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UNIVERSITE DE TOAMASINA

PARCOURS : DROIT PRIVE


NIVEAU : M1

DROIT CIVIL.

DROIT DES SUCCESSIONS

GENERALITES :
En niveau Master one, l’étude du droit civil consiste à cerner la notion de succession, de
libéralités ainsi que de régimes matrimoniaux. Etant tous des droits qui touchent les biens d’un
individu ou d’une personne, la remise à niveau concernant la notion des patrimoines semble
nécessaire avant d’entrer dans le fond du sujet. C’est ainsi qu’une partie préliminaire de ce cours
sera consacrée au rappel sur la notion du patrimoine. Mais avant toute chose, point n’est de
signaler aux apprenants qu’arrivés à ce niveau M1, ils commencent déjà à apercevoir en lueur
leur brevet d’étude qui est le diplôme de master two en droit privé. Le décrochage de ce titre
universitaire suscite une appellation ce qui est de juriste. Un juriste est celui qui est spécialiste
en droit qui est un outil polyvalent dont de nombreuses connaissances sont requises pour en
être digne. Les études de droit ne se résument pas à l'apprentissage de règles à appliquer
mécaniquement. Si tel était le cas, il y a bien longtemps que les ordinateurs auraient remplacé
les avocats, magistrats, et autres juristes de la terre.

En vérité, les études de droit consistent plutôt à l'apprentissage d'une méthode d'analyse et de
réflexion qui permettra au juriste, dans une situation donnée, de :

• Evaluer la situation de fait présentée

• Retrouver la règle juridique applicable

• Savoir appliquer cette règle à la situation donnée


INTRODUCTION :
Le législateur malgache, de par la loi 68-012 du 4 juillet 1968, a posé des règles selon lesquelles
le patrimoine d’un défunt (de cujus) est transmis à une plusieurs héritiers. Cette loi prévoit deux
modes de transmission de patrimoine. Le premier consiste à repartir le patrimoine même en cas
d’abstention du « de cujus » de son vivant. C’est la dévolution dite légale (article 16 et suivant).
Cette dévolution en absence de testament est la règle. Ensuite, la dévolution par la manifestation
de volonté (art. 25 et s.) étant un mode de transmission de patrimoine par l’acte du défunt. Il
existe deux options en la matière : par voie de testament et par acte de donation.

En effet, en absence de testament, la loi prévoit, en neuf classes l’ordre de priorité des
successeurs avec au premier rang l’enfant du défunt et au dernier l’Etat. (article 16). Cette ordre
est impératif sans distinction de sexe ni de primogéniture sauf en cas de représentation qui
devrait toutefois être soumise à des procédures particulières.

En outre, la transmission de patrimoine par manifestation de volonté

Quelques données historiques peuvent être retenues par rapport au droit des successions à
Madagascar. Certaines sont déjà relatées dans les exposés de motifs de la n°68-012 tandis que
d’autres résultant des évènements successifs liés à l’histoire des institutions.

En effet, au moment où Madagascar a retrouvé son indépendance, la mise en place de nouvelles


lois s’est avérée plus que nécessaire. Et pour ce faire, le droit français a servi de modèle et
d’inspiration. Mais, le législateur, afin de mettre en exergue les spécificités du cas malagasy, a
choisi d’amalgamer d’une part les règles traditionnelles portant sur les personnes (mariage –
succession – régimes matrimoniaux…) notamment concernant les points qui ont été réellement
reçus par les gens, et d’autre part les règles issues des pratiques modernes. Les travaux
préparatoires de la rédaction de l’ordonnance n°62-089 sur le mariage (modifiée en 2007 par la
loi n°2007-022) ont été le plus significatifs à ce propos (Cf. Exposé des motifs de ce texte). Mais,
la rédaction des autres textes (Loi n°63-022 sur filiation-rejet-tutelle ; Ordonnance n°62-003 sur
le nom, le domicile et l’absence…) n’a pas échappé à ce souci de prendre en considération les
dispositions anciennes qui ont été intégrées dans le quotidien des malagasy. « Soucieux de
préserver en cette matière un grand nombre de règles anciennes, traditionnellement reçues, et
conscients de la nécessité d'élaborer une législation qui ne heurtât point la conscience familiale
malgache, les membres de la commission ont eu comme souci constant de conserver les
dispositions originales de la coutume du moins lorsque celle-ci, en raison de son ancienneté, ne
se trouvait pas en contradiction avec certaines règles du droit positif actuel ». C'est ainsi qu'a été
conservé et affirmé le principe du masi-mandidy, formulé dès avant Andrianampoinimerina et
au respect duquel tout citoyen malgache reste fortement attaché, comme constituant le
fondement de la solidité et de la solidarité du groupe familial. « Cependant, pour tenir compte
des conditions socio-économiques et juridiques actuelles et continuant en cela une évolution
historiquement commencée bien avant la colonisation, les rédacteurs du présent projet ont dû
apporter aux principes, certains aménagements destinés principalement à la défense des
intérêts des mineurs et des incapables et à la promotion économique. En aucun cas pourtant, ces
aménagements ne doivent être considérés comme susceptibles de faire disparaître les
sentiments de respect filial et de solidarité familiale, fondements traditionnels de la famille
malgache. Dans ces conditions d'élaboration, le présent projet confirme le caractère
profondément original du droit civil malgache, tout autant assis sur des coutumes ancestrales
que déterminé à faire siennes des règles de progrès humain ». Page 9 sur 36 Trois exemples tirés
du Code des 305 articles montrent l’existence de règles ayant régi les successions dans la société
malagasy traditionnelle. • D’une part, ce texte avantageait les garçons lors de la succession
puisqu’il était prévu de leur accorder le double de ce qui devait revenir aux filles. • D’autre part,
le code des 305 articles imposait dans la répartition des biens de la succession entre les
cohéritiers, enfants légitimes ou adoptifs, des parts égales sans qu’il puisse être tenu compte de
leur âge. • Enfin, la tendance générale des coutumes semble accorder à l'enfant né hors mariage
la même part successorale que celle de l'enfant légitime. Il est enfin important de rappeler
certaines conceptions traditionnelles relatives à l’enfant. • L'enfant est toujours le bienvenu
quelle que soit sa filiation. Aussi, les règles à ce sujet sont-elles simples. Par exemple, la
présomption de paternité n'a pas la même importance qu'en droit moderne. • Le simple fait de la
naissance pendant le mariage suffit à établir la filiation légitime à l'égard du père et de la mère,
et cela sans condition de délai. • Pour les mêmes raisons, le désaveu de paternité n'a jamais été
réglementé dans les coutumes orales ; d’ailleurs, il n'existe pas d'institutions qui répondent aux
mêmes motifs que le délai de viduité du droit moderne tel que le droit français. • La confusion de
part ne semblait(e) pas inquiéter outre mesure les malagasy.

CHAPITRE PRELIMINAIRE : NOTIONS GENERALES SUR LES


DROITS PATRIMONIAUX :
SECTION 1 : DROITS PATRIMONIAUX ET DROITS EXTRAPATRIMONIAUX :

Entre les communs du mortel, il existe deux rapports de droit. :

Les rapports de droits extrapatrimoniaux et les rapports de droits patrimoniaux.


Le patrimoine c’est l’ensemble des biens et des obligations d’une personne, constituant une
universalité de droits. Selon Aubry et Rau, « le patrimoine est l’ensemble des biens d’une
personne, envisagé comme formant une universalité de droit (…) ». Emanation d’une personne,
il constitue une unité juridique comportant à la fois les biens de cette personne et les dettes dont
elle répond. Ce phénomène s’appelle subrogation réelle. L’actif répond au passif.

Ainsi, il faut distinguer les droits qui appartiennent concrètement au patrimoine et ceux qui, par
leur nature sont subjectifs et ne font pas partie du patrimoine. Le droit patrimonial est
également un Droit Subjectif mais il entre directement dans le patrimoine. Il est cessible,
prescriptible, il constitue un pouvoir juridique dont une personne dispose. Pour retirer
directement une utilité économique d’une chose (par exemple : le droit de propriété, l’usufruit
ou une servitude).

