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Une infraction pénale est réalisée. Son auteur a été découvert. Il ne sera cependant
condamné qu’après avoir été jugé par les juridictions instituées à cet effet. La
réaction sociale n’est donc ni aveugle ni instinctive. Elle passe nécessairement par le
respect de règles appelées Procédure Pénale (PP). Les règles de PP décrivent la
composition et le rôle des autorités policières et judiciaires qui vont intervenir dans le
procès. Elles donnent un éclairage sur la forme à suivre, la recherche, la constatation
et le jugement du délinquant.
I - L’IMPORTANCE DES REGLE DE PROCEDURE PENALE (PP)
Cette importance ne fait aucun doute. D’abord les règles de PP sont indispensables
à l’application du droit pénal. Le procès est le trait d’union entre l’infraction et la
sanction. Ensuite sur le plan politique elle met en présence les intérêts de l’Etat et
ceux de l’individu. Ces intérêts sont souvent contradictoires. L’Etat a toujours intérêt
à une sanction rapide et certaine des infractions. Seulement il est toujours possible
que la personne soupçonnée soit innocente. Le rôle de la PP est d’arriver à un
équilibre satisfaisant des intérêts de la collectivité et des intérêts des individus. On a
bien raison de dire que le système démocratique d’un pays peut être mesuré à la
lumière de son Code de Procédure Pénal (CPP). Enfin sur le plan moral les intérêts
dans le procès pénal porte sur l’honneur, la liberté et quelque fois sur la personne
poursuivie. Ce qui nous éloigne du droit civil où le procès ne met en jeu que les
intérêts privés le plus souvent d’ordre patrimonial.
II- LA PROCEDURE PENALE ET LA PROCEDURE CIVILE
La PP se différencie de celle civile par son objet. On peut aussi relever des éléments
de différence si on s’intéresse aux organes, aux parties et au déroulement du procès.
A / Les organes
La loi a prévue des organes qui sont communs aux deux types de procédure et des
organes particuliers à la PP.
1- Les organes communs
Ce sont des organes judiciaires du jugement. Ils sont en principe les mêmes. Ce
sont les mêmes juges qui tranchent les litiges pénaux et les litiges civils. Ce sont
aussi les mêmes organes qui interviennent dans le cadre d’un procès. L’étiquette des
yjuridictions change seulement au pénal qu’au civil. On remarque seulement que
malgré l’unité organique et l’unité du personnel des juges civils et les juges pénaux
n’ont pas la même façon de procéder devant les affaires qui leur sont déférées. Le
juge civil applique la règle au litige dont il est saisi. Celui pénal agit dans le même
sens mais il va plus loin puisqu’il tient compte dans sa décision de la personnalité du
délinquant.
2- Les organes propres à la PP
IL s’agit des organes de police et des organes de justice.
a) Les organes de police
Ils peuvent intervenir avant l’ouverture du procès. Leur rôle est de constater les
infractions et de découvrir leurs auteurs afin de les livrer à la justice. Ils peuvent
également intervenir lorsque le procès pénal est déjà engagé. Dans ce cas ils
exercent leurs activités en vertu d’une commission rogatoire délivrée par un juge
d’instruction.
b) Les organes de justice
Les organes judiciaires propres à la procédure pénale sont : le Ministère Public (M P)
et le juge d’instruction. Le M P a pour rôle de lancer des poursuites. Le juge
d’instruction réunit les preuves et apprécie les charges contre la personne poursuivie.
B / Le rôle des parties
Dans le procès civil les parties demandeurs et défendeurs jouent un rôle important.
Elles ont l’initiative du procès (procédure accusatoire). Dans le procès pénal l’Etat est
demandeur et exerce ce rôle par le biais du M P (procédure inquisitoire). L’Etat joue
même le rôle de véritable acteur, aussi bien au niveau de la recherche de l’infraction
qu’au niveau de l’instruction et de l’audience. Le procès pénal est une affaire de
l’Etat.
C / Le déroulement du procès
IL est plus complexe en droit pénal qu’en droit civil. En droit civil, le jugement à
l’audience est la phase essentielle du procès. Par contre en droit pénal le jugement
n’est que la phase ultime du procès. Le procès pénal est divisé en plusieurs phases.
1- L’enquête
PREMIERE PARTIE
Dans notre système juridique le juge ne peut être saisi que par une action en
justice. L’infraction donne naissance à deux actions : une action publique et action
civile. Ces deux actions sont définies respectivement par les articles 1 et 2 du CPP.
