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Samba DABO
INTRODUCTION
Le droit des successions organise la transmission des biens de la personne
décédée, appelée de cujus, abréviation de l’expression latine is de cujus successione
agitur, c’est-à-dire la personne décédée dont la succession est en cause. Lorsqu’une
personne décède, ses biens ne disparaissent pas, ils se transmettent à un successeur «
mortis causa ». La succession est donc la transmission à cause de décès, par oppositio n
à la transmission à cause de vifs ; elle peut être rangée parmi les différents modes
d’acquérir la propriété d’un bien.
Le droit des successions a pour source le Code de la Famille issu de la loi n° 72-
61 du 12 juin 1972 entrée en vigueur le 1er Janvier 1973. Il faut noter qu’avant le Code
de la famille, il existait une diversité de statuts juridiques. Certains sénégalais étaient de
statut personnel, d’autres de statut moderne1 . C’est le Code de la famille qui a procédé
à l’unification du droit successoral sénégalais puisque l’article 830 abroge « les
dispositions du Code civil, les textes législatifs et réglementaires, les coutumes
générales et locales, les statuts particuliers applicables au Sénégal ».
Cependant, le Code de la famille n’a pas consacré une solution unique ; il a mis
en place le système des options ce qui permet de respecter les croyances et les traditio ns
de certains sénégalais. Ainsi, une dualité de succession ab intestat a été instaurée. D’une
part, les successions de droit commun, inspirés du système successoral français, d’autre
part les successions de droit musulman, inspiré du droit musulman. L’application de ce
dernier a lieu lorsque le de cujus a expressément ou implicitement voulu y être soumis
(article 571 CF).
En outre, les successions peuvent également être légales ou testamentaires. Dans
le premier cas, les héritiers désignés par la loi sont des membres de la famille du de
cujus : descendants, ascendants, collatéraux, autrement les personnes qui sont liés au de
cujus par un lien de sang. A ces personnes s’ajoute le conjoint survivant, seul allié appelé
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A. S. SIDIBE, Le pluralisme juridique en droit …. , p. 12.
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connu, les comourants sont présumés être décédés au même instant, sauf preuve
contraire qui peut être administrée par tous moyens.
Le lieu d’ouverture de la succession (c’est le dernier domicile du défunt) est
également important. D’abord, il permet de déterminer le tribunal compétent pour
connaître les actions successorales. En effet, le tribunal compétent est celui du lieu
d’ouverture de la succession sauf en matière immobilière ou de fonds de commerce).
Ensuite, il permet de régler les conflits de loi dans l’espace car la loi du lieu d’ouverture
est compétente pour l’option successorale, la mise en possession des héritiers, à
l’indivision et au partage.
Dans ce cours, nous étudierons uniquement les successions ab intesta. Ces
successions peuvent être des successions de droit commun (Chapitre I) ou les
successions de droit musulmans (Chapitre II).
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la règle est reprise par l’article 1er CF selon lequel : « […] l’enfant peut acquérir des
droits du jour de sa conception s’il nait vivant ».
Par ailleurs, il faut noter une différence particulière par rapport au droit français.
En effet, on remarque l’article 399 al. 2 CF exige seulement que l’enfant soit né vivant
; alors qu’en droit français l’enfant doit être né viable. L’enfant viable est celui qui naît
vivant et qui en plus, compte tenu des données biologiques et médicales pourra vivre.
Un enfant peut donc naître vivant sans être pour autant viable.
Au Sénégal, il aura des droits sur le patrimoine du de cujus ; il pourra succéder et
transmettre ses droits, même s’il meurt quelques temps après sa naissance.
La date de la conception est déterminée par l’article 1 er CF qui est fixée entre le
180ème jour et le 300ème jour précédant sa naissance. Cette période renvoie entre le 6 ème
et 10ème mois précédent la naissance.
L’existence du successible est une condition nécessaire mais insuffisante. Elle
doit être complétée par la condition relative à l’absence d’indignité successorale.
Exercice. Jean est décédé le 15 juin 2019. Sa veuve a donné naissance à un enfant
le 15 février 2020. Cet enfant est-il héritier de jean.
Solution :
Pour savoir si l’enfant pourra hériter, il faut déterminer la date de la conceptio n.
Elle se situe entre le 6ème mois et le 10ème mois qui précède la naissance.
[15avril2019……15mai.2019…….15juin.2019……………15juil.2019…………15A
out.2019]………..15sep.2019…………15oct.2019…………15nov.2019…………15d
ec. 2019…………15janv 2020…………15 fev. 2020.
Paragraphe 2. L’absence d’indignité successorale
Pour succéder, il ne faut pas être indigne. Les personnes frappées d’indignité
successorale sont celles qui ont commis des fautes graves envers le de cujus. Il y a deux
causes d’indignité successorale.
Cependant, l’indignité successorale peut s’effacer par l’effet du pardon.
A. Les causes d’indignité
Les articles 400 et 401 prévoient expressément l’indignité de plein droit et l’indignité
facultative.