En revanche, les droits extrapatrimoniaux ne relève pas du patrimoine. Il est strictement


personnel et par ailleurs, incessible et insaisissable. Il peut s’agir de relations de droit
interindividuelles et strictement personnelles (telles que le devoir de secours et d’assistance
entre époux) ou de droits subjectifs qui appartiennent exclusivement à la personne (tels que le
droit à l’identité, le droit au nom) et, d’une manière générale, ce que le législateur malgache
appelle « les droits de la personnalité) dans l’article 17 de l’ordonnance 62(

du 19 septembre 1962 relatives aux dispositions générales de droit interne et de droit


international privé. Ces droits sont donc hors commerce. Les droits patrimoniaux, quant à eux,
°sont dans le commerce juridique.

Le schéma nous donne en panorama une vision de ce rapport de droit.


SECTION 2 : NATURE ET CONTENU DU PATRIMOINE

Dans la présente étude, l’importance de l’analyse du patrimoine réside sur le fait que c’est ce
dernier que fera l’objet de transmission. Certes, le patrimoine c’est du Le patrimoine c’est
l’ensemble des biens et des obligations d’une personne.

§1 : Les actifs du patrimoine

Ce sont les biens corporels ou incorporels, meubles ou immeubles appartenant au titulaire.


L’actif comporte non seulement les biens matériels qui, par leur nature, physiquement
préhensibles (terres, bâtiments, véhicules, meubles constituant l’ameublement, etc) mais
également des droits de créance et des droits réels de la personne.

Le droit de créance sont les droits qui peuvent donner lieu à des actions en revendication qui
permettent à la personne de récupérer, de recouvrer un bien ou une créance. Les droits réels
sont ceux dont disposent le titulaire pour obtenir directement d’une chose une utilité évaluable
matériellement, il en est ainsi du droit d’usage exercé sur les choses dont on est propriétaire, le
droit d’usufruit, d’une manière générale les prérogatives du propriétaire. Les fruits et les
produits des biens relevant du patrimoine font évidemment partie de l’actif du patrimoine
§2-Les passifs du patrimoine :

Les éléments du passif sont les obligations qui pèsent sur le titulaire du patrimoine. Il peut s’agir
des amendes, des dommages-intérêts dus sur le fondement de sa responsabilité civile par le
titulaire, des charges qui s’imposent à lui (par exemple : une charges de paiement ou d’entretien
que le titulaire doit assumer en recevant un bien en héritage). Les dettes sont de diverses
sortes : les dettes alimentaires découlant par exemple d’obligations à l’égard des parents ;
d’enfants ou ascendants autres que le père et mère ; dettes rattachées à une succession ; dettes
personnelles nées de faits juridiques ou d’actes juridiques.

Le mouvement des biens qui entrent et qui sortent, un bien qui est remplacé par un autre bien
s’appelle une subrogation

Il existe deux modes de transmission du patrimoine d'une personne décédée (de cujus).

Premièrement la transmission par l'effet de la loi indépendamment de tout acte volontaire du


"de cujus". Ensuite, la transmission par une manifestation de volonté du "de cujus".

CHAPITRE I : LA DEVOLUTION SUCCESSORALE


Il semble judicieux avant tout de donner quelques notions par rapport au sujet que l’on va
cerner : les successions. Cela implique un recours à l’élément de définition (Section 1) et à la
familiarisation des termes avoisinant le concept.

Section 1 : Définition

La succession est la transmission du patrimoine laissé par le défunt. Le patrimoine comprend les
biens, les droits et les obligations du défunt (Art. premier). Cette définition que le législateur
retenait à la succession a fait comprendre que le patrimoine constitue un élément inséparable à
la notion succession. Aussi, l’anéantissement d’une vie est-il un évènement sine qua non au
concept.

En outre, le lexique des termes juridiques1 a presque repris cette définition tout en ajoutant dans
un second sens que la succession peut désigner aussi le patrimoine transmis. Ce peut être dans
cette optique que la loi du 4 juillet 1968 précise en son alinéa 2 de la l’article premier que « ….Le
patrimoine comprend les biens, les droits et les obligations du défunt »

1
Version DALLOZ 2017-2018 p.1811
Le terme succession, dans un sens étymologique, vient du latin « succedere » qui veut dire venir
à la place de.

Section : Les termes avoisinant le mot succession :

Le successeur :

Est successeur celui qui est appelé à une succession ouverte, que ce soit à titre d’héritier ou à
titre de légataire. C. civ., art. 724.

 Successible :

Successible [Droit civil] Aptitude à recueillir une succession non encore ouverte (être parent au
degré successible). C. civ., art. 725 s. ➜ Conjoint successible.

 Testateur :

Désigne la personne qui fixe par un acte, dès son vivant, le sort qu’elle aura sur ses biens à son
décès. Le testateur dispose plusieurs formes d’expression de sa volonté.

 Légataire :

Dans la transmission de patrimoine par voie de testament, est appelé légataire celui qui
bénéficie les legs.

 Legs :

Libéralité contenue dans un testament et qui ne prend effet qu’à la mort de son auteur. • Legs
particulier : legs qui porte sur un ou plusieurs biens déterminés ou déterminables. • Legs de
residuo : legs fait à une personne à charge pour elle de remettre, à son décès, ce dont elle n’aura
pas disposé à telle personne désignée par le testateur. À la différence de la substitution
fidéicommissaire (devenue libéralité graduelle), le legs de residuo ne comporte pas l’obligation
pour le gratifié de conserver le bien. • Legs à titre universel : legs qui porte sur une quote-part
des biens laissés par le testateur à son décès. • Legs universel : legs qui donne à son bénéficiaire
vocation à recueillir l’ensemble de la succession. C. civ., art. 1002 s.

 Instituant :

C’est la personne, par la convention dite institution contractuelle ou donation des biens à venir,
qui promet de laisser à sa mort, par un acte de manifestation de volonté, toute ou partie de sa
succession à un bénéficiaire appelé institué.

 Institué :
C’est le bénéficiaire de succession contractuelle ou institution contractuelle.

Section 1 : L'OUVERTURE DE LA SUCCESSION


§1- L'anéantissement de la personnalité
A- Le décès :
La succession s'ouvre par la mort de la personne. Au sujet de la mort; ce qui devrait intéresser
les juristes est l'anéantissement de la personnalité juridique. Le droit positif malgache suppose
la disparition de cette personnalité juridique comme cessation de la vie physique. En droit
occidentaux, il existe la « mort civile ». C’est dire, on fait face à une personne qui, physiquement
est vivant mais considéré comme mort par effet d’une déchéance à l’issue d’une condamnation
criminelle notamment perdait sa personnalité juridique.

En effet, le décès est un évènement qui est constaté au même titre que la naissance et porté à la
connaissance du public et de l’Etat.

La loi 2018 – 027 du 8 février 20192 relative à l’Etat civil fixe les mentions obligatoires que les
personnes à qui reviennent les charges de la transcription des actes d’état civil, doivent
observer. En ce qui concerne le décès, ces formalités fait l’objet de son article 53 en ses termes :
Tout acte de décès doit mentionner :

- la date, l'heure et le lieu du décès ;


- les nom, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, profession et domicile du décédé ;
- les nom, prénoms, professions et domicile de ses père et mère ;
- les nom, prénoms de l'époux, si la personne décédée est mariée ;
- s'il y a lieu, les nom, prénoms, date et lieu de naissance, profession et domicile du
déclarant et, le cas échéant, soit son degré de parenté avec le défunt, soit la circonstance
qu'il a assisté au décès ;
- les identifiants des personnes qui y sont dénommées

Les conditions dans lesquelles sont déclarés les décès sont énumérées dans l’article 54 de la de
nouvelle loi du 8 février 2019 relative à l’Etat civil. Ainsi, il en dispose que : « les décès doivent
être déclarés soit par le conjoint survivant, soit par les ascendants ou descendants, ou l'un des
plus proches parents, ou par une personne ayant assisté au décès ou par toute autre personne
autorisée par la loi pour s’y faire ».

