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice
ou au préjudice d’un tiers » à effectuer une remise. La définition simplifiée vise le fait de
se faire consentir une remise par des moyens frauduleux, précise-t-il.
Quant à la loi, c’est l’article 98 du Code pénal Livre II qui incrimine : <<
Quiconque, dans le but de s'approprier une chose appartenant à autrui, s'est fait remettre
ou délivrer des fonds, meubles, obligations, quittances, décharges, soit en faisant usage de
faux noms ou de fausses qualités, soit en employant des manoeuvres frauduleuses pour
persuader l'existence de fausses entreprises, d'un pouvoir ou d'un crédit imaginaire, pour
faire naître l'espérance ou la crainte d'un succès, d'un accident ou de tout autre
événement chimérique, pour abuser autrement de la confiance ou de la crédibilité. >>
Messieurs les juges, il vous sera d’avis qu’au fil de notre raisonnement, le
prévenu Alain BOKULA spécialement par son fait perpétré le 01/03/ 2023, s’identifie
substantiellement à la description de l’escroquerie telle qu’énoncée dans les lignes
précédentes.
A. Des éléments constitutifs.
Il sera question de distinguer la condition préalable à l’établissement de
l’incrimination de ses éléments strictement constitutifs.
La condition préalable est la chose susceptible de remise
L’infraction d’escroquerie requiert que les procédés frauduleux utilisés aient
eu pour objet la remise d’une chose énumérée par l’article 98 précité.
Cette disposition énumère limitativement ces objets. Il s’agit des fonds,
meubles, obligations, quittances, décharges. Dans le cas d’espèce, Monsieur Alain BOKULA
s’est bel et bien fait remettre une enveloppe contenant dix billets de 100 $ américains en
espèces sonnantes et trébuchantes. Pour preuve, le Barman de la discothèque << Espace
Macron>> dans laquelle la remise a eu lieu, l’a témoigné par devant votre auguste Tribunal
avec les pièces écrites démontrant qu’il était exactement le gérant et le Barman de ladite
discothèque. D’ailleurs, le prévenu reconnaît au bas mot s’être rendu dans cet
établissement nommé.
Après avoir épinglé la condition préalable à l’établissement de l’infraction
retenue à charge du prévenu, place aux éléments strictement constitutifs, à savoir
l’élément matériel et l’élément moral.
 De l’élément matériel
L’infraction d’escroquerie se caractérise par : l’emploi des moyens frauduleux
; et la remise ou la délivrance de la chose.
L’escroquerie ne peut exister que si la remise ou la délivrance de la chose
d’autrui a été obtenue par l’emploi de certains procédés déterminés. Et à ce sujet on
distingue avec netteté le dol civil du dol pénal qui suppose toujours l’emploi d’un procédé
frauduleux de nature à vicier le consentement de la victime.
Quant aux procédés, il s’agit soit de l’usage de faux noms, soit l’usage d’une
fausse qualité, soit des manœuvres frauduleuses. L’emploi d’un seul de ces procédés suffit
d’ailleurs à caractériser cet élément matériel d’escroquerie. En l’espèce, le prévenu Alain
BOKULA a fait usage d’une fausse qualité.
Peu importe que la qualité soit réelle ou imaginaire, que l’usage soit verbal ou
écrit, il suffit que l’usage de la fausse qualité soit déterminant et qu’il tende au but de
l’escroquerie, c’est-à-dire à la remise des fonds, meubles ou valeurs, nous enseignent la
jurisprudence et la doctrine.
Le fait pour le prévenu d’avoir fait état d’une fausse qualité, à savoir du
Directeur de Cabinet du gouverneur de la ville de Kinshasa, a été déterminant pour
persuader l’existence d’un certain pouvoir qu’il disposerait en rapport avec l’opération
visant la démolition des constructions anarchiques, à l’effet de se faire remettre par
Madame Elysée TSHIBANDA la victime, des fonds à hauteur de 1000 $, soit dix billets de
100 $ en espèces sonnantes et trébuchantes, dans le seul de s’en approprier, en lui
promettant que son établissement ne serait jamais démoli.
Ainsi, l’usage d’une fausse qualité a abouti à la remise directe d’une chose
convoitée par l’escroc qu’est monsieur Alain BOKULA, laquelle n’est autre que l’argent
appartenant à madame Elysée TSHIBANDA.
L’infraction est donc caractérisée par la remise, ceci a pour conséquence de
faire de l’escroquerie une infraction instantanée, même si elle constitue également une
infraction complexe ou composite qui suppose la réalisation des plusieurs éléments
matériels, précise le Docteur Bienvenu WANE BAMEME.