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les descendants de l’indigne peuvent le représenter selon l’article 521 CF. Toutefois, en
cas de représentation, l’indigne ne peut administrer les biens dévolus à ses descendants
qui le représentent.
2. Effacement de l’indignité par le pardon
Selon l’article 402 CF le pardon accordé par le défunt fait cesser l’indignité
successorale. Cependant, le pardon n’a que des conséquences pécuniaires ; il ne remet
en cause ni la condamnation si elle a lieu, ni la poursuite. La preuve du pardon peut en
être rapportée par tous moyens.
Exercice d’application : Souleymane Ndiaye et Juliette Diatta se marient le 10 mai
2010. De leur union naissent deux enfants : Suzanne et Ibrahima. Le 30 avril 2015,
Souleymane annonce à Juliette qu’il va épouser une seconde épouse. Il s’ensuit une
violente dispute.
Juliette lui donne plusieurs coups de couteau. Souleymane décède des suites de
ses blessures. Juliette est condamnée à dix ans de prison pour homicide volonta ire.
Cependant, elle a donné naissance à un garçon nommé Bafa 5 mois après le décès de
Souleymane. Procédez à la dévolution successorale de Souleymane.
Solution : Juliette sera déclarée indigne de succéder et exclue de la succession.
Les héritiers sont Suzanne, Ibrahima et bafa (car il est conçu avant la dissolution du
mariage).
Chaque enfant aura 1/3 de la succession.
Pour la gestion des biens des enfants mineurs, un tuteur ad hoc sera désigné. Juliette sera
déchue de gérer les biens de ses enfants mineurs car elle est déclarée indigne.
Section II. Les principes généraux de la dévolution successorale
Il y a quatre principes ; il s’agit du principe de la hiérarchie des ordres des
héritiers, de la priorité selon le degré de parenté, de la fente et de la représentation.
Paragraphe I. Le principe de la hiérarchie des ordres
Ce principe signifie que les héritiers viennent à la succession par ordres. En fait,
les héritiers sont répartis en quatre ordres :
L’ordre des descendants, l’ordre des ascendants privilégiés et des collatéra ux
privilégiés, l’ordre des ascendants ordinaires et l’ordre des collatéraux ordinaires.
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Ceux qui appartiennent au premier ordre sont appelés avant ceux du deuxiè me
ordre. Ceux-ci priment sur le troisième ordre qui a leur tour priment ceux du quatriè me.
Cependant, ce principe comporte des dérogations. D’abord, nous verrons que le
principe de la hiérarchie des ordres ne s’applique pas au conjoint survivant du de cujus.
Celui-ci vient en concours avec les héritiers de tous ordres pour exercer son droit de
succession. Ensuite, par application du principe de la fente, que nous étudierons par la
suite, l’héritier d’un ordre donné peut être en concours avec un héritier d’un ordre
inférieur, par exemple un ascendant du troisième ordre représentant la ligne paternelle
peut partager la succession avec un collatéral ordinaire du quatrième ordre représentant
la ligne maternelle.
A. Ordre des descendants
Il comprend les descendants du défunt, c’est-à-dire ses enfants, petits-enfa nts,
arrière-petits-enfants, etc. Cet ordre exclut les ordres suivants.
B. L’ordre des ascendants privilégiés et des collatéraux privilégiés
C’est le deuxième ordre. Il comprend d’une part les ascendants privilégiés, c’est-
à-dire le père et la mère du défunt. D’autre part les collatéraux privilégiés, c’est-à-dire
les frères et sœurs du défunt et leurs descendants (nièces et neveux). Autrement dit il
réunit la famille « nucléaire » du de cujus. Cet ordre exclut en principe le troisième et
quatrième ordre.
C. L’ordre des ascendants ordinaires
C’est le troisième ordre. Il comprend les ascendants autres que les père et mère.
Il s’agit des grands parents, les arrières grands parents etc. cet ordre exclut le quatriè me
ordre.
D. L’ordre des collatéraux ordinaires
C’est le quatrième ordre, il comprend tous les collatéraux autres que les frères et sœurs
et leurs descendants. Cet ordre concerne les oncles, les tantes, les cousins, les cousines,
les grands oncles et les grandes tantes.
Exercices
1. Le de cujus laisse son fils, ses deux filles, son père et son oncle.
Solution :
Le fils et les filles sont des descendants, héritiers du 1 er ordre ;
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de son propre chef. Lorsqu’il concourt, sans être le plus proche en degré, avec des
héritiers plus proche que lui, au lieu et place de son père prédécédé, on dit qu’il vient
par représentation.
