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Cours de procédure pénale

INTRODUCTION AU COURS DE PROCEDURE PENALE

Une infraction pénale est réalisée. Son auteur a été découvert. Il ne sera cependant
condamné qu’après avoir été jugé par les juridictions instituées à cet effet. La
réaction sociale n’est donc ni aveugle ni instinctive. Elle passe nécessairement par le
respect de règles appelées Procédure Pénale (PP). Les règles de PP décrivent la
composition et le rôle des autorités policières et judiciaires qui vont intervenir dans le
procès. Elles donnent un éclairage sur la forme à suivre, la recherche, la constatation
et le jugement du délinquant.
I - L’IMPORTANCE DES REGLE DE PROCEDURE PENALE (PP)
Cette importance ne fait aucun doute. D’abord les règles de PP sont indispensables
à l’application du droit pénal. Le procès est le trait d’union entre l’infraction et la
sanction. Ensuite sur le plan politique elle met en présence les intérêts de l’Etat et
ceux de l’individu. Ces intérêts sont souvent contradictoires. L’Etat a toujours intérêt
à une sanction rapide et certaine des infractions. Seulement il est toujours possible
que la personne soupçonnée soit innocente. Le rôle de la PP est d’arriver à un
équilibre satisfaisant des intérêts de la collectivité et des intérêts des individus. On a
bien raison de dire que le système démocratique d’un pays peut être mesuré à la
lumière de son Code de Procédure Pénal (CPP). Enfin sur le plan moral les intérêts
dans le procès pénal porte sur l’honneur, la liberté et quelque fois sur la personne
poursuivie. Ce qui nous éloigne du droit civil où le procès ne met en jeu que les
intérêts privés le plus souvent d’ordre patrimonial.
II- LA PROCEDURE PENALE ET LA PROCEDURE CIVILE
La PP se différencie de celle civile par son objet. On peut aussi relever des éléments
de différence si on s’intéresse aux organes, aux parties et au déroulement du procès.
A / Les organes
La loi a prévue des organes qui sont communs aux deux types de procédure et des
organes particuliers à la PP.
1- Les organes communs

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Ce sont des organes judiciaires du jugement. Ils sont en principe les mêmes. Ce
sont les mêmes juges qui tranchent les litiges pénaux et les litiges civils. Ce sont
aussi les mêmes organes qui interviennent dans le cadre d’un procès. L’étiquette des
yjuridictions change seulement au pénal qu’au civil. On remarque seulement que
malgré l’unité organique et l’unité du personnel des juges civils et les juges pénaux
n’ont pas la même façon de procéder devant les affaires qui leur sont déférées. Le
juge civil applique la règle au litige dont il est saisi. Celui pénal agit dans le même
sens mais il va plus loin puisqu’il tient compte dans sa décision de la personnalité du
délinquant.
2- Les organes propres à la PP
IL s’agit des organes de police et des organes de justice.
a) Les organes de police
Ils peuvent intervenir avant l’ouverture du procès. Leur rôle est de constater les
infractions et de découvrir leurs auteurs afin de les livrer à la justice. Ils peuvent
également intervenir lorsque le procès pénal est déjà engagé. Dans ce cas ils
exercent leurs activités en vertu d’une commission rogatoire délivrée par un juge
d’instruction.
b) Les organes de justice
Les organes judiciaires propres à la procédure pénale sont : le Ministère Public (M P)
et le juge d’instruction. Le M P a pour rôle de lancer des poursuites. Le juge
d’instruction réunit les preuves et apprécie les charges contre la personne poursuivie.
B / Le rôle des parties
Dans le procès civil les parties demandeurs et défendeurs jouent un rôle important.
Elles ont l’initiative du procès (procédure accusatoire). Dans le procès pénal l’Etat est
demandeur et exerce ce rôle par le biais du M P (procédure inquisitoire). L’Etat joue
même le rôle de véritable acteur, aussi bien au niveau de la recherche de l’infraction
qu’au niveau de l’instruction et de l’audience. Le procès pénal est une affaire de
l’Etat.
C / Le déroulement du procès
IL est plus complexe en droit pénal qu’en droit civil. En droit civil, le jugement à
l’audience est la phase essentielle du procès. Par contre en droit pénal le jugement
n’est que la phase ultime du procès. Le procès pénal est divisé en plusieurs phases.
1- L’enquête

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Elle a pour objet la recherche ou la constatation des infractions et la découverte de


leurs auteurs.
2- La poursuite
Elle est exercée soit par le M P soit par la victime.
3- L’instruction
Elle a pour objet la réunion d’éléments de preuve et l’appréciation de la culpabilité de
la personne poursuivie. Elle est obligatoire pour les crimes et les délits. Elle ne
s’impose pas en matière contraventionnelle.
4- Le jugement
C’est la dernière phase du procès pénal. La juridiction de jugement est saisie selon
le schéma suivent :
a) Le cas où une instruction n’est pas nécessaire : dans cette hypothèse les
juridictions sont saisies par une citation directe émanant du M P ou de la
victime. C’est le procédé de saisine ordinaire du tribunal départemental et du
tribunal régional.
b) Le cas où une instruction est nécessaire : le tribunal départemental ou
régional est saisi par une ordonnance de renvoi du juge d’instruction. La
Cour de Cassation, quant à elle est saisie par un arrêt de mise en accusation
émanant de la chambre d’accusation.

III- LES GRANDS PRINCIPES DE LA PROCEDURE PENALE*


A / La présomption d’innocence
Elle est prévue par la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1789 (article
9) et par la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples. Ces instruments
internationaux sont visés par le préambule de la constitution de janvier 2001. La
présomption d’innocence signifie que toute personne accusée d’une infraction est
présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement établie. IL résulte
de ce principe que dans le procès pénal, le M P est demandeur et il doit apporter la
preuve de la culpabilité de la personne qu’il entend faire condamner. La personne
poursuivie n’a aucune initiative à prendre. Elle doit être acquittée lorsque la preuve
de sa culpabilité est insuffisante ou lorsqu’il existe un doute.
B / Les droit de la défense
Ils ont pour objet de permettre à la personne poursuivie de se défendre dans les
meilleures conditions possibles. Ce sont tout d’abord les règles protectrices de

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l’individu dans le cadre de la phase policière du procès. Comme par exemple la


réglementation extrêmement précise de la garde à vue. Ce sont aussi toutes les
règles relatives à l’assistance d’un avocat ; en particulier toutes celles qui prévoient
que l’avocat doit être averti des différents actes d’instructions qui sont donnés ainsi
que les conditions dans lesquelles il peut avoir connaissance du dossier. On peut
également penser aux nullités qui ont pour effet de sanctionner les actes d’instruction
ou de police jugés privilégié.
C / La liberté de la preuve
Dans le cadre du procès pénal la preuve des faits peut être rapportée par tout
moyen. IL n’existe aucune hiérarchie entre les procédés de preuve prévus par la loi.
Le principe de la liberté de la preuve souffre cependant d’un certain nombre
d’exceptions qu’il faut bien relever. La première série d’exceptions concerne les
hypothèses dans lesquelles la loi impose le respect de certains modes de preuve
particuliers. C’est le cas lorsque la constatation d’une infraction suppose la preuve
d’éléments de nature civile ou commerciale. Exemple dans l’abus de confiance
l’existence du contrat invoqué à la base d’une poursuite doit être rapportée selon les
règles du droit civil. La seconde série d’exception concerne l’exclusion de certains
modes de preuve. C’est le cas du serment décisoire et des procédés de preuve de
nature physique comme la torture. De façon générale l’exclusion s’applique à tout
procédé de preuve susceptible de porter préjudice à l’intégrité physique ou à la
dignité morale de la personne poursuivie.
D / L’intime conviction du juge
Selon ce principe qui donne vraisemblablement une originalité au droit pénal, le juge
apprécie en toute liberté les modes de preuve qui lui sont soumis. Ce principe est
souvent rappelé par la Cour de Cassation française lorsqu’elle affirme qu’il appartient
aux juges du fond d’apprécier souverainement la valeur des éléments de preuve
régulièrement produits au débat sur lesquels se fonde leur conviction. Le Code de
Procédure Pénale (CPP) invite également les magistrats à prendre une décision en
vertu de leur intime conviction article 414. L’intime conviction ne doit pas cependant
se transformer en fantaisie. Le juge peut, il est vrai, fonder sa conviction sur
n’importe quel élément du dossier mais il est tenu de dire sur quoi il a précisément
fondé sa conviction. IL ne peut condamner en l’absence de tout mode de preuve au
motif qu’il est convaincu que l’individu poursuivi est vraisemblablement l’auteur de
l’acte qu’on lui reproche. Une décision de justice, qu’elle soit de relaxe ou de

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condamnation, doit être motivée. On observera cependant que seule la Cour


d’Assises est dispensée de la règle de la motivation.

IV- LES DIFFERENTS MODES D’ORGANISATION POSSIBLES DE LA P. P.


Le procès pénal peut être accusatoire, inquisitoire ou mixte.
A / La procédure accusatoire
Elle présente les caractères suivants : tout d’abord c’est une procédure publique. Le
procès pénal doit se dérouler en une seule phase. Tout sera réglé dans une seule
audience et tout se déroulera au vu et au su de tout le monde. Ensuite c’est une
procédure orale. Les formalités écrites sont réduites au strict minimum. Tout ce qui
sera pris en compte pour le jugement est uniquement ce qui aura été dit, exposé
oralement durant l’audience. Enfin c’est une procédure essentiellement
contradictoire. L’accusateur n’a aucun privilège par rapport à l’accusé. Devant le juge
ils sont égaux.
B / La procédure inquisitoire
C’est une procédure secrète. Les actes de justice ne se passeront pas au vu et au su
de tout le monde. C’est une procédure entièrement écrite. Chaque formalité donne
lieu à la rédaction d’un procès verbal qui figurera au dossier. C’est une procédure
non contradictoire. IL y a dans ce type de procédure une disproportionnalité voulue
entre les moyens dont dispose l’autorité publique qui accuse et les moyens de
défense accordés au suspect.
C / La procédure mixte
On appelle procédure mixte tout ce qui n’est pas purement accusatoire ou purement
inquisItoire. C’est une procédure particulièrement publique. IL n’y a jamais de secret
à l’égard du suspect et des témoins. Dans ce système la procédure est
particulièrement orale. Ce type de procédure est largement contradictoire. Mais le M
P a le plus souvent des facultés un peu plus larges que celles qui sont accordées au
suspect. Ce système de procédure est retenu actuellement par le droit sénégalais.

