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Introduction au droit

PARTIE 2
Le droit subjectif
Partie 2 : Le droit subjectif

CHAPITRE 2 :
LA REALISATION DES DROITS SUBJECTIFS
Le juge reconnait les droits subjectifs. Il transforme les droits en réalité. Avant d’arriver devant les juges, les
droits sont de simples revendications. Lorsque les revendications sont en accord avec la règle de droit, il
concrétise les droits, il les rend réels.

Lorsqu’une personne a un droit, ce droit est soit respecté, soit violé. Dans certaines hypothèses, le droit n’est
pas respecté. La seule personne qui peut le faire respecter est le juge. Il peut imposer un droit. La justice est là
pour établir définitivement les droits.

SECTION 1 : LA RÉALISATION CONTENTIEUSE DES


DROITS SUBJECTIFS
Pour faire établir un droit qui n’est pas respecté, on doit saisir le juge. On parle de contentieux ou de procès.
C’est à la fin du procès que le droit sera définitivement imposé.

Le déroulement d’un procès

Le procès débute par un acte qui s’appelle l’assignation, qui est un acte qui contient les droits du demandeur
au procès. Il demande au juge qu’il condamne une autre personne, le défendeur à respecter ses droits.

Cet acte est porté devant le juge : le juge de première instance.

Ce juge de première instance organise un débat contradictoire entre le demandeur et le défendeur. Le juge ne
pose pas de questions, il laisse juste, comme un arbitre, le défendeur et le demandeur défendre leurs
arguments par leur conclusion (papier expliquant leurs arguments).

Une fois ce débat terminé, le juge de première instance rend un jugement. Ce jugement ne peut être que de
deux types :

 Soit un jugement de condamnation : le juge confirme les droits du demandeur et condamne le


défendeur à les respecter. Le juge fait droit au demandeur.
 Soit un jugement de débouté : le juge rejette les demandes du demandeur. Le juge constate que le
demandeur n’a pas de droit et il refuse de condamner le défendeur. Le juge déboute le demandeur de
ses demandes.
Il existe un double degré de juridiction. Le juge de première instance n’a pas forcément raison. La partie non
satisfaite a le droit de saisir une juridiction supérieure, appelée cour d’appel. La partie non satisfaite peut
interjeter un appel. La cour d’appel réalise alors exactement le même travail que le juge de première instance.
Seul le nom des parties change, l’appelant est celui qui interjette l’appel, qui conteste le jugement. Celui
subissant l’appel, s’appelle l’intimé. La cour d’appel rend un arrêt.

 Arrêt de confirmation : le jugement de première instance était bon, il est validé.


 Arrêt d’infirmation : le jugement de première instance est annulé.
Il n’est pas possible d’avoir accès un à un troisième juge.

Il se peut qu’une cour d’appel interdise quelque chose alors qu’une autre cour d’appel peut l’autoriser. Il est
donc nécessaire qu’un juge de discipline s’assure que les trente deux cours d’appels de France rendent les
mêmes décisions. Il existe un juge suprême. Le juge suprême ne s’intéresse pas aux choses concrètes, mais à la
qualité du travail de la cour d’appel, que la cour d’appel a respecté le droit. Il s’agit d’un contrôle de
l’application du droit par la cour d’appel. On l’appelle juge de droit alors les autres sont appelés juges de fond.
Il existe deux juges suprêmes, la cour de cassation et le Conseil d’Etat. Ces deux juges suprêmes ne font pas de
débat contradictoire, mais ils sont saisis suit à un pourvoi contre l’arrêt d’appel. Ce pourvoi ne contient pas de
demande. Selon le pourvoi, la cour d’appel n’a pas respecté la règle de droit, et cette arrêt droit être annulé. La
personne qui forme le pourvoi est appelé le demandeur au pourvoi et se contente de dire que l’arrêt de la cour
d’appel n’est pas conforme. L’autre partie est appelée le défendeur au pourvoi. Le débat n’est plus un débat
concret. La cour de cassation examine le pourvoi et exprime un arrêt qui peut être de deux types :

 Arrêt de rejet : la cour de cassation rejette le pourvoi, car elle considère que la cour d’appel a bien
appliqué la règle de droit. L’arrêt de la cour d’appel devient définitif. Le procès est terminé.
 Arrêt de cassation : la cour d’appel n’a pas appliqué la bonne règle de droit. L’arrêt doit être cassé,
l’arrêt est annulé.
Lors d’un arrêt de cation, le procès continue dans une seconde cour d’appel, elle refait un travail concret et
appliqué la bonne règle de droit et rendre le bon arrêt. Elle rend un arrêt. S’il s’agit du même arrêt que la
première cour d’appel, on dit que la cour d’appel résiste. Contre cet arrêt, la partie qui n’est pas satisfaite peut
former un nouveau pourvoi en cassation. Il s’agit d’une assemblée plénière de la cour de cassation, on réunit
tous les juges de la cour de cassation et on contrôle le travail juridique de la cour d’appel. Cette cour de
cassation exprime soit :

 Arrêt de rejet : la cour de cassation rejette le pourvoi. Le procès est terminé.


