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Successoral
PLAN :
I/ La consécration de l’autonomie de la volonté
Tout ceci, constitue l’objet d’étude de cette branche du droit ayant vocation à régir les
successions et libéralités. C’est le droit successoral qui traite des difficultés relatives à la
transmission universelle du patrimoine du défunt. Le droit successoral met exergue une certaine
expression de la volonté dans la désignation des héritiers.
A la lumière de tous ces arguments se pose la question suivante : Quel est l’étendue la volonté
en matière successorale ?
Cette question a été amorcée en France, par la réforme du droit successoral de 2006, à la suite de
laquelle cette dernière a été allégé de sorte à pouvoir en dehors des successions prévues par la
loi choisir des procédés permettant de favoriser un enfant handicapé par exemple, par rapport
aux autres héritiers. Pour concrétiser cette entente, des pactes familiaux peuvent être conclus
avant le décès du défunt, et peuvent, inclure des renonciations à leurs droits de réserve de la
part des futurs réservataires.
L’intérêt pratique de ce sujet réside dans le fait qu’il va nous permettre d’appréhender la place
qu’occupe le principe irréductible de l’autonomie de la volonté en droit successoral; qui se
manifeste, d’une manière ou d’une autre, dans la quasi-totalité des branches du droit privé.
Dans un souci de répondre à cette question, il sera question d'appréhender dans une première
partie la volonté tant du de cujus que des héritiers et dans une seconde partie de voir les
limites apportées à ce principe. Ne connaissant pas de limites in abstracto, la volonté ne peut
s’autoréguler et tend à transformer une matière juridique en une matière judiciaire, laissant au
juge le soin de contrôler la volonté du défunt, ainsi nous aurons à voir la consécration de
l'autonomie de la volonté (I) pour commencer et L'édulcoration de l'autonomie de la volonté en
droit successoral (II) pour terminer.
I/La consécration de L’autonomie de la volonté
L’autonomie de la volonté est une théorie ancienne qui constitue un pilier du droit. Cette
théorie est à la base de la création du droit des contrats. Et eut un impact indéniable sur
le droit patrimonial plus précisément en droit successoral. La succession, plus
particulièrement le droit des successions vise la transmission des biens d’une personne
après son décès soit à ces héritiers légataires soit à ceux qu’il a désigné par le biais de
libéralités. Ainsi, l’expression de la volonté en droit successoral peut être dévolue et au de
cujus (A) et aux héritiers (B).
Le De cujus peut aussi opter pour la rédaction d’un testament. L’article 656 du code de la
famille sénégalaise définie le testament comme un acte unilatéral par lequel le testateur
transfère à titre gratuit pour le temps où il n’existera plus tout ou une partie de ses biens et
qu’il peut révoquer. Pour disposer validement de ses biens pour après son décès il faut le
faire par un document qui ait la forme voulue pour être valide comme testament ou
codicille sans quoi la disposition sera nulle. Cette règle s’applique peu importe que l’on
dispose de tout ou une partie de ses biens, bien que la loi soit sévère sur les formalités.
L’ouverture d’une succession ne peut se faire que lorsqu’un ou les héritiers manifestent
leur volonté. La volonté des héritiers se réfère à la capacité des héritiers à prendre des
décisions concernant la succession de leur parent décédé. Il leur est permis d’exprimer
leur volonté en procédant soit à une acceptation pure et simple de l’héritage, ce qui inclut
les actif et passif du de cujus tels qu’en disposent les articles 418 et suivants ; soit
procéder à une acceptation sous bénéfice d’inventaire, une possibilité bien encadrée par le
code la famille aux articles 428 et suivants ; permettant au bénéficiaire de ne rembourser
les dettes du de cujus qu’à auteur des biens recueillis à ne pas confondre avec son
patrimoine personnel.
Il peut aussi renoncer à l’héritage. Les personnes appelées à hériter peuvent décider de
ne pas prendre leur part et de sortir de la succession si elles ont peur de devoir payer des
dettes ou, au contraire pour favoriser leurs propres héritiers succédant à leur place. Il
s’agit également d’une possibilité consacrée aux articles 444 et suivants. L’expression de
la volonté des héritiers inclut aussi la possibilité de choisir comment les biens et les actifs
sont distribués entre les héritiers.