Ce principe a pour but d’éviter des situations injustes. Il s’agit d’empêcher
certains membres de la famille ne soient écartés en raison du décès prématuré de leur
père et mère. En effet, supposons qu’une personne qui avait deux fils, dont l’un est
prédécédé laissant lui- même des enfants, meurt à son tour. A son décès, si la
représentation n’existait pas, le fils survivant qui est au premier degré prendrait toute la
succession, car les enfants du fils prédécédé, c’est-à-dire les petits enfants du défunt, ne
sont qu’au deuxième degré. La représentation corrige ce résultat. Grâce à elle, les petits
enfants du défunt vont représenter leur père prédécédé ; ils vont venir en ses lieu et place,
en concourt avec le fils du défunt, leur oncle, et ils recevront la part qu’aurait eue leur
père, s’il avait été encore vivant.
La représentation permet donc aux descendants qui seraient écartés par la règle
de la proximité du degré, de venir à la succession en prenant le degré de leur auteur
prédécédé. La représentation est encore utile en cas d’égalité de degré. Elle écarte la
règle de l’égalité de droits résultant de l’égalité de degrés.
Cependant, la représentation présente un inconvénient sérieux. Elle a pour
conséquence d’appeler à la succession un très grand nombre de personnes, ce qui
entraine une multitude de copartageant et par suite un morcellement de la propriété.
C’est la raison pour laquelle le Code de la famille n’admet la représentation que dans
certains cas limités.
1. Le domaine de la représentation
La représentation a lieu à l’infini dans la ligne directe descendante, c’est-à-dire
aux héritiers du 1er ordre. Elle est aussi admise dans la ligne collatérale, au profit des
enfants et descendants des frères et sœurs prédécédés du défunt.
La représentation s’applique à deux catégorie de succession : les descendants du
de défunt et les descendants des frères et sœurs du défunt.
Exemple 1 : le de cujus avait quatre filles. L’une d’elles est prédécédée et laisse un fils
légitime. Ce fils légitime représentera sa mère. Exemple 2. Le de cujus avait deux frères
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et une sœur. Celle-ci prédécédée laisse une fille et un fils légitimes. Ces deux enfants
(nièce et neveux du de cujus) vont représenter leur mère.
2. Les conditions de la représentation
La représentation suppose des conditions très précises qui doivent être réunies,
les unes, dans la personne du représenté, les autres, dans celle du représentant.
- Conditions relatives au représenté
Deux conditions sont exigées à l’égard du représentant :
La première condition est qu’il soit prédécédé. Si par exemple, le fils du défunt
vit encore, mais renonce à la succession, les enfants de ce fils encore vivant ne peuvent
pas venir à la succession de leur grand-père par représentation de leur père, mais ils
peuvent y venir de leur propre chef. Cependant, l’enfant prédécédé peut être représenté
même s’il est indigne.
La deuxième condition est qu’il soit codécédé dans des conditions prévues par
l’article 398 CF. Cette disposition fait référence à la théorie des comourants qui signifie
que si les personnes successibles les unes des autres meurent au même instant soit dans
un même énervement (accident de circulation par exemple), soit dans évèneme nts
concomitants (catastrophes naturelles), la succession de chacune d’elle est dévolue sans
que l’autre y soit appelé. Cependant, l’article 521 CF prévoit la représentation à l’égard
des descendants légitimes des enfants codécédés.
- Conditions relatives au représentant
En ce qui concerne le représentant, deux conditions sont également requises :
Premièrement, le représentant doit être légitime. Un enfant naturel ne peut pas
représenter. Cependant, l’enfant naturel peut être représenté. Deuxièmement, le
représentant doit avoir une vocation personnelle à succéder au défunt, c’est-à-dire il doit
être vivant ou tout au moins conçu au moment de l’ouverture de la succession et ne peut
être personnellement indigne de recueillir la succession la succession du de cujus.
3. Les effets de la représentation
La représentation a pour effet de mettre le représentant dans le degré, dans la
place et dans les droits du représenté. Le représentant prend la place du représenté ; il
monte de degré en degré jusqu’au degré du représenté. Il a droit à la même part que celle
qu’aurait eue le représenté s’il était venu lui-même à la succession. En aucun cas il peut
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avoir une part supérieure. Aussi est-il tenu de rapporter à la succession les libéralités qui
ont été faites au représenté comme le représenté aurait tenu de le faire s’il était venu lui-
même à la succession.
Lorsqu’il y a plusieurs héritiers qui représentent le de cujus, le partage se fera par
souche et non par tête. Ils répartissent ensuite entre eux la part du représenté.
Paragraphe IV. Le principe de la fente
Lorsque la succession est dévolue à des ascendants ou à des collatéraux, elle se
divise, elle se fend en deux parts égales : une moitié revient aux parents de la ligne
paternelle, l’autre moitié aux parents de la ligne maternelle. La fente joue aussi entre
collatéraux privilégiés lorsque coexistent d’une part des frères et sœurs germains et
d’autre part des frères et sœurs consanguins ou utérins.
1) Application de la fente aux collatéraux privilégiés
Selon l’article 523 al. 4, la fente joue entre collatéraux privilégiés lorsque
coexistent d’une part des frères ou sœurs germains et d’autre part des frères ou sœurs
germains et d’autre part des frères ou sœurs consanguins ou utérins.
Exemple : le de cujus laisse un frère consanguin et une sœur germaine.