A / Définition action publique action civile
Selon l’article 1 du CPP, l’action publique est l’action pour l’application des peines.
Si l’on sait que le système des sanctions au Sénégal est dualiste, il serait plus exact
de compléter cette définition en n’y ajoutant les mesures de sûreté. Quant à l’action
civile,elle, est définie par l’article 2 comme étant l’action en réparation du dommage
causé par l’infraction. Ces deux actions sont bien distinctes. Mais elles ne sont pas
totalement indépendantes l’une de l’autre. Elles entretiennent des rapports très
étroits car elles ont leurs sources communes dans l’infraction.
B / Distinction action publique action civile
L’action publique et l’action civile ne tendent pas au même but. C’est ce qui ressort
des articles 1 et 2 du CPP. On peut relever aussi des divergences entre ces deux
actions si on s’attache à leur domaine et à leur modalité d’exercice.
1- Distinction quant à leur domaine
Toute infraction pénale peut donner lieu à une action publique. Par contre pour qu’il y
ait action civile il faut qu’il ait d’une part une victime et d’autre part un dommage. Or
ces conditions ne sont pas systématiquement réalisées dans le cadre de toute
infraction pénale. Certaines infractions mêmes consommées telles que la mendicité,
le vagabondage ne donnent pas lieu à une action civile car elles ne causent aucun
dommage individuel.
2- Distinction quant aux modalités d’exercice.
L’action publique est exercée par le M P conformément à l’article premier du CPP.
Cette action ne lui appartient pas. IL l’exerce au nom de la société. IL ne peut pas
transiger avec le coupable. IL lui est également interdit de se désister. Enfin il ne
peut renoncer à l’exerce des voies de recours. Au contraire l’action civile est une
action de pur droit privé. C’est un élément du patrimoine de la victime au même titre
que n’importe lequel de ses biens. Par contre elle peut en disposer librement. Elle
peut transiger avec l’auteur de l’infraction sur le dommage qui lui a été causé. Elle
peut se désister en cours d’instance.
C / Les liens entre l’action publique et l’action civile.
L’action publique et l’action civile sont indépendantes l’une de l’autre. Mais cette
indépendance n’est pas totale. L’action civile et l’action publique entretiennent des
rapports si étroits qu’on a pu parler en les analysant d’interdépendance et de
solidarité de ces deux actions. A vrai dire les liens entre ces deux actions sont en
sens unique. Ils se traduisent par une prééminence de l’action publique sur l’action
civile.
1- L’Interdépendance
Cette interdépendance apparaît lorsqu’on fait appel aux règles de compétence ou
lorsqu’on examine la mise en mouvement de ces actions.
a) La compétence
L’action civile parce qu’elle est accessoire à celle publique peut être jugée en même
temps que l’action publique. La victime d’une infraction pénale a deux possibilités :
soit saisir les tribunaux civils soit saisir les tribunaux répressifs. Dans le premier cas
elle exerce une simple action en responsabilité civile. Dans le second par contre son
action a un caractère pénal. Le juge répressif est tenu de se prononcer sur l’action
civile à raison des liens qui existent entre cette action et celle pénale. Mais au
préalable il doit examiner l’action publique.
b) La mise en mouvement des deux actions
En exerçant l’action civile devant le juge répressif, la victime met immédiatement en
mouvement l’action publique. IL ressort de cette règle que l’action civile ne se conçoit
jamais seule devant la juridiction répressive. Elle ne peut exister devant cette
juridiction que jointe à l’action publique et éventuellement elle la fait naître.
2- La prééminence de l’action publique sur l’action civile
Pour mettre en relief cette prééminence, on s’intéressera à l’autorité de la chose
jugée au pénal sur le civil la règle du criminel tient le civil en état et la prescription
de l’action publique.
a) La règle de l’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil
Elle signifie que les magistrats qui vont statuer sur l’action civile, qu’il s’agisse du
juge répressif ou du juge civil, sont obligés de considérer comme vrai ce qui a été
décidé dans le cadre de l’action pénale.
b) Le criminel tient le civil en état
Cette règle cherche à éviter l’existence d’une contradiction entre la décision du juge
pénal et celle du juge civil. Ainsi dans l’hypothèse où la victime aurait décidé d’agir
devant la juridiction civile celle-ci ne peut statuer tant que le juge répressif n’a pas
rendu sa décision sur l’action pénale. Ce sursis à statuer va même durer tant qu’il n’a
pas été statué définitivement sur l’action publique et tant que les voies de recours ne
sont pas épuisées. Exemple en cas d’un vol banal, le M P agit comme le voleur
devant le tribunal correctionnel. Pour des raisons diverses la victime choisit d’agir
devant le tribunal civil pour demander la restitution de l’objet volé. Ce tribunal dans
cette affaire doit surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal correctionnel ait jugé le
voleur car on ne veut que le juge civil se met en contradiction avec ce qui sera
décidé au pénal.