Matériellement, les preuves rapportées par devant votre Tribunal démontrent
à suffisance que le prévenu Alain BOKULA a posé un acte frauduleux en faisant usage
d’une fausse qualité dans l’optique de s’approprier de manière délictueuse de l’argent
appartenant à madame Elysée TSHIBANDA. Ceci étant, il sied de souligner l’intention
coupable de fraude dans le chef de l’incriminé.
 De l’élément moral
La doctrine majoritaire s’accorde pour dire que premièrement, l’agent doit
nécessairement avoir agi avec une intention coupable de fraude. Cette intention coupable
se caractérise par la volonté et la conscience de s’approprier une chose appartenant à
autrui par l’un des procédés incriminés par le législateur.
Peu importe le mobile qui pourra être invoqué par l’agent au moment de
poursuites.
L'infraction sera consommée quels que soient donc les mobiles. Le mobile,
distinct de l’intention coupable, ne pouvant être pris en considération que soit en amont
dans les investigations, soit en aval pour l'application de la peine.
Deuxièmement, l’agent doit avoir agi avec un dol spécial. L’article 98 du Code
Pénal punit : « Quiconque, dans le but de s’approprier une chose appartenant à autrui, ».
L’entièreté de cette articulation sur l’élément moral s’enferre totalement dans
la personnalité du prévenu Alain BOKULA en ceci que l’usage par lui d’une fausse qualité,
avait pour seul but de s’approprier de l’argent appartenant à madame Elysée TSHIBANDA.
Car sans doute monsieur Alain BOKULA ayant pris la mesure de l’incertitude angoissante
de madame Elysée face au risque potentiel de démolition de son établissement, ayant pris
la mesure de son anxiété après moules notifications du Bureau Communal, a donc réfléchi
sur l’opportunité de dépouiller cette pauvre dame.
Dans des circonstances dans lesquelles une autorité publique, exemplaire et
soucieuse de ne pas accentuer la souffrance de ses frères et sœurs concitoyen( ne)s, aurait
conseillé à madame Elysée TSHIBANDA d’engager des avocats pour un éventuel recours
auprès de la juridiction administrative compétente, monsieur Alain BOKULA a profité de
l’état anxieux de madame Elysée TSHIBANDA pour non seulement lui persuader
l’existence d’un pouvoir mais surtout de lui faire naître l’espérance d’un succès, à savoir
la non-démolition de son établissement et que celle-ci ait l’espoir que son établissement
demeurera et ainsi celui-ci continuerait d’apporter des revenus à madame Elysée
TSHIBANDA.
Monsieur Alain BOKULA a ainsi soutiré de l’argent indûment à madame Elysée
TSHIBANDA en se le faisant remettre tout en sachant que dans les conditions décrites
dans les lignes précédentes son consentement serait vicié.
Par ailleurs, le prévenu n’est point dans la primeur de ses activités
frauduleuses car par le témoignage de son ancien chauffeur, ayant comparu par devant
votre auguste Tribunal, il vous a été rapporté un autre cas d’escroquerie dans lequel le
prévenu Alain BOKULA avait, par manœuvres frauduleuses, induit son ancien chauffeur à
lui remettre de l’argent soit 500 $ dans l’optique de faciliter l’obtention d’un permis de
conduire à son chauffeur sachant que le pays via les services habilités ne procède plus à
la délivrance d’un tel document.
Ainsi donc, il aura été suffisamment démontré et établi que le prévenu Alain
BOKULA est un personnage enclin à toutes formes d’escroquerie, un conseiller communal
véreux qui est dépourvu de tout scrupule et du sens de l’honneur.
Votre Tribunal a non seulement la possibilité mais surtout le pouvoir de
rendre une décision de justice susceptible de soigner l’image de l’autorité étatique
écorchée par les exactions du conseiller communal BOKULA Alain, une décision de justice
qui puisse adoucir la peine et l’affliction de madame Elysée TSHIBANDA qui a non
seulement perdu son établissement, ce qui était à juste titre inéluctable mais surtout
perdu des fonds qui lui auraient permis soit d’engager des avocats pour actionner auprès
des juridictions compétentes, soit de pouvoir louer ou s’établit ailleurs. En tout cas, elle a
perdu des fonds qui lui seraient d’une utilité certaine sauf aux mains de monsieur Alain
BOKULA, escroc de première ayant pour seul objectif de profiter de manière délictueuse
de la respectable opération visant la démolition des constructions anarchiques.
 De la peine
Par ces motifs, il plaira à votre auguste Tribunal de prononcer une peine exemplaire
et dissuasive de cinq ans de servitude pénale à charge de monsieur Alain BOKULA
avec arrestation immédiate.