 Arrêt de cassation : le deuxième arrêt de la deuxième cour d’appel n’est toujours pas le bon.
Une troisième cour d’appel examine les faits pour une quatrième fois pour rendre un arrêt, seulement cette
fois, l’arrêt doit respecter la règle de droit imposée par la cour de cassation. L’arrêt est définitif.

Seulement 3% des procès vont en cassation.

Trois grands principes :

 Droit à un procès équitable : toute personne a le droit à ce que sa demande soit examinée
équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et impartial
établi par la loi. Article 6, paragraphe 1 de la Convention Européenne des droits de l’Homme. Il faut
que la demande en justice soit examinée équitablement, avec bienveillance, avec une ouverture
d’esprit, avec un sens moral, publiquement c’est-à-dire qu’il doit s’agir de tribunaux ouverts et non
pas d’un tribunal secret (tribunal observé), dans un délai raisonnable c’est-à-dire au maximum 10 ans.
Lorsqu’il dure plus de 10 ans, on estime que la justice dysfonctionne. Par un tribunal indépendant
signifie qu’il ne doit pas dépendre de l’administration, et impartial signifie qu’il doit être neutre et
établi par la loi signifie que seuls les tribunaux institués (par la loi, par le Parlement en France) ont le
droit de siégé.
 Principe dispositif : les parties au procès conduisent la procédure judiciaire et le juge arbitre entre les
deux membres des parties. L’avis du juge n’importe pas, le juge n’enquête pas. Il se contente
d’écouter les parties et de donner raison à l’une ou à l’autre des parties, ou à aucune des deux. Ce
principe entraine le principe de la procédure accusatoire, c’est-à-dire que les parties s’accusent l’une
l’autre, émettent des demandes l’une contre l’autre. En aucun cas, le juge n’intervient pour accuser
l’une des parties, c’est-à-dire pour formuler des demandes à l’encontre d’une des parties.
 Principe du contradictoire : toute partie à un procès doit pouvoir s’exprimer librement sur les
demandes de la partie adverse (débat contradictoire). La confrontation est encouragée, car on estime
que de cette confrontation sortira la vérité. On s’assure qu’on a tout fait pour obtenir la vérité.

Nous allons désormais étudier la juridiction interne et donc les tribunaux français.

Au 19ème siècle, les tribunaux se sont séparés en deux ordres :

 l’ordre judiciaire qui correspond au droit privé, c’est-à-dire l’ensemble des juridictions ou se déroule
des procès dans lesquelles les personnes privées formulent l’une à l’encontre de l’autre des demandes
 l’ordre administratif qui correspond au droit public, c’est-à-dire l’ensemble des juridictions qui voit des
procès entre l’Etat d’un coté et les personnes privées de l’autre. En quelques sortes, l’Etat possède ses
propres tribunaux.
Il s’agit d’une particularité française.

I. LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE JUDICIAIRE


Il s’agit des juridictions qui ont servi de modèle, et

Au sein des ces juridictions, on oppose deux types de juridiction :

A. JURIDICTION DU FOND
Les juridictions du fond ont pour fonction de trancher le litige, le procès c’est-à-dire de décider quelle partie a
raison juridiquement et donc de condamner la partie qui a tord. Pour trancher, ces juridictions opèrent un
travail juridique particulier :

 Première étape : les juridictions du fond qualifient les faits juridiquement


 Deuxième étape : les juridictions du fond appliquent la règle de droit

Il existe cette distinction, car la règle de droit est abstraite et s’applique à beaucoup de cas. La juridiction du
fond prend les faits et les qualifient, puis appliquent la règle de droit.

Les parties à un procès ont le droit d’être jugé deux fois, il s’agit du principe du double degré de juridiction.
Cela signifie qu’il existe des juges de première instance et des juges de deuxième instance.