c) La prescription de l’action publique
La prescription des actions en dommage –intérêt est de dix ans. Mais lorsque l’action
civile découle d’un délit pénal elle ne peut plus être exécutée après l’expiration du
délai de prescription de l’action publique (art. 10 du CPP). Le délai de prescription de
l’action publique est de dix ans pour les crimes, trois ans pour les délits et d’un an
pour les contraventions.
TITRE 1 : L’action publique
Une infraction pénale a été réalisée. IL va s’agir de déclancher le mécanisme qui
permettra d’aboutir à la déclaration de culpabilité de punition du coupable. Le
problème est cependant de savoir qui doit déclancher l’action publique ? Contre qui
elle peut être dirigée ? Quelles sont les causes qui peuvent paralyser l’action
publique ?
Chapitre I : LES PARTIES A L’ACTION PUBLIQUE
IL faut entendre par là les demandeurs et les défendeurs à l’action publique.
SECTION 1 : Les demandeurs à l’action publique
Selon l’art. 1 du CPP, les demandeurs à l’action publique sont le M P, et certaines
administrations. La victime peut cependant porter son action en réparation devant le
juge répressif et par ce biais elle peut mettre en mouvement l’action publique (art.2
CPP).
SOUS SECTION 1 : Le M P
La première personne appelée dans le cadre d’une infraction pénale est la
collectivité, l’Etat. C’est pour cette raison que l’action publique est confiée aux
magistrats du parquet qui sont soumis à un ensemble de règles qui leur donne une
particularité par rapport à leurs collègues du siège.
Paragraphe 1 : Les caractères du M P
Les magistrats du M P ou parquet sont soumis aux règles suivantes.
a) La hiérarchie
Les magistrats du parquet sont subordonnés les uns aux autres. Ils sont placés sous
l’autorité du Ministre de la Justice. IL résulte de ce principe que les magistrats du
parquet sont amovibles.
b) La règle de l’indivisibilité
Les membres du parquet forment un ensemble indivisible. Ce qui veut dire que
chacun d’eux représente le MP tout entier. La conséquence pratique de cette règle
c’est que les membres du MP peuvent se remplacer mutuellement au cours d’un
procès. Cette règle ne s’applique pas à ceux du siège. Ces derniers sont tenus
d’assister à toutes les audiences de l’affaire qu’ils jugent.
c) L’irrécusabilité
Le MP ne peut être récusé c’est-à-dire écarté du procès pénal. C’est une partie
nécessaire au procès car c’est lui qui exerce l’action publique même si c’est la
victime qui l’a mise en mouvement.
d) L’indépendance du parquet
Le parquet dépend de l’exécutif mais il a une indépendance absolue par rapport aux
juges du siège. Ceux-ci ne peuvent lui adresser des blâmes ou des injonctions
e) L’irresponsabilité
Le MP n’est pas une partie ordinaire au procès. Son activité n’engage pas sa
responsabilité civile à l’égard des particuliers. Ainsi s’il a déclanché des poursuites
contre quelqu’un qui bénéficie d’un non-lieu ou d’une relaxe on ne peut pas lui
demander d’indemniser cette personne des dommages qu’il lui a causés.
Paragraphe 2 : Attributions du MP
Devant les juridictions répressives le MP est investi d’une double fonction. D’une part
il lui appartient de mettre en mouvement l’action publique. D’autre part, une fois
l’action publique est mise en mouvement, il entre dans ses attributions de l’exercer.
des parties soumettre l’affaire à la médiation pénale s’il apparaît qu’une telle mesure
est susceptible d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, de mettre fin
au trouble résultant de l’infraction et de contribuer un reclassement de l’auteur (art.32 Commentaire [A M1]: Soumission
de l’affaire a la médiation pénale
al.3 Loi 99-88 modifiant certaines dispositions du CPP). Ceci étant précisé, reste à
savoir comment justifier la règle de l’opportunité des poursuites. Plusieurs raisons ont
été avancées pour tenter de justifier le choix laissé au procureur de la République
dans le lancement des poursuites. On a d’abord soutenu que lorsque l’infraction est
légère, il vaut mieux éviter à son auteur le traumatisme que constitue la comparution
devant une juridiction répressive. Ensuite, on a fait remarquer qu’il existe des
situations où le silence est préférable à la poursuite. Il en va ainsi lorsqu’en raison
du caractère de l’infraction, la poursuite risque de causer un malaise dans l’opinion.