Ce sera justice.
IV. Pour la défense
En brossant les faits rétroactes s’interrogea, quel portrait vous a-t-on dépeint
ici ? non M. BOKULA n’est pas un escroc. Que calomnie et fausse accusation. Ne vous fiez
pas aux propos fallacieux de la partie civile encore moins au verbiage creux du Ministère
public.
C’est nous, votre honneur, la partie à prévenu qui avons la véritable version
des faits. Voilà pourquoi nous allons donc vous donner les faits, et vous nous donnerez le
Droit. Et cela en conformité avec le principe général de Droit « Da mihi factum, dabo tibi
ius », donne-moi les faits, je te donnerai le droit.
Tout remonte en date du 1er mars de l’année en cours, alors que mon client M.
BOKULA rentrait de son travail, il croise un de ses amis d’enfance en la personne de
MALONGI. A chaque rencontre ou retrouvaille, les deux se séparent avec peine.
Pour perdurer ainsi leur échange tranquillement, M. MALONGI n’a pas hésité
de proposer à mon client à s’asseoir dans son bar habituel et familier que mon client
ignore parce que n’étant pas vraiment habituer à fréquenter ce genre d’endroit.
Proposition d’un ami, chose acceptée avec un cœur gros pour ne pas le froisser
dans son amour propre encore moins l’offusquer.
Une fois sur le lieu, ils ont commencé à profiter de ce moment en s’offrant des
bouteilles des bières sous la sollicitude de MALONGI maitrisant bien son lieu et son
entourage.
Pendant qu’ils buvotaient amicalement leurs bouteilles, votre honneur, surgit
de nous ne savons d’où cette dame en face de nous.
Sans retenue aucune, s’approche de leur table. Mon client la prend pour une
connaissance de son ami, un habitué de ce bar ipso facto ne l’a pas chassé.
Du coup, il entend la dame se lamenter de la démolition de son bar qui pointait
à l’horizon. Humainement touché, mon client n’a pas manqué à lui proposer d’entamer
une procédure pour prolonger le délai auprès des autorités habilitées.
De façon inattendue, le téléphone de mon client sonna. Comme il se trouvait
dans un bar bruyant, il a dû se déplacer pour décrocher laissant cette dame et son ami
assis.
C’était son collaborateur avec qui il avait rendez-vous qu’il informe de son
arrivée à sa maison. il se trouvait dans l’obligation de s’y rendre. De loin, il fait signe à son
ami qu’il devait rentrer. C’est en ce moment votre honneur que mon client voit cette dame
remettre quelques billets de banque à son ami sans chercher à connaitre les raisons. Pas
un seul de ces billets n’a été remis à mon client. Et ils se séparèrent de la dame en
rejoignant leurs pénates.
Voilà la véritable version des faits au-delà des propos mensongers du
ministère public et de la partie civile. A cet effet, votre honneur qu’il plaise à votre tribunal
de se fonder sur cette véritable version des faits qui venait de vous être dévoilée hic et
nunc. C’est ainsi que vous direz le bon et le vrai droit.
L’escroquerie comme nous enseignée, est cette infraction prévue et réprimée
par l’article 98 du code pénal. Elle est de ce fait de se faire remettre, volontairement, par
le détenteur en vue de se les approprier, des fonds, décharges, quittances, obligations, et
meubles, en faisant usage de faux noms, de fausses qualités, ou en employant des
manœuvres frauduleuses pour persuader l’existence d’un pouvoir, d’un crédit imaginaire
ou pour faire naitre l’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident, de tout évènement
chimérique ou encore pour abuser autrement de la confiance ou de la crédulité. Bref, se
faire consentir une remise par des moyens frauduleux.
Vous personnes érudites ayant faites des bonnes écoles d’ailleurs, nous
sommes surs comme certains que vous vous mettez d’accord avec nous dans l’affirmation
selon laquelle pour qu’une infraction soit établie comme telle, il faut qu’il y ait
cumulativement réunion des éléments constitutifs donnant naissance à ladite infraction.
Lesquels éléments ? l’élément matériel et l’élément moral. Sans oublier la base ou
l’élément légal prévoyant sa répression.
 L’élément matériel devant régir l’infraction porterait sur trois éléments
cumulatifs qui sont : La remise d’une chose mobilière ; L’usage d’un faux
nom ou d’une fausse qualité ; L’emploi de manœuvres frauduleuses ;

 La remise d’une chose mobilière


Il est de principe en droit : « actori incumbit probatio », la charge de la preuve
incombe au demandeur. Sans oublier qu’« in dubio Pro reo » , le doute profite toujours à
l’accusé. Nous sommes ici accusés d’avoir percu une somme de 100$. Il ne suffit pas
seulement de le dire, il faut encore et à tout prix le prouver.