½ Ligne paternelle I ½ Ligne maternelle
¼ frère consanguin ½ sœur germaine
¼ sœur consanguine
Le frère consanguin aura ¼ + ¼ = ½ La sœur germaine aura ¼ + ½ = ¾.
2) Application de la fente aux ascendants et aux collatéraux ordinaires
L’origine de la fente se trouve dans la règle « paterna paternis materna maternis
» de l’ancien droit français selon laquelle lorsque le de cujus ne laisse pas de
descendants, les biens venant de son père revenaient de la ligne paternelle et ceux venant
de sa mère à la ligne maternelle. Cette règle a pour but la conservation des biens dans
les familles. On voulait éviter, qu’à la faveur d’une succession, les biens acquis par les
ancêtres ne passent à une autre famille. Le but de la fente est actuellement différent. Il
s’agit d’assurer l’égalité entre les lignes paternelle et maternelle en donnant la moitié de
la succession à chacune de ces lignes.
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descendants les plus proches en degré de parenté excluent les descendants les
descendants les plus éloignés sous réserve de la représentation. Ici le partage se fera par
tête.
2. Le de cujus laisse des ascendants et collatéraux privilégiés
Si le de cujus laisse les ascendants et les collatéraux privilégiés, ceux-ci vont hériter
à défaut des descendants légitimes. Cet ordre comprend d’une part, les père et mère et
d’autre part, les frères et sœurs et leurs descendants. Donc, les père et mère qui sont des
parents au premier degré en ligne directe ne vont pas exclure les frères et sœurs du de
cujus. Ici la succession se divise en deux parties : la moitié est dévolue aux ascendants
privilégiés et l’autre moitié sera dévolue aux collatéraux privilégiés.
3. Le de cujus laisse des collatéraux ordinaires
Le quatrième ordre comprend les collatéraux du défunt autre que les collatéra ux
privilégiés. Il s’agit donc des collatéraux ordinaires. Le principe de la fente est
applicable à ses collatéraux lorsqu’il coexiste de double lien de sang entre eux.
Exercice d’application
1. Le de cujus laisse son père, sa mère, 2 frères et 3 sœurs.
2. Le de cujus laisse son père, 2 frères et 4 sœurs.
3. Le de cujus laisse son père, sa mère, son oncle, sa tante et son cousin.
4. Le de cujus laisse sa fille, deux fils, son neveu et son père.
Paragraphe II. Les droits successoraux des parents naturels
Nous envisagerons d’une part les droits successoraux de l’enfant naturel (paragraphe
1), d’autre part la dévolution successorale de l’enfant naturel (paragraphe 2).
A. Les droits successoraux de l’enfant naturel
Les droits successoraux des parents naturels sont déterminés par les articles 533 ;
534 et 535 du Code de la famille. Le principe est posé par le premier texte qui proclame
l’égalité au point de vue successoral de l’enfant naturel (dont la filiation est
juridiquement établie) et de l’enfant légitime. Cependant, cette égalité connaît deux
restrictions. Il s’y ajoute le cas particulier de l’enfant naturel de l’article 534 CF.
I. Les restrictions des droits successoraux de l’enfant naturel La vocation successorale
de l’enfant naturel est très réduite. Il existe deux restrictions :
a. Les restrictions liées à la vocation successorale
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1ère restriction
L’enfant naturel n’a des droits successoraux que dans la succession de ses père et mère .
C’est ce qui ressort de l’article 533 al. 1 CF selon lequel « Les enfants naturels […] sont
appelés à la succession de leur père et mère […] ». Un enfant naturel ne peut donc
hériter de ses frères et sœurs2 .
2ème restriction
L’enfant naturel ne peut représenter son père ou sa mère. C’est qui ressort a contrario
de l’article 521 CF que le représentant doit être légitime.
Exercice d’application
1. Le de cujus laisse 4 enfants : 3 enfants légitimes A, B, C et un enfant naturel D.
2. Le de cujus laisse une fille naturelle, un fils légitime et deux fils légitimes de son fils
naturels prédécédé.
B. L’enfant naturel de l’article 534
Cet enfant n’aura pas toujours les mêmes droits qu’un enfant légitime. Ses droits seront
en effet diminués lorsque l’épouse de son père n’aura pas donné son acquiescement.
1. La détermination de l’enfant naturel de l’article 534 L’article 534
évoque l’enfant né hors mariage. Cet enfant ayant été reconnu par son auteur pendant
qu’il était engagé dans les liens du mariage.
1ère situation = il s’agit d’un enfant adultérin. C’est lorsqu’un homme a pendant son
mariage un enfant d’une autre que son épouse et le reconnaît.
2ème situation = il s’agit de l’enfant né avant le mariage de son père mais qui est reconnu
par celui-ci pendant son mariage avec une autre que sa mère.
b. Les droits successoraux de cet enfant
Dans la 1ère situation, c’est-à-dire l’enfant adultérin, il convient de protéger la famille
légitime contre l’adultère en particulier l’épouse bafouée.