Enfin, on a reconnu qu’il n’est pas nécessaire d’engager des poursuites lorsqu’il
existe une part d’incertitude dans l’interprétation des faits et leur qualification. Commentaire [A M2]: Justification
du choix laisse au Procureur de la
2- Les conséquences de la règle de l’opportunité des poursuites république
publique même dans les cas où le MP n’avait pas souhaiter poursuivre. La marge de Commentaire [A M4]: La victime
peut aussi déclencher l’action
manœuvre du MP est encore réduite lorsque l’action publique est confiée à certaines publique en mettant en œuvre
l’action civile
administrations comme la douane, les Eaux et Forets. En matière douanière le texte Commentaire [A M5]: Certaines
administrations se voient aussi
qu’il faut consolider est l’art.322 issu de la loi 2014 10 du 28 fevrier2014 portant confier l’action publique
[Douane et eaux et forets par ex]
nouveaux Code des Douanes (C.D). Ce texte enlève au procureur de la république le
pouvoir d’appréciation qui lui est reconnu par l’art.32 du CPP. L’art.322 C.D. oblige
même le procureur de la République a retenir comme base des poursuites la
qualification des faits donnés par l’administration des douanes et l’évaluation des
marchandises faites par le receveur poursuivant compétent.
A coté de ces tempéraments qui affectent la décision de classement sans suite il en
existe d’autres qui cette fois-ci retardent ou empêchent l’action du MP lorsqu’il désire
lancer des poursuites. On peut relever deux catégories de situations. Dans certains
cas l’action du MP est subordonnée à une plainte de la victime. C’est le cas lorsque
l’infraction a un caractère familial ou privé. C’est la solution pour l’abandon de famille, Commentaire [A M6]: Lorsque
l’infraction a un caractère familial ou
la diffamation, l’adultère et l’injure. Dans d’autres cas le MP doit, pour poursuivre, prive
d’exemple l’enlèvement d’une fille mineure suivi de son mariage avec son ravisseur
(art.348 al.2 CP). Dans cette hypothèse, les poursuites pénales ne peuvent être
intentées contre le ravisseur que si le juge civil prononce la nullité de ce mariage.
B / Les fonctions du MP
En tant que demandeur à l’action publique, le MP a deux fonctions importantes : la
mise en mouvement de l’action publique et son exercice.
A coté de l’art.45, il faut faire place à l’art.63 al.2 CPP selon lequel il y a flagrant délit
lorsqu’il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature à
motiver son inculpation. Celle-ci reconnaissant avoir réalisé les faits constitutifs du
délit. Dans l’hypothèse où un délinquant est arrêté à la suite ou au cours d’un délit
flagrant, il est conduit immédiatement devant le procureur de la République (ART.381
CPP). Mais bien que l’infraction soit flagrante, le procureur de la République n’est
pas tenu de suivre le procédé de flagrant délit. IL a toujours le choix entre trois
procédés : citer directement l’individu, ouvrir une information ou utiliser le moyen
accéléré du flagrant délit. S’il opte pour la procédure du flagrant, il peut mettre en
mouvement l’action publique en interrogeant le délinquant sur son identité et les faits
qui lui sont reprochés en présence de son avocat. L’avocat peut consulter sur le
champ le dossier et communiquer librement avec son client. Si l’avocat ne peut être
contacté ou ne peut pas se déplacer dans les meilleurs délais la formalité est
considérée comme accomplie. Mention en est faite au procès verbal à peine de
nullité de la procédure. Le procureur de la République après avoir requis les
déclarations de la personne poursuivie et de son avocat peut la mettre sous mandat
de dépôt motivé.
c) Le réquisitoire
C’est une instruction qui est nécessaire en matière criminelle et éventuellement en
matière délictuelle. Les poursuites sont déclenchées par un acte appelé réquisitoire
introductif ou réquisitoire afin d’informer. Par cet acte, le procureur de la République
demande au juge d’instruction d’ouvrir une information sur les faits portés à sa
connaissance et qui sont susceptibles selon lui de constituer une infraction à la loi
pénale. Le réquisitoire doit être daté et signé du procureur de la République,et il doit
contenir une relation précise des faits sur lesquels l’instruction doit porter. Si l’auteur
de l’infraction est connu son nom est indiqué. On dit alors que le réquisitoire est
nominatif. Si au contraire on ignore pour l’instant l’auteur de l’infraction, le réquisitoire
est délivré contre X. De toute manière, le réquisitoire a pour effet de déclancher les
poursuites : de là, l’expression réquisitoire introductif.