V / LE CODE DE PROCEDURE PENALE (CPP)


IL date de 1965. Au point de vue technique c’est un document tout à fait satisfaisant.
IL a un plan clair. IL a été modifié à plusieurs reprises (1985, 1999). La dernière en
date est la loi 2000/39.

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PREMIERE PARTIE

LES ACTIONS NAISSANT DE L’INFRACTION PENALE :


L’ACTION CIVILE, L’ACTION PUBLIQUE

Dans notre système juridique le juge ne peut être saisi que par une action en
justice. L’infraction donne naissance à deux actions : une action publique et action
civile. Ces deux actions sont définies respectivement par les articles 1 et 2 du CPP.
A / Définition action publique action civile
Selon l’article 1 du CPP, l’action publique est l’action pour l’application des peines.
Si l’on sait que le système des sanctions au Sénégal est dualiste, il serait plus exact
de compléter cette définition en n’y ajoutant les mesures de sûreté. Quant à l’action
civile,elle, est définie par l’article 2 comme étant l’action en réparation du dommage
causé par l’infraction. Ces deux actions sont bien distinctes. Mais elles ne sont pas
totalement indépendantes l’une de l’autre. Elles entretiennent des rapports très
étroits car elles ont leurs sources communes dans l’infraction.
B / Distinction action publique action civile
L’action publique et l’action civile ne tendent pas au même but. C’est ce qui ressort
des articles 1 et 2 du CPP. On peut relever aussi des divergences entre ces deux
actions si on s’attache à leur domaine et à leur modalité d’exercice.
1- Distinction quant à leur domaine
Toute infraction pénale peut donner lieu à une action publique. Par contre pour qu’il y
ait action civile il faut qu’il ait d’une part une victime et d’autre part un dommage. Or
ces conditions ne sont pas systématiquement réalisées dans le cadre de toute
infraction pénale. Certaines infractions mêmes consommées telles que la mendicité,
le vagabondage ne donnent pas lieu à une action civile car elles ne causent aucun
dommage individuel.
2- Distinction quant aux modalités d’exercice.
L’action publique est exercée par le M P conformément à l’article premier du CPP.
Cette action ne lui appartient pas. IL l’exerce au nom de la société. IL ne peut pas
transiger avec le coupable. IL lui est également interdit de se désister. Enfin il ne
peut renoncer à l’exerce des voies de recours. Au contraire l’action civile est une

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action de pur droit privé. C’est un élément du patrimoine de la victime au même titre
que n’importe lequel de ses biens. Par contre elle peut en disposer librement. Elle
peut transiger avec l’auteur de l’infraction sur le dommage qui lui a été causé. Elle
peut se désister en cours d’instance.
C / Les liens entre l’action publique et l’action civile.
L’action publique et l’action civile sont indépendantes l’une de l’autre. Mais cette
indépendance n’est pas totale. L’action civile et l’action publique entretiennent des
rapports si étroits qu’on a pu parler en les analysant d’interdépendance et de
solidarité de ces deux actions. A vrai dire les liens entre ces deux actions sont en
sens unique. Ils se traduisent par une prééminence de l’action publique sur l’action
civile.
1- L’Interdépendance
Cette interdépendance apparaît lorsqu’on fait appel aux règles de compétence ou
lorsqu’on examine la mise en mouvement de ces actions.
a) La compétence
L’action civile parce qu’elle est accessoire à celle publique peut être jugée en même
temps que l’action publique. La victime d’une infraction pénale a deux possibilités :
soit saisir les tribunaux civils soit saisir les tribunaux répressifs. Dans le premier cas
elle exerce une simple action en responsabilité civile. Dans le second par contre son
action a un caractère pénal. Le juge répressif est tenu de se prononcer sur l’action
civile à raison des liens qui existent entre cette action et celle pénale. Mais au
préalable il doit examiner l’action publique.
b) La mise en mouvement des deux actions
En exerçant l’action civile devant le juge répressif, la victime met immédiatement en
mouvement l’action publique. IL ressort de cette règle que l’action civile ne se conçoit
jamais seule devant la juridiction répressive. Elle ne peut exister devant cette
juridiction que jointe à l’action publique et éventuellement elle la fait naître.
2- La prééminence de l’action publique sur l’action civile
Pour mettre en relief cette prééminence, on s’intéressera à l’autorité de la chose
jugée au pénal sur le civil la règle du criminel tient le civil en état et la prescription
de l’action publique.
a) La règle de l’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil

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Elle signifie que les magistrats qui vont statuer sur l’action civile, qu’il s’agisse du
juge répressif ou du juge civil, sont obligés de considérer comme vrai ce qui a été
décidé dans le cadre de l’action pénale.
b) Le criminel tient le civil en état
Cette règle cherche à éviter l’existence d’une contradiction entre la décision du juge
pénal et celle du juge civil. Ainsi dans l’hypothèse où la victime aurait décidé d’agir
devant la juridiction civile celle-ci ne peut statuer tant que le juge répressif n’a pas
rendu sa décision sur l’action pénale. Ce sursis à statuer va même durer tant qu’il n’a
pas été statué définitivement sur l’action publique et tant que les voies de recours ne
sont pas épuisées. Exemple en cas d’un vol banal, le M P agit comme le voleur
devant le tribunal correctionnel. Pour des raisons diverses la victime choisit d’agir
devant le tribunal civil pour demander la restitution de l’objet volé. Ce tribunal dans
cette affaire doit surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal correctionnel ait jugé le
voleur car on ne veut que le juge civil se met en contradiction avec ce qui sera
décidé au pénal.
c) La prescription de l’action publique
La prescription des actions en dommage –intérêt est de dix ans. Mais lorsque l’action
civile découle d’un délit pénal elle ne peut plus être exécutée après l’expiration du
délai de prescription de l’action publique (art. 10 du CPP). Le délai de prescription de
l’action publique est de dix ans pour les crimes, trois ans pour les délits et d’un an
pour les contraventions.
TITRE 1 : L’action publique
Une infraction pénale a été réalisée. IL va s’agir de déclancher le mécanisme qui
permettra d’aboutir à la déclaration de culpabilité de punition du coupable. Le
problème est cependant de savoir qui doit déclancher l’action publique ? Contre qui
elle peut être dirigée ? Quelles sont les causes qui peuvent paralyser l’action
publique ?
Chapitre I : LES PARTIES A L’ACTION PUBLIQUE
IL faut entendre par là les demandeurs et les défendeurs à l’action publique.
SECTION 1 : Les demandeurs à l’action publique
Selon l’art. 1 du CPP, les demandeurs à l’action publique sont le M P, et certaines
administrations. La victime peut cependant porter son action en réparation devant le
juge répressif et par ce biais elle peut mettre en mouvement l’action publique (art.2
CPP).

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SOUS SECTION 1 : Le M P
La première personne appelée dans le cadre d’une infraction pénale est la
collectivité, l’Etat. C’est pour cette raison que l’action publique est confiée aux
magistrats du parquet qui sont soumis à un ensemble de règles qui leur donne une
particularité par rapport à leurs collègues du siège.
Paragraphe 1 : Les caractères du M P
Les magistrats du M P ou parquet sont soumis aux règles suivantes.
a) La hiérarchie
Les magistrats du parquet sont subordonnés les uns aux autres. Ils sont placés sous
l’autorité du Ministre de la Justice. IL résulte de ce principe que les magistrats du
parquet sont amovibles.
b) La règle de l’indivisibilité
Les membres du parquet forment un ensemble indivisible. Ce qui veut dire que
chacun d’eux représente le MP tout entier. La conséquence pratique de cette règle
c’est que les membres du MP peuvent se remplacer mutuellement au cours d’un
procès. Cette règle ne s’applique pas à ceux du siège. Ces derniers sont tenus
d’assister à toutes les audiences de l’affaire qu’ils jugent.
c) L’irrécusabilité
Le MP ne peut être récusé c’est-à-dire écarté du procès pénal. C’est une partie
nécessaire au procès car c’est lui qui exerce l’action publique même si c’est la
victime qui l’a mise en mouvement.
d) L’indépendance du parquet
Le parquet dépend de l’exécutif mais il a une indépendance absolue par rapport aux
juges du siège. Ceux-ci ne peuvent lui adresser des blâmes ou des injonctions
e) L’irresponsabilité
Le MP n’est pas une partie ordinaire au procès. Son activité n’engage pas sa
responsabilité civile à l’égard des particuliers. Ainsi s’il a déclanché des poursuites
contre quelqu’un qui bénéficie d’un non-lieu ou d’une relaxe on ne peut pas lui
demander d’indemniser cette personne des dommages qu’il lui a causés.

Paragraphe 2 : Attributions du MP
Devant les juridictions répressives le MP est investi d’une double fonction. D’une part
il lui appartient de mettre en mouvement l’action publique. D’autre part, une fois
l’action publique est mise en mouvement, il entre dans ses attributions de l’exercer.

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On observera cependant que le MP n’est pas obligé de mettre en mouvement l’action


publique. Conformément à la loi il peut décider de ne pas poursuivre pour des
raisons de pures opportunités dont il est seul juge. La règle de l’opportunité des
poursuites est donc une prérogative du MP. IL convient de l’examiner avant de voir
les différentes fonctions du MP en tant que demandeur à l’action publique.

