Toute personne physique ou morale est à la tête d’un patrimoine. Dans la conception dominante, qui rattache la notion de patrimoine à celle de personnalité, il faut dire que le patrimoine apparait à la naissance et disparait au décès, il s’ensuit que son contenu est par essence variable et qu’on n’a guère d’occasion de le chiffrer sauf au jour du décès pour les personnes physiques, au jour du bilan ou du redressement judiciaire pour les sociétés. Définition : les droits patrimoniaux, les éléments du patrimoine. - Bien qu’il n’y ait pas de définition dans la loi, on s’accord sans difficulté à dire que le patrimoine d’une personne est l’ensemble de ses droits « ou biens » et de ses obligations pécuniaires, constituant une universalité de droit. - Les éléments du patrimoine Dans une première approche, on va dire que le patrimoine comprend des droits patrimoniaux qui sont, les uns des droits réels sur des choses les autres des droits personnels ou de créance « à l’actif : créances ; au passif : dettes » Toutefois, avec l’évolution économique est apparue une troisième catégorie de droits « propriété littéraire, artistique, industrielle ; propriété commerciale, etc. » qui ne se ramènent ni aux droits réels, ni aux droits personnels ; on les appelle souvent les droits intellectuels ou monopoles d’exploitation. Ce sont ces trois catégories de droits qu’il convient d’analyser pour mieux cerner les éléments du patrimoine. A/ les droits réels Le droit réel se définit comme le pouvoir, exercé directement par une personne sur une chose : par exemple, le droit de propriété ; en cela, il s’oppose au droit personnel, lequel est le pouvoir d’une personne sur une autre personne. Le premier est dit absolu, c’est-à- dire opposable à tous ; le second est relatif en ce sens qu’il n’établit de rapports qu’être le créancier et le débiteur. A cet égard, il convient de classer les choses sur lesquelles portent les droits réels, puis d’analyser le contenu des divers droits réel.
Classification des choses objet des droits réels
Alors que les droits personnels portent sur des prestations de l’homme, les droits réels portent sur des choses. Il importe de classer ces choses en diverses catégories, non pour l’amour des catégories mais parce que le fait qu’une chose appartienne à telle catégorie peut entrainer la mise en œuvre de règles déterminées. On peut dire en effet qu’à chaque catégorie correspond l’application d’un groupe de règles de droit. C’est particulièrement évident pour la distinction des choses en meubles et immeubles.
Par exemple la fiscalité varie suivant qu’une aliénation porte sur un meuble ou sur un immeuble, d’une manière générale les mutations de propriété immobilière sont plus lourdement frappées que celles portant sur des meubles « encore faudrait-il distinguer suivant qu’elle sont faites à titre gratuit ou à titre onéreux ».
De même la preuve de la propriété est plus simple à rapporter pour les meubles « elle résulte de la simple possession » que pour les immeubles « il faut démontrer qu’on a acquis du véritable propriétaire ».
Dans le même ordre d’idées, toutes les opérations sur les immeubles « vente, hypothèque, apport en société, etc. » sont soumises à publicité foncière à la conservation des hypothèques, alors qu’en matière mobilière une publicité n’est organisée que dans des hypothèses bien précises et limitées « avions, navires, fonds de commerce, etc. » En matière de procédure, le tribunal compétent est celui du lieu de situation de l’immeuble pour les affaires immobilières, celui du domicile du défendeur pour les affaires mobilières. Quant à la saisie, elle est hérissée de difficultés pour les immeubles, assez simple pour les meubles et les sommes d’argent.
Egalement, si les meubles comme les immeubles peuvent servir de garantie au paiement des créances, ce ne sont ni les mêmes sûretés, ni les mêmes règles qui s’appliqueront dans un cas et dans l’autre. Les hypothèques ne pèsent que sur les immeubles, les gages et leurs dérivés, warrants « industriel, pétrolier », nantissements « fonds de commerce, outillage et matériel d’équipements » sur les seuls meubles.
On n’en finirait pas d’énumérer les intérêts qui s’attachent à la distinction des meubles et des immeubles, mais à côté de cette classification fondamentale, on rencontre des classifications secondaires dont l’intérêt n’est pas négligeable. Toutes les choses entrent dans chacune de ces classifications. Elles sont toutes : - Meubles ou immeubles ; - Consomptibles ou non consomptibles ; - Fongibles « chose de genre » ou non fongibles « corps certains » entre elles.