soutenir l’accusation s’il estime qu’il est fondé. Cette prérogative lui appartient à titre
de monopole, alors que l’action publique peut être mise en mouvement par le
parquet ou la victime lésée. L’exercice de cette action relève même des attributions
exclusives du MP. La victime ne peut jamais exercer l’action publique même si c’est
lui qui l’a mise en mouvement.
SOUS SECTION II
L’EXERCICE DE L’ACTION PUBLIQUE PAR CERTAINES ADMINISTRATIONS
Les administrations concernées sont:la douane, les Eaux et Forets et les
contributions indirectes. L’action administrative présente des particularités qu’il
convient de relever. Contrairement au MP ces administrations ont toujours la
possibilité de transiger aussi bien avant l’engagement des poursuites qu’en cours
même du jugement de l’action. La transaction peut encore intervenir après la
condamnation. Dans ce cas elle est moins efficace et entraîne la diminution ou la
disparition des condamnations pécuniaires mais elle ne produit aucun effet sur la
peine d’emprisonnement. Aussi, contrairement au MP, les administrations qui
auraient engagé l’action publique peuvent être condamnées aux frais du procès et à
l’indemnisation du poursuivi (art.296 al.1 du CD).
SOUS SECTION III
LA VICTIME DEMANDERESSE A L’ACTION PUBLIQUE
La décision de poursuivre n’appartient pas exclusivement au MP. Elle peut provenir
de la victime. Très souvent la victime saisit d’abord le MP et c’est à la suite d’une
décision de classement sans suite qu’elle va se décider de prendre l’initiative des
poursuites. Actuellement depuis la réforme de 1985, la décision de classement sans
suite est portée à la connaissance de la victime (art.32 al.2). Le but visé par ce texte
c’est de permettre à la victime de prendre toutes les dispositions utiles afin de mieux
défendre ses intérêts. Dans le procès pénal, la loi offre à la victime plusieurs moyens
pour déclancher les poursuites.
Paragraphe 1 : Les moyens utilisés par la victime comme demandeur à
l’action publique
A / La citation directe
En matière contraventionnelle et parfois délictuelle, la victime dispose de la citation
directe. Celle-ci est faite par exploit d’huissier. Elle doit contenir l’identification du
requérant, celle du prévenu, l’identification des faits reprochés ainsi que le préjudice
subi. Cet acte est signifié directement à l’auteur de l’infraction pour l’inviter à
comparaître à une date déterminée devant le tribunal de police ou correctionnel.
de la République de requérir que l’information soit ouverte contre une personne non
dénommée. Dans ce cas l’instruction est menée contre inconnu. La personne visée
dans la plainte est entendue comme témoin et non comme inculpée. L’inculpation de
la personne visée n’aura lieu que si les charges apparaissent ultérieurement. Le
procédé évite ainsi d’occasionner un préjudice moral à la personne innocente visée
dans la plainte. Mais il contribue à l’entendre sous serment sans avocat sauf à
remarquer son droit d’exiger d’être inculpé (art.77 al.3 et art.94 CPP). Ensuite la loi
refuse à la victime dont la constitution a abouti à un non lieu de ce constituer à
nouveau en invoquant des charges nouvelles. Seul le MP peut requérir la
réouverture d’information (art.184 CPP). La solution d’être approuvée car il est
inadmissible que la partie civile puisse faire planer des doutes sur l’innocence d’une
personne et recommencer. S’il existe des charges nouvelles, c’est au MP et à lui
seul, partie désintéressée qu’il faut en laisser l’appréciation.
CHAPITRE II
L’EXTINCTION DE L’ACTION PUBLIQUE
Elle peut se produire à la suite d’un événement naturel ou d’une manifestation de
certaines volontés.
SECTION 1 : Les événements naturels qui éteignent l’action publique
IL s’agit de la prescription et du décès du délinquant.