2
Cette loi a abrogé la loi 61-025 du 9 octobre 1961 sur les actes de l’état civil (J0 n°189 du 14.10.61 /p.1789)
En outre, toute déclaration de décès devra être faite dans les trente jours (30 jours) du décès
(article 52 de la loi du 2019). Il incombe à tout agent de l’autorité, dans l’exercice de ses
fonctions, et amené à constater le décès, d’envoyer dans les trois (3) jours à l'Officier d’état civil
du lieu du décès tous les renseignements énoncés à l'article 53 en conformité duquel l'acte de
décès sera rédigé. (Art.56 de la loi du 8 février 2019).

B- L’absence :
L’absence est la situation d’une personne éloignée de son domicile et dont l’existence est rendue
incertaine par manque de nouvelles. Elle n’ouvre pas à proprement parler la succession mais
comme la situation des successeurs, en cas de décès et en cas d’absence postérieurement à
l’accomplissement des formalités de constatation de l’état d’absence, est pratiquement
semblable, leurs effets deviennent nécessairement les mêmes. Les conditions et les formalités
relatives à l’absence sont prévues par les articles 14 et suivants de l’ordonnance 62-003 du 24
juillet 1962 sur le nom, le domicile et l’absence.

§2- Lieu d’ouverture de la succession :


La loi ne se veut pas être compliquée à ce sujet. Certes, elle n’en retient que le lieu du domicile du
défunt et que le tribunal du domicile du défunt est compétent pour connaitre de toutes les
actions successorales. (art.3 de la loi 68.012 du 4 juillet 1968). Les étudiants peuvent se
rapporter aux règles générales relatives à la détermination du domicile prévues par l’article 7 de
l’ordonnance n°62.003, cours 1ère année.

§3- Le moment de l’ouverture de la succession :


A - L’instant du décès :
La détermination de l’instant du décès nécessite une attention particulière. Son importance tient
de la nécessité de précision des véritables héritiers appelés à recueillir la succession. En cas de
décès d’un des époux, dans le cadre du mariage, il est nécessaire de préciser le moment de la
dissolution de la communauté conjugale et le moment où commence l’indivision héréditaire. S’il
doit y avoir un partage, il faut savoir à quel moment il faudra évaluer les biens à partager
(Evaluation qui tient compte aussi vis-à-vis des administrations fiscales).

Ainsi, la date d’ouverture de la succession est celle du décès et la preuve de cette date résulte de
l’acte de décès ou du jugement supplétif en tenant lieu (Art. 53 et 54 et s. de la loi du 8 février
2019 traite l’établissement des actes de décès).

En cas de retard et/ou omission de déclaration, ou encore, si l’acte est frappé de nullité, les
précisions concernant le moment du décès doivent faire l’objet d’un jugement supplétif qui en
tiendra lieu.
B- La théorie des co-mourants :
Lorsqu’ à l’issue du même évènement, un groupe de personnes décède (Exemple :
naufrage, catastrophe aérienne etc…), la détermination de l’instant de décès de chacune
d’elles devient difficile. A cet effet, la loi a institué la présomption de survie qui fait
notamment l’objet des articles 8 et 9 de loi de 1968.

Par ailleurs, si plusieurs personnes respectivement appelées à la succession l’une de


l’autre, périssent dans un même évènement sans que l’on puisse savoir qui est décédé en
premier, la présomption de survie est déterminée par les circonstances de fait et à défaut
par la force de l’âge ou du sexe.

A noter que la présomption n’est pas absolue. Elle doit être subordonnée à un processus
d’examen des circonstances dans lesquelles le décès a eu lieu. De ces faits seront
déduites des présomptions de survie, souverainement appréciées après débats
contradictoires. C’est seulement si l’examen des circonstances ne permet pas d’aboutir à
des conclusions suffisamment sûres que l’on aura recours aux présomptions légales des
articles 9 et suivants de la loi de 1968.

Ainsi, ces règles supplétives se présentent comme suit telles qu’elles sont prévues dans
l’article de la loi en question :

- Si ceux qui ont péri ensemble avaient moins de quinze ans, le plus âgé sera présumé
avoir survécu.
- S'ils avaient tous plus de soixante ans, le moins âgé sera présumé avoir survécu.
- Si les uns avaient moins de quinze ans et les autres plus de soixante ans, les premiers
seront présumés avoir survécu.
- S'ils avaient quinze ans accomplis et moins de soixante ans, le mâle est toujours présumé
avoir survécu, lorsqu'il y a égalité d'âge. A défaut de cette égalité, le plus jeune est
présumé avoir survécu au plus âgé.
- Si les uns avaient moins de quinze ans ou plus de soixante ans et les autres entre quinze
et soixante ans, ces derniers sont présumés avoir survécu.

SECTION 2 : DES REGLES CONCERNANT LES HERITIERS


La dévolution successorale en l’absence d’un testament s’opère selon trois règles
fondamentales :

- L’ordre d’affectation (les enfants du défunt d’abord) ;


- Le maintien de la cohésion du groupe familial ;
- La continuation de la personne du défunt d’où découle dans le Droit positif, la primauté
des descendants par rapport aux ascendants dans la dévolution successorale.
Ces règles se rattachent à une notion générale qui est celle de la parenté ?

§1 : La dévolution successorale selon les classes instituées par la loi


La question est de savoir ici qu’en absence de testament, de quel ordre est dévolu les biens du
défunt. Le concept est traité par l’article 16. Il existe des lignes directrices inspirées de la
tradition qui sont essentiellement à l’origine de cette disposition.

A- La primauté de la descendance

La conception de l’enfance, chez la tradition malgache revêt de multiples facettes. Premièrement,


il est considéré comme garant du culte des ancêtres et des devoirs rendus aux parents après leur
mort. Ensuite, selon le rapport de synthèse sur la répartition du code civil : « le souci d’assurer
la survie du groupe familial, la nécessité de maintenir le patrimoine ancestral dans la famille, la
hantise de n’avoir aucun descendant qui puisse assurer des funérailles décentes et être le garant
de l’entrée au tombeau des ancêtres, telles sont les raisons de l’intérêt qui dans la tradition
malgache attachait à la venue d’enfants dans la famille ». Il en est ainsi l’idée révérencielle qui
considère qu’arriver à certain âge, l’enfant pourrait constituer une aide aux parents dans
l’accomplissement des tâches ménagères3.Une conception qui ne semble pas parfois en
cohérence avec les différentes règlementations des textes en matière de travail.

B- Exclusion de la primogéniture et de l’inégalité donnée aux sexes

Dans le droit coutumier, l’aîné avait souvent de prérogatives exceptionnelles et notamment avait
la charge d’assurer la continuité patrimoniale. En contrepartie, il recevait toujours dans la
dévolution successorale une part importante par rapport aux parts des cadets. Dans plusieurs
systèmes coutumiers malgaches, le fils aîné était le dépositaire de la sagesse des ancêtres et des
prérogatives de chef de famille. Toutefois, dans la conception de la loi relative à la succession, le
législateur a écarté cette règle d’ailleurs en désuétude dans les coutumes plus récentes. Il en est
de même pour l’inégalité de sexe.

