Vous êtes sur la page 1sur 6

La Volonté en Droit

Successoral
PLAN :
I/ La consécration de l’autonomie de la volonté

A/La manifestation de la volonté du de cujus

LES EXPOSANTS : B/ L’extension de la volonté aux héritiers

Yacine DIALLO II/ L’édulcoration de l’autonomie de la volonté en droit


Mame Diarra GUEYE successoral
Sadiya Dodo HAMANI
Salamata MBENGUE A/ La notion de réserve héréditaire
Fallou Galass MBACKE
Yama NDIAYE B/ La succession ab intestat et la prohibition des pactes
Mame Diarra SAMB sur succession future
INTRODUCTION

Au regard du droit, de la religion ou encore de la sociologie, le passage pour l’être humain de la


vie à la mort constitue une étape capitale et autour de laquelle gravitent des enjeux aussi
importants les uns que les autres. Parmi ceux-ci, il y’a celui qui découle du fait que le défunt
laisse derrière lui des droits et des biens qui seront légués à des personnes vivantes et qui en
seront jugées digne. C’est la question de l’héritage. Conformément aux propos du juriste Français
Jean DOMAT qui dit : « L’ordre des successions est fondé sur la nécessité de continuer et de
transmettre l’état de la société de la génération qui passe à celle qui suit... », On peut affirmer sans
ambiguïté que l’héritage n’est ni plus ni moins qu’une transmission des biens et des choses entre
les membres d’une société déterminée; les biens étant, tour à tour, la propriété des uns, puis
celle des autres. Du point de vu sociologique, l’amour, la vie et la mort en constituent les
principaux moteurs. Plus précisément la mort, parce qu’elle oblige fatalement à transmettre les
biens du défunt à d’autres, ses héritiers.

Tout ceci, constitue l’objet d’étude de cette branche du droit ayant vocation à régir les
successions et libéralités. C’est le droit successoral qui traite des difficultés relatives à la
transmission universelle du patrimoine du défunt. Le droit successoral met exergue une certaine
expression de la volonté dans la désignation des héritiers.

Partant du dictionnaire « Larousse », la volonté est la faculté de vouloir, de se déterminer à


quelque chose ; en particulier. Du point de vue juridique, la volonté l’expression de la volonté,
consistant à être libre de conclure les actes de son choix, se manifeste dans toutes les branches du
droit privé, elle constitue une source fondamentale du droit. Entre, les successions de par son
caractère statistiques ainsi que la vocation révolutionnaire ou libertaire des libéralités, on
constate aisément qu’en droit successoral, il existe des situations où l’on a plus ou moins la
possibilité désigner, de par notre volonté propre ceux à qui seront transmis nos biens.

A la lumière de tous ces arguments se pose la question suivante : Quel est l’étendue la volonté
en matière successorale ?

Cette question a été amorcée en France, par la réforme du droit successoral de 2006, à la suite de
laquelle cette dernière a été allégé de sorte à pouvoir en dehors des successions prévues par la
loi choisir des procédés permettant de favoriser un enfant handicapé par exemple, par rapport
aux autres héritiers. Pour concrétiser cette entente, des pactes familiaux peuvent être conclus
avant le décès du défunt, et peuvent, inclure des renonciations à leurs droits de réserve de la
part des futurs réservataires.

L’intérêt pratique de ce sujet réside dans le fait qu’il va nous permettre d’appréhender la place
qu’occupe le principe irréductible de l’autonomie de la volonté en droit successoral; qui se
manifeste, d’une manière ou d’une autre, dans la quasi-totalité des branches du droit privé.

Dans un souci de répondre à cette question, il sera question d'appréhender dans une première
partie la volonté tant du de cujus que des héritiers et dans une seconde partie de voir les
limites apportées à ce principe. Ne connaissant pas de limites in abstracto, la volonté ne peut
s’autoréguler et tend à transformer une matière juridique en une matière judiciaire, laissant au
juge le soin de contrôler la volonté du défunt, ainsi nous aurons à voir la consécration de
l'autonomie de la volonté (I) pour commencer et L'édulcoration de l'autonomie de la volonté en
droit successoral (II) pour terminer.
I/La consécration de L’autonomie de la volonté

L’autonomie de la volonté est une théorie ancienne qui constitue un pilier du droit. Cette
théorie est à la base de la création du droit des contrats. Et eut un impact indéniable sur
le droit patrimonial plus précisément en droit successoral. La succession, plus
particulièrement le droit des successions vise la transmission des biens d’une personne
après son décès soit à ces héritiers légataires soit à ceux qu’il a désigné par le biais de
libéralités. Ainsi, l’expression de la volonté en droit successoral peut être dévolue et au de
cujus (A) et aux héritiers (B).