A) Meubles et immeubles
La distinction des meubles et des immeubles est très ancienne, puisqu’il date du droit romain. A l’origine, la classification ne s’appliquait qu’aux choses corporels, matérielles, sur lesquelles pouvaient porter un droit réel.
Appliquée aux choses corporelles, la distinction correspondait aussi à un critère de valeur. Dans un pays d’économie surtout agricole, l’immeuble, les terres, étaient la seule valeur véritable ; les meubles, y compris le numéraire et les bijoux, étaient quantité négligeable. L’évolution économique postérieure allait bouleverser ces données. De nouveaux biens sont apparus, par suite de la multiplication considérable des sociétés : les parts d’intérêts et les actions qui sont des biens incorporels.
La classification des meubles et immeubles, s’appliquant désormais tant aux biens incorporels « droits de créance, actions et parts d’intérêts » qu’aux choses corporelles « les choses au sens du langage courant ».
1) Les immeubles
Les biens sont immeubles ou par leur nature, ou par leur destination, ou par l’objet auquel ils s’appliquent. Les immeubles par nature Sont essentiellement les fonds de terre, c’est à-dire le sol, et, d’une manière plus générale, tout ce qui est attaché au sol. Ainsi, sont immeubles par nature les constructions de toutes sortes : immeubles d’habitation ou de bureaux, bâtiments d’usines, hangars, barrages, ponts, garages, etc., et tous les accessoires qui y sont incorporés : canalisations, ascenseurs, etc. Sont également immeubles par nature le végétal, qu’ils soient spontanés ou cultivés non encore recueillis, les arbres des forêts.
Les immeubles par destination Sont en réalité des choses mobilières, mais que la loi traite fictivement comme des immeubles en raison du lien qui les unit à un immeuble par nature. C’est là une application particulière d’un principal général du droit : l’accessoire suit le principal. Pour qu’un meuble devienne ainsi immeuble par destination, deux conditions doivent être réunies : 1- Il faut que le meuble appartienne au même propriétaire que l’immeuble auquel il est affecté, faute de quoi que l’unité ne serait qu’apparence ; 2- Il faut aussi que le propriétaire ou bien ait placé ces meubles « pour le service et l’exploitation du fonds », ou bien les ait « attachés à son fonds à perpétuelle demeure ». Cette seconde condition, prises-en ses deux branches, appelle quelques explications. L’affectation au service et à l’exploitation d’un fonds doit s’entendre des objets mobiliers qui sont nécessaires, si non même indispensables audit fonds, en effet une extension abusive des immeubles par destination pourrait nuire aux créanciers chirographaires de l’entreprise : s’ils veulent saisir des meubles « immobilisés » par destination, ils risquent d’être primés par les créanciers hypothécaires dont l’hypothèque se trouve étendue d’office à ces nouveaux biens. Ceci étant, il peut s’agir d’une affectation agricole « les animaux attachés à la culture, le matériel agricole, les semences, pailles et engrais, etc. » ou industrielle « tout l’outillage de l’entreprise, machines, ordinateurs, véhicules, etc. » ou commerciale « matériels divers ». L’intérêt pratique de l’immobilisation par destination est d’entrainer l’application à ces meubles des règles relatives aux immeubles dont ils sont l’accessoire. Ainsi, une hypothèque sur une usine va porter outre, et de droit, sur tout l’outillage qui pourrait y être introduit pour l’exploitation du fonds, pareille situation peut entrainer des conflits difficiles à résoudre entre le créancier hypothécaire sur l’immeuble et les créanciers bénéficiant par exemple d’un nantissement sur l’outillage et le matériel d’équipement.
Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent sont une catégorie artificielle, c’est-à-dire non plus les choses mais les droits qui portent sur ces choses. Ainsi est-on amené à dire, que sont aussi des immeubles les droits réels lorsqu’ils portent sur des immeubles « par exemple, la propriété des immeubles, les servitudes, les hypothèques ».
2/ les meubles
Les biens sont meubles par leur nature, ou par la détermination de la loi « COC art » la jurisprudence ajoute qu’ils peuvent l’être aussi par anticipation.