C- La primauté des liens de sang sur la légitimité :


Même si la loi de 1968 établit la règle selon laquelle le lien du sang devrait être primordial dans
la catégorisation de l’ordre de succession en l’absence du testament, l’établissement des liens de

3
Il est très fréquent d’entendre, (l’occasion de présentation de vœux à l’arrivée d’un nouveau-né le terme
« Nahazo mpantsaka », s’il s’agit d’une fille, « nahazo mpaka kitay », lorsqu’on est en face d’un garçon.
filiation hors mariage est largement admis selon les dispositions de la loi 63-022 du 20
novembre 1963 sur la filiation, l’adoption, le rejet et la tutelle.4

Ainsi, l’article 16 de la loi de 1968 dispose que :

En l'absence de testament ou si la succession est partiellement testamentaire, les héritiers sont


appelés dans l'ordre suivant, sans distinction de sexe ni de primogéniture :

· Première classe : enfants ;


· Deuxième classe : Petits-enfants ;
· Troisième classe : père et mère ;
· Quatrième classe : frères et sœurs ;
· Cinquième classe : enfants des frères et sœurs ; ·
. Sixième classe : oncles et tantes ;
· Septième classe : cousines germaines et cousins germains ;
· Huitième classe : conjoint survivant ;
· Neuvième classe : l'Etat

§2-Les dérogations :
L’article 16 de la loi 1968 connait quelques assouplissements. Il s’agit de la représentation
successorale et la protection des biens de la lignée.

A- La représentation successorale :

Par les articles 21 à 24 de la loi de 1968 le législateur a voulu rétablir une règle d’équité en
cas de prédécès d’un successible. En vertu de ces articles, le parent le plus proche en degré
est appelé à la succession.

Art. 21 - La représentation a pour effet de faire entrer les représentants dans la place, dans le
degré et dans les droits du représenté.

Art. 22 - la représentation est admise à l'infini, dans la ligne directe, ascendante ou


descendante, et dans la ligne collatérale en faveur des enfants et descendants de frères et
sœurs du défunt. Lorsque des héritiers des sixième et septième classes sont, les uns vivants,
les autres décédés, la représentation est admise au premier degré en faveur des enfants de
ces derniers.

4
Publiée dans le Journal officiel sous n° 324 du 30.11.63, p.2479) cette loi a été déjà frappée par plusieurs
modifications notamment par la loi n° 2005-014 du 7 septembre 2005 relative à l'adoption. (J.O. n° 3022 du
03/04/2006 p.1917), modifiée par la loi n° 2007-023 du 20 août 2007 sur les droits et la protection des enfants.
(J.O. n° 3163 du 28/01/2008 p.158)
Art. 23 - Dans tous les cas où la représentation est admise, le partage s'opère par souche.

Art. 24 - On peut représenter celui à la succession duquel on a renoncé

Ces dispositions laissent à retenir quelques conditions par rapport au représenté et au


représentant

- Conditions de la représentation :
Le représenté :
- Doit être décédé lors de l’ouverture de la succession du « de cujus ». On ne peut
représenter un héritier qui renonce à sa part. Et par ailleurs, du moment qu’il est vivant
on peut le représenter.
- Doit avoir eu personnellement, s’il avait survécu, aptitude à succéder. Si le représenté
avait été indigne de recevoir une succession, on ne peut le représenter.
Le représentant :
- Doit être un descendant (ou ascendant) du représenté et doit être le plus proche en
degré du « de cujus ».
- Doit avoir personnellement aptitude à recueillir la succession du représenté (ne doit pas
être frappé d’indignité).

Une question particulière se pose sur la représentation par un enfant adopté en justice.
Peut –il représenter son adoptant dans la succession du père de l’adoptant ? La réponse est
affirmative car l’adoption en justice crée un véritable lien de filiation légitime.

Dans tous les cas, la représentation a pour effet de mettre le représentant dans le rang et,
dans la place du représenté. Le représentant acquiert les droits du représenté mais il n’a rien
de plus : le partage des biens se fait comme le représentant avait survécu. Le partage
s’effectue par souche et non par être.

B- La protection des biens de la lignée


L’exemple suivant illustre le cas possible montrant la difficulté qui pourrait se présenter dans
la transmission des biens successoraux des époux auquel le législateur aimerait mettre de
protection.

Exemple : une femme meurt en ne laissant comme héritiers qu’une sœur, un fils et un mari. Le
fils va hériter des biens de sa mère. Le fils meurt sans laisser d’héritier direct. Son patrimoine
est constitué par le patrimoine de la mère et les biens acquis à titre onéreux ou par son
travail. A la succession viennent la tante (la sœur de sa mère). Afin que les biens ne passent
pas d’une lignée à une autre, on opérera une distinction entre :
- Biens acquis à titre onéreux ou par le travail passant au père ;
- Biens venant de sa mère passant à la tante (art.20)

Article 20 - La dévolution des biens successoraux ne doit pas avoir pour résultat que des
biens provenant, par succession ou donation, de la ligne paternelle du défunt soient attribués
à des héritiers de la ligne maternelle ou inversement. Néanmoins lorsqu'il n'existe d'héritiers
que dans la ligne paternelle ou la ligne maternelle, les héritiers de la ligne représentée
recueillent la totalité de la succession.

Les biens concernés doivent provenir d’une ligne par voie de succession ou de donation. Si un
bien a été acquis par le défunt à titre onéreux, ce bien perd le caractère de bien de la famille.
Ils peuvent être des biens meubles ou immeubles. Toutefois, une somme d’argent ne devrait
pas être un « bien de la famille » car il s’agit d’un bien incorporel qui disparaitrait dans le
patrimoine du décédé et ne pourrait plus être identifié en tant que tel.

De ce fait, les requérants devront apporter la preuve de l’origine des biens.

De tout compte fait, on peut déduire que cette règle protectrice constitue une exception à la
règle de la dévolution par classe.

§3- Les qualités requises pour succéder :

Vis-à-vis du « de cujus » si la seule condition de dévolution de sa succession est


l’anéantissement de sa vie, il n’en demeure pas moins gratuit à l’égard des héritiers. Des
conditions sont requises pour pouvoir succéder.

Au terme de l’article 5 de la loi sur la succession, pour succéder, il faut :

1° Exister à l'instant de l'ouverture de la succession ;

2° Ne pas avoir été déclaré indigne de succéder ;

3° Ne pas avoir été déchu du droit de succéder ;

4° Ne pas avoir été rejeté par le défunt, sous réserve des dispositions de l'article 46. Art.

6 - Ne peut être appelé à succéder l'enfant non encore conçu au moment de l'ouverture de la
succession. La date de la conception est établie par les présomptions édictées au titre de la
filiation.
SECTION 3 : LA TRANSMISSION ET LA LIQUIDATION DE LA SUCCESSION

Dans la tradition que dans le droit positif malgache, tout laisse croire que la règle fondamentale
qui domine la transmission de la succession est celle de la continuation de la personne du défunt
par l’héritier (ou les héritiers). En cela, l’héritier doit non seulement continuer à assurer, à
sauvegarder la mémoire du défunt. Il doit également continuer à protéger et à faire fructifier le
patrimoine de ce défunt. De cette règle fondamentale va se dégager un principe : celui de la
transmission de la succession de plein droit aux héritiers. Normalement, aucune formalité
préalable ou simultanée n’est requise en matière de la remise des biens successoraux entre les
mains de ceux-ci. Toutefois, cette succession comporte aussi bien des éléments actifs que des
éléments passifs. ( dettes et charges). Ainsi, si l’on appliquait avec rigueur le principe de la
transmission de la succession de plein droit, on aboutirait à une injustice si les dettes et charges
excèdent l’actif de la succession. Le principe de la continuation de la personne du défunt ne
devrait pas avoir pour conséquence de compromettre le patrimoine de l’héritier en lui imposant
le paiement de dettes contractées par le défunt.

C’est ainsi que le législateur accorde un droit d’option qui consiste soit renoncer la succession,
soit abandonner une partie des biens de la succession aux créanciers.