A / La prérogative du MP dans le déclanchement de l’action publique


La règle de l’opportunité des poursuites (ROP)
Dans un système dit de l’opportunité des poursuites les magistrats ne sont pas tenus
de poursuivre tout acte contraire à la loi. Ils ont le choix entre deux situations :
poursuivre ou ne pas poursuivre. Ce système est consacré par l’art.32 du CPP qui
dispose que le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et
apprécie la suite à leur donner. On remarquera toutefois que l’opportunité ne
concerne que les poursuites et non l’exercice de l’action publique. IL faut ajouter à
cette première observation que le MP ne peut mettre en jeu l’art.32 qu’après avoir
procédé à l’examen de la légalité des poursuites.
1- Distinction entre l’opportunité des poursuites et la légalité des
poursuites

a)- Examen de la légalité des poursuites


Le MP doit s’assurer que les faits dont il est saisi constituent bien une infraction et
également il doit vérifier s’il n’existe pas de circonstances subjectives ou objectives
de nature à faire obstacle à toute poursuite (causes de non imputabilité, faits
justificatifs). Enfin, il doit examiner si les conditions de recevabilité sont respectées.
Cet examen, portera sur la compétence. IL peut porter aussi sur les causes
d’extinction de l’action publique. Dans les cas où la poursuite est liée à une plainte
ou à une autorisation, le MP doit examiner toutes ces questions. C’est seulement
après l’examen de la légalité de la poursuite qu’il pourra prendre partie sur la suite de
l’affaire dont il a été saisi.

b) L’examen de l’opportunité des poursuites


L’art.32 du CPP offre au procureur de la République deux solutions : poursuivre ou
ne pas poursuivre. On notera cependant que depuis 1999, le procureur de la
République peut préalablement à sa décision sur l’action publique et avec l’accord

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des parties soumettre l’affaire à la médiation pénale s’il apparaît qu’une telle mesure
est susceptible d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, de mettre fin
au trouble résultant de l’infraction et de contribuer un reclassement de l’auteur (art.32 Commentaire [A M1]: Soumission
de l’affaire a la médiation pénale
al.3 Loi 99-88 modifiant certaines dispositions du CPP). Ceci étant précisé, reste à
savoir comment justifier la règle de l’opportunité des poursuites. Plusieurs raisons ont
été avancées pour tenter de justifier le choix laissé au procureur de la République
dans le lancement des poursuites. On a d’abord soutenu que lorsque l’infraction est
légère, il vaut mieux éviter à son auteur le traumatisme que constitue la comparution
devant une juridiction répressive. Ensuite, on a fait remarquer qu’il existe des
situations où le silence est préférable à la poursuite. Il en va ainsi lorsqu’en raison
du caractère de l’infraction, la poursuite risque de causer un malaise dans l’opinion.
Enfin, on a reconnu qu’il n’est pas nécessaire d’engager des poursuites lorsqu’il
existe une part d’incertitude dans l’interprétation des faits et leur qualification. Commentaire [A M2]: Justification
du choix laisse au Procureur de la
2- Les conséquences de la règle de l’opportunité des poursuites république

Une fois qu’il a apprécié la légalité et l’opportunité d’une poursuite éventuelle, le


procureur de la République peut prendre une décision de poursuivre ou non.
a) La décision de ne pas poursuivre
Elle est prise lorsque le MP juge une poursuite inopportune. La décision de ne pas
poursuivre se matérialise par une décision de classement sans suite. Celle-ci n’est
pas une décision juridictionnelle mais administrative. En second lieu, cette décision
n’a pas l’autorité de la chose jugée (a.c.j). Le MP peut toujours revenir sur sa
décision tant que la prescription n’est acquise sans avoir à justifier son revirement.
Enfin, la décision de classement sans suite peut être attaquée par la voie de recours
hiérarchique auprès du procureur général près la Cour d’Appel ou du Ministre de la
justice.
b) La décision de poursuivre
Si toutes les conditions de la poursuite sont réunies le MP engage l’action publique.
La décision de poursuivre est irrévocable en ce sens que la juridiction saisie ne
pourra se dessaisir qu’après avoir juridiquement apprécié les faits portés à sa
connaissance. Mais cette décision n’a pas l’autorité de la chose jugée car elle
n’établit pas la culpabilité de la personne poursuivie.

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3- Les limites apportées à la règle de l’opportunité des poursuites


En principe, le MP est libre de classer ou de poursuivre. Plusieurs tempéraments
affectent la décision du MP. Le premier tempérament est inhérent à l’organisation
hiérarchique du MP. Dans l’hypothèse par exemple où un procureur de la
République souhaiterait classer une affaire, il serait au contraire tenu de poursuivre si
le procureur général de la Cour d’Appel lui donne l’ordre de poursuivre. Le second Commentaire [A M3]: Le procureur
général près la cour d’appel peut
tient à la victime. Cette dernière peut se constituer partie civile et déclancher l’action donner au MP l’ordre de poursuivre

publique même dans les cas où le MP n’avait pas souhaiter poursuivre. La marge de Commentaire [A M4]: La victime
peut aussi déclencher l’action
manœuvre du MP est encore réduite lorsque l’action publique est confiée à certaines publique en mettant en œuvre
l’action civile
administrations comme la douane, les Eaux et Forets. En matière douanière le texte Commentaire [A M5]: Certaines
administrations se voient aussi
qu’il faut consolider est l’art.322 issu de la loi 2014 10 du 28 fevrier2014 portant confier l’action publique
[Douane et eaux et forets par ex]
nouveaux Code des Douanes (C.D). Ce texte enlève au procureur de la république le
pouvoir d’appréciation qui lui est reconnu par l’art.32 du CPP. L’art.322 C.D. oblige
même le procureur de la République a retenir comme base des poursuites la
qualification des faits donnés par l’administration des douanes et l’évaluation des
marchandises faites par le receveur poursuivant compétent.
A coté de ces tempéraments qui affectent la décision de classement sans suite il en
existe d’autres qui cette fois-ci retardent ou empêchent l’action du MP lorsqu’il désire
lancer des poursuites. On peut relever deux catégories de situations. Dans certains
cas l’action du MP est subordonnée à une plainte de la victime. C’est le cas lorsque
l’infraction a un caractère familial ou privé. C’est la solution pour l’abandon de famille, Commentaire [A M6]: Lorsque
l’infraction a un caractère familial ou
la diffamation, l’adultère et l’injure. Dans d’autres cas le MP doit, pour poursuivre, prive

effectuer un certain nombre de formalités. Quelque fois il lui faut demander


l’autorisation de certains organes avant de poursuivre. D’après l’art.61 al3 de la
Constitution, pendant la durée de session un député ne peut être poursuivi pour
crime ou délit sans autorisation de l’Assemblée Nationale. Le procureur de la
République est obligé de présenter à l’Assemblée Nationale une demande de main
levée de l’immunité parlementaire. Le même texte précise qu’aucune poursuite ne
peut être dirigée en dehors des sessions contre un député que sur autorisation du
bureau de l’Assemblée Nationale. Mais comme dans le cas précédent, le MP n’est
pas tenu de demander l’autorisation de poursuivre lorsque l’infraction est fragrante
ou qu’il s’agit d’une contravention. D’autre fois encore, la poursuite ne peut intervenir
qu’après la décision du juge civil sur la question de droit porté à sa connaissance. On
parle dans ce cas de question préjudicielle à l’action publique. On peut citer à titre

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d’exemple l’enlèvement d’une fille mineure suivi de son mariage avec son ravisseur
(art.348 al.2 CP). Dans cette hypothèse, les poursuites pénales ne peuvent être
intentées contre le ravisseur que si le juge civil prononce la nullité de ce mariage.

B / Les fonctions du MP
En tant que demandeur à l’action publique, le MP a deux fonctions importantes : la
mise en mouvement de l’action publique et son exercice.

1- La mise en mouvement de l’action publique


Informé soit spontanément soit par une plainte, soit par la police, le MP dispose de
plusieurs moyens pour mettre en mouvement l’action publique.
a) La citation directe
A la requête du MP, l’auteur de l’infraction est cité à comparaître à une date
déterminée devant la juridiction compétente au moyen d’un acte délivré par un
huissier de justice. La citation directe doit contenir la date, l’indication du requérant,
celle du destinataire, les faits sur lesquels la poursuite est fondée et les textes qui le
répriment.
b) Le procédé du flagrant délit
Ce procédé expéditif de mise en mouvement de l’action publique est réservé au
procureur de la République ou à son délégué. Selon l’art.63 al.1 CPP, la procédure
du flagrant délit s’applique aux délits flagrants lorsque le fait est puni d’une peine
d’emprisonnement. Elle est donc exclue lorsque le délit est passible d’une simple
amende. Elle est aussi exclue pour les crimes et contraventions. L’aliéna 4 exclut
aussi ce procédé en matière de de délit de presse et de délit politique. Si on s’en
tient aux recommandations légales, ce procédé ne peut être retenu que dans les cas
où il y a lieu de penser que l’on tient le coupable. IL faut donc que l’infraction ait été
réalisée de façon flagrante. L’art.45 CPP vise trois cas de flagrant délit. D’abord le
délit qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre. Ensuite, l’hypothèse
où la personne soupçonnée est dans un temps très voisin de l’action poursuivie par
la clameur ou trouvée en possession d’objets ou présente des traces ou indices
laissant penser qu’elle a participé à l’infraction. Enfin, l’infraction commise dans une
maison dont le propriétaire requiert le procureur de la République ou un officier de la
police de venir la constater.

