Vous êtes sur la page 1sur 3

INTRODUCTION AU DROIT – DEVOIR DSJ05

DEVOIR A RENDRE

LECTURE D’ÉLÉMENTS JURIDICTIONNELS


Lire les extraits de décisions reproduits ci-après et répondre aux questions posées ensuite.
N'hésitez pas à lire plusieurs fois les décisions pour en dégager l'essentiel. Ici, le sujet de
l’exercice n’est pas de connaître le fond des règles de droit en cause, mais d’apprendre à
lire une décision de justice, quel que soit son sujet.

DOSSIER 1 - PREMIÈRE LECTURE : RÉSUMÉ DE DÉCISION DE JUSTICE

L’Ordre des médecins contre trente médecins de l’Isère

Les praticiens qui désapprouvent les prises de position officielles de l'Ordre des médecins
ne sont pas dispensés de payer leur cotisation à cet organisme : ce principe se déduit de
l'arrêt rendu le 10 octobre N par la Cour de cassation, statuant en Assemblée plénière sur le
pourvoi formé par l'Ordre contre un jugement du Tribunal d'instance de Chambéry en date
du 28 mai N-1.
Ce jugement approuvait l'attitude de trente médecins de l'Isère, qui refusaient de payer leur
cotisation à un Ordre prenant publiquement des positions contraires à leurs opinions en
matière d'éthique professionnelle. L'Ordre des médecins s'était notamment exprimé sur
l'avortement et la contraception d'une manière qui heurtait les convictions des médecins de
l'Isère.
Aussi, les magistrats de Chambéry s'appuyaient sur la Convention européenne des droits de
l'homme et sur le pacte International de New York, pour soutenir que le paiement de la
cotisation constituait « une contrainte et une atteinte à la liberté de pensée et d'expression ».
Cette décision favorable aux médecins « contestataires » ne faisait que reprendre les
arguments déjà invoqués par le Tribunal d'instance de Grenoble, dans un jugement visant
les mêmes médecins, rendu le 11 juillet N-3 et qui fut annulé le 27 novembre N-2 par la
première chambre civile de la Cour de cassation. Le 10 octobre N, c'est donc l'Assemblée
plénière de la Cour de cassation qui a examiné le deuxième pourvoi formé par l'Ordre des
médecins, afin de rendre un arrêt de principe.
Dans leur arrêt du 10 octobre, les magistrats de l’Assemblée plénière rappellent que l'Ordre
des médecins « regroupe obligatoirement tous les médecins habilités à exercer leur art en
France, lesquels doivent verser au conseil départemental de l'Ordre une cotisation
obligatoire » et déclarent, en se conformant aux réquisitions de l'avocat général Pierre
Gauthier : « les médecins sont tenus, quelles que soient les prises de position de l'Ordre,
qu'il n'appartient pas aux tribunaux judiciaires d'apprécier, de payer la cotisation ».
Les juges de la Haute Cour ajoutent que, selon leur interprétation des conventions
internationales, le recouvrement des cotisations « ne peut, en aucun cas, constituer une

EFC DSJ05

-1-
INTRODUCTION AU DROIT – DEVOIR DSJ05

atteinte aux convictions personnelles ou à la liberté de pensée et de conscience des


médecins ».
Considérant qu'il convient « de mettre fin au conflit », la Cour de cassation n'a pas pris le
risque de renvoyer l'affaire devant un troisième tribunal. Statuant elle-même, la Haute
Juridiction a cassé sans renvoi le jugement du TI de Chambéry et condamné les médecins
de l'Isère à payer leur cotisation, majorée des intérêts au taux légal, à partir de la date de
délivrance de l'assignation devant le Tribunal d'instance de Grenoble.

Répondre aux questions

Question 1. Quel est l'objet du litige ?


Question 2. Quelles sont les parties en présence ?
Question 3. Quel a été le tribunal compétent en première instance ? Pourquoi ?
Question 4. Comment peut être qualifiée la décision contre laquelle le premier pourvoi
en cassation a eu lieu ?
Question 5. Combien de décisions judiciaires ont été rendues en tout ? Quelle a été
toute la procédure suivie dans cette affaire ? Quelles solutions ont été
données à chaque fois ?
Question 6. Comment s'appellent les décisions rendues par la Cour de cassation ?

DOSSIER 2. - DEUXIÈME LECTURE : AFFAIRE FRANCK, COUR DE


CASSATION (CHAMBRE CIVILE), 3 MARS 1936

Extrait de la décision de justice

« La Cour,
...Attendu que, dans la nuit du 24 au 25 décembre 1929, le jeune Franck à qui son père, le
Docteur Franck, avait confié sa voiture, a mis celle-ci en stationnement sur la voie publique ;
que sa voiture lui fut volée par une personne dont l'identité n'a pu être établie ; que sous la
conduite de cet individu, l'automobile... renverse et tue sur le coup le facteur Connot ;
Attendu que le Docteur Franck ayant été actionné en dommages et intérêts par la veuve de
la victime, en vertu des articles 1382 et 1383 du Code civil, celle-ci a été, par l'arrêt
confirmatif attaqué, déboutée de sa demande ;
Mais attendu que l'arrêt constate que le jeune Franck avait abandonné sa voiture sans
surveillance sur la voie publique ; que la garde n'avait pas cessé de lui en appartenir... et
que d'où il suit qu'en statuant comme il l'a fait, l'arrêt a violé le texte ci-dessus visé
Par ces motifs, Casse, renvoie devant la Cour d'appel de Besançon ».

EFC DSJ05

-2-
INTRODUCTION AU DROIT – DEVOIR DSJ05

Répondre aux questions

Question 1. Quelles ont été les décisions des juridictions précédentes :

 Qui a introduit l’instance ? Qui a gagné en première instance ?


Qui a fait appel ?
 Solution donnée par la cour d’appel ?
 Qui a formé le pourvoi en cassation ?
Question 2. Que décide la Cour de cassation ?
Question 3. Que peut-il se passer par la suite ? Envisager les différentes possibilités.

DOSSIER 3. - TROISIÈME LECTURE : EXEMPLE DE REVIREMENT DE


JURISPRUDENCE, COUR DE CASSATION (ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE), 2
DÉCEMBRE 1941

Extrait de la décision de justice

« La Cour,
Sur le moyen unique [...] :
Attendu que, pour rejeter la demande des consorts Connot, l'arrêt déclare qu'au moment où
l'accident s'est produit, Franck - dépossédé de sa voiture par l'effet du vol - se trouvait dans
l'impossibilité d'exercer sur ladite voiture aucune surveillance ; qu'en l'état de cette
constatation, de laquelle il résulte que Franck,... privé de l'usage, de la direction et du
contrôle de sa voiture, n'en avait plus la garde et n'était plus, dès lors, soumis à la
présomption de responsabilité édictée par l'article 1384, alinéa 1er du Code civil, la Cour
d'appel de Besançon, en statuant ainsi qu'elle l'a fait, n'a point violé le texte précité […] ;
Par ces motifs,
Déclare le moyen mal fondé..., rejette… ».

Répondre aux questions

Question 1. Comparer cet arrêt avec celui qu'a rendu la chambre civile le 3 mars 1936.
Question 2. Quelle va être la portée de cet arrêt :

 dans cette affaire ?


 pour les futurs litiges de ce type ?
Question 3. Rechercher pour quelle raison la nouvelle décision est appelée un
« revirement de jurisprudence ».

EFC DSJ05

-3-

Vous aimerez peut-être aussi