A. LES JUGES DE PREMIÈRE INSTANCE


Il existe en France six principaux juges de première instance :

i. Juridiction générale (aussi appelé juridiction ordinaire)


Les juridictions ordinaires sont les juridictions qui sont compétentes par principe pour statuer sur les litiges
entre particuliers lorsqu’aucune juridiction spéciale n’est compétente pour le faire (une compétence de
principe). Il en existe deux :

 Le tribunal de Grande Instance : il existe deux types de formation 


o Formation civile : appelé des Chambres civiles qui s’intéressent aux procès entre particuliers
en dehors du droit pénal. Exemple : divorce, adoption, propriété, contrat, etc.
o Formation pénale : s’intéressent aux conflits entre particuliers qui ressortent d’une matière
particulière, le droit pénal. Le droit pénal est un droit particulier car il punit.
 Le tribunal de police : qui s’intéresse aux contraventions. Exemple : alcool au volant
 Le tribunal correctionnel : qui punit les délits. Exemple : attouchements sexuels
 La cour d’assise : qui punit les crimes. Exemple : meurtre, terrorisme
o Une formation est composée de trois juges.
 Le tribunal d’Instance : il ne concerne jamais les choses pénales. Il s’intéresse aux mêmes procès que
les formations civiles du tribunal de Grande Instance lorsque l’intérêt du litige est inférieur à 10 000
euros. Exemple : crédit à la consommation

ii. Juridiction spéciale (aussi appelé juridiction d’exception)


Il existe quatre juridictions spéciales. Une juridiction spéciale est compétente pour trancher les procès dans une
matière délimitée strictement par la loi. Leur domaine d’intervention est réduit.

 Le tribunal de commerce : il s’agit de la plus ancienne. Il s’intéresse aux procès entre des
commerçants (personnes physiques, sociétés). Il s’intéresse aux affaires uniquement et seulement
(demandeur et défendeur commerçant). Les juges de ce tribunal ne sont pas des professionnels de
droit, il s’agit de juges commerçants élus par les autres commerçants.
 Le Conseil de Prud’hommes : il s’intéresse aux procès opposant d’une part un employeur et d’autre
part un salarié. Il ne s’intéresse qu’aux contrats de travail. Les juges du Conseil des Prud’hommes sont
également des juges non professionnelles. Il est composé de deux juges élus par les employeurs et de
deux juges élus par les salariés. Exemple : paiement d’heures supplémentaires, licenciement non
justifié, indemnités de licenciement non versés.
 Les juridictions de sécurité sociale : le tribunal des affaires de la Sécurité Sociale (TASS) : compétent
pour trancher les procès entre d’une part la Sécurité Sociale et d’autre part les assurés sociaux.
Exemple : difficulté sur un taux d’invalidité
 Le tribunal paritaire des baux ruraux : compétent pour trancher les procès entre d’une part les
propriétaires immobiliers et d’autre part les exploitants agricoles lorsque l’exploitant agricole est
locataire de la propriété immobilière.
Exemple : fixer le loyer des exploitants agricoles

B. LES COURS D’APPEL


Une cour d’appel est saisie par l’une des parties insatisfaites du jugement rendu par une juridiction de première
instance. Cette partie interjette, appelle devant une cour d’appel. La cour d’appel réalise le même travail,
parcours les mêmes étapes que le juge de première instance. C’est le principe du double degré de juridiction.
Le travail de la cour d’appel aboutit à un arrêt qui confirme le premier jugement ou qui l’infirme. Il existe 35
cours d’appels en France et chaque cour d’appel est divisée en Chambres spécialisées composés de trois juges.

B. JURIDICTION DU DROIT
Le juge du droit pour l’ordre judiciaire s’appelle la cour de cassation. Il s’agit d’une juridiction unique (à Paris).
Elle n’a pas le rôle d’un troisième juge. Elle n’examine pas le procès une troisième fois. Elle n’a donc pas la
même fonction qu’une juridiction du fond. La cour de cassation se contente de contrôler la deuxième étape,
c’est-à-dire l’application de la règle de droit. En contrôlant l’application de la règle de droit, la cour de cassation
s’assure que la règle de droit est comprise de la même façon par toutes les cours d’appels sur le territoire
français. La cour de cassation est saisie par une partie qui n’est pas satisfaite d’une décision d’un arrêt rendu
par une cour d’appel. La partie forme alors un pourvoi. A la suite du pourvoi, la cour de cassation rend un arrêt
qui soit rejette le pourvoi et qui confirme l’arrêt d’appel soit casse et annule l’arrêt d’appel et renvoie à une
nouvelle cour d’appel.

La cour de cassation est elle-même divisé en Chambres spécialisées, au nombre de six :

 trois Chambres civiles : la Première, la Deuxième, la Troisième


 une Chambre criminelle
 une Chambre sociale : droit du travail et sécurité sociale
 une Chambre commerciale : droit des affaires

II. LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF


Les juridictions de l’ordre administratif ont été copiées des juridictions de l’ordre judiciaire.

A.LES JURIDICTIONS DE PREMIÈRE INSTANCE


Ces juridictions réalisent le même travail que les juridictions de première instance de l’ordre judiciaire.