Paragraphe 1 : La prescription
L’institution existe en droit civil. Elle existe également en droit pénal tant pour la
peine que pour l’action publique. La prescription peut se définir comme l’extinction du
droit d’action par l’écoulement d’un délai. Par l’idée de prescription, la loi entend
rappeler le MP et à la victime que les poursuites ne peuvent être engagées dans les
délais normaux de l’action publique. IL convient d’examiner le fondement avant
d’étudier le régime juridique de la prescription.
A / Le fondement de la prescription
En faveur de la prescription diverses raisons ont été avancées. Tout d’abord on a
pensé à l’idée d’amendement et d’expiation chez le délinquant. Ensuite, on a
invoqué qu’au bout d’un certain temps, il est inutile de raviver les souvenirs d’une
infraction déjà tombée dans l’oubli. Enfin on a soutenu qu’il y a prescription à cause
du dépérissement des preuves.
Ces différentes justifications ne sont pas exemptes de critiques. D’abord, on a fait
remarquer que l’idée d’une expiation résultant de l’angoisse imposée au délinquant
n’est pas très convaincante car le temps n’a pas le même effet chez tous les
délinquants. Ensuite, on a soutenu que la prescription nuie à la protection de la
société dans la mesure où elle profite aux grands délinquants comme aux petits
délinquants alors que le temps ne saurait atténuer les dangers des premiers. Devant
ces critiques, faut-il pour autant supprimer cette cause d’impunité ? On peut en
douter tant il parait difficile d’imaginer que le temps qui s’écoule puisse n’avoir aucun
effet. Le législateur sénégalais en est tellement conscient qu’il a choisi de conserver
la prescription dans les art.6 à 9 CPP. La remarque est également valable pour le
droit français. Quant à la jurisprudence, elle reconnaît l’existence de la prescription
mais lui confère un régime juridique empreint d’une certaine défaveur à l’égard du
délinquant.
B / Le régime juridique de la prescription
L’analyse de ce régime suscite un examen du délai, de l’interruption et de la
suspension de la prescription.
1- Le délai de la prescription
a) La durée
Le délai de prescription de l’action publique est plus court que celui de la peine. IL
varie avec la nature de l’infraction. IL est de dix ans pour les crimes, de trois ans pour
les délits d’un an pour les contraventions. A coté de ces délais de droit commun, la
loi a prévu des délais de prescription pour certaines infractions. Exemple, en matière
de détournement de deniers publics la prescription est de sept ans révolus à compter
du jour où le délai a été retenu.
principal de l’infraction n’a aucune incidence sur l’action publique à l’égard des autres
coauteurs ou des complices.
SECTION 2 : Les manifestations de volonté éteignant l’action publique
Paragraphe 1 : La volonté du législateur
Elle se manifeste par l’amnistie et de l’abrogation de la loi.
A/ L’amnistie
Elle éteint l’action publique mais non l’action civile car le fait amnistié s’il n’est plus
délictueux reste un fait dommageable dont la victime peut demander réparation
devant la juridiction civile à moins que le tribunal répressif n’ait été saisi de l’action
publique avant la loi de l’amnistie.
B/ L’abrogation
Elle enlève en l’acte son caractère délictueux et fait disparaître l’élément légal de
l’infraction. Lorsque la loi pénale qui prévoyait et punissait une infraction est abrogée,
l’action publique ne peut plus être exercée. IL y a là une simple application du
principe selon lequel la loi nouvelle plus douce est applicable aux faits commis
antérieurement à sa mise en vigueur.
Paragraphe 2 : La volonté des parties
Certaines infractions peuvent faire l’objet d’une transaction. La victime de son coté
peut mettre fin à l’action publique en retirant sa plainte : c’est le désistement.
A / La transaction
La loi accorde un droit de transaction à certaines administrations qui peuvent
proposer aux délinquants l’abandon des poursuites moyennant le versement d’une
somme d’argent dont elles fixent elles-mêmes le montant. L’amende forfaitaire est
également considérée par la loi comme une sorte de transaction entre le coupable et
l’autorité publique. C’est ce que décide l’art.517 CPP selon lequel « l’action publique
née d’une contravention à la police de la circulation peut être éteinte par le paiement
d’une amende forfaitaire » c’est par le paiement d’une amende entre les mains de
l’agent verbalisateur.
B / Le désistement
En règle générale, la plainte de la victime n’exerce aucun rôle sur la décision du MP.
