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Comme indiqué, notre sujet reste figé sur l’étude du patrimoine ; ce qui revient
à exclure, par voie de conséquence, les droits personnels, les droits réels, et les droits
intellectuels du champ de notre analyse .
Il est alors important d’étudier ce sujet afin de saisir, les tendances évolutives
de la notion de patrimoine.
Le patrimoine s’analyse comme l’ensemble des biens d’une personne constituant son actif et
l’ensemble de ses dettes formant son passif. Les biens et les obligations sont regroupés dans
une entité que l’on nomme le patrimoine. Cette entité est une universalité de droit, ce qui
signifie que les droits et les obligations forment l’actif et le passif du patrimoine forment un
tout indissociable. Parce qu’il est une universalité de droit, le patrimoine constitue le gage
général du créancier sur les biens de son débiteur. C’est ce qu’exprime l’article 2284 du code
civil ancien selon lequel celui qui s’est personnellement engagé doit remplir son engagement
sur l’ensemble de ses biens mobiliers et immobiliers, présents et futurs. En tant
qu’universalité de droit, le patrimoine est soumis à un régime juridique propre, distinct du
régime juridique des biens qui le composent. Selon cette théorie classique, le patrimoine est
incessible, intransmissible, insaisissable et imprescriptible.
Selon cette théorie classique, le patrimoine est intimement lié à la personne. Il ne peut y
avoir de patrimoine sans personne au sens juridique du terme. Le patrimoine est indissociable
de la personne avec laquelle il fait corps. Aubry et Rau expriment ce lien indissoluble entre le
patrimoine et la personnalité en affirmant que le patrimoine est une émanation de la
personnalité. Partant de l’idée que le patrimoine est une émanation de la personnalité, les
tenants de la théorie classique en tirent trois conséquences fondamentales. D’abord, seules les
personnes ont un patrimoine.il s’agit ici, des personnes physiques et des personnes morales.
Ensuite, toute personne a nécessairement un patrimoine et tant que la personne est vivante
son patrimoine existe. Enfin, toute personne n’a qu’un patrimoine.
Cependant, le droit positif a apporté des assouplissements à cette théorie classique, révélant
ainsi l’évolution de la théorie du patrimoine.
Puisque le patrimoine n’est plus conçu comme une émanation de la personnalité, une
personne peut créer autant de patrimoines qu’elle exerce d’activités distinctes. A chacune de
ces activités, elle affecte des biens déterminés qui sortent ainsi de son patrimoine personnel.
Les inconvénients de la théorie classique ont conduit les législateurs français, OAHADA et
CEMAC à admettre, dans certains cas, une déconnexion entre le patrimoine et la personnalité.
Les premières salves ont été tirées par le législateur français en 2003. Il a permis au chef
d’entreprise de faire une déclaration notariée d’insaisissabilité de sa résidence principale. En
2008, le principe de cette déclaration a été étendu au foncier bâti et non bâti qui n’est pas affecté
à un usage professionnel. Dans les deux cas, le législateur français consacre le patrimoine
d’affectation en soustrayant certains biens de l’entrepreneur aux poursuites des créanciers.
Ensuite, en droit ohada, les articles 87 et suivants de l’Acte uniforme du 15 décembre 2010
relatif au droit des sûretés consacrent en droit OHADA la fiducie-sûreté de sommes d’agent.
Enfin, en droit CEMAC nous pouvons par exemple, convoquer les articles 95 et 96 du règlement
CEMAC du 25/04/2014 relatif au traitement des établissements de crédit en difficulté
établissements. Les articles précités créent deux compartiments comprenant chacun un actif et
un passif