Dans la deuxième situation, il s’agit de protéger l’épouse qui ignorait l’existe nce
d’un enfant naturel de son mari.
Fort de ces considérations, le législateur concède à l’enfant des droits
successoraux mais à condition que l’épouse donne son acquiescement.
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Il faut cependant nuancer cette règle car il ressort de l’article 537 CF qu’il peut hériter de ses frères et sœurs
naturels comme lui.
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Si l’épouse acquiesce,
L’acquiescement de l’épouse peut être donné, soit dans l’acte de reconnaissance, soit
par une déclaration distincte souscrite par la femme devant un officier de l’état civil3 .
L’acquiescement de l’épouse permet à la reconnaissance du mari de produire son plein
effet successoral. Comme l’indique l’article 534 al. 4 : « Lorsqu’il s’agit d’un enfant né
hors mariage, l’auteur de la reconnaissance qui était engagé dans les liens de mariage
au moment de la reconnaissance doit pour qu’elle produise son plein effet, justifier de
l’acquiescement de son ou ses épouses ». Par conséquent si l’épouse ou les épouses (en
cas de polygamie) acquiescent, l’enfant naturel aura les mêmes droits que s’il avait été
légitime.
Si l’épouse n’acquiesce pas
Selon l’article 534 al. 2, si l’épouse n’acquiesce pas, l’enfant n’aura droit qu’à la moitié
de la part successorale d’un enfant légitime. Et en l’absence d’enfant légitime, il aura la
moitié de ce qu’il aurait eu s’il était légitime.
La question se pose de savoir qui bénéficie du surplus dans l’un et l’autre cas. En
présence d’enfant légitime, le législateur est muet mais il serait logique que les enfants
légitimes et le conjoint survivant bénéficient du surplus.
B. La dévolution successorale de l’enfant naturel
1. La dévolution en présence de conjoint ou de descendants
Selon l’article 536 CF la succession du de cujus est dévolue à ses enfants et
descendants légitimes, à son conjoint survivant, à ses enfants naturels et aux descendants
légitimes de ces derniers.
Si le de cujus ne laisse ni descendants, ni ascendants privilégiés, ni collatéra ux
privilégiés, la succession est dévolue pour le tout au conjoint survivant.
2. Dévolution en l’absence de conjoint et de descendant
Selon l’article 537 CF, si le de cujus est un enfant naturel et ne laisse ni de
conjoint survivant, ni de descendant, sa succession est dévolue pour moitié à ses père et
mère et pour moitié à ses frères et sœurs légitimes ou naturels.
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CF Art. 534 al. 2.
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». Autrement dit, l’adopté pourra hériter de ses parents adoptifs et de ses frères et sœurs
adoptifs.
On remarque que l’article 540 al. 2 n’évoque que l’adoptant et ses enfants
(légitimes, naturels ou adoptifs) de sorte que, à première vue, l’adopté ne peut hériter
des autres membres de la famille de l’adoptant comme par exemple ses ascendants.
Pourtant, l’article 540 al.3 dispose : « Toutefois, l’adopté n’est pas héritier
réservataire à l’égard des ascendants de l’adoptant ». Cet aliéna est surprenant car si
l’article 540 al. 2 ne concerne pas les ascendants de l’adoptant autrement dit si l’enfa nt
adopté n’hérite pas des ascendants de l’adoptant, il n’est pas leur héritier et s’il n’est pas
héritier, il ne peut être réservataire. Par conséquent, l’al. 3 ne présente aucun intérêt ; on
pourrait s’en passer.
Cette incongruité s’explique par le fait que l’article 540 reproduit plus ou moins
l’article 368 du Code civil français. Selon ce texte relatif à l’adoption simple :
« L’adopté et ses descendants ont dans la famille de l’adoptant les mêmes droits
successoraux qu’un enfant légitime sans acquérir cependant la qualité d’héritier
réservataire à l’égard des ascendants de l’adoptant ». Autrement dit, en droit français,
l’adopté hérite des membres de famille de l’adoptant (le terme famille est large et
recouvre les descendants, ascendants et collatéraux privilégiés, ascendants ordinaires et
collatéraux ordinaires) avec cette restriction qu’il n’est pas héritier réservataire des
ascendants de l’adoptant : il est leur héritier simple et peut être déshérité par ceux-ci qui
peuvent le priver de sa part successorale par donation ou legs en faveur d’autres
personnes.
Au Sénégal, l’article 540 al. 3 ne peut être interprété comme l’article 368 du Code
civil car il existe une différence fondamentale. Dans l’article 540 alinéa 2, il est question
de la succession de l’adoptant et de celle des enfants légitimes, naturels ou adoptifs de
ce dernier et non de la famille de l’adoptant. Par conséquent, les ascendants de l’adoptant
ne sont pas visés par l’article 540 al. 2.