Cependant, lorsque l’infraction porte atteinte à des intérêts privés, la loi subordonne
l’exercice de la poursuite au dépôt préalable d’une plainte de la partie lésée. C’est le
cas de l’adultère, de l’abandon de famille. Dans toutes ces hypothèses
TITRE II
L’ACTION CIVILE
La victime d’un dommage causé par une infraction pénale peut exercer une action en
dommages et intérêts soit devant le tribunal civil soit devant celui répressif. Cette
action à réparation du dommage corporel, matériel ou moral résultant d’un crime,
d’un délit ou d’une contravention, est l’action civile. Celle-ci définie de la sorte, obéit à
des règles particulières qui lui donnent une physionomie différente d’une action en
réparation délictuelle purement civile. On peut faire cette constatation lorsqu’on
s’intéresse aux parties à l’action civile (AC) et lorsqu’on examine l’extinction et
l’exercice de l’action civile (AC).
CHAPITRE 1
LES PARTIES A L’AC.
Comme l’action publique, celle civile a des demandeurs et des défendeurs.
SECTION 1 : Les demandeurs à l’AC
L’AC est une action privée. En conséquence, elle ne peut être exercée par le MP.
Elle peut être intentée soit par la victime directe, soit par ses ayants droit mais sous
certaines conditions.
A / La capacité d’agir
La victime doit, conformément au droit commun, avoir la capacité d’agir. Un majeur,
une femme mariée peut agir sans autorisation contrairement à un mineur non
émancipé et à un incapable majeur. L’AC ne peut être intentée que par un
représentant légal (art.273 du Code de la famille). En ce qui concerne l’étranger
victime d’une infraction il faut signaler que rien ne s’oppose à ce qu’il porte son AC
devant la juridiction civile ou pénale. Mais quelque soit la juridiction saisie, l’étranger
doit verser une caution (judicatum solvi art.110 du CPC). Le versement de cette
direct selon que l’on se trouve devant le juge civil ou devant celui pénal. Ces critiques
ont reçu un écho favorable. Actuellement, depuis un arrêt du 9 février 1989, la Ch.
Criminelle de la Cour de Cassation française (C Cass.) a assoupli sa position.
Désormais l’AC des proches est recevable devant le juge pénal même si ces
victimes n’ont pas subi de préjudice. IL suffit que le préjudice qu’elles invoquent soit
bien le résultat de la faute qui est en définitive retenue à la charge du condamné.
Paragraphe 2 : les ayant- droits de la victime
IL faut distinguer la situation des héritiers, de celle des autres ayant droits.
A / Les héritiers
Pour régler la situation des héritiers il faut procéder aux différences suivantes. Si la
victime n’est morte sous les coups de l’infraction, le droit à réparation est né dans
son patrimoine. Les héritiers exercent donc l’AC de leur auteur : c’est l’action
héréditaire. La jurisprudence pense que l’action des héritiers doit être accueillie
meme s’ils invoquent un préjudice moral. IL n’est pas nécessaire que leur auteur l’ait
intentée. Si au contraire la victime est morte au cours de l’infraction, les héritiers
intenteront une action qui leur est personnelle. Ils se présenteront eux-mêmes
comme victimes. Mais le prévenu pourra leur opposer toutes les exceptions qu’il
aurait pu opposer à leur auteur tel que le partage de responsabilité.
CHAPTRE II
L’EXERCICE DE L’AC
Le principe fondamental est que la victime peut choisir de porter son action soit
devant le juge pénal soit devant celui civil. C’est le droit d’option de la victime.
SECTION 1 : Le droit d’option de la victime
Paragraphe 1 : Le fondement du droit d’option
Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer cette catégorie conférée par la loi
à la victime. D’abord l’action de la victime est bénéfique pour la société en ce sens
qu’elle constitue un moyen de vaincre l’inertie du MP car en saisissant le juge pénal
de l’action civile, la victime met en mouvement l’action publique. Ensuite, le choix
laissé à la victime permet d’éviter les contrariétés du jugement puisque l’AC et
l’action publique sont portés devant le juge pénal. Aussi, économiquement, on pense
que la victime en saisissant la juridiction pourra faire juger son action civile plus
d’instruction ou devant le juge de droit (art.16, 76, 405 CPP). Dans ce dernier cas
elle peut le faire avant l’audience par déclaration au greffe et pendant l’audience par
simple déclaration jusqu’au moment où le MP prend ses réquisitions. IL en résulte
que la constitution de partie civile n’est possible qu’en première instance. La partie
lésée ne sera pas recevable à intervenir pour la première fois en appel parce que les
réquisitions sur le fond ont déjà été faites en première instance.