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A coté de l’art.45, il faut faire place à l’art.63 al.2 CPP selon lequel il y a flagrant délit
lorsqu’il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature à
motiver son inculpation. Celle-ci reconnaissant avoir réalisé les faits constitutifs du
délit. Dans l’hypothèse où un délinquant est arrêté à la suite ou au cours d’un délit
flagrant, il est conduit immédiatement devant le procureur de la République (ART.381
CPP). Mais bien que l’infraction soit flagrante, le procureur de la République n’est
pas tenu de suivre le procédé de flagrant délit. IL a toujours le choix entre trois
procédés : citer directement l’individu, ouvrir une information ou utiliser le moyen
accéléré du flagrant délit. S’il opte pour la procédure du flagrant, il peut mettre en
mouvement l’action publique en interrogeant le délinquant sur son identité et les faits
qui lui sont reprochés en présence de son avocat. L’avocat peut consulter sur le
champ le dossier et communiquer librement avec son client. Si l’avocat ne peut être
contacté ou ne peut pas se déplacer dans les meilleurs délais la formalité est
considérée comme accomplie. Mention en est faite au procès verbal à peine de
nullité de la procédure. Le procureur de la République après avoir requis les
déclarations de la personne poursuivie et de son avocat peut la mettre sous mandat
de dépôt motivé.
c) Le réquisitoire
C’est une instruction qui est nécessaire en matière criminelle et éventuellement en
matière délictuelle. Les poursuites sont déclenchées par un acte appelé réquisitoire
introductif ou réquisitoire afin d’informer. Par cet acte, le procureur de la République
demande au juge d’instruction d’ouvrir une information sur les faits portés à sa
connaissance et qui sont susceptibles selon lui de constituer une infraction à la loi
pénale. Le réquisitoire doit être daté et signé du procureur de la République,et il doit
contenir une relation précise des faits sur lesquels l’instruction doit porter. Si l’auteur
de l’infraction est connu son nom est indiqué. On dit alors que le réquisitoire est
nominatif. Si au contraire on ignore pour l’instant l’auteur de l’infraction, le réquisitoire
est délivré contre X. De toute manière, le réquisitoire a pour effet de déclancher les
poursuites : de là, l’expression réquisitoire introductif.

2- L’exercice de l’action publique


Lorsque l’action publique a été mise en mouvement il entre dans les attributions du
MP de l’exercer. Cela signifie qu’il lui appartient d’accomplir les actes de procédure
nécessaires,de prendre les réquisitions qui s’imposent et au jour de l’audience de

Cours de procédure pénale 14


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soutenir l’accusation s’il estime qu’il est fondé. Cette prérogative lui appartient à titre
de monopole, alors que l’action publique peut être mise en mouvement par le
parquet ou la victime lésée. L’exercice de cette action relève même des attributions
exclusives du MP. La victime ne peut jamais exercer l’action publique même si c’est
lui qui l’a mise en mouvement.

SOUS SECTION II
L’EXERCICE DE L’ACTION PUBLIQUE PAR CERTAINES ADMINISTRATIONS
Les administrations concernées sont:la douane, les Eaux et Forets et les
contributions indirectes. L’action administrative présente des particularités qu’il
convient de relever. Contrairement au MP ces administrations ont toujours la
possibilité de transiger aussi bien avant l’engagement des poursuites qu’en cours
même du jugement de l’action. La transaction peut encore intervenir après la
condamnation. Dans ce cas elle est moins efficace et entraîne la diminution ou la
disparition des condamnations pécuniaires mais elle ne produit aucun effet sur la
peine d’emprisonnement. Aussi, contrairement au MP, les administrations qui
auraient engagé l’action publique peuvent être condamnées aux frais du procès et à
l’indemnisation du poursuivi (art.296 al.1 du CD).
SOUS SECTION III
LA VICTIME DEMANDERESSE A L’ACTION PUBLIQUE
La décision de poursuivre n’appartient pas exclusivement au MP. Elle peut provenir
de la victime. Très souvent la victime saisit d’abord le MP et c’est à la suite d’une
décision de classement sans suite qu’elle va se décider de prendre l’initiative des
poursuites. Actuellement depuis la réforme de 1985, la décision de classement sans
suite est portée à la connaissance de la victime (art.32 al.2). Le but visé par ce texte
c’est de permettre à la victime de prendre toutes les dispositions utiles afin de mieux
défendre ses intérêts. Dans le procès pénal, la loi offre à la victime plusieurs moyens
pour déclancher les poursuites.
Paragraphe 1 : Les moyens utilisés par la victime comme demandeur à
l’action publique

A / La citation directe
En matière contraventionnelle et parfois délictuelle, la victime dispose de la citation
directe. Celle-ci est faite par exploit d’huissier. Elle doit contenir l’identification du

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requérant, celle du prévenu, l’identification des faits reprochés ainsi que le préjudice
subi. Cet acte est signifié directement à l’auteur de l’infraction pour l’inviter à
comparaître à une date déterminée devant le tribunal de police ou correctionnel.

B / La plainte avec constitution de partie civile

En matière criminelle et en principe en matière correctionnelle, la victime doit utiliser


la plainte avec constitution de partie civile. Sur le plan formel, la plainte avec
constitution de partie civile est un écrit daté et signé par la partie lésée. Elle doit
exposer les faits de façon détaillée, les qualifier et si possible indiquer la personnalité
de l’auteur de l’infraction. La victime qui choisit la voie de la constitution de partie
civile est tenue de déclarer qu’elle demande dommages et intérêts. Elle doit faire
élection de domicile dans le ressort du tribunal à moins qu’elle y soit domiciliée.
Lorsqu’elle se constitue partie civile devant le juge d’instruction, la victime doit verser
une consignation fixée par le juge sauf si elle a obtenu une assistance judiciaire. Au
terme de l’art.79 du CPC, la plainte est irrecevable tant que le versement de la
consignation ne sera pas effectué au greffe.

Paragraphe 2 : La portée des moyens utilisés par la victime

A / La portée de la citation directe


L’effet essentiel du procédé de la citation directe, que ce soit par le MP ou par la
partie lésée, est de mettre en mouvement l’action publique. La juridiction saisie, le
tribunal correctionnel ou de police, si elle se reconnaît compétente est obligée de se
prononcer sur l’action publique et éventuellement sur l’action civile. Si elle n’est pas
suffisamment éclairée par les éléments du dossier, il lui appartient d’ordonner des
mesures d’information supplémentaires. Mais il n’est pas possible de recourir à
l’instruction. Contrairement au MP, la victime qui use de la citation directe peut
engager sa responsabilité pénale en cas de dénonciation téméraire et sa
responsabilité en cas de dénonciation calomnieuse.

B / La portée de la plainte avec constitution de partie civile


La plainte avec constitution de partie civile entraîne-t-elle à l’instar de la citation
directe la mise en mouvement de l’action publique ou faut-il décider que le

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déclanchement de la poursuite ne peut résulter que de l’action discrétionnaire du


parquet ? Deux thèses ont été avancées:la première fait de la victime l’égale du
parquet car elle lui permet d’agir malgré le silence de celui-ci. La seconde est
autoritaire et favorable à l’omnipotence du parquet. C’est avec l’arrêt Placet que la
Chambre Criminelle de la Cour de Cassation française va mettre fin à cette
controverse en décidant que la plainte avec constitution de partie civile met en
mouvement l’action publique au meme titre qu’un réquisitoire du parquet (crim. 8
décembre 1906. Dalloz 1907). La solution dégagée par cet arrêt est fondée car elle
protège les libertés. Devant l’hostilité et l’indifférence du parquet, il faut bien que
l’individu qui s’estime victime d’infraction ait la possibilité d’agir. En France et au
Sénégal où règne le système de l’opportunité des poursuites, le droit de la victime
est un contrepoids à la puissance du parquet. Les raisons avancées par la Ch. Crim.
de la Cour de Cassation française dans son arrêt de 1906 sont si fondées que le
législateur sénégalais n’a pas hésité à consacrer dans l’al.2 de l’art.1 CPP le principe
du pouvoir de la victime. Ce pouvoir fait cependant l’objet d’un certain nombre de
restrictions. Les unes sont liées aux attributions du parquet alors que les autres ont
pour but de lutter contre les dangers de la plainte avec constitution de partie civile.
1- Les restrictions liées aux attributions du parquet
Comme la citation directe, la plainte avec constitution de partie civile ne va pas au-
delà de la mise en mouvement de l’action publique. L’exercice des poursuites
échappe à la victime. Seul le MP est habilité à soutenir l’accusation ou à demander la
relaxe de la personne poursuivie. La partie lésée ne peut que défendre ses intérêts.
2- Les restrictions ayant pour but de lutter contre les dangers de la plainte
avec constitution de partie civile
Pour assurer la protection des personnes visées dans une plainte avec constitution
de partie civile, l’art.82 CPP leur donne la possibilité en cas de non lieu d’agir en
dommage et intérêt contre la personne lésée. Elle peut aussi selon le texte
poursuivre pour dénonciation calomnieuse l’auteur d’une constitution abusive de
partie civile. D’autres mesures à caractère préventif sont encore envisagées par le
législateur. Elles ont un grand intérêt car en cherchant à lutter contre les dangers de
la plainte avec constitution de partie civile elles portent en meme temps des limites
au principe de la plainte avec constitution de partie civile. Ces mesures sont au
nombre de deux. D’abord, lorsque la constitution est insuffisamment motivée ou
insuffisamment justifiée par les pièces produites, l’art.77 CPP permet au procureur

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de la République de requérir que l’information soit ouverte contre une personne non
dénommée. Dans ce cas l’instruction est menée contre inconnu. La personne visée
dans la plainte est entendue comme témoin et non comme inculpée. L’inculpation de
la personne visée n’aura lieu que si les charges apparaissent ultérieurement. Le
procédé évite ainsi d’occasionner un préjudice moral à la personne innocente visée
dans la plainte. Mais il contribue à l’entendre sous serment sans avocat sauf à
remarquer son droit d’exiger d’être inculpé (art.77 al.3 et art.94 CPP). Ensuite la loi
refuse à la victime dont la constitution a abouti à un non lieu de ce constituer à
nouveau en invoquant des charges nouvelles. Seul le MP peut requérir la
réouverture d’information (art.184 CPP). La solution d’être approuvée car il est
inadmissible que la partie civile puisse faire planer des doutes sur l’innocence d’une
personne et recommencer. S’il existe des charges nouvelles, c’est au MP et à lui
seul, partie désintéressée qu’il faut en laisser l’appréciation.