 Tribunal administratif
 Cour d’administrative d’appel

B. LE JUGE DU DROIT : LE CONSEIL D’ETAT


La juridiction suprême de l’ordre administratif s’appelle le Conseil d’Etat. Il a la même tâche que la cour de
cassation. Il est divisé en sections.
SECTION 2 : LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS
Devant la justice, le droit doit non seulement exister mais il doit être prouvé et exprimé au juge par des
preuves.

Il faut tout d’abord établir que ce droit existe. La démonstration d’un droit n’est pas libre. Elle obéit à des règles
particulières appelées des règles de preuves. Ces règles évoluent au fil des temps et notamment au regard de
l’évolution de la morale ou de l’évolution de la technique. La preuve par ADN fut une nouvelle technique de
preuve, sur laquelle on s’est interrogée. En matière pénale, la preuve par ADN est admise. Dans d’autres cas, la
preuve par ADN ne sera pas admise. C’est notamment le cas de la filiation. Il n’est pas possible d’obliger
quelqu’un à donner de son ADN. Faut-il reconnaitre les sextos comme un moyen de preuve ?

Ces règles de preuves s’interrogent sur deux points fondamentaux :

 Qui doit apporter la preuve ? C’est ce qu’on appelle la charge de preuve.


 Comment prouve-t-on un droit ? C’est ce qu’on appelle les modes de preuve.

I. LA CHARGE DE LA PREUVE
Il est possible d’imaginer deux systèmes de justice.

Dans le premier système, le juge apporte la preuve des droits. Concrètement, le juge enquête, détermine et
prouve les faits et donc les droits. C’est ce qu’on appelle le système inquisitoire. La charge de la preuve repose
sur le juge.

Dans le deuxième système, la charge de la preuve repose uniquement sur les parties du procès. Par exemple,
c’est le demandeur qui apporte la preuve de son droit. Le juge est alors un simple arbitre. Il examine le travail
de preuve des parties. C’est ce qu’on appelle le système accusatoire. Chacune des parties apporte la preuve de
ce qu’elle soutient et le juge n’a aucun rôle d’enquête.

En droit français, le système accusatoire est très largement majoritaire. La charge de la preuve repose
uniquement sur les parties du procès. Il s’agit là d’une marque de la démocratie. Il n’existe en France qu’une
seule procédure de type inquisitoire : en matière criminelle, c’est un juge, le juge d’instruction qui enquête sur
les faits qui lui sont révélés.

II. LES MODES DE PREUVE


Comment prouve-t-on ? Les moyens de preuve ne sont pas libres. Il n’est pas possible de prouver n’importe
comment.

A. LA PRÉSENTATION DES DIFFÉRENTS MODES DE PREUVES


 La preuve littérale (aussi appelé la preuve par écrit) : par la preuve littérale, les parties d’un procès apporte
au juge, un écrit qui confirme les droits que ces parties prétendent détenir. Cet écrit n’est pas forcément
sous forme papier, il peut être sous forme électronique. On distingue l’écrit de son support. L’écrit est une
suite de lettre et/ou de chiffres, que l’on peut attribuer à une personne par sa signature. Il existe plusieurs
types d’écrit :
o L’acte authentique : il s’agit du plus incontestable parce qu’il est conclut devant un notaire ou
devant un officier public. Exemple : vente immobilière, acte de mariage
o L’acte sous seing privé : il s’agit de l’immense majorité des écrits, il comporte une signature.
Exemple : la plupart des contrats
Il en existe d’autres, mais beaucoup plus secondaires

o Les lettres missives : lettre simple, lettre recommandée


o La comptabilité
o Les papiers domestiques : les livres intimes etc.
o Les SMS, les e-mails
 Le serment : l’affirmation solennelle par une partie d’un fait qui lui est favorable
 L’aveu : reconnaissance par une personne d’un fait qui lui est défavorable
 Les témoignages : déclaration d’un tiers au procès, relative à des faits dont il a eu personnellement
connaissance, rôle très secondaire dans un procès.

B. LA HIÉRARCHIE DES MODES DE PREUVES


Dans certains cas, certains modes de preuves ne sont pas recevables dans certaines hypothèses. Il sera alors
question de la distinction entre actes juridiques et faits juridiques.

A.LA PREUVE DES ACTES JURIDIQUES


Lorsqu’une partie veut démontrer l’existence d’un acte juridique (exemple : l’existence d’un contrat, d’un
testament), par principe, elle doit apporter au juge un écrit. Les autres modes de preuves sont interdits. On
estime que pour les actes juridiques, on a eu le temps de les mettre par écrits.

B. LA PREUVE DES FAITS JURIDIQUES


Lorsqu’une partie veut démontrer l’existence d’un fait juridique, elle peut apporter la preuve au juge par tous
les modes de preuves décrits précédemment. Il s’agira souvent de témoignages, ou d’un aveu.

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