A/ La manifestation de la volonté du de cujus

Le de cujus de son vivant, en vertu de l’autonomie de la volonté, peut transmettre une


partie de ces biens au profit d’une autre personne. Cet acte est dénommé donation ; elle
est définie par le code de la famille sénégalais en son article 655 comme un contrat par
lequel le donateur transmet à titre gratuit au donataire qui l’accepte la propriété ou
l’usufruit d’un bien. La donation est un acte important qui nécessite une rédaction sous
forme authentique, sauf pour les dons manuels. Il peut être animé par plusieurs
motivations justifiant la donation qu’il effectue. Il peut y procéder dans le but de gratifier
de son vivant un ou ses enfants présomptifs héritiers ou simplement d’une donation
entre époux. Pour que la donation soit valide la rédaction d’un acte notarié est exigée. Ce
formalisme permet de protéger les parties au contrat et plus particulièrement au
donateur. Par ailleurs la donation n’engage le donateur et ne produit son effet que du
jour où il a été expressément acceptée par le donataire l’acceptation est faite dans la
même forme que la donation. L’acceptation peut être faite dans un acte postérieur dans
ce cas la donation n’a d’effet à l’égard du donateur que du jour où cette acceptation lui
sera notifiée (article 678 du code de la famille).

Le De cujus peut aussi opter pour la rédaction d’un testament. L’article 656 du code de la
famille sénégalaise définie le testament comme un acte unilatéral par lequel le testateur
transfère à titre gratuit pour le temps où il n’existera plus tout ou une partie de ses biens et
qu’il peut révoquer. Pour disposer validement de ses biens pour après son décès il faut le
faire par un document qui ait la forme voulue pour être valide comme testament ou
codicille sans quoi la disposition sera nulle. Cette règle s’applique peu importe que l’on
dispose de tout ou une partie de ses biens, bien que la loi soit sévère sur les formalités.

Outre ces deux méthodes de transmission volontaire du patrimoine du de cujus, on note


l’admission de certains pactes. Le de cujus peut procéder à un pacte successoral qui est
un contrat conclu du vivant de la personne concernée. Cet acte porte sur tout ou une
partie du patrimoine de l’intéressé. Si ce contrat peut être conclu par lui-même le contrat
peut également être signé par l’un des héritiers sous réserve de respecter les conditions
prévues par la loi. Cependant le pacte successoral permis par le législateur sénégalais est
l’institution contractuelle entre époux article 1093 du code civil français. Pour être
valide le pacte successoral doit présenter les caractéristiques suivantes : le pacte doit
être conclu du vivant du disposant ; le contrat doit être irrévocable ; le contrat doit
porter sur tout ou une partie des biens du disposant.

B/ l’extension de la volonté aux héritiers

L’ouverture d’une succession ne peut se faire que lorsqu’un ou les héritiers manifestent
leur volonté. La volonté des héritiers se réfère à la capacité des héritiers à prendre des
décisions concernant la succession de leur parent décédé. Il leur est permis d’exprimer
leur volonté en procédant soit à une acceptation pure et simple de l’héritage, ce qui inclut
les actif et passif du de cujus tels qu’en disposent les articles 418 et suivants ; soit
procéder à une acceptation sous bénéfice d’inventaire, une possibilité bien encadrée par le
code la famille aux articles 428 et suivants ; permettant au bénéficiaire de ne rembourser
les dettes du de cujus qu’à auteur des biens recueillis à ne pas confondre avec son
patrimoine personnel.
Il peut aussi renoncer à l’héritage. Les personnes appelées à hériter peuvent décider de
ne pas prendre leur part et de sortir de la succession si elles ont peur de devoir payer des
dettes ou, au contraire pour favoriser leurs propres héritiers succédant à leur place. Il
s’agit également d’une possibilité consacrée aux articles 444 et suivants. L’expression de
la volonté des héritiers inclut aussi la possibilité de choisir comment les biens et les actifs
sont distribués entre les héritiers.
En l’absence de la volonté manifeste du de cujus concernant l’application d’un système
de partage, les héritiers peuvent y procéder. L’article 464 permet aux héritiers de
convenir librement sur les modalités d’un partage amiable et/ou de gestion des biens
entre eux. Par voie judiciaire, ils peuvent faire valoir leur volonté en sollicitant une
attribution préférentielle telle qu’en dispose l’article 476 du code de la famille.

Cependant, notons qu’il ne s’agit pas d’une pleine liberté d’expression de la volonté.
L’expression de la volonté en droit successoral est limitée et se heurte très souvent à l’ordre
public et à la libre appréciation du juge.

II/L’édulcoration de l’autonomie de la volonté en droit successoral


Malgré que le de cujus et , dans une certaine mesure les héritiers, aient la possibilité de
faire valoir leur volonté à travers certaines libéralités, sont consacrées cependant des
limites permettant d’encadrer ce principe. Pendant que certaines relevent de l’Ordre
public successoral, notamment la notion de réserve héréditaire et de quotité disponible
(A), d’autres telles que la succession ab intestat et la prohibition des pactes sur successions
(B) ont été tout autant prévues par le legislateur.
A/La notion de réserve hereditaire
L'alinéa 2 de l’article 912 du code civil français définit la quotité disponible comme la
part des biens et droits successoraux qui n'est pas réservée par la loi et dont le défunt peut
librement disposer par des libéralités. La réserve héréditaire est ainsi considérée,
conformément à l’article 504 du code de la famille senegalais, comme les deux tiers de la
masse établie en application de l’article 507 ; le surplus constitue la quotité disponible.