Section 2 : Les défenseurs à l’action publique


L’action publique ne peut être dirigée que contre le délinquant mais il est nécessaire
de savoir si elle peut être exercée contre la personne civilement responsable.
Paragraphe 1 : L’action publique contre le délinquant
Par application du principe de la personnalité de la peine,l’action publique ne peut
être dirigée que contre le délinquant. Peu importe qu’il soit auteur, coauteur ou
complice. Aucune poursuite pénale ne peut être intentée contre les tiers ou les
héritiers. Seuls les délinquants et eux seuls peuvent être atteints par l’action
publique. L’égalité des délinquants devant l’action publique souffre cependant d’un
certain nombre d’exceptions. IL en va ainsi lorsque l’un des coupables bénéficie
d’une immunité. L’immunité rend irrecevables les poursuites pénales mais ne fait pas
échec à une action en responsabilité civile (art.365 CP).
Paragraphe 2 : La situation des personnes civilement responsables
IL s’agit des pères et mères, des artisans, des commettants (art.54 et 55 CP).Ces
personnes ne peuvent être poursuivies pénalement mais elles sont parties au procès
pénal si elles ont été citées par le parquet ou la partie lésée pour répondre du
paiement des frais de justice et des dommages et intérêts. Pendant la phase de
jugement elles ont, comme le délinquant poursuivi, la possibilité de se défendre.
Elles ont le droit de discuter l’existence de l’infraction car leur responsabilité civile ne
joue que si le délinquant est condamné. Elles ont aussi, comme partie défenderesse

Cours de procédure pénale 18


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le droit d’interjeter appel contre la décision répressible, intervenir et de former un


pourvoi en cassation.

CHAPITRE II
L’EXTINCTION DE L’ACTION PUBLIQUE
Elle peut se produire à la suite d’un événement naturel ou d’une manifestation de
certaines volontés.
SECTION 1 : Les événements naturels qui éteignent l’action publique
IL s’agit de la prescription et du décès du délinquant.
Paragraphe 1 : La prescription
L’institution existe en droit civil. Elle existe également en droit pénal tant pour la
peine que pour l’action publique. La prescription peut se définir comme l’extinction du
droit d’action par l’écoulement d’un délai. Par l’idée de prescription, la loi entend
rappeler le MP et à la victime que les poursuites ne peuvent être engagées dans les
délais normaux de l’action publique. IL convient d’examiner le fondement avant
d’étudier le régime juridique de la prescription.
A / Le fondement de la prescription
En faveur de la prescription diverses raisons ont été avancées. Tout d’abord on a
pensé à l’idée d’amendement et d’expiation chez le délinquant. Ensuite, on a
invoqué qu’au bout d’un certain temps, il est inutile de raviver les souvenirs d’une
infraction déjà tombée dans l’oubli. Enfin on a soutenu qu’il y a prescription à cause
du dépérissement des preuves.
Ces différentes justifications ne sont pas exemptes de critiques. D’abord, on a fait
remarquer que l’idée d’une expiation résultant de l’angoisse imposée au délinquant
n’est pas très convaincante car le temps n’a pas le même effet chez tous les
délinquants. Ensuite, on a soutenu que la prescription nuie à la protection de la
société dans la mesure où elle profite aux grands délinquants comme aux petits
délinquants alors que le temps ne saurait atténuer les dangers des premiers. Devant
ces critiques, faut-il pour autant supprimer cette cause d’impunité ? On peut en
douter tant il parait difficile d’imaginer que le temps qui s’écoule puisse n’avoir aucun
effet. Le législateur sénégalais en est tellement conscient qu’il a choisi de conserver
la prescription dans les art.6 à 9 CPP. La remarque est également valable pour le
droit français. Quant à la jurisprudence, elle reconnaît l’existence de la prescription

Cours de procédure pénale 19


Cours de procédure pénale

mais lui confère un régime juridique empreint d’une certaine défaveur à l’égard du
délinquant.
B / Le régime juridique de la prescription
L’analyse de ce régime suscite un examen du délai, de l’interruption et de la
suspension de la prescription.
1- Le délai de la prescription
a) La durée
Le délai de prescription de l’action publique est plus court que celui de la peine. IL
varie avec la nature de l’infraction. IL est de dix ans pour les crimes, de trois ans pour
les délits d’un an pour les contraventions. A coté de ces délais de droit commun, la
loi a prévu des délais de prescription pour certaines infractions. Exemple, en matière
de détournement de deniers publics la prescription est de sept ans révolus à compter
du jour où le délai a été retenu.

b) Le point de départ du délai de prescription


Le délai de prescription commence à courir à partir du moment où l’infraction est
définitivement réalisée et non au jour où l’agent est entrain de la commettre. En
principe, il est facile de connaître le point de départ de la prescription. IL suffit de
connaître le jour où l’infraction a été commise ou réalisée. Pour les infractions
instantanées, le point de départ est fixé au jour de l’acte délictueux. Pour celle
continue, le délai ne commence à courir qu’à compter du jour de la cessation de
l’acte délictueux. Enfin pour les infractions à éléments matériels multiples, la
prescription ne commence à courir qu’à compter du jour du dernier acte matériel.
Ces règles fort simples ne sont pas toujours respectées par la jurisprudence. Par
exemple, en matière d’abus de confiance, elle repousse le délai de prescription
jusqu’au jour où l’infraction a pu être constatée.
En fixant ainsi le point de départ de la prescription à une date postérieure à la
commission de l’infraction, la jurisprudence recherche à lutter avec efficacité contre
une forme particulière de délinquance. Mais sur le plan légal, son analyse est
discutable car elle aboutit tout simplement à enlever tout intérêt à la notion de
prescription. C’est encore la meme tendance qui apparaît dans sa démarche
lorsqu’on s’intéresse à l’interruption et à la suspension de la prescription
2- L’interruption de la prescription

Cours de procédure pénale 20


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IL y a interruption de la prescription lorsque le délai déjà partiellement écoulé se


trouve anéanti qu’il faut en recommencer un autre. Les causes d’interruption sont
énumérées par la loi. IL s’agit des actes d’instruction et ceux de poursuite.
a) Les actes de poursuite
Sont considérés comme acte de poursuite la citation directe, le réquisitoire, la plainte
avec constitution de partie civile. En définitive, les actes de poursuite sont les actes
de mise en mouvement de l’action publique, qu’ils émanent du MP ou de la partie
civile. La jurisprudence va plus loin car elle assimile aux actes de poursuite une
enquête prescrite par le parquet pour constater une infraction.
b) Les actes d’instruction
Ce sont les actes accomplis par un juge d’instruction ou par un officier de
police judiciaire et qui ont pour objet la recherche ou la réunion des preuves à
partir du moment où une information est ouverte. Exemple : un interrogatoire
une audition de témoins, un transport sur les lieux, une perquisition. La
jurisprudence élargit encore ces causes d’interruption. En effet, elle considère
comme acte d’instruction de simples actes d’enquête préliminaire. Exemple
des PV constatant une infraction. Cette assimilation est discutable car le CPP
distingue très nettement l’enquête de police de l’instruction. Cependant, on
comprend l’attitude de la jurisprudence. En multipliant les causes
d’interruption elle cherche simplement à assurer la sanction de la personne
poursuivie.
c) Les effets de l’interruption
L’interruption de la prescription entraîne plusieurs conséquences. En premier lieu la
portée de l’interruption varie selon que l’on considère les personnes ou les
infractions. Dans le premier cas l’interruption a un effet absolu. Elle joue à l’égard de
tous les auteurs, coauteurs et complices, connus ou inconnus, même si les
poursuites ont été dirigées contre l’un d’entre eux ou contre X. Dans le second cas
l’effet est relatif c’est-à-dire limité uniquement aux faits délictueux visés dans l’acte
d’instruction ou dans l’acte de poursuite. En second lieu, elle entraîne
l’anéantissement du délai écoulé et marque le point de départ d’un nouveau délai.
3- La suspension de la prescription
Le CPP connaît deux causes de suspension. Ce sont les obstacles de droit et les
obstacles de fait.
a) Les obstacles de droit
Ce sont des événements dressés par le législateur qui empêchent la prescription de
courir. IL y a par exemple obstacle de droit lorsque l’action publique ne peut être
exercée qu’après un jugement préalable. C’est les problèmes des questions

Cours de procédure pénale 21


Cours de procédure pénale

préjudicielles à l’action publique. Dans ce cas la prescription est suspendue pendant


toute la durée de l’instance engagée devant le juge civil. Exemple le délit de
suppression d’état. Ce cas de délit exige pour sa constitution un faux soit commis
dans l’acte de naissance d’un enfant pour modifier sa filiation .L’action criminelle
contre ce délit ne pourra commencer qu’après le jugement définitif sur la question
d’état. IL faudra donc commencer par saisir le juge civil pour que celui-ci statue sur la
filiation véritable de l’enfant. C’est seulement après la décision du juge civil que le
MP pourra agir devant le juge pénal.
b) Les obstacles de fait
L’obstacle de fait est une difficulté résultant d’événement accidentel qui dans une
affaire déterminée empêche de déclancher ou d’exercer l’action publique. Sont
considérés comme obstacles de fait la guerre, l’occupation du territoire national.

c) Les effets de la suspension.