Cela dit, on pourrait considérer malgré la rédaction de l’article 540 qua l’adopté
hérite de ascendants sans être réservataire. Solution favorable à l’adopté qui serait ainsi
héritier des ascendants de l’adoptant et favorable aux ascendants de l’adoptant puisqu’ ils
pourraient le déshériter. Ce serait donc une solution de compromis.
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2. L’adopté, de cujus
Si l’adopté laisse des descendants, on applique mutatis mutandis les règles
générales de la dévolution : ses descendants se partageront la succession ainsi que son
conjoint survivant … en tenant compte des principes généraux de la dévolutio n
successorale.
En revanche, la dévolution de la succession de l’adopté pose problème lorsqu’il
ne laisse pas de descendants. L’article 541 CF prévoit des solutions qui tiennent compte
du double lien existant entre l’adopté et sa famille d’origine d’une part et entre l’adopté
et sa famille adoptive d’autre part. Ainsi, l’article 541 prévoit un droit de retour.
Selon ce texte, les biens donnés par l’adoptant à l’adopté ainsi que ceux de l’adopté a
recueillis dans la succession de l’adoptant doivent faire retour à l’adoptant ou à ses
descendants, s’ils existent encore en nature lors du décès de l’adopté.
De même, selon ce texte, les biens que l’adopté avait reçus à titre gratuit de ses
père et mère doivent être restitués à ceux-ci ou à leurs descendants.
S’agissant des autres biens de l’adopté, l’article 541 al. 2 dispose « le surplus des
biens de l’adopté se divise entre sa famille d’origine et la famille de l’adoptant. A défaut
d’héritier dans une famille, la succession est dévolue pour le tout à l’autre ». Dans la
famille adoptive sont seuls héritiers de l’adopté : l’adoptant, ses descendants et ses
ascendants4 . On peut remarquer que les ascendants de l’adoptant peuvent hériter de
l’adopté alors que l’inverse n’est peut-être pas vrai5 .
Enfin, d’après l’article 541 al. 4 « les dispositions des alinéas 1 et 2 du présent
article ne s’appliquent que sous réserve des donations consenties par le défunt à son
conjoint ». Autrement dit, il n’y a pas de remise en cause des donations faites à son
conjoint par le de cujus. Si par exemple ayant reçu gratuitement un bien de ses parents
adoptifs ou de ses père et mère biologiques, il l’avait donné à son conjoint, ce bien ne
pourra être restitué à ceux-ci. De même, pour le partage du surplus, il ne sera pas
demandé au conjoint de restituer les biens que lui avait donnés le de cujus.
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CF Art. 541 al. 3
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On peut donc permettre par réciprocité que l’adopté hérite des ascendants de l’adoptant puisque ceux -ci
peuvent hériter de lui.
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CF. Art. 250 al. 2.
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CF Art. 541 al. 1.
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montre bien que le fondement du droit de retour légal est la conservation des biens dans
la famille car en présence des descendants, les biens resteraient dans la famille.
A défaut de descendants, il faut assimiler la renonciation des descendants. En
effet, comme le renonçant ne peut être représenté, tout se passe comme si le de cujus ne
laissait pas de descendants, il y aura droit de retour.
Il y a aussi une condition implicite : le de cujus doit laisser son père ou mère
d’origine ou leurs descendants car c’est à eux que seront restitués les biens donnés à
l’adopté ou dont il avait hérité. Ce sont eux les bénéficiaires du droit de retour.
B. Les biens objet du droit de retour
Selon l’article 541 CF, il s’agit d’une part des biens donnés à l’adopté par
l’adoptant ou recueillis par l’adopté dans la succession de l’adoptant et d’autre part des
biens reçus par l’adopté à titre gratuit de ses père et mère d’origine.
Le même texte précise que ces biens doivent exister en nature lors du décès de
l’adopté. Par conséquent, si le de cujus a consommé ou aliéné ces biens, le droit de retour
n’aura pas lieu.
Exemple le de cujus avait été gratifié d’un immeuble par son père d’origine. Il
l’a ensuite vendu. L’immeuble ne peut être restitué car il n’existe plus en nature dans la
succession de de cujus.
Les droits acquis par les tiers sont préservés comme l’indique l’article 541 al. 1.
Ainsi, par exemple si le de cujus a donné à un tiers un bien qu’il avait reçu de son père
adoptif, le retour ne pourra avoir lieu.
La subrogation réelle ne peut non plus s’appliquer. En effet, si l’adopté a vendu
le bien qu’il avait reçu gratuitement et acheté avec les deniers un autre bien, ce nouveau
ne fait pas l’objet de retour. Ce serait en effet contraire à la condition selon laquelle le
bien doit exister en nature. Admettre la subrogation réelle serait d’ailleurs contraire à
l’esprit de la loi qui est d’assurer la conservation des biens dans la famille, ce qui
suppose qu’il s’agit du même bien.
Paragraphe II. Effets du droit de retour
Le droit de retour légal est un véritable droit successoral. Raison pour laquelle le
bénéficiaire du droit de retour doit remplir les conditions générales requises pour
succéder (existence certaine, absence d’indignité). Dans tous les cas, le bénéficiaire du
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droit de retour dispose de l’option successorale. S’il accepte, il sera tenu de payer les
dettes et de recueillir les biens dans l’état matériel et juridique où il les trouve.