Cette définition relativement claire avait été envisagée par la jurisprudence sénégalaise
prononcée sur la nature juridique de la réserve héréditaire dans un arrêt du 19
décembre 2007 rendu par la Cour suprême. La jurisprudence a pris soin de dire que
“pour savoir si un bien dont le de cujus a disposé entamé ou non la réserve héréditaire, il
faut obligatoirement l’inclure en valeur dans la masse successorale et ensuite seulement
vérifier si ladite valeur ne dépasse pas le tiers de cette masse appelée quotité disponible,
comme le recommande l’article 504 du code de la famille”. On comprend donc aisément
que le disposant ne peut en aucun cas porter atteinte à la réserve héréditaire au moyen
d'un testament ou encore d’une donation entre vifs. Cette réserve limite donc la
possibilité de déshériter ses enfants.

Outre ces contre indications, il est consacré des actions en réduction des libéralités
consenties menées uniquement par les héritiers, relativement aux articles 505 et 506 du
Code de la famille senegalais. En effet, il y’a lieu de reduction sur demande des héritiers
réservataires après constat d’une atteinte à la réserve héréditaire par le dépassement
de la quotité disponible, même s’il s’agit d’une donation entre époux, comme en dispose
l’article 817 du code de la famille senegalais “Toutes donations faites aux époux en vue du
mariage sont, lors de l’ouverture de la succession du donateur, réductibles à la portion
disponible fixée aux articles 504 et suivants.”

B/ La succession ab intestat et la prohibition des pactes sur succession


future
La succession est la transmission universelle des biens du de cujus pour cause de mort.
Elle se fait soit suivant l'unique volonté du "défunt"(testament) soit suivant la loi(ab
intestat) . Que ce soit celles de droit commun ou celles de droit musulmane, leur
particularité est que ce n'est pas au défunt de décider de qui héritera de lui, ainsi les
successions légales privilégient les enfants du défunt à travers le mécanisme de la
réserve.

En droit civil l'ordre public regroupe un ensemble de de règles juridiques régissant les
rapports entre individus et la protection de l'intérêt général. Tel que posé à l'article 42
du code des obligations civiles et commerciales du Sénégal en conformité avec l'article 6
du code civil français « on ne peut déroger par des conventions particulières aux lois qui
intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs » ; en d'autres termes, l'ordre public
successoral vise la protection des héritiers et la protection de l'intérêt général.

Les Pactes sur successions futures sont des "contrats" ayant pour objet d'attribuer un
droit privatif ou de renoncer à un droit sur la succession non ouverte d'un tiers. Ceci
équivaut à l'article 722 du code civil français qui dispose « les conventions qui ont pour
objet de créer des droits ou de renoncer à des droits sur tout ou partie d'une succession non
encore ouverte ou d'un bien en dépendant ne produisent effet que dans les cas où elles sont
autorisées par la loi ». De plus, l'article 499 du code de la famille en ses alinéas 1 et 2
dispose « Sont interdites toutes stipulations ayant pour objet d'attribuer un droit privatif
ou de renoncer à un droit sur la succession non ouverte d'un tiers. Sont permises les pactes
sur la succession ouverte ou non d'un des contractants ». En effet, la prohibition des
pactes sur successions futures est une règle d'ordre public successoral traduisant qu'un
"futur défunt" ne peut organiser par contrat la transmission à venir de son actif et de son
passif qui ne composeront sa succession qu' au jour de son décès ; aussi il est interdit à
un héritier présomptif de disposer d'un droit successoral en faveur d'autrui pour le cas
où il lui serait transmis par les opérations successorales. Les interdits sont au nombre de
3: Un héritier présomptif ne peut renoncer aux droits qu'il aurait dans une succession
non encore ouverte, ces héritiers ne peuvent transmettre à autrui, par contrat, des droits
concrets ( biens, legs) ou abstraits(la quote part de la succession) pour le cas où il lui
serait dévolu par la loi ou le testament Le futur défunt ne peut créer des droits qui ne
naîtront qu'à son décès, ni conclure des conventions avec ses "futurs héritiers" pour
organiser la répartition de son patrimoine.

La loi distingue cependant du pacte successions futures la promesse "post


mortem" validant ainsi la clause d'un acte de prêt prévoyant le remboursement par
prélèvement sur le prix de vente. Exemple : deux amis signent une promesse, l'un prête à
l'autre une somme d'argent pour l' achat de fruits qu'il devra revendre, peut avant la fin de
la vente le prêteur décède , ainsi la somme qu'il avait prêté sera prélevée de la vente.

Vous aimerez peut-être aussi