L’identification des biens successoraux :


Puisqu’il est possible, même si l’héritier est saisi de plein droit de la succession, que ces droits
soient contestés par autrui, il lui convient de déterminer les modes de preuve de l’appartenance
des biens à la succession du « de cujus »

L’établissement de la consistance de la succession


Sachant que la succession est transmise de plein droit entre les mains de l’héritier. Cet héritier
doit faire preuve de la consistance de succession. Les modes de preuve admis sont :

- Déclaration de succession prévue dans l’article 69 de la loi de 1968 ;


- Acte de notoriété

La déclaration de succession :
C’est un acte émanant des parties dans lequel ces dernières indiquent les noms et qualités des
héritiers, les liens de parenté les unissant au de cujus, et les biens corporels ou incorporels
laissés par le défunt (article 69 de la loi de 1968). Il appartient aux héritiers présumés d’établir
par eux-mêmes la preuve de la consistance des biens de la succession. L’énumération de ces
biens s’accompagne d’une évaluation soumise aux autorités fiscales.
Acte notoriété :
C’est un acte reçu par un notaire ou un officier authentificateur en présence de témoins. Il
contient le relevé exact des déclarations faites par les héritiers présumés, comportant les noms,
qualités, liens de parenté entre eux et à l’égard du « de cujus ». La déclaration de succession et
l’acte de notoriété n’ont de valeur authentique que pour les constatations faites par le notaire ou
l’officier authentificateur. En revanche, les énonciations formulées par les héritiers concernant
leurs qualités ou la liste des biens sont susceptibles d’être contestées et peuvent faire l’objet de
preuve contraire.

§1 – L’option de l’héritier :
Lorsqu’une succession est transmise aux héritiers, ceux-ci peuvent ignorer si le patrimoine ainsi
transmis comporte un passif important, susceptible d’excéder les éléments actifs, de telle sorte
que les successeurs seraient tenus de payer les dettes du défunt au-delà des possibilités du
patrimoine légué et donc sur leurs propres biens. Une situation analogue peut concerner le
légataire qui recevrait un bien grevé de charges susceptibles d’excéder la valeur du legs.

Pour éviter ces conséquences inéquitables, le législateur a mis à la disposition de l’héritier ou du


légataire une option. Ils ont donc la possibilité d’accepter ou de refuser la succession. Ce choix
fait l’objet des articles 50 et suivants de la loi sur la succession.

A- L’acceptation :

L’acceptation peut revêtir deux formes : elle peut être expresse, ou tacite. Elle est simple, en ce
sens qu’elle n’a pas à être assortie de condition. Elle ne peut porter que sur un bien défini. Tout
héritier, qui accepte une partie de la succession est censé accepter la totalité de la succession.

B- La renonciation :

La renonciation peut être expresse ou tacite.

1- La renonciation expresse :

La renonciation expresse résulte de déclarations formulées auprès du notaire ou d’un officier


authentificateur. Saisis à cet effet ces dernier recueillent les déclarations, les consignent dans
l’acte dressé à cet effet, et en donne acte en présence de témoins aux déclarants.

2- La renonciation tacite :

La renonciation tacite résulte d’une abstention volontaire non équivoque équivalant à la


renonciation. (Article 60 de la loi 1968). Divers actes seraient à l’origine de la renonciation
tacite :
- Les héritiers qui se présentent comme témoins à la déclaration de succession ou à l’acte
de notoriété seraient considérés comme renonciateurs même s’il n’exprime
manifestement leur abstention.
- Si l’héritier participe à l’acte de disposition ou à une opération de partage des biens
successoraux, son acte sera considéré aussi comme renonciation tacite.

Toutefois, souciant de l’ambigüité de cette situation, le législateur voulait imposer de limites


à l’interprétation de l’article 60 :

- si l’héritier ignore en réalité sa qualité d’héritier, et de ce fait ne participe pas à certains


actes successoraux. Certes, l’abstention volontaire non équivoque n’équivaut pas à une
renonciation que dans la mesure où l’héritier avait pleinement connaissance de sa
qualité d’héritier ;
- s’il y avait abstention, non-participation, d’un héritier à des actes, la preuve devra être
rapportée que l’intéressé avait eu connaissance des actes en question. L’abstention
équivaudrait alors à une renonciation.

C- La cession de biens :
A travers l’article 64 de la loi de 1968, le législateur a maintenu la possibilité
traditionnelle pour l’héritier d’avoir recours à la cession de biens. Les dettes du défunt
grèvent non seulement les successions, mais aussi les biens personnels des héritiers ou
légataires universels à moins que ceux-ci cèdent aux créanciers le reste des biens de la
succession après les charges prévues par l’article 63 al 1er et 2 aient été acquittées
(charges de la succession, créances alimentaires). La cession des biens est possible une
fois que certaines impératives aient été acquittées par les héritiers qui abandonnent
ensuite le reste de la succession, sauvegardent ainsi leur patrimoine propre.
Pourquoi fait-on donc recours à la cession de biens ?
Il faut admettre que le patrimoine est inaliénable et indivisible. Chacun à son propre
patrimoine et que ce patrimoine est unique. Même les époux, dans la gestion des biens
communs, sont protégés par la loi contre tout acte d’appauvrissement conclu par l’un
d’eux à l’insu de l’autre. L’on imagine ensuite que suite aux actes des tiers, votre
patrimoine se trouve en jeu. C’est pour cette raison que, par l’acte de cession de biens, les
héritiers ont entendu se protéger contre les recours des créanciers de la succession qui,
en cas d’acception, peuvent se payer sur les biens personnels des héritiers.
Ainsi, dès que la cession des biens est accomplie, les créanciers n’ont plus la possibilité
de se retourner contre le patrimoine des héritiers.
§2- La liquidation de la succession :
La maîtrise de la notion de patrimoine est nécessaire pour la compréhension du présent
paragraphe.

A- Cas d’héritier unique :

L’héritier unique continue la personne du défunt dès le jour du décès. Conséquence, dès
l’ouverture de la succession et dès lors qu’il y a transmission de plein droit de la dévolution
successorale, le patrimoine du défunt et le patrimoine de l’héritier se confondent.

- Les éléments actifs de la succession :

Les éléments actifs sont constitués par les biens mobiliers et immobiliers, qu’ils soient corporels
ou incorporels (actions, créances), d’une manière générale tous biens sur lesquels le défunt
exerce un droit (dont droit de propriété, servitude, usufruit). Il faut aussi y comprendre les
droits et actions ainsi que les créances.

- Les éléments passifs du patrimoine du défunt :

Les éléments passifs du patrimoine sont essentiellement constitués par les dettes et les charges.

L’héritier est tenu de tout le passif laissé par le défunt, tel par exemple le paiement des
dommages-intérêts ou des dettes délictuelles (amende). Seules exonérés de la charge de la
succession les dettes qui découlent de l’exécution d’un contrat conclu en considération de la
personne du défunt.

A cet effet, il en va encore de notre préoccupation de savoir quelle est l’étendue de cette
obligation.

Les dispositions de l’article 64 de la loi du 4 juillet 1968 semblent claires en sens que « les
dettes du défunt doivent être payées sur l’actif successoral et si celui-ci est insuffisant, sur les
biens personnels des héritiers ». Le législateur malgache dans le droit positif ne manque pas
d’ajouter à ce sujet la règle selon laquelle l’héritier est tenu des dettes de la succession au-delà
des possibilités de la succession. C’est le principe «ultra vires successionis». Toutefois, le
législateur ne veut pas trop injuste en la matière en laissant deux possibilités pour éviter ce
paiement : la renonciation et la cession de bien (voir supra).

En outre, une autre question est encore posée par la doctrine : celle de l’imputation des frais de
la dernière maladie et les frais funéraires. S’agit-il de dettes qui incombent à la succession ou
charges qui pèsent essentiellement sur les héritiers ? A ce titre, l’article 63 de la loi sur la
succession dispose que « les héritiers acquittent sur les biens successoraux et en premier lieu les
charges de la successions ». Par tradition, les frais de dernière maladie et les frais funéraires sont
toujours considérés comme charges de la succession qui ne devraient pas payables directement
par les héritiers.