A. L’option successorale
Comme tout héritier, le bénéficiaire du droit de retour a une option successorale.
Il peut donc accepter purement et simplement, accepter sous bénéfice d’inventaire ou
renoncer à la succession anomale.
Cette option est indépendante de celle qu’il peut prendre pour la successio n
ordinaire de l’adopté, c’est-à-dire le surplus. Il peut ainsi accepter la succession anomale
et renoncer à la succession ordinaire. En cas de renonciation à la succession anomale,
les biens en question entrent dans la succession ordinaire et se divisent entre famille
adoptive et famille d’origine.
B. La contribution aux dettes
L’article 541 al. 1. Précise : « […] A charge de contribuer … », mais à quelle
hauteur doit-il y contribuer ? Est-ce dans les limites de la succession anomale ? Ou ultra
vires successionis ? Tout dépend de l’option successorale qu’il a prise : s’il a accepté
purement et simplement la succession, il sera tenu ultra vires successionis, c’est-àdire
même au-delà de ce qu’il a reçu ; s’il a accepté sous bénéfice d’inventaire, il est tenu
dans les limites de ce qu’il a reçu.
C. La reprise des biens dans leur état matériel et juridique Comme tout
héritier, le bénéficiaire du droit de retour recueille les biens dans l’état matériel et
juridique où il les trouve au décès. Il doit par conséquent respecter les droits réels
constitués par l’adopté sur les biens et d’une manière générale les droits acquis par les
tiers (Art. 541 al. 1. « Sous réserve des droits acquis par les tiers ») ; ainsi par exemple
si le bien est grevé d’hypothèque, celle-ci est maintenue.
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La fille du fils
La fille du petit-fils né du fils
La mère
L’aïeule maternelle ou paternelle quel que soit son degré
La sœur germaine, consanguine ou utérine
La veuve
Exercoce. Le de cujus laisse sa mère, son père, son fils et sa veuve.
La mère et la veuve = légitimaires de sexe féminin
Père= devrait avoir la double qualité de légitimaire de sexe masculin et d’aceb par lui-
même de 2ème classe. Cependant, le fils du de cujus qui aceb de 1e r classe exclut le père
dans la classe des aceb. Finalement le père va conserver unique ment sa qualité de
légitimaire.
La veuve = 1/8 (article 610 CF) ;
La mère = 1/6 (art. 619 CF)
Le père = 1/6
Le fils = il prend le reliquat ? Soit X le reliquat.
X= 1/6+1/6+1/8 = 1 ; X= 2/6 +1/8 = 1 ; X= 1/3+1/8 = 1 ; X= 8/24 +3/24 = 1 ; X =
11/24 +1 ; X= -11/24+24/24 ; X = 13/24 ; X= 13/24
La part du fils = 13/24.
Vérification : 1/6+1/6+1/8+ 13/24= 2/6+ 1/8 +13/24= 1/3+1/8+13/24 =
8/24+3/24+13/24 = 24/24 = 1
B. L’ordre des aceb
Les aceb ont vocation à recueillir la totalité de la succession. C’est pourquoi, on les
appelle aussi « héritiers universels ». Mais cela ne veut pas dire qu’ils auront
effectivement toute la succession. Ils n’ont qu’une vocation. Leur part ne peut être qu’un
résidu de la succession. C’est pourquoi, qu’on les appelle aussi « héritiers résiduaires
». Ils peuvent même ne rien recevoir. En effet, lorsqu’un aceb est en concours avec un
héritier légitimaire, ce dernier prend sa part appelée « légitime » qui lui est attribué par
la loi, et l’aceb recueille ce qui reste de la succession et il peut ne rien rester. Il existe
trois catégories d’aceb qu’il convient d’étudier successivement.
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Solution :
La fille et la veuve = sont légitimaires de sexe féminin
Le père = légitimaire de sexe masculin et aceb de 2ème classe.
Frère germain est un aceb par lui-même de 3ème classe
Le père aceb de 2ème classe exclut le frère germain.
Les parts :
La fille = 1/2 selon l’article 604 CF
La veuve = 1/8 art. 608 CF
Le père = 1/6 art. 618 CF
Le père prend ensuite le reliquat en sa qualité d’aceb
X= 1/2+1/8+1/6 = 1 ; 12/24+3/24+4/24 = 1 ; X = 19/24 = 1
X = 1-19/24 = 24/24-19/24 = 5/24 ; X = 5/24
La part du père = 1/6 + 5/24 = 4/24+5/24 = 9/24 = 3/8
Vérification : 3/8+1/8+1/2 = 4/8+1/2= 1/2 +1/2 = 2/2 = 1.
b) Les aceb par assimilation
Il s’agit d’une part de la fille du fils qui par suite de la présence de deux ou plusie urs
filles ne peut venir à la succession comme légitimaire. Elle devient aceb en présence
d’un descendant mâle d’un degré plus éloigné.