Dès l’instant qu’il y a suspension, la prescription ne commencera à courir qu’une fois
la cause de suspension achevée. Dans ce cas le délai ancien s’ajoutera au délai
restant à courir pour le délai de prescription. Exemple la démence du délinquant est
un obstacle de fait si elle survient un an après la commission d’un délit. Aucune
poursuite ne pourra être engagée pendant ce temps. Mais la démence terminée la
prescription va recommencer à courir. Pour la calculer, il faudra prendre en
considération le délai d’un an déjà écoulé et le délai de deux ans qui reste à courir.
Ce qui signifie que pendant le délai de deux ans si aucune poursuite n’est engagée,
le délinquant bénéficiera de la prescription.
C / Les effets de la prescription
Lorsque le délai de la prescription est expiré, l’action publique ne peut plus être
exercée. IL en résulte plusieurs conséquences. D’abord la prescription joue à l’égard
de toutes les personnes participant à l’infraction. Ensuite la prescription étant d’ordre
publique, le délinquant e peut y renoncer. Dans le cas où il ne s’en prévaut pas la
prescription doit être invoquée d’office par le juge d’instruction ou à par la juridiction
de jugement.

Paragraphe 2 : Le décès du délinquant


IL empêche non seulement de mettre en mouvement l’action publique, mais encore
de la continuer si elle a déjà été engagée. Retenons que le décès de l’auteur

Cours de procédure pénale 22


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principal de l’infraction n’a aucune incidence sur l’action publique à l’égard des autres
coauteurs ou des complices.
SECTION 2 : Les manifestations de volonté éteignant l’action publique
Paragraphe 1 : La volonté du législateur
Elle se manifeste par l’amnistie et de l’abrogation de la loi.
A/ L’amnistie
Elle éteint l’action publique mais non l’action civile car le fait amnistié s’il n’est plus
délictueux reste un fait dommageable dont la victime peut demander réparation
devant la juridiction civile à moins que le tribunal répressif n’ait été saisi de l’action
publique avant la loi de l’amnistie.
B/ L’abrogation
Elle enlève en l’acte son caractère délictueux et fait disparaître l’élément légal de
l’infraction. Lorsque la loi pénale qui prévoyait et punissait une infraction est abrogée,
l’action publique ne peut plus être exercée. IL y a là une simple application du
principe selon lequel la loi nouvelle plus douce est applicable aux faits commis
antérieurement à sa mise en vigueur.
Paragraphe 2 : La volonté des parties
Certaines infractions peuvent faire l’objet d’une transaction. La victime de son coté
peut mettre fin à l’action publique en retirant sa plainte : c’est le désistement.
A / La transaction
La loi accorde un droit de transaction à certaines administrations qui peuvent
proposer aux délinquants l’abandon des poursuites moyennant le versement d’une
somme d’argent dont elles fixent elles-mêmes le montant. L’amende forfaitaire est
également considérée par la loi comme une sorte de transaction entre le coupable et
l’autorité publique. C’est ce que décide l’art.517 CPP selon lequel « l’action publique
née d’une contravention à la police de la circulation peut être éteinte par le paiement
d’une amende forfaitaire » c’est par le paiement d’une amende entre les mains de
l’agent verbalisateur.
B / Le désistement
En règle générale, la plainte de la victime n’exerce aucun rôle sur la décision du MP.
Cependant, lorsque l’infraction porte atteinte à des intérêts privés, la loi subordonne
l’exercice de la poursuite au dépôt préalable d’une plainte de la partie lésée. C’est le
cas de l’adultère, de l’abandon de famille. Dans toutes ces hypothèses

Cours de procédure pénale 23


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expressément prévues par la loi, le retrait de la plainte entraîne l’extinction de l’action


publique.

TITRE II
L’ACTION CIVILE

La victime d’un dommage causé par une infraction pénale peut exercer une action en
dommages et intérêts soit devant le tribunal civil soit devant celui répressif. Cette
action à réparation du dommage corporel, matériel ou moral résultant d’un crime,
d’un délit ou d’une contravention, est l’action civile. Celle-ci définie de la sorte, obéit à
des règles particulières qui lui donnent une physionomie différente d’une action en
réparation délictuelle purement civile. On peut faire cette constatation lorsqu’on
s’intéresse aux parties à l’action civile (AC) et lorsqu’on examine l’extinction et
l’exercice de l’action civile (AC).

CHAPITRE 1
LES PARTIES A L’AC.
Comme l’action publique, celle civile a des demandeurs et des défendeurs.
SECTION 1 : Les demandeurs à l’AC
L’AC est une action privée. En conséquence, elle ne peut être exercée par le MP.
Elle peut être intentée soit par la victime directe, soit par ses ayants droit mais sous
certaines conditions.
A / La capacité d’agir
La victime doit, conformément au droit commun, avoir la capacité d’agir. Un majeur,
une femme mariée peut agir sans autorisation contrairement à un mineur non
émancipé et à un incapable majeur. L’AC ne peut être intentée que par un
représentant légal (art.273 du Code de la famille). En ce qui concerne l’étranger
victime d’une infraction il faut signaler que rien ne s’oppose à ce qu’il porte son AC
devant la juridiction civile ou pénale. Mais quelque soit la juridiction saisie, l’étranger
doit verser une caution (judicatum solvi art.110 du CPC). Le versement de cette

Cours de procédure pénale 24


Cours de procédure pénale

caution garantit le paiement des frais et des dommages et intérêts auxquels il


pourrait être condamné envers le défendeur sénégalais.
B / L’intérêt à agir
Cette question est réglée par l’art.2 CPP qui dispose que l’AC en réparation du
dommage causé par un crime, un délit ou une contravention appartient à tous ceux
qui ont personnellement souffert du dommage causé par l’infraction. La jurisprudence
déduit de la lecture de ce texte que l’AC est recevable si la personne qui agit en
réparation a effectivement subi un dommage du fait de l’infraction et si ce préjudice
est actuel, personnel et directe. Forts de cette interprétation les juges répressifs
accueillent l’AC même si la victime se prévaut d’une situation illicite ou immorale. Ils
tempèrent cependant leur position en repoussant l’AC lorsqu’il est établi que la
victime s’est associée à la réalisation du comportement délictueux d’où découle son
dommage. Exemple en matière de chèque, le porteur ou bénéficiaire est irrecevable
à se constituer partie civile s’il a accepté en connaissance de cause un chèque sans
provision. Pour bien comprendre la notion d’intérêt à agir dont l’examen intéressera
ici les personnes physiques il faut s’attacher aux conditions exigées par l’art.2 CPP.
1- IL faut un préjudice résultant d’une infraction pénale
L’AC étant accessoire à l’action publique, le demandeur doit invoquer une infraction
et une infraction punissable. La réparation n’est donc pas possible si l‘infraction n’est
pas constituée. C’est le cas lorsqu’on est en présence d’un fait justificatif lorsque
l’acte est prescrit ou lorsque la loi incriminatrice a fait l’objet d’une abrogation. En
plus de cette condition minimale nécessaire à l’existence de l’AC, la jurisprudence
exige que le préjudice soit actuel, direct et personnel.
2- IL faut un préjudice actuel, direct et personnel
a) Un préjudice actuel
L’AC n’est possible devant le juge pénal que si le préjudice est actuel. Le préjudice
actuel est différent de celui éventuel. Celui-ci est le préjudice qui dépend
d’événements qu’il est impossible de connaître avant leur réalisation. Le préjudice
actuel dont parle la jurisprudence est celui qui existe au moment où l’AC est mise en
mouvement.
b) Le préjudice direct
Suivant les termes employés par la jurisprudence, le préjudice direct est celui qui
prend sa source directement dans l’infraction poursuivie. En d’autres termes, c’est le
préjudice qui est uni à l’infraction par un lien de cause à effets. Est considéré comme

Cours de procédure pénale 25


Cours de procédure pénale

direct le préjudice matériel de la victime d’un vol. En constitue également le préjudice


physique de la victime d’une agression ainsi que celui moral de la victime d’une
injure ou d’une diffamation. Par contre est considéré comme indirect tout dommage
qui n’est pas la conséquence de l’infraction poursuivie. Ainsi, on a estimé que le
préjudice subi par un assureur qui a dû indemniser un client n’est qu’indirect par
rapport à l’infraction puisse qu’il trouve son fondement dans le contrat d’assurance.
L’application de la notion de préjudice direct cause cependant de réels
désagréments à la victime car celle-ci est obligée de soumettre son affaire à la
juridiction civile. C’est pour éviter ces genres de difficultés que la loi est intervenue
dans certains cas pour permettre au juge d’accueillir l’AC même si le préjudice
invoqué par la victime est indirect. On peut les accidents de la circulation causant à
la fois des blessés ou morts à la personne et des dégâts à son véhicule. En cette
matière, la victime d’un dommage corporel peut obtenir sur la seule base du délit de
blessure par imprudence non seulement la répartition de ce dommage mais encore
celle du dommage matériel souffert par son véhicule alors que celui-ci n’est pas la
conséquence directe de l’infraction de blessure par imprudence. Cette solution est
fondée sur l’art.3 al.2 CPP qui décide que l’AC sera recevable pour tous les chefs de
dommage aussi bien matériels que corporels ou moraux qui découleront des faits
objets de la poursuite.
C / Un préjudice personnel
La victime visée par l’art.2 est l’individu qui a subi l’impact de l’infraction. En d’autres
termes, la victime est celui qui a subi, du fait de l’infraction, une atteinte personnelle à
son intégrité physique à son patrimoine, à son honneur ou son affection. En
application de cette règle, la jurisprudence accueille avec raison l’AC des victimes
d’un vol, d’une agression ou d’une diffamation. Mais il existe une hypothèse où elle
interprète de façon restrictive la notion de dommage personnel. C’est le cas lorsque
la victime directe est blessée et infirme à la suite d’une infraction de coups
volontaires ou de blessures par imprudence. En cette matière, la jurisprudence va
réserver l’AC à la victime directe. L’arrêt Salva rendu par l’assemblée plénière de la
Cour de Cassation française confirme bien cette solution lorsqu’elle décide que
l’épouse victime de blessures involotaires ne peut porter son AC devant le juge
pénal car elle n’est pas personnellement victime du délit défini par les art.319 ; 320
CP. La solution ainsi dégagée a été critiquée. Le reproche essentiel qu’on lui fait
c’est d’adopter une interprétation différente de la notion de préjudice personnel et