- L’ordre de paiement des dettes et charges :


L’article 63 de la loi du 4 juillet 1968 dispose que : Les héritiers et légataires universels
acquittent sur les biens successoraux et dans l'ordre ci-dessous indiqué :
1° les charges de la succession ;
2° les créances alimentaires prévues à l'article 55 ci-dessus ;
3° les dettes du défunt ;
4° les legs particuliers

- Cas d’épuisement de l’actif successoral :

Il peut arriver que les dettes du défunt excèdent l’actif successoral. Le principe nous amène à
dire que les héritiers doivent répondre des paiements de ces dettes sur leurs biens personnels.
Toutefois encore, s’ils avaient pris la précaution de renoncer à la succession, ils n’auraient à
acquitter aucune charge ou dette. En revanche, s’ils ont accepté la succession, mais qu’après
avoir acquitté les charges de la succession et les créances alimentaires, ils constatent que l’actif
successoral va être insuffisant pour payer les charges et les dettes, ils peuvent utiliser la
possibilité de la « cession des biens ».

B- La liquidation de la succession dans le cas de pluralité d’héritiers :

En cas d’héritier unique, le principe de transmission de plein droit de la succession ne pose pas
de problème quant à l’identification du bénéficiaire. Tandis qu’en cas de pluralité d’héritier, la
transmission provoque une autre situation juridique à l’égard des cohéritiers. La mort du de
cujus renvoi les héritiers à l’indivision successoral. On aura à déterminer qui recevra quoi.

Abstraction faite de cette situation l’on dégage la définition de l’indivision successorale. On


entend de l’expression « indivision successorale » à la fois :

- La situation dans laquelle se trouvent les biens héréditaires avant toute opération de
partage entre les cohéritiers ;
- La masse des biens successoraux, confondues en une entité tant qu’aucun partage n’a eu
lieu.

Pendant la période indivisaire, chacun des héritiers se trouve dans une situation provisoire. Ils
sont tous titulaires de droit à l’égard de la masse des biens successoraux sans qu’on sache
expressément sur quels biens leur droit s’exerce exactement. C’est ainsi que dans la plupart des
systèmes de droit étranger, et en particulier dans les droits occidentaux, l’indivision est une
situation anormale, exceptionnelle et inorganisée. La situation normale étant celle qui découle
du partage. A Madagascar, l’indivision est fréquente. Une situation qui résulte parfois de l’esprit
conservateur de la société. Dans société traditionnelle, on demeure très attaché aux biens
ancestraux. Ainsi donc, dans la tradition, les héritiers restent volontiers dans l’indivision et
souvent pendant plusieurs générations. Il en résulte des difficultés et parfois des conflits portant
notamment sur la consistance de masse successorale, sur la qualité et sur le nombre des
héritiers.
La question que l’on se pose alors c’est que comment les héritiers exercent-ils leur droit dans
cette situation ?

- Droits et devoirs des cohéritiers durant l’indivision :


Les cohéritiers ont chacun des droits sur la masse indivise. Ils ont le droit d’usage.
Chacun peut utiliser la masse indivise sans pouvoir empêcher les autres cohéritiers de
s’en servir. Le droit de jouissance et le partage des fruits doit être équitable. En
contrepartie, si des mesures conservatoires doivent être prises, les dépenses sont à la
charge de tous les indivisaires à égalité. Ces règles très générales soumettent encore à
des exceptions prévues par l’article 71 de la loi de 1968 : « L'héritier qui, selon les usages
ou les coutumes du lieu a jouit de biens successoraux, en a recueilli les fruits et supporté
les charges en attendant le partage, ne doit aucune indemnité ni récompense aux
cohéritiers. »
- Le cas du conjoint survivant :
En règle générale comme d’ailleurs dans la tradition du Droit malgache, la veuve n’a
aucun droit, ni à la jouissance, ni à l’administration des biens en indivision, et qui
appartiennent exclusivement à ses enfants. Mais, la pratique montre que la coutume a
toujours admis que la veuve peut disposer d’un certain droit de jouissance sur les biens
composant l’hérédité. Elle reste sur les lieux et bénéficie d’une tolérance de la part des
cohéritiers quant à la jouissance des biens de la succession.
C’est essentiellement dans ce souci que le législateur a institué la règle prévue par
l’article 133 de la loi 2007-022 du 20 août 2007 relative au mariage et aux régimes
matrimoniaux 5 en ses termes : « si la communauté est dissoute par le décès d'un des
conjoints, l'entretien et le logement du survivant durant l'année qui suit devront être mis
à la charge de la communauté, dans la proportion du besoin de celui qui les réclame, et
des facultés de cette communauté. Le conjoint survivant n'est pas tenu à rapporter à la

5
J.O. n° 3 163 du 28/01/08, p. 131
masse commune les fruits des biens communs par lui dans l'année qui suit le décès, et en
tout état de cause tant qu'ils ne seront pas revendiqués par les ayants droit du défunt ».

En outre, les cohéritiers ou même certains d’entre eux, peuvent procéder à la désignation d’un
administrateur.

Si aucun partage n'a encore lieu ou s'il y a seulement partage partiel, les cohéritiers ou certains
d'entre eux peuvent procéder à la désignation d'un administrateur provisoire chargé de
l'entretien et de la conservation des biens indivis. Cette désignation est constatée par acte
notarié ou authentifié dressé en présence ou avec le consentement écrit des cohéritiers qui ont
procédé à la désignation. article 72 de la loi de 1968).

§3 : La cessation de l’indivision successorale


L’indivision, étant une situation provisoire, doit tôt ou tard aboutir à un partage. Le partage est
l’acte par lequel les copropriétaires substituent des parts matériellement distinctes, appelées
parts divises, aux parts indistinctes, appelées quotes-parts indivises ou parts indivises, qu’ils
possédaient comme coindivisaires.

Il existe en effet plusieurs sortes de partage :

- Partage définitif : celui qui fait cesser l’indivision par l’attribution à chaque cohéritier
d’une part en propriété. Dans ce cas, il ne reste plus en rien de l’indivision.
- Partage provisionnel : lorsque l’indivision subsiste en ce qui concerne le droit de
propriété mais la jouissance des biens est partagée entre les cohéritiers.
- Partage partiel : lorsque certains biens sont partagés tandis que d’autres demeurent
indivis. Dans certaines successions, il peut y avoir des difficultés pour le partage de
certains biens, soit en raison de leur nature, soit en raison de leurs dimensions. Pour
éviter de faire durer le partage, les héritiers procèdent à une répartition de certains
biens, les autres demeurent provisoirement indivis. Il faut noter également qu’il existe
même de biens qui sont en principe indivisibles. C’est le cas des bien « ko-drazana. »
- Le partage amiable : lorsqu’il n’y pas de partage judiciaire.
- Le partage judiciaire : (article 64 de la loi du 4 juillet 1968)
Il y a partage judiciaire :
 si tous les cohéritiers ne sont pas présents ou représentés ;
 s'il y a parmi eux des incapables ou mineurs ;
 si l'un des cohéritiers refuse de consentir au partage ;
 s'il s'élève des contestations, soit dans le mode d'y procéder, soit sur la
manière de le déterminer; dans ce dernier cas, le partage peut être partiel.
L’article 77 de la loi de 1968 prévoit que chacun des cohéritiers peut en tout temps exiger qu’il
soit procédé au partage des biens successoraux. Néanmoins, si le partage intervient en temps
inopportun ou s'il doit avoir pour effet d'interrompre ou de compromettre gravement le
fonctionnement ou la mise en valeur d'une exploitation industrielle ou agricole, le tribunal saisi
peut imposer le maintien en indivision de l'exploitation pendant une période qui ne peut
excéder six années. Cette période pourra toujours être réduite suivant les circonstances.

Extrait de la loi de 1968 qui traite le partage :

Art. 78 - Si les cohéritiers majeurs et capables sont présents ou dûment représentés, le partage
peut être effectué à l'amiable. Il peut être précédé d'un inventaire qui fait foi entre les cohéritiers.
Le partage peut être homologué en justice, à la demande de l'un quelconque d'entre eux.

Art. 79 - Le partage se fait par portions égales entre les cohéritiers. Il a lieu autant que possible en
nature ou, à défaut, en moins prenant avec attribution de soultes pour compenser l'inégalité des
lots. Art. 80 - Les biens immobiliers à partager sont estimés à la date du partage. A défaut
d'accord des parties, l'estimation est faite par un expert choisi par elles, ou commis à cet effet par
le président du tribunal compétent.