Veuillez donc acter auguste tribunal, que sans preuve valable, valide, concrète
et légale, nous rejetons ce point d’accusation pour défaut de moyens devant confirmer
l’allégation.
Comme vous l’avez constaté, l’accusation a été incapable de démontrer que
notre client a reçu cet argent, incapable d’expliquer par quelle manière cette transaction
a été réalisée sauf à se baser sur le témoignage d’un gérant de « BAR » qui s’est discrédité
lui-même tout au long de son audition devant nous. Nous estimons que l’infraction
d’escroquerie ne peut valablement pas être retenue sans que cette condition ne soit
remplie.
 L’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité
A notre enseigne comme à la connaissance du public informé et cultivé, notre
client n’a usurpé ni le nom, ni la qualité officielle car étant réellement nommé Alain
BOKULA TSHILOMBO et exerce légalement les fonctions de directeur de cabinet du
Gouverneur de la ville de Kinshasa, tel que le renseigne l’arrêté N°SC/084
/CAB/GVK/GNM/2020 du 21/04/2020 portant Nomination d’un Directeur de cabinet et
des directeurs de cabinet adjoint du Gouverneur de la ville de Kinshasa. Nous ne vous
brandissons pas Wikipédia, mais un acte de nomination signé par le Gouverneur.
Si notre client n’a pas évoqué ce détail devant l’officier du Ministère public,
nous ne tenons à rappeler qu’il ne l’a pas non plus nié. Considéré comme un homme
politique avec des grandes ambitions, c’est en toute humilité que notre client a omis de le
présenter au Ministère public ce qui ne peut nullement constituer un frein à son
instruction car en sa qualité d’organe de la loi, il ne doit pas méconnaitre cette dernière.
Nous voulons aussi rappeler que notre client ne se retrouve ici en situation
d’incompatibilité, car bien qu’ayant les deux fonctions, ils ne les exercent pas
cumulativement. Si incompatibilité il y’aurait, celle-ci ne peut pas se constater a priori
mais à posteriori, c’est la base du droit.
Dans l’hypothèse ou dans le plus absurde des scenarios, l’incompatibilité
devrait entre retenue a priori cela reviendrait non pas qu’à le crier mais aussi à le prouver.
Or le prouver c’est attaquer l’acte de nomination que nous vous avions brandi, êtes-vous
compétente pour apprécier la légalité d’un acte ? La loi-Organique n°16/027 du 15
octobre 2016 portant Organisation, compétence et fonctionnement des juridictions de
l’ordre administratif nous donne les réponses qui s’imposent.
Une fois de plus, vous constaterez auguste tribunal au point de vous demander
par le greffe d’acter en stylo rouge et en majuscule le défaut de pertinence de l’allégation
par rapport à ce deuxième point.
 L’emploi des manœuvres frauduleuses
Notre client, homme chez qui l’élégance a épousé l’excellence pour ainsi faire
l’éminence, homme honorable de son état, n’a usé d’aucune manœuvre en plus qui soit
frauduleuse à l’égard de Mme Elysée prétendue victime.
Enseignons auguste tribunal, qu’il est diverses formes de manœuvres
frauduleuses à savoir :
 Poser des actes manuels, gestes ou démarches illégales ;
 Exhiber ou remettre des pièces (vraies ou fausses) ;
 Procéder par une publicité mensongère, pour faire croire à l’existence d’une
entreprise réelle ;
 Faire intervenir un tiers ;
 Abuser de la qualité véritable
L’accusation s’est encore une fois illustré, dans son incapacité à démontrer les
manœuvres utilisées par notre honorable client. Etant donné que notre client ne se
retrouve dans aucune de ces catégories précitées, prière à nouveau d’acter le défaut de
pertinence des moyens.
 De l’élément moral
Pour que l’infraction soit établie, il faut que l’auteur soit avant tout animé de
l’animus nocendi : cette intention de nuire, concept s’annonçant étranger à notre client
car n’ait dans la vertu, élevé dans la morale, M. Alain BOKULA est inoffensif à l’égard des
autres. D’ailleurs, laissez-nous vous dire qu’étant chrétien catholique menant sa vie dans
la sainteté, s’il lui arrivait de mourir en ce jour, il mènerait incontestablement la
canonisation et irait tout droit au paradis.