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direct selon que l’on se trouve devant le juge civil ou devant celui pénal. Ces critiques
ont reçu un écho favorable. Actuellement, depuis un arrêt du 9 février 1989, la Ch.
Criminelle de la Cour de Cassation française (C Cass.) a assoupli sa position.
Désormais l’AC des proches est recevable devant le juge pénal même si ces
victimes n’ont pas subi de préjudice. IL suffit que le préjudice qu’elles invoquent soit
bien le résultat de la faute qui est en définitive retenue à la charge du condamné.
Paragraphe 2 : les ayant- droits de la victime
IL faut distinguer la situation des héritiers, de celle des autres ayant droits.
A / Les héritiers
Pour régler la situation des héritiers il faut procéder aux différences suivantes. Si la
victime n’est morte sous les coups de l’infraction, le droit à réparation est né dans
son patrimoine. Les héritiers exercent donc l’AC de leur auteur : c’est l’action
héréditaire. La jurisprudence pense que l’action des héritiers doit être accueillie
meme s’ils invoquent un préjudice moral. IL n’est pas nécessaire que leur auteur l’ait
intentée. Si au contraire la victime est morte au cours de l’infraction, les héritiers
intenteront une action qui leur est personnelle. Ils se présenteront eux-mêmes
comme victimes. Mais le prévenu pourra leur opposer toutes les exceptions qu’il
aurait pu opposer à leur auteur tel que le partage de responsabilité.

B / Les autres ayant droits


Ce sont les créanciers ou les autres personnes que la victime aurait cédés ses droits.
Le droit civil admet largement l’intervention des tiers dans le procès civil. Les
techniques employées sont l’action oblique, la subrogation, la cessation de créance
et la délégation. En droit pénal, par contre, la jurisprudence rejette l’AC des
créanciers de la victime, des cessionnaires et des tiers subrogés au motif que ces
individus n’ont pas souffert personnellement du dommage causé résultant de
l’infraction. Ces ayant droits son donc obligés de porter leur action devant le juge
civil. IL existe ce pendant des solutions particulières pour certaines catégories de
tiers subrogés. C’est le cas de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Cet
organisme est autorisé à intervenir devant les juridictions pénales à conditions que la
victime directe se soit constituée partie civile. Mais il n’a ni le droit de déclancher
l’action publique, ni celui de se présenter devant la juridiction pénale en l’absence de
la victime. L’assureur peut aussi intervenir devant le juge pénal mais pas engager
l’action civile. Seule la victime a le droit d’exercer l’AC devant le juge pénal.

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SECTION 2 : Les défenseurs à l’AC


Ils sont normalement le délinquant et ces complices. IL faut ajouter à cette liste les
héritiers et les tiers civilement responsables.
Paragraphe 1 : Les héritiers
L’AC, malgré son caractère pénal, reste une action en réparation qui crève le
patrimoine des héritiers. Elle peut aussi être intentée contre eux devant la juridiction
civile. La compétence du juge pénal est cependant retenue lorsque l’AC lancée du
vivant du prévenu a fait l’objet d’un jugement sur le fond. Dans ce cas la partie civile
peut faire appel contre les héritiers devant la chambre des affaires correctionnelles
en ce qui concerne ses intérêts civils.
Paragraphe 2 : Les tiers civilement responsables
Ils sont déterminés par le code pénal. D’ l’art.54 CP, les aubergistes et les hôteliers
sont civilement responsables s’ils n’ont pas inscrit sur leur registre le nom du client
qui, durant son séjour, a commis un crime ou un délit. L’art.55 CP considère aussi
comme civilement responsables les parents, les artisans, les maîtres et les
commettants. L’AC peut être exercée contre la personne civilement responsable soit
devant le juge civil, soit devant celui pénal. Dans ce derniers cas, le civilement
responsable n’est parti au procès que s’il a été cité ou s’il agit par voie d’intervention.

CHAPTRE II
L’EXERCICE DE L’AC
Le principe fondamental est que la victime peut choisir de porter son action soit
devant le juge pénal soit devant celui civil. C’est le droit d’option de la victime.
SECTION 1 : Le droit d’option de la victime
Paragraphe 1 : Le fondement du droit d’option
Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer cette catégorie conférée par la loi
à la victime. D’abord l’action de la victime est bénéfique pour la société en ce sens
qu’elle constitue un moyen de vaincre l’inertie du MP car en saisissant le juge pénal
de l’action civile, la victime met en mouvement l’action publique. Ensuite, le choix
laissé à la victime permet d’éviter les contrariétés du jugement puisque l’AC et
l’action publique sont portés devant le juge pénal. Aussi, économiquement, on pense
que la victime en saisissant la juridiction pourra faire juger son action civile plus

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rapidement et à moindre frais. Enfin le droit d’option facilite l’action de la victime en


lui permettant de profiter du système de preuve du droit pénal.
Paragraphe 2 : Les conditions du droit d’option
Elles sont au nombre de trois.
A / IL faut que les voies pénale et civile soient couvertes
L’option n’est possible que si la voie civile et celle pénale sont ouvertes de façon
concurrente. IL suffit cependant que l’une des voies soit fermée pour que la victime
ne bénéficie plus d’une voie d’option. Exemple en matière de diffamation la victime
ne peut utiliser que la voie pénale. La voie civile lui est interdite. Aussi, d’après la
jurisprudence, le cessionnaire de la victime ne peut porter son action que devant le
juge civil.
B / Le dommage invoqué doit trouver son fondement dans une infraction
pénale
La réparation n’est pas possible devant le juge pénal si le dommage trouve sa
source ailleurs que dans l’infraction. Ainsi, en cas de blessures involontaires causées
par un accident de la route, les tribunaux répressifs sont incompétents pour connaître
de l’AC dès lors que la victime n’invoque pas la faute pénale mais fonde son action
sur le droit de garde qu’exerce l’auteur de l’accident sur la chose dont l’intervention
est l’origine de son dommage. Le droit de garde relevant des règles de droit civil, la
victime doit alors porter son action devant le tribunal civil.

C / L’action ne doit pas être éteinte


Lorsque l’action est éteinte par l’effet de la prescription, l’AC ne peut plus être
intentée devant le juge répressif, ni meme devant celui civil. Même si l’action
publique est éteinte par le décès du délinquant ou par l’amnistie, l’AC qui sursoit à
l’extinction de l’action publique ne peut être intentée devant le tribunal répressif à
moins que cette juridiction n’ait été saisie avant l’amnistie ou n’ait rendue d’une
décision sur le fond avant le décès du prévenu.
Paragraphe 3 : Les effets de l’option
L’option est en principe irrecevable. Cette règle souffre cependant d’un certain
nombre d’exceptions.
A/ L’irrecevabilité de l’option
Cette règle est dégagée par l’art.5 CPP. Selon ce texte « la partie qui exercée son
action devant la juridiction civile compétente ne peut la porter devant la juridiction

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répressive ». Ce texte signifie que le choix de la voie civile empêche la victime de


revenir sur la voie pénale. C’est le sens de la règle « electa una via ». Le seul
fondement de cette règle parait être un souci d’humanité en faveur du délinquant. On
ne veut pas qu’il soit traîné d’une juridiction à une autre car cette situation risque
porter atteinte à ses intérêts.
B / Les exceptions portées à la règle de l’irrecevabilité de l’option
L’irrecevabilité ne joue que dans le sens du civil qu’au pénal mais non dans l’autre
sens. IL est donc possible d’aller au pénal, de revenir au civil : cette limitation est
compréhensible. En effet tant que le procès se déroule devant le juge civil, tout ce
que le délinquant peut craindre c’est d’être condamné à des dommages et intérêts.
Par contre devant le juge pénal, il risque d’être condamné à une sanction pénale et
au paiement des dommages et intérêts. D’autres tempéraments ont été apportés à la
règle « d’ electa una via ». Pour la jurisprudence c’est une règle d’ordre privé qui ne
peut être invoquée que par le prévenu qui doit le faire au début du procès et en
première instance. On a aussi admis que l’irrecevabilité ne joue plus lorsque la
victime choisit la voie civile parce qu’elle ne savait pas que les faits étaient en réalité
un délit pénal. La règle de l’irrecevabilité fait également d’une atténuation dans
l’hypothèse où le juge civil saisi est incompétent ou lorsque l’action en réparation
portée devant le juge répressif est différente de celle que la victime a engagée
devant le juge civil. Enfin, la victime peut abandonner la voie civile pour la voie
pénale si le juge répressif a été par le MP avant qu’un jugement sur le fond ait été
rendue la juridiction civile (art.5 al.2 CP).