Il s’agit d’un part de la sœur germaine ou consanguine lorsqu’elle est en concurrence
avec un aïeul paternel ; elle devient alors aceb.
EXO. Le de cujus laisse sa petite-fille née de son fils, ses deux filles et son
arrière-petit-fils.
= les 2 filles sont légitimaires de sexe féminin ;
La petite-fille, change de qualité en raison de la présence de 2 filles. Elle devient
aceb par assimilation du fait de l’arrière-petit- fils.
= l’arrière-petit- fils est un aceb par lui-même de 3ème priorité.
Les 2 filles ont droit à 2/3 de la succession selon l’article 611 CF.
La petite-fille n’aura rien car les conditions prévues pour sa part ne sont pas remplies
(art. 605 CF).
L’arrière-petit- fils est un aceb par lui-même, il prend le reliquat de la succession,
c’est-à-dire 1/3
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La fille a droit à une légitime de 2/3 (art. 611 CF), la mère a droit à 1/3 (art. 613 CF) ;
la succession est absorbée par la part des deux filles et de la mère, l’oncle germain qui
est aceb, n’aura rien.
Ils prennent le reliquat de la succession s’il existe des héritiers légitimaires qui n’ont pas
tout prix. Exemple, le de cujus laisse sa fille et son frère germain.
La fille est légitimaire, elle a droit à une légitime de ½ (art. 604 CF). Le frère Germain
aura le reliquat donc le ½.
Selon l’article 596-3°) si après les prélèvements pratiqués par les légitimaires il y a un
reliquat et s’il n’existe pas d’héritier aceb pour le recueillir, les héritiers légitimaires se
partagent ce reliquat au prorata de leur part de succession.
Exemple : le de cujus laisse sa fille et sa veuve
= La fille est légitimaire ; sa légitime est de ½ (art. 604 CF)
= La veuve est légitimaire ; sa légitime est de 1/8 Art 610 CF
= après prélèvement de leur légitime 1/8 + 1/2 = 4/8+1/8= 5/8. Il reste un reliquat de
3/8. Ce reliquat sera partagé entre la fille et la veuve au prorata.
La fille dont la légitime est de 4/8 aura 4 fois plus que la veuve dont la légitime est de
1/8.
Soit X la part de la veuve sur le reliquat, la fille aura 4X ; ainsi le reliquat de 3/8 doit
être divisé en 5 soit 3/8/5 = 3/40. La veuve aura 3/40 et la fille 12/40.
En définitive : la fille aura 1/2+ 12/40= 20/40+12/40= 32/40= 4/5.
La veuve aura 1/8 +3/40 = 5/40+3/40= 8/40= 1/5
2. Cas d’exclusion entre deux ordres
Un aceb peut exclure un légitimaire et inversement
Exclusion d’un légitimaire par un aceb
L’article 590 al. 2 donne un exemple d’exclusion d’un légitimaire par des aceb. Selon
ce texte, les frères et sœurs utérins (légitimaires) ont exclus par le père, l’aïeul paternel
par le fils et le fils du fils.
Exclusion d’un aceb par un légitimaire
Etant donné que les légitimaires prennent leur part et que les aceb prennent le reliquat,
s’il ne reste rien, les aceb seront par la même exclus ; comme l’indique l’article 596-1°
: « […] si ces prélèvements absorbent la totalité de la succession, les aceb sont exclu ».
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4. Le privilège de masculinité
A égalité de degré et de lien de parenté, on tient compte du sexe. Si les aceb en concours
sont de même sexe, le partage a lieu par tête (art. 636 al. 1 CF).
Si les aceb en concours ne sont pas de même sexe, les hommes ont le double de la part
des femmes (art. 637 al. 1 CF).
B. Dévolution dans l’ordre des légitimaires
Il existe des règles générales qui concernent la dévolution dans l’ordre des légitimaires .
Un légitimaire peut en exclure un autre exemple : le père exclut le grand-père paternel
et la grand-mère paternelle ;
Lorsque les légitimaires sont en concours, il n’y a pas de rang de préférence et chacun
peut réclamer sa légitime. Toutefois, lorsque la somme de ces légitimes dépasse l’unité,
autrement quand la succession est insuffisante pour que chaque légitime reçoive la part
que lui attribue la loi, chacune des parts doit être réduite proportionnellement (art. 598
al. 2).
Lorsqu’un légitimaire a doublement la qualité de légitimaire par rapport au défunt, il ne
peut hériter qu’en vertu du lien le plus avantageux (Art. 599CF).
Paragraphe 2. La dévolution à l’Etat
Selon l’article 644 CF « A défaut d’héritiers légitimaires ou d’héritiers aceb ou de
parents par les femmes non légitimaires jusqu’au 12ème degré, la succession est acquise
à l’Etat ». Comme dans les successions de droit commun, l’Eta recueille les successio ns
en déshérence et administre les successions vacantes.
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