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SÉANCE 2

PARTIE 1. L’HÉRITAGE DANS LE CODE DE LA FAMILLE

Chapitre 1. La notion de l’héritage : Définition, piliers et conditions

Section 1. Définition de l'héritage

Sur le plan législatif, l’article 323 du code la famille définit l’héritage


comme étant « la transmission d’un droit, à la mort de son titulaire, après
liquidation de la succession, à la personne qui y prétend légalement, sans
qu’il y ait ni libéralité ni contrepartie ».

La lecture de cette disposition permet de constater que l'héritage est un droit


qui est transmissible et divisible après le décès de son propriétaire. Il est
transmis aux héritiers à savoir les personnes qui entretiennent, avec le
défunt, une relation légale de filiation, de parenté ou de mariage. Or, le
concept de l’héritage se définit parfois plus largement dans la littérature, en
se référant à la redistribution des patrimoines des personnes décédés aux
personnes vivants ayant légalement droit.

Donc, on ne peut pas parler d'héritage qu'après la mort du propriétaire du


patrimoine. À ce propos, l’article 324 du code de la famille stipule : «
L’héritage est de droit à la mort réelle ou présumée du de cujus1 et à la
survie certaine de son héritier ». Toute distribution ou transmission du
patrimoine pendant la vie de son titulaire ne peut pas être considérée comme
héritage, mais plutôt une donation ou autre chose.

Aussi, la succession en tant qu’un ensemble des biens ou droits


patrimoniaux laissés par le de cujus ne sera pas distribuée aux héritiers
méritants et qui y ont légalement droit qu’après avoir liquidée les droits qui
sont liés et déduits de la succession (Voir l’article 322 du code de la
famille).

1
L'expression latine dont la formule entière est " Is de cujus successione agitur " désigne celui de la
succession duquel on débat.

1
Il est essentiel de noter que l’héritage est un droit légitime acquis par l'une
des deux raisons: la filiation et la parenté ou le mariage. Ce n'est ni une
donation, ni une compensation ou une charité faite par le défunt à l'héritier.

Section 2. Piliers de l'héritage

Les piliers de l’héritage sont au nombre de trois. Si l'un de ces trois piliers
est absent, l'héritage est aussi absent. Il s’agit de :
- Le de cujus (al-Muwarith)
- L'héritier (al-Wârith) :
- L'héritage (al-Mawrûth) :

Section 3. Conditions de l'héritage

En vertu de l’article 330 du code de la famille, « la successibilité est soumise


aux conditions suivantes :

1) La certitude de la mort réelle ou présumée du de cujus (al-Muwarith) :


La personne présumée décédée est celui qui n'est plus donné de
nouvelles et à propos de laquelle un jugement de présomption de
décès a été rendu (article 325 du code de la famille). C’est le cas de la
personne absente ou disparue2 lors, par exemple, d'un tremblement de
terre ou d'une inondation, etc.

2) L’existence de son héritier au moment du décès réel ou présumé : Il


est nécessaire que la personne héritier soit vivante au moment de la
2
Dans le cas de disparition de l’individu, il faut savoir avec certitude s’il est encore en vie ou il est mort
afin de déterminer s’il garderait sa personnalité juridique ou il faut la dépouiller d’une telle personnalité.
Pour faire face à cette situation, le législateur marocain présumée décédée, la personne dont il n'est
plus donné de nouvelles et à propos de laquelle un jugement de présomption de décès a été
rendu (article 325 du code de la famille). Pour rendre un tel jugement, deux hypothèses
s’imposent :
1. La personne portée disparue est tenue pour vivante à l’égard de ses biens. Sa succession ne peut
être ouverte et partagée entre ses héritiers qu’après le prononcé d’un jugement déclarant son décès.
Elle est considérée comme étant en vie aussi bien à l’égard de ses propres droits qu’à l’égard des
droits d’autrui. La part objet de doute est mise en réserve, jusqu’à ce qu’il soit statué sur son cas
(article 326 du code de la famille).
2. Lorsqu’une personne a disparu dans des circonstances exceptionnelles rendant sa mort probable,
un jugement déclaratif de décès est rendu à l’expiration d’un délai d’une année courant à compter
du jour où l’on a perdu tout espoir de savoir si elle est vivante ou décédée (article 327.1 du code
de la famille).
Dans tous les autres cas, il appartient au tribunal de fixer la période au terme de laquelle il rendra le
jugement déclaratif du décès et ce, après enquête et investigation, par tous les moyens possibles, des
autorités compétentes pour la recherche des personnes disparues (article 327.2 du code de la famille).

2
mort de l'hérité (al-Muwarith), même pour quelques moments réels ou
par jugement comme le cas du fœtus dans le ventre de sa mère.

3) La connaissance du lien qui confère la qualité d’héritier : Il est aussi


nécessaire de connaitre l'autorité de l'héritage qui donne à son
propriétaire le droit d'hériter et de le posséder. Cette qualité d’hériter
peut être réalisée soit par les liens conjugaux, par les liens de parenté
ou par la loyauté3 (restée juste historique).

3
La loyauté est un gang causé par l'émancipation de l'esclave, et l'héritage a lieu d'un seul côté, de sorte que
l'affranchi hérite de l'émancipation et non l'inverse.

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