En l’absence de la volonté manifeste du de cujus concernant l’application d’un système
de partage, les héritiers peuvent y procéder. L’article 464 permet aux héritiers de
convenir librement sur les modalités d’un partage amiable et/ou de gestion des biens
entre eux. Par voie judiciaire, ils peuvent faire valoir leur volonté en sollicitant une
attribution préférentielle telle qu’en dispose l’article 476 du code de la famille.
Cependant, notons qu’il ne s’agit pas d’une pleine liberté d’expression de la volonté.
L’expression de la volonté en droit successoral est limitée et se heurte très souvent à l’ordre
public et à la libre appréciation du juge.
Cette définition relativement claire avait été envisagée par la jurisprudence sénégalaise
prononcée sur la nature juridique de la réserve héréditaire dans un arrêt du 19
décembre 2007 rendu par la Cour suprême. La jurisprudence a pris soin de dire que
“pour savoir si un bien dont le de cujus a disposé entamé ou non la réserve héréditaire, il
faut obligatoirement l’inclure en valeur dans la masse successorale et ensuite seulement
vérifier si ladite valeur ne dépasse pas le tiers de cette masse appelée quotité disponible,
comme le recommande l’article 504 du code de la famille”. On comprend donc aisément
que le disposant ne peut en aucun cas porter atteinte à la réserve héréditaire au moyen
d'un testament ou encore d’une donation entre vifs. Cette réserve limite donc la
possibilité de déshériter ses enfants.
Outre ces contre indications, il est consacré des actions en réduction des libéralités
consenties menées uniquement par les héritiers, relativement aux articles 505 et 506 du
Code de la famille senegalais. En effet, il y’a lieu de reduction sur demande des héritiers
réservataires après constat d’une atteinte à la réserve héréditaire par le dépassement
de la quotité disponible, même s’il s’agit d’une donation entre époux, comme en dispose
l’article 817 du code de la famille senegalais “Toutes donations faites aux époux en vue du
mariage sont, lors de l’ouverture de la succession du donateur, réductibles à la portion
disponible fixée aux articles 504 et suivants.”
En droit civil l'ordre public regroupe un ensemble de de règles juridiques régissant les
rapports entre individus et la protection de l'intérêt général. Tel que posé à l'article 42
du code des obligations civiles et commerciales du Sénégal en conformité avec l'article 6
du code civil français « on ne peut déroger par des conventions particulières aux lois qui
intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs » ; en d'autres termes, l'ordre public
successoral vise la protection des héritiers et la protection de l'intérêt général.
Les Pactes sur successions futures sont des "contrats" ayant pour objet d'attribuer un
droit privatif ou de renoncer à un droit sur la succession non ouverte d'un tiers. Ceci
équivaut à l'article 722 du code civil français qui dispose « les conventions qui ont pour
objet de créer des droits ou de renoncer à des droits sur tout ou partie d'une succession non
encore ouverte ou d'un bien en dépendant ne produisent effet que dans les cas où elles sont
autorisées par la loi ». De plus, l'article 499 du code de la famille en ses alinéas 1 et 2
dispose « Sont interdites toutes stipulations ayant pour objet d'attribuer un droit privatif
ou de renoncer à un droit sur la succession non ouverte d'un tiers. Sont permises les pactes
sur la succession ouverte ou non d'un des contractants ». En effet, la prohibition des
pactes sur successions futures est une règle d'ordre public successoral traduisant qu'un
"futur défunt" ne peut organiser par contrat la transmission à venir de son actif et de son
passif qui ne composeront sa succession qu' au jour de son décès ; aussi il est interdit à
un héritier présomptif de disposer d'un droit successoral en faveur d'autrui pour le cas
où il lui serait transmis par les opérations successorales. Les interdits sont au nombre de
3: Un héritier présomptif ne peut renoncer aux droits qu'il aurait dans une succession
non encore ouverte, ces héritiers ne peuvent transmettre à autrui, par contrat, des droits
concrets ( biens, legs) ou abstraits(la quote part de la succession) pour le cas où il lui
serait dévolu par la loi ou le testament Le futur défunt ne peut créer des droits qui ne
naîtront qu'à son décès, ni conclure des conventions avec ses "futurs héritiers" pour
organiser la répartition de son patrimoine.