SECTION 2 : Le choix de la voie pénale


Lorsque la victime choisit la voie pénale, on dit qu’elle se constitue partie civile

Paragraphe 1 : Les formes de la constitution


La victime peut agir avant toute initiative du MP. C’est la voie d’action, ou après le
déclanchement des poursuites : c’est l’intervention. En ce qui concerne la voie
d’action, la victime peut utiliser soit la citation directe soit la plainte avec constitution
de partie civile. Ces différents moyens permettent à la partie lésée de mettre en
mouvement l’action publique. Mais si le MP a déjà lancé les poursuites, la victime qui
agit par voie d’intervention a la possibilité de ce constituer partie civile. Cette
constitution peut se faire devant l’officier de police judiciaire, devant le juge

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d’instruction ou devant le juge de droit (art.16, 76, 405 CPP). Dans ce dernier cas
elle peut le faire avant l’audience par déclaration au greffe et pendant l’audience par
simple déclaration jusqu’au moment où le MP prend ses réquisitions. IL en résulte
que la constitution de partie civile n’est possible qu’en première instance. La partie
lésée ne sera pas recevable à intervenir pour la première fois en appel parce que les
réquisitions sur le fond ont déjà été faites en première instance.
Paragraphe 2 : Les effets de la constitution
Quelque soit le mode d’exercice de son action, la victime devient partie au procès
pénal avec toutes les conséquences attachées à cette qualité. D’abord la partie
civile ne peut plus témoigner mais elle peut être entendue à titre de renseignement
sans prestation de serment. Ensuite elle ne peut être entendue par le juge
d’instruction qu’en présence de son avocat. Dans ce cas la procédure doit être mise
à la disposition de l’avocat à la veille de chaque interrogatoire. IL résulte enfin, de sa
qualité de partie que les actes important de la procédure sont signifiés à la victime
pour qu’elle soit informée et se défendre contre les décisions qui font grief à ses
intérêts civils. Mais si elle avait pris l’initiative des poursuites, elle s’expose en cas
d’échec à une triple condamnation : une auprès du procès, une pour dénonciation
calomnieuse et une avec dommage et intérêt envers la personne qu’elle a accusé à
tord.

SECTION 3 : Le choix de la voie civile


Lorsque la victime choisit une juridiction civile, c’est un procès civil qui va s’engager
mais s’il se déroule en temps que celui pénal ou postérieurement à lui, le caractère
pénal du dommage va expliquer l’influence de la décision prise sur l’action publique
et cela au moins de règles. Le criminel tient le civil en état et l’autorité de la chose
jugée au criminel sur le civil.
Paragraphe 1 : Le criminel tient le civil en état
Cette maxime illustre aujourd’hui une règle formée dans l’art.4 al.2 CPP selon
laquelle « le juge civil doit surseoir à statuer lorsque l’action publique est mise en
mouvement ». Autrement, le tribunal civil doit attendre la décision du juge pénal

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avant de se prononcer sur le bien fondé de l’AC. La véritable raison de cette règle
est l’autorité car normalement la décision l’emporte sur civile. IL en résulte que le
sursis s’impose lorsqu’il y a identité de fait entre les deux actions. Selon la
jurisprudence, cette condition existe lorsque le juge ne peut pas trancher une
question sans prendre partie sur l’existence de l’infraction risquant ainsi de se mettre
en contradiction avec le juge répressif. Cette règle du sursis est d’ordre publique. Le
sursis à statuer durera jusqu’à ce qu’une décision ait été prise sur l’action publique.
Paragraphe 2 : L’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil
Cette règle signifie que le juge civil est obligé de se ranger sur la décision du juge
répressif.
A / Justification et caractère de la règle
Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer la primauté de la décision pénale
sur la décision civile. Tout d’abord, on peut soutenir que la décision rendue au pénal
est conforme à la réalité à cause des moyens d’investigation et des preuves dont
dispose le juge répressif. La deuxième est que le juge répressif assure une mission
d’intérêt général alors que le juge civil ne se prononce que sur les intérêts privés.
Cette double justification conduit normalement à reconnaître un caractère absolu à la
règle de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil. C’est la solution retenue
par la jurisprudence. Mais elle tempère fortement la portée absolue du jugement
répressif dès lors qu’elle décide que l’autorité de la chose jugée au criminel sur le
civil est une simple règle d’ordre privé. IL résulte que cette règle ne peut être
invoquée que par les parties et que celles-ci ne sauraient le faire pour la première
fois en cassation.
B / Etendue de la règle l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil
La règle ne concerne que les décisions rendues par les juridictions de jugement
sénégalaises. L’autorité ne s’applique cependant à ces décisions que si les
conditions suivantes sont réunies : d’abord elles doivent définitives, ensuite elles ne
doivent porter que sur les points qui ont fait l’objet d’une constatation certaine et
nécessaire. Tel est le cas par exemple de la constatation relative à l’existence ou à
l’inexistence du fait matériel. C’est encore le cas pour la participation ou la non
participation du prévenu à la réalisation du délit.
C / Les applications pratiques

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1er cas : le juge pénal a prononcé une condamnation. Dans cette hypothèse, le juge
civil ne peut retenir le contraire. IL doit allouer des dommages et intérêts à la victime
si celle-ci démontre l’existence d’un préjudice qui résulte de l’infraction.
2ème cas : le juge pénal a prononcé la relaxe ou l’acquittement. Dans cette hypothèse
le juge civil ne pourra pas contreduire cette décision. IL ne pourra pas accorder des
dommages et intérêts pour la réparation d’une faute pénale. La victime peut
cependant obtenir réparation si elle invoque une faute civile distincte de la faute
pénale. IL en va ainsi par exemple en cas d’accident de la route lorsque l’action de la
victime est fondée sur la faute présumée du gardien de l’automobile.

CHAPITRE III : L’EXTINCTION DE L’AC


L’AC est une action en réparation. IL est donc tout à fait normal qu’elle puisse
s’éteindre comme une action en responsabilité civile. Mais d’un autre coté, l’AC
supposant l’existence d’une infraction on peut se demander si l’extinction de l’action
publique n’entraîne pas sa propre extinction. Le droit sénégalais répond par
l’affirmative puisqu’il décide que la prescription de l’action publique entrain celle de
l’AC. C’est le principe de l’unité ou la solidarité des deux prescriptions.
SECTION 1 : Les causes d’extinction propre à l’AC
Paragraphe 1 : L’énumération des causes d’extinction
On peut en distinguer deux catégories : les causes d’extinction liées à la satisfaction
de la victime et celle fondées sur l’abandon de la victime de ces droits.
A / Le s causes liées à la satisfaction de la victime
C’est le cas pour le paiement au sens civil du terme c’est-à-dire du versement d’une
indemnité ou de tout autre procédé équivalent comme la compensation.
C’est encore le cas pour la remise de dette et enfin la transaction qui retire à la
victime son droit de demander à la justice des dommages et intérêts. La remise de
dette est l’acte par lequel le créancier libère son débiteur sans recevoir le paiement
de sa créance.
B / L’abandon des ces droits par la victime
C’est le cas de la renonciation par laquelle la victime déclare expressément qu’elle
ne réclamera pas réparation du dommage subi. De cette technique qui intervient en
dehors de tous procès, on doit rapporter le désistement ou le retrait de la plainte qui
intervient après que la victime a mis en mouvement l’action publique mais avant tout

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jugement. Le désistement n’est soumis à aucune condition de forme. IL peut être


exprès ou tacite. Exemple il peut résulter du défaut de comparution à l’audience de la
partie civile régulièrement citée. Cependant, depuis 1977, le MP prend la parole pour
la partie absente du moment qu’il connaît ses prétentions et qu’elle a chiffré le coût
de son dommage (art.412 CPP) .Enfin la victime peut abandonner ses droits par
acquiescement. IL y a acquiescement lorsque la victime renonce de façon expresse
ou tacite à l’exercice des voies de recours.

Paragraphe 2 : Les effets de ces causes d’extinction


L’AC est éteinte de façon absolue lorsque la victime a obtenu satisfaction ou a
renoncé à ses droits. Le même n’est cependant reconnu au désistement. Ce procédé
ne vaut que pour l’instance en cours devant la juridiction répressive. IL ne fait pas
obstacle à l’AC devant la juridiction civile (art.413 CPP). On retiendra aussi que
toutes ces causes d’extinction propre à l’AC n’ont aucun effet sur l’action publique.
Le MP peut toujours agir devant le juge répressif sauf lorsqu’il y a retrait de la plainte.
IL en, va ainsi lorsque le dépôt de la plainte est une condition nécessaire de la
poursuite. Dans ce cas l’extinction de l’AC entraîne celle de l’action publique.

SECTION 2 : La prescription de l’AC


L’AC causée par l’infraction se prescrit dans les mêmes délais que l’action pub. Si
donc l’action publique est prescrite, le juge pénal ne peut plus connaître de l’AC.
Cette règle appelée principe de l’unité ou de la solidarité des deux prescriptions est
prévue par l’art.10 al.1 CPP.

Paragraphe 1 : La justification du principe de l’unité ou de la solidarité


Avec ce principe, on entend faire de la victime un auxiliaire actif du MP en l’obligeant
à apporter rapidement ses preuves sous peine d’extinction de son droit. On peut
ajouter un autre argument fondé sur le caractère accessoire de l’AC par rapport à
l’action publique. Ces actions entretiennent des liens étroits. On pense que la
prescription de l’action publique doit nécessairement entraîner celle de l’AC. Enfin,
on peut avancer que le principe solidarité permet d’éviter de faire apparaître au
grand jour d’un procès civil les éléments d’une infraction alors qu’il est trop tard pour
en assurer la répression.
Paragraphe2 : L’application du principe de l’unité ou de la solidarité

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Cours de procédure pénale

Tout d’abord le principe s’applique quelle que soit la juridiction saisie. Ensuite il
importe peu que le sujet passif soit le coupable lui-même, ces héritiers ou des
personnes civilement responsables. Enfin la prescription de l’AC reste soumise aux
mêmes causes d’interruption et suspension que l’action publique. On observera
cependant que ce principe ne s’applique que lorsque la victime demande la
réparation d’un dommage qui ne résulte de l’infraction. Ainsi, en cas d’accident
d’automobile, l’art.10 CPP ne peut plus être invoqué si la victime ne s’appuie sur
l’infraction mais voit dans l’agent pénal un simple gardien. Dans cette hypothèse, la
prescription de l’AC est de dix ans.

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