Les confrères adverses ont d’abord tenté de perturber votre religion en vous
présentant un chauffeur que nous aurons prétendument escroqué, heureusement que
l’œil vigilant de votre tribunal ne s’est pas laissé berné et a plutôt constaté l’inaptitude de
l’accusation à établir l’intention de nuir.
La victime aussi mature soit-elle devrait accepter d’entamer une telle
procédure dans un bar suivant le conseil d’un barman ? N’aurait-elle pas été plus sage de
saisir directement les autorités administratives compétentes en la matière ? ne doit-on
pas dire que « nemo auditur propriam suam turpitudinem allegans » ?
Les interrogations pourraient se multiplier davantage pour prouver que la
cliente a agi en mauvaise foi, c’est qui justifie notre action reconventionnelle pour propos
téméraire et vexatoire.
A ces causes,
Sous toutes réserves généralement quelconques ;
Sans reconnaissance préjudiciable aucune ;
Plaise au tribunal de
Statuer comme de droit sur la recevabilité de l’action
En tout état de cause, dire cette action non fondée ;
Dire ainsi non établie en fait comme en droit l’infraction d’escroquerie à charge du
plaidant ;
En conséquence, l’en acquittera purement et simplement et le renverra de fin de
toutes poursuites.
Et ce sera justice.
V. POUR LE TRIBUNAL,
Concernant l’infraction d’Escroquerie prévue et punie par l’article 98 du code
pénal livre II, il ressort du réquisitoire du Ministère public et des conclusions de la partie
civile que le prévenu Alain BOKULA aurait usé d’une fausse qualité en l’occurrence celle
de Directeur de cabinet du Gouverneur dans le dessein de se faire des billets de banque
auprès de Mme Elysée TSHILANDA lui promettant qu’il allait résoudre le problème
menaçant sa discothèque qui se trouvait dans une position anarchique.
Il ressort de l’instruction de la cause, la déposition du témoin, le Barman de la
discothèque << Espace Macron>> dans laquelle la remise a eu lieu, qui n’est autre que
monsieur Nicolas AGANZE en sus l'exploitant de cet établissement l’a témoigné par devant
le Tribunal avec les pièces corroboratives versées au dossier démontrant qu’il était
exactement le tenancier de l’espace.
Il ressort également des pièces du dossier une décision portant autorisation
des poursuites du conseiller communal communal Alain BOKULA auprès du Président du
conseil communal de Bandalungwa qui d’après l’accusation n’aurait nullement fait
mention du fait que le prévenu exercerait une fonction de plus.
Néanmoins, la partie à prévenu contre toute attente, verse au dossier l’arrêté
N°SC/084 /CAB/GVK/GNM/2020 du 21/04/2020 portant Nomination d’un Directeur de
cabinet et des Directeurs de cabinet adjoint du Gouverneur de la ville de Kinshasa
nommant en son article 1er leur client Alain BOKULA TSHILOMBO au poste de Directeur
de Cabinet du Gouverneur de la ville de Kinshasa.
Le problème qui se pose est celui de la compatibilité de ce poste au mandat
électif sus-évoqué.
En effet, la loi organique n°08/016 du 7 octobre 2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports
avec l’Etat et les provinces, laquelle réglemente la fonction de par toutes les assemblées
délibérants issues de la décentralisation de l’Etat congolais y compris du conseil
communal dispose en son article 53 sur le fonctionnement du conseil communal ce qui
suit : << Les dispositions des articles 14 à 27 de la présente loi relatives au fonctionnement
du Conseil urbain s’appliquent, mutatis mutandis, au conseil communal >>.
L’article 26 de la même loi dispose des incompatibilités du mandat du
conseiller urbain (conseiller communal concerné) avec les fonctions ou mandats suivants
: << […] 8. Membre de Cabinet du Président de la République, du Premier ministre, du
Président de l’assemblée nationale, du Président du sénat, du Président de l’assemblée
provinciale, du Gouverneur, du Ministre, du Maire, du Bourgmestre, du chef de secteur, et
du chef de chefferie… >>.
En sus, l’article 77 de la loi électorale n°06/006 du 09 mars 2006 portant
organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines,
municipales et locales telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 juin 2011, la loi
n°15/001 du 12 février 2015 et la loi n°17/013 du 24 décembre 2017 pose la règle pour
les députés provinciaux, les conseillers urbains, communaux et des collectivités dont le
mandat est incompatible avec les mandats ou les fonctions de :
- Membre du gouvernement ;
- Magistrat ;
- Membre du Conseil économique et social, membre d’une institution d’appui
à la démocratie ;
- Membre du cabinet du Président de la république, du Président du sénat,
du premier Ministre, membres du Gouvernement et de toute autre autorité
politique ou administrative de l’Etat ;
- Membres des forces armées, de la police nationale ;
- Agent de carrière des services publics de l’Etat,
- Cadre politico-administratif de la territoriale, à l’exception des chefs de
chefferie et des chefs de groupement ;
- Mandataire public actif : président du conseil d’administration,
administrateur-délégué général, administrateur-délégué général adjoint,
administrateur-Délégué et tout autre mandat électif.