Les meubles par leur nature Sont tous des meubles corporels et, à ce titre, objet de droit réels. Parmi ces choses mobiles de leur nature, les animaux qui se meuvent eux-mêmes, et les choses inanimées, les objets. Au nombre de ces objets figurent les meubles meublants, c’est-à-dire les meubles au sens du langage courant, ceux « destinés à l’usage et à des appartements. Sont également des meubles les bijoux, le tableau, les machines et outillages lorsqu’ils ne sont pas immeubles par destination, les récoltes une fois coupées, etc. ; les navires, bateaux et aéronefs. IMMEUBLES MEUBLES
1 : Par nature 1 : par nature Les fonds de terre « le sol » ; Les animaux ; Les bâtiments et Les choses inanimées constructions diverses ; « meubles meublants, Les végétaux « arbres, machines, véhicules, etc. » récoltes » encore attachés au Les titres aux porteur. sol. 2 : par détermination de la 2 : par destination loi Meubles appartenant au Droit réels sur les meubles, propriétaire de l’immeuble : Créances, parts d’intérêts et Soit affectés au service ou à actions de sociétés, l’exploitation d’un fonds Droits intellectuels et « agricole, industriel, monopoles d’exploitation. commercial » ; 3 : par anticipation Soit attachés à perpétuelle « En cas de vente d’arbres et demeure. récoltes sur pied, matériaux 3 : par l’objet auxquels ils à extraire, etc. s’appliquent : Des droits réels sur les immeubles ; Créances immeubles ;
B) choses consomptibles et choses non consomptibles.
Sont consomptibles les choses qui se consomment, disparaissent par le premier usage qu’on fait, ainsi les denrées alimentaires, les combustibles « charbons, produits pétroliers, gaz, énergie électrique ou atomique » et, d’une manière générale toutes les choses d’ont on ne peut se servir qu’une fois. Les choses non consomptibles sont au contraire susceptibles d’une utilisation répétée, même si leur valeur s’efface progressivement « les immeubles, machines, etc. ». L’intérêt de cette distinction apparait à propos des droits qui confèrent à leur titulaires l’usage d’une chose « par exemple le droit d’usufruit, ou encore le droit de l’emprunteur dans le crédit-bail », à charge de la rendre à une date déterminée. De tels droits ne peuvent s’exercer normalement que sur des choses non consomptibles, car elles seules pourront à la fois servir et être rendues. Lorsqu’ils portent sur des choses consomptibles, l’obligation de rendre la chose se transforme en une obligation de restituer une chose semblable.
C Choses fongibles et choses non fongibles.
On dit que deux choses sont fongibles entre elles lorsqu’elles peuvent être remplacées indifféremment l’une par l’autre, notamment dans une livraison ou dans un paiement. On les appelle aussi des choses de genre, parce que, dans une vente par exemple, vendeur et acheteur ont surtout en vue le genre ou l’espèce de la chose plutôt que son identité propre. Tel est le cas de toutes les marchandises qui, une fois la qualité déterminée, se vendent au poids, au nombre, ou à la mesure : le pétrole et ses dérivés, l’huile, les céréales, les conserves, et également les billets de banque dont la fongibilité est parfaite. A l’inverse, les choses non fongibles ou corps certains sont celles qui ne sont pas interchangeables, parce qu’elles sont une individualité propre ; ainsi tout immeuble ou tout appartements est en principe un corps certain : deux appartements, seraient-ils en tous point identiques, ne pourraient en tout hypothèse avoir la même localisation dans l’espace, de même les animaux, les œuvres d’art et, d’une manière générale, tout ce qui n’existe qu’à l’unité. L’intérêt de la distinction apparait en cas de vente, pour déterminer la date du transfert de propriété et, par voie de conséquence, pour dire qui du vendeur ou de l’acheteur assume les risques de perte entre le jour de la vente et celui de la livraison. La date de transfert de propriété dépend en effet du caractère fongible ou non de la chose vendue. S’il s’agit d’une chose fongible, d’un corps certain, le transfert de propriété s’opère, sauf clause contraire, du seul fait de l’accord des parties sur la chose et sur le prix, du seul fait de la vente. La date du transfert se confond ici avec celle du contrat et les risques de perte incombent dès ce moment au nouveau propriétaire, même s’il n’a pas encore été livré, à moins qu’il n’ait mis le débiteur en demeure de livrer. S’il s’agit au contraire d’une chose de genre, la seule convention ne suffit pas pour produire le transfert de propriété. Il faut encore que les choses fongibles, objet de la vente, aient été individualisées ; or cette individualisation ne résulte le plus souvent que de la livraison elle-même, ce qui retarde jusqu’à cette date le transfert de la charge des risques sur le nouveau propriétaire.