Art. 81 - S'il y a des créanciers saisissants ou opposants, ou si les cohéritiers conviennent que la
vente est nécessaire pour acquitter les dettes et les charges de la succession, les meubles peuvent
être vendus dans les formes prescrites au titre des saisies-exécutions du Code de procédure civile.

Art. 82 - Lorsque parmi les biens successoraux figure une exploitation agricole constituant une
unité économique, un cohéritier peut en obtenir en justice l'attribution, à charge de soulte le cas
échéant, si lors du partage il exploitait par lui-même, ou participait d'une manière effective à la
mise en valeur de l'exploitation.

Art. 83 - Les cohéritiers peuvent convenir que les héritiers de sexe féminin recevront leur part de la
succession sous la forme d'une somme d'argent. En ce cas, la remise de la somme sera précédée
d'un inventaire estimatif des biens à partager et constatée par un acte authentique ou authentifié

.
CHAPITRE 2 : LA DEVOLUTION SUCCESSORALE PAR MANIFESTATION DE VOLONTE

Comme nous l’avions avancé lors de la partie introductive, il existe deux possibilités pour entrer
en possession des biens du de cujus. On y procède soit par voie légale, soit par la manifestation
de volonté. Dans le premier mode, c’est la loi qui a déterminé souverainement les règles selon
lesquelles cette dévolution doit être effectuée, mais cette loi prenait toujours en considération
l’ordre de priorité des affectations du « de cujus ». En effet, c’est bien la volonté du « de cujus »
qui prime dans la matière des successions qu’il y ait ou non manifestation de volonté.

Cette volonté du « de cujus » est encore plus tangible lorsqu’il existe un testament. A ce titre, il
sied de rappeler les trois éléments qui constituent l’environnement, le contexte dans lequel
l’étude du testament sera faite :

- le respect de la parole des ancêtres,


- la continuation de la personne du défunt
- l’idée de base selon laquelle, les ancêtres et vivants constituent une seule chaîne dont le
testament est l’un des maillons.

Par ailleurs, le testament est considéré non pas seulement comme l’expression de la volonté
d’une personne disparue, c’est également un ensemble de recommandations, d’ordres, donné
par les ancêtres.

Dans la loi 68-012 du 4 juillet 1968 relative aux successions, testament et donation, on remarque
quatre grandes préoccupations du législateur malgache :

- la fidélité à l’inspiration traditionnelle et coutumière


- le respect du principe du « masi-mandidy » ;
- le souci de mettre de l’ordre et de simplifier les procédures ;
- l’introduction de dispositions nouvelles.

On entend par testament un acte unilatéral par lequel le testateur dispose de tout ou partie de
ses biens, de un ou plusieurs biens déterminées, de la totalité ou d’une quote-part de son
patrimoine. Cet acte ne produit effet qu’à la mort du testateur. Il peut être révoqué ou rendu
caduque. Il est établi selon l’une des formes prévues par la loi.

SECTION 1 : LA VALIDITE DES MANIFESTATIONS DE VOLONTE

Toute manifestation de volonté produit des effets juridiques. Dans le cadre de la présente étude,
nous resterons dans le cadre du testament et manifestation de volonté. Cette manifestation de
volonté doit respecter certaines conditions. Aussi, lorsque ces conditions sont-elles remplies, la
liberté est entière, mais subit des limites.

§1 : Les conditions générales de validités de manifestations de volonté


En tant qu’actes juridiques, le testament et la manifestation de volonté soumettent à des
formalités prévues par la LTGO6 qui édicte des règles particulières à leur validité. Ainsi, pour
qu’ils soient valables, les actes juridiques doivent procéder d’une intention, découler d’une
volonté saine. Mais ces conditions ne suffisent pas. Il faut aussi que le testament ou la
manifestation de dernière volonté ait un objet et qu’il ait une cause.

A- La volonté :

Selon l’article 26 de la loi de 1968, le testament est un acte personnel qui est l’émanation de
la volonté réelle de son auteur. Pour que cette volonté soit réelle, il faut qu’elle soit issue
d’une personne saine d’esprit.(article 25).

Les règles applicables aux vices de consentement prévues par la LTGO sont toutes valables
en matière de testament notamment en ce qui concerne l’erreur (sur la valeur /Art.72
LTGO), la contrainte (art.73 LTGO) ainsi que le dol (art.77 LTGO)

B- La capacité :

Selon l’article 25 de la loi de 1968, « l’acteur du testament ne doit pas avoir été déclaré incapable
par la loi ou coutume ».

Les incapacités déterminées par la loi sont les suivantes :

- L’incapacité du mineur
- L’incapacité d’une personne condamnée à une peine afflictive perpétuelle
- Cas du condamné à une peine afflictive perpétuelle,
- Cas d’une association non déclarée : pas d’existence juridique,
- Cas de l’enfant non conçu

C- L’objet du testament :

L’objet du testament doit être déterminé et peut concerner tout bien meuble ou immeuble. Le
testament peut porter sur un ou plusieurs objet(s) déterminé(s), sur la totalité de la succession,
sur des biens présents et même sur des biens à venir. On enregistre deux limites à cette faculté :

6
Loi 66-003 du 2 Juillet 1966 relative à la Théorie Générale des Obligations, modifiée et complétée par la loi
2015-036 du février 2016.
- Il faut que l’objet soit clairement déterminé.
- Selon l’article 48 de la loi de 1968 : « legs de la chose d’autrui est nul »

D- La cause du testament :

En principe, cette condition est toujours remplie. Cependant, elle peut disparaitre après que
le testament ait été rédigé.

- La cause ne doit pas être fausse.


- La cause ne doit pas être illicite ou immorale

Cause illicite est celle qui permet d’enfreindre des dispositions légales. Quant à la cause
immorale, il n’en existe pas d’exemple car le testateur est masi-mandidy

E- Les sanctions de violation des conditions de validités :

A chaque acte juridique, si les conditions de validité ne sont pas remplies, la sanction encourue
sera la nullité : la nullité du testament lui-même, ou la nullité d’une disposition.

Par ailleurs, selon l’article 28 ??? de la loi de 1968 : « toute disposition testamentaire dont
l’exécution est impossible, est considérée comme nulle ».

§2 : Le principe de « masi-mandidy »

Il a été évoqué que le principe de masi-mandidy constitue une pierre angulaire du droit
traditionnel des successions testamentaires à Madagascar. Il permet à tout malgache de disposer
de ses biens comme il l’entend, sans l’existence d’une quelconque réserve au profit de certains
héritiers vienne limiter ce droit.

On pourrait estimer que ce principe procédait d’une conception individualiste de l’héritage, et


qu’il se conciliait mal avec le principe de cohésion familiale qui domine le Droit malgache de la
famille. Cette analyse n’est pas tout à fait exacte, car le principe du « masi-mandidy » avait sa
justification : il permettait de renforcer la solidarité familiale et sentiment de respect absolu
voué au chef de famille. Il est logique que le chef de famille, défenseur et garant de cette
solidarité familiale, puisse prendre les mesures qu’il croit bonnes pour la garantie, et puisse par
application du « masi-mandidy », exclure tel ou tel héritier susceptible de la détruire.

Le principe de « masi-mandidy », étant fortement connu dans tous les systèmes juridiques
malgaches, est prévu dans la loi de 1968 en son article 47. Toutefois, il n’en demeure pas moins
sans limite.
Les limites assignées au principe du « masi-mandidy » :

On peut recenser deux catégories de limites :

A- Limites légales :

Art. 54 - L'exhérédation doit être formellement exprimée dans le testament. L'héritier qui a
été omis du testament ou qui n'a reçu qu'un legs manifestement inférieur à la part à laquelle
il aurait pu prétendre en l'absence de testament, conserve le droit de réclamer jusqu'à
concurrence de cette part, des biens qui n'ont pas été recueillis par leurs bénéficiaires ou qui
n'ont pas été compris dans le testament.