De ces dispositions légales, découlent un avis n°001 du Conseil d’Etat du
01er mars 2019 duquel sont dégagés deux principes dans la matière celui
de l’interdiction stricte du cumul des mandats et des fonctions et celui de la
cessation immédiate des fonctions ou mandat incompatibles.

1. Principe de l’interdiction stricte du cumul des mandats et des fonctions


Ce principe veut dire tout simplement qu’aucune autorité énumérée aux articles
96 et 108 de la Constitution de la RDC et 77 de la loi électorale ne peut détenir
concomitamment sa fonction ou son mandat actuel avec les fonctions ou mandats obtenus
dans le cadre des institutions nationales, provinciales, urbaines, communales et locales.
2. Principe de cessation immédiate des fonctions ou mandats incompatibles
Pour rappel, dans sa requête, le Premier ministre a fait état de la position de
certains membres du gouvernement pour qui, malgré le choix opéré pour le mandat
obtenu, ils pouvaient continuer jusqu’à la remise et reprise avec le nouveau
Gouvernement en vertu du principe de la Continuité de l’Etat et du caractère provisoire
des résultats des élections.
En réponse, le Conseil d’Etat scruté le principe de cessation immédiate des
fonctions ou des mandats. Tiré de l’article 78 de la loi électorale, ce principe signifie, selon
le raisonnement du Conseil, que le choix opéré par l’élu qui se trouve dans les cas
d’incompatibilité visés aux points 1,3,4, 6,7 et 9 de l’article 77 de la loi électorale sus-
évoqué en faveur du mandat obtenu, entraine automatiquement et définitivement
l’abandon de son mandat ou fonction incompatible.
En conséquence, il appert de relever qu’en ayant accepté sa nomination au
poste de Directeur de cabinet du Gouverneur de la ville de Kinshasa, le prévenu Alain
BOKULA perdit ipso facto son mandat électif au poste de conseiller communal.
Par ailleurs, le tribunal constate que demeure une obscurité sur la qualité de
l’agent poursuivi.
En effet, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de
Kinshasa/kalamu aurait obtenu du Président du conseil communal de Bandalungwa
l’autorisation des poursuites contre la personne de Alain BOKULA qui serait conseiller
communal de la commune de Bandalungwa au moment où ce dernier avait déjà accepté
la nomination au poste de directeur de cabinet en 2020 perdant ainsi son mandat de
conseiller communal.
Ie prévenu interrogé à cet effet devant le tribunal des céans a reconnu
possédait les deux fonctions tout en exerçant que la dernière et ignorant les conséquences
idoines.
Néanmoins, le tribunal retiendra que le doute sur la qualité du prévenu le
conduit à considérer celle la plus probante en évitant ainsi toute analogie sauf celle
favorable à l’accusé.
Cela entraine comme implication en Droit, l’inexistence de la prévention
d’escroquerie commise en usage d’une fausse qualité car cette qualité considérée comme
fausse par l’accusation s’est avérée entre une véritable et réelle qualité.
Par ailleurs, dénudée de sa qualité de conseiller communal au moment au
moment de sa comparution devant le tribunal des céans, le prévenu Alain BOKULA,
Directeur de cabinet du Gouverneur (ne bénéficiant d’aucun privilège de juridiction),
devait être remis devant son juge naturel en raison du taux de la peine à appliquer à
l’infraction commise punie au maximum de cinq ans de servitude pénale et rentrant
normalement dans la compétence du Tribunal de paix.
Faisant application de l’article 103 de la loi du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire qui
dispose : « si un tribunal saisi d’une infraction de sa compétence, constate que les faits
constituent une infraction dont la, compétence est attribuée à un tribunal inferieur, il
statue sur l’action publique et éventuellement sur l’action civile et des dommages-intérêts
à allouer d’office », le Tribunal de grande instance ayant réellement constaté cela statuera
sur les actions mues par devant lui.
En définitive, la qualification des faits étant une démarche tendant à trouver
l’appellation légale correspondant à l’activité criminelle donnée est l’un des problèmes les
plus importants du droit pénal compte tenu des conséquences qui en découlent pour la
personne poursuivie. Car c’est d’elle que dépendent le régime procédural ainsi que la
sanction et la note d’infamie.