Paragraphe 2 : Les effets de la constitution
Quelque soit le mode d’exercice de son action, la victime devient partie au procès
pénal avec toutes les conséquences attachées à cette qualité. D’abord la partie
civile ne peut plus témoigner mais elle peut être entendue à titre de renseignement
sans prestation de serment. Ensuite elle ne peut être entendue par le juge
d’instruction qu’en présence de son avocat. Dans ce cas la procédure doit être mise
à la disposition de l’avocat à la veille de chaque interrogatoire. IL résulte enfin, de sa
qualité de partie que les actes important de la procédure sont signifiés à la victime
pour qu’elle soit informée et se défendre contre les décisions qui font grief à ses
intérêts civils. Mais si elle avait pris l’initiative des poursuites, elle s’expose en cas
d’échec à une triple condamnation : une auprès du procès, une pour dénonciation
calomnieuse et une avec dommage et intérêt envers la personne qu’elle a accusé à
tord.
avant de se prononcer sur le bien fondé de l’AC. La véritable raison de cette règle
est l’autorité car normalement la décision l’emporte sur civile. IL en résulte que le
sursis s’impose lorsqu’il y a identité de fait entre les deux actions. Selon la
jurisprudence, cette condition existe lorsque le juge ne peut pas trancher une
question sans prendre partie sur l’existence de l’infraction risquant ainsi de se mettre
en contradiction avec le juge répressif. Cette règle du sursis est d’ordre publique. Le
sursis à statuer durera jusqu’à ce qu’une décision ait été prise sur l’action publique.
Paragraphe 2 : L’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil
Cette règle signifie que le juge civil est obligé de se ranger sur la décision du juge
répressif.
A / Justification et caractère de la règle
Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer la primauté de la décision pénale
sur la décision civile. Tout d’abord, on peut soutenir que la décision rendue au pénal
est conforme à la réalité à cause des moyens d’investigation et des preuves dont
dispose le juge répressif. La deuxième est que le juge répressif assure une mission
d’intérêt général alors que le juge civil ne se prononce que sur les intérêts privés.
Cette double justification conduit normalement à reconnaître un caractère absolu à la
règle de l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil. C’est la solution retenue
par la jurisprudence. Mais elle tempère fortement la portée absolue du jugement
répressif dès lors qu’elle décide que l’autorité de la chose jugée au criminel sur le
civil est une simple règle d’ordre privé. IL résulte que cette règle ne peut être
invoquée que par les parties et que celles-ci ne sauraient le faire pour la première
fois en cassation.
B / Etendue de la règle l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil
La règle ne concerne que les décisions rendues par les juridictions de jugement
sénégalaises. L’autorité ne s’applique cependant à ces décisions que si les
conditions suivantes sont réunies : d’abord elles doivent définitives, ensuite elles ne
doivent porter que sur les points qui ont fait l’objet d’une constatation certaine et
nécessaire. Tel est le cas par exemple de la constatation relative à l’existence ou à
l’inexistence du fait matériel. C’est encore le cas pour la participation ou la non
participation du prévenu à la réalisation du délit.
C / Les applications pratiques
1er cas : le juge pénal a prononcé une condamnation. Dans cette hypothèse, le juge
civil ne peut retenir le contraire. IL doit allouer des dommages et intérêts à la victime
si celle-ci démontre l’existence d’un préjudice qui résulte de l’infraction.
2ème cas : le juge pénal a prononcé la relaxe ou l’acquittement. Dans cette hypothèse
le juge civil ne pourra pas contreduire cette décision. IL ne pourra pas accorder des
dommages et intérêts pour la réparation d’une faute pénale. La victime peut
cependant obtenir réparation si elle invoque une faute civile distincte de la faute
pénale. IL en va ainsi par exemple en cas d’accident de la route lorsque l’action de la
victime est fondée sur la faute présumée du gardien de l’automobile.
Tout d’abord le principe s’applique quelle que soit la juridiction saisie. Ensuite il
importe peu que le sujet passif soit le coupable lui-même, ces héritiers ou des
personnes civilement responsables. Enfin la prescription de l’AC reste soumise aux
mêmes causes d’interruption et suspension que l’action publique. On observera
cependant que ce principe ne s’applique que lorsque la victime demande la
réparation d’un dommage qui ne résulte de l’infraction. Ainsi, en cas d’accident
d’automobile, l’art.10 CPP ne peut plus être invoqué si la victime ne s’appuie sur
l’infraction mais voit dans l’agent pénal un simple gardien. Dans cette hypothèse, la
prescription de l’AC est de dix ans.