Art. 55 - Les héritiers de la première classe, et, s'il n'en existe plus, les héritiers de la seconde
classe, mineurs ou incapables, qui sont exclus expressément ou implicitement de la
succession de leur auteur, peuvent obtenir, à titre d'aliments une part des biens légués qui
ne saurait toutefois excéder la part à laquelle ils auraient pu prétendre en l'absence de
testament. L'action en justice exercée à cet effet doit être intentée dans l'année qui suit le
refus des bénéficiaires du testament d'octroyer cette part ou la demande d'exécution du
testament par lesdits bénéficiaires. L'action est exercée devant le tribunal du lieu
d'ouverture de la succession et selon les règles du Code de procédure civile.

Art. 56 - La procédure de conciliation prévue aux articles 154 et suivants du Code de


procédure civile est obligatoire.

Art. 57 - Les tribunaux statuent en tenant compte de l'importance de la succession et des


ressources et des besoins des demandeurs. Ils peuvent condamner les bénéficiaires du
testament à payer aux demandeurs une somme forfaitaire payable par fraction.

B- Limites traditionnelles :

Ce sont des limites qui découlent de la tradition familiale. Les coutumes et le droit
traditionnel avaient donné aux témoins d’un testament, le rôle à la fois de parents de
l’authenticité du testament, mais également de protecteurs des intérêts familiaux. Les
témoins avaient la possibilité de faire des représentations au testeur en cas de libéralité
excessive. Mais il est évident que, le testateur n’était jamais tenu de se conformer aux
recommandations des témoins. Il s’agissait en quelque sorte donc de simples limites
morales.
SECTION 2 : LA REVOCABILTE ET LA CADUCITE DU TESTAMENT
La révocation du testament c’est l’anéantissement de tout ou partie du testament par la volonté
du testateur. Tandis que la caducité du testament consiste en l’absence d’efficacité résultant
d’une cause étrangère à la volonté du testateur.

§1 : La révocation du testament
Le testament est toujours révocable. La révocation peut être expresse ou tacite.

A- Révocation expresse :

Art. 49 al.1 de la loi de 1968 : « - Le testament est révoqué entièrement, lorsque le testateur
déclare expressément, dans les formes requises pour la validité des testaments, qu'il révoque
son testament. … »

B- Révocation tacite :
- Dispositions testamentaires nouvelles :

Art. 49 al.2 de la loi de 1968 : « … Il est révoqué partiellement lorsque le testateur, dans les
mêmes formes, prend une disposition qui ne peut être exécutée en même temps qu'une clause
du testament. »

- L’aliénation volontaire de la chose léguée

Art. 50 - l'aliénation volontaire que fait le testateur de tout ou partie de la chose léguée emporte
révocation du legs pour tout ce qui a été aliéné.

- L’aliénation tacite

Bien que la loi semble implicite en la matière, on peut retenir que la destruction volontaire de la
chose objet du legs constitue de révocation implicite. Il en est de même de la suppression de
l’instrument de preuve de testament.

§2-La caducité :

- Le pré-décès du légataire :

Lorsque le bénéficiaire d’un legs n’a pas survécu au testateur, la disposition testamentaire qui le
concerne devient caduque (article 51 de la loi de 1968). Le bénéficiaire d’un legs doit exister au
moment où se réalise la libéralité, c’est-à-dire au décès du testateur.

- La perte de la chose léguée :


Il semble évident que la perte de la chose faisant l’objet du testament donne du non-sens mais il
faut qu’elle intervienne pendant la vie du testateur.

SECTION 3 : LES DIFFERENTES FORMES DE MANIFESTATION DE VOLONTE


§1- Le testament secret :
Dans cette forme de manifestation de volonté, le testateur rédige lui-même le testament ou dicte
les dispositions testamentaires. Celles-ci peuvent être rédigées à la main, ou dictées à la
machine. Lorsque le testateur n’a pas rédigé lui-même, il doit relire ou se faire relire le
testament. Ensuite il le signe, le place sous pli fermé, et le dépose entre les mains d’un notaire ou
d’un officier public authentificateur en présence de deux témoins qui sont de préférence
membres de la famille. Le testateur a la faculté de faire cacheter et faire sceller l’enveloppe au
cours de la présentation à laquelle il déclare au notaire ou l’officier public que le contenu de
l’enveloppe est bien son testament et il doit confirmer expressément qu’il en a bien vérifié le
contenu. Le notaire ou l’officier reçoit l’acte et dresse un acte qui constate cette réception. Le
notaire établit un brevet, ou un original dans ses registres. L’officier public doit dresser une note
dans son registre, déclarant qu’il a reçu le testament. Dans tous les cas, le notaire ou l’officier
public doit porter des indications : la date et le lieu de réception du testament, la description
sommaire du pli, et la signature du testeur et celle des témoins sur l’enveloppe contenant le
testament et il la garde.

En cas d’empêchement grave du testateur, ou s’il est en péril de mort, l’officier public ou le
notaire peut se transporter chez lui. Au décès du testateur, le notaire ou l’officier public
convoque les membres de la famille, et procède devant eux à l’ouverture du testament, et à sa
lecture.

§2- Le testament par acte public :

C’est un testament qui est dicté ou présenté en déclaration orale par le testateur devant un
notaire ou un officier public authentificateur, en présence de deux témoins. Le notaire ou
l’officier public prend note des déclarations testamentaires en fait lecture au testeur, ensuite
signe et fait signer le testateur et les témoins. Le testateur est ainsi enregistré en brevet ou dans
le registre des actes authentifiés, copie pouvant en être délivré au testateur.

§3-Le testament olographe :


Le testament olographe est écrit de la main propre du testateur, daté et signé. Il ne peut pas être
rédigé à la machine. Celui-ci a plusieurs possibilités : il peut garder le testament par devers-lui, il
peut le déposer entre les mains d’un tiers, il peut également le remettre à un officier public
authentificateur ou à un notaire. Dans ce dernier cas, bien que la loi ne le précise pas, il semble
que l’un ou l’autre doit constater par acte authentique ou authentifié la remise de ce testament.

§4- La déclaration de la dernière volonté :


Celle-ci est orale, faite en présence de quatre témoins dont deux au moins sont membres de la
famille. Elle est faite auprès du responsable de la collectivité décentralisée, en l’occurrence le
fokontany, ou au chef de famille que la coutume désigne. Dès le décès du déclarant, celui qui a
reçu la déclaration doit se rendre auprès d’un notaire ou d’un officier public authentificateur, et
faire enregistrer la déclaration, en précisant l’identité des témoins qui ont assisté à la
déclaration.
La déclaration de dernière volonté a un domaine assez restreint, puisque le déclarant ne peut
que partager ses biens entre tous ses enfants et formuler des prescriptions relatives à sa mise au
tombeau, à l’exclusion de toutes autres dispositions.

A noter que toutes ces formes de manifestation de volonté sont prévues dans les articles 30 à 45
de la loi de 1968 ;

RECUEIL BIBILIOGRAPHIQUE :

- Livre 6 Montesquieu De l'origine et des révolutions des lois des romains


sur les successions
- Le droit des successions et des libéralités en schémas
Auteur(s): Belloir-Caux, Brigitte
Editeur: Ellipses
Année de Publication: 2016
pages: 469
ISBN: 978-2-340-01531-9
eISBN: 978-2-340-05049-5

- JEAN-JACQUES ROUSSEAU, Du Contrat social, édition Maurice Halbwachs, Paris, Aubier-


Montaigne, livre I, p. 55

NOTION INTERESSANTE ET REFERENCES TEXTUELLES :

Art 6 de la loi 68-012 : l’enfant non conçu/ Art 3


Art 3 : de la loi 63-022 du 20 novembre 1963 relative à la filiation, à l’adoption, au rejet et à la
tutelle : L’enfant né au cours du mariage entre 180 à 300 jours (durée légale de la conception) a
pour père le mari de la femme.

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