Cette qualification peut être légale lorsqu’elle est effectuée d’une manière
abstraite par la loi ou mieux celle qui se cristallise en un texte de loi qui constitue ce que
l’on appelle classiquement l’élément légal de l’infraction.
Elle peut également être judiciaire consistant en une opération par laquelle
l’autorité judiciaire fait correspondre les faits qui paraissent antisociaux à la qualification
légale de telle sorte que l’intervention de la sanction pénale suppose l’existence préalable
d’un texte de loi.
Il existe trois principes qui doivent guider l’autorité judiciaire dans sa
démarche destinée à découvrir la qualification adéquate à savoir :
 qu’elle peut adopter provisoirement une qualification ; c’est la méthode
dite de qualifications successives ;
 que celle-ci est susceptible de modification au cours du procès ;
 que toute qualification s’apprécie et se cristallise au moment des faits.

 Méthode de qualifications successives


Ce principe veut que toute qualification soit susceptible de substitution
successive par l’autorité saisie des faits.
En effet, dès que les agissements répréhensibles sont portés à la connaissance
de l’autorité compétente, celle-ci doit adopter, au moins provisoirement, une qualification
apparemment légale pour lui permettre d’orienter l’enquête ou l’instruction, de
rassembler les éléments de preuve et surtout d’engager les poursuites.
Au fur et à mesure que progresse l’enquête ou l’instruction, l’autorité
compétente peut, à la lumière des éléments nouveaux, abandonner la première
qualification pour adopter une nouvelle qualification. Après cette substitution, elle peut
même revenir à la première qualification si elle l’estime plus conforme à la loi.
Il faut insister sur le fait qu’à tous les stades où les qualifications sont
modifiées, il y a confrontation raisonnée et approfondie des faits avec les éléments
constitutifs des infractions considérées.
 Le principe permettant la modification de la qualification au cours du
procès pénal
Aussi longtemps que la décision judiciaire n’est pas encore devenue
irrévocable, toute qualification est susceptible de modification. En effet, le parquet n’est
pas lié par la qualification retenue par l’officier de police judiciaire ou par la partie lésée
dans sa plainte. De même, la juridiction de jugement étant saisie de faits, elle peut
souverainement modifier la qualification qui lui est proposée par l’officier du ministère
public ou par la partie civile en cas de citation directe.
La juridiction peut donc requalifier les faits en retenant une qualification plus
sévèrement sanctionnée que celle précédemment retenue, les disqualifier en retenant une
qualification moins gravement punie que celle retenue auparavant ou déqualifier les faits,
lorsqu'elle estime que les faits ne rentrent dans aucune qualification légale. Autrement dit
elle peut modifier la qualification lui proposée dans n’importe quel sens.
En résumé, le juge peut donc soit admettre ou adopter la qualification
proposée s’il la trouve correcte, soit la modifier au profit d’une autre qui peut lui paraître
plus exacte et plus conforme au texte de la loi, soit enfin la rejeter purement et simplement
lorsque les faits ne sont pas établis en droit.
In casu, le tribunal ayant constaté la paralysie de l’infraction d’escroquerie,
remarque néanmoins que les faits telles que présentés paraissent répréhensibles et sont
adéquats à une qualification légale qui est celle de Corruption.
 De l’infraction de Corruption
a. Définition

Le mot corruption vient du latin « corruptio » signifiant « avilissement,


vénalité, tare, vice ». Elle est inégalement répandue dans le monde et différentes
associations proposent des classements entre nations.
b. L’infraction : corruption active et passive
La corruption dans le système du code pénal congolais suppose que chacun
des deux agents qui concourent à l’infraction, l’un en corrompant, l’autre en se laissant
corrompre, joue un rôle égal et séparément qualifié. Il s’en suit de là, que la corruption
passive constitue une infraction distincte de la corruption active. Il résulte de ce qui
précède que la corruption active ne saurait constituer un acte de complicité de la
corruption passive. Le législateur a considéré la corruption passive et la corruption active
comme des infractions différentes.
c. Eléments constitutifs
 L’élément légal
La corruption fut prévue et réprimée par les articles 147 à 150 du code pénal
livre II. Ces dispositions furent modifiées par l‘article 2 de la loi n°73/017 du 05 janvier
1973. L’article 2 cité a inséré l’article 149 bis. La loi du 05 janvier 1973 sera, par la suite,
complétée par l’ordonnance-loi n°73/010 du 14 février 1973. Cette ordonnance-loi a
injecté l’article 149 ter. Le texte, de nos jours, en vigueur est la loi n°05- 006 du 29 mars
2005 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais.
Cette loi a modifié les articles 147, 148, 149, 149 bis, 149 ter du code pénal. Elle a aussi
inséré les articles 147 bis, 149 quater et 149 quinquies au Code pénal.
Pour ce qui est fait des faits de la présente, la forme de corruption à retenir
est :
 Corruption passive
La corruption passive est l’attitude de l’agent public qui trafique de son
autorité, de sa fonction. Trois éléments sont nécessaires pour que la corruption passive
soit établie :
 L’auteur de l’infraction doit être un agent public
L’agent public est fonctionnaire ou officier public. Il est une personne chargée
d’un service public ou parastatal, une personne représentant les intérêts de l’Etat ou d’une
société étatique au sein d’une société privée, parastatale ou d’économie mixte, en qualité
d’administrateur, de gérant, de commissaire aux comptes ou à tout autre titre. Il peut être
mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-dessus, un arbitre ou un expert
commis en justice. Cette énumération est purement exemplaire et indicative.
In casu, il est bien plus que vrai que le prévenu a lui-même versé au dossier
l’arrêté du Gouverneur de la ville le nommant au poste de Directeur de cabinet de l’hôtel
de ville.
 Sollicitation, agréation d’offres ou de promesses ; sollicitation, réception de dons
ou de présents

L’infraction est consommée dès qu’un accord, même tacite, lie le corrupteur et
le corrompu. C’est un pacte frauduleux, un contrat illicite. Le corrupteur s’engage, par des
offres ou des promesses ou par des remises expresses de dons ou de présents. Le
corrompu agrée ces mêmes offres ou promesses ou reçoit de dons ou des présents. Ainsi
donc, en l’absence d’entente préalable entre le magistrat et la personne qui lui a donné
l’argent, la prévention de corruption passive n’est pas établie.
La sollicitation, par le fonctionnaire, des offres, promesses dons ou présents.
Le prévenu Alain BOKULA comme l’a affirmé le témoin Nicolas Aganze
pekeyabo exploitant de l’espace Macron aurait reçu une enveloppe de 1000$ des mains
de la Victime Mme Elysée Tshibanda.

 L’acte de la fonction
L’acte de la fonction est le but de la sollicitation, de l’agréation des offres ou
promesses, de la sollicitation, de l’agréation ou de la réception des dons ou des présents.
Ce but peut consister, soit en l’accomplissement, soit en l’abstention d’un acte de la
fonction.
In casu, le but de l’agrégation de l’offre de Mme Elysée par le prévenu ALAIN
BOKULA avait réellement pour dessein de retarder l’exécution de la décision prise par
l’autorité compétente en sa qualité de Directeur de cabinet de l’autorité provinciale ayant
lancé cette opération.
 L’élément moral.
Dès que sont réunis les trois éléments essentiels cités ci-haut, l’élément
moral est constitué par le dol simple. Il suffit que l’agent public, volontairement et
sciemment, sollicite et agrée des offres ou promesses, sollicite et reçoive des dons ou
présents pour faire un acte de sa fonction.
Il a été jugé qu’il y a infraction de corruption après entente préalable
l’agréation des dons et promesses, la réception des dons ou présents pour :
 accomplir un acte de sa fonction juste, mais non sujet à salaire ;
 accomplir dans le cadre de son emploi un acte injuste ;
 s’abstenir de faire un acte qui entre dans le cadre de ses devoirs ;
 commettre une infraction dans l’exercice de sa charge.
Au regard de ce qui précède, l’intention coupable ne fait l’ombre d’aucun
doute dans le chef de l’agent.
Par ces motifs,

Le Tribunal ;
Statuant publiquement et contradictoirement à l’égard de toutes les parties ;
Vu la constitution de la République démocratique du Congo ;
Vu la loi organique n°13/011-B du 11/04/2013 portant organisation, fonctionnement et
compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ;
Vu le code de procédure pénale ;
Vu le code pénal en ses articles 5, 98,147 bis ;
Apres réquisitions du ministère public ;
Dit non établie en fait et en droit l’infraction d’escroquerie ;
Requalifie les faits en Corruption passive et condamne le prévenu à la peine de deux ans
de servitude pénale et une peine d’amende de cinq zaïres.
Met les frais d’instance à charge du prévenu.
Le Tribunal a ainsi jugé et rendu son jugement à l’audience publique du 17/04/2023, à
laquelle siégeaient : WAMU OLELA, Juge président, NGOMA NLANDU et MONGAPA
DAWILI, juges, avec le concours du Ministère public représenté par LOKO DO-
MARCELLIN, Premier Substitut du Procureur de la République et l’assistance de
KABONGO KABONGO, Greffier du siège

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